Que la Chambre demande au gouvernement de prendre les mesures qui s'imposent pour revendre les 11 000 acres de terres arables aux familles et aux agriculteurs qui ont été expropriés de leurs terres pour la construction de l'aéroport de Mirabel.
Monsieur le Président, la question que nous soumettons aujourd'hui à l'attention de la Chambre va sans doute rappeler beaucoup de mauvais souvenirs à deux générations de Québécois. Elle devrait aussi inquiéter tous les Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
L'expropriation sauvage qu'il y a eu lieu au nord de Montréal il y a 25 ans, à Mirabel, ne touche pas que le Québec. Tous les Canadiens, surtout les habitants des régions rurales, les agriculteurs canadiens, comprennent que la maison ou la terre d'une personne est un refuge sacré où les familles grandissent, où les gens gagnent leur vie, où ils poursuivent des rêves et développent leur sentiment d'appartenance à la collectivité.
C'était une énorme injustice, un cafouillis scandaleux dont les effets continuent de se faire sentir même aujourd'hui pour des milliers de personnes. C'est une histoire qui est comprise, du moins en partie, depuis un certain temps dans tout le pays.
Je crois que nous allons entendre aujourd'hui le député de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country qui était ici dans les années 70. Il a parlé de l'injustice et du cafouillis sans précédent dans le cas de Mirabel. Dans les années 80, notre collègue de Niagara Falls qui, sauf erreur, interviendra plus tard aujourd'hui, a parlé des tentatives faites par le gouvernement conservateur dirigé alors par M. Mulroney pour corriger cette injustice.
Le fait est que d'une certaine façon, 30 ans plus tard, cette injustice continue sans qu'on ait vraiment remédié à la situation.
[Français]
La blessure de Mirabel n'a jamais été guérie, l'outrage n'a jamais été réparé et l'erreur n'a jamais été admise.
Mon intention aujourd'hui n'est pas de rouvrir inutilement le débat puisqu'il est toujours ouvert, mais bien le contraire. Le but de notre motion est de faire en sorte que le gouvernement du Canada mette un terme une fois pour toutes à une saga qui déshonore notre pays, notre gouvernement et la raison d'État.
Le 27 mars 1960, le gouvernement libéral a annoncé la construction de ce qu'il appelait un des plus grands aéroports au monde qui allait recevoir 10 millions de passagers par année.
Pour donner suite à ce projet complètement irréaliste, le gouvernement libéral a exproprié près de 100 000 acres des meilleures terres agricoles du Québec. Cette surface est l'équivalent des deux tiers de l'île de Montréal.
[Traduction]
Pour faire une comparaison avec l'Ouest du pays, il est question d'une superficie à peu près égale à celle de la ville de Calgary.
[Français]
Cent mille acres, c'est aussi 20 fois la surface occupée par l'aéroport actuel de Mirabel, un aéroport qui est presque toujours vide. Le pire dans tout cela, ce n'est pas que le gouvernement se soit trompé. Tous les gouvernements peuvent se tromper de temps en temps. Le drame dans cette histoire, c'est que le gouvernement s'est trompé à répétition et sans aucune espèce de considération pour les familles installées là depuis des générations.
Pendant plus de 15 ans, de 1969 à 1985, des fonctionnaires méprisants, au service d'une politique arrogante, ont mené un combat sans merci contre les familles de Mirabel. Le harcèlement psychologique et la constante guerre de nerfs menée avec hargne et méchanceté contre les expropriés ont failli venir à bout de la patience et du courage de plusieurs.
À partir de 1969, les propriétaires de Mirabel, et en particulier les agriculteurs, ont vécu une situation difficile, injuste, humiliante et pénible, parfois même dramatique, à un point que nous avons peine à imaginer aujourd'hui.
[Traduction]
J'ai visité récemment cette région et j'ai rencontré le leader des gens qui restent et qui avaient été expropriés à l'époque, M. Marcel Denis. J'ai rencontré des gens qui ont perdu leur maison et leurs terres. Je peux dire aux députés que pour eux, la page n'est pas tournée définitivement sur cet événement traumatisant et leur avenir économique demeure en suspens.
[Français]
Pour illustrer cette arrogance, il n'y a pas mieux que de rappeler la manière dont les expropriés allaient apprendre qu'ils seraient chassés de leur maison. Par exemple, M. Raymond, le grand leader des expropriés de Mirabel, racontait comment il a vécu les premières heures de ce grand tourment qui s'est abattu sur les citoyens de Mirabel en 1969.
Je cite le livre La mémoire de Mirabel:
Quand j'ai appris la nouvelle de l'expropriation, j'ai commencé par essayer de savoir si c'était bien vrai ou si ce n'était qu'une fausse rumeur. On avait bien entendu la nouvelle à la radio et on avait lu dans les journaux que le nouvel aéroport serait construit dans la région de Sainte-Scholastique. [...] C'est le ministre Marchand qui a lancé la primeur sur les ondes de la radio, le 27 mars 1969, entre deux et trois heures de l'après-midi. C'est comme ça qu'on l'a appris.
Voilà comment les gens de Mirabel ont appris la nouvelle de leur expropriation par la radio. Il n'ont eu aucune considération pour eux, pour leurs enfants et leurs amis, pour les familles qui allaient être tirées de leur maison, aucune considération pour les communautés et les commerçants. L'histoire de M. Raymond mérite d'être rappelée parce qu'elle donne le ton de l'approche libérale.
Dès ce premier jour et jusqu'à la dernière intervention du ministre actuel des Transports, il est frappant de constater combien le ton est demeuré le même. Il n'y a eu aucune considération pour les familles ni pour les citoyens.
Par ailleurs, il y a d'autres histoires que celle de M. Raymond qui méritent d'être rappelées, notamment puisqu'elles témoignent de la manière libérale et du caractère inhumain de cette entreprise. À ce chapitre, le cas de M. Cardinal est très éloquent. Au moment de l'expropriation, M. Cardinal commençait à être assez âgé. Il habitait le petit village qu'on appelait justement Mirabel.
Dans ses travaux de planification, le gouvernement fédéral avait donc décidé d'ouvrir une carrière afin de se procurer la pierre nécessaire à la préparation du béton et du ciment pour les pistes de l'aérogare. Avec son intelligence, le gouvernement libéral a décidé d'implanter cette carrière en plein coeur du petit village de Mirabel. Ils ont ainsi forcé les expropriés, qui se trouvaient à un mille à la ronde, à quitter les lieux rapidement, avec ou sans entente sur le montant de l'expropriation. Écoutons son histoire et je cite:
Il y avait dans ce secteur de la paroisse environ 35 résidences et une vingtaine de fermes. Au total, une cinquantaine d'établissements durent être abandonnés pour faire place à la carrière projetée.
Après avoir reçu l'ordre de partir, M. Cardinal a acheté un terrain à Saint-Eustache et a fait bâtir une nouvelle résidence. Malheureusement pour lui, une grève a paralysé la construction de sa nouvelle maison et il n'a pas eu le temps de compléter le déménagement de ses affaires.
Lorsqu'il est passé finalement à son ancienne résidence pour transporter le reste de ses choses, des agents de gouvernement avaient mis le feu à sa résidence qui a brûlée avec tout ce qui restait du ménage et des biens personnels à l'intérieur. Je cite encore le livre:
C'est toute une vie qui disparaissait bêtement. M. Cardinal a pris son mouchoir--il y avait bien des souvenirs dans cette maison-là - puis s'est mis à pleurer. Ils ont remonté dans leur camion et ont repris en silence la route de Saint-Eustache.
Aujourd'hui, on sait que le fédéral s'est trompé. De véritables carrières furent creusées 2 ou 3 milles plus loin. Les terrains abandonnés de force par les expropriés ont été revendus. M. Cardinal n'aurait jamais dû être exproprié et encore moins forcé de quitter son foyer. Voilà un autre chapitre de l'histoire libérale de Mirabel.
C'est par dizaines et même par centaines que l'on pourrait multiplier les exemples de la turpitude du gouvernement libéral. Plus récemment, même le prédécesseur du premier ministre actuel a dit qu'il ne pleurerait pas si l'on fermait maintenant Mirabel.
Ces terres n'ont jamais été utilisées pour l'aéroport. Ces gens veulent récupérer leurs terres. Récemment, des dizaines de cultivateurs membres du Comité des 11 000 acres ont manifesté leur colère à Mirabel. Ils se disent même prêts à racheter leurs terres. Nous croyons qu'ils ont raison.
Mirabel fut une erreur monstrueuse. L'erreur n'est pas seulement de déstructurer un territoire plusieurs fois plus grand que nécessaire, mais de brimer et de traiter injustement des milliers de Québécois et de ne pas donner à cet aéroport tous les moyens dont il aurait eu besoin pour se développer et assurer son avenir.
Maintenant que l'aéroport est complètement fermé au trafic aérien de passagers et que son expansion ne se situe pas dans un avenir prévisible, si jamais il en était, les expropriés estiment que les 11 000 acres de terres situées à l'extérieur des paramètres de l'aérogare doivent revenir à l'agriculture.
Le ministre des Transports dit que c'est impossible. Pourtant, il a été possible pour le gouvernement conservateur du premier ministre Mulroney de remettre environ 80 p. 100 des terres aux citoyens expropriés. Il ne reste plus que 11 000 acres à remettre. Cela ne devrait pas être au-dessus des forces du gouvernement libéral.
[Traduction]
Les libéraux voudraient que ce problème disparaisse, mais il n'en sera rien. Il ne sera pas oublié.
J'ai examiné les plans de Mirabel à l'occasion d'une récente visite que j'ai faite récemment là-bas. Il faut vraiment voir la carte de cet aéroport à moitié abandonné pour comprendre l'échelle de ce scandale, de ce cafouillis, de cette gabegie qui a touché 97 000 acres de terrains.
Ce n'est pas comme si les libéraux construisaient le plus gros aéroport du monde. À moitié vide, Mirabel est déjà l'un des plus gros aéroports du monde. C'est comme si les libéraux avaient voulu construire une station spatiale, comme s'ils avaient voulu envoyer des gens vers une autre galaxie à partir de ces installations.
Ce gâchis est l'oeuvre des libéraux. Un gouvernement conservateur précédent a essayé à l'époque de corriger la situation, mais ce sont les libéraux qui doivent le faire.
[Français]
J'invite tous les députés, y compris le trudeauiste ministre des Transports, qui était au sein du gouvernement Trudeau pendant les périodes initiales de cette histoire, à voter en faveur de cette résolution. Ce n'est pas une question de politique; c'est une question de volonté et de justice.
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de participer à ce débat. Bien sûr, c'est un débat d'opportunisme politique crasse, parce que tout le monde réalise que le chef de l'opposition officielle est membre du parti qui a signé un bail pour 60 ans, en 1992.
En effet, c'est le Parti progressiste-conservateur qui a donné l'administration de tous ses terrains, de tous ses aéroports, à une société sans but lucratif, l'ADM, avec la mission de faire le mieux possible pour le développement de ses deux aéroports. Cette entente a été parafée et elle a une valeur légale.
Par conséquent, quand le chef de l'opposition dit qu'il va faire une petite visite, un petit saut à Mirabel et décide qu'il renie la signature du ministre conservateur, Jean Corbeil et les engagements de ce gouvernement, je trouve que c'est de l'opportunisme crasse.
Pire encore, il essaye de susciter de faux espoirs dans la population et il sait qu'il ne livrera pas la marchandise, que cela ne se passera pas comme cela. C'est pourquoi je crois que le chef de l'opposition, qui a annoncé qu'il ferait un petit pacte avec le Bloc québécois, veut essayer de faire croire au monde de Mirabel que son parti et le Bloc québécois seront au pouvoir dans ce dossier. Cependant, il se trompe complètement.
[Traduction]
Je suis très surpris que le chef du Parti progressiste... Désolé, pas du Parti progressiste. Je retire ce que je viens de dire.
Le chef de ce parti a annoncé qu'il conclurait un pacte avec le Bloc québécois visant à se soustraire à un accord, un bail signé par un ministre conservateur, Jean Corbeil. C'est tout à fait incroyable. Ces gens-là n'ont aucun respect pour la loi.
[Français]
Contrairement à l'opposition officielle et au Bloc québécois, nous pensons que Mirabel est un aéroport d'importance pour Montréal, pour le Québec et pour le Canada. Je suis convaincu qu'il faut garder toutes les options ouvertes. Nous devons absolument préserver l'avenir.
Par conséquent, aujourd'hui, nous devons respecter l'administration qui est en charge des opérations de cet aéroport. Cela a été une volonté de ce Parlement de nommer un groupe qui s'appelle ADM, Aéroports de Montréal, pour s'occuper de l'avenir de l'aéroport. Cela dure depuis 1992, avec un engagement jusqu'en 2052. Ce n'est pas moi ni le Bloc, mais ce sont les conservateurs qui ont signé cette entente jusqu'en 2052. Par la suite, ils vont faire une petite parade à Mirabel pour avoir l'air généreux quand eux-mêmes ont mis le gouvernement sous menottes avec le bail qu'ils ont signé pour 60 ans. Quelle hypocrisie!
J'aimerais ici mettre en contexte un aspect plus précis des responsabilités d'ADM. En 1988, 11 000 acres de terrains de réserve aéroportuaire qui n'étaient pas utilisés pour l'exploitation de l'aéroport ont été loués à long terme à des agriculteurs locaux. Ce n'est pas vrai que les agriculteurs n'occupent pas leurs terres. En fait, 11 000 acres ont été louées à des agriculteurs locaux et un programme de relance agricole leur a été offert.
Quand Mirabel a été transféré à ADM, bien sûr, les baux ont été transférés également. Cela faisait partie de l'entente. On parle de 131 baux que le gouvernement conservateur de l'époque a transférés sous la responsabilité d'ADM. Non pas les libéraux ni les autres, mais le gouvernement conservateur a mis le sort des 131 cultivateurs entre les mains d'Aéroports de Montréal. Ces baux viennent à échéance en 2010. D'aucuns ont signé volontairement des baux jusqu'en 2010.
Par conséquent, l'an dernier, dans son plan directeur, ADM a regardé tout cela et a décidé de proposer aux cultivateurs une prolongation de 13 ans. Bien des gens ne savent pas cela. Une offre est actuellement sur la table pour que les gens qui occupent ces terres puissent y demeurer jusqu'en 2023.
Il est évident que nous voulons protéger l'avenir, mais nous voulons aussi concilier les besoins immédiats de ces cultivateurs. Nous sommes donc convaincus qu'une période de location à long terme permet de réduire l'incertitude et favorise le développement de ces terres agricoles.
Contrairement au Parti conservateur et au Bloc québécois, j'ai confiance dans l'avenir de Mirabel. Je ne veux pas condamner Mirabel. En fait, Mirabel vit plus que jamais. Voici ce que je pense du Parti conservateur. On sait que l'endroit idéal pour construire la nouvelle usine de Bombardier, la Série C, serait Mirabel. On sait ce que ce parti pense de Bombardier et de l'aéronautique. Je pense que le Bloc québécois est en train de se faire embarquer dans un pacte de cons. À la fin, on sait fort bien ce que pense le Parti conservateur de Bombardier et du développement de la Série C.
Ce que je voudrais, c'est de créer à Mirabel les 2 500 emplois grâce à l'assemblage de la Série C. Je ne comprends pas que le député d'Argenteuil—Papineau—Mirabel n'ait pas compris que le potentiel de Mirabel est extraordinaire avec le dossier de la Série C. Ce n'est pas le temps de mettre en péril l'avenir de cet aéroport. Ce n'est pas le temps de baisser les bras et de jeter l'éponge. Je pense que nous allons créer plus d'emplois que jamais dans la région de Mirabel. C'est exactement ce que nous voulons faire.
