propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi . L'innovation est une des priorités du gouvernement. Cela implique d'aider les entreprises canadiennes à stimuler la croissance et la création d'emplois, ce qui renforce la classe moyenne, et de favoriser l'expansion d'entreprises à même de soutenir la concurrence internationale.
Le programme du gouvernement en matière d'innovation est inclusif et vise à stimuler la croissance économique par l'innovation. En tant que législateurs, nous avons la responsabilité d'établir les règles de base qui régissent la conduite des affaires et nous avons les moyens de créer les conditions gagnantes pour que les particuliers et les entreprises innovent et prospèrent.
[Français]
Ce n'est pas un hasard si le mot « inclusif » est associé au nom de notre programme d'innovation.
[Traduction]
L'actuel gouvernement reconnaît que la prospérité du pays est au mieux lorsque tous ont les mêmes chances de réussir.
[Français]
Le projet de loi que je présente à la Chambre aujourd'hui apporte des ajustements importants aux lois-cadres qui régissent le marché canadien. Ces lois stipulent comment les sociétés sont organisées.
[Traduction]
Elles encouragent également la confiance des investisseurs et la compétitivité du marché, des conditions qui favorisent les investissements à long terme et la croissance économique. Le projet de loi à l'étude aidera les entreprises canadiennes à miser sur leurs innovations et les mettra en bonne position pour évoluer dans les marchés international et numérique.
Avant de discuter des changements proposés plus en détail, je veux situer le contexte dans lequel opèrent les lois-cadres dont il est question dans le projet de loi.
Les conditions actuelles du marché sont complexes et évoluent rapidement. Les multinationales s'inscrivent et livrent donc concurrence dans le paysage commercial local, et les nouvelles technologies fournissent aux entreprises d'énormes quantités d'information qui les guident dans leurs décisions.
Par ailleurs, la technologie permet des transactions rapides d'un bout à l'autre du globe. Le marché mondial est plus interrelié que jamais. Ainsi, une perturbation ou une découverte dans un coin du monde peut entraîner des conséquences considérables dans un autre.
[Français]
Pour rester compétitives, les entreprises doivent comprendre comment leurs partenaires, leurs fournisseurs, leurs concurrents et leurs clients font des affaires. Notre gouvernement est déterminé à faire du Canada un chef de file mondial en matière d'innovation.
[Traduction]
Cela suppose de permettre aux entreprises de grandir, d’accroître la productivité du pays et de créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne. Cela suppose également que les lois-cadres relatives au marché soient mises à jour afin qu’elles soient adaptées à l’économie mondiale et numérique.
Les lois doivent être mises à jour pour susciter la confiance des investisseurs, favoriser la concurrence et contribuer à un programme de croissance économique inclusif. Elles doivent en outre appuyer l’investissement et l’innovation sans alourdir indûment le fardeau des entreprises.
Les modifications que je propose aujourd’hui seraient le fondement d’un marché du XXIe siècle.
[Français]
Les modifications vont permettre d'harmoniser les lois-cadres du Canada avec les meilleures pratiques en vigueur dans d'autres pays.
[Traduction]
Le projet de loi prévoit des mesures visant à modifier le mode d’élection des administrateurs de sociétés et à favoriser la diversité au sein des conseils d’administration et de la haute direction.
Le but est d’attirer les meilleurs et les plus brillants talents à partir d’une réserve aussi vaste que possible. C’est de cette façon que le Canada exploitera au mieux l’avantage concurrentiel que lui apporte une population extraordinairement diverse.
En outre, le projet de loi améliorerait la transparence des entreprises.
[Français]
Le projet de loi va éliminer les instruments de commerce dépassés et va moderniser les communications avec les actionnaires. Ces changements vont refléter les nouvelles normes et pratiques d'une économie numérique.
[Traduction]
Le projet de loi offrirait plus de certitude et de souplesse aux entreprises. Il permettrait aux entreprises canadiennes de se concentrer sur ce qui les rend plus productives, efficaces et innovantes. Entre autres lois modifiées par ce projet de loi, mentionnons la Loi canadienne sur les sociétés par actions, la LCSA.
Cette mesure législative fixe les règles facilitant l’interaction entre les actionnaires, les administrateurs, la direction et les autres parties concernées par les prises de décision. En 2015, environ 270 000 compagnies étaient constituées aux termes de la loi. La LCSA sert de modèle pour d’autres lois relatives à la gouvernance.
Quant à la Loi canadienne sur les coopératives, elle sert de cadre aux coopératives non financières constituées en vertu d’une loi fédérale, et la Loi canadienne sur les organisations à but non lucratif régit les sociétés sans capital-actions. En 2015, plus de 19 000 organisations à but non lucratif étaient constituées en vertu d'une loi fédérale.
La Loi sur la concurrence est une loi d’application générale qui régit les pratiques commerciales anticoncurrentielles. Elle permet d’examiner les activités des sociétés susceptibles de nuire à la concurrence sur le marché et d’y apporter des correctifs. En améliorant et en précisant les règles régissant le fonctionnement des sociétés, nous les préparons à une croissance à long terme.
[Français]
Nous allons aussi harmoniser les pratiques du Canada avec les meilleures pratiques internationales en matière de gouvernance d'entreprise.
[Traduction]
Octobre est le Mois de l'histoire des femmes. C'est l'occasion pour nous de célébrer les femmes qui façonnent l'histoire du Canada en tant que chefs de file, entrepreneures, universitaires, artistes et pionnières dans toutes les sphères de la vie. Parlons de ce que le projet de loi fait pour la diversité.
[Français]
Comme je l'ai déjà dit, je crois sincèrement que nous avons le devoir moral de promouvoir la diversité et l'inclusion.
[Traduction]
La sous-représentation de différents segments de notre population n'est pas seulement un problème du point de vue de l'équité. Elle a une incidence sur les résultats. Dans les conseils d'administration tout comme dans la vie, tenir compte de divers points de vue peut mener à des façons de penser novatrices et à un meilleur rendement. L'innovation requiert des idées fraîches et nouvelles, et les meilleures idées peuvent venir de n'importe qui, n'importe où.
Nous vivons dans une ère où quiconque possède un téléphone intelligent peut se brancher, créer, collaborer, faire des échanges commerciaux et vendre, quelle que soit la distance. Puisque les outils de création de connaissances et de valeur sont maintenant à la disposition de tous, une adolescente peut démarrer sa propre entreprise de technologie.
[Français]
Un étudiant d'une université peut lancer une plateforme de médias sociaux qui devient une sensation mondiale du jour au lendemain.
[Traduction]
Plus vaste est le bassin de talents, plus grand est le potentiel de création de la prochaine grande application.
Le gouvernement est résolu à faire tout en son pouvoir pour libérer le plein potentiel des Canadiens, en particulier ceux qui sont sous-représentés dans certains secteurs de l'économie d'aujourd'hui. Je sais que tous les parlementaires appuient également cet objectif.
Plus tôt cette année, le Parlement a adopté à l'unanimité, et j'en suis très fier, le projet de loi , qui a permis au Canada de devenir le premier pays du G7 à adopter le Traité de Marrakech. J'étais fier d'annoncer ce projet de loi à la Chambre et de le voir recevoir l'appui de tous les parlementaires.
Le Traité de Marrakech bénéficie à trois millions de Canadiens ayant une déficience visuelle ou étant incapables de lire les imprimés. Grâce au traité, ces personnes auront un meilleur accès à des livres et à d'autres oeuvres protégées par des droits d'auteur. Cet accès amélioré au savoir permettra à ces Canadiens de participer pleinement à l'économie. Voilà comment l'engagement du gouvernement au chapitre de la diversité permet aux Canadiens de tous les horizons de devenir des membres productifs de la société.
Le projet de loi fait fond sur cet engagement à l'innovation et à la prospérité au moyen de la diversité.
Dans le cadre des réformes proposées à la Loi canadienne sur les sociétés par actions, les sociétés par actions seraient tenues de divulguer aux actionnaires la composition de leur conseil d'administration et de leur haute direction. Elles seraient également tenues de rendre publiques leurs politiques en matière de diversité. Les sociétés n'ayant pas de telles politiques seraient tenues d'expliquer pourquoi elles n'en ont pas.
[Français]
Cette modification va s'ajouter à des mesures déjà en place qui ont été adoptées par la plupart des organismes de réglementation des valeurs mobilières provinciaux.
[Traduction]
Elle s'appliquera à toutes les sociétés cotées en bourse qui sont constituées sous le régime de la Loi canadienne sur les sociétés par actions, peu importe l'organisme de réglementation des valeurs mobilières dont elles relèvent.
En tenant compte de la composition des conseils d'administration, les investisseurs peuvent faire des choix éclairés lorsqu'ils exercent leur droit de vote.
Ces réformes visent à faciliter la tenue d'une conversation entre les sociétés et leurs actionnaires sur la façon de promouvoir la diversité.
[Français]
Le but est d'encourager les sociétés à considérer une sélection plus large de candidats et de compétences parmi leurs hauts dirigeants.
[Traduction]
La deuxième série de modifications proposées dans le projet de loi vise à rendre le processus plus démocratique pour les actionnaires. L'objectif consiste à s'assurer que le processus de vote permet aux actionnaires de se faire entendre sérieusement.
Le projet de loi apporterait trois réformes clés à la procédure d'élection des administrateurs de sociétés. Ces réformes auraient des conséquences sur les sociétés cotées en bourse qui sont constituées sous le régime de la Loi canadienne sur les sociétés par actions, de même que sur les coopératives cotées en bourse qui sont constituées en vertu de la Loi canadienne sur les coopératives.
Premièrement, le projet de loi exigerait que les sociétés et les coopératives visées par règlement tiennent des votes annuels pour l'élection des administrateurs de sociétés. À l'heure actuelle, aux termes de la loi, la durée du mandat des administrateurs ne peut dépasser trois ans. Après cela, des élections sont requises. Les conseils d'administration ont besoin de sang neuf pour favoriser la pensée novatrice.
[Français]
Par conséquent, s'assurer que les actionnaires peuvent faire des changements plus souvent constitue un pas dans la bonne direction.
