FOPO Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent des pêches et des océans
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 25 février 2003
Á | 1105 |
Le président (M. Tom Wappel (Scarborough-Sud-Ouest, Lib.)) |
M. Gordon Ennis (gérant du secrétariat, Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique) |
Á | 1110 |
Á | 1115 |
Á | 1120 |
Á | 1125 |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Á | 1130 |
Le président |
M. John Cummins (Delta—South Richmond, Alliance canadienne) |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
Á | 1135 |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
Á | 1140 |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
Á | 1145 |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
Le président |
M. Georges Farrah (Bonaventure—Gaspé—Îles-de-la-Madeleine—Pabok, Lib.) |
M. Gordon Ennis |
Á | 1150 |
M. Georges Farrah |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Andy Burton (Skeena, Alliance canadienne) |
M. Gordon Ennis |
M. Andy Burton |
M. Gordon Ennis |
Á | 1155 |
M. Andy Burton |
M. Gordon Ennis |
M. Andy Burton |
M. Gordon Ennis |
M. Andy Burton |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD) |
M. Gordon Ennis |
 | 1200 |
M. Peter Stoffer |
M. Gordon Ennis |
M. Peter Stoffer |
M. Gordon Ennis |
M. Peter Stoffer |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Loyola Hearn (St. John's-Ouest, PC) |
 | 1205 |
M. Gordon Ennis |
M. Loyola Hearn |
M. Gordon Ennis |
M. Loyola Hearn |
M. Gordon Ennis |
M. Loyola Hearn |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
 | 1210 |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. John Cummins |
 | 1215 |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
 | 1220 |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Peter Stoffer |
M. Gordon Ennis |
 | 1225 |
Le président |
M. Loyola Hearn |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
 | 1230 |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Peter Stoffer |
 | 1235 |
M. Gordon Ennis |
M. Peter Stoffer |
M. Gordon Ennis |
M. Peter Stoffer |
M. Gordon Ennis |
M. Peter Stoffer |
Le président |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
 | 1240 |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
 | 1245 |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
Le président |
M. Gordon Ennis |
M. John Cummins |
Le président |
CANADA
Comité permanent des pêches et des océans |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 25 février 2003
[Enregistrement électronique]
Á (1105)
[Traduction]
Le président (M. Tom Wappel (Scarborough-Sud-Ouest, Lib.)): Je déclare la séance ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous examinons l'aquaculture au Canada.
Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui, par vidéoconférence, M. Gordon Ennis, directeur du secrétariat du Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique. Monsieur Ennis, bienvenu. Merci d'avoir accepté de venir nous parler de ce sujet intéressant. Nous allons vous donner une quinzaine de minutes pour présenter votre exposé, après quoi nous allons passer aux questions et réponses.
M. Gordon Ennis (gérant du secrétariat, Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique): C'est un plaisir pour moi d'être ici.
Nous avons soumis au comité permanent un document qui s'intitule «Mémoire du Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique au Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes, 20 février 2003». J'aimerais que ce mémoire figure dans le compte rendu.
L'honorable John Fraser aurait bien aimé être ici. Son absence n'est pas attribuable à un manque d'intérêt de sa part. Il lui était tout simplement impossible d'assister à la réunion. Il est rentré tard, hier soir, de Bosnie, et il doit repartir aujourd'hui, vers midi, pour Ottawa.
Le Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique a été créé en 1998 par le ministre David Anderson. Il a pour mandat de fournir des conseils aux gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada en matière de conservation des ressources halieutiques. Il a également pour mandat de renseigner le public sur la situation touchant les populations de poisson. Le Conseil, qui est présidé par l'honorable John Fraser, est composé de neuf membres, dont huit sont nommés par le gouvernement fédéral, et un, par le gouvernement provincial. Ils proviennent tous d'horizons très divers. Les membres du Conseil sont Mark Angelo, Mary-Sue Atkinson, Frank Brown, qui est nommé par la province, Murray Chatwin, Merrill Fearon, Paul LeBlond, Jeffry Marliave, Marcel Shepart et Carl Walters. Nous avons deux membres d'office, soit M. Dick Beamish, qui représente le MPO, et M. Arnie Narcisse, de la B.C. Aboriginal Fisheries Commission. Je peux vous donner d'autres renseignements à leur sujet, si vous voulez. Sinon, vous allez trouver leurs biographies sur le site Web du Conseil, le www.fish.bc.ca.
Comme je l'ai indiqué, le Conseil a été mis sur pied dans le but d'aider les gouvernements à adopter une démarche plus globale en matière de conservation des ressources halieutiques. Notre mandat consiste à élaborer des avis stratégiques. À cet égard, nous avons présenté plusieurs rapports au gouvernement. Nous publions, tous les ans, un rapport annuel sur la situation des stocks de poissons et des habitats. L'an dernier, notre rapport annuel portait sur l'état des stocks de poissons du sud de la Colombie-Britannique. Il s'agissait d'un rapport très détaillé sur l'état des stocks de poisson dans la partie sud de la province, laquelle englobe le fleuve Fraser, la rivière Okanagan, la côte ouest de l'île de Vancouver et le détroit de Georgie.
Le Conseil a également émis, au fils des ans, de nombreux avis, dont un sur la gérance de la ressource. Nous avons préparé des rapports propres à des secteurs géographiques précis, de même qu'un rapport sur l'impact de l'exploitation des carrières de gravier sur les ressources halieutiques. Nous avons également organisé une conférence sur le changement climatique et les stocks de poissons.
Á (1110)
En ce qui a trait à la salmoniculture, nous avons émis deux avis et publié un rapport à ce sujet. Je veux vous parler de l'avis concernant l'archipel de Broughton, mais je voudrais d'abord résumer les faits. En juillet, le Conseil a retenu les services de deux sociétés d'experts-conseil, qui ont décidé de travailler ensemble sur le dossier de l'aquaculture. C'était avant qu'on entende parler de l'effondrement des stocks de saumon rose dans l'archipel de Broughton, avant la période de fraie. Si nous avons pris cette initiative, c'est parce que l'aquaculture et son impact sur divers secteurs d'activité, la santé, les oiseaux, les poissons, ainsi de suite, faisaient l'objet d'un débat très acrimonieux. Nous voulions, conformément à notre mandat, examiner les interactions entre le saumon d'élevage et le saumon sauvage. Nous avons donc retenu les services d'experts-conseils. Ils ont mené une étude et publié un rapport technique qui, lui, a mené à l'avis émis en janvier.
Entretemps—et voilà pourquoi je voulais vous donner cet aperçu—le nombre de géniteurs de saumons roses avait chuté de façon radicale dans l'archipel de Broughton. Il était passé de 3,6 millions à 147 000. Le Conseil a donc organisé une consultation publique à Campbell River, consultation à laquelle ont participé des communautés des Premières nations, des représentants des gouvernements provincial et fédéral, des représentants de l'industrie aquacole, des scientifiques, des écologistes et des organisations non-gouvernementales. Le Conseil voulait recueillir des données sur l'effondrement des stocks, avoir une meilleure idée du problème, analyser les causes possibles de cet effondrement. Le 25 novembre, le Conseil émettait un avis sur l'archipel de Broughton.
J'aimerais maintenant vous donner un aperçu plus détaillé de la situation qui existe dans l'archipel de Broughton. Un pêcheur local a observé, pendant la migration de départ, que les saumons roses juvéniles étaient gravement infestés par le pou de poisson. Il a communiqué avec une biologiste de l'endroit, Alexandra Morton, qui a mené une étude sur les saumons roses juvéniles. Elle a attrapé des saumons au moyen d'un carrelet le long de la côte, et a ensuite compté le nombre de poux trouvés sur les poissons. Il y avait, en moyenne, entre sept et dix poux sur chaque poisson, ce qui était plutôt inhabituel. Au moment de préparer notre avis, nous avons consulté le laboratoire du U.S. Fisheries Service, qui se trouve dans la baie Auke, en Alaska, et qui mène des études approfondies sur le saumon rose. Il n'avait jamais relevé de cas de saumons roses juvéniles infestés par le pou du poisson. Je tiens à signaler que nous parlons ici de juvéniles. L'infestation de saumons roses adultes par le pou du poisson n'est pas inhabituelle, mais celle des saumons roses juvéniles, elle, l'est. Nous étions donc confronté à un problème, puisque nous avions des saumons roses juvéniles qui étaient gravement infestés par le pou de poisson. Nous avons préparé un rapport, et fait part de nos préoccupations concernant l'état des stocks. C'était en 2002.
Comme je l'ai indiqué, le nombre de géniteurs en remonte est passé, cette année, de 3,6 millions à 147 000, ce qui constitue une baisse radicale. Ces géniteurs se retrouvent dans divers cours d'eau. Comme nous l'avons appris, notamment lors des discussions qui ont suivi la publication du rapport, le nombre de géniteurs de saumons roses fluctue énormément d'une année à l'autre. Donc, pour avoir une idée juste de la situation, le ministère des Pêches et des Océans et le Conseil ont effectué une analyse statistique de la diminution du nombre de géniteurs par rapport à la moyenne historique. Elle variait entre un centième et un millième du nombre prévu de poissons, en fonction de la moyenne historique. Ce phénomène n'avait été observé que dans une seule rivière, à une seule occasion, sur une période de 50 ans. Or, nous avons enregistré une diminution, cette année, dans cinq rivières de l'archipel de Broughton, ce qui est assez inhabituel. Une baisse a également été observée dans les rivières qui comptent un faible nombre de géniteurs. Donc, ce phénomène ne touche pas uniquement les rivières qui comptent un grand nombre de géniteurs.
