Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait établir, en collaboration avec les provinces, les territoires, la société civile et les Premières Nations, les Métis, les Inuits et leurs représentants, un plan d’action national contre la violence faite aux femmes qui comprendrait: a) des initiatives pour traiter des facteurs socio économiques qui contribuent à la violence faite aux femmes; b) des politiques pour prévenir la violence faite aux femmes et des politiques pour traiter les victimes de violence; c) des repères pour mesurer les progrès reposant sur les données recueillies, au fil des ans, sur les niveaux de violence faite aux femmes; d) des recherches indépendantes sur de nouvelles questions concernant la violence faite aux femmes; e) une enquête publique nationale sur les femmes et les jeunes filles autochtones disparues et assassinées; f) des stratégies qui tiennent compte des besoins précis et des vulnérabilités des différentes communautés et qui portent une attention particulière aux femmes autochtones, aux femmes handicapées, aux femmes issues de groupes minoritaires et aux jeunes femmes; g) la participation d’organismes communautaires et d’autres organismes de la société civile, ainsi que le soutien à ces organismes pour qu’ils puissent participer à la mise en œuvre du plan d’action national; h) des ressources humaines et financières spécialement destinées à l’exécution du programme prévu dans le plan.
— Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole pour appuyer la motion M-444, qui propose l'établissement d'un plan d'action national contre la violence faite aux femmes.
[Français]
C'est un privilège de présenter une telle motion à la Chambre.
[Traduction]
C'est pour moi un grand honneur de parrainer cette motion, la seule mesure législative importante s'attaquant à la violence faite aux femmes à voir le jour au Canada depuis des décennies. Il est urgent que nous agissions. Partout au pays, les féministes qui défendent la lutte contre la violence nous montrent clairement la voie. Elles demandent la création d'un plan d'action global, concerté et national qui table sur un partenariat avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones.
J'espère sincèrement que, grâce à cette motion, nous nous engagions, ensemble, à lancer le Canada sur la voie d'une égalité des sexes concrète et durable pour les femmes et les filles. Nous savons bien que, en demeurant sous l'emprise de la violence, les femmes n'obtiendront pas l'égalité et que, sans cette égalité, elles demeureront vulnérables à la violence.
J'aimerais commencer mon discours en remerciant les défenseurs, les travailleurs de première ligne, les survivantes et les membres des communautés qui se sont libérés de leur horaire et de leur vie extrêmement chargés pour venir me rencontrer au cours des trois dernières années, pendant que je me déplaçais d'une région à l'autre. Ces personnes remarquables consacrent leur vie entière à la lutte contre la violence faite aux femmes. Elles méritent la considération et la reconnaissance de la Chambre et de tous les Canadiens.
C'est grâce aux efforts remarquables déployés par les intervenants de ce secteur, qui souffre d'un manque chronique de financement et de ressources, que les femmes trouvent la sécurité, le soutien et la justice. Bien que les besoins des femmes varient grandement selon les régions et les collectivités, la majorité des gens que j'ai rencontrés avaient un message unique à transmettre au gouvernement fédéral: la violence contre les femmes a atteint un état de crise au Canada, et la situation empire au lieu de s'améliorer.
Cette crise est alimentée par la discrimination systémique fondée sur le sexe et par les inégalités à l'endroit des femmes. Aussi, le gouvernement doit suivre la voie de l'autonomisation des femmes pour mettre fin à ces inégalités. Ne rien faire ou faire trop peu revient à les perpétuer. Ne pas écouter les survivantes, les proches, les chercheurs qui fondent leur travail sur des données probantes, et les fournisseurs de services de première ligne qui savent ce que le Canada pourrait faire dès maintenant revient à négliger sciemment la sécurité des femmes dans notre pays.
De quelle façon un plan d'action national changerait-il la structure des services de lutte contre la violence destinés aux femmes? Ann Decter, directrice du plaidoyer et des politiques publiques pour YWCA Canada, a dit ceci:
Le Canada a besoin d'un plan d'action nationale sur la violence faite aux femmes qui établira des normes nationales pour la prévention, les services de soutien, les services juridiques, l'accès à la justice et les politiques sociales essentielles, comme l'accès à des logements sûrs et abordables. Une enquête nationale sur les femmes portées disparues doit faire partie de ce plan d'action. La motion M-444 prévoit toutes ces mesures et, par conséquent, nous l'appuyons sans réserve.
Le gouvernement fédéral n'a pas déployé suffisamment d'efforts pour reconnaître et prévenir la violence faite aux femmes, ainsi que pour y remédier. Pire encore, au cours des dernières décennies sous les libéraux et les conservateurs, les gouvernements ont adopté des politiques qui mettent encore plus en danger les femmes vulnérables.
Par exemple, à leur arrivée au pouvoir en 1993, les libéraux ont supprimé l'investissement fédéral dans de nouveaux projets de logements sociaux. En 1996, le gouvernement libéral a annoncé la fin du programme national de logement abordable. À la fin des années 1990, ses actions avaient mené à une importante pénurie de logement, qui a contribué directement à rendre plus vulnérables les femmes cherchant à s'échapper de situations de violence familiale. En effet, le manque de logements abordables est la principale raison pour laquelle les femmes ne peuvent fuir la violence dont elles sont victimes.
Il va sans dire que les conservateurs n'ont rien fait pour s'acquitter de leurs responsabilités à cet égard et régler les problèmes de logement, et ce sont les Canadiennes qui continuent à en payer le prix.
Quand le gouvernement libéral a refilé aux provinces ses responsabilités en matière d'aide juridique et qu'il a supprimé tous les fonds affectés à cette fin, cela a créé une situation où les femmes trouvent qu'il est presque impossible maintenant de demander justice et protection auprès des tribunaux.
Quand les conservateurs ont décidé d'interdire le financement de tous les travaux de recherche et de défense des droits, le Canada s'est retrouvé avec peu ou pas de données sur la violence faite aux femmes. Il s'agit là d'un très grave problème que seul un plan d'action national pourrait commencer à résoudre.