[Traduction]
Deuxièmement, aux termes de la LCSA, les administrateurs seraient élus individuellement, et non par groupes de candidats. Une approche intransigeante empêche les électeurs d'exercer véritablement leurs droits démocratiques et d'élire le conseil de leur choix.
Troisièmement, le projet de loi autoriserait les actionnaires à voter explicitement contre un candidat dans le cas d'élections par acclamation, c'est-à-dire lorsque le nombre de candidats est équivalent au nombre de postes d'administrateurs à pourvoir. Même lorsqu'il n'y a pas de candidats rivaux, un candidat au poste d'administrateur aurait besoin de la majorité des voix exprimées pour être élu.
[Français]
Bien sûr, la participation des actionnaires ne se résume pas au droit de vote. La transparence et la clarté sont également des éléments importants pour les actionnaires.
[Traduction]
Ce projet de loi contribuerait à moderniser les communications avec les actionnaires afin d’harmoniser les pratiques avec la façon dont les entreprises sont exploitées aujourd’hui. Il permettrait aux sociétés constituées en vertu de la LCSA et aux coopératives constituées en vertu de la Loi canadienne sur les coopératives de fournir à leurs actionnaires ou à leurs membres un accès en ligne aux documents pertinents liés à une assemblée annuelle. Ce système prévoyant la transmission d'avis et l’accès aux documents favoriserait la réduction des coûts, la conservation des ressources et l’augmentation de l’efficience opérationnelle.
De plus, ce projet de loi simplifierait les règles entourant les délais que doivent respecter les actionnaires pour soumettre des soumissions aux administrateurs, ce qui leur permettrait de participer aux réunions plus souvent et plus efficacement.
La quatrième modification établirait clairement qu’il serait interdit aux sociétés constituées en vertu de la LCSA et aux coopératives non financières constituées en vertu d'une loi fédérale de délivrer des titres au porteur. Un peu comme de l'argent, une action au porteur appartient à la personne qui a le certificat d'action en sa possession. La société émettrice ne procède ni à l’enregistrement du propriétaire ni au suivi du transfert de la propriété, et lorsque ces instruments sont émis en blanc, comme ils sont facilement transférables et qu'ils sont non traçables, ils peuvent être utilisés comme véhicules de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme.
Cette modification nécessiterait que toutes les actions émises soient des actions nominatives. Il s’agit d’une mesure préventive qui serait particulièrement pertinente pour les forces de l'ordre.
[Français]
Cette modification permettra aussi au Canada d'harmoniser ses règles avec les recommandations du Groupe d'action financière international.
[Traduction]
Ce projet de loi modifierait également la Loi sur la concurrence en élargissant la notion d'entité commerciale affiliée à une autre. À l’heure actuelle, en raison de la définition caduque fournie par la Loi, il existe un risque que les activités commerciales entre affiliés soient perçues, au terme de la loi, comme une action concertée entre concurrents.
La loi en vigueur ne tient pas pleinement compte des entités sans personnalité morale, telles que les entreprises individuelles, les partenariats ou les fiducies. Cette incertitude pourrait faire en sorte que les entreprises soient inutilement exposées à des sanctions prévues par la loi et qu'une réorganisation parmi les entreprises affiliées soit interprétée comme une fusion entre entreprises concurrentes.
Dans un tel cas, les entreprises pourraient devoir fournir un avis au commissaire de la concurrence. La situation pourrait également entraîner des frais et occasionner une importante charge de travail administratif. Il existe également un risque qu’un projet mené en collaboration par deux entreprises affiliées puisse être traité comme un arrangement entre des entreprises concurrentes. Cela pourrait être faussement représenté ou interprété comme de la concurrence dommageable ou de la collusion pure et simple.
Afin de combler ce vide juridique, le projet de loi mettrait à jour les règles de la Loi sur la concurrence relatives à l’affiliation et ferait en sorte que celles-ci s'appliquent indépendamment de la structure de l’entreprise. Cette mise à jour garantirait, clairement et explicitement, que les entreprises qui sont engagées dans des coentreprises avec leurs affiliés ne seraient pas assujetties, à leur insu, aux dispositions d'application de la Loi.
[Français]
Cette modification va créer de la certitude et va remplacer un cadre dépassé qui peut coûter aux entreprises du temps et des ressources inutilement.
[Traduction]
Un des aspects clés de ce projet de loi est le fait qu’il positionne le Canada au rang des chefs de file mondiaux de la gouvernance d’entreprise. Par exemple, la plupart des États membres de l’Union européenne ont adopté des lois sur la représentation hommes-femmes. Le Royaume-Uni et l’Australie ont tous les deux rendu la divulgation obligatoire, et l'Australie a adopté le modèle « se conformer ou expliquer », ce qui a donné lieu à des améliorations considérables en termes de représentation des femmes au sein des conseils d’administration.
Aux États-Unis, les entreprises cotées en bourse ont adopté des politiques sur le vote majoritaire exigé pour l'élection des administrateurs. Même au Canada, nous avons vu des organismes provinciaux de réglementation des valeurs mobilières adopter des règles semblables qui visent à favoriser une participation accrue des actionnaires et une plus grande diversité au sein des sociétés.
[Français]
Ces modifications constituent une étape importante.
[Traduction]
Elles moderniseraient les lois sur la gouvernance d’entreprise pour les aligner sur les réalités technologiques d’aujourd’hui et promouvoir l’efficience des entreprises. Elles favoriseraient la transparence, la responsabilisation et la confiance du public dans le marché et donneraient aux investisseurs l’information qu’il faut pour éclairer leurs décisions d’investissement.
Par-dessus tout, ces modifications reconnaissent le grand avantage pour notre pays que constitue la diversité. Le monde des affaires canadien aurait un rôle crucial à jouer dans la promotion de la diversité. Certaines entreprises le font déjà, et je sais que d’autres leur emboîteront le pas pour démontrer qu’elles sont déterminées à faire croître notre économie en réalisant le plein potentiel du Canada. En modernisant ses règles de base et s’alignant sur les normes internationales, le Canada peut se positionner pour l’innovation et la croissance inclusives qui le propulseraient vers l’avenir.
Je suis fier de lancer aujourd’hui cette importante initiative au nom du gouvernement du Canada.
:
Madame la Présidente, le a présenté le projet de loi , Loi modifiant la Loi canadienne sur les sociétés par actions, la Loi canadienne sur les coopératives, la Loi canadienne sur les organisations à but non lucratif et la Loi sur la concurrence.
Les modifications proposées par les libéraux dans le projet de loi sont issues d'un examen obligatoire de la législation qui a été effectué par un comité de la Chambre des communes en 2010 et qui a par la suite donné lieu à une consultation entreprise en 2014 par le gouvernement précédent, lorsque le Parti conservateur était au pouvoir. Les principaux intéressés avaient alors soulevé de nombreux points importants et complexes sur divers volets de la gouvernance des entreprises.
Au terme de la consultation effectuée par le gouvernement conservateur, en 2014, nous avons inclus une proposition de modernisation du cadre de gouvernance institutionnelle dans le budget de 2015. Je voudrais lire un extrait du Plan d'action économique de 2015, à la page154, à l'intention des députés qui ne le connaîtraient pas:
[...] le gouvernement proposera de modifier la Loi canadienne sur les sociétés par actions afin de promouvoir la mixité au sein des entreprises canadiennes, en utilisant le modèle de divulgation « se conformer ou expliquer » largement reconnu [...] Des modifications seront également proposées pour moderniser le processus d’élection des administrateurs et les communications [...] et renforcer la transparence des sociétés en imposant une interdiction explicite sur des effets payables au porteur [...] Des modifications se rapportant aux lois régissant les coopératives et les sociétés à but non lucratif seront également introduites [...]
Je ne voudrais pas voler la vedette au ministre, mais le projet de loi est la deuxième mesure législative qu’il a déposée depuis qu’il est entré fonction il y a maintenant un an. À l’instar de sa première mesure législative, ce projet de loi C-25 provient directement du budget de 2015 de l'ancien gouvernement conservateur.
Je suis très ravie de constater que les efforts importants du gouvernement précédent sont relancés grâce aux libéraux et à leur besoin de produire une mesure législative quelconque, mais je ne peux que me demander si c’est ce que les libéraux voulaient dire en promettant aux Canadiens un réel changement.
S’il est adopté, le projet de loi modifiera le régime de gouvernance des entreprises pour les émetteurs assujettis constitués en vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions. La LCSA est la loi constitutive de près de 270 000 sociétés. Bien que la plupart de ces dernières soient de petites ou moyennes entreprises privées, bon nombre des plus gros émetteurs assujettis sont également régis par la LCSA.
Les modifications proposées couvrent plusieurs thèmes clés de la gouvernance d’entreprise, dont le vote à la majorité, le vote individuel, les élections annuelles, les préavis et l’accès, la divulgation en matière de diversité et les échéances de dépôt des propositions des actionnaires.
Je suis enchantée de constater que les libéraux sont allés de l’avant avec le modèle qui consiste à se conformer ou à s'expliquer, que nous avons recommandé. Il a été prouvé que des conseils d’administration plus diversifiés favorisent un meilleur processus décisionnel global, un meilleur rendement organisationnel, de meilleures organisations et, à n’en pas douter, de meilleures économies.
Le parti conservateur n’est jamais resté en marge lorsqu’il était question de premières en matière de diversité au Canada. En fait, c’est le parti conservateur qui a élu la première femme au poste de premier ministre, la première femme députée à la Chambre des communes, les premiers députés d’origine chinoise, musulmane, noire, latino-américaine, hindoue, pakistanaise et japonaise ou ayant une déficience physique, et ainsi de suite. Voilà un bilan dont nous pouvons être fiers.
Le parti conservateur croit au mérite, non aux quotas. Je suis contente de voir que nous n’allons pas passer à côté de talents en raison de quotas artificiels.
Depuis que la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario a instauré le modèle qui consiste à se conformer ou à s'expliquer il y a à peine deux ans, le nombre de femmes siégeant aux conseils d’administration y a augmenté de façon soutenue pour atteindre 20 %.
Toutefois, si on regarde le Canada dans son ensemble, dans les plus grandes entreprises, 34 % en moyenne des membres des conseils d’administration sont des femmes. La mise en œuvre du modèle largement utilisé qui consiste à se conformer ou à s'expliquer constitue la première étape à franchir si l’on veut voir ces chiffres augmenter également. S’il est adopté, ce changement aurait une incidence sur environ 600 des quelque 1 500 entreprises inscrites à la TSX.
