:
Monsieur le Président, je suis en mesure d'affirmer sans aucune hésitation et sans crainte d'être contredit qu'interdire les gras trans épargnera des vies. Je ne parviens pas à cette conclusion de ma propre initiative. La communauté scientifique est d'opinion presque unanime que les huiles végétales hydrogénées produites à partir de matières grasses traitées, que l'on appelle « acides gras trans », sont en fait beaucoup plus dommageables que les graisses saturées qu'elles ont remplacées au cours des ans.
Les gras trans sont des matières grasses industrielles mortelles qui entraînent l'obésité, des maladies cardiaques et le diabète, affections qui sont toutes en hausse au Canada dans des proportions alarmantes. L'aspect vraiment néfaste des gras trans, c'est que non seulement ils élèvent les taux de mauvais cholestérol dans l'organisme, mais ils perturbent le rôle naturel du bon cholestérol qui est de nettoyer l'appareil circulatoire. Résultat, ces gras trans sont, en réalité, doublement néfastes pour l'appareil circulatoire de l'organisme.
Les données sont atterrantes. Un seul gramme de gras trans par jour augmente de 20 p. 100 le risque de maladie du coeur. Ces chiffres ne sont pas les miens. Je ne demande à personne de croire le profane que je suis. Ces chiffres proviennent du New England Journal of Medicine. C'est une consommation quotidienne nulle de gras trans qui est recommandée, mais les Canadiens adultes en consomment de 8 à 10 grammes par jour et, fait renversant, les jeunes âgés de 15 à 25 ans en consomment en moyenne 38 grammes par jour. Les députés, j'en suis sûr, vont reconnaître qu'il s'agit là d'un sérieux problème de santé publique.
La plupart des aliments prêts à manger ou industriels ont une teneur élevée de gras trans. Les aliments pour bébés en contiennent des taux alarmants. Connaissant ces données scientifiques et les ayant fait vérifier et corroborer par je ne sais combien de revues scientifiques et d'experts, nous devons nous demander pourquoi nous les tolérons dans nos aliments.
Je félicite le gouvernement fédéral de reconnaître que les acides gras trans sont mauvais pour la santé et devraient être éliminés. Sa politique jusqu'à maintenant à l'égard des acides gras trans a été de prévoir l'étiquetage obligatoire. Dans le cadre du débat d'aujourd'hui, nous devons déterminer si l'étiquetage est adéquat ou si nous devons prendre des mesures plus fermes afin de vraiment éliminer les acides gras trans, de les faire disparaître de notre alimentation et de notre système d'approvisionnement alimentaire. J'invite la Chambre à écouter les arguments contre l'étiquetage et en faveur de l'interdiction de ces acides gras nuisibles.
On dit parfois que ce type de question relève davantage de la sensibilisation de la population et de la liberté de choix. Je ne suis pas d'accord. Le gouvernement a un rôle légitime à jouer pour s'assurer que notre système d'approvisionnement alimentaire est sûr. Nous pourrions vous donner un certain nombre de précédents à cet égard.
En matière d'étiquetage, si nous constatons qu'un médicament est nuisible et qu'il tue jusqu'à 1 000 Canadiens par année de façon prématurée comme le font les acides gras trans, on ne se contente pas d'étiqueter ce produit en disant que c'est un choix personnel de ne pas l'utiliser, il est retiré tout simplement du marché. C'est une analogie qui convient parfaitement en l'occurrence.
La logique, c'est qu'il est inacceptable de mettre du poison dans nos aliments simplement parce que ce poison est bien étiqueté. C'est le gros bon sens. Je n'utilise pas le mot poison pour susciter une réaction. Les acides gras trans cadrent avec la définition scientifique de produits toxiques parce que le corps ne peut tout simplement pas les tolérer.
L'argument en faveur de l'étiquetage est fallacieux. Tout d'abord, des études montrent que 70 p. 100 des gens ne lisent pas les étiquettes apposées sur les aliments qu'ils consomment. Certains problèmes sont liés à la capacité de lire et d'autres à la langue. Les enfants, nous le savons, ne lisent certes pas les étiquettes lorsqu'ils prennent une collation. Les restaurants ne seraient absolument pas touchés. La nourriture de restaurant, les frites et certains produits populaires sont ceux qui renferment les taux d'acide gras trans les plus élevés.
Il faut ajouter à cela que, même si on dit sur un produit qu'il renferme 3,6 grammes d'huile végétale partiellement hydrogénée, cela ne permet aucun commentaire sur l'étiquette, car la seule étiquette vraiment utile en ce qui concerne les acides gras trans devrait préciser ceci: « Ce produit renferme des acides gras trans. Il peut vous tuer. » Il est improbable qu'il y ait un jour un étiquetage de ce genre.
Nous ne croyons pas que l'étiquetage soit un moyen efficace de réduire de façon notable la consommation d'acides gras trans par les Canadiens. Nous sommes d'avis que la seule chose logique à faire est de prendre des mesures concrètes pour éliminer, jusqu'à pratiquement interdire, la présence des acides gras trans dans notre système alimentaire.
Il est impossible d'interdire complètement les acides gras trans puisqu'on en trouve à l'état naturel chez les ruminants. Le fromage, le lait et le beurre contiennent certains acides gras trans naturels dans des proportions tellement faibles qu'ils ne constituent pas un risque pour la santé s'ils sont consommés avec modération. Voilà pourquoi notre parti recommande de réduire au maximum les acides gras trans et de les réglementer à un point tel que tous les produits alimentaires vendus au Canada, pas seulement ceux fabriqués ici, devront respecter des lignes directrices rigoureuses. Nous souhaitons limiter la teneur en acides gras trans à environ 2 p. 100, ce qui est, selon nous, un objectif réaliste.
Un pays a déjà adopté des mesures semblables. Depuis 2003, des mesures législatives visant à interdire les acides gras trans sont en vigueur au Danemark. Les fabricants ont modifié leurs produits afin de les rendre conformes aux teneurs permises. Nous savons qu'il existe des substituts sains et bons pour la santé aux acides gras trans et nous devons reconnaître et féliciter les fabricants qui prennent volontairement et unilatéralement les mesures nécessaires pour modifier leurs produits en conséquence. Par exemple, Biscuits Voortman limitée, un fabricant de biscuits canadien qui a plus de 120 gammes de produits, a modifié chacun de ses produits au cours des deux ou trois dernières années, sans compromettre la qualité ou le goût, afin d'éliminer complètement les acides gras trans. Nous pouvons féliciter les Biscuits Voortman d'avoir fait cet effort.
Autre exemple, la chaîne de restauration rapide New York Fries a volontairement et unilatéralement changé l'huile utilisée pour la cuisson de ses frites afin qu'elle ne contienne plus d'acides gras trans. Cette décision formidable devrait être récompensée.
Cependant, nous craignons que si nous laissons à l'industrie le soin de changer volontairement les huiles qu'elle utilise, les compagnies qui ne se conformeront pas auront un avantage concurrentiel injuste, car elles n'auront pas assumé les coûts supplémentaires pour reformuler leurs produits. Nous estimons donc que pour uniformiser les règles du jeu et protéger la santé des Canadiens, le gouvernement doit intervenir et imposer des règlements.
Les preuves scientifiques sont difficiles à contester. Les experts du monde entier sont d'avis que nous pouvons et que nous devons éliminer les gras trans. Le Dr Walter Willett est le doyen de la faculté des sciences de la santé de l'Université Harvard. Selon lui, l'hydrogénation, ou les acides gras trans, constitue le plus grand désastre de l'histoire en ce qui concerne la transformation des aliments. L'Organisation mondiale de la santé a ordonné aux pays de prendre des mesures pour éliminer les gras trans des aliments.
Nous savons que des pressions sont exercées pour laisser l'industrie s'occuper de la question sans intervention de l'État. Nous soutenons que c'est exactement le genre de dossier dans lequel le gouvernement du Canada doit intervenir directement.
Durant le présent débat, j'aimerais insister sur le fait qu'accroître la santé de la population est réellement le principal objectif en matière de santé publique et que cela devrait aussi être le principal objectif de notre stratégie en matière de santé. Nous consacrons tellement de temps, d'énergie et de ressources dans le domaine de la santé à gérer les maladies. Nous avons ici l'occasion de faire une grande différence dans l'état de santé général de millions de Canadiens, y compris de millions d'enfants canadiens, d'une façon positive et proactive. Il est difficile d'imaginer que nous pourrions faire autrement.
Je vous signale en passant que beaucoup d'enfants canadiens sont touchés par cette situation. Nous rendons-nous vraiment compte que des médecins nous affirment voir des enfants de 10 et de 12 ans qui ont un taux de cholestérol élevé et des artères bloquées? Le système circulatoire d'un enfant de cet âge devrait sûrement être complètement propre et fonctionner parfaitement.
Les enfants manquent d'énergie. Les personnes qui souffrent de problèmes circulatoires ont moins d'énergie. Elles se sentent léthargiques. Elles ne sont pas motivées. Elles ont du mal à se concentrer. Se sont là les symptômes des troubles circulatoires causés, au moins en partie, par les acides gras trans.
