La Chambre reprend l'étude, interrompue le 22 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi . Je tiens à remercier le député de d'avoir récemment proposé un amendement au projet de loi C-23 dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je vais exposer les raisons pour lesquelles j'appuie cet amendement vu la conjoncture actuelle. Tout d'abord, je dois souligner que la situation qui existait lorsque le projet de loi a été rédigé et présenté n'est tout simplement pas la même que celle qui existe aujourd'hui. Bien franchement, la situation ne reviendra pas à ce qu'elle était de sitôt. Qu'est-ce qui a changé depuis? Je vais dire ce qui saute aux yeux pour la gouverne des députés ministériels, puisque, à mon avis, ils ont décidé de jouer à l'autruche et de faire abstraction de ce qui est en train de se passer sous leur nez.
À titre de porte-parole du NPD en matière d'immigration, de réfugiés et de citoyenneté, j'ai dû dénoncer à maintes occasions, depuis l'élection du président Trump, les politiques discriminatoires mises en oeuvre par nos voisins du Sud en matière d'immigration et de traitement des réfugiés. Malheureusement, en dépit des promesses d'accueil des immigrants et des réfugiés qu'a faites le , le gouvernement n'a pas joint le geste à la parole. En fait, le premier ministre a décidé de fermer les yeux sur la politique de la peur et de la division que l'administration Trump applique en ce qui concerne le traitement des immigrants et des réfugiés, en particulier les musulmans. Le gouvernement reste les bras croisés. Pire encore, le a même déclaré que rien n'avait changé. Or, tout le monde peut voir que bien des choses ont changé depuis l'avènement de Trump.
Des centaines de réfugiés ont été forcés de risquer leur vie — certains ont même perdu des membres à cause d'engelures — pour entrer illégalement au Canada à pied. Depuis l'élection de Trump, le nombre d'entrées illégales a plus que doublé et, dans certains cas, triplé. Les nouvelles politiques américaines suscitent une consternation permanente non seulement au Canada, mais également sur la scène internationale. Force est de se demander pourquoi des réfugiés sont prêts à risquer leur vie, voire à perdre des membres. Voici l'explication: ils sont désespérés parce que les États-Unis ne sont plus un pays d'asile pour eux.
Les collectivités frontalières s'efforcent de s'adapter à la situation. Hier, la province du Manitoba a annoncé qu'elle consacrera des ressources au logement et à la réinstallation de ces demandeurs d'asile. En fait, la province du Manitoba a réclamé une intervention coordonnée du gouvernement fédéral; pourtant, celui-ci brille par son absence.
Les Canadiens sont victimes de profilage racial à la frontière américaine et le est trop occupé, bien franchement, à lécher les bottes de M. Trump pour même attirer son attention sur la situation. Nous observons plutôt le nombre d'actes haineux grimper en flèche et nous constatons la présence de ce phénomène dans les collectivités partout au Canada.
Le premier ministre refuse d'intervenir et de dénoncer la politique de la peur et de la division de M. Trump. De nouveaux décrets seront bientôt signés et, jusqu'à présent, les médias laissent croire qu'ils seront extrêmement semblables aux décrets discriminatoires de M. Trump qui se sont soldés par un échec. Il se peut que le pire soit à venir.
Nous devons examiner le projet de loi dans cette optique et non en fonction de la situation qui existait lors de la signature de l'accord sous la présidence de M. Obama. Il est impératif d'examiner le projet de loi en tenant compte du revirement spectaculaire des conditions.
Je tiens à dire tout d'abord que, même si les néo-démocrates seront toujours en faveur des mesures qui facilitent l'accès et le passage aux frontières, ils croient fermement que ces mesures ne doivent jamais être adoptées au détriment du droit à la vie privée et des droits de la personne des Canadiens. C'est particulièrement vrai lorsque ces droits sont compromis en sol canadien. Beaucoup d'habitants de ma circonscription sont très préoccupés par le projet de loi et se demandent quelles en sont les répercussions concrètes, particulièrement dans le présent climat d'incertitude troublant qui a été créé par le gouvernement Trump.
Je tiens à être claire. Le projet de loi ne permettrait pas de résoudre les craintes des Canadiens concernant le fait d'être questionnés, détenus, puis repoussés à la frontière en raison de leur race, de leur religion, de leurs voyages passés ou de leur lieu de naissance à cause de politiques qui pourraient contrevenir à la Charte canadienne des droits et libertés.
