HUMA Rapport du Comité
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UNE VISION COMMUNE
Introduction
Le Sous-comité des enfants et jeunes à risque et le
Sous-comité de la condition des personnes handicapées ont, depuis leur
création, accumulé des réalisations importantes. Les membres des deux
sous-comités estiment qu’il est désormais temps d’expliquer leurs activités, de
faire part de leurs succès, d’exprimer leurs frustrations et de tracer leurs
plans pour l’avenir. C’est justement ce que vise le présent rapport – le
premier rapport conjoint depuis de nombreuses années. Nous espérons que le
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition
des personnes handicapées le jugera utile pour ses propres entreprises et ses
travaux avec nous. Il nous semble d’ailleurs que la Chambre des communes
elle-même pourrait s’inspirer de nos activités dans ses efforts pour faire du
Parlement une institution plus efficace et respectée.
Le présent rapport a plusieurs objectifs :
- Présenter le modèle fonctionnel
suivant lequel les sous-comités ont abordé et souhaitent traiter les
questions horizontales qui relèvent de leur mandat.
- Cerner les questions dont le
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la
condition des personnes handicapées doit être saisi et qu’il pourrait
inclure dans ses propres plans de travail.
- Formuler des recommandations
(qu’appuie chaque sous-comité selon son domaine d’intérêt) concernant les
mesures que devrait prendre le gouvernement.
CHAPITRE 1
LORSQUE LES QUESTIONS
TRAVERSENT LES FRONTIÈRES
1. Le problème
Dans son récent rapport, le vérificateur général a signalé que
« le gouvernement a de plus en plus besoin de gérer les initiatives qui
touchent plus d’un ministère fédéral1». Le traitement des questions horizontales,
telles les enfants et les jeunes ou les personnes handicapées, reflète en effet
la vision d’ensemble de la société. Les engagements que prend le gouvernement
fédéral à l’égard de la population canadienne dans les divers discours du Trône
ou budgets fédéraux ciblent souvent ce genre de questions. Tout récemment
d’ailleurs, tant les enfants que les personnes handicapées ont été désignés
comme des priorités absolues de la société et du gouvernement.
Cependant, ces engagements ne sont pas faciles à intégrer dans les
structures du gouvernement fédéral. Ils ne suivent pas les divisions des
ministères, ils touchent les opérations de nombreux organismes et sont
étroitement imbriqués dans les champs de compétence des provinces et des
territoires ainsi que des secteurs bénévole et privé. Cela signifie que les
décisions, les ressources et les activités ne relèvent pas d’une seule
compétence, encore moins d’un seul ministère fédéral. Le succès dépend donc de
l’élaboration et du maintien d’une vision commune des résultats, des objectifs
et de la hiérarchie des responsabilités.
Le Parlement doit, à l’instar du gouvernement,
apprendre à gérer les questions horizontales. Le Comité permanent du
développement des ressources humaines et de la condition des personnes
handicapées, par exemple, a un très vaste mandat, mais doit limiter son examen
à un seul ministère, bien que ce ministère touche la vie de tous les Canadiens
et les Canadiennes et représente le plus important poste de dépenses du
gouvernement fédéral. Le Comité permanent n’a pas le temps de traiter toutes
les questions importantes qui relèvent de son mandat, et encore moins les
questions horizontales qui touchent d’autres ministères. Ainsi, avant la
création des deux sous-comités, le Comité permanent ne pouvait pas consacrer
beaucoup de temps aux enfants ou aux personnes handicapées. Par conséquent,
d’importants enjeux dans ces deux domaines risquaient d’évoluer sans apport ou
approbation parlementaire. C’est ce qui explique la création des deux
sous-comités.
2. Nos
sous-comités: une solution
Selon nous, les sous-comités ont apporté une
contribution particulière à l’égard des
questions horizontales, et ce pour plusieurs raisons :
- Les sous-comités sont formés par autosélection. Tous les députés qui se sont joints aux
sous-comités l’ont fait en raison d’un intérêt véritable et soutenu à
l’égard des questions générales relevant du mandat du sous-comité.
