:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la secrétaire d'État à l'Enfance et à la Jeunesse.
Je suis heureux de participer à cet important débat et de pouvoir ainsi confirmer l'engagement du gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour protéger nos enfants. Le gouvernement reste déterminé à renforcer la protection que le droit pénal assure aux enfants contre l'exploitation sexuelle et toutes les formes de victimisation.
Les Canadiens s'accordent à dire que la pornographie juvénile est une des formes les plus horribles d'exploitation sexuelle des enfants. Le Parlement a vu à ce que les lois canadiennes contre la pornographie juvénile soient parmi les plus sévères du monde. Nos lois sont très claires pour ce qui est d'interdire la création de pornographie juvénile. Le Code criminel interdit la production, l'impression, la publication ou la possession aux fins de publication de toute pornographie juvénile. Nos lois ciblent aussi l'aspect commercial de la pornographie juvénile. En effet, le Code criminel interdit l'importation, la distribution, la vente ou la possession aux fins de distribution de toute pornographie juvénile.
Soyons bien clairs: notre Code criminel interdit la possession de pornographie juvénile. La Cour suprême a validé la criminalisation de la possession de pornographie juvénile. Une des raisons pour lesquelles le Parlement a décidé de criminaliser la possession de pornographie juvénile, c'est que nous devons réduire le marché de la pornographie juvénile et ainsi réduire l'exploitation des enfants que comporte souvent la pornographie juvénile.
Notre loi définit la pornographie juvénile de manière assez large. On entend par pornographie juvénile toute représentation photographique, filmée, vidéo ou autre où figure une personne âgée de moins de 18 ans ou représentée comme telle et se livrant ou représentée comme se livrant à une activité sexuelle explicite. Peu importe si la représentation photographique, filmée, vidéo ou autre, est réalisée par des moyens mécaniques ou électroniques. La pornographie juvénile peut être une photographie, un film ou un fichier informatique. Aux termes de notre loi, tout cela est illégal.
Notre loi ne se limite pas à définir la pornographie juvénile comme étant la représentation d'une activité sexuelle explicite, comme le propose la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. La loi interdit toute représentation visuelle dont la caractéristique dominante est la représentation, dans un but sexuel, d'organes sexuels ou de la région anale d'une personne âgée de moins de 18 ans. Le Code criminel stipule en outre que la pornographie juvénile comprend aussi tout écrit ou toute représentation qui préconise ou conseille une activité sexuelle avec une personne âgée de moins de 18 ans. Cela constitue une infraction au Code criminel.
Nos lois contre la pornographie juvénile sont parmi les plus sévères au monde. Le gouvernement s'est engagé à être vigilant, tant à l'échelle nationale qu'internationale. De par leur nature, les réseaux informatiques et les clubs d'adeptes de pornographie juvénile transmettent du matériel illicite au-delà des frontières et nécessitent la coopération internationale.
Le G-8, par exemple, a de façon constante reconnu les avantages économiques et sociaux découlant des nouvelles technologies tout en reconnaissant par ailleurs le besoin de combattre l'utilisation de telles technologies à des fins criminelles. Avec ses partenaires du G-8, le Canada lutte activement contre l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet. À l'échelle internationale, le texte légal ayant la plus grande portée à cet égard est sans doute la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l'Europe, que le Canada a signée en novembre 2001. À ce jour, 33 pays, dont tous les pays du G-8 à l'exception de la Russie, l'ont signée.
La Convention sur la cybercriminalité, qui vise un vaste éventail d'infractions commises à travers les réseaux informatiques aborde la pornographie juvénile expressément en ce qui a trait aux systèmes informatiques; elle contient des dispositions à l'effet que divers aspects de la production électronique, de la possession et de la distribution de matériel de pornographie juvénile constituent des délits. La convention harmonise les lois dans le but de faire cesser la production et l'échange de pornographie juvénile à l'échelle mondiale. Nous ne l'avons pas encore ratifiée, mais nous pouvons être fiers du fait que nos mesures actuelles sont déjà alignées sur ses dispositions en matière de pornographie juvénile.
Nos lois sur la pornographie juvénile sont sévères et elles ont été cautionnées par la plus haute instance juridique du Canada. Le délit de possession de pornographie juvénile a été contesté l'année dernière, sous le prétexte qu'il constituait une entrave à la liberté d'expression et à la sécurité des personnes, que la Charte garantit.
Le 26 janvier de l'année dernière, la Cour suprême du Canada a déclaré constitutionnelle l'interdiction de la possession de matériel pornographique juvénile. Elle a cependant décidé que les garanties prévues dans la Constitution doivent être assorties de deux exceptions, notamment lorsque l'atteinte à la liberté d'expression et au droit à la vie privée constituée par l'interdiction est des plus marquées, alors que ses avantages sont très ténus.
La première exception au matériel interdit concerne les documents écrits ou les représentations visuelles élaborées par l'accusé pour son usage personnel et lui appartenant en propre. Cette exception fait référence à des documents qui sont des oeuvres d'imagination. Il convient de garder présentes à l'esprit les deux choses suivantes : premièrement, la production de telles oeuvres n'implique pas la participation d'enfants; et deuxièmement, bien que l'on soit autorisé à posséder de telles oeuvres d'imagination, il est interdit de les diffuser, de les donner ou de les échanger de quelque façon que ce soit.
La seconde exception concerne tout enregistrement visuel effectué par l'accusé ou dans lequel on voit l'accusé, à la condition que l'activité sexuelle ne soit pas illicite, que toutes les personnes impliquées aient consenti à cet enregistrement, et que ce document visuel soit réalisé à l'intention exclusive de la personne qui l'a conçu ou de la personne qu'on y voit.
Il faut comprendre ce que cela signifie également. Étant donné qu'une personne ne peut avoir de rapports sexuels licites avec des enfants, elle ne peut pas non plus créer et posséder des images illustrant de tels actes. La Cour suprême a aussi précisé, pour ce qui a trait aux quelques activités sexuelles autorisées entre 14 et 17 ans, que les personnes impliquées doivent consentir à l'enregistrement visuel et qu'elles ne peuvent utiliser les représentations qui en découlent. Les personnes impliquées peuvent posséder les représentations, mais elles ne sont pas autorisées à les donner, les échanger ou les distribuer.
Le plus haut tribunal au pays a trouvé une solution qui est conforme à la Charte des droits et libertés. La Cour suprême a reconnu le bien-fondé d'une loi adoptée par le Parlement. Il est possible de modifier la loi, mais tout changement envisagé doit être élaboré avec beaucoup de soin afin d'éviter de causer du tort aux enfants et de maintenir les protections constitutionnelles qui garantissent l'existence d'une société libre et démocratique.
Le gouvernement a proposé des amendements au projet de loi C-15A qui sont efficaces sur ces deux plans. La protection des enfants est une priorité au Canada. Nous continuons d'améliorer nos lois afin de contrecarrer les nouveaux moyens employés par les criminels qui exploitent les techniques de communication pour favoriser les activités pédophiles.
Le projet de loi C-15A modifiera le Code criminel afin d'interdire la transmission, l'offre et l'exportation de pornographie juvénile, ainsi que l'accès à ce produit. Il interdira également la possession de pornographie juvénile dans le but d'en faire la transmission ou l'exportation, ou de la rendre accessible. Les dispositions à cet égard seront particulièrement utiles pour combattre la pornographie juvénile à l'ordinateur, qu'elle ait été transmise par courrier électronique ou par Internet.
On ne devrait pas retarder plus longtemps l'adoption du projet de loi C-15A. Lorsque le projet de loi C-15 a été fractionné, on s'était engagé à hâter l'adoption de ces dispositions. Il est temps de respecter cet engagement. Le projet de loi C-15A offrira de nouveaux moyens de faire obstacle au commerce de pornographie juvénile. Il améliorera nos lois et permettra au Parlement de tenir sa promesse de protéger les enfants.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement actuel se voue à la protection des enfants. Nous allons faire tous les efforts possibles pour trouver des moyens et des façons de faire échec aux personnes qui tentent d'exploiter les techniques électroniques à des fins incompatibles avec nos principes de protection des enfants.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de participer avec mes collègues au débat d'aujourd'hui. La question de la protection des enfants et des jeunes nous préoccupe tous. J'aborderai la question non seulement du point de vue national mais également dans une perspective internationale. Le Canada n'est pas un cas isolé. De nombreux pays sont aux prises avec la question de l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, et la pornographie est un aspect de ce problème.
J'ai consulté mes collègues tant au Canada qu'à l'étranger, et nous sommes conscients que des modifications à la législation en vue de protéger les droits des enfants et des jeunes en tant que personnes nous obligeront à examiner de près tous les aspects d'un projet de loi modificatif. Il faudra notamment tenir compte des répercussions d'une telle mesure sur la législation en vigueur, sur les droits des personnes et notamment sur leurs droits constitutionnels. En tant que législateurs, nous devons tenir compte de tous ces aspects. Ce n'est pas une question de libre choix, car les droits des personnes sont en cause ici.
Le gouvernement s'est toujours efforcé de protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle. Conscients que les enfants sont des membres vulnérables de la société, nous avons pris des mesures énergiques pour les protéger contre les prédateurs sexuels. C'est une réaction normale, à laquelle souscrivent d'ailleurs tous les députés qui y voient une façon d'exprimer ce que nous ressentons pour les enfants tant au Canada qu'à l'étranger.
Afin de protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle, le Parlement a adopté, le 18 octobre 2001, des modifications au Code criminel qui contiennent notamment d'importantes dispositions visant à mieux protéger les enfants contre les criminels qui ont recours à Internet pour exploiter des enfants à des fins sexuelles.
Cette mesure législative crée une nouvelle infraction à l'endroit des criminels qui utilisent Internet pour tromper et exploiter les enfants à des fins sexuelles et transmettre, rendre accessible, exporter et consulter intentionnellement de la pornographie juvénile sur Internet.
La loi permet aux tribunaux d'ordonner la confiscation de tout instrument ou matériel ayant servi à commettre des infractions aux dispositions relatives à la pornographie juvénile. Elle confère aux tribunaux des pouvoirs accrus qui leur permettent de tenir les délinquants sexuels éloignés des enfants, notamment par des ordonnances d'interdiction, des désignations de délinquant visé par une surveillance de longue durée et par l'imposition d'une promesse de bonne conduite, dans le cas des personnes condamnées pour avoir trompé des enfants et commis des infractions aux dispositions relatives à la pornographie juvénile.
La loi modifie la loi de 1997 concernant le tourisme sexuel pédophile, afin de faciliter les poursuites contre les Canadiens qui commettent des infractions sexuelles contre des enfants à l'étranger.
Depuis 1993, le gouvernement a apporté de nombreuses modifications législatives pour assurer la protection des enfants contre ceux qui cherchent à les exploiter à des fins sexuelles. Nous avons notamment modifié le Code criminel pour pouvoir mieux réprimer les délinquants à risque élevé, un sujet qui a d'ailleurs fait l'objet d'un long débat. Je rappelle également aux députés que notre registre national des délinquants sexuels contribuera à assurer le mieux-être de tous les enfants dans notre pays.
Le gouvernement a adopté des lois pour améliorer la sécurité publique en modifiant le système correctionnel et le régime de libération conditionnelle; il a pris, entre autres, des mesures qui permettent plus facilement de garder les délinquants sexuels dans les pénitenciers jusqu'à ce qu'ils aient fini de purger leur peine, ainsi que des mesures bonifiant les programmes de traitement et de réinsertion des délinquants sexuels.
Nous avons modifié le Code criminel pour rendre plus strictes les lois sur la prostitution juvénile et sur le tourisme sexuel pédophile. Le Code criminel a été modifié de sorte que les engagements à ne pas troubler l'ordre publique protègent efficacement les femmes et les enfants contre leur agresseur. Une loi a été adoptée pour que le casier judiciaire des délinquants sexuels graciés puisse être accessible dans le cadre de la vérification de leurs antécédents. On a créé un système national d'information sur les agresseurs sexuels d'enfants qui permettra aux employeurs et aux organismes de savoir si un demandeur d'emploi a été reconnu coupable d'infractions sexuelles avant de le laisser travailler auprès d'enfants.
Les améliorations apportées par la GRC au Centre d'information de la police canadienne, ou CIPC, suivent leur cours et, à partir de novembre 2002, une nouvelle catégorie sera ajoutée au CIPC, le registre national des délinquants sexuels, qui aidera la police à protéger la population contre ces derniers. Cela fait suite à l'annonce, en septembre 2001, d'un projet de 2 millions de dollars concernant la création d'un registre national de délinquants sexuels.
Je vais maintenant parler de deux sommets ou congrès internationaux qui prouvent que le Canada n'est pas seul. Ils prouvent que c'est un problème de dimension mondiale pour les divers pays qui essaient de protéger les enfants.
En 1996, le premier congrès mondial a eu lieu à Stockholm. Le Canada s'est joint à d'autres pays, aux Nations Unies, à des organisations régionales et non gouvernementales du monde entier pour former un partenariat mondial contre l'exploitation sexuelle commerciale des enfants. Nous nous sommes réunis pour mobiliser la communauté internationale, adopter un programme commun et lancer une initiative concertée et coordonnée en vue de lutter contre l'exploitation sexuelle commerciale des enfants.
Notre engagement était clair et ferme: l'exploitation sexuelle commerciale des enfants est répréhensible. C'est une infraction qui ne doit pas être tolérée. L'exploitation sexuelle commerciale des enfants ne connaît pas de limite ni de frontière. Notre engagement est également sans limite et sans frontière.
