INST Rapport du Comité
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Opinion complémentaire — Le régime de concurrence du Canada
Parti de lAlliance
canadienne
Charlie Penson
James Rajotte
Au cours des deux dernières années, le Comité permanent de lindustrie, des sciences et de la technologie a étudié à fond la Loi sur la concurrence, y compris plusieurs projets de loi dinitiative parlementaire, le rapport VanDuzer, son propre rapport provisoire de juin 2001 et le projet de loi C-23. Et voici quil publie son rapport. LAlliance canadienne salue le travail des membres du Comité permanent ainsi que le soin quils ont mis à étudier la politique de concurrence au Canada.
Pendant les audiences du Comité, les membres de lAlliance canadienne nont cessé de soutenir que les intérêts des consommateurs et des producteurs canadiens étaient mieux servis non pas par un tribunal ou lintervention du gouvernement dans le marché, mais par une concurrence authentique entre les entreprises. Lobjectif de la politique de concurrence devrait être non pas de protéger les concurrents, mais de faciliter la concurrence.
Tout en appuyant en gros ce rapport, lAlliance canadienne tient à exprimer son désaccord avec les recommandations des chapitres 1, 3 et 8.
Chapitre 1 : Le droit de la concurrence ne peut pas remplacer la concurrence
Le chapitre 1 recommande que le Bureau de la concurrence fasse des crimes liés au complot contre la concurrence (fixation des prix) lune de ses grandes priorités. Il appuie également lidée quil ne devrait pas y avoir dans la loi cadre de dispositions spéciales pour telle ou telle industrie.
Selon lAlliance canadienne, lidée de réglementer le marché, thème sous-jacent au chapitre 1, est foncièrement mauvaise. La politique de manipulation du droit de la concurrence et de réglementation du marché pratiquée par le Parti libéral ne saurait remplacer un environnement favorable aux affaires.
Le rapport reconnaît leffet de création de monopoles de politiques gouvernementales, comme les règles en matière de propriété étrangère, qui font obstacle à lentrée dans les secteurs du transport aérien et de la librairie de détail. La petitesse de notre marché intérieur et limmensité de notre territoire sont habituellement invoquées pour justifier la réglementation, mais lAlliance canadienne croit que ces problèmes sont aggravés par la politique industrielle du gouvernement libéral. Il y a trop de secteurs dans léconomie canadienne qui échappent aux forces du marché comme les télécommunications, la commercialisation du blé et les transports. Il vaut beaucoup mieux assurer à un grand nombre de concurrents un climat commercial et un régime fiscal favorables que den réglementer un petit nombre.
Lintervention directe de lÉtat dans ces secteurs a entraîné une réduction de la concurrence. Les Libéraux réagissent non pas en allégeant la réglementation, mais en modifiant la Loi sur la concurrence. Cette approche compromet le droit de la concurrence et ne facilite pas la concurrence. Par exemple, le gouvernement a modifié la Loi sur la concurrence pour réglementer lindustrie aérienne au moyen de pouvoirs dinterdiction, de sanctions pécuniaires et dun arbitre des plaintes des consommateurs. Or, tous ces changements ne sauraient discipliner Air Canada comme le ferait un marché concurrentiel. En outre, une loi cadre comme la Loi sur la concurrence nest pas un bon moyen de réglementer lindustrie.
Il y en a qui croient quil faut protéger certaines industries contre la propriété ou lingérence étrangère, mais à quel prix pour le consommateur canadien? Le Programme énergétique national navait aucun sens pour lindustrie pétrolière canadienne et lAlliance canadienne estime que la propriété canadienne obligatoire nest pas avantageuse pour dautres industries. Même si on pouvait corriger complètement la situation au moyen de la Loi sur la concurrence, ce qui est douteux, il en coûterait certainement plus cher que de laisser le marché arriver au même résultat.
Ces dernières années, le Commissaire à la concurrence a approuvé des fusions de grande envergure dans les secteurs du transport aérien et de la librairie de détail sous réserve que certains actifs soient vendus. Dans les deux cas, les délais ont expiré sans que des acheteurs se manifestent à cause des règles gouvernementales en matière de propriété nationale. Il en a résulté que, dans les deux secteurs, le monopole sest concentré et le choix du consommateur sest rétréci.
LAlliance canadienne recommande donc :
Que le gouvernement libéral et le ministre de lIndustrie fasse de la concurrence entre les entreprises lune de ses grandes priorités en faisant un effort concerté pour réduire la réglementation et lintervention gouvernementale dans le marché.
Chapitre 3 Les lenteurs du Tribunal de la concurrence
Le chapitre 3 tente dapporter des solutions aux difficultés du Tribunal de la concurrence. LAlliance canadienne attire lattention sur les retards indus quil met à rendre ses décisions finales. Le recours en abus de position dominante engagé contre Air Canada par WestJet et la société Canada 3000 (CanJet) aujourdhui liquidée est certainement un cas où justice différée équivaut à justice refusée. Alors que cette affaire va déterminer en partie lavenir de lindustrie aérienne canadienne, Air Canada a réussi à obtenir du tribunal deux ajournements de six mois. À lheure actuelle, laffaire doit être reprise à lautomne 2002, soit deux années entières après que le solde de places dAir Canada en litige a eu lieu.
LAlliance canadienne trouve ces développements très préoccupants. Non seulement Air Canada na toujours pas rendu compte de ses actions, mais la clarté dont on a tant besoin dans les règles de la concurrence doit encore se faire attendre. Lambiguïté qui continue de régner décourage lentrée de concurrents dans lindustrie. À cause des lenteurs du processus, il est très difficile dinciter les gens à investir dans de nouveaux transporteurs aériens de passagers.
LAlliance canadienne recommande donc :
Que le Bureau de la
concurrence augmente ses efforts pour entendre en temps utile les causes dont il est
saisi.
Chapitre 8 Intégration verticale de la vente au détail de pétrole et dessence
Le chapitre 8 est particulièrement gênant parce que les experts convoqués dans le cadre de la préparation de ce rapport nont pas évoqué la relation entre les sociétés verticalement intégrées et leurs détaillants indépendants. En fait, ce chapitre est essentiellement fondé sur le point de vue dune association et sur le témoignage quelle a rendu en octobre 2001 lorsquelle a comparu devant le Comité avant létude du projet de loi C-23.
Linclusion de cette question dans le rapport du Comité met en relief la tendance du gouvernement libéral à politiser le droit et la politique de concurrence.
Selon les députés qui représentent lAlliance canadienne au sein du Comité, la recommandation portant de clarifier les lignes directrices du Bureau concernant larticle 75 nest pas constructive. Il y a des cas où les méthodes de répartition en cas de pénurie simposent et les détaillants ne devraient pas pouvoir utiliser laccès privé pour optimiser leurs contrats. LAlliance canadienne croit que la Loi sur la concurrence ne devrait pas interférer avec le droit des contrats et quil vaudrait mieux traiter les plaintes de ce genre aux termes de larticle 79 (abus de position dominante).