Il y a plus que cela; un avenir extraordinaire se dessine en matière de fret aérien. Au moment où l'on se parle, 110 millions de tonnes de fret aérien passe par Mirabel chaque année. J'imagine que le chef du Parti conservateur aimerait mieux que cela passe par Toronto ou par Calgary. Moi, je veux que cela passe par Montréal, par Mirabel, et nous voulons voir ce fret augmenter.
En ayant justement cet aéroport ouvert 24 heures par jour sans déranger le voisinage, sans déranger qui que ce soit, le potentiel est illimité pour cet aéroport à ce niveau. Quand je vois les conservateurs vouloir condamner Mirabel, je ne leur fais pas confiance, parce que leur tendance anti-Québec est bien connue. C'est pourquoi il faut faire attention à ces petits minouchages. Il y a du mirage là-dedans.
Je veux que Mirabel devienne un pôle aéroindustriel important. Une dizaine d'entreprises de calibre international y sont déjà installées. Je ne comprends pas le Bloc québécois: il souhaite un développement à Mirabel, mais il veut lui enlever ses possessions. C'est incroyable! J'ai l'impression que ces gens veulent pratiquer la philosophie de la terre brûlée. Ils veulent absolument tout mettre à terre. Ce n'est pas ce que nous voulons faire.
Nous avons confiance en l'avenir et nous sommes convaincus qu'il y aura moyen de rentabiliser Mirabel. Nous sommes convaincus qu'il y aura du volume à Mirabel, qu'il y aura plus d'emplois que jamais à Mirabel. Nous avons confiance dans Mirabel. Nous ne voulons pas reculer. Nous ne voulons pas mettre l'avenir en péril. Nous ne voulons pas mettre les emplois en péril. Toutefois, c'est ce qu'ils font. Nous essayons de réouvrir des vieilles blessures par pur opportunisme politique crasse. C'est cela qui m'écoeure.
Pendant 30 ans, beau temps mauvais temps, cela n'a pas été facile pour ces gens-là, j'en conviens. J'aimerais mieux avoir 10, 20 ou 30 millions de passagers. Cependant, ce n'est pas la réalité. Par contre, nous sommes assez réalistes pour nous retourner et trouver d'autres options. En ce qui concerne le nombre d'emplois actuellement à Mirabel, c'est absolument extraordinaire. En fait, il y a quatre propositions qui ont été déposées devant le conseil d'ADM pour utiliser les installations de Mirabel, Cependant, ils n'en savent rien.
Le député Argenteuil—Papineau—Mirabel ne sait rien du tout. Il est prêt à mettre en péril l'avenir de Mirabel sans voir les projets qui sont actuellement sur la table d'ADM. Quelle irresponsabilité! Je n'en reviens pas.
Justement, la critique des transports dit: « Quels sont les projets? ». Donc, cela prouve qu'elle ne sait rien. Elle est en train de vouloir condamner Mirabel sans même examiner son avenir. En fait, ADM a la responsabilité du développement. Ils ont fait un appel de propositions. Ils ont reçu huit propositions dont quatre qui demandent plus de détails. Donc, ces propositions sont actuellement sur la table d'ADM, en conformité avec le bail d'ADM.
Je ne comprends pas que le Bloc québécois, sans savoir ce dont il parle et dans l'unique but de marquer des petits points politiques « cheap », n'aient pas réalisé qu'ils étaient en train de mettre en péril l'avenir de Mirabel et le développement des emplois dans cette région, ce qui est totalement irresponsable. Je n'en reviens pas.
En fait, en ce qui concerne ces propositions, les quatre soumissionnaires ont jusqu'au 31 mars 2005 pour présenter un projet d'affaires détaillé. Pourquoi, dans l'ignorance totale, le Bloc québécois ne donnerait pas une chance aux quatre soumissionnaires qui veulent participer au développement économique de la région et au développement de cet aéroport? Pourquoi fermer l'avenir? À moins que ce soit pour des motifs inexplicables, en tout cas, inexpliqués. Donc, j'ai hâte de les entendre à cet égard.
Une chose est certaine, bien sûr, Mirabel n'est pas développée à son plein potentiel. Bien sûr, nous avons une responsabilité de tout faire pour rentabiliser cette infrastructure absolument extraordinaire. Dans quelques années d'ici, je suis convaincu que les députés de cette Chambre, qui vont voter pour cette motion, vont le regretter amèrement. Ils vont s'apercevoir que nous, qui avons confiance en l'avenir du nouveau rôle de Mirabel, en l'avenir industriel de Mirabel, nous serons fiers de ce que nous aurons accompli.
C'est pour cette raison que nous refusons d'appuyer une telle motion à court terme, à courte vue. Les mêmes députés du Bloc québécois, les petits amis des conservateurs, vont se lever tout à l'heure pour appuyer la motion des conservateurs, eux qui veulent avoir la peau de Mirabel pour peut-être développer ailleurs. Ce sont les mêmes conservateurs qui sont contre l'aide à Bombardier et les bloquistes vont se lever pour appuyer leurs petits amis.
Par contre, ils ne réaliseront pas que demain ou peut-être cet après-midi, à la période de questions, ils vont nous demander d'aider Bombardier à se développer à Mirabel. Ils vont nous demander de subventionner Bombardier pour développer la Série C. Donc, ils vont voter des deux côtés de la bouche. C'est l'hypocrisie érigée en système.
Je veux que Bombardier s'installe à Mirabel pour produire la Série C. Je veux ces 2 500 emplois au Québec. Je veux qu'on garde toutes nos options ouvertes quant à l'avenir de Mirabel, parce que cela va être un pôle de développement économique important. C'est ce que croit ADM. C'est pour cela que nous avons quatre propositions sur la table actuellement pour le développement de Mirabel et des installations actuelles.
C'est donc un très mauvais moment et un très mauvais message à envoyer. À ceux et celles qui veulent développer, on leur dit que des députés à courtes vues dans ce Parlement veulent mettre en péril leurs projets. Parce qu'ils ont vu une petite manifestation, ils essayent d'en récupérer une. On a déjà vu du monde de même.
J'ai l'impression que le Parti conservateur n'a pas une position de principe, une position responsable. Je ne leur fais pas confiance du tout pour l'avenir du Québec. Mais le Bloc, comme de raison....
Mme Caroline St-Hilaire: Ce n'est pas ce qu'on dit.
L'hon. Jean Lapierre: La députée de Longueuil vient de dire qu'elle, elle fait confiance aux conservateurs pour l'avenir du Québec. Cela me surprend quand même. Je n'en reviens pas.
:
Madame la Présidente, ce n'est certainement pas un rappel au Règlement. Ils sont tellement habitués à se fréquenter maintenant, qu'ils se demandent qui est pour qui et qui est pour quoi.
Une chose est certaine, c'est qu'il y a actuellement 22 compagnies de cargo qui opèrent à Mirabel. Il y a entre 10 000 et 13 000 vols par année. Ce n'est pas un endroit désert comme on voudrait nous le faire croire, comme les conservateurs souhaiteraient que ce soit. Il est certain qu'un jour—et peut-être plus tôt qu'on ne le pense—, il y aura au Québec du développement avec un équipement qui a du potentiel.
Si Bombardier considère Mirabel, c'est parce qu'il y a l'aéroport. Si on veut y construire des avions et faire des essais, c'est parce qu'il y a un aéroport.
Au fond, ma collègue me le dit. Elle ne comprend pas cela. Il ne faut pas être si intelligent que cela pour comprendre l'avantage intrinsèque que représente Mirabel pour la Série C de Bombardier que nous, de ce côté-ci, voulons voir développer au Canada.
On sait que Mirabel a un avantage extraordinaire. Je ne comprends pas qu'aujourd'hui, au moment où les autorités de Bombardier sont en train de considérer des sites, on envoie le message que ce parti veut rapetisser Mirabel. Le Parti conservateur du Canada veut étouffer Mirabel, depuis toujours. Il n'y a rien de nouveau là-dedans.
Cependant je ne comprends pas qu'au même moment, on a quatre projets de développement pour Mirabel et un immense projet de 2 milliards de dollars chez Bombardier sur les tables à dessin d'ADM à Ville-Saint-Laurent, avec, à vol d'oiseau, une vue quasiment directe sur l'aéroport de Mirabel, et on veut mettre cela en péril.
Le message envoyé est que si ces gens étaient au pouvoir, il faudrait oublier Mirabel. Au lieu de développer 2 500 empois, ils voudraient faire pousser du blé d'Inde. Cela ne passe pas, cela ne marche pas. Je n'en reviens pas de voir qu'ils ne donnent pas une chance au processus ni au développement.
Je vais voter contre cette motion avec grand plaisir. En effet, cela prouve le manque de vision de ces gens, leur manque d'ambition et leur manque de confiance en l'avenir de Mirabel.
Que ce soit la députée de Longueuil, je peux le comprendre; elle pense peut-être que Mirabel est en compétition avec l'aéroport de Saint-Hubert. Mais le député de Argenteuil—Papineau—Mirabel, lui, je n'en reviens pas qu'il se tire dans le pied. Comment se fait-il qu'il soit contre le développement de Mirabel? Cela me dépasse.
Une chose est certaine, cette motion n'est pas dans l'intérêt du Québec, ni du Canada, ni de Mirabel, ni des travailleurs, ni du développement économique. C'est une motion qu'on regarde avec un rétroviseur. On essaye d'être nostalgique. C'est une motion déposée par des gens qui, finalement, n'acceptent pas qu'un gouvernement, quel qu'il soit, ait eu des plans beaucoup plus ambitieux plus tôt. On a pensé qu'il y aurait une nouvelle vocation.
On est aussi pris avec les décisions du gouvernement conservateur qui les renie aujourd'hui. C'est un peu gênant aussi. Le chef du Parti conservateur s'en va à Mirabel et est prêt à déchirer un bail que le ministre conservateur, feu Jean Corbeil, a signé sous l'autorité de Brian Mulroney. Pourtant c'est le même chef conservateur dont on apprenait par Radio-Canada qu'il était allé, l'autre soir, souper chez Brian Mulroney pour essayer de se faire convaincre du développement de Bombardier.
Il faut croire que M. Mulroney a manqué son coup deux fois. Il ne l'a pas convaincu de respecter la signature de son gouvernement ni d'appuyer Bombardier. Il y a donc quelque chose de péché là-dedans.
Il y a un autre agenda. Cette motion ne sent pas bon. Je ne comprends pas que le Bloc québécois se laisse enfirouâper, embarquer dans une motion anti-Québec.
Sur ces mots, je regrette que nous débattions de cette motion aujourd'hui, au moment où Mirabel fait l'objet de deux projets potentiels extraordinaires. C'est le mauvais signal à envoyer mais, heureusement, le gouvernement va se tenir debout.
:
Madame la Présidente, je voudrais d'abord remercier ma collègue de Longueuil—Pierre-Boucher, critique du Bloc québécois en matière de transports, pour me permettre de prendre le premier temps de parole sur cet important dossier qui a été apporté par le Parti conservateur, soit la remise des 11 000 acres de terrains aux agriculteurs de Mirabel et aux anciens expropriés.
J'avais échafaudé toute une planification, mais je me dois de répondre aux allégations du ministre des Transports. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer puisque, finalement, c'est le Québec et le Canada qui ont ce ministre des Transports. Selon moi, ou il ne connaît pas son dossier ou il est vraiment démagogique. En fait, il oppose le dossier de Mirabel et des terres à rétrocéder aux agriculteurs avec le dossier de Bombardier. C'est d'une bassesse qui est à son égal et à l'égal de ceux qui lui ont probablement montré à faire de la politique à l'époque.
En fait, il y a présentement 6 000 acres à l'intérieur des clôtures de Mirabel qui ont été offerts en appel d'offres. Les 11 000 acres ne faisaient même pas partie de l'appel d'offres d'ADM. Effectivement, on m'a présenté ce que ADM a fait comme appel d'offres. J'ai mis sur pied un comité qui a sommé ADM, par lettre recommandée, de comparaître devant ce comité régional pour savoir ce qu'ils avaient l'intention de faire et comment ils allaient en appel d'offres. Nous avons donc eu la chance de voir déposer l'appel d'offres. Donc, ce qu'ils avaient à offrir c'était l'aérogare, l'hôtel, les bâtiments administratifs et les terrains avec les entrepôts à l'intérieur des 6 000 acres, ce qui n'a aucune raison ni aucune mesure commune avec ce qu'on nous dit. Il n'est même pas question, dans ces appels d'offre d'ADM, des 11 000 acres qui se trouvent à l'extérieur. Donc, ou il est vraiment démagogique ou il ne connaît pas son dossier.
Vous en ferez vous-même la conclusion, madame la Présidente. Je ne voudrais pas que nous mettions en compétition le dossier de la rétrocession des terres avec le dossier de Bombardier et du développement du site industriel à l'intérieur des 6 000 acres. Jamais il n'a été question au Bloc québécois de faire cela.
Je suis surpris de constater aujourd'hui que le ministre des Transports, qui est censé connaître son dossier, vienne nous dire qu'en quelque part, il y aura des offres, mais on ne connaît même pas la nature des quatre propositions. C'est simple. Nous n'avons même pas besoin de les connaître puisqu'elles ne viseront pas les 11 000 acres qui sont à l'extérieur des 6 000 acres qui sont à développer et donc offert dans l'appel d'offres.
Donc, encore une fois, je ne sais pas pourquoi nous tenons ce débat aujourd'hui. C'est peut-être parce que le ministre des Transports est en train d'essayer de nous faire comprendre qu'il ne donnera pas à Bombardier ce qu'ils demandent. Il essaie peut-être de trouver une porte de sortie pour dire: « Regardez, le milieu et les conservateurs veulent rétrocéder 11 000 acres de terres aux agriculteurs et on ne donnera pas d'aide à Bombardier ». Donc, c'est peut-être ce qu'il est en train de faire, ce démagogue de ministre.
Cependant, nous avons les yeux ouverts et nous avons bien compris ce que le ministre veut faire. Nous allons donc défendre Bombardier et l'industrie aéronautique jusqu'à la dernière goutte de notre sang. De la même façon, nous défendrons aussi les agriculteurs de Mirabel puisque nous défendons les intérêts du Québec.
Il me fait plaisir de reprendre mon discours sur cette question. Effectivement, ce dossier de Mirabel a commencé en 1967. C'est le gouvernement libéral de Lester B. Pearson qui avait compris que, finalement, Dorval ne serait plus un aéroport de capacité internationale. Souvenons-nous qu'en 1967, la seule porte d'entrée des vols internationaux au Canada était à Montréal. Cependant, cela a bien changé depuis ce temps.
Souvenons-nous également que c'est le ministère des Transports du Canada qui permet à des compagnies aériennes d'avoir des vols internationaux d'un pays vers le Canada, vers Toronto ou vers Montréal. À l'époque, tous les vols internationaux étaient à Montréal. Ce sont les libéraux qui ont décidé de confier de plus en plus de vols internationaux à Toronto. Donc, c'est ce qui s'est passé et les conservateurs ont continué par la suite. C'est donc de cette façon, qu'un jour, Montréal est devenue une plaque moins importante que Toronto.
