La Chambre reprend le débat sur la motion portant qu'une Adresse soit présentée à Son Excellence la Gouverneure générale en réponse au discours qu'elle a prononcé à l'ouverture de la session, ainsi que sur l’amendement tel que modifié.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord féliciter mon collègue de Chambly—Borduas pour son excellent discours. Je le connais depuis quelques années, et je peux vous assurer qu'il sera d'un grand secours en cette Chambre, particulièrement à la lecture de ce discours du Trône.
Étant donné que c'est la première fois que je prends la parole en Chambre depuis l'élection, je voudrais également profiter de l'occasion pour remercier les électeurs et les électrices de la circonscription de Joliette de m'avoir encore une fois fait confiance dans des proportions significatives. Je les remercie et j'espère être à la hauteur de la confiance qu'ils m'ont témoignée.
Je voudrais aussi en profiter pour rendre hommage à M. Joseph Forest, de Saint-Donat, qui a eu 100 ans le 9 octobre dernier. Il est encore extrêmement alerte sur le plan intellectuel, la preuve étant que c'est un souverainiste convaincu. Je souhaite donc une bonne fête à M. Forest.
Pour revenir à notre sujet de la journée, c'est-à-dire le discours du Trône du gouvernement, une chose me frappe. Un colonel à la retraite en parlait à la radio de Radio-Canada vendredi, à propos des événements tragiques du sous-marin Chicoutimi. Un colonel à la retraite n'est pas nécessairement quelqu'un qui suit la politique comme nous, en cette Chambre, la suivons. Il dit qu'on entend le gouvernement fédéral parler de santé, d'éducation, de garderies, de municipalités, soit toutes des compétences des provinces. Par contre, on ne l'entend jamais parler de la défense nationale ou peu par rapport au fait qu'il s'agit d'une de ses responsabilités.
Je pourrais dire qu'il est vrai qu'on l'entend peu parler de la défense nationale, mais on l'entend peu parler aussi du commerce international et du problème de l'assurance-emploi. Dans les champs de compétence du fédéral, ce discours du Trône est totalement muet. Ce n'est finalement que dans les champs des autres niveaux de gouvernement, ceux des provinces et ceux du Québec, que le gouvernement fédéral a plein de bonnes idées très précises. Ce sont évidemment de bonnes idées selon la version centralisatrice et impérialiste du Parti libéral du Canada.
Comme on le sait, en santé, on nous a dit qu'il fallait gérer les choses selon la façon dont le gouvernement libéral l'avait imaginé, alors que le gouvernement fédéral et le gouvernement libéral du Canada n'ont jamais géré de systèmes de santé. Ce discours du Trône ne se limite plus simplement à la santé. Probablement qu'ils ont dit tout ce qu'ils avaient à dire de leur côté à ce niveau. Maintenant, ils s'ingèrent en éducation. On parle d'apprentissage. On nous dit que l'apprentissage, ce n'est pas tout à fait l'éducation. Franchement, c'est jouer sur les mots. On parle de reconnaissance des diplômes étrangers. Les ordres professionnels relèvent de la compétence des provinces. Au Québec en particulier, c'est un débat qu'on tient depuis extrêmement longtemps, que ce soit avec le Collège des médecins ou avec d'autres ordres professionnels. Ce n'est pas le gouvernement fédéral qui arrivera avec ses grands sabots pour aider qui que ce soit à régler ce problème fort complexe et sur lequel nous travaillons depuis déjà au moins une bonne quinzaine d'années au Québec. J'ai eu la chance de siéger au Conseil supérieur de l'éducation et au Comité sur l'éducation aux adultes, il y a quelques années, et déjà nous en parlions de façon extensive. Les solutions sont toujours de mise. Cela dit, ce n'est pas en rajoutant les idées du gouvernement fédéral que l'on aidera à avancer dans ce dossier.
Quand on regarde l'ensemble des autres éléments, que ce soit les garderies ou autres, c'est la même chose. Il y a un niveau de précision absolument inquiétant pour les autres niveaux de gouvernement, que ce soit le Québec ou les provinces. Les provinces ont elles-mêmes étudié les problèmes qui se vivent dans un certain nombre de nos réseaux publics, que ce soit en santé, en éducation ou sur le plan des services de garde, et elles ont des solutions qui sont souvent déjà fort avancées sur le plan de la mise en oeuvre.
Comme je vous le mentionnais, on a toutes sortes de précisions concernant l'apprentissage, la reconnaissance des diplômes professionnels de personnes venant d'arriver au Canada. Par contre, sur un élément aussi fondamental pour un pays souverain comme le Canada—ce que le Québec souhaite devenir un jour—, soit sa politique internationale, qui est son apanage numéro un, la seule phrase qu'on trouve est la suivante: «Cet automne, le gouvernement publiera un énoncé global de sa politique internationale qui reflétera ce principe d'intégration.» Normalement, on aurait dû retrouver au coeur de ce discours du Trône l'ensemble des préoccupations du Canada, des Canadiens et des Québécois concernant les questions internationales. Cependant, on n'en parle pas.
Il y a le dossier d'actualité qu'est la participation canadienne au bouclier antimissile, projet porté par les autorités américaines. Avec le temps passé depuis l'élection du 28 juin—on a même retardé de deux semaines la reprise des travaux de cette Chambre—, on se serait attendu à ce que le gouvernement soit en mesure de nous dire autre chose que: «Il y aura une politique internationale dans le courant de l'automne.» Après, il rajoutait d'ailleurs: «Les parlementaires et les autres Canadiens auront la possibilité de discuter des analyses et des orientations qui seront proposées.»
On aurait pu avoir une position ou des paramètres portant sur la réflexion du gouvernement en ce moment-ci. Mais non! Parce qu'on sait qu'il s'agit d'un sujet chaud, un sujet de compétence fédérale, on a préféré se taire sur ce dossier chaud et, probablement, essayer de mettre l'ensemble de la population canadienne et québécoise et les parlementaires en cette Chambre, devant le fait accompli. Non seulement c'est inadmissible, c'est antidémocratique.
Je parlerai de l'assurance-emploi. Le discours du député de Chambly—Borduas était très clair à cet égard; s'il y a un champ qui, malheureusement, est encore de compétence fédérale, c'est l'assurance-emploi. Je me dis toujours que M. Godbout doit se retourner dans sa tombe pour avoir, au début des années 1940, permis l'amendement faisant que le gouvernement fédéral a pu récupérer cette juridiction qui, autrefois, dépendait des provinces.
L'assurance-emploi constitue un problème criant depuis des années; en fait, depuis que les libéraux ont «réformé» l'assurance-emploi. Il faut être bien honnête à cet égard, cela avait commencé sous les conservateurs. Vous vous rappelez probablement la réforme Axworthy. À ce moment-là, j'étais dans le monde syndical. Avec les jeunes, nous nous sommes battus contre cette réforme parce qu'on voyait très bien où elle nous menait. Elle nous a menés là où on savait qu'elle nous mènerait, c'est-à-dire à un détournement de fonds: 45 milliards de dollars, comme l'a rappelé mon collègue.
Il y a eu des coupures drastiques à l'accessibilité. Maintenant, seulement quatre personnes sur dix qui payent des cotisations et qui perdent leur emploi arrivent à recevoir des prestations. Ce n'est plus du tout un filet de protection sociale, c'est devenu une véritable loterie pancanadienne. Cela a été dénoncé à de multiples reprises. En 2000, des ministres sont allés dans la région de Chicoutimi. Le député de Jonquière est là pour nous le rappeler. Ces ministres disaient qu'ils allaient régler les problèmes. Qu'a-t-on eu comme projet de loi? Quelque chose de tout à fait cosmétique.
Quelques semaines avant le déclenchement des élections, les libéraux ont pensé tromper la population avec d'autres modifications cosmétiques à l'assurance-emploi. Cela n'a trompé personne dans les régions du Québec et je suis convaincu que cela a été la même chose dans les provinces Atlantiques.
Ce à quoi on se serait attendu, ce n'est pas ce qui est écrit dans le discours du Trône. On dit, en une phrase probablement très étudiée au plan de la sémantique: «On va s'occuper de l'assurance-emploi pour la rendre adaptée aux nouvelles réalités.» Qu'est-ce que cela veut dire? Va-t-on l'adapter pour répondre aux préoccupations des multinationales qui préfèrent encore avoir de la main-d'oeuvre qui n'est pas capable d'avoir un minimum de sécurité économique? Ainsi on peut obliger cette main-d'oeuvre à accepter des conditions de travail et des conditions salariales à rabais face à la concurrence tout à fait légitime de plusieurs pays en voie de développement. Est-ce que c'est ce qu'on veut? C'est ce qu'était la réforme Axworthy.
Est-ce qu'on va enfin répondre aux préoccupations des Canadiens, des Québécois, des travailleurs et des travailleuses qui veulent avoir un véritable régime pour lequel ils payent? C'est la même chose pour les employeurs.
C'est donc un sujet sur lequel le gouvernement libéral aurait dû arriver avec des éléments de réponse. Mon collègue de Saint-Hyacinthe—Bagot le rappelait à la période des questions orales. Année après année, nous arrivons avec des surplus largement supérieurs à ce que nous annonçait le ministre des Finances. C'est vrai pour l'actuel ministre des Finances mais c'était vrai aussi quand le premier ministre était ministre des Finances de même que lorsque M. Manley était ministre des Finances.