Depuis la tenue de ce premier congrès mondial, de nombreux efforts ont été accomplis dans le monde entier en vue d'améliorer la législation, l'exécution de la loi, les programmes de prévention, les programmes de traitement et de réinsertion, la recherche, l'échange d'information et la répression du trafic. L'aspect insidieux de l'exploitation sexuelle des enfants, qu'elle soit commerciale ou non, est qu'une fois que nous aurons résolu les problèmes de la prostitution juvénile et de l'exploitation des enfants ainsi que les problèmes relatifs à Internet, il restera le problème du trafic des enfants et des femmes. Le caractère insidieux de ce problème est tel qu'il contamine tout et tient en échec les gouvernements dans le monde entier.
Nous devons nous associer à d'autres pays pour défendre la cause des enfants et des jeunes. Toutefois, l'intervention croissante du crime organisé, la hausse du trafic illicite transfrontalier et à l'intérieur même des pays et la prolifération de la pornographie juvénile au moyen d'Internet ont créé de nouveaux défis quant à l'éradication de l'exploitation sexuelle commerciale des enfants et des jeunes.
La technologie se développe à un rythme tellement rapide que les gouvernements du monde entier doivent faire des pieds et des mains pour suivre la cadence. Malheureusement, la technologie n'est pas utilisée pour améliorer l'humanité mais pour s'attaquer aux éléments les plus vulnérables de notre société, en l'occurrence les enfants et les jeunes.
Depuis Stockholm, le gouvernement du Canada a énormément collaboré avec les organisations non gouvernementales, avec ses homologues provinciaux et territoriaux et avec d'autres pays pour éradiquer et combattre les abus sexuels commis contre les enfants, au Canada et à l'étranger. Nous sommes fiers d'avoir participé, à l'échelle internationale, à la négociation de plusieurs nouveaux instruments pour contrer l'exploitation sexuelle des enfants.
Au cours des cinq dernières années, des négociations ont été conclues sur les instruments suivants: la convention no 182 de l'OIT visant les pires formes de travail chez les enfants; le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants; le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et enfin, la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l'Europe.
Ces instruments sont axés sur les droits fondamentaux énoncés dans la convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant. Nous encourageons tous les États à signer, à ratifier ou à consulter dès que possible ces nouveaux documents juridiques importants.
Comme les députés le savent sans doute déjà, dans quelques semaines se tiendra la session extraordinaire des Nations Unies en faveur des enfants. J'espère sincèrement que les États membres saisiront cette occasion pour faire avancer la cause de la protection des enfants, sur la scène internationale, particulièrement la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant. C'est une question tellement importante.
Nous avons eu une deuxième réunion à Yokohama en décembre dernier. Après toutes les discussions et les résolutions, le document produit tombait à point nommé. Le Canada a été un chef de file solide lors de la réunion. Les Canadiens croient qu'il est essentiel de protéger les droits des enfants. Nous devons prêcher par l'exemple. Voilà pourquoi nous avons pris un certain nombre de mesures, comme je l'ai indiqué.
Ces mesures coûteront de l'argent. Les enfants sont une priorité de notre Stratégie nationale sur la sécurité communautaire et la prévention du crime, laquelle s'est vu accorder 145 millions de dollars sur quatre ans en plus des 32 millions de dollars qui lui sont versés annuellement. De concert avec nos partenaires aux quatre coins du monde, par l'intermédiaire de l'ACDI, nous avons aussi octroyé des ressources dans le même but pour des enfants du monde qui sont moins choyés que les nôtres.
La question est complexe. Elle comporte certains points que l'on devrait aborder un par un et non dans un projet de loi omnibus où tout est fondu et où chaque amendement passe ou casse. Nous devons examiner chaque aspect de la question, car il s'agit des droits de la personne. Que cela nous plaise ou non, la Constitution et la charte sont concernées. La disposition d'exemption n'est pas un petit outil que nous pouvons utiliser à notre guise. Nous devons être prudents à cet égard. Nous devons faire preuve de sagesse quand il s'agit des droits des enfants et des citoyens.
:
Monsieur le Président, au nom du NPD, je dirai d'abord à quel point tout cela est insatisfaisant. La question que nous abordons est aussi difficile que celle dont traite la motion de l'Alliance, qui fait l'objet d'un débat d'une journée, puis d'un vote. La situation est donc difficile pour la Chambre, pour les partis et pour chacun des députés.
À certains égards, cette situation est peut-être inévitable, mais il me semble qu'on aurait pu l'éviter à un moment donné. Nous aurions pu approfondir davantage ces questions, mais nous avons laissé échapper l'occasion. Encore une fois, l'étude de tels dossiers dépend de la politique.
Les législateurs veulent faire du bon travail pour lutter contre la pornographie juvénile. Mais, il arrive très souvent qu'ils soient forcés d'adopter de mauvaises lois ou de mauvaises motions, parce que certains acteurs politiques veulent les blâmer en disant que, s'ils n'adoptent pas ces lois ou ces motions, c'est parce que la pornographie juvénile ne les préoccupe pas suffisamment.
En ce qui concerne les amendements qui sont revenus du Sénat sur le projet de loi C-15A, et en ce qui a trait à cette motion, nous faisons maintenant face à une situation qu'on aurait pu éviter en partie si nous avions pu prendre le temps d'étudier comme il se doit le projet de loi C-15A ou du moins les dispositions tirées du projet de loi C-15 initial. Cependant, parce qu'il était question de pornographie juvénile et d'un certain nombre d'autres questions, et je suis aussi coupable que les autres à cet égard, nous avons décidé de l'adopter rapidement.
En fin de compte, le gouvernement a cédé aux pressions. Au lieu que le projet de loi soit renvoyé au comité et que la partie portant sur la pornographie juvénile soit étudiée comme il se doit, on avait le sentiment que tous ceux qui étaient responsables d'un retard dans l'adoption des dispositions en question étaient en quelque sorte complices de la pornographie juvénile et qu'ainsi, le projet de loi devait être adopté à toute vapeur. En un sens, maintenant, nous faisons face aux conséquences du fait de n'avoir pas pu examiner aussi en profondeur que nous aurions dû le projet de loi. Aujourd'hui, nous discutons d'une motion d'opposition et nous sommes fondamentalement dans la même situation.
On nous demande de voter en faveur d'une chose à laquelle il est difficile de s'opposer en principe, puisqu'il est question que le gouvernement présente immédiatement une mesure législative pour protéger les enfants contre les prédateurs sexuels. Qui pourrait être contre cela? Cependant, la motion ajoute toutes sortes d'autres choses. Le libellé n'est pas très bon à certains égards et il ne reflète pas vraiment certaines des préoccupations que les gens ont véritablement, en ce sens que si nous devons mettre en oeuvre certaines des mesures qui devraient être comprises selon la motion, on s'aperçoit qu'il y a des choses dont on devrait tenir compte qui ne figurent pas dans la motion.
Si nous pouvions remonter suffisamment en arrière, nous pourrions reprocher au gouvernement de ne pas avoir présenté une mesure législative portant sur la pornographie juvénile seulement. Ensuite, nous pourrions nous pencher là-dessus. Au lieu de cela, avant qu'il ne soit divisé entre les projets de loi C-15A et C-15B, le projet de loi C-15 initial renfermait des dispositions sur la pornographie juvénile et diverses autres modifications au Code criminel touchant les policiers et le reste. Certaines mesures étaient très simples et on pouvait facilement y souscrire et les adopter. D'autres, comme nous nous en sommes rendu compte probablement plus que nous ne l'aurions souhaité à la suite de diverses décisions des tribunaux, étaient complexes, et c'était le cas des dispositions touchant la pornographie juvénile.
Si le gouvernement avait présenté à part les dispositions du projet de loi C-15 portant uniquement sur la pornographie juvénile et laissé le comité faire correctement son travail, et si les partis de l'opposition n'avaient pas décidé qu'il fallait se précipiter, nous aurions pu accomplir un meilleur travail. Nous n'en serions pas là aujourd'hui.
Nous avons deux points de vue, à dire vrai. Nous pourrions appuyer l'intention générale que traduit la motion, soit que le gouvernement devrait présenter un projet de loi visant à protéger les enfants contre les prédateurs sexuels. Cependant, nous sommes conscients que la Chambre ne s'entend pas sur la teneur de ce projet de loi. Il y a là un dilemme, à certains égards, car c'est aller au-delà du principe de la motion que de parler par exemple de porter à au moins 16 ans l'âge du consentement.
Les députés de l'Alliance ont dit, il est vrai, que leur intention n'était pas de criminaliser les relations sexuelles entre adolescents. Je suis heureux de l'apprendre, mais ce n'est pas ce que la motion dit. Certains soutiendraient que l'âge requis est de 14 ans à certains égards, mais de 18 à certains autres. Que veut-on dire, lorsqu'on parle de porter à 16 ans l'âge requis pour consentir? Que veut-on faire du seuil de 18 ans qui se trouve également dans la loi?
Cela dit, à titre de porte-parole du NPD pour la justice, j'ai posé une question à la ministre de la Justice, aujourd'hui ministre de la Santé, lorsqu'elle a comparu au comité pendant l'étude du projet de loi C-15, sauf erreur. J'ai demandé si le gouvernement entendait prendre des mesures concernant l'âge légal de consentir. Je ne veux pas parler au nom d'autres gouvernements, mais je crois que les ministres provinciaux de la Justice ont abordé la question avec leur homologue fédéral. On a l'impression qu'il faut faire quelque chose à cet égard. À titre de porte-parole du NPD pour la justice, je ne suis pas favorable à cette modification. Cependant, il faut voir dans les détails comment cela se ferait dans le Code criminel, et la motion n'en tient pas compte.
En ce qui concerne les dispositions du projet de loi sur la pornographie juvénile, nombre de gens s'inquiètent. Le député de Palliser l'a bien exprimé hier en notre nom quand il a lu des lettres de ses électeurs. Les gens s'inquiètent de l'arrêt Sharpe et du fait que la valeur artistique a été invoquée à titre de défense contre des accusations de possession d'histoires, si je ne m'abuse, qui sont révoltantes pour tout le monde, sauf pour M. Sharpe et quelques autres, semble-t-il. Les histoires pornographiques mettant en scène des enfants pourraient inciter les individus en possession desdites histoires à commettre des crimes sexuels.
Ce qu'il faut débattre à la Chambre, c'est s'il convient d'invoquer la valeur artistique en ce qui concerne la pornographie juvénile. Je parie que les avis seraient partagés au sein d'un même parti parce que ce n'est pas nécessairement une question partisane. Il n'est dit nulle part que l'on peut invoquer la valeur artistique pour se défendre contre des accusations de possession de matériel pornographique exploitant des enfants, même dans le sens très restreint évoqué par la Cour suprême.
Par exemple, on ne peut invoquer la valeur artistique pour de la littérature haineuse. Nous avons dit que pareille défense ne peut être invoquée dans ce cas. Nous devrions étudier sérieusement la question de savoir s'il convient d'adopter une disposition non pas identique évidemment, mais semblable dans le cas de la pornographie juvénile. La forme que pourrait prendre une telle disposition est matière à débat.
Comme je l'ai dit par le passé, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne devrait examiner la défense fondée sur la valeur artistique. Le député de Palliser l'a dit hier, en notre nom, dans le débat portant sur les amendements proposés au projet de loi C-15A. Nous devons examiner ces décisions. Nous devons entendre ceux qui insistent fortement pour dire qu'on ne devrait pas pouvoir recourir à cette défense.
Bien sûr, nous devons entendre ceux qui disent que la suppression de cette défense menacerait d'une façon ou d'une autre la liberté d'expression dans d'autres domaines d'expression. J'espère que même ceux qui appuient fortement la défense fondée sur la valeur artistique ne le font pas par attachement à la pornographie juvénile ou pour défendre la pornographie juvénile. Selon toute probabilité, ils le font parce qu'ils s'inquiètent des conséquences que le rejet de cette défense pourrait avoir dans d'autres domaines. Il me semble que cela va de soi.
Je répète que je suis extrêmement désolé que, en tant que députés de la Chambre, nous ne puissions pas examiner ce dossier d'une manière satisfaisante à cause du processus. Nous sommes bousculés, alors que nous ne devrions pas nous faire bousculer. Depuis que je siège à la Chambre, le Parlement s'est fait bousculer plusieurs fois. En rétrospective, des gens ont estimé à quelques reprises que nous avons adopté de mauvais projets de loi ou des projets de loi qui ne seraient pas acceptés par les tribunaux. Bien qu'il ne soit pas question ici d'un projet de loi, nous devrions nous demander si nous ne commettons pas encore une fois la même erreur aujourd'hui.
:
Monsieur le Président, le débat de ce matin est très important et porte sur un sujet extrêmement sérieux.
Je pense que le député de l'Alliance canadienne qui a proposé la motion qui est devant nous ne s'y est pas pris de la bonne façon quant au débat qu'il veut susciter. S'il est vrai que l'objectif recherché vise la protection des jeunes, il s'y est mal pris en rédigeant la motion de cette façon.
Personne ne peut être contre le fait qu'on mette sur pied un comité ou qu'on envisage la possibilité d'améliorer la législation canadienne afin d'augmenter la protection des jeunes. Je suis un de ceux qui applaudiront à cela. Mais ce n'est pas cela qui est devant nous présentement.
Si c'est ce qu'il voulait que l'on fasse, il s'y est mal pris. On pourrait se pencher sur toute la question de la violence à la télévision et sur la possibilité d'informer davantage les jeunes dans les écoles. On pourrait également se pencher sur la possibilité d'engager des discussions sensées et saines sur la sexualité des jeunes.
On pourrait aussi aborder la pauvreté, la question du taxage dans les écoles, de même que la question de la drogue, qui fait qu'un jour ou l'autre, on s'approche de plus en plus d'une certaine exploitation sexuelle quand un jeune manque de drogue et qu'il veut avoir de l'argent pour pouvoir s'en acheter, ou quoi que ce soit d'autres. Il faut regarder ce qui se passe dans nos écoles pour s'apercevoir qu'on peut s'approcher de cela.
