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HUMA Rapport du Comité

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1899-années 1930

La distinction n’est pas très nette entre la formation de base des adultes et les autres formes d’enseignement aux adultes offertes par les YMCA et YWCA, les écoles techniques, les églises, les syndicats ouvriers, les organisations agricoles, les enseignants itinérants, etc.

1899

Fondation du Canadian Reading Camp Movement.

1922

Le Canadian Reading Camp Movement devient le Frontier College. Celui-ci envoit des étudiants d’université dans les régions très reculées du pays pour enseigner aux bûcherons, mineurs et autres journaliers à lire et à écrire.

1935

L’Association canadienne d’éducation des adultes (ACEA), la première organisation nationale vouée uniquement à la formation des adultes, est fondée. Elle se veut un carrefour où les professionnels du milieu trouvent appui. Elle mettra au point des programmes d’enseignement mettant l’accent sur la citoyenneté et renseignant les adultes sur des questions politiques, sociales et économiques. C’est la principale source de publications sur l’éducation des adultes jusque dans les années 1950 et elle sert de point de repère aux premiers chercheurs qui font la distinction entre l’éducation équivalant au secondaire (parfois appelée éducation des adultes au Canada) et l’éducation équivalant au présecondaire (parfois appelée alphabétisation). L’ACEA participe à la création d’autres organisations vouées à l’apprentissage et à l’alphabétisation des adultes, comme la Commission canadienne pour le collège communautaire, fondée en 1968, qui devient plus tard l’Association des collèges communautaires du Canada; le Movement for Canadian Literacy, fondé en 1977; le Congrès canadien pour la promotion des études chez la femme, fondé en 1979. L’ACEA voit son rôle de chef de file s’estomper vers la fin des années 1980 et elle cesse d’exister au milieu des années 1990.

Années 1960

Cette décennie est caractérisée par une prise de conscience sociale idéaliste et un sentiment nationaliste au Canada et au Québec, des vagues d’immigration et de grandes réformes sociales comme la lutte à la pauvreté. Une des armes de la lutte à la pauvreté consiste à accroître les fonds fédéraux destinés à la formation technique et professionnelle et permet de mieux faire connaître la situation de sous-scolarisation des adultes.

1960

La Loi sur l’assistance à la formation technique et professionnelle autorise Ottawa à s’associer aux provinces pour payer les coûts d’immobilisation des établissements de formation professionnelle. En six ans, des projets évalués à plus de 1,5 milliard de dollars permettent d’offrir 662 nouvelles écoles et 439 952 placements étudiants. En raison de la divergence de vue fédérale-provinciale concernant les rôles de chacun, et des différences entre le Québec et les autres provinces, cette loi est le dernier investissement fédéral dans les coûts d’immobilisation et de fonctionnement de la formation technique et professionnelle. De nombreux instituts de technologie créés grâce à cette loi sont convertis en collèges communautaires.

1967

La Loi sur la formation professionnelle des adultes est adoptée : elle porte principalement sur les travailleurs en chômage, sous-employés ou en perfectionnement à court terme. Elle mène à la création du Programme de relance du Canada et crée six sociétés privées sans but lucratif pour favoriser l’expérimentation de méthodes propres à motiver et à former les adultes désavantagés sur le plan scolaire. Sans l’avoir voulu, le programme révèle que bon nombre de Canadiens adultes ne sont pas assez instruits pour se recycler. C’est ainsi que l’on constate pour la première fois la nécessité de l’éducation de base pour les adultes.

1969

La Loi sur les langues officielles provoque un essor de l’enseignement des langues secondes au pays et révèle encore davantage l’ampleur de la sous-scolarisation des adultes.

Fin 1960 / début 1970

Les Cours préparatoires à la formation professionnelle (CPFP) et le Programme de formation préparatoire à l’emploi (PFPE) sont créés pour cibler les adultes qui pourraient être formés ou se recycler dans des programmes à court terme menant directement au marché du travail. Les CPFP doivent permettre d’acquérir les niveaux élémentaire et secondaire qui sont nécessaires pour la formation professionnelle.

