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Monsieur le Président, je prends la parole au nom de mes électeurs de Surrey-Centre pour parler de la motion relative au rétablissement d'anciens projets de loi à la Chambre.
Cette question est très importante, car le gouvernement est censé faire peau neuve et offrir une nouvelle vision. Il est censé présenter de nouvelles idées. Pourtant, il demande à la Chambre de rétablir des projets de loi de la session précédente. Comme nous le savons, le gouvernement recycle ces projets de loi.
Avant d'exposer mon point de vue, j'aimerais signaler qu'il existe des précédents, sous d'anciens gouvernements, de projets de loi présentés à l'étape où ils en étaient au cours d'une session antérieure. En 1970, 1972, 1979 et bien d'autres fois, des projets de loi ont été de nouveau présentés. Il y a eu des motions à la Chambre pour rétablir d'anciens projets après une prorogation du Parlement.
Quelle nécessité y avait-il de proroger la Chambre? Cela découle du fait que les libéraux gèrent mal leurs affaires. C'est que les libéraux ont mal choisi leur temps en tenant leur course à la direction au cours de la session précédente. Lorsque le nouveau chef a pris le pouvoir, il était censé offrir une nouvelle vision et de nouvelles idées au Parlement.
J'accepte la pratique gouvernementale consistant à rétablir certains projets de loi au cours d'une nouvelle session. Marleau et Montpetit citent plusieurs précédents à cet égard. En 1970, en 1972, en 1974 et en 1986, les députés ont donné leur consentement unanime pour le rétablissement de projets de loi. En 1977 et en 1982, la Chambre a adopté des modifications au Règlement dans le but de reconduire des mesures législatives à une session ultérieure. La Chambre a adopté des motions prévoyant le rétablissement de projets de loi en 1991 et 1996, et depuis que je suis arrivé à la Chambre en 1997, il y en a eu en 1999 et en 2002.
Le rétablissement des projets de loi permet d'accélérer les travaux de la Chambre au début d'une nouvelle session. En effet, les projets de loi déjà étudiés peuvent être rétablis à l'étape où ils en étaient au moment de la prorogation d'une session précédente. Ainsi, la Chambre et les comités n'ont pas à perdre leur temps et à gaspiller des ressources sur des questions déjà réglées.
Ceci dit, je n'arrive toujours pas à m'empêcher de trouver paradoxal le fait que nous considérions aujourd'hui le rétablissement de certains projets de loi de la dernière session. Après tout, il y a aujourd'hui une semaine à peine que la gouverneure générale a lu le discours du Trône. Une phrase de ce discours me semble particulièrement intéressante à l'égard de la question que nous examinons. Elle dit:
Ce discours du Trône marque le début d’un nouveau gouvernement, d’un nouveauprogramme...
De quel nouveau programme la gouverneure générale parle-t-elle? Le discours du Trône présente une liste d'intentions qui se retrouvent presque toutes dans les discours du Trône précédents de ce même gouvernement libéral. En fait, le discours du Trône de la semaine dernière est essentiellement un repiquage d'extraits du livre rouge que les libéraux ont présenté en 1993. Inutile de dire que des promesses vieilles de dix ans n'offrent pas grand-chose de neuf.
Ce même gouvernement parle de restaurer la confiance des Canadiens dans la gestion des affaires publiques depuis qu'il a pris les rênes du pouvoir en 1993. Or, jusqu'ici, il n'a rien fait d'autre que d'éroder davantage la confiance des Canadiens à l'égard du gouvernement, en accumulant scandale après scandale.
Est-ce que le gouvernement pense honnêtement que le fait de cacher au public les détails des contrats fédéraux consentis aux conglomérats de transport maritime établis à la Barbade contribuera à restaurer la confiance que les Canadiens lui portent?
Ai-je besoin de faire mention des promesses renouvelées concernant un commissaire à l'éthique indépendant? J'y croirai quand je le verrai de mes propres yeux.
En cherchant à rétablir les projets de loi de la session précédente, le premier ministre ne peut plus prétendre qu'il forme un nouveau gouvernement. Si c'était le cas, si son gouvernement était vraiment différent de celui de son prédécesseur, le premier ministre aurait pu choisir entre trois possibilités.
En premier lieu, le gouvernement aurait pu commencer la session à zéro, en présentant des mesures législatives de son cru, correspondant à ses priorités. Cela aurait été parfaitement logique. N'importe quelle administration véritablement nouvelle tient à établir sa propre orientation, sans revenir en arrière pour copier le programme de celle qui l'a précédée.
Deuxièmement, si le nouveau premier ministre n'avait pas ses propres priorités, il aurait au moins pu prendre les projets de loi de la dernière session et y intégrer certaines des modifications constructives qu'ont proposées des députés, aussi bien de l'opposition officielle que des banquettes arrière du gouvernement. Même si ce choix ne voudrait pas dire que le premier ministre a de nouvelles idées, cela concorderait au moins avec le désir qu'il a affirmé de donner davantage de pouvoirs aux députés d'arrière-ban. Cela dit, je ne retiens pas mon souffle et je n'attends pas que cela arrive non plus.
La troisième option qui s'offre au premier ministre est de rétablir des projets de loi de la session précédente avec ses propres amendements.
Or, le premier ministre n'a retenu aucune de ces options. Il a plutôt choisi de partir de là où M. Chrétien s'est arrêté. Ce faisant, il met fin à toute prétention d'être différent ou nouveau de quelque façon que ce soit et il poursuit le plan d'action de M. Chrétien dans la même orientation.
La question importante qui se pose est la suivante: pourquoi les libéraux ont-ils prorogé le Parlement et gaspillé tout le travail qui avait été fait en Chambre? Qui plus est, pourquoi le gouvernement a-t-il ajourné si longtemps les travaux de la Chambre?
Nous sommes en présence d'un gouvernement fatigué, faible et épuisé, dépourvu d'idées nouvelles. Parmi les projets de loi que le gouvernement tente de ramener, il y en a quelques-uns dont nous souhaitons vraiment l'abandon. Si cela arrivait, un accord pourrait probablement intervenir sur la motion de rétablissement.
Arrêtons-nous quelques minutes pour examiner certains des projets de loi qui sont morts au Feuilleton lorsque le gouvernement a prorogé le Parlement l'automne dernier et que je souhaiterais exclure de cette motion de rétablissement. Commençons par le projet de loi C-34 qui, entre autres choses, remplirait la promesse libérale vieille d'une décennie de mettre en place un commissaire à l'éthique rendant compte au Parlement.
L'actuel commissaire à l'éthique n'a ni indépendance, ni pouvoirs d'enquête. Il est complètement contrôlé par le premier ministre et lui fait rapport en privé sur des conflits touchant des ministres. M. Wilson appose automatiquement le sceau de l'éthique sur presque tout ce que les libéraux font. Le nouveau commissaire à l'éthique qui est proposé serait davantage indépendant, bien que loin de l'être autant qu'il le pourrait. Nous obtenons aussi un conseiller en éthique qui surveillerait la conduite des sénateurs. Le premier ministre conserverait le pouvoir de nommer les deux, après consultation avec les dirigeants de l'opposition. Toutefois, il faudrait que chacune des chambres concernées ratifie ce choix par un vote.
Les nouveaux commissaires ne seraient pas réellement indépendants si le vote d'une majorité de députés du gouvernement suffisait pour ratifier les nominations. Il faudrait également obtenir l'approbation de l'opposition. Ce projet de loi est avant tout un exercice de relations publiques. Les libéraux veulent pouvoir se lancer dans la prochaine campagne électorale en disant qu'ils ont accompli quelque chose. Cela ne fonctionnera pas.
Demandons-nous d'abord pourquoi nous avons besoin d'un commissaire à l'éthique. C'est parce que nous ne pouvons pas avoir confiance que le gouvernement surveillera ses propres députés. Si les libéraux avaient proposé le projet de loi après leur élection en 1993, les scandales et les cas de corruption de la dernière décennie auraient-ils pu être évités?
Le projet de loi aurait-il permis d'empêcher les transactions douteuses de l'ancien ministre des Travaux publics, Alfonso Gagliano? Aurait-il empêché son successeur d'accepter des faveurs personnelles d'un sous-traitant du ministère? Ce projet de loi aurait-il fait en sorte que l'ancien ministre de la Défense ne puisse accorder un contrat sans soumission à sa petite amie ou que l'ancien solliciteur général n'exerce des pressions auprès de ses fonctionnaires pour qu'ils accordent des millions de dollars en subventions à un collège dirigé par son propre frère? Le projet de loi aurait-il empêché les libéraux d'écarter l'accusation de la vérificatrice générale, qui leur reprochait d'avoir faussé les données comptables du gouvernement de 800 millions de dollars en 1996, et de 2,5 milliards en 1997? Le projet de loi aurait-il empêché le gouvernement de s'immiscer dans l'enquête sur la Somalie lorsque les efforts de la commission pour élucider la question de la destruction de documents, à la Défense nationale, ont menacé de mettre en cause des personnes aux plus hauts échelons? Le projet de loi aurait-il empêché le gouvernement de tenter d'entraver l'enquête Krever sur le scandale du sang contaminé, lorsque la culpabilité des plus hauts dirigeants libéraux risquait d'être mise en cause? Le projet de loi aurait-il empêché le détournement systématique de l'argent des contribuables à des fins partisanes, dans le scandale d'un milliard de dollars qui a frappé DRHC? Non, je ne le crois pas.
Le projet de loi C-38 est, à mon avis, une tentative maladroite du gouvernement en vue de décriminaliser la possession de petites quantités de marijuana. Il n'épargnera nullement nos collectivités des ravages de la marijuana ni de la violence et des crimes qui l'accompagnent. En fait, il ne fera que nous rapprocher de la légalisation de la marijuana.
Par ce projet de loi, les libéraux lancent un mauvais message aux Canadiens, particulièrement aux jeunes. La décriminalisation laisse entendre que fumer de la mari est tout à fait correct, mais ça ne l'est pas. Des études révèlent que la marijuana est quatre fois plus mortelle que le tabac. Or, le gouvernement a déjà dépensé des centaines de millions de dollars pour dissuader les gens de fumer du tabac.
En ce qui concerne les peines plus sévères pour les producteurs, elles devraient être là depuis longtemps et ne signifient pas grand-chose si les tribunaux ne les infligent pas. La loi actuelle n'est pas appliquée. Il arrive même que des producteurs sont condamnés sept fois et qu'ils ne voient jamais un barreau de cellule. À quoi bon augmenter les peines maximales si les tribunaux ne sont même pas disposés à imposer les peines minimales? Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est une peine assez élevée pour que les gens y pensent à deux fois avant d'enfreindre la loi. Ce projet de loi n'aurait jamais dû revenir sous son ancienne forme. Il devrait être réexaminé sérieusement.
Il y a aussi le projet de loi C-22 qui prévoit des modifications à la Loi sur le divorce. Le partage des responsabilités parentales devrait être partie intégrante de la loi. La garde partagée favorise l'engagement véritable des deux parents envers leurs enfants.
Par ailleurs, il y a le projet de loi C-32, Loi modifiant le Code criminel et d'autres lois. Entre autres choses, ce projet de loi traite comme une infraction au Code criminel le fait de poser une trappe pouvant causer la mort dans un endroit utilisé à des fins criminelles. Cette mesure aurait pour effet de protéger les intervenants de première ligne, c'est-à-dire les pompiers, les policiers et autres dont la vie peut être mise en danger lorsqu'ils entrent dans ces lieux dans l'exercice de leurs fonctions. J'appuie ce projet de loi sans réserve, parce qu'il contient des choses que je propose moi-même depuis des années.
De fait, j'ai présenté une motion à la Chambre, qui a été débattue mais rejetée par les libéraux. Par la suite, ils m'ont volé l'idée, qu'ils ont reprise dans le projet de loi C-32. Je ne comprends pas que cette motion n'ait pas été jugée valable parce qu'elle a été présentée par un député de l'opposition, et qu'on en ait par la suite repris le contenu dans le projet de loi C-32. C'est typique de la partisanerie qui a cours à la Chambre. Si une idée est bonne, elle devrait être acceptée, peu importe qu'elle soit avancée par l'opposition ou par les libéraux.
En 2001, j'ai présenté cette motion et les libéraux l'ont rejetée. Quoi qu'il en soit, la question mérite une examen sérieux. En 2002, on a dénombré 13 724 incendies criminels au Canada. J'ai été vraiment alarmé d'apprendre que plus de 30 p. 100 des incendies dans Surrey étaient d'origine criminelle. Une très forte proportion d'entre eux comportaient l'utilisation de trappes. Il y a eu des incendies criminels dans des écoles et de fortes explosions dans des quartiers résidentiels, qui ont mis en péril la sécurité des citoyens.
Ces incendies sont inquiétants. Certains sont causés purement par malice, mais beaucoup d'autres ont été allumés dans des intentions plus sinistres, pour dissimuler des activités illégales comme la culture de la marijuana ou des laboratoires de fabrication de méta-amphétamines. D'autres fois, les pompiers répondant à des appels découvrent que les lieux sont piégés au moyen d'arbalètes, de bidons de gaz propane prêts à exploser, de sections de plancher enlevées ou d'autres causes de danger graves mais intentionnelles. Ces dispositifs criminels visent à tuer ou blesser quiconque, y compris les pompiers, s'immisce dans les activités des trafiquants de drogue. La sécurité des pompiers est particulièrement menacée à Surrey, où un nombre croissant d'activités de culture de marijuana constitue un fléau.
Je serais heureux que le projet de loi C-32 soit rétabli. Les pompiers et autres intervenants de première ligne attendent depuis trop longtemps l'adoption de cette importante mesure législative. Or, le gouvernement se traîne les pieds dans ce dossier. Il devrait avoir honte d'avoir tant tardé à légiférer.