- Les membres travaillent en collaboration et
valorisent l’impartialité politique. Grâce à la volonté des membres de trouver des
solutions pratiques aux questions touchant les enfants et les personnes
handicapées, les deux sous-comités ont fonctionné selon un mode
consensuel, qui a fait qu’ils sont maintenant considérés comme des
champions tant au Parlement que dans l’ensemble du gouvernement.
- Leur taille facilite leurs activités. Les deux sous-comités ayant la moitié moins de
membres que le Comité permanent, ils ont donc plus de souplesse pour
effectuer leurs choix et mener leurs travaux qu’un important comité
parlementaire. Ils peuvent aussi travailler de façon plus informelle à
l’élaboration de leurs plans de travail et à l’accomplissement de leurs
activités. Ils ont ainsi connu un grand succès avec les tables rondes qui
ont réuni divers groupes d’intérêt de la collectivité.
- Parce qu’ils traitent des questions horizontales,
les membres cherchent activement des façons de travailler en collaboration
sur des enjeux qui intéressent simultanément les deux sous-comités. Cela signifie par exemple que les sous-comités
ont tenu des réunions conjointes et cherché des solutions communes pour
des questions comme les enfants handicapés. Cette collaboration a aussi
l’avantage d’avoir donné plus de visibilité aux sous-comités et d’élargir
le point de contact institutionnel pour les intervenants.
- Ils élaborent une vaste base de connaissances qui
alimente leur travail et les recommandations contenues dans leurs
rapports. Chaque sous-comité se
concentre sur une série de questions qui touchent un segment de la société
canadienne. Au fur et à mesure de ses séances, il établit des relations
avec des fonctionnaires, des organismes non gouvernementaux et des
spécialistes qui comprennent ce segment de société et travaillent avec
lui. Les membres des sous-comités ont donc toujours accès à un bassin de
connaissances qui les encourage et leur permet d’assimiler des compétences
suffisantes pour approfondir les questions et obtenir, nous l’espérons,
des résultats plus probants.
- Leur structure, leurs processus et leur mandat
leur permettent d’examiner des questions qui débordent les limites
politiques ministérielles et les domaines que les comités permanents n’ont
pas le temps d’étudier en profondeur. Par exemple, ni le Comité permanent des
ressources humaines et de la condition des personnes handicapées ni le
Comité permanent des affaires autochtones, développement du Grand Nord et
ressources naturelles n’abordent la question des enfants autochtones,
surtout à cause des obligations législatives qui leur incombent.
- La politique sociale constitue le lien commun
sous-jacent. Cela
oblige les deux sous-comités à se colleter avec des préoccupations
communes, comme les défis que présentent la prestation de programmes
sociaux, la mesure de résultats et d’indicateurs, ainsi que la définition
et la détermination claire des compétences fédérales, provinciales et
territoriales et à discuter régulièrement des valeurs sociales
fondamentales qui sous-tendent et encadrent leurs rencontres. Chacune de
ces questions est essentielle dans le travail des deux sous-comités. Les
défis et les frustrations qu’ils partagent encouragent également la
collaboration entre sous-comités.
- Étant donné leur structure et leur mandat, les
sous-comités n’ont pas de disposition législative à étudier et sont donc
libres de se concentrer sur un ou plusieurs objectifs politiques. Ainsi, une grande partie du travail du
Sous-comité des enfants et jeunes à risque a porté sur l’orientation de la
politique visant l’Initiative du développement de la petite enfance. Le
Sous-comité de la condition des personnes handicapées, quant à lui,
encourage le gouvernement à rétablir l’Enquête sur la santé et les
initiatives d'activités après le recensement de 2001 et cherche maintenant
à faire bouger les choses pour d’autres grandes questions d’orientation.
Le fait de pouvoir se concentrer sur les politiques, surtout celles qui
sont en voie d’élaboration, donne aux deux sous-comités une efficacité que
n’ont pas les comités permanents, lesquels travaillent davantage par
réaction et se concentrent sur le budget principal des dépenses et les dispositions
législatives.