Cependant, le député ou son parti ne s'y est pas pris de cette façon. Ne soyons pas dupes. Quand on lit la motion qui est déposée aujourd'hui, on voit bien qu'elle porte sur deux points précis qui reviennent périodiquement chez l'Alliance canadienne et, avant cela, chez le Parti réformiste.
La première partie porte sur la question de l'âge du consentement, soit l'augmentation de l'âge de consentement de 14 à 16 ans. Un projet de loi d'initiative parlementaire a été soumis par le Parti réformiste lors de la 36e législature. On a entendu tous les discours et cela n'a pas passé la rampe. J'y reviendrai plus précisément ultérieurement.
La deuxième partie de la motion porte sur le fait de faire échec à l'arrêt Sharpe. Soit dit en passant, hier, j'ai écouté des discours concernant le projet de loi C-15 qui m'ont fait dresser le poil sur les bras. Qu'on ne soit pas d'accord avec une décision d'un tribunal, c'est une chose. Mais qu'on traîne dans la boue, comme ils l'ont fait, un juge qui a rendu une décision à la Cour suprême de la Colombie-Britannique sur les bases légales de ce qui existe au Canada, c'en est une autre.
Le juge Shaw a rendu une décision. On pourrait peut peut-être dire qu'elle n'est pas la meilleure qui soit, mais il faudrait changer la loi. Il a rendu une décision en vertu de ce qui existe à l'heure actuelle, en vertu de la Charte des droits et libertés, naturellement, mais aussi en vertu du Code criminel.
Ce n'est pas pour rien si on ne sait pas encore si on va en appeler de ce jugement. La décision à cet égard n'est pas prise. Il faudrait peut-être donner la chance aux responsables, les procureurs de la Couronne et le gouvernement, de prendre la décision à savoir si oui ou non ils en appelleront, mais cela n'est pas encore fait à l'heure actuelle. Cependant, je mets au défi l'Alliance canadienne de trouver où le juge a erré en droit dans ce jugement.
Avant de traîner dans la boue la magistrature, comme l'Alliance l'a fait hier, ce qui discrédite un peu ce qu'elle prend comme position par la suite, j'aimerais qu'ils réfléchissent un peu.
De mon côté, j'ai réfléchi sur la motion qui a été déposée et dont on discute aujourd'hui. Il est certain que si je voulais faire de la belle petite politique comme l'Alliance le fait présentement, j'applaudirais et je dirais: «Oui, c'est effrayant. Tous ces gars-là qui profitent et qui abusent, et cetera, il faut les mettre en prison, indépendamment de la législation et de l'âge.» Toutefois, ce ne serait pas la façon d'être responsable. On est élus ici pour faire preuve de responsabilité.
Regardons ce qui s'est fait par le passé et ce qui se fait présentement. Y a-t-il des possibilités d'amélioration? L'âge du consentement à 14 ans, ce n'est pas une invention d'hier. Si on regarde le Code criminel, et même avant le Code criminel adopté en 1892, on se rend compte que l'âge de 14 ans pour les femmes—parce qu'on accepte beaucoup chez le sexe féminin—cela existe au Canada depuis 1890.
Avec l'arrivée du Code criminel en 1892, on a intégré cela dans celui-ci, encore une fois pour protéger les femmes. Même là, on devait faire des distinctions. Il y avait des exceptions car à cette époque on se mariait très tôt. Entre conjoints, l'âge était même inférieur à 14 ans. Tout cela pour dire que si on regarde l'évolution de la législation, on se rend compte que jamais depuis 1892 il n'est ressorti de l'analyse que l'on peut faire qu'il y a eu une interdiction totale de rapports sexuels avec des jeunes filles de plus de 14 ans.
Tantôt, un député de l'Alliance canadienne disait: «Moi, je parle comme un père.» Bien oui, moi aussi je suis père de famille; j'ai une fille de 12 ans et un garçon de neuf ans. Si je compare avec moi lorsque j'avais 12 ans, ils sont beaucoup plus mûrs que je ne l'étais à cet âge. Faudrait-il reculer, être rétrograde? Je ne crois pas. Je pense que quelqu'un qui n'est pas handicapé, qui n'a pas de problèmes psychologiques, peut donner un consentement lorsqu'il a atteint l'âge de 14 ans. Ce n'est pas l'idéal, je ne souhaite cela à personne, mais je pense que tel qu'il est rédigé présentement, avec toute la question de la jurisprudence applicable en l'espèce, le Code criminel offre une bonne protection. Un équilibre est atteint et il faut tenter de le rechercher.
Faire de la petite politique comme ils veulent le faire, c'est une chose, mais je les invite à être un peu plus logiques dans leur petite politique. Le parti politique qui présente cette motion afin de faire passer l'âge du consentement de 14 à 16 ans est le même qui est responsable en grande partie des modifications à la Loi sur les jeunes contrevenants visant à abaisser l'âge de la responsabilité criminelle pour des actes graves, le faisant passer de 16 à 14 ans.
Si je comprends la logique des alliancistes d'à côté, pour commettre un acte criminel, à 14 ans une personne a toute la responsabilité afin d'être jugée comme un adulte. Les dernières modifications législatives vont permettre, pour certains actes, à des provinces comme le Manitoba, l'Alberta ou la Colombie-Britannique, de juger des jeunes de 14 ans comme des adultes. Au Québec, je vous préviens immédiatement, on va utiliser l'outil que représente le décret ministériel afin d'exclure les jeunes de 14 et 15 ans de cela. Ce ne sera pas le cas dans les provinces représentées par l'Alliance canadienne où la droite est très forte. Ils vont traiter des gens de 14 ans comme des adultes sur le plan criminel, mais ces mêmes personnes ne seraient pas capables de donner leur consentement pour ce qui est des rapports sexuels.
Encore une fois, je les invite à être logiques dans leur approche. Il y a un manque évident. Tantôt, je les entendais dire «10 ans». Ils veulent même abaisser l'âge d'application de la Loi sur les jeunes contrevenants jusqu'à 10 ans. J'ose espérer qu'à un moment donné, quelqu'un quelque part tirera de façon claire un trait sur cela.
C'est en grande partie à cause d'eux qu'on a modifié cette loi. On va traiter comme des criminels adultes les jeunes de 14 et 15 ans, mais pour ce qui est de l'âge de consentement, il faudrait l'augmenter et le faire passer à 16 ans. Cela n'a pas de bon sens. Même dans le Code criminel, le consentement en tant que tel n'est pas une chose facile à obtenir. Il y a des règles; il y a des points précis; il y a des balises pour avoir la possibilité d'invoquer ce consentement ou pas. Cela est très complexe. Même la Cour suprême s'est prononcée sur le sujet plus d'une fois; on a des balises très claires.
Puisque je suis un député du Québec, je regarde ce qui se fait au Québec. Selon le Code civil du Québec, quelqu'un est réputé majeur à 14 ans pour tous les actes relatifs à son emploi et à l'exercice de sa profession. Quelqu'un est également considéré comme ayant l'âge requis pour contracter seul afin de satisfaire ses besoins ordinaires et usuels. Selon notre Code civil du Québec, on donne au jeune le discernement d'un adulte.
Cela étant dit, à un moment donné, on doit modifier les dispositions législatives si on pense que celles-ci ne reflètent pas ce que la société est prête à tolérer. Au Québec, en ce qui concerne le Code civil, ces jeunes de 14 ans peuvent agir comme des adultes. Ils sont également capables d'être émancipés et de rendre compte de certains de leurs actes, bien qu'ils ne soient pas des adultes. Il faut s'entendre là-dessus. Dans le cheminement de leur évolution, ils sont capables de faire certaines distinctions. L'âge de 14 ans semble être un bon âge pour ce qui est de l'application et de satisfaire les dispositions du Code criminel.
Voilà donc pour la première partie. J'ai pris le temps de parler abondamment de la première partie de la motion parce que cela me tracasse. Ce n'est pas la première fois que l'Alliance canadienne agit de cette façon. J'aimerais que ce parti soit logique pour ce qui est de son approche concernant les jeunes. Oui, je veux moi aussi protéger les jeunes, mais je veux également ne pas leur enlever des droits.
La deuxième partie de la motion de l'opposition consiste à faire échec, comme je le disais tout à l'heure, à l'arrêt Sharpe. Rappelons que l'affaire Sharpe est allée en Cour suprême du Canada. Par la suite, elle est revenue devant la cour et le procès a été recommencé. Le juge Shaw, de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a rendu également un verdict.
La deuxième partie consiste à faire échec à tout cela. Même en ce qui concerne l'arrêt Sharpe de la Cour suprême du Canada, on avait établi des balises et orienté le débat correctement dans une société libre et démocratique comme la nôtre. Je ne comprends donc pas, si ce n'est pour des motifs politiques et accrocheurs pour faire des gains politiques très rapides sur des dossiers, la ténacité de l'Alliance canadienne à ce sujet.
Concernant l'arrêt Sharpe de la Cour suprême, je vais en lire un bref passage:
En conséquence, la validité du paragraphe 163.1(4) est confirmée pour des motifs que la définition de «pornographie juvénile» à l'article 163.1 doit être interprétée comme incluant une exception visant (1) les écrits ou représentations créés par l'accusé seul et conservés par ce dernier exclusivement pour son usage personnel;
On excluait donc en quelque sorte tout ce volet. Encore une fois, ce n'est pas en abaissant l'âge de 16 à 14 ans, qu'on va régler ce problème. Des gens qui ont des problèmes vont quant même en avoir encore si l'âge au Code civil est augmenté à 16 ans.
Dans la deuxième partie du jugement, on disait:
(2) tout enregistrement visuel créé par l'accusé dans lequel ce dernier figure, qui ne représente aucune activité sexuelle illégale et qui est conservé par l'accusé exclusivement pour son usage personnel.
On comprend. C'est peut-être un gars déséquilibré. Je ne connais pas sa situation personnelle. Cependant, en ce qui concerne le domaine légal et criminel ainsi que l'application du Code criminel ou de la Charte des droits et libertés, il faut à un moment donné mettre des balises, comme je le disais tout à l'heure. On entre dans ces balises.
Cela veut dire que si on fait ce que l'Alliance canadienne désire—je ne sais pas s'ils ont réfléchi à la question—, soit d'aller à l'encontre de la décision de la Cour suprême du Canada, de tenter de faire dans le domaine législatif ce que les tribunaux n'ont pas fait dans le domaine judiciaire parce qu'ils appliquaient la Charte canadienne des droits et libertés, cela veut donc dire qu'elle serait même prête à favoriser l'utilisation de la clause nonobstant.
Est-ce qu'elle a mentionné qu'elle était prête à utiliser la clause nonobstant pour rendre valide, en quelque sorte, l'approche qu'elle propose dans la motion de ce matin?
Je me souviens bien que l'Alliance canadienne se disait non favorable à l'utilisation de la clause nonobstant dans la lutte contre le crime organisé, alors que c'est un fléau très important, sinon plus important encore. Non pas que la pornographie ne soit pas importante. Là n'est pas la question. Mais en ce qui a trait aux retombées, aux difficultés de contrôle, je pense que le crime organisé demeure un problème encore plus vaste.
Je pense que l'Alliance canadienne échoue autant pour ce qui est de la hausse de l'âge de consentement de 14 à 16 ans que pour faire échec à l'arrêt Sharpe. Aller de l'avant avec cette motion n'a donc aucun bon sens.
En regardant l'arrêt du juge Shaw, on se rend compte que même la preuve déposée par la Couronne était insuffisante pour démontrer hors de tout doute raisonnable que les ouvrages préconisaient ou conseillaient une activité sexuelle avec une personne âgée de moins de 18 ans.
N'oublions pas, non plus, que l'individu a été trouvé coupable en ce qui a trait aux photos et à l'utilisation des films, et cetera. Il existe toute une partie au sujet de laquelle le Code criminel était applicable et bien appliqué lorsqu'on faisait la preuve.
L'autre partie, le juge Shaw de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a même dit: «Je n'ai pas la preuve hors de tout doute raisonnable que cet individu, par son ouvrage, préconisait ou conseillait une activité sexuelle d'une personne âgée de moins de 18 ans.»
Encore une fois, l'Alliance canadienne s'y prend mal si elle veut vraiment régler ce problème, puisque la motion qu'elle présente ne règle en rien ce volet, la preuve n'étant pas devant le juge. C'est pour cela que je dis que l'Alliance n'avait pas à traîner le juge dans la boue relativement à cette décision, parce qu'elle était bien fondée sur le plan de la preuve. Toutefois, ce n'est pas la motion présentée qui réglera ce problème.
Je m'arrêterai ainsi. On aura très bien compris qu'en ce qui a trait au principe, le Bloc québécois se lèvera toujours pour faire en sorte de protéger davantage les jeunes. Il n'existe aucun problème à cet égard.
On a déposé des projets de loi privés à plusieurs reprises, justement pour protéger les jeunes, que ce soit en ce qui a trait à la violence à la télévision, à la drogue, et au taxage. On a toujours été là, prêts à intervenir et, surtout, à améliorer la législation pour protéger les jeunes. Quand c'est clair, on est là. Quand c'est nébuleux, comme la motion qui est devant nous, qui n'est pas claire et qui peut dire à peu près n'importe quoi, c'est différent.
J'ai vu hier lors de la période des questions, à la suite d'une question de l'Alliance canadienne, que les libéraux en font une autre interprétation qui est également très large. C'est donc la preuve, de part et d'autre, que nous ne comprenons pas la motion de la même façon. Avec les discours que j'ai entendus ce matin, on voit très bien où l'Alliance veut aller, sans pour autant qu'elle l'ait écrit dans sa motion.