Au chapitre de la modernisation de la gouvernance d’entreprise et de la diminution de la paperasserie, le gouvernement précédent avait fait d’importants progrès. Nous croyons à la promotion d’un milieu où les entreprises peuvent croître et contribuer à la prospérité à long terme du Canada. En fait, nous reconnaissons que les entreprises jouent un rôle crucial en matière de création d’emplois et de croissance économique, et que des stratégies commerciales robustes sont essentielles pour permettre à une entreprise d'obtenir un avantage concurrentiel et de le conserver.
Les changements proposés à la Loi sur la concurrence, dont nous discutons aujourd’hui, rendraient tout cela possible. Ils réduiraient l’incertitude commerciale, créeraient un marché concurrentiel et empêcheraient les pratiques anticoncurrentielles. Ces modifications contribueraient également à alléger le fardeau administratif des entreprises.
L'ancien gouvernement conservateur a créé un précédent, le premier en son genre, tous pays confondus, lorsqu'il a instauré la règle du un pour un, qui a apporté un nouveau degré de discipline dans la façon dont le gouvernement favorise un environnement plus prévisible pour les entreprises grâce à la réduction des tracasseries administratives.
Nous avons adopté un certain nombre de mesures afin de réduire les lourdeurs administratives imposées aux entreprises. En fait, depuis 2012, le Plan d’action pour la réduction du fardeau administratif a permis de contrôler efficacement la croissance de la réglementation bureaucratique à l’échelle du système. Le gouvernement précédent a permis aux entreprises canadiennes d’économiser plus de 22 millions de dollars et d’éliminer environ 290 000 heures passées à effectuer des tâches réglementaires inutiles.
En renforçant encore davantage les modifications que nous avions apportées quand nous étions au pouvoir, le projet de loi représentait la prochaine étape pour optimiser la gouvernance d’entreprise.
Une meilleure reddition des comptes et une plus grande transparence sont indispensables pour toute organisation gouvernementale, et un conseil d’administration très performant est redevable. Le droit de voter est important pour les actionnaires et pour les principes fondamentaux de la démocratie.
Je suis ravie de voir que la démocratie pour les actionnaires et la participation de ceux-ci seront mieux harmonisées avec les règles régissant les valeurs mobilières, et que les sociétés seront tenues en vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions de tenir des élections annuelles, d’élire chacun des administrateurs et d’avoir recours à une norme relative au vote majoritaire. Cette proposition mettra fin au débat à propos des situations où un administrateur qui n’est pas suffisamment soutenu peut continuer à siéger au conseil.
Les modifications proposées dans le projet de loi mettraient en œuvre de nombreuses politiques et pratiques dont il est déjà question dans les règles régissant le TSX et les lois auxquelles sont assujetties les valeurs mobilières. La modernisation des lois visées dans le projet de loi est une amélioration souhaitée aux lois fédérales sur les sociétés et elle témoigne de la nécessité, pour les compagnies, de renforcer leurs pratiques de gouvernance d’entreprise.
Si le ministre veut continuer à présenter des projets de loi qui viennent directement des budgets des conservateurs, bien, ils seraient aussi bienvenus.
:
Madame la Présidente, je tiens tout d'abord à féliciter ma collègue pour sa présentation. Elle était là à l'époque où on a commencé à parler de ce projet de loi visant la modernisation des sociétés canadiennes.
Je suis très content de voir apparaître ce projet de loi, puisque le précédent gouvernement, notre gouvernement, l'avait à coeur. C'est le fruit du travail que mes collègues qui étaient ici à cette époque ont fait en collaboration avec les autres députés de cette législature. Cela découle d'un examen législatif effectué par un comité de la Chambre des communes en 2010 qui a mené à des consultations plus poussées en 2014 et à des pistes de solution dans le budget de 2015.
C'était plutôt comique d'entendre le faire la promotion de la diversité au sein des conseils d'administration, en soulignant l'importance d'avoir des points de vue provenant de toutes les places, de tous les genres de personnes et de toutes les cultures, alors qu'il s'est lui-même fait le promoteur d'un unique ministre responsable du développement pour l'ensemble du Canada. Il faut le faire!
Auparavant, on avait la chance d'avoir des ministres responsables du développement économique de chacune des régions du Canada. Cela apportait une certaine diversité et des débats intéressants, j'en suis persuadé, à la table du Conseil des ministres. Malheureusement, ce gouvernement a décidé d'éliminer cette diversité au sein du Cabinet en annonçant l'abolition des postes de ministres responsables des agences de développement économique régionales.
Cela dit, revenons au sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Il y a un président américain qui a déjà dit qu'il aimait le bruit de la démocratie. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des conseils d'administration au Canada, puisque la démocratie appliquée par plusieurs sociétés canadiennes est un processus nettement plus silencieux. Actuellement, les actionnaires peuvent voter à l'élection des administrateurs, mais ce vote n'a généralement aucune signification ni influence sur le résultat final du vote, aussi étonnant que cela puisse paraître.
Certains vont même dire que l'élection des administrateurs d'une société au Canada ne relève pas de la démocratie, mais plutôt d'un genre de dictature. Le processus actuel ne permet qu'une option aux actionnaires, soit celle de voter pour un candidat à un poste d'administrateur ou de s'abstenir. Concrètement, cela signifie que, s'il n'y a aucun vote contre un administrateur, il suffit d'un vote pour qu'un candidat soit élu.
Depuis des années, les actionnaires et les petits actionnaires sont frustrés par le vote qui est effectué dans ces entreprises. Ils constatent aujourd'hui que les conseils d'administration n'ont pas de comptes à leur rendre, parce que les actionnaires n'ont pas de voix influente quant à l'élection des administrateurs. Lorsque les administrateurs deviennent inflexibles ou trop près des opinions de la direction et qu'ils ne représentent plus les intérêts des actionnaires, en quelque sorte, ceux-ci n'ont presque plus de marge de manoeuvre pour destituer des administrateurs individuels ou l'ensemble du conseil.
Il y a environ 10 ans, des actionnaires canadiens ont entrepris, avec la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance, de demander aux entreprises canadiennes d'adopter, à titre volontaire, une politique de vote à la majorité. Celle-ci exige qu'un administrateur qui obtient moins que la majorité des votes remette sa démission au conseil d'administration, qui doit l'accepter, sous réserve de circonstances exceptionnelles.
On peut dire que les efforts de la Coalition ont commencé à porter fruit, puisqu'au cours des dernières années, de plus en plus de sociétés canadiennes ont adopté une telle politique. Presque partout, notamment au Royaume-Uni, en Europe, en Australie et dans la plupart des pays et des marchés développés, les conseils d'administration sont élus par les actionnaires par l'entremise d'un vote à la majorité des suffrages et non par l'entremise d'un vote à la pluralité des suffrages, comme c'est présentement le cas au Canada.
C'est un peu embarrassant de constater que le Canada est encore déphasé par rapport au reste du monde sur une question de gouvernance d'entreprise aussi fondamentale. Quelles qu'en soient les raisons historiques, le temps est venu d'adopter un mode de scrutin à la majorité au Canada, de manière à permettre aux actionnaires d'avoir eux aussi leur mot à dire quant à la façon dont est gérée leur société.
M. Jean-Philippe Décarie disait ceci dans la La Presse: « L'application de cette règle de démocratie fondamentale était demandée depuis des années par les grosses caisses de retraite et par les investisseurs institutionnels qui souhaitent que les conseils d'administration défendent davantage les droits des actionnaires. »
Alors, le projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui est essentiel, et il est réclamé par les intervenants.
Par ailleurs, ce projet de loi exige que certaines sociétés présentent aux actionnaires des renseignements relatifs à la diversité au sein des administrateurs et des membres de leur haute direction. Cette exigence a pour but d'amener plus de diversité au sein des conseils d'administration.
En juin 2014, la ministre du Travail et de la Condition féminine de l'époque avait déposé un rapport intitulé « Bon pour les affaires : Plan pour accroître la participation des femmes aux conseils d’administration ». Ce rapport présentait les moyens que peuvent prendre les secteurs public et privé pour augmenter le nombre de femmes siégeant aux conseils d'administration, et déjà à cette époque, on parlait d'apporter des modifications au conseil d'administration.
En octobre 2014, près de 20,8 % des sièges aux conseils d'administration des entreprises inscrites étaient occupés par des femmes. Ce serait actuellement de 30,1 %, selon les chiffres dévoilés par le ministre aujourd'hui.
Le budget de 2015 du précédent gouvernement proposait de:
[...] moderniser le cadre de régie d’entreprise du Canada afin d’augmenter la participation des femmes au leadership organisationnel [...]
en utilisant le modèle [...] « se conformer ou expliquer » [...]
Des modifications seront également proposées pour moderniser le processus d’élection des administrateurs et les communications avec les actionnaires [...]
Beaucoup d'activités ont été lancées afin de promouvoir une plus grande parité hommes-femmes aux conseils d'administration au Canada. L'élan qui en résultera aidera à porter la représentation des femmes à plus de 30 % d'ici 2019, comme cela a été recommandé dans le rapport intitulé « Bon pour les affaires : Plan pour accroître la participation des femmes aux conseils d’administration », qui avait été déposé en 2014.
Je vais donner l'exemple du Québec, qui a fait un pas dans cette direction en adoptant une loi sur les gouvernances des sociétés d'État. Cette loi est entrée en vigueur en 2006 et a fait en sorte qu'au sein des différents conseils d'administration la représentation des femmes est maintenant de 52,4 %.
Cependant, cette loi force et oblige les conseils d'administration et les sociétés d'État à attirer les femmes et à avoir une représentation proportionnelle de femmes. Or, si on a bien compris ce que ma collègue disait tout à l'heure, on veut que les femmes soient présentes pour leurs compétences et pour ce qu'elles peuvent apporter aux conseils d'administration, sans forcer ces derniers à avoir un quota de femmes au sein de leur conseil. Je crois que c'est important.
