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Monsieur le Président, je propose que le troisième rapport du Comité permanent de la condition féminine, présenté le mardi 5 février 2008, soit adopté.
La motion dit ceci:
Que le gouvernement souscrive à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 13 septembre 2007 et que le Parlement et le gouvernement du Canada procèdent à la mise en œuvre complète des normes qui s’en dégagent.
Après deux décennies de travail, le 13 septembre 2007, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration sur les droits des peuples autochtones par 143 voix contre 4.
Il est honteux que le Canada fasse partie des quatre pays qui ont voté contre cette déclaration et que le gouvernement ait activement exercé des pressions sur les autres pays pour qu'ils votent également contre cette déclaration historique.
La décision du Canada de ne pas appuyer cette déclaration va à l'encontre des désirs des organisations autochtones, des organismes de défense des droits de la personne et même des fonctionnaires canadiens. Voici ce qu'on pouvait lire dans une note de synthèse ministérielle dont Amnistie Internationale a obtenu copie:
Les ministères des Affaires indiennes et du Nord et des Affaires étrangères ont initialement fait savoir... qu'ils recommanderaient que le Canada appuie l'adoption du projet de déclaration.
La décision du Canada de s'opposer à la déclaration va complètement à l'encontre de la tradition canadienne de défense des normes des Nations Unies à l'égard de la promotion des droits de l'homme à l'échelle internationale.
La déclaration reconnaît les droits des peuples autochtones à l'égard des terres, des territoires et des ressources naturelles qui sont essentiels à leur mode de vie, un mode de vie respectueux de la terre et de ses ressources.
La déclaration contient également des conseils sur la meilleure façon d'assurer la dignité, la survie et le bien-être de certains des peuples les plus pauvres et les plus marginalisés au monde.
Beverley Jacobs, présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada a dit:
Bien que l’adoption de la Déclaration me réjouisse, la décision sans fondement de voter contre la déclaration démontre un manque d’engagement non seulement envers les peuples autochtones mais envers les droits humains de façon plus générale. Ce n'est pas terminé. Nous demanderons au Canada de se joindre à nous pour mettre cette déclaration en oeuvre immédiatement.
Il est vrai que les femmes autochtones font l'objet d'une double ou même d'une triple discrimination parce qu'elles sont autochtones, pauvres et marginalisées.
Au Canada, 38 p. 100 des femmes autochtones ont un faible revenu. Le revenu médian des femmes autochtones est de 12 300 $, soit 5 000 $ de moins environ que celui des femmes non autochtones.
Selon Statistiques Canada, les femmes autochtones représentent moins de 2 p. 100 de la population générale. Toutefois, elles font trois fois et demie plus souvent l'objet de violence que les femmes non autochtones. Près de 35 p. 100 des femmes autochtones ont déjà été victimes de violence.
Les femmes autochtones vivent dans des localités éloignées et, souvent, elles n'ont pas accès à des refuges pour femmes. Elles se trouvent devant une alternative déchirante: soit elles perdent leur foyer soit elles vivent dans la peur auprès d'un partenaire violent.
Les jeunes femmes autochtones sont cinq fois plus susceptibles de mourir à cause de la violence que les autres Canadiennes.
Des obstacles continuent d'empêcher les femmes autochtones de faire des études postsecondaires. Chez les femmes autochtones âgées de 25 à 44 ans vivant hors réserve qui ont commencé, sans le terminer, un programme d'études postsecondaires, 34 p. 100 ont invoqué les responsabilités familiales pour expliquer qu'elles n'avaient pas fini leurs études, 21 p. 100 ont invoqué des raisons financières, 12 p. 100 avaient perdu l'intérêt et la motivation de poursuivre leurs études et 8 p. 100 avaient trouvé un emploi ou devaient travailler.
La route 30 entre Prince Rupert et Prince George, en Colombie-Britannique, a été renommée la route des pleurs à cause des 30 femmes autochtones et plus qui ont disparu ou ont été trouvées assassinées le long de cette route.
Le printemps dernier, le centre de guérison familial autochtone At^losha, organisme des Premières nations situé à London, a souligné le 21 juin en effectuant une marche et une cérémonie traditionnelle de commémoration de la perte de nos soeurs de partout au Canada. Ce fut des activités émouvantes et douces, mais qui ont mis en relief le désespoir des personnes endeuillées qui ne sauront jamais ce qui est arrivé aux femmes qu'elles aimaient.
Pourquoi les victimes de la route des pleurs sont-elles surtout de jeunes femmes autochtones? La réponse réside dans la pauvreté.
En 2006 a eu lieu un symposium sur le sujet de la route des pleurs. On a formulé de nombreuses recommandations pour prévenir les morts et les disparitions inutiles de jeunes femmes autochtones. J'espère que le gouvernement fédéral fera tout ce qui est possible pour donner suite à ces recommandations. J'espère qu'il écoutera enfin, car les femmes autochtones et leurs enfants sont plus susceptibles de subir de la violence et des mauvais traitements dans leur vie que les autres Canadiennes. Huit femmes autochtones sur dix sont victimes de violence.
Le racisme, les stigmates des pensionnats et le manque de logements et de possibilités d'éducation rendent les femmes autochtones plus vulnérables. Nous avons l'obligation de mettre un terme à la violence envers les femmes autochtones et envers toutes les femmes.
La déclaration des Nations Unies compte parmi les premiers instruments internationaux liés aux droits de la personne à prôner explicitement l'adoption de mesures visant à protéger les femmes et les enfants autochtones contre toute forme de violence. D'après l'organisme Foreign Policy in Focus, les peuples autochtones se sont battus pendant des siècles contre le génocide, les déplacements, la colonisation et l'assimilation forcée. En raison de cette violence, les collectivités autochtones sont parmi les plus pauvres et les plus marginalisées du monde. Elles sont laissées de côté par les politiques des États et privées de leurs droits par les gouvernements nationaux.
Dans les Amériques, les peuples autochtones ont une espérance de vie de 10 à 20 ans inférieure à celle de la population générale. La même tendance générale se constate à l'échelle internationale. À cause de la discrimination sexuelle, cette tendance se vérifie plus souvent chez les femmes autochtones.
Aujourd'hui, les droits fondamentaux—et même la survie—des peuples autochtones sont de plus en plus menacés par le combat des États et des sociétés pour le contrôle des ressources naturelles, qui se font de plus en plus rares et qui, souvent, sont situées sur les terres des Premières nations.
Une des principales préoccupations des femmes autochtones est la violence dont elles font l'objet. Cette violence découle non seulement de la discrimination fondée sur le sexe et de la subordination des femmes autochtones au sein de leur famille et de leur communauté, mais aussi des attitudes et des politiques qui violent les droits collectifs des Autochtones. Mme Myrna Cunningham, dirigeante autochtone de renommée internationale, a dit:
Pour les peuples autochtones et les femmes autochtones, l'exercice de nos droits — en tant qu'Autochtones et comme femmes — dépend de la reconnaissance légale de nos terres ancestrales collectives, qui sont le fondement de nos identités, de nos cultures, de nos économies et de nos traditions.
La compréhension des droits collectifs a permis aux femmes autochtones de dresser des stratégies de lutte contre la violence qui tiennent compte des liens entre des questions aussi diverses que les droits fondamentaux des femmes, la justice économique et les changements climatiques. Ces liens sont reflétés dans les organisations de femmes autochtones du monde entier comme, par exemple, dans un village au Kenya dirigé par des femmes autochtones et dans une organisation de développement communautaire au nord du Nicaragua, le long de la côte atlantique.
Selon les experts, les logements surpeuplés contribuent au problème de la violence physique et sexuelle. Aucune femme ne devrait avoir à faire le choix impossible entre vivre avec un conjoint violent et perdre son logement.
Les conditions de logement sont l'un des principaux facteurs qui influent sur la santé mentale et physique d'une personne. Les Autochtones sont confrontés à une grave pénurie de logements, et ceux qu'ils trouvent sont de piètre qualité.
Au Canada, 52 p. 100 des ménages autochtones éprouvent des besoins impérieux de logement. Selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement,
[cette situation] découle principalement du faible revenu dû aux inégalités que vivent les femmes et les Autochtones en général, sur le marché du travail et dans d'autres domaines. Ces inégalités sont amplifiées par leur faible niveau de scolarité et l'incapacité de beaucoup de ces parents de se joindre à la population active en raison de leurs responsabilités familiales.
Les secteurs du logement et de l'infrastructure chez les Premières nations sont en crise. Quand on procède à des comparaisons avec les collectivités non autochtones, on constate que les collectivités autochtones sont extrêmement désavantagées. L'accès à un logement adéquat est considéré comme un droit fondamental, un droit crucial pour le bien-être quotidien des membres des Premières nations. Il est lié étroitement à l'accès à l'éducation, aux soins de santé, à des possibilités économiques et à des possibilités d'emploi.
Les femmes autochtones sont également en mauvaise santé, vivent moins longtemps et ont plus de chances d'avoir un handicap. D'après le Conseil de la santé de la Saskatchewan, « les écarts en matière de santé diminuent quand les écarts de statut et de classe économique fondées sur des éléments comme la culture, la race, l'âge, le sexe et l'invalidité diminuent ».
Le mauvais état se santé des femmes autochtones est lié à des facteurs tels que la pauvreté, le chômage, une situation sociale défavorable, l'instabilité et la violence dans leurs familles et leurs collectivités ainsi qu'à des conditions de vie et de logement inadéquates. Le surpeuplement des logements et l'absence d'eau potable et propre à des fins de consommation et de lavage aggravent l'état de santé déjà mauvais des femmes autochtones.
La Déclaration des Nations Unies est un instrument international essentiel en matière de droits de la personne qui fixe les normes minimales nécessaires pour assurer la survie, la dignité et le bien-être des peuples autochtones. Dans les articles 21 et 22, il est explicitement indiqué qu'il existe un lien entre le bien-être des femmes autochtones, de leurs enfants et des personnes âgées et le respect de leur droit d'être libres de violence et de discrimination.
Sur la scène internationale, les femmes autochtones ont combattu avec ardeur pour ces dispositions. Ces dispositions ne sont pas abstraites. Elles reflètent les réalités collectives auxquelles les Premières nations sont confrontées dans leurs collectivités et le degré selon lequel l'action ou l'inaction du gouvernement les touche. Le gouvernement du Canada doit ratifier la déclaration et les principes, les droits et les valeurs qu'elle soutient.
Le Forum international des femmes autochtones a dit que la Déclaration des droits des peuples autochtones servira d'instrument international d'ensemble en matière de droits de la personne pour tous les hommes, les femmes et les enfants autochtones du monde. L'adoption de cette déclaration permettra aux femmes autochtones et à leurs familles d'utiliser le droit international dans leur lutte locale pour faire respecter les droits de la personne, et leur gouvernement devra se conformer aux normes internationales en matière de droits de la personne.
Depuis 1923, les chefs de file des Premières nations tentent de représenter leur peuple sur la scène internationale. Il est temps que le gouvernement du Canada signe la déclaration des Nations Unies. Le pays que nous édifions a toujours défendu les droits de la personne partout dans le monde. Il est temps qu'il défende ces mêmes droits sur son territoire.
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Monsieur le Président, j'aimerais saisir l'occasion pour répondre à la motion de la députée de , motion qui dit ceci:
Que le gouvernement souscrive à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 13 septembre 2007 et que le Parlement et le gouvernement du Canada procèdent à la mise en œuvre complète des normes qui s’en dégagent.