Systématiquement, on sous-estime les surplus. C'est peut-être pour pouvoir donner des montants selon les conditions fixées par le gouvernement fédéral dans des domaines où il y a des problèmes aigus, comme en santé. Cela a été le cas quand M. Chrétien a donné 2 milliards de dollars, in extremis, après avoir dit qu'il ne serait probablement pas capable de le faire, qu'il faudrait gratter les fonds de tiroirs.
Cela nous prendrait donc une véritable vision de ce qu'est la réalité des chiffres pour être capables de faire des débats, comme on devrait en faire, avec les premiers ministres des provinces concernant les transferts du fédéral aux provinces. Il ne s'agit pas seulement de la péréquation. Je pense que tout le monde s'entend sur cela, sauf le premier ministre et le Parti libéral du Canada.
Il faudrait donc avoir un institut qui nous assure d'avoir de vrais éléments concernant la validité des chiffres.
Tous les sujets dont j'ai parlé et qui ne sont pas développés dans le discours du Trône le sont dans l'amendement proposé par le Parti conservateur. On nous parle d'une caisse de l'assurance-emploi autonome, gérée par ceux qui paient. On nous parle d'un vote libre sur le bouclier antimissile. On nous parle aussi de la nécessité de mettre en place un organisme pour faire en sorte que les prévisions économiques faites par ce gouvernement soient vérifiées par une commission indépendante.
Ce sont tous des éléments—et il y en a d'autres dans l'amendement proposé par les conservateurs—qui ne sont pas simplement des préoccupations des conservateurs et du Bloc québécois. En effet, ce sont des préoccupations des Canadiens et des Québécois. La plus belle démonstration de cela, c'est que les deux tiers des députés ici, en cette Chambre, ne sont pas du Parti libéral du Canada, mais sont soit du Bloc québécois, soit des conservateurs, soit du NPD, et de cela, le gouvernement doit en tenir compte.
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Monsieur le Président, je souhaiterais partager mon temps de parole avec la députée de Don Valley-Est. Permettez-moi aussi de vous féliciter de votre élection à titre de vice-président de la Chambre des communes. J'aimerais également profiter de l'occasion pour remercier les commettants de Laval—Les Îles de m'avoir réélue une troisième fois.
[Traduction]
Dans le temps à ma disposition aujourd'hui, je vais mettre l'accent sur l'alphabétisation des aînés et la reconnaissance des titres de compétence étrangers pour les immigrants. Ce sont certaines des nombreuses priorités que notre gouvernement a exposées dans le discours du Trône lu par la Gouverneure générale.
[Français]
Les immigrants qui sont venus s'établir au Canada durant les années 1990 constituent maintenant au moins 70 p. 100 de notre population active. En conséquence, depuis la dernière décennie, nous dépendons de plus en plus d'une main-d'oeuvre immigrante à cause de nos besoins croissants en technologie et d'une force de travail de plus en plus âgée.
Un nombre de ces immigrants bien qualifiés ont eu d'immenses difficultés à trouver un point d'entrée dans l'économie de notre société, à cause de l'attitude que montrent les employeurs à l'égard des diplômes acquis à l'étranger.
Nous avons tous entendu parler d'ingénieurs qui conduisent des taxis parce que leurs diplômes ne sont pas acceptés au Canada. Ils n'ont malheureusement pas la possibilité de recevoir une formation dans leur profession, telle qu'elle est pratiquée ici.
[Traduction]
Ce sont les gens qui ont été acceptés au Canada en fonction de leurs compétences et qui ont été approuvés dans le cadre du processus d'immigration. Ils sont arrivés au Canada parce qu'ils croyaient dans le fait que les employeurs des diverses provinces du pays avaient besoin de leurs compétences et de leur savoir-faire. Ils constatent maintenant qu'il y a plusieurs obstacles à leur intégration réussie étant donné que ces mêmes employeurs ne reconnaissent pas leurs diplômes ou leurs titres professionnels .
[Français]
Plusieurs de ces immigrants sont pris dans un cercle vicieux de frustrations. Ils ne sont pas en mesure d'accéder à de l'expérience canadienne au travail, puisqu'on ne veut pas les embaucher: leurs diplômes, leurs certificats n'étant pas reconnus au Canada. C'est un cercle vicieux.
Il existe des comptables, des avocats, des travailleurs sociaux qui travaillent le soir à faire des ménages dans les bureaux. Oui, ce gouvernement et les gouvernements précédents n'ont pas vu assez loin dans la façon de préparer l'intégration des nouveaux arrivants. Nous aurions dû être beaucoup plus agressifs, en mettant en place des stratégies qui auraient pu prévenir cette situation.
[Traduction]
C'est pourquoi le gouvernement va mettre en place une nouvelle Stratégie des compétences en milieu de travail plus ciblée et il collaborera avec les provinces et les territoires pour améliorer la reconnaissance des titres de compétence étrangers. Le gouvernement libéral redoublera également d'efforts, en collaboration avec les provinces et les territoires, ainsi qu'avec les ordres professionnels, pour qu'ensemble nous puissions trouver une façon plus rapide et meilleure de profiter des compétences des gens qui s'établissent au Canada. Les professionnels formés à l'étranger ne doivent pas continuer de demeurer en marge d'un pays considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs pays où vivre.
Notre gouvernement a été accusé de gabegie. Manifestement, l'opposition ne porte pas une très grande attention à ces questions. Elle a une mémoire très courte. Lorsque l'alliance conservatrice dirigeait notre pays, je suis persuadée qu'elle a commis des erreurs de jugement et qu'elle a été très arrogante dans sa façon de s'attaquer à ces questions.
[Français]
Nous effectuons tous des erreurs de jugement et nous apprenons toujours de nos erreurs. Cela m'amène au propos du premier ministre à la suite du discours du Trône. Je paraphrase ce qu'il a dit. Il a indiqué que notre gouvernement s'est assuré de ne pas dépenser plus que nos revenus, ce qui aurait eu pour effet de laisser une dette en héritage à nos générations futures. Notre investissement de 5 milliards de dollars pour la création, au cours des cinq prochaines années, d'un système national de garde et d'apprentissage aux enfants démontre notre engagement à construire une fondation forte pour les futurs décideurs de notre pays.
Nous investirons 45 millions de dollars en quatre ans pour l'apprentissage et les soins apportés aux enfants en bas âge des premières nations et vivant sur les réserves. Cela démontre que ce gouvernement reconnaît que nous ne pouvons plus ignorer la situation des peuples indigènes vivant sur ces terres.
[Traduction]
D'après le recensement de 2001, près de la moitié des autochtones vivant hors réserve ont moins de 25 ans alors que dans la population non autochtone, ce groupe représente une proportion de 32 p. 100. La plus grande partie de la population autochtone hors réserve, plus précisément 68 p. 100 de celle-ci, vit dans des zones urbaines. De ce groupe, 40 p. 100 vit dans des régions métropolitaines de recensement, soit des villes ayant une population supérieure à 100 000 habitants. Par conséquent, notre travail ne fait que commencer.
J'aimerais maintenant aborder la réalité de notre population vieillissante. Auparavant, je félicite le gouvernement de son engagement à veiller au bien-être de nos aînés. Il n'est pas nécessaire de créer, comme le suggère l'opposition, un service du budget indépendant. Depuis 1997, notre gouvernement réussit à équilibrer les budgets tout en éliminant le déficit.
Tout en maintenant nos engagements à ces égards, nous montrons la valeur que nous accordons aux aînés. Nous montrons également que notre gouvernement est à l'écoute.
[Français]
Les personnes âgées disent qu'elles ont besoin d'être plus actives et impliquées dans leur communauté. Ce gouvernement a réinvesti dans de nouveaux programmes pour les personnes âgées. Débutant l'année dernière et se poursuivant jusqu'en 2005, 8 millions de dollars auront été investis, en plus d'une croissance annuelle de 10 millions de dollars. Les résidences pour les personnes âgées et les clubs dans ma circonscription, Laval—Les Îles, seront heureux d'apprendre que cet argent permettra de renouveler la programmation et stimulera sans doute l'intérêt des personnes âgées et des personnes qui, autrement, demeurent passives, emprisonnées presque chez elles.
Les personnes âgées au Canada en 2000 représentent 13 p. 100 de la population; en 2016, en regard des statistiques, elles représenteront 17 p. 100 de la population. Plusieurs personnes âgées vivent aussi longtemps que 80 ou 90 ans.
[Traduction]
Le gouvernement actuel n'est pas resté assis sur ses lauriers. Dans son deuxième discours du Trône en moins d'un an, il a exposé son programme et fait des investissements stratégiques en vue d'atteindre ses objectifs prioritaires. Au nombre de ces priorités, mentionnons la conférence des premiers ministres qui a permis de conclure une entente de 41 milliards de dollars sur dix ans pour renforcer le système de soins de santé. L'ensemble des provinces et des territoires ont accepté cette entente.
Nous collaborons avec les leaders autochtones pour améliorer les soins de santé et avons commencé par un avant-projet de 700 millions de dollars. Nous avons été témoins d'une forte croissance de l'économie canadienne et, au cours du deuxième trimestre, le Canada arrive en tête des pays du G-7 en termes de croissance économique, avec des exportations dont la croissance est la plus rapide en plus de sept ans.