Il existe de nombreux précédents qui confirment une pratique qui a cours depuis longtemps à la Chambre, à savoir le rétablissement de projets de loi, à l'étape proposée par la motion à l'étude. Si, toutefois, le premier ministre croit vraiment qu'il dirige un nouveau gouvernement, il ne peut invoquer les précédents lorsque aucun changement de gouvernement n'a eu lieu.
Le premier ministre s'efforce tellement de nous persuader que son gouvernement est nouveau. Effectivement, le chef a changé et quelques-uns de ses acolytes aussi. L'ancien lieutenant est devenu commandant, mais le gouvernement est demeuré le même et il fait encore les mêmes promesses.
Si j'ai bien compté, le discours du Trône renfermait 31 occurrences du mot «nouveau». Le chiffre exact est probablement plus élevé. Ce discours n'était qu'une bien faible tentative en vue de convaincre les Canadiens qu'ils ont maintenant un gouvernement différent. Cependant les nombreux «nouveau» du discours n'ont pas réussi à camoufler la vétusté du message. Le premier ministre veut le beurre et l'argent du beurre.
Le leader à la Chambre a déclaré vendredi dernier que la motion visant à rétablir certains projets de loi évitait les pertes de temps et le gaspillage des ressources du Parlement. Son gouvernement aurait dû y penser avant de proroger inutilement le Parlement.
Le plan du gouvernement visant à rétablir certains projets de loi de la session antérieure n'est qu'une preuve supplémentaire, comme s'il en fallait d'autres, du fait que rien n'a changé depuis que les libéraux ont changé de chef. Le nouveau premier ministre poursuit simplement une autre pratique de ses prédécesseurs. Cette pratique est cynique et équivaut à manipuler les règles pour se faire du capital politique. Les Canadiens ne se laisseront pas impressionner.
Le plan du gouvernement visant à rétablir certains projets de loi de la session antérieure n'est qu'une preuve de plus du fait que rien n'a changé depuis que les libéraux ont changé de chef. Ils ont fait perdre son temps à la Chambre. Nous savons que les élections seront déclenchées sans que rien de fondamental ne soit accompli. Nous avons devant nous un gouvernement fatigué, qui présente un programme usé et dont le seul objectif est de rester au pouvoir.
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Monsieur le Président, vous comprendrez pourquoi il est difficile pour moi, en quelque sorte, de résister à la tentation de participer cet après-midi à ce débat. En effet, nous venons d'entendre une version de la vérité qui est pour le moins étrange à mes oreilles. Elle ne concorde pas du tout avec ce que, moi, je comprends comme étant la question dont nous débattons.
Premièrement, interrogeons-nous à savoir si un précédent est créé aujourd'hui. À mon avis, ce serait déjà un bon point de départ. En fait, croyez-le ou non, monsieur le Président—vous allez le savoir, puisque vous êtes tellement objectif et non partisan—depuis 30 ans, la Chambre adopte des motions semblables. Cela fait 30 ans; cela fait longtemps. Je le sais, parce que cela fait longtemps que je suis ici moi-même.
En 1970, 1972 et 1986, non seulement avons-nous eu des motions semblables, mais en fait, elles ont été adoptées à l'unanimité par la Chambre des communes. Cela s'est fait à l'unanimité!
Je suis sûr que mes collègues d'en face qui ont voulu se prononcer contre cette motion n'avaient pas considéré ce que je viens de dire, et qu'à la lumière de ces faits, ils voudront peut-être changer d'idée et voter en faveur de la motion proposée par l'honorable leader du gouvernement.
Qui plus est, en 1991, 1996 et 1999, et tout récemment en 2002, la Chambre a adopté une motion tout à fait identique à celle que nous proposons aujourd'hui. J'en sais quelque chose, puisque, en 1996, 1999 et 2002, j'étais moi-même le leader du gouvernement à la Chambre. Je m'en souviens donc bien. Nous savons déjà que ce n'est pas sans précédent.
Je devrais ajouter, parce que certains députés parlent de ce qu'ils perçoivent comme un déficit démocratique, qu'en fait, il y en a un déficit démocratique de l'autre côté de la Chambre, à tel point que voici ce qui s'est passé.
Les députés d'en face voulaient une motion visant à rétablir les projets de loi émanant des députés, pas ceux du gouvernement, ceux des députés. La Chambre, dans sa sagesse, l'a même adoptée. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un honorable député, et plus souvent qu'autrement ce cela concerne ceux de l'opposition, peut se lever en Chambre et remettre à l'ordre du jour, à l'étape déjà complétée, un projet de loi émanant d'un député. Cependant, en même temps, on dit: «Non, cette règle est bonne pour nous, mais elle n'est pas bonne pour vous, du côté du gouvernement.»
Il y a un déficit démocratique de l'autre côté de la Chambre. J'y reviendrai. L'honorable leader du gouvernement a proposé la motion, et on vient d'établir qu'elle est tout à fait identique, pareille, et tout ce que vous voudrez, à celles des sessions passées, adoptées plusieurs fois unanimement.
Cependant, que fait l'opposition? L'honorable député de Scarborough—Rouge River, qui a d'ailleurs été un excellent secrétaire parlementaire et qui est reconnu comme expert en la matière, nous a dit tout à l'heure, et il a raison, qu'en fait la motion ne réintroduit aucun projet de loi. Elle autorise tout simplement le gouvernement à ramener, à l'étape déjà débattue et agréée par cette Chambre, un projet de loi de la session antérieure. C'est tout ce que cela fait.
[Traduction]
Il reste à savoir pourquoi le député qui parle de déficit démocratique, en face, ne reconnaît pas le vote de la Chambre sur le projet de loi puisque celle-ci s'est déjà prononcée. À la base du respect des principes démocratique, n'y a-t-il pas l'acceptation du fait que nous avons déjà voté, peu importe si nous étions en faveur du projet de loi ou si nous étions contre?
Il est évident que la Chambre s'est prononcée, et ce vote devrait être reconnu. Pourtant, le député dit que c'est un vote qui ne compte pas. Il veut un deuxième tour.
Monsieur le Président, dans le cas bien improbable où je n'aurais pas réussi à vous convaincre, permettez-moi de vous décrire l'autre scénario de l'opposition.
Le gouvernement a proposé une motion, celle présentée par le leader du gouvernement à la Chambre des communes. L'opposition a proposé un amendement. Certains diront que c'est de bonne guerre; toute motion peut être amendée. L'opposition ne veut toutefois pas que la Chambre se prononce sur son amendement. Pourquoi est-ce que je dis cela? C'est simple. Je connais personnellement quelques astuces en matière de procédure.
L'opposition a proposé un sous-amendement. Dans l'intérêt de tous les députés et de quiconque suit le présent débat, disons que, lors de l'étude d'une motion et non pas d'un projet de loi, il est possible de présenter un amendement, puis un sous-amendement. Au moment de l'étude du sous-amendement, un autre sous-amendement peut être présenté, afin qu'on ne puisse jamais revenir à l'étude de la motion d'origine et que le gouvernement ne puisse revenir à la question préalable. Si le gouvernement ne peut le faire, cela veut dire que le débat s'éternisera et qu'on ne se prononcera jamais sur la motion. C'est exactement ce que cela veut dire, et je mets tout député d'en face au défi de prétendre qu'il en est autrement. Cela veut dire qu'il ne sera pas possible de se prononcer sur la première motion.
L'opposition a provoqué une situation où le ministre n'a d'autre choix, pour dénouer l'impasse, que de recourir à la clôture. Il n'y a aucune autre solution, sinon, le principe démocratique inhérent au fait de voter sur la motion ne pourra jamais être respecté. Il ne peut l'être que si l'on propose une motion préconisant que le débat se termine à un moment donné, sinon, celui-cil ne prendra jamais fin. Si le député estime que ce n'est pas le cas, il n'a alors qu'à retirer le sous-amendement et l'amendement, et nous débattrons alors de la motion principale.
De toute évidence, l'opposition n'a pas l'intention de faire cela, parce qu'elle est à l'origine de deux situations qui obligent le gouvernement à recourir à la clôture; les députés de l'opposition prennent ensuite la parole et disent d'un ton moralisateur que le gouvernement est antidémocratique parce qu'il a proposé la clôture. Ce sont eux qui ont provoqué cette situation. Pensaient-ils que nous n'y verrions que du feu? Croyaient-ils que les Canadiens ne comprendraient pas ce que je viens d'expliquer? C'est clair comme de l'eau de roche. Je suis certain que tous les Canadiens comprennent comment le Parlement fonctionne. Je suis sûr qu'ils comprennent que ce que l'opposition veut faire, en l'occurrence, n'a rien de démocratique et est même antidémocratique. Voilà la situation où nous nous trouvons aujourd'hui.
J'ai hâte d'entendre le député nous expliquer, plus tard au cours de la période réservée aux questions et observations, pourquoi il prétendait avec des larmes de crocodile qu'il y avait un déficit démocratique, comme il l'a dit, parce que le ministre a présenté une motion de clôture.
Le ministre a proposé une motion de clôture sur laquelle la Chambre des communes s'est déjà prononcée démocratiquement, nous le reconnaissons, puisque cette motion a fait l'objet d'un débat et d'un vote. Contrairement à ce qu'ils auraient dû faire, les députés d'en face ont non seulement refusé de voter pour accepter ce que la Chambre avait déjà adopté, mais ils ont également refusé d'accepter le principe que la motion en question soit débattue; ils ont présenté un amendement, puis un sous-amendement, pour nous empêcher de revenir à la motion principale. C'est clair comme de l'eau de roche. Quiconque s'y connaît un tant soit peu en procédure parlementaire peut comprendre en quelques minutes de quoi il retourne ici.
Pourquoi le député d'en face a-t-il peur de se prononcer sur la motion? Est-ce, comme l'a signalé si justement plus tôt aujourd'hui le député de Scarborough—Rouge River, que l'opposition ne sait pas si elle est en faveur du rétablissement de la motion ou contre celui-ci? Est-ce que l'opposition veut tout simplement présenter un amendement et un sous-amendement pour que la motion soit débattue ad vitam aeternam et, de ce fait, forcer le gouvernement à recourir à la clôture pour que la Chambre finisse par se prononcer sur la motion de clôture?
Quoi qu'il en soit, la situation sera fort intéressante. Je ne sais pas quand aura lieu le vote de clôture, mais j'imagine que ce sera très bientôt. Après le vote sur l'amendement et sur le sous-amendement, j'ai hâte de voir comment le député votera à l'égard de la motion principale. S'il se prononce contre, cela veut dire qu'il ne respecte pas le fait que les députés se sont déjà prononcés sur la question. S'il vote en faveur, je suis alors forcé de lui demander pourquoi il a pris la peine de proposer un amendement et un sous-amendement s'il était d'accord au sujet de la proposition initiale sans amendement.
Les Canadiens devront se poser les mêmes questions au sujet du comportement du député d'en face et de l'ensemble de ses collègues qui ont proposé l'amendement et le sous-amendement.
[Français]
Alors, on serait très curieux de savoir où se branchent les conservateurs d'en face. Dois-je également rappeler, puisque le député s'est maintenant baptisé lui-même comme étant un conservateur—je dois vous dire que j'aime mieux que ce soit lui que moi qui s'attribue le titre de conservateur, et il peut être certain que je n'essaierai pas de le lui enlever—, que le Parti conservateur avait proposé des motions similaires, y compris en 1986 et en 1991. Peut-être qu'à la fin, il pourra nous dire s'il est contre ces motions de rétablissement.
Est-ce donc vrai que les conservateurs avaient tort quand ils les ont invoquées dans le passé? S'il est en faveur des motions de rétablissement, pourquoi est-ce que son parti a proposé un amendement et un sous-amendement pour nous empêcher de voter sur la motion principale?
Voilà donc ce qui se trouve devant nous aujourd'hui. En conclusion, laissez-moi vous dire ce qu'il en est, de façon tangible, de ces projets de loi.
[Traduction]
Bon nombre de ces projets de loi sont très importants.
Le projet de loi C-57, la Loi sur l'autonomie gouvernementale de la première nation de Westbank, est très important. Pourquoi le député et ses collègues refusent-ils de reprendre l'étude de cette mesure législative là où nous l'avions interrompue? Et que dire de la Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues, le projet de loi C-56 de la session précédente? Et le projet de loi C-54, la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, qui porte transfert d'argent aux provinces? Pourquoi le député refuse-t-il que nous tenions compte du travail déjà effectué par le Parlement à l'égard de ces projets de loi? Pourquoi est-il contre la Loi sur la radiocommunication?
Il faut parler aussi de l'accélération de la redistribution, le projet de loi C-51. Voilà une mesure législative fort importante. Le soi-disant nouveau Parti conservateur, si cela n'est pas un oxymoron, nous dit maintenant qu'il s'oppose au projet de loi C-51. C'est pourtant le leader à la Chambre de l'Alliance canadienne de l'époque qui a demandé que ce projet de loi soit présenté pour accélérer la redistribution. Maintenant ce parti refuse que l'on rétablisse le projet de loi et menace de proposer des amendements s'il est présenté à nouveau.
En ce qui concerne la fraude sur les marchés financiers ou ce que l'on appelle le projet de loi Enron, pourquoi l'opposition refuse-t-elle que l'on augmente la transparence dans le secteur des finances? Et que dire des projets de loi C-43, la Loi modifiant la Loi sur les pêches, et C-40, la Loi modifiant la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition? Il est intéressant de noter que ce projet de loi propose d'améliorer la sécurité et la sûreté de tous les Canadiens, ainsi que le travail des policiers et bien d'autres choses. Ce parti prétend toujours être en faveur de mesures de la sorte, mais il n'agit pas en ce sens.