J'espère que nous pouvons compter sur l'appui généralisé de la Chambre des communes. Le NPD a soigneusement rédigé la motion de manière à ce que tous les partis la trouvent acceptable, c'est du moins ce que nous espérons. Quant à la nature générale de la motion, nous avons travaillé en étroite collaboration avec la Fondation des maladies du coeur pour choisir les termes appropriés. Nous avons également travaillé en étroite collaboration avec d'autres experts du pays qui s'intéressent de très près à la question.
La motion presse le gouvernement de prendre un règlement, ou de promulguer si nécessaire une loi, d'ici un an, ce qui est un délai généreux, afin de bannir les acides gras trans artificiels en en réduisant le taux au plus bas niveau possible.
Le libellé de la motion n'est pas restrictif. Le règlement ou la loi que le gouvernement présenterait pourrait en fait prévoir une période d'adaptation de trois ans. Nous n'en sommes pas certains. Nous allons en laisser la décision à un groupe de travail composé de personnes ayant les connaissances nécessaires pour en décider. Ce n'est pas vraiment à la Chambre des communes ou à nous, en tant que députés, d'en décider. Nous laisserons les experts en la matière le faire.
Je crois également que c'est là l'un des cas où il est justifié que le gouvernement joue un rôle et aide l'industrie à trouver des gras de remplacement en lui octroyant des subventions à la recherche et au développement. Il se pourrait que le Conseil national de recherche veuille entreprendre ce projet. Si les fabricants ont de la difficulté à modifier la composition de leurs produits, le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire de Santé Canada et d'Industrie Canada, pourrait jouer un rôle et accélérer le processus.
J'ai trouvé mon travail sur le projet des acides gras trans très satisfaisant. J'ai contacté des gens dans l'ensemble du pays et, à leur tour, ces personnes nous ont contactés, moi et mon parti, nous demandant, à moi personnellement, et aux députés en général, de faire quelque chose pour régler ce problème de santé des plus urgents. C'est avec passion qu'ils font appel à leurs législateurs.
Au cours de la journée, je pourrai peut-être faire part à la Chambre de certains des commentaires des milliers de Canadiens, littéralement, qui nous ont envoyé des courriels, du courrier, ou qui nous ont contacté personnellement pour nous dire qu'ils étaient au courant du problème. Ils s'attendent à ce que la Chambre des communes et les députés soient au courant du problème et à ce que nous soyons prêts à prendre des mesures concrètes pour le régler.
L'élimination des gras trans soulève de curieux problèmes. Le Canada est probablement le seul pays dont la Constitution fasse mention de la margarine. En effet, la Constitution canadienne contient deux paragraphes qui visent expressément la margarine. J'espère que cela ne nous empêchera pas d'agir de façon sensée et rationnelle. Nous devons cette bizarrerie à la famille Crosbie et aux conditions de l'Union de Terre-Neuve avec le Canada.
Il y a également la question des règles du commerce international. Nous espérons que ce n'est pas la raison pour laquelle le gouvernement fédéral a fait preuve, selon nous, de mollesse; quoi qu'il en soit, ce n'est sûrement pas une coïncidence si les règles d'étiquetage que le gouvernement a adoptées correspondent mot pour mot aux règles américaines. Même la date est identique. Nous suspectons que c'est la raison pour laquelle le gouvernement n'a pas fait preuve de plus de fermeté, en dépit des preuves scientifiques irréfutables concernant le risque que représente cette substance.
Nous demandons instamment au gouvernement d'exercer la souveraineté de notre pays dans ce dossier, d'écouter les scientifiques et la population canadienne, et de faire ce qui s'impose. Si jamais les barrières commerciales créaient des difficultés, nous y verrions. Cela ne devrait cependant pas nous empêcher de prendre rapidement des mesures concrètes afin de trouver une façon de réduire, puis d'éliminer ces substances toxiques.
J'ai essayé de passer en revue certaines des raisons générales pour lesquelles nous estimons nécessaire d'agir en ce sens, et cela le plus rapidement possible. Je ne me suis pas attardé aux détails techniques ou scientifiques, car je pense que les députés peuvent aisément accéder à cette information.
Je ne pense pas que l'élimination des gras trans nuirait à nos producteurs de graines oléagineuses. Nous n'en avons pas contre l'huile, mais contre le processus d'hydrogénation auquel elle est soumise. Certaines margarines sont fabriquées avec de l'huile de canola pure et ne contiennent aucun gras trans. Nous devrions acheter de la margarine Becel, qui ne contient aucun gras trans, et qui est fabriquée avec l'huile provenant de canola cultivé au Canada.
Puisque les gens vont consommer de plus en plus d'huile et de gras naturels, nous croyons que ce pourrait être une aubaine pour l'industrie laitière et les cultivateurs et producteurs de graines oléagineuses de l'Ouest, qui pourraient ainsi avoir accès à un marché élargi pour leur huile de canola pure. On sait que l'hydrogénation partielle de l'huile de canola en modifie la structure chimique, de sorte que cet aliment ne peut être assimilé et obstrue les artères. C'est une double menace pour les artères. Comme je le disais, les gras trans, les huiles partiellement hydrogénées, sont de quatre à dix fois plus nuisibles que les autres gras saturés.
Ce n'est pas une panacée. Cela ne veut pas dire qu'on peut manger autant d'aliments vides qu'on en a envie. Il faut se soucier de sa consommation de gras en général, mais il faut être conscient que les gras hydrogénés sont plus nocifs que les gras saturés.
L'adoption des acides gras trans a donné lieu à un paradoxe assez intéressant. Ils ont été présentés au départ comme un produit miracle pour amener les Canadiens à renoncer à l'huile de palme et à d'autres huiles tropicales, dont l'utilisation était largement répandue à la fin des années 60 et au début des années 70. Les cardiologues et médecins nous mettaient en garde contre ces huiles. Mais ce fut une tragique erreur, d'après le Dr Willet, de l'Université Harvard.
Je suis réconforté dans notre lutte contre les acides gras trans par l'appui de deux sénateurs éminents qui sont des médecins en vue. Le Dr Yves Morin a travaillé avec moi à l'élaboration du projet de loi. Il a été doyen de la faculté de médecine, à l'Université Laval. Je tiens à souligner et à louer l'excellent travail qu'il a accompli, rencontrant les représentants de l'industrie et de la Fondation des maladies du coeur. Pour sa part, le Dr Wilbert Keon, de l'Institut de cardiologie d'Ottawa, est un cardiologue de réputation internationale que nous avons rencontré personnellement et en conférence pour élaborer le projet de loi.
Des gens bien plus intelligents que nous, dans cette enceinte, et je le dis avec le plus grand respect, nous exhortent à prendre des mesures concrètes pour éliminer les acides gras trans dans nos aliments. Écoutons les scientifiques canadiens, écoutons les Canadiens dans leur ensemble, et prenons une mesure importante dans l'intérêt de la santé publique, et pas uniquement pour combattre la maladie, et éliminons les acides gras trans.
Il me semble possible d'éliminer les acides gras trans sans sacrifier la qualité ni le goût. Je crois qu'il existe assez de matières grasses de remplacement à substituer aux acides gras trans ou aux huiles hydrogénées dans tous les aliments transformés et les aliments servis dans les restaurants.
Je suis très heureux de pouvoir aujourd'hui, au nom du groupe parlementaire des néo-démocrates, faire quelque chose qui aura un effet important sur la santé publique au Canada. J'ai commencé par affirmer qu'on peut prétendre honnêtement sauver des vies en éliminant les acides gras trans. Je termine sur la même note, en exhortant mes collègues à appuyer la motion et à faire un premier pas pour concrétiser cette initiative importante pour la santé publique.
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Madame la Présidente, je me réjouis de cette occasion de m'adresser aux honorables députés de cette Chambre au sujet de l'épineux dossier des acides gras trans, et ce, pour plusieurs raisons.
D'abord, ce débat est un autre moyen de sensibiliser les Canadiennes et les Canadiens aux méfaits des gras trans, car la sensibilisation et l'éducation font partie intégrante de notre mission de promouvoir une saine alimentation.
En second lieu, cela me permet d'expliquer ce que fait le gouvernement pour réduire la teneur en gras trans dans les aliments que nous consommons et de confirmer que nous constatons déjà des résultats encourageants.
Enfin, ce sujet dépasse largement le seul aspect du régime alimentaire. Il fait partie d'un enjeu beaucoup plus vaste qui est au coeur de mon mandat à titre de ministre d'État responsable de la Santé publique, soit le besoin impérieux de promouvoir la santé sous tous ses aspects, ainsi que les habitudes qui lui sont propices.
[Traduction]
Je remercie le NPD d'avoir lancé ce débat capital parce que je sais que tous les députés souscrivent à l'objectif qui consiste à prendre des mesures susceptibles d'inciter les Canadiens à faire de meilleurs choix pour leur santé, y compris choisir des aliments plus sains. Je sais aussi que le député de Winnipeg-Centre s'intéresse vivement à la question.
Je suis heureux d'appuyer la motion prévoyant l'établissement d'un groupe de travail multipartite chargé de l'élaboration de stratégies visant à réduire de façon appréciable le niveau d'acides gras trans dans les aliments au Canada.