Voici ce qu'a écrit l'une des plus éminentes féministes du Canada, Kate MacInturff:
La difficulté que nous éprouvons à recueillir des données sur la violence contre les femmes constitue un obstacle dans la lutte contre cette forme de violence. Les données en notre possession nous apprennent cependant trois choses bien précises: il s'agit d'un problème répandu, il entraîne des coûts élevés, et les efforts que nous déployons pour y mettre fin ne donnent à peu près rien.
Ce sont les libéraux qui étaient à la barre lorsque les taux de pauvreté chez les Premières Nations ont commencé à grimper. À l'époque où ils étaient majoritaires, ils ont sabré dans le financement consacré à l'éducation des Premières Nations. Les conservateurs, de leur côté, n'ont rien fait pour combler cet écart. Selon le vérificateur général, les écoles des réserves reçoivent 30 % moins d'argent que les autres.
Nous constatons aujourd'hui que le taux de violence touchant les femmes autochtones est extrêmement élevé et que ce phénomène est directement attribuable au taux de pauvreté, lui aussi extrêmement élevé, aux pénuries de logement et au manque de débouchés économiques. Ne nous méprenons pas, le sous-financement systémique des Premières Nations, qui dure depuis trop longtemps, constitue bel et bien une forme de discrimination raciale.
La présidente par intérim de l'Association des femmes autochtones du Canada, Dawn Harvard, m'a écrit ceci:
Il faut absolument qu'un plan d'action national détermine les causes profondes de la violence contre les femmes si nous voulons y mettre un terme.
Les femmes Autochtones ne sont pas les seules à se faire tuer par quelqu'un de la même origine ethnique qu'elles, et on pourrait dire la même chose de la plupart des victimes d'homicide, quelle que soit leur bagage ethnique. On ne peut se servir de cet argument — comme quoi ce sont des Autochtones qui tuent d'autres Autochtones — pour affirmer que ce problème n'est pas du ressort des autorités fédérales et qu'il n'y a pas lieu de lancer une commission d'enquête ou pour se réfugier derrière les nombreux prétextes qu'on entend souvent.
Nous savons aussi qu'il y a encore des non-Autochtones qui sont extrêmement violents envers des femmes Autochtones, et que les formes de violence qui sont alors infligées à ces dernières sont plus graves que lorsque les victimes sont des femmes non autochtones. Les femmes Autochtones continuent donc de faire l'objet de haine raciale et de dénigrement, et il faut faire quelque chose.
Mme Harvard poursuit ainsi:
Un plan d'action national permettrait en outre de créer un mécanisme d'enquête touchant les cas de faute professionnelle et de discrimination qui ont lieu à l'intérieur même de l'appareil de justice pénale et des forces policières ainsi que les allégations de faute professionnelle ou de discrimination au sein des secteurs fédéraux, provinciaux et territoriaux de l'appareil de justice pénale et qui permettrait surtout d'obliger quiconque pose de tels gestes à répondre de ses actes.
La motion M-444 est très claire: un plan d’action national contre la violence faite aux femmes devrait comprendre une enquête publique nationale sur les femmes et les jeunes filles autochtones disparues ou assassinées. Presque toutes les instances dirigeantes au Canada, avec l’Assemblée des Premières Nations, l’Association des femmes autochtones du Canada et de nombreux Autochtones sont d’accord pour dire qu’une enquête nationale exécutée correctement s’impose si on veut s’attaquer aux causes profondes de ce drame. Seuls les conservateurs ne sont pas d’accord. Eux seuls s’opposent à une action réelle et conséquente.
Entretemps, les femmes continuent de disparaître et de se faire tuer. Là d’où je viens, dans le Nord du Manitoba, toutes les collectivités ont été touchées par ce drame des femmes autochtones disparues ou assassinées. Les cas tragiques de femmes de notre circonscription, dont Lorna Blacksmith, Leah Anderson et Tina Fontaine, qui ont été tuées ces dernières années, ont amené beaucoup de Manitobains à prendre la parole et à s’organiser. L’histoire et le courage de Rinelle Harper ont été une source d’inspiration chez nous et dans tout le Canada. Pour moi et pour tous les habitants du Nord, cette lutte est une affaire personnelle, et nous ne nous arrêterons pas tant que n’auront pas cessé les disparitions et les assassinats de femmes autochtones dans notre pays.
Tout en rejetant la demande d’une enquête nationale et en s’opposant devant les tribunaux à ceux qui cherchent à faire disparaître la discrimination dont les enfants des Premières Nations sont victimes en matière de financement, le gouvernement conservateur ne tient aucun compte des appels que lui lancent l’ONU et d’autres organisations internationales des droits de la personne pour qu’il lutte contre la discrimination systémique, le racisme et la violence dont sont victimes les femmes autochtones et leurs familles.
Les relations entre le Canada et les Premières Nations, les Métis et les Inuits sont rendues au stade de la crise. Mes collègues du NPD, y compris notre chef, savent qu’il y a une autre façon de s’y prendre. Nous tenons à ce qu’il y ait une enquête nationale, un plan d'action national et une stratégie du logement qui tienne compte des collectivités autochtones à l’intérieur et à l’extérieur des réserves, et nous tenons à créer des relations de nation à nation qui nous permettront à tous d’aller de l’avant.
Pour moi, députée de Churchill et porte-parole néo-démocrate pour les affaires autochtones, il ne s’agit pas là d’un engagement théorique, mais des premières étapes vers la guérison et la réconciliation. À propos de la violence faite aux femmes, il est essentiel de comprendre l’intersectionnalité qui peut multiplier les risques de violence, et les défenseurs de la cause aux quatre coins du Canada savent que cela se vérifie tous les jours au Canada.
Bien que la violence touche toutes les femmes, peu importe leur classe sociale, leur race, leur sexualité ou leur identité sexuelle, il importe de reconnaître que l’inégalité sous toutes ses formes peut aggraver la violence dans la vie des femmes. Le moyen le plus efficace de mettre fin à la violence contre les femmes est de s’attaquer aux causes profondes de l’inégalité. Les Canadiennes gagnent 72 % de ce que gagnent les hommes et occupent le tiers des emplois rémunérés au salaire minimum. Nous devons nous attaquer à l’inégalité économique et au problème de la féminisation de la pauvreté que nous observons partout au Canada.