Il en va de même pour le projet de loi C-36, la Loi sur la Bibliothèque et les Archives du Canada. Je me souviens qu'un député de l'Alliance avait travaillé sans relâche avec moi pour apporter des amendements à ce projet de loi afin qu'il puisse être adopté. Je le regarde maintenant, l'ancien porte-parole de l'Alliance canadienne pour tous les dossiers de Patrimoine canadien. Pourquoi refuse-t-il que nous poursuivions l'étude de ce projet de loi alors qu'il a tant travaillé pour l'améliorer et le faire adopter à la Chambre? Je ne comprends pas.
Et le projet de loi sur la rémunération des juges militaires et le C-34, le projet de loi sur l'éthique?
Le gouvernement ne va pas présenter tous ces projets de loi, mais certainement un bon nombre d'entre eux. Cette motion habilitante permet au gouvernement de les rétablir tous. Pourquoi l'opposition n'est-elle pas d'accord?
J'irai un peu plus loin en rappelant le projet de loi C-33 sur le transfèrement international des personnes reconnues coupables d'infractions criminelles. Là encore, l'opposition, qui se prétend soucieuse de la sécurité publique, refuse que nous rétablissions ce projet de loi à l'étape où il était rendu.
Les modifications du Code criminel devraient intéresser les gens d'en face, mais ce n'est pas le cas. On dirait que, du côté de l'opposition, les principes sont dépassés. Le député a invoqué de prétendus principes, mais les gens d'en face ont cru repérer une occasion d'embarrasser le gouvernement, qui a invoqué la clôture rapidement après son retour.
Comme nous l'avons déjà établi, une fois adoptés l'amendement et le sous-amendement, nous sommes dans une situation dont la seule issue est le recours à la clôture. On pourrait soutenir de façon très convaincante que, en toute objectivité, c'est l'opposition qui impose cette clôture à la Chambre, non le gouvernement.
Il y a encore d'autres projets de loi, dont le C-27 concernant les administrations aéroportuaires. Le C-26, sur la sécurité ferroviaire, était à l'étude au comité. Le C-23, concernant l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, a franchi l'étape de la troisième lecture et a été renvoyé au Sénat. L'opposition refuse le rétablissement de ce projet de loi. Elle veut sans doute que nous reprenions son étude depuis le début. Pourquoi l'opposition refuse-t-elle que nous essayions d'améliorer la sécurité des Canadiens en adoptant ce projet de loi plus rapidement, étant donné le travail déjà accompli par les députés?
Et puis, il y a d'autres projets de loi encore, comme le C-7, qui concerne l'obligation de rendre compte des bandes indiennes. Les députés doivent certainement être favorables à cette mesure, puisqu'ils reviennent sans cesse sur la question dans leurs interventions aux Communes. Le projet de loi C-13, sur la procréation assistée, est une mesure qui a été à l'étude pendant des années à diverses étapes. Il y a eu des livres blancs, des avant-projets de loi, des projets de loi dans leur forme définitive, une multitude de témoins. Nous avons fini par arriver à une conclusion, et le projet de loi a été renvoyé au Sénat, qui n'a pas eu assez de temps pour en terminer l'étude.
Pourquoi devrions-nous reprendre du travail qui a déjà été effectué? Pourquoi ne pouvons-nous respecter la volonté démocratique de députés qui ont jugé bon de voter sur cette question dans le passé et de la renvoyer au Sénat? Nous respectons ainsi certes les institutions démocratiques et non le contraire.
Pourquoi notre collègue ne veut-il pas retirer le sous-amendement et l'amendement? Bien entendu, nous savons que cela ne se produira pas car les députés de l'opposition utilisent toutes les manoeuvres de procédure à leur disposition pour empêcher le gouvernement d'aller de l'avant avec cela. C'est ce qu'ils font. Leurs actions témoignent à nouveau d'un sectarisme excessif. Étant donné la façon dont ils se comportent maintenant, il est peu surprenant que les Canadiens ne leur fassent pas confiance pour former le gouvernement.
En conclusion, pourquoi n'adoptons-nous pas la motion maintenant et ne rétablissons-nous pas ces projets de loi à l'étape où ils étaient au moment de la prorogation ou ne laissons-nous pas aux ministres compétents le soin de le faire? Il ne s'agit pas de sauter des étapes dans l'étude des projets de loi. Il s'agit simplement de reconnaître le travail qui a déjà été effectué par nous, les députés. Qu'est-ce qui pourrait être plus démocratique que cela? C'est ce qui devrait se produire dès maintenant et c'est certes la bonne façon de procéder.
Le parti du député lui-même a déjà donné son consentement unanime à cette motion même. Je le sais, car j'ai soumis la motion à ce moment-là. Elle a été adoptée sans aucun débat à la Chambre dans le passé. Le député sait que c'est exact.
Pourquoi le député ne retire-t-il pas l'amendement et le sous-amendement et n'adopte-t-il pas la motion maintenant? Pourquoi le député ne met-il pas un terme à ces inepties inutiles consistant à essayer de forcer le gouvernement à agir de cette façon pour pouvoir prétendre ensuite que le gouvernement applique la clôture alors qu'il ne l'aurait pas fait autrement?
Nous connaissons la vérité.Nous savons tous ce qu'il en est. Nous voulons reconnaître le travail effectué par les députés de tous les côtés de la Chambre dans le cas de toutes les mesures législatives et reconnaître la valeur de leur travail.
Je demande à nouveau au député de permettre la tenue de ce vote dès maintenant. Nous pouvons ensuite passer à nos travaux, terminer l'étude de cette mesure législative et passer à l'étude d'autres mesures législatives, tout cela dans l'intérêt des Canadiens. C'est ce que nous défendons de ce côté-ci de la Chambre. Voyons si notre vis-à-vis défend son sectarisme ou s'il est en faveur d'aider les Canadiens.
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Monsieur le Président, c'est intéressant de revenir sur les points soulevés par le député de Glengarry—Prescott—Russell, l'ancien leader parlementaire. On peut se demander pourquoi nous sommes saisis d'une motion du gouvernement et d'amendements de l'opposition. C'est simplement parce que le gouvernement, sous la direction de l'ancien premier ministre et, disons-le, avec l'entière coopération du premier ministre actuel, a prorogé la Chambre au moment même où il y avait encore un travail énorme à faire et où le gouvernement aurait dû veiller aux intérêts du pays.
Les libéraux étaient davantage intéressés par la poursuite de la lutte interne entre le premier ministre d'alors et l'aspirant premier ministre, ce qui était beaucoup plus important pour le gouvernement et pour ce parti politique que l'ensemble des intérêts de ce pays. C'est ce qui explique notre présence ici aujourd'hui et le fait que nous ayons amorcé ce débat vendredi dernier et que nous le poursuivrons au moins toute la journée de demain. Les libéraux ont placé leurs intérêts politiques et, dans une certaine mesure, les intérêts politiques de deux hommes au-dessus des intérêts de ce pays.
Laisser entendre, comme le député de Glengarry—Prescott—Russell vient de le faire, qu'il s'agit là d'une procédure normale est parfaitement discutable. La réalité, c'est que les projets de loi qui nous reviennent n'ont subi aucun changement. Cela n'est pas là le signe d'un nouveau gouvernement qui, sous la direction du nouveau premier ministre, s'apprêterait à effectuer des changements importants. Il s'agit simplement de la continuation de projets de loi dont la Chambre était saisie à diverses étapes en novembre, lorsque les libéraux ont décidé de proroger la Chambre. Nous ne voyons aucun nouveau projet de loi ni aucun changement aux projets de loi existants. Ils ne font que nous revenir en bloc, juste comme ils étaient avant la prorogation.
Cet abus du processus est aggravé par l'impact financier de tout le travail supplémentaire qui doit être fait maintenant par les députés et leur personnel, pour les projets de loi d'initiative parlementaire, et par le personnel de la Chambre des communes. La prorogation, qui est survenue en novembre, a coûté cher au pays, en dollars, en temps du personnel et en efforts supplémentaires, et rien de cela n'aurait été nécessaire si le gouvernement avait seulement pris au sérieux sa responsabilité envers le pays.
Pour ce qui est de la motion prévoyant le rétablissement des projets de loi, le NPD n'est pas prêt à donner carte blanche au gouvernement. Si la motion faisait état des projets de loi précis que le gouvernement voulait rétablir, il est évident que, par respect pour le Canada, nous accepterions que certains le soient. Toutefois, d'autres ne sauraient l'être, et j'en parlerai dans un instant.
Nous hésitons à dire au gouvernement d'aller de l'avant, à accepter le rétablissement de ces projets de loi, à nous montrer prêts à reculer. Ce serait abdiquer nos responsabilités de députés de l'opposition. Lorsque l'ancien leader du gouvernement à la Chambre parle de déficit démocratique et de notre contribution à ce déficit, il est dans l'erreur.
Le rôle de l'opposition est de dénoncer les abus. Or, la provenance de cette motion et la façon dont la Chambre en a été saisie indiquent bien qu'elle est abusive.
Je tiens cependant à soulever certains points relativement à l'amendement à la motion principale présenté par l'opposition. Je ne sais pas si on a bien compris, mais il s'agit de l'amendement concernant le projet de loi C-49, en vertu duquel le premier ministre pourrait déclencher des élections le 1er avril si les libéraux réussissaient à le faire adopter par la Chambre des communes et le Sénat.
Je vais porter des accusations, jusqu'à un certain point, contre les députés de l'opposition officielle au sujet de l'amendement et du sous-amendement. Ils essaient d'empêcher le gouvernement d'être en mesure de déclencher des élections au printemps parce qu'ils savent très bien qu'ils ne seront pas prêts à livrer la prochaine bataille électorale efficacement. Étant donné que leur congrès d'investiture aura lieu à la fin de mars, ils ne seront pas en mesure d'avoir un programme électoral, quel qu'il soit. Il est probable que bon nombre de leurs candidats ne seront pas prêts à se présenter lors d'élections qui, de l'avis de tous, seront lancées en avril et tenues au début de mai. C'est de cela qu'il s'agit, en réalité.
Je crois que cela est intensifié par le fait que, lorsque le projet de loi a été initialement présenté à la Chambre, les députés de l'ancienne Alliance, maintenant membres du Parti conservateur, appuyaient en réalité ce qui était, je crois, le projet de loi C-52 à ce moment-là et qui est maintenant le projet de loi C-49. Cette prise de position était sans équivoque de leur part. Je me souviens de quelques discours prononcés à la Chambre, à cette époque, par des députés de ce parti. Ils disaient que nous devions reconnaître que l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta avaient besoin de ces sièges supplémentaires et qu'il fallait absolument qu'ils soient créés à temps pour les prochaines élections.
Les députés de l'opposition officielle ont été rattrapés par les événements et ils semblent maintenant s'opposer à l'adoption du projet de loi. Je peux assurer à tous, au nom de mon parti, que nous sommes prêts pour la tenue d'élections en tout temps, bien que nous croyions qu'elles devraient avoir lieu à une date un peu plus tardive.
Je voudrais dire un mot sur le processus qui nous a menés jusqu'ici, c'est-à-dire le rôle que le Sénat a joué dans l'étude de ce projet de loi ainsi que du projet de loi C-34, celui sur le commissaire à l'éthique. La population est consciente, tout comme les députés, que ces deux projets de loi, celui tendant à devancer la date d'entrée en vigueur de la nouvelle carte électorale et celui élargissant le rôle du commissaire à l'éthique tant à la Chambre qu'au Sénat étaient à l'étude au Sénat la première semaine de novembre lorsque la Chambre a ajourné. Au lieu de poursuivre ses travaux et d'adopter ces projets de loi, le Sénat a préféré abandonner l'étude de la mesure concernant la carte électorale et renvoyer l'autre à la Chambre.
Je voudrais faire valoir un ou deux points à ce sujet. Nous avons effectué certaines recherches à ce sujet et avons constaté que c'est la première fois, depuis la Confédération en 1867, que, au cours d'une session, autant de projets de loi sont renvoyés à la Chambre ou non adoptés par le Sénat. Nous avons établi un nouveau record dans le domaine. Fait intéressant, l'ancien record avait été établi au cours de la toute première session de 1867, et j'imagine que c'est parce que notre Parlement en était à ses premiers balbutiements.
Nous ne nous étions jamais auparavant rapprochés du record. Pendant deux ou trois sessions dans les années 20, 11 ou 12 projets de loi avaient été renvoyés à la Chambre ou non adoptés par le Sénat. Il y en a eu 15 au cours de la première session. Jusqu'à maintenant, on en dénombre 18 qui n'ont pas été adoptés par le Sénat ou qui ont été renvoyés à la Chambre.
Ayant un peu étudié l'histoire de notre pays ainsi que le rôle que le Sénat a joué et devrait jouer, je suis amené à poser la question suivante: combien d'autres projets de loi doit-il rejeter, renvoyer ou ignorer avant que nous nous retrouvions dans une crise constitutionnelle? Nous avons dû traiter un grand nombre de projets de loi, cette fois, et ces deux-ci étaient du nombre. Les sénateurs sont tout simplement rentrés chez eux. Ils ont été froissés par l'attitude du premier ministre au sujet du projet de loi sur le commissaire à l'éthique et certains autres projets de loi; ils ont déclaré: «Au diable ces projets de loi, nous rentrons chez nous» et c'est ce qu'ils ont fait. En conséquence, le projet de loi qui aurait permis d'avancer la date d'entrée en vigueur de la nouvelle carte électorale a dû être ramené une nouvelle fois.