Je propose à cet égard que le Comité permanent de la santé soit consulté pour garantir que ce groupe de travail soit formé des personnes les plus compétentes en la matière et que son mandat soit le plus pertinent possible. Mes collaborateurs et moi sommes prêts à faire partie du groupe de travail, où nous pourrons échanger des idées. Je propose aussi que le groupe de travail fasse rapport au Comité permanent de la santé. C'est une autre occasion qui se présente à nous de montrer comment les parlementaires canadiens constituent des agents de changement efficaces lorsqu'ils travaillent de manière coopérative.
Je sais qu'une foule de points de vue devront être entendus. Nombre de gens estiment que le plus facile serait d'interdire carrément les acides gras trans, mais nous savons que les solutions à long terme efficaces sont plus complexes que cela. Comme Mencken l'a dit: « Pour chaque problème complexe, il y a une solution toute simple, mais c'est toujours la mauvaise. »
Nous devons aborder la question des acides gras trans d'une manière réfléchie et complexe afin de ne pas finir par empirer la santé des Canadiens par nos décisions, ce qui constitue une possibilité réelle si nous optons précipitamment pour l'interdiction.
Comme le ministre de la Santé et nombre de députés l'ont si bien dit, la consommation d'acides gras trans représente une importante question de santé publique parce qu'il existe maintenant des preuves scientifiques attestant que la consommation d'acides gras trans accroît le risque de coronaropathie. En effet, ces preuves scientifiques montrent que la consommation d'acides gras trans accroît le niveau de lipoprotéine de basse densité, qu'on appelle « mauvais cholestérol », dans le sang. Elle cause aussi la diminution du niveau de lipoprotéine de haute densité, le bon cholestérol.
C'est à cause de ces effets, par exemple, que l'organisation qui établit les normes d'apport alimentaire pour les États-Unis et le Canada, le Food and Nutrition Board du Institute of Medicine, recommandait en 2002 que l'on consomme aussi peu d'acides gras trans que possible tout en respectant un régime adéquat sur le plan nutritionnel. On a formulé essentiellement la même recommandation pour les gras saturés, même si les gras saturés font augmenter aussi bien le cholestérol de basse densité que le cholestérol de haute densité et ont donc des répercussions moindres sur le risque de maladies du coeur.
L' Institute of Medicine a toutefois signalé que les acides gras trans sont inévitables dans les régimes non végétaliens et que, pour les supprimer totalement, il faudrait éliminer les produits laitiers et les viandes, ce qui risquerait d'entraîner une ingestion insuffisante de protéines et de certains oligoéléments.
Je serais étonnée d'entendre aujourd'hui des avis contraires à ces constatations. Je suis convaincue que nous arriverons rapidement au cours du présent débat à un consensus selon lequel il est notamment nécessaire de réduire la consommation de graisses alimentaires pour assurer la meilleure santé possible aux Canadiens. C'est au sujet des meilleurs moyens à prendre que nous ne serons pas d'accord.
Gramme pour gramme, les acides gras trans ont plus d'effets nocifs sur la santé du coeur que les gras saturés. Selon les estimations, les Canadiens consomment environ huit grammes d'acides gras trans par jour. Cependant, ils consomment également en moyenne 27 grammes de gras saturés. Au Canada, la consommation de gras saturés est environ quatre fois supérieure à celle d'acides gras trans et donc nettement supérieure à ce qui est recommandé. Sur le plan de la santé, il est tout aussi important d'éviter toute augmentation significative de l'ingestion de gras saturés que de viser à réduire la consommation de acides gras trans.
Comme l'a signalé le député de Winnipeg-Centre, on a pris l'initiative au Danemark d'établir à 2 p.100 la limite de teneur en acides gras trans de tous les huiles et gras vendus dans ce pays. Le régime alimentaire danois diffère du régime canadien, plus riche en gras animaux et en huiles tropicales. Le Danemark étant un pays beaucoup plus petit, où la production alimentaire est moins centralisée, il n'est pas nécessaire que les produits aient une durée de conservation aussi longue qu'au Canada. Ainsi, pour assurer la stabilité, il est parfois nécessaire d'incorporer des graisses partiellement hydrogénées dans certains aliments. Puisque ces graisses partiellement hydrogénées sont la principale source d' acides gras trans, le Danemark est en mesure de les limiter sans modifier le régime alimentaire danois.
Ce qu'il faut saisir dans tout cela, c'est qu'il serait sage et prudent de comparer les circonstances et les effets potentiels dans les deux pays avant d'emprunter une mesure qui fonctionne peut-être bien dans un pays, mais qui risque de ne pas fonctionner dans un autre. Voilà une tâche importante pour le groupe de travail multipartite.
Si nous voulons réduire ou éliminer les gras trans dans les aliments, il est de la plus haute importance que nous veillions à ce qu'ils soient remplacés par des ingrédients plus sains. Si nous fixons une limite arbitraire relativement aux gras trans dans les aliments sans prendre le temps de voir s'il y a des solutions de rechange, nous courons le risque qu'ils soient remplacés par des gras très saturés. Et il est important de veiller à ne pas exclure de notre diète les acides gras essentiels et les acides gras oméga-3.
Il convient de signaler que l'huile de canola du Canada, qui est consommée régulièrement dans de nombreuses diètes, contient 3 p. 100 de gras trans, ce qui dépasse de 1 p. 100 la limite fixée au Danemark.
Je pense qu'il sera extrêmement important que le groupe de travail entende tous les points de vue, y compris ceux de l'industrie, pour pouvoir déterminer quelles pratiques seraient les meilleures et quelle serait la meilleure stratégie pour que les Canadiens s'alimentent sainement.
En tant que médecin de famille, j'essayais de fournir le meilleur traitement possible à mes patients, pour qu'ils guérissent, mais je savais que mon rôle ne se limitait pas à cela. J'avais également la responsabilité de les conseiller sur les choix à faire pour prévenir la maladie.
Aujourd'hui, en tant que ministre d'État à la Santé publique, mes responsabilités sont plus vastes. Mon but est simplement d'aider le plus grand nombre possible de Canadiens à demeurer en bonne santé le plus longtemps possible. Je veux prévenir les blessures et les maladies et inciter les Canadiens à adopter un mode de vie sain, dans leur propre intérêt et pour que notre système de soins de santé demeure viable.
Lors de la réunion des premiers ministres en septembre, je crois que l'ensemble des Canadiens ont été contents d'entendre l'important plaidoyer des premiers ministres des provinces en faveur des mesures à prendre pour la promotion de la santé et la prévention des maladies.
C'était impressionnant de les entendre parler de gras trans, de l'importance de la vaccination et de moyens de prévenir les fractures chez les aînés. Il est clair qu'ils comprennent la situation pour ce qui est de mettre les Canadiens sur un pied d'égalité et de les garder en bonne santé, et c'est aussi un impératif sous l'angle de la durabilité de notre système de soins de santé. Nous savons tous, aujourd'hui, qu'il nous faut remettre la santé dans les soins de santé.
Manifestement, les maladies coronariennes sont parmi les grandes maladies chroniques au Canada. Nous devons donc nous attaquer à leurs causes et à tous les facteurs pertinents, y compris la nutrition. Notre action réfléchie relativement à la question des gras trans fait partie d'une stratégie beaucoup plus large, plus complexe visant à favoriser la santé au moyen de saines habitudes de vie.
Je veux communiquer aux députés certaines informations sur cette stratégie avant d'étayer les motifs qui m'incitent à penser qu'une interdiction ne constitue pas la meilleure approche publique de la question des gras trans alimentaires et qu'il est extrêmement important de créer un groupe de travail.
Comme c'est le cas dans l'ensemble de son programme d'action en matière de santé, le gouvernement du Canada est résolu à oeuvrer avec les provinces et territoires, ainsi qu'avec d'autres intervenants, afin d'améliorer la santé des Canadiens en portant attention à la question des saines habitudes de vie. Le fondement actuel d'une grande partie de ces travaux réside dans la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains à laquelle les ministres de la Santé fédéral, provinciaux et territoriaux ont souscrit en 2002.
Dans ce cadre, les ministres ont convenu d'oeuvrer de concert à la mise en oeuvre de stratégies pancanadiennes relatives aux modes de vie sains à court, moyen et long terme, lesquelles mettent l'accent sur l'alimentation, l'activité physique et un poids sain. Nous avons pour but de promouvoir la bonne santé en réduisant les facteurs de risque et les réalités sociétales sous-jacentes liées à des maladies cardiovasculaires et respiratoires, au diabète et à certains cancers.
Dans ce cadre, nous avons élaboré ce que nous appelons la stratégie canadienne pour un mode de sain. Elle définit les enfants et les jeunes comme étant un groupe cible prioritaire. Elle définit également les écoles comme étant un des milieux clés pour s'attaquer aux préoccupations en matière de santé. Je crois que l'accord conclu à la réunion des premiers ministres en vue de la réalisation d'une initiative de santé en milieu scolaire a été d'une importance énorme pour la poursuite de cet objectif.
Une de nos façons de faire pour la promotion d'un mode de vie et d'une alimentation sains consistera à prendre appui sur les pratiques exemplaires déjà en place. De nombreux travaux de grande qualité se font grâce aux initiatives de saines habitudes de vie et de nutrition partout au pays. Par exemple, dans les cadre des consultations pancanadiennes visant à créer l'Agence de santé publique du Canada, je me suis rendue à Prince George, où j'ai appris qu'une subvention de 300 000 $ de Santé Canada a servi à financer une fabuleuse alliance pour une vie saine et active. Cela a permis de créer des jardins communautaires, des cuisines communautaires et des programmes de vie active. Grâce aux contributions faites par des clubs Rotary et des entreprises locales, ce montant est passé à plus d'un million de dollars. Il est tout naturel que nous nous inspirions du rôle directeur joué par ce genre d'initiatives pour aider les Canadiens à devenir plus actifs, à faire de meilleurs choix alimentaires et à améliorer leur santé.
