Que la Chambre demande au gouvernement de respecter la décision historique du Tribunal canadien des droits de la personne, qui ordonne la fin de la discrimination à l’égard des enfants des Premières Nations, y compris en:
a) investissant immédiatement des fonds supplémentaires de 155 millions de dollars dans des mesures de bien-être pour les enfants, qui constituent le manque à gagner pour cette année seulement, et en établissant un plan de financement pour les années à venir afin de mettre un terme aux manques à gagner systémiques pour les services de bien-être aux enfants des Premières Nations;
b) appliquant intégralement le principe de Jordan selon les termes d’une résolution adoptée par la Chambre le 12 décembre 2007;
c) respectant intégralement toutes les ordonnances prises par le Tribunal canadien des droits de la personne et en s’engageant à cesser de contester devant les tribunaux les demandes de familles autochtones qui cherchent à obtenir accès à des services assurés par le gouvernement fédéral;
d) publiant tous les documents pertinents sur le remaniement des services pour le bien-être des enfants et la mise en oeuvre du principe de Jordan.
— Monsieur le Président, je suis très fier de lancer ce débat, ce matin, pour mettre fin à la discrimination systémique et raciste contre les jeunes Autochtones au Canada. Cependant, je suis très perturbé de constater qu'il est nécessaire de forcer un débat à la Chambre des communes pour que le gouvernement reconnaisse ses obligations juridiques de répondre à la décision historique du Tribunal canadien des droits de la personne.
Le est aussi le ministre de la Jeunesse, et il a dit aux Canadiens que sa priorité était la réparation des relations avec les Premières Nations. Malheureusement, le gouvernement continue de retarder son action en ce qui concerne sa réponse au jugement du tribunal, qui a ordonné une action immédiate. Depuis cette décision, le gouvernement a ignoré à deux reprises des ordonnances. Quelle partie du mot « immédiate » le ne comprend-il pas?
À cause du manque de diligence de ce gouvernement, c'est maintenant la responsabilité du Parlement de demander au gouvernement de respecter ses obligations juridiques concernant la protection des enfants qui continuent de souffrir en raison d'un système brisé et sous-financé.
D'un bout à l'autre du Canada, des jeunes enfants autochtones meurent tous les jours de désespoir. Ils vivent dans des écoles sous-financées, ont des services de santé inférieurs et subissent les conséquences des promesses non tenues par ce gouvernement.
Quelle nation dilapide les espoirs et les rêves des enfants? En tant que nation, notre meilleure ressource est le potentiel de nos enfants. Les jours de racisme et de discrimination systémique doivent prendre fin. La réconciliation n'est pas seulement une parole. La réconciliation doit être transformée en réalité.
[Traduction]
Je suis très fier d'intervenir à la Chambre. La discussion d'aujourd'hui porte sur les choix que nous faisons en tant que nation, sur nos obligations juridiques et surtout sur les enfants. Je souligne qu'hier, l'Assemblée législative du Manitoba a unanimement condamné le refus du gouvernement de répondre au Tribunal canadien des droits de la personne.
Je tiens à rendre hommage à Garrett Tomagatick, un jeune de 13 ans de Fort Albany, qui a perdu espoir et est mort cette semaine. Je profite de l'occasion pour remercier les Rangers canadiens qui ont assisté à ses funérailles et pour souligner qu'ils font énormément de bon travail dans la région. Je pense aux trois autres jeunes que nous avons perdus cette année uniquement à Fort Albany, cette charmante petite localité. Je pense aux quatre autres du Nord de la Saskatchewan. Je me rappelle aussi de Sheridan Hookimaw, qui a été submergée par le désespoir et dont la mort a déclenché la crise à Attawapiskat. Dans ma région, plus de 700 enfants ont tenté de mettre fin à leurs jours depuis 2009.
À la Chambre, nous avons parlé du suicide et, même s'il n'en est pas question spécifiquement aujourd'hui, on peut dire qu'il s'agit de la manifestation publique du désespoir et des échecs qui, comme nous le rappelle la décision du Tribunal canadien des droits de la personne, découlent de la discrimination raciale systémique envers les enfants dans tous les secteurs des services publics auxquels ils ont droit. Je suis extrêmement attristé de constater que nous devons intervenir à la Chambre et même forcer la tenue d'un débat sur cet enjeu, car il s'agit ici de la conformité avec la loi.
Au cours de la dernière semaine, je pense que l'histoire de Chanie Wenjack et de Gord Downie a ouvert les yeux des Canadiens sur l'importance de la réconciliation. Toutefois, des centaines de milliers d'enfants comme Chanie Wenjack tentent actuellement de retrouver espoir et de renouer avec leur identité. Je pense aux 163 000 enfants qui, comme Chanie Wenjack, souhaitent retrouver leur famille, mais qui sont aux prises avec un système d'aide à l'enfance déficient et gravement sous-financé.
Lorsque, en janvier dernier, le Tribunal canadien des droits de la personne a statué que le gouvernement était coupable de discrimination raciale systémique à l'égard des enfants, il a mis en lumière les défaillances du système. Le Tribunal a ordonné au gouvernement d'investir immédiatement de l'argent dans le système sous-financé. Le gouvernement a répondu à cette décision en promettant une somme de 71 millions de dollars dans son budget du mois de mars, alors que le manque à gagner avait été établi à plus de 200 millions de dollars. Après avoir dépensé 7 milliards de dollars l'été dernier en mâts, en terrains de tennis et en annonces de jours meilleurs, le gouvernement n'a même pas pu trouver l'argent nécessaire pour respecter ses obligations juridiques en matière de protection des enfants.
Puis, nous constatons que le gouvernement n'a jamais pris la peine de donner suite aux ordres d'exécution. Il s'est contenté de fournir des chiffres recueillis par le ministère des Affaires indiennes lors des derniers jours au pouvoir du gouvernement précédent. Il dit avoir répondu au tribunal, mais en fait, il a continué de l'ignorer.
Qu'est-ce que cela signifie pour les enfants concrètement? Des enfants ont passé plus de 2,6 millions de nuits sans sommeil, séparés de leur famille, depuis la décision du tribunal. Des histoires vécues nous permettent de faire un lien entre le mauvais système d'aide à l'enfance et le désespoir des enfants ainsi que les décès parmi eux. Tina Fontaine a été enlevée à sa famille, puis on l'a retrouvée dans un sac, dans une rivière de Winnipeg.
Nous avons en mémoire Azraya Kokopenace, de Grassy Narrows, dont le petit frère est décédé d'un empoisonnement au mercure. L'un des effets du mercure est la dépression, apparemment, alors elle a eu besoin d'aide, mais le mauvais système d'aide à l'enfance ne les a pas aidés, elle et sa famille. Elle a été placée dans un foyer d'accueil. La pauvre petite fille s'est retrouvée dans les rues, où elle a eu affaire à la police. Elle a été hospitalisée une nuit, sans surveillance et sans adulte pour s'occuper d'elle. Elle est sortie en marchant, et on a retrouvé son corps plus tard.
On dit qu'une nation n'est pas conquise tant que battent les coeurs de ses femmes. Comment fait-on pour faire cesser de battre le coeur d'une femme? On lui enlève ses enfants. C'est ce que les conquérants blancs ont compris dès le départ, et c'est ce qui se passe aujourd'hui. J'ai parlé à une mère l'autre jour. Elle me posait cette question: « Comment puis-je dormir la nuit si je ne sais pas où sont mes enfants? »
Nous avons appris récemment, en Colombie-Britannique, que les enfants intégrés dans le système d'aide à l'enfance subissent un taux horrible de sévices sexuels, et la vaste majorité de ces enfants sont des Autochtones. En Alberta, les études montrent que plus de 741 enfants sous la responsabilité du système d'aide à l'enfance sont décédés entre 1999 et 2003 et que la vaste majorité d'entre eux appartenaient aux Premières Nations.
Raven Sinclair a indiqué au Calgary Herald qu'il n'y avait rien d'accidentel dans ces pertes de vie atroces. Elle dit ceci: « Un nombre incroyable d'enfants meurent chaque année dans des foyers d'accueil. Ce n'est pas simplement un accident. Ce n'est pas une bizarrerie statistique. C'est ce qui se produit année après année. »
Une décision a également été rendue au sujet du principe de Jordan. Nous nous sommes prononcés à la Chambre en faveur de ce principe, nommé en mémoire de Jordan River Anderson, un petit garçon décédé à l'hôpital sans avoir passé une seule journée dans sa famille parce que le gouvernement fédéral et la province ne s'entendaient pas sur la responsabilité du financement de ses soins. La Chambre a adopté une motion selon laquelle tous les enfants des Premières Nations devraient avoir droit aux services médicaux, et le gouvernement discute en ce moment de ce que cela signifie devant le Tribunal canadien des droits de la personne. Il déclare qu'il acceptera de payer les traitements des enfants des réserves lourdement handicapés, mais qu'il ne paiera pas pour les autres enfants et qu'il continuera à se battre.
Qu'est-ce que cela signifie pour les enfants? Je donnerai l'exemple de la nation de Pictou Landing qui, en 2011, a frôlé la faillite en tentant d'obtenir des soins à domicile pour un petit garçon lourdement handicapé. Le gouvernement a perdu cette cause parce que le juge a souligné qu'il avait appuyé le principe de Jordan et que, par conséquent, il ne pouvait pas refuser les soins à l'enfant. Le gouvernement a porté la décision en appel; il voulait même que la famille assume ses frais judiciaires.
En prenant connaissance d'un jugement rendu par le tribunal en 2012, nous avons vu la mention « Absolument pas » dans un rapport interne de Santé Canada au sujet d'un enfant qui avait besoin d'un lit spécial pour ne pas suffoquer. C'est le médecin qui a dû payer le lit.
Le nouveau gouvernement dit qu'il s'occupera de ces cas. Il acceptera les décisions et continuera de s'y conformer. Toutefois, d'autres enfants essuieront des refus. Le jour où cette décision a été rendue, le ministère de la a rejeté l'appel en troisième instance pour une opération orthodontique spéciale pour une fillette de l'Alberta.
À l'époque, Santé Canada rejetait 80 % des appels pour des cas d'orthodontie en première instance, 99 % en deuxième instance et de 100 % en troisième instance. On ne me fera pas croire qu'il ne s'agit pas d'un refus systématique de services aux enfants. Toutefois, avec le nouveau gouvernement, c'est encore pire. Il y a maintenant 99 % de refus en première instance pour la chirurgie orthodontique, 99 % en deuxième instance et 100 % en troisième instance. Comment les députés ministériels peuvent-ils dire à la Chambre qu'ils vont soutenir les enfants alors qu'ils se battent contre cette famille devant les tribunaux?
En réalité, la a conclu qu'il y avait une meilleure façon de dépenser l'argent des contribuables. Elle verse trois fois plus d'argent aux avocats du ministère de la Justice pour s'opposer à la famille de cette petite fille qu'il en aurait coûté de fournir les soins médicaux.
Voilà à quoi ressemble la discrimination raciale systémique. J'aimerais que le gouvernement nous donne dès aujourd'hui l'assurance que cette jeune fille en Alberta ne va pas perdre ses dents parce qu'on lui refuse des services et que les avocats du gouvernement se battent contre sa famille. Nous demandons au gouvernement non pas d'adopter des pratiques inéquitables, mais de respecter la loi.
Pour conclure, j'aimerais parler de la crise des suicides à laquelle nous sommes confrontés. Après la mort de la jeune fille de Grassy Narrows, nous avons appris qu'aucun service en santé mentale n'était disponible. Selon ce que j'ai vu et entendu dans le Nord de la Saskatchewan et ailleurs, ces gens ne pouvaient pas obtenir de traitement ou se voyaient refuser un traitement.
Lorsque j'ai demandé à un fonctionnaire de Santé Canada si le ministère fait un suivi des jeunes qui se voient refuser des soins ou des délais de traitement, il a répondu: « Oui, nous sommes très préoccupés par les problèmes de santé mentale. Pour répondre à votre question, le ministère tient effectivement des dossiers sur ces gens. » Lorsque je lui ai demandé s'il voudrait fournir ces données, il a dit que le ministère en serait ravi.
Nous avons écrit au ministère pour lui demander ces données sur les jeunes au bord du suicide qui se font refuser des soins de santé. Le ministère nous a répondu par écrit que Santé Canada n'est pas en mesure de fournir des données sur le nombre de demandes et le taux d'approbation.
Santé Canada ne fait pas le suivi des enfants dont les demandes sont rejetées. Quel genre de système ne prend pas la peine de faire le suivi des enfants qui relèvent de sa compétence? Voilà pourquoi des enfants meurent. Voilà pourquoi des enfants se retrouvent à la rue. Voilà pourquoi le gouvernement a été reconnu coupable de discrimination raciale systémique à l'encontre des enfants.
Ce que nous entendons maintenant, c'est que les changements seront progressifs et qu'il ne faut pas s'inquiéter parce que la situation va s'améliorer avec le temps. Je suis désolé, mais les collectivités que nous représentons ne devraient pas avoir à supplier et à se battre pour obtenir chaque fois quelque chose lorsque des enfants souffrent, lorsque des enfants se voient refuser de meilleures perspectives.
Nous demandons que les ordonnances d'exécution du Tribunal des droits de la personne soient respectées. Cela ne coûtera presque rien par rapport à ce que le gouvernement est disposé à dépenser pour d'autres choses. Quel genre de nation croit pouvoir saccager les espoirs et le potentiel de ses enfants? Quel genre de gouvernement croit être au-dessus des lois lorsqu'il est question de discrimination raciale systémique contre des enfants?
Il s'agit de savoir quel genre de pays sera le Canada en 2016. Les enfants n'ont qu'une enfance. Une fois passée, l'enfance ne revient plus. J'exhorte mes collègues de la Chambre des communes à faire la bonne chose. Ce que nous demandons ne repose pas sur l'avis du Nouveau Parti démocratique, mais sur les conclusions du Tribunal des droits de la personne, des conclusions qui touchent l'ensemble du pays. Nous pouvons faire mieux en tant que nation si nous avons la volonté de donner la priorité aux besoins des enfants.
Au début de mon intervention, j'ai parlé des jeunes que nous avons perdus. Je ne veux pas présenter à la Chambre une autre motion au nom d'un enfant que nous avons perdu pour des raisons de paresse systémique. Je souhaite que nous améliorions les perspectives des enfants qui sont toujours là et qui vont créer le genre de pays dont nous avons besoin.
Le gouvernement doit toutefois reconnaître que, légalement parlant, il a des responsabilités, qu'il doit respecter les conditions qui ont été établies et respecter entièrement le principe de Jordan. Il doit annoncer publiquement qu'il ne contestera plus les demandes des familles devant les tribunaux, qu'il comblera le manque à gagner en matière de bien-être des enfants, qui a été estimé à 155 millions de dollars cette année, et qu'il expliquera aux Canadiens pourquoi il ne s'est même pas donné la peine de faire ses propres calculs en réponse au jugement du Tribunal des droits de la personne. Il a plutôt pris les premières données qu'il a trouvées et il a fait semblant qu'elles venaient de lui. C'est comme si je volais le devoir de mon voisin et que je m'attendais à recevoir des félicitations. C'est inacceptable.
Les 71 millions de dollars annoncés cette année sont loin d'être suffisants. Même quand on ajoute les sommes mises de côté par le gouvernement pour l'année prochaine, ce n'est toujours pas assez pour combler les écarts recensés. C'est d'ailleurs là-dessus que porte la dernière partie de notre motion: le gouvernement doit produire des documents prouvant qu'il a étudié la question, à défaut de quoi nous devrons conclure que les données sur lesquelles il s'appuie sont inventées.
J'ai énormément de respect pour la . Je sais qu'elle voudrait appuyer la motion. Je sais aussi que le se fait conseiller par Michael Wernick. C'est lui que le premier ministre écoute. Or, c'est justement Michael Wernick qui, durant neuf ans, a mené la bataille juridique contre Cindy Blackstock et qui s'est battu bec et ongles pour avoir gain de cause.
J'aimerais que, pour une fois, le gouvernement fasse passer les intérêts des enfants avant tout le reste, en tout cas avant ceux du ou de Michael Wernick. Il faut que nous pensions aux enfants.
:
Monsieur le Président, je suis ravie d’être ici en territoire algonquin pour discuter de la motion du député de . Je remercie le député de me donner l’occasion de donner mon opinion sur ce grave problème, de dissiper tout malentendu et d’informer la Chambre des progrès accomplis.
En ma qualité de ministre, j’ai reçu du le mandat de renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones afin de faire avancer les dossiers les plus importants à leurs yeux, notamment le bien-être des enfants.