En fait, le projet de loi C-23 augmenterait les pouvoirs des douaniers américains en sol canadien. Prenons la question des armes à feu. Si le projet de loi est adopté, les agents américains des douanes et de la protection de la frontière seront autorisés à porter une arme à feu dans les zones de précontrôle terrestres, ferroviaires et maritimes. En fait, ce projet de loi pourrait miner la souveraineté du Canada en augmentant les pouvoirs des contrôleurs américains en sol canadien en les autorisant à porter une arme à feu et en ne définissant pas adéquatement le cadre de responsabilité criminelle.
Ce que nous savons, c'est que les agents américains des douanes et de la protection de la frontière s'acquittent de leur mandat en matière de sécurité nationale d'une façon fort différente de celle des douaniers de l'Agence des services frontaliers du Canada. De nombreuses études ont démontré que les agents américains ont la gâchette facile, et qu'ils ont recours à la force létale beaucoup trop souvent. Cela devrait être une grave source d'inquiétude pour les Canadiens.
Il faut savoir que les pouvoirs accordés aux douaniers américains ne s'arrêteront pas là. L'adoption du projet de loi signifierait également que les contrôleurs américains pourraient procéder à des fouilles à nu. Même si les douaniers américains devraient veiller à ce qu'un agent de l'ASFC du même sexe que le voyageur soit présent pendant une fouille à nu, si un agent de l'ASFC n'était pas disponible ou qu'il refusait de participer à une telle fouille, le douanier américain serait quand même autorisé à procéder. Cela pourrait être fort problématique pendant les heures de pointe et la saison des Fêtes, ou lorsque l'ASFC manque de personnel.
En outre, le projet de loi ne contient pas de dispositions concernant la protection des droits et libertés des personnes transgenres, car le libellé du projet de loi utilise le mot « sexe » au lieu de « genre ». Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie que les personnes dont les caractéristiques biologiques ne correspondent pas à leur identité de genre ne pourraient pas être fouillées par un agent du même sexe en cas de fouille à nu.
Je vais citer le site Web du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis au sujet de la procédure à suivre pour la fouille de personnes transgenres. On y lit que « si la personne fouillée a subi une transition complète, le genre actuel de cette personne déterminera si un agent ou une agente du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis [...] effectuera la fouille ».
Le libellé est discriminatoire parce qu'il ne tient pas compte de la réalité de nombreuses personnes transgenres qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas subir de changement chirurgical de sexe ou encore qui n'ont pas encore fait la transition.
De plus, le projet de loi permettrait aussi aux contrôleurs étatsuniens de détenir et d'interroger des gens en sol canadien. Aux termes du projet de loi, les voyageurs ne seraient plus en mesure d'exercer leur droit de se retirer d'un interrogatoire. Ils pourraient être détenus et forcés de répondre à toute question posée par les contrôleurs étatsuniens. Le projet de loi prévoit qu'un voyageur ne doit pas être « indûment » retardé. Or, le projet de loi C-23 ne définit pas clairement ce que signifie « retarder indûment » un voyageur lorsqu'il demande à quitter la zone de précontrôle.
Les répercussions du projet de loi ne s'arrêtent pas là. Depuis l'investiture du président Trump, on remarque une hausse des fouilles d'appareils électroniques et des demandes d'accès à l'univers numérique des voyageurs entrant aux États-Unis. En fait, selon une déclaration qu'elle a faite dernièrement, l'administration Trump laisse entendre qu'elle pourrait adopter un décret obligeant tous les voyageurs à divulguer le contenu de leurs appareils électroniques. Le projet de loi C-23 ne ferait rien pour préserver le droit à la vie privée des Canadiens au cours de la fouille des appareils électroniques. Le gouvernement a beau soutenir qu'il revient aux gens de décider s'ils veulent ou non remettre leurs appareils aux douaniers étatsuniens, le fait est que de nombreux voyageurs seraient intimidés et qu'ils ne se sentiraient pas à l'aise de refuser une telle demande.