Années 1970

Cette décennie est caractérisée par une diminution des dépenses de formation et d’alphabétisation des adultes. Un bilan des CPFP et du PFPE révèle que ces programmes ne répondent pas aux objectifs prévus d’acquisition des compétences. Les fonds sont dès lors amputés si bien qu’à la fin de la décennie les sommes auparavant destinées aux adultes les moins scolarisés ont pratiquement cessé d’exister (Thomas, 1983, p. 65). Au même moment, une série de rapports et de commissions dans les provinces font ressortir les besoins des adultes illettrés et sous-scolarisés. D’autres rapports nationaux émanant de différents comités gouvernementaux (comme le Comité sénatorial de la pauvreté en 1971 et le Comité sénatorial des finances en 1976) exposent la même préoccupation dans le contexte d’autres questions sociales. La première grande étude sur l’alphabétisation au Canada est rédigée et la première organisation vouée exclusivement à la formation et à l’alphabétisation des adultes est fondée. Les militants de l’alphabétisation en font une cause de justice sociale.

1970

Le premier atelier de formation tutorielle Laubach est offert au Canada. Des conseils Laubach sont créés partout au pays au cours des dix années suivantes.

1976

Adult Basic Education in Canada and Literacy Activities in Canada 1975/76, écrit par Audrey M. Thomas pour World Literacy of Canada, fournit la première analyse détaillée de l’analphabétisme au pays. L’auteure se sert des données du recensement portant sur le degré de scolarité pour évaluer le nombre d’adultes ayant des besoins à ce chapitre et recueille toutes les données disponibles sur les services offerts au pays, qu’ils soient de sources fédérale ou provinciale ou proviennent d’une des nombreuses organisations — gouvernementales, de recherche et communautaires.

1977

Première conférence nationale sur l’alphabétisation tenue à Ottawa. Elle réunit de grands intervenants du milieu et débouche sur la création du Movement for Canadian Literacy pour défendre la cause.

1979

Le Rapport de la Commission d’enquête sur le congé-éducation et la productivité (pour le ministre du Travail) contient des recommandations sur l’analphabétisme des adultes et préconise des incitatifs et l’établissement d’un fonds d’alphabétisation des adultes qui offrirait des subventions aux employeurs, aux syndicats, aux organisations d’enseignement et aux travailleurs pour rehausser leurs compétences de base. Le fonds ne se matérialise pas mais les recommandations contribuent à mettre en place les fondements de la position fédérale en matière d’alphabétisation des adultes.

Années 1980

Décennie caractérisée par un nombre croissant de rapports de ministères fédéraux insistant à des degrés divers sur l’alphabétisation des adultes en tant qu’enjeu social et économique. Les provinces étudient le dossier, élaborent des politiques et multiplient les nouveaux services (dans les secteurs communautaires et institutionnels) sauf que les services financés par les différents ministères provinciaux ne sont pas très bien coordonnés.

1981

Création de Laubach Literacy of Canada pour coordonner et représenter les conseils de lecture Laubach au Canada.

1983

Publication de Adult Illiteracy in Canada — Challenge, document hors série rédigé par Audrey Thomas pour le compte de la Commission canadienne pour l’UNESCO. Il s’agit de la plus vaste évaluation nationale jamais produite au Canada. Le problème est présenté dans le contexte de l’alphabétisation mondiale et est considéré, dans le cas du Canada, comme une question de sous-scolarisation des adultes. Mme Thomas décrit les activités provinciales et fédérales ainsi que celles du secteur bénévole et met en évidence la fragmentation des services. La juxtaposition des données sur la participation au marché du travail, le niveau d’instruction, et les activités de formation permettent d’établir des liens entre les motifs de justice sociale et les motifs économiques avancés par les partisans de l’alphabétisation. Le document cerne également les groupes ayant des besoins spéciaux : les prisonniers, les Autochtones, les personnes handicapées, les immigrants, les femmes, les personnes âgées et les décrocheurs scolaires. Un constat s’impose : les adultes aux prises avec un problème d’alphabétisation ne forment pas un groupe homogène.