[Français]
Au Québec, nous avons aussi une économie en pleine croissance. Nous bénéficierons du transfert substantiel de la taxe sur l'essence pour les municipalités du Québec. Cet argent aidera à reconstruire et maintenir nos infrastructures, incluant l'amélioration de notre système ferroviaire.
Le Québec est une société d'entrepreneurs. Ce budget prévoit les outils nécessaires pour assurer le développement des jeunes entreprises. C'est une bonne nouvelle pour le Québec.
[Traduction]
Notre gouvernement appuie sans équivoque les objectifs des régions. En pratique, il s'est entre autres engagé à l'égard du logement abordable et des sans-abri, de l'amélioration de la qualité de vie des aînés et d'un plan à long terme pour améliorer le système de soins de santé en réduisant les listes et les délais d'attente.
Cependant, nous ne pouvons respecter ces engagements seuls et les provinces et les territoires doivent collaborer à la concrétisation des projets exposés dans le discours du Trône.
[Français]
Ce discours est la preuve concrète de la volonté de ce gouvernement de réaliser les promesses électorales présentées aux Canadiens et aux Canadiennes aux dernières élections.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'emblée remercier les électeurs de Don Valley-Est de m'avoir choisie pour les représenter. Je suis honorée de la grande confiance qu'ils me témoignent. Je voudrais également vous féliciter de votre nomination à la vice-présidence.
Cette semaine, les banques centrales du monde ont reconnu que les résultats financiers du Canada ont surpassé ceux de tous les pays industrialisés du G-7. Selon la Banque des règlements internationaux, établie en Suisse, le Canada est le pays qui a le plus amélioré sa situation financière, ce qui lui permet d'entrevoir les perspectives économiques les plus brillantes. Comme les finances fédérales sont équilibrées depuis sept années d'affilée, le gouvernement fédéral est maintenant en bien meilleure posture pour répondre aux demandes financières qu'il ne l'a été de mémoire récente.
Avant 1993, le gouvernement fédéral était aux prises avec des déficits croissants et une dette fédérale constamment à la hausse. Des taux d'intérêts de plus de 10 p. 100 combinés à des taux de chômage vertigineux ont anéanti l'espoir et les rêves de millions de Canadiens. Le gouvernement fédéral nageait littéralement dans l'encre rouge lorsqu'il a commencé à recevoir de sérieux avertissements du Fonds monétaire international.
Je suis une comptable de profession et, ayant travaillé dans les secteurs public et privé, je suis en mesure de dire aux députés que le succès de tout organisme dépend d'une gestion financière responsable. Les députés peuvent donc me croire lorsque j'affirme que le succès remporté par ce gouvernement n'est pas le fruit du hasard.
Le premier ministre actuel, alors qu'il occupait le poste de ministre des Finances, a adopté sans attendre, en 1993-1994, une politique financière ayant pour but d'éliminer rapidement le déficit. Les répercussions de cette saine gestion financière ont été ressentis dans toute l'économie. Les taux d'intérêt ont commencé à baisser, de même que le taux de chômage. Peu à peu, la qualité de vie des Canadiens s'est améliorée, à mesure que fondait le déficit. C'est pourquoi nous ne devons pas dilapider notre équilibre budgétaire actuel en dépensant sans compter au point d'enregistrer un nouveau déficit. Le gouvernement fédéral ne peut se le permettre.
Tous les gouvernements sont aux prises avec des priorités souvent conflictuelles. Les municipalités, les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral font l'objet de pressions en matière de dépenses, mais c'est le gouvernement fédéral qui doit, le premier, faire preuve de leadership et pratiquer une saine politique budgétaire. Il est essentiel que les députés des Communes et nos homologues provinciaux se hissent au-dessus de l'esprit partisan et poursuivent l'intérêt public. C'est précisément ce que le premier ministre projette de faire dans les semaines à venir en s'asseyant avec les provinces pour apporter la plus fondamentale réforme du programme de péréquation depuis presque 50 ans. Je le répète, nous ne pouvons pas nous permettre de revenir aux années de déficit actif pour satisfaire à des objectifs à court terme et à courte vue.
La semaine dernière, le gouvernement a énoncé sa vision pour l'avenir dans le discours du Trône. C'est une vision qui s'appuie sur un plan d'investissement dans les Canadiens. C'est aussi une vision qui préconise l'équilibre budgétaire et le non-retour à la pratique du déficit actif.
Au coeur de cette stratégie se trouve un plan d'investissement dans la santé de dix ans d'une valeur de 41 milliards de dollars. Grâce à ce plan, les patients auront un meilleur accès aux services. Par-dessus tout, il assurera aux provinces et aux territoires un financement à long terme prévisible. Le gouvernement s'est également engagé à fournir 4,5 milliards de dollars sur six ans à l'établissement d'un fond de réduction des délais d'attente. Cela réduira le temps que les Canadiens doivent attendre pour avoir accès à des services de santé essentiels.
Les parents et les enfants profiteront en outre d'un réseau national de garderies. Le gouvernement fédéral mettra en oeuvre un tel réseau avec la collaboration des provinces et des territoires. Nous accorderons également notre soutien à ceux qui prennent soin d'être chers, qui sont âgés, sont atteints d'incapacité ou souffrent de graves handicaps.
Le gouvernement fédéral mettra également sur pied un programme Nouveaux Horizons pour les personnes âgées afin de les aider à rester actives et engagées dans la vie de leur milieu. Il s'engage aussi à offrir un nouveau pacte aux villes et collectivités. Les municipalités auront ainsi plus de latitude sur le plan financier, car elles recevront une partie du produit de la taxe fédérale sur l'essence. Le gouvernement fédéral aidera les administrations locales en bonifiant les programmes existants, par exemple l’Initiative en matière de logement abordable, l’Initiative de partenariats en actioncommunautaire à l’intention des sans-abri et le Programme d’aide à la remise en étatdes logements.
Avant le discours du Trône, le gouvernement fédéral a déjà versé aux collectivités canadiennes, depuis 1994, 12 milliards de dollars pour financer les infrastructures. Il a déjà supprimé la TPS pour les municipalités. C'est dire que toutes les administrations locales auront 7 milliards de dollars de plus à leur disposition au cours des dix prochaines années. En Ontario, cette économie au titre de la TPS représentera 243 millions de dollars pour le seul exercice financier en cours.
Il y a d'autres initiatives à signaler en Ontario: 435 millions de dollars pour l'expansion de GO Transit et des services de transport de la région de York; 298 millions de dollars pour les municipalités ontariennes en vertu du Fonds sur l'infrastructure municipale rurale; un engagement de 56 millions de dollars pour le logement abordable.
Pour garantir la salubrité de l'environnement, le gouvernement honorera son engagement à appliquer le Protocole de Kyoto. Grâce à cette stratégie, la salubrité de l'air, de l'eau et des sols sera au premier rang des priorités.
Enfin, le gouvernement fédéral entend affirmer plus fermement notre présence dans la communauté internationale. L'initiative de promotion de la paix et de reconstruction des États comprendra trois éléments principaux: le déploiement de Solidarité Canada, qui mettra à contribution les compétences et l'idéalisme de civils en mettant l'accent sur le recrutement des jeunes, avec leurs talents et leur idéalisme; la réduction ou la radiation des dettes des pays pauvres méritoires; l'ajout de 5 000 membres aux Forces canadiennes régulières et de 3 000 membres à la réserve.
Je vais conclure. Lorsque j'ai visité les édifices du Parlement à titre de nouvelle députée, quelqu'un m'a fait remarquer une inscription gravée dans la pierre de la tour de la Paix. Cette inscription, qui cadre bien avec le discours du Trône, dit que, sans vision, l'homme périt. Voilà justement pourquoi le gouvernement fédéral a proposé aux Canadiens un programme ambitieux et emballant.
À titre de députée de Don Valley-Est, je suis heureuse et fière de faire partie du gouvernement. Plus que tout, je veux m'associer à cette vision plus ample du Canada.
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Monsieur le Président, je me considère comme privilégiée de prendre la parole aujourd'hui pour prononcer mon premier discours à la Chambre des communes. J'ai, de plus, l'honneur supplémentaire d'être la première députée de la nouvelle circonscription d'Edmonton—Spruce Grove et je suis fière d'être parmi mes collègues conservateurs et d'avoir le privilège de représenter les gens honnêtes et travailleurs de West Edmonton, Spruce Grove, Enoch, Stony Plain et du comté de Parkland.
Le cheminement qui m'a menée ici a été bref mais j'en garde de nombreux souvenirs impérissables. J'ai le grand bonheur d'avoir le soutien de mon conjoint Bruce, de ma famille, de mes amis et des bonnes gens d'Edmonton--Spruce Grove, qui m'ont fait confiance comme leur porte-parole et représentante.
Je suis fière de faire partie de notre équipe conservatrice. Quotidiennement, mes collègues m'inspirent par leur enthousiasme débordant. Riches de leur expérience, ils sont tous mes mentors. Leur idéologie et leurs convictions me stimulent. Leur savoir rend nos discussions fécondes. Mais surtout, ils abordent avec humilité et humanité les enjeux difficiles qui sont notre lot quotidien comme parlementaires.
Je suis également fière de siéger aux côtés du chef de l'opposition. C'est en partie à cause de ses qualités de chef que je suis ici aujourd'hui. À mon avis, la vision claire et fondée sur des principes qu'il a du Canada constitue la toile de fond philosophique essentielle pour permettre à notre pays de réaliser son potentiel. C'est une vision bien ancrée dans la liberté et le respect de la personne.