En 1967, le Parti libéral de l'époque décidait que Dorval était trop petit pour les développements futurs et, évidemment, dans un centre-ville, avec beaucoup de population autour, c'était une sage décision. À mon avis, si ADM avait pas pris la décision contraire de maintenir Mirabel et de fermer Dorval aux vols de passagers, aujourd'hui, on dirait que ce sont des génies, surtout depuis le 11 septembre 2001. Cependant, ce n'est pas ce qui s'est passé puisque, encore une fois, les libéraux ont fait confiance à ADM. Je reviendrai donc sur ADM.
Cependant, il faut se souvenir qu'en 1967, Pearson commande l'étude. Le 27 mars 1969, on dépose un plan d'expropriation de près de 100 000 acres en plein milieu des terres agricoles. Comme c'est en plein milieu des terres agricoles, on voit ce que Mirabel est devenu aujourd'hui: un aéroport non desservi par l'autoroute 13, ni par l'autoroute 50, ni par un train rapide. Quand on a décidé d'aller installer l'aéroport au milieu des terres agricoles, les projets des autoroutes 13 et 50 et du train rapide devaient se réaliser. Ce sont les libéraux qui, ayant mûri la réflexion entre 1969 et 1975, ont décidé, lors de l'inauguration, de ne pas donner les services de transport à Mirabel. C'était un choix politique et c'était facile, par la suite, de défendre la pertinence de Dorval. Je passerai outre l'establishment du Parti libéral situé dans le West-Island de Montréal, mais une certaine réalité demeure quand même dans cette déclaration.
C'étaient 100 000 acres de terres et c'était un redécoupage des municipalités de Saint-Canut, Saint-Antoine, Saint-Jérôme, Sainte-Anne-des-Plaines, Saint-Janvier, Sainte-Monique, Saint-Augustin et Sainte-Scholastique. On sait qu'aujourd'hui, ce territoire s'appelle Mirabel. C'était plus grand que la ville de Laval, 10 fois plus grand que le plus grand des aéroports du monde à l'époque, 27 fois l'aéroport de Dorval. Plus de 3 000 propriétaires ont été touchés. On connaît toute la saga que cela a occasionné.
À l'inauguration de l'aéroport en 1975 par le premier ministre de l'époque, M. Trudeau, ce dernier le qualifiait de projet du siècle. Cependant, les autoroutes 13 et 50 ne s'y rendaient pas et il n'y avait pas de train rapide, même s'il y a des rails au sous-sol. Il faut se souvenir que les rails sont installés au sous-sol de l'aérogare. Quelque part, c'était un objectif que s'était fixé Pearson, mais qui n'a pas été retenu par la députation de Trudeau. Il faut se souvenir aussi que l'actuel ministre des Transports faisait partie du gouvernement Trudeau.
Il faut dire une chose. Quand on a ouvert Mirabel en 1975, c'était simple: les vols internationaux et nolisés étaient à Mirabel, tandis que les vols intérieurs étaient à Dorval. On devait prendre la décision plus tard de transférer tous les vols de passagers intérieurs à Mirabel. En 1982, une réunion du Conseil des ministres s'est tenue dans un hôtel de Montréal, à laquelle était convoqué le gestionnaire des deux aéroports. À l'époque, c'était Transports Canada qui les gérait. Le ministre des Transports a alors annoncé qu'il ne transférerait pas tous les vols de passagers de Dorval à Mirabel. On avait déjà commencé à accorder beaucoup de vols internationaux à Toronto et l'on avait décidé de protéger Dorval. C'est ainsi qu'on a réussi à arriver là où l'on en est aujourd'hui, soit à une fermeture de tout l'aéroport aux passagers. Cela s'est fait le 31 octobre 2004.
Le ministre vante le travail d'ADM. C'est vrai qu'ADM est une organisation qui a été créée par les conservateurs en 1992. Je ne suis pas sûr qu'ils en soient fiers aujourd'hui, parce qu'ADM est l'ancêtre de toutes les administrations aéroportuaires au Canada. Quand on regarde le gaspillage d'argent que ces dernières ont fait dans beaucoup d'aéroports à travers le pays, je dirais qu'il y a à tout le moins matière à ce que la vérificatrice générale inspecte attentivement le travail de ces administrations. En passant, il s'agit de corporations sans but lucratif pour lesquelles le gouvernement procède à des nominations directes. Toutefois, elles passent outre aux vérifications de ce Parlement et elles ont un pouvoir indépendant de tarification, étant donné qu'elles peuvent établir des frais d'amélioration aéroportuaire, les FAA. Cela leur permet d'avoir leurs propres revenus. Ainsi, elles sont cotées auprès des banques.
Comme je viens du milieu municipal, au moins les municipalités, elles, quand elles font des règlements d'emprunt, le ministère des Affaires municipales du Québec doit les vérifier. Cependant, ici, quand ces corporations font des règlements d'emprunt, elles sont indépendantes et n'ont même pas besoin d'obtenir l'autorisation du gouvernement fédéral. Cela a été créé par les conservateurs et maintenu depuis toutes ces années par le Parti libéral. Ce dernier s'en lave les mains et aime bien qu'ADM prenne les mauvaises décisions de gestion.
Telle est la réalité. On fait confiance à ADM. C'est une corporation indépendante. Mon adversaire, en pleine campagne électorale, a même osé me dire que c'était une corporation privée. Je ne sais pas quel était son cahier de breffage, mais il est effectivement vrai que c'est une société sans but lucratif et indépendante qui a sa propre façon de fonctionner, mais aussi sa propre façon de gaspiller l'argent. Quant à nous, il y a un gaspillage éhonté dans le dossier de Mirabel.
Le sort des agriculteurs est remis entre les mains d'ADM par l'intermédiaire de ce ministre des Transports. ADM est une organisation indépendante. Elle n'est pas là pour gérer des terres agricoles. Au pis aller, c'est un problème pour elle. Ce qu'elle essaie de faire, c'est de gérer les équipements aéroportuaires. C'est vrai que cette gestion lui a été confiée par un bail signé par les conservateurs. J'en ai une copie ici, qui comprend 374 pages. Je suis notaire de profession, donc je l'ai analysé et je peux dire que le ministre des Transports peut, s'il le désire, retirer à ADM la gestion des opérations à Mirabel.
Il aurait tellement de raisons de le faire. Je vous citerai un exemple. J'ai sorti l'extrait du bail pour qu'on puisse bien comprendre la position que je peux utiliser.
Je citerai l'article 8, à la page 101, où il est question de l'utilisation des lieux loués:
Le locataire doit utiliser les lieux loués pour les fins d'un aéroport international majeur et sous réserve du paragraphe 7.02.09 à des fins qui ne soient pas incompatibles avec la gestion, l'exploitation et l'entretien de l'aéroport. Le locataire doit veiller à ce que tous les occupants et cessionnaires utilisent les lieux loués à des fins qui ne soient pas incompatibles avec la gestion, l'exploitation et l'entretien de l'aéroport. Le locataire s'engage de plus à ne pas utiliser, permettre, tolérer l'utilisation de tout ou partie des lieux loués pour toute autre activité commerciale entreprise aux fins autres que celle d'un aéroport international majeur [...] et dans tous les cas, que le tout soit fait conformément au présent bail et au plan approuvé d'utilisation des sols.
Il faut donc comprendre que quand le bail a été signé, il y avait un plan d'utilisation des sols. Cela fait deux fois qu'il est modifié sous le règle des libéraux. On permet à ADM de faire autre chose que ce qui avait été prévu dans le bail initial.
Je sais que suite au résultat des appels d'offre, vous aurez encore besoin de modifier cela. Effectivement, on ne sait pas ce qu'il y aura dedans, mais je vous dirais que la fonction première de cet aéroport, c'est l'opération d'un aéroport international majeur. C'est pour cela que vous avez exproprié 100 000 acres de terres, que vous avez déplacé 3 000 familles. Ce n'était pas pour faire un centre commercial.
Évidemment, tout est là et les agriculteurs aujourd'hui sont en droit de demander la rétrocession des 11 000 acres. Justement, ADM n'a pas décidé d'opérer un aéroport international majeur, surtout pas sur les 11 000 acres qu'ils ont. De plus, ils ont décidé d'aller en appel d'offres, offres pour lesquelles tout est permis sauf l'exploitation d'un aéroport de transport de passagers. C'est cela qui est dans l'appel d'offre qui est déposé.
Ce que je demande au ministre c'est de lire son appel d'offres. Ce que ADM dit à ceux qui vont faire des offres, c'est qu'ils vont opérer tout sauf un aéroport pour transport de passagers. Est-ce que c'est cela opérer un aéroport international majeur? C'est ainsi que le ministre le voit? J'ai un problème. C'est pour cela que je vous disais dès le départ que je ne savais pas si je devais en rire ou en pleurer.
Le ministre a décidé de marcher main dans la main avec des gens qui n'ont aucun respect ni aucun souci de l'intérêt des agriculteurs. ADM n'a qu'un seul souci présentement, c'est d'essayer de rentabiliser parce qu'ils viennent de se faire diminuer leur cote. Cela fait trois ans que la cote de leur crédit diminue. C'est cela la réalité.
À tout prix, ils ont besoin d'argent. Bien sûr, ils ne veulent pas perdre les baux des agriculteurs parce que ce sont des revenus qu'ils gardent. Si jamais le gouvernement fédéral décidait de vendre les terres, ils les conserveraient parce que l'argent appartient aux propriétaires, n'appartient aux locataires. Cela n'irait donc pas à ADM.
ADM n'a donc aucun avantage à essayer de faire affaires avec les agriculteurs. Tout ce qu'ils vont essayer de faire, c'est d'augmenter le prix des loyers. Tantôt, ils essayeront de faire baisser l'évaluation municipale de tout le complexe aéroportuaire, justement parce que cela leur coûte trop cher en taxes et qu'ils essayent de rentabiliser pour les erreurs qu'ils ont commises. C'est cela la réalité.
Pour être capable de transférer les vols de Mirabel à Dorval, on a payé, on a repayé et on paye encore pour que les compagnies s'en aillent à Dorval. Cela a fait un trou dans les finances d'ADM, trou qu'ils essayent de combler par tous les moyens avec la complicité du ministre. Celui-ci, en cette Chambre, pour faire oublier les 11 000 acres de terres et les agriculteurs, essaye de nous faire comprendre que si aujourd'hui, on vote en faveur de cette motion, on vote contre Bombardier et tout le développement aéronautique au Québec.
Dès le départ je me demandais si, vraiment, c'était parce qu'il ne connaissait pas son dossier ou parce qu'il était un grand démagogue. Je conclurai en disant que c'est un grand démagogue digne des Pierre Elliott Trudeau du temps. Cela lui va bien, surtout quand on sait ce qui s'est passé, quand on sait que c'est Pierre Elliott Trudeau qui a inauguré Mirabel et que ce gouvernement a osé donner son nom à l'aéroport de Dorval. C'est de toute beauté.
Ils n'en sont pas à une erreur près ou à une insulte près envers les Québécoises et les Québécois. C'est ce qui est le plus difficile, car il reste quand même que les agriculteurs et les agricultrices de Mirabel travaillent très fort pour gagner leur pain, pour gagner leur vie. Ils vivent leurs problèmes aussi.
Vous le savez, la crise de la vache folle, dans tous les secteurs, occasionne des problèmes aux agriculteurs. Ils louent ces 11 000 acres. Or louer, ce n'est pas comme être propriétaire. Vous ne pouvez pas faire les aménagements, vous n'avez pas les mêmes facilités auprès des banquiers. C'est cela la dure réalité des agriculteurs et des agricultrices de Mirabel. Ils n'ont jamais arrêté de faire évoluer cette propriété, ces 11 000 acres de terres. Mais il en reste encore 6 000 acres à l'intérieur des clôtures pour Bombardier et tous les beaux projets du ministre.
Je serai fier de me lever en cette Chambre le jour où il déposera sa politique sur l'aérospatiale et qu'il viendra en aide à toute cette industrie. C'est vrai qu'il y a Bombardier dans Mirabel, il y a Bell Helicopter et toutes les autres entreprises de pièces. C'est un beau secteur.
Justement, si le ministre ne se dépêche pas, on risque de la perdre. J'espère que son discours d'aujourd'hui ne consiste pas à dire qu'on l'aura perdue parce qu'on aura appuyé la rétrocession de 11 000 acres de terres qui ne sont pas utilisées par ADM. Elles ne font pas partie de l'appel d'offres aux différents partenaires futurs. Ce n'était pas le but. C'est cela la réalité.
Ce que l'on veut faire aujourd'hui, c'est rétrocéder les 11 000 acres de terrains aux agriculteurs qui ont vécu des drames humains. J'ai remercié le chef du Parti conservateur parce qu'il a fait état du livre qui a été écrit. Des familles ont été décimées. Des gens vivent encore durement le fait qu'ils aient été expropriés de leurs terres.
On ne voit pas le jour où ce gouvernement libéral, qui est parti de 100 000 acres de terres pour arriver à 17 000 acres de terres et qui n'en exploite qu'à peu près 3 500 présentement, va réussir à revenir à exploiter 17 000 acres. Je ne veux pas être démagogue, mais sans me tromper, de la vie de ce ministre-là, je ne pense pas qu'on va voir cela.
Encore une fois, si jamais un jour cela devait aller tellement bien, on réexpropriera les terres dont on aura besoin. C'est aussi simple que cela. Le ministre peut s'offusquer mais justement, les pouvoirs qui sont dévolus aux gouvernements, qu'ils soient locaux, provinciaux et fédéraux, sont dans les intérêts pour les besoins qu'on a.
On a fait une erreur d'exproprier trop grand. Si dans 50 ou 100 ans, on en a besoin, les gens du temps comprendront évidemment la situation. Toutefois, je suis convaincu que je ne verrai pas cela au cours de ma vie, et je sais que je suis plus jeune que le ministre.
Encore une fois, c'est avec plaisir que j'ai pris la parole aujourd'hui. C'est avec plaisir que le Bloc québécois va procéder à un vote cet après-midi au Comité permanent des transports. Ma collègue de Longueuil—Pierre-Boucher a déposé une savante motion qui va être votée en comité aujourd'hui. Cette motion en cette Chambre aujourd'hui fera l'objet d'un vote la semaine prochaine. Il est sûr que le Bloc québécois appuiera cette motion, vous l'avez compris évidemment.
Tout ce que nous voulons, c'est que les erreurs du passé ne se répètent jamais. C'est une cacophonie d'erreurs libérales. Le drame, c'est que le ministre des Transports a essayé, encore une fois, de justifier cette erreur pour sauver Bombardier aujourd'hui. Quand Bombardier sera sauvé, il nous donnera une autre excuse pour essayer de sauver une autre partie.
Tout cela, ce n'est pas facile à entendre, surtout quand on a à vivre avec les citoyens qui ont subi tous ces drames. Évidemment, lui, il est loin de là. Comme on dit: loin des yeux, loin du coeur. Donc, ce qui peut se passer avec les agriculteurs de Mirabel, ce n'est pas important pour le ministre. C'est son choix. Par contre, il y a d'autres députés en cette Chambre qui, eux, ont décidé qu'ils ne toléreraient plus ces erreurs du gouvernement fédéral et qu'ils les corrigeraient.
Nous le faisons donc avec toute la science que nous avons en tant que politiciens. Évidemment, le Bloc québécois le fait, le Parti conservateur le fait et j'espère que le NPD appuiera cette motion. La science des politiciens, c'est de se servir de cet appareil qu'est la Chambre des communes. Les expropriés et les agriculteurs de Mirabel ont la chance d'avoir un gouvernement minoritaire présentement qui servira bien leur cause, je l'espère.
