HUMA Rapport du Comité
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Rapport de lopposition officielle sur les subventions et les contributions de DRHC
Introduction
Depuis que le gouvernement libéral a pris le pouvoir en 1993, 22,5 milliards de dollars ont été attribués en subventions et contributions par le ministère du Développement des ressources humaines. De plus, 3,17 milliards de dollars seront dépensés cette année. Selon des vérificateurs internes à DRHC, le vérificateur général et des témoins du Comité, ces fonds ont été utilisés de façon inefficace et inadéquate, voire illégale.
LAlliance canadienne condamne le rapport majoritaire libéral du Comité sur le développement des ressources humaines, qui défend labus des fonds publics par le gouvernement, soutient la réaction déloyale du gouvernement face au scandale, et ne fait aucune recommandation pour remédier aux causes profondes des problèmes soulevés.
La mauvaise gestion des fonds des contribuables
La rapport majoritaire du Comité de DRHC précise que :
Dans une immense majorité des cas, les subventions et les contributions de DRHC sont correctement administrées et utilisées.
Cette belle image contredit les résultats de lexamen sur lintégrité des programmes rendus publics le 19 janvier. Sur les dossiers examinés, 15 % nétaient accompagnés daucune demande; 25 % ne comprenaient aucune description des activités devant être soutenues; 25 % ne comprenaient aucune description des caractéristiques des participants; 46 % nindiquaient pas le nombre de participants estimé; 72 % nétaient accompagnés daucune prévision sur les mouvements de trésorerie; 80 % ne prévoyaient aucun contrôle financier; 87 % ne prévoyaient aucune supervision; et 97 % nindiquaient nullement si lon avait vérifié si le bénéficiaire devait déjà de largent à DRHC. Dans une majorité écrasante des cas, les subventions et les contributions de DRHC ne sont pas correctement administrées. Aussi, nous navons aucun moyen de savoir si les fonds ont été judicieusement dépensés. Le vérificateur général a dit au Comité, le 23 mars :
Dimportants montants des fonds publics ont été dépensés sans contrôle approprié, ce qui complique la tâche de savoir sils ont été utilisés comme prévu, sils ont été dépensés de façon judicieuse et sils ont produit les résultats escomptés.
Le vérificateur général signale les mêmes problèmes dans ladministration des subventions et contributions depuis 1977 il la fait à deux reprises sous le gouvernement actuel, en 1994 et en 1998 , mais on ne constate aucune volonté politique de changer la façon dont les subventions et contributions de DRHC sont administrées. Le budget actuel ignore les problèmes existant à DRHC et prévoit laugmentation des subventions et contributions de près de 1,5 milliard de dollars. Lopposition officielle croit que tant quon ne réformera pas les programmes de subventions et de contributions dans un souci de responsabilisation et defficacité, le gouvernement devrait allouer les fonds destinés à ces programmes à des secteurs plus importants pour les citoyens canadiens.
Recommandation 1 Que le gouvernement renonce à laugmentation prévue des dépenses pour les subventions et les contributions, et augmente plutôt les dépenses dans le secteur de la santé.Le rapport du Comité ne tient personne responsable de la mauvaise gestion à DRHC, blâmant plutôt la technologie inadéquate, les niveaux de dotation insuffisants et la complexité du Ministère. Même si ces facteurs ont provoqué les dépenses incontrôlées au Ministère, ils étaient eux-mêmes le résultat dune mauvaise gestion.
Recommandation 2 Quen vertu du principe de la responsabilité ministérielle, la ministre du Développement des ressources humaines démissionne.Le sous-ministre actuel et le greffier du Conseil privé, qui était sous-ministre de DRHC lors de lexamen, doivent assumer une partie du blâme. En sa capacité actuelle, M. Cappe exerce une influence sur lensemble des ministères et organismes fédéraux. Lopposition officielle croit quil a été promu à un niveau au delà de ses compétences.
Recommandation 3 Que le premier ministre mute le greffier du Conseil privé à un poste plus approprié.Tout le monde sait que les directives du Conseil du Trésor ont été régulièrement ignorées à DRHC. Il se peut également que la Loi sur ladministration financière ait été violée quand le Ministère a créé, dans la circonscription du premier ministre, deux fonds en fiducie afin de protéger les fonds versés à titre de subventions contre lexigence selon laquelle les fonds de programmes doivent être utilisés avant la fin de chaque exercice financier. Les responsables juridiques de DRHC et la plupart des responsables du Conseil du Trésor affirment quil ny a pas eu infraction à la Loi, mais nous croyons que ces questions devraient être soumises à des autorités impartiales.
Recommandation 4 Quon demande à la GRC et au vérificateur général denquêter sur les infractions possibles à la Loi sur ladministration financière à DRHC.Ingérence politique
Même sil nexiste pas de lien direct entre les subventions et les dons politiques, les députés du gouvernement profitent de chaque subvention annoncée. Lopposition officielle a démontré que le nombre de projets approuvés et les montants alloués augmentaient radicalement en période électorale. Au cours du mois qui a précédé les dernières élections, le ministre de lépoque, Pierre Pettigrew, a annoncé la plus importante subvention de tous les temps au titre du FTCE et le premier ministre a annoncé une subvention de 500 000 $ dans sa propre circonscription.