Je comprends que le discours du Trône ne sert qu'à présenter une notion générale. Il doit être considéré au mieux comme un plan présentant le programme du gouvernement et il n'offre aux Canadiens qu'une petite idée de la vision du gouvernement.
Toutefois, ce discours du Trône était plutôt décousu. Il n'était pas seulement dépourvu de vision et de passion, mais également de cohérence et de représentation philosophique. Je ne dis pas cela pour me rendre intéressante. Je crois sincèrement que le gouvernement libéral s'est égaré. J'oserais même dire, sans vouloir faire affront à mes collègues d'en face qui croient toujours à la vision libérale, que ceux qui dirigent le gouvernement ont peut-être déjà eu une vision, mais qu'ils l'ont maintenant remplacée par un désir de rester au pouvoir.
Les gouvernements ne peuvent vivre que de pouvoir. Ce n'est pas pour rien que ce discours du Trône n'a offert aucune solution pratique et aucune véritable politique publique. Les politiques publiques sont des éléments essentiels qui mettent en marche des solutions pratiques tirées de notre passion et de notre vision pour notre pays, mais l'un ne va pas sans l'autre. Aucune politique publique pouvant assurer un gouvernement cohérent et efficace ne peut naître de propos qui ne sont pas ancrés dans un ensemble logique de principes philosophiques et aucune vision ne peut émerger sans la passion qui étaie ces principes.
Le désir des libéraux de rester au pouvoir a fait son oeuvre. Le discours du Trône a clairement établi que le principal problème du gouvernement actuel n'est pas d'être libéral, mais bien de n'être rien du tout.
J'ai été honorée d'être nommée au poste de principale porte-parole du Parti conservateur du Canada en matière de relations intergouvernementales. C'est à mon avis dans le domaine des relations fédérales provinciales que le manque de vision du parti libéral et son attachement morbide au pouvoir est le plus évident parce que, lorsqu'on traite de constitution, on ne peut vraiment pas se cacher nulle part.
Dans presque toutes les initiatives annoncées dans le discours du Trône, le gouvernement empiète dans les secteurs de compétence provinciale. Cette tendance à s'ingérer dans les secteurs de compétence provincial est la seule constante du programme du gouvernement.
Malgré cette constante, il reste qu'il n'y a aucun élément de fiabilité, aucun principe ni aucune philosophie qui guide les décisions du gouvernement, lui qui n'a aucune vision en ce qui a trait à la façon dont devrait fonctionner notre fédération. Il n'y a rien de fiable ou de prévisible dans les relations entre les provinces et le gouvernement fédéral.
D'après le discours du Trône, la vision du fédéralisme du gouvernement se résume à ne pas tenir compte des problèmes les plus urgents auxquels font face les provinces. S'ingérer sans cesse dans les secteurs de compétence provinciale, mais uniquement lorsque cela leur est favorable sur le plan politique, voilà comment les libéraux parviennent à garder le pouvoir et à se donner une certaine pertinence sur l'échiquier politique.
À cause du manque de cohérence et de respect pour les pouvoirs constitutionnels des provinces, à cause de la nature imprévisible du gouvernement fédéral qui fonde ses décisions non sur des principes mais sur une lutte des pouvoirs, les relations fédérales-provinciales n'ont jamais été aussi déplorables. Elles se sont constamment détériorées au cours de la dernière décennie, sous le règne des libéraux qui ne cherchent plus aujourd'hui qu'à protéger leurs pouvoirs au détriment du tissu délicat qui parvient tout juste parfois à préserver l'unité de notre pays.
En refusant systématiquement de reconnaître le déséquilibre fiscal, de procéder à la réforme de la péréquation pourtant nécessaire ou d'écouter ceux qui réclament une véritable réforme électorale et démocratique et en soutenant que l'unité du pays peut s'acheter au moyen de commandites, les libéraux alimentent le sentiment d'isolement de l'Ouest de même que le mouvement souverainiste et crée un fossé entre les provinces riches et les provinces pauvres de notre pays.
Cela n'a pas laissé d'autre choix aux provinces que de mettre sur pied leur propre gouvernement quasi-fédéral, à savoir le Conseil de la fédération. Alors que le gouvernement fédéral ignore ces questions pressantes, les premiers ministres ont créé ce conseil pour trouver des solutions.
Le Parti conservateur du Canada se réjouit du leadership dont font preuve les premiers ministres ainsi que du travail important réalisé par le conseil en vue de faire progresser la coopération interprovinciale. Cependant, nous croyons également que ces questions difficiles exigent du leadership de la part du gouvernement fédéral.
Au coeur de toutes ces questions se trouve le déséquilibre fiscal. Si je fais une telle affirmation, c'est que ce déséquilibre créé par le gouvernement fédéral explique l'incapacité des provinces à maintenir leurs programmes essentiels en santé et en services sociaux, ceux-là même qui, de l'avis des libéraux, constituent l'essence même de notre pays.
N'oublions pas que le premier ministre a été auparavant ministre des Finances et que c'est depuis cette époque que le gouvernement fédéral a augmenté de façon disproportionnée sa part des rentrées fiscales, créant ainsi un déséquilibre financier entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux.
Ce déséquilibre persistant entre les résultats budgétaires du gouvernement fédéral et ceux des gouvernements provinciaux ne cessera de s'accroître et, au rythme actuel, pourrait atteindre jusqu'à 90 milliards de dollars en 2020.
Pendant ce temps, les provinces et les territoires auront de plus en plus de difficulté à équilibrer leurs budgets et à offrir aux Canadiens des programmes en santé, en éducation et en services sociaux.
En dépit du fait que le gouvernement fédéral continue à nier l'existence d'un tel déséquilibre fiscal, on s'attend à ce que le ministre des Finances annonce que l'excédent fédéral atteindra facilement plus du double de ce que le gouvernement fédéral avait prévu il y a seulement quelques mois. Cette situation est inacceptable. Pendant que le gouvernement fédéral nage dans les excédents, nous vivons dans un pays dont presque toutes les provinces sont considérées comme pauvres.
Le gouvernement fédéral continue à nier l'existence d'un déséquilibre fiscal, mais le gouvernement de chaque province, le Conference Board du Canada, l'Institut C. D. Howe, la Commission Séguin et le Parti conservateur du Canada, pour n'en nommer que quelques-uns, reconnaissent l'existence de ce problème sérieux.
Malgré ses excédents énormes, le gouvernement fédéral propose pour toute solution aux provinces de hausser leurs impôts afin de payer les programmes sociaux dont les Canadiens ont tant besoin. Or, la solution ne consiste pas à prélever de nouveaux impôts et à perpétuer les déficits provinciaux. Il est clair que la structure actuelle d'imposition ne répond plus aux besoins des provinces et des territoires.
Le Parti conservateur, entre autres solutions, propose d'accorder une plus grande autonomie aux provinces. La solution des libéraux à l'égard du déséquilibre fiscal consiste plutôt en des mesures palliatives, appliquées au moment opportun pour eux sur le plan politique. Le Parti conservateur, lui, réclame des changements fondamentaux à la formule de péréquation et réclame que l'on s'attaque aux questions des recettes provenant des ressources naturelles ainsi qu'au déséquilibre fiscal.
Par exemple, le gouvernement fédéral pourrait, au moyen du transfert de points d'impôt, offrir aux provinces l'accroissement des recettes nécessaires à la mise en oeuvre des programmes sociaux et éducatifs, sans devoir majorer l'impôt sur le revenu ou faire un déficit. Cela garantirait aussi que moins d'inefficacités et de doubles emplois se produiraient du fait de l'intrusion fédérale dans les compétences provinciales.
Cela dit, voici où réside le vrai problème. Pour que le gouvernement fédéral puisse réaliser une proposition comme celle-ci, il devrait abandonner un certain degré de pouvoir et de contrôle. Pour ce faire, il devrait avoir un certain degré de foi : foi dans les provinces, dans les premiers ministres et dans les députés des assemblées législatives provinciales. Il lui faudrait avoir la foi dans les municipalités, les maires, les villes et les conseillers municipaux, les conseillers scolaires, les parents et, dernier élément mais non le moindre, les particuliers, qu'il devrait également respecter. Toutefois, c'est quelque chose que le Parti libéral a perdu : foi dans les particuliers et, par extension, foi dans le pays. Cela devient sans cesse plus évident dans sa pratique politique du fédéralisme, où l'interventionnisme, la micro-gestion et les doubles emplois sont devenus sa contribution aux relations fédérales-provinciales.
Voilà la différence la plus saisissante entre le gouvernement et le Parti conservateur du Canada. Nous respectons la Constitution et le pouvoir des provinces, et nous respectons les particuliers. Notre vision du fédéralisme est ancrée dans le concept selon lequel les Canadiens ont la capacité de prendre leurs propres décisions et savent ce qui leur convient le mieux à eux, à leurs enfants, à leur famille et à leur collectivité. Voilà la vision du Parti conservateur du Canada, et il me tarde de voir le jour où nous formerons le gouvernement, de sorte que la Constitution sera respectée, les provinces seront respectées et les Canadiens seront respectés.
J'entrevois aussi avec un vif intérêt de travailler avec mes collègues, les autres parlementaires, et de faire participer les Canadiens aux débats sur ces questions importantes. Je crois qu'ensemble nous pouvons trouver une meilleure vision pour le Canada.