Nous favorisons un mode de vie sain en encourageant la collaboration entre les gouvernements et les autres intervenants et l'intervention au niveau communautaire.
Les solutions doivent être concertées et conçues pour obtenir les résultats escomptés, ce que nous avons fait au sujet des gras trans.
En janvier 2003, le Canada est devenu le premier pays du monde à obliger les fabricants à indiquer sur les étiquettes des aliments préemballés la teneur en acides gras trans. J'estime que cette mesure a grandement contribué à sensibiliser les Canadiens à toute la question des gras trans, et certains ont dit que les Canadiens ont pris une longueur d'avance sur nous à ce sujet.
La plupart des aliments devront porter cette indication d'ici décembre 2005. Ces étiquettes aident les consommateurs à faire des choix alimentaires sains et à limiter leur consommation de gras trans. Cette initiative pousse déjà de nombreuses entreprises alimentaires canadiennes à réduire la teneur en gras trans de leurs aliments.
Pourquoi n'avons-nous pas imposé une limite réglementaire aux gras trans ou leur interdiction? C'est qu'en examinant l'ensemble de la question de la santé publique, nous avons constaté qu'obliger l'industrie à éliminer les gras trans en l'absence de solutions de rechange généralisées risquerait d'avoir des conséquences pour la santé équivalentes à celles des gras trans, ou pires encore. Bref, une interdiction pourrait entraîner une aggravation des risques de maladies cardiovasculaires si les solutions de rechange n'étaient pas bien énoncées. Bon nombre des solutions actuelles réduiraient la quantité d'acides gras trans, mais, par ailleurs, augmenteraient la quantité d'acides gras saturés, qui entraînent également des risques de coronaropathie. Je dois avouer que je ne peux interdire le beurre, les oeufs et la crème.
Il est aussi extrêmement important que la sensibilisation se poursuive et qu'on continue d'aborder ces questions dans des documents traitant de la santé et destinés à l'ensemble de la population. Comme il n'existe pas encore de solutions de rechange simples, saines et satisfaisantes aux gras trans et aux huiles à forte teneur en gras trans, nous adoptons une approche sensée et pondérée. Santé Canada surveillera la teneur en acides gras trans des principales sources de gras trans dans notre alimentation afin d'évaluer l'efficacité du programme d'étiquetage nutritionnel, et nous continuerons d'aider l'industrie à trouver des solutions de rechange saines. Évidemment, nous attendrons aussi de connaître les conclusions du groupe de travail.
Le ministère travaille également avec le secteur de la restauration afin d'encourager la réduction des gras trans dans les aliments offerts par les restaurants et les autres établissements de restauration. Évidemment, le ministère poursuit les nombreuses initiatives de sensibilisation de la population afin d'informer les Canadiens sur l'importance de réduire leur consommation de gras trans; nous savons aussi que le débat d'aujourd'hui est extrêmement important à cet égard.
Des consommateurs bien informés qui exigent des choix d'aliments plus sains inciteront beaucoup plus les entreprises du secteur alimentaire à réduire ou à éliminer les gras trans dans leurs produits. Nous supposons que les entreprises ne veulent pas fabriquer de produits que les Canadiens ne veulent pas acheter. Ce n'est qu'un début, mais nous sommes certains qu'il résultera de notre approche des aliments plus sains et des Canadiens en meilleure santé.
Comme l'a dit Elizabeth Blackwell:
Nous ne sommes pas des rafistoleurs qui se contentent de rabibocher et de réparer ce qui est brisé...Nous devons être des surveillants, des gardiens de la vie et de la santé de notre génération, afin que celles qui suivront soient plus fortes et saines.
Voilà notre mission à titre de gardiens de la santé publique: prendre aujourd'hui des décisions réfléchies et éclairées qui aideront les Canadiens à améliorer leur santé et leur existence dans l'avenir. Nous ne pouvons prendre de décisions à courte vue qui risqueraient de compromettre la santé des gens ou de les rendre malades à cause de conséquences non souhaitées. Une interdiction des aliments contenant des gras trans pourrait avoir des répercussions négatives non souhaitées, et nous avons le devoir, dans notre intérêt et celui des générations futures, de prendre des décisions judicieuses qui amélioreront la santé publique à long terme.
J'attends avec impatience de prendre connaissance des travaux du Comité permanent de la santé et du groupe de travail, ainsi que des délibérations ultérieures de ce comité.
[Français]
À titre de gardiens de la santé publique, nous devons prendre des décisions judicieuses aujourd'hui afin d'aider les Canadiennes et les Canadiens à améliorer leur santé et leur qualité de vie. Nous ne pouvons nous permettre une vision à court terme qui, à la longue, risque d'être néfaste.
Interdire les gras trans pourrait avoir des conséquences négatives. Il est dans notre intérêt et dans celui des générations futures de prendre des décisions éclairées qui amélioreront la santé de la population au cours des années à venir.
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Madame la Présidente, j'aimerais partager mon temps de parole avec le député de Saskatoon—Wanuskewin.
Comme certains députés le savent, je suis le porte-parole principal en matière de santé pour le Parti conservateur. Évidemment, la santé des Canadiens est ma priorité absolue, comme elle l'est pour le Parti conservateur du Canada.
Je félicite le député de Winnipeg-Centre d'avoir présenté cette motion au Parlement. Il a aidé à sensibiliser davantage la population au sujet des méfaits des gras trans sur les Canadiens. Je peux affirmer que j'en ai beaucoup appris sur la question depuis qu'elle a été soulevée.
On a prouvé que les gras trans sont nuisibles pour la santé humaine. Cela est indéniable. Tous les scientifiques que j'ai rencontrés s'entendent sur ce point. Même l'industrie alimentaire ne nie pas les effets négatifs que les gras trans ont sur les gens. Bien des morts prématurées pourraient être évitées en diminuant les gras trans dans l'alimentation.
Par conséquent, j'appuie l'esprit de la motion. Je ne serais pas nécessairement d'accord avec les mesures prévues par la loi, mais je crois que l'intention de réunir les intervenants, y compris la Fondation des maladies du coeur, est importante. Nous devons nous employer en tant que gouvernement et en tant que peuple à réduire les maladies du coeur causées par les gras trans. Les gras trans causent aussi toutefois d'autres maladies.
Dans d'autres pays, notamment au Danemark, les gras trans ont essentiellement été interdits. Les États-Unis d'Amérique ont pris des mesures réglementaires contre les gras trans en fixant des limites minimales et maximales quant à leur présence dans les produits alimentaires. Les consommateurs doivent prendre davantage de responsabilités à l'égard de ce qu'ils consomment et de la façon dont ils le font.
Il va sans dire que le Parti conservateur du Canada appuie l'idée que les Canadiens doivent prendre leur propre santé en main. Nous reconnaissons également que le gouvernement a un rôle à jouer à certains égards, notamment en fournissant aux Canadiens un environnement sûr et sain.
L'industrie doit également jouer un rôle considérable en élaborant des solutions de rechange à la consommation de gras trans. Il est très important d'inclure l'industrie dans le groupe de travail multipartite. Après tout, si nous n'agissons pas de façon responsable à l'égard de l'élimination des gras trans, cela risque d'entraîner des conséquences économiques et pratiques.
Certaines entreprises ont réussi dans ce domaine. La société New York Fries a éliminé les gras trans. Quant aux sociétés Voortman, Pepperidge Farm, High Liner Foods, Dare Foods et Kraft Foods, elles ont soit entrepris de fabriquer des produits exempts de gras trans, soit fait part de leur intention de n'offrir que des produits sans gras trans dans un délai raisonnable.
Apparemment, certains produits en cours d'élaboration ou qui existent déjà peuvent contribuer à l'élimination des gras trans. Dans l'avenir, il y aura un très faible niveau de gras trans dans les produits alimentaires. La question est de savoir avec quelle rapidité cela se fera et dans quelle mesure le gouvernement doit intervenir.
Certaines personnes soutiendront que les consommateurs ont le choix et que s'ils veulent consommer des produits contenant des gras trans, ils doivent être en mesure de se les procurer. C'est un peu comme l'alcool et le tabac. De toute évidence, la consommation de ces produits a des effets considérables sur la santé. Je souligne aux députés que la vente de ces produits est limitée aux personnes de 18 ans et plus. Toutefois, dans le cas des produits avec gras trans, nos enfants peuvent très facilement y avoir accès. Il incombe donc aux parents et au gouvernement de veiller à la protection des enfants, autre motif pour lequel j'appuie l'objet de cette motion.
En bout de ligne, si nous devons choisir entre la santé des gens—leur durée de conservation, si vous me passez l'expression—et la durée de conservation des beignes, le Parti conservateur du Canada appuiera toujours la durée de conservation des gens. Cela s'applique également aux stratégies à long terme.