Les femmes racialisées sont souvent ciblées par la discrimination, les stéréotypes et le harcèlement. Nous devons nous attaquer au racisme au Canada.
Beaucoup d’immigrantes sont isolées et elles n’ont pas accès aux services de lutte contre la violence. Les femmes sont de plus en plus exposées aux mauvais traitements lorsque leur situation d’immigrante est liée à leur visa de travail ou à leur mariage. Nous devons nous attaquer à la violence faite aux immigrantes, aux réfugiées et aux travailleuses étrangères temporaires.
Nous devons lutter contre la transphobie. Aujourd’hui, sur les parterres de la Colline du Parlement, des personnes trans et des gens qui les appuient se sont rassemblés pour manifester leur indignation parce que le gouvernement va tolérer le torpillage du projet de loi par des sénateurs non élus. Les femmes transgenres sont victimes de taux de violence parmi les plus élevés au Canada. Parmi tous les groupes marginalisés, les personnes trans ont besoin tout de suite du droit explicite à vivre à l’abri de la discrimination.
Je suis fier du travail que nous, néo-démocrates, avons accompli. Nous avons maintes fois présenté ce projet de loi et nous continuerons de le faire jusqu’à ce que cette loi essentielle en matière de droits de la personne soit adoptée une fois pour toutes.
Les femmes handicapées sont aux prises avec des taux disproportionnés de violence. Les femmes queer et les lesbiennes aussi. Il est essentiel de comprendre cette intersectionnalité de la violence avec laquelle elles sont aux prises si nous voulons appliquer un plan d’action national.
Après avoir discuté de la motion à l’étude avec des centaines de femmes et de défenseurs de la cause, je peux dire que le point qui revient constamment, c’est que les services de lutte contre la violence ne peuvent continuer à faire leur travail sans ressources ou presque.
Le Réseau canadien des maisons d’hébergement pour femmes a publié récemment son sondage « Les maisons s’expriment » de 2015. Il a permis de constater que, en une seule journée, les maisons ont accueilli 122 nouvelles femmes et 81 enfants. Cette même journée, cependant, elles ont été et sont toujours obligées de refuser 302 femmes et 221 enfants venus chercher refuge, parce qu’elles manquent de ressources. Cela brise le cœur de ceux qui dispensent les services et cela les met en colère. J’ai entendu moi-même de sources multiples que la plupart des membres du personnel de première ligne subventionnent le gouvernement en travaillant gratuitement.
Il ne faut pas mâcher ses mots. C’est une question d’argent. Les gouvernements établissent des priorités dans la répartition des fonds, et le secteur qui s’occupe du problème de la violence faite aux femmes est sous-financé. Et il l’est depuis des dizaines d’années. Les gouvernements libéraux et conservateurs n’ont pas considéré ce secteur comme prioritaire. Pour notre part, nous faisons valoir qu’il faut un plan d’action national.
C’est là un enjeu qui est à la fois personnel et politique pour moi, mes collègues et ma collectivité. Nous avons vu des femmes, des féministes, partout au Canada, marquer l’histoire en attirant l’attention sur la violence faite aux femmes sur les campus, sur les réseaux sociaux, en milieu de travail et dans les rues. Le Parlement doit prêter attention au dialogue des femmes sur le terrain, dans les salles de classe, en ligne et partout ailleurs. Nous avons le droit, comme femmes, d’exiger une action concrète du gouvernement, et c’est la responsabilité des parlementaires de réagir et de prendre des mesures.
:
Monsieur le Président, je suis très reconnaissante d'avoir l'occasion de prendre la parole, car j'ai d'excellentes nouvelles pour la députée d'en face.
Elle a dit à maintes reprises que nous avons besoin d'un plan d'action pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones. Il se trouve que j'ai justement en main un plan d'action pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones. C'est un excellent plan d'action. Il cible un grand nombre des problèmes qui ont été soulevés dans son discours, mais aussi dans d'autres discours prononcés au Parlement au cours de ce débat.
Lorsque nous parlons d'un plan d'action pour lutter contre la violence familiale, il faut tenir compte de nombreux facteurs. Je veux passer en revue quelques aspects du plan d'action que j'ai ici.
Tout ce que les députés d'en face doivent faire, c'est de soutenir les gens qui essaient de mettre en oeuvre le plan d'action. Il consiste en un plan d'action quinquennal pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones qui s'articule autour de trois piliers.
Le premier consiste à prévenir la violence en trouvant des solutions à l'échelle communautaire. Il y est question du logement, des écoles, de counselling à l'intention des victimes et de soutien offert aux victimes autochtones par la prestation de services appropriés. Il suggère d'augmenter les ressources destinées aux refuges pour les victimes de violence à l'échelle du pays. Protéger les femmes et les filles autochtones en investissant dans des refuges et en continuant d'améliorer l'application de la loi et le système de justice fait partie intégrante de ce plan d'action que la députée d'en face a réclamé. Tout ce qu'elle doit faire, c'est de le lire.
Ce plan d'action est la réponse du gouvernement du Canada aux recommandations du Comité spécial sur la violence faite aux femmes autochtones. Nous entendons constamment dire qu'il faut une enquête nationale. Moi aussi, j'ai visité de nombreuses réserves et communautés autochtones partout au pays. J'ai emporté avec moi un grand nombre des rapports qui avaient déjà été publiés. Il y a 40 rapports qui étudient la question des femmes autochtones disparues ou assassinées. De nombreuses études ont été effectuées. Nous savons quel est le problème. Dans le cadre de ce plan d'action, nous prenons des mesures destinées à améliorer la situation et à réduire la violence faite aux femmes, et particulièrement aux femmes autochtones.
De surcroît, il ne faut pas oublier la Loi sur la Charte des droits de victimes, qui est très importante. Souvent, une femme autochtone — ou n'importe quelle femme — qui devient une victime se retrouve devant un tribunal et elle n'obtient pas d'information. Elle n'est pas protégée. Elle n'est pas en mesure de participer au processus contre son agresseur et n'a pas droit au dédommagement. Tout cela a changé sous notre gouvernement. Les femmes ont maintenant le droit d'obtenir des renseignements sur le système de justice pénale ainsi que sur les services et les programmes disponibles. Elles ont le droit à la protection. Elles ont le droit à ce que leur sécurité et leur vie privée soient prises en considération à toutes les étapes du processus de justice pénale, et d'être protégées par des mesures raisonnables contre l'intimidation et les représailles.