1985

Un rapport de l’ACEA, Educationally Disadvantaged Adults: A Project, incite le gouvernement à agir dans le dossier de l’alphabétisation.

1986

Le 1er octobre, dans le discours du Trône, le gouvernement fédéral s’engage à collaborer avec les provinces, le secteur privé et les groupes bénévoles pour mettre en place les ressources qui permettront aux Canadiens d’acquérir les compétences nécessaires en lecture et en écriture pour participer à l’économie avancée. L’élaboration d’une stratégie nationale dans le champ de compétence fédéral incombe au Secrétariat d’État, qui entreprend un long processus de consultation auprès de tous les intervenants.

Lors d’une réunion tenue en décembre à Cedar Glen, une coalition de groupes nationaux faisant la promotion de l’alphabétisation dans le secteur bénévole produisent un énoncé de politique publique. La Déclaration de Cedar Glen prend la forme d’une lettre ouverte au premier ministre du pays et aux premiers ministres et dirigeants des provinces et des territoires. Elle marque le début d’une campagne de sensibilisation du public et constitue un nouvel argument dans le mouvement de l’alphabétisation.

1987

La chaîne de journaux Southam commande un sondage auprès du Creative Research Group et publie une série d’articles sur l’alphabétisation des adultes au Canada. (Les articles sont repris dans une monographie de Peter Calamai intitulée Broken Words : Why Five Million Canadians Are Illiterate. C’est la première fois qu’on évalue l’alphabétisme au Canada à l’aide de «  tâches réelles  » au lieu d’extrapoler le degré d’alphabétisation à partir des années de scolarité. Le sondage de Southam bouleverse le pays et attire l’attention du public sur la question.

Le Secrétariat national à l’alphabétisation est fondé pour financer les initiatives d’alphabétisation.

1988

Une étude du Groupe d’étude des entreprises canadiennes sur l’alphabétisation estime que le coût annuel de l’analphabétisme pour les entreprises est de 4 milliards de dollars, et le coût pour la société, de 10 milliards de dollars. Le Groupe estime que l’on peut attribuer à l’analphabétisme de nombreuses erreurs obligeant à refaire un travail et bien des accidents de travail entraînant des décès ou des pertes matérielles. Le texte contient une mise en garde au sujet de l’exactitude des estimations; très peu de personnes la lisent cependant et seuls les chiffres font les manchettes. La publicité faite au sujet des coûts de l’analphabétisme, sans parler des autres arguments, amène le gouvernement à prendre des mesures.

Le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada réagit au discours du Trône de 1986 en commandant sa propre enquête sur l’alphabétisation et la formation de base des adultes. Le rapport qui en résulte en 1988, L’analphabétisme chez les adultes : définition et traitement de la question, se penche sur les programmes et les politiques des provinces (voir Cairns, 1988). Les descriptions sont extraites des documents des gouvernements provinciaux. L’analyse actualise et développe les thèmes contenus dans les rapports de Thomas de 1976 et 1983. L’apprentissage continu en est un.

Le premier ministre annonce une stratégie nationale de l’alphabétisation, dotée d’un financement de 110 millions de dollars sur cinq ans.

1989

Création de la base de données nationale sur l’alphabétisation des adultes, d’ABC Canada et de la Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français.

Le Secrétariat national à l’alphabétisation finance une étude nationale dont le rapport suscite le respect et rejoint un grand nombre de lecteurs : l’Enquête sur les capacités de lecture et d’écriture utilisées quotidiennement. C’est le premier document officiel où ne figure pas le terme «  analphabétisme  ».