[Français]
Nous avons promis d'établir une nouvelle relation avec les peuples autochtones et une nouvelle façon de faire les choses. Nous entendons tenir notre promesse.
[Traduction]
En tant que parlementaires et citoyens responsables, notre priorité doit être, d’abord et avant tout, la santé, le bien-être et la protection des enfants autochtones.
Tous les Canadiens souhaitent que les enfants aient la meilleure chance possible dans la vie. Les enfants des Premières Nations ne bénéficient pas tous d’un accès égal à des services de santé et des services sociaux de qualité. Un trop grand nombre d’entre eux ont été retirés à leur famille et placés dans des situations où ils ont été victimes de mauvais traitements. Éloignés de leur culture, ils ont ainsi perdu leur identité culturelle qui est pourtant essentielle à l’obtention de bons résultats sur le plan de la santé, des études et de la situation économique. C’est une honte et les choses doivent changer.
Depuis des années, je ne cesse de répéter qu’il est nécessaire de réformer ce système. Il est désolant de constater qu’il y a aujourd’hui plus d’enfants autochtones pris en charge qu’au plus fort de l’époque des pensionnats.
[Français]
Les cinq premières recommandations du rapport de la Commission de vérité et réconciliation reconnaissent la nécessité de travailler tous ensemble pour combler cet écart. J'entends honorer cette obligation et agir sans délai.
[Traduction]
Le député a placé sa motion dans le contexte de la décision du Tribunal canadien des droits de la personne sur les services à l’enfance et à la famille. Je tiens à préciser que le gouvernement a applaudi cette décision du Tribunal et que nous travaillons à la mise en œuvre de ses conclusions, notamment pour mettre fin aux pratiques discriminatoires dénoncées par le Tribunal. Or, nous étions déjà engagés dans cette direction, malgré ce qu’a dit le Tribunal sur la nécessité de faire des réformes.
À mon avis, l’un des principaux facteurs de discrimination est la surreprésentation d’enfants autochtones pris en charge. Ces enfants sont séparés de leur famille et risquent d’oublier leur culture, leur identité et leur langue et, pire encore, d’être victimes de mauvais traitements et de violence, comme l’a confirmé le député dans son allocution. C’est le système actuel qui en est la cause et nous pouvons certes faire mieux pour ces enfants.
Le Tribunal a exprimé sa confiance dans la détermination du gouvernement fédéral à entreprendre une réforme de l’ensemble du Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières Nations et dans notre intention de le faire. Oui, nous sommes déterminés et nous le ferons.
[Français]
Jour après jour, la et moi travaillons sans relâche, afin que les enfants des Premières Nations aient accès aux services de santé et aux services sociaux auxquels ils ont droit.
[Traduction]
En décembre dernier, je me suis engagée devant l’Assemblée extraordinaire des chefs de l’Assemblée des Premières Nations à travailler à la refonte du système d’aide à l’enfance dans les réserves. J’étais sérieuse ce jour-là. Nous nous sommes engagés à rien de moins qu’une réforme en profondeur des services à l’enfance et à la famille dans les réserves et nous collaborons avec les provinces, les territoires et les Premières Nations dans le cadre de cette réforme.
Nous consultons activement des partenaires partout au pays pour définir les différentes possibilités de réforme. Nous collaborons notamment avec des organismes des Premières Nations, des dirigeants, des communautés, des fournisseurs et des agences de services de première ligne, des organismes non gouvernementaux, d’autres ministères fédéraux ainsi que les provinces et les territoires en vue d’une réforme significative des services à l’enfance et à la famille offerts aux Premières Nations.
Nous devons transformer ce programme. Le système d’aide à l’enfance doit viser à réduire le nombre disproportionné d’enfants en famille d’accueil, un point c’est tout. Le député a mentionné la nécessité de procéder à une réforme, mais malheureusement celle-ci ne fait pas partie de la motion.
Nous devons tout d’abord mettre fin à la discrimination endémique dans le financement du système d’aide à l’enfance des Premières Nations. Dans le budget de 2016, le gouvernement a annoncé un investissement de 634,8 millions de dollars sur cinq ans pour répondre aux besoins immédiats des enfants des Premières Nations dans les réserves. Ce financement comprend un investissement de 71 millions de dollars pour venir en aide immédiatement aux organismes de services à l’enfance et à la famille des Premières Nations. L’aide immédiate devait servir principalement à améliorer les services de prévention dans chaque province et dans le territoire du Yukon et en augmenter l’offre.
Nous sommes d’accord avec le tribunal sur le fait que le financement dans l’avenir ne devra pas être établi en fonction d’une formule arbitraire ou de chiffres créés derrière des portes closes à Ottawa. Le financement devra plutôt être accordé en fonction des besoins quotidiens des organismes. Il doit permettre de jeter les bases essentielles à la réforme, permettre que les enfants demeurent dans leur communauté et éviter qu’ils soient placés.
Nous convenons également que le principe de Jordan s’applique à tous les enfants des Premières Nations et avons déjà commencé à l’appliquer dans tout son sens et sa portée. Nous répondons aux besoins des enfants.
[Français]
Je suis fière de rapporter que, depuis les changements mis en place en juillet dernier, près de 900 enfants de toutes les provinces et de tous les territoires ont été identifiés pour recevoir des services selon la définition élargie du principe de Jordan. Ces enfants n'auraient pas eu accès à de tels services auparavant.
[Traduction]
Voilà des actions concrètes qui permettent de répondre aux besoins les plus urgents. Toutefois, il ne s’agit pas que d’une question d’argent. Si nous voulons créer un nouveau système, un système différent, nous devons parler aux gens qui sont les premiers concernés. Avec cette nouvelle façon de faire, nous devrons faire progresser nos relations.
Nous voulons prendre notre part de responsabilités quant aux résultats: faire en sorte que plus de familles demeurent unies et réduire le nombre d’enfants placés. Il n’est plus acceptable que le gouvernement fédéral paie les provinces et le Yukon pour offrir ces services sans qu’il ait un mot à dire sur les résultats obtenus.
Le système actuel a laissé des enfants souffrir et les a retirés de leur famille et de leur communauté. Nous n’avons qu’à regarder le rapport publié dernièrement par le défenseur des droits de l’enfance de la Colombie-Britannique pour voir les résultats tragiques et la façon dont le système à abandonner les enfants.
Nous avons entendu à maintes reprises pendant les consultations sur les paramètres de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées qu’il y avait un lien direct entre l’échec du système d’aide à l’enfance et la question des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées. Ce problème touche autant les enfants qui ont été placés que les femmes et les mères qui sont laissées derrière.
J’ai eu la chance de passer une journée entière au début octobre avec Reina Foster lors des célébrations de la Journée internationale de la fille.
Reina a été placée en famille d’accueil alors qu’elle n’avait que 2 ans. C’était la première des six familles d’accueil où elle a vécu et où elle a été témoin et victime de mauvais traitements. Comme je l’ai dit ce jour-là, Reina a raconté de façon très émouvante la vérité à ceux qui sont au pouvoir. Son témoignage m’a confirmé qu’il est nécessaire d’écouter ceux qui sont touchés directement par les politiques telles que l’aide à l’enfance.
Nous avons entendu les préoccupations des communautés et des organismes des Premières Nations au sujet du système d’aide à l’enfance. Nous sommes d’accord sur le fait qu’une refonte complète du système est nécessaire. C’est pourquoi nous agissons.
Le 22 septembre, j’ai nommé Mme Cynthia Wesley-Esquimaux au poste de représentante spéciale responsable de diriger le processus de mobilisation sur la réforme du programme des services à l’enfance et à la famille des Premières Nations dans les réserves. Mme Wesley-Esquimaux est membre de la Première Nation des Chippewas de Georgina Island, en Ontario, et est titulaire de la chaire sur la vérité et la réconciliation de l’Université Lakehead. Elle a oeuvré pendant toute sa carrière à défendre et à faire progresser les droits des peuples autochtones. Cette nomination est une étape cruciale de notre engagement à consulter toutes les provinces et tous les territoires ainsi que tous les partenaires dans le cadre de la réforme complète des services à l’enfance et à la famille.
Nous devons transformer le système. Il est donc important d’entendre directement ce que les jeunes ont à dire et d’incorporer leur expérience à la nouvelle approche. La voix des enfants qui ont participé au rassemblement de Feathers of Hope résonne dans ma tête tous les jours. J’ai mis les plumes qu’ils m’ont données sur mon bureau pour me rappeler l’importance de ce travail au quotidien. Ils m’ont raconté leur histoire, les mauvais traitements qu’ils ont subis, la difficulté d’être séparés de leurs frères et sœurs et la souffrance d’entendre que leur culture, leurs croyances et leurs traditions sont inférieures.
Nous avons déjà pris des mesures concrètes. Mme Wesley-Esquimaux a commencé les consultations au sujet de la réforme et les poursuivra d’un océan à l’autre. Cet après-midi, elle se réunira avec tous les défenseurs des droits des enfants des provinces.
Nous sondons tous les organismes afin de mieux comprendre les besoins et la situation propres à chacun. De plus, nous sommes résolus à définir les pratiques exemplaires qui permettront d’obtenir des résultats pour les enfants qui sont véritables et adaptés à la culture.
Parmi les modèles qui sont envisagés se trouvent le projet Touchstones of Hope, dont Cindy Blackstock est la championne, et les conférences familiales fondées sur les traditions maories, du Centre Ma Mawi Wi Chi Itata, au Manitoba.
Le gouvernement fédéral est également un partenaire à part entière des réunions tripartites entre les provinces et le Yukon, les Premières Nations et les organismes qui visent à discuter d’une réforme réelle du système.
Nous finançons aussi des organismes régionaux autochtones pour qu’ils organisent des réunions et recueillent des renseignements stratégiques utiles au processus de réforme. Nous nous réunirons également avec des défenseurs des droits des enfants et d’autres acteurs des provinces et du Yukon.
Nous travaillons à rétablir le comité consultatif national, qui aura pour mandat de donner des conseils sur le processus de participation à ce programme et sur sa réforme. Le comité sera composé de représentants du gouvernement fédéral, de l’Assemblée des Premières Nations, de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations, de directeurs d'organismes, d’un représentant des anciens et d’un représentant de la jeunesse.
Nous planifions également la tenue d’un sommet national sur le bien-être des enfants autochtones au début de 2017. Le sommet réunira des intervenants clés et donnera la parole à des jeunes pris en charge, des fournisseurs de services, des défenseurs des jeunes, des représentants des communautés des Premières Nations, des chercheurs et d’autres parties concernées venues échanger de l’information sur les pratiques éclairées en matière de prévention et de soutien aux enfants et aux familles.
Un groupe de travail fédéral, provincial et territorial auquel participent des hauts responsables chargés des services à l’enfance et à la famille a été mis sur pied pour offrir de l’information sur les pratiques optimales. Je travaillerai également en collaboration avec le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social afin de mener des consultations auprès des provinces, des territoires et des peuples autochtones qui porteront sur un cadre national d’éducation préscolaire et de garde d’enfants.
Nous connaissons l’importance de services de garde abordables, polyvalents, de qualité et entièrement inclusifs, mais nous savons aussi que les services de garde aux enfants autochtones doivent être culturellement appropriés pour appuyer leur langue et leur culture.
[Français]
J'affirme avec conviction que, par nos mesures concrètes, nous nous employons à mettre un terme aux pratiques discriminatoires.
[Traduction]
Nous avons pris des mesures concrètes pour « remettre le canot à l’endroit », selon une expression gitksane.
Nous sommes conscients du fait qu’une véritable réforme ne se fait pas du jour au lendemain, mais nous devons nous concentrer sans relâche à son avancement. Il faut bien comprendre qu’en coupant les enfants des Premières Nations de leur famille, de leur communauté, de leur langue et de leur culture, nous leur infligeons des dommages durables.
C’est ce que voulait dire la devise de la Commission de vérité et de réconciliation: « Pour l’enfant qu’on nous a pris, pour le parent qui est resté derrière ». Voilà quelle doit être et quelle sera notre devise pendant que nous travaillons à réformer le système une fois pour toutes, en donnant la priorité aux enfants autochtones.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Nous débattons aujourd’hui de la motion du NPD sur la décision du Tribunal canadien des droits de la personne ordonnant de mettre un terme à la discrimination. La motion du député comporte quatre éléments. Il réclame l’investissement immédiat des fonds supplémentaires et l’établissement d'un plan de financement pour remédier à des manques à gagner. La motion demande l’application intégrale du principe de Jordan, que nous avons appuyé, comme les députés le savent, dans une motion adoptée à l’unanimité le 12 décembre 2007. Le député parle de respecter intégralement les ordonnances prises par le Tribunal et demande que le gouvernement cesse de contester devant les tribunaux les demandes de familles autochtones et couvre les coûts des services. Le dernier élément a trait à la disponibilité des documents pertinents.
Je voudrais simplement donner un exemple. Il est peut-être un peu ancien, mais il illustre vraiment comment le système peut être parfois injuste. Je fournissais des services dans une petite localité rurale. Il y avait un volet dans la réserve et un autre hors de la réserve. Je me souviens d’un jeune homme qui vivait hors de la réserve et qui était atteint de la dystrophie musculaire de Duchenne. Sa mobilité et sa capacité de respirer diminuaient sans cesse. La province a fourni des services complets à ce jeune adolescent, qui est mort tragiquement. Elle lui a fourni du soutien 24 heures sur 24, incluant le matériel et la ventilation. Il a pu passer les derniers mois de sa vie chez lui avec des services complets fournis par la province. Il y avait un jeune enfant semblable dans la réserve voisine, mais nous n’avions pas accès au même soutien et aux mêmes services pour lui. Donc, nous avions deux enfants atteints de maladies invalidantes horribles, mais qui recevaient vraiment des niveaux de services différents. Ce n’est pas acceptable au Canada. Bien sûr que c’est arrivé il y a un certain temps, mais d’après ce que nous entendons aujourd’hui nous n’avons pas progressé comme nous aurions dû.
Je veux commencer avec la première partie de la motion, qui demande une injection de fonds. On a vraiment parlé d’une injection de dollars pour faire face aux besoins urgents à court terme. La ministre dit que, si l'on investit plus d’argent dans un mauvais système, c’est de l’argent mal utilisé. Je suis désolée, mais s’ils offrent le même niveau de soutien, comme dans l’exemple que j’ai donné, je ne crois pas que ce serait de l’argent mal investi. Normalement, mon parti et moi sommes réticents à inviter le gouvernement à dépenser de l’argent supplémentaire, parce que, franchement, le gouvernement actuel a un problème de dépenses incroyable. Il ne sait pas se restreindre dans sa manière de dépenser l’argent, avec le déficit qui est passé de 10 milliards à 30 milliards, puis à 35 milliards de dollars. Mais il y a parfois des cas d’exception, et clairement dans ce cas-ci nous parlons des enfants les plus vulnérables au Canada et de la décision du tribunal qui a conclu à l’existence de discrimination systémique dans les programmes de protection de l’enfance étant donné que les gens des réserves sont sous-financés par rapport à ceux vivant hors réserve.
Je veux soulever un autre point. Une fois de plus, nous sommes réticents à inviter le gouvernement à dépenser plus d’argent et nous ne le faisons pas à la légère. Le gouvernement actuel, au cours de ses 100 premiers jours au pouvoir, s’est engagé à dépenser 4,3 milliards de dollars à l’extérieur du pays. Les libéraux n’ont rien fait pour gérer la crise vécue par les enfants les plus vulnérables du Canada. Je trouve cela vraiment très troublant. Oui, nous avons notre part à faire dans le monde, mais nous avons dépensé 4,3 milliards de dollars à l’extérieur du pays et c’est beaucoup comparativement au montant de financement que nous demandons ici.
Les libéraux parlent de 634 millions de dollars. J’ai posé à la ministre une question précise sur les 634 millions de dollars qu’ils ont effectivement engagés, mais elle a négligé de mentionner que plus de la moitié de cet argent ne sera versé qu’après les prochaines élections fédérales. C’est bien beau de lancer de gros chiffres et de faire comme s’ils allaient peut-être faire quelque chose et se préoccupaient de la situation, mais cette dépense ne sera faite qu’après 2019.
Il est important de noter que les dollars additionnels demandés doivent s’accompagner de nouvelles politiques qui assureront une utilisation efficace des fonds, doublée d’une reddition de comptes complète.
