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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le jeudi 2 octobre 2003




¹ 1535
V         Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.))
V         Le président
V         M. Larry McCormick (Hastings—Frontenac—Lennox and Addington, Lib.)
V         Le président
V         M. Larry McCormick
V         Le président
V         M. Larry McCormick
V         Le président
V         M. Larry McCormick
V         Le président
V         Le président
V         M. John Ryan (président-directeur général, Financement agricole Canada)

¹ 1540

¹ 1545

¹ 1550

¹ 1555
V         Le président
V         M. Gerry Ritz (Battlefords—Lloydminster, Alliance canadienne)
V         M. John Ryan
V         M. Gerry Ritz
V         M. John Ryan
V         M. Gerry Ritz
V         M. John Ryan
V         Le président
V         Mme Janet Wightman
V         M. Gerry Ritz
V         Le président
V         M. Dick Proctor (Palliser, NPD)
V         M. John Ryan

º 1600
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         M. John Ryan
V         M. Dick Proctor
V         M. John Ryan
V         M. Dick Proctor
V         Mme Janet Wightman

º 1605
V         M. Dick Proctor
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         Le président
V         M. Larry McCormick
V         M. John Ryan
V         M. Larry McCormick

º 1610
V         M. John Ryan
V         Mme Janet Wightman
V         M. Larry McCormick
V         M. John Ryan
V         M. Larry McCormick
V         M. John Ryan
V         M. Larry McCormick
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake)

º 1615
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan

º 1620
V         M. Howard Hilstrom
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         M. John Ryan
V         M. Dick Proctor
V         M. John Ryan
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor

º 1625
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         Le président
V         M. John Maloney (Erie—Lincoln, Lib.)
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney
V         M. John Ryan
V         M. John Maloney

º 1630
V         M. John Ryan
V         Le président
V         M. Gerry Ritz
V         M. John Ryan
V         M. Gerry Ritz
V         M. John Ryan
V         M. Gerry Ritz
V         M. John Ryan
V         M. Gerry Ritz
V         M. John Ryan
V         M. Gerry Ritz
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         Mme Janet Wightman
V         M. Dick Proctor
V         M. John Ryan

º 1635
V         Mme Janet Wightman
V         Le président
V         Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.)
V         M. John Ryan
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. John Ryan
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. John Ryan
V         Mme Janet Wightman

º 1640
V         Mme Rose-Marie Ur
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         Mme Janet Wightman
V         M. Howard Hilstrom
V         Mme Janet Wightman
V         M. Howard Hilstrom
V         Mme Janet Wightman
V         M. Howard Hilstrom
V         Mme Janet Wightman
V         M. Howard Hilstrom

º 1645
V         M. John Ryan
V         M. Howard Hilstrom
V         Le président
V         M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.)
V         M. John Ryan
V         Mme Janet Wightman
V         M. Claude Duplain
V         Mme Janet Wightman
V         M. Claude Duplain
V         Mme Janet Wightman

º 1650
V         Le président
V         Mme Janet Wightman
V         Le président
V         M. John Ryan
V         Le président
V         M. John Ryan
V         Le président
V         M. Claude Duplain
V         M. John Ryan
V         Le président










CANADA

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


NUMÉRO 045 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 2 octobre 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.)): Mesdames et messieurs, la séance est ouverte.

    Avant de passer à notre ordre du jour, j'aimerais aborder deux petites questions. Tout d'abord, comme nous n'avons pas fait circuler ces documents pour approbation, et comme il est urgent que le budget de notre voyage aux États-Unis soit approuvé, j'aimerais demander l'approbation du comité pour en traiter, en nous dispensant du préavis de 48 heures.

    Des voix: D'accord.

    Le président: Selon le budget proposé, neuf députés iront à Washington—quatre de l'opposition, un de chaque parti, et quatre du gouvernement, en plus du président.

    Voici leurs noms : moi-même à titre de président, Rose-Marie Ur, Claude Duplain, Bob Speller et Larry McCormick. Des changements sont toujours possibles, mais il y aura un représentant de chaque parti. De l'Alliance, nous avons M. Ritz; du Bloc, je crois qu'Odina fera partie du voyage. Des progressistes-conservateurs, nous avons M. Borotsik... Dick, vous vous êtes engagé à y aller, ce sera donc nos neuf députés.

    Le budget proposé est de 39 063,26 $ pour le voyage du comité à Washington, du 19 au 21 octobre.

    Une voix: Adopté.

    (La motion est adoptée)

+-

    Le président: Dans un deuxième budget, nous avons aussi besoin... Comme vous le savez, nous avons tenu trois séances d'urgence cet été, sans avoir fait approuver de budget. C'est ce que nous devons faire maintenant, nous devons demander pardon. Nous avons un budget ici de 18 300 $. De ce montant, 10 820 $ ont déjà été dépensés. Nous demandons aussi de l'argent pour payer les dépenses des témoins futurs, jusqu'à la fin de la présente session.

    Nous avons un autre budget de 18 300 $. Quelqu'un peut-il proposer la motion?

+-

    M. Larry McCormick (Hastings—Frontenac—Lennox and Addington, Lib.): J'aimerais faire un rappel au Règlement.

+-

    Le président: Oui.

+-

    M. Larry McCormick: J'essaie de ne pas sourire. Je suis toujours favorable lorsqu'on rembourse les dépenses des témoins avec leur propre argent, c'est à dire l'argent des contribuables, mais je tenais simplement à obtenir une précision. Nous remboursons les dépenses des transformateurs de viande qui vont comparaître devant nous, n'est-ce pas? Ils sont venus cet été. Je veux simplement que l'on me réponde par oui ou par non.

+-

    Le président: Oui, je comprends ce que vous voulez dire, mais pour être juste envers les personnes qui venaient de l'extérieur...

+-

    M. Larry McCormick: Merci beaucoup, monsieur le président. Je tenais simplement à m'en assurer.

+-

    Le président: Je vous réponds en gardant mon sérieux.

+-

    M. Larry McCormick: Je vous remercie, monsieur le président.

+-

    Le président: Nous devons payer leurs frais de déplacement. Je demande l'approbation du comité à ce sujet.

    Des voix : D'accord.

+-

    Le président: Je vous remercie, chers collègues.

    Nous poursuivrons nos travaux pour organiser notre voyage à Washington.

    Cet après-midi, nous poursuivons notre aperçu de la situation concernant l'ESB. Nous avons rencontré de nombreux secteurs des milieux agricoles. Nous tenons aussi à entendre les témoignages des milieux financiers afin de déterminer l'influence de ces organismes sur les milieux agricoles, c'est-à-dire si nous avons obtenu des réponses positives ou négatives, et la façon dont nous avons réagi dans l'un ou dans l'autre.

    Cet après-midi, nous accueillons M. John Ryan, président et directeur général de Financement agricole Canada. Il a déjà comparu devant notre comité il y a environ deux ans.

    Il est donc temps de vous inviter à nouveau. En plus des autres commentaires que vous ferez, vous voudrez peut-être nous donner un aperçu du travail de votre organisme, Financement agricole Canada, au cours des deux dernières années.

    Nous accueillons aussi cet après-midi Janet Wightman, vice-présidente exécutive et chef de l'exploitation. C'est la première fois que nous avons l'occasion de vous accueillir, Janet. Nous vous souhaitons la bienvenue au comité.

    John, vous avez la parole.

+-

    M. John Ryan (président-directeur général, Financement agricole Canada): Je vous remercie, monsieur le président.

    Bonjour, honorables députés. C'est avec plaisir que je me présente aujourd'hui devant le comité permanent au nom de Financement agricole Canada pour parler de l'ESB et de ses répercussions, de même que du travail effectué par Financement agricole depuis l'approbation de la nouvelle loi en juin 2001.

    Le président a déjà présenté Mme Janet Wightman. Elle est vice-présidente exécutive et chef de l'exploitation et a la responsabilité générale des opérations nationales. Elle m'aidera à répondre aux questions qui suivront mon exposé.

    Je crois comprendre que nous avons assez de temps, c'est pourquoi je me fais un plaisir de vous parler non seulement de l'ESB, mais aussi de l'évolution de la situation au cours des dernières années.

    Vous avez reçu un court document qui donne le détail du portefeuille de FAC, de ses activités de prêt et du niveau des arrérages. Le document comprend aussi un extrait de notre rapport annuel, pour vous donner un aperçu de l'évolution de la situation au cours des dernières années, surtout dans les nouveaux secteurs pour lesquels nous avons reçu une approbation dans la nouvelle loi de 2001.

    Comme vous le savez, en tant que membres de ce comité, le secteur agricole en général est incroyablement diversifié. Il englobe tout, des céréaliculteurs aux producteurs laitiers, en passant par les fabricants d'équipement, les exploitants de boisés, les transformateurs alimentaires et les entreprises de biotechnologie. Peu importe le moment, comme vous le savez sans doute, il y aura toujours de nombreux secteurs qui seront prospères, tandis que d'autres feront face à des défis économiques.

    En juin dernier, nous avons diffusé nos plus récents résultats de fin d'exercice 2002-2003. Pour ceux qui ont eu l'occasion de consulter ce rapport en particulier, vous constaterez que cette année encore a été un grand succès et un exercice record pour nous sur le plan des nouveaux prêts. Nous avons approuvé 3,1 milliards de dollars en nouveaux prêts, certainement le montant le plus élevé dans toute l'histoire de Financement agricole.

    Nous avons également pris de l'expansion de diverses manières. En plus d'offrir des prêts et des conseils à nos clients, nous leur avons offert davantage de solutions financières et d'affaires, telles que de la formation en gestion, du capital-risque et des logiciels spécialisés en gestion agricole. Nous pourrons en parler plus tard.

    En tant que membres du comité permanent, vous vous rappellerez que notre nouvelle loi a été approuvée en 2001 afin de permettre à FAC de répondre aux besoins changeants et complexes de l'industrie agricole.

    La Loi sur le financement agricole Canada de juin 2001 permet à Financement agricole de soutenir davantage l'industrie agricole à l'aide d'une gamme élargie de produits, services et modes de prestation. La Loi nous a d'abord permis de travailler avec un éventail plus vaste d'entreprises à valeur ajoutée, lesquelles jouent un rôle essentiel de soutien de la production primaire. Cela englobe tous les aspects se rattachant aux intrants et extrants de la production agricole primaire.

    La nouvelle loi a également donné naissance à notre division du capital-risque. FAC a lancé sa division du capital-risque en 2002 pour offrir une autre source de capitaux aux agriculteurs et aux agro-entrepreneurs. Vous vous rappellerez peut-être que lorsque nous avons présenté le projet de loi, nous avons indiqué qu'un fonds de 50 millions de dollars viserait principalement les petites et moyennes entreprises oeuvrant dans des secteurs tels que la transformation à valeur ajoutée, la production à grande échelle et la biotechnologie agricole.

    Nous avons établi un plan quinquennal pour investir ce montant de 50 millions de dollars et nous sommes heureux de vous annoncer que nous avons reçu un nombre impressionnant de plans d'affaires au cours de la toute première année. Jusqu'à présent, nous avons approuvé quatre prêts d'une valeur totale de 8,5 millions de dollars. De plus, nous avons attiré un autre investissement de 16,8 millions de dollars de la part d'autres sociétés de capital-risque. En tout, cela représente environ 25 millions de dollars en capital de risque qui n'existait pas avant 2001 parce que nous n'avions pas de mandat en ce sens.