Je tiens à préciser que la méthode d'échantillonnage a fait l'objet d'un grand débat. L'utilisation du carrelet ne nous permet d'obtenir un échantillonnage quantitatif. Le ministère des Pêches et des Océans a lui aussi prélevé des échantillons, sauf que le bateau de pêche qu'il a utilisé a eu des problèmes, ce qui fait qu'il a été obligé d'effectuer de nouveaux prélèvements. Ces échantillons ont été prélevés plus tard, et ils étaient constitués de poissons plus gros, mais beaucoup moins nombreux.
Á (1115)
L'archipel de Broughton a ceci de particulier qu'il compte 27 établissements piscicoles, ce qui est beaucoup, même si certains sont en jachère. Chaque établissement compte un minimum de 500 000 saumons de l'Atlantique. Certains en ont jusqu'à 1,5 million. D'après les analyses effectuées en Europe et autres études, le pou de poisson est présent naturellement dans le milieu, et c'est de cette façon qu'il est transmis aux saumons d'élevage. Il se peut même qu'il soit transmis par les saumons roses adultes. La présence du pou de poisson dans l'eau est naturelle. Toutefois, il y a tellement de poissons dans les établissements piscicoles que ceux-ci agissent comme incubateurs. Les poissons sont soumis à des stress et sont regroupés en très grand nombre, ce qui fait qu'ils sont plus susceptibles d'attraper la maladie. D'après certains rapports, la femelle peut produire 1,5 million d'oeufs. Il existe donc un risque potentiel.
Lors de la réunion de Campbell River, nous avons cherché à savoir quelles étaient les autres causes possibles du déclin. Nous avons examiné des facteurs tels que la température de l'océan, les plans d'eau douce, les niveaux d'oxygène, la sédimentation, ainsi de suite. Toutefois, aucun de ces facteurs n'était convaincant. On ne s'attendrait pas à ce que les diminutions observées dans les rivières d'eau douce soient généralisées, mais les diminutions enregistrées dans les rivières de l'archipel de Broughton, elles, l'étaient. Donc, les scientifiques du ministère des Pêches et des Océans ont conclu que le problème se situait au niveau des eaux à proximité du rivage, étant donné que les données recueillies faisaient état de la présence d'un très grand nombre de poux du poisson à cet endroit. Ces preuves scientifiques, même si elles ne sont pas absolues, sont probantes, surtout quand on les associe aux données recueillies en Europe, où les établissements piscicoles existent depuis des années. La présence du pou de poisson sur les saumons sauvages a été largement observée en Norvège, en Écosse et en Irlande. La question soulève beaucoup de controverse en Irlande. Donc, ces constatations, associées aux données recueillies ailleurs, ont amené le Conseil à conclure que le pou de poisson était la cause la plus probable de la décimation des ressources. Il s'agit d'une preuve indirecte, mais c'est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés.
Or, il est nécessaire, compte tenu de l'effondrement des stocks de saumon rose, d'agir avec prudence. Les recherches plus poussées et les activités de surveillance ne suffisent plus, même si elles demeurent importantes. Nous devons prendre des mesures concrètes pour éviter que les saumons juvéniles qui vont remonter la rivière, ce printemps, ne soient infestés par le pou du poisson. Nous devons assurer le passage sécuritaire des saumons sauvages. Nous recommandons deux options, deux voies d'intervention.
La première et la moins risquée consiste à mettre en jachère toutes les fermes salmonicoles. Il faudrait le faire six semaines avant la migration de départ des juvéniles. Autrement dit, il faudrait que tout soit terminé à la fin février. Les fermes salmonicoles devraient être mises en jachère dès janvier, sauf que pour y arriver, il faudrait que l'industrie accélère la mise en marché des poissons adultes qui se trouvent dans les enclos, processus qui prend du temps. Cette option, à notre avis, est celle qui aurait le moins d'impact sur l'industrie.
Á (1120)
L'autre approche, notre solution à plus haut risque et qui n'avait pas notre solution de choix, consistait en une diversité d'approches. Nous avons recommandé la mise en jachère stratégique des installations de salmoniculture qui, à notre avis, constituaient le plus grand risque du point de vue de la transmission du pou du poisson au saumon rose juvénile. Nous avons également recommandé une gestion par baie individuelle, de sorte que les mesures d'action dans une même baie soient coordonnées. Les poissons devaient être de taille semblable et les traitements devaient être coordonnés. Il y a deux exploitants dans l'archipel Broughton et nous avons estimé que si nous devions avoir recours à la chimiothérapie pour détruire le pou du poisson, au lieu de la jachère, il était important que l'intervention soit synchronisée.
Une autre de nos recommandations était l'utilisation d'agents chimiothérapeutiques pour détruire le pou du poisson et ce qui est différent dans notre recommandation par rapport aux approches provinciales et à ce que nous avons entendu dans nos discussions avec la province, c'est que nous avons recommandé un traitement préventif. Essentiellement, nous préconisions une tolérance zéro à l'égard du pou du poisson; alors, nous avons recommandé une période de traitement qui commencerait environ à ce temps-ci de l'année. L'autre approche dont parle le gouvernement, du moins c'était le cas jusqu'à présent, c'est de fixer un seuil d'intervention fondé sur le nombre de poux par poisson d'élevage. Si le nombre de poux dépasse ce seuil, vous procédez à un traitement, sinon vous ne traitez pas. En d'autres termes, il s'agit de traiter le problème après coup, plutôt que de faire un traitement préventif comme l'a recommandé le conseil. Pourquoi? Parce qu'il est bien facile de dire que l'on va choisir un niveau d'intervention, mais en fait, il est très difficile d'établir scientifiquement, hors de tout doute, quel sera le nombre de poux par poisson qui constituera ce seuil. Vous devez tenir compte de la variabilité du nombre de poux par poisson, et il pourrait être nécessaire de procéder à un échantillonnage assez exhaustif pour obtenir des chiffres précis sur le nombre moyens de poux par poisson dans un centre de salmoniculture. Pour certains poissons, le chiffre sera plus élevé que la moyenne et pour d'autres, il sera moins élevé. En fait, nous étions inquiets du fait que l'échantillonnage puisse stresser les poissons et les rendre ainsi encore plus vulnérables à l'infestation par le pou. C'est pourquoi nous avons recommandé le traitement préventif comme élément de notre solution à moindre risque.
Comme je l'ai dit, nous avons également...
Á (1125)
Le président: Je suis désolé. Dix-sept minutes sont déjà écoulées et je pense que vous êtes en train de conclure la partie A de votre exposé. Je veux m'assurer que nous aurons suffisamment de temps pour poser des questions, alors je me demande si vous ne pourriez pas faire un effort pour résumer les parties B et C. Nous sommes très intéressés par l'archipel Broughton, mais nous sommes également intéressés à l'opinion du CCRHP sur l'aquaculture en général et au dernier avis du conseil. Alors, je vous serais reconnaissant de bien vouloir résumer pour nous les parties B et C.
M. Gordon Ennis: Merci de ces précisions sur la question du temps.
En ce qui concerne les parties B et C, nous avons produit un rapport technique dans lequel nous examinons les répercussions potentielles de l'interaction entre le saumon d'élevage et le saumon sauvage. Nous avons examiné trois problèmes, les maladies des poissons, les poissons d'élevage échappés et les répercussions sur la qualité de l'eau locale et sur l'habitat. Ce rapport, préparé par Julia Gardner et David Peterson, conclut que le risque le plus important est celui des infestations par le pou du poisson. On juge également que l'infection bactérienne constitue le risque le moins important, tandis que l'infection par les virus constitue un risque intermédiaire. Une des difficultés de cette étude a été l'examen du débat et de la force des arguments présentés par les deux parties. Il existe très peu de données permettant de trancher de manière concluante, autre raison pour laquelle nous avons recommandé plus de recherches, de sorte que nous puissions disposer de données plus valables le moment venu.
Par exemple, on sait que le saumon atlantique s'échappe. Certains d'entre eux survivent, certains fraient et certains parviennent à donner une progéniture. Alors, il se pose des questions du point de vue de la compétition naturelle, de l'implantation d'une population et de l'effet que cela pourrait avoir sur le saumon du Pacifique. Environ 30 p. 100 des centres piscicoles de la Colombie-Britannique exploitent du saumon du Pacifique local, le coho et le quinnat. Et c'est justement là que nous pensons que le risque lié aux poissons échappés est le plus élevé, parce que vous pourriez obtenir un phénomène de dilution génétique des stocks sauvages à partir de ces poissons d'élevage qui sont sélectionnés en fonction de paramètres bien spécifiques. Malheureusement, à l'heure actuelle, il n'y a aucune façon de déterminer s'il y a des saumons du Pacifique d'élevage qui s'échappent et ce qu'il advient d'eux. C'est un exemple de ce problème. Les effets sur l'habitat et la qualité de l'eau ont été jugés très localisés par nature, pas tellement différents de ceux d'autres activités industrielles, tandis que la tendance à provoquer des maladies, à avoir des poissons qui s'échappent et qui influent sur la génétique et la compétition naturelle sont, disons-le, des effets très spécifiques de l'aquaculture.
Tenant compte de ce rapport, ainsi que de nombreuses autres considérations, le conseil a émis un avis à la mi-janvier et dans cet avis, le conseil présente cinq recommandations. La première, c'est que le principe de précaution doit être appliqué aux centres piscicoles. La deuxième, c'est que l'industrie aquacole et le gouvernement devraient entreprendre un vaste programme de recherche et de contrôle de manière que nous puissions mieux comprendre les interactions et élaborer des moyens et des pratiques pour réduire, voire éliminer, les réactions négatives. Nous recommandons que le gouvernement du Canada formule et mette en oeuvre une politique exhaustive sur le saumon sauvage et que cette politique accorde explicitement la priorité au saumon sauvage dans les décisions gouvernementales. Pêches et Océans Canada a procédé à des consultations sur la politique régissant le saumon sauvage il y a environ trois ans, mais il n'a pas encore finalisé cette politique. Nous avons fait une recommandation semblable à celle que nous avons faite dans le cas de l'archipel Broughton, à savoir une gestion de l'aquaculture par baie individuelle. Notre dernière recommandation, que nous avons jugée très importante, concerne l'acrimonie qui caractérise ce débat et à cette fin, nous recommandons la création d'un forum multipartite sur la salmoniculture, dirigé non pas par le gouvernement, mais par les intervenants de ce secteur, qui servira à établir entre les différentes parties un climat qui favorisera la confiance mutuelle et le désir de trouver des solutions, plutôt que l'intransigeance, et qui présentera des recommandations au gouvernement de manière que l'on puisse progresser dans le dossier de l'aquaculture.