Nous nous trouvons dans une situation où le gouvernement veut agir. La Chambre des communes a adopté le projet de loi et le Sénat l'a bloqué. La question qui se pose est la suivante: lorsqu'il sera présenté à nouveau à la Chambre, et ce sera fait d'une manière ou d'une autre d'ici une semaine ou deux, et qu'il parviendra à nouveau au Sénat, celui-ci s'opposera-t-il à nouveau à la volonté des élus du pays?
Cela soulève la question du rôle joué depuis longtemps par le NPD lorsqu'il réclame l'abolition du Sénat. Assistons-nous à un rapprochement avec les autres partis, du fait que nous ne pouvons plus tolérer ce type d'ingérence dans le processus démocratique? Nous ne pouvons ignorer le coût d'existence du Sénat, qui s'élève à environ 60 millions de dollars par année, cette chambre assurant une fonction qui, en règle générale, est non démocratique et inutile.
L'autre point que j'aimerais soulever a trait à la position qu'énonce le gouvernement. Il s'agit encore du déficit démocratique. On nous donne maintenant avis que la clôture sera invoquée plus tard aujourd'hui ou tôt demain et que le présent débat sera étouffé. Encore une fois, nous devons affronter la réalité que le nouveau gouvernement, comme il lui plaît de se désigner lui-même, emprunte exactement la manière de faire de l'ancien gouvernement.
Au cours des précédentes sessions, il y a eu plus de motions de clôture de la part du gouvernement que jamais auparavant dans notre histoire, et cette tendance va s'aggraver demain lorsqu'on invoquera de nouveau la clôture.
Pour ce qui est de la mesure législative proprement dite, j'aimerais critiquer dans une certaine mesure les observations du député de Glengarry—Prescott—Russell, l'ancien leader du gouvernement à la Chambre. Il a dit que le gouvernement présenterait les mêmes projets de loi sur lesquels les députés avaient voté. Il a ajouté que nous portions atteinte au processus démocratique auquel nous avions déjà participé.
Parmi ces projets de loi, j'aimerais en mentionner qui me viennent à l'esprit parce que je m'y suis intéressé avec le député de Winnipeg-Centre. Il s'agit des projets de loi C-7 et C-19 sur la gouvernance des autochtones, et en particulier du projet de loi C-7. Le député a laissé entendre que rien n'a changé, que le processus démocratique fonctionne. Mais en réalité, dans ce dossier, le premier ministre en titre a nui à la mesure législative elle-même, nui à son propre parti et nui aux ministres des Ressources naturelles et des Affaires autochtones.
Il est tout à fait clair que les premières nations s'opposaient radicalement à cette mesure législative, et nous le savons. Il a été rapporté à la Chambre à quel point les audiences en comité ont été l'objet de controverses après l'étape de la deuxième lecture. Le premier ministre, qui y siégeait en tant que député, a dit très clairement à ses supporters du Parti libéral, qui siègent à la Chambre, aux premières nations et au Canada en général qu'il n'appuyait pas cette mesure législative. Maintenant, nous apprenons qu'il se peut à tout le moins que le gouvernement présente de nouveau cette mesure législative sans modification.
Or, dans l'intervalle, il y a eu un processus démocratique. Les premières nations ont déclaré qu'elles s'opposaient totalement et farouchement à ces mesures législatives, et en particulier au projet de loi C-7 parce qu'il perpétue l'attitude patriarcale qui sous-tend l'actuelle Loi sur les Indiens.
Celui qui est maintenant premier ministre a profité de la situation et il a dit qu'à son avis, le projet de loi laissait effectivement à désirer et qu'il faudrait le revoir entièrement. Maintenant, le gouvernement nous dit qu'il veut reprendre l'étude du projet de loi à l'étape où il était rendu à la Chambre. Le projet de loi a franchi l'étape de la deuxième lecture, il a été approuvé en principe, il a été étudié longuement en comité, puis il en a été fait rapport à la Chambre. Je pense qu'il a franchi l'étape du rapport et qu'il ne lui reste plus qu'à franchir celle de la troisième lecture.
Même si le premier ministre a dit aux premières nations qu'il s'opposait au projet de loi et que, s'il devenait premier ministre, celui-ci ne serait pas adopté dans sa forme actuelle, il se pourrait que, d'ici une semaine ou deux, la Chambre reprenne l'étude du projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Le débat sera alors limité, et le projet de loi pourrait être adopté.
La situation a évolué dans notre pays depuis que le projet de loi a franchi diverses étapes. Je donne cet exemple afin d'expliquer pourquoi le NPD n'est pas prêt à donner un chèque en blanc au gouvernement. Nous ne sommes pas prêts à accepter de simplement reprendre l'étude du projet de loi à l'étape où il se trouvait lorsqu'il y a eu prorogation de la Chambre en novembre, simplement parce que des ministres prennent la parole et disent que c'est ce qu'ils veulent. Nous ne sommes pas prêts à faire cela et nous nous opposons farouchement à la motion.
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Monsieur le Président, ce débat est vraiment intéressant, surtout si l'on tient compte de l'attitude manifestement hypocrite adoptée par le premier ministre actuel.
J'ai utilisé le mot hypocrisie une fois par respect pour la présidence. J'ai utilisé ce mot parce que d'un côté, le premier ministre voudrait nous faire croire qu'il dirige un tout nouveau gouvernement. Il se présente comme un tout nouveau premier ministre qui dirige un tout nouveau Cabinet et adopte une approche tout à fait nouvelle à l'égard de la politique canadienne. Tout est nouveau.
On nous demande d'oublier que nous avons dû subir pendant les dix années du règne de Jean Chrétien un gouvernement oppressif qui a fait adopter plusieurs projets de loi à toute vapeur et qui a systématiquement eu recours à des votes soumis à la discipline du parti. Pour ceux qui ne connaissent pas bien le langage parlementaire, cela signifie tout simplement qu'on a traité les députés d'arrière-ban comme des chiens savants à qui on disait comment ils devaient voter. On nous demande d'oublier cela.
On nous dit que toutes les choses plus ou moins discutables qui se sont passées pendant les 10 ans du règne de Jean Chrétien sont le fait des anciens libéraux. Le nouveau premier ministre est blanc comme neige. Tout est nouveau. Tout respire la fraîcheur du nouveau Tide, du nouvel Ultra ou de toute autre marque de détergent à la mode. Toutefois, le premier ministre nous dit du même souffle qu'il veut recycler tous les projets de loi ou avoir la possibilité de recycler tous les projets de loi qui ont été adoptés au cours des deux dernières sessions.
Les projets de loi adoptés au cours des deux dernières sessions ont été soumis à la discipline du parti. Les députés d'arrière-ban ont reçu des consignes quant à la façon dont ils devaient voter et ils ont docilement et complaisamment obéi, faisant fi des opinions, désirs, volontés ou directives de leurs électeurs. Ces derniers ne comptaient pas. Les députés libéraux l'ont fait parce que le premier ministre de l'heure, l'ancien leader du gouvernement à la Chambre, qui vient de prendre la parole il y a quelques minutes à peine, et le ministre des Finances maintenant devenu premier ministre, à titre d'un des ministres les plus influents du gouvernement, leur ont dit comment ils devaient voter et les ont convaincus qu'ils ne devaient pas tenir compte de leurs électeurs. Ces projets de loi ont été imposés.
Le gouvernement veut revenir en arrière et utiliser cette mesure législative de rétablissement pour choisir les projets de loi de l'ancien régime qu'il veut reprendre sous son aile. Le gouvernement ne peut jouer sur tous les plans. De deux choses l'une, ou nous avons un nouveau premier ministre, un nouveau Cabinet et un nouveau programme ou nous avons un gouvernement remâché. Le premier ministre revient en arrière tout simplement pour nous resservir les même rengaines qu'il a lui-même désavouées. Le gouvernement ne peut pas jouer sur tous les plans. Je trouve la situation absolument renversante.
Nous avons appris, et j'ai moi aussi certainement appris au cours de mes dix années à titre de représentant des électeurs de la circonscription de Kootenay—Columbia, que les libéraux sont passés maîtres dans l'art de gérer les nouvelles.
Une journée assez ardue attend le gouvernement demain. La vérificatrice générale présentera son rapport dans lequel elle indiquera combien d'argent des contribuables a effectivement été refilé aux partisans du Parti libéral. Nous savons qu'à l'heure actuelle, les médias nationaux sont sur le qui-vive. Je peux déjà garantir presque à coup sûr que le rapport de la vérificatrice générale fera la une des informations de 18, 22 et 23 heures, que ce soit aux réseaux Global, CTV, SRC, au A-Channel ou à n'importe quel autre poste.
Comme il aura la vedette demain, ce qui va de soi compte tenu de son gaspillage éhonté et de sa piètre gestion et, dans certains cas, des activités criminelles survenues au cours de l'administration précédente, pourquoi le gouvernement ne profiterait-il pas de l'occasion pour faufiler sa motion de clôture à ce moment précis? Ce serait une manoeuvre astucieuse. Comme le premier sait pertinemment que, demain, les libéraux paieront cher leurs erreurs, avec raison d'ailleurs, il se dit qu'il faudrait peut-être faire adopter cette motion.
N'est-ce pas hypocrite d'une part d'affirmer qu'il est nouveau, que son cabinet est nouveau--presque comme si nous avions eu des élections pour des gens qui se considèrent investis du pouvoir de gouverner--et d'affirmer ensuite qu'il va reprendre à son compte certains des vieux projets de loi qui ont été adoptés?
Nous avons noté que le gouvernement de Jean Chrétien avait eu recours à l'attribution de temps à 75 reprises et à la clôture à 10 reprises. C'est un record parlementaire que notre collègue de Surrey a signalé. Les libéraux ont eu recours à cette pratique à 85 reprises pour étouffer le débat à la Chambre des communes où moi-même et les autres députés avons l'occasion de représenter les vues, les souhaits, les désirs et les orientations dont nous font part nos électeurs dans nos circonscriptions.
Cependant, malgré cela, je signale que l'ancien premier ministre a eu au moins la décence d'attendre une année et demie avant de présenter sa première motion de clôture. Je tiens à signaler, monsieur le Président, et vous l'avez peut-être remarqué, que lorsque le premier ministre Mulroney a eu recours à la clôture et à l'attribution de temps, de nombreux députés libéraux de l'opposition ont soulevé tout un tollé et ont déclaré que c'était la pire chose à faire. Eh bien, l'ancien premier ministre et l'ancien leader du gouvernement à la Chambre des communes qui vient de terminer son intervention ont éclipsé tout ce que M. Mulroney avait fait.
L'actuel premier ministre a attendu une semaine. Nous nous rappelons que dans cette enceinte, il y a exactement sept jours de cela, à la suite du discours du Trône et de tous ces changements qui s'étaient produits à la Chambre, ce tout nouveau premier ministre et ce tout nouveau parti repartaient à zéro, sur de nouvelles bases. Or, une semaine plus tard, et non une année et demie plus tard, le nouveau premier ministre a recours à la clôture.
Il faut bien dire que cette motion a l'approbation complète de l'actuel premier ministre et ainsi, en la présentant, le premier ministre fait fondamentalement plus pour accroître le déficit démocratique dont il ne cesse de parler, pour l'ancrer encore plus dans cette enceinte que quiconque dans l'histoire de la Chambre des communes.
La vérité, comme mon collègue, je crois, le faisait remarquer à l'instant à propos du registre des armes à feu, c'est que d'un côté, le premier ministre dit vouloir habiliter tous les députés d'arrière-ban. Quelle idée révolutionnaire. Mon Dieu! il doit avoir vu la même chose que moi et c'était une publicité montrant Preston Manning, qui était alors le chef du Parti réformiste, demandant: «À qui ce siège à la Chambre des communes appartient-il?»
Toute notre campagne, en notre qualité de Parti réformiste en 1997, tournait autour de l'idée que moi, mon parti, tous mes collègues et le chef de l'époque--et ultérieurement la politique de notre parti--représenterions les vues, désirs et orientations de la population du Canada de notre siège. Il doit avoir vu la même publicité et pensé: «Ça alors! quelle formidable idée révolutionnaire.» Il a mis sept ans à la trouver, mais il lui fait faire un tour de piste et affirme qu'il permettra des votes libres à la Chambre des communes.
Le lendemain, il s'est fait demander par mon très compétent collègue de Yorkton ce qu'il ferait au sujet du registre des armes à feu, celui-là même qui a fait partir en fumée 1 milliard de dollars alors qu'il ne devait coûter que 2 millions, le registre des armes à feu par lequel, au bout du compte, le gouvernement, dans les faits, pénalise et fait enregistrer des citoyens respectueux de la loi, alors qu'il ne veut pas de registre des agresseurs sexuels. Il s'est demandé ce qu'il ferait à ce propos. À n'en pas douter, nous savons qu'il y a des gens qui représentent les vues, désirs et orientations de leurs électeurs; il y a de simples députés qui veulent faire ce qu'il faut faire, à savoir abolir ce gâchis de registre des armes à feu. Alors le député a posé la question.
Le gouvernement a mis moins d'une semaine pour faire volte-face là-dessus comme il l'a fait au sujet de la clôture. Lorsque des gens disent que le député de Kootenay—Columbia et le député de Brandon—Souris sont en poste depuis dix ans, et que ce serait tout de même bien si ces circonscriptions avaient un député ministériel, au moins les gens seraient représentés comme il convient, il ne faut pas croire cela, parce qu'on va continuer de tenir les simples députés libéraux à la cravache.