    La création d'une nouvelle gamme de services commerciaux est une autre retombée de la nouvelle loi. Les exploitations se font de plus en plus grandes et complexes, ce qui crée chez les agriculteurs et les agro-entrepreneurs un besoin de compétences et d'outils de gestion perfectionnés pour les aider à demeurer efficaces. Pour combler ce besoin, la division des services commerciaux de FAC offre une large gamme de produits d'assurance et de programmes et outils de formation en gestion.

    Le programme AgriSuccès en est un bon exemple. Il s'agit d'un partenariat entre des organisations des secteurs public et privé dans le but d'aider les agriculteurs à acquérir des compétences en gestion et à les perfectionner. Au cours des deux premières années d'existence du programme, plus de 2 000 participants ont assisté à 80 ateliers donnés un peu partout au pays. Ces ateliers mettaient principalement l'accent sur la planification des affaires et de la relève, deux aspects considérés critiques.

¹  +-(1540)  

    Je crois que notre portefeuille témoigne des résultats obtenus au cours des dernières années. Notre portefeuille s'est en fait accru de 14 p. 100 l'année dernière, pour s'établir à un niveau record de 8,8 milliards de dollars. À l'heure actuelle, il est d'environ 9,3 milliards de dollars, ce qui indique une croissance soutenue. En fait, notre portefeuille a connu un taux de croissance soutenu au cours des 10 dernières années. La qualité du portefeuille s'est également maintenue; à la fin du dernier exercice, les arrérages s'établissaient au faible taux historique de 0,36 p. 100 de l'encours total.

    Je pense que nous devons nos excellents résultats à notre approche client : nous considérons nos clients comme des partenaires, tant pendant les périodes prospères que les périodes difficiles. En fait, lorsque nous faisons des suivis auprès des clients qui ont bénéficié de l'une de nos différentes stratégies de soutien par le passé, nous remarquons qu'environ 95 p. 100 d'entre eux sont demeurés des clients en règle, et ce, longtemps après que la période de report des paiements eut pris fin. Cela démontre donc très clairement l'importance de travailler avec nos clients pendant les périodes difficiles.

    Ce sont de bonnes nouvelles, non seulement pour FAC mais surtout pour les agriculteurs et l'ensemble de l'industrie agricole. Je considère également que la croissance dont nous sommes témoins est certainement un indicateur que nos clients prennent de l'expansion, diversifient leurs activités et connaissent la prospérité.

    Inévitablement, il y aura toujours des impondérables auxquels l'industrie agricole devra faire face. Comme il s'agit d'une industrie de nature cyclique, les agriculteurs de tous les secteurs devront faire face à l'adversité à un moment ou un autre, et ce, en raison de facteurs sur lesquels ils n'ont aucun contrôle. Un triste exemple de cette réalité est la crise de l'ESB, découlant de la découverte d'un cas unique de vache infectée, le 20 mai dernier.

    Monsieur le président, j'aimerais maintenant aborder la question particulière de l'ESB et nous pourrons par la suite parler de l'évolution de la situation ces dernières années à Financement agricole.

    Depuis le 20 mai, Financement agricole suit de près le développement du marché et l'impact de la situation sur ses clients et son portefeuille. Nous vous communiquerons dans quelques instants les détails de notre portefeuille concernant le secteur du boeuf.

    Nous comptons environ 6 600 clients dont l'entreprise principale est le boeuf. Les prêts à ces clients comptent présentement pour 10 p. 100 de notre portefeuille national de prêts. L'encours total se chiffre à environ 900 millions de dollars. Approximativement 70 p. 100 de ces prêts ont été consentis à des exploitations de naissage-élevage et 30 p. 100 à des exploitations d'engraissement. FAC a également 800 millions de dollars de prêts en cours à des clients dont l'entreprise secondaire est le boeuf. Le montant total est donc de 900 millions de dollars, en plus d'un montant initial de 800 millions de dollars.

    Comme la majorité de ces prêts est concentrée dans l'Ouest et les Prairies, la maladie de la vache folle a évidemment eu un impact important dans ces régions. La position de risque de FAC dans le secteur du boeuf est donc assez élevée. Cependant, nous avons ces prêts à l'oeil.

    Voici ce que nous observons en termes de prêts en arrérages. Comme je viens de le mentionner il y a un instant, nous évaluons les arrérages en pourcentage du montant total impayé. En date du 31 août, les arrérages dans le portefeuille du boeuf se chiffraient à 0,67 p. 100, ce qui représente une hausse comparativement aux résultats de 0,49 p. 100 enregistrés à pareille date l'an dernier. Les pourcentages sont un peu difficiles à suivre de sorte que je parlerai en dollars. À la fin du mois d'août de cette année, le secteur du boeuf présentait des arrérages de 6,1 millions de dollars, comparativement à 3,9 millions de dollars un an plus tôt. Nous avons donc constaté une augmentation de nos arrérages dans ce secteur.

    Nous sommes toutefois conscients qu'un simple coup d'oeil aux comptes en arrérages n'est pas un indicateur fiable de la tendance actuelle du portefeuille. C'est plutôt un indicateur tardif, qui met en lumière les difficultés quelques mois après l'événement. Nous considérons donc qu'il n'est pas encore possible de mesurer le plein impact de la découverte d'un cas de maladie de la vache folle simplement en fonction des chiffres que je viens de vous donner.

    Par contre, les commentaires de nos clients constituent une source d'information fiable en temps opportun. Nos directeurs de comptes ont des contacts quotidiens avec les clients, ce qui leur permet de déterminer à quel point la situation est difficile. Grâce à ces contacts, ils peuvent se faire une bonne idée de la santé de nos prêts et se tenir au courant de difficultés potentielles.

    Je dois avouer que nous n'avions pas prévu de répercussions graves sur le portefeuille au cours de l'été, puisque la majorité des clients oeuvrant dans le secteur du boeuf sont des exploitations de naissage-élevage. La plupart d'entre eux n'ont pas de paiements exigibles avant novembre ou décembre de cette année. Si nous examinons les paiements que nous devrions recevoir au cours des prochains mois, surtout en novembre et en décembre, les paiements exigibles s'élèvent à environ 55 millions de dollars—et nous en avons reçu très peu au cours des derniers mois. Donc nous devrons encore attendre quelques mois avant de pouvoir pleinement évaluer la situation.

¹  +-(1545)  

    Étant donné que la mise en marché des veaux approche à grands pas, les agriculteurs devront faire face à de nombreux défis, dont le premier est sans aucun doute la réserve de vaches de réforme. À l'heure actuelle, comme vous le savez, le marché qui accueille habituellement ces vaches est saturé. Je sais qu'une des priorités de la table ronde sur l'industrie du boeuf est de trouver d'autres marchés pour écouler ses produits.

    Malgré les défis, il y a tout de même des signes encourageants à l'horizon. Par exemple, le prix des bouvillons s'est raffermi. Il varie de 1,10 $ à 1,20 $ la livre. Ces prix se situent sous le seuil de rentabilité, qui est de 1,39 $ la livre pour un veau de 550 livres, selon les chiffres les plus récents que j'ai reçus. Ces chiffres proviennent d'une étude récente effectuée par les ministères de l'Agriculture de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. Les prix sont plus élevés que ce que bon nombre d'éleveurs anticipaient. Nous espérons tous que la frontière américaine s'ouvre bientôt à l'exportation d'animaux vivants.

    Malgré tout, la normalisation des marchés prendra du temps et il y aura des périodes difficiles à traverser cet automne et cet hiver. Et si la frontière tarde à s'ouvrir, ces difficultés seront amplifiées, et ce, de manière exponentielle—surtout dans le cas des animaux vivants.

    Dans tous les cas, monsieur le président, nous sommes prêts à travailler très étroitement avec nos clients tout au long de cette période difficile. À Financement agricole, nous avons toujours considéré que nous devrons collaborer avec nos clients. Conformément à notre mandat de politique public, qui consiste à mettre en valeur le secteur rural canadien, nous soutenons nos clients tant pendant les périodes prospères que les périodes difficiles. C'est la devise de FAC.

    Peu après la découverte du cas de vache folle, nous avons activé notre stratégie de soutien à la clientèle afin de venir en aide aux clients touchés par la situation. Permettez-moi de souligner qu'il ne s'agit pas d'une initiative nouvelle propre au cas d'ESB. Par le passé, nous avons mis cette stratégie en oeuvre afin d'aider les exploitations touchées par la sécheresse, les inondations au Manitoba et la tempête de verglas dans l'est du Canada. En bout de ligne, le message que je veux transmettre, c'est que c'est notre manière de travailler avec nos clients pendant les périodes difficiles.

    Jusqu'ici, le nombre de demandes que nous avons reçues dans le cadre de la stratégie de soutien à la clientèle est certainement supérieur au nombre que nous avions reçu il y a un an. Et nous constatons également un changement. L'an dernier, ce sont surtout les producteurs céréaliers qui ont présenté des demandes dans le cadre du programme de soutien à la clientèle. De toute évidence, cette année ce sont les producteurs de boeuf, ce qui n'a rien d'étonnant.

    Dans le cadre de notre stratégie de soutien du secteur du boeuf, nous avons demandé à nos directeurs de comptes de communiquer, de manière proactive, avec les clients qui risquent d'avoir de la difficulté à faire leurs paiements. Ces clients se verront offrir des solutions souples, telles qu'un nouveau calendrier de remboursement ou des paiements d'intérêt seulement. Plusieurs de nos districts au pays ont déjà fait parvenir une lettre aux producteurs, dans laquelle nous leur indiquons clairement que nous comprenons leurs difficultés et que nous tenons à travailler en collaboration avec eux. Selon les derniers chiffres que j'ai reçus, environ 4 500 lettres ont été envoyées. En plus de l'envoi de ces lettres, nos employés et nos directeurs de comptes sur le terrain rencontrent nos clients de façon quotidienne, visitent les exploitations agricoles ou téléphonent aux agriculteurs pour leur parler de la stratégie de soutien à la clientèle. Nous avons également assisté à de nombreuses réunions d'agriculteurs dans l'ensemble du pays, donc nous suivons la situation de très près.

    Pour résumer, je crois que notre principal objectif est d'aider nos clients à traverser cette période difficile tout en maintenant un bon dossier de crédit. Reste toutefois la question la plus difficile : quelle attitude devons-nous adopter face aux nouvelles demandes de prêts dans le secteur du boeuf? J'aimerais prendre quelques instants pour vous en parler.

    Nous avons réfléchi longuement à la question et nous avons récemment mis au point une stratégie relative aux bovins, pour aider le personnel en première ligne sur la façon de donner suite aux demandes de prêts provenant du secteur du boeuf. Le message que nous voulons transmettre est que nous croyons à la force sous-jacente du secteur à long terme et que nous continuerons de faire affaire avec les producteurs de boeuf. En bout de ligne, en tant qu'organisation qui sert exclusivement le secteur agricole, nous devons de toute évidence adopter une perspective à long terme.

