Qu’un comité spécial soit chargé de tenir des audiences sur l’itinérance et de proposer un plan national pour prévenir l’itinérance et y mettre fin; que ce Comité soit composé de dix membres, dont six doivent faire partie du parti ministériel, trois de l’Opposition officielle et un du Nouveau Parti démocratique, pourvu que le président appartienne au parti ministériel; que, en plus du président, il y ait un vice-président de chaque parti d’opposition reconnu; qu’il soit conféré au Comité tous les pouvoirs d’un comité permanent aux termes du Règlement; que le Comité soit composé des députés inscrits sur une liste que le whip de chaque parti déposera auprès du greffier de la Chambre au plus tard une semaine après l’adoption de ladite motion; que le quorum du Comité soit conforme aux dispositions de l’article 118 du Règlement, pour autant qu’au moins un membre de chaque parti reconnu soit présent; que les membres du Comité puissent, à l’occasion et au besoin, se faire remplacer conformément à l'article 114(2) du Règlement; et que le Comité fasse rapport à la Chambre au plus tard 12 mois après l’adoption de cette motion.
— Madame la Présidente, je crois avoir une bonne idée, si j'ose dire, de ce que pensent certains députés de ma motion d'initiative parlementaire visant à créer un comité spécial chargé de proposer un plan national pour prévenir l'itinérance et y mettre fin. Certains doivent se dire: « Oh, non! Pas un autre comité! » À cela, je réponds qu'il s'agit d'un comité spécial et que son mandat sera différent. Ce à quoi ils répondraient probablement: « C'est ce qu'ils disent tous. »
Ce sera différent cette fois. Je vais vous dire pourquoi ma motion d'initiative parlementaire visant à créer un plan national pour prévenir l'itinérance et y mettre fin doit être adoptée. Il ne s'agit pas de créer un autre comité ne servant qu'à faire du travail inutile. Au contraire, c'est l'occasion pour les parlementaires de tous les partis politiques de se retrousser les manches, de collaborer avec le gouvernement et les collectivités afin de bâtir une feuille de route pour mettre fin à l'itinérance, non pas la gérer ou la réduire, mais bien y mettre fin.
Non seulement je dois faire face aux préjugés contre les comités, mais ma motion vient juste après que le gouvernement ait dévoilé la Stratégie nationale sur le logement. Je sais qu'il est difficile de voir l'intérêt médiatique de ce plan. Pourtant, un plan national pour prévenir l'itinérance et y mettre fin est la prochaine étape nécessaire dans le contexte des stratégies, objectifs et principes découlant de la Stratégie nationale sur le logement.
Avant la première heure de débat au sujet de ma motion, j'ai communiqué avec mes collègues de l'opposition et du gouvernement et j'ai discuté en privé avec bon nombre d'entre eux. J'ai découvert que nous avions davantage de points communs que de points de discorde. J'ai constaté plus d'harmonie que de partisanerie. Personne ne nie que nous sommes en situation de crise.
Selon des données récentes de la SCHL, 1,7 million de Canadiens consacrent plus du tiers de leur revenu au logement. Pour 400 000 d'entre eux, c'est plus de la moitié de leur revenu qui sert à payer un logis non conforme aux normes, en mauvais état, voire dangereux, ou ne répondant pas à leurs besoins. Pour de nombreux Canadiens, cela signifie vivre dans une maison ou un logement surpeuplé. Parmi ceux à qui j'ai parlé, personne n'a nié la situation inacceptable que nous vivons présentement en matière de logement et d'itinérance au Canada.
De plus, aucun parlementaire à qui j'ai parlé ne m'a dit qu'il considérait que la réponse d'urgence à la crise actuelle était adéquate, qu'il s'agisse des conséquences pour les personnes touchées, des ressources gaspillées ou des coûts croissants pour les services d'urgence en raison des visites à l'urgence, dans transports par ambulance et des interventions policières.
De nombreux parlementaires avec qui je me suis entretenue connaissaient très bien les statistiques. Le coût annuel pour chaque personne dans les hôpitaux et les prisons varie entre 66 000 $ et 120 000 $. Pour chaque personne dans les refuges d'urgence, il va de 13 000 $ à 42 000 $. Par comparaison, le coût du logement abordable se situe entre 5 000 $ et 8 000 $, ou entre 13 000 $ et 18 000 $ pour les logements de transition ou offrant des services de soutien. Toutefois, ces chiffres ne tiennent pas compte des coûts sur les plans humain et social. Selon moi, tous les parlementaires s'entendent pour dire qu'il est plus économique de résoudre le problème d'itinérance que de l'ignorer.
J'ai eu le plaisir de parler avec l'ancien député de Medicine Hat—Cardston—Warner, qui a siégé au comité de Medicine Hat ayant mis sur pied un plan visant à mettre fin à l'itinérance. Bien entendu, Medicine Hat est la première ville au Canada à avoir mis un terme à l'itinérance. En 2014, Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé son intention d'éradiquer l'itinérance. Cette province a établi des objectifs et des points de repère tout à fait logiques aux yeux des collectivités qui y habitent. En 2015, la ville de Guelph, en Ontario, a elle aussi annoncé son intention de mettre fin à l'itinérance, et j'en passe.
Des députés de toutes les allégeances politiques représentent des collectivités qui se sont attaquées à nos plans de lutte contre l'itinérance et qui les ont transformés du début à la fin. Ces nouveaux plans ont permis d'atteindre des résultats étonnants. Des collectivités comme Hamilton, Lethbridge et Calgary, pour ne nommer que celles-là, ont créé des plans, ont rassemblé des gens autour d'une table commune, ont retroussé leurs manches et ont affirmé qu'elles pouvaient effectivement mettre un terme à l'itinérance au sein de leur collectivité.
J'ai été moi-même témoin de l'impact positif que peut avoir un plan visant à transformer les mesures prises par une collectivité, ou le manque de mesures prises par une collectivité, pour contrer l'itinérance. En tant que PDG de Centraide, j'ai fait partie d'une équipe de leaders composée de gens d'affaires, de représentants syndicaux, de fonctionnaires municipaux, de dirigeants autochtones et d'anciens itinérants qui a élaboré le tout premier plan de notre collectivité pour mettre fin à l'itinérance.