C'est le leader du gouvernement à la Chambre, je crois, qui a déclaré au bulletin de nouvelles «en fait, le premier ministre voulait probablement dire que les initiatives parlementaires pourraient faire l'objet d'un vote libre». N'est-ce pas faible comme déclaration? À moins que le gouvernement ne décide d'écumer les initiatives parlementaires, comme mon ami de Surrey l'a signalé, afin d'en extraire les idées qu'il souhaite intégrer dans ses propres projets de loi, et de les faire siennes--voilà bien quelque chose que les libéraux n'ont jamais fait--les initiatives parlementaire ne sont rien de plus qu'une occasion fournie aux simples députés pour donner un coup de pouce au gouvernement.
C'est toute une révolution. Les mesures d'initiative parlementaire feront désormais l'objet d'un vote libre à la Chambre des communes. Savez-vous quoi? Cela s'est fait au cours des deux dernières sessions. Qu'y a-t-il de neuf? Rien, sinon dans la tête du premier ministre, qui pense apporter de la nouveauté.
Voyons voir certains projets de loi que nous avons adoptés et qu'il souhaite faire réinscrire au Feuilleton. Je pense particulièrement à un projet de loi qui m'est familier, qui est devenu le projet de loi C-2. Ce projet de loi pénalisera les citoyens qui importent du matériel électronique au Canada afin de se conformer aux règles du CRTC et, ce faisant, réaliser des profits en piratant les signaux satellites des fournisseurs de signaux qui sont émis sur toute la planète.
Comme nous en avons discuté plus tôt aujourd'hui, l'approche libérale consiste à dire «qu'on leur impose des sanctions, qu'on les traque, gardons le contrôle». Quelle idée géniale: contrôlons l'innovation technologique; contrôlons la technologie. Je ne sais pas de quelle planète viennent les libéraux. De toutes façons, ils sont d'un autre siècle et ils n'ont rien à voir avec la révolution électronique, les satellites et nos capacités de communication. C'est à peine s'ils peuvent suivre ce qui se passe.
Les libéraux adoptent des règles en vue de contrôler ce qui ne se contrôle pas, mais cela les apaise. Ce projet de loi nécessite une approche innovatrice. Dans sa forme actuelle, au plan technologique, la mesure est irréaliste.
Examinons un autre projet de loi, celui qui porte sur la reproduction humaine. Voilà une mesure qui aurait remporté la palme en matière de tordage de bras.
J'admets que le député est l'ex-leader parlementaire et qu'il ne parle pas au nom du gouvernement actuel. Il a soulevé ce projet de loi à titre d'exemple de projet de loi ayant été mis aux voix et en a conclu que nous ne devrions pas revenir sur ce vote. Il est clair qu'il a choisi d'oublier qu'en qualité de leader parlementaire du gouvernement donnant des directives au whip pour un débat donné, il semait la terreur chez les membres de son parti.
J'ignore quel genre de pression les libéraux peuvent exercer sur leurs simples députés pour inciter certains d'entre eux, d'après ce que je peux voir, à voter contre leurs valeurs les plus personnelles. J'ignore quelles pressions ils exercent sur eux, mais je sais que ces pressions ont eu pour effet que nous sommes maintenant saisis de projets de loi dont l'étude se trouve à diverses étapes à la Chambre et à l'autre endroit. Ces projets de loi ont été ramenés à la faveur d'un régime que l'actuel premier ministre prétend rejeter. Quelle affirmation incroyablement vide de sens.
Je reconnais, en regardant ces procédures auxquelles la Chambre pourrait avoir recours, que l'ancien leader du gouvernement à la Chambre, le député de Glengarry—Prescott—Russell, est probablement l'expert en la matière. Il a certainement mis à profit toutes ses expériences, ses connaissances, le fruit de ses voyages autour du monde et de son séjour à Westminster pour faire pression sur les députés d'arrière-ban, et exercer cette pression à la Chambre pour faire adopter ces projets de loi.
Je me demande donc à quel point il peut être sincère lorsqu'il affirme que ces projets de loi ont été approuvés et que nous devrions prendre toutes les mesures pour qu'ils soient maintenant étudiés. Il n'a pas répondu à la question de mon collègue de Surrey. Lorsque mon collègue a déclaré que c'était la première fois dans toute l'histoire du système parlementaire britannique qu'un premier ministre reprenait ainsi tous les anciens projets de loi d'un prédécesseur, il n'a pas répondu à la question. Je suis certain que mon collègue l'a remarqué.
Puisque l'ancien leader du gouvernement à la Chambre a une si longue expérience, une telle compréhension et une connaissance aussi approfondie de l'histoire du système parlementaire britannique à travers le monde, il me semble évident que nous avons touché un point sensible. Le nouveau premier ministre est effectivement en train d'établir un précédent, de poser un jalon non seulement dans l'histoire du Canada, mais aussi dans l'histoire du système parlementaire britannique.
Il est absolument inconcevable que le premier ministre et le gouvernement présentent cet avis de clôture à la chambre. En soi, cette procédure est inacceptable. Je parcours le dictionnaire dans ma tête et je n'arrive pas à trouver le mot qui conviendrait et qui me permettrait d'échapper à l'excellente vigilance du président de cette session. Je dirai simplement qu'il est incroyablement époustouflant de voir que le premier ministre a l'audace de se tourner et de déclarer que c'est ainsi qu'il s'occupe du déficit démocratique. Il soutient qu'il est différent. Comment peut-il dire une telle chose sans rire? Le déficit démocratique est bien réel et il appartient au premier ministre d'en porter le joug.
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Monsieur le Président, le député dit que cela ne s'est jamais fait, mais il est arrivé très souvent qu'un premier ministre rétablisse son propre programme législatif. Cette fois-ci, nous avons affaire à un nouveau premier ministre, mais cela s'est déjà fait. Un bon projet de loi mériterait d'être débattu si c'est le même premier ministre qui le rétablit, mais non si une autre personne le propose.
À mon avis, avant de rétablir un programme législatif ou des projets de loi, il est préférable d'en déterminer la valeur au lieu de se demander si c'est le même premier ministre qu'à la session précédente qui les propose.
La motion dont nous sommes saisis prévoit le rétablissement des projets de loi étudiés la session dernière au stade où ils en étaient au moment de la prorogation. La motion est particulièrement importante, puisque nous avons à régler, au cours de la présente session, un certain nombre de questions urgentes sur lesquelles il faut nous pencher immédiatement. Nous voudrions aller de l'avant et ne pas être retardés par les députés de l'opposition qui tiennent simplement à réitérer ce qu'ils ont déjà dit à propos de ces projets de loi.
Nous devons trouver des moyens pour que les députés ne soient pas obligés de perdre leur temps à reprendre l'étude de projets de loi de la session précédente, dont certains étaient sur le point d'être adoptés. Cela ne reviendrait qu'à une mascarade dont le seul but serait de gaspiller des ressources et du temps précieux, qu'il vaudrait mieux utiliser pour examiner de nouvelles questions qui revêtent une grande importance pour les Canadiens.
Ces questions sont, entre autres: veiller à ce que les Canadiens continuent d'avoir accès à un excellent système de santé; accroître la sécurité publique; s'assurer que nos militaires disposent du matériel et des services de soutien dont ils ont besoin pour servir notre pays; opérer une réforme des institutions démocratiques; maintenir les normes éthiques les plus élevées possible au sein de l'État; et veiller à ce que nos enfants, qui, après tout, représentent l'avenir de notre pays, aient le meilleur départ possible dans la vie.
Cependant, il ne s'agit pas que de disposer de temps pour examiner d'importantes nouvelles initiatives. Il s'agit aussi de s'assurer que l'étude d'importants projets de loi de la session précédente progresse le plus rapidement possible pour qu'ils puissent améliorer la vie des Canadiens. Cela comprend entre autres l'adoption du projet de loi C-49, ce qui tiendrait compte de la démographie de notre pays, en mettant à jour les limites de nos circonscriptions électorales pour qu'elles représentent la composition de notre pays très dynamique.
En l'occurrence, il est fort étonnant que les conservateurs s'opposent à cet aspect particulier, car l'Alberta et la Colombie-Britannique obtiendraient davantage de sièges. Je pensais que le nouveau Parti conservateur appuierait fortement les habitants de l'Ouest.
Il y a également le projet de loi C-34, qui accroîtrait la confiance des Canadiens dans le Parlement en créant les postes de commissaire à l'éthique indépendant et de conseiller sénatorial en éthique. Il y a tout un ensemble d'autres projets de loi qui visent à accroître la sécurité publique, comme le projet de loi de 2002 sur la sécurité publique, le projet de loi modifiant le Code criminel pour protéger les enfants, et le projet de loi sur l'autonomie gouvernementale des premières nations de Westbank.
La plupart des députés sont bien au fait d'un certain nombre de ces projets de loi. D'ailleurs, sauf erreur, les députés de l'opposition se sont prononcés en faveur de certains aspects de quelques-uns de ces projets de loi. Par conséquent, il est quelque peu étonnant qu'ils refusent d'accepter une disposition qui rétablirait des notions qu'ils jugeaient valables en général.
Je tiens à parler de la loi sur l'autonomie gouvernementale de la première nation de Westbank, que de nombreuses personnes ne connaissent peut-être aussi bien que d'autres projets de loi plus longuement débattus à la Chambre. J'en parle en partie parce que cela fait partie de mes responsabilités, mais aussi en raison du grand intérêt que je porte au sujet. L'autonomie gouvernementale des premières nations est toujours pour moi un sujet enthousiasmant, parce qu'elle leur permet de prendre en main leurs propres affaires, d'avoir des gouvernements modernes et d'entretenir de nouvelles relations avec d'autres gouvernements. Ce projet de loi, présenté pour la première fois le 5 novembre 2003, a été renvoyé au comité. Je ne puis concevoir que les autres partis s'y opposent. Je crois qu'ils veulent tous permettre aux premières nations d'aller de l'avant. Aussi je ne vois pas pourquoi on s'oppposerait à ce que nous présentions le projet de loi.
Cette mesure législative vise à permettre à la première nation de Westbank, en Colombie-Britannique, d'exercer une responsabilité financière et politique. Elle ferait en sorte que la Charte des droits et libertés s'applique à cette première nation, et elle établirait de nouvelles relations entre gouvernements. En définitive, je crois qu'il s'agit d'une bonne nouvelle. Voilà un exemple de projet de loi que nous pourrions rétablir et débattre rapidement, au lieu de reprendre le débat depuis le début pour dire des choses au sujet desquelles nous sommes tous d'accord.
Pouvons-nous nous permettre de retarder l'adoption de ces projets de loi, en en reprenant l'étude depuis le début, avec les mêmes discours à chaque étape, les mêmes témoins convoqués pour faire les mêmes exposés, et présenter des arguments sur les mêmes points soulevés il y a quelques mois? Est-ce vraiment ce que nous voulons faire?
Une voix: Oui.
Une voix: Certainement pas.
M. Larry Bagnell: Nous y voilà. Le député conservateur nous dit que l'opposition veut ramener tous ces projets de loi, livrer les mêmes discours à chaque étape du débat, convoquer les mêmes témoins pour qu'ils fassent les mêmes exposés, et débattre des mêmes points que ceux qui ont été soulevés il y a déjà plusieurs mois.
Un parti qui propose dans sa plateforme--et je présume qu'il en fera autant dans sa nouvelle plateforme-- de réduire les dépenses de l'État et d'économiser, mais qui par ailleurs appuie un gaspillage énorme d'argent en exigeant que chacun revienne prononcer le même discours, fait preuve d'une hypocrisie étonnante. C'est pourtant bien ce que nous avons entendu.
Ce parti sera bien mal venu de nous dire, plus tard, qu'il veut réduire les dépenses, après avoir suggéré de dépenser encore plus sans raison valable. Y a-t-il ici quelqu'un qui croit dans l'utilité de reprendre tout le processus?
Le député de Port Moody—Coquitlam—Port Coquitlam a affirmé qu'il aimerait dépenser l'argent. Je ne voulais pas attribuer tout cela à son parti. Il a dit qu'il aimerait recommencer tous ces discours, réentendre tous les témoins, gaspiller à nouveau l'argent des contribuables, au moment où tant de choses très importantes attendent le pays, des choses importantes dont on a parlé dans le discours du Trône, en l'occurrence améliorer la défense, s'occuper de la pauvreté, des personnes handicapées et de l'émancipation des peuples autochtones et améliorer les conditions sociales.
Tout cela, les députés voudraient le mettre en attente pour leur permettre, comme ils l'ont dit, de répéter leurs discours et demander aux mêmes témoins de faire les mêmes discours encore une fois.
Sachant que cela s'est fait, comme je l'ai dit il y a une minute, six ou sept fois dans l'histoire, on voit pourquoi il est difficile de respecter l'opposition et sa position incompréhensible.
La mécanique de la motion, qui ne devrait être nouvelle pour personne car la même procédure a été utilisée dans le passé, permettrait à un ministre de rétablir un projet de loi du gouvernement dans les 30 jours suivant le début de la session et après l'adoption d'une motion si le projet de loi est identique à ce qu'il était à la session précédente. Avec la permission du Président, il pourrait alors être représenté à l'étape à laquelle il se trouvait avant la prorogation, ce qui signifie que les travaux sur ces projets de loi pourraient reprendre là où ils avaient été laissés, y compris l'étude en comité. Les députés pourraient encore donner leur avis sur ces projets de loi, mais nous n'aurions pas à régresser et à répéter ce que nous avons déjà dit à la Chambre.
Je le répète. Cela n'est rien de nouveau. Les membres de l'opposition agissent comme si c'était là un processus inédit auquel ils doivent s'opposer. Cependant, en 1970, 1972, 1974 et 1986, la Chambre a donné son consentement unanime à une motion rétablissant des projets de loi. La Chambre a adopté une motion semblable sous un autre gouvernement en 1991.
Si, dans le passé, tous les partis à la Chambre ont chaque fois donné leur consentement unanime, quelle crédibilité peut aujourd'hui avoir un parti qui s'y oppose?