    Nous continuons d'analyser toutes les demandes de prêts au cas par cas afin d'évaluer la viabilité financière à long terme de l'entreprise. La conjoncture, actuelle et projetée, et son impact sur la capacité de remboursement des clients font également partie de l'équation, comme toujours.

¹  +-(1550)  

    En tant qu'institution financière autonome, nous devons nous efforcer d'équilibrer notre appui à l'industrie et nos responsabilités liées à la diligence raisonnable et à la gestion de nos risques.

    Cela étant dit, nous avons approuvé quelque 68 millions de dollars en nouveaux prêts au secteur du boeuf entre le 20 mai et le 31 août 2003, ce qui est comparable aux prêts qui ont été consentis voilà un an. Nous surveillons le marché de près et nous reverrons notre stratégie au fur et à mesure. Je voulais que les membres du comité en soient informés.

    Nous espérons tous que la crise du boeuf prendra bientôt fin et que le secteur du boeuf canadien se redressera complètement. Mais ce n'est pas seulement ce secteur qui est touché, il y a d'autres victimes, à savoir les autres secteurs de l'économie rurale qui ont subi également des répercussions. Par exemple, les secteurs du porc et de la volaille ressentent les effets d'une consommation accrue de boeuf par les Canadiens. En raison de l'offre accrue de boeuf, les consommateurs se sont ralliés autour des producteurs, comme vous le savez pertinemment, en mangeant davantage de viande et en remplissant leurs congélateurs de viande achetée en solde. Par conséquent, la pression sur les secteurs de la volaille et du porc s'est accrue, et il me semble évident que l'impact de la crise ne se limite pas aux producteurs de viande : il se fait sentir chez les producteurs d'intrants, les camionneurs, les usines de transformation et les entreprises d'exportation qui se trouvent à l'autre bout de la chaîne de valeurs.

    L'impact sur l'économie agricole, d'un bout à l'autre, est si important, en raison de la crise de l'ESB, que les exploitations n'arriveront à se remettre sur pied qu'à long terme. Ça ne se produira pas du jour au lendemain.

    Monsieur le président, je dirais en terminant que Financement agricole Canada a l'intention de jouer un rôle actif pour soutenir le secteur du boeuf, en particulier, et l'industrie agricole et le secteur rural canadiens, dans son ensemble. Après tout, il s'agit de notre mandat, de nos responsabilités, que nous prenons très au sérieux.

    Merci de votre attention. J'attends maintenant vos questions et vos observations.

¹  +-(1555)  

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Ryan.

    Comme d'habitude, nous allons faire un tour de table. Gerry, vous allez commencer.

+-

    M. Gerry Ritz (Battlefords—Lloydminster, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.

    John, Janet, merci d'être venus. Je suis ravi de vous voir.

    Toutes les questions qui nous intéressent, vous ainsi que les députés, découlent de la production primaire en agriculture, surtout dans ma région. Il y a trois ans, ce sont les secteurs des céréales et des oléagineux qui se portaient particulièrement mal—vous en avez été témoins—et nous avons passé beaucoup de temps au téléphone avec les représentants de Financement agricole Canada. Aujourd'hui, c'est au tour du secteur du boeuf d'être touché.

    Lors de votre réévaluation des prêts existants et de l'analyse des nouveaux prêts, avez-vous noté des changements aux niveaux d'endettement des agriculteurs? Avez-vous comparé la situation d'il y a cinq ans à celle d'aujourd'hui pour ensuite essayer d'expliquer cette évolution? Le niveau d'endettement ainsi que la valeur nette des producteurs primaires ont-ils changé?

+-

    M. John Ryan: Je vais commencer, puis je céderai la parole à Janet, parce qu'à ma connaissance, il n'y a pas d'étude de ce genre qui a été menée. De façon générale, dans le domaine agricole, les niveaux d'endettement augmentent, c'est évident.

    Par contre, il est difficile de généraliser. Prenons l'exemple du secteur des céréales. S'il pleut suffisamment et au bon moment, la récolte pourrait être bonne, voire excellente, mais s'il ne pleut pas, l'année suivante, disons, alors la récolte sera beaucoup moins bonne.

    Il est vrai que les niveaux d'endettement ont grimpé, mais on a également constaté que, parallèlement, les avoirs nets se sont consolidés. Les exploitations agricoles deviennent, en général, plus importantes. Le nombre d'exploitations diminue, alors que leur taille moyenne augmente.

+-

    M. Gerry Ritz: Est-ce que vous suivez le coût des terres? Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de transactions foncières pour l'instant, mais suivez-vous le coût des terres? Leur valeur a-t-elle augmenté, a-t-elle diminué, ou s'est-elle maintenue? Nous avons constaté des baisses importantes du prix des terres.

+-

    M. John Ryan: Nous sommes probablement l'organisme qui suit le mieux le prix des terres au Canada. Je crois que cela remonte aux années 70. Grâce à notre Division agri-immeubles, tous les six mois nous procédons à un examen des prix des terres. Ils varient d'une province à l'autre, mais dans l'ensemble, nous constatons une augmentation des prix. J'ignore toutefois ce qui s'est passé au cours des six derniers mois...

+-

    M. Gerry Ritz: C'est au niveau national.

+-

    M. John Ryan: Même au niveau provincial. En Saskatchewan—je vous parle de mémoire maintenant, monsieur le député—nous avons constaté une stabilisation des prix sur une certaine période au cours des dernières années, puis une légère augmentation au cours de l'année passée. Je dis une légère augmentation; elle pourrait être inférieure à un point de pourcentage.

    Janet sera peut-être en mesure de vous fournir plus de précisions tirées d'études qui ont été faites.

+-

    Le président: Madame Wightman.

+-

    Mme Janet Wightman: Je vous remercie.

    Oui, nous suivons l'endettement de nos clients et leur valeur nette. Lorsque John a parlé du changement démographique et du changement de taille des exploitations agricoles, c'est là où nous devons être très prudents et nous assurer de suivre des circonstances similaires. Il ne fait aucun doute que plus nos clients prennent de l'expansion, plus leur endettement augmente.

    Lorsque nous suivons la situation des clients qui ont maintenu une taille relative et n'ont pas connu d'expansion, nous ne constatons pas de grands changements dans les niveaux de capitaux d'emprunt par rapport aux capitaux propres ou dans les niveaux de valeur nette. En ce qui concerne l'augmentation du prix des terres, de façon générale et dans certaines régions, certainement dans la nôtre, de façon très minime, il s'agit également de l'un des facteurs qui expliquent l'augmentation de la taille moyenne des prêts. Au fur et à mesure que la valeur des terres augmente et que la valeur des autres biens achetés augmente, nous constatons également une augmentation du montant moyen des emprunts.

    Il y a aussi un certain nombre de facteurs qui entraînent un accroissement de la dette, que ce soit les achats, les acquisitions, ou les expansions, mais nous suivons et surveillons effectivement les différences.

+-

    M. Gerry Ritz: Je vous remercie.

+-

    Le président: Monsieur Proctor.

+-

    M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Je vous remercie.

    Je suis ravi de vous voir tous les deux ici aujourd'hui.

    Monsieur Ryan, dans l'aperçu que vous nous avez donné, vous nous brossez le tableau de la situation un peu partout au pays. Cette année a été exceptionnelle, en ce sens qu'il y a eu trop d'humidité dans l'est du Canada, trop peu dans l'ouest du Canada, et beaucoup trop de chaleur dans l'Ouest canadien. Je vais aborder la question de l'industrie du boeuf dans un instant, mais je me demandais simplement si vous pourriez nous indiquer les régions du pays qui semblent éprouver le plus de difficulté pour l'instant.

+-

    M. John Ryan: Je suppose que nous allons répondre en tandem aujourd'hui, Janet.

    Nous commencerons dans notre propre province de la Saskatchewan, à titre d'exemple. L'année dernière, la partie nord a été frappée par la sécheresse. Cette année, il y a eu davantage de pluie et donc plus d'humidité, mais par contre dans le sud, nous n'avons pas reçu la pluie que nous recevions les autres années, ce qui a donc eu des conséquences. En parlant à certains producteurs qui pouvaient vivre à 50 milles l'un de l'autre, j'ai rencontré un groupe vendredi soir qui m'a dit avoir eu une année fantastique, ce qui n'a pas été le cas toutefois pour un autre groupe ou un autre producteur. Il est toujours difficile de brosser un tableau précis de la situation d'une région en particulier.

    En ce qui concerne la région sud de la Saskatchewan cette année, je constate qu'il y aura certaines difficultés. Ce qui n'est pas le cas pour l'Ontario—ou du moins je n'ai rien constaté de la sorte. Au Québec et dans la région de l'Atlantique, dans certaines régions et dans la vallée, nous avons eu certaines difficultés. La situation à l'Île-du-Prince-Édouard semble être satisfaisante; en fait, la récolte de pommes de terre a été exceptionnelle cette année. Si nous passons plus à l'ouest, en Alberta, une région de l'Alberta s'est assez bien débrouillée cette année, mais ce n'est pas le cas pour d'autres régions. Je demanderai à Janet de vous donner plus de précisions à ce sujet. Et vous savez combien il a fait chaud et sec en Colombie-Britannique où des incendies de forêt ont fait rage cette année.

    Janet, vous pourriez peut-être fournir plus de précisions sur le suivi de...

º  +-(1600)  

+-

    Mme Janet Wightman: Il ne faut pas oublier qu'en règle générale cette année de production fait suite à une période de sécheresse. Cette année, comme John l'a dit, les niveaux d'humidité ont varié un peu partout au pays. Bien entendu, la question critique, comme le savent d'ailleurs ceux d'entre vous qui travaillent dans l'industrie agricole, c'est le moment où les pluies tombent.

    En Colombie-Britannique, il y a une bande centrale nord-sud particulièrement frappée par la sécheresse. Cependant, grâce à la diversification de l'industrie de la Colombie-Britannique, le niveau d'activité en Colombie-Britannique demeure extrêmement élevé. En Alberta, de façon générale, le sud de l'Alberta a connu une période de plus grande sécheresse que la moyenne cette année encore. En Saskatchewan, de façon générale, c'est le sud de la Saskatchewan qui a connu une plus grande sécheresse, bien qu'il y ait cette bande centrale où la situation était assez bonne. Au Manitoba, c'est surtout la région est qui a été touchée. En Ontario, on constate un peu de tout. Dans une région de l'Ontario, il y a trop d'humidité et dans une autre région, il n'y en a pas suffisamment. La situation est très inégale. Il y a moins de problèmes de sécheresse au Québec et dans la région de l'Atlantique.

    En Alberta, ce n'est pas la première ni la deuxième année de sécheresse; dans certaines régions, c'est la troisième ou quatrième année de sécheresse. Cela a évidemment entraîné une hausse considérable du prix des aliments pour le bétail au début de l'année, et maintenant les éleveurs de bovins de boucherie sont aux prises avec l'ESB et sont obligés, dans certains cas, de nourrir leurs animaux plus longtemps. Tous ces facteurs ont tendance à avoir un effet cumulatif.