En 2006-2007, on a vécu un boom économique, comme de nombreuses autres régions de l'Alberta. Ce boom économique a été accompagné d'une hausse vertigineuse du prix du logement. Certains habitants de Saskatoon, qui avaient des emplois à temps plein bien rémunérés, se sont retrouvés incapables de payer leur loyer et forcés à vivre dans des refuges d'urgence. Des étudiants ont été obligés de vivre dans leur voiture en raison du coût élevé du logement, afin de pouvoir payer leurs droits de scolarité.
Cette montée de l'itinérance a donné envie à notre collectivité d'agir. Des PDG, des dirigeants syndicaux, le chef de police de l'époque et bien d'autres citoyens ne pouvaient plus fermer les yeux et espérer que quelqu'un d'autre s'occupe du problème. C'est à ce moment-là que nous nous sommes tournés vers nos voisins albertains et que nous en avons appris davantage sur le travail remarquable que réalisaient certaines villes, certains organismes communautaires et deux gouvernements provinciaux en particulier au moyen de plans visant à mettre fin à l'itinérance. Cela a été un tournant pour nous.
Tandis que le gouvernement provincial craignait d'agir, nous nous sommes retroussé les manches et nous avons investi dans le logement pour les sans-abri en nous inspirant du modèle Logement d'abord, un élément clé des plans mis en place en Alberta pour mettre fin à l'itinérance. Le nom de notre programme est « Journey Home ». Dès la première année, le recours aux services d'urgence coûteux, comme les services ambulanciers, les interventions policières, les visites à l'urgence et les hospitalisations, a diminué de 82 % chez les gens qui ont reçu de l'aide du programme Journey Home. Pour chaque dollar investi dans ce programme, on a économisé 2 $. Un participant au programme avait été sans abri pendant 17 ans. La durée d'itinérance des participants était en moyenne de trois à cinq ans. Une personne a affirmé que Logement d'abord lui avait sauvé la vie.
Les résultats obtenus à Saskatoon s'observent aussi dans des villes et des collectivités d'un bout à l'autre du pays, tant dans les petites localités que dans les grands centres urbains. Les acteurs sont peut-être différents, mais ils partagent tous un plan, une feuille de route, qui les obligent à rendre des comptes, à respecter des délais et à obtenir des résultats, et ils souhaitent tous mettre fin à l'itinérance dans leur collectivité.
Ma motion vise à faire fond sur ce succès, à miser sur ce qui fonctionne, et à l'appliquer à l'échelle nationale. Quand j'ai visité mes collègues, j'ai été agréablement surprise de la nature non partisane de nos entretiens. Cela ne veut pas dire que je n'ai pas été très gentiment bombardée de questions quant à la façon dont ma motion permettrait de changer les choses, mais mes conversations avec eux ont été excellentes.
Je crois pouvoir affirmer que la majorité des parlementaires à qui j'ai parlé s'entendent sur un point: le gouvernement fédéral doit reprendre ses efforts pour s'attaquer aux problèmes de logement et à l'itinérance. Ils considèrent l'Initiative nationale pour les sans-abri, lancée en 1999 sous les libéraux et rebaptisée Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance en 2006 par les conservateurs, comme une initiative fédérale importante ayant eu des retombées positives pour les localités qui luttent contre l'itinérance.
Un grand nombre d'entre eux ont également mentionné le travail novateur du projet Chez Soi de la Commission de la santé mentale, qui nous a permis de beaucoup mieux comprendre l'approche Logement d'abord. Ils ont aussi parlé de l'effet positif du projet sur les personnes qui sont sans abri, les plus marginalisées et les plus vulnérables à de grandes souffrances.
Je pense que les parlementaires peuvent mieux travailler ensemble. Selon moi, c'est ce à quoi s'attendent les Canadiens. Ils croient que la collaboration entre les parlementaires est possible et nécessaire pour s'attaquer aux enjeux déterminants de notre époque, comme la crise de l'itinérance.
Je présente une motion sur l'itinérance la semaine où le gouvernement annonce la toute première Stratégie nationale sur le logement du Canada. Je le félicite de cette initiative. C'est une excellente nouvelle. Il reste cependant beaucoup de travail à faire et beaucoup de détails à préciser. J'ai l'impression que la stratégie est pour le moment inachevée. Par exemple, les efforts de refonte de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance ne sont pas terminés. Je crois que les résultats seront annoncés au printemps 2018.
J'aimerais faire deux commentaires sur la Stratégie nationale sur le logement. D'abord, j'aimerais que le gouvernement ait un objectif plus ambitieux en matière d'itinérance: j'aimerais qu'il s'engage à faire disparaître l'itinérance. Le plan contient tout ce qu'il faut, ou presque, pour ce faire. Selon moi, des parlementaires travaillant dans un comité spécial pour créer un plan national en vue de faire disparaître et de prévenir l'itinérance pourraient y parvenir. Le comité spécial pourrait faire les rapprochements qui s'imposent, mettre à profit les efforts déployés par le gouvernement dans le cadre de la Stratégie des partenariats de lutte conte l'itinérance, travailler avec des spécialistes et des collectivités et nous permettre de finaliser un plan et de déterminer un objectif pour mettre un terme à l'itinérance.
Ensuite, j'aurais aimé, comme beaucoup d'autres, je crois, que la stratégie soit financée au départ et non à retardement, c'est-à-dire que le gros des investissements soit engagé au début et non étalé sur de nombreuses années, et certainement pas après la prochaine élection fédérale.
Je vais prendre ma propre collectivité pour exemple. Centraide a mis la main à la poche dès le début, ce qui a permis à la collectivité de comprendre rapidement la manière dont un plan et l'approche « Logement d'abord » pourraient faire avancer les choses dans la lutte contre l'itinérance. D'autres bailleurs de fonds et gouvernements se sont mis de la partie une fois le succès de la méthode démontrée. Le gouvernement fédéral pourrait bien faire la même chose.
Je me réjouis de voir que le gouvernement considère les données comme l'un des piliers de la stratégie. Obtenir de meilleures données est essentiel, non seulement pour comprendre l'étendue et la gravité du problème auquel nous nous attaquons, mais aussi pour mesurer adéquatement les progrès et obliger les multiples partenaires, y compris les provinces et les territoires, à rendre des comptes à propos des investissements.
À l'heure actuelle, au Canada, on estime qu'au moins 235 000 personnes chaque année, et 35 000 personnes chaque nuit, se trouvent sans abri. Il n'existe pas de solution universelle et nous n'avons pas à réinventer la roue. Partout au pays, les collectivités, dirigées par des élus de tous horizons politiques, attaquent le problème de front avec des plans locaux pour faire échec à l'itinérance. Il faut miser sur ces efforts. Il nous est possible de le faire.