En 1977 et en 1982, la Chambre a adopté des modifications au Règlement permettant de reporter des projets de loi à la session suivante. Dans un passé un peu moins lointain, en mars 1996, la Chambre a adopté une motion semblable. En octobre 1999, la Chambre a adopté une motion semblable à celle présentée devant nous aujourd'hui afin de lui permettre de reprendre le travail de la session précédente.
Enfin, la motion proposée est semblable au Règlement qui permet que les projets de loi soient rétablis après la prorogation.
Tout cela semble indiquer que la motion est loin d'être révolutionnaire puisqu'il existe de nombreux précédents qui montrent que la façon dont elle se présente est conforme aux pratiques antérieures de la Chambre.
Cependant, pour que les procédures proposées réussissent à libérer les députés de l'inutile corvée de devoir recommencer le travail accompli lors de la dernière session du Parlement, nous devons d'abord adopter la motion. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous aurons en main les outils nécessaires pour régler les anciens dossiers et que nous pourrons commencer à nous attaquer aux autres problèmes urgents de notre grande nation.
C'est pour cette raison que je demande avec instance à mes collègues de la Chambre, aux députés de tous les partis représentant toutes les régions et tous les points de vue, de se joindre au gouvernement pour adopter et mettre en oeuvre la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je veux répondre à un commentaire émis par un député d'en face qui disait qu'il ne s'agissait pas d'un nouveau gouvernement. Il serait inconcevable pour quiconque de croire que, lorsque le Parlement du Canada s'arrête, qu'il s'agisse du gouvernement en place ou d'un nouveau gouvernement, il ne laisse pas derrière lui certains projets de loi avantageux. Le député veut-il insinuer qu'un projet de loi visant à aider les enfants ou à assurer la sécurité publique est moins valable qu'auparavant parce qu'il est présenté par une autre personne? A-t-il moins de valeur que s'il est présenté par le même premier ministre? Voilà un argument qui serait difficile à défendre.
Il est intéressant d'entendre les députés de l'opposition parler de déficit démocratique. Il sera intéressant de voir jusqu'à quel point ils ont l'esprit ouvert et comment ils vont voter sur cette motion en particulier. Il sera intéressant de voir jusqu'à quel point ils seront démocratiques lorsqu'ils voteront sur cette motion.
Il y a un autre point que les partis d'en face ont fait valoir jusqu'ici dans le débat d'aujourd'hui qui ne tient absolument pas la route et qui est tout à fait contradictoire. Il s'agit de leur argument voulant qu'on aurait dû en finir avec ces projets de loi en novembre, au lieu de proroger la Chambre. Ainsi, ces projets de loi méritaient d'être adoptés à l'époque, mais maintenant ils ne sont plus assez bons pour être présentés de nouveau et être adoptés. En fait, je n'ai pas encore entendu un seul bon argument de la part de qui que ce soit portant que les mesures législatives qui, malheureusement, n'ont pu être adoptées avant la pause ne devraient pas être ramenées rapidement à la Chambre, de façon à éviter d'avoir à répéter les mêmes discours et à entendre les mêmes témoins en comité, ce qui ferait perdre du temps aux Canadiens. Si l'on agit rapidement, nous pourrons ensuite nous attaquer aux importantes priorités énoncées dans le discours du Trône.
Compte tenu du peu de questions qui sont posées relativement au discours du Trône au cours de la période des questions orales, j'imagine que les partis d'opposition trouvent plutôt acceptable le contenu du discours, puisqu'ils partent sur diverses tangentes et qu'ils n'ont ni questions ni critiques à formuler à l'égard du discours et des nombreuses mesures positives que celui-ci renferme.
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Monsieur le Président, je ne vais pas partager mon temps de parole, contrairement à ce qui a été annoncé plus tôt.
C'est avec plaisir que je prends la parole sur cette question. Malheureusement, toutefois, il ne s'agit pas d'une question concernant une politique fondamentale nouvelle ni, du reste, une politique fondamentale constituant une préoccupation prédominante de mes électeurs, voire de l'ensemble de la Colombie-Britannique.
En fait, cette idée de ramener des projets de loi de la session précédente et de ne rien présenter de nouveau est sans doute étrange pour bien des Canadiens qui suivent le débat aujourd'hui et qui prêteront attention aux débats des mois à venir à l'approche des élections. Ils analysent les forces en présence pour connaître les idées qu'elles défendent, pour voir en quoi elles différent, pour savoir en quoi le nouveau premier ministre, le député de LaSalle--Émard et ex-ministre des Finances, est vraiment différent de l'ex-premier ministre, qu'il a poussé vers la sortie dans ce qu'un professeur de science politique m'a décrit il y a deux jours comme un coup d'État civilisé.
Si on demande au Canadien moyen les trois raisons pour lesquelles l'actuel premier ministre a remplacé l'ex-premier ministre au congrès libéral de Toronto il y a tout juste quelques mois, je pense que la plupart des gens diront que le premier ministre en poste a poussé son prédécesseur vers la sortie pour trois grandes raisons: la première est que l'ex-premier ministre était en poste depuis trop longtemps, qu'il était trop vieux et qu'il était temps pour lui de partir. En fait, l'actuel premier ministre a le même âge que le précédent.
La deuxième raison donnée pour laquelle nous devions nous débarrasser de l'ex-premier ministre, c'est qu'il y avait un déficit démocratique dans notre pays et qu'il fallait l'éponger. C'était la deuxième raison pour laquelle l'actuel titulaire du poste de premier ministre a été installé le plus rapidement possible dans cette fonction. La réalité, c'est que l'actuel premier ministre a accumulé son propre grave déficit démocratique en ne permettant pas la vente libre de cartes de membre du Parti libéral du Canada, en ne respectant pas les votes pris dans le passé à la Chambre, en recourant à la clôture dès les premières semaines de son entrée en fonction en tant que premier ministre, en ne permettant pas aux provinces d'élire leur propres sénateurs, en ne permettant pas la tenue de votes libres sur la loi sur les armes à feu et une foule d'autres.
Ainsi, il s'agissait de trois raisons pour lesquelles il aurait dû être premier ministre. Tout d'abord, l'ancien premier ministre était trop vieux; or, il a le même âge. Ensuite, il veut s'attaquer au déficit démocratique; il a échoué à ce chapitre. Enfin, il a déclaré que l'autre raison pour laquelle il devait être premier ministre, c'est que nous devions avoir ce nouveau pacte pour les collectivités, un nouveau programme, une nouvelle grande vision pour les villes. La réalité, c'est ce que nous avons vu dans le discours du Trône: il n'a pas un nouveau pacte pour les villes. Il n'y a pas une nouvelle grande vision pour les villes et municipalités du pays. Ce qu'il a proposé dans le discours du Trône, c'est que les municipalités du pays puissent récupérer la TPS qu'elles paient et en fin de compte, cette mesure s'est appliquée par décret à compter du 1er février 2004.
C'est ce que cela signifie, par exemple, pour une ville comme Port Coquitlam qui sera la plus importante ville dans la nouvelle circonscription de Port Moody--North Coquitlam. Si elle achetait de nouvelles sableuses au coût de 50 000 $, elle paierait environ 4 p. 100 de TPS normalement, car les municipalités ne paient pas la taxe au complet. Or, le gouvernement va maintenant rembourser à la ville la taxe au complet et c'est tout ce qu'on offre au maire moyen auquel on a promis un tout nouveau pacte.
Je le répète, lorsque nous entendons parler d'un «new deal» (un nouveau pacte), cela rappelle à beaucoup de gens le président américain FDR. Nous pensons à une grande vision, un nouveau pacte, une approche macroéconomique semblable au plan Marshall ou une mesure législative qui change du tout au tout la façon dont le gouvernement ou l'économie fonctionne ou les relations du gouvernement avec ses citoyens. Cependant, en fait, le nouveau pacte pour les villes que le premier ministre propose ne se résume à rien. Ce n'est qu'un simple remboursement de la TPS qui ne fait que compliquer le code fiscal, qui rend la TPS moins efficace qu'au préalable et ne donne pas aux municipalités le financement régulier auquel elles s'attendaient lorsque le premier ministre leur a promis un nouveau pacte.
De même, le faux nouveau pacte pour les villes que j'ai qualifié de frime n'est qu'un remboursement de la TPS qui permet à l'actuel premier ministre d'envoyer des chèques aux maires du pays juste avant le déclenchement d'élections générales pour qu'ils aient certes une dette politique à son égard. Ce programme de remboursement de la TPS qu'il a mis sur pied accroît le déficit démocratique même qu'il disait vouloir éliminer à son arrivée au pouvoir.
Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, il a dit qu'il fallait éliminer le déficit démocratique. Le 7 octobre 2003, la Chambre a adopté une motion, à 202 voix contre 31 si je me souviens bien, disant que le gouvernement devrait immédiatement entreprendre des discussions avec les provinces afin de remettre aux municipalités une partie de la taxe fédérale sur l’essence pour qu'elles aient accès à cet argent sans tarder. Cette motion bénéficiait de l'appui du Comité permanent des transports. On dirait que le ministre a des lacunes dans son vocabulaire, car il ne semble pas comprendre ce que signifie le mot « immédiatement » étant donné qu'il n'a absolument pas tenu cette promesse de la Chambre. Il a trahi la confiance de la Chambre.
Son propre vote à la Chambre, celui du ministre des Finances actuel et ceux de tous les députés, sauf le Bloc québécois, montraient que tous étaient d'avis que l'argent de la taxe sur l'essence devrait être versé aux municipalités. Encore une fois, le premier ministre n'a pas tenu cette promesse faite aux municipalités en leur accordant plutôt un remboursement de TPS. En fait, cela ne fera rien d'autre que lui permettre de donner une série de chèques aux villes et aux maires, à un coût de 48 millions de dollars par mois pour le Trésor, afin de bien paraître juste à la veille d'une campagne électorale.
C'est plein de cynisme. C'est une mauvaise politique fiscale qui rend la TPS moins efficace et risque de causer des complications. Cette mesure nécessitera des négociations avec les provinces de toute façon à cause de la taxe de vente harmonisée dans les provinces de l'Atlantique. De plus, à certains égards, cela pourrait même être perçu par les Québécois, qui sont certainement très sensibles, et avec raison, à ce genre de chose, comme un autre exemple d'ingérence du gouvernement fédéral dans un secteur de compétence provinciale, geste tout à fait condamnable qu'on a déjà vu trop souvent de la part des gouvernements libéraux dans ce pays.
J'ai préparé certaines remarques que je voudrais lire à la Chambre au sujet d'un projet de loi qui a été rétabli par le gouvernement, le projet de loi C-2, dont la Chambre a d'ailleurs été saisie ce matin.
Le projet de loi C-2 est une mesure très troublante. Encore une fois, en tant qu'ardent défenseur de la liberté individuelle, de la liberté de parole, de l'ouverture et du libre marché, je crois que le projet de loi C-2 trahit l'essence même des principes que défendaient à une certaine époque les libéraux, au sens général du terme, du Parti libéral fédéral, ceux de l'école de John Stewart.
Le projet de loi C-2 interdirait aux nouveaux immigrants de regarder des émissions en provenance du Moyen-Orient, de l'Amérique latine ou de l'Asie du Sud-Est, simplement parce qu'elles ne seraient pas distribuées par une société canadienne. C'est à se demander si le gouvernement comprend même la signification du mot «libre».
Pour les gens de ma génération, l'un des droits les plus fondamentaux est celui de zapper, c'est-à-dire de regarder ce que nous voulons regarder et d'avoir un choix, dans la mesure où nous le faisons dans les limites de la loi et que nous payons ce que nous devons payer.
Lorsque le premier ministre avait mon âge, c'est la radio en ondes courtes qui donnait accès aux différentes cultures des pays lointains. La liberté voulait dire pouvoir syntoniser Radio Moscou ou le réseau international de la BBC et entendre des nouvelles qu'on ne pouvait obtenir ailleurs. C'était également ce triste sentiment que l'on éprouvait en se rendant compte que les habitants de certains endroits comme Cuba, la Corée du Nord ou l'ex-Union soviétique risquaient leur vie en écoutant Voice of America ou Radio Free Berlin.
Pendant les années 60, la liberté était basée sur les signaux radio. Au cours des 40 dernières années, nous y avons ajouté des images et nous sommes passés au numérique. Aujourd'hui, la télévision par satellite dans des endroits comme l'Afghanistan et l'Irak est le principal symbole de la liberté et de l'ouverture et les images qu'elle présente permettent aux spectateurs de se sentir libres comme un oiseau dans le ciel.
Le fait que le premier projet de loi proposé à la Chambre par le premier ministre, le C-2, s'attaque à cette technologie me dit que, fondamentalement, il ne comprend rien à la liberté. Peut-être le premier ministre croit-il que la liberté n'est qu'affaire de distribution, au lieu de sanction ou d'entrave, de la part du gouvernement. Il est déplorable que le premier ministre fasse souvent allusion dans ses discours à des personnes dans l'idéologie desquelles il se reconnaît profondément, comme Pierre Trudeau, et à des gens qu'il perçoit comme épris de liberté. Il parle de Nelson Mandela et de Martin Luther King, un de mes héros, comme de personnes qui croient passionnément en la liberté d'expression.
Pourtant, son tout premier projet de loi aux Communes, le C-2, ferait obstacle à la liberté d'expression et empêcherait les communautés ethniques et les minorités d'avoir accès à des services dans leur langue parce que les câblodistributeurs ne fournissent pas ce genre d'émissions.