Comme la Chambre le sait sans doute, le 12 septembre 2007, le et le ont fait une déclaration indiquant que le Canada ne pouvait pas voter pour la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Le lendemain, le Canada s'est expliqué en formulant officiellement sa position au sujet de la déclaration. Le Canada a indiqué entre autres que la déclaration ne contenait pas de lignes directrices suffisamment précises à l'intention des États et que certaines dispositions étaient trop vagues, ce qui permettait une vaste gamme d'interprétations.
Depuis son arrivée au pouvoir, en 2006, notre gouvernement est intervenu sur plusieurs fronts afin d'améliorer la qualité de vie des Autochtones et d'aider les peuples autochtones à connaître un avenir prospère. Ce programme réaliste est axé sur les résultats concrets et il a déjà permis d'accomplir des progrès tangibles dans divers domaines, dont les revendications territoriales, l'éducation, le logement, les services à l'enfance et à la famille, l'eau potable et l'extension de la protection des droits de la personne aux membres des Premières nations vivant dans les réserves.
Nous exerçons en outre des pressions pour que l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne soit abrogé. Ainsi, tous les Autochtones, y compris les femmes autochtones, lesquelles sont souvent les plus vulnérables, bénéficieraient de la protection de leurs droits fondamentaux.
Il convient de noter que le Canada appuie l'esprit et l'intention de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, mais des négociations supplémentaires s'imposaient pour en arriver à un texte que le Canada puisse appuyer et qui tienne compte des intérêts des peuples tant autochtones que non autochtones au Canada et dans le monde entier.
La position du Canada, qui est fondée sur des principes, n'a pas changé. Nous avons émis publiquement d'importantes réserves à l'égard du libellé de certaines dispositions de cette déclaration, notamment celles portant sur les terres, territoires et ressources, sur le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, à titre de veto, sur l'autonomie gouvernementale sans reconnaissance de l'importance des négociations, sur la propriété intellectuelle, sur les questions d'ordre militaire, et sur la nécessité de trouver un juste équilibre entre les droits et les obligations des peuples autochtones, des États membres et des tiers.
Le Canada s'est opposé à l'adoption du texte actuel, qu'il trouve fondamentalement mauvais et qui ne contient pas de lignes directrices claires concernant sa mise en oeuvre. Ces observations s'appliquent à divers aspects de la loi, dont la propriété intellectuelle.
La clarté de l'énoncé devrait constituer un facteur de décision important lorsqu'un gouvernement songe à donner son appui à un document, quel qu'il soit. Or, les articles 11 et 31 de la déclaration contiennent des expressions sur la nature, la portée et les implications juridiques desquelles la communauté internationale n'est pas parvenue à s'entendre. Ces expressions sont, entre autres, « savoir traditionnel », « expressions culturelles traditionnelles » et « consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause ».
Prenons, par exemple, l'expression « consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause ». Lors du vote sur la déclaration, l'ambassadeur canadien a fait valoir que certaines des dispositions relatives à la notion de « consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause » étaient indûment restrictives. En effet, la déclaration stipule que les États ne devraient pas prendre de mesures législatives ou administratives touchant le peuples autochtones sans avoir obtenu le consentement de ces derniers.
Le Canada a une forte tradition en matière de processus consultatif, tradition renforcée par les tribunaux, sur le plan juridique, mais l'établissement d'un droit de veto sur des mesures législatives ou administratives dans le cas de groupes donnés irait à l'encontre du système parlementaire du Canada. Un tel droit de veto aurait des répercussions sur les lois sur la propriété intellectuelle et d'autres lois fédérales et provinciales.
La déclaration précise également « en violation de leurs lois, traditions et coutumes ». Un tel langage pourrait laisser entendre qu'on reconnaît l'existence d'un ensemble de lois autochtones sur la propriété intellectuelle au Canada sans qu'on n'ait dénombré et étudié ces lois au Canada et sans qu'on ne sache comment elles s'harmonisent avec les lois et les politiques fédérales et provinciales et si elles soulèvent des préoccupations par rapport à la capacité du Canada de respecter ses obligations juridiques internationales.
Cela est d'autant plus préoccupant que la déclaration omet de préciser que les règles de droit coutumier des Autochtones seraient assujetties aux lois fédérales canadiennes. J'ajouterais que nous ne connaissons aucun pays, particulièrement parmi nos principaux partenaires commerciaux, qui reconnaisse des dizaines, voire des centaines de régimes de propriété intellectuelle nationaux.
D'aucuns diront que les répercussions qu'entraîneraient ces deux articles sur le régime de propriété intellectuelle et les détenteurs de droits de propriété intellectuelle au Canada sont minimes, car seules des collectivités autochtones seraient visées. N'oublions pas que le droit en matière de propriété intellectuelle reconnaît le droit de propriété. Une des caractéristiques du droit de propriété, intangible ou pas, est qu'il refuse à autrui l'accès à l'utilisation de la propriété.
Imaginons par exemple qu'un symbole traditionnel du domaine public est assujetti à une loi coutumière quelconque des Autochtones. Si le droit coutumier autochtone devait être reconnu comme ayant préséance sur le régime de propriété intellectuelle du Canada, tous les Canadiens, y compris d'autres Canadiens autochtones, seraient limités dans leur capacité d'utiliser ce symbole dans une nouvelle oeuvre, par exemple dans une peinture. Si le symbole était intégré dans une marque de commerce existante détenue par quelqu'un de l'extérieur du groupe autochtone, on pourrait remettre en question l'existence légale de cette marque de commerce. Le gouvernement considère qu'il ne peut pas reconnaître ainsi un nouveau régime de propriété intellectuelle sans consulter les Canadiens.
Les partisans de la déclaration ont affirmé que le Canada ne devrait pas s'inquiéter puisque la déclaration n'est pas juridiquement contraignante, mais certains pourraient tenter de fonder une interprétation sur la déclaration et demander que le gouvernement fédéral fasse en sorte que ses politiques la respectent. Le libellé précis est donc d'une grande importance. D'ailleurs, la déclaration a déjà été citée devant les tribunaux, au Canada.
En outre, une telle approche serait illogique compte tenu de la position du Canada aux fins des négociations en cours sur l'autonomie gouvernementale. Le Canada a insisté pour que le gouvernement du Canada conserve le pouvoir législatif exclusif sur la question de la propriété intellectuelle dans les domaines de compétence fédérale.
J'ajouterai à mes propres observations, concernant les préoccupations que suscite la déclaration pour le gouvernement, que le régime national canadien en matière de propriété intellectuelle ne fait pas de discrimination contre les citoyens autochtones ni contre aucun autre groupe au Canada. Tous les Canadiens, Autochtones ou autres, bénéficient également du régime national concernant la propriété intellectuelle du Canada, au Canada et à l'étranger.
Le gouvernement cherche à mieux comprendre les inquiétudes des peuples autochtones du Canada concernant les liens entre leur patrimoine culturel et le régime de propriété intellectuelle du Canada. Par exemple, nous avons versé du financement pour permettre à des Autochtones du Canada de participer aux assemblées qui les concernaient à l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et à la Convention sur la diversité biologique. Nous avons aussi accepté les invitations de collectivités autochtones à aller les rencontrer pour leur expliquer les avantages et les limites du régime national de la propriété intellectuelle au Canada et pour prendre connaissance de leurs préoccupations à cet égard.
Nous croyons que cette façon d'aborder la situation et de répondre une étape à la fois aux préoccupations de nos compatriotes autochtones est la meilleure façon de procéder, concernant la propriété intellectuelle. Il ne serait à l'avantage de personne d'adopter un texte qui comporte des lacunes fondamentales et qui ne donne aucune indication claire sur sa mise en oeuvre, d'un point de vue pratique.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour appuyer la motion dont nous sommes saisis, à savoir la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones que l'Assemblée générale des Nations Unies a adoptée le 13 septembre 2007.
Il a fallu plusieurs années pour arriver à cette déclaration. En effet, comme mon collègue d'en face l'a mentionné, pendant plus de deux décennies, le Canada a joué un rôle important dans l'élaboration de la déclaration des Nations Unies, y compris la rédaction du texte.
La déclaration, sous sa forme actuelle, est le fruit de longues négociations entre les États membres et les peuples autochtones du monde entier. Il importe de signaler que c'est la première fois dans l'histoire des Nations Unies que les détenteurs des droits participent réellement au processus. Le texte actuel, comme je l'ai dit, est le résultat des vastes consultations qui ont eu lieu.
Le Canada était reconnu à l'échelle mondiale et aux Nations Unies comme étant un fervent partisan de la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l'homme.
Quand l'actuel gouvernement a pris le pouvoir, les amis du , M. Bush et M. Howard, ont beaucoup contribué à changer la position du Canada. C'est après la visite du premier ministre d'Australie à Ottawa que le Canada a exprimé sa réticence à appuyer la déclaration. Depuis février 2006, je le répète, les consultations entre le Canada et les peuples autochtones sont au point mort.
Lors du vote aux Nations Unies, quatre pays seulement se sont opposés à la déclaration: le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l'Australie.
Les représentants du Canada ont toujours nié que le gouvernement fédéral avait insisté pour modifier les dispositions de la déclaration que les gouvernements libéraux précédents appuyaient. Pourtant, en août 2007, le Canada, la Colombie, la Nouvelle-Zélande et la Russie ont demandé plus de 40 révisions. Dans bien des cas, le Canada a participé à la rédaction des mesures en question.
Il est important de souligner que le Canada, qui, avant que le gouvernement actuel accède au pouvoir, était reconnu comme un grand défenseur des droits de la personne sur son territoire comme à l'étranger, s'est opposé pour la toute première fois à un document international portant sur les droits de la personne.
Le gouvernement affirme que ce n'était pas une décision facile à prendre, mais les arguments qu'il utilise pour justifier sa position sont pour le moins nébuleux. Nous savons que le Canada faisait campagne contre cet instrument de défense des droits de la personne à Genève, en juin 2006. C'était avant que le gouvernement affirme aux parlementaires qu'il en était encore à étudier le texte. Il encourageait les autres pays à s'opposer à la déclaration et s'est allié à des pays aux bilans fort peu reluisants, comme la Colombie, la Russie et certains pays africains parmi les plus durs.
Voici un extrait du rapport de 2007 d'Amnistie Internationale:
Pendant toute l’année qui a suivi, le Canada a mené le combat pour pousser les Nations Unies à s’engager dans l’entière renégociation des points déterminants de la Déclaration. Ce processus aurait retardé sensiblement son adoption et vraisemblablement amoindri son texte de façon significative. En agissant ainsi, le Canada se rangeait au nombre des États qui n’apportent que très peu de soutien au système des droits de l’homme aux Nations Unies et qui comptent, dans leur passé, de brutales répressions à l’endroit des défenseurs des droits autochtones.
La déclaration a été adoptée, mais le gouvernement continue d'en faire fi et de laisser tomber ses obligations internationales.
De plus, le gouvernement a trompé la population du Canada. S'il était vraiment convaincu que ses arguments contre la déclaration de l'ONU étaient valides, il n'aurait pas recours à des affirmations qui sont fausses à mon avis pour justifier ses décisions.
Selon le ministre, la déclaration n'assure pas l'équilibre entre les droits individuels et collectifs, même si, de fait, elle vise précisément cet aspect. Voici ce qu'il a déclaré:
Au Canada, nous cherchons à assurer l'équilibre entre les droits individuels et les droits collectifs; or, [ce] document [...] ne présente rien de tel [...] Souscrire à ce document, c'est souscrire au principe selon lequel les droits des Premières nations sont les seuls qu'il importe de considérer. Évidemment, cela n'est pas conforme à la Constitution du Canada.
Cependant, il suffit de lire la déclaration pour confirmer qu'elle contient 17 dispositions visant les droits individuels. Le gouvernement fédéral sait fort bien que le gouvernement libéral précédent a joué un rôle de chef de file comme promoteur de l'article 46, l'une des dispositions d'équilibre les plus complètes à avoir jamais été intégrée à un document international concernant les droits de la personne.