En matière de diversité au sein des conseils d'administration, il faudrait aussi parler un peu de l'âge des administrateurs. Là aussi, je crois qu'il serait important d'apporter des mesures incitatives. En 2013, l'organisme québécois Force Jeunesse a réalisé un sondage, au Québec, auprès des administrateurs des conseils d'administration de 22 grandes entreprises de sociétés d'État, et le résultat a été plutôt décevant. Seulement 0,07 % de tous les administrateurs avaient moins de 35 ans. La Régie des rentes du Québec était l'une des rares sociétés d'État ayant un administrateur de moins de 35 ans. L'âge moyen aux conseils d'administration était de 51 ans au moment du sondage.
Si on veut apporter une plus grande diversité et cet aspect d'innovation dont parlait le ministre tout à l'heure, les conseils d'administration doivent prendre également en considération l'âge des administrateurs.
La loi n'est plus suffisamment à jour pour nous permettre de demeurer compétitifs dans un monde qui se globalise de plus en plus. La saine gouvernance des entreprises est l'un des moyens qui contribuent à l'efficience et à la croissance économique. Le projet de loi proposé, je le crois, constitue une pierre d'assise essentielle pour que des entreprises puissent innover et se développer davantage dans une économie moderne.
Les dernières modifications approfondies apportées à la Loi sur les sociétés par actions remontent à 2001. La loi est donc en décalage flagrant par rapport à certaines pratiques exemplaires internationales et aux règles encadrant les sociétés cotées en Bourse.
Les améliorations au mode d'élection des administrateurs et les mesures appuyant la diversité au sein des conseils d'administration vont permettre d'élargir l'éventail des points de vue et de favoriser l'innovation. De plus, en modernisant les modes de communication avec les actionnaires, en renforçant la transparence des sociétés et en précisant les règles en matière de concurrence, le gouvernement va faire en sorte que les mécanismes d'encadrement du marché vont refléter cette nouvelle réalité économique.
Pour croître et prospérer dans l'économie mondiale, le Canada a besoin d'un cadre de gouvernance des sociétés solide qui reflète et facilite les pratiques exemplaires des sociétés canadiennes. Je vais donc appuyer ce projet de loi, auquel le gouvernement précédent a travaillé si fort, et dont le gouvernement actuel récolte les fruits aujourd'hui.
:
Madame la Présidente, j’interviens pour parler d’un sujet très important et c’est une bonne chose que le Parlement ait présenté le projet de loi . Je pense qu'il s'agit d'une initiative constructive.
Le ministre a mentionné le Traité de Marrakech, que le Canada a signé après avoir adopté une loi. En raison des inscriptions en gros caractères qu'il prévoit, le Traité est important pour les malvoyants et pour d'autres Canadiens. C’est la preuve que l’on peut faire bouger les choses à la Chambre des communes et que l'on peut prendre des mesures favorables aux Canadiens.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction. En tant que néo-démocrates, nous allons certainement l’appuyer. Il n’y a aucune raison de ne pas soutenir les initiatives proposées, mais la mesure législative comporte toutefois certaines lacunes. Nous en mentionnerons quelques-unes, mais nous voulons d’abord entendre les témoignages qui seront présentés au comité.
Le projet de loi modifie la Loi canadienne sur les sociétés par actions, la Loi canadienne sur les coopératives, la Loi canadienne sur les organisations à but non lucratif et la Loi sur la concurrence. En fait, si nous rassemblons les trois éléments de base, ce projet de loi vise essentiellement les conseils d’administration. Il fournit une occasion de faire des mises à jour et de moderniser de façon réfléchie. En appliquant le modèle du secteur privé, les entreprises privées, les sociétés de premier ordre et d'autres dans le monde entier ont négligé, je vous dirai très franchement, de respecter les principes d’inclusion. C’est pourquoi cette question est arrivée au premier plan des débats non seulement au Canada, mais partout dans le monde.
En comparaison avec l’Europe, et même avec les États-Unis, il ne fait aucun doute que le Canada s’est acquis la réputation de traînard à l'égard de ce problème. Les conservateurs demandent qu’on se hâte d’adopter ce projet de loi alors qu'ils ont attendu 10 ans avant de présenter une proposition. Nous sommes donc heureux de le faire. Malheureusement, nous nous trouvons coincés dans un concours de vantardise entre les libéraux et les conservateurs à ce sujet. Je me demande cependant pourquoi le gouvernement dépose un nouveau projet de loi presque inchangé au bout d’un an et quelques mois. D’autant plus que l’Allemagne et d’autres pays ont apporté des changements fondamentaux très importants dont je parlerai tout à l’heure.
Nous sommes ici aujourd’hui pour amorcer au moins la première étape de ce processus. Soulignons que la modification la plus récente des dispositions de ce projet de loi remonte à 2001. Cela s’est passé juste avant que j’arrive, sous le gouvernement de Jean Chrétien. La modification précédente avait eu lieu des décennies plus tôt. Autrement dit, nous les avons laissés contrôler la situation pendant près de 40 ans. À l’heure actuelle — c’est vous dire à quel point la situation s’est détériorée et les choses sont encore compliquées —, nous devons confier cela aux législateurs parce que les choses ne se font pas comme il le faudrait. Les conseils d’administration d’entreprise et les tables de négociation partout au pays — où l’on prend des décisions qui influent sur la vie des employés et des Canadiens — n’appliquent pas du tout les principes de la diversité comme ils le devraient, et c’est une honte. Il est honteux que la situation se soit détériorée à ce point.
Par conséquent, les néo-démocrates vont proposer que l’on modifie ce projet de loi en y prévoyant un examen du processus. Cela déclenchera tout un débat. Je sais que certaines organisations de la société civile et certains organismes de gouvernance ont remis en question l’aspect volontaire de cette initiative, surtout dans le cas de la défense des droits des femmes. Ils estiment que cela nécessite une surveillance.
Il serait possible de le faire d’une manière très respectueuse en ramenant la question au Parlement pour que nous-mêmes et les Canadiens puissions demander pourquoi une entreprise ne respecte pas ce principe et ne représente pas dans une certaine mesure la population canadienne, pourquoi elle ne respecte pas de façon générale les normes de la société. On a toujours vu des gens foncer dans les barrières qui les bloquaient. Mais la façon dont on considérait les conseils d’administration dans le passé m’inquiète. On les appelait les « clubs des vieux copains »; c’était une notion très courante.
On constate par là que le problème ne touche pas uniquement le sexe, l’ethnie et la diversité, mais aussi la classe sociale. Certaines personnes sont rejetées et considérées comme incapables, comme n’étant pas de classe égale, comme ne méritant pas de gravir les échelons. Elles doivent passer par des circonstances exceptionnelles pour réussir à faire tomber ces barrières. Nous avons vu des personnes extrêmement ingénieuses y parvenir. Cependant, le temps est venu de permettre aux gens de compter sur leur personnalité, leur façon de penser, leurs actes et leur travail ardu, et non sur des gens qu’ils connaissent ou sur des membres de leur famille, et surtout pas sur le sexe auquel ils appartiennent.
Il est très important que nous examinions plusieurs aspects de ce projet de loi.
Il propose que l’on élise les administrateurs une fois par année. À l’heure actuelle, un administrateur peut conserver son siège jusqu’à trois ans avant que l’on envisage de renouveler son mandat. Les mandats d’un an pour les administrateurs influenceront la relation de la société avec ses actionnaires.
Si nous croyons au fondement du capitalisme de prime abord, l’actionnaire est un électeur qui détient des droits de vote démocratiques pour le conseil d’administration et le PDG qui le contrôle. Mais dans la situation qui nous occupe, ces assemblées n’ont pas lieu; on évite donc toute reddition de comptes en ne maintenant pas la relation entre le conseil d’administration et les actionnaires. On peut aussi éviter cette reddition de comptes en n’annonçant pas les assemblées ou en les annonçant trop tard pour que les gens puissent y participer. C’est ainsi que l’on crée des barrières, un peu comme celles que j’appellerais des « barrières non tarifaires ». Nous ne réussissons pas à vendre nos produits dans un autre pays à cause de ses barrières non tarifaires ou de ses règles, qui sont très mauvaises. Les actionnaires se trouvent dans le même genre de situation.
Quand nous parlons des actionnaires, nous parlons de nous-mêmes. Ce sont des gens qui ont investi leur fonds de retraite ou leurs économies. Ils achètent les actions, et la compagnie leur donne une participation, mais s'ils ne peuvent pas exercer un contrôle direct en votant, parce que le PDG n’a pas fixé de bonnes règles ou qu'il ne les applique pas pendant son mandat, qui peut durer trois ans, on se heurte alors à un problème. C’est pourquoi ce projet de loi exige une assemblée annuelle, et nous appuyons cela.
De plus, on avait mis en place une structure du club des vieux copains relativement à l'élection de chaque administrateur. Le club des vieux copains dressait des listes de candidats, si vous voulez. Il était donc très difficile, pour certaines personnes, de grimper les échelons parce que le club des vieux copains s’y opposait. Aujourd’hui, nous appellerions cela de l’intimidation, mais il est vrai que bien des gens étaient bloqués parce que les dés étaient pipés, en quelque sorte, et que le club avait déjà dressé sa liste de candidats. Or, si on élit les membres du conseil individuellement, chacun pourra au moins faire valoir ses propres arguments.
À mon avis, cette façon de faire est la bonne. En effet, sur certaines listes, on pouvait appuyer trois candidats sur quatre. On présentait différentes choses au lieu de dire qu'il devrait n'y avoir qu'une seule sélection. Je crois que cette modification améliorera les choses.
Pour ce qui est de « se conformer ou de s'expliquer », j’ai remarqué que différents pays ont adopté des mesures différentes. Cependant, l'approche qui consiste à se conformer ou à s'expliquer est une façon d’augmenter les chiffres, et la statistique actuelle voulant que 18 % ou moins des membres des conseils d’administration soient des femmes ne reflète évidemment pas notre société. Les femmes représentent plus de la moitié de la population, mais elles occupent moins de 18 % des postes dans les conseils d’administration; c’est un problème auquel il faut remédier.