Le premier projet de loi du premier ministre est tellement déphasé par rapport aux priorités des simples citoyens que, lorsque la question a été soulevée en 2002 à l'élection complémentaire de Windsor-Ouest, le NPD a remporté cette circonscription détenue par les libéraux depuis 39 ans. Ce fut un enjeu de grande importance dans cette campagne électorale.
Il y a pire. Non seulement le premier projet de loi du premier ministre est étranger aux priorités des Canadiens et risque de nuire aux minorités, mais encore il est inutile pour atteindre les objectifs visés. Quiconque s'est intéressé à cette question sait qu'il est très probable que cette mesure fera l'objet d'une longue bataille judiciaire.
D'ici que les tribunaux tranchent, le technologie aura progressé au point que les Canadiens regarderont la télévision sur Internet, et des lois comme le C-2 seront tout bonnement inapplicables.
On peut se demander pourquoi le C-2 est au premier rang des priorités du gouvernement. Le 14 novembre 2003, le premier ministre n'a-t-il pas dit aux Canadiens, en acceptant la direction de son parti: «Il nous faut aborder différemment la politique, notre action, les modalités de notre action»?
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Merci, monsieur le Président. Je ne parlais pas de la substance du projet de loi. Je parlais du principe de le rétablir, étant donné que l'actuel premier ministre est entré en fonction en disant avoir un tout nouveau programme audacieux. Comme je l'ai dit dans mes premières observations, son tout nouveau programme n'a absolument rien à voir avec les projets de loi dont il est question ici.
Je pensais que l'ancien leader à la Chambre, un des plus ardents défenseurs de l'ancien premier ministre et un des plus ardents adversaires de l'actuel premier ministre, serait d'accord sur mes propos, car je sais que, au fond, peut-être pas aussi loin, si nous grattons la surface, il souscrit de tout coeur à mon point de vue au sujet de l'actuel premier ministre et de son programme, qui n'en est pas un, pour le Canada.
J'ai passé énormément de temps dans ma circonscription à lire des lettres de mes électeurs et à m'entretenir avec eux. Il y a très peu de choses dans le discours du Trône ou dans la motion de rétablissement présentée par le premier ministre qui a le moindrement suscité l'intérêt ou inspiré de nouveau mes électeurs au sujet de la politique canadienne ou du gouvernement.
Je le répète, le premier ministre a dit aux Canadiens qu'il avait une toute nouvelle vision audacieuse. Quelle est la toute première chose qu'il fait? Il invoque la clôture. Il impose l'attribution de temps. Il rétablit de vieux projets de loi qui remontent à l'ancien régime. Il veut couper court au débat. Il n'a aucune idée toute nouvelle à présenter.
Un rapport de la vérificatrice générale sera présenté demain. Il dira que le premier ministre et le gouvernement ne s'attaquent pas au déficit démocratique, ne cherchent pas à enrayer les scandales que nous avons connus, ne font pas avancer les choses pour rehausser la qualité de vie dans notre pays, conformément à la vision grandiose qu'avait le premier ministre.
L'idée même de remplacer l'ancien premier ministre par le nouveau devrait être accompagnée d'un sentiment de renouveau. Au lieu de cela, que présente le gouvernement? Il présente le projet de loi C-35, qui modifie la Loi sur la défense nationale (rémunération des juges militaires). Il présente le projet de loi C-38, qui modifie la Loi sur les contraventions et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
Je suis en mesure d'affirmer au député de Glengarry—Prescott—Russell que ces projets de loi ne faisaient pas partie de la plate-forme à partir de laquelle il a été élu ni du programme prôné par le nouveau premier ministre. Celui-ci a demandé qu'on l'élise comme premier ministre. Il a affirmé que les libéraux se rendraient au Centre Air Canada, au centre-ville de Toronto, qu'ils inviteraient Bono et le Cirque du Soleil et qu'ils auraient beaucoup de plaisir. Ils devaient remplir la moitié du Centre Air Canada et faire toutes ces belles choses. S'il avait déclaré que, une fois élu, la première chose qu'il ferait serait de ramener tous ces anciens et mauvais projets de loi hérités de l'ancien premier ministre dont les libéraux venaient juste de se départir, je suis pas mal persuadé qu'il serait loin d'avoir reçu l'ovation qu'il a eue à ce congrès. Les Canadiens se gratteraient le crâne et se demanderaient ce qu'il est advenu de cette nouvelle offre aux villes. Qu'est-il arrivé de l'intention de régler le déficit démocratique, maintenant qu'il reprend les anciennes idées de l'ancien régime, celles-là même qu'il a critiquées et dont il ne voulait rien savoir? Qu'est-ce que cela a à voir avec la réduction du déficit démocratique et la mise de l'avant de nouvelles idées audacieuses et d'une nouvelle vision à l'égard des villes ainsi que d'un nouveau programme destiné aux municipalités? Cela n'a rien à voir.
Si quelqu'un postule un poste de député, de ministre ou de chef de parti, il doit formuler un programme tout nouveau, audacieux, qui viserait par exemple à améliorer l'ensemble de l'économie. En particulier, s'il aspire à devenir le chef du parti ministériel, il doit mettre de l'avant de nouvelles idées, les proposer au pays, des idées dont celui-ci a un urgent besoin.
Présenter, comme premier geste à la Chambre, la motion no 2 visant à rétablir tous les projets de loi de l'ancien régime, est loin de ressembler à un nouveau départ aux yeux des Canadiens. Ce n'est pas ce que ceux-ci avaient en tête. Ce n'est pas ce qu'ils attendaient du premier ministre.
J'étais présent au centre Air Canada et j'ai entendu le discours de l'actuel premier ministre. Ce fut l'une des soirées les plus longues de ma vie. Il n'a pas dit vouloir rétablir quoi que ce soit. Il a dit que la première chose qu'il ferait serait de présenter de nouveau le projet de loi portant sur la décriminalisation de la marijuana afin de doter le Canada de la mesure législative la plus libérale au monde à ce chapitre, une loi encore plus libérale que celle en vigueur à Amsterdam. S'il était élu, il devait rétablir et mettre en place les mesures législatives qui allaient permettre des investissements de milliards de dollars dans des entreprises parasites comme Bombardier et Via Rail. S'il était élu, il présenterait toutes les mesures législatives, toutes celles dont l'ancien premier ministre se lavait les mains et au sujet desquelles il ne faisait rien. Il nous promettait Bono, U2 et le Cirque du Soleil si on l'élisait. À titre de premier ministre du Canada, il allait proposer un nouveau programme audacieux.
Une fois de plus, nous n'avons rien vu. Le député de Yukon, qui est intervenu juste avant moi, a mentionné le discours du Trône. Il a dit qu'il fallait cela pour que le gouvernement puisse réaliser le programme établi dans le discours du Trône.
Le discours du Trône est rempli de platitudes et d'énoncés creux. Le nouveau pacte proposé pour les villes n'a aucune substance. On n'y trouve à peu près rien de valable. De plus, comme je le disais, il vient compliquer encore davantage la fiscalité, il réduit l'efficacité de la TPS et n'assure pas aux municipalités une source de liquidités stable.
Il y a un sujet important qui tient à coeur à mes électeurs et à la population de la Colombie-Britannique, c'est celui de la criminalité. Le discours du Trône comptait plusieurs milliers de mots, mais pas un seul au sujet de la criminalité ou de la réforme du droit pénal. Le sujet a été complètement escamoté. Le discours du Trône a également passé sous silence les pêcheries, l'industrie des pêches, l'agriculture et tout ce qui se rapporte à l'agriculture.
La criminalité pose de graves problèmes en Colombie-Britannique. Je pense notamment aux courses de rue, à la culture de la marijuana, à la réforme des libérations conditionnelles et à l'octroi de sursis, autrement dit l'absence de peines consécutives pour les criminels violents.
Je rappelle la triste histoire de cet individu, Darcy Bertrand, qui, le Jour d'Action de grâce de 1995, s'est rendu assister à un service religieux où il a tué, à coups de couteau, sa belle-mère, son beau-père et son épouse, devant ses enfants. Un an plus tard, après avoir plaidé coupable à trois chefs d'accusation de meurtre au second degré, il a été condamné sur les trois chefs. Après avoir passé cinq ans dans une prison à sécurité moyenne, il a été transféré dans un établissement pénitentiaire ouvert, qui n'a même pas de clôture et qui se trouve à 20 minutes de l'endroit où vivent les membres survivants de la famille.
Ce genre de situation soulève toutes sortes de questions. Il n'est pas du tout question de projet de loi sur le droit pénal dans la motion no 2. Le gouvernement précédent n'avait présenté aucune mesure de ce genre. Aucun de ces trois projets de loi ne propose quoi que ce soit de sérieux.
Le député de Glengarry—Prescott—Russell, qui est rapidement en train de se convertir en défenseur de l'actuel premier ministre, celui-là même auquel il s'était opposé, soutient que la motion no 2 mentionne trois projets de loi concernant la réforme du droit pénal. Aucun d'entre eux ne traite des questions concrètes et importantes qui préoccupent les Canadiens.
Comment expliquer que les députés ministériels soient aussi tragiquement déconnectés que, par exemple, dans le cas de Darcy Bertrand, un type qui a assassiné sa femme, sa belle-mère et son beau-père en plein jour devant ses enfants et qui a été reconnu coupable de trois accusations de meurtre se retrouve dans une prison à sécurité moyenne? Si ce type-là ne mérite pas la prison à sécurité maximale, je me demande qui le mérite. Il a été placé dans un établissement à sécurité moyenne et, après cinq ans, on l'a envoyé dans un établissement à sécurité minimale, sans aucune clôture et à 20 minutes de membres survivants de la famille. C'est un établissement dont des gens se sont enfuis aisément par le passé.
Le fait de donner suite à la motion no 2 ne nous permettra pas de nous attaquer aux préoccupations des Canadiens. Le fait de ne pas présenter de projet de loi pour mettre en oeuvre une réforme du système de justice criminelle ou de ne pas même faire mention de cette réforme dans le discours du Trône a pour conséquence qu'on ne s'attaque pas aux questions qui préoccupent vraiment les Canadiens et qui sont prioritaires pour les gens de ma collectivité et de ma circonscription. Les gens de la Colombie-Britannique veulent qu'on aborde la problématique de la réforme du système de justice criminelle. Ils ne veulent pas de ces stratagèmes.
Lorsque quelqu'un affirme qu'il va chercher à se faire élire, qu'il sera le nouveau premier ministre du Canada parce qu'il a un nouveau plan d'action audacieux, il doit tenir parole. Il doit vraiment présenter des idées tout à fait nouvelles, pas de vieilles idées réchauffées prises justement au premier ministre dont les gens disaient qu'il fallait se débarrasser parce qu'il n'avait pas d'idées nouvelles. C'est là le comble de la contradiction.
Le présent premier ministre a encore échoué. Il n'a pas soumis de nouvelle vision. Il n'a pas avancé d'idées nouvelles. Il n'a pas relevé le défi du déficit démocratique. Il n'a pas dévoilé de nouveau plan d'action pour les villes. Il nous sert le même vieux plan d'action qui ne marchera pas et ne donnera pas aux Canadiens le nouveau départ dont ils ont besoin.
:
Monsieur le Président, la motion vise à rétablir les projets de loi qui sont morts au
Feuilleton au moment où la session précédente a pris fin.
Comme nous le savons tous, le but de cette motion est bien simple. Elle doit permettre d'éviter aux députés de devoir reprendre tout le travail déjà effectué pour des projets de loi qui étaient parvenus à l'étape de l'étude en comité au cours de la session précédente.
[Français]
Ceci est particulièrement louable compte tenu des nombreuses pressions exercées sur les députés et sur les ressources limitées dont nous disposons.
[Traduction]
Quelles sont les caractéristiques de cette motion? Elle précise tout simplement qu'un ministre pourrait, dans les trente jours suivant l'adoption de la motion, demander le rétablissement d'un projet de loi qui aurait atteint au moins l'étape de l'étude en comité au moment où la session précédente a pris fin. Un fois le président convaincu que le projet de loi est identique à celui qui était à l'étude au cours de la session précédente, ce dernier serait rétabli au stade où il en était au moment de la prorogation.
[Français]
Nous pouvons ainsi passer outre, au cours de cette session, à toutes les étapes du débat qui ont déjà été franchies jusqu'à ce jour. Le travail des comités qui examinent les projets de loi serait, en conséquence, préservé. Somme toute, c'est une perspective fort attrayante.
[Traduction]
Le Parlement s'inspire énormément des précédents, ce qui signifie que nous évaluons constamment ce qui a déjà été fait pour nous assurer que les nouvelles mesures adoptées sont conformes aux pratiques précédentes. Peut-on dire que cette motion respecte les pratiques ayant cours depuis longtemps à la Chambre? Il s'agit en fait d'une pratique à laquelle nous avons recours depuis plus de trente ans.
Il est arrivé plus d'une fois que des motions de rétablissement soient adoptées par consentement unanime sans faire l'objet d'un débat. Il est clair que la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui cadre tout à fait avec les pratiques parlementaires acceptées. Elle respecte également l'esprit du guide de la procédure parlementaire de Marleau-Montpetit qui fait autorité en la matière et qui traite de la question en détail. Bien qu'on y reconnaisse qu'en principe la prorogation d'une session signifie que tous les projets de loi qui n'ont pas obtenu la sanction royale meurent au Feuilleton et doivent être présentés à nouveau au cours de la nouvelle session, on y mentionne également que «Il est toutefois arrivé que des projets de loi soient rétablis, par voie de motion au début de la nouvelle session, à l’étape où ils en étaient à la fin de la session précédente; les travaux de comité ont de même été réactivés».