Voilà pour le résumé des parties B et C.
Á (1130)
Le président: Merci beaucoup, monsieur.
Nous allons alterner entre les différents députés et la première personne à poser des questions sera le porte-parole de l'opposition officielle en matière de pêche, M. Cummins, de l'Alliance canadienne. Vous avez 10 minutes.
M. John Cummins (Delta—South Richmond, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président et merci, monsieur Ennis, d'être ici ce matin.
En l'an 2000, la vérificatrice générale du Canada a publié un rapport sur les effets de la salmoniculture en Colombie-Britannique et elle a noté dans son rapport que le ministère des Pêches et des Océans «ne s'acquitte pas pleinement des obligations que lui impose la Loi sur les pêches de protéger les stocks de saumon sauvage du Pacifique et leur habitat contre les effets de la salmoniculture.» En particulier, elle a constaté que le ministère «ne s'acquitte pas pleinement de ses responsabilités réglementaires actuelles concernant l'application de la Loi sur les pêches à l'égard des exploitations salmonicoles» et qu'il «n'a pas établi de plan officiel de gestion des risques et d'évaluation des éventuels effets environnementaux cumulatifs qui pourraient comporter les propositions de nouveaux établissements salmonicoles, dans l'éventualité ou la décision était prise de développer davantage l'industrie.» Êtes-vous d'accord avec ces constatations de la vérificatrice générale? À votre avis, est-ce que des choses ont changé depuis la publication de son rapport?
M. Gordon Ennis: Je sais que le MPO a changé la minutie avec laquelle il procède à l'examen des sites proposés pour les nouvelles installations piscicoles. Il a mis sur pied un groupe qui applique les dispositions de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale aux nouvelles propositions visant la création de nouveaux établissements piscicoles, et cela comprend un examen des effets cumulatifs. Cependant, ce type d'examen est une chose très difficile à réaliser. Intuitivement, un effet cumulatif est évident, c'est comme la paille qui brise les reins du chameau, mais appliquer cela dans le monde réel est très difficile. Mais je sais qu'ils essaient de le faire.
En ce qui concerne l'application de la Loi sur les pêches, je ne sais pas s'il y a des accusations relatives aux infractions commises par l'industrie aquacole.
M. John Cummins: Alors, vous êtes d'accord pour dire que la vérificatrice générale a raison?
M. Gordon Ennis: Eh bien, ses observations étaient exactes à ce moment-là, mais je pense, en ce qui concerne certaines questions, que le MPO a fait des progrès, comme dans le cas de l'évaluation environnementale des nouvelles installations piscicoles ou de la relocalisation d'installations existantes.
M. John Cummins: Dans sa lettre au ministre en novembre 2002, John Fraser note que le «CCRHP considère la diminution du nombre de géniteurs de saumon rose comme une crise. En conséquence, il recommandait de prendre toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que les saumoneaux puissent traverser l'archipel Broughton sans être infestés par le pou du poisson.» Plus loin dans le rapport, vous dites que même si la preuve scientifique n'est pas encore absolue, il y a des données circonstancielles qui laissent croire fortement que le pou du poisson serait associé à la salmoniculture: «et que le conseil croit que le pou du poisson est lié au déclin du saumon rose constaté dans l'archipel Broughton.» Alors, d'une part, vous dites qu'il n'y a pas de preuve, mais d'autre part, vous dites que vous êtes assez convaincu que le pou du poisson serait la cause du déclin sérieux observé dans l'archipel Broughton. Est-ce exact?
Á (1135)
M. Gordon Ennis: C'est exact. En ce qui concerne la preuve scientifique, il est excessivement difficile de prouver le rôle du pou du poisson. Vous devez disposer de l'information qui démontre que les saumons roses juvéniles n'ont pas de poux avant leur arrivée dans la zone qui subit les effets de la salmoniculture. Vous devez ensuite documenter le fait que lorsque les saumons arrivent dans cette zone, le nombre de poux qui les parasitent augmente. Vous devez avoir une sorte de marqueur—et nous parlons ici de poux de très petite taille dont le cycle vital comporte huit stades juvéniles et dont la forme change—pour démontrer que les poux provenant des installations piscicoles sont bien ceux qui parasitent les saumons roses juvéniles sauvages, et non pas des poux qui sont présents naturellement dans l'environnement. Ensuite, vous devez démontrer que le poisson infesté par les poux en meurt et que cela influe sur les retours. C'est quelque chose qu'il est presque impossible de faire du point de vue scientifique et les coûts d'une telle étude seraient véritablement exorbitants. Alors, effectivement, il n'y a pas de preuve scientifique absolue, et il est bien possible qu'il n'y en ait jamais.
M. John Cummins: Ce que vous dites, essentiellement, c'est que nous n'avons pas affaire ici à une éprouvette mais à l'environnement et que nous sommes aussi sûrs que nous pouvons l'être que le pou du poisson est la cause du problème.
M. Gordon Ennis: Oui.
M. John Cummins:
Dans le rapport, on peut lire:
Le CCRHP estime qu'il est maintenant temps d'agir. Tout en reconnaissant que certains pourraient prétendre qu'il faudrait effectuer plus d'études avant de mettre en application quelque mesure que ce soit pour protéger le passage du saumon rose juvénile, le CCRHP conclut qu'une telle stratégie pourrait conduire à des préjudices irréparables au stock de saumon rose de l'archipel Broughton. |
Il s'agit d'une affirmation assez catégorique. Certains pourraient même la qualifier d'alarmiste. Vous recommandez que «le Canada et la Colombie-Britannique prennent des mesures d'urgence pour augmenter le plus possible les chances que le poisson puisse traverser sans danger l'archipel Broughton en avril 2003», et ensuite, vous énumérez les deux options, dont votre solution à moindre risque, qui est la jachère, et qui devait commencer en janvier et qui devrait être terminée maintenant. Vous êtes assez catégorique sur le fait qu'il s'agit de la solution de choix, c'est-à-dire qu'à défaut de cela, nous risquons des torts irréparables. Est-ce là une analyse exacte de l'opinion du conseil?
Á (1140)
M. Gordon Ennis: C'est la solution qui comporte le risque le plus faible. Toute autre solution comporte un risque que des préjudices soient causés.
M. John Cummins: Est-il assez juste de dire que le MPO n'a pas adopté la solution qui présente le risque le plus faible.
M. Gordon Ennis: C'est exact.
M. John Cummins: Dans le cas de la solution à risque plus élevé, le CCRHP recommande que, «conformément à l'esprit de la Loi sur les océans du Canada, tous les intervenants, y compris les organismes gouvernementaux, élaborent et mettent en oeuvre, de manière urgente et en collaboration, un programme de lutte contre le pou du poisson qui est spécifique à l'archipel Broughton.» Encore une fois, la mise en oeuvre de ce programme devait commencer avant janvier. La proposition qui a été faite par la province, c'est qu'un corridor soit créé à travers l'archipel de Broughton pour permettre aux jeunes saumons exempts de poux d'avoir accès aux eaux libres. Il semble que l'on pose ici l'hypothèse que les saumoneaux seront capables de choisir une route exempte de poux et qu'ils n'ont pas tendance à errer ici et là. Il me semble que ces hypothèses sont plutôt extrêmes. Je me demande si vous auriez des commentaires à faire sur cette question.
M. Gordon Ennis: Je suis d'accord avec vous. Le concept de corridor exempt de poux ne repose sur rien. L'archipel Broughton est un système géographique complexe, qui comporte de très nombreux îles, détroits, baies, bras, passages et lorsque vient le temps de dire quelle route le saumon emprunte, il n'y a tout simplement pas d'information scientifique permettant d'en choisir une particulière. Il est probable que le saumon emprunte diverses routes. Si vous faites cela, d'où la raison pour laquelle vous avez besoin d'utiliser des agents chimiothérapeutiques dans les centres piscicoles que vous ne mettez pas en jachère, il se pourrait très bien que le saumon juvénile qui passe dans ces zones où la pisciculture est active se mêle aux poissons qui empruntent des routes qui passent par des zones en jachère. De plus, les courants marins dans cette région—et c'est quelque chose que j'ignorais jusqu'à hier, en fait—sont très complexes et il y a tout lieu de croire que le pou du poisson qui vit dans un endroit donné pourrait être transporté dans un endroit où il pourrait y avoir un corridor exempt de poux. Le conseil n'a jamais recommandé le concept d'un corridor exempt de poux.
Á (1145)
M. John Cummins: En fait, vous avez fait cette affirmation ailleurs. Est-il également vrai, alors, que la jachère partielle et les pesticides ne soient pas la solution de choix du CCRHP? Son premier choix est la mise en jachère de toutes les installations piscicoles de l'archipel. Il s'agit en fait du seul choix, n'est-ce pas?
Et pour continuer dans cette veine, n'est-il pas vrai que les centres piscicoles que le gouvernement provincial dit qu'il mettra en jachère étaient déjà en jachère, de sorte que rien n'a été cédé ici? N'est-il pas vrai, également, qu'il y a des rivières qui mènent dans l'archipel qui n'ont pas accès à cette zone en jachère?
M. Gordon Ennis: Pour ce qui est de votre premier point, la réponse est oui, mais il faut la nuancer; nous recommandons la jachère durant la période qui mène à la migration printanière du saumon juvénile et durant cette période. Nous n'avons pas recommandé la mise en jachère pendant toute l'année.