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Monsieur le Président, d'abord, je tiens à remercier les électeurs de Blackstrap qui m'ont réélue et qui m'appuient pour les représenter au Parlement.
Il est intéressant de constater que depuis 2000, année où je fus élue pour la première fois au Parlement à titre de représentante des habitants de ma circonscription, le gouvernement libéral a livré quatre discours du Trône. Ce que je croyais être une rareté est devenu un événement annuel où l'on fait les mêmes déclarations grandiloquentes dans le vide. Chaque nouveau discours du Trône est plus édulcoré que le précédent.
Selon la procédure en vigueur à la Chambre des communes, le discours du Trône est habituellement un énoncé des politiques du gouvernement, et il donne lieu à un débat. Il est très difficile pour les députés de ce côté-ci de la Chambre de débattre de politiques inexistantes. Le dernier discours du Trône aborde longuement des questions générales et brièvement les questions de planification.
Je trouve particulièrement ironique le fait que la gouverneure générale ait ouvert la 38e législature en soulignant la commémoration du 60e anniversaire du jour J et du débarquement des forces alliées et en disant à quel point ce jour fut important pour les Canadiens et le monde entier. Elle a dit que collectivement et individuellement, nous voyons grandir notre fierté et notre sens du devoir grâce aux actions et au service des anciens combattants.
Nous avons terminé la dernière législature en parlant du jour J. Quelques jours avant que le premier ministre dissolve la 37e législature, nous lui avons demandé pourquoi, alors que le gouvernement avait des fonds pour que 70 fonctionnaires dans le domaine des sports soient dépêchés outremer, il limitait à 60 le nombre d'anciens combattants dépêchés aux célébrations du jour J en Normandie. Peut-on qualifier de respectueux un gouvernement qui n'a pas saisi l'occasion d'honorer nos anciens combattants en permettant à un plus grand nombre d'entre eux d'assister à cette commémoration historique?
Il n'est pas étonnant qu'un nombre croissant de cas concernant le ministère des Anciens combattants soit portés à l'attention de mon bureau de circonscription. Les habitants de Blackstrap sont profondément ébranlés par le manque d'appui donné aux veuves des anciens combattants et aux militaires qui ont été exposés à des armes chimiques et biologiques.
Ces Canadiens méritent des éloges dans le cadre de discours, mais l'histoire montre qu'aucune action concrète n'a été prise pour donner suite à ces belles paroles.
Le discours souligne aussi que le début de la 38e législature marque l'engagement du gouvernement avec tous les parlementaires et indépendamment de toute affiliation politique à faire des progrès réels pour les Canadiens, pour notre pays et pour notre avenir. On ne sait pas bien comment les progrès se réaliseront car le plan du gouvernement comporte à peu près les mêmes promesses générales qui n'ont donné lieu à aucun changement depuis qu'elles ont été faites pour la première fois.
Les Canadiens sont devant un discours du Trône livré par un gouvernement libéral qui ne semble pas avoir pleinement accepté sa position minoritaire.
Le message du gouvernement à propos des enfants, des soignants et des personnes âgées est une série de déclarations vagues. «Nous cherchons d'autres moyens», «nous proposons au Parlement une consultation», «nous mettons en place les fondements», «nous attendons les recommandations à venir». Voilà autant d'expressions qui ne sont pas synonymes de mesures concrètes, ni de progrès.
Le gouvernement est au pouvoir depuis plus d'une décennie et pourtant, il erre toujours à la recherche de solutions. La pierre angulaire du plan du gouvernement concernant l'enfance est un système national d'enseignement préscolaire et de garderies. Or, les services de garde d'enfants varient beaucoup au pays, où les provinces et les autorités locales ont déjà pris ce dossier en main.
Une fois effectués les ajustements pour tenir compte des différences entre les régions, les cultures et les niveaux économiques, le programme n'aura plus rien d'un programme national. C'est important dans ma circonscription, qui compte une importante population rurale. Quelles que soient les velléités d'universaliser l'accès aux services de garde d'enfants, les programmes de ce genre ne peuvent jamais être aussi accessibles partout.
En outre, le plan du gouvernement fait fi de l'autonomie des provinces. Les services de garde d'enfants font partie des responsabilités des provinces. Le gouvernement fédéral a des explications à donner concernant les sérieuses questions d'argent, d'organisation, de définition des compétences qui se posent. L'universalité des services de garde d'enfants ne peut se réaliser sans coopération entre les provinces et le gouvernement fédéral. Toute décision à ce sujet ne peut être prise unilatéralement par le gouvernement fédéral.
La péréquation est mentionnée brièvement dans le discours du Trône. Pourtant, en révisant la formule de péréquation pour qu'elle soit plus équitable et qu'elle respecte les compétences des provinces, telles que définies dans la Constitution, le gouvernement fédéral saisirait une occasion en or d'améliorer les relations fédérales-provinciales.
En outre, le discours du Trône parle brièvement des parents qui doivent s'occuper à la fois de jeunes enfants et de personnes âgées. Nombre de baby-boomers sont actuellement coincés entre leurs enfants d'âge scolaire et leurs parents, qui se font vieux. On les a rebaptisés la génération sandwich.
La gouverneure générale a déclaré que le gouvernement reconnaissait le rôle essentiel des Canadiens et des Canadiennes qui s'occupent de parents âgés ou invalides ou de personnes lourdement handicapées, et qu'il aidera les personnes handicapées à accroître leur autonomie en examinant les mesures fiscales à prendre.
On ne saurait oublier que, plus tôt cette année, ce même gouvernement informait quelque 106 000 Canadiens qu'ils ne seraient plus automatiquement admissibles au crédit d'impôt pour personnes handicapées, qu'elles recevaient pourtant depuis de nombreuses années, et qu'elles devraient présenter une nouvelle demande. J'ai reçu de nombreuses demandes de personnes non voyantes ou amputées, qui se demandaient bien comment elles pouvaient, du jour au lendemain, ne plus être considérées comme des personnes handicapées aux fins de la fiscalité.
Le Conseil des Canadiens avec déficiences a relevé l'absence de mesures d'aide pour les handicapés, et a déclaré dans un communiqué que le discours du Trône était décevant pour les personnes avec déficiences puisqu'il offre à nos communautés, vastes et diversifiées, encore moins que ce qu'annonçaient le discours du Trône de février 2004 et le budget de mars 2004.
Le discours du Trône est encore plus remarquable par les sujets qu'il n'aborde pas, notamment des questions aussi importantes que la mise en oeuvre du registre des armes à feu, la réforme démocratique, l'allégement de la fiscalité, la modernisation des forces armées et la réforme de la justice pénale. On relève également l'absence criante de toute mention relative à l'agriculture.
L'agriculture, dont le gouvernement a dit qu'elle était l'un des piliers de notre économie, se trouve actuellement dans une spirale économique descendante. Depuis quelques années, tous les agriculteurs, aussi bien ceux de l'Ouest que de l'Est, ont subi de nombreuses épreuves, dont la sécheresse, les sauterelles, le gel, la guerre des subventions, les litiges commerciaux et, bien entendu, la débâcle actuelle attribuable à la fermeture de la frontière dans la foulée de la crise de l'ESB. Alors que les agriculteurs perdent leur gagne-pain, le gouvernement s'est contenté de mentionner en passant l'agriculture parmi d'autres sujets, comme le secteur automobile, l'aérospatiale, les secteurs liés à la fabrication et les industries axées sur les ressources naturelles. L'agriculture n'a donc eu droit qu'à une mention au passage dans le discours du Trône.
Je disais plus tôt que les discours du Trône des quatre dernières années ont été systématiquement dilués. Dans le discours du Trône livré plus tôt cette année, par exemple, le gouvernement libéral faisait référence à l'agriculture dans un paragraphe. Il déclarait:
Le gouvernement est déterminé à promouvoir l'économie agricole, à prendre les mesures nécessaires pour protéger l'accès aux marchés internationaux, et à faire en sorte que les agriculteurs ne soient pas laissés à eux-mêmes dans des circonstances qui ne relèvent pas de leur contrôle.
Les agriculteurs attendent toujours des mesures concrètes. Il se peut que le gouvernement n'ait pas encore pris conscience de la situation désespérée où se trouve l'agriculture. Dans le discours du Trône, il accorde encore moins d'attention à ce grave problème. C'est regrettable et troublant.
Tous les Canadiens attendaient de ce discours des mesures décisives, constructives et positives. C'est malheureusement le contraire qui s'est produit.
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Monsieur le Président, d'abord, je veux féliciter ma collègue conservatrice qui a noté que ce discours du Trône était très décevant—elle n'est pas la première à le faire—pas tellement par ce qu'il dit, mais par ce qu'il ne dit pas concernant les gens qu'il passe sous silence. Elle mentionnait par exemple les fermiers.
En effet, dans ce discours du Trône, il y énormément de silences. C'est étonnant de la part d'un gouvernement qui a la parole facile quand c'est le temps de parler. Toutefois, quand c'est le temps d'agir, on cherche toujours. Dans le discours du Trône, par exemple, il y avait un grand silence, et c'est étonnant.
J'en profite d'ailleurs pour saluer les électeurs et électrices de Louis-Hébert, puisque c'est la première occasion que j'ai de les remercier publiquement et de leur dire que je les représenterai dignement. En outre, en défaisant l'ex-ministre du Patrimoine, je m'attendais à ce qu'il n'y ait plus de ces Minutes du patrimoine qui, en une minute, résument à peu près ce qu'il y a à dire sur l'état de la nation.