Les sondages ont révélé que lorsque d’autres pays ont eu recours à la formule « se conformer ou expliquer » par le passé et que cela n’avait pas contribué à améliorer les statistiques, ils ont soutenu qu’un nombre insuffisant de personnes qualifiées avaient présenté leur candidature. C’est le plafond qui est créé. Il est difficile de le contester parce que nous n’avons pas accès aux documents et aux renseignements confidentiels sur les candidats qui ont postulé, ceux dont la candidature n’a pas été retenue, et plusieurs autres facteurs personnels très complexes, donc on ne réalise aucun progrès. C’est l’une des raisons pour lesquelles la chancelière Merkel en Allemagne a déposé des projets de loi à ce sujet et maintenant l'Allemagne vise un objectif de 30 %.
L’Allemagne en avait simplement assez et a dit que pour les PDG et les sociétés de premier ordre, le taux serait de 30 % et que ces organisations disposeraient d’un certain délai pour atteindre cet objectif. Le délai a été raccourci parce que les organisations avaient besoin d’un peu de temps pour « se conformer ou expliquer ». Pour les organismes allemands sans but lucratif et d'autres, l'objectif sera de 50 %. Il y a une différence entre 30 % et 50 %.
Je n’ai pas assisté au débat et je n’ai pas suivi les modifications apportées aux lois allemandes, mais je suis certain qu'il en sera question dans les témoignages. Les conseils d’administration des organismes sans but lucratif sont notamment ceux des hôpitaux et des institutions publiques. Pour ces conseils d’administration, bien sûr, le taux devrait être de 50 % parce que ce sont les contribuables qui paient pour ces conseils d’administration, et comme les femmes constituent la moitié de notre population, ces dernières paient directement 50 %. Nous le savons pertinemment. Elles doivent avoir la même représentation. En fait, elles le méritent. C’est une vraie honte si ce n’est pas le cas. Il est facile de remédier au problème. Si les femmes sont censées être égales, elles méritent une voix égale dans la direction de ces conseils d’administration. Nous, néo-démocrates, demandons à tout le moins qu'on se penche sur la question.
Cela rejoint l’amendement que nous proposons, dans un souci de sensibilisation, tout au moins. Il y en a peut-être d’autres qui vont plus loin dans le modèle « se conformer ou s’expliquer ». Il pourrait y avoir un meilleur amendement, et les néo-démocrates ne seraient pas contre, mais nous n’allons pas adopter ce projet de loi les yeux fermés. Il n’y a pas la moindre chance que nous laissions passer ce projet de loi sans nous battre bec et ongles jusqu’au bout, sans ajouter une notion de reddition de comptes afin de changer la situation actuelle. Nous ne laisserons pas passer cela. Nous n’avons pas fait tout ce chemin dans tellement d’autres mesures — et nous avons encore beaucoup à faire — pour nous contenter de donner notre accord en disant « bonne chance, nous nous en remettons aux autres et nous nous reverrons après ». Non, ce n’est pas ce que nous allons faire. C’est fini, cette attitude. J’ai vu cela trop souvent ici, dans cette enceinte, encore tout récemment avec un autre projet de loi portant sur la parité hommes-femmes dans le contexte de la réforme électorale, que la Chambre a rejeté. Une autre belle occasion perdue, hélas.
Il ne faut pas laisser filer une autre occasion cette fois-ci. Ne rangeons pas cela aux oubliettes pour encore 40 ans sans rien faire. C’est pourquoi je m’intéresse particulièrement au cas de l’Allemagne. L’Allemagne est passée par là et elle a changé.
Nous savons que les provinces y ont fait quelque chose également, et il sera intéressant d’entendre les témoignages au comité. Elles ont adopté le modèle « se conformer ou s’expliquer » et quelques autres détails. Elles nous présenteront certains des résultats obtenus également. Je voudrais entendre ce qui se passe là-bas, à l’étape du comité. Cela nous donnera aussi une meilleure idée de la situation.
Nous nous trompons peut-être: les entreprises et les organismes sans but lucratif ne tarderont pas forcément à agir. J’ai passé plusieurs années dans un secteur sans but lucratif, où j’ai réussi à instaurer ce modèle. Les organismes sans but lucratif se conformeront et adopteront ce modèle. Nous avons l’occasion de l’apporter au Parlement et dans tout le Canada. Nous pouvons voir si cela pose un problème aux retardataires et ce qu’ils vont y faire. C’est ce que cette mesure va nous faire voir. J’espère que nous verrons des amendements qui donneront ce résultat parce que nous n’allons tout simplement pas laisser faire.
Une autre occasion ratée dans ce contexte concerne la rémunération des patrons. Nous voudrions que plus d’actionnaires et d’investisseurs aient leur mot à dire sur la rémunération des patrons. Nous voulons nous pencher sur la rémunération des dirigeants, car cela fait partie de l’ensemble. Nous avons vu, au Canada et dans le monde, des chefs de la direction toucher de grosses primes pendant que leur société dépérissait et qu'elle licenciait ses travailleurs à tour de bras. Nous n’avons qu’à voir le cas des grands patrons des banques canadiennes. Leur rémunération était en progression au moment même où les banques éprouvaient des difficultés qui nous ont obligés à venir en aide à certaines d’entre elles. Les banques ont enregistré des bénéfices record, mais leurs chefs de la direction ont touché des augmentations. Lors de la dernière crise financière, l’augmentation moyenne de leur rémunération a été de l’ordre de 19 %.
Comment se fait-il que tant de Canadiens et tant de petites entreprises canadiennes soient confrontés au problème que nous avons, aux défis et à l’insécurité, que les services qu’ils sont censés obtenir soient remis en question, que le gouvernement, qui est le bailleur de fonds, s’endette à un rythme effréné, mais que les PDG obtiennent près de 20 %? Ces banques ont des frais de cartes de crédit parmi les plus élevés non seulement au Canada, mais dans le monde. À propos des frais de service sur les transactions effectuées par cartes de crédit, il suffit de parler aux petits commerçants. Regardons un peu ce qui se passe en Australie; ce pays a un plafond de 0,5 % et est en train de le réduire parce que les banques font encore de gros bénéfices. C’est mauvais pour la petite entreprise.
Ici, nos petites entreprises se heurtent à des obstacles quand elles s'adressent aux banques pour demander un prêt et, si elles arrivent à en obtenir un, c’est à un taux d’intérêt élevé. Nos institutions publiques comme la BDC ou les coopératives de crédit ont commencé à offrir des prêts à risque plus élevé. Comment les banques réagissent-elles? Elles mettent à pied plus d’employés, ferment plus de succursales et augmentent leurs frais de service. Elles font tout cela parce que les conservateurs ont instauré ce qui est essentiellement un système volontaire pour les cartes de crédit. C’est comme jouer au hockey et recevoir une pénalité pour un double-échec, mais une pénalité volontaire; si les joueurs veulent aller s’asseoir au banc des pénalités, ils peuvent décider quand retourner au jeu s’ils le veulent, et s’ils décident de ne pas y aller, cela ne fait rien, le jeu continue.
Pendant ce temps, les PDG font des bénéfices de l’ordre de 20 %. Cela envoie un message selon lequel on récompense les mauvais comportements. Quel genre de personne agit de la sorte? Nous ne le faisons pas dans nos propres foyers. Nous ne récompensons pas les comportements répréhensibles, et si nous le faisons, l’issue ne sera probablement pas heureuse. Personne n’agit de la sorte, et c’est ce que nous avons fait avec la rémunération des PDG.
Prenons Target, par exemple. L'entreprise est venue s’installer au Canada et a repris une compagnie canadienne, Zellers, qui était rentable. C’est la clé. Zellers était une entreprise rentable qui avait une main-d’œuvre syndiquée et des salaires légèrement supérieurs au salaire minimum. Elle offrait quelques avantages sociaux et réalisait des profits. C’était une entreprise qui accomplissait son mandat, à savoir d’être une entreprise axée sur les gens, d’offrir un bon milieu de travail et des avantages sociaux, et de respecter les lois canadiennes. Mais la compagnie Target est arrivée, et quel a été le résultat? Elle a fait faillite et a éliminé Zellers, mais le PDG de Target, Gregg Steinhafel, a obtenu une indemnité de départ de 61 millions de dollars, soit à peine 10 millions de moins que l’indemnité totale offerte à tous les employés de Target. Ça, c’est le capitalisme à son meilleur. C’est un merveilleux exemple de la réalisation du rêve canadien.
J'ai récemment examiné la Loi sur Investissement Canada. Les gouvernements libéraux et conservateurs précédents y ont apporté tellement de modifications que ses dispositions à l'égard de ce genre de comportement ont été vidées de leur substance. Il n'y avait rien de mal à exiger des engagements ou des garanties de la part de l'entreprise Target avant qu'elle s'établisse dans notre pays, afin que nous puissions protéger les emplois de ces travailleurs et éviter de nous retrouver avec plein d'espaces vides dans les centres commerciaux partout au pays simplement à cause de la cupidité d'une grande société.
D'ailleurs, depuis que l'ancien PDG a reçu ses 61 millions de dollars, je suis sûr qu'il ne vient pas dans notre pays. Ceux qui reçoivent une indemnité ne sont pas ici à se demander quoi faire. Pendant ce temps, que doivent faire les contribuables? Ils doivent assumer les coûts des pensions et de l'assurance-emploi et aider les employés à se recycler ou à trouver un autre emploi, tandis que les PDG continuent de toucher de généreuses indemnités. Donald Lindsay est le PDG le mieux payé même si son entreprise offre le pire rendement pour les investisseurs. Actuellement, sa rémunération est de 9,6 millions de dollars et cela ne lui cause aucun remords. Dans le cas du PDG d'Encana Corporation, il touche une rémunération de 10,8 millions de dollars. Quant à Scott Saxberg, de Crescent Point Energy Corporation, il peut compter sur 8,8 millions de dollars, même si la valeur des actions de son entreprise a chuté de 34,5 %.
Ce projet de loi ne ferait rien pour remédier à ce genre de situation et pour que les entreprises soient plus responsables à l'égard des Canadiens. Lors de l'étude du projet de loi, penchons-nous sur les mesures à prendre pour assurer une reddition de comptes complète. Ce qui a beaucoup changé — et c'est pour cela que les Canadiens doivent plus que jamais se soucier de cet aspect —, c'est que de nombreux Canadiens font maintenant des investissements pour assurer leur avenir. Ils font des achats en ligne, et c'est pour cette raison que nous devons veiller à ce que leurs droits soient protégés.