Les collectivités veulent un plan national auquel elles auront envie de collaborer, qui indique précisément la part que jouera le gouvernement fédéral afin d'agir en partenaire véritable et utile dans leur plan communautaire.
La motion M-147, qui réclame qu'un comité spécial soit chargé de proposer un plan national pour prévenir l’itinérance et y mettre fin, vise à faire avancer les choses en combinaison avec la Stratégie nationale sur le logement.
Je veux voir — comme tous les Canadiens, je crois — les députés retrousser leurs manches et mettre de côté la partisanerie afin de développer un plan national pour prévenir l’itinérance et y mettre fin, en partenariat avec les collectivités, les experts, les ordres de gouvernement et ceux qui ont vécu l'expérience.
Nous devons avoir pour objectif de mettre fin à l'itinérance. C'est un but à la fois possible et probable.
Se pourrait-il que les collectivités canadiennes et nord-américaines s'y prennent de la mauvaise façon? Les plans conçus pour mettre fin à l'itinérance fonctionnent-ils vraiment? N'est-il pas possible de régler ce problème? Se pourrait-il que toutes ces collectivités soient sur la mauvaise voie? Je ne crois pas que ce soit le cas. C'est possible, puisque tout est possible, mais ce n'est pas vraiment probable.
Quand John F. Kennedy a dit aux Américains que les États-Unis enverraient un homme sur la lune, il ne savait pas si cet objectif était probable. Quand il a fait cette déclaration, il savait que c'était possible, et il voulait que d'autres personnes croient en cette possibilité. C'est ainsi que les génies de la NASA se sont attelés à la tâche et qu'une possibilité est devenue probabilité, puis réalité.
Nous avons ce qu'il faut pour mettre fin à l'itinérance. Nous avons l'équivalent des génies de la NASA. Nous avons un gouvernement fédéral qui nous indique que c'est possible. Ce qu'il nous faut, c'est un comité spécial qui rassemblera tous ces éléments, tirera parti de ce qui fonctionne et nous ouvrira de nouveaux horizons. Nous pouvons transformer une possibilité en probabilité et mettre fin à l'itinérance au Canada.
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Madame la Présidente, je suis heureuse de participer aujourd'hui à la discussion portant sur la motion n
o 147.
Je souhaite aussi remercier la députée de de porter à l'attention de la Chambre le dossier de la lutte contre l'itinérance, qui est d'une grande importance. En effet, c'est un enjeu qui est commun à toutes les circonscriptions du pays.
Je veux aussi profiter de l'occasion pour récapituler les mesures que le gouvernement actuel a prises au cours des deux dernières années afin de réduire l'itinérance au Canada, et pour parler des efforts à venir.
Aujourd'hui, je souhaite parler en particulier de la Stratégie nationale sur le logement que le gouvernement a annoncé plus tôt cette semaine. La mise en oeuvre de cette stratégie a été une priorité du gouvernement au cours des 18 derniers mois. Nous avons lancé une conversation nationale sur le logement en juin 2016, suivie d'une rencontre très fructueuse des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables du logement. Dirigées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement, les consultations « Parlons logement » ont duré quatre mois.
Certains thèmes clés sont ressortis pendant cette période. Nous avons appris que les Canadiens et les intervenants du domaine du logement croient qu'une stratégie nationale sur le logement doit englober l'ensemble du continuum du logement tout en accordant la priorité à ceux qui en ont le plus besoin.
Nous avons appris qu'il faudrait mieux intégrer le logement aux autres services de soutien dont pourraient avoir besoin les personnes vulnérables. Les fournisseurs de logements doivent pouvoir obtenir plus facilement des capitaux pour qu'il leur soit plus facile de construire des logements abordables. Par ailleurs, une nette préférence pour les politiques qui permettent des solutions locales aux problèmes de logements a été exprimée. En ce qui concerne plus particulièrement le débat d'aujourd'hui, nous avons appris que les Canadiens voulaient une stratégie nationale sur le logement qui tienne vraiment compte des besoins des sans-abri au Canada.
Des thèmes semblables ont émergé durant les consultations menées par le comité consultatif sur l'itinérance. Présidé par le , ce comité consultatif a réuni des spécialistes du logement et de l'itinérance, des fournisseurs de services locaux et régionaux et des personnes ayant vécu l'expérience de l'itinérance. Les 13 membres du comité consultatif, qui ont été sélectionnés parmi des centaines de candidats, représentent la diversité régionale, culturelle et linguistique du Canada.
Le comité consultatif a tenu des tables rondes régionales dans tout le pays avec des intéressés, des fournisseurs de services et des partenaires autochtones pour approfondir les idées et les recommandations que nous avons entendues tout au long de la consultation sur la Stratégie nationale sur le logement. Il a aussi entamé un dialogue avec des spécialistes de l'itinérance et des communautés et avec d'autres intéressés de partout au Canada. Je suis heureuse de dire que plusieurs députés ont assisté aux tables rondes et ont vu le travail accompli par ce groupe exceptionnel.
Je mentionne également que les travaux du comité consultatif ont été enrichis par un outil du site d'Emploi et Développement social Canada qui a recueilli les avis d'internautes du 17 juillet au 15 septembre 2017.
Comme tous les députés, j'en suis convaincue, j'attends avec impatience le rapport du comité faisant la synthèse de ce dont on lui aura fait part, qui devrait être publié au printemps 2018.
Même sans ce rapport, je peux dire que les gens qui ont participé aux consultations n'ont pas seulement parlé des problèmes. Ils nous ont aussi fait part de possibilités d'innovation et de solutions axées sur des résultats mesurables. Tous ces renseignements et ces commentaires sont précieux, car le gouvernement tenait à créer une stratégie nationale sur le logement qui témoigne d'un réengagement réel du gouvernement fédéral dans le dossier du logement.
Que ce soit bien clair. C'est le temps ou jamais, pour le gouvernement, de renouveler son engagement de façon concrète. De très nombreuses familles n'ont pas les moyens d'habiter dans un logement convenable. Dans l'ensemble du Canada, 1,7 million de familles vivent dans des logements insalubres ou trop chers. Vingt-cinq mille autres personnes sont en situation d'itinérance chronique.