Finalement, nous appuyons la notion voulant qu’une restructuration du service s’impose, mais nous demandons également une entière transparence concernant ce que le gouvernement fait, là où il va et comment il a l’intention d’y arriver. Je continue d’être fort préoccupée par la réticence du gouvernement à avoir des organisations autochtones responsables et transparentes vis-à-vis de leur collectivité.
Les députés m’ont régulièrement entendue parler de la Loi sur la transparence financière des Premières Nations et du fait que les membres des collectivités veulent désespérément être au courant de ce qui se passe. Il en va de même pour les services de protection de l’enfance. Avec la transformation du système et l’injection de fonds, il doit y avoir un mécanisme qui nous permettra de savoir ce qui se fait.
De surcroît, les libéraux sont assez doués pour manier les mots, les belles paroles, les termes attrayants. Je me souviens avec fierté des choses pratiques que le gouvernement conservateur a accomplies. Malgré la résistance, nous avons fait appliquer la loi sur les droits de la personne dans les réserves. Nous avons adopté des mesures pour faire respecter les droits liés aux biens immobiliers matrimoniaux. Nous parlons des besoins en eau, et l’accent a été beaucoup mis récemment sur l’infrastructure de l’approvisionnement en eau. En fait, les conservateurs ont fourni plus d’argent par année au cours de leur mandat. Les libéraux ont promis 360 millions de dollars et, au cours de la même période, les conservateurs ont dépensé 400 millions de dollars.
On peut bien discuter de la façon dont le gouvernement actuel essaie d’améliorer les choses, lorsqu’il a été temps d’agir, le gouvernement conservateur a dépensé plus d’argent.
Nous pouvons prendre l’exemple des services de santé mentale. Les conservateurs avaient réservé 300 millions de dollars dans leur budget de 2015-2016 pour la santé mentale. À l’heure actuelle, les libéraux ont inclus dans leur budget 271 millions de dollars. Les Canadiens devraient se pencher sur les détails et voir un peu plus loin que les beaux discours.
Nous savons que nous devons faire quelque chose au sujet du système d’éducation des Premières Nations. Les conservateurs y ont consacré de l’argent et les libéraux aussi. La différence est la suivante. Comme dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada, une législation sur l’éducation est en place pour faire en sorte que des normes minimales soient respectées pour l’éducation, le programme scolaire de base et les exigences d’obtention du diplôme. De l’argent est fourni, mais il n’aura pas le genre de cadre qui est attendu dans toutes les provinces et tous les territoires.
Je voudrais parler un peu du principe de Jordan, que nous avons tous appuyé. D’abord, les enfants des Premières Nations devraient avoir les mêmes droits, le même accès aux services et les mêmes possibilités que tous les autres enfants canadiens. L'application de la politique de la priorité accordée à l’enfant pour les conflits de compétence relatifs aux soins des Premières Nations est tout simplement inacceptable.
Je voudrais donner un autre exemple. Je recule un peu dans l’histoire des localités que je desservais dans les réserves et à l’extérieur. Il s’agit d’une mère qui avait un nouveau-né. La mère souffrait de troubles du spectre de l’alcoolisation foetale. La santé du bébé déclinait rapidement. En nous penchant sur la question, nous avons appris que la mère n’avait pas d’argent et ne comprenait pas qu’un mélange de Coffee-mate et d’eau ne pouvait se substituer à la préparation lactée. Encore une fois, l’écart qui existe entre ce qui se passe dans les réserves et ce qui se passe à l’extérieur des réserves concernant l’identification de la mère et la mise en place des mesures de soutien est tout simplement inacceptable.
Aujourd’hui, nous parlons d'un enjeu très important. Les libéraux sont occupés à parler de travailler avec les provinces au nouvel accord sur la santé. Ils veulent dire aux provinces comment elles peuvent mieux offrir des soins. Le gouvernement fédéral a la responsabilité de fournir des soins de santé aux Autochtones, aux anciens combattants et à de nombreux groupes. Peut-être que c'est nous qui devrions écouter les provinces nous dire de quelle manière faire du meilleur travail pour les populations et les personnes vis-à-vis desquelles nous avons une responsabilité directe. Plutôt que ce soit nous qui disions quoi faire aux provinces, peut-être que ce sont elles qui pourraient nous donner quelques directives sur les mesures à prendre.
Les députés du NPD ont présenté une motion importante. En général, les conservateurs hésitent à émettre l’idée qu’il y a un urgent besoin d’argent mais, dans ce cas, le NPD a présenté quelque chose de raisonnable et d’approprié qui est un moyen d’assumer notre responsabilité à court terme, laquelle consiste à protéger les personnes les plus vulnérables des communautés autochtones, en particulier les enfants.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui au sujet de la motion de mon collègue le député de .
Je voudrais commencer mon intervention en saluant Cindy Blackstock et le travail qu’elle a réalisé dans ce dossier en particulier. Elle et moi avons eu des conversations au fil des années. Nous ne sommes pas forcément toujours d’accord quant à la méthode à employer pour obtenir le résultat que nous voulons obtenir, mais je peux dire sans hésitation que nous avons les mêmes idées quant à la place que nous voulons pour les enfants dans la société canadienne. Une fois encore, je veux la féliciter pour le travail qu’elle a réalisé et j’ai hâte de continuer à collaborer avec elle pour opérer le changement qu’elle réclame et pour lequel elle oeuvre de manière aussi formidable.
Je tiens aussi à remercier le député de pour son travail inlassable dans ce dossier. Je siège avec lui au comité du Nord et des affaires autochtones. Les connaissances qu’il partage avec nous sont incroyables. Sa passion est sans égale. Si nous ne sommes pas forcément toujours d’accord sur les moyens pour parvenir à l’objectif qui nous est commun, nous travaillons dur tous les deux pour progresser sur ces questions.
Les recommandations dans sa motion proviennent du Tribunal des droits de la personne. Dans la motion, la première chose qu’il dit est que nous devons investir immédiatement les 155 millions de dollars dans les services d’aide à l’enfance, comme l’a indiqué Cindy Blackstock.
Il est intéressant de constater que, dans les 100 premiers jours de son mandat, le gouvernement s’est engagé à dépenser 4,3 milliards de dollars à l’étranger; il aurait pu prendre une partie de ces 4,3 milliards de dollars destinés à l’étranger pour la dépenser ici, au Canada.
Comme ma collègue l’a indiqué, généralement, nous ne sommes pas là pour faire des économies. Le gouvernement doit consacrer de l’argent à des mesures. Dans le cas qui nous occupe, nous disons que ces fonds consacrés à des projets peut-être futiles à l’étranger auraient pu être réaffectés à des projets dans le pays et dépensés pour les gens qui en tireraient le plus de bénéfices.
En général, les mesures visant les enfants autochtones qui sont dans le système de santé tel qu’il est, un ensemble disparate à travers le pays, sont parmi les plus porteuses. Les sommes dépensées dans ce domaine rapporteraient beaucoup. Nous pourrions opérer un changement profond.
Il est intéressant de constater que le gouvernement dépense des milliards de dollars à l’étranger alors que nous avons des problèmes considérables chez nous.
Le gouvernement a indiqué faire des investissements historiques. Le terme « investissements historiques » est un peu nébuleux. Quand j’entends ce terme, j’imagine que le gouvernement fait des investissements sans précédent ou les plus gros investissements jamais réalisés. Toutefois, peut-être les libéraux ont-ils utilisé le terme « investissements historiques » pour indiquer qu’ils réalisaient des investissements à la manière de Paul Martin ou de Jean Chrétien. Tout cela fait partie du jeu que joue volontiers le gouvernement. Il emploie des euphémismes auxquels les gens donnent une interprétation qui n’est pas conforme à la réalité, puis il dit : « Non, non. Ce n’est pas ce que nous voulions dire. Nous voulions dire autre chose. »
Le gouvernement a fait la même chose avec Postes Canada. Il a dit avoir décrété un moratoire sur les boîtes postales communautaires. Les gens ont cru qu’il rétablirait la distribution du courrier à domicile. Quand ils ont demandé quand la distribution à domicile reprendrait, le gouvernement a répondu qu’il ne la rétablirait pas, qu’il s’abstiendrait simplement d’installer de nouvelles boîtes postales communautaires.
C’est un autre volet du jeu que joue le gouvernement. Il déclare faire des investissements historiques et nous pensions tous qu’il allait réaliser des investissements plus élevés que jamais. Je mentionnerai un projet précis. Le projet d’eau potable, par exemple, avait pour objectif d’amener l’eau potable dans toutes les habitations des Premières Nations. Le Parti conservateur avait affecté 400 millions de dollars à ce projet dans son dernier budget. Dans le budget de 2016, les libéraux n’y ont affecté que 360 millions de dollars. Les investissements sont historiques en ce sens qu’ils vont à reculons. Je ne suis pas sûr de la logique qui est à l’œuvre.
Je voudrais croire que nous avons fait des progrès. Gouverner est un travail exigeant. Tout le monde veut tout tout de suite. Comme l’a dit ma collègue, les conservateurs peuvent être fiers de leur bilan. Nous n’avons pas réformé tout le système, qui est détraqué depuis 100 ans, mais nous avons fait des progrès. Progressivement, nous avons réglé plusieurs problèmes.
Dans l’intervention précédente, ma collègue a souligné que nous avons fait appliquer la loi sur les droits de la personne dans les communautés des Premières Nations, que nous avons fait adopter une mesure législative sur les droits relatifs aux biens matrimoniaux, que nous nous sommes attaqués aux problèmes d’approvisionnement en eau, que nous avons entrepris résolument la difficile tâche de réformer le système de prestation des services d’éducation dans les réserves et que nous nous sommes attaqués au problème de la santé mentale. Nous avons réalisé des progrès dans tous ces domaines. Malheureusement, les progrès n’ont pas été aussi rapides que nous l’espérions. Tous, nous souhaitons de tout cœur que les choses aillent beaucoup plus vite, pour faire disparaître au plus tôt l’écart entre les populations autochtones et le reste des Canadiens, pour que chacun se sente Canadien à part entière, si je peux m’exprimer ainsi. À maints égards, le gouvernement conservateur a fait évoluer la situation dans le bon sens.
Les libéraux, pour leur part, ont promis de tenir de nombreuses consultations. Ils s’expriment très bien, je le concède, mais je n’ai observé aucune indication de quelque progrès que ce soit. Sur certains points, nous constatons même un léger recul, du fait que la ministre a déclaré qu’elle n’appliquerait pas les lois sur la transparence comptable que nous avions adoptées. Cette décision même crée un nouveau problème puisque la non-application des lois en vigueur mine le principe de primauté du droit au Canada. Si les libéraux n’apprécient pas une loi en vigueur, ils doivent l’abroger; ils ne peuvent pas l’ignorer, au risque de miner ce principe.
L’instruction est un sujet qui me tient à cœur. En réglant le problème de l’éducation dans les réserves, nous pourrions atténuer graduellement tout un lot de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Parmi les nombreuses suggestions qui m’ont été faites, j’ai retenu celle visant la mise en œuvre d’un genre de système de coupons qui offrirait aux parents la possibilité de choisir quelle éducation recevraient leurs enfants. Un tel système permettrait de réduire en partie la lourdeur administrative inhérente au système actuel, fondé sur une approche descendante. Un système de coupons permettrait aux parents de choisir le type d’éducation qu'ils souhaiteraient avoir pour leurs enfants. Il y a peu de temps, je me suis rendu à Clyde River au Nunavut. L’école est magnifique et le personnel y fait un travail admirable. Malgré tout, on ne parvient pas à garder tous les élèves.
Je vais appuyer la motion et je vais suivre de près le gouvernement pour savoir ce qu’il en fera. Nous sommes tous concernés par ce problème parce que c’est un problème qui affecte les enfants de notre pays et leurs soins de santé. Je vais continuer à épauler mon collègue de . Nous avons nos différends, mais nous nous soutenons mutuellement pour réaliser nos objectifs à ce sujet.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de prendre la parole au sujet de cette motion. Je vais partager mon temps de parole avec la députée d'
Nous débattons aujourd'hui d'une motion très importante, une motion portant sur le droit de tous les enfants canadiens à une enfance. Plus précisément, ce que nous demandons, c'est, un, qu'on investisse immédiatement des fonds supplémentaires de 155 millions de dollars dans des mesures de bien-être pour les enfants, qui constituent le manque à gagner pour cette année; deux, qu'on établisse un plan de financement pour les années à venir afin de mettre un terme aux manques à gagner systémiques pour les services de bien-être offerts aux enfants, conformément à la décision du Tribunal canadien des droits de la personne; trois, qu'on applique intégralement le principe de Jordan; quatre, qu'on respecte intégralement toutes les ordonnances prises par le Tribunal canadien des droits de la personne; cinq, qu'on s'engage à cesser de contester devant les tribunaux les demandes de familles autochtones et qu'on consacre plutôt cet argent à des services médicaux et sociaux et, enfin, qu'on publie tous les documents pertinents sur le remaniement des services pour le bien-être des enfants et la mise en œuvre du principe de Jordan.
Pourquoi est-ce nécessaire?
En janvier dernier, le Tribunal canadien des droits de la personne a rendu une décision historique, déclarant que 163 000 enfants des Premières Nations avaient fait l'objet de discrimination de la part du gouvernement canadien, qui sous-finançait systématiquement les services qui leur sont donnés, exposant ces enfants à des risques bien supérieurs à ceux auxquels sont exposés les autres enfants canadiens. Le Tribunal a dit clairement que ce sous-financement constituait du racisme systémique.
Cindy Blackstock, directrice générale de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations, dont nombre de députés ont parlé en termes élogieux — et qui est certainement une héroïne pour les enfants canadiens —, a déclaré qu'il y a un sérieux problème pour qu'elle soit obligée de faire valoir un droit essentiel devant les tribunaux pendant des décennies, en l'occurrence le droit des enfants autochtones de jouir des mêmes droits que les autres enfants canadiens. Je crois que tous ici présents abondent dans ce sens. Mme Blackstock a également affirmé qu'on compare les enfants autochtones et qu'on leur laisse vraiment croire qu'ils ne valent pas autant que les autres jeunes Canadiens. Or, le plus émouvant, c'est quand Mme Blackstock explique que les jeunes des Premières Nations eux-mêmes lui ont avoué qu'ils se sentent moins bons parce qu'ils reçoivent moins de services.
Comme d'autres l'ont indiqué, le gouvernement fédéral dépense des millions de dollars pour s'opposer au respect de certains droits des Autochtones et à l'application du principe de Jordan plutôt que de tout simplement fournir les services réclamés. Nous croyons fermement, et je suis certaine qu'il en est de même de tous les Canadiens, qu'il est nettement plus sensé et judicieux de dépenser l'argent des contribuables pour la prestation de services dont les familles ont besoin plutôt que pour contester leurs demandes devant les tribunaux.
Enfin, ce qui importe avant tout, c'est que le gouvernement actuel donne l'exemple à tous les autres décideurs du pays en se conformant aux décisions qui lui sont défavorables. Hélas, le Tribunal canadien des droits de la personne a dû émettre à deux reprises des ordonnances enjoignant au gouvernement de se conformer à sa décision.
Aujourd'hui, nous sommes en présence d'un nouveau gouvernement libéral qui a promis d'agir sans délai. La priorité absolue du gouvernement était de nouer une relation de nation à nation avec les peuples autochtones, de répondre aux besoins des enfants des Premières Nations et de leur famille, ainsi que de respecter leurs droits. Pourtant, le gouvernement est incapable de simplement se conformer aux ordonnances du Tribunal qui l'exhortent à investir 153 millions de dollars, un montant somme toute modeste.
Le Tribunal canadien des droits de la personne a dû émettre à deux reprises des ordonnances pour forcer le gouvernement fédéral à simplement se conformer à la loi et à fournir aux enfants autochtones des services comparables à ceux offerts aux autres enfants du pays. Il importe de souligner que le gouvernement a contesté non seulement le droit des enfants des Premières Nations d'obtenir des services comparables, mais aussi le droit et le pouvoir du Tribunal lui-même de se pencher sur l'affaire. Le gouvernement a ensuite cherché à interdire à Cindy Blackstock, qui avait soulevé cette affaire, d'avoir accès aux documents pertinents. À trois reprises, les tribunaux ont donné raison à Mme Blackstock, au détriment du gouvernement du Canada. Le gouvernement a gaspillé des millions de dollars dans cette affaire pendant 10 ans, alors qu'il aurait pu simplement débloquer les sommes nécessaires destinées aux enfants des Premières Nations.
Qu'est-ce que le principe de Jordan? Nous en avons beaucoup parlé à la Chambre. Il en a été question en raison d'une motion du NPD qui a fait l'objet de l'appui unanime de la Chambre des communes en 2007.