Le projet de loi ferait aussi en sorte que les contrôleurs de l'Agence des services frontaliers du Canada travaillant dans un aéroport américain pourraient empêcher un résident permanent du Canada de monter à bord de leur avion s'ils croient qu'il a manqué aux engagements associés à sa résidence permanente. En outre, les réfugiés ne pourraient plus présenter de demande d'asile au Canada dans les zones canadiennes de précontrôle situées aux États-Unis.
Pour couronner le tout, les agents canadiens en position d'autorité à l'étranger ne seraient pas tenus de respecter la Charte canadienne des droits et libertés. Les contrôleurs de l'Agence des services frontaliers du Canada travaillant dans les zones de précontrôle situées aux États-Unis pourraient donc appliquer la loi américaine, beaucoup moins contraignante en matière de respect de la vie privée, lorsqu'ils contrôlent les voyageurs canadiens.
Depuis que le projet de loi a été présenté et que le gouvernement Trump a été porté au pouvoir, on peut déjà constater d'importants changements sur lesquels nous n'avons aucune prise. Il ne fait aucun doute que le gouvernement Trump s'est empressé de modifier radicalement les politiques d'immigration et de sécurité frontalière, ce qui est fort inquiétant.
Il est par ailleurs indéniable que ces politiques ont déjà eu une incidence directe sur les Canadiens. On constate déjà des cas de profilage racial. Les médias ont révélé de nombreux cas de Canadiens ayant subi un interrogatoire à la frontière canado-américaine. On leur a posé des questions indiscrètes sur leurs convictions religieuses et leur origine ethnique, on les a questionnés pendant des heures et on leur a finalement refusé l'entrée aux États-Unis. Ces personnes ont ainsi dû rebrousser chemin, humiliées.
Certains de ces Canadiens sont musulmans, mais n'ont eu aucun lien avec les pays visés par l'interdiction d'entrée que l'administration Trump a tenté d'imposer. Cela s'est produit, même si le gouvernement canadien avait assuré à la population qu'elle ne serait pas touchée par la tentative du président américain d'instaurer des interdictions discriminatoires de voyager. Même si les tribunaux américains suspendent certains de ces décrets discriminatoires, nous savons que les Canadiens en subissent déjà les conséquences.
L'information diffusée par les médias jusqu'à maintenant donne à penser que les nouveaux décrets du président Trump seront très semblables à ceux qu'il a essayé d'appliquer et qui ont été invalidés par les tribunaux. J'espère que nous verrons un changement d'orientation dans ces nouveaux décrets, toutefois, je ne me fais pas d'illusion. Je crains que l'administration Trump poursuive dans la voie inquiétante dans laquelle elle s'est engagée.
Compte tenu de toute cette incertitude, je pense qu'il serait irresponsable pour le gouvernement canadien d'adopter cette mesure législative. Mon collègue, le député de , a proposé un amendement au projet de loi . Nous demandons au gouvernement de refuser de donner deuxième lecture au projet de loi. Les raisons sont assez simples, les voici:
[Le projet de loi C-23] a) omet de prendre en compte le climat d'incertitude à la frontière à la suite des décrets et des politiques discriminatoires de l'administration Trump; b) ne répond pas aux inquiétudes des Canadiens et des Canadienne face à la possibilité d'être interrogés, détenus et refoulés à la frontière en fonction de la race, de la religion, des pays visités ou du lieu de naissance ce qui pourrait contrevenir aux dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés; c) n'assure en rien que le droit à la vie privée des Canadiens et Canadiennes sera protégé lors de fouilles d'appareil électronique et d'inspection de « l'univers numérique »; d) contrevient à la souveraineté du Canada en augmentant les pouvoirs des contrôleurs américains en sol canadien en ce qui a trait au port d'arme à feu et en ne garantissant pas un cadre de responsabilité criminelle adéquat.
En clair, si le projet de loi est adopté, le gouvernement du Canada sera plus que complice des traitements discriminatoires infligés à des Canadiens à la frontière. Si le projet de loi C-23 est adopté, les agents du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis seront autorisés à commettre des actes de discrimination en territoire canadien. C'est inacceptable de l'autre côté de la frontière, mais il serait carrément répréhensible que le gouvernement du Canada laisse faire cela dans notre propre pays. Je recommande vivement à tous les députés de rejeter le projet de loi C-23 et d'appuyer l'amendement judicieux qui a été proposé.
Pour conclure, j'aimerais vous faire part des craintes d'un des électeurs de ma circonscription, qui a pris le temps de m'écrire au sujet de ses préoccupations concernant le projet de loi .