En outre, de nombreux groupes, dont les personnes âgées, les Autochtones, les femmes qui veulent échapper à la violence conjugale, les personnes handicapées, les réfugiés, les anciens combattants, les personnes ayant des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, ont encore beaucoup de difficulté à trouver un logement abordable et à le conserver.
Avant même le lancement de la Stratégie nationale sur le logement, le gouvernement libéral a montré qu'il avait compris que le gouvernement fédéral doit s'attaquer à la question du logement au Canada. Voilà pourquoi il a investi comme jamais dans le logement dans les budgets de 2016 et 2017.
Cependant, la Stratégie nationale sur le logement nous permet de bonifier notre engagement. Ce plan ambitieux de 40 milliards de dollars aidera les Canadiens à obtenir un logement abordable et adapté à leurs besoin. C'est un élément clé du plan du gouvernement pour faire croître et renforcer la classe moyenne, promouvoir une croissance inclusive pour les Canadiens et sortir un plus grand nombre de Canadiens de la pauvreté.
La stratégie comprend des objectifs, tels que faire en sorte que plus de 530 000 ménages n'éprouvent plus de besoins impérieux en matière de logement, et réduire de plus de la moitié l'itinérance chronique et épisodique au cours de la prochaine décennie. La stratégie comblera les besoins des populations vulnérables et sera au coeur de nos efforts afin que tous les Canadiens aient le logement sûr et abordable qu'ils méritent et dont ils ont besoin.
Que signifie la Stratégie nationale sur le logement pour les itinérants canadiens? D'abord, nous investirons 2,2 milliards de dollars répartis sur 10 ans pour réduire l'itinérance au moyen d'un programme fédéral repensé et élargi. Grâce à cet investissement, nous réduirons de 50 % l'itinérance chronique. De plus, et c'est tout aussi important, nous donnerons aux collectivités la possibilité d'offrir une combinaison de programmes de logement et de mesures de prévention et d'intervention.
Le lancement de notre programme repensé de lutte contre l'itinérance se fera le 1er avril 2019, à la suite de la conclusion de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance, et se fondera sur les travaux actuellement en cours du Comité consultatif sur l'itinérance.
Le gouvernement reconnaît également que l'itinérance n'est pas un problème qui existe en vase clos. Si nous voulons aider les populations vulnérables, nous devons songer au logement dans une optique plus générale. C'est précisément ce que fait la Stratégie nationale sur le logement, avec des initiatives complémentaires qui réaffirment et révisent l'intervention fédérale en matière d'itinérance. Ceci comprend un programme tel que l'Allocation canadienne d'aide au logement, un programme cofinancé de 4 milliards de dollars qui aidera directement les familles et les particuliers qui éprouvent des besoins impérieux en matière de logement à relever les défis associés à l'abordabilité, y compris les personnes qui habitent dans un logement social, les personnes qui sont sur une liste d'attente pour un logement social et les personnes qui habitent dans un logement du secteur privé mais qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Après le lancement de l'Allocation canadienne d'aide au logement en 2020, nous prévoyons que chaque ménage prestataire recevra en moyenne 2 500 $ par année et qu'au moins 300 000 ménages canadiens bénéficieront de l'allocation. Cela comprend aussi le Fonds national de co-investissement pour le logement de 15,9 milliards de dollars administré par le gouvernement fédéral. Ce fonds permettra de ne pas perdre de logements locatifs existants en raison de leur détérioration et de construire de nouveaux logements abordables à rendement élevé qui offrent l'accès à du soutien et des services.
Le Fonds national de co-investissement pour le logement devrait construire ou réparer jusqu'à 300 000 logements nouveaux ou existants et permettre de créer plus de places d'hébergement pour les personnes ayant survécu à de la violence familiale, d'offrir des logements de transition et avec services de soutien, de construire ou de réparer des logements abordables et des logements communautaires, et de rendre l'accession à la propriété plus abordable.
La Stratégie nationale sur le logement marque le début d'une ère nouvelle pour le logement au Canada. Le gouvernement fait des investissements historiques dans le logement et prévoit effectuer un changement transformationnel parce qu'il comprend la valeur d'un domicile. Les logements sûrs et abordables offrent aux citoyens canadiens un tremplin vers de meilleurs résultats socioéconomiques, une société plus inclusive où tout le monde a l'occasion de bien s'en sortir et de réussir, une économie plus forte et un environnement plus sain.
Pour que la Stratégie nationale sur le logement soit une réussite, plus de partenaires que jamais devront collaborer et s'engager dans le cadre d'une approche pangouvernementale cohérente et intégrée. Nous travaillerons avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les administrations municipales, les secteurs privé et sans but lucratif et tout le monde qui partage notre objectif de créer une nouvelle génération de logements au Canada.
Même si le gouvernement a déjà répondu en grande partie, si ce n'est entièrement, aux demandes de la motion M-147, nous sommes toujours ravis lorsque nos collègues, de toutes allégeances politiques, adoptent nos priorités communes. J'encourage la députée de ainsi que tous les autres députés de tous les partis et de toutes les régions du pays à participer aux efforts du gouvernement à l'échelle nationale. Unissons nos forces afin que l'ensemble des Canadiens aient accès au logement sûr et abordable dont ils ont besoin et qu'ils méritent.
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Madame la Présidente, je tiens d'abord à féliciter la députée d'avoir présenté cette motion. Il s'agit d'une motion réfléchie, et je sais qu'elle y a travaillé d'arrache-pied. C'est un honneur d'appuyer cette motion.
Je tiens aussi à parler brièvement du fait qu'on débatte de sa motion quelques jours seulement après que les libéraux ont annoncé en grande pompe leur stratégie sur le logement, qui n'investira pas réellement d'argent avant 2020. La pauvre députée a travaillé d'arrache-pied sur cette motion, elle l'a présenté à la Chambre et, tout à coup, elle se fait damer le pion par les libéraux. Les libéraux auraient-il pu attendre ne serait-ce qu'une semaine, ou quelques jours, pour permettre à la députée de débattre de sa motion à la Chambre? Malheureusement, voilà ce qu'ils ont décidé de faire.
Par contre, ce n'est pas la première fois que les libéraux agissent de la sorte. Ils l'ont fait dans le passé. On n'a qu'à penser à la motion sur les navires abandonnés, qui avait aussi été présentée par le NPD. Encore là, le gouvernement a damé le pion aux néo-démocrates. Malheureusement, nous débattons ici d'une motion qui aurait pu marquer l'histoire de la députée et de sa circonscription. Or, à cause du gouvernement, voilà le processus que nous devons suivre.