Encore une fois, j'espère que je réussirai ou que j'aurai réussi en partie à convaincre le ministre au moins d'une chose. Il faut qu'il arrête de mettre en opposition les agriculteurs et le dossier de Bombardier. Cela n'a vraiment aucun rapport.
Au nom des citoyennes, des citoyens, des agriculteurs et des agricultrices de Mirabel, je demanderai un peu de compassion de la part du ministre. Il est encore temps pour avoir un peu de respect et un peu de compassion. Je lui demande de voter en faveur de cette motion à la Chambre des communes. C'est que nous ferons, nous, les députés du Bloc québécois et ce que feront sûrement les députés conservateurs puisque c'est leur motion. J'espère que les députés du NPD voteront également en faveur de cette motion de façon à ce que cette injustice, la plus grande, soit réparée. N'oubliez jamais que le déplacement de 3 000 familles, c'est le plus grand déplacement de population à l'intérieur du Canada depuis la déportation des Acadiens.
Je pense qu'on devrait mettre un point final à cela et rétrocéder les 11 000 acres de terres. Il restera encore 6 000 acres à l'intérieur du périmètre de développement. C'est deux fois la superficie de Dorval, on va le répéter aujourd'hui. Quant à moi, c'est pleinement suffisant pour ce que peut en faire le ministre des Transports.
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Madame la Présidente, je veux d'abord présenter les coûts associés à l'aéroport de Mirabel et faire un bref historique de la situation afin que les députés et les Canadiens comprennent un peu la dynamique.
Les Canadiens ont du mal à imaginer l'intérêt de passer une journée à discuter d'une question comme celle-là ou à comprendre l'ensemble du problème, mais une fois qu'ils auront compris les coûts et l'histoire de l'aéroport de Mirabel, ils seront touchés par cette affaire.
À l'origine, lorsqu'on a commencé la planification de Mirabel à la fin des années 60, on a évalué le coût du projet à 425 millions de dollars. Cette somme a été dépensée durant la première des nombreuses phases de l'aménagement et, lorsque l'aéroport est entré en activité, la note s'élevait à 1,5 milliard de dollars. Cinq ans plus tard, l'aéroport enregistrait des pertes annuelles de plus de 20 millions de dollars et il a continué d'être déficitaire depuis.
L'aéroport international de Montréal à Mirabel sert maintenant exclusivement pour les vols de transport de marchandises et non pour ceux de passagers. L'aéroport a cessé d'accueillir ces vols le 31 octobre 2004. On peut féliciter le gouvernement d'avoir décidé de fermer Mirabel aux vols de passagers pour éviter ces pertes de 20 millions de dollars par année. Cependant, cette décision crée une autre situation dont je parlerai tout à l'heure quand j'aurai fait le tour de l'historique de Mirabel.
Cet aéroport a été construit dans le cadre d'un vaste projet fédéral visant Montréal, sous le gouvernement de Pierre Trudeau et, à l'origine, il était censé remplacer l'aéroport de Dorval. Il ne devait pas faire partie de l'aéroport de Dorval ni servir parallèlement à celui-ci; il était censé remplacer Dorval. Dès le début, Mirabel a été un projet controversé. Pour construire cet aéroport, le gouvernement a exproprié les propriétaires de 100 000 acres de terres. Cela, en soi, était parfaitement scandaleux. Environ 3 000 propriétaires ont été touchés. Les députés peuvent-ils imaginer 3 000 propriétaires qui se font enlever leurs terres pour qu'on construise un autre aéroport? Le meilleur est à venir.
Le projet a donné lieu à une dépense énorme et a été entaché d'allégations de corruption et de patronage au cours de sa réalisation, ce qui devrait scandaliser tous les députés et tous les Canadiens. Le projet a provoqué un choc. L'aéroport a été ouvert en grande fanfare en 1975. Les Jeux Olympiques approchaient et l'aéroport international était jugé crucial pour le succès des Jeux et pour l'avenir de la ville comme destination internationale.
Les promoteurs prédisaient que Mirabel deviendrait une plaque tournante mondiale et attirerait 60 millions de passagers par année en 2010. Cette prédiction ne s'est jamais réalisée. À son apogée, l'aéroport n'a pas enregistré plus de 3 millions de passagers. Et tout cela, après l'expropriation de 100 000 acres de territoires. Depuis, les visiteurs des médias étrangers ont désigné l'aéroport comme étant un éléphant blanc. C'est un fait que Mirabel n'a jamais été un grand aéroport pour passagers.
L'emplacement de l'aéroport près de la ville de Mirabel a également été un mauvais choix. Il résulte d'un compromis entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec qui, en bout de ligne, n'a satisfait personne. Au départ, le gouvernement fédéral pensait que ce nouvel équipement serait l'aéroport international de la région de la capitale, tandis que Transports Canada en imaginait la construction à l'ouest de Montréal. La province, elle, souhaitait attirer les voyageurs de la ville de Québec à cet aéroport, dont elle voyait la construction à l'est, près de Drummondville, à mi-chemin entre les deux villes. Le compromis adopté n'a rendu service à personne. Dès le départ, le projet souffrait de deux handicaps, à savoir que les vols ont été partagés entre les aéroports Mirabel et Trudeau, anciennement Dorval, et que les liaisons routière et ferroviaire nécessaires entre Mirabel et Montréal n'ont jamais été construites.
Ce projet n'a pas été considéré comme une expérience mettant en danger l'avenir de 3 000 familles de travailleurs. Tel n'a pas été le cas. Il semble qu'il se soit agi de l'idée de quelqu'un qui s'est dit: « Tant pis si quelqu'un doit en pâtir! » Le projet a été mal engagé dès le début.
L'aéroport international Pearson, à Toronto, a gagné rapidement en faveur au cours des années 1970 et enlevé des vols à Mirabel. Résultat, une mauvaise planification gouvernementale, un gaspillage répété d'argent et le chamboulement de la vie de nombreuses personnes à qui on a enlevé leurs terres.
On avait prévu qu'un nouvel aéroport, situé à une certaine distance de la ville mais relié à celle-ci par un réseau ferroviaire fiable—et c'est là un autre domaine dans lequel le gouvernement nous a déçu et continue de nous décevoir—serait un succès. Cependant, à la suite de débats entre divers paliers de gouvernement, le site de l'aéroport a été repoussé encore plus loin, à une distance déraisonnable. De surcroît, les passagers ne pouvaient s'y rendre qu'en suivant une longue route. Dès le début, on a pris les mauvaises décisions.
À l'époque, Dorval était beaucoup trop achalandé: trop d'avions s'y arrêtaient pour faire le plein d'essence. Cependant, lorsque les premiers aéronefs long-courrier ont été mis en circulation, le trafic a considérablement diminué à Dorval. Depuis, il n'y a pas eu de problème majeur à cet aéroport.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de 100 000 acres. En effet, en 1985-1986, le gouvernement a rendu 80 000 acres, il n'en reste donc plus qu'environ 17 000. Quelqu'un s'est trompé dans son estimation dès le départ. Sur ces 17 000 acres, les agriculteurs n'en réclament que 11 000, ce qui laisse 6 000 acres à Mirabel, qui n'est utilisé que pour le transport de marchandises et qui l'a été ou pourrait l'être pour les vols nolisés. Quand le gouvernement a rendu les terres en 1985-1986, il a empoché 81 millions de dollars. Il a exproprié ces terres et les a revendues aux propriétaires d'origine.
Aujourd'hui, le gouvernement a l'occasion de se racheter. Je pense que seulement 40 agriculteurs sont concernés, alors je ne vois pas où est le problème. Le fait est que nous sommes aux prises avec une situation qui a touché un certain nombre d'agriculteurs. Aujourd'hui, ces mêmes agriculteurs ou leur famille participent au processus. N'étant pas du Québec, ni de la région, j'estime qu'il n'y avait aucune raison d'exproprier ces terres. Le gouvernement n'avait pas besoin d'autant d'espace. Les terres ne servent plus à rien aujourd'hui, c'est pourquoi je ne vois aucune raison de ne pas les rendre à leur propriétaire d'origine.
Si, comme on le prétend, on pourrait avoir besoin un jour de cet aéroport, alors 6 000 acres seront amplement suffisantes. Notre collègue de Halifax a mentionné qu'à l'heure actuelle, l'aéroport de Toronto occupait 4 200 acres, celui d'Ottawa 4 500 acres, Heathrow 2 700 acres et Los Angeles 3 500 acres. Comment le gouvernement peut-il prétendre que plus de 6 000 acres seront nécessaires à Mirabel alors que nous avons toujours l'aéroport Trudeau? C'est inacceptable.
Cela m'amène à parler du rôle de fiduciaire du gouvernement en l'occurrence. Je me demande en quoi consiste ses intentions et s'il en a dans ce dossier. Dans bien des cas, il a vendu des parcelles de terrain à certaines entreprises privées, à des amis des libéraux, tout comme il y a eu des allégations de népotisme au départ. Il y a ce risque, malgré tout ce que nous avons vécu au cours des deux dernières années à la Chambre au sujet de l'utilisation par le gouvernement des deniers publics pour verser de l'argent à des amis du Parti libéral. C'est inacceptable.
Tous les Canadiens devraient soutenir ces 40 et quelque agriculteurs de Mirabel et dire aux libéraux qu'ils ne doivent pas conserver ces terrains et les utiliser à leurs propres fins égoïstes. Il faut plutôt redonner ces terrains à ces agriculteurs si on n'en a plus besoin pour un aéroport passagers.
Le ministre des Transports a mentionné que le gouvernement a un accord avec l'administration aéroportuaire. Il affirme que le gouvernement ne peut revenir sur cette entente. Le gouvernement est celui qui a créé et qui contrôle ces administrations. Il en nomme les membres.
On s'est demandé dans un certain nombre de cas dans tout le Canada qui pouvait siéger à ces administrations aéroportuaires. Je dis cela car, selon moi, certains de ceux qui siègent à ces administrations dans tout le Canada sont des gens très compétents qui travaillent dans l'intérêt de la collectivité. Cependant, on a certains doutes au sujet de l'administration aéroportuaire de Montréal, on craint qu'il y ait eu du népotisme libéral.
Le gouvernement est celui qui a créé cette administration aéroportuaire. Le gouvernement peut modifier les termes du contrat qui prévoyaient qu'une administration aéroportuaire devait exploiter l'aéroport pour assurer un service passagers. La situation a changé et le service passagers n'est plus là. Il est inacceptable de dire que le gouvernement ne peut modifier l'entente avec l'administration aéroportuaire ou que cette dernière ne peut renégocier et redonner cet argent aux agriculteurs.
Le ministre des Transports craint peut-être de s'enliser dans une bataille juridique avec les autorités aéroportuaires. À titre de parlementaires, nous sommes maîtres de la loi qui prévoit l'existence même des autorités aéroportuaires. Nous évoluons maintenant dans un contexte de gouvernement minoritaire et nous devrions peut-être prendre le gouvernement à partie pour qu'il modifie sur-le-champ cette règle, pour toutes les autorités aéroportuaires, afin d'éviter une telle situation.
Le ministre ne croit peut-être pas que le gouvernement peut exercer un contrôle sur les autorités aéroportuaires, de façon à veiller à ce qu'elles offrent le meilleur service voyageur qui soit aux Canadiens, et qu'il peut agir de façon responsable à cet égard. Si le Parlement du Canada affirme que la chose responsable à faire consiste à revendre les 11 000 acres, c'est parce que le Cabinet libéral n'a pas fait son travail, et cela doit changer. C'est absolument inacceptable.
Je précise à mes collègues du Bloc québécois que nous entendons appuyer cette motion. Si je m'adresse à eux, c'est qu'ils se sont employés activement à appuyer les agriculteurs de Mirabel. Je peux garantir aux députés conservateurs, qui ont présenté la motion dont nous débattons aujourd'hui, que nous appuierons la motion pour toutes les bonnes raisons.
J'estime que les terres ont été expropriées injustement et que le fait de les conserver aujourd'hui n'est pas fondé. Je ne crois pas un seul instant que les intentions du gouvernement libéral dans ce dossier sont nobles. Je m'interroge sur ses intentions profondes. Je ne veux pas voir 43 familles, 43 agriculteurs ou 43 personnes souffrir injustement parce que le gouvernement libéral a pris de mauvaises décisions.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole au sujet de la motion du Parti conservateur, qui demande que les 11 000 acres de terrain inutilisées à l'extérieur du périmètre de l'aéroport de Mirabel soient retournées et mises à la disposition des agriculteurs et des personnes qui en étaient propriétaires.
Je me réjouis que mon parti ait présenté cette motion, pour deux raisons. L'une d'elles est que la motion met en lumière un des chapitres les plus désolants de l'héritage de Trudeau au pays.
Au début des années 1970, le gouvernement a annoncé qu'il allait exproprier environ 97 000 acres de terrains pour construire un nouvel aéroport à Montréal. C'est comme si les résidants de ma circonscription, Niagara Falls, apprenaient cet après-midi en retournant à la maison que le gouvernement du Canada allait exproprier la ville de Fort Erie et toute la ville de Niagara Falls et déplacer chaque résidant de Niagara-on-the-Lake. Voilà le genre de proportion dont il est question.
En comparaison avec ces 97 000 acres de terres, l'aéroport d'Heathrow, qui est probablement l'aéroport international le plus achalandé, en a 2 700, celui de Los Angeles en a 3 500 et l'aéroport de Toronto, 4 200. Même avec cette motion, l'aéroport de Mirabel aurait encore 1 000 acres de plus que celui de Toronto, et cela bien qu'on n'offre plus de services passagers à Mirabel et que le gouvernement n'ait pas indiqué précisément quand il comptait rouvrir cet aéroport.
Mais je digresse. La discussion ne porte pas sur ces 5 200 acres. Elle porte sur les 11 000 acres qui sont inutilisées et dont on n'a pas besoin. Voilà. Selon moi, il s'agit d'un des chapitres les plus tristes de l'héritage de Trudeau. Quel intérêt ont le ministre des Transports et son ami, le député de Glengarry—Prescott—Russell, à défendre cette erreur évidente de leur parti? Ils n'étaient pas ministres au sein du gouvernement Trudeau. Ils l'ont été au sein d'autres gouvernement libéraux. Pourquoi ces deux députés et leurs collègues refusent-ils de reconnaître cette erreur évidente?
Les effets de cette erreur se sont conjugués à cet endroit. Ils ont fait boule de neige, et le gouvernement n'a jamais reconnu sa responsabilité dans les dépassements de coûts de centaines de millions de dollars. Des députés n'ont peut-être pas oublié que le gouvernement a fait porter l'odieux de l'affaire aux entrepreneurs et aux autorités locales, et même au gouvernement du Québec à un moment donné. En fait, il s'en est pris à tout le monde sauf aux libéraux fédéraux.
Une voix: Ils ne sont jamais fautifs.
L'hon. Rob Nicholson: Ils ne sont jamais fautifs. Ils parlent toujours à l'unisson.
Lorsqu'il était difficile d'assigner l'aéroport de Mirabel à des transporteurs, c'est sur eux qu'on jetait le blâme. Lorsque des passagers ne voulaient pas utiliser l'aéroport de Mirabel pour quelque raison que ce soit, c'est sur eux qu'on jetait le blâme. Les libéraux ont toujours jeté le blâme sur les autres. Ils ont cette tendance. Je crois que les libéraux estiment qu'il est de leur devoir, ce que je ne comprends pas du tout, de défendre l'héritage de Trudeau. Je ne comprends vraiment pas.
