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FAIT Rapport du Comité

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OPINION DISSIDENTE

LA CONGRIBUTION DU CPAECI AU DIALOGUE DU
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRFES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL SUR LA POLITIQUE ÉTRANGÈRES

Alexa McDonough, députée d’Halifax

Le Nouveau Parti démocratique se désolidarise de ce rapport. Le Comité a reçu des intervenants des témoignages brillants, émouvants. Le processus a été éclairant et mobilisateur. Je félicite le personnel et les membres du travail qui sous-tend ce rapport, lequel a largement l’appui du NPD, mais il y a des divergences de vue et des occasions manquées que je me dois de mettre en relief.

Il importe de réexaminer le témoignage que le Comité a reçu du général à la retraite Lee Butler de l’Aviation des États-Unis en juillet 1998 :

«  Alors que vous examinez la question cruciale de savoir dans quelle mesure le Canada, cette extraordinaire mosaïque de peuples et ce grand ami des États-Unis, devrait s’aligner sur le rôle permanent des armes nucléaires, je vous encourage à réfléchir sérieusement à l’opportunité et aux enjeux. Mon pays a grandement besoin de se donner de nouvelles règles de conduite relativement à cette question. Nous avons eu le malheur, en élaborant notre politique gouvernementale, de devenir cyniques et arrogants lorsqu’il s’est agi de prendre des décisions touchant des centaines de millions de gens. Nous avons banalisé la possibilité d’un échec de la dissuasion, ce qui nous justifiait facilement de ne pas avoir tenu compte des conséquences. Nous avons appris à vivre avec une arme qui engourdit notre conscience et nous déshumanise. Nous devons entendre les voix de la raison qui nous exhorteront à plus de rectitude et de leadership à l’échelle mondiale. À vous de jouer.  »

marge de manœuvre du Canada : Le rapport majoritaire tient largement pour acquis que le Canada aura un rôle réduit à jouer à l’échelle internationale dans la foulée du 11 septembre et par suite des relations canado-américaines devenues tendues à cause de l’Irak.

En parlant à plusieurs reprises de la «  marge de manœuvre  » réaliste du Canada, le rapport soulève la question de savoir si nous avons encore les moyens de projeter les valeurs canadiennes ou si celles-ci peuvent être sacrifiées en tant qu’élément de notre politique étrangère. Et il «  rappelle  » aux Canadiens que «  le seul véritable impératif de la politique étrangère canadienne est de maintenir des relations de travail efficaces avec les États-Unis  ».

Les néo-démocrates et un très grand nombre de Canadiens s’inquiètent de ces allusions à la «  marge de manœuvre  » parce que nous croyons dans l’aptitude éprouvée du Canada à se tailler un espace considérable où il lui soit possible de manœuvrer. Bien que le gouvernement fédéral ait pour triste bilan d’avoir délibérément et coupablement abandonné une bonne partie de ce précieux espace diplomatique, le NPD croit fermement que le Canada conserve sur la scène internationale un capital suffisant de bonne volonté et se trouve en bonne posture pour récupérer cet espace. Ce qu’il faut, c’est un leadership politique.

rôle fondamental des nations unies : Le NPD rejette les tentatives pour diluer ou diminuer le moindrement l’existence, l’importance et la nécessité de l’ONU afin de «  préserver les générations futures du fléau de la guerre…et proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites  », entre autres grandes responsabilités que lui confère sa Charte. L’ONU doit rester le fondement de la politique étrangère du Canada.

Il existe un besoin urgent et évident de réformer l’ONU et c’est pourquoi le NPD a insisté pour que le Comité travaille en ce sens lors de sa visite à New York en mai 2003.

Le NPD est fier de la contribution du Canada au droit international; aux droits de la personne; à la lutte contre le travail des enfants; à la protection de l’environnement; aux traités de non-prolifération des armements nucléaires et non nucléaires; au traité sur les mines terrestres; à la cour pénale internationale; la liste est longue.

Malheureusement, le Canada ne veille pas à ce que ses propres décisions de politique étrangère soient conformes à ces conventions et à ces traités internationaux, ce qui lui vaut la réputation de ne pas mettre en pratique ce qu’il prêche.

Il est profondément troublant que ce rapport ne recommande pas vigoureusement que le Canada continue de fonder sa politique étrangère sur l’ONU et que, dans le cadre de l’examen approfondi de sa politique étrangère, il élabore et mette en place un mécanisme garantissant que toutes les politiques présentes et futures soient compatibles avec les conventions, les pactes et les traités internationaux dont nous sommes signataires.

développement international et aide humanitaire : Le NPD déplore également que le Comité ait décidé de ne pas recommander de délai à l’intérieur duquel le gouvernement devra atteindre l’objectif fixé il y a trente ans par Lester Pearson en matière d’aide publique au développement, soit 0,7 % du PIB, chiffre que les pays progressistes atteignent et dépassent parfois. Chose scandaleuse, le Conseil canadien pour la coopération internationale estime que le Canada va, au rythme de croissance actuel, atteindre l’objectif de 0,7 % en 2040.

Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : Bien que le rôle de l’ONU soit central, il reste un besoin d’aide humanitaire au-delà de l’ONU. Lors du témoignage le plus puissant qu’ait reçu le Comité, Stephen Lewis, envoyé spécial de l’ONU pour le VIH/sida en Afrique, a rappelé aux Canadiens que :

«  Il y avait à ce moment-là dans le monde 42 millions de séropositifs et de sidatiques, cinq millions de personnes ont contracté la maladie et le nombre de décès s’est élevé à plus de trois millions de personnes, et cela uniquement en 2002. Il suffit d’extrapoler ces chiffres pour constater l’ampleur des dommages cumulatifs causés à l’humanité. (…) L’Afrique a enregistré près de 20 millions de décès. Chaque année, dans ce continent, plus de trois millions de personnes sont touchées et plus de deux millions de décès sont enregistrés. L’Afrique compte désormais quelque 14 millions d’orphelins à cause du sida.  »

Il a mis le Canada au défi d’être le premier pays à verser sa juste part au Fonds afin d’inciter les autres pays à en faire autant. Tout en nous réjouissant que le rapport demande que le Canada mène la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, nous déplorons que le Comité, ne mettant pas en pratique lui non plus ce qu’il prêche, n’ait pas recommandé que le Canada relève le défi et triple sa contribution au Fonds de 100 millions de dollars sur quatre ans.

sécurité humaine : Les politiques de sécurité humaine ont pour principe fondamental qu’on ne saurait assurer à terme la sécurité et la stabilité de l’ordre mondial par la répression ou la supériorité militaire, mais en créant les conditions sociales, politiques et économiques qui répondent aux besoins humains. En bref, nos vies et nos nations sont mieux protégées quand le bien-être et la sécurité des autres sont également assurés.

Les Canadiens considèrent en général le droit international et les accords multilatéraux comme étant dans leur intérêt. Washington, par contre, les considère parfois comme une entrave à sa liberté d’action (par ex., rejet du Traité sur les systèmes antimissiles balistiques, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires).

Le Canada a été à l’avant-garde des efforts pour construire un ordre international à base de règles et assurer au monde une mesure de sécurité humaine au moyen d’outils comme le traité sur les mines terrestres, la Cour pénale internationale et la Convention de l’ONU sur les droits de l’homme.

Le Canada ne doit pas renier son bilan de gardien de la paix internationale en devenant le valet aux poudres des États-Unis ou le pays qui écope des retombées de la guerre des étoiles. Les néo-démocrates croient que la meilleure façon d’assurer la sécurité du Canada et sa relation à long terme avec les États-Unis consiste à élaborer de façon multilatérale le droit international dans un monde interdépendant.

DÉFENSE : Le Comité consacre beaucoup de place à l’existence dans les relations canado-américaines d’une prétendue tension attribuable à la doctrine du président George W. Bush en matière d’actions militaires préventives (Stratégie américaine de sécurité nationale), à la guerre menée par les États-Unis en Irak et au projet américain de système national de défense antimissile (NMD). Le Comité a refusé de réaffirmer, comme le lui demandait le NPD, la position actuelle suivant laquelle le Canada ne participe pas au projet américain de guerre des étoiles (NMD). En fait, il lie implicitement la décision soudaine du Canada d’engager avec les États-Unis des négociations sur le NMD à l’évaluation par notre gouvernement de ce qu’il faudrait pour « réparer » les relations canado-américaines mises à mal par notre décision de ne pas participer à la guerre contre l’Irak.

En outre, en adhérant au système national de défense antimissile, l’Administration Bush se montre disposée à rompre la convention tacite contre la militarisation de l’espace. Se pose ainsi la question de savoir si le Canada est sur le point de manquer à ses engagements en vertu du droit international au nom d’une intégration plus poussée avec des États-Unis devenus plus agressifs. Les néo-démocrates croient que le Canada doit dire non à la guerre des étoiles et non à la militarisation de l’espace et qu’il doit plutôt travailler à négocier une interdiction internationale de l’implantation d’armes dans l’espace. Nous rappelons au gouvernement la promesse que le premier ministre a faite en 2001 de consulter largement les Canadiens avant de prendre une décision sur la participation au NMD.

Le NPD appuie l’opinion exprimée dans le rapport suivant laquelle «  un examen exhaustif et transparent de notre politique étrangère demeure essentiel  ». Néanmoins, il réitère ce qu’il déclarait dans son opinion dissidente au rapport du Comité sur les relations du Canada avec les États-Unis et le Mexique, à savoir que «  le personnel militaire doit être bien équipé pour s’acquitter des missions assignées, y compris le maintien de la paix, la surveillance des côtes, la recherche et le sauvetage et les missions internationales humanitaires et militaires menées sous les auspices des Nations Unies et en conformité avec le droit international. L’équipement dangereux ou périmé, comme les hélicoptères Sea Kings, doit être remplacé le plus tôt possible. Outre ces besoins immédiats, ce n’est qu’après un examen attentif et complet de nos politiques étrangères et de défense que nous serons en mesure de soutenir toute augmentation du budget de la défense et d’atteindre les objectifs cernés par un tel examen  ».

En bref, ce rapport, tout en contenant des éléments positifs que le NPD peut appuyer, se garde de formuler des recommandations concrètes et manque ainsi une précieuse occasion d’insister pour que notre gouvernement conforme ses actions à ses paroles.