+-

    M. Dick Proctor: Je vous remercie.

    J'aimerais aborder maintenant la question de l'industrie du boeuf proprement dite. Vous avez exprimé un espoir que nous partageons tous, à savoir la réouverture rapide des frontières. Si cela ne se produit pas, quelles seront les répercussions sur les éleveurs-naisseurs et les éleveurs de bovins semi-finis? Auront-ils besoin d'une aide quelconque du gouvernement en plus de l'aide que peuvent leur fournir Financement agricole et d'autres établissements de prêt?

+-

    M. John Ryan: Il s'agira d'une hypothèse de ma part puisque, comme vous l'avez indiqué, monsieur Proctor, nous espérons une réouverture des frontières. Autrement, nous aurons affaire à une industrie très différente puisque nous n'aurons plus accès à ce marché. Il faut que le marché soit ouvert aux animaux vivants, sinon nous serons aux prises avec de réels problèmes.

    Je ne crois pas que la consommation intérieure sera suffisante pour absorber l'offre. Cela entraînera forcément une diminution des prix. Si nous avons des éleveurs qui se trouvent à devoir nourrir leurs bovins pendant l'hiver, cela comporte des coûts. L'écart va se creuser et non pas rétrécir.

+-

    M. Dick Proctor: Lorsque vos directeurs de comptes parlent aux éleveurs, ont-ils l'impression, par exemple, dans le cas des éleveurs-naisseurs, que la plupart d'entre eux n'ont pas profité, je dirais, du programme de relance suite à l'ESB? Cet argent a été dépensé, mais le programme a pris fin et aucun fonds supplémentaire n'est prévu. En sont-ils conscients? Quel est le climat qui règne dans l'industrie?

+-

    M. John Ryan: En prévision de cette question, Janet a effectivement demandé des commentaires de nos directeurs de comptes d'un bout à l'autre du pays. Donc, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, monsieur Proctor, je préférerais que Janet réponde à cette question.

+-

    M. Dick Proctor: Excellent.

+-

    Mme Janet Wightman: En fait, vous avez abordé en particulier le secteur des éleveurs-naisseurs. La grande majorité de ces éleveurs ont décidé de voir venir. Lorsque John a parlé du nombre de démarches que nous avons faites auprès de nos clients pour leur offrir de reporter le remboursement de leurs prêts, et lorsque l'on se rend compte que seulement 123 personnes ont profité de cette offre, on voit la différence, on constate que les gens s'accrochent. Ils s'efforcent de rembourser leurs dettes.

    Si la situation se poursuit, cela entraînera particulièrement dans le secteur des éleveurs-naisseurs une diminution évidente des recettes et un resserrement important des liquidités. Par conséquent, ils représentent alors un risque puisqu'on ne sait pas s'ils seront en mesure de rembourser leurs dettes, en majeure partie à cause des marchés et du secteur des animaux de réforme. Il y a aussi une augmentation correspondante des coûts de production. Leurs recettes et leurs liquidités diminuent et leurs coûts de production augmentent parce que leurs activités sont plus inefficaces. Ils doivent continuer à nourrir leurs animaux et c'est là où les producteurs connaîtront un véritable problème.

    Un aspect intéressant, c'est que lorsque nous parlons de 6 600 éleveurs dans le secteur du boeuf et de 900 millions de dollars, ces chiffres concernent nos clients dont c'est la principale source de revenu. Un grand nombre de ces clients ont aussi un secteur secondaire, qu'il s'agisse des céréales, de cultures commerciales, etc., et dans certains cas cela leur permet de traverser les périodes difficiles.

    Quelles seront les répercussions sur les membres de l'industrie? Nous devons examiner la situation selon notre perspective et selon l'impact sur notre portefeuille, et cela nous permet d'extrapoler dans une certaine mesure. Nous devrons attendre de voir ce qui se passera en novembre et décembre. Si nous attendons environ 55 millions de dollars en paiements exigibles au cours de la période de novembre et décembre, c'est là où nous commencerons vraiment à constater certaines répercussions, parce que même si nos arrérages ont augmenté au cours de l'année dernière, cette situation n'est absolument pas liée encore à la maladie de la vache folle, parce que la période vraiment critique sera celle de novembre-décembre, particulièrement pour les éleveurs-naisseurs.

º  +-(1605)  

+-

    M. Dick Proctor: Mon temps est-il écoulé?

+-

    Le président: Pour ce tour, mais il y aura un deuxième tour.

+-

    M. Dick Proctor: Très bien. Je vous remercie, monsieur le président.

+-

    Le président: Monsieur McCormick.

+-

    M. Larry McCormick: Je vous remercie, monsieur le président, et je tiens à remercier les témoins de s'être joints à nous.

    Je ne poserai pas mes questions dans un ordre particulier, mais je songe à une séance de ce comité qui remonte à quelques années. L'une des préoccupations légitimes du comité—et c'est peut-être un aspect qui préoccupait davantage un ou deux membres—, c'est que l'une des nouvelles attributions de Financement agricole concernait le crédit-bail. Nous vous avions bombardé de questions parce que nous avions des visions de vastes cours d'entreposage de machinerie agricole. Mais sérieusement, s'agit-il d'une activité importante de votre part, et quelle est l'efficacité de cette division? J'aimerais que vous nous donniez quelques renseignements à ce sujet.

+-

    M. John Ryan: Pour répondre à votre question, je crois qu'elle comportait deux aspects : l'un concernait la préoccupation que soulève une diversification dans le secteur des baux fonciers, et l'autre concernait la location d'équipement.

    En ce qui concerne les baux fonciers, tout d'abord, nous nous sommes clairement retirés de ce secteur. Nous avons pris une décision délibérée en 1999 de ne pas nous occuper de baux fonciers, et nous avons rendu les terres aux producteurs. Vous vous rappellerez qu'à une époque nous possédions 1,4 million d'acres en Saskatchewan. Aujourd'hui, nous en avons environ 2 600. Donc, essentiellement, ce secteur d'activité n'existe plus. Agri-immeubles n'existe même plus parce qu'il n'est plus nécessaire. Une préoccupation avait donc été exprimée à l'époque, et c'est une voie dans laquelle nous ne nous sommes certainement pas engagés.

    En ce qui concerne le crédit-bail, il s'est passé très peu de choses jusqu'à présent. Nous avons conclu un arrangement avec CULEASE, pour ce qui est du mouvement des coopératives de crédit, afin qu'ils s'occupent du crédit-bail proprement dit. Quant à nous, nous assurons pratiquement les formalités initiales. Le taux de participation n'a toutefois pas été très important.

    Pour ce qui est de votre préoccupation concernant l'accumulation de machinerie agricole d'un bout à l'autre du pays, cela ne s'est certainement pas produit, mais nous n'avons pas été très actifs dans ce secteur non plus. Il s'agit essentiellement d'offrir un choix au consommateur.

+-

    M. Larry McCormick: C'est une bonne chose d'offrir un choix. Je vous remercie.

    Les témoins nous ont entre autres parlé—et bien entendu, c'est ce que nous entendons de la part des producteurs frustrés un peu partout au pays—de la pénurie d'abattoirs, comme au Manitoba où il n'existe essentiellement aucun abattoir pour les bovins. Habituellement, ils vont simplement aux États-Unis et les inscrivent en Ontario ou en Saskatchewan et attendent leur tour.

    Certains estiment que ces établissements seront nécessaires à l'avenir, même après la réouverture des frontières. Vous avez consenti de nouveaux prêts au secteur du boeuf d'une valeur de 68 millions de dollars. Je suis sûr qu'aucune partie de ce montant n'a été destinée aux abattoirs, mais je me demande si vous en avez discuté avec des groupes. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.

º  +-(1610)  

+-

    M. John Ryan: Vous avez raison, monsieur McCormick. Ce financement n'était pas destiné aux abattoirs. Il était principalement destiné aux éleveurs-naisseurs. Mais je ne suis pas personnellement au courant—et j'ignore, Janet, si vous l'êtes—si nous avons eu des discussions concernant un engagement envers le financement ou la remise sur pied d'abattoirs.

+-

    Mme Janet Wightman: Certaines discussions ont débuté avec des groupes d'éleveurs et des groupes locaux. Il s'agit toutefois de discussions plutôt préliminaires. Aucun plan d'affaires concret n'a encore été présenté pour la principale raison que l'on ignore quelle sera la situation concernant la réouverture des frontières.

    En ce qui concerne les abattoirs, nous n'avons pas d'abattoirs à l'exception de très petits abattoirs. Nous en avons plusieurs très petits au Québec.

+-

    M. Larry McCormick: Je vous remercie.

    Je ne devrais peut-être pas poser cette question, mais en ce qui concerne les vaches qui n'ont aucune valeur aujourd'hui, j'ignore comment nous allons les mettre en marché. Nous aimerions les mettre en marché et nous aimerions utiliser la viande, mais avez-vous prévu les coûts que ces vaches représenteront pour votre organisation à l'avenir? Pour l'instant, rien n'indique que l'on pourra se débarrasser de ces vaches et même d'en récupérer une valeur quelconque.

+-

    M. John Ryan: Nous n'en sommes pas encore arrivés au stade d'examiner les répercussions pour notre organisation des vaches de réforme. Nous savons clairement qu'il existe un problème. Nous avons plutôt opté pour examiner la situation en fonction de chaque client, individuellement.

    Nous comprenons les incidences sur le revenu. Qu'il s'agisse de bovins, de produits laitiers ou simplement des vaches de réforme ou des génisses pleines, etc., l'impact sur le revenu pourrait être de 5 à 20 p. 100. Certaines personnes pourraient considérer que ce n'est pas beaucoup, mais au bout du compte, tout cela s'additionne. Il s'agit donc d'une situation très grave qui, nous l'espérons, se réglera, et elle aura des répercussions négatives ou est en train d'avoir des répercussions négatives aujourd'hui.

    Nous ne sommes pas allés jusqu'à en analyser les répercussions sur notre portefeuille. Après le délai de novembre-décembre, compte tenu des importants paiements qui seront exigibles, je crois que nous serons mieux en mesure de le faire.

+-

    M. Larry McCormick: C'est très bien.

    Comme vous le savez, le gouvernement a dépensé notre argent, c'est-à-dire l'argent du contribuable, la semaine dernière avec l'octroi du fonds de transition destiné directement aux éleveurs—600 millions de dollars. Ce financement n'est jamais suffisant, mais sera certainement utile. Le fait d'avoir accès directement à ce montant au cours du prochain mois environ aura une influence. Cela tient compte du revenu agricole total, donc j'espère que cela aidera ceux qui se spécialisent dans le boeuf.

    J'aimerais vous offrir la possibilité, même si je ne suis pas sûr que vous le vouliez, de parler du cadre stratégique agricole. Il y a là de l'argent. J'ai participé de très près à cette initiative. J'ai fait des entrevues dans trois provinces récemment et on a dit que c'était l'invention du siècle. Mais étant donné qu'il y a là de l'argent, peut-être que le gouvernement fédéral serait prêt à négocier. Ce cadre sera revu d'ici un an. Compte tenu du montant d'argent qu'il représente. Je crois que nous pourrions prélever de l'argent d'un élément de ce cadre afin d'en financer un autre. Le besoin existe maintenant.

    Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet? Je sais que votre organisation dessert ce vaste pays, et que certaines provinces y adhèrent et d'autres pas.