Recommandation 5 Que le Ministère publie un communiqué de presse standard pour chaque subvention, contribution ou prêt avant que des députés en fassent lannonce.La circonscription de la ministre a reçu 30 millions de dollars pour la création demplois en trois ans, trois fois le montant alloué dans une circonscription moyenne, même si sa circonscription se trouve dans une région du sud de lOntario où les emplois ne manquent pas. Le Ministère a invoqué lexcuse selon laquelle le programme utilise des chiffres dépassés sur lemploi. De plus, le terme « taux de chômage élevé » est défini par DRHC en fonction du taux de chômage réel, ce qui signifie que le montant des subventions à lemploi demeure constant.
Recommandation 6 Quon utilise des chiffres à jour sur le chômage pour déterminer ladmissibilité aux subventions, contributions et prêts visant à remédier au chômage, et que ces programmes ne sappliquent pas dans les régions où le taux de chômage est faible en termes absolus.La Ministre a parlé de « foyers de chômage élevé » afin de justifier les subventions accordées dans sa circonscription, même si aucun critère de la sorte nexistait dans le mandat du FTCE. Le mandat du FTCE a été modifié afin de tenir compte de ces « foyers ». Pratiquement toutes les circonscriptions peuvent être des régions à fort taux de chômage si lon applique ces règles de façon astucieuse.
Recommandation 7 Que les hauts fonctionnaires de DRHC rencontrent des responsables de Statistique Canada et du Conseil du Trésor et le vérificateur général afin de définir des critères clairs et uniformes, applicables à lensemble du gouvernement, pour la définition du terme chômage élevé aux fins des programmes gouvernementaux.
Le FTCE est censé stimuler les investissements privés pour la création de nouveaux emplois permanents, mais des études indiquent que la moitié des investissements proviennent des gouvernements, que la moitié des emplois seraient créés sans subvention, et que nombre des emplois créés ne sont ni nouveaux, ni à temps plein. Dans bien des cas, le financement au titre du FTCE na aucune influence sur la création demplois. Lopposition officielle croit que le gouvernement devrait évaluer linfluence nette des programmes de subventions à lemploi.
Recommandation 8 Que le Conseil du Trésor collabore avec le vérificateur général et le secteur privé afin de normaliser les façons dont les ministères évaluent linfluence des programmes de subventions à lemploi.
Il est clair que les fonctionnaires subissent des pressions politiques. On peut lire dans une étude sur le FTCE menée par la firme Ekos à la demande du gouvernement :
un malaise chez certaines personnes interrogées quant aux projets pouvant avoir été approuvés pour des raisons politiques
Certains responsables à DRHC ont dit quils « navaient pas le choix » et devaient approuver certaines subventions en ignorant les directives régionales. Certains témoins ont dit au Comité quune loi prévoyant la dénonciation réduirait les pressions politiques exercées sur les fonctionnaires et aiderait à informer le grand public des fautes commises.
Recommandation 9 Que le gouvernement adopte une loi prévoyant la dénonciation afin de faire concorder le serment de confidentialité de la fonction publique et lobligation du gouvernement de rendre compte au grand public.Les pires abus du FTCE ont eu lieu dans la circonscription du premier ministre. Son bureau a exercé des pressions constantes sur le bureau de la Ministre et DRHC pour que des fonds soient versés à des partisans politiques. Un tiers des dons à la campagne électorale du premier ministre en 1997 provenait de sociétés qui avaient reçu des subventions ou des contrats gouvernementaux. Trois enquêtes policières sont en cours sur les subventions accordées dans la circonscription du premier ministre. Dautres députés du gouvernement ont également reçu des faveurs politiques de la part de bénéficiaires de subventions au nom de qui ils avaient fait pression. Lopposition officielle croit que les députés, responsables de lattribution des fonds publics, sont en conflit dintérêts sils peuvent faire pression au nom des demandeurs de subventions, tout en recevant des contributions politiques de ces personnes. De plus, les députés nont pas les connaissances nécessaires pour juger de la viabilité des demandes de subventions et déterminer si elles respectent les critères établis.
Recommandation 10 Que les députés ne participent plus au processus dapprobation des subventions.Le FTCE est le programme de DRHC dont les politiciens ont le plus abusé. Il a entraîné une condamnation au criminel et fait actuellement lobjet dun certain nombre denquêtes policières. Nous croyons que ce programme est corrompu.