En gros, c'est bien simple. En 2007, tout le monde, en cette enceinte, a affirmé que tous les services médicaux devraient être assurés aux enfants autochtones et qu'il ne fallait pas que se reproduise la malheureuse histoire de Jordan, un jeune Autochtone décédé pendant que les autorités fédérales et provinciales discutaient de la responsabilité du financement de ses soins. On a décidé qu'il fallait penser à l'enfant d'abord et lui fournir sans tarder les services voulus, après quoi on déterminerait qui doit payer. Cette décision de la Chambre cadre avec les droits des enfants canadiens prévus par la Constitution ou issus de traités.
Le tribunal a déclaré que, depuis, le gouvernement a systématiquement limité cette obligation de répondre aux besoins médicaux des enfants autochtones. Comme mon collègue de l'a signalé plus tôt, les soins médicaux et dentaires dont les enfants autochtones ont besoin leur sont presque toujours entièrement refusés.
Le gouvernement a systématiquement réduit la portée du principe de Jordan. Le tribunal a statué que ce n'était pas acceptable, que lorsqu'on parle de « services comparables », on entend des « services comparables » et que les enfants des Premières Nations qui vivent dans les réserves ont droit au même accès que les autres aux services médicaux.
De ma province nous arrive une statistique qui brise le coeur concernant le mauvais système d'aide à l'enfance. Une étude albertaine nous a appris qu'entre 1999 et 2013, 145 enfants étaient décédés dans des foyers d'accueil et que 75 % de ces enfants étaient des Autochtones. Le gouvernement nous a révélé plus tard qu'en fait, il y avait eu 741 décès, dont 24 enfants en bas âge. Voilà qui nous incitera certainement à appuyer la motion. Nous ne pouvons plus tolérer cette situation.
Le juge Rosborough, de l'Alberta, a fait le constat suivant après une enquête sur le décès d'un bébé de la Première Nation crie de Samson:
Il semble y avoir un écart important entre le niveau de financement pour les enfants vivant hors des réserves, par rapport à ceux qui vivent dans les réserves [...] Une formule de financement archaïque fait en sorte que les ressources consacrées à ces derniers sont considérablement moindres.
Raven Sinclair, qui est professeur de services sociaux en Saskatchewan, a déclaré ceci:
Un nombre incroyable d'enfants meurent chaque année dans des foyers d'accueil [...] Ce n'est pas simplement un accident. Ce n'est pas une bizarrerie statistique. C'est un phénomène qui se répète année après année.
Comme bien des gens l'ont dit dans cette enceinte, cette demande ne vient pas seulement des députés néo-démocrates. Ce n'est pas ce que nous disons dans la motion. Cette demande est appuyée par des organismes crédibles de l'ensemble du pays. La Société canadienne de pédiatrie a réclamé que l'on respecte immédiatement le principe de Jordan et la décision du tribunal. Elle rappelle également l'engagement pris par le gouvernement de donner suite à toutes les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation.
Quelle est la principale recommandation de la Commission? La Commission souligne les échecs constants en matière de protection de l'enfance. Elle demande au gouvernement fédéral ainsi qu'aux gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones de s’engager à réduire le nombre d’enfants autochtones pris en charge en affectant des ressources suffisantes pour permettre aux collectivités autochtones et aux organismes de protection de l’enfance de garder les familles autochtones ensemble, dans les cas où il est sécuritaire de le faire, et de garder les enfants dans des environnements adaptés à leur culture. Deuxièmement, elle demande au gouvernement fédéral de préparer et de publier des rapports annuels sur le nombre d’enfants autochtones qui sont pris en charge. Comme on l'a souligné plus tôt, nous n'avons pas ces données. Troisièmement, la Commission demande à tous les ordres de gouvernement de voir à la pleine mise en oeuvre du principe de Jordan.
Comme on l'a souligné dans cette enceinte, hier soir, l'Assemblée législative du Manitoba a exhorté à l'unanimité le gouvernement fédéral à intervenir et à fournir le financement ordonné par le tribunal. La Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, sous la direction de Cindy Blackstock, nous a rappelé que les enfants n'ont qu'une enfance à vivre et que nous avons le devoir de veiller à ce que les enfants des Premières Nations puissent également en profiter. Le chef national de l'Assemblée des Premières Nations a exhorté le gouvernement à se conformer en tous points aux ordonnances du tribunal.
Comme on l'a dit plus tôt, dans son budget qui prévoit un déficit de plus de 30 milliards de dollars, le gouvernement peut certainement réserver la maigre somme de 100 millions de dollars pour aider les enfants des Premières Nations.
Je demande à tous les députés d'appuyer la motion afin que cette législature devienne celle qui brisera enfin le cycle de 150 ans de discrimination envers les enfants autochtones.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de me lever aujourd'hui pour parler de la motion qui a été présentée par mon collègue néo-démocrate le député de , circonscription qui avoisine celle de l'Abitibi—Témiscamingue.
Nos circonscriptions partagent une frontière, mais je tiens à rappeler que cette frontière n'existe pas pour les communautés autochtones, dans le sens où elle leur a été imposée et que leurs territoires ancestraux se trouvent de part et d'autre de cette frontière. Par exemple, le territoire ancestral de la Timiskaming First Nation se trouve dans ma circonscription, mais il déborde aussi dans la circonscription de mon collègue de Timmins—Baie James, parce que ces frontières ont été établies bien après ces territoires.
Cette motion demande au gouvernement de respecter la décision historique du Tribunal canadien des droits de la personne qui ordonne la fin de la discrimination à l'égard des enfants autochtones. Nous demandons au gouvernement de réinvestir immédiatement 155 millions de dollars supplémentaires dans des mesures qui visent le bien-être des enfants et qui constituent le manque à gagner pour cette année seulement. Nous lui demandons également d'établir un plan de financement pour les prochaines années, afin de mettre un terme au manque à gagner systémique relatif aux services de bien-être aux enfants des Premières Nations.
Par ailleurs, nous voulons que le gouvernement applique intégralement le principe de Jordan, selon les termes d'une résolution adoptée ici, par la Chambre des communes, le 12 décembre 2007. Il doit respecter intégralement toutes les ordonnances du Tribunal canadien des droits de la personne en s'engageant à cesser de contester devant les tribunaux les demandes de familles autochtones qui cherchent à obtenir accès à des services assurés par le gouvernement fédéral. En d), la motion demande au gouvernement de publier tous les documents pertinents sur le remaniement des services pour le bien-être des enfants et la mise en oeuvre du principe de Jordan.
Le principe de Jordan consiste à accorder la priorité aux intérêts de l'enfant, et on lui a donné ce nom en l'honneur de Jordan River Anderson, un enfant de la nation crie de Norway House, au Manitoba. Il est né avec des besoins médicaux complexes et il a passé plus de deux ans inutilement à l'hôpital, car la province du Manitoba et le gouvernement fédéral argumentaient pour déterminer qui devait payer pour les soins à domicile. Finalement, Jordan est décédé à l'hôpital à l'âge de cinq ans et il n'a jamais pu passer une seule journée à la maison, alors que cela aurait été possible avec des soins à domicile appropriés.
Les litiges de paiement entre les gouvernements fédéral et provinciaux concernant les services aux enfants des Premières Nations ne sont pas rares, malheureusement. Les enfants des Premières Nations sont souvent laissés en attente de services dont ils ont désespérément besoin, ou encore, ils se voient refuser des services qui sont offerts aux autres enfants. Cela peut inclure notamment des services en matière d'éducation, de santé, de garderie, de loisirs, de culture et de langue.
Quand on essaie de comprendre la logique du gouvernement fédéral, on est souvent surpris. Les listes de médicaments ou de traitements qui sont remboursés pour différentes personnes sous responsabilité fédérale ne sont pas les mêmes. On ne rembourse donc pas les mêmes médicaments à un vétéran, à un militaire actif et à un membre des Premières Nations.
Pourtant, il s'agit du même gouvernement, et c'est le ministère de la Santé qui approuve l'entièreté des médicaments qui peuvent être vendus au Canada. Toutefois, dépendamment du statut de la personne, on ne lui rembourse pas les mêmes médicaments.
À de nombreuses reprises, j'ai eu la chance de parler avec un médecin de Malartic qui s'occupe de la santé publique. Il m'a dit à quel point c'était un casse-tête que de prescrire des médicaments à des Autochtones, puisqu'ils se font rembourser beaucoup moins de médicaments que les Blancs. C'est un casse-tête administratif et discriminatoire qui cause beaucoup de problèmes aux médecins.
Souvent, ils prescrivent à leur patient un traitement qui peut faire l'affaire, mais qui n'est pas aussi indiqué selon sa situation. Ainsi, ce patient ne bénéficie pas d'un traitement aussi efficace et on se retrouve dans des dédales administratifs.
Le principe de Jordan exige donc que le gouvernement qui est contacté en premier lieu paie pour les services et qu'il demande un remboursement plus tard, afin que l'enfant ne soit pas tragiquement coincé dans la bureaucratie de différents gouvernements. C'est logique.
Ce ne sont pas les patients, surtout quand on parle d'enfants qui n'ont même pas commencé l'école primaire, qui doivent se battre d'un endroit à l'autre, car souvent, cela n'en finit plus dans les administrations gouvernementales.
Il est simplement logique de demander que les services médicaux soient payés pour faire en sorte que la personne reçoive des soins le plus rapidement possible quand elle en a besoin. Qu'on se batte ensuite pour savoir, au bout du compte, qui doit payer la facture et qui doit rembourser qui. Cela n'a aucun sens de faire attendre le patient — en particulier des enfants autochtones — pour savoir qui devrait payer la facture, et si on accepte ou non de rembourser des traitements qui, dans toutes les autres situations, sont remboursés. C'est un non-sens.
On parle aussi d'enfants dont l'état de santé est souvent quand même assez critique. Si on retarde le traitement à cause de formalités administratives, on risque de provoquer une décompensation de l'état de la personne et de devoir payer plus cher pour la traiter, parce que les soins se seront malheureusement compliqués avec le temps; on peut parler, entre autres, de résistance aux antibiotiques. Il ne faut pas attendre avant de traiter les gens, car on se retrouve quelquefois dans des situations plus complexes, où des gens, voire des enfants, pourraient attraper des infections nosocomiales, ce qui s'attrape à l'hôpital, parce qu'on a trop attendu avant de donner des traitements.
Il faut cesser les guerres administratives contre les enfants et les parents. Il faut cesser de continuellement poursuivre les gens devant les tribunaux pour des traitements qui, souvent, ne valent même pas la valeur des frais d'avocats. Or cela arrive régulièrement.
En effet, on va se battre bec et ongles en cour pour ne pas payer un traitement, alors qu'on perd finalement, parce que la décision n'a simplement pas de bon sens, surtout quand on considère que des enfants non autochtones se voient rembourser les mêmes traitements par leur province, et que les frais d'avocats ont coûté plus cher que le traitement. Cela n'a aucun bon sens. C'est gaspiller 1 $ pour économiser 25 ¢.
Dans de tels cas, on n'économise absolument rien. En effet, la plupart du temps, on perd nos causes parce qu'elles n'ont pas de fondement, et que ces traitements ne sont pas expérimentaux, mais utilisés en soins pédiatriques dans la majorité des hôpitaux pour des enfants non autochtones. Il faut faire preuve de logique quand il est question de soins prodigués aux enfants et faire en sorte qu'ils aient accès aux mêmes soins que les enfants non autochtones.
Dans ma circonscription d'Abitibi—Témiscamingue, on compte cinq communautés algonquines, parce qu'il s'agit d'une terre anishnabe. Certaines vivent des difficultés quand même assez importantes. À Pikogan, les Abitibiwinniks vivent quand même très près d'un grand centre, et ils ont accès à des services de la Ville d'Amos.
Toutefois, au Témiscamingue, certaines communautés sont très éloignées, dont Winneway, où vit la Long Point First Nation, qui est à environ 1 heure de route de l'hôpital, et ce, quand les routes sont belles. Si un enfant de cette communauté avait besoin d'une ambulance, il pourrait attendre très longtemps et il serait très difficile pour lui de recevoir des soins.
Étant plus éloignée, cette communauté n'a même pas d'école. Le projet est en cours. Actuellement, les jeunes sont transportés dans un autre village pour y fréquenter une école qui avait été fermée. Il y a eu des cas d'adolescents qui s'automutilaient parce qu'ils étaient pris dans une école sans fenêtre. La qualité de l'alimentation est quelquefois difficile, parce qu'il y a très peu de commerces d'alimentation dans le village; il n'y a qu'un petit dépanneur qui offre majoritairement des produits surgelés, à faire cuire au four, pour s'assurer que les produits se gardent plus longtemps et qu'ils ne se gaspilleront pas avant d'être achetés.
Ces gens vivent une situation très difficile sur le plan de la santé, et je crois qu'il serait injuste que ces enfants soient pénalisés à cause de la façon de faire qui, malheureusement, est devenue une mauvaise habitude de la part du gouvernement fédéral.
Comme mon temps de parole est écoulé, j'attendrai les questions de mes collègues avec impatience.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le gouvernement du Canada est déterminé à renouveler sa relation de nation à nation avec les peuples autochtones afin de faire progresser les questions que ceux-ci jugent prioritaires, dont la santé des enfants des Premières Nations. Il existe une iniquité flagrante entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada. À cet égard, le gouvernement reconnaît que nous devons accorder la priorité aux déterminants sociaux de la santé afin de résoudre des problèmes sanitaires et sociaux complexes.
C'est ce que nous avons commencé à faire en prévoyant des investissements historiques dans le budget de 2016, notamment 8,4 milliards de dollars afin d'améliorer les conditions socioéconomiques des Autochtones et de leurs collectivités. De plus, nous collaborons avec nos partenaires des Premières Nations, les provinces, les territoires et d'autres intervenants clés en vue de garantir l'accès à des programmes de soins de santé de qualité pour les nourrissons, les enfants, les jeunes et les familles des collectivités des Premières Nations.
Comme nous le savons, l'état de santé des Autochtones demeure nettement moins bon que celui des autres Canadiens. Ainsi, il y a un écart de 6,7 ans entre l’espérance de vie des Autochtones et celle de la population générale. Ceux-ci ont des taux de maladies cardiaques et de diabète beaucoup plus élevés, mais les statistiques les plus navrantes concernent les taux de suicide, qui sont parmi les plus élevés au monde et quatre fois supérieurs à la moyenne nationale. Cette situation exige des mesures immédiates et le gouvernement est déterminé à soutenir les enfants, les familles et les communautés inuites et des Premières Nations.
Nous reconnaissons que les investissements stratégiques effectués dans les premières années de la vie d’un enfant permettent d’améliorer grandement sa santé à long terme. En 2016-2017, Santé Canada investira plus de 100 millions de dollars dans des programmes et des services destinés aux femmes enceintes ainsi qu'aux familles de nourrissons et de jeunes enfants des communautés inuites et des Premières Nations afin de favoriser le bon déroulement des grossesses, des naissances et du développement des enfants.
Le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les réserves s’adresse à plus de 11 300 enfants dans plus de 350 communautés des Premières Nations du Canada. Grâce à des programmes comme celui-ci, les enfants autochtones ont la possibilité d’apprendre leur langue et leur culture, ce qui leur donne un sentiment d’appartenance à leur communauté, et leur permet ainsi d’être plus résilients et en meilleure santé.
L'objectif à long terme du Programme de soins de santé maternelle et infantile offert dans les réserves est d'appuyer, chez les Premières Nations, les femmes enceintes et les familles ayant un nourrisson ou de jeunes enfants pour que ces enfants puissent s'épanouir pleinement et atteindre leur plein potentiel. De même, Santé Canada investit des fonds pour prévenir les troubles du spectre de l'alcoolisation foetale et améliorer le bilan de santé des personnes qui en souffrent. Ces investissements aident les communautés inuites et les Premières Nations à mettre sur pied des programmes de prévention et d’intervention précoce adaptés à leur culture et fondés sur des données probantes, et à sensibiliser leurs membres ainsi que les intervenants de première ligne et les familles.
Le gouvernement appuie en outre des efforts visant à s'attaquer au problème de l’obésité infantile. Cette question est particulièrement préoccupante chez les enfants et les jeunes autochtones, le taux d'obésité étant considérablement supérieur au sein de ce groupe qu'au sein de l'ensemble de la population canadienne. Les enfants autochtones deviennent obèses à un très jeune âge.