+-

    M. John Ryan: Six provinces ayant déjà adhéré, donc elles constatent certainement les avantages du cadre stratégique agricole. Les autres qui n'ont pas signé l'entente y ont des objections. On utilise la désignation de cadre stratégique agricole mais comme vous le savez très bien, il comporte cinq éléments, dont la salubrité des aliments qui en soit ne semble pas recevoir beaucoup d'attention, mais est un aspect très important pour l'avenir.

    Je considère qu'il s'agit d'un cadre stratégique que nous avons établi maintenant et qui traite de nos engagements au cours des cinq prochaines années, ce que nous n'avions pas auparavant. Nous ne devrions donc pas perdre cet aspect de vue, ainsi que les autres éléments.

    Il y a des provinces et des producteurs qui éprouvent d'énormes difficultés en ce qui concerne l'élément en question du cadre stratégique agricole, et qu'il faut à mon avis régler. Je n'ai pas de solution à proposer, mais il faut régler cette difficulté parce qu'il y a un financement prêt à être octroyé et il serait bon que les producteurs y aient accès.

+-

    M. Larry McCormick: Ce sont des observations tout à fait pertinentes.

    Je vous remercie, monsieur le président.

+-

    Le président: Monsieur Hilstrom.

+-

    M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake): Je vous remercie, monsieur le président.

    Pour enchaîner, vous avez raison lorsque vous dites que les groupes d'éleveurs commencent tout juste à discuter des abattoirs. La question que je veux poser à Financement agricole, c'est seriez-vous prêt à offrir votre participation lorsqu'un groupe d'agriculteurs vous présentera son plan d'affaires en vous indiquant qu'il a un marché pour la viande? Financement agricole est-il prêt à financer cette étape au-delà de celle de la production?

º  +-(1615)  

+-

    M. John Ryan: De toute évidence, la nouvelle loi adoptée en juin 2001 nous accorde tous les pouvoirs dont nous avons besoin, et à partir de là...

+-

    M. Howard Hilstrom: Êtes-vous toutefois disposé à le faire? Nous savons que vous en avez le pouvoir.

+-

    M. John Ryan: Absolument, si c'est rentable.

+-

    M. Howard Hilstrom: Parlons-en.

    Vous avez évoqué la possibilité d'un mandat de politique publique. Est-ce une notion interne? Ou souhaitez-vous interagir avec le gouvernement de l'heure à l'élaboration de ce mandat?

+-

    M. John Ryan: Je ne sais pas ce que vous entendez par interagir avec le gouvernement.

+-

    M. Howard Hilstrom: Disons les choses ainsi. Le gouvernement fédéral essaie actuellement de gérer la crise de l'ESB. Puisque Financement agricole est relié au gouvernement d'une certaine façon, votre mandat de politique publique, quand le gouvernement est confronté à un problème...

+-

    M. John Ryan: Il s'agit d'une société d'État, en effet.

+-

    M. Howard Hilstrom: C'est cela.

    Quels sont vos moyens de contact avec le gouvernement? Le ministre vous téléphone-t-il pour signaler l'existence du problème de l'ESB ou avez-vous formé un groupe de travail pour rencontrer les autorités, éventuellement de qui s'agit-il?

+-

    M. John Ryan: Dans le portefeuille du ministre Vanclief, il existe une division des groupes, et ce n'est pas uniquement Financement agricole, mais aussi la Commission canadienne du lait et la Commission canadienne du grain, par exemple. Nous rencontrons le ministre et le sous-ministre deux fois par année, en personne, et il y a par ailleurs des appels-conférences. C'est notre principale avenue au gouvernement même.

    Si j'ai parlé d'un mandat de politique publique, c'est précisément parce que nous sommes une société d'État, comme vous le savez. Ce mandat cependant affirme clairement qu'il faut que la société soit gérée de façon durable. Nous n'avons pas la possibilité ou le pouvoir de nous occuper des subventions, par exemple. Je ne dis pas qu'on nous demanderait directement une subvention, mais si c'était la solution retenue, notre loi ne nous permettrait pas de l'accorder. À la vérité, il serait difficile d'être un jour subventionnaire et le lendemain bailleur de fonds, de faire les deux choses à la fois.

+-

    M. Howard Hilstrom: Quelles discussions précises la société a-t-elle tenues avec le gouvernement? Et vous devez comprendre que je ne peux pas savoir exactement qui tiendrait ce genre de discussions. Vous devez m'aider. Quelles conversations précises se sont déroulées avec des représentants du gouvernement pour trouver une solution à l'ESB et quel rôle FAC pourrait-il jouer dans les limites que lui impose la loi? Mais y a-t-il eu effectivement des discussions?

+-

    M. John Ryan: Nous avons des discussions permanentes, parce que nous dirigeons des groupes au sein du portefeuille, sur l'ESB et ses conséquences. Manifestement, notre rôle est de donner le point de vue du producteur et les mesures que nous pouvons prendre. Tout à l'heure j'ai parlé du programme d'appui aux clients...

+-

    M. Howard Hilstrom: Le gouvernement vous a-t-il demandé de faire davantage que ce que vous faites déjà au sein de votre organisation?

+-

    M. John Ryan: Le gouvernement a demandé comment le Financement agricole pouvait intervenir. Nous avons répondu que nous voulons nous occuper de nos clients. Le programme d'appui à la clientèle est le moyen que nous avons choisi.

+-

    M. Howard Hilstrom: Le gouvernement du Canada doit s'occuper de tous les producteurs et on vous aurait dit que les agriculteurs qui ont des comptes avec vous vont pouvoir reporter le remboursement du principal, voire peut-être reporter le versement des intérêts. Mais que fait-on des agriculteurs qui ne sont pas vos clients, c'est-à-dire la vaste majorité? A-t-on discuté de ce que Financement agricole pouvait faire pour ces agriculteurs qui ne sont pas ses clients? Prenons par exemple un agriculteur qui a des difficultés avec la CIBC. Seriez-vous prêt à assumer son prêt et à le traiter de la même façon que les autres agriculteurs? A-t-il été question de cela au cours de vos discussions?

+-

    M. John Ryan: Nous n'avons pas besoin d'en parler, car c'est possible maintenant. Une des choses intéressantes que j'ai constatées... Je ne sais pas si le mérite nous revient à nous, mais je peux vous dire...

+-

    M. Howard Hilstrom: La question n'est pas de savoir si c'est possible ou non, mais de savoir en fait ce qui a été dit et fait. Le ministre ou ce groupe de travail vous ont-ils demandé de reprendre à votre compte ces prêts pour éviter qu'un agriculteur perde sa ferme et sa terre? Cela touche-t-il la politique publique qu'il fallait adopter?

+-

    M. John Ryan: Nous n'avons pas reçu de consignes précises du ministre nous demandant de faire ceci ou cela, mais il sait très bien que nous avons le pouvoir de le faire. Fréquemment, nous refinançons des prêts contractés auprès d'autres institutions financières.

    Mais je ne suis pas sûr que ce soit vraiment la réponse. Je pense que les autres institutions financières aussi doivent faire leur part. En fait, les autres institutions financières ont envoyé une lettre semblable à celle que nous avons envoyée il y a quelques années dans le cadre du programme d'appui à la clientèle.

º  +-(1620)  

+-

    M. Howard Hilstrom: Pour les parties de revenu...

+-

    Le président: Monsieur Hilstrom, votre temps est écoulé.

    Nous allons rencontrer les représentants des autres institutions financières. Aujourd'hui nous accueillons les représentants de Financement agricole. Je vais donner la parole à M. Proctor pour cinq minutes, et si nous en avons le temps, nous reviendrons à vous.

+-

    M. Dick Proctor: John, quand une institution prêteuse comme une banque ferme une succursale, comme l'a fait la CIBC, par exemple, cet été à Mossbank, les gens doivent se tourner vers une coopérative de crédit, et il y a en a une à Mossbank, mais les responsables de la coopérative me disent qu'un certain nombre d'entre eux refusent de traiter avec la coopérative. Ainsi, les gens qui ne peuvent plus compter sur la CIBC ne passent pas automatiquement à la coopérative.

    Quand de petites succursales ferment leurs portes, à Mossbank ou ailleurs, Financement agricole accueille-t-il des clients supplémentaires?

+-

    M. John Ryan: Je vous répondrais que c'est fort probable, mais je ne pense pas pouvoir m'appuyer sur des chiffres. Nous n'avons pas de mécanisme qui nous permette de retracer cela. Je vous dirais toutefois qu'il y a deux ans, nous prêtions 1,8 milliard de dollars par année en nouveau financement; l'année dernière, nous avons prêté 3,1 milliards de dollars. Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est une augmentation appréciable.

    Les fermetures peuvent être un facteur, mais seulement un des facteurs.

+-

    M. Dick Proctor: Je reviens à l'ESB. À cause du mandat élargi de Financement agricole, vous ne vous limitez plus aux éleveurs-naisseurs et aux engraisseurs. Qu'en est-il de l'industrie du camionnage, par exemple? Comment s'en tire-t-elle? La frontière est désormais ouverte aux coupes de viande, etc. L'industrie se remet-elle à flot? Je pense à Roberge Transport, par exemple, à Moose Jaw. Y a-t-il du nouveau? Avez-vous affaire à eux? Cette entreprise compte-t-elle parmi vos clients?

+-

    M. John Ryan: Je ne pourrais pas vous dire si une compagnie en particulier compte parmi nos clients. Notre portefeuille comporte très peu de compagnies de camionnage. Essentiellement, à quelqu'un du secteur du camionnage, nous devons demander si son activité est axée sur l'agriculture. Dans la négative, nous ne pouvons pas l'aider.

    Janet, je me demande si les directeurs de comptes vous ont signalé quelque chose sur le secteur du camionnage dans son ensemble.

+-

    Mme Janet Wightman: Assurément, les camionneurs dont l'activité est concentrée essentiellement sur les bovins ont beaucoup souffert. Nous découvrons que les choses reprennent actuellement, mais nous ne savons pas s'ils se rétabliront complètement à relativement court terme.

    Nous entendons des rumeurs de la part de camionneurs qui ne s'occupent pas strictement du secteur du boeuf et ils signalent que leur revenu a sans doute baissé d'environ 20 p. 100. Cela s'explique du fait que les camionneurs de l'industrie du boeuf ont dû chercher d'autres marchandises à transporter. Ainsi, ils ont accaparé une partie du transport qui appartenait aux autres compagnies de camionnage. Il y a donc eu un effet de cascade qui n'a pas été ressenti uniquement par les camionneurs qui transportent du bétail.

+-

    M. Dick Proctor: Laissons le sujet du boeuf un instant. Vos directeurs de comptes ont probablement entendu les céréaliculteurs se plaindre amèrement des avances en espèces. Je sais que cela relève de la Commission canadienne du blé, mais ils ont accepté une avance en espèces au printemps, ils ont mis leur récolte sur le marché, récolte parfois très bonne, et les prix ne sont pas particulièrement réjouissants pour l'instant. Voilà que la Commission canadienne du blé annonce qu'il n'y aura pas d'autres avances en espèces pour l'instant.

    Cela est donc douloureux pour la trésorerie, et il y aurait donc un effet de cascade dans le cas de ces gens-là également.