Toute affirmation selon laquelle la déclaration ne serait pas conforme à la Constitution du Canada est sans fondement. Le Canada n'a pas réussi à prouver en quoi ce serait le cas. La déclaration propose des normes exemplaires en matière de droits de la personne. Les tribunaux du Canada seraient bien inspirés de se fonder sur des instruments internationaux si progressistes pour interpréter les droits des peuples autochtones.
Comme l'a confirmé la Cour suprême, et je cite à nouveau:
[...] notre Constitution est un arbre vivant qui, grâce à une interprétation progressiste, s'adapte et répond aux réalités de la vie moderne.
Et elle ajoute: « Une interprétation large et libérale, ou progressiste, garantit la pertinence et, en fait, la légitimité perpétuelle du document constitutif du Canada. »
J'ai parlé plus tôt de l'incapacité du Canada à consulter les peuples autochtones. Je n'y reviendrai pas. Cependant, les députés d'en face nous font valoir le projet de loi et l'abrogation de l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Nous appuyons l'abrogation de l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne et nous attendons que ce projet de loi revienne à la Chambre. Voilà déjà deux mois qu'il est sorti des mains du comité.
À ce sujet, je m'interroge sur la pertinence de la notion d'opposition entre droits individuels et droits collectifs. Dans les nombreuses discussions qui ont abouti au rapport final du comité sur le projet de loi , nous avons pu constater un effort concerté visant à usurper les droits collectifs des peuples autochtones.
Il a beaucoup été question de l'importance de cette déclaration pour les femmes. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles nous nous soucions d'assurer une pleine mise en oeuvre de la Déclaration universelle des droits de l'homme au Canada.
Nous savons que les femmes autochtones sont beaucoup plus exposées à la violence familiale et que, dans bien des cas, cela est lié aux conditions de vie. Nous savons que les peuples autochtones n'ont pas un accès suffisant à l'eau potable. Nous pouvons même dire que l'approvisionnement en eau des peuples autochtones vivant sur des réserves n'est pas ce qu'il devrait être.
Nous savons que l'accès aux soins de santé est beaucoup plus difficile pour les femmes autochtones et leurs familles que pour les Canadiens non autochtones vivant en ville ou en région rurale. Nous savons qu'il n'y a pas de possibilités d'éducation pour les enfants. Nous savons que, en réalité, le gouvernement prend à Pierre pour donner à Paul, prenant essentiellement des fonds destinés à des projets d'éducation dans des collectivités pour les affecter à des projets d'approvisionnement en eau pour pouvoir crier sur les toits ce qu'il fait là-bas.
Je ne dis pas que les projets d'approvisionnement en eau sont sans importance. En fait, ils sont très importants pour la santé et la sécurité de tous les Canadiens. Cependant, il est important de respecter tous les droits de la personne. Lorsqu'il s'agit des femmes, nous devons comprendre que les droits de la personne dont nous parlons sont des droits fondamentaux.
J'aimerais citer Beverley Jacobs de l'Association des femmes autochtones du Canada. Elle parle de toutes les difficultés individuelles auxquelles se heurtent les Premières nations: l'eau, l'éducation, la santé, etc. Elle dit:
Tous ces problèmes, en apparence individuels, remontent à des temps historiques où nos terres, nos ressources et nos territoires nous ont été injustement retirés et où notre droit à l'autodétermination a été bafoué au profit d'autres personnes.
Malheureusement, ce n'est pas uniquement un problème du passé, mais un problème contemporain, alors que les priorités n'ont pas changé à certains égards.
Nous voyons encore le gouvernement canadien contester devant les tribunaux les droits des Autochtones protégés par la Constitution. En qualité de dirigeantes autochtones, nous défendons non seulement des femmes, mais aussi nos terres, nos ressources et nos territoires.
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Monsieur le Président, il est tout à fait ahurissant que nous tenions ce débat aujourd'hui. Évidemment, je préférerais que ce ne soit pas le cas.
Toutefois, pour avoir travaillé sur la scène internationale et avoir joué un rôle lorsque le Canada prenait part à des négociations internationales, je tiens à dire que le Canada est habituellement à l'avant-plan. Nous en sommes très fiers. Bien souvent, lorsqu'il y a litige, le Canada est l'un des quelques pays à agir comme arbitre pour aider à favoriser la paix.
À ma connaissance, c'est la première fois que le Canada fait le contraire. Non seulement il s'est abstenu de voter, s'opposant ainsi à un texte important sur les droits de la personne, ce qui est totalement inusité, mais il a aussi fait pression sur d'autres pays pour qu'ils rejettent le texte. Le plus surprenant, c'est que le Canada a participé activement à la rédaction du texte à l'époque. C'est très troublant, c'est le moins qu'on puisse dire.
L'un des arguments avancés par le gouvernement est que la Constitution du Canada garantit déjà ces droits, alors pourquoi adopter ce texte? Le gouvernement dit aussi que le texte n'établit pas un équilibre entre droits individuels et droits collectifs.
Ces arguments me rendent un peu perplexe. À mon avis, si les droits des peuples autochtones figurent dans la Constitution du Canada, c'est une raison d'appuyer le texte et d'encourager d'autres pays à se joindre à un mouvement fort pour que le texte soit adopté. Je trouve que l'attitude du gouvernement et ses arguments sont contradictoires et c'est très triste.
Quand j'entends dire que le Canada a été l'un des opposants les plus actifs et énergiques à la déclaration et qu'il a exercé des pressions sur d'autres États pour rouvrir les négociations et affaiblir le texte qui a été adopté, je me dis que c'était déjà assez embarrassant que nous votions contre. C'est dommage qu'après 20 ans de négociations et après avoir aidé à rédiger le texte, nous ayons voté contre et que nous ayons incité d'autres pays à faire de même. C'est dommage que nous exercions encore des pressions pour affaiblir le texte.
J'ignore si c'est à cause d'un penchant biologique fort, mais en violation de ses obligations internationales à titre de membre du Conseil des droits de l'homme, le gouvernement du Canada est en train de politiser profondément les droits des peuples autochtones. Sinon, je ne saisis pas l'explication de tout cela.
La déclaration n'est pas si difficile à comprendre. Elle porte essentiellement sur les droits de la personne, car les peuples autochtones comptent parmi les groupes les plus marginalisés, les plus pauvres et les plus victimisés de la société actuelle. Nous en sommes tous conscients. Nous avons pu le constater dans différentes régions du monde, y compris dans certaines de nos propres collectivités au Canada.
Pourquoi alors refuser de prendre les moyens pour que ces droits soient protégés? Il a fallu 20 ans pour rédiger la déclaration. Tout le monde l'a dit. Nous ne pouvons donc pas nous plaindre de ne pas avoir eu suffisamment de temps pour en parler. Parfois, dans cette enceinte, nous débattons beaucoup et nous pensons qu'une journée ou deux, ou même une semaine, c'est long, mais 20 ans c'est vraiment beaucoup de temps.
Je dois dire que pendant ces deux décennies il est devenu de plus en plus évident qu'un petit nombre de gouvernements s'opposeraient fermement à la déclaration pour des raisons de politique nationale. Je pense que nous le savons. C'est de toute évidence ce qui se produit actuellement dans notre propre pays.
Comme je l'ai dit plus tôt, certains articles de la déclaration sont très clairs. Dans l'ensemble, la déclaration fournit la vision édifiante d'une relation renouvelée entre les États et les peuples autochtones, une relation basée sur la coopération et le respect des droits de tous les peuples, qu'il est très important de préserver.
Encore une fois, la déclaration affirme que les peuples autochtones ont le droit de préserver leur identité culturelle propre et de vivre à l'abri du racisme et de la discrimination. Comment s'opposer à ces principes? Comment pourrait-il être difficile d'appuyer ce genre de principes?
D'autres articles prévoient des mesures de protection plus précises contre la discrimination, l'assimilation forcée et d'autres formes de destruction culturelle. Nous savons à quoi ressemble l'assimilation forcée. Ici même, dans notre pays, des générations d'enfants ont été placés dans des pensionnats. Nous savons tous les torts, toutes les horribles souffrances et la destruction qui en ont découlé.
Cette partie de la déclaration ne vise qu'à tenter de remédier à certaines pratiques du passé qui existent encore dans bien des endroits. La déclaration reconnaît ce fait. Je veux citer clairement ce qu'elle fait:
En particulier, la déclaration répond au besoin des peuples autochtones de maintenir et de transmettre aux générations futures leur identité culturelle propre et le caractère central de la terre pour l'expression de leur culture et d'assurer leur propre santé et leur propre bien-être.
Ce n'est pas là quelque chose qui est très difficile pour nous. Nous sommes un pays fier. Dans le passé, nous avons été à l'avant-garde. Le Canada a été à la tête du mouvement en faveur de la création du Tribunal pénal international, par exemple. Un de nos juges, Louise Arbour, une Canadienne remarquable, a dirigé ce tribunal. En passant, le gouvernement du Canada ne s'est même pas donné la peine de la remercier lorsqu'elle a quitté son poste récemment, mais c'est une autre chose à mettre de côté. Tout le monde l'a félicitée pour son travail, à l'exception du gouvernement du Canada, ce qui est assez révélateur. Cela est un message. Voici ce Mme Arbour avait à dire au sujet de la déclaration:
— la Déclaration est le résultat de 20 années de négociations. Son contenu repose sur les expériences de milliers de représentants autochtones qui ont partagé leurs angoisses et leurs espoirs.
Nous sommes à l’orée d’une décision historique de l’Assemblée Générale et il est temps d’appeler les États membres des Nations Unies à s’unir et à adopter la Déclaration et ainsi créer un cadre universel pour les droits des peuples autochtones, la justice sociale et la réconciliation.
C'est là une déclaration forte de la part d'une Canadienne importante, une femme qui nous a donné une raison d'être fiers sur la scène internationale.
Cependant, je crois qu'il vaut la peine d'examiner quelques déclarations faites par des Autochtones du Canada:
La déclaration reconnaît l’héritage collectif que représentent notre histoire, nos traditions, nos cultures, nos langues et notre spiritualité. C’est un texte important qui appuie les activités et les efforts des peuples autochtones pour que leurs droits soient pleinement reconnus, respectés et mis en vigueur par les gouvernements des États.
Ce sont les paroles de Phil Fontaine, le chef national de l'Assemblée des Premières Nations.
Voici comment les Premières nations elles-mêmes voient la question:
Le First Nations Leadership Council s'unit aux peuples autochtones de toute la terre pour célébrer cette réalisation historique.
Cependant, nous sommes choqués et fâchés du refus du Canada d'appuyer cet important instrument international sur les droits de la personne.
Le gouvernement prétend vouloir travailler en collaboration avec les Premières nations, mais lorsque l'occasion se présente de manifester son appui et son respect envers elles sur la scène internationale, il fait exactement le contraire.
En ce qui concerne les femmes, on a beaucoup parlé aujourd'hui de la violence envers les femmes dans les collectivités autochtones. Beverley Jacobs, de l'Association des femmes autochtones du Canada, a fait état de toutes les formes de violence, depuis la violence au foyer et la violence dans la rue jusqu'à la discrimination et à la marginalisation socioéconomique dans tous les aspects de la vie des femmes autochtones, que ce soit l'éducation, le logement, la santé, l'aide à l'enfance ou les considérations économiques. Ce sont là quelque-uns des problèmes auxquels les femmes autochtones comme elle doivent faire face au jour le jour.