On comprendra que pour toutes ces raisons, nous ne sommes pas d'accord avec cette motion et personnellement, je voterai contre.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de pouvoir parler de cette motion très importante et de ce très grave problème qui se pose depuis plusieurs années aux parlementaires et aux Canadiens et qui a été mis au centre des préoccupations par le jugement rendu dans l'affaire Sharpe par un tribunal de la Colombie-Britannique. À mon avis, ce jugement a amené beaucoup de Canadiens à mettre en cause des échappatoires et certaines réactions laxistes de la justice pénale que nous déplorons quand on a affaire au problème de la pornographie juvénile.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de St. John's-Est. Cet excellent député du Parti progressiste-conservateur préconise depuis plusieurs années que le gouvernement adopte une position plus ferme à l'égard de ce grave problème de la pornographie et de sa diffusion.
D'après la lecture que je fais de la motion, elle recommande de déposer un projet de loi comprenant certaines mesures mais sans se limiter à celles qui y sont énoncées. J'y vois la porte ouverte à une approche plus activiste et plus interventionniste de la part du gouvernement à l'égard de ce problème. Nous, du Parti progressiste-conservateur, appuyons de tout coeur une mesure législative qui aidera à lutter contre la pornographie juvénile et à la faire disparaître éventuellement.
La myriade de problèmes entourant ce dossier, dont la capacité bloquée des policiers de faire enquête dans bien des cas, de même que l'utilisation accrue de la technologie et la prolifération de ce genre de matériel dégoûtant dont Internet rend l'accès de plus en plus facile, pose de sérieux défis aux services de police. Il est grand temps et extrêmement important que le gouvernement lance une enquête sur tous les aspects de ce que nous devrions faire. Cela est tellement important, en fait, que je ne puis imaginer aucun problème auquel le ministère de la Justice pourrait s'attaquer plus activement à l'heure actuelle.
Il y a des aspects positifs et des aspects négatifs dont il faut tenir compte en examinant la question de l'âge légal. Nous sommes impatients d'entendre le gouvernement exposer clairement sa position à cet égard et le rôle qu'il pourrait jouer dans l'évaluation des complications entourant cette question controversée. En fait, je crois que nous allons entendre des opinions divergentes à ce sujet. Un des aspects pervers du libellé actuel de la motion, c'est que cela pourrait avoir une incidence négative sur certains articles du Code criminel en abaissant l'âge actuel de 18 à 16 ans. Il ne faut pas oublier cela. Il ne s'agit pas simplement de donner un grand coup de pinceau dans le code et d'y inscrire l'âge de 16 ans comme le nouvel âge légal. Il y a un danger ici.
À ce sujet, le projet de loi C-15, adopté en 1989, portait sur l'âge du consentement et remplaçait la mesure législative précédente qui s'avérait inappropriée. Cette mesure législative interdisait toute forme de contact sexuel entre des adultes et des jeunes garçons ou des jeunes filles de moins de 14 ans. Elle accusait en outre d'acte criminel toute personne qui, alors qu’elle est en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis de garçons ou de filles de 14 ans ou plus mais de moins de 18 ans, a des contacts sexuels avec l’un ou plusieurs d’entre eux. Par conséquent, le simple fait de remplacer 18 par 16 risque de faire en sorte qu'un jeune de 17 ans très naïf et peu informé ne soit pas protégé par cette mesure. Nous avons entendu de tristes récits où des personnes en position de confiance, notamment au sein de l'Église et du système scolaire, voire des parents adoptifs et même des parents, ont abusé de jeunes de moins de 18 ans, non de 16 ans. Il faut éviter de réduire davantage les possibilités de porter des accusations lorsque les personnes impliquées se trouvent en situation de confiance ou d'autorité.
Je souligne avec intérêt qu'en 1981, le premier ministre actuel, alors ministre de la Justice, avait proposé le projet de loi C-53, qui prévoyait une version plus large au chapitre des interdictions sur les activités sexuelles avec un jeune de 14 ans ou plus mais de moins de 18 ans. Ce projet de loi n'a jamais été adopté.
Le fait de porter l'âge du consentement à seize ans devrait être accompagné d'une exemption permettant des contacts sexuels avec jeunes de 14 ans ou plus mais de moins de 16 ans, s'il n'y a que quelques années de différence entre les partenaires. Nous touchons les moeurs et c'est un domaine où il faut procéder avec prudence.
L'effet global de l'arrêt Sharpe rendu par le juge Shaw, c'est que nombre d'observateurs sont consternés qu'un éminent juge ouvre ainsi la porte aux pédophiles et à ceux qui profitent des jeunes, qui exploitent des images et qui écrivent des ouvrages ayant un effet très corrosif sur les normes de la société.
Monsieur le Président, comme vous le savez, le juge Shaw a, dans sa décision, élargi, à mon avis, l'interprétation de l'actuelle exemption ou défense que constitue la valeur artistique. Non seulement il a acquitté M. Sharpe de certains chefs d'accusation liés au matériel, dont l'incitation à des activités sexuelles, mais encore il fait une remarque, dans un obiter dictum, c'est-à-dire dans une parenthèse, que l'on peut interpréter, à mon sens, comme un élargissement de la définition de valeur artistique. À la page 40 de la décision, on lit:
Toute valeur artistique établie de façon objective, aussi ténue soit-elle, suffit à étayer la défense.
Le juge Sharpe a ajouté que «les normes de la société» sur lesquelles on se fonde pour déterminer l'obscénité ne s'appliquent pas. En outre, selon lui, le créateur n'a qu'à invoquer un fait objectif pour étayer sa défense; la Couronne doit ensuite le réfuter.
Cela soulève de réelles difficultés. Quand on se penche sur la définition d'une histoire, si vous voulez, on constate que celle-ci ferait partie de la catégorie des éléments ayant une valeur artistique. Il semble, pour l'essentiel, qu'une histoire a un début, un milieu et une fin. La teneur de l'histoire, aussi dégoûtante et révoltante soit-elle, aurait une valeur artistique, car elle a un début, un milieu et une fin. Je suis d'avis que nous avons le mandat de répondre que la loi doit remédier à cette échappatoire législative.
Le Parti progressiste-conservateur a appuyé dans le passé les services de police, les groupes de victimes et les défenseurs des enfants, qui sont constamment aux prises avec un manque de ressources pour entreprendre cette tâche monumentale. Comme je l'ai déjà dit, existe-t-il une question plus fondamentale que celle-là? Nous savons que les victimes d'agressions sexuelles ressentent les effets de celles-ci parfois leur vie durant. Très souvent, l'angoisse psychologique, l'effet néfaste de l'agression sur le développement des jeunes victimes, se fait ressentir la vie durant de celles-ci. Il incombe certainement au Parlement de saisir toutes les occasions pour rendre notre société plus sûre et plus compatissante.
Encore aujourd'hui, nous avons entendu des victimes au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Une des observations qui ont été faites mérite d'être répétée. Il était question de la nécessité de fournir aux victimes un meilleur soutien, une voix plus forte, la capacité de se faire réellement entendre par ceux qui jugent les faits, qui décident finalement si une personne doit être emprisonnée et libérée à la fin de sa peine. Ces observations vont directement au coeur de la question du respect envers les victimes et de leur dignité. En effet, les victimes sont souvent forcées de comparaître dans un forum froid et étrange qui échappe à leur contrôle et dont elles n'ont aucune connaissance préalable.
Il est clair que le gouvernement doit adopter une approche équitable. C'est pourquoi nous avons besoin d'un bureau de l'ombudsman des victimes.
Nous avons prévu un budget spécialement pour que le commissaire du Service correctionnel du Canada se penche sur les préoccupations, parfois légitimes, des détenus fédéraux. Le gouvernement fédéral a établi un budget pour que les détenus, dont certains ont commis des crimes absolument haineux et ont fait de nombreuses victimes, aient un bureau où s'adresser lorsque leur steak est trop cuit, s'ils n'ont pas accès au canal de films ou s'ils ne peuvent pas se servir d'un ordinateur.
Les victimes, elles, sont pourtant très souvent laissées pour compte. Elles n'ont aucun comptoir, aucun bureau au Canada où se renseigner sur des choses aussi importantes que les audiences de libération conditionnelle ou les réactions à un traitement.
En guise de conclusion, même si nous approuvons d'emblée la motion à l'étude, je demande le consentement unanime pour proposer un amendement à cette motion. Je propose:
Que les mots suivant les mots «Que le gouvernement dépose immédiatement un projet de loi en vue» soient remplacés par ce qui suit: «d'éliminer l'échappatoire prévue par la loi au titre de la valeur artistique et de prendre d'autres dispositions afin de mieux protéger les enfants contre les pédophiles et les personnes qui se livrent à la pornographie juvénile, compte tenu des décisions rendues récemment par les tribunaux.»
J'attends avec impatience que les députés présents acceptent l'amendement que je propose.
:
Monsieur le Président, permettez-moi d'intervenir brièvement sur la question de la pornographie juvénile relativement à l'affaire Sharpe, en Colombie-Britannique. Cette affaire, comme nous le savons tous, s'est rendue à la Cour suprême du Canada, qui a rendu une décision donnant aux tribunaux des lignes directrices en la matière.
La Cour suprême a ordonné que l'affaire Sharpe fasse l'objet d'une deuxième instruction, et c'est la décision rendue lors de la deuxième instruction qui entraîne le type de débat que nous avons aujourd'hui à la Chambre des communes.
Les règles en matière de pornographie juvénile sont relativement claires. Lors de la deuxième instruction, M. Sharpe a été reconnu coupable de possession de matériel de pornographie juvénile, soit de photographies trouvées en sa possession. Il n'a toutefois pas été reconnu coupable de possession d'écrits pornographiques, et c'est sur cet aspect que veux faire porter mes commentaires.
M. Sharpe s'est défendu avec succès dans le cas de ses écrits en invoquant deux motifs : premièrement, ses écrits ne préconisaient pas ouvertement la perpétration d'actes illégaux avec des enfants; et, deuxièmement, ils avaient une valeur artistique.
Il est difficile de concevoir que le gouvernement fédéral, après avoir été informé de l'issue de cette affaire, ne s'est pas empressé de saisir la Chambre des communes d'un projet de loi visant à protéger les enfants contre les attaques de personnes semblables. J'espère me tromper, mais il semble plutôt qu'il faudra forcer les ministériels, à leur corps défendant, à s'attaquer au problème.
Même s'il ne fait qu'attirer l'attention sur cette question et sur l'inaction du gouvernement, le débat actuel aura été utile.
Dans sa décision, le juge a rappelé qu'aux termes de l'alinéa 163.1(1)b) du Code criminel du Canada, la pornographie juvénile s'entend:
de tout écrit ou de toute représentation qui préconise ou conseille une activité sexuelle avec une personne âgée de moins de dix-huit ans...
Le juge souligne que la décision rendue plus tôt par la Cour suprême dans l'affaire Sharpe nous éclaire sur le sens des mots «préconise ou conseille». Elle a statué que, pour être reconnu coupable d'une infraction aux termes de cette disposition, l'accusé doit préconiser une activité sexuelle de façon ouverte et active, et non pas de façon subtile ou implicite. Il faut avoir clairement incité l'adoption active d'un comportement illégal avec des enfants.
Le juge de première instance avait conclu que le matériel écrit en possession de M. Sharpe était moralement répugnant, mais qu'il ne préconisait pas ouvertement ce genre d'activité. L'accusé a donc été déclaré non coupable en vertu de l'article 163.
Où que j'aille, les gens semblent partout souhaiter un resserrement de la loi afin d'éliminer les zones grises. Nous ne pouvons tolérer qu'il y ait des zones grises lorsque nos enfants sont en cause.
L'autre moyen de défense utilisé avec succès par M. Sharpe est celui de la valeur artistique. Le juge de première instance a rappelé que cette défense était prévue au paragraphe 163(6) du Code criminel, qui précise ce qui suit :
Lorsqu'une personne est accusée d'une infraction visée au paragraphe (2), (3) ou (4), le tribunal est tenu de déclarer cette personne non coupable si la représentation ou l'écrit qui constituerait de la pornographie juvénile a une valeur artistique ou un but éducatif, scientifique ou médical.
La loi semble bien compliquée, et c'est la raison pour laquelle les colporteurs de pornographie peuvent facilement s'en tirer.
Contrairement aux dispositions du Code criminel relatives à l'obscénité, les normes sociales n'entrent pas en ligne de compte pour déterminer ce qui est pornographique. Dans ses lignes directrices, la Cour suprême déclare que si des documents qui constitueraient de la pornographie ont une valeur artistique même minimale, le propriétaire de ces documents doit être déclaré non coupable. C'est à la Couronne de prouver, hors de tout doute raisonnable, que les documents n'ont aucune valeur artistique, ce qui est très difficile à faire. Autrement dit, si un texte est à 90 p. 100 pornographique et à 10 p. 100 artistique, son auteur doit être déclaré non coupable de possession de pornographie juvénile du fait de la valeur artistique dudit texte, aussi limitée que cette dernière puisse être.
Qu'est-ce que c'est que cette loi? Il faut se demander qui a pu bien rédiger une loi si pleine d'échappatoires que l'auteur d'un article à 90 p. 100 pornographique et à 10 p. 100 artistique doit être déclaré non coupable parce que 10 p. 100 de son article a une valeur artistique.
Nous, les parlementaires, rejetons souvent la responsabilité des décisions que prennent les juges sur ces derniers, mais en fait c'est nous qui sommes responsables. Ce sont les gens qui rédigent et adoptent ces lois qui sont responsables. Les juges ne peuvent qu'interpréter les textes qu'ils reçoivent du législateur, et il se trouve que le législateur, c'est nous. C'est à nous qu'il incombe d'éliminer ces échappatoires. Il faut donc modifier la loi.