Je le cite:
J'habite votre circonscription [...] et je suis originaire de Vancouver [...] Mon message porte sur un sujet qui me tient beaucoup à coeur. Pendant nombre d'années, j'ai vécu aux États-Unis de façon légale. J'avais un visa H1B, qui a été renouvelé pour mon travail [...] J'ai traversé la frontière un nombre incalculable de fois au cours de ma vie. J'ai également subi de mauvais traitements de la part des gardes-frontière, tant en sol américain qu'en sol canadien. À New York, un avocat m'a aidé à défendre ma demande d'immigration jusqu'au bout; j'ai donc tout fait selon les règles et de façon transparente, mais j'ai quand même été traité comme un criminel à maintes reprises. Heureusement, j'ai toujours eu la possibilité de renoncer à ma demande d'entrée en ayant l'assurance que l'État canadien veillerait au respect de mes droits, à ma sécurité et, bien franchement, à la protection de mon intégrité physique contre toute violation de mes droits en tant que citoyen libre, honnête et respectueux des lois. Or, avec ce projet de loi, je crois comprendre que les Canadiens comme moi seraient privés de ce filet de sécurité, qu'ils pourraient alors être soumis à des fouilles angoissantes et que les gardes-frontière pourraient outrepasser les limites de l'éthique sans avoir de comptes à rendre.
Je comprends qu'il est extrêmement important de bien protéger les frontières. Cependant, compte tenu de la façon dont le projet de loi est actuellement conçu, je vous exhorte à voter contre son adoption au Parlement.
Ce n'est qu'un des nombreux courriels reçus à mon bureau. Mon téléphone n'arrête pas de sonner. Les gens ont de vives préoccupations au sujet du projet de loi .
Lorsque nous débattons d'un projet de loi qui a une incidence sur le passage des Canadiens à la frontière, il faut en examiner soigneusement les détails, les répercussions plus vastes, les conséquences imprévues possibles et les changements anticipés au statu quo qui sont indépendants de notre volonté. Nous devons cela aux Canadiens; c'est précisément ce qu'il nous incombe de faire.
Il m'est tout simplement impossible d'appuyer le projet de loi s'il ne prévoit pas de garanties juridiques suffisantes quant au respect des droits des Canadiens dans leur propre pays. Je demande à tous les députés de réfléchir à ce que cela signifie pour les gens de leur circonscription. Nous pourrions attendre et voir quelle incidence aura le nouvel ordre de l'administration Trump. Nous devons faire en sorte que le gouvernement agisse dès maintenant et porte à l'attention de l'administration Trump les préoccupations déjà exprimées par bon nombre de Canadiens.
Jusqu'à présent, le gouvernement a refusé d'agir dans ce sens. Le voici maintenant qui s'apprête à donner plus de pouvoirs aux agents étatsuniens. C'est tout simplement inacceptable. Quand le gouvernement défendra-t-il les droits des Canadiens? Le projet de loi ne doit pas être adopté tel quel, mais il faut adopter l'amendement récemment présenté. L'adoption de cet amendement nous donnera le temps d'examiner la situation et de proposer par la suite des mesures appropriées pour tous les Canadiens et — plus important encore — qui protégeront leurs droits à la frontière.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur ce que j'estime être une mesure législative très positive, malgré ce que l'on a pu entendre au cours des 30 dernières minutes de la part des néo-démocrates. Les Canadiens doivent être rassurés de savoir que le NPD ne sait pas du tout de quoi il parle. Bien franchement, il est difficile de comprendre la position du NPD quant au projet de loi . Elle n'a aucun sens.
J'aimerais en dire davantage à ce sujet. La députée a d'abord mentionné les réfugiés et a remis en question l'approche adoptée par le gouvernement relativement aux réfugiés. Aucun gouvernement, au cours des dernières décennies, n'a été aussi proactif que le gouvernement et le actuels pour ce qui est d'aider les réfugiés à venir au Canada. Les chiffres le démontrent clairement. Je ne sais pas pourquoi la députée voudrait entamer le débat en parlant des réfugiés, puisque le gouvernement s'en est si bien tiré dans ce dossier.