Selon Beverley Jacobs, trop souvent les mères se font prendre leurs enfants par le système d'aide à l'enfance pour la simple raison qu'elles sont incapables de subvenir aux besoins de base de leurs enfants dans un pays où cette réalité ne devrait exister dans aucune famille. À son avis, le système d'éducation s'effondre, ce qui est loin de répondre aux besoins de nos enfants en matière d'éducation.
Cela touche au coeur de certaines choses qui se passent au Canada. Notre comité, le Comité permanent de la condition féminine, a également préparé un rapport sur la traite de personnes, dans lequel nous avons notamment fait remarquer qu'un grand nombre de femmes victimes de la traite viennent de collectivités autochtones. Une de nos collègues a mentionné tout à l'heure la route des pleurs.
Le problème, c'est que le gouvernement semble faire la sourde oreille. Examinons un peu sa feuille de route. L'accord de Kelowna était plus qu'un bout de papier. Il prévoyait l'affectation de 5 milliards de dollars à un programme concernant le logement, la santé, la violence faite aux femmes et les droits des peuples autochtones au Canada. La première chose que le gouvernement a faite a été d'annuler cet accord. Ensuite, il a non seulement voté contre l'accord, mais il a exercé des pressions contre ce document international. J'en suis complètement renversée.
Il est honteux que le gouvernement de notre pays s'évertue à faire en sorte que les politiques proposées à l'échelon tant national qu'international désavantagent les Premières nations et les Autochtones.
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Monsieur le Président, je signale que je partagerai mon temps de parole avec la députée de qui connaît bien les droits des femmes — car cette motion nous arrive du Comité permanent de la condition féminine — et qui ira peut-être un peu plus loin dans les détails.
D'abord, que j'ai donc hâte que cette Chambre arrête de faire de la petite politique sur le dos des Autochtones! Cela fait 20 ans qu'on débat de la possibilité de reconnaître les peuples autochtones dans le monde entier. Je me rappelle très bien où j'étais en juin 2006, plus précisément le 29 juin 2006, lorsque le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté le texte par 30 voix contre 2. J'étais alors dans la région de l'Est du Québec, en route pour aller rencontrer les Micmacs du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie.
La première question que j'ai posée à mon adjoint était pour savoir si vraiment le Canada avait fait opposition à cette résolution. La réponse a été oui. Je n'en revenais pas.
En effet, les conservateurs étaient au pouvoir depuis janvier 2006. Je ne veux pas toucher davantage au dossier de l'Accord de Kelowna. Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire: ils l'ont mis de côté. Or, en 1986, tous les partis en cette Chambre, incluant les conservateurs, ont commencé à travailler sur le dossier de la Déclaration des droits des peuples autochtones Cela s'est poursuivi sous les libéraux. Là où je veux en venir, c'est que le Canada a toujours été un leader incontesté pour la mise en œuvre d'une déclaration des droits des peuples autochtones.
Je suis extrêmement mal à l'aise, lorsque je me promène de par le monde, de devoir dire que le Canada n'est pas capable de reconnaître ses peuples autochtones, surtout quand on lit l'article premier de la Déclaration des droits des peuples autochtones. Commençons uniquement par cet article car je n'ai que 10 minutes. Je ne veux donc pas aller plus loin, bien que je puisse vous en parler pendant longtemps. Or, l'article premier vaut la peine de s'y arrêter.
Les peuples autochtones ont le droit, à titre collectif ou individuel, de jouir pleinement de l’ensemble des droits de l’homme et des libertés fondamentales reconnus par la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit international des droits de l’homme.
N'en déplaise à nos amis conservateurs, cette déclaration a été adoptée par 143 voix contre 4, et le Canada était une des 4 voix dissidentes.
Je ne peux pas comprendre et je n'accepterai pas qu'au Canada, les peuples autochtones soient considérés comme des personnes inférieures. C'est comme cela que les traite le gouvernement conservateur actuellement, en ne leur permettant pas de bénéficier de la Déclaration des droits des peuples autochtones. Quand on lit cette déclaration au complet, on se rend compte que c'est exactement ce que réclament les peuples autochtones.
Aujourd'hui, en ce moment même, à 16 h 30 précisément, on va entendre au Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord l'honorable Erasmus.
On se souviendra ici du rapport Erasmus-Dussault, du moins j'espère que quelqu'un de l'autre côté de la Chambre s'en souviendra et que cela allumera peut-être des lumières chez quelqu'un. Bien qu'on ait célébré en 2006 le 20e anniversaire du dépôt de ce rapport, il n'est même pas encore mis en oeuvre. On traite les Autochtones comme des êtres inférieurs au Canada et c'est inacceptable. On entendra donc M. Erasmus au comité à partir de 16 h 30.
Le gouvernement tente de mettre en place des lois pour se soustraire à ses obligations. Toutefois, la première de ses obligations serait de reconnaître la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Dans son ensemble, cette déclaration dit que la principale manifestation de la reconnaissance du plein statut de peuple est le droit à l'autodétermination. Cela se lit clairement à l'article 1 dont j'ai fait la lecture il y a quelques instants. Les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes. Ce n'est pas compliqué.
C'est ce que veulent les peuples autochtones. Ils ne veulent plus entendre parler de la Loi sur les Indiens, une loi pour le moins paternaliste, pour utiliser une expression décente en cette enceinte. Il faut lire la Loi sur les Indiens comme je l'ai lue au cours des derniers mois et de la dernière année pour se rendre compte qu'il n'existe pire loi au Canada. Je ne connais aucun autre pays où l'on gouverne ainsi quelqu'un de sa naissance jusqu'à sa mort, et même au-delà, comme le fait la Loi sur les Indiens. Elle prend en charge un Autochtone dès sa naissance et, d'une façon très paternaliste, lui dicte comment s'éduquer, quelle école fréquenter et quelle scolarité atteindre. Et si, par malheur, cet Autochtone veut poursuivre des études après sa dernière année secondaire, il lui faut une autorisation parce qu'il n'a pas d'argent, et c'est le ministère qui décide.
Cela doit cesser. Il m'apparaît extrêmement important que l'on adopte cette Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Je peux assurer à tous que lorsqu'il sera temps de passer au vote sur cette motion, un seul parti sera isolé en cette Chambre, soit le Parti conservateur, et j'espère qu'il en paiera le prix auprès des Premières nations. Quand on dit que le Parti conservateur s'est rapproché des Premières nations, j'en doute très fortement.
Sans vouloir faire de publicité — je n'en ai d'ailleurs pas le droit et j'en suis très heureux —, j'invite tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui à regarder le dernier film de Richard Desjardins et Robert Monderie intitulé Le peuple invisible. Le mot le dit: on ne le voit pas ou encore on ne veut pas le voir. Ce film traite de la situation des Autochtones au Canada, plus précisément juste au nord d'ici. Pour ceux qui ne le savent pas, le Parlement d'Ottawa appartient aux Algonquins. On est en territoire anishnabe; d'ici jusqu'à la Baie-James, on est en territoire algonquin. Ce film démontre de quelle façon on a traité les Algonquins au cours des dernières années.
Le plus bel exemple est Maniwaki, dans le comté du . On a tassé les Autochtones le plus loin possible, dans une réserve qui s'appelle maintenant Kitigan Zibi, juste avant d'entrer dans Maniwaki.
Je conclus en disant que le Bloc québécois appuiera cette motion. Il est temps que l'on reconnaisse les peuples autochtones tels qu'ils sont. Il s'agit de peuples entiers et fiers de l'être. On devrait le plus rapidement possible adopter cette motion et, surtout, se joindre au grand concert des nations en devenant le 144e pays à reconnaître la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
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Monsieur le Président, j'aimerais m'en remettre à votre bon jugement pour que vous me fassiez signe, parce que je n'ai pas la notion du temps et parfois je m'égare.
Je remercie mon collègue d' d'avoir fait cette allocution franche et honnête. Je suis heureuse de participer aujourd'hui au débat qui porte sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Le Bloc québécois a toujours été de toutes les batailles lorsque vient le temps de dénoncer les injustices, surtout lorsqu'elles frappent les plus marginalisés d'entre nous. Ici, on parle des peuples autochtones qui sont parmi les personnes les plus démunies et maltraitées de l'humanité. Leurs droits sont constamment bafoués par les gouvernements nationaux, même lorsque ces droits sont entérinés par la loi.
C'est particulièrement le cas dans les communautés autochtones du Canada, et ce, à cause de l'incompétence des différents gouvernements fédéraux ainsi qu'à cause de l'aveuglement idéologique du gouvernement conservateur. De là, l'urgence d'affirmer et de protéger les droits de la personne des peuples autochtones.
Cette incompétence s'est confirmée en juin 2006 alors que plus de 30 pays membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU votaient en faveur de cette déclaration et que le Canada et la Russie étaient les deux seuls États à s'y opposer.
Quelques semaines plus tard, le Canada joignait sa voix aux États-Unis, à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande pour faire pression sur les pays africains et d'autres États qui s'étaient tout d'abord prononcés en faveur de la déclaration.
Ces agissements sont indignes d'un pays comme le Canada pour qui la défense des droits de la personne a toujours été au cœur de ses préoccupations.
En tant que Québécoise et représentante de la nation québécoise, j'ai honte de l'attitude de ce gouvernement conservateur sur la scène internationale. Il porte ombrage à la réputation du Québec et du Canada par ses agissements méprisants à l'égard du respect des droits humains, d'égalité, de non-discrimination, de bonne gouvernance et de bonne foi.
Au contraire, pour sa part, le gouvernement du Québec, lui, a déjà posé des gestes concrets en faveur des droits des Premières nations habitant sur son territoire, notamment par la Paix des braves et la Convention de la Baie-James.
Il est à peu près temps que le Canada fasse de même et cesse de considérer les peuples autochtones comme des citoyens de deuxième classe devant vivre dans des conditions souvent comparables à celles des pays du tiers monde.
Depuis l'élection de ce gouvernement conservateur, le leadership et la souplesse dont le Canada avait fait preuve depuis le début des négociations ne sont plus que souvenirs.
Au cours de la dernière année, le Canada est en effet devenu l'un des opposants à la déclaration les plus acharnés et agressifs, exerçant des pressions sur divers États pour rouvrir les négociations et diluer le contenu actuel de la déclaration.
Le gouvernement conservateur consacre plus de ressources humaines et financières que n'importe quel autre pays et vise principalement les États dont les dossiers en matière de droits de la personne sont moins que reluisants.
La raison pour laquelle le Comité permanent de la condition féminine a décidé d'étudier cette question de la déclaration des peuples autochtones tient essentiellement à la situation désastreuse des femmes autochtones du Canada et au peu de considération qu'elles obtiennent de la part du gouvernement conservateur, et ce, depuis leur élection en janvier 2006.
Parlons-en des femmes autochtones puisque, dans ce dossier, ma collègue de et moi-même, toutes deux porte-parole du Bloc québécois pour la condition féminine, en avons entendu de toutes les couleurs lors des différentes réunions du Comité permanent de la condition féminine.
Les témoignages appuyés de chiffres et de statistiques sont épouvantables lorsque vient le temps de décrire la situation des femmes dans les réserves autochtones et hors réserve.
Selon l'organisme Femmes Autochtones du Québec:
La violence envers les femmes demeure une problématique très répandue dans les communautés autochtones du Québec, ainsi qu’ailleurs au Canada. Les femmes victimes de violence et d’agression sexuelle sont soumises à des préjudices physiques, psychologiques, économiques et sociaux. La culpabilité, la honte et la peur entrent également en jeu et ont des répercussions majeures sur ces femmes. Les conséquences de cette violence sur le moral, sur l’autonomie financière, sur la participation sociale et la santé physique et psychologique des victimes ainsi que sur la santé et le bien-être de leurs familles sont très graves.