À mon avis, le gouvernement ne fait qu'aggraver les choses dans le dossier de l'itinérance. Il a augmenté les impôts et supprimé des emplois, ce qui veut dire que de nombreux Canadiens sont aujourd'hui au chômage, surtout dans ma province, l'Alberta. Le taux de chômage y était de 7,8 % en juillet 2017. Cela signifie que 7,8 % de la population est sans emploi. En 2014, soit avant que le gouvernement libéral arrive au pouvoir et que le NPD soit élu en Alberta, il était de 5,4 %. Il a pour ainsi dire explosé.
Nous pourrions continuer de discuter de la nécessité de créer d'autres stratégies sur l'itinérance. La bureaucratie en général a besoin de stratégies. L'Alberta, elle, a besoin d'emplois. Les chômeurs doivent retourner travailler afin qu'ils puissent tirer parti de leurs compétences et faire honneur au légendaire esprit d'entreprise des Albertains en prenant le risque de se lancer en affaires. C'est seulement dommage que le gouvernement ait étouffé en bonne partie cet esprit d'entreprise. Le taux d'itinérance n'arrête pas d'augmenter.
Seulement en Alberta, il s'est perdu 14 000 emplois en juillet. Les libéraux se vantent du fait que le Canada a le PIB le plus élevé du monde, mais voyons un peu ce qui se passe en Alberta. On ne peut pas faire comme si de rien n'était, et je m'en voudrais de ne pas attirer l'attention des députés sur cette situation.
À Edmonton, nous avons connu un succès énorme au cours des dernières années, tout particulièrement grâce à l'organisme Homeward Trust. Je vais lire rapidement ce que fait l'organisme et quelles sont ses priorités:
[...] coordonne le recensement des sans-abri dans le cadre de son travail visant à appuyer le plan sur 10 ans de la ville d'Edmonton pour mettre fin à l'itinérance. Environ 300 bénévoles et 40 organismes participent au recensement à différents endroits dans la ville.
Le recensement des sans-abri à Edmonton a deux fonctions. Il donne le portrait actuel de la population des sans-abri et montre comment cette population change au fil du temps. Au bout du compte, le recensement permet de trouver des solutions en vue de mettre fin à l'itinérance dans la collectivité.
Cette année en particulier, nous avons été en mesure d'améliorer de trois façons le processus de recensement de l'itinérance. Je crois qu'il vaut la peine de souligner comment nous nous y sommes pris. Pour la première fois, la plupart des bénévoles ont parcouru la ville et, plutôt que de remplir des questionnaires papier, ont recueilli les données de façon électronique, c'est-à-dire en utilisant des tablettes électroniques ou des téléphones intelligents. Edmonton est la seule ville en Alberta qui a eu recours à la collecte de données électroniques pour le recensement de l'itinérance en 2016.
C'est également la première année où, à Edmonton, le dénombrement dans la rue s'est fait pendant la nuit, soit de 19 h à 22 h. Contrairement à la plupart des villes en Alberta, Edmonton effectuait encore un dénombrement pendant la journée. Enfin, dans le cadre du recensement de l'itinérance cette année, on a mis l'accent sur les parcs, avec l'aide d'environ 25 gardes de parc, des membres d'équipes d'intervention de rue et des employés des opérations fluviales.
Nous sommes également assez fiers du service mis sur pied par Homeward Trust au centre de conférences Shaw. Des sans-abris sont amenés au centre et peuvent se faire couper les cheveux et voir un dentiste. Goodwill Industries, de son côté, offre des vêtements. Tous ces services sont offerts par la collectivité.
Cette année, le recensement des sans-abris d'Edmonton a permis d'établir que 74 % des sans-abris sont des hommes. Il y a 1 205 hommes, 408 femmes et 11 transgenres. Parmi les collectivités autochtones, il y a 316 sans-abris des Premières Nations, 140 Métis, 15 Inuits, 32 Indiens non inscrits et 15 personnes dont l'appartenance n'a pas été précisée. Cependant, les chiffres liés à l'itinérance à Edmonton qui sont les plus troublants sont ceux concernant les jeunes. Cette année seulement, le recensement des sans-abris a fait état de 148 personnes qui étaient âgées de 17 ans ou moins. La plupart des sans-abris sont dans la tranche des 31 à 44 ans. Toutefois, il y en a presque la moitié autant qui sont âgés de moins de 17 ans.
La réponse à une grande partie de ce problème est de s'assurer d'avoir des politiques et des gouvernements qui créent des emplois et qui mettent l'accent sur des initiatives qui contribueront à aider ces jeunes et ces collectivités. Malheureusement, ce n'est pas vraiment ce que nous obtenons du gouvernement actuel, à part une grande annonce qu'aucun investissement ne sera fait avant 2022.
J'ai reçu une lettre fantastique d'une électrice que je représente, Jean Ashmore. Elle m'a écrit au sujet du besoin de se pencher sur l'itinérance et la pauvreté dans nos collectivités. Elle a même qualifié la situation d'une urgence de santé publique. Je vais lire un passage de sa lettre, où elle écrit ceci:
Plus longue est la période d’itinérance, pires sont les problèmes de santé. L’itinérance est la cause de décès prématurés et elle constitue un fardeau pour le système de soins de santé. Selon un rapport récemment publié en Colombie-Britannique, l’espérance de vie des itinérants dans la province est deux fois moindre que celle de leurs concitoyens.
Nous soutenons fermement l’initiative prise par la députée et nous aimerions beaucoup qu’elle porte ses fruits. Ce ne sera malheureusement pas le cas à cause des annonces faites depuis par le gouvernement.
À la suite de nombreuses politiques mises en place par le gouvernement, les Canadiens paient maintenant davantage pour beaucoup de choses: essence, chauffage, électricité, logement, sports, programmes artistiques pour les enfants et comptes d’épargne. Bien des mesures pourraient être prises pour aider les itinérants si l’on donnait suite à cette motion. Toutefois, les libéraux ont décidé de s’en attribuer le mérite qui aurait dû revenir à la vaillante députée de ce côté-ci de la Chambre.
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Madame la Présidente, je félicite mes collègues pour leur travail afin de créer un débat sur l'itinérance et de donner ainsi une voix aux citoyens et aux citoyennes les plus démunis et qui ont grandement besoin de notre soutien.