J'ai été très étonné que la députée tente de donner à ceux qui écoutent le débat une fausse impression. Selon ses propos, il faut réfléchir aux endroits où le précontrôle existe aujourd'hui. Il se trouve dans plusieurs aéroports, y compris dans la ville de Winnipeg. Après avoir entendu la députée, plusieurs pourraient s'imaginer que les agents des douanes américains seront armés. On pourrait craindre d'être accueilli dans les aéroports par des citoyens américains, c'est-à-dire des agents des douanes ou de l'immigration, qui portent une arme. Ce n'est pas vrai. Je ne sais pas si le NPD en est conscient. Selon le discours de la députée, ce n'est pas le cas.
En réalité, le projet de loi prévoit qu'ils seront dotés des mêmes outils ou du même équipement que leurs homologues canadiens qui travaillent dans un aéroport. J'ai des nouvelles pour le NPD: les agents des douanes canadiens n'ont pas d'armes à feu dans les aéroports.
La députée a parlé de profilage racial. Personne ici n'est pour le profilage racial ni les ignominies qu'il entraîne dans son sillage. Elle a parlé des questions difficiles auxquelles devront répondre les Canadiens et les résidents permanents qui entreront dans les zones de précontrôle. À l'entendre, c'est comme si les Canadiens allaient nécessairement passer un mauvais quart d'heure. Son parti et elle ont-ils seulement compris en quoi consiste le précontrôle? Ce mécanisme vise à empêcher les voyageurs d'attendre d'être aux États-Unis pour franchir les contrôles douaniers. Personnellement, je préfère de loin franchir ces contrôles ici, au Canada, qu'après mon vol, une fois en sol américain.
C'est au Parti libéral, et plus particulièrement à Pierre Elliott Trudeau, que l'on doit la Charte des droits et libertés. La mesure législative dont nous débattons aujourd'hui garantirait purement et simplement à tous les citoyens et résidents permanents du pays qu'ils seront protégés par la Charte.
À entendre les néo-démocrates, on croirait que le gouvernement a l'intention de supprimer les droits des Canadiens et des résidents permanents aussitôt le projet de loi adopté. Je me demande sincèrement d'où ils tiennent leurs renseignements. Sont-ils incapables de voir le bien-fondé d'une telle mesure?
Prenons l'exemple de l'aéroport international de Toronto. Chaque année, il génère des centaines de millions de dollars en retombées économiques pour la ville. Sans précontrôle, il ne serait possible de se rendre qu'à environ 25 ou 26 destinations américaines à partir de Toronto. Avec le précontrôle, en revanche, on grimpe à une cinquantaine de destinations. Que peut-il y avoir de plus positif? Bon nombre de villes américaines où se rendent les Canadiens n'ont pas vraiment d'installations douanières. Alors, s'il n'y avait pas de précontrôle à l'aéroport international de Toronto, les vols vers ces destinations seraient impossibles.
Les voyageurs prenant l'avion dans des villes canadiennes comme Winnipeg, Halifax, Vancouver, Edmonton, Calgary, Toronto et Montréal, afin de se rendre aux États-Unis ont une idée de ce qu'est le précontrôle. Je ne sais pas s'il y a des députés néo-démocrates qui ont déjà fait l'objet d'un précontrôle à l'un de ces aéroports. Cependant, je crois que s'ils demandaient l'opinion des Canadiens, une vaste majorité d'entre eux dirait que le précontrôle est une mesure positive.
À mon avis, certaines des mesures législatives qui ont été présentées à cet égard au fil des ans allaient de soi. Je ne cherche pas à marginaliser les questions soulevées par les néo-démocrates. S'ils ont des préoccupations légitimes à ce sujet, ils pourront les aborder à l'étape de l'étude par le comité et lors de la deuxième lecture. Toutefois, je pense qu'ils ne comprennent pas que le précontrôle vise à empêcher les voyageurs d'attendre d'être aux États-Unis pour franchir les contrôles douaniers.
Il est important de le comprendre. Nous devons être conscients du fait qu'il y a un grand volume d'échanges commerciaux et économiques entre le Canada et les États-Unis, ainsi qu'un va-et-vient incessant de touristes. Le précontrôle ne date pas d'hier. Il existe depuis des décennies. Les gouvernements successifs ont constamment cherché à l'améliorer. C'est ce que nous faisons nous aussi parce que nous comprenons la relation unique qui lie le Canada aux États-Unis. Nous savons que plus les gouvernements des deux pays travaillent ensemble sur des enjeux comme le précontrôle des marchandises ou des voyageurs, plus les avantages pour le Canada et les États-Unis seront immenses.