De plus, les femmes autochtones courent un risque plus grand que tout autre groupe de femmes au Canada d'être victimes de violence en milieu familial. Plusieurs études confirment qu'il y a effectivement un taux de violence familiale plus élevé au sein de cette population. Bien que très peu de statistiques soient disponibles au sujet du taux de violence envers les femmes autochtones vivant dans les communautés du Québec en particulier, un rapport rédigé en 2006 et intitulé « Mesure de la violence faite aux femmes » par Statistique Canada démontre que les taux de violence conjugale et d'homicides entre conjoints sont plus élevés chez les femmes autochtones que chez les femmes non autochtones ou les hommes autochtones. La gravité et les impacts de la violence conjugale sont également plus marqués chez les femmes autochtones. Selon ce même rapport, non seulement les femmes autochtones connaissent un taux plus élevé de violence conjugale, mais elles sont également beaucoup plus susceptibles que les femmes non autochtones de signaler les formes de violence les plus graves et pouvant mettre leur vie en danger, notamment être battues, étranglées, menacées avec une arme à feu ou un couteau, ou agressées sexuellement (54 p. 100 des femmes autochtones contre 37 p. 100 des femmes non autochtones). Par conséquent, les femmes autochtones étaient proportionnellement plus nombreuses que leurs homologues non autochtones à avoir subi des blessures physiques, à avoir reçu des soins médicaux, à avoir pris congé de leurs activités quotidiennes en raison des agressions, à avoir vécu au moins dix épisodes distincts de violence de la part du même agresseur, et à avoir craint pour leur vie.
Le même organisme ajoute ceci dans ce document intitulé « Les femmes autochtones et la violence »:
L'identité autochtone a donc été subdivisée, aux fins de la politique coloniale et de la politique fédérale subséquente, en plusieurs catégories — les Métis, les Inuits et les Indiens. La catégorie des Indiens a elle-même été par la suite subdivisée en Indiens inscrits et Indiens non inscrits. [...] Ces catégories présentent peu de rapport avec la culture, l'éducation ou l'identité. Elles se ramènent exclusivement à des questions d'administration et de bureaucratie et à une politique fédérale d'assimilation manifestement persistante qui se perpétue jusqu'à ce jour. Ces inégalités engendrent la violence, telles les inégalités structurelles post-coloniales, la violence familiale, le bloodism, la violence raciste et sexuelle, et la violence fondée sur le genre. Elles engendrent également la pauvreté, le manque d'accès à un logement adéquat, y compris le manque d'accès au droit quant aux biens matrimoniaux, le manque d'accès à la justice, des faibles niveaux de scolarité et d'emploi, des faibles états de santé et peu ou aucune participation politique.
Le 22 juin 2007, la ministre de l'époque du Patrimoine canadien et de la Condition féminine annonçait que de nouveaux fonds seraient investis pour aider à augmenter le financement actuellement accordé aux maisons d'hébergement des femmes autochtones. Cependant, cette annonce n'a pas du tout été publicisée, ce qui a empêché plusieurs communautés de soumettre des demandes pour combler leurs besoins criants dans ce domaine. Une fois de plus, le gouvernement conservateur a réussi à faire d'une bonne intention une catastrophe administrative.
Au nom du Bloc québécois, je souhaite réitérer aux peuples autochtones notre appui à la Déclaration des Nations Unies sur les droits de peuples autochtones. Je souhaite également aux femmes autochtones canadiennes et aux communautés autochtones du Canada de pouvoir un jour recevoir le même respect de la part de leur gouvernement que celles du Québec.
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Monsieur le Président, c'est toujours un honneur de prendre la parole à la Chambre, particulièrement lorsqu'on discute de questions ayant trait aux Autochtones. Je siège ici depuis deux ans, et ces dossiers ont été les plus importants pour moi. À titre de parlementaire d'origine métisse, c'est toujours un honneur de parler de ces questions.
La décision du Canada de ne pas appuyer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a suscité une certaine controverse, comme nous en avons d'ailleurs été témoins aujourd'hui. À mon avis, cette controverse n'est absolument pas justifiée.
En votant contre l'adoption de cette déclaration à l'ONU, le Canada a clairement manifesté sa déception, tant en ce qui a trait au fond qu'à la forme du document. Au moment du vote, le Canada a signalé que, selon nous, la déclaration n'était pas un document entraînant des obligations juridiques. Il n'a aucun effet juridique au Canada, et ses dispositions ne reflètent pas le droit international coutumier.
J'aimerais profiter de l'occasion pour réitérer ce message fondamental. La déclaration n'est pas un document entraînant des obligations juridiques. Toutefois, les partis de l'opposition voudraient nous faire croire que cette déclaration doit être appliquée au Canada.
Ceux-ci demandent à notre gouvernement de mettre en oeuvre les normes énoncées dans la déclaration. Pourtant, les déclarations des Nations Unies sont uniquement des énoncés d'engagements et d'objectifs politiques. Même si ces documents reflètent les aspirations des États qui appuient leur adoption, ce ne sont pas des documents entraînant des obligations juridiques.
Deuxièmement, en ce qui a trait à cette déclaration en particulier, je rappelle à tous que le Canada a voté contre son adoption. Cela signifie que les préoccupations du Canada étaient telles que notre pays ne pouvait appuyer le libellé du document. Par conséquent, les demandes pour que l'on mette en oeuvre les normes énoncées dans la déclaration sont malavisées, étant donné que le Canada n'a pas appuyé ce document au niveau international. Il ne l'appuie pas non plus au pays, en raison d'un bon nombre des points que j'ai mentionnés ici cet après-midi.
Durant plus de 20 ans, notre pays a participé aux efforts de la communauté internationale en vue d'adopter une déclaration qui favoriserait et protégerait les droits et libertés de chaque Autochtone, tout en reconnaissant les droits collectifs des peuples autochtones du monde entier.
Toutefois, au bout du compte, la déclaration a été perçue comme un instrument inadéquat, qui ne propose pas un guide clair et pratique pour les États, et qui risque de faire l'objet d'interprétations conflictuelles. En conséquence, le Canada n'a pu appuyer son adoption.
En tant que pays déterminé à protéger les droits ancestraux, le Canada prend très au sérieux le libellé exact de la déclaration. Le Canada n'est pas disposé à appuyer cette mesure simplement parce qu'il est opportun de le faire. C'était faire preuve de courage que de prendre la décision difficile de s'opposer à la déclaration des Nations Unies, décision qui privilégie les mesures concrètes aux beaux discours, les principes aux manoeuvres politiques.
J'ai déjà mentionné le fait que le précédent gouvernement libéral s'est empressé de ratifier l'accord de Kyoto alors qu'il n'avait bien évidemment pas l'intention de respecter ses principes de base.
Notre gouvernement prend les déclarations internationales très au sérieux, c'est pourquoi nous avons choisi de ne pas ratifier ce projet de déclaration.
Le Canada a pris de nombreuses mesures concrètes pour veiller à la protection des droits des peuples autochtones, autant ici que dans le monde entier. Au Canada, nous avons présenté deux mesures législatives clés qui accorderont une protection juridique aux membres des Premières nations, qui ne peuvent actuellement revendiquer leurs droits aux biens immobiliers matrimoniaux ni devant les tribunaux des droits de la personnes, ni devant les tribunaux provinciaux et territoriaux.
Il est intéressant de signaler que les partis qui font tout un foin à propos du refus du Canada d'appuyer la déclaration des Nations Unies se sont opposés à ces deux mesures. Sans vouloir trop m'attarder sur ce sujet, je trouve qu'il est ironique, pour ne pas dire quelque peu hypocrite, que certains groupes autochtones et partis de l'opposition condamnent le gouvernement pour avoir pris une position de principe à l'égard de la déclaration des Nations Unies, alors qu'ils s'opposent si farouchement à l'adoption du projet de loi et de la Loi sur les foyers familiaux situés dans les réserves et les droits ou intérêts matrimoniaux.
Au cours des dernières années, le Canada a fait d'énormes progrès en ce qui concerne le redressement des torts commis par le passé et l'adoption d'initiatives assurant la protection des droits des peuples autochtones au Canada. En effet, les droits ancestraux ou issus de traités sont protégés aux termes de notre Constitution ainsi qu'en vertu des nombreux accords sur l'autonomie gouvernementale et les revendications territoriales, ainsi qu'en vertu des lois fédérales et des jugements rendus par les divers tribunaux, jusqu'à la Cour suprême du Canada.
Récemment, nous avons présenté le projet de loi , qui a été élaboré conjointement avec l'Assemblée des Premières Nations. Ce projet de loi permettrait l'établissement d'un tribunal indépendant des revendications particulières, ce qui rendrait le traitement des revendications plus équitable et accélérerait le processus de résolution. Notre gouvernement travaille avec des partenaires consentants sur une série d'autres initiatives clés, qui portent entre autres sur le logement, l'eau, les services aux familles et aux enfants, l'éducation et l'autonomie gouvernementale.
Pourquoi le Canada a-t-il voté contre la déclaration des Nations Unies? Comme je l'ai déjà dit, c'est un document inadéquat qui, sous sa forme finale, n'intégrait pas les éléments clés que nous avions, en tant que pays, suggéré d'y inclure.
Au cours des 20 dernières années, le Canada a travaillé dur afin d'obtenir une déclaration qui favoriserait l'établissement de partenariats et de relations harmonieuses entre les peuples autochtones et les États membres, afin d'établir un bon équilibre entre les droits des peuples autochtones et les droits des personnes non autochtones. Le texte final de la déclaration n'a pas répondu à ces objectifs.
Par exemple, pour ce qui est des droits des Autochtones aux terres, aux territoires et aux ressources, les dispositions contenues dans la déclaration sont peu claires et sujettes à des interprétations différentes. On y affirme ce qui suit:
Les peuples autochtones ont le droit aux terres, territoires et ressources qu’ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu’ils ont utilisés ou acquis.
La députée d'en face vient de parler de la façon dont sa province avait signé de nombreuses ententes avec les Autochtones depuis sa fondation. La déclaration mettrait ces ententes de côté, mais la députée ne mentionne pas ce fait dans sa réponse.
Cet énoncé de la déclaration pourrait servir à appuyer la revendication par les autochtones de droits de propriété visant une bonne partie du Canada, même à des endroits où de tels droits ont fait l'objet antérieurement de règlements légaux, faits de bonne foi.
L'autonomie gouvernementale des peuples autochtones est une autre question qui pose problème. Bien que le document exprime un idéal partagé par de nombreux Canadiens, il manque de la clarté et de la précision voulues pour rendre l'autonomie gouvernementale faisable. Par exemple, rien n'est prévu concernant les rapports entre les gouvernements autochtones et les provinces, les territoires et les municipalités et, évidemment, le gouvernement du Canada. Le document ne précise rien non plus en matière de compétences et de financement.
Voilà pourtant un domaine où le Canada fait figure de chef de file. Notre pays a accumulé une expérience considérable en matière d'autonomie gouvernementale des Autochtones et il a mis au point une gamme d'outils efficaces. Nos peuples autochtones se rendent partout dans le monde pour expliquer les excellentes formules de gouvernement autochtone qu'ils mettent en pratique au Canada.
La Constitution du Canada prévoit la reconnaissance et l'affirmation des droits ancestraux ou issus de traités. Nos tribunaux interprètent en quoi consiste cette reconnaissance et cette protection. À bien des égards, le Canada reviendrait en arrière s'il souscrivait à la déclaration de l'ONU. Cela pourrait bien vouloir dire renoncer à une bonne partie des progrès réalisés à ce jour en matière d'autonomie gouvernementale, relancer à nouveau des débats divisifs et, en fin de compte, compromettre progressivement l'appui de la population canadienne aux droits ancestraux ou issus de traités.