Il faut donc frapper d'interdiction la pornographie juvénile, interdiction qui doit englober beaucoup plus que les documents qui font activement la promotion d'actes illégaux mettant en cause des enfants. Les documents qui décrivent des actes dégradants mettant en cause des enfants et qui peuvent inciter soudain à de tels comportements doivent être interdits, tout comme d'ailleurs les documents qui créent un climat pouvant mener à un comportement illégal.
Il faut que la loi reflète plus fidèlement les normes sociales concernant ce type de comportement. Autrement dit, il ne devrait pas être nécessaire d'être surpris en flagrant délit pour être reconnu coupable. Être en possession de pornographie juvénile devrait suffire à assurer une condamnation.
Quand le Parlement va-t-il penser davantage à protéger nos enfants et moins à écouter les défenseurs des libertés civiles qui prônent l'importance de la valeur artistique? C'est l'importance de nos enfants qui devrait être au centre de notre attention ici à la Chambre et non celle de la valeur artistique. Nous savons tous que la valeur artistique est importante, mais la protection de nos enfants doit venir en premier dans notre société. En ce qui concerne la valeur artistique, il faut modifier la loi.
Si nous devons pécher dans ce dossier, il vaut mieux pécher par prudence en faveur des enfants, et non défendre la valeur artistique. Le Parlement semble toutefois avoir oublié que nous ne parlons pas ici d'adultes consentants, où ce qui est de l'art pour un est de la pornographie pour l'autre. Nous parlons de jeunes enfants qui n'ont pas l'âge de consentement et qui méritent toute la protection que le Parlement peut inscrire dans la loi. En matière de pornographie juvénile, les normes de la société devraient compter davantage que la valeur ou la licence artistique, et nos lois devraient être modifiées en conséquence.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Lethbridge.
Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui à l'appui de la motion de l'opposition que nous avons présentée. Elle porte sur une des plus graves préoccupations des Canadiens de nos jours, soit l'exploitation sexuelle des enfants et la violence dont ils sont victimes.
Je tiens notamment à souligner que la motion proprement dite n'est pas un document juridique. Certains ont trop tendance à penser que la motion doit être interprétée de la même façon qu'une loi le serait. Ce n'est pas du tout l'objet d'une motion.
Une motion vise à donner des directives à l'exécutif, à demander à celui-ci, aux membres du Cabinet, au ministre de la Justice et au premier ministre d'agir et de présenter une mesure législative appropriée. C'est un document politique, et non un document juridique.
J'ai pris note de l'amendement suggéré. Je l'ai analysé et je n'y ai rien vu ne concordant pas avec ce que prévoit déjà la motion. Cette dernière ne va pas à l'encontre de l'amendement présenté par le député de Pictou—Antigonish—Guysborough.
Elle demande au gouvernement de déposer immédiatement un projet de loi en vue de protéger les enfants des prédateurs sexuels, et elle aborde ensuite deux mesures précises. L'une consiste à hausser l'âge requis pour le consentement et l'autre à interdire la création et l'utilisation de productions explicites du point de vue sexuel. Je ne fais que résumer. Ce n'est pas exclusif. On fixe ici un minimum. Les suggestions intégrées dans la motion faite précédemment sont déjà envisagées ou envisageables par le gouvernement s'il désire emprunter cette direction.
Je suis certes d'accord avec bon nombre des commentaires du député ayant présenté cet amendement.
Notre motion, si elle était adoptée et devenait loi, répondrait à un besoin urgent de protéger nos enfants qui risquent d'être exploités par des amateurs de pornographie juvénile et des pédophiles. Nous ne devons pas craindre de faire preuve de leadership et d'adopter les politiques et les mesures législatives dont nos enfants ont besoin.
Il est triste que le Canada soit en train de devenir un refuge pour les pornographes et pédophiles de toute la planète. J'écoutais les propos des policiers l'autre soir, je crois que c'était le 16 avril. Ils disaient qu'en 1993 la loi canadienne était louangée comme étant une des plus progressives dans la lutte contre ce problème. Toutefois, des décisions subséquentes des tribunaux ont amoindri l'efficacité de cette mesure législative.
Pour le seul Toronto, on signale au moins 400 cas de pornographie juvénile devant faire l'objet d'enquêtes. La police n'a tout simplement pas les ressources voulues pour les mener. L'insuffisance des ressources et l'absence de moyens juridiques appropriés empêcheront la police d'enquêter sur la majorité de ces cas.
Dans un des cas sur lesquels on enquête en ce moment, on a trouvé 400 000 photos mettant en scène des milliers d'enfants exploités. Cette affaire a pratiquement paralysé l'ensemble des services policiers de Toronto. La police a besoin de notre aide. Le manque de ressources pose un gros problème. Nous devrions en profiter aussi pour lui fournir des moyens juridiques appropriés. Nous implorons aujourd'hui le gouvernement d'y voir.
Comme l'ont dit mes collègues, nous souscrivons à certaines modifications d'ordre juridique, dont le fait de porter de 14 ans à au moins 16 ans l'âge requis pour consentir à des activités sexuelles. À au moins 16 ans, je le répète. Nous fixons un seuil, et non pas un plafond.
L'autre jour, le secrétaire parlementaire du ministre de la Justice a voulu blaguer lors de la période des questions, en laissant entendre que, d'une certaine façon, la motion préconisait d'abaisser cet âge. Les libéraux sont à la recherche du moindre détail technique qui leur permettrait d'éviter d'avoir à donner suite à la volonté des Canadiens. Ils se cherchent des prétextes pour y échapper. Si l'on considère que les motions de ce type sont des documents purement juridiques, il est aisé de trouvé des millions d'excuses pour ne pas faire ce que d'autres attendent de nous.
Je demande instamment au ministre de la Justice et à son secrétaire parlementaire de cesser de rechercher des détails de cet ordre. Nous pouvons engager des avocats pour cela. Les parlementaires doivent clairement énoncer la politique officielle en la matière. La politique à retenir dans le cas qui nous occupe est claire. L'âge minimum du consentement devrait être fixé à 16 ans au moins. Nous ne sommes pas d'accord pour abaisser l'âge du consentement à des activités sexuelles, surtout lorsque l'âge du consentement est déjà fixé à 18 ans.
Pourquoi le secrétaire parlementaire s'est-il hier permis de faire cette boutade devant la Chambre? Pourquoi gaspille-t-il ses ressources et son temps de la sorte? Compte tenu de la gravité de la question à l'étude, pourquoi se permet-il de le laisser entendre, alors qu'il sait pertinemment que, si la motion est adoptée, elle donnera à la politique officielle une dimension expansive et non pas restrictive?
Certains des arguments que le député de Pictou--Antigonish--Guysborough a fait valoir étaient excellents. Nous n'avons pas besoin de transformer la motion en un document juridique. Il nous faut simplement prendre position et dire que la motion englobe déjà cela, et souhaiter que le gouvernement ait le courage de faire ce qui s'impose.
Même l'ancienne ministre de la Justice, en réponse à une question qu'on lui a posée le 3 octobre 2001 au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, a dit: «Je pense que nous verrons se dégager un consensus pour porter l'âge du consentement de 14 à 16 ans, sous réserve de certaines garanties.»
Des représentants élus de tous les partis reconnaissent qu'il est important de mettre en application ces instruments légaux de sorte que nos agents de la force publique puissent mieux protéger nos enfants. Cette disposition joue un rôle important pour définir la gamme des infractions disponibles pour tâcher d'arrêter les exploitants de pornographie juvénile.
Pour terminer, je voudrais parler de la cause de John Robin Sharpe. L'intense indignation que cette cause a suscitée dans le public montre bien que les écrits dépeignant l'exploitation sexuelle violente d'enfants dépassent de loin ce que les Canadiens sont prêts à accepter. Les Canadiens croient clairement que la loi ne devrait jamais permettre que l'on diffuse ou mette en circulation ou même que l'on crée ce genre de matériel. Comme le soutient la police, ce genre de matériel est utilisé pour préparer les enfants, pour faire tomber leurs inhibitions de sorte qu'ils puissent être utilisés comme des objets sexuels.
J'implore les députés d'appuyer la motion, de cesser de penser comme des avocats et de commencer à réfléchir à l'avenir de notre pays et à songer à faire ce qui s'impose.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir la chance de parler de cette motion aujourd'hui. Cependant, le fait de discuter de choses comme la pornographie juvénile et de l'âge requis pour le consentement ne me réjouit absolument pas. Ce que j'apporte à la Chambre aujourd'hui, c'est une préoccupation profonde et sérieuse au sujet du péril que courent nos enfants à cause des prédateurs sexuels qui sont prêts à détruire leur innocence et, fondamentalement, leur vie même, ce à quoi il faut ajouter le manque alarmant d'appui de la part du gouvernement à ceux qui combattent le crime et à nos tribunaux afin de leur permettre de lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants.
Pour mes électeurs, il n'y a pas d'autres questions qui attirent autant l'attention que l'absence au Canada de lois complètes sur la pornographie juvénile et que l'âge de consentement à des activités sexuelles, qui est vraiment beaucoup trop bas. Pétition après pétition, lettre après lettre, le message est clair: les choses doivent changer et ce, dès maintenant.
Deux choses sont très claires pour la grande majorité des Canadiens. Le fait que des adultes aient des relations sexuelles avec des enfants, peu importe le médium décrivant cela, n'a aucun mérite artistique. Des jeunes de 14 ans n'ont pas la confiance ni la maturité affective nécessaires pour consentir à avoir des relations sexuelles avec des gens qui ont peut-être deux ou trois fois leur âge. Ces deux choses sont tellement évidentes que beaucoup sont sidérés par le laxisme de nos lois sur ces questions. Si en tant qu'une nation formée de gens compatissants et intelligents, nous ne pouvons protéger les membres les plus vulnérables de notre société, que faisons-nous alors? Nous devons protéger nos enfants ou nous avons, en fait, échoué dans la création et le maintien d'une société juste et sûre.
Le message que le gouvernement envoie aux Canadiens au sujet de nos enfants, c'est qu'ils n'ont aucun droit en tant qu'êtres humains, ils sont des biens qu'un adulte peut utiliser et dont il peut abuser comme bon lui semble et on espère qu'ils vont s'en sortir dans la vie, mais le gouvernement ne se préoccupe pas d'assurer leur sécurité. C'est répréhensible et cela doit changer.
Il n'est pas question de la moralité de la droite ou du libéralisme de la gauche. C'est une question essentielle et intrinsèque au fonctionnement d'une société saine et cela est vrai quel que soit le parti auquel on appartient. On ne peut permettre que des enfants soient abusés sexuellement ou utilisés et s'attendre à ce qu'ils grandissent et deviennent des adultes équilibrés et bien dans leur peau. Il est insensé et irresponsable de penser autrement et de ne rien faire.
Il y a quelques années, le député de Pickering--Ajax--Uxbridge a rassemblé des intervenants de la lutte contre le crime sur la Colline parlementaire. Il a répété l'exercice il y a une semaine. Toutefois, il y a deux ans, lors de notre rencontre, le détective Matthews de l'unité de lutte contre la pornographie de la Police provinciale de l'Ontario a attiré mon attention sur une question qui doit être corrigée dans le Code criminel. J'ai donc présenté un projet de loi d'initiative parlementaire pour faire modifier le Code criminel de façon à autoriser la confiscation du matériel servant à la production et à la diffusion de pornographie juvénile. Je suis fier de dire que cela figure maintenant dans le projet de loi C-15A qui, espérons-le, sera adopté sous peu.
Lorsque le député a réuni ces mêmes personnes la semaine dernière, j'étais présent. Nous avons vu et entendu des choses vraiment terribles. Nous avons écouté ce qu'avaient à dire les services de police chargés de combattre la pornographie juvénile, lesquels manquent de personnel, des agents de police, des avocats et des agents de renseignement. Leur message a été lancé haut et fort: le Canada offre très peu de protection à ses citoyens les plus démunis.
Le service de police de Toronto chargé de lutter contre les crimes à caractère sexuel a montré aux participants à la table ronde, pendant 40 secondes, certaines des 400 000 images saisies lors d'une arrestation survenue dans cette ville. Certains des enfants mis en cause n'avaient que six mois. C'étaient de vrais enfants qui étaient violés, ligotés et torturés. J'avoue que ce sont les 40 secondes les plus révoltantes de ma vie et que je ne veux plus jamais voir rien de pareil. Toutefois, il aurait été égoïste de ne pas avoir assisté à cette présentation, de ne pas savoir exactement ce qui se passe et de ne pas essayer d'aider. Il est de mon devoir en tant qu'adulte, père, grand-père et député d'essayer d'améliorer la situation et de veiller à ce qu'il ne soit plus permis de produire, d'échanger ou de posséder ce genre de saleté.
L'affaire John Robin Sharpe restera à jamais liée à la pornographie juvénile. J'imagine que c'est compréhensible. Toutefois, nous ne pouvons permettre que cet homme soit glorifié en tant que défenseur de la liberté. Il soutient des organisations comme NAMBLA qui prônent ouvertement les activités sexuelles avec des enfants en prétendant que ce sont des créatures sexuées. Qui plus est, les écrits de M. Sharpe ne sont pas des documents que nous devrions brandir comme des exemples de liberté de pensée et de liberté d'expression.
Le mois dernier, John Sharpe a été trouvé coupable d'avoir eu en sa possession des boîtes de pornographie infantile. Cependant, il n'a pas été reconnu coupable pour la production des histoires qu'il avait écrites lui-même et obtenues d'autres pédophiles. Le juge Duncan Shaw a déclaré que, même si ces documents étaient abjects, ils avaient un certain mérite artistique.