Pour ce qui est de votre deuxième point, il s'agit d'une question complexe. Environ 10 des 11 exploitations salmonicoles qui ont été identifiées étaient soit en jachère ou il était prévu qu'elles le soient. Cependant, certaines de celles qui étaient en jachère devaient être ensemencées de saumoneaux. Mais essentiellement, le nombre d'exploitations qui devaient être mises en jachère dans cette zone a été modifié par le fait que l'industrie en avait déjà mis plusieurs en jachère.
M. John Cummins: L'industrie les a mis en jachère à cause d'une flambée de nécrose hématopoïétique infectieuse, n'est-ce pas?
Le président: Désolé, monsieur Cummins, mais votre temps est écoulé. Peut-être aurez-vous l'occasion d'y revenir au second tour.
Monsieur Farrah.
[Français]
M. Georges Farrah (Bonaventure—Gaspé—Îles-de-la-Madeleine—Pabok, Lib.): Merci, monsieur le président.
C'est à mon tour de vous souhaiter la plus cordiale des bienvenues.
Le conseil s'inquiète des risques que comportent les éventuelles évasions de saumons du Pacifique d'installations aquacoles de la Colombie-Britannique pour les populations de saumons sauvages.
A-t-il pris en considération l'impact de la pêche en Alaska, dans le cadre de laquelle des millions de saumons du Pacifique des closeries sont libérés afin qu'ils s'ajoutent aux stocks sauvages pour soutenir la pêche commerciale?
[Traduction]
M. Gordon Ennis: C'est une question intéressante. Notre avis ne concerne que les effets du poisson d'élevage et nous l'avons clairement indiqué. Nous avons dit que les écloseries pouvaient être un problème. D'autres types d'industries pourraient constituer un problème également. Cependant, une distinction à faire entre les écloseries et les exploitations piscicoles, c'est que dans la plupart des cas, le poisson d'écloserie est sélectionné en fonction de sa capacité de survivre dans la nature et, habituellement, il est porteur de traits sauvages liés aux cours d'eau près desquels il a été élevé. Je ne sais pas quelle est la situation en Alaska. Les poissons d'élevage sont choisis non pas pour leur survie en mer dans un environnement sauvage, mais en fonction de leur aptitude à l'élevage. Alors, je dirais que les risques de problèmes d'ordre génétique sont plus importants dans le cas du poisson d'élevage que dans celui du poisson d'écloserie, mais je serais d'accord pour dire, si c'est là votre point, que la question du poisson d'écloserie devrait être examinée. Il est intéressant de voir que dans le plan de travail du conseil pour l'année qui s'en vient, nous avons prévu d'examiner l'interaction entre le poisson d'écloserie et le poisson sauvage.
Á (1150)
[Français]
M. Georges Farrah: J'ai une dernière question. Le conseil a-t-il pris en considération les impacts que pourraient avoir ses recommandations sur les collectivités côtières qui dépendent de l'aquaculture et la manière de minimiser ces impacts?
[Traduction]
M. Gordon Ennis: Notre conseil, est axé sur la conservation. Une des raisons pour lesquelles nous avons recommandé que la mise en jachère dans l'archipel Broughton commence en janvier, c'était le fait que cela donnerait deux mois aux exploitants de salmonicultures pour commercialiser leur stock, plutôt que de simplement leur faire renoncer à cette possibilité économique. Bien que nous ayons tenu compte des répercussions économiques dans notre recommandation, ce n'est pas là notre mandat, ce n'est pas quelque chose que nous recherchons.
Le président: Monsieur Burton.
M. Andy Burton (Skeena, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.
C'est un sujet qui m'intéresse au plus haut point et j'essaye en fait de comprendre les pour et les contre, car de toute évidence cette industrie se heurte à de grandes difficultés et pourtant, elle a du potentiel. Il faut donc essayer de réfléchir ensemble sur la meilleure façon de réussir sans pour autant créer de problèmes à l'avenir.
Vous avez dit, monsieur Ennis, que certains de ces établissements salmonicoles dans l'archipel Broughton vont être remplis de saumoneaux à un moment donné. Ne risqueraient-ils pas, comme les saumons roses juvéniles qui en sortent, d'être touchés par le pou du poisson et, dans l'affirmative, comment y réagiraient-ils?
M. Gordon Ennis: Les saumoneaux viennent de l'eau douce. Lorsque le saumon juvénile de l'Atlantique est mis dans les établissements salmonicoles, il n'est pas porteur du pou, car le pou du poisson n'existe pas dans l'eau douce; il est donc très semblable au saumon rose sauvage à cet égard. Comme le saumon de l'Atlantique des établissements salmonicoles ne migre pas, il ne traverse pas de zones d'élevage de saumon adulte de l'Atlantique, contrairement au saumon rose juvénile. Sa propension à attraper le pou du poisson des saumons d'élevage de l'Atlantique est donc bien moindre que celle du saumon sauvage du Pacifique qui migre dans l'archipel Broughton. Il attrape toutefois le pou du poisson au fur et à mesure qu'il vieillit; le pou du poisson pourrait provenir du poisson sauvage, du poisson d'élevage, nous ne le savons pas vraiment.
M. Andy Burton: J'ai du mal à comprendre. Est-ce que le pou du poisson se déplace dans les zones où se trouve le poisson adulte? Converge-t-il là où se trouve le poisson adulte? En pareil cas, dans les zones où se trouvent seulement des saumoneaux, il n'y aurait pas de pou du poisson?
M. Gordon Ennis: Désolé, je ne suis probablement pas très clair. Le pou s'attaque à n'importe quel saumon, juvénile ou adulte, et en vit. C'est une forme de maladie, un parasite. Le pou ne fait pas de distinction entre le poisson juvénile et le poisson adulte. Dans la nature, c'est le poisson adulte qui est porteur du pou du poisson, et c'est probablement uniquement une question de chance aléatoire. En vieillissant, le risque d'être attaqué par le pou du poisson augmente, car le poisson a vécu plus longtemps et s'est déplacé dans plus de zones.
Á (1155)
M. Andy Burton: Le pou du poisson migre-t-il en fait dans les secteurs où se trouvent les établissements d'aquaculture du saumon adulte, ou se déplace-t-il uniquement selon les caprices des vents et des marées?
M. Gordon Ennis: Le plancton qui flotte dans l'eau représente en fait le premier stade de la vie du pou du poisson; il se déplace donc comme n'importe quelle autre espèce de plancton, c'est-à-dire en fonction des courants. Ce n'est pas un migrateur actif.
M. Andy Burton: Le pou finit donc par arriver dans les secteurs de très fortes concentrations, ce qui crée le problème pour les saumons roses migrateurs, si, comme vous le dites, ce sont les vents et les marées qui le déplacent?
M. Gordon Ennis: À mon avis, le fait qu'il y ait de si fortes densités de poissons dans les établissements salmonicoles explique le problème. Le poisson qui s'y trouve devient porteur du pou du poisson, mais il devient également plus susceptible au pou du poisson, car ce dernier s'y est naturellement attaché et s'est reproduit, produisant plus de poux du poisson dans les alentours du poisson. Il y a donc un effet d'incubation. Ce n'est pas seulement parce qu'il accumule le pou du poisson tout comme un saumon adulte. Il s'agit d'un effet composé.
M. Andy Burton: Merci, je comprends davantage.
Je sais que la Norvège, l'Irlande, et d'autres pays, l'Écosse, je suppose, connaissent des problèmes, jusqu'à un certain point. Avons-nous ce genre de problème dans les établissements de saumon de l'Atlantique sur la côte Est? Savez-vous si un problème similaire se pose ou n'est-ce pas aussi contagieux?
M. Gordon Ennis: Je ne connais pas la situation de la côte Est. Je n'ai pas entendu parler de gros problèmes en matière de pou du poisson sur cette côte. Il reste que par rapport à l'Atlantique, l'Océan pacifique dispose toujours de ressources halieutiques très riches et diversifiées, on y retrouve de grands nombres de saumons et plusieurs rivières, comme en témoigne l'archipel Broughton où 3,6 millions de géniteurs ont été recensés il y a deux ans. Je crois que c'est une interaction bien particulière à la côte ouest du Canada qui peut être, la place dans une situation plus difficile.
Le président: Merci, monsieur Burton.
Nous allons passer à l'un des vice-présidents du comité, monsieur Stoffer.
M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD): Merci beaucoup, monsieur.
On peut lire dans l'un des graphiques que «les saumons roses adultes apportent vraisemblablement le pou du poisson». Dans l'exposé écrit sur le pou du poisson, il est indiqué qu'il s'accumule un nombre croissant de preuves péremptoires tendant à démontrer qu'il est réellement possible que le pou du poisson soit transmis par le saumon d'élevage au saumon sauvage. Je suis donc un peu perdu. D'après vous, est-ce que le saumon rose adulte transmet le pou du poisson au saumon d'élevage, ou l'inverse?
M. Gordon Ennis: Le pou du poisson est un organisme naturel. Avant que n'existe le poisson d'élevage, on retrouvait le pou du poisson dans le saumon adulte. On croit, et je pense avec raison, que le pou du poisson que l'on retrouve dans le poisson d'élevage provient du pou sauvage. Il proviendrait du saumon sauvage adulte, initialement à tout le moins. Nous indiquons dans le rapport que le pou du poisson des établissements d'élevage serait la cause de l'épidémie chez le poisson juvénile, en raison du nombre de poissons qui se trouvent tout près, de 500 000 à 1,5 million. On retrouve 27 de ces établissements dans l'archipel Broughton. Si chaque poisson de ces établissements est porteur d'un ou deux poux, chaque pou femelle produisant 1,5 million d'oeufs, mathématiquement parlant, le risque est très élevé. Il s'agit d'un effet d'incubation.