+-

    Mme Janet Wightman: Effectivement, la situation est difficile pour ces producteurs. Pour la majorité, leur exploitation est diversifiée de sorte qu'ils ont une petite marge de manoeuvre avec les autres cultures. À la vérité, pour ceux qui ne sont pas diversifiés et qui comptent uniquement sur la culture des céréales, nous n'avons pas constaté une augmentation des défauts de paiement. Au contraire, il y a eu une réduction de ce phénomène dans ce secteur, et même une réduction dans le secteur des céréales dans les provinces des Prairies.

    Les défauts de paiement ont diminué de façon constante au cours des dernières années. Ainsi, les producteurs gèrent mieux leur endettement, et c'est peut-être attribuable au fait que dans certains cas, leur production est diversifiée et ils peuvent mieux absorber les coups durs.

+-

    M. Dick Proctor: Janet, à part les céréales, les oléagineux et le bétail, comment peuvent-ils diversifier?

º  +-(1625)  

+-

    Mme Janet Wightman: La diversification se répartit essentiellement ainsi si bien que...

+-

    M. Dick Proctor: Mais aucun de ces secteurs n'est prospère. Comment peut-on dire qu'ils s'en tirent en raison de la diversification?

+-

    Mme Janet Wightman: Si les choses vont mal dans tous les secteurs et s'ils cultivent un produit qui ne relève pas de la commission, c'est alors qu'on en voit une différence. Toutefois, quand tous les produits sont en difficulté, il faut en conclure que c'est la capacité de gestion du producteur qui lui permet de s'en tirer. L'analyse des défauts de paiement nous permet de tirer cette conclusion.

+-

    M. Dick Proctor: Merci.

+-

    Le président: La parole est à M. Maloney.

+-

    M. John Maloney (Erie—Lincoln, Lib.): Vous avez dit être présent auprès de vos clients en période prospère comme difficile. À quel moment les choses deviennent tellement difficiles qu'il vous faut réaliser les garanties et exiger le remboursement des prêts? Quels sont vos critères?

+-

    M. John Ryan: Quand quelqu'un éprouve des difficultés, essentiellement—et manifestement il faut porter un jugement—nous nous demandons si c'est à court terme, à long terme, et s'il y a d'autres solutions envisageables? Nous passons beaucoup de temps à analyser les autres solutions et nous ne déclarons pas automatiquement la nécessité de procéder à une action en forclusion.

    Dans la plupart des cas, nous travaillons avec le client pendant des mois, parfois pendant des années, avant de conclure que rien ne va plus et qu'il faut procéder à la forclusion. La vérité, nous n'avons pas beaucoup de forclusion en cours actuellement, ce dont nous devons nous réjouir, mais il y a des moments où cela se produit.

    Dans d'autres cas, au bout du compte, le client peut avoir baissé les bras et nous avons perdu contact avec lui. Nous ne pouvons plus travailler avec lui pour trouver une solution.

    Nous n'avons pas de critères précis dictant qu'après trois mois ou six mois il faut prendre telle ou telle mesure. Cela se fait au cas par cas.

+-

    M. John Maloney: Vous avez dit que d'ici un mois ou deux, une somme de 55 millions de dollars en paiements arriverait à échéance—serait exigible.

+-

    M. John Ryan: Nous espérons qu'il n'y aura pas de défaut de paiement.

+-

    M. John Maloney: Avez-vous évalué quel pourcentage serait des créances irrécouvrables ou des prêts en défaut de paiement? En avez-vous une idée?

+-

    M. John Ryan: Il est trop tôt pour se prononcer. Ces 55 millions de dollars visent les paiements de novembre et décembre. Ces dernières années, quand le secteur des céréales était en grande difficulté, nous n'avons cessé de dire qu'il fallait attendre l'échéance de mai ou de décembre, et dans bien des cas, nous pensions que cela allait être bien pire que cela a été. Au bout du compte, ça n'a pas été le cas de sorte que nous avons cessé de spéculer et l'objectif de la société est de consulter ses clients le plus tôt possible pour avoir une idée de la situation.

    Je reviens à ce que disait Janet tout à l'heure. Nous avons envoyé plus de 4 500 lettres aux producteurs de boeuf et jusqu'à présent, 123 ont répondu à notre offre. Il y en aura probablement beaucoup plus avec l'approche de novembre-décembre, mais nous n'avons pas fait de calculs.

+-

    M. John Maloney: Vous avez dit une chose intéressante. Le prix du boeuf étant bas, certains consommateurs remplissent leurs congélateurs et cela a des répercussions pour les producteurs de volaille et de porc. Y a-t-il des producteurs de volaille et de porc qui sont en difficulté financière actuellement, à cause de cette crise du boeuf?

+-

    M. John Ryan: Je ne dirais pas que c'est nécessairement uniquement à cause du prix du boeuf, lequel est certainement un facteur du point de vue des consommateurs.

    Quand on consulte les gens du secteur du porc, ils vous disent qu'ils s'attendaient à connaître une énorme prospérité. Cela ne s'est pas produit. Il y a beaucoup de porc sur le marché et les prix sont bas.

    Il n'y a pas beaucoup de paiements en souffrance dans les secteurs de la volaille et du porc, pour l'instant. Si vous m'accordez quelques minutes, je pourrais consulter mes documents et vous donner des détails, mais nous n'avons pas constaté de flambée de ce côté-là ces derniers mois.

+-

    M. John Maloney: Et les paiements en souffrance dans le secteur du boeuf représentent environ 6,7 p. 100 de l'ensemble, n'est-ce pas?

+-

    M. John Ryan: C'est 0,67 p. 100. C'est grosso modo 6,1 millions de dollars en souffrance, pour l'instant, alors que l'an dernier, c'était 3,9 millions de dollars.

+-

    M. John Maloney: Et cela ne concerne que les producteurs, n'est-ce pas? Comptez-vous parmi eux les marchands d'instruments aratoires, les fournisseurs de provende, etc.? Est-ce un chiffre cumulatif?

+-

    M. John Ryan: Il s'agit surtout des éleveurs de bovins de boucherie; 70 p. 100 de notre portefeuille total se compose d'éleveurs-naisseurs, donc par déduction logique, vous constaterez que le gros d'entre eux sont des éleveurs-naisseurs.

+-

    M. John Maloney: Avez-vous une idée de la totalité des arrérages dans l'ensemble de l'industrie et non uniquement dans le secteur des éleveurs-naisseurs ou des éleveurs de bovins de boucherie en général?

+-

    M. John Ryan: Le chiffre de 6,1 millions de dollars que je vous ai donné englobe tout le secteur du boeuf, comparativement à simplement le secteur des éleveurs-naisseurs, mais le gros des arrérages provient du secteur des éleveurs-naisseurs.

+-

    M. John Maloney: Je tiens à vous féliciter de votre programme de soutien et de l'initiative dont vous faites preuve en allant rencontrer les agriculteurs. Le simple fait de vous parler leur permet probablement d'être un peu plus à l'aise, au lieu qu'ils se fassent du souci. Est-il possible de leur offrir un service de counselling sur le plan psychologique? C'est une situation qui doit être extrêmement éprouvante pour eux. Avez-vous un service qui permet de leur offrir ce type d'aide également?

º  +-(1630)  

+-

    M. John Ryan: Nous n'avons pas de service distinct de counselling pour les aider à faire face au stress, etc., mais nous avons un groupe de directeurs de comptes en première ligne qui comprennent très bien en quoi consiste l'agriculture et à quel point cela peut être éprouvant. Ils font preuve de beaucoup d'empathie lorsqu'ils traitent individuellement avec les clients.

+-

    Le président: Je vous remercie.

    Monsieur Ritz.

+-

    M. Gerry Ritz: Je vous remercie, monsieur le président.

    La Canadian Cattlemen's Association indique que même si l'on ouvre les frontières sous peu aux animaux vivants de moins de trente mois, il faudra au moins deux ans pour que la situation se rétablisse. Êtes-vous prêts à offrir une aide à long terme?

+-

    M. John Ryan: J'ignore si cette période de deux ans est exacte, mais nous sommes prêts à offrir notre soutien à long terme.

+-

    M. Gerry Ritz: Très bien, donc les paiements peuvent être échelonnés encore plus qu'ils ne le sont à l'heure actuelle au besoin, et c'est une décision qui se prend au cas par cas, éleveur par éleveur.

+-

    M. John Ryan: Tout à fait. Comme je l'ai dit plutôt, l'agriculture est le seul secteur dont nous nous occupons, et nous avons l'intention d'y rester. En 1999, l'industrie du porc a vu ses prix dégringoler. La meilleure chose que nous ayons faite, c'est de ne pas avoir abandonné, selon le point de vue des éleveurs. Cela s'est avéré efficace pour nous par le passé, et cela le sera encore à nouveau.

+-

    M. Gerry Ritz: Vous dites également, John, que vous rencontrez le ministre quelques fois par année—que vous avez des appels conférences de façon régulière. Au cours de ces derniers appels conférences ou de ces réunions en personne, avez-vous discuté des raisons pour lesquelles le fonds de transition de 600 millions de dollars n'a pas été versé à la mi-juillet, tel que cela était prévu?

+-

    M. John Ryan: Je ne suis pas sûr de la façon de répondre à votre question, pour ce qui est du dialogue...

+-

    M. Gerry Ritz: Ce montant devait être versé à la mi-juillet. On en a fait l'annonce, etc., mais cela ne s'est pas fait. Le ministre a dit qu'il s'agissait d'un fonds de transition. Il y avait assurément une transition en cours, et compte tenu de la crise de l'ESB, cela aurait été le moment tout indiqué pour verser ce montant. On s'en est toutefois servi plus ou moins comme un marteau pour obliger certaines provinces à adhérer au cadre stratégique agricole. Je me demande si on a discuté des raisons pour lesquelles on a décidé d'abandonner la date de la mi-juillet.

+-

    M. John Ryan: Je lis ce que vous lisez dans les journaux à propos de la position adoptée par certaines personnes, comparativement à... Nous n'avons pas de rôle à jouer dans le versement de ce fonds, donc ce n'est pas un aspect sur lequel nous allons passer du temps.

+-

    M. Gerry Ritz: Cela influerait de façon importante et positive sur votre portefeuille, du moins nous l'espérons.

    Je vous remercie.

+-

    Le président: Monsieur Proctor, vous avez à nouveau la parole.

+-

    M. Dick Proctor: Merci beaucoup, monsieur le président.

    Au sujet de ces données sur les arrérages dans le secteur, pouvez-vous nous dire, de manière générale, s'il y a un type d'exploitant pour qui la situation est plus difficile que pour d'autres? Vous avez dit que 70 p. 100 environ des naisseurs font partie du programme du boeuf. Mais pour ce qui est des arrérages, pouvez-vous faire des généralisations? Pouvez-vous nous dire si ce sont les naisseurs plus petits qui ont plus de difficulté à ce moment-ci? Pouvez-vous faire de ces affirmations générales, ou le problème se fait-il sentir partout?

+-

    Mme Janet Wightman: Il se fait vraiment sentir partout. Nous n'avons pas beaucoup de gros engraisseurs dans notre portefeuille.