Des efforts concertés en vue d'améliorer l'accès à des aliments nutritifs ainsi qu'en vue de créer des milieux favorables pouvant aider à améliorer le bilan de santé contribueront à surmonter les difficultés qu'éprouvent certaines populations autochtones. Cela comprend également des programmes de Santé Canada tels que l'Initiative sur le diabète chez les Autochtones et le programme Nutrition Nord Canada. En 2016-2017, Santé Canada investit 45,8 millions de dollars pour réduire le diabète de type 2 en appuyant des activités et des services de promotion de la santé et de prévention des maladies dans plus de 400 Premières Nations et communautés inuites. Cette initiative donne accès à des services de prévention, de dépistage et de gestion du diabète.
Plus tôt cette année, nous avons augmenté les investissements dans le programme Nutrition Nord Canada. En effet, nous avons prévu 64,5 millions de dollars supplémentaires répartis sur cinq ans ainsi qu'un financement permanent de 13,8 millions de dollars par année à compter de 2021-2022 afin d'élargir le programme de sorte qu'il puisse appuyer 37 autres collectivités isolées du Nord. Nutrition Nord Canada fournit une subvention au commerce de détail afin d'aider les habitants du Nord vivant dans des collectivités isolées à avoir accès à des aliments sains périssables à un coût inférieur. Le programme finance également des initiatives communautaires d'éducation en matière de nutrition.
Le 30 mai, la et la ont annoncé que le gouvernement allait tenir des séances de consultation avec au moins 20 communautés de partout dans le Nord pour les écouter et apprendre à améliorer le programme Nutrition Nord Canada. Des séances de consultation ont été tenues entre mai et juin de cette année. D’autres séances se poursuivront jusqu’en novembre.
Le gouvernement reconnaît que la santé physique ne représente que la moitié de la question. C’est pourquoi nous fournissons aussi un éventail de soutiens pour améliorer le bien-être mental chez les enfants des Premières Nations. Les programmes Grandir ensemble et Pour des communautés en bonne santé fournissent des fonds à toutes les communautés pour des activités qui appuient l’amélioration de la santé mentale, le développement de l’enfant, les compétences parentales et la santé des bébés. Le financement appuie à l’heure actuelle les services de santé mentale et de bien-être dans plus de 400 communautés des Premières Nations et des Inuits.
Contrairement à ce que l’on observe chez les non-Autochtones, chez les Autochtones, les taux de suicide les plus élevés sont ceux des jeunes. Il est particulièrement urgent d’assurer le bien-être de ce groupe démographique compte tenu du fait que les jeunes Autochtones de moins de 20 ans représentent plus de 40 % de la population autochtone et que ce chiffre augmente. La santé de ces jeunes représente littéralement la santé future des populations autochtones.
Le gouvernement prend également des mesures concernant le suicide chez les jeunes Autochtones. La Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones existe pour faire en sorte que les familles et les communautés autochtones aient accès à un soutien essentiel pour prévenir ce genre de problème, le plus tragique de tous, et y réagir. Cette stratégie appuie environ 138 projets communautaires de prévention du suicide dans tout le Canada. Ces projets sont variés et sont axés sur l’accroissement des facteurs de protection, comme la résistance, et sur la réduction des facteurs de risque par la prévention, la sensibilisation, l’éducation et l’intervention en cas de crise. Le suicide chez les jeunes Autochtones est une question complexe qui a des liens avec le bien-être mental de l’individu, de la famille et de la collectivité, l’héritage des pensionnats autochtones, un manque d’accès aux services et les déterminants sociaux de la santé, comme un taux de chômage élevé et la faiblesse des revenus. Les conclusions de la Commission de vérité et réconciliation ont confirmé une fois de plus les répercussions intergénérationnelles des pensionnats et de la colonisation sur la santé mentale, y compris sur le comportement suicidaire.
En mai, en réponse au problème de plus en plus urgent du suicide chez les jeunes, le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes a adopté une motion pour entreprendre une étude sur le suicide au sein des peuples et des communautés autochtones. Cette étude est en cours et sera étayée par des visites des communautés, des tables rondes des jeunes et des audiences publiques tenues dans plusieurs localités du Canada.
En juin 2016, le gouvernement a réservé 69 millions de dollars sur trois ans à l’amélioration du bien-être mental comme mesure provisoire visant à appuyer les communautés nordiques. Le gouvernement est fermement déterminé à mettre en oeuvre le principe de Jordan et prend des mesures pour faire en sorte que les enfants des Premières Nations qui ont des besoins non satisfaits sur le plan de la santé et du bien-être social reçoivent les services nécessaires et aient accès à des services financés par les fonds publics, comme tous les autres enfants du pays. Conformément au principe de Jordan, nous nous engageons à ce que les enfants des Premières Nations qui ont des besoins en matière de santé et de bien-être social continuent d'avoir des soins, même s’il y a un conflit entre les gouvernements concernant les secteurs de compétence.
En terminant, j’espère que j’ai contribué aujourd’hui à cette importante discussion en soulignant certains des efforts et des partenariats que le gouvernement entreprend pour améliorer la santé des membres des Premières Nations et contribuer à la santé et au bien-être des enfants des Premières Nations du pays. Le gouvernement demeure déterminé à travailler dans tous les secteurs de la société, y compris dans le secteur de la santé, pour aider les enfants des Premières Nations à avoir le meilleur départ possible dans la vie et ainsi un meilleur avenir.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir réagir à la motion du député de , ici même sur le territoire traditionnel algonquin.
D’abord et avant tout, notre priorité est la santé et le bien-être des enfants des Premières Nations. Le Canada s’est engagé à procéder à une réforme complète des services aux enfants et aux familles des Premières Nations, avec tous nos partenaires des Premières Nations, y compris les enfants et les jeunes.
Nous avons des entretiens avec les provinces et les territoires, de même qu’avec les organisations, les dirigeants, les collectivités et les organismes des Premières Nations. Nous collaborons aussi avec les travailleurs qui fournissent des services de première ligne et d’autres ministères fédéraux, afin d’élaborer une stratégie à long terme, portant sur les services aux enfants et aux familles des Premières Nations, une stratégie évolutive, durable et adaptée.
Comme première mesure, le gouvernement du Canada a investi 71 millions de dollars en aide immédiate, en 2016-2017, axée sur la fourniture de services de prévention additionnels dans chaque province et au Yukon.
Nous devons aussi nous pencher sur l’ensemble de la question de l’amélioration des résultats sociaux pour les enfants des Premières Nations. Outre les travaux importants que nous entreprenons pour remanier les services d’aide à l’enfance dans les réserves, nous poursuivons nos efforts dans de nombreux autres domaines, y compris l’amélioration des services d’enseignement, de l’infrastructure dans les réserves et du logement. Tous ces efforts contribuent ensemble à favoriser des modes de vie sains et des environnements sécuritaires pour les enfants, les familles et les collectivités.
Nous avons promis aux peuples autochtones du Canada de vrais résultats et un réel changement dans ce que nous faisons et dans la façon dont nous le faisons.
Dans la dernière année, nous avons adopté une nouvelle voie dans notre relation avec les Premières Nations, celle de la réconciliation. Nous entendons tenir nos promesses dans un esprit de reconnaissance de leurs droits, de respect, de coopération et de partenariat.
Je suis heureux d’avoir l’occasion de préciser nos réalisations et la voie que nous entendons suivre.
De concert avec tous nos partenaires, nous accomplissons des progrès en vue de répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation. Nous avons officiellement lancé une enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées. Nous avons élaboré une nouvelle stratégie d'application du principe de Jordan répondant aux besoins des enfants des Premières Nations et nous sommes en voie de fournir un financement afin d’offrir des services à près de 900 enfants autochtones.
Le gouvernement du Canada a signé un protocole d’entente avec l’Assemblée des Premières Nations en juin en vue de collaborer à l’établissement d’une nouvelle relation financière qui prévoit un financement suffisant, prévisible et durable pour les Premières Nations. Un véritable changement nécessite l’instauration d’une nouvelle relation financière avec les Premières Nations afin d’offrir aux communautés une aide financière suffisante, prévisible et durable.
Le budget de 2016 a relevé le plafond de 2 % imposé au financement des programmes consacrés aux Premières Nations. Nous faisons des investissements historiques pour améliorer les conditions socioéconomiques des Autochtones et de leurs communautés. En vertu du budget de 2016, nous prévoyons un investissement de 8,4 milliards de dollars sur cinq ans pour épauler les peuples autochtones à l’échelle du pays, notamment sur le plan de l'infrastructure et de l’enseignement chez les Premières Nations.
Grâce à ces investissements, des logements seront construits, aménagés ou rénovés; de nouveaux projets culturels et récréatifs sont en cours; des investissements sont consacrés à des projets d’infrastructures matérielles indispensables, comme les routes, les ponts, les systèmes énergétiques et la connectivité. Des projets visant le traitement de l'eau et des eaux usées sont financés un peu partout au pays et des projets d’infrastructure pour l’éducation serviront à construire, à rénover ou à entretenir des écoles situées dans les communautés autochtones.
Par l'entremise de ces engagements de financement visant à améliorer les services à l’enfance et à la famille, les résultats scolaires et les infrastructures communautaires, nous sommes déterminés à rétrécir l’écart qui s’est creusé sur le plan de la qualité de vie entre les peuples autochtones et les autres Canadiens. Nous investissons dans l’éducation, l’alphabétisation, la numératie, le perfectionnement des compétences, la langue et la culture.
Dans le budget de 2016, on prévoit un montant de 2,6 milliards de dollars sur cinq ans de la maternelle à la 12e année. Ce montant comprend une somme de 824,1 millions de dollars pour mettre en oeuvre une transformation de l’éducation pilotée par les Premières Nations.
Nous avons à cœur de mettre en place un processus de consultation respectueux avec nos Premières Nations pour bien faire les choses, ensemble. Nous travaillons donc étroitement avec elles pour comprendre réellement leurs besoins en financement à long terme.
Le gouvernement du Canada veille aussi à accroître la sécurité des femmes et des enfants en faisant construire et tenir des refuges pour eux dans les réserves.
À long terme, nous savons que le bien-être des enfants et des familles des Premières Nations repose sur un environnement sûr. Le Programme pour la prévention de la violence familiale appuie les activités quotidiennes de 41 refuges, et il permet également de financer des projets de prévention de la violence, dans les réserves et à l’extérieur, qui émanent des collectivités mêmes.
Dans le budget de 2016, une somme de 33,6 millions de dollars répartie sur cinq ans et une autre de 8,3 millions, représentant un financement continu, ont été prévues pour mieux appuyer les services offerts par les refuges aux victimes de violence familiale dans les collectivités des Premières Nations. Nous avons également annoncé l’attribution d’une somme de 10,4 millions répartie sur trois ans pour la rénovation des refuges actuels et la construction de nouveaux refuges. Ces fonds aideront à améliorer la sécurité des femmes, des enfants et des familles qui vivent dans les réserves en donnant aux victimes de violence familiale accès à des refuges. Ils serviront également à sensibiliser les collectivités à la question de la violence familiale et à fournir aux familles et aux collectivités les outils dont elles ont besoin pour combattre le problème de la violence.
Le gouvernement du Canada est impatient de poursuivre son partenariat avec les groupes autochtones et les gouvernements provinciaux et territoriaux puisque nous avons tous un rôle à jouer pour prévenir la violence contre les femmes et les enfants autochtones et pour y mettre fin.
Tout compte fait, ces investissements dans les programmes sociaux et l’infrastructure permettront de corriger les disparités observées dans la situation sociale et économique de trop nombreuses populations autochtones, tout en améliorant la santé de leurs membres pour la porter au niveau des autres Canadiens. Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir et ce chemin, nous devons tous le parcourir ensemble au Canada. Je sais que nous nous en allons dans la bonne direction.
Meegwetch
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Monsieur le Président, j'aimerais vous signaler que je partagerai le temps dont je dispose avec la députée de .
La motion déposée par mon collègue de est très importante, afin d'avoir une réconciliation réelle avec les Premières Nations de notre pays. Le Tribunal canadien des droits de la personne a émis un jugement sans appel, en janvier 2016. Le gouvernement a été reconnu coupable de discrimination raciale envers 163 000 enfants des Premières Nations et leurs familles pour avoir offert des services de protection de l'enfance insuffisants et inéquitables. Il s'agit de 163 000 enfants. C'est vraiment d'une envergure jamais vue.
Même si le , qui est aussi le ministre de la Jeunesse, a hérité de ce dossier, il n'en demeure pas moins que son gouvernement ne respecte pas son obligation légale et morale de mettre fin à la discrimination systématisée dont font l'objet les enfants des nations autochtones.
Cette affaire a commencé en 2007, quand la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, dirigée par Cindy Blackstock, et l'Assemblée des Premières Nations ont déposé une plainte à la Commission canadienne des droits de la personne contre le gouvernement canadien dirigé, à cette époque, par les conservateurs.
Un an plus tard, en 2008, le gouvernement a fait des excuses publiques sur l'assimilation forcée de jeunes Autochtones dans les pensionnats indiens. La même année, il refusait toutefois de signer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. C'était faire un pas en avant et deux en arrière. On retrouve malheureusement aussi cette façon d'agir sous le gouvernement libéral actuel.
Alors que le gouvernement est sommé d'agir, en janvier 2016, et qu'il accepte pleinement la décision du tribunal, il continue de ralentir le processus. Le Tribunal a déjà émis deux ordonnances, parce que les libéraux ont refusé de se plier au jugement.
En ne portant pas cette décision en appel, le gouvernement libéral se doit d'agir maintenant. Ce n'est pas dans un an ni dans deux semaines qu'il faut agir, c'est maintenant. Ce n'est pas non plus au cours de son prochain mandat. En ce moment, le gouvernement ne fait qu'étirer la sauce.
C'est pourquoi la Chambre doit lui rappeler le respect du principe de base qu'est l'État de droit et son obligation juridique et morale de réparer les erreurs du passé, de mettre fin à la discrimination envers les jeunes Autochtones et d'investir les 155 millions de dollars qui manquent cette année dans les services aux enfants.
Puisqu'il est question de fonds insuffisants et de discrimination, je vais parler de la nation mohawk d'Akwesasne, qui se trouve dans ma circonscription. En fait, une partie de cette nation se trouve dans ma circonscription du Sud-Ouest du Québec et une autre se trouve en Ontario, mais la plus grande partie se trouve aux États-Unis.
Les Mohawks d'Akwesasne se sont battus, pendant près de 15 ans, pour recevoir la reconnaissance officielle de leurs services à l'enfance et à la famille. Ils l'ont obtenue du gouvernement provincial de l'Ontario en 2012. Cette reconnaissance leur permet de s'occuper des dossiers locaux par leurs propres moyens et non par l'entremise d'une agence externe. Quinze ans pour obtenir une reconnaissance, est-ce que cela a du sens? Moi, je trouve que non.
Combien d'enfants des familles d'Akwesasne ont souffert pendant que les gouvernements traînaient les pieds? Moi, je ne le sais pas. Toutefois, même si un seul enfant se trouvait dans une situation où on ne lui offre pas de services, ce serait un enfant de trop. Des familles et des enfants ont souffert parce que les gouvernements étaient en train de se chamailler pour déterminer qui serait responsable d'offrir les services. C'est inacceptable pour cette communauté d'Akwesasne d'avoir attendu aussi longtemps avant d'obtenir des services.
C'est pourquoi il faut appliquer le principe de Jordan. Ce principe établit que les enfants des Premières Nations doivent avoir accès aux mêmes services gouvernementaux que ceux qu'on offre aux enfants non autochtones, et que les conflits de compétence ne devraient pas faire obstacle aux services à l'enfance.
Ce n'est pas la première fois que nous demandons au gouvernement d'appliquer le principe de Jordan. En 2007, mon ancienne collègue Jean Crowder avait déposé à la Chambre une motion en ce sens. Celle-ci a été adoptée par la Chambre des communes. Cependant, neuf ans plus tard, en 2016, c'est un peu frustrant qu'on en soit encore au même point, alors que ce principe a déjà été adopté.
En tant que porte-parole en matière de jeunesse, j'ai été désagréablement surprise de l'ampleur des problèmes de santé mentale, en particulier chez les jeunes Autochtones.
Un membre des Premières Nations sur deux vivant dans une réserve déclare souffrir d'un niveau de détresse psychologique allant de moyen à élevé. La moitié des décès de jeunes Inuits est due au suicide, alors que celui-ci est la cause de 10 % des décès parmi l'ensemble des jeunes Canadiens. La situation ne va pas s'arranger sans un investissement à long terme dans la santé des jeunes autochtones.