J'ai entendu des victimes témoigner devant la cour, alors que leur agresseur les intimidait en les dévisageant froidement, en hochant la tête ou en faisant toutes sortes d'allusions. Les victimes ont le droit d'être protégées de ce genre de traitement. Elles ont un droit de participation. En effet, elles ont le droit d'émettre leur opinion sur les décisions que rendront les professionnels de la justice pénale et elles ont le droit qu'on en tienne compte aux diverses étapes du processus de justice pénale. Si les victimes ont droit à cela, c'est grâce à l'actuel gouvernement.
Les victimes ont droit au dédommagement. Elles ont droit à ce que le tribunal envisage la possibilité de rendre une ordonnance de dédommagement pour toutes les infractions ayant causé des pertes financières dont la valeur est facile à évaluer. Les pertes financières ne constituent qu'une petite partie des torts subits, qui sont surtout de l'ordre du senti, comme le stress post-traumatique et la peur.
Le gouvernement a couvert tous ces aspects de la question dans son plan d'action.
Il s'agit du plan d'action du Canada. Les députés d'en face peuvent l'appuyer et agir en conséquence. Ils peuvent se renseigner au sujet du Fonds d'aide aux victimes et des mesures prises pour protéger les jeunes filles autochtones et appuyer les refuges dans les réserves, et au sujet du répertoire de données génétiques sur les personnes disparues. Le plan d'action contient une multitude de choses sur à peu près toutes les questions, requêtes et demandes que j'ai entendues ce soir.
Le 20 février, pour donner suite à son engagement à défendre les victimes, le gouvernement a annoncé un investissement de 100 millions de dollars sur 10 ans pour prévenir, détecter et combattre la violence familiale et la violence à l'égard des enfants. Cela ne concerne pas seulement les députés, mais aussi les personnes comme Sheldon Kennedy, le fondateur du Centre d’appui aux enfants Sheldon Kennedy. Situé juste à côté de l'hôpital pour enfants, ce centre accueille les victimes, qui peuvent y rencontrer des policiers, des travailleurs sociaux et obtenir d'autres formes de soutien.
Tout enfant victime de mauvais traitements ou de la traite des personnes a droit aux services qu'on y offre, qu'il soit Autochtone, Polonais ou Français. C'est l'un des meilleurs centres que j'ai vus et je dirais même l'un des meilleurs au monde.
L'argent accordé par le gouvernement aiderait les victimes de violence grâce à une approche à plusieurs volets pour bien outiller les professionnels de la santé, qui doivent être adéquatement informés et avoir la formation qui les aidera à venir en aide aux victimes de violence familiale.
Aujourd'hui, une victime m'a rendu visite à mon bureau et m'a parlé de la triste expérience qu'elle a vécue lorsqu'elle s'est rendue à l'hôpital. Elle y a rencontré des professionnels de la santé mal informés et sans la formation qu'il aurait fallu. Cela ne sera plus le cas dorénavant, grâce au gouvernement. La santé et le bien-être des victimes de violence font partie de ce plan, qui prévoit notamment un meilleur accès aux services de consultation en santé mentale pour les victimes de violence.
Le trouble de stress post-traumatique fait partie des problèmes que l'on observe de plus en plus parmi les victimes de violence. Le gouvernement a prévu l'accès aux services de consultation en santé mentale pour les victimes de violence dans son plan d'action très spécial pour lutter contre la violence faite aux femmes, et c'est très important.
De l'aide et des améliorations des mesures existantes sont également prévues pour les organismes et les partenariats fournissant des services intégrés aux victimes de violence.
Le 1er avril, le gouvernement a commencé à mettre en oeuvre son plan d'action pour lutter contre la violence familiale. Ce plan d'action comprend des mesures immédiates et concrètes pour prévenir la violence, et non uniquement pour réagir à cette violence ou résoudre les problèmes qu'elle cause. Il aide les victimes et protège les femmes et les filles autochtones grâce à de nouveaux engagements permanents totalisant environ 200 millions de dollars sur cinq ans.
Quand j'entends parler de manque d'argent, je songe aux mesures colossales mises en oeuvre par le gouvernement pour faire cesser la traite des personnes et la violence contre les femmes et les enfants. Une nouvelle enveloppe de 25 millions de dollars est prévue sur une période de cinq ans à compter du 1er avril de cette année. C'est une mesure vraiment énergique. Un financement permanent de 158,7 millions de dollars sur cinq ans à compter de 2015 est accordé pour les refuges et les activités de prévention de la violence familiale. C'est très important. C'est une mesure qui n'existait pas avant. Elle est écrite et mise en oeuvre dans la plus grande transparence.
Parlons de la sécurité économique des femmes. Une enveloppe dédiée de 5 millions de dollars est affectée, par l'intermédiaire de Condition féminine Canada, à l'amélioration de la sécurité économique des femmes autochtones et à la promotion de leur présence dans les postes de direction et parmi les décideurs.
C'est un plan d'action phénoménal. Les députés n'ont plus besoin de réclamer un plan d'action national puisque nous en avons un. Il est ici, et tous ses éléments peuvent être utilisés, adoptés et appuyés par les députés.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse d'intervenir en faveur de la motion présentée par la députée néo-démocrate de concernant la question cruciale de la violence à l'égard des femmes.
La motion demande l'élaboration d'un plan d'action national contre la violence faite aux femmes assorti de certains éléments clés. À entendre la députée de , il est plutôt clair que le gouvernement conservateur n'a aucune idée de ce qu'un tel plan est censé comporter. Je remercie la députée néo-démocrate d'avoir pris la peine de préciser quels seraient les éléments d'un tel plan, comme par exemple les partenaires qui contribueraient à sa conception. Ce ne serait pas comme le plan d'action de lutte contre la traite de personnes, qui est un véritable objet de risée, et qui donne l'impression d'avoir été conçu par une seule personne déconnectée de cette réalité.