 (1200)
M. Peter Stoffer: Que voulez-vous dire exactement par agent chimiothérapeutique?
M. Gordon Ennis: Il y a dans l'industrie des vétérinaires qui traitent le poisson afin de tuer le pou. L'agent utilisé est chimique et le plus courant est appelé SLICE. Un autre, l'ivermectin, a déjà été utilisé dans le passé. SLICE est ajouté aux aliments agglomérés qu'ingère le saumon sauvage, si bien que tout en mangeant, il absorbe ce produit chimique qui, du même coup, tue le pou. Les salmoniculteurs auxquels nous avons parlé nous ont dit qu'ils ont recours à des agents chimiothérapeutiques en fonction de la commercialité du saumon adulte d'élevage. Ils ne s'en servent pas pour contrôler le risque que présente le pou du poisson pour le saumon sauvage. Leur approche en la matière est différente de celle qui s'impose lorsque l'on veut empêcher tout dommage à l'environnement.
M. Peter Stoffer: Tout récemment, le gouvernement de Columbie-Britannique a levé le moratoire imposé sur les fermes piscicoles de la côte Ouest. Le conseil pense-t-il qu'il s'agit d'une sage décision, ou aurait-il suggéré de ne pas le lever à ce moment précis?
M. Gordon Ennis: Le conseil n'a jamais dit que l'aquaculture était inadéquate et nous ne nous sommes jamais opposés à l'aquaculture. Nous avons toujours dit, par contre, qu'elle doit se pratiquer comme il le faut. Le moratoire en lui-même est quelque chose de bien étrange, puisque la production de poissons d'élevage a doublé pendant cette période. Les densités plus élevées peuvent, en fait, avoir exacerbé certains problèmes, par suite du doublement de la production, mais pas du doublement du nombre de sites renfermant des poissons. À mon avis, ce qui importe, ce n'est pas tant l'existence d'un moratoire, mais le fait que les choses se fassent comme il le faut. C'est ce qui représente en réalité une grande partie du travail de recherche de nouveaux sites adéquats. De toute évidence, je dirais que dans l'archipel Broughton, il faut éviter des secteurs situés le long d'une voie de migration active, fortement empruntée par le saumon juvénile, par exemple.
M. Peter Stoffer: Dans son avis toutefois, le conseil fait des recommandations aux «gouvernements», ce qui comprend également les gouvernements provinciaux, et vous dites: «Il faudrait que le principe de précaution soit appliqué beaucoup plus rigoureusement qu'à l'heure actuelle». Cela ne veut-il pas dire que tout ce que vous préconisez— les choses devant se faire comme il le faut et le principe de précaution étant appliqué—aurait dû être bien ancré avant la levée du moratoire?
M. Gordon Ennis: La province a clairement indiqué au moment de la levée du moratoire que le nombre de fermes piscicoles n'augmenterait pas tant que les impacts environnementaux ne seraient pris en compte. La situation de l'archipel Broughton n'a rien à voir avec la levée du moratoire. Ces fermes se trouvaient dans l'archipel avant la levée du moratoire. Je préférerais, pour ma part, que l'on dispose de beaucoup plus d'informations et que l'on fasse plus d'études. Fait intéressant, lorsque le gouvernement provincial a imposé le moratoire, il avait fait un examen très approfondi de la salmoniculture. Les résultats de cet examen sont pratiquement identiques à ceux du nôtre. En effet, les deux études concluent que les inconnues sont nombreuses et qu'il faut en venir à bout.
Le président: C'est terminé pour vous, monsieur Stoffer.
Monsieur Hearn, cinq minutes
M. Loyola Hearn (St. John's-Ouest, PC): Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci de votre présence, monsieur Ennis—nom typique de Terre-Neuve, soit dit en passant.
Connaissons-nous le pourcentage de saumoneaux touchés dans l'archipel Broughton par rapport à il y a 10 ans? Est-il en augmentation?
 (1205)
M. Gordon Ennis: Nous n'avons pas les données d'il y a 10 ans et ne disposons pas de bonnes données d'échantillonnage. D'après Alexandra Morton, de 70 à 80 p. 100 du saumon rose est infecté par le pou du poisson. Récemment toutefois, la fondation David Suzuki a publié une étude du niveau naturel du pou du poisson. Si je ne me trompe, elle en a conclu que cinq saumons juvéniles sur 1 000 étaient porteurs d'un pou chacun. D'après la fondation, le niveau du pou dans le poisson de l'archipel Broughton est 1 000 fois supérieur au niveau naturel. Cette étude s'appuie sur des situations réelles et la fondation a fait beaucoup d'études dans le nord, tout le long de la côte.
M. Loyola Hearn: Vous parlez de la mise en jachère des fermes piscicoles. Je ne suis pas sûr que certain d'entre nous comprennent vraiment de quoi il s'agit. Pourriez-vous nous en parler tout en indiquant les efforts déployés dans ce sens, ainsi que les coûts? S'agit-il de quelque chose qui se fait régulièrement?
M. Gordon Ennis: Certaines fermes piscicoles sont actuellement mises en jachère pour diverses raisons, dont par exemple, la maladie. Cela équivaut à la mise en jachère d'un champ que l'on ne cultive pas. Il s'agit en fait de retirer le poisson de la ferme piscicole qui reste vide pendant un certain temps. Je le répète, nous sommes un conseil pour la conservation. D'une certaine façon, c'est un luxe puisque nous n'avons pas à tenir compte des questions économiques, sociales, etc. Nous nous occupons uniquement de ce qui s'impose en matière de conservation; ce qui nous intéresse en premier lieu, c'est le saumon sauvage. Nous n'avons pas examiné ces impacts, car nous considérons que c'est à d'autres qu'il incombe d'évaluer l'impact économique éventuel sur l'industrie.
M. Loyola Hearn: Je me demande si une étude comparative a été faite entre le temps et les efforts consacrés à l'élevage du poisson—du saumon dans le cas qui nous intéresse, et peut-être de l'élevage en général—et le temps et les efforts visant à améliorer la conservation des stocks sauvages, au chapitre des dépenses directes, mais aussi de la valeur économique globale et des possibilités à long terme de l'industrie elle-même. Savez-vous si une comparaison du genre a jamais été faite?
M. Gordon Ennis: Pas à ma connaissance.
M. Loyola Hearn: C'est à peu près tout, monsieur le président.
Le président: Merci.
Monsieur Ennis, comme vous le savez, nous étudions l'aquaculture et je pense qu'il convient de dire qu'en tant que politiciens, notre travail consiste à équilibrer les divers intérêts en jeu. Nous comprenons donc que votre point de vue s'inscrit dans une logique de conservation. Je veux simplement bien comprendre ce que vous dites. En effet, il me semble que vous avez déclaré sans équivoque que le CCRHP n'est pas opposé à l'aquaculture, qu'il faut simplement que l'aquaculture se pratique comme il le faut, n'est-ce pas?
M. Gordon Ennis: Oui.
Le président: Merci.
Dans votre exposé, vous dites, à la page 3:
L'approche prudente admet que l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte à reporter des décisions en présence d'un risque de préjudice grave ou irréversible. |
Notre comité recherche des définitions d'approche prudente, de développement durable, etc. Je me demande d'où vient cette définition d'approche prudente?
M. Gordon Ennis: C'est la définition utilisée par le gouvernement fédéral sur le site Web de Pêches et Océans. Si je ne me trompe, d'autres sites Web fédéraux utilisent cette expression également. Dans ce cas, par opposition à d'autres définitions, l'approche prudente est reliée à la probabilité de préjudice grave ou irréversible.
Le président: Merci.
À propos du point un des recommandations du conseil du 20 janvier 2003, vous dites qu'il faudrait appliquer le principe de précaution. Dans le document écrit, on peut lire qu'il faudrait que le principe de précaution soit appliqué « beaucoup plus rigoureusement ». Bien sûr, l'appliquer beaucoup plus rigoureusement et l'appliquer, tout simplement, ce qui signifie qu'il n'est pas appliqué, ne veulent pas dire la même chose. Est-ce que j'exagère la portée de cette différence? Ou est-il vrai, selon vous, que le principe de précaution a été appliqué, mais pas de façon beaucoup plus rigoureuse, comme le souhaiterait le conseil?
 (1210)
M. Gordon Ennis: C'est une bonne question. Posez-la à presque n'importe quel gestionnaire, et il vous dira agir avec prudence. Il manque toutefois une vraie bonne définition de l'approche prudente en tant que telle et de la façon dont on l'applique. Comment s'applique-t-elle lorsque vient le temps d'accepter ou de refuser un projet? Comment s'applique-t-elle lorsqu'on détermine les types de contrôles ou de mesures à employer pour éviter certains problèmes? Je pense que c'est ce que nous voulons dire. S'il y a de l'inconnu, et il y en a souvent, il y a pas de normes entourant l'évaluation des effets cumulatifs. Nous estimons qu'il devrait y avoir des normes encadrant ces évaluations et que c'est inhérent à l'approche prudente. Ce n'est qu'un exemple.
Le président: Je veux être certain de bien comprendre. Au point un, vous dites qu'il «faudrait que le principe de précaution soit appliqué beaucoup plus rigoureusement». Cela sous-entend qu'on l'applique déjà, si je comprends bien, mais que votre conseil est d'avis qu'il devrait être appliqué plus rigoureusement. Est-ce bien le point de vue de votre conseil?
M. Gordon Ennis: Oui, c'est cela.
Le président: Merci.
Je suppose que vous savez que le ministre a annoncé un plan d'action pour protéger le saumon rose dans l'archipel de Brougthon?
M. Gordon Ennis: Oui.
Le président: Votre première recommandation visait la mise en jachère de toutes les fermes salmonicoles, mais il ne l'a pas suivi. N'est-ce pas?
M. Gordon Ennis: C'est juste.
Le président: Il a opté pour le plan B, pourriez-vous dire, qui consiste à essayer d'en mettre quelques-unes en jachère. Est-ce juste?