Le ministre de la Santé parle de la durabilité de notre système de santé. Sa durabilité ne peut être assurée que si nous prenons dès maintenant les décisions qui s'imposent pour protéger à long terme la santé des Canadiens. La réduction des acides gras trans aurait certainement un effet positif notable sur les dépenses liées aux soins de santé à l'avenir. Il y a aussi d'autres mesures que nous pourrions prendre pour veiller à ce que le système de santé traite les conditions impossibles à prévenir. Les acides gras trans sont à l'origine de bien des maladies de nos jours et ils en causeront encore certainement davantage à l'avenir.
Le Parti conservateur a à coeur la santé des Canadiens. Tant que la mise en oeuvre d'une mesure de cette nature se fait avec le consentement de l'industrie, les membres du parti l'appuieront en principe. Certaines ambiguïtés demeurent à propos des dispositions législatives, et nous aurons sans doute certaines réserves à cet égard. Je le répète, cela doit se faire de façon responsable.
Pour terminer, je tiens à remercier de nouveau le député de Winnipeg-Centre. Nous nous sommes tous deux penchés de près sur le libellé de la motion. Je suis heureux que des membres de partis qui ne voient pas toujours les choses d'un même oeil aient la possibilité de travailler ensemble à l'amélioration de la qualité de vie des Canadiens.
J'ai hâte au jour ou je n'aurai plus à me soucier de la présence d'acide gras trans dans mes aliments favoris. Je dois avouer à la Chambre que j'en consomme beaucoup, consciemment et inconsciemment. Le problème est que, trop souvent, nous en consommons sans le savoir. L'étiquetage approprié peut aider, mais pas toujours.
La Chambre sera divisée à ce sujet. Nous souhaitons tous le même résultat, mais comment y arriver? Le gouvernement devrait-il s'en mêler? J'appuie l'esprit de la motion. En autant que l'industrie et Santé Canada fassent partie des intervenants, et que leurs recommandations soient prises au sérieux, la santé des Canadiens ne s'en trouvera qu'améliorée.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir la possibilité de débattre de quelque chose de très crucial et de très précieux pour notre société d'aujourd'hui. Je prends note du rôle de premier plan que notre porte-parole en matière de santé a joué sur cette question; sa position est très censée et réfléchie.
Comme il a été dit, le Parti conservateur du Canada, en faisant allusion au député de l'autre côté qui a posé une question pertinente sur le sujet, appuie certainement l'idée que les Canadiens soient responsables de leur propre santé, mais nous reconnaissons le rôle du gouvernement dans la création d'un environnement sûr et sain pour le public. Il s'agit de concilier ces deux éléments relativement à l'objet du débat d'aujourd'hui.
Comme l'ont clairement expliqué mon collègue, et d'autres, les gras trans ne comportent aucun avantage connu pour la santé. C'est aussi simple que ça. Peut-être en raison de la durée de conservation et ce genre de chose, mais sous l'angle des avantages pour la santé, il n'y en a pas. Personne n'a même plaidé ou tenté de plaider en ce sens.
En outre, la consommation de gras trans au Canada est inégalée dans le monde. Le taux de consommation au Canada est un des plus hauts au monde. C'est préoccupant. Pourquoi dans notre pays en particulier?
Les scientifiques ont soutenu que si les gras saturés constituent un problème, nous devons être justes, honnêtes et précis avec les faits. Si on fait des comparaisons sur la base d'apports égaux, les acides gras trans posent même un risque diététique plus grave de maladies cardiaques coronariennes que les gras saturés.
Pour mettre les choses en perspective, chaque apport énergétique de 5 p. 100 en gras saturés augmente le risque de 17 p. 100, tandis qu'une augmentation de 2 p. 100 en énergie provenant d'acides gras trans augmente le risque de 93 p. 100. Même des petites quantités de gras trans peuvent causer des problèmes importants: elles causent l'épaississement des artères et aussi des dommages au coeur.
Ce qui me dérange vraiment, ce qui me fâche et ce qui me rend furieux parfois, ce sont les annonces trompeuses. Certains vont prétendre que ce n'est pas intentionnel, mais quelquefois je pense que c'est tout à fait intentionnel. Sur certaines étiquettes et dans les annonces aujourd'hui, on dit que des produits sont sans cholestérol et faibles en gras saturés, ce qui est permis par les organismes de réglementation. Ainsi, la population en déduit que ces produits peuvent aider à prévenir les maladies du coeur, le blocage des artères et le reste. Lorsqu'on dit « sans cholestérol, faible en gras saturé », sur l'étiquette d'un produit vendu au supermarché, les gens pensent tout à coup, du moins d'après ce qu'ils ont appris jusqu'à maintenant au Canada, que le produit est meilleur pour eux, alors qu'en fait ce qui n'est pas indiqué aussi clairement, c'est qu'il y a des acides gras trans dans ce produit, et c'est là où le bât blesse. Beaucoup de ces produits commercialisés ainsi renferment des taux importants d'acides gras trans qui pourraient en fait favoriser plutôt que prévenir les maladies du coeur et le reste, à cause des effets très nuisibles des lipoprotéines de basse intensité ou LDL et des lipoprotéines de haute intensité ou HDL, deux types de cholestérol.
Je m'oppose à ce type de publicité. Je suis plutôt fâché lorsque je vois des affirmations trompeuses sur les étiquettes apposées sur les produits. Les gens pensent qu'ils font quelque chose de bien pour leur santé en consommant ce produit qui est sans cholestérol et faible en gras saturé, alors qu'en fait ce produit renferme des quantités importantes d'acides gras trans.
Je pense qu'il est vrai que nous devons examiner ce domaine essentiel. Pour améliorer la santé des consommateurs de tous âges, mais en particulier nos jeunes qui développent leurs goûts et habituent leurs papilles gustatives, des mesures de sensibilisation sont nécessaires.
Une grande partie de ce processus passe par le débat d'aujourd'hui et par un débat intense dans le cadre d'une étude par un comité et le reste. Même si la motion n'est pas adoptée, au moins nous saurons que nous avons lancé un débat de fond dans la population qui sera maintenant sensibilisée à cette question.
Cependant, ce n'est pas le cas à l'heure actuelle. Les gens savent qu'ils ne devraient pas consommer trop de graisses saturées et le reste, mais en ce qui concerne les acides gras trans, ils ne sont pas aussi bien informés et je pense que ce serait bon pour la population si nous lancions ce débat et informions les gens.
Selon ce que nous avons entendu ce matin, Santé Canada et l'Administration américaine des aliments et drogues envisagent d'imposer dans un proche avenir l'inscription des acides gras trans sur les étiquettes. Une telle mesure se fait attendre depuis trop longtemps. Cet étiquetage est nécessaire et, selon moi, devrait être obligatoire. Dans d'autres domaines, notamment la justice, je suis favorable au principe de vérité dans les peines et je suis également favorable à la vérité dans l'étiquetage. Il est malhonnête de ne pas fournir aux gens l'information dont ils ont besoin.
Dans nos débats, nous parlons souvent de consentement ou de choix, comme le font aujourd'hui les tenants du libertarianisme, mais le choix et le consentement doivent s'appuyer sur de l'information. Il doit s'agir d'un consentement éclairé, ce dont les petits enfants sont incapables. Cette tâche incombe aux parents, mais il peut y avoir un effet néfaste sur des enfants qui ne sont pas bien informés. Lorsqu'ils sont seuls à des soirées d'anniversaire ou ailleurs, ils ne peuvent pas faire d'eux-mêmes des choix éclairés.
Lorsque je siégeais, après y avoir été élu, au Conseil de santé du district de Saskatoon dans ma belle province de Saskatchewan, j'assumais une certaine responsabilité, comme tous les autres membres du conseil. Souvent, nous avons dû veiller à ce que des personnes qui devaient subir une intervention chirurgicale ou un traitement médical quelconque soient adéquatement informés au moyen d'un enregistrement vidéo, d'un imprimé ou verbalement. C'était très important parce que nous pouvions être légalement tenus responsables et poursuivis si nous n'avions pas correctement informé les patients.
Notez bien que j'ai aussi prôné que la vie est sacrée dans le dossier de l'avortement, où les gens ont besoin d'être informés pour faire des choix éclairés. L'information est indispensable non seulement dans le domaine de l'alimentation, mais aussi dans celui de la justice.
Quand nous parlons de vérité dans l'imposition d'une peine ou dans l'étiquetage, c'est afin que les gens disposent de l'information appropriée. Si nous n'avions pas laissé les acides gras trans entrer dans la chaîne alimentaire il y a 30 ans, nous ne tiendrons pas le débat d'aujourd'hui. Il est regrettable que nous ne les ayons pas interdits alors, mais peut-être ne disposions-nous pas d'autant de preuves et d'études scientifiques.
Je trouve intéressant que des regroupements, comme la Vegetable Oil Industry of Canada, aient admis que le gras trans, gramme pour gramme, puisse influer davantage sur la santé cardiaque. Ils ajoutent que la consommation de gras saturé doit être maintenue la plus faible possible. C'est vrai, mais les gens peuvent même les supprimer. Les gras saturés se retrouvent littéralement à la surface des aliments. On ne les voit pas. Ils ne sont pas visibles.