On estime que l'industrie du tourisme créé près de 600 000 emplois directs. D'après ce que j'ai compris, les deux tiers des touristes viennent des États-Unis. Cela me fait penser au Folklorama, l'un des joyaux de Winnipeg, une attraction touristique que nous aimons beaucoup. On y célèbre la culture et le patrimoine d'une variété de groupes ethniques. En général, il y a 50 pavillons. Je tiens à me servir de cet exemple pour montrer combien le tourisme est important.
La et leader du gouvernement à la Chambre des communes a parlé de ce qui est important pour les petites entreprises tout en faisant allusion au tourisme. Je suis d'avis que si les députés d'en face, surtout les néo-démocrates, sont véritablement conscients de l'importance de cette industrie, ils devraient appuyer le projet de loi, et non pas voter contre. Si je souhaitais valoriser le tourisme, je prendrais le Folklorama en exemple.
Le parle souvent de la diversité comme étant l'une des plus grandes forces du Canada. Elle l'est. Nous sommes en plein dans l'année du 150e anniversaire du Canada. Il s'agit d'un moment opportun pour adopter ce genre de projet de loi. Nous devrions inviter davantage de gens à venir au Canada et encourager ceux qui viennent à voir encore plus de pays. Cette année sera sans nul doute très spéciale.
Le Folklorama est une célébration hors du commun à laquelle j'assiste depuis plus de 20 ans. Une personne qui se rend à Winnipeg en été, comme le font de nombreux Américains, peut s'attendre à participer à l'un des meilleurs événements multiculturels au pays. Je le crois vraiment. L'événement dure deux semaines complètes.
Une cinquantaine de pavillons seront présents, et chacun organisera des activités tous les soirs pendant une semaine. Il y aura environ 26 pavillons la première semaine et 26 autres pendant la seconde. À quoi les gens peuvent-ils s'attendre lorsqu'ils franchissent le pas d'un de ces pavillons? Eh bien, ils peuvent s'attendre à du divertissement de qualité, et notamment à des spectacles de danse, de chants, d'arts traditionnels ainsi qu'à des expositions sur le patrimoine de différentes collectivités. Je recommande fortement aux gens de visiter ce festival pour prendre pleinement conscience du multiculturalisme de la société canadienne.
Pourquoi est-ce que j'utilise cet exemple? Je l'utilise parce qu'entre 15 et 18 millions de touristes, la plupart des américains, viennent séjourner au Canada. On peut imaginer les retombées pour les hôtels.
En ce qui concerne les possibilités de croissance future, les avantages économiques découlant des opérations de précontrôle sont énormes. Voilà pourquoi plus nous évoluons en ce sens, mieux ce sera pour le Canada et les États-Unis. Les Canadiens s'envolent souvent vers les États-Unis pour y passer quelques nuits. Subir un précontrôle à un aéroport canadien est beaucoup plus pratique que passer par les services de l’immigration et des douanes dans une ville américaine.
La députée d'en face et son parti ont mentionné certaines choses, comme des questions importunes et le profilage racial. À bien y penser, j'aimerais beaucoup mieux être assujetti à ces contraintes en sol canadien. C'est ce que permettra le précontrôle, en partie. Il offrira également la possibilité, par exemple, de faire profiter les voyageurs canadiens de la protection assurée par la Charte canadienne des droits et libertés. D'autres préoccupations ont également été soulevées. Cependant, si nous examinons le tableau d'ensemble, à savoir les millions de dollars en marchandises et les milliers de personnes qui traversent nos frontières chaque jour, je suis persuadé que nous pouvons nous entendre pour dire que ce projet de loi est un pas dans la bonne direction.
Cela ne devrait surprendre personne. Depuis que les libéraux forment le gouvernement, nous avons adopté une approche proactive en matière de commerce. Nous appuyons la classe moyenne et ceux qui essaient d'en faire partie, et ce, de plusieurs façons. Le Canada accorde une grande importance au commerce. Il est un pays commerçant. Notre mode de vie actuel est possible en partie grâce au commerce.