Selon Santé Canada, la santé mentale est déterminée par l’interaction complexe entre des facteurs sociaux et économiques, l’environnement physique et le comportement individuel. Dans tous les aspects, les communautés autochtones sont lésées par rapport au reste de la population.
Norah Kielland et Tonina Simeone ont associé la prévalence des problèmes de santé mentale des communautés autochtones à l'oppression et à la marginalisation que ces communautés ont connues au cours de leur histoire. Les pensionnats auraient eu des effets multigénérationnels sur la population. Les dernières études au sujet des Autochtones ont mis au jour quelques révélations et ont fait ressortir 94 recommandations que le gouvernement fédéral a décidé de mettre en oeuvre.
Les 150 000 enfants intégrés de force dans les pensionnats ont subi un traumatisme qui est encore évident de nos jours. Perdus entre deux cultures et marqués à vie par les violences, certains ont reporté sur leur communauté les brutalités endurées et ont abusé de substances illicites. Les pensionnats ont des conséquences visibles encore aujourd'hui: les enfants des Premières Nations ont 12 fois plus de chances que les autres d'être placés dans une famille d'accueil.
Cindy Blackstock affirme qu'ils sont plus nombreux à être placés aujourd'hui que du temps des pensionnats, notamment à cause de la pauvreté, des logements insalubres et des problèmes de dépendance. La marginalisation des communautés autochtones n'est pas un chapitre refermé de notre histoire. Le taux d'emploi de la jeunesse autochtone est inférieur de 6,2 points à celui des jeunes non autochtones, et près de 18,8 % de la main-d'oeuvre autochtone n'a pas terminé ses études secondaires, soit près d'une personne sur cinq. Près d'un Autochtone sur cinq fait face à l'insécurité alimentaire. Dès lors, le désespoir des jeunes membres des Premières Nations et des Inuits devient compréhensible.
Dans un article paru au début du mois, Cindy Blackstock déclarait ceci:
[Traduction]
Pour se réconcilier, il ne suffit pas de présenter des excuses deux fois.
[Français]
J'espère que le gouvernement libéral se souviendra de ces mots.
Même si le portrait actuel des problèmes auxquels font face les jeunes des Premières Nations est sombre, il existe de nombreux services, partout au pays, qui sont prêts à les aider si on leur donne suffisamment de moyens.
Je reprendrai le cas d'Akwesasne. Les Services à l'enfance et à la famille d'Akwesasne ont reçu des évaluations favorables. Le Conseil mohawk d'Akwesasne a invité la Cour du Québec, qui est habilitée à s'occuper des dossiers d'enfants, à venir dans la réserve afin de comprendre la situation de visu. La rencontre a eu lieu en 2015.
Autrement dit, nous pouvons améliorer tous ensemble le sort des jeunes Autochtones. Ce n'est pas un slogan, c'est une réalité. C'est le devoir de la Chambre des communes de rappeler au gouvernement ses obligations, de corriger les torts de l'histoire et de ne pas abandonner une autre génération d'enfants des Premières Nations.
C'est la raison pour laquelle je suis heureuse d'annoncer que le Conseil mohawk d'Akwesasne soutient cette motion. Je serai fière de voter en faveur de cette motion, et j'espère que tous les députés le feront également. Si on parle de réconciliation et de l'amélioration du sort de tous les Canadiens, il faut penser aux Premières Nations. Il faut faire en sorte que les promesses qui ont été dévoilées à la Chambre par les libéraux, depuis les élections et pendant les élections, soient honorées.
Les Premières Nations ont subi assez de souffrance et de discrimination pour que l'on puisse mettre fin à ce chapitre. Il faut arrêter les préjugés et les craintes entre populations, afin que l'on ait une compréhension mutuelle et qu'il y ait enfin des liens sains entre les communautés
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Monsieur le Président, j'interviens à la Chambre aujourd'hui parce que les enfants des Premières Nations, les enfants métis et les enfants du Nord souffrent à l'heure actuelle. Leurs familles et leurs collectivités ont du mal à joindre les deux bouts. On refuse de leur donner des services adaptés à leur réalité culturelle. Par exemple, les autorités ne tiennent même pas compte du fait que les enfants et les adolescents ont comme langue maternelle le cri, le déné, le michif ou une autre langue lorsque leurs familles tentent d'obtenir de l'aide pour prendre soin d'eux.
Les réalités du Nord de la Saskatchewan sont rarement et à peine prises en compte. Je représente près de la moitié du territoire de la Saskatchewan. Les habitants du Nord de la province doivent franchir de longues distances. Dans ma circonscription, la localité de Sandy Bay est aux prises avec une épidémie de suicides depuis une dizaine d'années. Les familles doivent souvent faire un long trajet de six à huit heures pour se rendre à Saskatoon, où elles peuvent obtenir l'aide dont elles ont besoin.
Dans ma circonscription, la nation de Fond du Lac vit dans une réserve accessible uniquement par avion. Le prix du billet d'avion entre cette localité et Prince Albert ou Saskatoon est très élevé. Le coût de la vie et le prix des aliments sains comme les fruits et les légumes sont exorbitants. Les familles ne peuvent tout simplement pas subvenir aux besoins de leurs enfants, de leurs adolescents et de leurs aînés.
Cette année, l’épicerie de la nation Pelican Narrows a été la proie des flammes. Depuis, la réserve et les communautés avoisinantes n’ont accès à aucune épicerie, car la North West Company a reporté son engagement à reconstruire le magasin. Entre temps, la vaste majorité des résidents doit parcourir de longues distances pour aller se procurer des vivres. Imaginez un instant; les enfants et les jeunes ont faim en permanence.
Depuis que nous avons élevé la voix à propos des difficultés que vivent les communautés autochtones dans le Nord de la Saskatchewan, mon bureau a reçu des appels téléphoniques, des courriels, des messages Facebook et Instagram, ainsi que de la correspondance des jeunes et de leurs familles qui sont désireux de me raconter leurs douloureux récits. Par exemple, j’ai été en contact avec des familles et leurs voisins qui sont très affectés par les quatre récents suicides commis dans les communautés autochtones de Stanley Mission et de Deschambault. La plus jeune, âgée de dix ans, est décédée mardi dernier et nous attendons toujours de connaître les décisions définitives sur la cause de ces terribles tragédies.
Nous devons nous demander ce que nos enfants voient. Les enfants autochtones, particulièrement les filles, voient-ils un pays qui favorise leur importance intrinsèque, autant en paroles qu’en actes? Quand ils regardent les nouvelles et consultent leurs fils Facebook et Twitter, voient-ils nos divers paliers de gouvernement et ceux en position d’autorité transmettre le message que leur vie en vaut la peine? La surreprésentation actuelle des enfants autochtones partout au pays et les taux alarmants de femmes autochtones disparues et assassinées imposent un moment de réflexion.
C’est la raison pour laquelle je veux parler en faveur de la motion de l'opposition présentée par mon collègue, le député de . J’aimerais le remercier de s’être porté à la défense des enfants autochtones et métis.
Au Canada et surtout dans ma circonscription, les Premières Nations, les Métis et les résidants du Nord avaient beaucoup d’espoir après avoir entendu le langage utilisé par le Parti libéral. Les aînés étaient ravis d’entendre les mots « nation à nation ». Les enfants, les jeunes et leurs familles étaient remplis d’espoir en entendant les mots « vrai changement ». Un an plus tard, ces mêmes aînés et ces mêmes familles se sentent frustrés et se questionnent sur l’engagement du gouvernement libéral à l’égard des relations nation à nation avec les Premières Nations, les Métis et les résidants du Nord. L’espoir s’effrite.
Le gouvernement ne reconnaît pas l’urgence d'exiger les services dont les Premières Nations, les Métis et les communautés du Nord ont besoin. Lorsque j’étais mairesse du village nordique de La Loche, j’ai collaboré avec des organismes gouvernementaux et les écoles locales sur ce thème précis. Les adolescents de 14 à 18 ans qui étaient en foyer d’accueil, et qui le sont toujours, se promènent de foyer en foyer ou sont littéralement sans-abri. Lorsque j’étais présidente de l’association de New North, les maires et les conseils de 34 municipalités nous racontaient des histoires semblables.
La majorité de ces enfants et de ces jeunes ont leur carte d'Indien inscrit. Ils sont donc considérés comme des membres des Premières Nations vivant dans les villes. Cela signifie qu'ils ont très peu de soutien, si tant est qu'ils en aient.
Voilà qui m'amène à la question de la pénurie de foyers d'accueil dans ma circonscription. Quand un enfant est appréhendé, il est placé dans un foyer surpeuplé ou retiré de la communauté et envoyé là où on trouve un foyer d'accueil. Par exemple, quand j'ai rendu visite à la nation de Hatchet Lake, il y a quelques mois, on m'a rapporté qu'un foyer abritait 21 personnes, dont de jeunes enfants. Qui plus est, dans le Nord de la Saskatchewan, le groupe de soutien des familles d'accueil ne cesse de réclamer du soutien pour former ces familles et travailler avec elles.
La décision rendue par le Tribunal canadien des droits de la personne le 25 janvier était claire. Le gouvernement canadien a été jugé coupable de discrimination raciale à l'endroit de dizaines de milliers d'enfants des Premières Nations pour avoir systématiquement sous-financé les services fédéraux qui leur sont offerts. Le tribunal a demandé au gouvernement libéral de prendre des mesures immédiates, à moyen terme et à long terme pour que les enfants autochtones puissent recevoir les soins auxquels ils ont droit. Ces enfants sans défense ont le droit de se sentir en sécurité et valorisés, d'être bien traités et d'avoir les mêmes possibilités que tout le monde.
En choisissant de ne pas interjeter appel, le gouvernement libéral a accepté toutes les obligations juridiques découlant de la décision. Le tribunal a cependant émis deux ordonnances exécutoires parce que le gouvernement n'a pas respecté ses obligations juridiques et morales envers les enfants des Premières Nations. En fait, au lieu de remplir les obligations prescrites par la cour, le gouvernement actuel a plutôt continué à se battre contre les enfants des Premières Nations devant les tribunaux.
Je demande encore une fois au gouvernement ce qu'il fait de sa promesse d'établir une relation de nation à nation, qu'il s'était engagé à tenir, quand il fait preuve d'un manque flagrant d'empressement à se soumettre à la décision de la cour.
S’agissant de promesses brisées, le non-respect d’un jugement du tribunal est une entorse directe à un appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation pour protéger les enfants. Ce premier appel à l’action exige que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux réduisent le nombre d’enfants autochtones pris en charge au Canada. Il précise que les gouvernements octroient « des ressources adéquates pour permettre aux communautés autochtones et aux agences de protection de l’enfance de garder les familles unies là où la sécurité des enfants est assurée, et de maintenir les enfants dans des environnements culturellement appropriés, quel que soit leur lieu de résidence ».
Le tribunal a statué que le gouvernement fédéral fait preuve de discrimination à l’endroit de 163 000 enfants autochtones en ce qui concerne les services de protection à l’enfance offerts dans les réserves. À cause de l’effet cumulatif de cette pratique intentionnelle et discriminatoire, des enfants ont été transférés de leur milieu familial vers des foyers d’accueil, et beaucoup languissent dans des systèmes de protection à l’enfance pour non-Autochtones.
À titre d’exemple, mentionnons le cas de Maryann Napope, de la Première Nation One Arrow, qui s’acharne depuis des années à obtenir la garde de ses petits-enfants. Rien ne lui ferait plus plaisir que de voir sa famille réunie et de s’occuper de ses petits-enfants, mais le système des foyers d’accueil a été un échec pour elle et sa famille. Ses petits-enfants ont été mis en adoption sans le consentement de la mère. Ils ont été victimes des failles du système des enfants placés en foyer d’accueil. Elle a affirmé être déterminée à poursuivre son combat pour retrouver ses petits-enfants. Il ne s’agit là que d’un récit parmi tant d’autres.
D’ailleurs, en Saskatchewan seulement, 87 % des enfants en foyer d’accueil sont autochtones. Ce chiffre est très alarmant et on pourrait réduire ce nombre si le gouvernement actuel adoptait une fois pour toutes le principe de Jordan comme l’ordonne le tribunal. Ce principe repose sur le fait que les enfants autochtones devraient être en mesure d’avoir accès aux mêmes services gouvernementaux que les enfants non autochtones et que nous ne devons pas permettre à ces conflits de compétences de venir entraver la prestation de ces services à l’enfance.
Je conclurai en disant que j’appuierai la motion de mon collègue mardi prochain, et j’invite les députés à adopter cette motion à l’unanimité. Un vote en faveur de la motion est un vote pour les enfants autochtones, pour leur sécurité et pour leur reconnaissance. Le Parlement doit intervenir et ordonner au gouvernement de réparer cette erreur de longue date, car nous ne pouvons pas manquer à nos obligations envers une autre génération d’enfants autochtones.
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Monsieur le Président, je remercie tous les députés qui ont contribué à l'important débat tenu aujourd'hui à la Chambre des communes au sujet des enfants autochtones de partout au Canada. Je veux contribuer à ce débat.
L'actuel gouvernement a promis de renouveler les relations avec les peuples autochtones et s'est engagé à travailler en partenariat en vue de régler les graves problèmes de discrimination dont les Autochtones sont la cible depuis des générations, en particulier les enfants.
Encore une fois, nous nous réjouissons de la tenue du débat de ce côté-ci de la Chambre parce qu'il nous permet de mettre en lumière les problèmes qui existent et la nécessité de faire une réforme des services à l'enfance et à la famille qui sont offerts aux Premières Nations. Il s'agit là d'un des objectifs du gouvernement. Nous le prenons au sérieux et sommes résolus à le réaliser. J'assure à tous les députés que le gouvernement reconnaît qu'il s'agit d'un besoin pressant auquel nous devons répondre sans tarder.
Notre priorité absolue est le bien-être des enfants et nous demeurons résolus à travailler en collaboration afin de nous conformer aux ordonnances du Tribunal canadien des droits de la personne, dont il est question dans la motion à l'étude aujourd'hui. Nous nous sommes clairement engagés à améliorer la situation des communautés autochtones. C'est pourquoi d'ailleurs nous avons accueilli favorablement la décision du tribunal et travaillé diligemment et en partenariat pour y donner suite.
Nous n'allons pas défendre les actions du gouvernement précédent et la négligence dont il a fait preuve à l'endroit des peuples autochtones. L'actuel gouvernement est tourné vers l'avenir et impatient de répondre aux besoins importants et pressants des enfants et des communautés autochtones.
Nous savons que le système d'aide à l'enfance et à la famille offert aux peuples autochtones ne fonctionne pas et doit être remanié. J'aurais espéré que le député mentionne la nécessité d'une telle réforme dans la motion présentée aujourd'hui, parce que je sais qu'il estime qu'elle doit avoir lieu.
Le gouvernement estime qu'un vrai changement pour les enfants et les familles des Premières Nations ne pourra porter ses fruits que si tous les partenaires participent à l'élaboration des mesures qui seront prises, y compris les jeunes, les dirigeants, les enfants et les familles des Premières Nations, les principaux organisateurs, les fournisseurs de services, les ministères fédéraux, ainsi que les ministères provinciaux et territoriaux.
Nous entendons procéder à un remaniement en profondeur du programme conçu avec et pour les Premières Nations et nous tendons la main à tous les partenaires au pays pour les encourager à s'exprimer et à faire des suggestions pour la réforme. À cette fin, nous solliciterons les députés provinciaux, et c'est la raison pour laquelle ce débat est devenu important si nous voulons obtenir leur avis.
Le gouvernement est déterminé à mettre fin au statu quo, et nous prenons des mesures pour corriger la situation des enfants et des familles des Premières Nations. Ils méritent un gouvernement qui non seulement s'engage à réformer et à transformer les services à l'enfance et à la famille dans les Premières Nations au Canada, mais aussi qui agira, les consultera et redressera la situation pour eux. Il est temps que nous procédions à une réforme qui profitera aux personnes qui en ont vraiment besoin.
Depuis trop longtemps, les décisions sont imposées d'en haut. C'est ce qui explique que les choses en soient rendues là dans notre pays, et que bien des collectivités des Premières Nations, inuites et métisses se sentent négligées. Dans les faits, elles l'ont été, et pas seulement leurs enfants, mais l'ensemble de leur communauté. Elles méritent un gouvernement conscient de l'urgence de la situation, et c'est ce que nous leur offrons.
Dans l'immédiat, cette année, nous avons proposé des investissements pour les enfants et les familles dans les réserves. Nous savions que ces fonds étaient nécessaires et urgents.