Cette question est particulièrement pertinente pour moi étant donné mon rôle de présidente du caucus des femmes du Parti libéral et de porte-parole du Parti libéral en matière d'affaires autochtones. Elle me touche également parce j'étais auparavant médecin de famille au Women's College Hospital, qui a mis sur pied le premier centre d'aide aux victimes d'agression sexuelle et qui, chaque année le 6 décembre, rend hommages aux Ontariennes tuées par leur époux ou par un ancien époux.
Cet enjeu transcende les classes socio-économiques, les cultures et les religions. Les libéraux croient que nous devons tous travailler ensemble pour mettre un terme à la violence faite aux femmes. Je crois sincèrement que cet enjeu pourrait et devrait aller au-delà des lignes de parti, et je suis déçue de constater que la députée de continue d'essayer d'en faire une question partisane. C'est impensable.
En août 2013, lors d'une réunion de l'Association médicale canadienne, la a prononcé un discours dans lequel elle a annoncé qu'elle ferait de l'éradication de la violence en milieu familial l'un de ses thèmes phares. Elle a répété sensiblement la même chose lors d'une autre réunion de l'Association médicale canadienne, cette fois en avril 2014. La motion dont nous sommes saisis donne à la ministre et au gouvernement l'occasion de joindre le geste à la parole en prenant des mesures concrètes.
Chaque année, au Canada, la violence et les mauvais traitements poussent plus de 100 000 femmes et enfants à quitter leur foyer pour aller dans des refuges. En outre, ici même, dans notre pays, les femmes demeurent plus nombreuses que les hommes à être agressées par leur partenaire ou leur conjoint dans une proportion de neuf contre un. Par ailleurs, ce sont les filles de 12 à 15 ans qui risquent davantage d'être victimes d'agression sexuelle de la part d'un membre de la famille.
Ces statistiques sont révoltantes, mais le taux de violence familiale dont les femmes et les jeunes filles autochtones sont victimes l'est encore plus. Il faut absolument que le gouvernement comprenne que le taux de femmes autochtones tuées par leur conjoint ou un ancien conjoint est moindre que chez les non-Autochtones. Le message du m'a donc particulièrement révoltée, car c'est comme si les Autochtones disparues ou assassinées étaient moins importantes que les autres femmes.
Les femmes et les jeunes filles autochtones sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes d'homicide ou d'être portées disparues. L'an dernier, la GRC mentionnait dans un rapport que près de 1 200 femmes ou jeunes filles autochtones ont disparu ou ont été assassinées depuis 1980. De plus, même si seulement 4 % des femmes au Canada sont d'origine autochtone, en 1984, les femmes autochtones représentaient 8 % du nombre total de femmes victimes d'homicide et, en 2012, elles en représentaient 23 %, ce qui est tout à fait renversant. La crise qui touche les femmes autochtones s'aggrave. De nos jours, près d'une femme victime d'homicide sur quatre est d'origine autochtone.
Moi qui suis porte-parole du Parti libéral pour les affaires autochtones et qui réclame depuis longtemps une commission d'enquête publique sur les femmes et les jeunes filles autochtones disparues ou assassinées, j'aimerais parler plus précisément d'une partie de la motion dont nous sommes saisis.
J'ai moi-même présenté une autre motion réclamant une commission d'enquête nationale. Elle fera l'objet d'un débat à la Chambre au cours des prochaines semaines, et j'espère que la députée de m'aidera un peu. Les propos indélicats que le a tenus l'été dernier, à savoir qu'il ne faut pas voir cela comme un phénomène sociologique, et l'aveu stupéfiant qu'il a fait lors d'une entrevue accordée dans le cadre des rétrospectives de fin d'année, à savoir que les femmes et les jeunes filles autochtones disparues ou assassinées ne font pas vraiment partie de ses priorités, sont troublants et décevants et nous montrent ce qu'il pense de ce qui constitue pourtant une honte pour le pays.
En fait, il n'y a qu'une commission d'enquête nationale qui aurait la crédibilité, l'envergure et les ressources nécessaires pour se pencher sur les problèmes systémiques sous-jacents à ces actes de violence, qui fournirait les conditions de reddition de comptes permettant de mettre en oeuvre ses recommandations et qui pourrait rendre justice aux victimes et à leur famille et créer les conditions propices à la réconciliation.
Le refus entêté du de demander la tenue d'une enquête publique nationale tranche nettement avec le consensus généralisé qu'une telle enquête est nécessaire. Les familles en deuil, les chefs autochtones, les défenseurs des victimes, les acteurs de la société civile, la communauté internationale et les premiers ministres de l'ensemble des provinces et des territoires ont tous exhorté le gouvernement à demander la tenue d'une enquête publique nationale. Le temps est venu de le faire.
Quelle a été la réponse du gouvernement conservateur à la violence qui perdure contre les femmes? Il n'a cessé de minimiser l'importance de la prévention, et il refuse d'examiner et de financer adéquatement les programmes en place pour résoudre cette situation tragique.
Le gouvernement conservateur claironne qu'il sévit contre la violence faite aux femmes et aux filles, citant en exemple ses mesures de répression de la criminalité comme l'élimination de la détention à domicile dans les cas d'agression sexuelle, l'alourdissement des peines imposées pour le trafic des drogues du viol ou, comme nous venons tout juste de l'entendre, la création d'une base de données génétiques recueillies après le décès de la victime. Ce que les femmes et les familles de ce pays veulent savoir, c'est comment nous entendons prévenir et contrer cette épidémie qui sévit dans les communautés autochtones et non autochtones. Si certaines de ces mesures sont constructives, elles ne remplacent pas toutefois un plan d'action global et elles font penser à du rafistolage en marge d'une crise nationale.
Ce qui est encore plus déplorable, c'est que, l'automne dernier, le gouvernement a tenté de cacher son inaction en regroupant toute une série de fonds et de programmes inadéquats dans un nouveau plan d'action — que la députée de a qualifié de « très spécial » — pour lutter contre la violence familiale et les crimes violents commis contre des femmes et des jeunes filles autochtones.
Malheureusement, le gouvernement actuel refuse obstinément de collaborer avec ses partenaires, les provinces et les territoires, la société civile, ainsi que les dirigeants et les communautés autochtones pour élaborer et mettre en oeuvre un plan global de lutte contre la violence faite aux femmes.