J'aimerais parler de la rencontre qui a eu lieu entre le et le président. Tous deux ont reconnu les avantages de partager une frontière et l'importance des échanges commerciaux dans les deux sens. En règle générale, les deux pays semblent vouloir collaborer pour faciliter ce commerce. Que ce soit le premier ministre, la , le ou leur secrétaire parlementaire respectif, en fait, tout le caucus libéral, nous sommes tous proactifs à cet égard. Le commerce est extrêmement bénéfique pour ma ville, Winnipeg, et pour toutes les régions du Canada.
Les meilleurs autobus et certains des meilleurs tracteurs au monde sont fabriqués à Winnipeg. Quant à l'industrie aérospatiale, nous n'avons qu'à nous tourner vers Winnipeg. Je pourrais en dire long sur plusieurs industries, notamment celle du porc.
Toutes ces industries dépendent fortement des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, et, de plus en plus, de celles entre le Canada et d'autres pays. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous ne nous concentrons pas seulement sur un pays. Nous comprenons quels sont les avantages. Nous avons l'Accord économique et commercial global avec l'Europe, qui est une économie très importante. Nous pouvons parler de la relation spéciale entre le Canada et l'Ukraine, soudée par un autre accord commercial. Ces dernières semaines, nous avons pu faire adopter ces deux accords par la Chambre des communes.
Je peux parler de l'huile de canola, un commerce qui vaut des centaines de millions de dollars, mais qui fait l'objet d'une controverse en Chine. En tant que gouvernement, nous avons été en mesure de régler ce dossier, ce qui est une excellente nouvelle pour les agriculteurs des Prairies.
Beaucoup de choses ont une incidence positive. Comme l'ont reconnu le et le président des États-Unis, il est important d'examiner la situation à la frontière entre nos deux pays, et s'il y a des moyens de l'améliorer grâce à des mesures telles que le précontrôle, alors nous devons les prendre. D'ailleurs, alors que nous débattons de ce projet de loi aujourd'hui, les États-Unis étudient une loi semblable. Je crois sincèrement qu'il y a du potentiel.
D'autres personnes verront une expansion des services. Je pense aux voyageurs aériens des aéroports Billy Bishop à Toronto et Jean Lesage à Québec, ainsi qu'aux passagers ferroviaires qui se dirigent vers les États-Unis en partance de la gare Centrale de Montréal et du train le Montagnard des Rocheuses en Colombie-Britannique. Toutes ces personnes jouiront d'avantages tangibles.
Le meilleur exemple que je puisse donner, comme je l'ai déjà mentionné, c'est l'aéroport international Pearson de Toronto. Toutefois, le même principe s'applique partout où l'on exerce un précontrôle. Cela améliore les choses.
Nous pouvons parler du maire de Winnipeg ou de tout autre politicien qui surveille le dossier de la relation entre le Canada et les États-Unis. Si ces personnes reconnaissent l'importance du commerce et du mouvement des personnes entre les deux pays, alors elles reconnaîtront à quel point le précontrôle est important.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le précontrôle existe déjà depuis des décennies, mais le gouvernement a reconnu qu'on pouvait faire mieux. Le projet de loi à l'étude a été présenté en vue d'améliorer les possibilités pour le Canada. Il permettra aux Canadiens et aux résidents permanents, ceux qui ont fait du Canada leur pays, d'accéder plus facilement aux États-Unis. Pour les petites entreprises, entre autres, la possibilité d'obtenir le précontrôle de différents articles est de plus en plus réelle, mais il reste encore beaucoup de travail à faire dans ce dossier. D'ailleurs, le nous rappelle que nous pouvons toujours faire mieux, et nous nous efforcerons de faire mieux.
Je suggère fortement à mes collègues néo-démocrates d'en face de revoir leur position au sujet du présent projet de loi. Tous les contre-arguments qu'ils ont présentés au sujet du précontrôle, l'objet du projet de loi, auraient autant ou même plus de poids dans un contexte où les Canadiens et les résidents permanents ne pourraient profiter du précontrôle lorsque leur destination est un aéroport des États-Unis. Leur argumentaire ne semble pas justifier qu'ils votent contre le projet de loi.
Je n'en dirai pas plus. À mon avis, les Canadiens profiteront énormément de l'adoption du projet de loi . C'est pourquoi je recommande à tous les députés de l'appuyer.