:
Madame la Présidente, c'était une erreur de ma part. Je vous remercie d'avoir clarifié la chose.
Le projet de loi fait en sorte que nous créons des bonnes conditions pour maintenir le Canada à l'avant-plan de l'économie mondiale. Il créera un contexte des affaires transparent et prévisible qui permettra aux sociétés d'innover et de se développer.
Le projet de loi apporte de nombreux ajustements sur le plan de la modernisation. Tout d'abord, il exigera des sociétés cotées en bourse qu'elles communiquent à leurs actionnaires la composition de leur conseil d'administration et de leur équipe de haute direction.
Les mesures contenues dans le projet de loi demandent aux sociétés de dire à leurs actionnaires comment elles favorisent la diversité au sein de la haute direction. La sous-représentation de certains groupes de la société n'est pas seulement une question d'équité. Elle peut avoir aussi une incidence sur le résultat net. Cette divulgation facilite la tenue d'une conversation franche entre les sociétés et leurs actionnaires.
Je suis particulièrement fier de parler de ce projet de loi pendant le Mois de l'histoire des femmes. C'est une période pendant laquelle nous célébrons les femmes qui ont façonné l'histoire du Canada. Nous honorons leur courage, leurs sacrifices et leur leadership dans toutes les sphères de la vie.
Grâce à ce projet de loi, notre gouvernement a à coeur de régler la question de la sous-représentation des femmes et d'autres groupes aux échelons les plus élevés de la direction des entreprises. Le projet de loi encourage les sociétés à se demander si elles tirent parti du bassin de talent le plus vaste à leur disposition, afin d'améliorer leur performance.
Le gouvernement est attaché à la croissance inclusive. Nous avons très clairement présenté notre point de vue sur la diversité. Nous avons déjà réalisé la parité hommes-femmes au sein de notre Conseil des ministres.
En outre, nous avons annoncé des changements au processus concernant les nominations faites par le gouverneur en conseil. Ces changements font en sorte que la diversité soit un facteur essentiel dans la sélection des personnes qui dirigent les sociétés et les conseils de notre secteur public.
Le projet de loi fait fond sur ces initiatives. Il reconnaît qu'il faut adopter la valorisation de la diversité à titre de bonne pratique de gouvernance d'entreprise. Nous n'agissons pas seuls à ce sujet. D'autres gouvernements ont déjà pris un engagement similaire. Les organismes de réglementation des valeurs mobilières et le secteur privé ont également pris des mesures pour augmenter la diversité au sein des conseils d'administration et de la haute direction des entreprises.
La plupart des organismes de réglementation des valeurs mobilières ont adopté des règles de type « se conformer ou expliquer » qui exigent des sociétés cotées en bourse qu'elles présentent des politiques relatives à la composition et à la diversité selon le sexe de leur équipe de direction. Certains organismes du secteur privé et du secteur sans but lucratif ont adopté des politiques en matière de diversité ou des cibles volontaires dans le but d'accroître la participation des femmes au sein des conseils d'administration. Nous nous félicitons de leurs efforts.
Pour améliorer la démocratie parmi les actionnaires, le projet de loi réformera aussi le processus d'élection des administrateurs. Il instaurera un modèle de vote majoritaire dans le cas d'élections par acclamation. Selon notre système actuel, un candidat peut être élu même lorsqu'un seul actionnaire a voté pour lui et que tous les autres se sont abstenus.
Si les modifications proposées sont adoptées par la Chambre, dans le contexte d'une élection incontestée, un candidat ne pourra être élu que s'il obtient la majorité des votes. Cette pratique donne aux actionnaires le droit de voter contre un candidat plutôt que de s'abstenir.
Le projet de loi vise également à exiger que les sociétés cotées en Bourse tiennent des élections annuelles d'administrateurs. Le projet de loi prévoit que les actionnaires pourront voter de manière distincte pour chaque candidat, plutôt qu'un groupe de candidats.
Les modifications proposées favorisent la diversité, la démocratie chez les actionnaires et le rendement organisationnel. Elles permettraient aux actionnaires d'examiner plus fréquemment la candidature de diverses personnes. Ainsi, les actionnaires auront de nombreuses occasions de réfléchir de manière approfondie aux ensembles de compétences et d'expérience qui conviennent le mieux à la direction d'une société.
Le projet de loi prévoit également que les actionnaires pourront accéder à des documents organisationnels en ligne. Cette modification rendra le cadre du marché compatible avec l'ère du numérique. Elle augmentera l'efficacité et réduira les coûts opérationnels, tout en assurant l'harmonisation avec les règles provinciales applicables aux valeurs mobilières. La modification augmentera également la transparence et la démocratie chez les actionnaires.
Le projet de loi comporte également une modification visant à actualiser la Loi sur la concurrence. Cette modification aurait pour effet de garantir que nos lois demeurent applicables aux façons modernes dont les sociétés établissent leurs structures. Précisément, le projet de loi tient compte de la façon dont les filiales sont reconnues au titre de la loi. Les modifications élimineraient le risque que les filiales puissent être considérées comme des concurrentes au sens de la loi.
En assurant la clarté et le caractère neutre de la loi à cet égard, on évite l'incertitude chez les sociétés. On fait également en sorte que les sociétés n'aient plus à consacrer des ressources et du temps pour garantir qu'elles se conforment à la loi.
Madame la Présidente, je voudrais juste une clarification. Puis-je dépasser mes 10 minutes, lorsque je partage mon temps de parole?
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole pour appuyer le projet de loi .
[Français]
Notre gouvernement comprend que le Canada a besoin de tous les talents disponibles pour stimuler l'innovation et la prospérité économique. Pour veiller à ce que ce soit fait, nous devons susciter l'engagement des personnes avec une diversité de genres, de milieux, de compétences, d'expérience et d'idées pour diriger dans tous les segments de l'économie.
[Traduction]
Nous considérons que le Canada puise une partie de sa force dans la diversité. Dans le projet de loi, nous demandons aux dirigeants d'entreprise et aux décideurs, y compris les actionnaires, de promouvoir la diversité et l'intégration.
Dans l'économie mondialisée d'aujourd'hui, il nous est avantageux de pouvoir tirer parti d'une main-d'oeuvre qui est le reflet de notre riche diversité. En veillant à ce que la diversité s'installe partout dans notre société, nous favorisons le rendement et la pensée novatrice. Nous consolidons les assises économiques de nos collectivités et de notre pays. Ce ne sont pas uniquement les dirigeants gouvernementaux qui doivent adhérer aux principes de la diversité et de l'intégration, mais également ceux du secteur privé, où ces principes doivent faire partie d'une saine gouvernance d'entreprise.
Le projet de loi vise à promouvoir la diversité dans les postes de direction, ce qui est un ingrédient essentiel pour créer des environnements où les décisions ayant une incidence sur tout le monde sont prises par des personnes issues de milieux divers. La recherche montre que les dirigeants qui adhèrent au principe de la diversité dans leur organisation et qui sont capables de favoriser l'expression de points de vue variés ont plus de chances de tirer pleinement parti du potentiel novateur de leurs employés. Le changement est une chose possible. Par exemple, le Conseil canadien pour la diversité administrative, qui est la principale organisation canadienne faisant la promotion de la diversité dans les conseils d'administration, avec l'intention de hausser la valeur actionnariale, a établi le programme Diversité 50.
Diversité 50 est conçu pour aider les conseils d'administration à recruter de nouveaux membres hors de leur réseau à eux. Le programme élargit la définition de l'expérience, de l'expertise, de la formation, de la zone géographique et de l'âge pour prendre en considération les femmes, les minorités visibles, les Autochtones et les personnes handicapées. Treize PDG issus des secteurs des télécommunications, de l'énergie, des finances et des médias appuient Diversité 50.
Des organisations telles que Catalyst Canada ont créé des mesures volontaires telles que l’Accord Catalyst, en 2012, qui invitait les entreprises canadiennes à adhérer à l'initiative lancée par le Financial Post pour que, en 2017, la proportion de femmes siégeant au conseil d’administration des 500 plus grandes entreprises ait augmenté à au moins 25 %.
La section canadienne du 30% Club, qui est composée de directeurs et de cadres de premier plan a fixé un objectif inspirant visant à ce que les femmes occupent 30 % des sièges au sein des conseils d'administration d’ici 2019. Le 30 % Club collabore également avec Catalyst au sujet de l’Accord Catalyst. Il s'agit d'objectifs importants que les entreprises canadiennes peuvent atteindre, j'en suis sûre, non seulement parce que nous disposons du talent nécessaire, mais aussi parce que le fait d'atteindre ces objectifs renforcera les entreprises et donnera lieu à un meilleur processus de prise de décision et, au bout du compte, à une économie plus prospère.
Un autre élément important du projet de loi doit être pris en compte, puisqu'il facilite davantage le dialogue entre les actionnaires et les entreprises sur la façon de favoriser la diversité au sein de la direction. Le projet de loi prévoit également que les sociétés ayant fait appel au public et les coopératives tiennent des élections annuelles. Cela favorisera la reddition de compte, mais aussi la diversité au sein des conseils d'administration. Les femmes représentent 48 % de la population active et sont titulaires de la moitié des diplômes universitaires, mais n’occupent que 13,1 % des sièges au sein des conseils d’administration canadiens, 19,1 % au sein des conseils d'administration des 500 plus grandes entreprises selon le Financial Post et 20,8 % des sièges au sein des conseils d'administration des entreprises inscrites à l'indice S&P/TSX 60 de la Bourse de Toronto.
Pour que la main-d'oeuvre et l'économie canadiennes demeurent modernes et soutiennent la concurrence internationale, nous devons pleinement tirer parti de notre potentiel. Nous devons favoriser le changement afin que la diversité du Canada soit représentée dans le monde des affaires. Conformément au projet de loi , les entreprises visées par la Loi canadienne sur les sociétés par actions seraient tenues de divulguer aux actionnaires des renseignements sur la diversité, notamment la composition des conseils d'administration et les politiques, et, le cas échéant, expliquer pourquoi elles ne disposent pas de politiques relatives à la diversité. Le projet de loi prévoit également que les entreprises fournissent des renseignements sur la diversité au directeur de Corporations Canada, de sorte qu'un suivi des progrès puisse être effectué.