Je constate, en ce qui concerne les graisses saturées et l'argument selon lequel nous devrions nous y attaquer, que les informations ne manquent pas. Les graisses saturées sont plus faciles à éviter dans les aliments et leur préparation que les acides gras trans dans les aliments transformés.
La Vegetable Oil Industry of Canada affirme en fait qu'elle appuie l'élimination des acides gras trans du régime alimentaire, mais elle cherche à gagner du temps. Je crois qu'elle a raison de penser ainsi. Elle dit qu'elle produit de nouvelles variétés d'huile qui contiennent peu de graisses saturées grâce à des procédés qui ne favorisent pas la formation d'acides gras trans, mais cela prendra un certain temps. Je crois qu'il est légitime pour cette industrie de demander un peu plus de temps. Elle a également demandé au gouvernement fédéral d'aider ce secteur à accélérer le processus de mise en marché de ces huiles à des prix concurrentiels. Son principal souci semble être de gagner du temps.
Le Conseil canadien du canola évoque un accord implicite et émet un commentaire au sujet des graisses hautement saturées. Il parle de cultiver une variété de canola à forte teneur en acide oléique, mise au point pour remplacer les huiles végétales partiellement hydrogénées. Le Conseil fait ce qu'il a à faire, mais il pourrait aller plus vite. Cette mesure législative pourrait l'inciter à accélérer la cadence et à passer à l'action dans les plus brefs délais. À l'heure actuelle, les agriculteurs reçoivent une prime pour cultiver ce canola à forte teneur en acide oléique. Ils souhaitent une approche plus coopérative.
Pour conclure, je veux simplement préciser que les arguments scientifiques contre la consommation des acides gras trans concernent sans aucun doute les acides gras trans transformés. Il serait bon que le parti d'en face se rende compte qu'un délai d'un an pourrait être trop serré et causer des problèmes.
J'appuierai la motion ce soir et j'espère qu'un certain nombre de députés emboîteront le pas. Le Parti conservateur reconnaît que les acides gras trans nuisent à la santé des Canadiens et que le gouvernement a un rôle à jouer en aidant les Canadiens à vivre une vie en santé et productive.
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Madame la Présidente, je vous indique dès maintenant que je partagerai mon temps avec la députée de Laval.
La motion du NPD soulève un sujet extrêmement important et intéressant. Personnellement, j'aurais préféré que cette motion soit un peu plus limpide. Je ne dis pas qu'elle contient des gras trans, mais parfois ce qui se conçoit bien s'exprime clairement et les mots pour le dire arrivent aisément.
Sans vouloir faire une critique en profondeur—parce qu'on est tout à fait d'accord avec la motion—, il faut noter que toute motion a aussi un caractère éducatif et pédagogique. Je ne veux pas faire de leçon d'écriture ou de littérature mais il me semble qu'il y aurait eu lieu de rédiger la motion en termes plus clairs et plus simples.
Maintenant sur le fond, cette motion soulève une question essentielle entre la responsabilisation de l'individu, le rôle de l'État pour équilibrer certaines choses et le droit à l'information quand on s'alimente.
Je vais parler de mon cas personnel. J'ai été surpris, récemment, d'apprendre au cours d'une visite de routine chez le médecin que j'étais devenu un gros paquet de gras trans, comme diraient mes enfants. En effet, j'ai un taux de cholestérol très élevé et de mauvais cholestérol. Pourtant je ne suis pas particulièrement gros—c'est à vous d'en juger madame la Présidente—, ni particulièrement en mauvaise santé. Je vais avoir 50 ans prochainement mais cela a été un choc d'apprendre que je devrai probablement prendre des médicaments, faire de l'exercice et suivre un régime responsable.
Cela dit, je ne mange pas de chips ni de cochonneries, comme on dit par chez nous. Comme tout le monde, j'ai une responsabilité face à mon alimentation et je ne le nie pas. D'ailleurs, personne ne devrait le nier. Cependant, il demeure que nous faisons confiance au système. En effet, nous avons toujours eu l'impression ici, dans les provinces du Canada, au Québec, qu'une batterie d'inspecteurs, de spécialistes et de médecins ont fait des études avant d'autoriser la mise en marché d'un nouvel aliment, de façon à nous protéger.
Malheureusement je crois qu'il y a une culture du laissez-faire dans ce pays à cet effet. On l'a vu lorsque certains fonctionnaires de Santé Canada n'ont pu dénoncer certaines pratiques ou des lobbies intempestifs sur certains produits nocifs ou ceux qu'on appelle en anglais les whistleblowers, les dénonciateurs, qui ne peuvent pas véritablement dénoncer certaines choses.
Est-ce que le système fonctionne pour protéger les consommateurs? Les consommateurs ont des choix à faire. Dans le cas qui nous occupe, les gras trans sont des gras dont la majeure partie est générée par un processus industriel, l'hydrogénation des huiles pour les rendre solides ou semi-solides.
Prenons pour exemple notre fameux beurre d'arachides. Je pense qu'il est devenu un aliment de base de tous les étudiants. J'en ai abusé dans mon jeune temps, maintenant j'en prends en cachette car ma fille est allergique. On s'aperçoit donc que c'est moins beau quand les huiles sont séparées des arachides. On nous a habitués à nous présenter des aliments comme cela, plus faciles à vendre. Le marketing a donc pris le pas sur la santé publique, sur la santé des gens et nous n'avons pas été informés de ces effets-là.
Il n'y a eu aucune étude préalable à l'introduction de ces aliments, depuis 50 ans, de façon massive dans notre alimentation.
On s'aperçoit aussi, selon les études de la Fondation des maladies du coeur, que notre organisme n'a pas été fait pour digérer ce type de gras trans, il n'est pas capable de l'éliminer. Il y a des confusions dans les notes, selon les études, mais ils seraient plus dangereux que les gras saturés qui, eux-mêmes sont mauvais pour la santé parce qu'on en utilise trop.
Dans le cas des gras trans, on nous a imposé des produits. Je viens d'une famille nombreuse, pas très riche. Je me souviens qu'on utilisait le shortening ou de la margarine à la place du beurre pour faire cuire des aliments, parce que cela coûtait moins cher que le beurre. On ne savait pas que ce faisant, on nuisait à notre santé. On le faisait allègrement, sans que personne ne nous dise quoi que ce soit et sans que le système de précaution n'ait prévalu.
Les pays à l'avant-garde comme le Danemark, la Scandinavie ou la Suède s'intéressent depuis longtemps à ce qui entre dans la composition des aliments.
Par exemple, dans la moulée d'engraissement des porcs, ici, on met de façon systématique des antibiotiques comme facteur d'engraissement. Collectivement, ces antibiotiques nous nuisent lorsque nous avons réellement besoin d'antibiotiques pour lutter contre des infections. À ce moment-là, les bactéries sont devenues plus fortes et nous ne pouvons pas lutter contre ces infections, parce que notre taux d'antibiotiques de base est trop élevé et que nous nous y sommes habitués. Encore là, on a l'impression d'être protégé.
Je vous dirai aussi qu'on a eu l'impression d'être protégé par le système. Par exemple, parce que le Canada est un grand producteur d'OGM, on a davantage écouté l'entreprise plutôt que de garantir la santé des gens, même au point de ne pas être capable de le voir sur des étiquettes.
Dans le cas des gras trans, c'est indiqué sur les étiquettes, mais cela prend vraiment un calcul pour savoir que si c'est dans le haut de la liste des aliments et s'il y en a davantage. Pour deviner combien il y en a, on doit faire un calcul tout à fait compliqué où l'on prend le total des matières grasses moins les gras saturés indiqués, et l'on découvre, si l'on a le temps de le faire en faisant l'épicerie, la quantité de gras trans qu'on est obligé d'assimiler.
C'est une motion tout à fait novatrice et intéressante qui est proposée par le NPD. Elle pose la question à savoir si l'on peut, au Canada et au Québec, changer de cap et être de ceux qui font attention. On ne doit plus être de ceux qui ont l'impression que la nourriture ici est bonne d'office parce que des gens s'en occupent, que l'eau est bonne d'office parce qu'il y en a beaucoup et qu'on n'a pas besoin de protéger ni l'eau ni les aliments, ni s'assurer qu'ils sont bons pour les citoyens. On s'aperçoit finalement que ce sont en grande partie les entreprises qui déterminent les politiques, et non la santé des citoyens.
Ce que font le Danemark et la Scandinavie et ce que de plus en plus de pays seront appelés à faire, c'est de dire que si c'est pour des raisons esthétiques, de transformation rapide ou de conservation, parce qu'il semble que ce soit beaucoup cela dans le cas des gras trans, n'y a-t-il pas lieu d'avoir un principe de prudence et d'interdire ces gras artificiels?
Il existe des produits de substitution. Je sais que les Biscuits Leclerc ou d'autres fabricants ont des lignes de produits sans gras trans, généralement un peu plus chers, effectivement. Quand tu n'as pas d'argent, tu as des maladies de coeur; si tu as un peu plus d'argent, tu peux avoir la ligne de biscuits sans gras trans. Il y a une responsabilité là-dedans. C'est sûr qu'il existe une préoccupation au niveau du prix des aliments, laquelle a été soulevée par le député conservateur. Il faut faire attention à ces choses. D'un autre côté, le prix des mauvais aliments est toujours trop cher.
Il y a de l'éducation à faire, mais souvent, une bonne législation aide à faire de l'éducation.