Étant donné tous ces facteurs, chacun des sous‑comités
a mérité un respect dont ne bénéficient que trop rarement les institutions
parlementaires. Chacun est devenu une tribune nationale relativement aux
questions dont il s’occupe. Les deux sont considérés par la collectivité et par
le gouvernement comme apportant une contribution qu’aucune autre entité ne peut
apporter. Et ils sont vus comme fournissant un centre de responsabilité sur des
plans auxquels la plupart des autres comités parlementaires ne peuvent accéder.
Ainsi, dans son dernier rapport, le vérificateur général dit du Sous‑comité
de la condition des personnes handicapées qu’il procure un leadership dans le
domaine de la déficience. Le rapport conclut que « [l]’intérêt continu que
le Sous‑comité attache à cette question peut la maintenir à l’ordre du
jour du gouvernement[1] ».
Cette réflexion peut aussi bien s’appliquer au Sous‑comité des enfants et
jeunes à risque.
La reconnaissance du leadership des sous‑comités
tient pour une grande part à ce que le gouvernement n’a pas encore lui‑même
précisément ou complètement établi la façon dont il s’occupera des questions
horizontales, et le travail des deux sous‑comités revêt de ce fait une
importance accrue. Ils font en sorte que les aspects relatifs aux enfants et
aux personnes handicapées ne soient pas perdus de vue ni laissés de côté parce
que les ministères fédéraux ont tendance à penser selon un schème hiérarchique
et sont conçus pour fonctionner à l’intérieur de cloisons verticales. Les
questions horizontales sont disparates, et bon nombre de ministères ne prennent
pas toujours le temps de se consulter et de collaborer pour trouver des mesures
horizontales satisfaisantes. Le « comment » du travail horizontal est
souvent à la base du problème. Les ministères consacrent tellement de temps à
s’inquiéter du « comment » qu’il ne leur en reste pas beaucoup pour
le « quoi » ou le « quand ». Qui plus est, l'intégration
fonctionnelle peut être aussi problématique à l’intérieur des ministères que
d’un à l’autre. Développement des ressources humaines Canada, avec sa vaste
gamme de responsabilités en matière de politique, éprouve de la difficulté à
intégrer les questions relatives aux personnes handicapées dans ses autres
initiatives de politique sociale. Par exemple, il semble que l’an dernier les
enfants handicapés n’aient pas été complètement inclus dans le Plan d’action
national pour les enfants ni dans les négociations visant l’Initiative fédérale‑provinciale
du développement de la petite enfance (IDPE).
Cette situation a changé une fois que les deux sous‑comités eurent
tenu une réunion conjointe, en juin 2000, sur les enfants handicapés et bien
fait valoir leur opinion que ces derniers devaient être inclus dans l’IDPE.
Dans d’autres cas, l’absence d’un ministère « directeur » entraîne
une lacune au niveau de l’examen. Ainsi, le phénomène des sans‑abri, une
importante question de politique sociale, n’a pas de ministère
« d’attache » et, par conséquent, n’entre pas automatiquement dans le
processus d’examen par un comité parlementaire.
Parce que le gouvernement fédéral n’est pas organisé
pour traiter des questions horizontales, nous estimons qu’il est essentiel de
tenir les divers ministères responsables de leurs activités. Garder sur la
sellette les ministères pertinents (p. ex. Finances, Justice, Santé,
Développement des ressources humaines, Affaires indiennes et du Nord canadien)
signifie les interpeller concernant les différents aspects de nos domaines
d’intérêt et essayer de les convaincre qu’ils doivent voir à ce que leur
programme ministériel global comporte des mesures concrètes concernant les
personnes handicapées et les enfants.
3. Nos défis
Les deux comités estiment avoir de grandes
réalisations à leur actif, mais ils restent confrontés à des défis
semblables :
·
Jusqu’à quel point les autres comités parlementaires
peuvent‑ils prendre en compte nos sujets d’intérêt? À notre avis, il est important, si un autre comité
parlementaire entreprend une étude (p. ex. révisions au Code canadien du travail, éducation
postsecondaire, santé mentale), qu’il incorpore la perspective des enfants ou
des personnes handicapées. Et cela s’applique tant au Comité permanent du
développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
qu’aux autres comités.