En 2008, les Nations Unies ont publié un cadre d'action, qui visait à atteindre cinq buts principaux lors de la campagne devant se dérouler dans tous les pays du monde en 2015. Il est dommage que le gouvernement conservateur ait rejeté la recommandation des Nations Unies d'adopter et de mettre en oeuvre un plan d'action national multisectoriel, qui met l'accent sur la prévention et qui bénéficie de ressources suffisantes.
Contrairement au gouvernement fédéral du Canada, le gouvernement national de l'Australie a fait preuve de leadership en collaborant avec ses partenaires, les gouvernements d'État et les collectivités locales, dans le but d'élaborer un plan national global d'une durée de 12 ans pour réduire la violence faite aux femmes et à leurs enfants. Publiée en 2011, cette approche intergouvernementale détaillée se compose en fait de quatre plans d'action, qui représentent des phases distinctes devant se succéder sur une période de 12 ans. Ces phases sont conçues de façon à ce que le gouvernement et la société civile d'Australie puissent examiner ce qui a été réalisé et rediriger les plans d'action subséquents sur les mesures qui permettront le plus d'améliorer la situation.
Voilà le genre d'approche à long terme, bénéficiant de ressources suffisantes et axée sur la collaboration que nous devons adopter au Canada.
La motion à l'étude aujourd'hui donne l'occasion à tous les partis de la Chambre de se mobiliser et de convenir d'une voie à suivre raisonnable et efficace. Elle décrit clairement les éléments que doit contenir un plan d'action efficace pour mettre fin à la violence faite aux femmes au Canada.
[Français]
Ces éléments comprennent des initiatives pour traiter des facteurs socioéconomiques qui contribuent à la violence faite aux femmes; des politiques pour prévenir la violence faite aux femmes et pour traiter les victimes de la violence; des repères pour mesurer les progrès reposant sur les données recueillies au fil des ans sur les niveaux de violence faite aux femmes; des recherches indépendantes sur les nouvelles questions concernant la violence faite aux femmes; une enquête publique; des stratégies qui tiennent compte des besoins précis et des vulnérabilités des différentes communautés; la participation d'organismes communautaires et d'autre organismes; et des ressources humaines et financières spécialement destinées à l'exécution du programme prévu dans le plan.
[Traduction]
Il est temps que le gouvernement remplace ses beaux discours sur la lutte contre la violence faite aux femmes et aux jeunes filles par un plan d'action efficace et détaillé à cet égard. Cette épidémie de violence doit prendre fin, et le gouvernement conservateur, qui prétend être sévère à l'endroit des criminels et défendre les victimes d'actes criminels, ne peut pas continuer de faire fi de la honte que constitue pour le pays la violence faite aux femmes.
J'exhorte tous les députés à appuyer la motion.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'appuyer la motion M-444 de ma collègue la députée de , afin d'établir un plan d'action national contre la violence faite aux femmes.
Je félicite la députée de pour son travail et le dévouement dont elle fait preuve pour contrer l'enjeu de la violence faite aux femmes. C'est un travail réellement inspirant qu'elle et que tant d'autres font pour s'attaquer à ce problème.
Le Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes définit la violence faite aux femmes comme suit:
La violence faite aux femmes [...] est une forme de discrimination fondée sur le sexe [et est une] manifestation tangible de l’inégalité historique et systémique entre les hommes et les femmes [qui] constitue la violation des droits de la personne la plus répandue dans le monde. Elle désigne tout acte, intention ou menace de préjudice physique, sexuel ou psychologique qui résulte en une atteinte ou une souffrance infligée à des femmes et des filles, y compris des atteintes à leur liberté de mouvement, leur sécurité et leur pleine participation à la société. Elle est perpétrée par des partenaires intimes, des proches aidants, des parents, des gardiens, des étrangers, des collègues, des employeurs et des fournisseurs de services [...] Elle se produit à la maison, au travail, dans les établissements d’enseignement et dans nos communautés. La violence faite aux femmes [affecte tout le monde et] prend diverses formes en fonction des intersections multiples et variées entre les discriminations et les désavantages [injustes] basés notamment sur la race, l’ethnicité, la religion, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, le statut d’immigrante ou de réfugiée, l’âge et les situations de handicap.
Le refus de la ministre de ce gouvernement conservateur de contrer, voire même de reconnaître, la nature systématique de la violence contre les femmes ne fait que perpétuer cette situation. Les femmes continuent de souffrir des manifestations les plus violentes de l'inégalité simplement parce qu'elles sont femmes, pendant que le gouvernement fédéral pourrait les aider et ne le fait pas.
Le bilan des conservateurs au chapitre de la violence faite aux femmes est absolument atroce. L'inaction des conservateurs constitue de la négligence pure et simple, surtout dans le cas des taux de violence intolérable que connaissent les femmes autochtones.
Depuis qu'ils sont au pouvoir, les conservateurs se sont carrément attaqués à l'égalité des femmes au Canada: ils ont supprimé le programme de contestation judiciaire; ils ont réduit de 70 % le budget de Condition féminine Canada, où ils ont également supprimé le mot « égalité » du mandat, et ils ont interdit la recherche et la défense des droits dans les programmes qui y sont financés; ils ont déposé plusieurs projets de loi et motions contre l'avortement; ils ont adopté des mesures législatives régressives en matière d'équité salariale, voire même des mesures contraires aux recommandations des experts; ils refusent d'affecter des fonds suffisants à la lutte contre la violence faite aux femmes autochtones et de faire une enquête nationale publique, alors que toute la société la demande; ils bloquent le projet de loi néo-démocrate sur les droits des personnes trans; ils refusent d'affecter des fonds d'aide au développement ou aux services d'avortement et de planification familiale, même en cas de mariage forcé et de viol commis comme acte de guerre; ils réduisent constamment le financement des programmes sociaux, ce qui nuit surtout aux femmes; ils s'attaquent aux syndicats qui protègent les emplois bien rémunérés pour les femmes, et proposent des programmes comme le fractionnement du revenu, ce qui aura pour effet de réduire le nombre de femmes qui travaillent, au détriment d'un programme national de garde d'enfants qui assurerait la sécurité financière des femmes.