L'un des points qu'il faut clarifier c'est que cette motion donne au gouvernement la flexibilité de rétablir certains projets. Elle n'impose pas le rétablissement de tous les projets de loi qui étaient inscrits au Feuilleton à quelque étape que ce soit au moment de la prorogation. Permettez-moi de donner des exemples de projets de loi que le gouvernement pourrait ainsi rétablir s'il souhaitait le faire.
L'un d'eux est le projet de loi C-7, qui concerne le gouvernement et l'obligation de rendre compte des bandes indiennes. Le nouveau gouvernement a indiqué qu'il souhaite revoir toute la question de la gouvernance, mais la motion lui laisse néanmoins la liberté de rétablir le projet de loi, s'il le décide.
Un autre de ces projets de loi est le projet de loi C-10B, sur la cruauté envers les animaux, qui a soulevé beaucoup d'attention dans ma circonscription. Le projet de loi C-13, qui porte sur la procréation assistée, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat. Une bonne partie du travail accompli à la Chambre des communes devrait donc être reprise. Le projet de loi C-17, qui concerne la sécurité publique, avait lui aussi franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat.
Le projet de loi C-18, la Loi sur la citoyenneté au Canada, est un autre exemple de projet de loi que le gouvernement pourra, si la motion est adoptée, rétablir à son gré. Le projet de loi C-19, qui porte sur la gestion financière des premières nations, avait atteint l'étape du rapport. Le projet de loi C-20, sur la protection des enfants, en était aussi à l'étape du rapport. Le projet de loi C-22, qui concernait la Loi sur le divorce, avait atteint l'étape de l'étude en comité. Le projet de loi C-23, qui concernait l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat. Le projet de loi C-26, qui portait sur la sécurité ferroviaire, avait été renvoyé à un comité. Le projet de loi C-27, concernant les autorités aéroportuaires, avait atteint l'étape de la deuxième lecture lorsque la Chambre a été prorogée.
Le projet de loi C-32, qui apportait des modifications au Code criminel, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat. Le projet de loi C-33, qui visait le transfèrement international des délinquants, en était à l'étape du rapport au moment de la prorogation. Le projet de loi C-34, qui portait sur l'éthique, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat, qui y avait apporté des amendements.
Ces projets de loi avaient fait l'objet de longs débats à la Chambre des communes et certains avaient été renvoyés au Sénat.
Le projet de loi C-35, concernant la rémunération des juges militaires, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat. Le projet de loi C-36, qui concernait les Archives du Canada, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat. Le projet de loi C-38, le projet de loi sur la marijuana, en était à l'étape du rapport et de la deuxième lecture. Le projet de loi C-40, Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, était à l'étape de la première lecture lorsque la Chambre a été prorogée. Le projet de loi C-43, qui concernait la Loi sur les pêches, était à l'étape de la première lecture au moment de la prorogation.
Le projet de loi C-46, qui portait sur la fraude sur les marchés financiers, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat. Ce projet de loi aidera le gouvernement à lutter contre la fraude d'entreprise, comme celle qui s'est produite à la société Enron et dans de nombreux autres cas. Nous voulons nous assurer que le gouvernement soit en mesure de réprimer ce type de criminalité, afin de protéger les investisseurs contre la gestion frauduleuse des cadres d'entreprises et de leurs directeurs.
Le projet de loi C-49, qui visait la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été renvoyé au Sénat.
Le projet de loi C-51, la Loi électorale du Canada, et le projet de loi C-52, la Loi sur la radiocommunication, étaient à l'étape de la deuxième lecture lorsque la Chambre a prorogé. Le projet de loi C-53, la Loi visant à modifier le nom de certaines circonscriptions électorales, avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été envoyé au Sénat. Le projet de loi C-54, la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, était étudié en comité, tout comme le projet de loi C-56, la Loi des aliments et drogues, lorsque la Chambre a prorogé. Par ailleurs, le projet de loi C-57, la Loi portant mise en vigueur de l'Accord d'autonomie gouvernementale de la première nation de Westbank, était aussi étudié en comité.
Il a fallu beaucoup de travail pour amener ces mesures législatives à ces diverses étapes. Le gouvernement ne tient pas nécessairement à présenter de nouveau tous ces projets de loi, mais il veut avoir la souplesse nécessaire pour présenter de nouveau les mesures que nous appuyons sans avoir à réinventer la roue.
L'amendement proposé par le député de Yorkton—Melville donne à penser qu'il y a un certain de projets de loi que celui-ci ne souhaite pas revoir, notamment le projet de loi C-7, qui porte sur le gouvernement et l'obligation de rendre compte des bandes indiennes. Il est possible que notre gouvernement veuille revoir cette mesure.
Le député de Yorkton—Melville a dit que le projet de loi C-13, la Loi concernant la procréation assistée, ne devrait pas être revu non plus. Le député nomme un certain nombre d'autres mesures telles que les projets de loi C-19, C-20, C-22, C-26, C-34, C-35, C-36 et C-38.
Je signale que certains de ces projets de loi, comme par exemple le projet de loi C-13, ont franchi l'étape de la troisième lecture et étaient rendus au Sénat. Or, le député de Yorkton—Melville voudrait que l'on recommence depuis le tout début avec cette mesure législative.
Il a dit que le projet de loi C-34, qui porte sur l'éthique, ne devrait pas être rétabli. Pourtant, cette mesure avait franchi l'étape de la troisième lecture et avait été envoyée au Sénat où elle avait été modifiée. Nous sommes tous au courant de ce projet de loi.
Le député estime que nous devrions recommencer depuis le début en ce qui a trait au projet de loi C-35, qui porte sur la rémunération des juges militaires. Là encore, cette mesure avait franchi la troisième lecture et était rendue au Sénat.
Je ne sais pas ce qui est si litigieux dans le projet de loi C-36 sur les Archives du Canada, mais le député de Yorkton—Melville voudrait que nous reprenions tout depuis le début. Pour ce qui est du projet de loi C-38, qui porte sur la marijuana, celui-ci en était à l'étape du rapport.
Un travail considérable a déjà fait ici et à l'autre endroit relativement à des projets de loi qui, si notre motion n'était pas adoptée, devraient être repris depuis le tout début. Il existe une longue liste de précédents sur le rétablissement de projets de loi du gouvernement et la reprise du travail en comité.
[Français]
Par exemple, en 1970, 1972, 1974 et 1986, les députés de cette Chambre ont donné leur consentement unanime à une motion visant à réétablir des projets de loi d'une session antérieure.
[Traduction]
En 1977 et 1982, les députés ont modifié le Règlement afin de permettre à la Chambre de rétablir des projets de loi de la session précédente. Cela confirme une pratique de longue date à la Chambre qui consiste à permettre le rétablissement de projets de loi à la même étape où ils en étaient à la session précédente, ce qui est précisément ce que prévoit la motion à l'étude.
Fait à remarquer, et cette idée m'intéresse d'une façon particulière, la procédure proposée dans la motion est semblable, voire identique, à celle qui est prévue dans le Règlement pour les initiatives parlementaires et qui a été adoptée à la Chambre en 1998.
J'ai un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi C-212, Loi concernant les frais d'utilisation, qui a été adopté à l'unanimité à toutes les étapes à la Chambre, renvoyé au Sénat, adopté en première lecture au Sénat et renvoyé au Comité sénatorial permanent des finances nationales. Puis le Parlement a été prorogé. Sans cette procédure, il me faudrait recommencer à zéro à la Chambre des communes après deux ou trois ans de travail et l'adoption à l'unanimité à toutes les étapes à la Chambre des communes.
Grâce à cet article du Règlement, le Sénat est déjà saisi de ce projet de loi. Les Communes n'ont pas eu à réinventer la roue. J'espère que le projet de loi sera adopté sous peu au Comité permanent des finances nationales et que son étude se poursuivra ensuite.
Nous disons que ces règles sont bonnes pour les projets de loi des députés. Elles ont l'appui de la Chambre, puisqu'elles font partie du Règlement. Nous disons que ces dispositions sont bonnes pour les projets de loi des députés, mais pas pour les mesures ministérielles, que c'est une autre paire de manches.
Le député d'en face a dit que, si nous avons un nouveau gouvernement, nous devrions avoir de nouvelles idées. Si le député a lu le discours du Trône, s'il a lu le nouveau document sur le déficit démocratique, il sait que ce n'est qu'un début. Il verra que le gouvernement se comporte très différemment.
Cela dit, il ne me semble y avoir aucun problème à rétablir les projets de loi qui ont du sens. Il y a beaucoup de travail qui a déjà été fait. Grâce à cette motion, le gouvernement aura la possibilité de reprendre les projets de loi qui ont été adoptés et, avec l'assentiment de la Chambre, de les renvoyer au Sénat.
[Français]
Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'en 1977, un projet de loi émanant des initiatives parlementaires a été rétabli après la dissolution de la Chambre.
[Traduction]
Tout cela nous amène inévitablement à conclure, comme je l'ai dit tout à l'heure, que s'il est raisonnable de reprendre l'étude des projets de loi d'initiative parlementaire à l'étape où ils se trouvaient, nous avons certainement assez de bon sens pour reconnaître qu'il est raisonnable de faire de même avec les projets de loi d'initiative ministérielle.
En quoi les initiatives ministérielles seraient-elles différentes? Si nous avons adopté ces règles à la Chambre pour les projets de loi d'initiative parlementaire, pourquoi voudrions-nous adopter des règles différentes pour les initiatives ministérielles, à moins que ce ne soit pour marquer des points au détriment de ses adversaires politiques ou par sectarisme dans le cadre du débat?
Je signale que l'usage qui consiste à reprendre l'étude des projets de loi là où elle avait été laissée existe aussi dans d'autres démocraties de longue date qui se sont dites d'accord pour reprendre, d'une session à l'autre, l'étude des projets de loi là où elle avait été laissée.
Je pense notamment au Parlement du Royaume-Uni d'où sont issus bon nombre de nos usages parlementaires. Il y existe des motions de rétablissement permettant de reporter d'une session à l'autre l'étude de projets de loi d'initiative ministérielle.
L'opposition officielle a dit aux médias qu'elle s'opposerait à la motion uniquement pour retarder l'adoption de projets de loi de la dernière session. C'est carrément injuste et contraire aux usages qui ont cours à la Chambre. Cette attitude montre à quel point l'opposition se soucie peu du travail de la Chambre et des contribuables canadiens. Les députés de l'opposition vont demander à la Chambre, à grands frais pour le Trésor public, de recommencer le débat sur des mesures qui ont déjà été adoptées à cet endroit et qui, dans bien des cas, ont maintenant été renvoyées au Sénat.
Parmi les projets de loi qui seraient rétablis, il y aurait celui visant à accélérer l'entrée en vigueur des nouvelles limites des circonscriptions électorales, ce projet de loi ayant été adopté à la Chambre des communes, puis renvoyé au Sénat.
Nous parlons de régler le problème de l'aliénation de l'Ouest. Ce projet de loi accorderait plus de sièges à la Colombie-Britannique et à l'Alberta. C'est la solution. Pourquoi voudrions-nous retarder l'adoption de ce projet de loi? Pourquoi voudrions-nous reprendre du début le débat sur quelque chose d'aussi évident.
Nous avons examiné les données du recensement, nous avons analysé tout cela et nous avons établi les limites des circonscriptions. Cela n'a rien de sorcier. C'est Élections Canada qui s'en charge. Cet organisme redéfinit les limites. Il reconnaît que le Canada est un pays en pleine croissance et que certaines régions connaissent une croissance plus rapide que d'autres et il redéfinit les limites des circonscriptions.
Si ce projet de loi est déjà adopté au moment où les prochaines élections seront déclenchées, l'Alberta et la Colombie-Britannique se feront entendre d'une voix plus forte. Je pense que l'Ontario bénéficierait aussi d'un plus grand nombre de sièges. Je suis persuadé qu'il serait peut-être possible de présenter un amendement en faveur de la Nouvelle-Écosse.
Il y a notamment un projet de loi visant à créer un commissaire à l'éthique indépendant et un conseiller sénatorial en éthique, ce que réclament les députés de l'opposition à cor et à cri depuis des mois, voire des années. Il serait très simple de rétablir ce projet de loi, s'il y avait entente et adoption de cette motion. Nous aurions alors un commissaire à l'éthique indépendant à la Chambre et un conseiller en éthique au Sénat.
Cette motion devrait recueillir la faveur de la Chambre. C'est la pratique dans la plupart des pays démocratiques parvenus à maturité.
En conclusion, nous devons indiquer clairement que l'adoption de cette motion n'entraînerait pas le rétablissement automatique de tous les projets de loi qui figuraient au Feuilleton lorsque la session a été prorogée. Cela signifie que le gouvernement aurait la marge de manoeuvre nécessaire pour rétablir les projets de loi qu'il jugerait bon de rétablir en faisant preuve de sagesse et de jugement. Nous nous éviterions ainsi de réinventer la roue et de débattre à nouveau des projets de loi qui ont la faveur de la Chambre. Nombre d'entre eux ont également la faveur du Sénat, du moins à l'étape de la première lecture.
La motion présentée ne déroge pas à nos traditions parlementaires. En fait, elle s'inscrit très bien dans ces traditions et est parfaitement conforme aux usages en vigueur à la Chambre depuis 1970.
[Français]
Par ailleurs, les mesures qui y figurent contribueront grandement à dégager les députés pour qu'ils puissent se consacrer à l'importante tâche d'élaboration de nouvelles initiatives qui favorisent le bien-être des Canadiens et des Canadiennes.
[Traduction]
C'est pour ces raisons que j'entends bien m'y montrer favorable. J'invite les autres députés à l'appuyer également, de sorte que nous puissions faire avancer les travaux de la Chambre, c'est-à-dire nous consacrer aux importants travaux et projets de loi qui peuvent être rétablis sans qu'ils aient à être débattus à nouveau.