M. Gordon Ennis: Non, je ne dirais pas qu'il a opté pour le plan B, parce que selon le plan B, on favoriserait un traitement chimiothérapeutique préventif visant à tuer tous les poux du poisson en exerçant une tolérance zéro, pour ainsi dire. Dans son plan, le ministère propose d'établir un seuil en deça duquel on ne traiterait pas les poissons, donc on ne les traiterait que lorsque la maladie atteint un certaine proportion dommageable plutôt que de façon préventive. C'est une distinction très importante.
Le président: Dans son communiqué de presse préliminaire, le ministre disait, entre autres choses, qu'il favoriserait une gestion des fermes, soit une mise en jachère stratégique afin de créer un corridor migratoire pour le saumon rose et l'adoption de protocoles et de normes plus sévères pour la gestion de la santé du poisson. Il est donc en faveur d'une certaine mise en jachère stratégique, mais comme vous l'avez déjà dit en réponse à une question de M. Cummins, je crois, vous doutez de l'existence d'un corridor migratoire, parce que les saumoneaux suivent divers itinéraires. Est-ce bien juste?
M. Gordon Ennis: C'est juste et il y a au moins une ferme, que nous sachions, dans la région de Broughton qui semble afficher un nombre élevé de saumons roses juvéniles en migration, mais qui n'a pas été mise en jachère. Je ne veux pas critiquer la validité de ce corridor, cela pourrait fonctionner, mais il n'y a aucune preuve en ce sens. Nous avons concentré nos efforts pour déterminer où les interactions entre les saumons roses juvéniles et les poissons d'élevage sont les plus susceptibles d'avoir lieu.
Le président: Merci, monsieur.
Monsieur Cummins.
M. John Cummins: Merci, monsieur le président.
Monsieur Ennis, j'ai trouvé vos observations sur l'application du principe de précaution par le MPO dans la gestion des fermes salmonicoles plutôt curieuses. Vous savez sans doute que l'été dernier, dans un effort futile et non fondé de protéger le saumon rouge de montaison tardive dans le fleuve Fraser, le ministère a privé l'industrie commerciale de beaucoup d'occasions de pêche et a permis un frai probablement excessif de 8 à 9 millions de saumons rouges dans l'écosystème du fleuve au coût de 200 millions de dollars pour l'économie de la Colombie-Britannique. Il s'agit du principe de la précaution appliqué à l'extrême, au point d'entraîner des effets négatifs. J'aimerais que vous nous donniez un exemple, si possible, de la façon dont le MPO applique l'approche prudente dans les zones d'élevage de saumons en Colombie-Britannique.
 (1215)
M. Gordon Ennis: Il s'agit d'un règlement de la province, que le MPO appuie et qui vise à prévenir que les déchets et les fèces de poissons ne créent des problèmes dans les fonds marins. Le MPO pourrait qualifier cette mesure de prudente, mais dans l'état actuel des choses, il se trouve que le ministère autorise la stérilisation d'une partie des fonds. Les organismes qui vivent habituellement dans les fonds non-oxygénés et qui se nourrissent de poissons ne pourront pas y survivre, ils vont mourir. Si l'on appliquait le principe de précaution de façon plus rigoureuse, on adopterait un règlement sur les déchets qui se déposent sur les fonds. Ce serait plus prudent de prendre des mesures pour éviter un problème plutôt que d'accepter une perte dans une certaine zone.
M. John Cummins: Merci.
Pour clarifier quelques éléments soulevés dans les dernières questions, vous avez fait allusion à l'utilisation de l'agent chimiothérapeutique SLICE. À ce que je sache, SLICE n'a toujours pas été approuvé au Canada. N'est-ce pas?
M. Gordon Ennis: C'est ce que j'ai entendu dire, même si les aquaculteurs l'utilisent.
M. John Cummins: C'est vrai, et l'utilisation de tels agents chimiothérapeutiques pose problème, n'est-ce pas? Des chercheurs écossais ont observé une dispersion des larves des fermes salmonicoles qui utilisent ces agents chimiothérapeutiques. Pouvez-vous nous en dire davantage? Le CCRHP en a-t-il étudié la question?
M. Gordon Ennis: Je ne m'y connais pas beaucoup dans ce dossier, mais nous ne préconisons pas l'utilisation d'agents chimiothérapeutiques. Nous préconisons la mise en jachère. Nous ne voudrions pas que des agents chimiothérapeutiques soient utilisés, mais à ce que nous avons observé, même s'ils ont des effets locaux, ils sont mieux que rien. Nous n'avons pas recommandé l'utilisation de SLICE, nous avons recommandé l'utilisation d'un agent chimiothérapeutique qui tuerait le pou du poisson plutôt que de le repousser, tout simplement. Je crois que dans l'exemple dont vous nous parlez, le pou du poisson a été repoussé à l'extérieur de la zone, mais il n'a pas été tué. N'est-ce pas?
M. John Cummins: Oui, monsieur.
M. Gordon Ennis: Je crois que cette étude n'a toujours pas été attestée. L'article en question, si je me rappelle bien—je ne l'ai pas lu, mais notre conseiller scientifique, le Dr Brian Riddell, l'a lu—n'a pas été examiné par un comité de lecture ni n'a fait l'objet d'une évaluation par les pairs, ce qui fait qu'il n'a pas le même poids que d'autres articles. Il n'en demeure pas moins que j'estime qu'il faut utiliser des agents chimiothérapeutiques pour tuer le pou et non simplement pour le repousser.
 (1220)
M. John Cummins: Je crois qu'il s'agit d'un article du Conseil international pour l'exploration de la mer. Je ne peux pas vous dire s'il a fait l'objet d'un évaluation par les pairs pour l'instant. J'ai probablement l'article en main. Si c'est le cas, je vais vérifier.
À propos du pou du poisson, le CCRHP affirme dans l'un de ses rapports récents, le rapport de Dovetail, que le saumon du Pacifique pourrait être considérablement plus susceptible d'être infesté par le pou du poisson que le saumon de l'Atlantique, dont les populations d'élevage infestées par d'autres types de poux ont causé des effondrements de pêche, parce que les saumoneaux, les juvéniles du saumon du Pacifique, lorsqu'il migrent de l'eau douce vers la mer atteignent l'environnement marin à un âge plus précoce et à une taille plus petite. Vous poursuivez en disant que cela expose le saumon du Pacifique à un risque plus élevé d'infestation par le pou du poisson que le saumon de l'Atlantique et que les recherches réalisées ailleurs pourraient ne nous donner qu'un avant-goût de ce qui pourrait arriver en Colombie-Britannique. Est-ce une bonne interprétation de vos conclusions?
M. Gordon Ennis: Nous sommes d'accord avec cette affirmation de Dovetail.
M. John Cummins: C'est une affirmation du CCRHP, donc je présume donc que vous l'endossez, si mon interprétation est bonne.
M. Gordon Ennis: Oui.
Le président: Nous allons maintenant céder la parole à M. Stoffer, puis nous allons revenir à vous, monsieur Cummins.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur.
La dernière question que j'ai pour vous porte sur les échappées. J'ai remarqué que vous ne faisiez aucune recommandation sur les échappées, sauf celle d'effectuer une étude et d'établir un comité. Au point 5, vous proposez la création d'un forum sur la salmoniculture. Que recommanderiez-vous pour lutter contre les échappées elles-mêmes? Je me rappelle qu'il y a quelques années, les gens de l'industrie soutenaient que le saumon de l'Atlantique ne pouvait pas se reproduire dans les rivières, mais nous savons maintenant qu'il le peut. J'aimerais savoir ce que vous recommanderiez au sujet des échappées. Devrait-on favoriser les fermes terrestres? Devrait-on opter pour des systèmes fermés? Que pouvons-nous faire pour prévenir les échappées de saumons d'élevage?
M. Gordon Ennis: C'est intéressant. Les gens de l'industrie ont commencé par dire que les saumons ne s'échapperaient pas, puis ils ont dit que s'ils s'échappaient, ils ne survivraient pas en mer, qu'ils mourraient, parce qu'ils ne seraient pas adaptés au milieu. Puis ils ont dit qu'ils ne fraieraient pas, mais ils fraient finalement. Nous ne savons pas s'ils ont colonisé le milieu. Il n'y a aucune preuve que les saumons de l'Atlantique juvéniles qui ont frayé dans les rivières de la Colombie-Britannique ont survécu jusqu'à l'âge adulte, puis qu'ils y sont retournés, nous ne savons donc pas si cette colonisation est complète. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas déterminé qu'il existait un risque élevé en ce sens, mais les efforts déployés par le gouvernement pour le découvrir sont très modestes. Je crois qu'il y alloue un budget de 50 000 $ cette année. Seule une fraction des rivières est étudiée. Il y a très peu de données. Il est difficile de tirer des conclusions dans un sens ou dans l'autre. Dovetail consultants s'est également fondé sur la documentation de Ron Ginetz, qui prouve qu'il y a longtemps, le MPO a tenté d'établir des passes migratoires de saumon de l'Atlantique dans la province, mais que malgré leur grand nombre, les poissons relâchés n'avaient pas réussi à se développer et à s'établir.
De fait, la meilleure chose à faire consisterait à prévenir les échappées. Il est certain qu'en préconisant l'aquaculture terrestre, on prévient les échappées. On ne prévient pas nécessairement des choses comme le pou du poisson ou les virus, à moins que l'eau de ces fermes soit traitée—ce qui n'est pas le cas dans l'exemple connu de ferme piscicole terrestre—mais on réglerait le problème des poissons. Je ne suis pas un expert de la conception des structures d'élevage marin, mais il y aurait peut-être d'autres technologies susceptibles de restreindre le nombre de saumons qui s'échappent des parcs en filet. Je suppose qu'on pourrait les réduire au minimum, mais il arrivera toujours qu'une otarie ou un phénomène océanographique inhabituel endommage la structure et qu'il y ait des échappées. Il est difficile d'en évaluer les risques réels. C'est un enjeu qui intéresse beaucoup le public en Colombie-Britannique, mais il n'y a pas beaucoup d'information sur ce qu'il signifie vraiment. De plus, il apparaît hors de tout doute que le nombre d'occurrences d'échappées a diminué depuis quelques années.