Le plus grand Canadien de tous les temps est sir John A. Macdonald. C'est indubitable...
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Rob Nicholson: Voici ce que j'ai à leur dire. Qu'ils se réunissent en groupuscules, jouent du téléphone et continuent à voter pour M. Trudeau. C'est fort bien. Mais cela ne va pas changer l'histoire du pays et il n'en reste pas moins que de graves erreurs ont été commises, celle dont il est question ici étant parmi les plus gigantesques.
On a fait l'erreur de déplacer quelque 10 000 à 12 000 personnes et de les priver de leur droit de propriété. J'ai tout d'abord participé au dossier comme observateur, avant d'être élu député. Après mon élection, l'aspect qui m'a le plus touché lorsqu'on a traité du dossier a été le fait que le gouvernement privait des gens de leur propriété de façon arbitraire. Les Canadiens, je crois, protègent jalousement leurs droits de propriété. Tous les êtres humains, me semble-t-il , ont la même attitude.
Durant les années où j'ai vécu à Niagara Falls et représenté la région, j'ai été particulièrement frappé du fait que les gens qui viennent au Canada d'ailleurs dans le monde ont invariablement un grand amour de la propriété privée. Je dois dire que j'ai été déçu que l'on n'aie pas prévu des dispositions relatives aux droits de propriété au moment de la modification de la Constitution....
L'hon. Jean Lapierre: On le doit au NPD.
L'hon. Rob Nicholson: Le ministre des transports dit qu'on le doit au NPD. C'est fort exact. Le NPD ne voulait rien entendre des droits de propriété à l'époque mais cela n'excuse pas le gouvernement en place. Les progressistes conservateurs étaient d'accord et les libéraux fédéraux auraient dû constitutionnaliser ces droits mais ils ne l'ont pas fait.
Il n'en reste pas moins que les gens qui viennent d'ailleurs me disent tous la même chose. Bon nombre d'entre eux sont venus de régimes communistes. Nous pourrions parler de cette plaie qu'est le communisme. Le communisme a ruiné toutes les économies dont il s'est emparé et ceux qui en on souffert s'accordent pour déplorer la perte de propriété privée. C'est une question qui touche les gens profondément.
En fait, on n'a pas besoin d'être originaire d'un pays communiste. Je me souviens d'un de mes confrères de classe, un homme du nom de Kevin Mulvey, qui a étudié avec moi à l'Université de Windsor. Il m'a dit un jour qu'après avoir terminé ses études, il s'était acheté une maison dans la région de Windsor. Je l'ai félicité. Puis, il a ajouté qu'il pensait être devenu ainsi le premier propriétaire foncier de sa famille. Il avait émigré d'Angleterre, et sa famille n'avait jamais été propriétaire d'un terrain. Il était tout ému d'y être parvenu.
Mes ancêtres à moi sont venus d'Écosse, justement en raison de problèmes de propriété foncière. Il y a peut-être des députés qui ont entendu parler de l'expulsion des Écossais des Highlands, au milieu du XIXe siècle. Mes ancêtres faisaient partie de ces gens, qui vivaient sur leurs terres depuis toujours et que le gouvernement a chassés pour des raisons de politique ou parce qu'il s'est fait le complice de certains intérêts. Une fois dépossédés, ils ont émigré au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Au fil des ans, j'ai fréquenté des représentants de plusieurs générations de ma famille. Nous n'avons jamais reçu d'excuses pour ce qui nous a été fait. Quoi qu'il en soit, les Écossais expropriés sont allés s'établir dans d'autres pays et se sont efforcés d'améliorer leur sort après avoir été forcés ainsi de partir d'Écosse.
Au cours de mon voyage de noces, nous sommes allés en Écosse. Et alors que nous traversions en voiture les vallées désertes des Highlands, je n'ai pu m'empêcher de me demander si quelqu'un avait eu des regrets après avoir expulsé les Écossais de leurs terres des Highlands.
Le sentiment d'appartenance à la terre est profondément ancré dans la nature de tout être humain. J'ai pensé à tous ces gens qui avaient été expropriés de leurs terres. Nous avons pu voir comment cette épreuve leur a brisé le coeur. Il me semble que nombre de Canadiens peuvent facilement comprendre leur douleur.
Pour certains expropriés, ce fut bien pire que si le gouvernement du Canada décidait aujourd'hui d'exproprier toute la ville de Niagara Falls. J'y habite une maison depuis 16 ans et je serais capable d'accepter une telle expropriation. Je pourrais m'établir ailleurs, quoique je ne voudrais jamais quitter la région de Niagara Falls, Fort Erie et Niagara-on-the-Lake.
Il me semble que les gens qui ont été les victimes de ce volet de l'héritage du gouvernement Trudeau ne venaient pas juste de s'installer ou de déménager dans le secteur. Ces gens-là et leurs ancêtres étaient installés là depuis plus de 300 ans. Parlons de gens profondément enracinés dans une région: pendant plus de 300 ans, ces gens et leurs familles ont vécu là; ils y ont élevé leurs enfants et, un après-midi, ils ont appris par la radio qu'ils allaient être expropriés pour permettre la construction du nouvel aéroport de Mirabel.
L'hon. Jean Lapierre: Il en allait de l'intérêt public.
L'hon. Rob Nicholson: Le ministre dit qu'il en allait de l'intérêt public. Que dire de l'intérêt de ces 12 000 personnes? Voilà la question que je lui pose. Que dire de leurs intérêts? Qui s'est préoccupé de ces gens-là? Certainement pas le gouvernement de l'époque.
Je me souviens des tentatives qui ont été faites pour corriger la situation dans les années 80. Devinez qui a pris la parole à la Chambre des communes et qui s'y est opposé systématiquement. Ce sont les députés du Parti libéral. Il fallait voir le débat pour le croire. Ils ont soulevé toutes les objections et tous les arguments possibles pour empêcher qu'on s'aventure sur ce terrain-là. Pourquoi? Parce qu'ils devaient alors faire face à leurs erreurs du passé. C'était là la nature du problème.
C'est aussi le problème actuellement. Ils ne veulent pas discuter de la question. J'ai écouté le ministre des Transports et je suis certain que nous entendrons d'autres députés du parti ministériel s'exprimer dans le même sens. Ils veulent parler de tout sauf des milliers de personnes qui ont perdu leur propriété.
Ils ne veulent pas parler de toutes ces personnes qui pourraient récupérer leurs propriétés, parce qu'ils craignent de faire face à la situation. Si on interroge les députés libéraux au sujet des expropriations à Mirabel, ils préféreront parler du prix du café au Mexique, ou sortir des photos de leurs petits-enfants, en somme tout pour éviter de parler de ces milliers de personnes qui ont perdu leurs propriétés.
L'hon. Jean Lapierre: Nous ne formions pas le gouvernement pendant neuf ans.
L'hon. Rob Nicholson: Il dit que c'est nous qui formions le gouvernement. Ce que je sais, c'est que lorsque des dispositions ont été prises pour remédier à la situation, les députés de son parti ont refusé de collaborer. Il suffit de vérifier dans le hansard...
L'hon. Jean Lapierre: C'est vous qui formiez le gouvernement.
L'hon. Rob Nicholson: Ils étaient prêts à faire n'importe quoi, mais lorsque le gouvernement a voulu rendre les terres à leurs anciens propriétaires, les libéraux ont suivi le dossier pour voir si des erreurs n'étaient pas commises. Une erreur que les libéraux n'ont jamais reconnue, c'est celle qu'ils ont eux-mêmes commise. Ils n'ont jamais voulu le reconnaître.
Cette affaire n'est pas terminée. La motion a été présentée par le chef de l'opposition. Mes collègues et moi sommes heureux de l'appuyer et nous nous réjouissons de l'appui offert par d'autres députés. J'invite les libéraux à en faire autant.
Ils n'ont pas à s'excuser pour les erreurs commises par d'anciens premiers ministres libéraux. Comme je le dis aux gens, l'important est de faire ce qui s'impose. Les libéraux devraient le faire, parce qu'ils savent ce qu'il convient de faire. Même s'ils refusent de parler de cette question, ils savent bien, au fond d'eux-mêmes, qu'ils ont commis une terrible erreur.
Le dossier n'est pas clos. L'aéroport de Mirabel dispose de suffisamment d'espace pour l'avenir prévisible, et le gouvernement est tout à fait en mesure de rendre les terres, comme nous le proposons, à leurs propriétaires légitimes. Il corrigerait ainsi l'erreur commise, une erreur qui est le résultat de l'arrogance dont le gouvernement a toujours fait preuve à l'endroit des propriétaires fonciers.
Je me souviens avoir abordé la question en 1988 à la Chambre. J'avais aussi parlé de la voie maritime du Saint-Laurent, un sujet toujours d'actualité. Des propriétaires fonciers avaient été expropriés, dans la péninsule du Niagara, afin de doubler la largeur des canaux.
Avez-vous entendu une proposition semblable récemment, monsieur le Président? Va-t-on doubler la largeur du canal Welland? J'ai demandé au ministre des Transports s'il y avait des projets en ce sens. Je sais ce que les libéraux répondront. Ils diront: « Nous avons procédé à des expropriations, il n'y a pas de projets en ce sens à l'heure actuelle, mais c'est toujours possible dans un avenir prévisible ».
Les expropriés, comme les habitants de Mirabel, doivent accepter la réalité. Le ministre des Transports parle de l'intérêt public, mais qu'en est-il de l'intérêt de ces gens? Ce sont des Canadiens eux aussi et ils méritent que l'on parle de leur intérêt dans cette Chambre. Le ministre dirait probablement qu'une société d'État avait le contrôle, et ajouterait « que pouvons-nous faire »?
Les libéraux ont créé ces sociétés d'État, et on ne peut rien faire? Juste ciel, ils ont détenu le pouvoir pendant 80 ans sur les cent dernières années. Ils pourraient corriger toutes ces erreurs s'ils étaient sérieux, mais ils ne le feront pas. Ils ne corrigeront pas leurs erreurs. Pourquoi? Parce qu'ils doivent revenir en arrière et faire de l'introspection pour corriger les erreurs qu'ils ont faites. Ils ont une propension à l'erreur, c'est ce que j'ai toujours constaté.
Je me souviens que, il y a environ un an, à l'occasion des célébrations du jour J, on a appris que les libéraux allaient envoyer 60 anciens combattants et 70 bureaucrates. Les députés s'en souviennent-ils? Le gouvernement a changé d'avis, mais ce qui m'a paru fascinant, c'est que les libéraux ont changé d'avis parce qu'on les couvrait de honte. Toujours la même rengaine: ne jamais faire ce qui est bon par principe, le faire sous la menace d'avoir honte. En fin de compte, le gouvernement a apporté son aide à des anciens combattants canadiens et en a envoyé quelques-uns en plus. Les libéraux n'avaient pas le choix, les projecteurs étaient braqués sur eux.
Cela ressemble au fouillis constaté dans le scandale des commandites. Lorsque les libéraux sont sous les projecteurs, que disent-ils? Qu'ils vont se repentir. Le premier ministre était dans tous ses états, il allait mettre de l'ordre dans tout cela. Oui, il allait régler le problème parce que tout le monde était au courant à ce moment-là; mais cela se passe toujours ainsi et c'est certainement ce qui s'est passé pour les gens de Mirabel.
J'espère que les expropriés de Mirabel suivent les délibérations au sujet de cette motion, tout comme ceux qui ont été expropriés inutilement lors de l'aménagement de la Voie maritime du Saint-Laurent. J'espère que toutes les victimes des gouvernements prendront connaissance de cette motion et suivront le débat. Ils constateront la même chose que ce qui s'est produit au cours des années 80. Chaque fois que la question a été soulevée, le gouvernement a refusé de l'aborder. Les libéraux sont prêts à parler de n'importe quoi d'autre, de 100 questions différentes, même du prix du café, et ils diront: « parlons de tel sujet ». Mais si nous proposons de parler de Mirabel, ils voudront faire autre chose.
Il s'agit de la partie honteuse de l'héritage de Trudeau, mais je dis à ces députés qu'ils ne sont pas obligés de rester pris avec cette décision. Ils devraient faire ce qu'il faut faire. Unissons nos forces. Le gouvernement en place est minoritaire. À nombre de reprises, le ministre des Transports m'a affirmé qu'il pouvait faire preuve de souplesse et souhaitait collaborer avec les gens; alors donnons-lui l'occasion de collaborer avec nous.
Il ne veut pas parler de ces 11 000 expropriés. Il affirme qu'il y a des problèmes de procédure et qu'il y a des contrats. Il y a aussi un homme dans la lune. Il y a toujours quelque chose pour les empêcher d'agir. Selon moi, ils devraient faire ce qui est juste et les Canadiens l'en remercieront.
J'espère que les députés libéraux se respecteront et diront: « Oui nous formons un gouvernement minoritaire. Nous voulons travailler en collaboration avec les autres. Nous avons commis une erreur, il y a longtemps. Nous admettons notre erreur. Allons de l'avant et venons en aide aux intéressés, parce que ce serait justice de le faire. »
:
Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de participer au débat sur la motion du Parti conservateur qui est libellée comme suit:
Que la Chambre demande au gouvernement de prendre les mesures qui s'imposent pour revendre les 11 000 acres de terres arables aux familles et aux agriculteurs qui ont été expropriés de leurs terres pour la construction de l'aéroport de Mirabel.
Avant d'aborder le contenu même de cette motion et les raisons pour lesquelles je ne l'appuierai pas, j'aimerais donner un aperçu historique de toute la question, à savoir comment nous en sommes arrivés à l'expropriation et, ensuite, à la signature par un gouvernement conservateur et ADM d'un bail à long terme, transférant à celle-ci tous les droits en tant que propriétaire.
Que l'on me permette de mettre en contexte le développement des aéroports de Montréal dans une perspective historique et géographique.
L'aéroport de Montréal, Pierre Elliott Trudeau, est situé dans ma circonscription depuis la dernière reconfiguration des limites des circonscriptions fédérales. L'arrondissement qui deviendra bientôt la municipalité de Dorval est inclus dans ma circonscription de Notre-Dame-de-Grâce—Lachine. Ainsi, je sais ce que c'est que d'avoir un aéroport international en milieu urbain et je connais les difficultés que cela peut causer pour le voisinage, les citoyens et citoyennes qui résident ce secteur.
Historiquement, Montréal a toujours été une porte d'entrée en Amérique du Nord, d'abord sur le plan maritime, puis routier, ferroviaire et finalement aérien. L'histoire de Montréal est intimement liée au développement des transports et au commerce. En tête de la Voie navigable du Saint-Laurent, à la jonction du Richelieu et de la rivière Outaouais, Montréal est devenue une plaque tournante du commerce et du transport des passagers en Amérique du Nord.
À mesure que le continent s'est développé, Montréal a renforcé sa position de carrefour des transports. Montréal a toujours été et restera un trait d'union entre l'Amérique et le reste du monde.
Le climat à la suite de la Deuxième Guerre mondiale a permis un développement accéléré de Montréal. Son emplacement géographique, les progrès technologiques, l'industrialisation et les politiques d'État ont contribué à accentuer cette progression. Cette situation a éventuellement apporté à la ville un niveau de trafic aérien qui a dépassé les besoins propres de sa communauté et lui a permis d'être considérée comme carrefour des transports transcontinentaux.