Par exemple, quand il n'y avait pas de loi pour régir le taux d'alcool, les gens conduisaient—et cela m'est arrivé parfois—avec un petit verre dans le nez. Par la suite, c'est curieux, mais tous les individus sont devenus des bons citoyens, parce qu'il y avait quand même un filet. Si l'on a une loi qui interdit les gras trans qui ne sont pas produits naturellement dans la transformation des aliments, ce sera un signal clair à l'effet que c'est mauvais et qu'il faut changer l'alimentation. Ce serait une sonnette d'alarme, donc ce serait positif.
Il faudrait aussi changer de comportement et faire comprendre à ce gouvernement, qui n'est pas tout à fait sensible à la santé des citoyens et qui l'est parfois plus aux lobbies, que la présence d'OGM dans des produits doit être indiquée pour que les gens puissent faire des choix éclairés et qu'on ne doit pas mettre des hormones bovines sur le marché simplement parce qu'une industrie canadienne les a développées. Il doit donc acquérir un sens des responsabilités qu'il n'a pas, en espérant que le virage anti-gras trans que nous invite à prendre le NPD soit un signal à l'effet de présenter la santé des gens d'abord et l'économie en second. Même s'il est important d'avoir une économie saine, elle ne doit pas se faire à l'encontre de la santé des gens qu'elle sert.
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord remercier mon collègue de Beauport—Limoilou de m'accorder ces quelques minutes pour pouvoir également vous exprimer ma position quant à la motion présentée par nos collègues du Nouveau parti démocratique.
Il est évident que nous voulons toutes et tous jouir d'une bonne santé et d'une bonne qualité de vie. Conséquemment, nous devons faire des choix judicieux pour notre santé quant à notre alimentation. Cependant, ces choix ne sont pas toujours faciles ou évidents, comme mon collègue l'exprimait tantôt.
Quand on va faire notre épicerie, on tente toutes et tous de faire des sélections judicieuses mais on ne comprend pas toujours les étiquettes ou on n'a pas toujours une calculatrice à la main pour pouvoir faire les calculs qui s'imposent afin de déterminer la quantité de gras acides trans dans les aliments que l'on choisit.
Une étude a démontré que les Canadiens adultes en consommaient environ 8,4 grammes par jour—comme mon collègue le disait tantôt—, alors que les jeunes peuvent en consommer jusqu'à 10 grammes. Comme il le disait également, notre corps n'est pas fait pour digérer ces gras. Non seulement il n'est pas fait pour les digérer mais il ne les utilise pas non plus comme source d'énergie.
Cela veut dire qu'en plus de consommer des gras qui ne sont pas bons pour nous, nous les stockons et, par la suite, nous souffrons d'obésité. Je dois vous dire que nos jeunes risquent certainement de se retrouver avec des artères remplies de lipides dès l'âge de 30 ou 35 ans, les mettant en danger de faire des infarctus plus tôt que nos parents.
Je dois vous avouer aussi que, quand mes petits-enfants viennent à la maison, auparavant je ne faisais pas très attention à ces choses-là. On avait une alimentation que les petits-enfants aiment et apprécient, parce qu'on veut qu'ils soient contents quand ils viennent chez nous.
Quand j'ai appris que dans les plus de 4 000 produits qui sont transformés et qui contiennent ces gras trans, il y a les frites, les chips, les beignes, la croûte à pizza, les gâteaux, les muffins, les plats surgelés, les craquelins, les biscuits et les barres tendres, je me suis demandée ce que j'allais leur donner à manger. En effet, il ne restait plus grand-chose de ce qu'ils aimaient quand ils venaient à la maison. Cela fait partie de leur menu régulier quand ils viennent chez grand-maman. Quand on va chez grand-maman, on mange des cochonneries. Mais je m'aperçois que ce n'est pas les aider du tout.
Je suis donc très contente qu'on arrive aujourd'hui avec la proposition d'une motion qui veut limiter ces gras dans notre industrie alimentaire. Si on s'en tient à ce que le Danemark a fait en 2003, il n'a pas éliminé entièrement les gras trans, mais il a permis une quantité de 2 p. 100 par 100 grammes de gras trans dans les huiles. Je pense que c'est très raisonnable et cela garde quand même une partie du goût que nos enfants apprécient et cela a un meilleur effet sur notre santé cardio-vasculaire.
Il ne faut pas se tromper, ces gras trans provoquent une plus grande élévation du taux de mauvais cholestérol. J'en fais aussi mon cher collègue, alors je sais de quoi vous parlez. Quand mon médecin m'a dit cela, je n'étais pas très contente non plus, mais je connais les causes, je dois l'avouer.
Donc, non seulement ceci, mais cela cause aussi une réduction du bon cholestérol. Et celui-là, je l'aime. C'est le cholestérol qui m'aide à avoir les nerfs solides car c'est le cholestérol qui aide à faire le processus de la vitamine E, qui est très bonne pour les nerfs. Donc c'est un très bon cholestérol pour cela.
Selon la Fondation canadienne des maladies du coeur et le US Food and Drugs Administration, on pourrait prévenir 2 000 arrêts cardiaques par année en interdisant les acides gras trans et sauver ainsi au moins un millier de vies humaines. Je pense que cela est très important.
La Fondation canadienne des maladies du coeur émet surtout plusieurs recommandations en ce sens comme: rendre publics les renseignements exacts sur la valeur nutritionnelle des aliments et les effets de la réduction des gras trans sur la santé afin d'aider les consommateurs à faire des choix informés et sains; remplacer le plus rapidement possible et dans la mesure du possible les gras trans dans les aliments emballés par des choix plus sains comme les gras monoinsaturés et polyinsaturés plutôt que par une quantité équivalente de gras saturés; adopter pour toute la population canadienne une alimentaire saine et équilibrée comprenant les aliments des quatre alimentaires, selon le guide alimentaire canadien.
Je dois dire que cela est très difficile. En plus de ne pas connaître nécessairement tous les problèmes que les gras trans peuvent causer, il y a aussi le fait que plusieurs personnes sont analphabètes. Quand elles vont faire leur épicerie, avec bonne conscience, elles ne peuvent même pas savoir ou ne peuvent lire sur les étiquettes les problématiques qu'elles peuvent avoir à cause des ingrédients qu'il y a dans ces aliments.
On ne prend pas suffisamment en considération le nombre de personnes qui sont analphabètes, ni au Québec, ni au Canada.
On a reçu dernièrement des petits cartons à envoyer à nos concitoyens qui avaient appris à lire. Ces personnes qui apprennent à lire avec beaucoup de bonne volonté et d'efforts n'ont pas nécessairement la capacité de comprendre l'importance des aliments décrits sur les étiquettes des produits alimentaires.
Ce n'est pas seulement pour nous qui sommes un peu plus habitués parce qu'on en parle souvent, mais pour d'autres personnes aussi. C'est le cas également des enfants qui vont dans les marchés d'alimentation ou dans les restaurants le midi; ils ne savent pas ce qu'est un gras trans, ils ne comprennent pas ce que sont ces choses. Il faut les aider un peu plus que seulement en l'écrivant sur des étiquettes. C'est une bonne idée, mais ce n'est pas la solution idéale.
Au début de l'année 2003, on a vu que l'industrie canadienne de l'agroalimentaire s'est vu accorder un délai de trois ans pour mentionner sur les étiquettes la teneur en acides gras saturés, mais pas la quantité de gras trans dans tous ses produits, alors que les plus petites entreprises, elles, ont jusqu'à cinq ans pour se conformer à cette nouvelle loi. Cinq ans, cela veut dire jusqu'en décembre 2007. C'est très long.
Malgré ces délais, certaines compagnies responsables comme Frito-Lay, par exemple, en Alberta, non seulement se conforment, mais ont déjà annoncé l'élimination des gras trans dans leurs ingrédients. Cela veut dire qu'on pourra continuer à manger des Doritos et des Tostitos. Cela fera très plaisir à mes petits-enfants, malgré que je devrais moi-même m'en abstenir.
Sur un ton un peu moins humoristique, présentement en Amérique du Nord, environ 50 p. 100 des adultes souffrent d'embonpoint ou d'obésité. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité au Canada et au Québec. On souffre de plusieurs maladies causées par des facteurs que nous ne pouvons pas gérer. En revanche, quand on peut le faire, quand on a le pouvoir d'agir sur les maladies qui affligent nos concitoyens et concitoyennes, je pense que l'on doit agir avec diligence.
C'est pour cette raison que nous serons d'accord avec la motion proposée par le NPD. Nous travaillerons, en collaboration avec tous les autres partis politiques de cette Chambre qui le veulent bien, pour que le Canada agisse fermement en limitant la quantité de gras trans permise dans les aliments en suivant l'exemple du Danemark, qui la limite à 2 g par 100 g d'huile de graisse présente dans les aliments.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est accordé avec la députée de Vancouver-Est. Il me fait plaisir d'intervenir à la Chambre pour parler de la motion visant à bannir les gras trans.