+-

    M. Dick Proctor: Qu'entendez-vous par «gros»?

+-

    Mme Janet Wightman: J'entends les exploitants de très gros parcs d'engraissement qui comptent plus de 10 000 têtes. Il y en a deux qui me viennent à l'esprit. À part ceux-là, nous avons généralement de petits exploitants qui ont peut-être 5 000 têtes ou...

+-

    M. Dick Proctor: Vous voulez dire 500 ou 5 000?

+-

    Mme Janet Wightman: Ça, c'est pour les parcs d'engraissement. Puis, il y a les exploitations beaucoup plus petites, de même que les exploitations de naissage-élevage. Mais en fait le problème se fait sentir dans tous ces secteurs du portefeuille du boeuf. Les arrérages chez ces clients ont augmenté.

    Je le répète, il n'y a pas eu de forclusions en raison de l'ESB. Dans certains cas, les arrérages sont plus importants et, dans d'autres, les paiements ont été reportés, mais nous savons que, dans notre secteur d'activité, les reports et les rajustements sont un bon signe, car l'expérience nous montre que les clients à qui nous avons permis de reporter leurs paiements se retrouvent ensuite en bonne posture financière quelques années plus tard.

    Le problème n'est pas vraiment plus aigu chez les naisseurs, les producteurs de bovins semi-finis ou les producteurs de bovins finis.

+-

    M. Dick Proctor: Dans un autre ordre d'idées, M. Ritz a posé une question tout à l'heure au sujet du prix des terres agricoles. Ceux d'entre vous qui sont de la Saskatchewan sauront que la Saskatchewan a modifié ses règles sur la propriété étrangère l'an dernier. Que s'est-il produit à la suite de ce changement? Y a-t-il eu une incidence appréciable sur le prix des terres agricoles... ou une incidence modeste?

+-

    M. John Ryan: Janet a peut-être des chiffres à vous donner, mais je peux vous dire pour ma part que je constate une augmentation considérable du nombre de ceux qui veulent venir s'établir en Saskatchewan. Dans certains cas, ils ont vendu leur exploitation en Alberta ou en Colombie-Britannique et, dans d'autres, ils ont décidé d'étendre leurs activités à la Saskatchewan. Il y a aussi plus d'immigrants qui veulent acheter des terres en Saskatchewan, parce que les prix y sont très bas, toutes proportions gardées.

    Je ne sais pas ce qu'il en est, Janet, des derniers chiffres concernant la valeur des terres agricoles.

º  +-(1635)  

+-

    Mme Janet Wightman: Il y a eu une légère augmentation, mais étant donné que le changement est très récent et étant donné la crise de la vache folle, beaucoup de nos clients qui avaient prévu déménager et acheter des terres en Saskatchewan nous ont dit qu'ils avaient mis leur projet en veilleuse pour l'instant.

+-

    Le président: Merci.

    Madame Ur.

+-

    Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.): Merci pour votre exposé.

    C'est toujours agréable de vous revoir, monsieur Ryan, et c'est agréable de vous voir aussi, Janet.

    Comme vous l'avez dit et comme nous le savons très bien, il y a un important arriéré de vaches de réforme et le problème est aggravé par le manque d'abattoirs, surtout dans cette région du pays. Dans quelle mesure FAC serait-il prêt à collaborer avec un groupe d'agriculteurs qui souhaiteraient mettre sur pied un abattoir? Pareil projet s'inscrirait-il dans vos critères de financement?

+-

    M. John Ryan: Absolument. Il nous arrive souvent d'avoir des discussions avec les producteurs des différentes régions du pays sur des projets semblables. Ce qu'il faut au bout du compte, c'est un chef, quelqu'un qui prenne l'initiative et qui dise : «Je vais réunir un groupe de personnes, nous allons dresser un plan d'entreprise et nous avons besoin de votre appui»—en l'occurrence, l'appui de Financement agricole Canada.

    Nous finançons assez souvent des projets de ce genre, et si ce qui manque maintenant, ce sont des abattoirs, nous serions très heureux de discuter de cela avec les intéressés. Il faudrait toutefois que quelqu'un prenne la tête du projet et qu'il y ait un plan d'entreprise.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Tout à fait. C'est une évidence à laquelle nous avons été confrontés en raison des circonstances tragiques entourant le cas de cette seule et unique bête. Je suis assez optimiste; il me semble que la frontière devrait s'ouvrir dans un avenir rapproché, mais je pense qu'il faudrait continuer nos efforts en ce sens, pour ce qui est de construire des abattoirs, afin que nous n'ayons pas tous nos oeufs dans le même panier, afin que les agriculteurs ne se retrouvent plus dans une situation semblable. Dieu nous en préserve. Il est intéressant d'entendre votre point de vue là-dessus.

    Je m'intéresse aussi à une autre question—dont nous avons déjà parlé lors d'autres rencontres que nous avons eues avec vous. Il s'agit de la relation de travail entre FAC et les institutions bancaires locales. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est des rapports que vous entretenez avec les banques locales?

+-

    M. John Ryan: Bien souvent, cela dépend de chaque banque, et parfois aussi de chaque succursale. Je n'ai aucune hésitation à vous dire que, dans certains cas, il nous est arrivé de participer à un financement conjoint avec d'autres institutions financières. Ainsi, bien souvent, elles vont consentir le crédit à l'exploitation alors que nous allons consentir le prêt à terme. Lorsqu'il s'agit d'une demande importante, il n'est pas rare que nous nous occupions d'une partie des besoins alors que l'autre institution financière s'occupe de l'autre partie.

    Tout dépend cependant de la relation de travail qui existe au niveau du directeur de comptes. Nous avons beau, à un niveau plus élevé de la hiérarchie, vanter les mérites d'une collaboration étroite, mais si le responsable au niveau local n'en voit pas l'importance et n'en conçoit pas les avantages sur le plan global, il n'y a tout simplement pas le même degré de collaboration. Ce que je dis au sujet des banques à charte vaut aussi pour les caisses de crédit. Dans certains cas, la relation de travail est vraiment excellente, et nous travaillons presque quotidiennement avec les caisses, mais dans d'autres cas, quoi que nous fassions, nous n'arrivons pas à avoir le même dialogue.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Cela pourrait-il s'expliquer par le fait que ceux qui ont à traiter avec le secteur agricole n'ont pas la même connaissance des questions ou des affaires rurales? Votre témoignage à tous les deux ici aujourd'hui est fort impressionnant, comme toujours, et vous parlez en connaissance de cause du secteur. Mais certains de mes électeurs me disent que, quand ils se présentent devant leur banquier, ils se heurtent parfois à un manque de connaissance du secteur, qui leur cause beaucoup de difficultés.

    Êtes-vous considéré comme le prêteur de premier ou de deuxième recours, ou cette perception n'existe-t-elle pas vraiment?

+-

    M. John Ryan: Ce que nous cherchons à faire, c'est de nous assurer que tout le monde soit bien au courant de ce qu'est Financement agricole Canada aujourd'hui—plutôt que ce que c'était il y a cinq ou dix ans—, de faire la promotion des services que nous offrons et d'être très actifs sur le marché afin de bien montrer que nous sommes là pour le long terme et que notre but premier est le financement agricole.

    Cette façon de faire a certainement fait la différence pour nous. Il n'y a qu'à voir le niveau de croissance de notre société dans son ensemble. Nous veillons notamment à ce que, dans tous nos bureaux régionaux, nos représentants au niveau du directeur des comptes soient des personnes qui connaissent très bien le secteur. En tant que société, nous nous employons notamment à faire en sorte qu'ils conservent cette excellente connaissance du secteur, que leurs connaissances soient vraiment à jour et qu'ils aient toutes les autres compétences voulues.

    Janet.

+-

    Mme Janet Wightman: Nous avons beaucoup de partenariat d'affaires avec des banques dans toutes les régions du pays—des banques et des caisses de crédit—, et plus particulièrement en Ontario. Je tiens à faire remarquer que, bien souvent, dans les régions agricoles, les employés des banques qui travaillent en première ligne ont une excellente connaissance du secteur agricole. Le problème, d'après eux—et nous le savons, parce que certains d'entre eux viennent travailler pour nous—, c'est que, parce que notre activité vise uniquement l'agriculture, c'est un domaine que nous connaissons très bien, alors que, quand une demande de financement est envoyée au siège social pour approbation, l'agriculture n'est parfois qu'une petite partie des nombreuses activités de la banque, si bien que les employés locaux ont plus de mal à faire accepter les demandes de financement par le siège social.

    Je tenais tout simplement à apporter cette précision. Le personnel de première ligne des banques qui travaille dans les régions agricoles a parfois une excellente connaissance du secteur agricole. Le problème vient plutôt du fait que le portefeuille des banques comprend tellement d'autres domaines d'activité que l'agriculture, alors que pour nous, l'agriculture est littéralement notre seule activité.

º  +-(1640)  

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Merci, monsieur le président.

+-

    Le président: Très bien, nous allons maintenant entendre M. Hilstrom.

+-

    M. Howard Hilstrom: Financement agricole Canada a-t-il fait une analyse financière pour comparer le CSRN au PCSRA, le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole?

+-

    M. John Ryan: Non, nous n'avons pas fait cette analyse.

+-

    M. Howard Hilstrom: Je trouve cela assez curieux, John, puisque les programmes de soutien au revenu agricole sont censés représenter une part importante du revenu des agriculteurs et des outils de gestion du risque dont ils disposent. J'ai du mal à croire que vos représentants... Janet aurait peut-être quelque chose à dire à ce sujet.

+-

    Mme Janet Wightman: Oui, certainement. Il est très rare toutefois que mes observations ne rejoignent pas celles de John.

    Nous n'avons pas fait de comparaison entre les deux programmes sur le plan financier. Nous suivons toutefois de très près—et je crois que c'est là où vous voulez en venir—l'application du nouveau programme, les conséquences qu'il pourra avoir et la façon dont les nouveaux programmes d'assurance s'intègrent dans la stratégie globale. Nous suivons cela, parce qu'il s'agit bien sûr d'un outil de gestion du risque pour les usagers.

    Nous n'avons pas fait cette analyse.

+-

    M. Howard Hilstrom: Combien de clients avez-vous, 6 600 environ?

+-

    Mme Janet Wightman: Dans le secteur du boeuf uniquement.

+-

    M. Howard Hilstrom: Combien d'argent ces 6 600 clients vont-ils recevoir en moyenne du nouveau PCSRA? Avez-vous estimé le montant?

+-

    Mme Janet Wightman: Non.

+-

    M. Howard Hilstrom: Le gouvernement dit qu'il y aura beaucoup d'aide une fois que les provinces auront signé. Les producteurs que je connais ne s'attendent pas à des sommes importantes. Ils s'attendent à ce que cette aide soit très modeste, mais nous verrons bien.

    Parlons de l'élevage de bisons. C'est un secteur qui a connu des moments difficiles. D'après Financement agricole Canada, quel est l'état actuel de ce secteur et quelles sont ses chances de réussite et de croissance au cours des prochaines années? Peut-on s'attendre à ce que le secteur se remette sur ses pieds et continue à aller de l'avant, ou est-il déjà remis sur ses pieds? Quel est le pronostic pour le secteur du bison?