L'aviation commerciale à Montréal est donc en lien avec cette tradition de commerce international. Des sociétés aériennes du monde entier en ont fait l'une de leurs destinations pivots. Il ne faut pas oublier non plus que l'aviation commerciale demeure un élément indispensable aux entreprises touristiques, industrielles et de services.
Pour expliquer Mirabel, il faut d'abord comprendre l'évolution de l'aviation au Canada. Dans les années 1950, les avions à pistons, comme le Constellation et le DC-7, étaient utilisés pour presque toutes les liaisons entre l'Amérique du Nord et l'Europe.
C'est avec la mise en service du DC-8 et du Boeing 707 que les premières traversées transatlantiques ont été effectuées. On vivait alors une nouvelle ère dans le monde des transports.
Dans les années 1950, les gouvernements de cette période se sont penchés sur les besoins futurs du transport aérien dans la région de Montréal. La conclusion à cette époque était qu'il fallait construire à Montréal un nouvel aéroport international.
Cette conclusion venait, entre autres, de données recueillies dans le cadre d'une étude menée un peu avant l'Expo 67. Je pense que plusieurs en cette Chambre se rappellent de l'Expo 67. Cette étude démontrait que les besoins à plus long terme nécessitaient la construction d'un nouvel aéroport international. Les prévisions d'alors indiquaient qu'à ce rythme, malgré des projets d'agrandissement, l'aéroport de Dorval, maintenant connu sous l'appellation Pierre-Elliott Trudeau, atteindrait un nouveau point de saturation vers 1985. Un nouvel aéroport était donc la solution concluante de cette étude afin de combler les besoins de la métropole dans le futur.
Le choix de l'emplacement du nouvel aéroport s'est alors porté sur Sainte-Scolastique, formé à ce moment de 14 villes et villages, regroupés par la suite en une seule municipalité, Mirabel. La construction de l'aéroport a débuté en juin 1970. Deux pistes d'atterrissage de 12 000 pieds, des voies de circulation, une aérogare, une tour de contrôle et des bâtiments de service ont été construits au coût approximatif de 350 millions de dollars.
L'aéroport Mirabel a été inauguré le 4 octobre 1975. Mirabel est le dernier-né des aéroports de calibre international de cette dimension.
Le gouvernement de l'époque a vu grand pour ce projet et un secteur de 98 000 acres a été réservé pour la construction de cet aéroport. Le tampon protecteur réservé autour de l'aéroport avait pour objectif d'empêcher que n'entrent en conflit les besoins de l'aéroport et ceux du développement urbain. Mirabel a été érigé à 45 minutes du centre-ville de Montréal, là où toutes les chances voulaient que ce nouvel aéroport puisse se développer sans gêner la population avoisinante.
Peu après la mise en service de Mirabel, de grandes turbulences ont secoué le domaine de l'aviation. Bien que qualifié de merveille technologique, le Boeing 747, qui a connu une très grande popularité auprès des compagnies aériennes, a définitivement repositionné le transport aérien mondial. Ce faisant, il devenait plus difficile pour certaines destinations de rentabiliser l'utilisation d'un tel appareil à cause du nombre de passagers et des infrastructures requises.
Les transporteurs aériens ont aussi revu leur mode d'opération en éliminant les vols long-courriers avec escales et en préférant des distances plus longues, mais directes. Dans un cadre de rentabilité, les transporteurs aériens ont concentré leurs vols dans les aéroports où ils étaient susceptibles d'attirer le plus de trafic.
Plus tard encore, la libéralisation du transport aérien aux États-Unis a aussi eu des répercussions majeures privant Montréal d'un important trafic en provenance de l'intérieur du pays. Les transporteurs aériens ne pouvaient plus desservir les États-Unis en prolongeant leur service sur Montréal. Pour rester concurrentiels, les transporteurs ont ainsi abandonné les escales comme Montréal.
La conjoncture économique des années 1990 a aussi eu un impact marqué pour plusieurs transporteurs aériens internationaux et les évènements du 11 septembre 2001 ont également contribué au bouleversement qu'a connu l'aviation mondiale. Au Canada, le résultat de ces bouleversements majeurs s'est traduit par la fusion, la fermeture et la rationalisation de plusieurs transporteurs aériens d'envergure nationale et internationale et a manifestement ralenti ce secteur de notre économie.
Par exemple, au premier trimestre de 2002, le nombre de départs de vols passagers à Mirabel seulement est passé de 94 par semaine à 56. ADM a donc pris les décisions qui s'imposaient pour elle dans un tel contexte, afin de maximiser la rentabilité des installations aéroportuaires et ainsi assurer une saine gestion.
Retournons un peu dans le passé. En 1985, suite aux changements qui prenaient forme dans le domaine de l'aviation et à Mirabel, le Conseil du Trésor a approuvé les modalités du programme de revente de 80 000 acres de terrains excédentaires et la mise en place d'un programme de relance agricole.
En 1988, 784 acres de terrains expropriés ont été ajoutées aux 80 000 acres. Par la suite, 11 000 acres de terrains de réserve aéroportuaire ont été louées à long terme et un programme de relance agricole a été offert aux locataires.
Un comité spécial a été mis sur pied pour préciser les modalités du programme de location et du programme de relance agricole. Ce comité a recommandé la signature d'un bail d'une durée de 20 ans, avec des options de renouvellement pour des périodes successives de cinq ans, jusqu'à ce que ces terrains soient requis pour des besoins aéroportuaires.
Finalement, en 1992, la gestion des aéroports a été confiée à la société Aéroports de Montréal, connue sous la désignation ADM, ce qui a aussi permis d'établir un cadre qui définit clairement le rôle du gouvernement fédéral dans la gestion des aéroports.
J'aimerais ouvrir une petite parenthèse. Cette motion vient du Parti conservateur, appuyé par le Bloc. C'est à mon avis une alliance malsaine. Toutefois, ce que le Parti conservateur néglige de dire, c'est que c'est le gouvernement conservateur qui a transféré en 1992 la gestion des aéroports à la société Aéroports de Montréal.
Ensuite, c'est le gouvernement conservateur qui a signé un bail avec ADM, leur transférant les propriétés des terres qui sont maintenant contestées pour Mirabel. Toute la gestion leur a été confiée. ADM est donc seule responsable d'assurer de façon autonome la gestion financière et opérationnelle des aéroports Montréal-Trudeau et Mirabel. ADM assure seule la gestion des 131 baux sur les terrains dont il est question et dont elle a la responsabilité. La décision quant à l'utilisation actuelle ou éventuelle de ces terrains relève exclusivement de son autorité. Je le répète, cela relève exclusivement de l'autorité d'ADM.
De son côté, le gouvernement fédéral, en tant que propriétaire de ces aéroports, garantit l'intégrité et la viabilité à long terme de ce réseau national d'aéroports.
Ce rôle du gouvernement s'inscrit dans la politique nationale des aéroports mise en oeuvre en juillet 1994, qui offre aux groupes locaux la possibilité de devenir propriétaires et exploitants. Elle permet aux collectivités qui prennent en charge les installations aéroportuaires de tirer davantage profit de leurs aéroports, d'adapter les niveaux de service aux besoins locaux et d'attirer de nouveaux et différents types d'entreprises.
Transports Canada, quant à lui, assure par son rôle de régulateur la sécurité du public voyageur et contribue à l'amélioration des installations aéroportuaires. Cela constitue le rôle véritable d'un gouvernement.
J'ai mentionné tantôt que je trouvais que le fait que le Bloc appuie la motion des conservateurs démontrait, à mon sens, une alliance malsaine. Pourquoi dis-je cela?
Premièrement, je dis cela parce qu'il y a un bail. Hier soir, lors d'un débat d'urgence, nous avons débattu de la situation en Ukraine, et plusieurs députés en cette Chambre ont dit qu'il était nécessaire que la règle de droit soit respectée. Plusieurs députés ont aussi dit que la Cour suprême de l'Ukraine devrait se pencher sur l'illégalité des élections et la décision annoncée par la commission centrale des élections en Ukraine. En effet, les résultats donnent la victoire au premier ministre plutôt qu'au candidat opposé et ce résultat est manifestement contesté par le peuple de l'Ukraine.
Toutefois, aujourd'hui, les conservateurs et les bloquistes nous disent de faire fi de la loi et de faire fi du bail. Ils critiquent le gouvernement d'avoir exproprié trop de terres, mais ils nous disent de faire fi de la loi, de résilier le bail, et de revendre les terres. Le député d'Argenteuil—Papineau—Mirabel a même eu le front de dire: « Et si jamais, pour le développement de Mirabel, il s'avérait qu'ADM avait besoin de plus de terres, le gouvernement aurait simplement à exproprier à nouveau ». Quel non-sens!
On nous blâme parce que des terres ont été expropriés. On nous dit de revendre les 11 000 acres aux agriculteurs qui, en vertu des baux légaux, opèrent et exploitent ces 11 000 acres de terres agricoles. Maintenant, on nous dit de résilier le bail avec ADM et de revendre ces terrains. De plus, le Bloc ajoute: « Si jamais on s'est trompés, ce n'est pas grave. Le gouvernement a seulement à exproprier de nouveau. » Quel non-sens! Quel malhonnêteté!
Au moins, qu'ils soient logiques. S'ils nous disent que l'expropriation n'était pas correcte la première fois, ils devraient faire attention aux solutions qu'ils proposent et s'assurer que l'erreur qu'ils disent avoir été commise la première fois ne se répète pas.
Deuxièmement, le ministre des Transports, lors de son discours sur cette motion, a clairement dit que ADM a lancé un appel d'offres concernant des projets de développement, des plans de développement économique d'envergure dans la région. ADM a donc reçu une trentaine d'offres. Après avoir fait une présélection, ils ont demandé à quatre d'entre elles de formuler un plan encore plus détaillé. Ce sont des plans qui pourraient impliquer des milliers d'emplois. Bombardier pourrait éventuellement vouloir s'intéresser à cela.
Cependant, le Bloc, qui dit toujours que lui seul peut représenter les intérêts du Québec, fait fi de cela. Il préfère faire de la petite politique avec les conservateurs concernant ce dossier. C'est honteux et scandaleux.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de Nepean—Carleton.
Avant de m'attaquer au fond de la motion conservatrice dont nous discutons aujourd'hui à la Chambre, en tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture et d'agroalimentaire, je voudrais profiter de l'occasion pour honorer les hommes et les femmes de ce pays qui, jour après jour, travaillent sans relâche pour produire et transformer les aliments que nous consommons.
Non seulement la valeur du travail de ces hommes et de ces femmes est oubliée, mais pour ajouter l'insulte à l'injure, au cours des dernières décennies, les divers ordres de gouvernement ont rendu la vie des producteurs sur leur exploitation de plus en plus difficile. Qu'il s'agisse d'une réglementation très lourde, de lois malavisées, de programmes d'aide bien imparfaits ou d'un abandon complet en temps de crise, les Canadiens producteurs et les familles agricoles ont grandement souffert sous le gouvernement libéral.
Malgré le manque de respect habituel du gouvernement libéral à l'égard de la collectivité agricole, les producteurs et les transformateurs canadiens continuent de nous offrir les denrées alimentaires les plus sûres et les plus abondantes du monde.
Même si on les a en grande partie abandonnés à leur sort durant la crise actuelle de la vache folle, les producteurs de bovins et d'animaux de ferme continuent de poursuivre leurs activités en ayant beaucoup de ressort et une grande détermination à voir la lumière au bout du tunnel.
Dans ma circonscription seulement, de nombreux producteurs avec lesquels j'ai parlé et que je suis allée rencontrer m'ont dit à quel point ils étaient exaspérés par les initiatives bureaucratiques et réglementaires auxquelles ils sont confrontés à cause de la gestion catastrophique du dossier agricole par le gouvernement libéral.
Les producteurs agricoles ont une relation unique et évidente avec les terres qu'ils possèdent et leur exploitation agricole. Pour de nombreux agriculteurs, leurs terres leur viennent de leurs ancêtres, ce qui remonte à plusieurs générations. Cette transmission de l'exploitation agricole familiale d'une génération à l'autre est depuis longtemps la réalité pour de nombreuses familles agricoles. Malheureusement, à cause du manque de soutien et de respect que le gouvernement libéral accorde aux familles agricoles canadiennes, le rêve de transmettre l'exploitation familiale à la prochaine génération s'évanouit pour beaucoup trop de familles agricoles canadiennes.
Il est inadmissible que ce rêve soit brisé par la mauvaise gestion et la mauvaise politique du gouvernement, et les libéraux doivent s'attaquer à ce problème. Les familles agricoles canadiennes méritent d'être respectées par tous les ordres de gouvernement. Le gouvernement libéral continue de faire fi des questions rurales. Mes électeurs en ont assez d'entendre parler du programme urbain des libéraux et du versement d'une partie de la taxe sur l'essence aux villes. Ils exigent mieux de leur gouvernement.
Mes électeurs exigent que le gouvernement soit sensible, si j'ose dire, aux intérêts du monde rural. C'est le désintéressement à l'égard des agriculteurs qui a entraîné la polarisation croissante entre les mondes rural et urbain au Canada. C'est une honte.
En ce qui concerne la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, la mauvaise gestion des libéraux et leur manque de respect à l'égard du monde agricole est flagrante si l'on regarde la sitation dans laquelle se sont trouvés les agriculteurs québécois qui se sont fait exproprier par le gouvernement libéral pour la construction de Mirabel.
Avant de poursuivre, j'estime très paradoxal que l'aéroport Mirabel ait été en bonne partie le projet de l'ancien premier ministre, le très honorable Pierre Elliott Trudeau. Cela dit, le comble de l'ironie c'est que l'autre aéroport de Montréal porte actuellement son nom. Peut-être le Parti libéral a-t-il cherché ainsi à camoufler l'héritage de l'ancien premier ministre à l'origine de l'éléphant blanc de Mirabel? Mais je digresse.
Un principe général règne dans le système judiciaire de notre pays: réparer ses torts passés. À titre d'exemple, le gouvernement libéral admet qu'il doit corriger les torts du fédéral à l'égard des peuples autochtones du Canada. À ce chapitre, le gouvernement fait ce qu'il faut faire.
En ce qui concerne les injustices faites par les libéraux aux victimes canadiennes de l'hépatite C, le gouvernement a récemment accepté d'indemniser celles-ci. Dans ce dossier, je tiens à féliciter mes collègues du Parti conservateur qui ont réclamé justice sans relâche à l'égard de ces victimes. À ce sujet, j'aimerais principalement féliciter de leur incessante recherche de justice notre critique pour la santé, le député de Charleswood—St. James—Assiniboia ainsi que le député conservateur de Yellowhead et l'ancien député de Macleod, le Dr Grant Hill.
En capitulant sur la question de l'indemnisation des victimes de l'hépatite C, le gouvernement libéral a fait ce qu'il fallait faire. Le Parti conservateur félicite le gouvernement pour ses récentes décisions dans ce dossier, même si elles se sont fait longuement attendre. Par contre, les libéraux continuent de faire du sur-place dans d'autres dossiers où ils ont visiblement adopté de mauvaises politiques et pris de mauvaises décisions de gestion.
C'est un secret de polichinelle que les libéraux ont demandé aux Canadiens de leur faire confiance au sujet du registre des armes à feu. Ils ont dit aux contribuables qu'il en coûterait seulement 2 millions de dollars. Nous savons que les libéraux n'ont jamais été bons en mathématiques et que leurs projections pour ce qui est du coût total de ce registre n'ont raté la cible que d'un ou deux milliards de dollars.