Années 1990

Une infrastructure est créée pour soutenir les activités d’alphabétisation au Canada : des centres de ressources, des réseaux électroniques et des systèmes de communication ainsi que des regroupements provinciaux et territoriaux, tous financés en partie ou en entier par le Secrétariat national à l’alphabétisation (SNA). Grâce à l’aide financière apportée à plus de 4 500 projets, le SNA facilite la création de matériel didactique et appuie la recherche universitaire et communautaire. Alors que la plupart des provinces et des territoires augmentent les sommes consacrées à l’alphabétisation des adultes, les services aux étudiants restent inégaux d’une région du pays à l’autre. (Voir Hoddinott, 1998). La décennie se termine par des tentatives d’évaluer, de regrouper et de partager ce qui s’est fait de mieux (voir Barker, 1999) et il est souvent question d’un modèle d’éducation permanente à venir.

1994

L’enquête internationale sur l’alphabétisation des adultes, effectuée par Statistique Canada en partenariat avec l’OCDE dans sept pays, y compris le Canada, actualise le tableau de l’alphabétisation au Canada.

1997

Le gouvernement fédéral porte à 30 millions de dollars la somme versée chaque année au SNA et destine le nouveau supplément à l’alphabétisation de la famille et du milieu de travail ainsi qu’aux nouvelles technologies. Le geste est perçu comme un signe de maintien de l’engagement fédéral, que certains intervenants du milieu craignaient de voir s’évanouir avec la fin de la Décennie internationale de l’alphabétisation de l’UNESCO. La responsabilité de la formation est déléguée aux provinces, ce qui enlève un des mécanismes permettant d’acheminer des fonds fédéraux dans l’éducation de base des adultes.

1999-2000

La plupart des gouvernements provinciaux et territoriaux étoffent leurs énoncés de politique sur l’alphabétisation des adultes ou se dotent d’une position s’ils n’en ont pas déjà une. Le budget destiné aux apprenants n’augmente pas pour autant dans la plupart des régions du pays.

2001

Le discours du Trône de janvier annonce un engagement accru en faveur de l’acquisition de compétences et de l’apprentissage et fait plus particulièrement mention de l’alphabétisation : «  À l’heure actuelle, au Canada, bon nombre d’adultes n’ont pas toutes les capacités de lecture et d’écriture avancées qu’exige la nouvelle économie. Le gouvernement du Canada invitera donc les provinces et les territoires, ainsi que le secteur privé et les organisations bénévoles, à lancer une initiative nationale destinée à augmenter de façon importante la proportion des adultes possédant ces compétences avancées.  »

Les stratèges fédéraux cherchent à mieux comprendre l’enjeu avant de définir comment l’engagement sera concrétisé. Les organisations nationales d’alphabétisation et les groupes provinciaux se mobilisent pour réclamer un système plus cohérent de formation de base des adultes à l’échelle canadienne. À la fin de l’année, aucune politique fédérale n’a encore été annoncée.

2002

Le problème de la sous-scolarisation au Canada refait surface dans le discours du Trône du 30 septembre 2002 : le gouvernement fédéral indique qu’il compte poursuivre sur la lancée des investissements faits dans le capital humain y compris l’alphabétisation.

Les 18 et 19 novembre 2002, les participants au Sommet national sur l’innovation et l’apprentissage adoptent 18 recommandations prioritaires dont une prévoit l’établissement «  d’un système pancanadien d’alphabétisation et d’acquisition des compétences essentielles, avec l’appui des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Établir des programmes visant à améliorer le niveau d’alphabétisation et de connaissances, en se fondant sur les besoins et les intérêts individuels et collectifs.  »


1Par Linda Shohet, directrice executive, Centre d’alphabétisation du Québec (voir Centre for Literacy of Quebec, «  Literacy Across the Curriculumedia  », Focus, Vol. 16, No. 1, p. 4 à 7.