+-

    Mme Janet Wightman: Par rapport à l'ensemble de notre portefeuille, les éleveurs de bisons ne représentent qu'un très petit pourcentage de nos clients. Certains de ceux qui sont nos clients sont solides, mais le secteur comme tel, peut-être parce qu'il est si petit et si nouveau, aura beaucoup de mal à surmonter certaines des difficultés auxquelles il se heurte à cause de l'ESB.

    Le secteur sera-t-il viable? Tout dépend si cela revient à demander si le secteur constituera une part importante de notre industrie agricole, beaucoup plus qu'à l'heure actuelle, auquel cas je ne connais pas la réponse. Il y a d'abord des problèmes au niveau de la demande des consommateurs—manifestement, il faudrait prévoir une véritable campagne de marketing pour aller chercher les consommateurs—et il y a également tous les problèmes de commercialisation qui découlent de l'ESB.

+-

    M. Howard Hilstrom: En votre qualité de gestionnaires de haut niveau, méfiez-vous des prix dont vous entendez parler pour le bétail. Ce prix de 1,10 $ à 1,20 $ pour un veau de 550 livres, les producteurs ne pourront l'obtenir que pour les veaux de qualité vraiment supérieure, qui représentent de 20 à 25 p. 100 du cheptel d'après moi. Puis, il y a un prix moyen, et un prix plancher que rapporteront de 20 à 25 p. 100 des bêtes. La plupart des producteurs vont obtenir un prix moyen, qui sera sans doute de 1 $ ou moins.

    Soyons clairs. Quand vous dites que la période la plus difficile viendra en novembre et en décembre, vous ne tenez compte que des prêts à rembourser à Financement agricole Canada. Nous savons qu'il y aura les taxes municipales et scolaires à payer en octobre, ou en septembre dans certains cas. Il y aura aussi les factures de chauffage. Beaucoup de fournisseurs ont déjà envoyé des avis aux agriculteurs leur signifiant qu'ils seront privés de service dès le premier mois où ils n'auront pas acquitté leur facture, qu'ils n'auront droit à aucun crédit.

    Voilà donc à quoi il faut s'attendre quand vous parlez des difficultés qui s'en viennent en novembre et en décembre, car les difficultés, la plupart des agriculteurs les vivent déjà.

º  +-(1645)  

+-

    M. John Ryan: Quand j'ai parlé de cette échéance de novembre et décembre, je ne pensais évidemment qu'à Financement agricole Canada, et ce, pour la majorité de nos clients. Et je ne sais même pas à ce moment-ci s'il est juste de dire que les agriculteurs auront du mal à tenir le coup, car j'ai constaté que nos producteurs ont beaucoup de ressources, non pas seulement dans le cas de l'ESB, mais quand je pense aux difficultés des dernières années et au fait qu'ils continuent néanmoins à faire leurs paiements.

+-

    M. Howard Hilstrom: Si nous arrivons à faire nos paiements, c'est parce que nous avons vraiment réduit nos dépenses et nos coûts au minimum, alors qu'en temps normal nous aurions investi au cours de l'été dans les équipements et les infrastructures, comme les enclos et le reste. C'est ce qui explique qu'il y ait encore un peu d'argent pour faire les paiements, car les gars avaient déjà prévu le coup en mai et s'étaient dit qu'ils n'allaient faire aucune dépense. Ils ont simplement retardé... Ils essaient de payer leurs factures.

    Je n'ai plus de questions.

+-

    Le président: Monsieur Duplain.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.): Merci, monsieur le président.

    J'ai manqué un petit bout de la discussion parce qu'il fallait que je lise quelque chose. J'espère donc que je ne poserai pas des questions qui ont déjà été posées.

    On regarde les données sur l'arrérage. Or, l'arrérage ne veut pas nécessairement dire que l'agriculteur est en situation précaire. Il est en difficulté, sûrement, mais il n'est pas nécessairement dans une situation précaire. Est-ce qu'on s'entend là-dessus?

[Traduction]

+-

    M. John Ryan: Je n'arrive pas à entendre l'interprétation.

+-

    Mme Janet Wightman: La question visait à savoir si les agriculteurs sont dans une situation précaire ou plutôt dans une situation très difficile, et M. Hilstrom a bien décrit les difficultés. Tout ce que nous savons, c'est ce que nous voyons dans le cadre de notre activité et ce que nous entendons de la part de nos clients, et ce qu'on nous dit, c'est que la situation est très difficile mais qu'on est assez optimiste pour penser qu'on va réussir à tenir le coup.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain: J'ai lu des données pour certains secteurs, et le dernier précis que j'ai lu portait sur l'industrie laitière. On y lisait que dans une certaine région, 10 p. 100 des producteurs étaient vraiment en difficulté.

    Est-ce que cela se répercute à travers le Canada, ou est-ce une situation particulière à certaines régions? Est-ce que c'est particulier à une région, par rapport aux produits laitiers, ou est-ce quelque chose que vous avez vu récemment?

[Traduction]

+-

    Mme Janet Wightman: Le secteur laitier se porte très bien si l'on en juge par les arrérages. Les arrérages dans le secteur laitier sont très bas—0,06 p. 100 de notre portefeuille.

    Les difficultés touchent certaines exploitations en particulier. La taille des exploitations laitières y est pour beaucoup. Les pressions sur les coûts de production sont énormes. Il n'y a pas de réponse simple, car le secteur laitier semble très stable d'après notre portefeuille de prêts. Cela dit, nous savons que les revenus ont baissé et que les coûts de production ont augmenté. D'où la réduction de la marge financière. Mais je le répète, d'après nos données, les producteurs laitiers continuent à faire leurs paiements.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain: J'ai eu vent que certaines entreprises agricoles et agroalimentaires voudraient progresser, mais qu'elles ne le font pas, non pas par manque d'argent mais à cause du problème de main-d'oeuvre que l'on vit, spécifiquement dans le domaine de la découpe dans les abattoirs. Il y aurait un manque de main d'oeuvre permettant d'être compétitif.

    Est-ce que vous avez eu vent de cette situation-là? Des gens ou des compagnies ayant des problèmes de main-d'oeuvre sont-ils venus vous voir pour discuter de l'investissement qu'ils pourraient faire?

[Traduction]

+-

    Mme Janet Wightman: D'après ce qu'on nous dit, c'est sans doute là le plus gros problème auquel se heurtent les grandes exploitations dans le secteur de la production primaire et de la transformation, à savoir le manque de main-d'oeuvre et la difficulté de recruter des employés. Nous entendons beaucoup parler de ce problème du côté tant des gros élevages qui pratiquent une production intensive que du secteur de la transformation. Pour les grandes entreprises, c'est généralement la grande difficulté à laquelle se heurtent les exploitants, que ce soit dans le secteur de la production ou dans le secteur de l'agroalimentaire.

º  -(1650)  

+-

    Le président: Avez-vous terminé, monsieur Duplain?

    Avez-vous autre chose, monsieur Maloney, madame Ur?

    Étant donné qu'on nous donne toujours à entendre que le secteur laitier est le secteur agricole qui fait le plus appel aux leviers financiers pour acheter les bêtes, je me demande si cela se reflète dans le portefeuille des prêts que vous consentez aux divers secteurs. Le secteur laitier est-il celui qui est le plus lourdement financé d'après vos données? Est-ce une réalité de votre portefeuille, ou est-ce quelque chose qu'on voit uniquement dans le portefeuille des banques?

+-

    Mme Janet Wightman: C'est effectivement un des secteurs les plus lourdement financés, et la stabilité du secteur est telle que c'est là une façon viable de gérer une exploitation laitière. C'est un des secteurs où les leviers financiers sont les plus importants.

+-

    Le président: On pourrait aussi vous demander sans trop d'hésitation—puisque les gens se posent la question—quelle est votre position en ce qui concerne le financement des contingents.

+-

    M. John Ryan: Nous avons pris très consciemment la décision de financer les contingents. Le défi que nous devons relever—et que doivent relever les producteurs—est d'éviter de surfinancer ou d'étendre le financement sur une période trop longue, si bien que nous nous sommes fixés comme règle de financer les contingents sur une période maximale de dix ans. Nous pensons que les contingents doivent être admissibles au financement, parce que les prix, comme vous le savez bien, ne cessent d'augmenter. Il s'agit d'une composante importante du coût de l'entreprise. Nous avons fixé des limites afin de nous assurer un certain niveau de confiance du point de vue de la gestion du risque, et la limite est de dix ans pour le financement des contingents.

+-

    Le président: Avez-vous suivi le journal télévisé de fin de soirée pour connaître l'aboutissement de la conférence de Cancun? Étiez-vous aussi inquiet que les producteurs laitiers?

+-

    M. John Ryan: La question de savoir si nous allions obtenir ce que nous voulions à certainement beaucoup alimenté les discussions. Mais nous pensons que ce sera bon pour le Canada, que c'est ce qu'il nous faut. Nous espérons pouvoir protéger notre système de gestion de l'offre.

+-

    Le président: Au nom des membres du comité, je tiens à vous remercier encore une fois.

    Monsieur Duplain.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain: J'ai seulement une question. Vous financez sur une période de 10 ans. Est-ce que je peux donc dire que vous concluez qu'une ferme laitière normale devrait être assez rentable pour payer ses quotas sur une échelle de 10 ans? Est-ce que peux faire cette interprétation-là?

[Traduction]

+-

    M. John Ryan: Quand j'ai parlé du financement sur dix ans, je ne parlais que des contingents. Nous pourrions financer les biens immeubles, les terres et les bâtiments, sur une période plus longue. Le financement pourrait se faire sur une période maximale de 29 ans, même si ce n'est pas souvent le cas. Pour certains biens d'équipement, le maximum pourrait être d'aussi peu que cinq ans. Dans le contexte toutefois des exploitations laitières et du financement des contingents, le maximum est de dix ans.

-

    Le président: Je tiens à vous remercier au nom des membres du comité d'être venus témoigner encore une fois. Ce n'est pas que vous ne vouliez pas venir, mais c'est plutôt que nous ne vous avions pas invités. Nous vous remercions d'être venus nous rencontrer à un moment où une telle rencontre était des plus opportunes. Nous avons déjà eu l'occasion de nous rencontrer dans des circonstances plus agréables qu'en ce moment, où nous sommes aux prises avec la crise de l'ESB. Nous allons toutefois réussir à nous sortir de cette crise. Comme vous l'avez dit tout à l'heure, les agriculteurs ont de la ressource, et ils sauront tirer leur épingle du jeu d'une façon ou d'une autre—peut-être en réorientant leur activité—mais, chose certaine, ils ne disparaîtront pas de sitôt.

    Comme toujours, et je crois parler au nom de tous les membres du comité qui sont ici, nous avons affaire à des gens sur la ligne de front qui connaissent bien l'industrie. Nous ne recevons pas beaucoup de doléances dans nos bureaux de circonscription—du moins dans le mien, et il en est sans doute de même pour les autres—au sujet de Financement agricole Canada. Je ne connais aucun député à qui on se soit plaint du travail que font les employés de première ligne qui assurent le service à nos collectivités rurales.

    Je tiens à vous remercier du travail que vous faites. J'ai trouvé votre témoignage très éloquent, et j'espère que nous aurons à nouveau l'occasion de vous rencontrer. Merci beaucoup.

    La séance est levée.