Depuis trop longtemps, soit depuis 25 ans, nous nous contentons de remettre à plus tard les discussions que nous devons avoir sur ce problème symptomatique de tous les maux de notre société. L'itinérance touche une partie de notre population, ceux qui sont déjà en situation de rupture, de mal-être ou de détresse, et par un revers de fortune, elle peut toucher chacun d'entre nous.
Je soutiens donc la motion M-147 de ma collègue de qui propose la création d'un comité spécial chargé de tenir des audiences sur l'itinérance et de proposer un plan national pour prévenir l'itinérance et y mettre fin. C'est un objectif ambitieux, certes, mais néanmoins réaliste, car nous savons que des collectivités locales, en Alberta, par exemple, se sont déjà lancé le défi et qu'elles sont en train de le relever.
De plus, la stratégie nationale en matière de logement nous indique que le gouvernement est prêt à s'attaquer à l'itinérance à l'échelle nationale. Malheureusement, 90 % du financement qui a été annoncé n'arrivera qu'après 2019. Alors, que fera-t-on pour aider les personnes en situation d'itinérance au cours des deux prochaines années? On ne sait pas.
Aucune solution unique ne nous permettra de mettre fin à l'itinérance partout au pays. À l'échelle locale, les plans pour y arriver varieront d'une région à l'autre. Le gouvernement doit agir et démontrer une réelle volonté politique de répondre aux recommandations des groupes pour mettre fin au fléau de l'itinérance. C'est pourquoi le gouvernement fédéral doit définir clairement son rôle dans son propre plan national. De ce fait, créer un comité dédié à l'étude de ces questions me semble absolument pertinent.
En effet, l'itinérance rend visibles de nombreux maux qui affligent notre société. L'itinérance peut être ponctuelle ou chronique. Dans 40,1 % des cas, selon un rapport de Homeless Hub, les premières expériences d'itinérance commencent avant l'âge de 16 ans. C'est très jeune pour se retrouver à la rue. Il se trouve que 20 % des sans-abri au Canada ont entre 13 et 24 ans. Cela signifie que ces individus sont particulièrement vulnérables, puisqu'ils sont souvent en situation de rupture familiale, et que les institutions, notamment l'école, les ont délaissés.
Personne ne choisit d'être en situation d'itinérance; une perte d'emploi, une perte de logement, une séparation ou un divorce, un deuil, une incarcération et la maladie peuvent être des circonstances propices à l'isolement, à la désaffiliation et à la détresse qui peuvent conduire à une situation d'itinérance. Vivre dans la rue, c'est être sujet à la violence autant sexuelle que mentale et physique. C'est ne pas avoir de repas chaud ni d'accès à l'hygiène. C'est aussi possiblement vivre avec des dépendances. Pour toutes ces raisons, sortir de l'itinérance peut sembler impossible à ces jeunes.
D'autre part, les femmes sont souvent invisibles lorsqu'il est question de leur offrir des services. La violence et l'invisibilité sont des caractéristiques intrinsèques de l'itinérance des femmes. La violence est souvent vécue avant et pendant l'itinérance, plaçant les femmes dans une position de vulnérabilité extrême. Effectivement, bien que certains des facteurs ayant contribué à leur situation soient similaires à ceux des hommes, les femmes en situation d'itinérance ont souvent un lourd passé de violence, allant de l'agression sexuelle aux violences psychologiques et physiques et à la violence conjugale ou familiale. Certaines femmes trouveront des stratégies de survie pour éviter de se retrouver à la rue, dont la prostitution, le vol, l'itinérance d'un refuge à l'autre ou encore de la maison d'un ami ou d'une connaissance à l'autre. Cela les rend moins visibles et augmente donc les risques pour leur santé, leur sécurité et leur intégrité, et les enfonce davantage dans un processus d'isolement.
Cette itinérance cachée a pour effet de dissimuler l'ampleur de l'itinérance chez les femmes, alors qu'elle est en croissance partout au pays. C'est d'ailleurs un phénomène observé dans Salaberry—Suroît, ma circonscription. Heureusement, des organismes comme Justice alternative, Les ateliers Cré-Actions du Suroît et l'Antichambre 12-17 offrent des services pour les jeunes femmes en situation de délinquance, de vulnérabilité ou d'itinérance.
Plus encore, on observe chez nos soeurs autochtones une augmentation fulgurante de l'itinérance depuis plusieurs années à l'échelle canadienne. L'itinérance autochtone doit être considérée en tenant compte des effets de la colonisation des communautés inuites, des Premières Nations et des Métis. Selon Amnistie internationale, les femmes autochtones constituent le groupe de personnes le plus vulnérable au pays, ayant sept fois plus de chances d'être victimes d'homicide que les femmes allochtones. Aussi, selon la Table des groupes de femmes de Montréal, les femmes autochtones recourent très peu aux ressources qui ne leur sont pas spécifiquement destinées.
Il faut adapter les ressources à ces femmes dont les besoins sont particuliers. Nous l'avons répété plusieurs fois à la Chambre, mais malheureusement la situation demeure toujours la même en ce qui concerne le bien-être de toutes les femmes.
L'itinérance coûte 7 milliards de dollars par année, l'équivalent d'un pont Champlain et demi. Elle représente un coût énorme pour les collectivités rurales et locales. Ma circonscription de Salaberry—Suroît est à moins de 1 h 30 de Montréal, mais elle est dans un triangle des Bermudes sur le plan des fonds publics. En effet, en étant près de Montréal et de la frontière américaine, ma circonscription, tout comme les circonscriptions voisines, accueille de nombreux sans-abri. Malheureusement, les organismes communautaires sont en manque criant de financement.
Montréal et sa proche banlieue ont la majorité du financement, tandis que la Montérégie-Ouest est trop près de la métropole pour obtenir du financement destiné à Montréal, mais pas assez éloignée pour avoir son propre financement.
C'est pour cela que j'ai un profond respect pour tous les organismes de ma circonscription qui travaillent d'arrache-pied avec de maigres moyens. Pacte de rue accueille beaucoup de ces personnes en détresse mais manque de place. et il en est de même pour l'Antichambre 12-17. Les comités sur le logement ont demandé à maintes reprises de meilleures prises en charge et des logements à bas prix. Malheureusement, les gouvernements les écoutent rarement.