Les lignes directrices qui lui ont permis d'accorder cette exception sont à tout le moins très floues et les lois s'appliquant dans ce domaine devraient être très précisément et soigneusement réécrites pour permettre qu'on étudie des oeuvres comme Roméo et Juliette de Shakespeare dans les écoles, mais qu'on puisse aussi interdire les longues diatribes remplies de viol et de torture d'enfants et les histoires captivantes que les pédophiles lisent aux enfants pour les désensibiliser à l'anormalité des gestes sexuels. Ceux qui luttent ainsi contre la criminalité nous ont fait remarquer que ces écrits et ces images servaient à lessiver le cerveau des enfants afin qu'ils croient que les gestes qu'on leur propose sont normaux. Il est tout simplement injustifié de dire que ce genre de matériel abject et dégoûtant peut avoir une certaine valeur artistique. Comme on l'a dit plus tôt, dans toute cette tactique visant à recruter et à amadouer les enfants, voilà un outil que nous devons retirer aux pornographes et aux pédophiles.
Puisque la pédopornographie rédigée par John Sharpe comportait une introduction, un corps de texte, une conclusion et respectait la grammaire, le juge a considéré qu'elle possédait une certaine valeur artistique. Nous devons donc modifier les lois pour veiller à ce qu'une telle chose ne se produise jamais plus. Un psychiatre qui a témoigné au procès a dit que c'était l'un des textes les plus violents qu'il avait jamais lus. Pourtant quelqu'un a déclaré que ce document avait un certain mérite artistique.
Les personnes qui font la promotion de la haine dans des écrits ne peuvent pas invoquer la valeur artistique comme moyen de défense, mais ceux qui s'adonnent à la pornographie juvénile le peuvent. Si des écrits ou des bandes dessinées montrant des enfants poursuivis, enlevés, torturés, violés, sodomisés, tués et cannibalisés ne sont pas de la littérature haineuse, qu'est-ce qui l'est? Si un enfant de 14 ans peut consentir à se laisser filmer pendant qu'il se livre à une activité sexuelle avec un homme de 40 ans, comment pouvons-nous honnêtement soutenir que notre société se soucie de ses jeunes?
Il y a eu sur la colline un certain nombre de rencontres avec des personnes qui luttent quotidiennement contre cette vile activité. Elles nous ont dit qu'il faudrait constituer un groupe de travail qui se consacrerait expressément à la lutte contre la pornographie juvénile et sa propagation. Les ressources leur manquent. Comme on le faisait remarquer plus tôt, il y a à Toronto un cas qui monopolise toutes les ressources d'une unité. Le personnel de cette unité doit cataloguer chacune des 400 000 images saisies dans ce cas, afin de les présenter à la cour. Ce travail mobilise l'équipe au complet. Quelque 400 autres cas ont été rapportés, mais on n'a pas les ressources suffisantes pour s'en occuper.
Quand de la drogue est saisie, il suffit d'en produire un échantillon en cour pour établir la preuve. Il n'est pas nécessaire d'apporter les deux tonnes de marijuana ou d'autres drogues saisies. Un échantillon suffit. Je crois que de simples modifications à la loi, comme celles-ci, priveraient ces individus d'un moyen de défense.
Il ne s'agit pas ici de débattre des subtilités de telle ou telle loi. Notre rôle en tant que parlementaires, parents et grands-parents consiste à faire quelque chose pour protéger nos enfants. Si nous ne pouvons pas laisser de côté les questions partisanes et agir collectivement en tant que parlementaires, c'est qu'il y a ici quelque chose de foncièrement faussé.
On me permettra de citer ce que déclaraient des témoins au comité il y a une semaine aujourd'hui.
À Toronto, le sergent détective Gary Ellis a déclaré que la police existe pour protéger les faibles contre les forts, mais qu'à l'heure actuelle elle n'avait pas les moyens de le faire convenablement. J'ai trouvé cette déclaration un peu fallacieuse, mais après y avoir réfléchi j'ai donné raison au témoin. Nos enfants sont des personnes faibles, ils sont les plus vulnérables de la société. Je comprends ce qu'a voulu dire ce témoin.
Le détective Bob Matthews a parlé d'études et de toutes ces prises de position qui n'aboutissent jamais à des mesures concrètes. Il a dit qu'on avait approfondi la question au point de ne plus s'y retrouver. J'en conviens. On a débattu la question dans tous les sens, mais elle se pose toujours. Agissons, bon sang.
Le chef de la police de Toronto a déclaré: «Si, en tant que société, nous sommes incapables de protéger nos enfants, agitons le drapeau blanc et rendons-nous, car tout est perdu.» Je suis entièrement d'accord avec cela. Si, en tant que parlementaires, nous ne pouvons faire le nécessaire pour nos enfants, nous n'avons rien à faire au Parlement.
Un caporal d'Interpol a dit: «C'est une explosion. Les images sont horribles. On s'est servi d'enfants pour produire cela.» Dans un cas, il y avait même un bébé d'à peine six mois. Après avoir vu les documents d'Interpol, une personne a dit qu'un bébé ayant toujours son cordon ombilical avait été agressé sexuellement. Tout cela suppose tellement de haine qu'il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les enfants.
Selon le détective Matthews, «les Canadiens produisent autant, sinon plus, de pornographie juvénile par habitant que n'importe quel autre pays développé.» Nos législateurs nous le répètent et c'est à nous d'intervenir pour les aider.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Pickering--Ajax--Uxbridge. Comme je n'ai droit qu'à 10 minutes, je n'aurai malheureusement pas le temps de traiter de tous les aspects que je voudrais soulever.
Je lirai d'abord la motion qui a été déposée pour la gouverne de mes électeurs et de tous les gens qui nous écoutent. La motion prévoit:
Que le gouvernement dépose immédiatement un projet de loi en vue de protéger les enfants des prédateurs sexuels, comprenant des mesures qui haussent l'âge requis pour le consentement à au moins 16 ans ainsi que des mesures qui interdisent la création ou l'utilisation de productions explicites du point de vue sexuel dans lesquelles des enfants sont exploités, ou des productions semblant représenter ou décrire des enfants en train de se livrer à une activité sexuelle.
Il s'agit là d'une motion. Ce n'est pas un amendement proposé à un article précis d'un projet de loi. Il s'agit tout simplement de l'expression de ce que le député qui l'a proposée espère être l'opinion du Parlement. Je suis tout à fait disposé à appuyer la motion. Toutefois, j'aimerais apporter certaines réserves à cet appui en précisant que je rejette catégoriquement toute affirmation voulant que le gouvernement se traîne les pieds, qu'il n'ait rien fait ou ne fasse rien pour protéger les enfants ou que quelque député que ce soit de ce côté-ci de la Chambre ne soit pas intéressé à protéger les enfants. Ce n'est tout simplement pas le cas. Cela dépend de la façon dont on aborde la question.
Il y a quelques députés encore à la Chambre des communes qui ont siégé au comité Horner chargé de la justice en 1993 lorsque ce comité a étudié la mesure législative sur la pornographie juvénile que l'on retrouve actuellement dans le Code criminel. Je suis l'un des quelques députés à avoir siégé au comité en ma qualité de porte-parole officiel de l'opposition pour le portefeuille du solliciteur général.
Pour ceux qui n'étaient pas là et qui ne se souviennent pas de l'affaire, la mesure législative a été déposée par le gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney. Ce n'était pas la première fois que ce gouvernement tentait de faire adopter une loi en vue de protéger les enfants, et il avait été critiqué par bon nombre d'intéressés qui trouvaient cette mesure trop draconienne.
Si les députés estiment que la loi actuelle n'est pas assez rigoureuse, ils devraient se replacer dans le contexte de 1993, lorsque les gens critiquaient le gouvernement conservateur parce qu'il la rendait trop sévère. Même le fait que la loi englobe le matériel écrit a suscité une vive opposition. Ils ont proposé que le projet de loi ne traite strictement que du matériel photographique et que le matériel écrit ne soit pas interdit, puisqu'il n'était pas préjudiciable aux enfants.
J'ai lutté contre cette proposition. Nous étions favorables à ce que la loi s'applique au matériel écrit. La mémoire est une faculté qui oublie et qui semble faire paraître des gens plus intelligents qu'ils ne l'étaient autrefois, mais je dirai en toute justice que, si je retournais examiner les transcriptions, je constaterais que je n'étais pas d'accord sur l'insertion de deux dispositions dans le projet de loi: l'intervention ou le counselling, et la défense fondée sur la valeur artistique. Je reviendrai à ces deux aspects dans un instant.
Quoi qu'il en soit, les députés de ce côté-ci et, je l'espère, ceux d'en face, parleront de quelques-unes des mesures que le gouvernement a prises depuis 1993 pour continuer de protéger les enfants. Entre-temps, les décisions de la Cour suprême du Canada et de la Cour suprême de la Colombie-Britannique dans l'affaire Sharpe ont été rendues. Cela signifie que nous devons revoir le dossier et décider des mesures à prendre pour fermer les échappatoires.
Ne nous méprenons pas. La Cour suprême du Canada a imposé des échappatoires que n'avaient pas envisagées les législateurs qui ont adopté le projet de loi en 1993. Je le dis carrément, car je suis un de ces législateurs.
Je suis d'accord pour que soit élevé l'âge légal de consentement à des activités sexuelles consensuelles entre adultes. Je tiens à ce que cela soit clair. Je parle d'activités sexuelles consensuelles entre adultes. La motion dit au moins 16 ans. Je suis disposé à envisager 18 ans, car il s'agit d'autonomisation et d'absence d'un pouvoir égal de négociation. Une personne non adulte n'a pas la même capacité mentale qu'un adulte de prendre des décisions rationnelles. L'adulte peut donc exploiter l'enfant.
Nous pouvons toujours donner des exemples. Un jeune homme qui vient d'avoir 18 ans peut avoir une relation sexuelle avec sa copine qui aura 18 ans dans deux jours. Nous n'essayons pas de tourner la situation en ridicule. Nous voulons protéger les enfants. Nous devons donc proposer des repères raisonnables en vue de protéger ceux qui ne peuvent le faire eux-mêmes: les enfants de notre pays.
Je n'ai pas de problème à examiner le pour et le contre afin de voir s'il y aurait lieu de porter l'âge requis pour le consentement non seulement à 16 ans comme le prévoit la motion, mais plutôt à 18 ans. Il est interdit de consommer de l'alcool avant l'âge de 19 ans, en Ontario. On ne peut pas voter avant l'âge de 18 ans. Pourquoi pourrait-on avoir des relations sexuelles à 17 ans avec un partenaire de 47 ans? Je trouve cela insensé, si bien que je suis prêt à examiner la question. C'est d'ailleurs un des aspects de la motion: examiner des idées.
Le sous-alinéa 163.1(1)b) soulève un véritable problème. Le sous-alinéa 163.1(1)a) traite de la représentation visuelle de la pornographie. Ce n'est pas de cela dont je parle. On a donné nombre d'exemples horribles de représentations visuelles illégales. Certains juges n'imposent pas le type de peine que j'imposerais si j'étais moi-même juge, mais c'est une autre histoire. On prévoit des peines maximales. Si on condamne quelqu'un à l'emprisonnement avec sursis pour la possession ou la fabrication de pornographie juvénile, on doit se faire soigner.
Mais ce n'est pas de cela dont il s'agit. Il s'agit de tout écrit ou de toute représentation faisant intervenir des enfants se livrant à une activité sexuelle qui préconise ou conseille une activité sexuelle avec une telle personne. Puis il y a les moyens de défense: premièrement, le matériel n'est pas pornographique si la représentation ou l'écrit qui constituerait de la pornographie juvénile a une valeur artistique ou un but éducatif, scientifique ou médical. Je ne parlerai pas du but éducatif, scientifique ou médical. J'aborderai toutefois la valeur artistique, car c'est le motif que le juge Shaw a invoqué en rendant la décision de la cour lors de la deuxième instruction de l'affaire Sharpe en Colombie-Britannique.
Nous devons aborder des points techniques, car nous adoptons des mesures législatives qui restreindraient la liberté au sens le plus large du terme. Nous devons examiner les choses d'un point de vue légal.
Je vais citer ce que le juge Shaw a dit sur la question concernant le fait de préconiser ou de conseiller. Il faisait allusion à deux textes que Sharpe aurait écrits. Je dit «aurait» parce que je ne crois pas qu'il les a nécessairement écrits. Les pédophiles sont reconnus pour aimer échanger des choses. Une des façons les plus simples de contourner la loi est de prendre les saletés de quelqu'un d'autre, de dire qu'on en est l'auteur et de soutenir que cela a une valeur artistique.
De toute façon, voici ce que le juge Shaw a dit:
Même si on peut dire que Boyabuse et Stand by America, 1953 glorifient les actes qui y sont décrits, à mon avis ils ne vont pas jusqu'à promouvoir activement la perpétration de ces actes. Les descriptions sont peut-être conçues pour exciter le lecteur (si c'est ce qu'il recherche), mais elles ne préconisent pas ou ne conseillent pas activement les actes décrits.
Je ne crois pas non plus que Boyabuse et Stand by America, 1953 envoient «le message» qu'on peut ou qu'on devrait avoir des contacts sexuels avec des enfants. Si c'était le cas, la littérature décrivant le meurtre, le cambriolage, le vol, le viol, la consommation de drogues et d'autres crimes comme quelque chose d'agréable pourrait être considérée comme préconisant ou conseillant ces crimes. À mon avis, ce genre de littérature n'est pas ce qui est visé dans la disposition qui interdit tout écrit ou toute représentation qui «préconise ou conseille».
Je crois que le juge a tort. Il a son opinion, et j'ai la mienne. Comment composer avec cette divergence d'opinions? À mon avis, pour reprendre ses paroles, nous devrions modifier cette disposition. Nous devrions la modifier en tenant compte de ce que les policiers nous ont dit mardi dernier. À la disposition que j'ai citée, ils ajouteraient «ou dont une caractéristique marquante est la description d'une activité sexuelle entre une personne âgée de moins de 18 ans et un adulte dont le but premier est la gratification sexuelle d'un adulte ou qui pose un risque pour un enfant».