Dans le budget de 2016, nous avons prévu des investissements considérables dans les services à l’enfance et à la famille des Premières Nations, y compris un investissement de près de 635 millions de dollars d'argent frais sur cinq ans, dont 71 millions de dollars investis dès cette année pour répondre aux besoins immédiats et fournir des services de prévention supplémentaires dans chaque province et dans le territoire du Yukon. C'est un investissement sans précédent qu'aucun gouvernement n'a fait avant nous, mais nous l'avons fait en moins de 12 mois parce que nous prenons au sérieux nos responsabilités et nos obligations envers les enfants et les peuples autochtones du pays. Nous agissons.
Par ailleurs, dans le cadre du Programme des services à l’enfance et à la famille des Premières Nations, nous avons prévu des investissements d'urgence pouvant aller jusqu'à 382 millions de dollars au cours des trois prochaines années afin de mettre en oeuvre une nouvelle stratégie d'application du principe de Jordan. Cette nouvelle approche comprendra une meilleure coordination des services et un fonds pour le règlement des problèmes d’accès aux services. Ces mesures permettront aux enfants des Premières Nations d'avoir accès aux soins et à l'aide dont ils ont besoin, et au Canada d'intervenir efficacement en ce sens.
Je pourrais en parler longtemps, mais je vais partager mon temps de parole avec la députée de ; je sais que c'est un sujet qui la passionne énormément. Cependant, il y a quelques aspects que j'aimerais aborder avant de conclure.
Dans un pays comme le Canada, aucun tribunal ne devrait pouvoir conclure que les enfants autochtones sont victimes de discrimination raciale systémique et d'actes discriminatoires. Il est honteux qu'un tribunal canadien ait eu à rendre un tel jugement. Le gouvernement actuel sera le premier à intervenir pour mettre fin à ce problème et veiller à ce qu'il n'y ait plus de discrimination systémique au Canada à l'endroit d'enfants inuits et métis ainsi que d'enfants des Premières Nations, qu'ils vivent dans une réserve ou non.
Les tribunaux ont rendu cette décision à cause du gouvernement précédent qui, pendant une décennie, sous le premier ministre Harper, n'a pas vu l'intérêt d'investir dans les enfants des Premières Nations, les enfants inuits et les enfants métis au Canada, dans les collectivités où ils vivent ou même dans les habitants de ces nombreuses collectivités d'un bout à l'autre du pays. Le gouvernement précédent n'a pas cessé de réduire le financement qui leur était destiné, au lieu de l'augmenter. Il est resté aveugle au sort des enfants dans ces collectivités, qui ne recevaient pas assez de fonds et étaient laissés dans la pauvreté. Seul le gouvernement actuel réclame de véritables réformes et procède à de réelles réformes des services à l'enfance et à la famille pour les Premières Nations du Canada.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre estiment qu'aucun gouvernement ne devrait avoir recours aux tribunaux pour refuser des services à des enfants, mais c'est ce qu'a fait le gouvernement précédent. Les conservateurs font peut-être de beaux discours et ont peut-être changé d'idée aujourd'hui, mais il est décevant de constater qu'ils ont également lutté contre ces enfants devant les tribunaux, afin de ne pas avoir à accroître le financement accordé aux Premières Nations et aux enfants autochtones dans notre pays.
Nous sommes déterminés à réformer le système et à appuyer les Premières Nations. Nous allons poursuivre nos efforts en ce sens et nous allons poursuivre nos efforts afin d'aider les familles et les enfants autochtones.
Dans ma circonscription, nous parlons des pensionnats indiens, du fait de retirer des enfants de leur communauté et de la rafle des années soixante, mais je constate, lorsque je regarde autour de moi, qu'il y a plus d'enfants que jamais qui sont pris en charge par les services sociaux dans les collectivités que je représente et dans de nombreuses autres collectivités autochtones au pays. Il faut mettre un frein à cette situation. Nous devons aider les enfants à demeurer dans leurs propres collectivités, nous devons aider les familles à demeurer unies et nous devons aider les enfants à grandir dans la culture qui est la leur.
Je vois trop d'enfants être emmenés ou envoyés ailleurs et des familles non autochtones recevoir plus d'argent pour s'occuper d'enfants autochtones que n'en reçoivent les familles autochtones elles-mêmes. Voilà les problèmes qu'il faut régler, et c'est ce que nous nous employons à faire.
Je suis fière du travail accompli par le gouvernement pour aider les enfants des Premières Nations, ainsi que les enfants inuits et métis du Canada. Nous allons poursuivre nos efforts en ce sens.
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Monsieur le Président, je suis ravie de prendre part au dialogue très important que nous avons aujourd’hui sur les enfants des Premières Nations. Mes remarques porteront essentiellement sur la santé et le bien-être de ces enfants et sur les efforts que déploie le gouvernement pour améliorer la santé et le bien-être des enfants autochtones et de leur famille vivant en dehors des réserves, mais je répondrai aussi à certaines des questions posées par l’opposition.
Nous le savons, les enfants sont l’avenir des collectivités et il est pour nous vital de créer pour eux des environnements constructifs qui les amèneront à exploiter tout leur potentiel sur les plans physique, mental, culturel et intellectuel. Nous savons que la population autochtone est jeune et qu’elle grandit beaucoup plus rapidement que le reste de la population canadienne. En fait, il y avait, en 2011, plus de 120 000 enfants autochtones de moins de six ans au Canada. Par ailleurs, plus de 75 % de la population autochtone vit en dehors des réserves.
Nous savons que les Autochtones sont plus susceptibles de connaître la pauvreté et la violence conjugale, d’être sans-abri, d’être handicapés, d'être atteints de maladies chroniques et infectieuses et d’avoir des idées suicidaires. Dans ce contexte, nous devons travailler ensemble pour aider ces enfants. J’insiste sur le mot « ensemble ». Nous, tous les ordres de gouvernement, les peuples autochtones et les organisations non gouvernementales, devons travailler ensemble pour aider tous les enfants autochtones à être en bonne santé et résilients. Nous devons mettre sur pied des systèmes et des modes de soutien pour que les enfants autochtones soient bien appuyés et qu’ils aient des familles et des communautés en santé.
Notre gouvernement reconnaît que le fait d’investir dans le développement d’un enfant dès ses premières années mène à une meilleure santé à long terme. Voilà pourquoi nous investissons 112 millions de dollars par année dans des programmes pour aider au développement et à la bonne santé des enfants fragiles et de leur famille qui vivent hors réserve.
Nous avons le Programme d’action communautaire pour enfants, le Programme canadien de nutrition prénatale ainsi que le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones en milieu urbain et non urbain. Si je me souviens bien, ce programme a été mis sur pied par le gouvernement Chrétien, en 1994. Il existe donc depuis assez longtemps. Ces programmes aident les enfants à se préparer pour l’école, à améliorer leur santé physique et psychologique tout au long de leur vie. Ces trois programmes appuient les mesures de prévention familiale et de promotion de la santé, ainsi que les activités visant les membres vulnérables des communautés, surtout dans les zones urbaines où il y a des enfants autochtones à risque.
Le Programme d’action communautaire pour les enfants et le Programme canadien de nutrition prénatale, lequel vient aussi en aide aux mères après l’accouchement, ont donné de très bons résultats. Nous voulons donc les maintenir. Ces programmes touchent des facteurs clés qui déterminent les chances de vivre en bonne santé, tels que le développement sain des enfants, l’alimentation, la sécurité alimentaire, la prévention des blessures, l’activité physique, le rôle parental et la promotion d’une bonne santé mentale.
Bien que ces programmes aient connu leur part de succès, je serais l’une des premières à dire qu’ils ne nous ont pas encore menés là où nous souhaitons aller en ce qui a trait aux meilleurs résultats pour les enfants autochtones. Ces programmes nous permettent d’obtenir un grand nombre de données sur la santé et constituent une plateforme essentielle pour transmettre des pratiques et des connaissances fondées sur des données factuelles. Ils deviennent donc des programmes d’éducation et de sensibilisation qui nous aident à rejoindre des populations qui sont fragilisées dans les systèmes de soins de santé plus larges et d’autres systèmes.
En plus d’un soutien en santé, ces programmes fournissent aussi un soutien social. Ils aident aussi à promouvoir la bonne santé et le sain développement social des femmes et de leurs enfants. Nous savons que plusieurs familles qui profitent de ces programmes, surtout dans les communautés autochtones, se butent à des défis comme le faible revenu, la monoparentalité, l’isolement social ou géographique, l'éloignement, la violence, la négligence ou la toxicomanie. Chacun de ces éléments pose des défis spécifiques que nous devons confronter. Ils sont tous intrinsèques à l’histoire des peuples autochtones et au traitement qu’ils ont subi au fil des ans. Surmonter ce genre de situation systémique est un immense défi et une importante part de ce que nous faisons.
Tout cela nuit à la capacité des jeunes enfants de grandir et de devenir des adultes responsables, forts et sûrs d'eux. Nous savons cependant que de nombreux autres systèmes rendent cela difficile. Comme il s'agit d'un problème généralisé, les programmes sociaux et de santé ne suffiront pas à changer les choses. Il s'agit de faire comprendre aux collectivités de tous les coins du pays les réalités propres à la vie des Autochtones, qui ont des répercussions sur leurs enfants, leurs familles et leur capacité à réussir.
Les institutions qui entretiennent la discrimination et le racisme systémiques envers les Autochtones sont au coeur de ce qu'il faut modifier. Le système est très difficile à changer. Nous y travaillons et nous continuerons à le faire parce que nous sommes déterminés à y parvenir.
Par ailleurs, nous savons que certains programmes sont utiles. Le Programme canadien de nutrition prénatale est implanté dans environ 2 000 collectivités d'un bout à l'autre du pays et touche à peu près 50 000 femmes enceintes et fournisseurs de soins qui s'occupent des enfants. Nous cherchons à promouvoir l'allaitement, à favoriser une meilleure alimentation, de meilleurs soins prénataux et la prise de vitamines pour assurer le bon déroulement de la grossesse, et nous encourageons les femmes enceintes à réduire leur consommation d'alcool et de tabac et à prendre soin de leur santé, parce que nous savons que la santé des bébés et des enfants dépend de celle de la mère.
La promotion de la santé, l'éducation, la préparation à l'école, la promotion d'une saine alimentation et la protection de la langue et de la culture autochtones sont six piliers fondamentaux. La perte du sens d'identité compte pour beaucoup dans ce qui est arrivé aux peuples autochtones au cours de l'histoire du pays. Ils se sont fait dire qu'il était mal et primitif d'être un Autochtone, de conserver sa langue et sa culture et de commencer à se sentir libre d'adopter les coutumes propres à sa culture.
Nous devons maintenant reconnaître que ces services sont importants pour faire progresser les familles et les enfants autochtones. Il importe de fournir ces services en milieu urbain, où les enfants autochtones ne forment qu'une partie de la population et où ils ont tendance à perdre leurs repères. À l'école, ils font l'objet de discrimination de la part de leurs camarades. Ils vont à l'école alors qu'ils ne sont pas prêts à le faire.
Le gouvernement a pris un engagement vraiment important. C'est un peu comme tenter de faire faire un demi-tour au Titanic dans le canal Rideau. Il nous reste énormément de travail à faire. Nous devons tenter de changer un très grand nombre de systèmes et d'institutions. Cela ne veut pas dire que nous n'y arriverons pas, mais il nous faudra beaucoup de temps pour bâtir les partenariats nécessaires et pour sensibiliser la société dans son ensemble.
Par exemple, dans 133 localités du pays, nous fournissons ce type de financement à des organisations autochtones communautaires pour les aider à mettre en place des services de garde et des programmes destinés aux parents et aux enfants. Nous tendons ainsi la main à certains des enfants les plus vulnérables du pays.
M'étant moi-même intéressée de très près aux enjeux touchant les Autochtones en milieu urbain dans ma ville, Vancouver, je sais que ces services sont vraiment importants. Nous devons rencontrer les responsables des écoles et des conseils scolaires pour faire ressortir les besoins des enfants autochtones. Au moyen de certains de ces programmes, dont le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones, le gouvernement tente de modifier les effets et les résultats, dans l'intérêt des enfants autochtones.
Nous devons voir comment les enfants qui participent au Programme d'aide préscolaire aux Autochtones en milieu urbain peuvent connaître du succès à l'école et y demeurer, y compris à l'école secondaire, et peut-être un jour faire des études postsecondaires.
Nous devons continuer de reconnaître que les comportements culturels et l'acquisition des langues autochtones aident énormément les enfants autochtones à devenir des personnes qui sont fortes et autonomes et qui ont confiance en elles-mêmes.
La motion que l'opposition a présentée aujourd'hui demande au gouvernement de respecter la décision du Tribunal canadien des droits de la personne. Je me suis concentrée sur la santé parce que je suis médecin et que je connais ce secteur et que je comprends ce qui s'y passe. Il va sans dire que des enfants en santé, sur les plans mental et physique, deviendront des adultes capables d'améliorer leur vie.
Quoi qu'il en soit, je tiens à ce que les députés sachent que le gouvernement a accepté de former des partenariats, qu'il en conclut actuellement et qu'il apporte les changements nécessaires pour mettre en place l'infrastructure physique et sociale voulue. De plus, il collabore avec d'autres ordres de gouvernement pour respecter la décision du tribunal. Le gouvernement s'engage à faire le nécessaire à cet égard.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un honneur de parler de la motion dont nous débattons aujourd’hui.
Je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de .
Si nous avions vécu il y a 109 ans, nous aurions pu prendre connaissance dans ce qui est maintenant l'Ottawa Citizen d’un rapport rédigé par un médecin de santé publique reconnu concernant une enquête qu’il venait de mener sur la santé des enfants placés dans les pensionnats. Ce rapport montrait que, dans un pensionnat en particulier, 76 % des enfants étaient morts. En 1907, le ministère des Affaires indiennes accordait moins d’argent pour lutter contre la tuberculose dans toutes les collectivités autochtones que ce qui était alloué pour combattre cette maladie à Ottawa. Le rapport montrait clairement que le gouvernement savait que les Autochtones ne recevaient pas les traitements appropriés pour cette maladie, mais n’a rien fait pour corriger cette injustice.
Cela brise le cœur que, 109 ans plus tard, nous tenions encore le même débat ici. Nous en parlons aujourd’hui parce qu’en janvier dernier, le Tribunal canadien des droits de la personne a rendu une décision exécutoire historique dans laquelle il a établi que le gouvernement du Canada a fait de la discrimination raciale contre 163 000 enfants des Premières Nations. Ainsi, il n’a pas fourni aux enfants vivant dans les réserves des services de bien-être d’aussi bonne qualité que ceux dont les autres enfants ont pu profiter et il ne leur a pas donné un accès égal aux services publics à cause de formalités administratives beaucoup trop lourdes. Le gouvernement n’en appellera pas de cette décision, et je l’en félicite, mais ce ne sont que des mots. Ce dont les enfants de notre pays ont désespérément besoin, ce sont des actes.
Il vaut la peine de se rappeler comment nous en sommes arrivés là. Les données du gouvernement montrent qu’à la fin des années 1990, la proportion d’enfants confiés aux services sociaux s’est élevée de 71 % au cours d’une période de six ans parce que le gouvernement n’avait pas investi dans des services de prévention pour garder les enfants chez eux en toute sécurité. Un rapport du gouvernement a montré qu’en 2000, les enfants vivant dans les réserves recevaient des services équivalant à 78 ¢ par dollar comparativement aux enfants non autochtones. Au lieu d’intervenir réellement, le gouvernement a commandé un autre rapport. Ce nouveau rapport a révélé que les enfants autochtones recevaient encore moins, soit seulement 70 ¢ par dollar.
En 2005, un petit garçon se trouvait dans un hôpital au Manitoba. Âgé de seulement 5 ans, Jordan Anderson était né avec de graves problèmes de santé. Après deux ans passés à l’hôpital, sa santé s’était stabilisée et il était prêt à aller vivre chez lui pour la première fois. La plupart des enfants dans une telle situation auraient été envoyés chez eux et le gouvernement provincial se serait occupé des frais des soins de santé dont ils auraient eu besoin, mais Jordan Anderson était autochtone et il est resté à l’hôpital pendant qu’Ottawa et le gouvernement du Manitoba se querellaient pour savoir qui allait payer les frais des soins à lui prodiguer. Pendant que les gouvernements se querellaient, Jordan est mort, sans jamais avoir pu passer une seule journée à la maison.