Or, on voit bien dans le discours du Trône qu'il y a beaucoup de ces Minutes du patrimoine, et qu'il y a surtout des silences d'une minute. Notamment, ma collègue parlait de ces silences. Il y en a un qui est particulièrement troublant. C'est un silence qui parle plus que les autres, si je puis dire: il s'agit des congés parentaux.
Vous avez beau regarder ce discours du Trône sous tous les angles, dans les deux langues officielles, vous ne trouverez rien sur les congés parentaux. Pourtant, ces congés parentaux, c'est quelque chose qui existe. C'est palpable.
Il y a quelques mois seulement, le premier ministre du Canada se targuait, se vantait—j'allais dire se pétait les bretelles—à l'effet qu'une entente de principes particulière avait été conclue avec le gouvernement du Québec. C'est facile à dire. Dans ce temps-là, ils ont la parole facile, les amis libéraux, les amis du gouvernement. Tout à coup, on cherche les modalités financières. Comment se fera ce partenariat? Comment se concrétisera cette entente de principes sur les congés parentaux?
On a beau regarder—et j'ai fait l'exercice—, il n'y a pas un mot. C'est motus et bouche cousue. Il n'y a rien là-dedans. Pourtant, c'est clair comme de l'eau de roche. Le fédéral devrait reconnaître la compétence du Québec en matière de congés parentaux. Ce n'est pas sorcier. Cela peut se faire, même dans un discours d'intentions, un discours du Trône. On a eu beau le virer dans tous les sens, on n'a rien trouvé.
Il serait peut-être important que le gouvernement canadien s'éloigne un peu de cette tentation d'aller toujours devant les tribunaux pour contester. Il devrait abandonner les procédures et, à la place, tout simplement, transférer au Québec son dû, soit 700 millions de dollars par année pour les congés parentaux. C'est quelque chose de concret qu'on ne voit pas dans le discours du Trône.
Encore une fois, je félicite la députée qui vient de prendre la parole, parce qu'elle a très bien et exactement identifié cette absence de contenu précis. Puisque cette collègue conservatrice a d'ailleurs souligné qu'il y a aussi un grand silence, une autre grande minute du patrimoine silencieuse concernant les fermiers, est-ce qu'elle croit qu'il pourrait être utile de passer de la parole aux actes, de dire des choses un peu plus concrètes en ce qui concerne le sort de milliers de gens qui habitent dans ce pays, de mettre vraiment de la chair autour de l'os et d'arriver avec des réalisations concrètes?
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Monsieur le Président, je suis heureux de partager mon temps de parole avec le député de York-Sud—Weston.
C'est un véritable honneur et privilège pour moi de prendre la parole à la Chambre et de m'adresser à mes collègues de tous les partis au nom des citoyens et citoyennes de Lac-Saint-Louis, une circonscription qui englobe la partie la plus à l'ouest de l'île de Montréal et qui est délimitée par le fleuve Saint-Laurent, l'un des plus grands cours d'eau du monde qui a déjà été la porte d'entrée qui a mené à la découverte d'un continent tout entier.
Avant de vous faire part de mes réflexions sur le discours du Trône, j'aimerais officiellement remercier mes électeurs de la confiance qu'ils m'ont accordée le 28 juin et de réitérer mon engagement de les servir dans toute la mesure de mes capacités.
[Français]
Je veux assurer à mes électeurs que je mettrai tout en oeuvre pour me montrer à la hauteur de l'honneur qu'ils m'ont fait en me choisissant comme leur représentant à la Chambre des communes.
J'aimerais également souligner la contribution de mon prédécesseur, Clifford Lincoln, à la vie de cette Chambre pendant plus de 10 ans. Non seulement s'est-il fait un champion de la cause environnementale, mais il a aussi, à travers ses fonctions de président du Comité permanent du patrimoine canadien, su s'attirer le respect de tous les intervenants de l'industrie de la radiodiffusion et du milieu des arts et de la culture.
[Traduction]
J'aimerais souligner l'intégrité, le dévouement, la diplomatie et la vision que Clifford Lincoln a apportés sur la colline du Parlement, ainsi qu'à de nombreux autres aspects de sa vie publique au service du Canada.
[Français]
La vie communautaire est au coeur de la vie d'un pays. Qu'il s'agisse des événements marquants de notre vie ou tout simplement des gestes routiniers de la vie de tous les jours, ces moments se passent et trouvent leur sens profond dans le cadre de collectivités locales bien définies, qu'il s'agisse de notre ville, de notre voisinage ou de notre village. Que l'on parle de notre trajet quotidien vers le bureau ou vers l'école, en voiture ou par transport en commun, ces va-et-vient dépendent d'une infrastructure créée et entretenue par un gouvernement local, souvent à même l'appui financier d'un autre palier de gouvernement pouvant compter sur des revenus ou une capacité d'emprunter plus élevés.
[Traduction]
L'initiative du gouvernement sur les collectivités reconnaît l'importance cruciale de la collectivité dans notre vie nationale. Elle est également une expression que nous, les Canadiens, nous distinguons souvent de nos voisins du Sud par la qualité de la vie de nos villes et villages.
[Français]
Je souscris d'emblée à la thèse voulant que la géographie, de manière subtile et parfois mystérieuse, influence la culture, et que ceux et celles qui habitent mon comté, certains depuis des générations, ont été profondément marqués par le fait de vivre dans ce milieu majestueux qu'est l'écosystème du fleuve Saint-Laurent et des Grands Lacs.
[Traduction]
J'aimerais croire que, à l'instar de tous les Canadiens, nous qui habitons à l'ouest de l'île de Montréal, avons appris à respecter la beauté de notre environnement naturel mais aussi à comprendre que la nature, comme d'autres forces qui nous dépassent, comme celles qui président aux changements technologiques et économiques, ont souvent une qualité aléatoire qui nous oblige, à titre de particuliers, à nous entraider. J'aime croire que la réalité géographique de l'ouest de l'île de Montréal nous a permis en quelque sorte de nous doter de fortes valeurs communautaires.
L'une des manifestations les plus puissantes pour exprimer notre altruisme communautaire réside dans la façon dont nous unissons nos efforts en tant que particuliers pour venir en aide à ceux qui sont vulnérables surtout par suite d'une maladie ou d'un handicap physique ou mental, temporaire ou chronique.
[Français]
Dans ma circonscription, il existe un extraordinaire réseau de groupes communautaires bénévoles voués au bien-être de nos concitoyens et concitoyennes dans le besoin. Ce réseau a été créé grâce aux efforts de bénévoles infatigables dont plusieurs sont aujourd'hui des aînés. Ce qu'ils ont accompli en matière de développement du secteur bénévole de ma région, ils l'ont réalisé à l'époque, pour la plupart, sans l'aide de subventions gouvernementales. De fait, ces pionniers du secteur bénévole ont été, à bien des égards, les premiers à encourager les gouvernements à s'impliquer financièrement auprès de ce qu'on appelle aujourd'hui l'économie sociale.
[Traduction]
Je suis donc réconforté de voir que dans le discours du Trône, le gouvernement a inclus une promesse visant à améliorer la vie des aînés canadiens.
En plus des nombreuses cliniques communautaires et haltes médicales, ma circonscription de Lac-Saint-Louis compte le seul hôpital au Canada dont le gouvernement fédéral soit propriétaire et gestionnaire, l'hôpital Sainte-Anne, un véritable centre d'excellence dans le domaine du syndrome de stress postraumatique et des maladies connexes. Les citoyens que je représente sont fermement résolus à défendre le rôle d'administrateur de l'hôpital Sainte-Anne que joue le gouvernement fédéral.
[Français]
En plus de l'hôpital Sainte-Anne pour anciens combattants, ma circonscription abrite l'hôpital général de Lakeshore, un centre hospitalier qui dessert l'ouest de l'île de Montréal ainsi que la région depuis le lac des Deux-Montagnes jusqu'à la limite est de l'Ontario.
[Traduction]
Les administrateurs de l'hôpital Lakeshore, y compris son excellente équipe de médecins et d'infirmiers, ont travaillé obstinément à l'expansion et à la modernisation de l'hôpital pour répondre aux besoins d'une collectivité en pleine croissance. L'année dernière, l'hôpital a reçu des fonds d'immobilisations pour mettre sur pied un nouveau centre ultramoderne de soins ambulatoires qui comprend aussi des salles d'opérations. Cependant, à cause des contraintes imposées au fonds d'exploitation, le centre n'est pas utilisé à sa pleine capacité. J'espère sincèrement que le récent accord en matière de santé sera utile à l'hôpital Lakeshore grâce au financement supplémentaire qu'il procurera aux provinces, en l'occurrence la province de Québec.
[Français]
Je félicite également le gouvernement pour sa vision de plus en plus compréhensive des soins de santé, vision qui dépasse l'approche traditionnelle en mettant également l'accent sur les soins à domicile et les soins de fin de la vie.
[Traduction]
Je me dois également de signaler, relativement aux soins en fin de vie, que ma collectivité a acquis une réputation qui s'accroît sans cesse, en ce qui concerne sa nouvelle résidence dispensant des soins palliatifs dans l'ouest de l'île. Comme l'hôpital Lakeshore qui lui est contiguë, la résidence est devenue un noyau de bénévolat qui a donné un nouvel élan à l'esprit de bénévolat qui anime l'ouest de l'île de Montréal. La résidence, qui existe grâce aux efforts de promotion, persistants et inspirés de sa directrice exécutive, Teresa Dellar, et aux efforts tenaces d'un ancien député de l'Assemblée nationale, Russell Williams, est un rayon d'espoir pour les particuliers et leurs familles qui doivent affronter les réalités de la maladie en phase terminale.