Cette érosion de l'égalité rend les femmes plus vulnérables à la violence. Cette violence demeure systémique et répandue au Canada. Il s'agit d'un phénomène sociologique. Le nombre de crimes violents diminue, mais le nombre de viols et d'agressions sexuelles demeure stable. Les femmes sont 10 fois plus susceptibles d'être victimes de crimes sexuels, et il est trois fois plus probable qu'elles soient victimes d'harcèlement criminel.
Que ce soit aux études, au travail ou à la maison, c'est une réalité que vivent toutes les femmes d'une manière ou d'une autre, simplement parce qu'elles sont femmes. C'est une violence oppressive et systématique, qui touche la moitié de notre population.
Bien que la violence porte préjudice à toutes les femmes, celles qui font face à des oppressions multiples doivent surmonter davantage d'obstacles, et les solutions envisagées doivent absolument reconnaître les mille et une formes d'oppression que prennent la discrimination et la marginalisation et en tenir compte.
Nous vivons à une époque où de nombreuses disciplines reconnaissent les effets de l'inégalité créée par différents problèmes systématiques. Plus les oppressions s'ajoutent, plus la vulnérabilité se multiplie.
Les femmes autochtones, les femmes de minorités visibles, les aînées, les femmes LGBTTQ et les femmes vivant avec un handicap sont plus touchées, à un point tel qu'on peut parler de populations les plus ciblées. L'oppression intersectionnelle est claire lorsqu'on parle de la violence faite aux femmes.
Parmi tous les Canadiens, 67 % affirment connaître personnellement au moins une femme qui a été victime d'une agression sexuelle ou physique, et au Canada, 50 % de toutes les femmes ont connu au moins un incident de violence physique ou sexuelle depuis l'âge de 16 ans.
Le Canada ne dispose d'aucun plan pour combattre la violence faite aux femmes. Il est clair que c'est un problème national, et il faut comprendre que la plupart des crimes ne sont même pas signalés. Un plan d'action national permettrait de consulter et de fournir un cadre pour consolider les systèmes qui préviennent et répondent à la violence faite aux femmes. Ce plan devra bénéficier d'un processus d'élaboration pour garantir son succès en consultant les personnes, organisations, communautés et chercheuses qui ont travaillé sans relâche pour mettre fin à la violence faite aux femmes. En effet, l'appel pour une stratégie ne vient pas juste du NPD, il vient aussi des organismes féministes de partout au pays, et même de l'ONU.
En l'absence d'une stratégie, les services sont divisés et manquent de coordination et de cohérence. Selon le Réseau canadien des maisons d'hébergement pour femmes, en l'absence d'un plan national, les réponses à la violence sont souvent fragmentées, inaccessibles et elles peuvent même servir à entraver plutôt qu'à améliorer la sécurité des femmes.
Nous devons nous attaquer aux problèmes à la base de l'inégalité qui perpétue cette violence. C'est pourquoi il nous faut un plan national de garderies, car la création de places en garderie accessibles et abordables, comme l'a fait le Québec, contribuerait à l'avènement de l'égalité entre les sexes au Canada,
Il nous faut un plan de logements abordables et des engagements constants visant à investir dans une stratégie nationale de logements pour que les femmes n'aient pas à choisir entre une relation de violence ou être sans abri.
Il faut réduire et éliminer l'écart salarial et prendre des mesures, comme rendre plus accessible l'assurance-emploi, augmenter le salaire minimum, créer une stratégie nationale pour réduire la pauvreté et restaurer l'âge d'accès au Supplément de revenu garanti de 67 ans à 65 ans. Tout cela touche directement et davantage les femmes.
Or les compressions budgétaires mises en oeuvre par les gouvernements successifs, libéraux et conservateurs, n'ont fait qu'empirer la situation des femmes au Canada. Alors qu'en 1999, le Canada se classait au 1er rang de l'indice d'inégalité de genre de l'ONU, il se retrouve maintenant au 23e rang.
Pendant ce temps, chaque soir, 4 600 femmes et leurs enfants sont forcés de dormir dans des maisons d'hébergement pour échapper à la violence. Plusieurs sont même refusées parce que les maisons sont déjà occupées à 100 %.
Presque 2 000 femmes autochtones, en fait 1 181 femmes autochtones, sont disparues ou ont été assassinées entre 1980 et 2012.
Il faut absolument une stratégie nationale pour s'attaquer à la violence faite aux femmes au Canada et vraiment la réduire et l'éliminer. Ce sujet est urgent depuis longtemps et il faut s'en occuper aujourd'hui.
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Monsieur le Président, à titre de députée de Renfrew—Nipissing—Pembroke, j'interviens à propos de la motion de l'opposition officielle sur les enfants autochtones disparus ou assassinés.
Ma circonscription se situe dans l'Est de l'Ontario, où vivent les Algonquins de Pikwakanagan. Je suis fière des rapports professionnels que j'ai su établir avec le chef Kirby Whiteduck et les conseillers de la bande, Jim Meness, Daniel Kohoko, Ronald Benard, Jerry Lavalley, Cliff Meness et Sherrylyn Sarazin. Nouer des relations positives, c'est important, surtout lorsqu'il est question de développement économique, de chômage et de prestation de services sociaux.
Les dossiers ruraux ne connaissent pas de frontière. Les résidants du comté de Renfrew comprennent toute l'importance de collaborer à l'atteinte des objectifs communs.
Heureusement pour la population autochtone de ma circonscription, beaucoup des problèmes que rencontrent les citadins, en particulier les femmes autochtones, ne sont pas les mêmes que vit l'Ontario rural, y compris, dans ma circonscription, le comté de Renfrew et le comté de South Algonquin du district de Nipissing.
Le gouvernement du Canada est gravement préoccupé par le taux élevé de violence envers les femmes autochtones et les conséquences de cette violence sur les familles et les communautés. En tant que membre du gouvernement du Canada, je suis moi aussi préoccupée par le grand nombre de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées.