Même si le Canada a décidé de voter contre la déclaration de l'ONU, nous continuons d'adhérer à de nombreux traités en matière de droits de la personne, y compris le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant et la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Le Canada continue d'agir en se fondant sur de tels instruments et sur le cadre juridique qui est le nôtre.
L'un des grands défis des peuples autochtones dans notre monde d'aujourd'hui est celui de l'accès aux technologies de communication numériques. Pour garantir cet accès aux peuples autochtones du Canada, notamment ceux qui vivent dans des régions éloignées, le gouvernement du Canada a créé le programme Rescol il y a plus d'une décennie. Le programme continue d'assurer des liaisons Internet et des services de soutien connexes aux écoles éloignées des Premières nations. Un autre programme, celui du Portail des Autochtones au Canada assure un accès nettement amélioré à une vaste gamme de contenus utiles aux peuples autochtones.
Le Canada a également joué un rôle de chef de file dans l'intérêt des peuples autochtones partout dans le monde en matière de connectivité. En 2002, lorsque les Nations Unies ont appuyé une proposition visant la tenue d'un sommet mondial sur la société de l'information, le Canada a pris les mesures nécessaires pour assurer la participation des peuples autochtones.
Grâce aux efforts du Canada sur le plan diplomatique et à son aide financière, des groupes autochtones de partout dans le monde ont participé aux conférences de Genève et de Tunisie. Ainsi, la déclaration finale du sommet contient l'article suivant:
Dans l'évolution de la société de l'information, une attention particulière doit être accordée à la situation spéciale des peuples autochtones, ainsi qu'à la préservation de leur héritage et de leur patrimoine culturel.
Le sommet mondial a également mené à la création d'un portail autochtone international. Détenu et géré par les Autochtones, le portail vise à favoriser la création de liens entre les collectivités autochtones à l'échelle mondiale. C'est un outil d'une valeur inestimable qui aidera les Autochtones à défendre et à protéger leurs intérêts et leurs droits.
Le Programme de partenariat avec les peuples autochtones est une autre belle illustration de l'engagement du Canada à l'égard des peuples autochtones du monde. Ce programme pilote financé par l'Agence canadienne de développement international vise à créer des liens entre les groupes autochtones du Canada et leurs pendants en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Ces projets transculturels offrent de précieuses possibilités d'établir de nouveaux partenariats, échanger des pratiques exemplaires et des connaissances ainsi que de l'expérience et de l'expertise afin d'améliorer le bien-être des peuples autochtones de cette région. De plus, ils renforcent la capacité des organisations locales et des collectivités autochtones à devenir autosuffisantes.
Le Canada a également joué un rôle de premier plan pour s'assurer que les Autochtones soient représentés au sein des organismes décisionnaires internationaux. Le Conseil de l'Arctique, par exemple, a été créé dans le cadre de la déclaration d'Ottawa, au début des années 1990. Le Conseil de l'Arctique était une instance intergouvernementale de haut niveau à laquelle coopéraient des habitants de notre région arctique, y compris des Autochtones, dans des dossiers importants, notamment le développement durable et la protection environnementale.
Le Canada est également un des principaux partisans du Conseil circumpolaire inuit, une organisation non gouvernementale qui représente quelque 150 000 Inuits vivant dans quatre pays. Ce conseil fait la promotion de l'unité, des droits et des intérêts des Inuits.
Le Canada collabore sans relâche avec les Nations Unies pour défendre les droits et les intérêts des peuples du monde, notamment les peuples autochtones. Le Canada a joué un rôle actif dans la création de l'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, qu'on peut considérer comme le plus important mécanisme de reconnaissance et de promotion des intérêts et des droits des peuples autochtones.
Le Canada a également contribué à la création du Mécanisme d'Experts sur les Droits des Peuples Autochtones et approuve le renouvellement du mandat du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des populations autochtones.
Ces actes montrent clairement la détermination du Canada à faire avancer les droits et les intérêts des Autochtones du monde entier, mais surtout au Canada.
Contrairement à ces ententes, le Projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples, comme je l'ai dit, manque de directives claires et pratiques pour les États. Le Canada, et d'autres pays clés, n'ont pas participé aux négociations qui ont donné le texte définitif.
Je suis convaincu que, lorsque mes collègues auront étudié de près la motion dont nous sommes saisis, ils conviendront de l'imprécision de son libellé, rejetteront sa logique boiteuse et, comme moi, voteront contre elle.
Les partis de l'opposition ont dit que les préoccupations du Canada avaient été exagérées; pourtant, des partisans de l'adoption de ce projet de déclaration demandent aux groupes autochtones d'invoquer la déclaration lorsqu'ils négocient avec les tribunaux canadiens et d'exiger que le gouvernement fédéral adopte des politiques conformes à la déclaration proprement dite.
Dans un pays comme le Canada, qui possède de solides institutions démocratiques, il est facile de tenir pour acquis les droits de la personne. Ici, les droits du peuple autochtone sont reconnus et affirmés dans la Constitution et dans notre système juridique. Indépendamment de la déclaration, le Canada continuera de prendre des mesures concrètes, sur son territoire et à l'étranger, pour promouvoir et protéger les droits des Autochtones d'un bout à l'autre de notre pays et, bien entendu, nous allons également nous employer à étendre les obligations et les engagements existants en matière de droits de la personne.
Cependant, il convient de préciser que ces mesures concrètes ne seront pas prises dans le cadre de cette déclaration.
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Monsieur le Président, je suis fière de participer au débat sur la motion d'aujourd'hui. Je remercie notre collègue d'avoir présenté cette motion. Notre débat est très important.
Je commencerai par citer les paroles du chef national de l'Assemblée des Premières Nations. La citation a trait aux arguments juridiques du Canada contre la déclaration des Nations Unies.
Le chef national, Phil Fontaine a donc déclaré ceci:
Nous croyons que les Canadiens sont des gens de bonne foi, que les droits de la personne leur tiennent à cœur et qu’ils ne veulent pas que leur gouvernement détermine cas par cas s’il y a lieu ou non d’appliquer et de respecter ces droits. Le Canada s’est engagé à faire valoir, en droit national et international, les normes les plus strictes en matière de droits de la personne.
Nous rappelons aux Canadiens qu’il n’est pas trop tard pour que le gouvernement fédéral revienne sur son opposition à la Déclaration des Nations Unies, comme l’Australie a promis de le faire. Nous nous attendons à ce que le groupe de juristes réaffirme, comme l’ont fait d’autres jurisconsultes et experts internationaux, que la Déclaration des Nations Unies est conforme aux droits garantis par l’article 35 de la Constitution du Canada ainsi qu’à toutes les autres lois canadiennes et aux lois internationales touchant les droits de la personne.
Je cite ces paroles parce que nous entendons souvent le gouvernement affirmer qu'il n'appuiera pas la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones sous prétexte qu'elle ne respecte pas les lois canadiennes.
Avant d'aller plus loin, monsieur le Président, je précise que je partage le temps dont je dispose avec la députée de .
Mon intervention sur la motion et sur la déclaration se fera sous l'angle des questions féminines, telles que présentées par la porte-parole du NPD pour toutes les questions touchant la situation de la femme. Je représente une circonscription où on retrouve de nombreuses collectivités autochtones, y compris des collectivités des Premières nations et des collectivités métisses. Depuis deux ans et quelques mois, j'ai eu le grand privilège de rencontrer des femmes de toute ma circonscription. J'ai organisé des discussions sur des sujets concernant directement les femmes des Premières nations, puisque nous étudions les mesures législatives d'un gouvernement qui se dit préoccupé par les droits des femmes et des enfants autochtones. Il est très clair dans l'esprit et dans le coeur des femmes autochtones de ma circonscription que leurs priorités sont leur famille et leurs enfants.
Au cours de la présente législature, sous un gouvernement conservateur, nous avons eu la rare possibilité d'avoir un véritable dialogue et de vraies consultations. En fait, lorsque nous parlons de mesures législatives et lorsqu'il existe une possibilité d'atteinte aux droits autochtones et aux droits issus de traités, l'article 35 de la Constitution oblige le gouvernement fédéral à organiser des consultations.
Tout cela semble très juridique, comme c'est souvent le cas d'ailleurs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, mais nous parlons de questions quotidiennes. Les femmes autochtones ont été très claires en ce qui a trait aux aspects quotidiens de la vie qui les touchent. Elles ont dit que leurs préoccupations étaient directement liées aux droits de la personne.
Par exemple, une motion intitulée « le principe de Jordan » a été adoptée à l'unanimité par la Chambre. En vertu de ce principe, les enfants des Premières nations qui vivent dans des réserves doivent avoir accès à des services de santé pour leurs besoins médicaux complexes. Des centaines d'enfants dans ma circonscription n'ont pas accès à des services de santé, ce qui est pourtant un droit de la personne fondamental. Or, le gouvernement n'a fait aucun effort pour faire en sorte que de tels services soient fournis, même si une motion en ce sens a été adoptée à l'unanimité.
Lorsque nous parlons de droits de la personne, nous ne parlons pas d'un vague concept qui ne s'applique pas à la vie quotidienne des gens. C'est la raison même pour laquelle nous avons des lois et des conventions. Le travail accompli à l'ONU relativement aux droits des peuples autochtones a eu une influence déterminante sur nos lois nationales et sur notre façon d'aller de l'avant dans ce dossier.
Les femmes étaient très préoccupées en ce qui a trait à tout le processus entourant le projet de loi , compte tenu que le gouvernement est allé de l'avant sans faire une véritable consultation, en disant que des consultations s'étaient tenues sur une période de 30 ans et que les audiences de comité avaient satisfait à l'obligation de consulter. Nous parlons de droits de la personne. Pourtant, au niveau des collectivités, il n'y a pas d'argent frais pour des logements destinés aux personnes qui vivent dans des réserves. Il n'y a pas d'argent frais pour les programmes de lutte contre la violence faite aux femmes. Aucun effort n'a été fait pour s'assurer que l'élaboration de la mesure législative se fasse en partenariat avec l'Association des femmes autochtones du Canada, ou le Conseil des femmes de l'Assemblée des Premières nations.
Le gouvernement prétend mettre à l'avant-plan les questions et préoccupations des femmes et enfants autochtones. Il a participé au processus d'élaboration d'une loi sur les biens immobiliers matrimoniaux. C'est l'une des mesures législatives auxquelles il a choisi de participer, dans le cadre d'un processus de consultation avec les Autochtones. Toutefois, lorsque le moment est venu d'élaborer la mesure législative, le gouvernement a agi sans la participation des femmes autochtones, c'est-à-dire sans consulter l'Association des femmes autochtones du Canada, ou le Conseil des femmes de l'Assemblée des Premières nations.
J'aimerais lire un communiqué de presse publié par l'Association des femmes autochtones du Canada, au lendemain du dépôt du projet de loi sur les biens immobiliers matrimoniaux. Ce communiqué est intitulé « Le partenariat consultatif, une imposture». L'Association des femmes autochtones du Canada a déclaré ceci:
Josée Verner, ministre du Patrimoine canadien...
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de la motion voulant que le gouvernement adhère pleinement à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Pendant de nombreuses années, le Canada a participé activement à la rédaction de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. C'est une déclaration que l'on attendait depuis trop longtemps et qui résulte de 20 années de délibérations. Un groupe de travail constitué d'experts indépendants a rédigé la déclaration. Puis, elle a fait l'objet d'un débat aux Nations Unies et elle a été raffinée avant d'être adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies, où 144 pays ont voté pour et 4 pays ont voté contre.