[Français]
Il y a sans doute beaucoup de Canadiens et Canadiennes qui se réjouissent aujourd'hui de l'accent que le gouvernement a su remettre, dans le discours du Trône, sur l'environnement. Les politiques environnementales ne touchent pas uniquement la protection environnementale et la santé des Canadiens. Elles vont aussi au coeur même de la justice sociale.
[Traduction]
Dans le discours du Trône, l'accent mis sur l'Arctique est un signe concret du désir du gouvernement de faire un lien entre les questions environnementales et celles de justice sociale qui touchent les peuples autochtones du Canada. Une étude scientifique a montré que ce sont les vents qui acheminent, dans le fragile écosystème arctique, la plus grande partie de la pollution toxique provenant de régions éloignées et entrant dans la chaîne alimentaire des habitants du Nord.
Je suis fier de dire que, dans ma circonscription, un institut, en l'occurrence le Centre for Indigenous Peoples' Nutrition and Environment, fait de la recherche sur la situation des circuits d'alimentation traditionnelle des peuples autochtones du Canada, dont les Inuits du Nord. Je m'enorgueillis également du rôle que peut jouer une organisation comme celle-là, établie dans ma circonscription, au titre de l'avancement des priorités gouvernementales dans le Nord canadien.
Le Canada considère depuis toujours d'un point de vue très large le concept de collectivité. Pour les Canadiens, le terme multilatéralisme vient tout naturellement. Il n'engendre pas la crainte de voir notre identité engloutie dans la réalité internationale parce que le Canada est en soi un reflet de ce monde. La société canadienne n'a jamais été homogène. Notre société a d'abord été constituée par les Canadiens autochtones, puis par les colons de langue française et anglaise qui sont venus s'établir sur le territoire. Aujourd'hui, elle compte des gens provenant de tous les coins du globe, dont bon nombre parlent couramment les deux langues officielles du Canada, en plus de leur langue maternelle.
En conclusion, la démocratie est l'un des plus grands cadeaux que nous ont légués nos prédécesseurs.
[Français]
Peu importe le moment de l'histoire, les sujets controversés que les Canadiens et nous, en tant que leurs élus, doivent aborder ne manquent pas. Ce sera certes le cas au cours de cette 38e législature.
Je crains cependant que nous n'oubliions que nos institutions démocratiques ont été conçues afin de permettre aux individus et aux groupes de traiter de manière constructive des questions parfois émotives, et qui sèment forcément la discorde, dans un contexte qui mène au respect et à la compréhension de l'autre.
[Traduction]
Le dialogue démocratique permet la reconnaissance de la valeur et de la légitimité des opinions des autres, la réalisation que même si nous ne sommes pas d'accord avec nos collègues, ils sont animés par la même honnêteté intellectuelle et la même bonne foi que nous. Cette prise de conscience nous permet en dernier ressort de poursuivre et, une fois les problèmes réglés démocratiquement, de collaborer pour résoudre d'autres questions au sujet desquelles nous nous entendons peut-être mieux.
J'ose espérer que cet esprit de compréhension et de respect mutuels nous guidera tout au long de cette 38e législature.
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Monsieur le Président, c'est un grand privilège pour moi de pouvoir prendre la parole aujourd'hui et de faire part de plusieurs observations concernant le discours du Trône.
Je tiens cependant à féliciter d'abord les députés qui ont été élus pour la première fois à la Chambre. La responsabilité que nos électeurs et les Canadiens nous confient a toujours éveillé en moi un sentiment d'humilité. Rien ne peut autant éveiller l'humilité chez quelqu'un que l'expérience que nous vivons ici.
Je tiens à féliciter ensuite les députés qui ont été réélus. Nul doute qu'ils seront des pairs qui sauront offrir des conseils de nature à aider les nouveaux députés à s'acquitter de leurs tâches. Bref, il fait bon de se retrouver ici. Je m'en réjouis et je tiens à remercier les électeurs de York South—Weston qui m'y ont délégué.
Nous avons beau parler de toutes les choses que nous voulons faire, que nous cherchons à réaliser, nous n'y arriverons pas sans la discipline financière qui constitue le point de départ de l'exécution de nos promesses, et si nous ne sommes pas sincères sur le plan de la discipline financière, nous ne pouvons être sincères devant les citoyens du Canada.
La notion de discipline financière est abordée dans le discours du Trône et, pour nous rappeler les faits, nous avons scruté les deux ou trois dernières décennies pour repérer les précédents montrant les situations où l'héritage que nous avons laissé aux générations futures n'est pas viable sur le plan financier. Nous savons que dans les années 90 et au début de 1993, le gouvernement libéral au pouvoir sous la direction de l'ancien premier ministre et du ministre des Finances, qui est aujourd'hui premier ministre, a dû prendre des mesures pour assainir les finances publiques.
Bien souvent, notre mémoire collective est telle que nous sommes sélectifs à l'égard des choses que nous ne voulons pas oublier et des choses que nous voulons oublier. Une chose que nous ne devrions pas oublier est que toutes les possibilités concernant les défis et les conditions préalables à respecter dans le domaine de l'environnement, les moyens que nous pouvons prendre pour rehausser la justice sociale et la capacité d'investir dans les jeunes Canadiens qui seront les travailleurs de demain et d'investir dans les nouvelles technologies dépendent entièrement de la création d'assises pour la responsabilité financière. Nous sommes aujourd'hui les héritiers des choix difficiles qui ont dû être faits à cette époque.
Le thème sous-jacent du discours du Trône est l'idée que tout en investissant dans les soins de santé et dans notre capacité à instaurer la paix dans le monde, nous devons également créer de la richesse et à partir de celle-ci, continuer à rembourser une dette qui limiterait les décisions que les générations futures devront prendre.
J'aimerais souligner que par le passé, les parlementaires des deux côtés de la Chambre se sont heurtés à cette équation: comment rembourser la dette tout en investissant en même temps dans les questions sociales, économiques et écologiques pour améliorer le niveau et la qualité de vie des Canadiens?
C'est faire preuve de beaucoup de courte vue que de ne pas reconnaître la nécessité d'en arriver à un consensus dans nos relations fédérales.
Le discours du Trône n'a pas dit directement de quelle façon nous devons nous y prendre, mais il s'est servi du consensus dégagé à l'égard du programme de soins de santé, ce programme sur dix ans échafaudé grâce aux délibérations avec les gouvernements provinciaux. À mon avis, le discours du Trône montre à quel point il est important que la culture des Canadiens—et je dirais la culture de cette Chambre—appuie la recherche d'un consensus.
Nous entendons souvent parler du déficit démocratique. Nous avons tendance à y penser en termes de mode d'élection au Parlement, de représentation proportionnelle ou d'amélioration des structures et du système des comités. Mais nous ne parlons pas souvent de la culture, qui vise à faire les choses sans affrontement et en diminuant le degré habituel de partisanerie pour travailler à partir de valeurs communes.
Assurément, le plan sur la santé, d'après la nature des discussions avec les provinces et, en fait, le résultat final, a prouvé hors de tout doute que des gens de bonne volonté représentant tous les Canadiens peuvent en arriver à un consensus sur une grave question comme les soins de santé sans chercher de coupables pour expliquer pourquoi nous nous retrouvons dans cette situation, et il est une preuve éloquente que des solutions peuvent être trouvées.
Dans le discours du Trône, et je pense que cela se retrouve partout, il y a une notion voulant que le défi pour nous consiste à examiner d'autres questions et à les aborder de la même façon.
Je pense qu'il est également important que nous, en tant que Canadiens, reconnaissions la diversité changeante de nos collectivités. Nous vivons dans le village planétaire, dans lequel nous devons trouver des expressions qui représentent bien l'opinion publique. Là encore, le discours du Trône parle du défi pour nous, non seulement d'essayer de trouver des solutions à des conflits internationaux et de jouer un rôle majeur, mais également d'utiliser cette même approche ici au Canada en reconnaissant que nos politiques doivent refléter les aspirations et les attentes des Canadiens pas simplement au Canada, mais à l'étranger.
Le discours du Trône parle également de façon très sérieuse de la défense de la charte qui est la manifestation non seulement des droits des minorités à l'intérieur de nos collectivités, mais également des aspirations de tous ceux qui sont venus s'établir au Canada, ainsi que de la valeur voulant que la société canadienne dans cet environnement changeant continue d'être une collectivité inclusive et dynamique. Je pense que le discours du Trône reflète très bien cette valeur.
Le discours du Trône décrit également les possibilités qui existent dans notre merveilleux pays, que ce soit pour les travailleurs, les professionnels, les investisseurs et les entreprises. Les débouchés sont énormes.
Je vois le discours du Trône non simplement comme des piliers supportant une chose plutôt nébuleuse ou les couches d'un gâteau, mais bien comme un énoncé des aspirations et des possibilités, qu'il s'agisse d'investir grâce aux technologies environnementales ou de résoudre des conflits internationaux en jouant notre rôle majeur, en examinant le monde et en trouvant les possibilités qui s'offrent au Canada de jouer un rôle de premier plan.