Compte tenu de la présentation du projet de loi , il est important que les conseils d'administration et les comités de recrutement examinent la diversité des conseils et de la haute direction et envisagent des pratiques plus inclusives. Lorsque les entreprises élargissent leur bassin de candidats, elles peuvent trouver des candidats autrefois exclus, mais qui possèdent les connaissances, les compétences et l'expérience nécessaires. Cela est vrai tant au niveau de la haute direction qu'ailleurs dans l'organisation.
[Français]
Je suis honorée d'avoir l'occasion de participer au débat sur le projet de loi pendant le Mois de l'histoire des femmes. En octobre, nous célébrons les femmes qui ont façonné l'histoire du Canada.
C'est l'occasion d'honorer leur courage, leurs sacrifices et leur leadership. Notre gouvernement est déterminé à éliminer le problème de la sous-représentation des femmes et d'autres groupes dans les plus hauts niveaux de direction d'entreprise.
[Traduction]
Les modifications prévues dans le projet de loi permettront au gouvernement et aux entreprises de promouvoir — ensemble — la diversité et de mettre l'innovation au coeur de leurs stratégies commerciales. Les sociétés doivent absolument se montrer progressistes et favoriser l'émergence d'une culture de l'inclusion et de l'innovation.
En reconnaissant la diversité comme un atout et en faisant le nécessaire pour que l'éventail complet des idées soit représenté, le Canada sortira gagnant parce que ses entreprises gagneront en innovation et en rentabilité.
:
Madame la Présidente, j'interviens pour parler du projet de loi .
Je ne crois pas que qui que ce soit en cette Chambre puisse nous convaincre que ce projet de loi nuit en quoi que ce soit à notre pays. Je suis père de deux enfants, un garçon de 3 ans et une fille de 1 an. Je veux que mes enfants aient les mêmes chances que tout le monde. Ils sauront ainsi que, s’ils travaillent dur, s’ils font des choix judicieux et s’ils prennent des risques calculés, ils pourront réussir sans avoir à se soucier de questions de sexe, de race ou d’ethnicité.
Toutefois, je ne comprends pas pourquoi le projet de loi est aussi limité. Pourquoi ne porte-t-il que sur un seul sujet quand on voit tout ce qui se passe autour de nous? Il est difficile de comprendre pourquoi rien d’original n’a été produit par le .
Je ne pense pas que le ministre comprenne la gravité des difficultés qu’éprouvent les familles canadiennes sur le marché de l’emploi et le combat qu’elles doivent mener pour joindre les deux bouts. S’il l'avait compris, nous ne discuterions pas des changements à apporter aux dispositions de divulgation sans aborder les réformes de fond qu’il faut faire pour rendre les employeurs canadiens plus concurrentiels et offrir aux Canadiens les emplois nouveaux ou meilleurs qu’ils recherchent. Cela concerne toutes les femmes, tous les hommes et tous les jeunes qui entreront bientôt sur le marché du travail.
Oui, je sais que le ministre fera valoir qu’un comptable de plus inscrivant une entrée supplémentaire sur un formulaire fiscal de plus pour qu’un autre bureaucrate d’Ottawa puisse produire une autre feuille de calcul est un sujet d’une immense importance qui doit avoir la priorité sur tout le reste, mais je suis désolé, je ne suis pas de cet avis.
Un an s’est écoulé dans le mandat du gouvernement et, jusqu’à maintenant, le n’a proposé aucune mesure législative sur l’innovation. Il a présenté deux projets de loi, le premier sur les oeuvres protégées par le droit d’auteur et le second, sur la divulgation du nom des membres de conseils d’administration. Je ne crois pas que ces projets de loi ne soient pas dignes d’être présentés. Ce n’est pas ce que je dis.
Après tout, ces projets de loi ont vu le jour grâce au travail réalisé par l'ancien gouvernement conservateur. Quel initié du Parti libéral a décidé dans sa tour d'ivoire que l'enjeu le plus pressant à l'heure actuelle ne concerne pas les quelque 52 000 travailleurs du secteur pétrolier et gazier qui ont été mis à pied depuis l'an dernier et qui sont incapables de payer leurs factures? Quel initié du Parti libéral a décidé que la priorité ne consiste pas à trouver une façon de corriger la perte de plus de 40 000 emplois dans le secteur manufacturier au cours de la dernière année? Quel initié du Parti libéral a décidé que la priorité est de choisir un des nombreux cartables issus du travail réalisé par le gouvernement précédent, d'en changer la couleur et de le présenter au Parlement sans même mentionner les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts à la maison? On peut même se demander si elles peuvent se permettre d'avoir une maison, maintenant que le gouvernement a instauré de nouvelles règles d'emprunt qui rendront encore plus difficile l'achat d'une première maison.
Je comprends maintenant. Étant donné que le a décidé de réduire le salaire net du travailleur canadien moyen en imposant de nouvelles charges sociales, de supprimer les crédits d'impôt pour les activités sportives et culturelles des enfants, d'éliminer la possibilité pour les Canadiens de faire des économies au moyen du compte d'épargne libre d'impôt et d'instaurer une taxe sur le carbone qui viendra chercher 2 500 $ dans les poches de chacun des contribuables, le a été obligé de resserrer les critères d'admissibilité aux prêts hypothécaires.
Pourquoi? Parce que les Canadiens ont moins d'argent pour rembourser leur prêt hypothécaire. Le gouvernement a décidé que le fisc pouvait aller chercher toujours plus d'argent dans les poches des contribuables. J'aimerais bien qu'on me dise comment cela aidera des Canadiens à se sortir de la pauvreté. Encore une fois, le gouvernement a trouvé une solution à un problème qu'il a lui-même créé.
Pour avoir de l'argent en poche, les Canadiens doivent d'abord occuper un emploi. Il semble que ce soit un très gros problème à l'heure actuelle, et je pense que les gens à la maison en conviendront avec moi.
Le nombre d'emplois a diminué dans deux des secteurs les plus importants de notre économie, ce qui fait que les gens n'ont plus les moyens d'acheter une maison. La situation me fait penser en quelque sorte à une comédie de Shakespeare où les échecs ne cesseraient de se succéder: le gouvernement ne se contente pas d'aller piger dans les revenus actuels des Canadiens, il accumule aussi des déficits gigantesques, ce qui lui permettra à l'avenir de pomper encore plus d'argent des contribuables. Pourtant, nous discutons aujourd'hui de changements aux dispositions législatives et aux règles en matière de divulgation applicables aux entreprises sans qu'il soit le moindrement question de l'économie canadienne et de ses ratés, qui touchent des femmes et des hommes de tous âges.
Selon Statistique Canada, plus de 40 000 emplois ont disparu dans le secteur manufacturier et, qui plus est, le nombre d'emplois disponibles pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans a chuté de pas moins de 48 000 en un an selon Statistique Canada. Ces résultats sont inimaginables quand on pense que les libéraux avaient promis d'augmenter de 40 000 le nombre d'emplois pour les jeunes cette année seulement. La plateforme électorale du Parti libéral disait littéralement ceci: « Nous investirons pour créer plus d'emplois et créer des débouchés pour les jeunes Canadiens. »
Comment le gouvernement actuel peut-il, en 12 mois, présenter seulement deux projets de loi parrainés par le sans y inclure des dispositions qui tiennent compte des difficultés quotidiennes des travailleurs canadiens qui ont du mal à joindre les deux bouts? Peut-être que je n'arrive pas à décrire assez clairement l'état de l'économie pour les travailleurs canadiens. Peut-être que le gouvernement libéral est porté à n'écouter que l'avis des autorités étrangères sur l'état de l'économie qu'il doit gérer. Pas de problème.
En octobre, le Fonds monétaire international a revu à la baisse le taux réel de croissance du PIB du Canada en faisant passer ses prévisions de 1,3 % à 1,1 %. C'est tout à fait logique. Il y a moins de Canadiens qui travaillent et moins de Canadiens qui achètent des maisons et des services, ce qui veut dire que le Canada crée moins de richesse et génère un PIB moins élevé. Le problème, c'est que le Fonds monétaire international, ou FMI, a également revu à la baisse la croissance économique de 2017. Au lieu d'un taux de croissance de 2,2 %, le FMI prévoit maintenant un taux de 2 %. La Banque du Canada a ensuite emboîté le pas en révisant à la baisse ses prévisions sur la croissance économique en les faisant passer de 1,4 % à 1,2 % pour l'année en cours, et de 2,1 % à 1,9 % pour 2017.
Or, le reste muet — voire inactif diront certains — et ne propose pas le moindre projet de loi pertinent pour stimuler notre économie chancelante, à moins qu'on puisse stimuler la croissance économique dont le pays a besoin en changeant les règles sur la divulgation de renseignements et sur le droit d'auteur. Encore une fois, je ne suis pas contre les projets de loi qui ont été présentés. Je ne fais que souligner à quel point la stratégie du gouvernement s'est avérée et demeure inefficace lorsqu'il s'agit de remédier aux difficultés économiques que nous éprouvons actuellement.
Je crois que les gouvernements sont élus pour proposer une stratégie qui permettra, idéalement, d'améliorer le sort des Canadiens. Une fois que le gouvernement a élaboré sa stratégie et déterminé la meilleure façon de la mettre en oeuvre, tous ses projets de loi devraient contribuer à l'atteinte de cet objectif. Peut-être que les deux projets de loi que le gouvernement fédéral a présentés cette année lui permettront d'atteindre ces objectifs. Hélas, aucune stratégie n'a été présentée à la Chambre afin qu'elle puisse vérifier si c'est le cas.
Après une année complète au pouvoir, les libéraux n'ont toujours pas proposé de stratégie, de plan, pour soutenir l'économie canadienne, ainsi que pour stimuler l'innovation et des réformes dans les secteurs en difficulté. Ils n'ont pas non plus informé les familles de travailleurs canadiens de ce qu'ils tentent d'accomplir pour elles. Si les Canadiens croient le gouvernement et le , ils croiront que le Parti libéral a une stratégie extraordinaire, vraiment importante et tout à fait formidable.