 (1225)
Le président: Merci.
Monsieur Hearn.
M. Loyola Hearn: Merci, monsieur le président.
Je me demandais si vous aviez constaté une augmentation des populations d'otaries, de phoques ou autres dans vos rivières à saumon ou aux alentours récemment?
M. Gordon Ennis: C'est le cas chez les otaries. Nous avons des otaries de Steller et des otaries de Californie. Leurs populations augmentent. Je suis certain qu'elles mangent du saumon et que des otaries ont déjà ont nui aux activités dans les parcs en filet.
Le président: C'est le dernier tour, monsieur Cummins.
M. John Cummins: Merci, monsieur le président.
Vous avez mentionné, monsieur Ennis, que le nombre d'échappées avait diminué, et je crois que vous avez raison en ce qui concerne les catastrophes naturelles ou les bris dans les filets, mais cela demeure problématique, car il y a des échappées lorsque les salmoniculteurs changent les filets. Ce ne sont que des frais d'exploitation pour eux, n'est-ce pas?
M. Gordon Ennis: Je n'en suis pas certain. Il y a beaucoup de théories. Certains disent avoir vu des salmoniculteurs sortir tout bonnement des parcs les saumons déformés ou en mauvaise santé. Certains disent même que certains saumons juvéniles peuvent passer entre les mailles du filet. De plus, je suppose qu'il est fort probable que de petits nombres d'individus s'échappent lorsque les producteurs changent les filets.
M. John Cummins: Vous n'avez pas étudié la question.
M. Gordon Ennis: Nos consultants l'ont étudiée, mais il est impossible de recueillir ce genre de données. À notre connaissance, il n'y a aucun rapport exigible pour ce type d'échappées incidentes et de très petite importance. Nous n'avons relevé aucun fait à ce propos.
M. John Cummins: Pour en revenir à l'utilisation de produits chimiques, notre comité a tenu des audiences où il a été question de l'utilisation de canthaxanthine chimique. Comme vous le savez, il s'agit d'une substance chimique servant à colorer la chair du poisson. On nous avait garanti que ce produit n'était pas utilisé au Canada, mais après vérification, nous avons découvert qu'il l'était. Ce colorant peut endommager la rétine. L'Union européenne a adopté de nouvelles règles afin de réduire des deux tiers la quantité de ce produit chimique pouvant être utilisé par l'industrie piscicole. Êtes-vous au courant de règlements régissant son utilisation au Canada?
M. Gordon Ennis: En fait, nous nous concentrons sur les poissons sauvages et leurs interactions, dans ce cas-ci, avec les poissons d'élevage. Votre question porte sur un problème de santé humaine, nous ne l'avons pas étudiée.
M. John Cummins: Alexandra Morton a réalisé ce qu'on pourrait appeler une étude approfondie de l'état de la situation du pou du poisson dans l'archipel de Broughton. Elle a été critiquée dans certains cercles officiels de façon fort injuste, à mon avis, pour sa méthodologie et tout le reste. Je me demandais si vous pouviez nous faire part de vos observations sur ses efforts scientifiques.
 (1230)
M. Gordon Ennis: Dans un monde idéal, le ministère des Pêches et des Océans serait allé étudier y l'incidence du pou du poisson. Je crois qu'en tant que chercheuse privée, elle mérite d'être félicitée pour les efforts qu'elle a déployés. Comme je l'ai déjà dit, nous ne croyons pas que ses résultats soient quantitatifs. Elle a toutefois capturé des centaines et des centaines de poissons et a relevé les incidences de pou du poisson. Les photographies que nous vous avons fournies viennent d'elle. Elle a réussi à attraper à la fois des juvéniles sains et des juvéniles infestés. Je crois qu'elle a beaucoup contribué à l'approfondissement de nos connaissances sur la situation dans l'archipel de Broughton.
M. John Cummins: Le ministère a réalisé sa propre étude sur le pou du poisson. Les chercheurs qui l'ont menée ont été avisés dès le départ par le ministère que leur méthodologie posait problème, mais ils ont tout de même continué sans en tenir compte. À ce que je sache, M. Noakes était au courant, l'été dernier, des problèmes de méthodologie dans les relevés du MPO et il savait qu'un parasitologue du MPO avait exprimé de graves réserves quant aux relevés du MPO. Le MPO a tout de même poursuivi son étude. Les chercheurs n'ont fait aucune mention, dans leur étude, des réserves qui ont été exprimées. Je suis certain que vous connaissez les travaux du MPO. Comment les qualifieriez-vous?
M. Gordon Ennis: Je commencerais par souligner l'importance d'un communiqué de presse récent du MPO. Le ministère mène de vastes études, il utilise différents engins, des engins qui risquent de ne pas éliminer les poux chez les poissons. Je pense qu'il prend le problème plus au sérieux, maintenant. D'après moi, l'étude dont vous parlez a été effectuée de façon opportuniste. On m'a dit qu'un bateau, le Ricker, était en train d'effectuer des échantillonnages de routine lorsque sa trajectoire a été déviée vers l'archipel de Broughton. Son personnel a prélevé des échantillons de poisson, mais les engins utilisés étaient susceptibles de faire tomber les poux des poissons, des poux mobiles, de toute façon. Puis le bateau est tombé en panne, et il a fallu beaucoup de temps pour qu'on envoie un autre navire affrété muni d'engins d'échantillonnage de poisson plus efficaces. Cela a été fait beaucoup plus tard. Je crois que c'est avec cet engin que le personnel n'a attrapé que sept saumons roses juvéniles. Ceux-ci était plutôt gros et ils ont été pris dans la partie extérieure de Broughton.
Bref, les travaux d'Alexandra Morton m'indiquent que le pou du poisson est présent chez le saumon sauvage. Les travaux du MPO indiquent plutôt, à mon avis, qu'il faut envisager de nouvelles méthodes d'échantillonnage. Je crois que nous pourrions nous servir des deux études pour concevoir un meilleur plan.
Le président: Monsieur Ennis, je sais que vous allez trouver cela dur à croire, mais sept minutes et demie se sont déjà écoulées, et M. Stoffer a une question.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.
Nous et d'autres nous préoccupons de l'emplacement des fermes actuelles ou futures au Canada. Dans le Maine, lorsque nous y sommes allés, beaucoup de personnes se disaient très inquiètes de l'emplacement d'une ferme proche d'un cours d'eau poissonneux. J'aimerais connaître votre opinion. Les fermes devraient-elles être situées loin des cours d'eau poissonneux ou cela ne pose-t-il pas problème? C'est que nous entendons des preuves contradictoires sur l'emplacement de fermes à proximité de cours d'eau naturels.
 (1235)
M. Gordon Ennis: En Colombie-Britannique, il existe une règle selon laquelle les fermes doivent se trouver à un kilomètre de l'embouchure d'un cours d'eau à saumons important. Cela a peut-être été remplacé par «d'un cours d'eau à saumons», point. Cela s'explique du fait que les saumons juvéniles, lorsqu'ils quittent les rivières, sont très vulnérables, et s'il se trouve une ferme piscicole à proximité d'eux, il y a un risque de transfert de maladies. De plus, si un poisson d'élevage adulte s'échappait, il se trouverait tout près d'une rivière où il pourrait frayer. Je pense qu'il y a beaucoup de bonnes raisons d'être prudents quant à l'emplacement des fermes et qu'il faut essayer de les établir loin des rivières.
Ce qui nous inquiète surtout, toutefois, ce n'est pas tant la distance, même si nous ne croyons pas que ces fermes devraient se situer à proximité des rivières, mais la nécessité de comprendre les courants et la façon dont les populations juvéniles se déplacent. Un choix aussi simple que celui entre la rive nord et la rive sud d'une baie pourrait réduire beaucoup les problèmes. On n'a pas l'habitude de recueillir ce genre de données lorsqu'on détermine l'emplacement d'une ferme piscicole. Dans notre étude sur l'archipel de Broughton, nous en parlons lorsque nous disons que les plans de zone locale doivent respecter l'essence de la Loi sur les océans du Canada. Il serait donc possible de mieux situer les infrastructures.
M. Peter Stoffer: À votre avis, une distance d'un kilomètre est-elle suffisante ou devrait-on les établir plus loin?
M. Gordon Ennis: Une distance d'un kilomètre est une distance aléatoire. Je ne sais pas si c'est suffisant. Plus la ferme est loin, le mieux. Ce n'est qu'une supposition éclairée qui ne s'appuie pas sur des données scientifiques.
M. Peter Stoffer: Mais êtes-vous d'accord pour dire que plus elles sont loin, mieux c'est?
M. Gordon Ennis: Oui.
M. Peter Stoffer: Merci.
Le président: Monsieur Cummins.
M. John Cummins: Merci, monsieur le président.
Monsieur Ennis, j'aimerais vous citer une lettre qui date du 29 octobre 1992. Elle provient d'Agriculture Canada et a été signée par M. J. A. Shemanchuk, président du Comité d'experts sur les insectes nuisibles aux animaux. Elle s'adresse à un monsieur Armstrong du ministère de l'Agriculture et des Pêches de la Colombie-Britannique. Je vais vous en lire quelques paragraphes:
M. Hugh Phillip m'a informé par courriel que vous aviez un problème de pou du poisson dans des cultures de saumons. Il m'a également informé que vous aviez demandé une homologation d'usage limité de pyréthrine. |
Lors de la dernière réunion du Comité d'experts sur les insectes nuisibles aux animaux, des membres ont évoqué un problème semblable dans la région de l'Atlantique. Cet enjeu a fait l'objet d'une grande discussion, et des inquiétudes ont été exprimées [...] |
Le Comité d'experts sur les insectes nuisibles aux animaux croit que le pou du poisson [...] continue de poser un problème potentiellement explosif. Les méthodes de lutte antiparasitaire ne sont pas compatibles avec l'industrie des mollusques et crustacés et risqueraient de tuer l'industrie aquacole. |
Êtes-vous d'accord avec ces sentiments exprimés en 1992? Les méthodes de lutte contre le pou du poisson ont-elles évolué dans notre pays depuis?