Peu importe la façon dont on examine le discours du Trône, que ce soit sur le fond ou ce qu'il prétend défendre, il s'agit d'un document qui montre un gouvernement qui cherche à inclure tout le monde et à nous amener tous à participer dans le monde actuel, en créant non seulement un monde meilleur, mais un meilleur pays. Il est inclusif en ce qui concerne la nécessité pour ce gouvernement minoritaire de s'appuyer sur les deux côtés de la Chambre et sur tous les partis. En tant que tel, c'est un discours du Trône qui mérite l'appui de la Chambre.
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Monsieur le Président, je veux tout d'abord féliciter mon collègue d'avoir été réélu à la Chambre des communes. Par ailleurs, nous oublions trop souvent les greffiers, au Bureau. Nous voulons les féliciter de leur retour, ainsi que le sergent d'armes, bien entendu, et la personne qui, à mon avis, occupe le meilleur emploi au Canada, c'est-à-dire le contrôleur là-haut qui me fait paraître bien ou mal.
Cela dit, le discours du Trône est en réalité aussi pertinent qu'une promesse électorale. Il ne sert absolument à rien à moins qu'un budget soit déposé très rapidement pour l'appuyer.
Ma question porte sur un tout autre sujet. Le député parle d'investir dans les Canadiens. Il a absolument raison, mais dans les faits, comme on peut le voir dans les médias aujourd'hui, le ministre des Transports exprime son soutien, et le gouvernement doit agir rapidement afin d'appuyer l'industrie aérospatiale pour Bombardier Canadair.
Nous, les députés du NPD, n'y voyons pas d'objection. Si le gouvernement entend utiliser l'argent des contribuables pour resserrer ou favoriser les liens avec l'industrie privée afin de créer des emplois à long terme dans la région de Montréal, nous estimons que c'est une bonne idée. Toutefois, pourquoi n'a-t-on pas la même attitude à l'égard des constructeurs navals du pays? Qu'est-ce qui pousse l'ancien ministre des Finances, M. Manley, à dire que l'industrie navale canadienne est en déclin?
Dans la circonscription même du ministre de l'Industrie, en Colombie-Britannique, la B.C. Ferry Corporation du gouvernement britanno-colombien a octroyé un contrat d'un demi-milliard de dollars à une entreprise allemande pour la construction de trois traversiers qui seront exploités dans la province. Cette impartition n'a créé aucun emploi au Canada. La réalité, c'est que nous disposons d'entreprises de ce genre au pays et nous avons notre propre industrie. Plus important encore, nous disposons d'une main-d'oeuvre compétente et hautement qualifiée pour bâtir les navires dont le pays a besoin. Je rappelle aux députés que les bâtiments de la Garde côtière doivent être remplacés, tout comme c'est le cas de nos navires militaires et de la flotte de cargos hors mer. Un peu partout au pays, des traversiers et des remorqueurs, notamment, doivent être remplacés.
Ces bâtiments pourraient être construits ici même au pays de façon à aider la Colombie-Britannique, le Québec, Port Welland et, en particulier, le Canada atlantique. On ne demande pas la charité. On demande de l'aide au développement.
Si seulement nous avions une aide au développement et une politique adéquate. Soit dit en passant, il n'est pas nécessaire de réinventer la roue. La politique existe déjà. M. Tobin, l'ancien ministre de l'Industrie, avait réuni les ministres de l'Industrie et de la Santé pour élaborer la politique. Elle dort sur les tablettes depuis maintenant trois ans.
Une fois de plus on se demande pourquoi le gouvernement libéral fait preuve d'une telle nonchalance lorsqu'il s'agit du bien-être de l'industrie de la construction navale au pays. Le gouvernement libéral est, par le passé, venu en aide à l'industrie automobile et il le fait actuellement pour l'industrie aéronautique. Pourquoi ne pas adopter la même attitude à l'égard de la construction navale?
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Monsieur le Président, je remercie mes chers collègues du Nouveau Parti démocratique. Je comprends qu'ils souhaitent que je sois encore membre du Comité permanent des pêches et des océans.
Avant de débuter, comme l'ont fait plusieurs de mes collègues ici dans cette Chambre, je voudrais remercier les électeurs du comté de Haute-Gaspésie—La Mitis—Matane—Matapédia qui m'ont donné un mandat extrêmement clair et m'ont fait confiance une deuxième fois.
Semble-t-il qu'il me reste très peu de temps, soit environ cinq minutes. Je voulais aborder une dizaine d'éléments, mais je ne pourrai pas les aborder tous. Toutefois, s'il y a un dossier qui me tient à coeur, le premier que je souhaite aborder, c'est celui des pêches.
À l'issue d'une tournée effectuée avec mon collègue du comté de Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine avant notre retour en Chambre, nous nous rendons compte encore une fois que la situation vécue dans l'industrie de la pêche pourrait être qualifiée de bordélique, de quasi catastrophique dans l'Est. Je sais que sur la côte de la Colombie-Britannique, on vit à peu près les mêmes problèmes, mais à un niveau peut-être différent.
Il y a un élément sur lequel les gens ont insisté beaucoup, soit la protection de la ressource. Depuis que le gouvernement fédéral est responsable de la gestion de la ressource, celle-ci est allée en diminuant et la protection n'en a pas véritablement été assurée. Les gens nous demandent d'insister à nouveau pour que le gouvernement fédéral prenne ses responsabilités et protège la ressource de façon à ce qu'elle puisse se régénérer et que l'industrie puisse continuer à vivre.
Il faut peut-être rappeler aux gens qu'en ce qui concerne le poisson de fond, particulièrement au niveau de la morue, on vient de vivre un deuxième moratoire en l'espace d'environ 10 à 12 ans. Cela signifie que depuis ce temps, nous n'avons pas encore appris comment gérer la ressource et que le gouvernement fédéral n'a pas pris les mesures pour la protéger et faire en sorte qu'elle puisse se régénérer. Cela constitue un élément.
Il existe également un autre élément très important qui, à l'heure actuelle, met en danger la sécurité des pêcheurs, c'est les ports pour petits bateaux. Les gens nous l'ont répété partout sur la Basse-Côte-Nord, sur la Moyenne-Côte-Nord et dans l'ensemble de la Gaspésie. Je suis convaincu qu'on se fait répéter la même chose à Terre-Neuve ou dans les Maritimes, entre autres. Jamais on n'a vu les infrastructures d'un gouvernement autant laissées à l'abandon.
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est une étude commandée par le ministère des Pêches et des Océans publiée récemment. On peut y lire qu'à court et moyen terme, le gouvernement ne peut pas répondre efficacement aux besoins de l'industrie de la pêche, parce qu'au fil des ans, les investissements n'ont pas été suffisants. Aujourd'hui, il en coûterait quelque chose comme un milliard de dollars simplement pour remettre à niveau les infrastructures dont on a besoin. On parle des infrastructures dont l'objectif est d'assurer une sécurité aux pêcheurs. Quand vous partez avec un bateau de pêche et que le port le plus proche se trouve à 60 miles marins, si vous faites face à une tempête, vous avez très peu de chances de pouvoir rentrer sain et sauf.
Telle est la situation que vivent les pêcheurs à l'heure actuelle. Tout ce que fait le ministère des Pêches et des Océans présentement, compte tenu que le gouvernement ne lui fournit pas les fonds, c'est installer des clôtures et fermer des quais. Les gens démolissent la clôture ou creusent un trou dans la clôture pour avoir accès à leurs bateaux. J'en ai vu un bel exemple à Grande-Vallée. Quand l'automne arrivera, comment fera-t-on pour monter les bateaux sur le quai, puisqu'il y a une clôture cadenassée? Il est interdit d'entrer sur le quai avec un camion, avec une grue ou avec quoi que ce soit. Comment fera-t-on pour sortir les navires de l'eau? Expliquez-moi comment un gouvernement peut agir de cette façon avec ses propres infrastructures.
Ce gouvernement a été irresponsable. Je parle bien de ce gouvernement, puisqu'il faut se rappeler que l'actuel premier ministre était ministre des Finances dès 1993. C'est lui qui a, entre autres, imposé les coupures vécues dans le domaine de la pêche. Il nous les a imposées de façon irréfléchie. Le premier rôle d'un gouvernement est évidemment de s'occuper des citoyens et des citoyennes, mais c'est aussi de s'occuper de ce qui lui appartient.
Au lieu d'envahir des champs de compétence des provinces, comme il l'a fait et comme il souhaite encore le faire par le discours du Trône, il devrait premièrement s'occuper de ses propres infrastructures et faire en sorte qu'elles soient décentes et fonctionnelles, de manière à ce que les pêcheurs de même que les plaisanciers puissent en profiter et être en sécurité.
Le gouvernement vient de déposer une loi qui concerne aussi la Garde côtière. On parle de sécurité, et c'est un autre élément qui est très important. Au fil des ans, on s'est rendu compte que la Garde côtière est un organisme sous-financé à un point tel qu'elle était incapable de remplir ses missions.
Aujourd'hui, au lieu de remettre l'argent, on nous dit dans les projets qui nous sont présentés et dans les communiqués de presse des ministres: «Oui, mais cela ne coûtera rien de plus.» Si cela ne coûte rien de plus, c'est parce qu'on n'a pas réglé le problème. On ne fait que le transférer du ministère des Pêches et des Océans au ministère des Transports.