Les libéraux devraient avoir honte d'avoir traité les deniers publics avec autant de négligence et avec aussi peu de respect. Au nom de mes électeurs, j'exige que le gouvernement libéral admette qu'il a géré de façon catastrophique le registre des armes et qu'il fasse ce qui s'impose, soit l'abolir complètement.
Pour passer à l'objet du débat d'aujourd'hui, l'incroyable attachement des agriculteurs à leurs terres est justement ce qui rend l'histoire de Mirabel aussi odieuse. Chasser 3 200 familles de leur terre agricole pour s'emparer de 97 000 acres, une superficie qui équivaut aux deux tiers de la ville de Montréal, cela dépasse l'entendement.
Cette expropriation massive a chassé près de 12 000 personnes. Dans des biens des cas, on a eu recours à la force. Beaucoup de maisons ont été démolies, des magasins ont dû fermer et des familles ont été éjectées. Le ministère des Transports a virtuellement tué l'économie de dix villages. On a demandé aux anciens propriétaires de louer pendant une période indéterminée les biens qui leur appartenaient jusque-là.
Pour bien montrer à quel point la gestion que les libéraux ont faite de ce dossier a été catastrophique, disons que, sur les 97 000 acres expropriées pour l'aéroport, Mirabel n'en a jamais utilisé plus de 5 000 pour l'exploitation aéroportuaire. C'est moins de 5 p. 100 de toute la superficie.
Ce n'est que sous un gouvernement conservateur qu'on a réparé en grande partie les torts causés à ces familles d'agriculteurs. Dans les années 1980, 80 000 acres ont été rétrocédées aux propriétaires. On le doit en grande partie au travail acharné de la députée conservatrice Lise Bourgault et à l'appui de Roch LaSalle, alors ministre des Travaux publics.
[Français]
Nous revoici plongés dans une situation qui prouve à nouveau que les libéraux sont de piètres gestionnaires des deniers publics. L'aéroport de Mirabel est un éléphant blanc qui témoigne de l'arrogance, de l'esprit de gaspillage et de la mauvaise gestion des libéraux.
Les familles agricoles qui habitent dans le coin veulent tourner la page et reprendre le cours normal de leur vie. Il est grand temps que le gouvernement libéral assume la responsabilité de cet éléphant blanc et présente ses excuses aux familles qui ont été si maltraitées dans cette affaire.
En outre, à moins que le gouvernement libéral ne puisse démontrer sans équivoque la nécessité de conserver les 11 000 acres de terres inutilisées à Mirabel, il devrait les rétrocéder aux agriculteurs.
De ce côté-ci de la Chambre, nous comprenons la souffrance de ces gens et sympathisons avec eux. J'espère que le gouvernement libéral reconnaîtra qu'il a mal agi, qu'il prendra ses responsabilités et qu'il fera amende honorable.
:
Monsieur le Président, en ce qui concerne toutes ces questions, il est important de ne pas oublier, comme le député d'en face l'a fait remarquer, la nécessité d'unir nos efforts pour promouvoir les intérêts de tous les Canadiens.
Pour cela, j'aimerais transmettre rapidement, au nom de tous les parlementaires, nos félicitations aux dix finalistes du prix Si j'étais premier ministre, qui viennent d'être félicités à la Chambre, au Parlement du Canada, et qui ont réussi à suggérer de nouvelles idées fantastiques pour l'avenir de notre pays. Il s'agit de: Ashley Androsoff, Paul Beaudry, Sean Keating, Jason MacLean, Alim Morali, Yongxin Quan, Cameron Sabadoz, Juda Strawczynski, Tian White et Wendy Yu.
[Français]
Je voudrais aussi féliciter le député de Vaughan—King—Aurora pour avoir créé cette occasion pour les jeunes de mettre leurs idées à contribution et de proposer des idées pour améliorer notre pays.
[Traduction]
Nous sommes saisis d'une motion très importante.
[Français]
Cette motion indique que le Parti conservateur est le seul parti qui défende les intérêts des Québécois et des Québécoises. Il est clair que le ministre des Transports a oublié sa province. Il est vrai aussi que tous les partis ici travaillent ensemble pour trouver une solution juste pour les agriculteurs. Il est vraiment triste et malheureux que les libéraux ne veuillent pas travailler avec nous pour régler ce vrai problème. Ils ont décidé d'être totalement partisans et de placer leurs intérêts partisans avant ceux des Québécois et des Québécoises.
Je suis fier d'être ici comme conservateur.
[Traduction]
Analysons donc cette situation. Des agriculteurs ont été expropriés par le gouvernement libéral pour permettre un cafouillis, un gaspillage massif d'argent des contribuables et, finalement, un échec total. Ce scandale est bien entendu le résultat de la tradition de gaspillage et de mauvaise gestion du gouvernement libéral.
Aujourd'hui, nous proposons, de concert avec nos collègues de l'opposition, de rétablir la justice dans ce dossier, de redresser les torts subis par les agriculteurs du Québec dans le périmètre de l'aéroport de Mirabel—ces agriculteurs dont les terres ont été expropriées et qui, maintenant, souhaiteraient rétablir leur mode de vie.
Il y a cependant un plus grand enjeu dans ce dossier.
[Français]
Le gouvernement libéral a abandonné les intérêts du Québec, mais aussi ceux des agriculteurs.
[Traduction]
Ils sont contre les intérêts des agriculteurs, et leur refus de reconnaître la nature fondamentale des droits de propriété en est un exemple parfait.
Le droit de propriété est un principe fondamental inhérent à la liberté humaine. Or, le parti d'en face nie constamment ce droit. Dans toute société libre et démocratique, le droit d'une personne à cultiver une propriété et à en tirer l'usufruit est inaliénable. Il faut protéger ce droit. Dans toute société libre, le droit de propriété est un principe fondamental. Au départ, il faut dire que le gouvernement a rejeté, de façon irréfléchie, ce principe démocratique élémentaire lorsqu'il a exproprié ces terres.
Que faisons-nous maintenant? Le Parti conservateur a présenté une motion visant à réparer cette injustice flagrante et à revendre aux propriétaires désireux de racheter les terres qui leur ont été expropriées.
Évidemment, pour des raisons politiques, les libéraux ne peuvent pas appuyer cette motion. S'ils le faisaient, ils seraient forcés d'admettre qu'ils ont eu tort d'exproprier. Il va sans dire qu'il est hors de question pour les libéraux d'admettre leurs torts. Ils ne le font jamais.
Lorsqu'ils ont perdu un quart de milliard de dollars dans la combine des contrats de publicité et après avoir harcelé les agriculteurs et les chasseurs avec un registre des armes à feu qui a coûté 2 milliards de dollars, soit mille fois plus que prévu, ils n'ont pas admis leur erreur. Il en a été de même lors de la disparition d'un milliard de dollars à DRHC. Pourtant, c'était un gigantesque cafouillage. Pas question pour les libéraux d'avoir tort.
Certains députés ont tellement peur d'admettre leurs torts qu'ils préfèrent carrément contourner les problèmes.
C'est pour cette raison que je suis fier de collaborer avec d'autres députés de l'opposition sur cette motion. Je n'hésite pas une seconde à dire que d'autres partis d'opposition appuient cette motion parce qu'elle fait non seulement valoir les intérêts des agriculteurs et des Québécois, mais aussi ceux des Canadiens.
Il est tout de même intéressant que le ministre des Transports, l'un des membres fondateurs du Bloc québécois séparatiste, prenne la parole à la Chambre et prétende qu'il y a une alliance malsaine entre le Bloc québécois, le Parti conservateur et le NPD, simplement parce qu'ils appuient la même motion. En fait, la seule chose qui est malsaine, c'est le mépris total qu'affiche son parti pour les droits de propriété, la décence fondamentale, l'honnêteté et la réparation de l'injustice terrible qu'ont subie les agriculteurs.
Ce soir, je m'adresserai à un groupe d'agriculteurs de ma circonscription. L'Ottawa Federation of Agriculture nous a invités, mon chef et moi, à répondre à ses préoccupations. Ses membres sont fâchés que le gouvernement libéral refuse d'appuyer leur objectif de réouverture de la frontière aux bovins canadiens sur pied. Ils sont fâchés que le gouvernement ne défende pas suffisamment le système de gestion de l'offre qui leur assure une qualité de vie. Ils sont fâchés de voir que, alors que le prix des produits grimpe, les impôts continuent de monter. Et ils sont fâchés de constater que le gouvernement libéral ne semble pas avoir d'intérêt ni de plan pour les collectivités rurales.
Voilà pourquoi le Parti conservateur leur présentera un vrai programme rural visant à appuyer les buts et les objectifs de la gestion de l'offre, à lutter pour l'ouverture de notre frontière grâce à de bonnes relations bilatérales avec notre plus important partenaire commercial, à éliminer le cafouillis d'un milliard de dollars, le registre des armes à feu, et à affecter ces fonds à la sécurité pour que nous puissions vraiment protéger notre mode de vie et la sécurité de la population.
Nous défendrons les intérêts des agriculteurs ce soir à cette réunion. J'aimerais que des libéraux nous accompagnent, mais malheureusement aucun d'entre eux n'est intéressé.
Cela nous ramène à la motion à l'étude. Les agriculteurs dont les terres ont été expropriées souhaitent simplement avoir le droit de les racheter à leur juste valeur et de reprendre leur mode de vie auquel le gouvernement libéral et les gouvernements libéraux précédents ont brusquement mis fin.
Nous voyons qu'il n'y a aucune sympathie pour les agriculteurs de l'autre côté de la Chambre. Plus tôt aujourd'hui, un de mes collègues a demandé au ministre des Transports pourquoi il ne parle jamais des agriculteurs dont les terres ont été expropriées. Le ministre parle de tous ses beaux projets pour ces terres. Pourquoi ne corrige-t-il pas la situation difficile des agriculteurs qui ont perdu leur mode de vie? Il a pris la parole pour répondre à cette question, mais il a continué de l'esquiver.
Ce gouvernement n'a jamais reconnu les souffrances qu'il a causées, the familles qui ont été déchirées, les entreprises qui ont fermé leurs portes et les morts causées par l'immense stress qu'ont subi les gens après avoir appris que leur mode de vie changerait radicalement et brutalement.
Nous avons une chance de commencer à réparer cette erreur. Je vous demande, monsieur le Président, de vous joindre à nous dans nos efforts pour réparer l'erreur qui a été faite.
Nous avons une motion qui unit tous les partis de l'opposition pour réparer l'erreur. En fait, je demande, en faisant fi de la partisanerie pour un moment, qu'un député de l'autre côté prenne la parole et nous dise qu'ils changeront de position et qu'ils appuieront cette motion. Ils admettront qu'ils se sont trompés et redresseront cette injustice.
Monsieur le Président, je...
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole sur la motion que nous avons devant nous cet après-midi. Je veux remercier les conservateurs de nous donner la chance de débattre de cet enjeu très important. J'ai comme l'impression qu'ils se sont légèrement inspirés de la motion que nous débattrons cet après-midi, au Comité permanent des transports. J'ose croire qu'ils nous appuieront, que le NPD nous appuiera et peut-être quelques députés du Parti libéral, qui démontrera une certaine ouverture.
Il est important de faire revivre l'histoire et de faire un rappel des évènements pour mieux se souvenir. La chronologie des évènements est simple, mais le bilan est dramatique. Des évènements à se souvenir pour que l'histoire ne se répète plus, mais que certains voudraient oublier tellement les pertes sont incalculables.
Outre le débat politique, il y a aussi le débat économique, mais sans doute, le plus important, est le débat émotif entourant la saga de l'aéroport de Mirabel, ce que d'ailleurs mon collègue d'Argenteuil—Papineau—Mirabel a très bien expliqué.
Pensons à la perte de ces terres fertiles qui comptent parmi les plus belles terres du Québec. Pensons à la perte de ce patrimoine unique. Un coût humain hors de proportion, des fermes complètement démolies, brûlées, des commerces détruits, des espoirs déçus.
Il s'agit de plus de 3 000 familles qui sont touchées et plus de 10 000 personnes expropriées, complètement déracinées de leurs terres familiales. C'est le débat émotif, le drame humain pratiquement irréparable et qu'encore, aujourd'hui, le ministre des Transports refuse de reconnaître.
Pour mieux se souvenir, rappelons qu'en mars 1969, le gouvernement fédéral annonçait son intention de construire le nouvel aéroport international de Montréal, mieux connu sous le nom de Mirabel. Pour mettre son projet de l'avant, le gouvernement a alors décidé d'exproprier à Mirabel 97 000 acres des meilleures terres arables du Québec. C'est à ce moment que le drame humain commence. C'est à ce moment qu'il prend son ampleur, mais pire, cela ne s'arrête pas là.
Il s'agit de la plus vaste entreprise d'expropriation jamais vu au Canada. C'est un projet dix fois plus grand que celui des plus grands aéroports du monde, 27 fois la superficie de l'aéroport de Dorval. Le gouvernement a exproprié près de 20 fois plus d'espace que nécessaire, un territoire plus grand que Laval. Chez nous, on appelle cela « avoir des idées de grandeur » et lorsque je parle à mes enfants, je leur dis qu'ils ont les yeux plus grands que la panse.
Le 4 octobre 1975, le nouvel aéroport entre en service. Le gouvernement libéral de Pierre-Elliott Trudeau inaugurait en grande pompes l'aéroport de Mirabel. Je n'ai pas entendu son allocution puisque j'étais encore toute jeune, mais j'ai vu des reprises, en noir et blanc. Aujourd'hui, quand j'entendais le ministre des Transports, j'avais comme l'impression que M. Trudeau était revenu.
M. Trudeau, à l'époque, a qualifié Mirabel de projet du siècle. Il soutenait alors que l'achalandage passerait rapidement à 4, 6, 10 millions de passagers, pour être multipliés par 6 dans 50 ans. On est bien loin du compte et aujourd'hui, on peut plutôt qualifier ce projet de fiasco du siècle. L'histoire nous le confirme.
Le 20 février 1996, ADM annonçait le transfert des vols passagers internationaux de Mirabel vers Dorval. Le 31 octobre dernier, nous avons assisté, dans le désarroi total, au dernier atterrissage de passagers à Mirabel.
Comment se fait-il qu'on ait assisté à la fermeture du seul aéroport d'envergure international, pourtant capable de compétitionner avec l'aéroport Pearson de Toronto? Comment se fait-il qu'on ait assisté à la fermeture d'une porte d'entrée de l'Est de l'Amérique du Nord, capable de garantir, au Québec, une place de choix sur la scène internationale?
L'histoire nous enseigne que les décisions d'Ottawa, depuis 1970, sont à l'origine de la situation actuelle. Encore une fois, un autre scandale, causé par la mauvaise gestion des libéraux: Octobre 2004 aura marqué la triste fin de ce qui devait être une plaque tournante du transport aérien dans le nord-est américain. On peut qualifier cette saga de fiasco monumental, de gaspillage éhonté de fonds publics, de décisions qui ont desservies les intérêts du Québec, mais surtout des intérêts de la population de Mirabel, des agriculteurs et des gens qui croyaient au développement de leur région, des gens d'affaires qui croyaient au développement économique du Québec.
Plusieurs décisions ont conduit à ce désastre économique. Par exemple, si le gouvernement fédéral avait été conséquent avec sa décision d'investir dans Mirabel, il n'aurait pas avantagé systématiquement l'aéroport de Toronto au détriment de Montréal, puisque c'est le gouvernement fédéral qui accorde les lignes aériennes internationales.