Par conséquent, la communauté internationale a été choquée de voir que le Canada faisait partie des pays ayant voté contre cet effort important pour la cause des droits de la personne.
Le Canada était auparavant un chef de file aux Nations Unies. Il y a signé la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention relative aux droits de l'enfant. Par conséquent, nous demandons au gouvernement conservateur de respecter les droits des peuples autochtones.
J'aimerais rappeler à la Chambre que l'une des premières décisions des conservateurs a consisté à annuler l'accord de 5,1 milliards de dollars conclu à Kelowna pendant le mandat du gouvernement libéral précédent.
Il s'agissait d'un accord extraordinaire auquel avaient souscrit les dirigeants de l'Assemblée des Premières Nations, de l'Inuit Tapiriit Kanatami, du Ralliement national des Métis, du Congrès des Peuples Autochtones et de l'Association des femmes autochtones du Canada, ainsi que le premier ministre de chaque province et territoire du Canada. Des spécialistes de 14 gouvernements au Canada et de nos collectivités autochtones avaient mis 18 mois à élaborer cet accord.
Le Parti libéral juge inacceptable que le taux de mortalité infantile soit presque de 20 p. 100 supérieur chez les Premières nations que dans la population en général et que le taux de suicide y soit de 3 à 11 fois plus élevé que la moyenne nationale.
Par ailleurs, chez les Autochtones, le taux de grossesse chez les adolescentes est neuf fois plus élevé que la moyenne nationale.
L'accord de Kelowna aurait doublé le nombre de professionnels de la santé autochtones en 10 ans. Actuellement, il y a 150 médecins et 1 200 infirmières. Le logement aurait également été considéré comme une priorité nationale. Aux termes de l'accord, des mesures nationales auraient été prises pour réduire le manque de logements sur les réserves de 40 p. 100 en cinq ans et de 80 p. 100 en dix ans.
Le premier ministre de la Colombie-Britannique, qui était à la tête du processus de l'accord de Kelowna, a déclaré ceci à l'assemblée législative de sa province:
Cet accord est à mon avis le moment de vérité du Canada. Il était temps de rétablir une situation dont nous ne tenions pas compte depuis 138 ans. C'était l'occasion d'aplanir les disparités en matière de santé, d'éducation, de logement et de possibilités économiques.
Les Canadiens ne comprennent pas pourquoi les conservateurs ont décidé de laisser filer cette occasion historique d'améliorer la qualité de vie des Autochtones.
Pourquoi le a-t-il laissé s'envoler l'excédent sans avoir de plan fédéral à long terme pour aider les Premières nations? Dans un pays aussi riche que le nôtre, comment se fait-il que les conservateurs fassent fi des Premières nations? Pourquoi se contentent-ils de beaux discours?
Qu'y a-t-il de si difficile à accepter dans la déclaration de l'ONU? Cette déclaration parle de survie, de dignité, de santé et d'éducation pour les peuples autochtones. Qu'est-ce que les conservateurs trouvent si difficile à accepter là-dedans?
Nous entendons dire à la Chambre que les conservateurs ont fait beaucoup pour les Autochtones. Toutefois, ce ne sont que de beaux discours. Des paroles, mais pas d'action et pas d'argent.
Je doute qu'un seul membre du parti ministériel ait essayé de voir ce que c'était que de vivre avec une obligation de faire bouillir l'eau qui dure depuis des années.
J'ignore pourquoi le gouvernement conservateur se montre si insensible face aux besoins essentiels des Premières nations et pourquoi il s'oppose à une déclaration internationale sur les droits des peuples autochtones. Quels sont les défauts de la déclaration pour que le ministre prétende qu'il ne peut pas l'appuyer? Qu'est-ce que les conservateurs veulent réellement pour les collectivités autochtones?
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole sur cette très importante motion présentée par la députée de .
Le rapport d'Amnistie Internationale sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, intitulé Righting Historic Wrongs, Embracing a Future of Justice and Hope, parlait de l'urgence d'adopter cette déclaration. Je veux en lire un passage parce que cela explique bien pourquoi il importe que la Chambre appuie la déclaration de l'ONU sur les droits des Autochtones. Voici:
Les peuples autochtones comptent parmi les groupes les plus marginalisés, les plus pauvres et les plus maltraités des sociétés dans lesquelles ils vivent. C'est vrai dans toutes les régions du monde...
L'ancien secrétaire-général de l'ONU, M. Kofi Annan, avait déclaré:
Pendant beaucoup trop longtemps, on n'a fait aucun cas des espoirs et des aspirations des peuples autochtones. On leur a pris leurs terres; on a dénigré leurs cultures, quand on ne s'y attaquait pas radicalement; on a fait disparaître leurs langues et leurs coutumes; on a méprisé leur sagesse et leur savoir traditionnel et l'on n'a pas retenu leurs modes d'exploitation durable des ressources naturelles. Certains peuples autochtones frôlent même l'extinction [...] Nous devons nous y mettre sans délai pour contrer tous ces graves dangers.
C'est une déclaration percutante qui exprime clairement les raisons pour lesquelles nous devons étudier la possibilité d'appuyer la déclaration de l'ONU.
Dans cette même ligne de pensée, notre histoire est fort triste et peu reluisante. En effet, durant fort longtemps, au Canada, nous avons fait main basse sur leurs terres. Nous avons enlevé leurs enfants, nous les avons placés dans des pensionnats, nous avons délibérément tenté de faire disparaître leurs langues, et certainement aussi leurs cultures. Pensons seulement aux lois d'interdiction du potlatch en Colombie-Britannique, au siècle précédent.
J'aimerais, à cet égard, aborder un certain nombre de questions. Je voudrais parler notamment des enfants. Évidemment, bon nombre de députés ont des enfants et des petits enfants. Nous savons tous quelle est la très grande place qu'occupent ces enfants dans notre coeur et à quel point nous voulons veiller à ce que nos enfants grandissent en sécurité, bien protégés, dans un climat d'amour.
En 2008, la B.C. Aboriginal Child Care Society a fait une présentation au sujet de la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. Comme l'indique son appellation, cette organisation s'intéresse surtout aux enfants.
Dans son introduction, la B.C. Aboriginal Child Care Society décrit sa vision et fait valoir que nos enfants constituent un don sacré du Créateur, que la responsabilité d'élever ces enfants est sacrée et que leur bien-être est indissociable de la santé et du bien-être général des femmes, des familles, des peuples autochtones, des collectivités et des nations. Elle énumère ensuite un certain nombre de facteurs qui ont une incidence sur les enfants autochtones au Canada.
L'organisme cite en particulier certains articles de la déclaration qui sont directement liés à la capacité de protéger les enfants et de leur prodiguer des soins ici au Canada. Je ne vais pas tout citer, mais je souhaite tout de même mentionner certains articles, dont l'article 14, que voici:
Les peuples autochtones ont le droit d'établir et de contrôler leurs propres systèmes et établissements scolaires où l'enseignement est dispensé dans leur propre langue, d'une manière adaptée à leurs méthodes culturelles d'enseignement et d'apprentissage.
Les Autochtones, en particulier les enfants, ont le droit d'accéder à tous les niveaux et à toutes les formes d'enseignement public, sans discrimination aucune.
Et maintenant, voici l'article 15:
Les peuples autochtones ont droit à ce que l'enseignement et les moyens d'information reflètent fidèlement la dignité et la diversité de leurs cultures, de leurs traditions, de leur histoire et de leurs aspirations.
Ces articles définissent un cadre pour l'éducation des enfants. Malheureusement, au Canada, un nombre disproportionné d'enfants sont confiés à des services de garde. Je vais en parler davantage un peu plus tard, mais, tout d'abord, j'aimerais parler d'un enfant très spécial du nom de Jordan.
En décembre dernier, les députés ont appuyé à l'unanimité le principe de Jordan. Le principe de Jordan concerne un petit garçon qui, malheureusement, au cours des quatre brèves années de sa vie, n'a pas pu bénéficier d'un foyer.
Jordan était un petit garçon qui, à la naissance, avait des besoins médicaux complexes. De ce fait, sa famille avait pris la difficile décision de le confier aux soins de la province parce qu'il était impossible de lui offrir les soins nécessaires dans sa collectivité. Après deux années d'hospitalisation, l'état de Jordan s'était stabilisé au point où il était en mesure d'aller dans un foyer d'accueil spécial où il pourrait recevoir le genre de soins nécessaires.
Voici la partie triste de l'histoire. Il est question des droits des enfants et de la déclaration sur les droits des peuples autochtones, mais un enfant canadien a dû passer deux années de plus à l'hôpital. Pourquoi Jordan a-t-il passé deux années de plus à l'hôpital? Parce que les gouvernements fédéral et provincial ne sont pas parvenus à s'entendre sur la question de savoir qui devait assumer le coût de ses soins.
Voilà l'histoire d'un bébé qui a été retiré de sa famille parce qu'il ne pouvait y recevoir les soins appropriés. Sa famille a renoncé à lui et l'a confié au gouvernement parce qu'il ne pouvait être traité là où il était. Les gouvernements en cause se renvoyaient la balle et l'enfant est finalement mort à l'hôpital. Ils sont allés jusqu'à se disputer pour savoir qui devrait payer les pommeaux de douche.
Malheureusement, l'histoire de cet enfant n'est pas un cas unique. À l'heure actuelle, d'un océan à l'autre au Canada, de nombreux enfants se trouvent exactement dans la même situation.
Au sein de la Nation des Cris de Norway House, on compte 37 enfants ayant des besoins spéciaux qui vivent avec leurs parents et qui obtiennent des soins additionnels au besoin. Ces enfants ont des besoins médicaux complexes. Malheureusement, nous sommes face à un autre conflit de compétences. Les parents de plusieurs de ces 37 enfants doivent songer à les confier à la province parce que nous n'arrivons pas à faire en sorte que le gouvernement fédéral négocie et accepte l'idée d'une approche centrée sur l'enfant, autrement dit, qu'il accepte que l'intérêt de l'enfant doit avoir priorité sur toute autre considération. S'il ne s'agit pas là d'un droit fondamental, qu'est-ce qui en est un?
Le paradoxe dans tout ça, c'est qu'il coûterait plus cher au gouvernement de faire placer ces enfants dans des établissements d'accueil provinciaux plutôt que de les laisser chez eux dans la Nation des Cris de Norway House.
C'est inadmissible. Pourtant, les gouvernements refusent d'agir. Le gouvernement fédéral pourrait faire preuve de leadership, démontrer son engagement envers les droits de la personne en proposant de payer pour que ces enfants puissent rester chez eux, où ils bénéficieront de leur culture, de leur langue et de la présence des aînés.
La nation des Cris de Norway House est aux prises avec une succession de crises de financement. Elle profit actuellement d'un sursis de deux mois, mais dans deux mois, beaucoup de ces enfants risquent d'être confiés à la province. C'est une crise honteuse.
Le principe de Jordan jouit d'un appui généralisé. Il y a une coalition de nombreux groupes et organisations qui appuient le principe de Jordan, selon lequel nous devrions privilégier avant tout le bien-être des enfants.
Un éditorial sur la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant a paru dans la revue de l'Association médicale canadienne. On peut y lire:
[...] nous affirmons que les besoins médicaux des enfants des Premières nations doivent passer en premier. Nous ajoutons la recommandation suivante: si les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ignorent le principe de Jordan et s’enferrent au départ dans des batailles financières ou de compétence, ils méritent alors d’être traduits en justice dans cette affaire de principe la plus susceptible d’être gagnée dont puissent se charger les défenseurs des Premières nations.