·
À quoi rattacher les questions? L’attache naturelle d’une question n’est pas toujours
évidente, ni qui décide quelle sera cette attache. Par exemple, les deux sous‑comités
s’intéressent à divers aspects concernant les enfants autochtones handicapés,
mais ces questions devraient‑elles relever de l’un d’eux? Des deux? Du
Comité permanent des affaires autochtones, développement du Grand Nord et des
ressources naturelles? Un rapport sur les enfants autochtones devrait‑il
être soumis au Comité permanent du développement des ressources humaines et de
la condition des personnes handicapées ou au Comité permanent des affaires
autochtones, développement du Grand Nord et ressources naturelles, ou encore
les deux? De qui relèvent les sujets intergouvernementaux relatifs aux
questions sociales étant donné que, d’un point de vue bureaucratique, l'ultime
entité « d’attache » est le Bureau du Conseil privé, un organisme
central? Tous les comités parlementaires sont pris au dépourvu lorsqu’il s’agit
de formuler des recommandations prévoyant l’adoption de mesures par des
organismes fédéraux centraux. Tant que les comités de la Chambre des communes
reproduiront le cloisonnement des ministères, qui peut agir lorsque s’impose la
participation d’organismes centraux? Lorsque des sous‑comités comme les
nôtres adressent des recommandations ou des suggestions aux organismes
centraux, ils ne reçoivent habituellement pas de réponse appropriée.
·
Comment devons‑nous régler le problème de la
responsabilité parlementaire? Les deux
sous‑comités s’intéressent aux dépenses gouvernementales dans leurs
domaines respectifs. Pourtant, cette information n’est ni rassemblée ni
présentée dans les documents budgétaires, les rapports sur le rendement des
ministères ou les rapports sur les plans et les priorités d’une façon qui
permettrait aux sous‑comités de bien comprendre comment l’argent est
dépensé, où et avec quelle incidence. Aucun des deux sous‑comités n’est
chargé de tenir des audiences sur le budget des dépenses concernant les enfants
ou les personnes handicapées, ni de l’approuver. Par conséquent, aucun n’a
suffisamment de « poids » pour garantir que ses recommandations
produisent le maximum d’effet.
·
Les sous‑comités devraient‑ils être des
entités permanentes de la Chambre des communes? Aucun des deux sous-comités n’est assuré de sa survie d’une session
parlementaire à l’autre. Au début de chaque session, le Comité permanent du
développement des ressources humaines et de la condition des personnes
handicapées doit décider de leur création. C’est donc dire qu’il y a toujours
une période d’incertitude sur la poursuite du travail de l’un ou l’autre ou des
deux.
·
Jusqu’à quel point les sous‑comités devraient‑ils
être indépendants? Aucun des deux
sous‑comités n’est habilité à faire rapport à la Chambre des communes. Le
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition
des personnes handicapées doit approuver les rapports de chacun, lesquels sont
présentés à la Chambre sous la forme d’un rapport du Comité permanent lui‑même.
Les budgets des sous‑comités doivent être approuvés par le Comité
permanent. Les sous‑comités ne peuvent siéger lorsque le Comité permanent
siège, sans l’approbation du président de ce dernier. Bien que le fait de
passer par le Comité permanent ajoute du prestige aux rapports des sous‑comités,
cela introduit également une incertitude que les autres comités parlementaires
n’ont pas à assumer.
1. Le Sous‑comité
des enfants et jeunes à risque et le Sous‑comité de la condition des personnes
handicapées recommandent conjointement que le Règlement de la Chambre des
communes soit modifié de façon que les deux sous‑comités :
a. soient
constitués d’office au début de chaque session parlementaire;
b. soient
habilités à fixer leurs propres budgets, à établir sans restriction leur
calendrier de réunions et à rendre compte à la Chambre des communes.
2. Le Sous‑comité
des enfants et jeunes à risque et le Sous‑comité de la condition des
personnes handicapées recommandent conjointement que chacun d’eux soit chargé
d’examiner et d’approuver les budgets des dépenses relatives aux questions
horizontales relevant de leur mandat individuel, par les autorités fédérales et
parlementaires appropriées.