Recommandation 11 Que le Fonds du Canada pour la création demplois soit abrogé immédiatement.Manque de transparence
Les conseillers de la Ministre lui ont recommandé de ne pas rendre public lexamen de lintégrité des programmes tant quune demande naurait pas été faite en vertu de la Loi sur laccès à linformation. Lopposition officielle a déposé une telle demande le 17 janvier, et la Ministre a publié le document le 19 janvier. La Ministre a dit ensuite quelle ignorait tout de lexamen jusquau 17 novembre 1999, nombre de fonctionnaires étant au courant avant que la Ministre entre en fonctions, en août. Les notes envoyées aux responsables à la suite de lexamen étaient datées de septembre. Quand un député de lopposition a reçu un exemplaire de lexamen daté du 5 octobre 1999, on lui a demandé de le détruire et daccepter un document daté de janvier 2000. Quand les députés dopposition ont exigé des précisions sur les subventions de DRHC par circonscription, on leur a répondu que de telles données nexistaient pas, même si le premier ministre avait eu accès à ces données, remises par le leader du gouvernement à la Chambre. Les députés qui posent de simples questions à la Chambre des communes sont obligés davoir recours à la Loi sur laccès à linformation ou au Feuilleton pour obtenir des réponses. Le Commissaire à linformation a dit au Comité que DRHC avait toujours correctement répondu aux demandes faites en vertu de la Loi, mais que la situation sétait détériorée après la publication de lexamen sur lintégrité des programmes. Maintenant, les hauts dirigeants examinent toutes les demandes avant que le Ministère puisse y répondre. Le processus daccès à linformation a ralenti dans lensemble du gouvernement, alors que le Bureau du Conseil privé et le Conseil du Trésor tentent de contrôler la divulgation de linformation au grand public.
Recommandation 12 Quaucun processus de relations publiques fédérales ne puisse empêcher les ministères de respecter les délais prescrits dans la Loi sur laccès à linformation.La Ministre a tenté de camoufler la mauvaise gestion de différentes façons. Le Comité a entendu un témoignage selon lequel un employé de DRHC a reçu lordre de préparer et dantidater des documents manquants. Après avoir été mise au courant de lexamen, la Ministre a toujours répondu aux questions aux Communes en disant que tout allait bien à son Ministère. Devant le Comité, le 18 mai, la Ministre a présenté un « rapport détape » ayant fait lobjet dune fuite dans les médias la veille, mais qui navait pas été distribué aux députés dopposition siégeant au Comité. Elle a soutenu que seul un montant de 6 500 $ devait être justifié, mais ce montant sapplique à 37 dossiers examinés seulement, et elle na parlé ni des 226 575 $ récupérés, ni des enquêtes criminelles en cours. En raison du manque de transparence du gouvernement, des autorités extérieures appropriées devraient faire enquête sur la mauvaise gestion à DRHC.
Recommandation 13 Quune enquête indépendante soit menée sur les scandales financiers à DRHC.
Aucune solution valable
Le fait que le rapport du Comité ne reconnaisse pas la nature et lampleur des problèmes à DRHC empêche toute recommandation utile. Le Comité recommande dengager plus de personnel pour ladministration des projets et la gestion financière, affirmant que cest lune des « priorités premières » du Ministère, mais, selon le vérificateur général, les problèmes à DRHC ont commencé avant les compressions de personnel en 1995, datant alors denviron 18 ans. Ce ne sont pas les compressions de personnel qui ont entraîné les problèmes. Le Comité soutient également que le Ministère est tellement complexe quil serait injuste de tenir la Ministre responsable de sa gestion, et propose de diviser le Ministère en différentes sections spécialisées. Le Comité a entendu très peu de témoignages soutenant cette recommandation, mais y consacre pourtant le tiers du rapport! Ce point, tout comme la recommandation daugmenter le personnel, nest quune diversion pour détourner lattention des preuves dingérence politique, de piètre gestion et dabsence de volonté politique.
Le « plan daction » en six points proposé par la Ministre, à peine mentionné dans le rapport du Comité, ne résoudra pas les problèmes à DRHC. Ce nest quune liste de principes de gestion fondamentaux qui auraient dû être appliqués depuis longtemps. En qualifiant une telle liste de « plan daction », la Ministre admet finalement que ces principes de gestion fondamentaux nétaient pas appliqués par le passé. Cependant, son plan ne précise pas les causes profondes de cette négligence. Dans un rapport commandé par la Ministre, la firme de conseil Deloitte-Touche soutient que la version provisoire du plan daction en six points devrait être accompagnée dun exposé des objectifs, quelle ne traite pas des causes sous-jacentes des résultats de lexamen, ne décrit pas les ressources visées, nexplique pas comment obtenir lengagement de la haute direction et ne définit pas les enjeux à long terme. Une comparaison de la version provisoire et du plan final de la Ministre révèle que ces préoccupations persistent. Le « plan daction » vise à donner une impression daction.
Recommandation 14 Que la Ministre demande à la firme Deloitte-Touche dévaluer la version finale du « plan daction » en six points.Conclusion
Lexamen de lintégrité des programmes, qui a mis au jour un grave manquement aux aspects les plus élémentaires du contrôle financier, est une accusation de tous les députés du gouvernement. Le Parlement canadien est responsable devant la population canadienne. Tout comme les ministres et les sous-ministres sont responsables de la direction de leur ministère devant le Parlement, le gouvernement est responsable devant la population du Canada. Ce gouvernement a échoué sur ce point. Pour des précisions sur les questions susmentionnées, veuillez lire la version complète du rapport sur notre site Web, au www.alliancecanadienne.ca.