HUMA Rapport du Comité
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Opinion dissidente du Bloc Québécois
Le Bloc Québécois ne peut souscrire au rapport du Comité permanent des ressources humaines malgré la recommandation de scinder le Ministère en plusieurs unités homogènes pour résoudre la crise à DRHC. Cette scission qui a été proposée par le Bloc Québécois ne résout en rien la problématique constatée à DRHC. Cette solution exclut lutilisation de fonds à des fins partisanes. Il est essentiel que le gouvernement déclenche une enquête publique et indépendante permettant daller au fond de cette question. Depuis le dépôt du rapport intérimaire, de nouveaux cas frauduleux se sont ajoutés à la longue liste de malversations, notamment Modes Conili Star et Placeteco. Limmunité des employés de DRHC doit également être garantie afin que ceux-ci puissent non seulement éclairer lenquête publique pour faire toute la lumière sur le présent fiasco à DRHC, mais aussi sonner une cloche dalarme afin quune telle situation ne se reproduise plus.
Le Comité, en refusant daller au fond des choses, cherche plutôt à circonscrire les problèmes rencontrés à DRHC pour les limiter à un problème administratif. La majorité ministérielle du Comité néglige de poser un diagnostic approfondi en ignorant la récurrence et laspect politique des graves lacunes rencontrées dans la gestion des programmes de subventions et contributions de DRHC.
Les cas de fraude, les approbations tardives, les accrocs aux directives du Conseil du Trésor, les pressions politiques, le copinage, lutilisation partisane de fonds publics, les tentatives de camouflage de linformation, la rétention dinformation, la falsification de documents, labsence de pièces justificatives et le trafic dinfluence sont au nombre des questions qui devraient être étudiées par une enquête publique et indépendante. Ces questions dépassent le simple aspect administratif dans lequel la majorité ministérielle voudrait enfermer les conclusions de son rapport en limitant les solutions à la scission du Ministère et à une série de contrôle administratif.
La récurrence
Depuis deux décennies, le Bureau du vérificateur général a soulevé à de nombreuses reprises le problème du contrôle des subventions et des contributions à DRHC. De nombreux rapports de vérification interne ont également relevé des problèmes graves de gestion et de contrôle des programmes de subventions et de contributions. Pourtant, loin dêtre réglés, les problèmes se sont intensifiés. Le rapport évite soigneusement dexpliquer pourquoi rien navait encore été fait pour pallier ces manquements graves aux principes de contrôle financier. Labsence de volonté politique du gouvernement et de la haute fonction publique à régler ces problèmes est troublante et lexplication de cette inertie reste à venir. Elle est le fruit de lincompétence des ministres responsables qui, successivement, nont pas été capables dassumer la fonction de contrôle inhérente à leurs responsabilités.
Minimiser les problèmes administratifs
Depuis que le rapport de vérification interne a été rendu public en janvier dernier, lattitude de la majorité gouvernementale a consisté à limiter les problèmes à leurs aspects administratifs. Bien que le rapport du Comité soulèvent plusieurs interrogations judicieuses quant à la gouvernance du Ministère, en minimisant le problème, il en arrive à un diagnostic superficiel et met de lavant des solutions qui ne visent quà régler une petite partie des problèmes rencontrés.
La négation des problèmes politiques
La majorité ministérielle a la mémoire courte. Peu après les élections générales de 1997, un organisateur politique libéral fut accusé, puis condamné pour trafic dinfluence après quil se soit servi dune liste de demandes de subvention FTCE pour exiger des contributions politiques. Lors de sa compuration, le juge a demandé si Pierre Corbeil avait agi de sa propre initiative et la réponse de la Couronne fut : « On ne le saura jamais ». Il sagissait de la première dune longue liste dallégations de fraude, de patronage et daccrocs aux règles du Conseil du Trésor.
Devant la négation de ces problèmes par la majorité ministérielle, il savère impossible pour les partis dopposition et le public de juger de létendue de lutilisation partisane et frauduleuse des fonds publics. Les membres de la fonction publique à même de renseigner les parlementaires et le public sont bâillonnés et sont menacés de sanctions sils dénoncent les abus et les malversations dont ils sont témoins. Pire encore, des témoins représentant les fonctionnaires ont affirmé devant le Comité quils avaient été enjoints à falsifier des documents par leurs supérieurs.
Camouflage, rétention de linformation et falsification de documents
Afin de mesurer létendue du gaspillage, de la fraude et des diverses malversations ayant cours à DRHC, le Comité doit disposer de toute linformation disponible. Or, le gouvernement sest ingénié à sassurer du contraire. Lopposition possède une liste des contributions du FTCE obtenue en vertu dune demande daccès à linformation dans laquelle on retrouve plusieurs subventions approuvées après les versements. La Ministre, elle, a publié une liste expurgée de toute référence aux dates de versement.
En réponse aux demandes des partis dopposition et des médias sur des cas précis, la Ministre a renvoyé ceux-ci aux fonctionnaires pour avoir des réponses. Mais ces derniers ne pouvaient répondre en vertu dune directive ministérielle les enjoignant de renvoyer toute question au Cabinet de la ministre. Puis, changeant de tactique, le gouvernement a refusé toutes les demandes dinformation, renvoyant médias et députés à la Loi sur laccès à linformation. Le Commissaire à la Loi sur laccès à linformation a sévèrement blâmé le gouvernement pour ses nombreux manquements à la Loi.
De la même façon, le démantèlement du méga fichier sur les Canadiens est loin de restaurer la confiance du public envers le Ministère. Seule une révision en profondeur de la Loi sur la protection des renseignements personnels, sinspirant de celle du Québec, et interdisant une telle pratique permettrait à la population davoir lassurance de ne plus revoir un tel usage réapparaître à DRHC ou dans un autre ministère.
Conclusion
Le gâchis administratif et politique à DRHC est un véritable cauchemar à plusieurs titres : les fonds publics en jeu sont énormes et lexistence de lensemble des programmes gouvernementaux de subventions et de contributions est compromise; la confiance du public envers les institutions gouvernementales, parlementaires et envers la fonction publique est fortement ébranlée et la complaisance envers lutilisation partisane et frauduleuse des fonds publics, accompagnée dun sentiment dimpunité, sest étendue et risque de prendre de lampleur.
Pour ce qui est de la scission du Ministère, elle devra être précédée de la démission de la Ministre et de la nomination dun nouveau titulaire avec un mandat dune année pour la réaliser.
Dans notre système politique, le gouvernement est responsable devant le Parlement de lutilisation des fonds publics qui lui sont confiés. Lattitude irresponsable de la Ministre actuelle et de son prédecesseur devant une telle crise nous garantit que les abus et les négligences continueront si les actions du gouvernement se limitent aux recommandations de la majorité libérale.
Aussi, devant lampleur de la crise, aussi bien au niveau administratif, politique que criminel, et devant la volonté du gouvernement détouffer cette affaire, les partis dopposition sont unanimes pour reconnaître que seule une enquête publique et indépendante permettrait de véritablement mesurer lampleur des failles administratives et de lutilisation abusive des fonds publics.
Enfin, pour assurer lefficacité dune telle enquête, les membres de la fonction publique doivent pouvoir compter sur un mécanisme leur assurant limpunité en cas de dénonciation dabus et de fraude. Une loi à cet effet devrait être adoptée le plus rapidement possible par la Chambre des communes.