Les voyageurs de l'Est du Canada se trouvent dans une situation déplorable où ils doivent transiter par Toronto pour se rendre en Europe, alors que Montréal est géographiquement mieux placée pour desservir cette région.
Résultat: tous y perdent, les voyageurs comme l'économie du Québec.
Si le gouvernement fédéral avait été conséquent, il aurait complété le projet de Mirabel de façon à le rendre pleinement concurrentiel. Par exemple, il aurait terminé les infrastructures essentielles au développement de l'aéroport, c'est-à-dire les autoroutes 13 et 50, ainsi que le lien ferroviaire avec Montréal. Toutefois, il ne l'a pas fait. En fait, il n'a rien fait.
Par contre, Ottawa a injecté plus de 200 millions de dollars cette année, pour la construction d'un lien air-rail à Toronto. J'appelle cela de la pure incohérence; j'irais même jusqu'à dire de la parfaite insouciance. D'une main, on investit des millions de dollars dans le développement d'un nouvel aéroport international à Montréal et, de l'autre, on donne à un aéroport de Toronto les lignes aériennes internationales, les infrastructures nécessaires, en fait tous les moyens pour se développer. On donne à Toronto tout ce dont Mirabel aurait eu besoin pour se développer et assurer son avenir.
Le gouvernement sera mis à l'épreuve prochainement puisque le nouveau ministre des Transports a parlé dernièrement de l'importance d'avoir un lien direct avec Dorval. J'espère que, cette fois, il a compris que tout projet ne peut atteindre son plein développement économique s'il demeure inachevé.
Je viens de vous faire le triste bilan du passé. Parlons maintenant d'avenir parce que je suis fondamentalement une personne positive et que j'ai comme philosophie de m'inspirer des erreurs du passé pour grandir, pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Alors parlons d'avenir, parlons d'espoir et de projets concrets pour, premièrement, redonner aux agriculteurs et aux anciens expropriés de Mirabel des perspectives d'avenir intéressantes et viables à long terme.
La motion présentée aujourd'hui est vitale pour les agriculteurs et les anciens expropriés qui demandent une rétrocession des 11 000 acres de terre expropriées en trop. Actuellement, ces terres sont louées jusqu'en 2023 mais la mise en valeur de ces terres est compromise par la nature locative, et donc temporaire, des droits des agriculteurs qui les exploitent. Il leur est difficile de convaincre les institutions financières de leur prêter de l'argent pour investir dans leurs installations. En outre, ils hésitent à entreprendre des travaux coûteux susceptibles d'améliorer leurs terres puisqu'ils ignorent combien de temps ils les exploiteront.
Si le gouvernement veut poser un premier geste concret pour écrire son nouveau chapitre, comme l'a si bien dit le ministre des Transports, j'ai déjà un titre à lui proposer: « Corriger les erreurs du passé et rétrocéder les terres aux agriculteurs de Mirabel ». Le ministre a l'occasion de marquer l'histoire, de faire les choses différemment de ses prédécesseurs. J'ai hâte de voir ce qu'il fera.
Le Bloc québécois a posé beaucoup de questions en Chambre à ce sujet et, chaque fois, le ministre des Transports et son secrétaire parlementaire se sont rabattus sur un bail intervenu entre le gouvernement du Canada et ADM. Le ministre des Transports en a encore fait mention aujourd'hui en Chambre. Cependant, mon collègue d'Argenteuil—Papineau—Mirabel a très bien expliqué les tenants et aboutissants de ces baux. Comme il l'a mentionné, c'est tout à fait irresponsable de la part du gouvernement de se rabattre sur ces baux et de prétendre qu'il est impossible de s'entendre sur de nouvelles dispositions.
Il est important de mentionner que 17 000 acres de terres sont toujours de propriété fédérale. Les expropriés en réclament 11 000 pour l'agriculture. Il reste donc 6 000 acres pour les activités de Mirabel et pour son développement futur. Pour rassurer le ministre des Transports, 6 000 acres de terres, c'est deux fois la superficie de Dorval. Donc lorsqu'il parle du développement aéro-industriel de Mirabel, la rétrocession n'affecterait pas le potentiel de développement de ce secteur et ne mettrait aucunement en péril l'avenir industriel de Mirabel.
Le gouvernement devrait prendre conscience que, dans sa folie de grandeur, il a exproprié sans commune mesure et que la marge de manoeuvre existe pour l'avenir. Le gouvernement peut donc s'engager à rétrocéder les 11 000 acres de terres agricoles réclamées par les gens, sans aucunement affecter le potentiel de développement de Mirabel, puisque même si l'aéroport fonctionnait à pleine capacité, ce qui n'est évidemment pas le cas, ces 6 000 acres suffiraient à combler les besoins.
La longue plaidoirie du ministre des Transports ne m'a aucunement convaincue. Rétrocéder les terres aux agriculteurs est une chose et ne veut pas dire fermer Mirabel pour l'avenir. Bien au contraire. Cela n'empêchera pas des projets de développement et n'empêchera pas Bombardier de se développer.
Si le ministre veut parler de Bombardier, on peut en parler, de Bombardier! Toutefois, on devrait aussi parler de politique d'aérospatiale. Le Bloc québécois a d'ailleurs déposé une motion en cette Chambre qui demande au gouvernement de développer une politique de l'aéronautique. Toutefois, que fait le ministre des Transports? Nous attendons toujours la politique de l'aéronautique. L'industrie au complet attend toujours la politique de l'aéronautique. Le ministre a encore manqué une autre occasion. Lorsque le ministre parle de développement, il doit avoir une vision globale et pas une vision à courte vue, comme l'expérience de Mirabel le démontre.
Outre la motion qui est présentée aujourd'hui, j'aimerais également rappeler l'importance de préserver les acquis et de maintenir toutes les options ouvertes en conservant, entre autres, les installations actuelles de Mirabel en bon état de fonctionnement. Cette fois, le gouvernement doit tenir ses promesses. On se souvient qu'il avait pourtant promis que les vols nolisés demeureraient à Mirabel. Or, ceux-ci ont été transférés à Dorval. Dans ce contexte, nous devons avoir l'engagement formel du maintien en état des équipements en place à Mirabel, et que le cargo demeurera également à Mirabel et ne sera pas transféré à Dorval.
Comme dernier point, j'aimerais aussi aborder la question de l'importance d'avoir une zone de commerce international. Si le ministre des Transports veut vraiment contribuer au développement de l'aéroport de Mirabel—on va avoir besoin de preuves—, il devrait convaincre son gouvernement de l'importance de mettre en place une réglementation simplifiée d'exonération ou de report de droits de douane et de taxes de vente pour les entreprises qui utiliseraient Mirabel afin de développer son plein potentiel dans un rôle industriel et tout cargo.
On se rappelle qu'en 2000, le gouvernement du Québec a mis en place une zone de commerce internationale à Mirabel afin de profiter de la présence de l'aéroport et d'accélérer le développement économique de la région des Basses-Laurentides. Le gouvernement fédéral n'a jamais appuyé cette initiative pourtant efficace et génératrice d'emplois.
La vocation tout cargo de l'aéroport doit être soutenue par le renforcement de la zone de commerce international de Montréal à Mirabel, afin d'en faire un parc industriel de calibre international, constitué en zones de réglementation spéciale.
Une indication fédérale significative pour la zone de commerce internationale constitue un élément qui permettra de réduire les impacts négatifs du transfert et des erreurs historiques fondamentales commises par le gouvernement fédéral. D'ailleurs, le 5 mars dernier, à Longueuil dans mon comté, le premier ministre a déclaré qu'il était en faveur des zones franches. Je l'invite maintenant à passer à l'action.
En conclusion, il est primordial de rappeler que la rétrocession des 11 000 acres de terres n'affectera aucunement le développement du créneau aéroindustriel de Mirabel. Ces deux dossiers sont complètement différents. J'espère qu'à la fin de la journée, le ministre aura au moins cheminé en ce sens et aura au moins compris cette partie de débat.
Pour le Bloc québécois, l'avenir de Mirabel est tout aussi important que le respect des agriculteurs et des anciens expropriés de Mirabel. C'est pourquoi nous favorisons une approche qui puisse répondre aux impératifs et aux intérêts de chacun.
Toutefois, avant toute chose, le gouvernement fédéral, faute de s'excuser, doit au moins réparer ses erreurs du passé et rétrocéder les terres expropriées en trop. Pour ce qui est de l'avenir, le gouvernement fédéral doit maintenant s'assurer et contribuer au plein développement de Mirabel. C'est de son devoir.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet d'une question d'une grande importance. J'estime qu'une grave injustice a été commise et que, même si elle a été commise il y a longtemps, elle conserve toute son actualité parce que le gouvernement refuse de la réparer.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Carleton—Mississippi Mills.
La question à l'étude, vieille de 35 ans, concerne l'aéroport de Mirabel. À l'époque, 97 000 acres avaient été expropriés. Cette expropriation, tout à fait superflue et faite de façon précipitée, avait touché environ 12 000 personnes. À l'époque, le gouvernement avait très mal estimé la superficie de terre nécessaire pour l'aéroport de Mirabel qui, de toute manière, a été un désastre. Cet aéroport est un énorme éléphant blanc et, encore à ce jour, on se rend compte à quel point c'est vrai. Au fil des années, l'activité de cet aéroport a constamment diminué, et il ne reçoit plus aujourd'hui que du fret.
En définitive, le gouvernement a exproprié inutilement d'immenses superficies de terres. Des documents du Cabinet, rendus publics récemment, révèlent que le gouvernement a reconnu, quelques années plus tard, avoir commis une très grave erreur, mais il a choisi la fuite en avant.
Ce comportement met en évidence un certain nombre de choses. Il démontre d'abord le manque total de respect du gouvernement à l'endroit des milliers de personnes qu'il a chassées de leurs terres. Le gouvernement a abusé de son pouvoir d'expropriation, parce qu'il n'a pas pris le temps de bien analyser la situation. Le gouvernement de l'époque a agi de façon fort maladroite. Il n'a pas exercé ses pouvoirs de façon pondérée. Des personnes, qu'il n'était pas nécessaire d'exproprier, ont néanmoins été chassées.
Ce cas dénote également une absence totale de respect du droit de propriété, qui constitue pourtant un aspect important de nos libertés fondamentales. Malheureusement, c'est une chose que le gouvernement n'a pas encore comprise, comme le montrent régulièrement les projets de loi à l'étude. Nous l'avons constaté dans le cas du projet de loi sur les espèces en péril, où le gouvernement a une fois de plus adopté une approche maladroite, en permettant d'exproprier quelqu'un de sa terre si on y observe la présence d'une espèce en péril. Les personnes ainsi expropriées n'auraient plus accès à leurs terres et ne recevraient aucune indemnisation en retour. Le gouvernement a couramment recours à ce procédé dans les cas où le droit de propriété est en cause.
On maintient l'injustice. C'était une injustice il y a 35 ans lorsque le gouvernement a exproprié des milliers de propriétaires terriens. Ces gens vivent encore dans la souffrance aujourd'hui. Ils ont perdu des terres ancestrales qui s'étaient transmises de génération en génération. Ils ont été expropriés et certains n'ont obtenu qu'un dédommagement minimal.
L'hon. Jean Lapierre: Qu'avez-vous fait lorsque vous étiez au gouvernement?
M. Monte Solberg: Mon ami d'en face, le ministre des Transports, demande ce que nous avons fait lorsque nous étions au gouvernement. Premièrement, je n'étais pas membre du gouvernement, mais on a rendu à ces personnes des dizaines de milliers d'acres. Qu'est-ce que le gouvernement libéral a fait? Rien. Il n'a absolument rien fait et il méprise les gens qui travaillent la terre. Son attitude de mépris est bien ancrée. Dans le cas de crises comme la crise agricole, en général, et l'ESB, en particulier, le gouvernement est bien obligé d'agir un jour ou l'autre, mais il le fait toujours à contrecoeur. Il ne comprend rien. Il manque de respect envers les agriculteurs.
Selon moi, le problème est encore plus fondamental que cela. L'arrogance est un élément de l'image de marque des gouvernements libéraux. Pis encore, ces gouvernements n'ont pas de respect pour la propriété privée, une valeur fondamentale non seulement au Canada, mais aussi dans le monde occidental. C'est une liberté fondamentale. La liberté s'accompagne du droit à la propriété privée, du droit d'utilisation et de jouissance de la propriété privée. Malheureusement, le gouvernement montre invariablement un manque de respect total à l'égard de ce droit fondamental.
Je sais que le chef de mon parti s'est entretenu récemment avec ces agriculteurs. Il y a eu des manifestations à l'aéroport de Mirabel. Je dois reconnaître que je n'étais pas au courant de tout le dossier. Toutefois, il suffit de creuser un peu pour comprendre à quel point l'erreur est flagrante. Ces agriculteurs veulent récupérer leurs terres. En passant, ils ne demandent pas qu'on leur redonne, ils sont prêts à les racheter. Le gouvernement n'utilisera jamais ces terres parce que l'aéroport a été rétréci comme peau de chagrin. Il sert principalement au cargo.
Mais là n'est pas la question. En fait, ces gens-là veulent racheter leurs terres à une juste valeur marchande, mais le gouvernement refuse de les écouter. Il refuse de les entendre. À mon avis, le gouvernement perpétue ainsi une injustice commise il y a 35 ans. Il y a deux injustices: celle qui s'est produite il y a 35 ans, et ce qui arrive aujourd'hui parce que le gouvernement refuse d'écouter ces gens et de faire ce qu'il faut pour les aider.
Les agriculteurs de partout au Canada ont besoin d'un répit qui revêt diverses formes. À cause de l'ESB, nous avons des problèmes à exporter notre boeuf et nos bovins chez nos voisins du Sud. Nous avons des problèmes à cause de différends commerciaux concernant le blé dur. Toutes sortes de marchés se ferment à nous; ou alors, nous ne pouvons y avoir accès à cause des subventions inéquitables que versent nos concurrents étrangers et nous sommes expulsés de ces marchés. Il y a aussi la chute du prix des denrées.
Dans ce cas-ci, le gouvernement pourrait aider directement les agriculteurs, mais il ferme les yeux. C'est impardonnable. Les libéraux ont l'obligation morale d'écouter ce que ces gens-là ont à dire et de corriger une injustice. Ils ont l'obligation de dire à ces gens-là que, la prochaine fois où le gouvernement se prévaudra de ses pouvoirs pour procéder à des expropriations, il se montrera beaucoup plus prudent, il indemnisera pleinement les personnes concernées et il n'agira pas maladroitement comme le font trop souvent les gouvernements lorsqu'ils se servent de leur pouvoir d'expropriation. C'est un problème que le gouvernement a aujourd'hui l'obligation de régler.
Je suis très heureux de travailler avec les autres partis à la Chambre qui appuient notre motion, qu'il s'agisse du Bloc ou du NPD. En fait, le ministre des Transports me reproche d'être de mèche avec le Bloc. Il a pourtant été un des membres fondateurs du Bloc québécois. Quelle incroyable hypocrisie!
Permettez-moi de dire que nous nous unissons non seulement aux autres partis, mais aussi aux agriculteurs de partout au Canada pour faire ce qui est juste. Je n'arrive pas à croire que les députés d'en face voient ici matière à rigolade. C'est un problème grave. La justice naturelle exige que le gouvernement règle ce problème. Il doit le faire immédiatement. Il faut permettre à ces gens-là de racheter leurs terres à une juste valeur marchande. Il n' y a rien de mal à cela. Voilà, en fait, ce qu'il faudrait faire, ce qui est acceptable.