Je suis certaine qu'il n'y a pas une personne ici aujourd'hui qui peut concevoir les pertes tragiques qu'un trop grand nombre de familles autochtones ont connues après un crime violent. Tous les parlementaires sont entièrement d'accord pour dire que les crimes violents commis contre des femmes et des filles autochtones doivent être vigoureusement dénoncés. Non seulement ils doivent être dénoncés, mais nous devons aussi prendre des mesures concrètes pour prévenir une telle violence. Nous devons protéger les femmes et les filles de la violence. Nous devons veiller à ce que des systèmes d'application de la loi et de justice efficaces soient en place pour aider les victimes et traduire en justice ceux qui commettent de tels actes.
Ces mesures sont conformes aux recommandations du Comité spécial de la Chambre des communes sur la violence faite aux femmes autochtones. Je suis heureuse de confirmer que c'est le gouvernement conservateur qui a créé le comité spécial sur les femmes autochtones disparues ou assassinées en 2013. Le comité a tenu des audiences sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées au Canada. Il avait pour mandat de proposer des solutions pour s'attaquer aux causes profondes de la violence envers les femmes et les filles autochtones. En mars 2014, le comité spécial a publié son rapport, intitulé « Femmes invisibles: Un appel à l'action ».
Je trouve encourageant de pouvoir dire que c'est précisément ce que nous faisons, comme en témoigne la sortie, en septembre 2014, du plan d'action du gouvernement conservateur pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones. Ce plan comporte un éventail de mesures assorties de près de 200 millions de dollars sur cinq ans pour remédier à la violence envers les femmes et les filles autochtones. Il repose sur de nombreux rapports et études sur cette question, qui ont enrichi notre connaissance et notre compréhension de la nature et des causes de ces crimes, y compris l'aperçu opérationnel national récent de la GRC.
Il y a déjà eu plus de 40 études sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Des organismes autochtones et des membres de la famille des victimes nous ont dit qu'il fallait maintenant agir. C'est ce que vise le Plan d'action pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones. Il prévient la violence en soutenant les solutions communautaires, aide les victimes autochtones en leur offrant des services utiles et protège les femmes et les filles autochtones en investissant dans des refuges et en continuant d'améliorer les systèmes d'application de la loi et de justice du Canada. Dans le cadre de ce plan d'action, le gouvernement utilise les meilleurs outils à sa disposition pour prévenir la violence, aider les victimes et protéger les femmes et les filles autochtones.
Bien entendu, un simple plan ne nous permettra pas d'obtenir tous les résultats escomptés. Pour réduire la violence, il faut que tous ceux qui s'intéressent à cet enjeu unissent leurs efforts. Il n'y a pas que le gouvernement fédéral qui doit agir. Les divers intervenants doivent travailler en collaboration. Les corps policiers, le système de justice, les communautés autochtones et les organismes doivent faire preuve de leadership. De plus, les familles autochtones qui ont été détruites par cette violence doivent participer de façon constante.
En février 2015, dans le cadre de la table ronde nationale sur les femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées, des familles ont courageusement relaté leur histoire, et ce qu'elles ont raconté était à la fois tragique et révélateur. Elles ont souligné qu'il faut améliorer la coordination et les communications, de même que prendre des mesures concrètes et tangibles qui donneront lieu à des progrès et à des résultats. La table ronde a donc été très utile à cet égard. Tous les participants ont convenu que d'autres mesures devront être prises conjointement par les intervenants et qu'une deuxième table ronde serait organisée en 2016. Ensemble, les partenaires se sont engagés à améliorer la prévention, la sécurité, le maintien de l'ordre et les mesures judiciaires afin de lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones partout au Canada.
Le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord joue un rôle important, car il lutte contre la violence familiale dans les communautés, la prévient et protège ceux qui en sont victimes. Ainsi, le ministère finance divers programmes et services visant à améliorer les perspectives des femmes, des filles et des familles autochtones, notamment des activités de prévention de la violence familiale, des services destinés aux enfants et aux familles, des programmes de formation, de développement des compétences et de développement économique visant à garantir la sécurité économique et la prospérité, de même que des programmes de logement et d'éducation.
Le Programme pour la prévention de la violence familiale est un élément essentiel. Avec un budget annuel de 31,74 millions de dollars, le programme permet de maintenir les services que 41 refuges offrent quotidiennement aux femmes et à leurs enfants, et de soutenir les activités de prévention, qui visent à conscientiser les hommes et les garçons et à mobiliser les femmes et les filles. Les 41 refuges financés par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada desservent environ 329 communautés, soit 55 % des Premières Nations.
En 2013-2014, ces refuges ont offert leur services à plus de 2 330 enfants et 2 850 femmes vivant dans les réserves. Dans les régions où il n'y a pas de refuge à l'intérieur des réserves, les Premières Nations ont accès à des refuges provinciaux, à des lignes d'écoute téléphonique et à des services de transport vers les refuges des environs. De plus, le programme rembourse l'Alberta et le Yukon pour les services qui sont offerts par les refuges provinciaux aux femmes et aux enfants qui sont considérés comme des résidents habituels des réserves.
Depuis le 1er avril dernier, un montant supplémentaire de 1,34 million de dollars est disponible pour les activités de prévention de la violence familiale. Parmi les activités admissibles à un financement, notons les campagnes de sensibilisation du public, les conférences, les groupes de soutien et les évaluations des besoins des communautés. Plus de 300 projets communautaires ont été financés par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada en 2012-2013. Depuis 2006, le ministère a consacré 242,6 millions de dollars à la prévention de la violence familiale. Ces investissements ont permis aux refuges d'offrir leurs services à près de 22 000 enfants et à plus de 25 500 femmes.
C'est de l'argent bien dépensé. Le Programme pour la prévention de la violence familiale permet de mieux protéger les femmes, les enfants et les familles des réserves en offrant un refuge aux victimes de violence.
Je tiens à assurer à mes collègues que notre engagement s'étend aux femmes et aux filles qui vivent à l'extérieur des réserves. Le ministère offre un financement considérable dans le cadre de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, mise en oeuvre en collaboration avec l'Association nationale des centres d'amitié.
Je suis heureuse d'avoir pu discuter des nombreuses mesures que nous prenons pour prévenir la violence contre les femmes et les enfants autochtones.