Il est encore question d'obliger les Premières nations à intenter des poursuites parce que le gouvernement refuse de faire ce qui s'impose. Si nous nous préoccupions réellement des familles de travailleurs et des familles de la classe moyenne, si nous nous préoccupions réellement de leurs enfants, nous n'obligerions pas les Premières nations à intenter des poursuites pour veiller à ce qu'on s'occupe bien de leurs enfants.
Un des groupes membres de la coalition s'appelle Rassemblés autour d'un rêve. « Les professionnels de la santé savent trop bien à quel point le principe de Jordan est nécessaire », affirme le docteur Kent Saylor, pédiatre de Kahnawake, au Québec, et président du comité de la santé des Premières nations et des Inuits de la Société canadienne de pédiatrie. « Nous voyons des familles lutter pour obtenir des services auxquels leurs enfants ont droit, tandis que les gouvernements se disputent pour savoir qui paiera la note. »
Puisqu'on parle des enfants, j'aimerais souligner que, malheureusement, l'Assemblée des Premières Nations et l'organisation pour laquelle travaille Cindy Blackstock ont présenté une plainte à la Commission canadienne des droits de la personne au sujet du nombre disproportionné d'enfants confiés à l'État et du fait que bon nombre de ces enfants autochtones reçoivent moins d'argent s'ils vivent dans une réserve que s'ils sont confiés à la province. Dans certaines provinces, l'écart s'élève à 22 p. 100. Un enfant confié à la province obtient 22 p. 100 plus d'argent pour les services dont il a besoin. De plus, nous manquons de moyens pour faire passer les enfants avant tout, notamment de mesures moins perturbatrices, de services d'aide aux familles et ainsi de suite.
Comme Mme Blackstock l'a fait remarquer à de nombreuses reprises, pour bien des enfants, ce n'est pas une question de mauvais traitements, mais bien de pauvreté. Si nous voulons améliorer la qualité de vie de ces familles et de ces enfants, nous devons prendre des mesures proactives pour contrer la pauvreté dans bon nombre de collectivités autochtones.
Il y a beaucoup de problèmes à régler en ce qui a trait aux enfants. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones nous aiderait à établir des points de référence pour y parvenir.
Je veux aussi parler de l'éducation.
L'article 13 de la déclaration stipule que les peuples autochtones ont le droit de revivifier, d’utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leur philosophie, leur système d’écriture et leur littérature, ainsi que de choisir et de conserver leurs propres noms pour les communautés, les lieux et les personnes.
Voici ce qui est indiqué au deuxième paragraphe de l'article 13:
Les États prennent des mesures efficaces pour protéger ce droit et faire en sorte que les peuples autochtones puissent comprendre et être compris dans les procédures politiques, juridiques et administratives, en fournissant, si nécessaire, des services d’interprétation ou d’autres moyens appropriés.
Et voici ce que stipule l'article 14, dont j'ai parlé plus tôt, mais qui est très important dans ce contexte:
1. Les peuples autochtones ont le droit d’établir et de contrôler leurs propres systèmes et établissements scolaires où l’enseignement est dispensé dans leur propre langue, d’une manière adaptée à leurs méthodes culturelles d’enseignement et d’apprentissage.
2. Les autochtones, en particulier les enfants, ont le droit d’accéder à tous les niveaux et à toutes les formes d’enseignement public, sans discrimination aucune.
3. Les États, en concertation avec les peuples autochtones, prennent des mesures efficaces pour que les autochtones, en particulier les enfants, vivant à l’extérieur de leur communauté, puissent accéder, lorsque cela est possible, à un enseignement dispensé selon leur propre culture et dans leur propre langue.
En matière d'éducation, il y a, à différents niveaux, violation des droits de la personne dans notre pays.
Mon collègue de Timmins—Baie James mène une lutte au sujet d'une école à Attawapiskat. Cette école a été contaminée à la suite d'un déversement de diesel en 1979, je crois. Il a fallu de nombreuses années pour sortir les élèves de cette école contaminée et les installer dans des classes portatives. Or, beaucoup de problèmes sont associés aux classes portatives. Je suis certaine que la majorité des députés s'entendent pour dire qu'après huit ans dans des classes portatives — certains enfants ont d'ailleurs passé la totalité de leurs années scolaires dans ces classes — il serait temps de faire en sorte que ces enfants aient une école.
La déclaration prévoit le droit à l'éducation. Au Canada, quand nous parlons du droit à l'éducation, nous parlons d'une éducation qui comprend tout un éventail de possibilités. Nous voulons que nos enfants fréquentent des écoles sécuritaires. Nous voulons que ces écoles soient bien équipées. Nous voulons que les élèves aient des professeurs qualifiés.
Il existe, à l'échelle du pays, d'autres écoles, comme celle d'Attawapiskat, qui ne respectent pas les normes et que doivent fréquenter les enfants autochtones vivant dans les réserves. Nous avons entendu parler de portes qui ne ferment pas bien, de moisissures dans les écoles et d'enfants expédiés un peu partout dans la collectivité pour recevoir leur éducation.
Le Comité des affaires autochtones a entendu des témoignages au sujet du système scolaire de la maternelle à la douzième année. Nous nous sommes aussi penchés sur l'éducation postsecondaire. On nous a sans cesse répété que l'éducation est l'une des façons de sortir les familles et les collectivités de la pauvreté.
Dans ce système de la maternelle jusqu'à la 12e année, si nous ne donnons pas accès à une éducation adéquate aux enfants, de façon à ce qu'ils puissent obtenir leur diplôme d'études secondaires afin de pouvoir ensuite fréquenter une institution d'enseignement postsecondaire, nous ne remplissons pas notre devoir. Nous connaissons l'honneur de la Couronne et les responsabilités fiduciaires, mais le gouvernement continue d'échouer à ce chapitre.
Nous avons récemment demandé des statistiques sur le nombre d'écoles qui devraient être construites. Les chiffres que nous avons reçus indiquaient que 39 écoles devaient être construites d'un bout à l'autre du Canada et que leur construction coûterait 300 000 $. Compte tenu des excédents que nous avons enregistrés au cours des dix ou 12 dernières années environ, nous aurions eu tout l'argent qu'il fallait pour construire les écoles nécessaires aux enfants des Premières nations. Nous aurions également pu les doter des budgets d'exploitation nécessaires pour que les enfants y reçoivent une éducation adéquate.
La langue est également un enjeu important. Dans ma circonscription, , les tribus Cowichan font un travail formidable de préservation de la langue Halkomelem. Elles travaillent en effet d'arrache-pied pour créer un dictionnaire, rassembler les témoignages oraux des aînés, fournir des laboratoires de langue dans les écoles et mettre en place les mécanismes nécessaires de mentorat et de soutien. Pourtant, elles doivent systématiquement se battre pour obtenir le financement nécessaire pour continuer d'offrir cet important service linguistique.
Je crois qu'en 2006 le juge Berger a produit un rapport sur l'état des revendications territoriales au Nunavut. Il a parlé de l'importance de la langue. Il a estimé qu'environ 20 millions de dollars seraient nécessaires pour combler une partie des failles dans l'éducation. À la suite du rapport de 2006, nous n'avons pas reçu un sou de plus. Nous n'avons même pas reçu de réponse officielle du gouvernement actuel au rapport du juge Berger.
Selon les engagements pris dans l'accord sur les revendications territoriales, une proportion importante des employés du gouvernement du Nunavut devaient être issus de la population du Nunavut. Le gouvernement a pris du retard dans ces engagements, en partie parce que les habitants ne peuvent pas obtenir l'éducation dont ils ont besoin.
Lorsque nous parlons d'éducation, nous voulons dire de la maternelle à la douzième année et, beaucoup aussi, de l'éducation postsecondaire. Les deux articles que j'ai cités, les articles 13 et 14, parlent des taux d'éducation.
Le First Nations Technical Institute a tenté au fil des ans de s'assurer d'un financement suffisant à long terme. Le Comité des affaires autochtones a préparé un rapport intitulé « Notre priorité la plus haute ». Dans les recommandations du rapport, la comité a parlé du fait que les établissements autochtones n'avaient pas droit aux subventions de fonctionnement, aux subventions spéciales, aux subventions d’équipement et d’infrastructure et à l’aide à la recherche offertes aux établissements non autochtones. La plupart ne reçoivent que des subventions de courte durée. Parce qu’ils ne bénéficient pas d’une reconnaissance officielle, ils n’ont pas le pouvoir de décerner des certificats et des diplômes reconnus par la province.
Pendant plusieurs années, le FNTI a subi d'importantes réductions de financement. En janvier 2008, il a analysé les chiffres. À ce moment-là, son budget de base risquait d'être amputé de 66 p. 100, par rapport à l'exercice précédent, par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Cela représenterait une diminution de 84 p. 100 depuis 2004.
Ce qui est dommage, c'est que le FNTI est un établissement administré par des Autochtones. Il a ouvert en 1985. Au fil des ans, des centaines et des centaines d'étudiants y ont obtenu des diplômes et ont réussi dans le monde du travail. Son taux de placement est excellent. Je crois qu'environ 80 p. 100 des diplômés ont décroché un emploi ou ont poursuivi leurs études, et c'est une belle réussite.
Le FNTI a travaillé fort en collaboration avec d'autres établissements. Même s'il ne s'agit pas d'un établissement agréé, il offre une série de programmes, notamment un programme d'aviation, programme unique pour les Premières nations qui attire des étudiants de partout au Canada. Il y a aussi un programme d'administration publique et de gouvernance pour les Premières nations offert en collaboration avec l'Université Ryerson. C'est l'initiative universitaire autochtone la plus fructueuse en Ontario. L'institut a innové en établissant un partenariat avec l'Université Queen's pour offrir une maîtrise en politiques publiques. Le programme d'immersion en langue mohawk pour les adultes, offert en collaboration avec l'Université Trend, obtient un franc succès et contribue à créer de nouveaux locuteurs d'une langue menacée. L'institut a créé des pratiques de prestation intensive communautaire. Il a créé des initiatives dans tous les genres d'endroits, des centres urbains aux collectivités qui ne sont accessibles que par avion.
Il accomplit de grands progrès dans le domaine de l'éducation permanente. Il applique ce qu'on appelle la reconnaissance des acquis, pratique extrêmement importante pour reconnaître l'expérience de vie d'un étudiant et l'intégrer dans le contexte éducatif.
Comme cet institut n'est pas agréé, mais qu'il travaille avec d'autres établissements agréés, il n'est pas admissible à certains des transferts de fonds du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux. Parce qu'il travaille en partenariat avec certains établissements agréés, il n'est souvent pas en mesure de conserver le pourcentage des frais de scolarité auquel les autres établissements ont droit.
Le gouvernement lui a dit d'amasser des fonds auprès des anciens étudiants. C'est un petit institut. Il n'a pas des milliers et des milliers d'anciens étudiants.
Dans le contexte de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui prône visiblement un soutien en matière d'éducation, de langue et de culture, il serait logique d'investir dans un établissement autochtone qui réussit.
Le gouvernement conservateur a parlé à maintes reprises de l'importance du perfectionnement des compétences au sein des collectivités autochtones. Voici un établissement qu'il pourrait financer et soutenir. Il pourrait faire en sorte que davantage d'étudiants aient accès aux programme de cet institut. Au lieu de cela, il sabre le financement. L'institut a besoin d'un financement pluriannuel à long terme pour pouvoir dire aux enseignants, aux étudiants et aux collectivités qu'il existera pendant longtemps.
J'ai déjà travaillé dans un établissement universitaire et je sais que la stabilité à long terme est très importante. Nous voulons que les aînés jouent un rôle dans ces établissements. Les aînés voudront avoir l'assurance que cet institut sera là à l'avenir.
Par conséquent, j'exhorte tous les députés à appuyer cette déclaration très importante.