Mes dix minutes sont écoulées. C'est malheureux parce que je voulais aborder la question de la valeur artistique. J'espère que quelqu'un me posera une question.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole au sujet de la motion d'aujourd'hui.
J'ai un peu l'impression que je vais assister à une naissance, en ce sens que j'ai bon espoir que le débat d'aujourd'hui, qui aurait dû avoir lieu il y a longtemps déjà, aura pour conséquence d'encourager les députés à ne plus se rabattre sur la ligne du parti pour tout ce qui leur est proposé.
La motion concerne la question plus intéressante de l'âge du consentement, d'ailleurs reflétée dans le jugement comme tel. Il se trouve toutefois que les Canadiens, pour la plupart, voient la question à la lumière du second jugement rendu dans l'affaire Sharpe, le jugement rendu le mois dernier, dans lequel le juge Shaw a considéré qu'il n'y avait pas eu incitation à la pornographie juvénile ou aux mauvais traitements infligés à des enfants. Le deuxième jugement, qui a fait les manchettes, se limitait à la valeur artistique comme moyen de défense.
La motion de l'Alliance canadienne n'est pas présentée à la suite des préoccupations exprimées spontanément. Nous avons longuement débattu le projet de loi C-15. Le député de Scarborough-Sud-Ouest a fait des observations fort judicieuses au sujet des fournisseurs de services Internet et des conditions que nous leur imposons. L'initative du gouvernement est un pas dans la bonne voie, et il y a lieu de l'en féliciter.
Le 16 avril, il y aura une semaine ce soir, a eu lieu une réunion dont certains quotidiens d'aujourd'hui font état. Je fais observer que les députés ont cité dans leurs discours des faits et des chiffres obtenus à l'issue de cette rencontre qui a réuni des experts en matière de pornographie juvénile. Je fais également observer que ces discours ont été pris à la lettre, car la plupart des députés se sont engagés par la suite à régler ces questions, au nombre de 11, au fur et à mesure qu'elles seraient présentées, et à étudier les différentes options.
La première option concerne l'âge du consentement que l'on porte de 14 à 16 ans, tout en conservant l'exemption visant les jeunes ayant à peu près le même âge. Il a été proposé de modifier l'article 151 en y remplaçant le chiffre «14» par le chiffre «16», sous réserve de maintenir à 18 ans l'âge du consentement dans les situations d'autorité ou de confiance.
Nombre d'autres questions ont été soulevées, notamment l'élimination de l'argument faisant valoir la valeur artistique; le fait d'établir que la pornographie juvénile, écrite ou sous une autre forme, constitue un crime haineux; l'exigence de trouver du matériel de pornographie juvénile prônant les activités sexuelles. Il y aurait des modifications appropriées à cet égard.
Il a également été question d'imposer certaines contraintes aux enregistrements privés d'activités sexuelles légales, conservés pour utilisation personnelle. Il pourrait y avoir une exception pour les enregistrements de personnes de moins de 18 ans ne participant pas à des activités sexuelles explicites, s'il est clair que l'enregistrement a été réalisé en toute connaissance de cause et avec consentement et qu'il n'est pas conservé pour diffusion. La possession de ce genre de matériel doit être exclusivement limitée à un usage personnel.
Certaines préoccupations ont été exprimées au sujet du matériel expressif dans la question numéro cinq, qui est une précision ou une information fournie par la Cour suprême du Canada.
Il a également été fait mention d'une autre question et de l'obligation éventuelle pour la police de fournir des copies de toutes les images saisies. C'est un peu comme une saisie de drogues, où il faut transporter tout le conteneur au lieu d'apporter un échantillon. Cela élimine la nécessité de créer des emplois ou de consentir des ressources aux forces policières et mine les ressources destinées à combattre la pornographie juvénile.
Certaines dispositions portaient sur l'ADN et d'autres sur la question des infractions primaires désignées. Nous avons également parlé d'imposer des peines obligatoires minimales aux individus qui se livrent à ce genre d'activités.
De plus, on a envisagé une stratégie nationale de protection de l'enfant et on a exprimé la crainte que, comme dans l'affaire Bernardo, certaines personnes soient de nouveau les victimes de certains individus parce qu'on aurait donné à la défense la possibilité de voir les enregistrements vidéo et de se livrer à des manoeuvres juridiques pour obtenir les enregistrements détruits.
On a également exprimé une préoccupation concernant la conservation de l'information par les fournisseurs d'Internet dont j'ai fait mention dans mon intervention la semaine dernière.
Il est très difficile d'argumenter contre une motion, aussi mal libellée puisse-t-elle être, quand elle vise avec raison à inciter le Parlement à agir. Je l'ai dit dans une lettre que j'ai adressée au premier ministre 45 minutes après que le juge Shaw eut rendu son jugement définitif.
J'ai participé aux efforts visant à faire invoquer la disposition dérogatoire en 1999-2000 lors de la première instance. J'ai fait plusieurs interventions à ce sujet sur diverses tribunes. Il y a moyen pour le Parlement de régler tout le problème de la protection à assurer aux enfants dans un cadre où nous pouvons faire en sorte que nos enfants bénéficient du maximum de protection, et cela, sans craindre de recourir au Code criminel à cette fin.
Avant de recourir à la disposition dérogatoire et avant de faire entrer dans la loi des dispositions maladroitement libellées, nous devons commencer par comprendre l'importance du problème auquel le public souhaite que nous nous attaquions. Il est très clair que le moyen de défense que constitue la valeur artistique, tel que nuancé par la Cour suprême du Canada qui en a parlé en le qualifiant de si minime soit-il, ne devrait jamais être utilisé comme concession pour ne pas tenir compte du véritable risque intentionnel que l'information écrite présente pour les enfants.
Pourquoi est-ce crucial? Pour une raison bien simple. Ceux qui regardent, fournissent et créent ces images invoquent la valeur artistique de sorte qu'ils puissent supprimer les distorsions cognitives ou s'en servent comme une distorsion permettant d'éliminer l'aspect choquant aux yeux de la plupart des gens. Cela normalise la dégradation, la torture, le viol d'enfants. Cela leur permet de réaliser la conviction que ce qu'ils font peut être justifié et peut être acceptable.
Bien sûr, les membres normaux de la société ne peuvent accepter cela car on élimine la question de la norme de dommage fait à la société. À ce propos, nous savons également que, sans pour autant dire que la communauté n'a pas de rôle à jouer, toute forme simple, minuscule, infime de valeur artistique, nous a-t-on dit, suffirait à distancer et à surpasser l'importance de protéger les enfants.
Il est clair à mes yeux que la Cour suprême du Canada s'est trompée, et je le dis aux juges avec le plus grand respect pour la magistrature. Le juge Shaw est même allé plus loin dans un ou deux domaines, dont le porte-parole du Bloc québécois en matière de justice et moi-même avons déjà parlé, en disant que certaines erreurs judiciaires avaient été commises.
On pourrait établir un plan d'action pour demander à la Cour suprême de la Colombie-Britannique de revoir la cause et d'interjeter appel, comme on l'avait fait dans les causes Marshall et Askov. On avait dit que la Cour suprême s'était prononcée, mais que les tribunaux de première instance avaient commis une erreur de sorte que nous devions renvoyer la cause à la Cour suprême afin qu'elle se prononce à nouveau. On pourrait procéder ainsi. Cependant, si le Parlement refuse de se pencher sur le dossier et de se convaincre qu'il doit attaquer ce problème de front, il abdique et refuse d'assumer sa responsabilité à mon avis, peu importe de quel parti, de quelle province ou de quelle région sont les parlementaires.
C'est pourquoi j'ai souvent pensé qu'il était important d'agir. Le premier ministre du Manitoba a cru bon d'agir, à peine 24 heures après la présentation de l'arrêt, en demandant au gouvernement fédéral de protéger les intérêts des enfants et non ceux des pervers. La province de l'Alberta et d'autres intervenants ont fait certains commentaires. En ce qui concerne l'information écrite, 85 p. 100 des Canadiens ont dit que la liberté d'expression ne devrait pas être illimitée.
On a franchi une frontière dans ce dossier, non seulement en ce qui concerne ceux qui ont le dernier mot quant aux lois du pays, mais aussi en ce qui concerne les droits des particuliers. Si nous acceptons d'accorder le bénéfice du doute de la manière la plus subtile à ceux qui s'expriment, en ne tenant absolument pas compte de la vie, de la liberté et de la sécurité des personnes, autant de droits aussi garantis par la Charte, qui parlera au nom des enfants?
Je ne peux pas être plus ferme sur ce point. Il ne sert à rien que le Parlement aille de l'avant avec d'autres idées et d'autres débats si nous ne commençons pas par protéger la génération future.
Que veulent dire quelque 750 000 images de 10 000 enfants différents, dont certains n'ont que six mois, dans ma collectivité de Toronto? Cela est important. Il y a des problèmes que nous ne pouvons pas corriger car ils relèvent davantage des moeurs de la société, mais nous pouvons au moins prendre le temps d'examiner les options qui s'offrent maintenant à nous non seulement pour ce qui est de rétablir l'intégrité de cet endroit et l'autre et la confiance de la population à notre égard, mais encore d'inspirer confiance à la prochaine génération.
Cela aiderait si les députés de l'opposition qui ont présenté la motion acceptaient à tout le moins de revoir le point embêtant qui a causé des difficultés sur la question du consentement. S'ils pouvaient apporter des nuances, comme nous l'avons fait pour le premier point dont il a été question plus tôt. ce serait extrêmement utile. Nous constaterions sans doute qu'un plus grand nombre de députés appuieraient la résolution.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de Port Moody—Coquitlam—Port Coquitlam.
Je suis fier d'appuyer la motion de mon collègue de Regina—Lumsden—Lake centre. Je le félicite pour tout le travail qu'il a effectué sur cette question urgente et importante dont nous traitons aujourd'hui. Je félicite également la députée de Saskatoon—Rosetown—Biggar pour les efforts qu'elle a mis dans cette motion et son travail à long terme sur ce projet.
La motion mérite l'appui de tous les députés et de tous les partis. J'implore aujourd'hui les députés d'en face de laisser de côté les petites considérations partisanes, dans l'intérêt de nos enfants.
La motion n'a rien à voir avec ce qui s'est passé sur la banquette arrière de la Chevrolet de papa, ni avec le paradis découvert à la hauteur de la lampe d'éclairage du tableau de bord. Si on remonte dans le temps, elle ne vise pas les choses que l'on pouvait faire au son de Wake up little Suzie. Cette motion a trait à ce qui se produit maintenant dans les rues de nos villes, les grandes comme les petites, et sur Internet. Elle a trait à ce qui pourrait arriver ou à ce qu'on planifie de faire à la minute même, n'importe où au Canada.
Je serai très clair avec les députés d'en face, à qui on a dit parfois de s'opposer à toutes les mesures proposées par un autre parti à la Chambre, peu importe les avantages que le pays pourrait tirer de ces mesures. Je veux leur expliquer les choses et implorer leur appui. Il est question de la protection de nos enfants, de la protection d'êtres innocents qui devraient s'amuser dans les parcs et les terrains de jeu du pays, au lieu d'être traînés dans des ruelles ou forcés de marcher dans les rues sinistres où les prédateurs sexuels aiment rôder. Je supplie les députés d'en face, et bien sûr aussi tous les députés de la Chambre, de nous épauler sur cette question.
Je leur dirais, et plus particulièrement au député de Pickering—Ajax—Uxbridge et à ses collègues qui ont appuyé publiquement des initiatives du genre dans le passé, que nous serions heureux de compter sur leur appui. J'ai parlé au député ce matin et il a proposé un amendement qui n'est pas tout à fait celui que nous souhaitions, mais je lui propose de me rencontrer à ce sujet dans l'antichambre, après la période des questions. Nous allons travailler avec les députés ministériel afin de trouver un amendement qui pourrait satisfaire tout le monde, car le but ici consiste à assurer la protection des enfants, et non de faire preuve de partisanerie.
Je demande à ces députés de nous aider à envoyer un message qui dit clairement à ceux qui exploitent nos enfants qu'il n'y a nul endroit au Canada où ils pourront se cacher. Nous voulons qu'ils sachent qu'ils ne seront pas en mesure de cacher leur comportement. Personne au Canada ne tolérera leur présence dans notre société.
La motion porte seulement sur nos enfants et sur la nécessité de les protéger contre la lie de la société, contre les prédateurs sexuels qui constituent un petit mais dangereux fléau.
Il s'agit d'une question non partisane et d'une motion qui a l'appui de toute la classe politique. Les procureurs généraux des provinces ont dit publiquement être en faveur des efforts pour combattre l'exploitation sexuelle des enfants et la Chambre devrait faire tous les efforts possibles pour mener la bataille.
Nous savons que la police est gênée dans ses efforts pour protéger des enfants de 14 ans et moins qui sont contraints d'avoir des relations sexuelles avec des adultes. Je souligne le mot adultes ici; il n'est pas question de deux adolescents qui expérimentent, mais d'adultes qui exploitent des jeunes. Les députés voudront peut-être se rappeler qu'il n'est pas question d'expérimentation mais d'exploitation.
Pour ce qui est d'Internet, selon les estimations de la police, 25 p. 100 des enfants ont reçu de la pornographie envoyée par un adulte. Internet devient le filet que certains prédateurs utilisent pour prendre les enfants. Les corps policiers de partout ont déclaré qu'Internet est utilisé pour exploiter les enfants et les gens réclament des règles pour régir l'utilisation d'Internet.
Nous avons besoin de lois et non de règles. Nous avons besoin de lois qui vont protéger les enfants et punir les prédateurs. La première loi dont nous avons besoin est une loi qui dit qu'un jeune de 16 ans et moins est un enfant et non un objet sexuel pour des adultes malfaisants et déviants.