Je rappelle qu'au Canada, on estime à plus de 235 000 le nombre de personnes qui vivent en situation d'itinérance chaque année. Il coûte plus cher à l'économie canadienne d'ignorer ces problèmes d'itinérance plutôt que de les résoudre. En effet, l'itinérance coûte près de 4,5 milliards de dollars au Trésor public annuellement. Je vais faire une comparaison rapide avec ce qu'il en coûterait pour aider les gens en situation d'itinérance. Présentement, un lit d'hôpital coûte presque 11 000 $ par mois. Par ailleurs, un supplément de loyer coûte 700 $ par mois et un logement social seulement 200 $ par mois. Il me semble que le calcul est simple. S'occuper de l'itinérance coûte vraiment moins cher.
Le pays a besoin d'un plan. Un comité spécial pourrait mener des enquêtes, délibérer et définir une mesure de réussite. Après avoir déterminé à quoi ressemble cette réussite, le comité spécial fixerait les cibles et les paramètres dans le but de les évaluer. Le travail en comité permettrait d'avoir une variété d'opinions et, je l'espère, de faire le consensus sur les actions à mener.
Le gouvernement se targue d'être transparent, ouvert aux nouvelles idées et d'améliorer ses relations avec le Parlement. Les Canadiens s'attendent à ce que tous les députés de la Chambre collaborent. Ma collègue de vient de nous tendre la main avec cette motion M-147. Le Cabinet va-t-il répondre positivement? Va-t-il laisser les députés libéraux voter librement sur cette motion?
Le gouvernement fédéral doit laisser les parlementaires être en communication avec les collectivités, les travailleurs de première ligne, les organismes sans but lucratif, les universitaires, les groupes autochtones et les jeunes, afin d'élaborer un plan, de mettre en commun les ressources et de rendre des comptes.
En conclusion, c'est le rôle du Parlement d'écouter les citoyens, les experts, ainsi que les organismes, et de faire avancer des sujets que les gouvernements délaissent ou remettent à plus tard. Il est impératif d'aider les itinérants qui sont souvent des jeunes, et la plupart du temps des femmes, à vaincre leurs démons personnels. Il faut trouver des solutions durables pour les réintroduire dans notre société de façon honorable. C'est notre devoir en tant qu'élus de faire cela. La base de notre mandat, c'est de représenter la population.
Devant ce problème, nous sommes tous égaux, que nous soyons ministres, secrétaires d'État ou députés. Nous sommes tous des citoyens et nous avons tous dans notre circonscription des problèmes d'itinérance. Tous les bureaux sont touchés.
J'espère donc que tous les députés à la Chambre tendront la main à la députée de et qu'ils s'impliqueront activement pour mettre sur pied un comité spécial qui pourra traiter uniquement de l'itinérance pour trouver des solutions et mettre en place un plan spécifique à l'itinérance au Canada. J'espère que nous pourrons tendre la main aux Autochtones également, afin d'avoir des solutions pour toute la population et tous les peuples au Canada.
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Madame la Présidente, je vous remercie de m'accorder du temps de parole pour discuter de la motion M-147 proposée par ma collègue de .
L'esprit qui sous-tend cette motion est la réduction, voire l'élimination, de l'itinérance. Nous devons applaudir cette motion.
Toutefois, j'aimerais souligner que la motion M-147 réclame une nouvelle série de consultations. Plus précisément, la motion M-147 demande la constitution d'un comité parlementaire spécial, qui tiendrait des audiences sur la question de l'itinérance.
Notre gouvernement reconnaît que l'itinérance est une réalité pour trop de Canadiens et qu'elle représente un défi pour toutes les collectivités du Canada. C'est la raison pour laquelle nous avons entrepris d'importants efforts de sensibilisation et de consultation, afin d'orienter les stratégies qui seront conçues pour prévenir et réduire l'itinérance. En effet, au cours des deux dernières années, nous avons consulté la population canadienne, des intervenants et des partenaires pour appuyer la Stratégie nationale sur le logement, le renouvellement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance et la Stratégie de réduction de la pauvreté.
Je me permets de rappeler nos réalisations.
Je suis fière de dire que, le 22 novembre dernier, nous avons annoncé le lancement de la Stratégie nationale sur le logement. Cette stratégie permettra de créer des possibilités de collaboration et de favoriser l'innovation grâce à encore plus de partenariats qu'auparavant entre le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, les municipalités, les organismes de logement communautaire, les organismes sans but lucratif et les secteurs coopératifs et privé, afin d'apporter un réel changement dans la vie des Canadiens.
Une conversation à l'échelle nationale sur le logement a été lancée à la fin de juin 2016, à la suite d'une réunion fructueuse des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables du logement. Menées par la Société canadienne d'hypothèque et de logement, les consultations « Parlons logement » se sont déroulées sur quatre mois.
Tout au long de 2016, nous nous sommes engagés auprès de la population canadienne, des principaux intervenants et des provinces et territoires, afin de recueillir les points de vue dans le cadre de la conversation nationale sur le logement.
Plus de 6 300 Canadiens ont pris le temps de remplir le sondage sur la Stratégie nationale sur le logement. Plus de 130 idées ont été soumises grâce à la plateforme de partage d'idées et plus de 475 soumissions en ligne ont été reçues de la part de particuliers et d'organisations, notamment la Fédération canadienne des municipalités et le Collectif pancanadien pour le logement.
Parmi les activités, citons les suivantes: des réunions bilatérales avec les provinces et les territoires; une table ronde nationale de trois jours avec des experts comprenant 18 séances portant sur une variété de questions, dont une discussion d'une journée sur l'itinérance; une réunion nationale avec des intervenants de l'ensemble du continuum du logement, de l'itinérance au marché du logement, afin de valider les commentaires reçus; des réunions avec des organisations autochtones nationales sur le logement et l'itinérance; des tables rondes supplémentaires avec des experts tenues partout au Canada; une série de 21 groupes de discussion avec des groupes marginalisées dont les personnes ayant vécu l'itinérance, les familles à faible revenu, les Autochtones vivant hors réserve, les aînés, les personnes handicapées et les nouveaux arrivants.
Ces activités nous ont permis de recueillir un ensemble de recommandations portant sur la manière de renforcer la réponse du gouvernement fédéral face à l'itinérance. À titre d'exemple, les intervenants ont préconisé le renouvellement et l'élargissement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance, ainsi qu'une souplesse et une adaptabilité accrues de l'approche « Logement d'abord » du programme.
Bref, le message était clair. Les Canadiens veulent de meilleures conditions de logement, surtout pour ceux qui en ont le plus besoin.