M. Gordon Ennis: Je n'ai pas lu cette lettre, mais nous avons conclu que le pou du poisson était le problème le plus grave dans les interactions entre les poissons d'élevage et les poissons sauvages. Actuellement, il n'y a aucun règlement sur la lutte contre le pou du poisson afin de prévenir qu'il ne cause du tort aux poissons sauvages.
M. John Cummins: Le 20 février, le ministre Thibault a publié un communiqué de presse. Il annonçait un plan d'action sur le saumon rose afin de protéger les ressources de saumon rose dans l'archipel de Broughton, qui se situe près de l'extrémité nord de l'île de Vancouver, en Colombie-Britannique. Voici ce qu'on peut y lire:
Le vaste Plan d'action pour le saumon rose de Pêches et Océans Canada est conforme à plusieurs recommandations formulées dans le rapport de janvier 2003 du Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique. |
Le plan s'articule autour des cinq volets suivants. |
Monsieur Ennis, je suis certain que vous connaissez bien l'annonce de M. Thibault, je vais donc seulement vous lire les titres de ces cinq volets. Veuillez m'arrêter si je lis quoi que ce soit laissant entendre que cette annonce ou que les mesures du MPO vont contribuer d'une façon ou d'une autre à protéger le saumon qui quittera bientôt les rivières des environs de l'archipel de Broughton?
Le premier volet porte sur: «un programme de surveillance en eau douce, qui sera mené à bien parallèlement au programme d'évaluation traditionnelle de l'abondance des saumons du Pacifique mené par le MPO dans le secteur de l'archipel de Broughton». Le second volet vise un «programme de surveillance en mer». Au troisième volet, il parle d'une «approche visant la gestion des piscifactures, qui soutient la mise en jachère d'exploitations pour créer des corridors de migration réservés au saumon rose sauvage ainsi que l'adoption de protocoles et de normes plus sévères pour la gestion de la santé des poissons».
 (1240)
M. Gordon Ennis: Ce n'est pas exactement ce que nous avons recommandé. Cela ressemble à notre recommandation à risque élevé, mais il y a des différences.
M. John Cummins: Oui.
Le quatrième volet porte sur «un plan de recherche à long terme, qui permettra de fixer les priorités du ministère pour ce qui est de la recherche sur les approches de gestion du pou du poisson en Colombie-Britannique». Le cinquième volet prévoit un «processus de consultation et de dialogue avec le public».
Ainsi, de ces cinq volets, le ministre a recommandé qu'un ensemble de mesures s'inspire d'une certain façon de votre option à risque élevé.
M. Gordon Ennis: Nous sommes très heureux que le ministère prévoit d'effectuer de la surveillance et envisage de mener des recherches à long terme. Nous croyons qu'il est bon d'effectuer une surveillance en eau douce et en mer. La seule mesure de lutte se trouve au point 3, qui porte sur la gestion des fermes. Lorsqu'on entre dans les détails—je n'ai pas la documentation sous les yeux, malheureusement—puis qu'on les lit parallèlement à la fiche d'information, il semble que le ministère envisage nettement de tolérer un certain nombre de poux. Il va établir un seuil de déclenchement en deçà duquel aucun traitement ne sera permis. Nous le mettons en garde. Nous estimons qu'il faudrait effectuer des traitements préventifs, point.
Nous recommandons une mise en jachère stratégique. Le concept d'un corridor n'est pas nécessairement valide. Il sera intéressant d'en faire un suivi et de voir ce qu'il advient. Nous aurions également préféré que le ministère examine chacun des sites aquacoles de la région de Broughton ainsi que les données disponibles sur l'abondance de saumons juvéniles sur chaque site, puis qu'il envisage de mettre d'autres exploitations en jachère.
Il y aura des consultations publiques à long terme, mais ce que le MPO propose ne correspond à ce que le Conseil a proposé. Les gouvernements ont organisé des groupes de consultation sur l'aquaculture dans le passé. Ainsi, la province a constitué un comité composé de représentants de l'industrie, des organismes environnementaux et d'autres parties pour se pencher sur la salmoniculture. Ce comité a cessé d'exister lorsque le gouvernement a annoncé la levée du moratoire. Beaucoup ont exprimé leur désemparement. En fait, nous ne proposions pas l'établissement d'un organisme de consultation comme celui dont on a fait l'essai et qui a échoué, mais d'un organisme qui ne serait pas dirigé par le gouvernement et qui lui ferait plutôt des recommandations, tout en sachant que le gouvernement peut les accepter ou les refuser, et qui assurerait une continuité.
M. John Cummins: Ainsi, nous possédons déjà des études qui pourraient aboutir à une bonne loi dans l'avenir, mais pour l'instant, il n'y a rien dans l'annonce du ministre qui va aider les poissons qui s'apprêtent à prendre la direction de la mer.
M. Gordon Ennis: Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ses mesures de gestion des piscifactures sont un pas dans la bonne direction. La mise en jachère de certaines fermes se trouvant aux alentours d'un passage migratoire n'est certes pas ce que nous avons recommandé, mais c'est mieux que rien. C'est un autre pas dans la bonne direction. Le ministre a également promis de traiter les poissons d'élevage comme les poissons sauvages. Ce n'est pas ce que nous avons recommandé non plus, mais c'est un pas dans la bonne direction. Je crois que toutes ces choses sont mieux que rien.
M. John Cummins: Un peu mieux que rien. Comme vous l'avez dit avec éloquence, rien ne permet de prévoir l'itinéraire que ces saumoneaux vont suivre lorsqu'ils vont se diriger vers la mer. Il n'y a aucun preuve scientifique attestant la validité d'un corridor. C'est ce qu'il faut retenir, n'est-ce pas?
M. Gordon Ennis: C'est ce qu'il faut retenir, mais il n'en demeure pas moins qu'on va mettre en jachère des piscifactures qui n'auraient pas été mises en jachère autrement. C'est positif.
 (1245)
M. John Cummins: Je suis d'accord.
M. Gordon Ennis: Nous voulions que toutes soient mises en jachère, mais...
M. John Cummins: Il y a une dernière chose que j'aimerais que vous m'expliquiez. Je pense que cela vaut la peine. C'est lié à une question que j'ai posée à M. Noakes il y a quelque temps. Lui et son ministère ont déclaré publiquement que des cas d'infestation grave de saumons sauvages par le poux du poisson en Colombie-Britannique ont été recensés avant qu'il n'existe des fermes piscicoles en Colombie-Britannique. Il a fait référence à un article de Parker et Margolis sur une nouvelle espèce de parasite. En fin de compte, cet article ne semble pas contenir de preuves de grave infestation par le pou du poisson. Il porte plutôt sur la découverte d'une espèce de pou complètement différente de celle qui nous inquiète actuellement. Savez-vous s'il y a eu des cas prouvés de grave infestation par le pou du poisson en Colombie-Britannique avant l'établissement de fermes piscicoles?
M. Gordon Ennis: Pas chez les juvéniles, mais chez les poissons adultes, si.
M. John Cummins: Pouvez-vous nous parler davantage du cas de poissons adultes infestés?
M. Gordon Ennis: Nous sommes certains que les saumons roses adultes et d'autres espèces peuvent attraper le pou du poisson. Où l'attrapent-ils? Je ne le sais pas. Je les soupçonne de l'attraper lorsqu'ils pénètrent dans les zones riveraines. Ils ont fréquemment des poux du poisson, mais ce sont de gros poissons et ils peuvent être infestés d'un beaucoup de poux sans que cela ne cause leur mort. Ce n'est pas le cas des juvéniles, par contre. Dix poux suffisent pour tuer un juvénile, c'est certain, même s'ils ne suffisent pas pour tuer un adulte. Les incidences du pou du poisson sur eux sont donc différentes.
M. John Cummins: Ma question porte sur les infestations graves par le pou du poisson. J'ai certes vu beaucoup de poux du poisson sur les saumons rouges qui retournaient vers l'eau douce, mais bien sûr, ces poux meurent dès qu'ils atteignent l'eau douce, donc cela ne pose pas problème. Le problème se pose, par contre, lorsque ces parasites sont emportés vers la mer, n'est-ce pas?
M. Gordon Ennis: C'est juste.
Le président: Je veux être certain de bien comprendre. Vous n'avez jamais vu d'étude faisant état d'infestations graves de juvéniles avant l'arrivée des piscifactures?
M. Gordon Ennis: C'est exact.
Le président: D'accord. Merci.
M. Gordon Ennis: Je ne dis pas qu'il n'y en pas, mais je n'en ai pas vu.
M. John Cummins: Je pourrais poursuivre.
Le président: Je suis certain que vous le pourriez, mais je crois que nous allons nous arrêter là.
Monsieur Ennis, je vous remercie beaucoup de vous être levé si tôt pour venir nous présenter votre témoignage. C'était très intéressant, et il est impressionnant de voir combien de choses vous pouvez retenir sans notes. Je vous remercie beaucoup.
Chers collègues, il est 12 h 50, et nous avons une autre réunion du comité de liaison, donc cela pourrait même être la fin de notre étude. Je vais vous envoyer une lettre concernant la réunion de jeudi, et je vais vous faire une proposition. Si vous êtes d'accord, excellent, sinon, nous allons entreprendre immédiatement l'examen du rapport sur l'aquaculture.
La séance est levée.