Le 1er février, le a affirmé à la Chambre que le gouvernement avait un plan. Les 3, 18, 23 et 25 février, le ministre a dit encore une fois que le gouvernement avait un plan, et il s'est répété les 7 et 8 mars. Le seul problème est que, à peine trois semaines plus tard, en mars, il était écrit dans le budget du gouvernement que les libéraux élaboreraient une stratégie au cours des deux prochaines années.
J'ai déjà déclaré à la Chambre, et je le répète aujourd'hui, que le gouvernement ne possède pas de stratégie. Le Trudeau n'a prévu aucune stratégie pour assurer la prospérité du Canada, et le ne dispose d'aucune stratégie pour stimuler l'innovation, favoriser la création d'emplois ou créer un climat dans lequel les entreprises canadiennes et les travailleurs du pays peuvent réussir. Ils ont une stratégie...
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Assurément, madame la Présidente, j'essaie, dans la mesure du possible, de ne pas prononcer son nom. Je présente toutes mes excuses au député d'en face.
Les libéraux ont dit qu'ils avaient un plan. Malheureusement, tout ce qu'ils ont, c'est un projet de plan. Ce plan si bon, si extraordinaire, si fabuleux n'existe que dans leur imagination.
Planifier d'avoir un plan ne crée pas un seul emploi, ne met de pain sur la table d'aucun Canadien, sauf celle du ministre, bien entendu, et n'aide pas à payer les exorbitantes factures d'électricité d'Hydro Ontario. Cela n'aide pas non plus les chômeurs des secteurs pétrolier et gazier à retourner au travail, pas plus que cela n'éveille l'espoir ni ne donne confiance dans les possibilités qui existent au pays.
Le ministre veut certainement savoir pourquoi. C'est parce que, pendant qu'il prend deux ans pour élaborer un plan, les gens souffrent et se demandent comment ils vont payer la nourriture cette semaine, l'hypothèque la semaine prochaine, le loyer dans un mois, les activités sportives de leurs enfants, les frais médicaux de leurs parents, leur repas d'anniversaire et le carburant pour se rendre au travail.
Les Canadiens ne peuvent pas se permettre d'attendre deux ans, ni même deux semaines, dans certains cas. Or, la seule réaction à la révision à la baisse des prévisions économiques de la Banque du Canada et du Fonds monétaire international est le silence. « Attendez, dirait le , nous avons un plan et un comité de leaders en innovation pour le prouver. Nous avons nommé 10 leaders en innovation chargés de s'enquérir des façons de rendre le Canada plus concurrentiel et de nous montrer comment faire. »
En passant, si le gouvernement veut savoir comment innover, il n'a qu'à demander aux leaders les plus innovants au Canada, en commençant peut-être par le Canadian Council of Innovators, qui se compose des dirigeants de 50 des plus grandes entreprises du secteur de la fabrication de pointe et de la technologie au Canada. En fait, nous n'avons même pas besoin d'aller les chercher. Ils sont venus ici la semaine dernière, le jour même où le rencontrait leurs principaux concurrents étrangers.
J'ai décidé de les rencontrer et d'écouter leurs idées. Ils m'ont dit que le Comité des leaders en innovation, composé de réputés bureaucrates, professeurs de niveaux universitaire et collégial et investisseurs de capital-risque, n'avait pas interviewé un seul des 50 dirigeants des plus importantes entreprises technologiques du pays. Le comité dont le seul but est de découvrir comment canaliser le pouvoir de l'innovation n'a pas consulté les plus importants innovateurs au Canada.
Les gens du gouvernement adorent les séances de photos, les comités et les jasettes, en particulier pour imaginer des projets, mais quand vient le temps d'obtenir de vrais résultats, de saisir de vraies occasions, d'être de vrais innovateurs, le vrai changement appartient à Amazon.
Je vois venir d'ici mes collègues libéraux. Ils diront qu'ils n'ont pas besoin de présenter des projets de loi aux Communes pour être un gouvernement efficace. Ils n'ont qu'à dépenser de l'argent ou, comme le disent toujours les gouvernements, ils n'ont qu'à investir.
Premièrement, je voudrais savoir pourquoi, tant qu'à dépenser de l'argent, nous ne nous en servons pas pour aider les employeurs canadiens à devenir plus concurrentiels. Ce n'est que la moitié du problème. Le vrai problème vient de la propension des gouvernements, peu importe le parti politique, à dépenser notre argent pour ensuite se féliciter de l'avoir fait.
Les députés ministériels prennent la parole dans cette enceinte pour se vanter d'avoir accordé tant de deniers publics à une entreprise ou à une autre. Ils se trompent. Je ne veux pas que le gouvernement mesure son rendement à l'aune de la quantité d'argent qu'il dépense sans compter, comme s'il avait hâte que se tarisse la source connue sous le nom de contribuable canadien. Nous voulons que le gouvernement évalue son rendement par les résultats qu'il obtient, et non par les sommes qu'il dépense et la vitesse à laquelle il peut les dépenser.
Je tiens à mettre l'accent sur les plans concrets que le gouvernement devrait mettre en oeuvre. Tout d'abord, il doit s'abstenir de causer du tort. Il doit maintenir un faible taux d'imposition, réduire les formalités administratives et donner aux entrepreneurs la possibilité de prendre les mesures qui conviennent le mieux à leur entreprise et à leurs employés.
Il doit également être à l'écoute. Lorsque 50 personnes figurant parmi les plus influentes et les plus brillantes au pays prennent la peine de venir à Ottawa, le gouvernement doit les rencontrer.
Il doit aussi simplifier les programmes pour qu'il soit plus facile pour les entreprises de faire une demande qui sera acceptée. Le processus est devenu si complexe et si lent que les entreprises ne se donnent même plus la peine d'y participer et elles ratent donc des occasions de créer des emplois.
Le gouvernement doit comprendre pourquoi ces problèmes existent et les corriger au besoin. Trop souvent, les programmes sont conçus pour faciliter la tâche au gouvernement, et non pour aider les entreprises à faire des affaires.
Il doit aussi agir de façon proactive, faire des appels et imposer des quotas aux ministères en ce qui concerne les communications avec les clients pour trouver des façons d'aider les entrepreneurs qui créent des emplois.
Il doit également établir des objectifs mesurables, comme il l'a fait dans le projet de loi. Qu'il s'agisse du niveau de technologie, du nombre d'entreprises qui réussissent, des parts de marché obtenues ou de la productivité, il doit remplacer les platitudes que nous servent les politiciens et les dépenses par des objectifs mesurables.
Le gouvernement doit réformer le programme CanExport pour que les entreprises puissent faire leur entrée sur des marchés ciblés et s'y développer, au lieu de pénaliser celles qui sont déjà présentes sur un marché donné.
Il doit aussi reconnaître qu'il y a un exode des cerveaux vers les États-Unis et concentrer les ressources afin de créer les conditions nécessaires pour que ces talents demeurent ici, au Canada, de même que cibler les talents internationaux afin qu'ils viennent s'établir au Canada.
Il doit veiller à ce que nos normes techniques soient adoptées, surtout dans les industries où nous sommes des chefs de file et lorsque cela sera avantageux pour nos industries, afin de maintenir l'excellence et de donner un avantage concurrentiel à nos entrepreneurs.
Enfin, il doit respecter sa promesse de donner aux employeurs qui embauchent de jeunes hommes et de jeunes femmes un congé de 12 mois de cotisations à l'assurance-emploi.
Plutôt que d'adopter ce genre de stratégies concrètes pour maintenir les emplois ou aider le secteur privé à en créer, le gouvernement fait du surplace.
J'appuie le recours à des données fiables pour soutenir la prise de décisions judicieuses. Je sais que le projet de loi encouragerait la collecte de données et qu'il énonce le niveau de participation de différents groupes démographiques au sein des conseils d'administration. Toutefois, à elle seule, cette mesure ne créera pas un seul emploi pour une seule personne, homme ou femme.
Il est également paradoxal que, après une année complète au pouvoir, le gouvernement ait trouvé l'information et les moyens nécessaires pour imposer des normes mesurables aux sociétés privées sans pour autant avoir énoncé le moindre objectif économique mesurable pour lui-même.
Je suppose que mes attentes à l'endroit du gouvernement sont les suivantes: qu'il présente des solutions concrètes pour aider les gens aux prises avec une économie anémique et qu'il fasse une priorité des citoyens canadiens qui éprouvent des difficultés alors que les pertes d'emplois s'accumulent mois après mois, sauf dans le secteur public.
Je ne veux pas que le gouvernement se concentre sur de nouvelles façons d'obtenir des renseignements auprès des entreprises et des comptables et qu'il appelle cela une stratégie pour faire croître le nombre d'emplois pour les femmes au Canada. Je veux que le gouvernement présente un plan qui réunirait les conditions propices pour que les travailleurs canadiens, hommes ou femmes, fassent ce qu'ils font le mieux, c'est-à-dire subvenir aux besoins de leur famille tout en bâtissant leur avenir.
Est-ce une cause noble que d'obliger les grandes sociétés à faire preuve de transparence à l'égard de la composition de leur conseil d'administration? Oui, ce l'est. Toutefois, comme je l'ai dit, cela ne donne pas d'emploi à la moindre personne, cela ne met pas de pain sur la moindre table et cela n'aide pas le moindre Canadien qui a du mal à joindre les deux bouts.
Les Canadiens s'attendent à plus de la part du gouvernement. Ils s'attendent à plus que des séances de photos et des égoportraits, à plus que des dépenses incessantes, à plus que de nouvelles lignes sur les formulaires de déclaration de revenus et à plus que de nouvelles taxes et moins d'emplois. Les Canadiens réclament la vision de planifier et le courage d'agir.
Nous savons que le gouvernement peut voir ce qui se passe. Il obtient les mêmes renseignements que nous de la Banque du Canada, de Statistique Canada et du Fonds monétaire international. Pourtant, il n'intervient pas.
Pour reprendre les mots d'Helen Keller, la personne la plus pitoyable du monde, c'est celle qui voit, mais qui n'a aucune vision.
Je vais conclure avec mon proverbe préféré tiré du livre des Proverbes. On y dit ceci: « Faute de vision, le peuple vit sans frein [...] ».
Le gouvernement n'a aucune vision en ce qui concerne l'économie, et des emplois canadiens disparaissent sans frein, tous les jours, dans le secteur privé.