La Stratégie des partenariats contre l'itinérance a elle aussi fait partie de cette consultation. Nous avons proposé dans le budget de 2017 d'investir un montant total de 2,1 milliards de dollars dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement, afin d'élargir le financement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. De plus, nous nous sommes engagés à collaborer avec les intervenants, les provinces et les territoires, ainsi qu'avec les organisations autochtones sur la façon de remanier le programme afin de mieux réduire et prévenir l'itinérance.
Nous avons donc créé le Comité consultatif sur l'itinérance qui est présidé par le. Ce comité se compose de personnes qui ne proviennent pas du gouvernement et qui ont une connaissance approfondie des questions relatives à l'itinérance.
En appui au travail du comité, Emploi et Développement social a lancé une consultation en ligne du 17 juillet au 15 septembre 2017. Le Comité a aussi tenu une série de tables rondes régionales partout au pays avec des intervenants, des fournisseurs de services et des partenaires autochtones. De nombreux députés étaient également présents lors de ces tables rondes.
Les commentaires que les membres du comité ont recueillis au cours de ces consultations orienteront les options qu'ils proposeront sur le renouvellement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. En effet, un rapport sur les commentaires reçus devrait être publié au printemps 2018.
Nous savons tous que la pauvreté et l'itinérance sont étroitement liées, l'une pouvant mener à l'autre. Parlons de la réduction de la pauvreté. Une fois de plus, je n'apprends rien à la Chambre en disant que nous élaborons une stratégie de réduction de la pauvreté. Là aussi, nous avons fait d'énormes efforts de mobilisation. De février à septembre 2017, nous avons tenu un processus de consultation à l'échelle nationale auprès des Canadiens, afin de discuter des principaux enjeux liés à la pauvreté.
Une consultation en ligne ainsi que des tables rondes ont eu lieu avec des organisations autochtones, des entreprises, des organismes communautaires, des experts du milieu universitaire et des Canadiens qui ont vécu dans la pauvreté. Le lien entre l'itinérance, les logements à prix abordable et la pauvreté a souvent été soulevé.
Nous avons aussi achevé le projet Combattons ensemble la pauvreté, qui consistait à effectuer des études de cas dans six collectivités du Canada ayant exprimé un intérêt pour la réduction de la pauvreté.
Le projet a permis d'évaluer les retombées des programmes fédéraux de réduction de la pauvreté à l'échelle locale, en fonction de l'opinion des citoyens, plus particulièrement celle des personnes qui ont vécu dans la pauvreté. Le rapport sur le projet Combattons ensemble la pauvreté a été publié lors de la Conférence nationale sur la pauvreté, le 18 septembre.
Comme si cela n'était pas suffisant, notre gouvernement a mis sur pied un comité consultatif ministériel sur la pauvreté qui rassemble des dirigeants, des experts du milieu universitaire et des professionnels du domaine de la réduction de la pauvreté, ainsi que des personnes qui ont elles-mêmes vécu dans la pauvreté. La Conférence nationale sur la pauvreté, qui a duré deux jours, a réuni des universitaires, des intervenants, des chercheurs, des fournisseurs de services de première ligne, des personnes qui ont vécu dans la pauvreté et des membres du comité consultatif sur la pauvreté.
L'objectif était de discuter des commentaires reçus des Canadiens au cours du processus de consultation. À tout cela s'ajoute l'étude en cours sur les mesures de réduction de la pauvreté, incluant des initiatives sur le logement et l'itinérance menées par le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Nos vastes activités de mobilisation auprès des Canadiens orienteront l'élaboration d'une stratégie de réduction de la pauvreté qui s'harmonisera avec les stratégies provinciales et municipales de réduction de la pauvreté existantes, et les appuiera. Elle appuiera également la refonte et l'élargissement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance.
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, nous devons applaudir la motion M-147 pour l'esprit qui la sous-tend. Il est évident que mettre fin à l'itinérance est une priorité pour tous les partis.
Je remercie ma collègue de de son engagement envers cet enjeu important.
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Madame la Présidente, je suis tellement fière de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet de la motion M-147. Je suis très reconnaissante à la députée de d'avoir présenté cette motion.
Nous savons que l'objectif ultime d'une stratégie nationale sur le logement doit être de réduire l'itinérance. Or, nous avons entendu très clairement que jusqu'à la moitié des itinérants actuels et des personnes qui risquent de le devenir ne seraient même pas visés par la stratégie nationale pour le logement.
Il est impératif que nous prenions très au sérieux la nécessité de s'attaquer aux problèmes de l'itinérance. Il est vraiment important de constituer un comité pour parler de ces problèmes et élaborer un plan pour y remédier.
Je crois fondamentalement que le droit au logement fait partie des droits de la personne. J'ai été anéantie lorsque j'ai présenté un projet de loi à la Chambre et que le gouvernement ne l'a pas appuyé.
Si nous voulons assurer un logement aux gens, nous devons reconnaître à quel point il est déshumanisant d'avoir nulle part où vivre, aucun endroit où garder ses biens les plus chers et se réchauffer, et de ne pas savoir où aller dormir. Il est honteux que le logement ne soit pas reconnu comme un droit fondamental. J'espère que le processus amènera le gouvernement à revoir sa position à cet égard et à travailler en ce sens.
Dans les petites circonscriptions rurales comme North Island—Powell River, l'itinérance a toujours des répercussions considérables. Certains pensent qu'il s'agit d'un problème surtout urbain. Malheureusement, ils ont tort. Je pense à l'organisme Grassroots Kind Hearts Society, dans la collectivité de Campbell River, qui distribue des repas aux sans-abri à l'extérieur, parce qu'il est sans locaux.
Les gens pensent peut-être que le climat est toujours clément dans l'île de Vancouver, mais ce n'est certainement pas le cas en hiver. Le temps est très pluvieux, et il fait froid. Je tiens à saluer le travail des bénévoles extraordinaires de cet organisme, qui se présentent tous les jours pour offrir leur aide.
Je tiens aussi à saluer les employés du centre de ressources communautaires de Powell River, qui font des pieds et des mains pour venir en aide aux sans-abri de la région et essayer de leur trouver un toit. Le gros du travail, ce sont les bénévoles qui le font, et ils sont nombreux. Ils doivent pouvoir compter sur le soutien du gouvernement, et le meilleur moyen de l'obtenir serait de constituer un comité qui serait au fait de la situation.