Pour commencer, il est important de rappeler une ou deux choses. Premièrement, lorsqu'à titre de législateurs, nous prenons connaissance d'un problème d'intérêt public qui a un effet nocif sur la santé des gens, nous avons le devoir d'agir. Nous ne pouvons tout simplement pas nous attendre à ce que d'autres intervenants fassent le travail que les parlementaires devraient faire. C'est pourquoi nous discutons de ce problème aujourd'hui. C'est pourquoi je crois qu'il est très important que nous participions dès maintenant au remplacement d'un type d'additif alimentaire qui a un mauvais effet sur la vie des Canadiens et que nous trouvions des solutions de rechange pour que nous puissions nous alimenter sainement. C'est d'ailleurs ce que la motion vise.
On a entendu dire que le problème ne fait pas vraiment partie des préoccupations des Canadiens maintenant. Ils en ont entendu parler dans les médias, régulièrement ou de manière fragmentaire. Mais c'est un problème qui est à l'ordre du jour du monde de la santé depuis de nombreuses années.
Il n'est pas sans intérêt de rappeler que le député de Winnipeg-Centre a parlé de ce problème lors d'une réunion de caucus il y a plus d'un an. Je veux souligner son travail acharné. Nous devons la motion d'aujourd'hui à sa diligence depuis un an. J'espère que cette motion sera appuyée par tous les partis et qu'on lui donnera effectivement suite de manière à protéger la santé des Canadiens. Je souhaite que nous soyons à l'avant-garde dans le monde en nous assurant que nos producteurs respectent de meilleures normes relativement aux gras trans, que les habitudes de consommation et la santé des Canadiens s'améliorent et que nous agissions comme les véritables chefs de file mondiaux que nous sommes capables d'être et que nous devrions être dans bien d'autres domaines.
Le député de Winnipeg-Centre a fait son devoir avec diligence. Il a fait beaucoup de recherches en consultant les sources les plus récentes. Je veux mentionner brièvement les gens auxquels il a parlé et les organismes qu'il a consultés, tant parmi ses partisans que parmi ses opposants sur cette question. Il a suivi une démarche tout à fait complémentaire à la démarche parlementaire. Cette démarche remonte aux législatures précédentes. Le 6 février 2004, il a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui visait à bannir les gras trans et qui a été l'élément déclencheur. Il est important de reconnaître ce travail.
L'une des raisons pour lesquelles je suis fier d'être néo-démocrate, c'est que nous avons des députés qui n'ont pas peur de prendre des risques pour lancer la discussion sur des sujets parfois difficiles. C'est ainsi que nous avons amorcé notre travail dans ce dossier, alors que la société s'intéressait très peu aux effets spécifiques si ce n'est qu'à l'interdiction même qui n'est pas considérée comme une solution. Le député mérite des félicitations parce que les choses se passaient ainsi il y a plus d'un an.
Il faut ajouter, par rapport à la motion du député de Winnipeg-Centre, que celui-ci a réussi à soumettre la question des effets des gras trans sur la santé à l'étude du Comité de la santé de la Chambre des communes. Il a également insisté pour que le comité entende des témoins experts, obtienne un article de synthèse et se penche sur des sujets qui ont une grande importance pour qu'on étudie non seulement les aspects qui ont trait à la santé, mais aussi les aspects industriels portant sur la production et la fabrication des produits alimentaires. ll l'a fait d'une façon exhaustive et je l'en félicite.
Le député a également fait une autre chose très importante et il est essentiel de reconnaître tout le travail effectué par son bureau. Ses collaborateurs ont fait une campagne postale pour sensibiliser ses électeurs et tous les Canadiens. Je sais qu'à Windsor-Ouest bon nombre de mes électeurs ont renvoyé la carte pour nous donner leur appui et nous encourager à parler des gras trans, de leurs effets sur la santé humaine et de la façon dont nous pouvons améliorer nos produits et tout ce que nous consommons de façon à rendre notre société plus saine.
Tout cela est très important parce que cela tient compte du fait qu'à l'heure actuelle, le système fait en sorte que les gens qui sont au bas de l'échelle des revenus n'ont souvent pas les moyens d'acheter les produits les meilleurs pour la santé. Il y a un coût supplémentaire à payer pour les aliments naturels. Certains des produits qui contiennent moins d'additifs coûtent aussi plus cher. Il y a également une question d'accès, puisque certaines personnes n'ont pas le temps ou les moyens de transport nécessaires pour se procurer des aliments non périssables ou meilleurs pour la santé. Le député a très bien défendu l'idée qu'il est essentiel que tous les Canadiens puissent avoir accès à un plus grand éventail de sources alimentaires et que nous nous penchions sur le problème des gras trans.
Je remarque que les consultations que le député a entreprises étaient vastes. Je voudrais mentionner quelques-uns des organismes consultés. Lors d'une recherche préliminaire, il a examiné la proposition de l'Organisation mondiale de la santé d'interdire les gras trans, ainsi que les travaux menés sur ce chapitre dans le monde. Il a consulté le New England Journal of Medicine, en examinant la recherche qui avait été effectuée, pour s'assurer que les données scientifiques étaient fondées, avant de se lancer dans cette campagne.
Ensuite, en établissant les bases de sa recherche, il s'est entretenu avec des groupes et des organismes très importants et possédant une grande crédibilité dans la société canadienne, par exemple, la Fondation des maladies du coeur. Quelle merveilleuse occasion de la faire participer à la politique d'intérêt public. C'est un organisme que j'appuie. Mon père a subi un pontage et mon grand-père en avait subi un avant lui. La Fondation des maladies du coeur mène le combat public pour améliorer la santé cardiovasculaire. J'ai été très impressionné de voir qu'elle a été consultée tout de suite.
Il s'est également entretenu avec des universitaires et des médecins, soit le Dr Bruce Holub, de l'Université de Guelph, le Dr Ruth MacPherson, de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa, le Dr Peter Jones, de l'Université McGill, le Dr Robert Issenman, de l'Université McMaster, et le Dr Sheila Innis, de l'Université de la Colombie-Britannique. Ce ne sont là que quelques personnes qui ont été consultées, car je sais qu'il y en a d'autres. Elles représentent un échantillonnage impressionnant de tout le Canada. Le député s'est assuré de consulter des gens de différentes régions. Il a entendu leurs préoccupations au sujet de la situation dans ces régions.
En raison de la validation scientifique de cet additif alimentaire, il est important d'amener la population à appuyer la transition qui s'impose. Il est également important d'amener le gouvernement à agir d'une manière responsable pour s'assurer que des changements s'opèrent, non seulement par des paroles et des déclarations émouvantes, mais par des réunions en comité pour que nous puissions respecter l'échéancier et réaliser des progrès tangibles. Il sera aussi important que ces industries aient la confirmation que nous appuyons les changements qu'elles apporteront.
L'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires a également été consultée. Le député se préoccupait beaucoup des répercussions sur la vie de tous les jours des Canadiens, mais aussi sur l'emploi. Il a discuté avec l'association des attentes de cette dernière concernant la mise en oeuvre graduelle des mesures, de façon à tenir compte de ses besoins particuliers et pour permettre à l'industrie de la restauration de continuer de prospérer. L'utilisation des gras trans dans la chaîne alimentaire, qui fut une mauvaise décision, fait peser une menace évidente non seulement sur notre santé mais sur l'éducation des jeunes. Nous nous intéressons aussi à la question de l'emploi, afin d'éviter que les restaurants ne fassent les frais de la transition vers un processus de transformation alimentaire plus propre et plus sain. C'est pourquoi j'ai été très impressionné.
En tant que porte-parole de mon parti en matière d'industrie et en tant qu'amateur de restaurants, je tiens à féliciter le député de s'être assuré qu'ils feront partie du processus. De nombreux étudiants et des mères célibataires travaillent dans le secteur de la restauration. Ils doivent être protégés. C'est pourquoi il est important qu'aucune transition ne soit préjudiciable à ces personnes vulnérables. Elles font un travail difficile et, très souvent, ne touchent pas le salaire ou les indemnités qu'elles méritent. Le risque, dans le secteur des entreprises et des restaurants, est très élevé. Nous ne voulons certainement pas faire obstacle à l'amélioration de la situation des particuliers et des chaînes de restaurants.
Je signale également que le député a rencontré le vice-président de McDonald's, pour prendre connaissance des préoccupations de cette entreprise. Au Danemark, les restaurants McDonald's se sont conformés à la loi nationale sur les gras trans. Ronald McDonald n'a pas pour autant quitté le Danemark, ce qui lui serait de toute façon passablement difficile compte tenu de la pointure de ses chaussures. Les restaurants McDonald's sont restés au Danemark, et nous espérons qu'il en sera de même au Canada. Nous ne voulons pas adopter des mesures exagérément punitives à l'égard des franchisés. Nous voulons collaborer avec eux. Les restaurants New York Fries méritent d'être félicités pour leur attitude avant-gardiste à ce chapitre. C'est très important.
En résumé, le Canada n'est pas un cas isolé. Le Danemark a également pris des mesures progressistes. Je félicite encore une fois le député de Winnipeg-Centre pour avoir rencontré l'ambassadeur du Danemark. Il a également rencontré l'ambassadeur de la Nouvelle-Zélande. Ce pays entend aussi emboîter le pas au Canada. Nous voulons que le Canada soit à l'avant-garde en matière de protection de la santé humaine, en interdisant une substance ou en commençant par en réduire l'utilisation dans notre alimentation. Cela aurait des effets remarquables sur la santé des gens, sur notre économie et sur l'ensemble de la société.