C’est en sa mémoire que nous demandons au gouvernement aujourd’hui de mettre en oeuvre intégralement ce que nous appelons le principe de Jordan. Le principe, qui va de soi pour tous les Canadiens, veut que, lorsque des différends éclatent entre des gouvernements concernant des soins à prodiguer à un enfant, la priorité soit donnée au bien-être de l’enfant et non aux formalités administratives. Cela signifie qu’il faut payer pour les soins de santé d’un enfant d’abord et, ensuite, laisser les adultes se quereller pour déterminer quel budget devrait assumer ces frais. Toutefois, le principe de Jordan, qui est clair comme de l’eau de roche pour les Canadiens, est encore quelque peu difficile à accepter pour le gouvernement libéral; je vais en parler dans un instant. Cette question faisait l’objet de la troisième des mesures demandées par la Commission de vérité et réconciliation, que le gouvernement libéral s’est engagé à mettre pleinement en oeuvre.
Deux ans après la mort de Jordan Anderson à l'hôpital, la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada a entamé des poursuites contre le gouvernement du Canada devant le Tribunal canadien des droits de la personne. Dans les 30 jours suivant cette contestation, le gouvernement conservateur de M. Harper a mis fin au financement de base de la Société, qui a dû notamment réduire son personnel de moitié et effectuer elle-même ses travaux d'entretien, mais elle n'a pas abandonné. Elle a poursuivi son travail.
Le 29 janvier dernier, sa persévérance a finalement été récompensée. J'aimerais citer la décision juridiquement contraignante du tribunal, qui dit que « les enfants et les familles des Premières Nations vivant dans les réserves et au Yukon sont victimes de discrimination à l’occasion de la fourniture des services à l’enfance et à la famille » par le gouvernement. La décision dit que l'objectif n'est pas de punir le gouvernement, mais de mettre fin à cette discrimination.
L'article 53 de la Loi canadienne sur les droits de la personne permet au tribunal d'ordonner à une personne trouvée coupable d’un acte discriminatoire de mettre fin à l’acte et de prendre immédiatement des mesures de redressement ou des mesures destinées à prévenir des actes semblables, et d’accorder à la victime, dès que les circonstances le permettent, « les droits, chances ou avantages » dont la discrimination raciale l'a privée.
Une ordonnance exécutoire a été rendue par un tribunal administratif. Or, tant que cette ordonnance ne sera pas invalidée à la suite d'un contrôle judiciaire ou d'un appel devant un tribunal supérieur, elle a valeur de loi. Nous n'avons pas davantage à nous demander si nous allons nous y conformer ou pas que s'il s'agissait d'une ordonnance dans une affaire criminelle. Cette ordonnance a force de loi, tant et aussi longtemps qu'elle ne sera pas invalidée par un tribunal supérieur. Or, elle n'a jamais été invalidée.
Le tribunal a donné un ordre au gouvernement du Canada. Il a ordonné « à [Affaires autochtones] de cesser ses pratiques discriminatoires et de réformer [ses programmes] [...] de manière à tenir compte des conclusions de la décision ». Il lui a aussi ordonné de « cesser d'appliquer une définition étroite du principe de Jordan et de prendre immédiatement des mesures pour pleinement mettre en oeuvre le sens et la portée de ce principe ». Voilà ce que dit l'ordonnance exécutoire rendue par un tribunal administratif canadien.
C'est parce que le gouvernement n'a pas pris les mesures qu'il avait reçu l'ordre de prendre et qu'il a omis de se conformer à deux autres ordonnances, en avril et en septembre, que nous avons saisi le Parlement du Canada de cette motion. C'est ici, après tout, que les élus canadiens ont voté en 2007 pour que le principe de Jordan soit adopté intégralement. Il n'y avait rien d'équivoque là-dedans.
Dans l'une des ordonnances exécutoires adressées au gouvernement, on mentionnait que le Parlement appliquait le principe à tous les enfants autochtones, et pas seulement à ceux vivant dans une réserve, et que la définition plus étroite du gouvernement « entraînera probablement des manques pour les enfants autochtones et n'est pas conforme à la décision. »
Je me permets de citer l'ordonnance exécutoire la plus récente afin de voir si les députés remarqueront une quelconque ambiguïté: « [...] conformément à la motion adoptée à l'unanimité par la Chambre des communes, le Tribunal ordonne à AANC d'appliquer immédiatement le principe de Jordan à tous les enfants autochtones [...] »
Cindy Blackstock a déclaré que, par ses actions, le gouvernement indiquait qu'il se croyait au-dessus des lois et que celles-ci font fi des enfants autochtones. Voter pour la motion du NPD à l'étude aujourd'hui mettrait fin à cette situation et resserrerait l'écart entre les enfants autochtones et non autochtones. Il s'agit d'un vote en faveur du principe selon lequel les Canadiens doivent mettre de côté leurs différences afin d'accorder la priorité au bien-être des enfants. Il s'agit d'un vote pour mettre fin aux batailles juridiques stériles contre les familles — chose urgente s'il en est une.
Le gouvernement n'a tout simplement pas d'autre choix que d'obéir aux ordonnances exécutoires du Tribunal canadien des droits de la personne. Ces ordonnances sont contraignantes juridiquement et moralement, et d'autres tergiversations, d'autres consultations et d'autres rapports n'y changeront rien. Nous devons faire mieux, pour le bien de tous les enfants du Canada, autochtones et non autochtones.
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Monsieur le Président, je suis très fière d’intervenir aujourd’hui à la Chambre pour parler d’une motion qui souligne l’importance vitale d’accorder la priorité aux enfants autochtones du Canada.
Je me souviens aujourd’hui de ma grand-mère Minnie qui, de 4 à 16 ans, a vécu dans le pensionnat indien de Lejac et qui me disait: « Ne nous plaignons pas, car nous sommes toujours là. Ne l’oublie jamais. »
Je me souviens également de mon père qui n’a pas été dans un pensionnat indien, mais qui en a vécu les conséquences tous les jours de sa vie au sein de sa famille et dans le monde qui l’entourait. Lorsque j’étais petite fille, il me racontait que les films de cow-boys et d’Indiens ne reflétaient pas la réalité et que les bons, c’étaient les Indiens.
Je parle au nom de mon mari, qui a été au pensionnat indien de Mission. De sa fenêtre, il fixait tous les jours la rivière en prétendant que c’était l’océan au bord duquel il avait grandi. Il y a quelques années, il a sculpté un très beau masque qu’il a intitulé « Sortir l’Indien de l'enfant » qui symbolise, comme on le sait, l’histoire de notre pays. Exposé aujourd’hui à l’école intermédiaire Southgate de Campbell River, il rappelle cette histoire à tous les enfants.
Je parle aussi au nom de mes enfants et de mes petits-enfants, qui m'ont fait part du racisme dont ils font l'objet dans le monde d'aujourd'hui.
L'une des histoires les plus touchantes m'a été rapportée par mon fils. Lorsqu'il était en quatrième année à l'école primaire, pendant une période de bibliothèque, son enseignante a montré une photo aux écoliers et leur a demandé ce que cette photo représentait pour eux. Mon fils bien sûr a su immédiatement qu'il s'agissait d'un groupe d'enfants dans un pensionnat indien. Ce qui l'a le plus étonné, c'est qu'aucun autre écolier ne savait ce que représentait la photo. Après avoir examiné cette photo d'enfants qui semblaient tristes, les écoliers ont dit que les enfants étaient peut-être tristes parce qu'ils avaient raté une excursion scolaire ou qu'ils n'avaient pas aimé leur goûter. Mon fils a ressenti une vive douleur à l'idée que les autres écoliers ne connaissent pas cette partie de l'histoire de notre pays. Il a fini par dire qu'il s'agissait d'enfants qui vivaient dans des pensionnats indiens et qui voulaient retourner auprès de leur famille.
Je parle également au nom de ma tante Dean, chef héréditaire du clan des caribous de la nation de Stellako.
L'été dernier, mon personnel et moi-même, dans le cadre de notre engagement en vue de la réconciliation, avons participé à une formation intitulée « Il faut tout un village », tenue à la grande maison de Comox. Il s'agit d'une formation par l'expérience qui vise à faire comprendre aux personnes qui n'ont pas vécu cette expérience ce qui arrive réellement aux enfants envoyés dans des pensionnats indiens et aussi ce qui arrive aux collectivités lorsque leurs enfants sont partis.
Je me souviens d'un aîné, qui m'a dit de bien réfléchir à ce que ce serait de vivre dans ma collectivité, si chaque enfant âgé de 3 à 16 ans partait soudainement, et à l'incidence que cela aurait sur la collectivité. Lors de l'activité, les aînés m'ont offert une plume, que je conserve dans mon bureau. Cette plume me rappelle que je parle au nom des habitants de North Island—Powell River. Par conséquent, j'interviens également au nom d'Alberta Billy, de James Quatell, d'Evelyn Voyageur, de Mary Everson, de Jo-Ann Restoule, de Phil Umpherville, de David Somerville et des formateurs, Kathi Camilleri et Meredith Martin.
Ce rappel me confère la terrible et splendide responsabilité de prendre part au débat d’aujourd’hui. Mis à part le fait qu’elles ont consacré toute leur vie à leurs enfants, qu’ont en commun toutes ces personnes si importantes? Elles savent que l’avenir repose dans les mains des enfants. La Chambre doit prendre en compte cette réalité pour transformer la vie de ces enfants dont la douleur se perpétue de génération en génération. Nous devons avoir le courage de nous lever et d’affirmer notre volonté de faire ce qu'il faut pour mettre un terme à cette situation. Il est temps que la Chambre proclame sans aucune ambiguïté que les enfants autochtones sont importants.
Plus tôt cette année, le Tribunal canadien des droits de la personne a constaté que le gouvernement du Canada avait fait preuve de discrimination raciale à l’endroit de dizaines de milliers d’enfants des Premières Nations en sous-finançant systématiquement les services qui leur étaient fournis, mettant leur vie en danger. Voici l’une des plus douloureuses questions que de nombreux Autochtones m’ont posées: « Quand donc nos enfants auront-ils de l’importance? »
Le Tribunal a même rendu deux ordonnances exécutoires parce que le gouvernement ne respecte pas ses obligations juridiques et morales à l’endroit des enfants des Premières Nations.
Comme le gouvernement ne donne pas suite aux ordonnances judiciaires pour contrer la discrimination systémique à l’endroit des enfants des Premières Nations, nous demandons aujourd’hui au Parlement d’exiger qu’il redresse ce tort historique. Nous n’avons pas le droit de laisser tomber une autre génération d’enfants des Premières Nations.
La ministre parle d’améliorer le système de bien-être des enfants autochtones. La ministre sait qu’elle nous sert du réchauffé. De combien de nouvelles consultations et de nouvelles études avons-nous encore besoin?
Tous les jours à la Chambre nous débattons d’un problème affligeant les peuples autochtones. Je souhaite prendre une minute pour exprimer toute ma reconnaissance aux personnes qui vivent sur place et qui persévèrent dans leur travail. Ces personnes ne se rendent pas sur place pour faire des visites de courtoisie. Ces chercheurs ne se rendent pas sur place pour vérifier si leurs recherches ont été faites dans les règles. Ces personnes demeurent constamment sur place et elles constatent les effets cumulatifs des pensionnats autochtones et de la colonisation. Leur travail est harassant. Ces personnes n’abandonnent jamais. Je ne peux même pas imaginer à quel point cela doit être difficile.
La ministre siège ici depuis le gouvernement Chrétien. À cette époque, les rapports de deux commissions d’enquête ont décrit les très nombreuses lacunes du système. Ces rapports contenaient des recommandations. Le Canada n’a jamais mis sérieusement en oeuvre ces recommandations. À la place, le gouvernement du Canada continue de faire ce qu’il préfère: ordonner de nouvelles études, tenir de nouvelles consultations.
En 2005, une étude à deux volets a révélé que les enfants autochtones vivant dans les réserves recevaient 70 % des sommes affectées aux enfants non autochtones. Cela a été rappelé dans les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, dont voici le troisième:
Nous demandons à tous les ordres de gouvernement de voir à la pleine mise en oeuvre du principe de Jordan.
Comme l'a un jour déclaré Cindy Blackstock:
Nous avons besoin d'un gouvernement qui ne fait pas que parler, mais qui agit pour éliminer cette discrimination parce qu'il y a des enfants qui vivent présentement dans des conditions très difficiles.
Nous sommes en train de perdre une autre génération d'enfants des Premières Nations en raison de politiques fédérales déplorables, et cela doit cesser.
Les multiples poursuites judiciaires du gouvernement contre les familles sont honteuses. Si les relations avec les peuples autochtones sont celles qui comptent le plus pour le , qui est également le ministre de la Jeunesse, le gouvernement doit expliquer pourquoi il ne met pas fin immédiatement à la discrimination raciale dont sont victimes les enfants des Premières Nations.
Nous avons des exemples. Les services de santé fournissent les traitements orthodontiques médicalement nécessaires. Or, les demandes sont rejetées et contestées. J'ai le plaisir d'élever de magnifiques enfants autochtones. Quand nous sommes allés chez l'orthodontiste, on nous a dit qu'il faudrait essayer au moins trois fois et qu'il ne faudrait pas nous en étonner, que notre demande serait chaque fois refusée et que nous aurions à nous battre. Quand on se fait dire cela par un fournisseur de soins, on sait qu'il y a quelque chose qui ne va pas du tout.
Les enfants des Premières Nations ont une probabilité 12 fois plus élevée d’être placés en famille d’accueil pour des motifs de pauvreté, de logement insalubre et de toxicomanies qui trouvent leur origine dans le traumatisme des écoles résidentielles. Le coût d’un financement égal des services à l’enfance pour cette année est estimé à quelque 260 millions de dollars, un chiffre déterminé par Cindy Blackstock, pas par les tribunaux.
Après la décision du tribunal, le budget de 2016 du gouvernement libéral n’a prévu que 71 millions de dollars pour cette année. Ces fonds n’iront pas tous directement aux intéressés sur le terrain. Le gouvernement libéral a prévu une somme inférieure de 155 millions de dollars à celle nécessaire pour satisfaire à l’obligation légale et morale du Canada, la première année, pour les enfants et les services à l’enfance des Premières Nations, et il n’a même pas atteint le seuil qui avait été jugé nécessaire par le gouvernement Harper.
Il est temps. Il y a eu un véritable appel à l’action. Nous avons une histoire dans ce pays que nous devons rectifier et nous devons arrêter de faire payer à des enfants le prix de décisions prises il y a longtemps. Qu’attendons-nous que ces collectivités endurent encore? Nous devons régler ce problème et nous devons le régler maintenant.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Le débat auquel nous prenons part aujourd'hui est important.
Je viens d'une province où la question de la protection de l'enfance est au coeur des préoccupations depuis de nombreuses années. D'ailleurs, quand j'ai quitté l'Assemblée législative du Manitoba après 18 ans de service, le Bureau du protecteur des enfants a déclaré que la situation du Manitoba était critique dans ce dossier. C'était après de nombreuses années passées sous des gouvernements conservateurs et néo-démocrates.
Je souligne cela parce que, dans le débat d'aujourd'hui, je crois que nous perdons de vue l'importance de travailler en collaboration avec d'autres intervenants afin de faire du bien-être des enfants notre plus grande priorité.
J'ai écouté la , et je peux assurer aux députés — pour l'avoir côtoyée lorsqu'elle était dans l'opposition — que c'est une ministre qui a vraiment à coeur le bien-être non seulement des enfants autochtones, mais de tous les enfants.
En ce qui concerne la résolution proposée par mes collègues néo-démocrates, j'estime qu'elle ne tient pas compte de la question essentielle que des députés ont déjà abordée, soit la nécessité d'apporter du vrai changement et une véritable réforme dans ce dossier.
On ne saurait sous-estimer l'ampleur de ce grave problème.
Je mentionne tout cela, car je crois que le gouvernement a une feuille de route impeccable jusqu'à présent, mais il reste encore beaucoup à faire.
Quelques mois après l'arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir, l'une des premières choses qu'a faites le , c'est d'annoncer qu'une enquête serait tenue sur les quelque 1 200 femmes et filles autochtones assassinées ou portées disparues. C'est un dossier dont de nombreux autres députés et moi-même avons parlé pendant plusieurs années, et nous avons demandé à maintes reprises ici, à la Chambre, que le gouvernement prenne des mesures dans ce dossier. C'est le actuel qui, de concert avec son Cabinet, a pris la décision en quelques mois de lancer l'enquête. Il s'agit d'une enquête d'une importance cruciale, puisqu'elle nous permettra de mieux comprendre les difficultés auxquelles se heurtent les enfants dont nous parlons aujourd'hui.
Je constate que mon temps de parole est écoulé.