La motion dont nous sommes saisis tend à protéger nos enfants. Même si beaucoup de gens pensent que l'âge du consentement à des relations sexuelles devrait être établi à 18 ans, la motion propose qu'il soit d'au moins 16 ans. Un appui de la motion de la part de tous les partis et de tous les députés enverra un message très clair et indubitable à la lie de la société. On va dire à ces gens que ce sont des criminels et qu'ils seront traités comme tels s'ils exploitent nos enfants.
Je me demande si les Canadiens ou les parents comprennent pleinement qu'il est possible pour un adulte de 50 ans de convaincre un jeune de 14 ans d'avoir avec lui une relation assimilable à une union conjugale et il n'y a rien qu'un parent puisse faire légalement pour mettre un terme à une telle exploitation.
De quelle année date la loi qui prévoit qu'un jeune de 14 ans ne peut consentir à une relation sexuelle? Elle date d'au moins 100 ans. Elle remonte à l'époque où la société considérait les enfants comme des biens appartenant à leur famille et chéris par celle-ci.
Nous sommes en 2002 et il est temps de mettre la loi à jour. Nous devons dire au monde que le Canada considère comme précieuses toutes les années de l'enfance, toutes ces 16 années. À l'heure actuelle, profitant d'une loi vieille d'un siècle, les prédateurs ont l'avantage. Cela est injuste, inacceptable et injustifiable.
Comme l'a dit un militant des droits des enfants: «C'est illégal de payer pour avoir une relation sexuelle avec un enfant, mais c'est légal si c'est gratuit.» Les groupes militants se disent prêts à appuyer une exemption touchant les pairs où la différence d'âge est très petite. Cela semble être le seul compromis nécessaire.
Nous avons d'autres lois qui protègent ceux dont l'âge est inférieur ou supérieur à l'âge du consentement proposé pour une relation sexuelle. La motion mérite d'être appuyée par tout député ne croyant pas que les jeunes de 13 ou 14 ans sont assez vieux pour consentir à une relation sexuelle avec un partenaire plus âgé, voire beaucoup plus âgé. La motion devrait être appuyée par tout député croyant qu'aucun jeune ne devrait voir son enfance ruinée par des prédateurs sexuels âgés, malades et vicieux.
Je rappelle aux députés de tous les partis que les parents du pays attendent de voir ce qu'il adviendra de cette motion fort bien intentionnée. S'ils croient que la classe politique au complet est corrompue, la motion constitue un bon point de départ pour les convaincre du contraire. Travaillons de concert et votons ensemble pour protéger nos enfants.
Je dis encore aux députés d'en face que nous allons travailler avec eux au cours des prochaines heures jusqu'à la mise aux voix de la motion. Si nous pouvons présenter un amendement amical afin de les aider à protéger nos enfants, c'est ce qui compte le plus. Je m'engage, en tant que chef de l'opposition, à faire de cela une réalité cet après-midi afin que les enfants et les parents sachent, quand ils iront se coucher ce soir, que le Canada est un meilleur endroit où vivre.
:
Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui sur un sujet que la plupart des députés qualifient de difficile et de troublant: l'exploitation sexuelle des enfants canadiens.
Étant, à 25 ans, le plus jeune député à la Chambre, je suis fier de me prononcer aujourd'hui en faveur de la motion que propose aujourd'hui l'Alliance canadienne et qui est la suivante:
Que le gouvernement dépose immédiatement un projet de loi en vue de protéger les enfants des prédateurs sexuels comprenant, des mesures qui haussent l'âge requis pour le consentement à au moins 16 ans ainsi que des mesures qui interdisent la création ou l'utilisation de productions explicitesdu point de vue sexuel dans lesquelles des enfants sont exploités, ou des productions semblant représenter ou décrire des enfants en train de se livrer à une activité sexuelle.
Une des pires choses que nous pouvons faire est de détruire trop tôt l'innocence de nos jeunes. Nous le faisons au moyen d'émissions télévisées, de paroles, de films et de complaisance sociale et morale. Malheureusement, nous allons maintenant le faire au moyen de nos lois en évitant de prendre toutes les mesures connues et possibles pour empêcher l'exploitation des enfants.
En 1987, le gouvernement progressiste-conservateur alors en place a réduit l'âge requis pour consentir à des activités sexuelles et le faire passer de 18 à 14 ans. Le gouvernement avait alors invoqué le motif selon lequel il ne voulait pas poursuivre au criminel les jeunes qui étaient sexuellement actifs avec d'autres adolescents, même si de telles poursuites étaient très rares. Cependant, puisqu'elle ne mentionnait pas l'âge de la deuxième personne, la loi autorisait dès lors les adultes à avoir des activités sexuelles avec des jeunes de 14, 15,16 et 17 ans.
Les procureurs généraux des provinces et l'Association canadienne des policiers sont d'accord pour hausser l'âge requis pour consentir à au moins 16 ans, comme le propose la motion de l'Alliance canadienne. En novembre 1999, après avoir vu pendant une décennie les terribles résultats de la baisse de l'âge requis pour consentir, un document du ministère fédéral de la Justice recommandait de le hausser de nouveau, pour le faire passer de 14 à 18 ans.
Le rapport dit ceci:
Il y aura toujours des gens à la recherche d'enfants vulnérables afin de répondre à leurs pulsions dangereuses, leurs frustrations ou à leur besoin de domination, en dépit de la loi et du désaccord exprimé par la majorité des citoyens canadiens.
Il est peu probable que des jeunes personnes sans expérience et manquant de maturité possèdent une connaissance suffisante des implications et des conséquences d'un rapport sexuel. L'âge actuel relativement bas pourrait permettre aux proxénètes, par exemple, de séduire des jeunes filles dans l'intention de les entraîner à la prostitution, sans craindre d'être poursuivis.
Malheureusement, comme bien d'autres parmi les innombrables rapports, recommandations et documents de travail financés par les contribuables et présentés au gouvernement pour étude, ce rapport a également été écarté.
Cependant, une nouvelle urgence en ce qui a trait à l'exploitation sexuelle des enfants a été créée lorsque, le 26 mars de cette année, John Robin Sharpe a été trouvé coupable de possession d'environ 400 photographies de garçons en train de se livrer à des activités sexuelles explicites, mais a été acquitté des accusations de production et de distribution de pornographie juvénile sous forme d'écrits dont il était lui-même l'auteur. Le juge Duncan Shaw a dit que les écrits décrivant de la violence sadomasochiste et des actes sexuels entre des hommes et des jeunes enfants étaient «moralement répugnants», mais avaient quand même «une certaine valeur artistique».
Ce que cela veut dire dans la pratique, c'est que ces écrits sont maintenant légaux et peuvent être publiés. John Robin Sharpe et d'autres aussi pervers que lui peuvent maintenant se faire passer pour des artistes et écrire et publier leurs pensées et leurs désirs les plus déments au sujet de n'importe quelle activité sexuelle avec des enfants.
Pour que des poursuites soient fructueuses, les policiers et les procureurs devront maintenant prouver que la pornographie juvénile en question n'a pas de valeur artistique comme celle de John Robin Sharpe. Autrement dit, les meilleurs efforts des responsables de l'application des lois pour mettre un terme à la pornographie juvénile seront tout aussi futiles que si on essayait de prendre une locomotive dans une toile d'araignée.
Quel cruel renversement. Cette décision m'a étonné et perturbé, comme bon nombre de mes électeurs et des Canadiens d'ailleurs. J'aimerais profiter de l'occasion pour parler d'un de mes électeurs en particulier, un certain Doug Stead. J'ai rencontré Doug pour la première fois dans le cadre de mes fonctions au sein de l'Alliance canadienne, par suite d'une tragédie survenue dans sa famille. Il avait consacré de nombreuses heures et beaucoup d'argent pour mener une campagne et s'engager activement dans une cause. Les députés font l'objet de toutes sortes de pressions, mais dans le dossier de la protection des enfants du Canada, Doug Stead a fait preuve de tellement de ténacité et d'efficacité à me fournir des renseignements qu'il a réussi à démontrer ce que la citoyenneté dans un pays libre devrait signifier, soit que les citoyens peuvent agir pour contester les défis et les frustrations liés à notre système juridique. Je dirais bien franchement que c'est en grande partie en raison de ses efforts que l'Alliance canadienne se penche activement sur cette question à la Chambre aujourd'hui.
L'interprétation assez large qui a été faite de la valeur artistique dans l'affaire de John Robin Sharpe donne à penser qu'il peut y avoir des faiblesses dans l'ensemble des lois canadiennes qui font que nous ne pouvons pas protéger les enfants de notre mieux. La possession de matériel de pornographie juvénile n'est pas un crime sans victime. C'est un acte qui dégrade, déshumanise et exploite les enfants.
La demande de matériel pornographique juvénile mène à sa production et à sa distribution constantes. Il serait naïf et absurde de prétendre le contraire.
La notion voulant que la possession de matériel pornographique soit inoffensive, surtout en cette ère où il est facile de transmettre des données électroniques, où la publication de matériel dans Internet est difficile, voire impossible à contrôler, fait tout simplement fi des réalités modernes, comme vient de le dire le chef de l'opposition.
Certains disent que nous devrions prendre soin de ne pas restreindre la liberté d'expression. À mon avis, s'il y a un domaine où la société doit dire non, c'est bien celui de la pornographie juvénile. Je n'accepte pas la notion que les gens devraient être libres d'avilir des enfants physiquement ou par écrit. Je rejette la notion qu'il puisse y avoir une valeur artistique à victimiser des enfants. Je rejette également la notion que l'intention d'exciter ou de susciter une passion qui est perverse, illégale, immorale et totalement répréhensible aux yeux d'une société civile soit acceptable sous quelque forme que ce soit, même si elle est fondée sur le principe assez farfelu voulant que les créateurs de ce matériel si offensant ne le communiqueront pas à d'autres et le garderont pour eux.
Il nous incombe d'abord et avant tout de protéger les membres les plus faibles de la société et notre responsabilité première est de faire en sorte que nos enfants aient la possibilité de devenir les meilleures personnes possible. Ce n'est qu'en protégeant nos enfants et en favorisant leur réussite que nous pourrons les défendre et vaincre les nombreux maux qui affligent notre société, notamment la pauvreté, la violence conjugale et la criminalité. Ces choses coûtent extrêmement cher à notre société, tant sur le plan humain qu'économique, et contribuent à engorger les tribunaux et les prisons.
Malheureusement, nous échouons à la tâche. Selon Progrès des enfants du Canada, publié dans le Rapport sur le Millénaire de janvier 2000, le commerce de la sexualité juvénile existe partout au Canada, aussi bien dans les petites collectivités que dans les grandes villes. On estimait qu'il se produisait chaque jour, dans la ville de Vancouver, une centaine d'infractions concernant le commerce de la sexualité juvénile. Le sergent John Ward, de la GRC, qui commentait le rapport dans le Star de Toronto, déclarait qu'on pouvait maintenant trouver sur Internet toute l'information, y compris les tarifs, sur Kiddie Stroll à Vancouver où des adultes ramassent des mineurs, et que le Canada est, de ce fait, devenu une destination touristique pour les consommateurs de sexualité juvénile.
En novembre 2000, un rapport international sur la violence faite aux enfants, publié par un organisme appelé End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking of Children for Sexual Purposes, ou ECPAT, a désigné le Canada comme un paradis pour les prédateurs sexuels d'enfants. Selon le rapport, le Canada est l'un des pays où l'âge requis pour participer à une activité sexuelle, soit 14 ans, est l'un des plus bas au monde, la plupart des autres pays ayant porté l'âge du consentement à 18 ans.
À une époque, le Canada faisait figure de leader mondial de la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. Des lois régressives concernant l'âge du consentement, des dispositions législatives qui laissent à désirer et l'absence générale de planification de la part du gouvernement fédéral sont en train de faire du Canada, selon le rapport, un lieu de rendez-vous pour ceux qui exploitent les jeunes à des fins sexuelles.
La motion à l'étude stipule:
Que le gouvernement dépose immédiatement un projet de loi en vue de protéger les enfants des prédateurs sexuels, comprenant des mesures qui haussent l'âge requis pour le consentement à au moins 16 ans ainsi que des mesures qui interdisent la création ou l'utilisation de productions explicites du point de vue sexuel dans lesquelles des enfants sont exploités, ou des productions semblant représenter ou décrire des enfants en train de se livrer à une activité sexuelle.
C'est un pas dans la bonne direction pour faire en sorte que le Canada redevienne un des chefs de file de la protection des enfants. Une des pires choses que nous puissions faire dans la société, c'est détruire précocement l'innocence des jeunes. Nous avons ici l'occasion de nous rallier au-delà des lignes de parti pour faire évoluer le Canada.
Abraham Maslow a une théorie appelée la hiérarchie des besoins de Maslow. À sa base figure le premier besoin de tout citoyen bien vivant, à savoir être libre de la peur, de l'exploitation et des mauvais traitements d'autres citoyens. Nous avons là une responsabilité et c'est la première responsabilité de l'État. Au-delà des budgets équilibrés, d'une économie prospère, d'une infrastructure nationale, d'un système judiciaire ou parlementaire fonctionnel, la toute première responsabilité de l'État est de protéger ses administrés qui respectent les règles de ceux qui ne les respectent pas. C'est l'article premier de la hiérarchie des besoins de Maslow.
Notre assemblée a trahi les enfants, les membres les plus vulnérables de notre société. Nous avons laissé tomber les enfants. Si nous adoptions la motion, ce serait un pas dans la bonne direction. Nous déciderions ensemble que cela ne se reproduira plus. Nous serions unis. Nous modifierions nos lois et ferions évoluer notre pays de façon à ce que soit protégé notre bien le plus précieux, nos enfants.