:
Monsieur le Président, l'une des toutes premières mesures annoncées par notre gouvernement, le 12 décembre, a été la création d'un ministère pouvant mieux assurer la sécurité du Canada et des Canadiens, qui pourrait protéger nos assises économiques solides et qui doterait le Canada d'une place importante dans le monde, une place dont nous pourrions tous être fiers.
Aujourd'hui, je prends la parole à la Chambre lors de la deuxième lecture du projet de loi C-6, Loi constituant le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile et modifiant et abrogeant certaines lois.
[Traduction]
Par le projet de loi C-6, le gouvernement du Canada exprime très clairement que la protection de la vie et du gagne-pain des Canadiens constitue une priorité importante de notre gouvernement. La liberté dont nous jouissons et les occasions qui se présentent à nous reposent sur le fondement d'une société sûre. Nous reconnaissons qu'il n'y a pas de rôle plus fondamental pour un gouvernement que celui d'assurer la sécurité de ses citoyens.
Nous comprenons également que les méthodes traditionnellement employées pour assurer la sécurité ne conviennent plus à l'environnement complexe au sein duquel nous évoluons aujourd'hui. Dans le XXIe siècle, les menaces se présentent sous toutes sortes de formes, qu'il s'agisse de causes naturelles, d'accidents ou d'actes malveillants, et proviennent de partout dans le monde.
Les Canadiens veulent savoir que leur gouvernement dispose d'une stratégie pour faire face aux défis d'un environnement planétaire en constante évolution et d'une équipe prête à faire le travail. Ils veulent avoir l'assurance que les infrastructures essentielles du pays, c'est-à-dire le système d'aqueduc, les réseaux virtuels et électriques, les services de télécommunication et de transports--sont sûrs, fiables et robustes.
Les Canadiens attendent également du gouvernement fédéral qu'il fasse preuve de leadership pour résoudre tout manquement à la sécurité le long de notre frontière avec les États-Unis et qu'il en interdise l'accès aux criminels et aux éventuels terroristes, tout en veillant à ce que les Canadiens continuent de jouir des avantages d'une société ouverte. Il revient au gouvernement de protéger la plus longue frontière non défendue au monde tout en facilitant le passage des personnes, des biens et des services qui franchissent la frontière légalement, ce qui est indispensable à la croissance de notre économie.
En même temps, nous devons protéger les droits et libertés de nos citoyens.
Par ailleurs, les Canadiens attendent de leur gouvernement qu'il s'attaque efficacement au crime et aux menaces de crime dans leurs collectivités. Ils souhaitent que nous nous attaquions aux causes profondes du crime, que nous mettions en place des programmes plus efficaces de prévention du crime et que nous adoptions des politiques efficaces en matière correctionnelle et de libération conditionnelle, éléments qui contribuent tous à l'établissement d'une société juste, paisible et sûre.
Le gouvernement canadien s'est clairement engagé à faire en sorte que nos collectivités soient sûres et que notre pays soit ouvert au monde. Cet engagement sera réalisé grâce à une vigilance accrue à identifier et à intercepter les menaces de tous genres, ainsi qu'à un renforcement des liens entre les nombreux partenaires ayant un rôle à jouer dans la protection des Canadiens et dans notre sécurité nationale. Le projet de loi C-6 contribue à remplir cette promesse.
Sécurité publique et Protection civile Canada a pour mission de réduire le plus possible un ensemble de risques menaçant les Canadiens, depuis les crimes jusqu'aux désastres naturels, tels que les inondations et les feux de forêt, en passant par les menaces à la sécurité nationale dues à des activités terroristes. Son mandat consiste à répondre aux besoins des Canadiens en matière de sécurité publique et de veiller à ce que les organismes oeuvrant dans ce secteur soient équipés pour faire face à toute la gamme des menaces qui pèsent sur les Canadiens et sur leurs intérêts à l'étranger.
C'est dans ce but qu'il procède à l'intégration des activités essentielles de l'ancien ministère du Solliciteur général, du Groupe de travail sur la protection des infrastructures essentielles, de Protection civile Canada et du Centre national de prévention du crime. Le nouveau ministère qui en résulte, Sécurité publique et Protection civile Canada, compte près de 800 employés et dispose d'un budget de fonctionnement de 414 millions de dollars.
L'intégration de ces postes et de ces fonctions étroitement liés maximise l'efficacité de la protection civile et des interventions en cas de désastre naturel et d'urgences dans le domaine de la sécurité. Elle rehausse la prévention des crimes et améliore les liens entre les partenaires provinciaux et territoriaux en matière de sécurité publique. Elle favorise le leadership, la coordination et l'imputabilité que les contribuables canadiens attendent et méritent.
Notre nouveau ministère instaure un leadership en matière de politiques ainsi qu'un élargissement de la coordination des portefeuilles en cause, et, par conséquent, une structure plus stratégique, plus cohérente et plus solide pour la sécurité publique. Il procure des programmes et des services dans les secteurs de la sécurité nationale et de la gestion des mesures d'urgence, de la police, de l'exécution de la loi, de la surveillance des frontières, des mesures correctionnelles et de la prévention du crime.
Permettez-moi de préciser que ce nouveau ministère fait partie du portefeuille élargi de la Sécurité publique et de la Protection civile qui englobe la Gendarmerie royale du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, le Service correctionnel du Canada, la Commission nationale des libérations conditionnelles, l’Agence des services frontaliers du Canada, le Centre canadien des armes à feu et trois organismes d'examen. Bien que les rapports du ministre avec ces organismes regroupés varie considérablement, chacun d'eux contribue individuellement et collectivement à la sécurité publique, et chacun est obligé par la loi de rendre des comptes au Parlement, par l'intermédiaire du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile.
Au total, le portefeuille de la Sécurité publique et de la Protection civile comprend plus de 52 000 fonctionnaires et un budget annuel de 4,9 milliards de dollars. Le regroupement de ces agences améliore notre capacité à identifier et à combler les brèches de sécurité, à communiquer entre les agences et intervenir de façon plus stratégique pour protéger les Canadiens. En mettant en commun nos ressources et nos capacités respectives, nous pouvons assurer plus efficacement la sécurité des Canadiens.
Il est important de souligner également que notre nouvelle structure comprend des mécanismes clés de reddition de comptes et d'examen, y compris le Bureau de l'inspecteur général du SCRS, le Bureau de l'enquêteur correctionnel, et le Comité externe d'examen de la GRC. Deux organes d'examen indépendants représentent également une partie importante de la communauté canadienne de sécurité publique, en l'occurrence la Commission des plaintes publiques contre la GRC, qui examine les plaintes formulées contre la GRC, et le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui examine les activités du SCRS. La nouvelle structure du portefeuille, qui rassemble les principaux partenaires en matière de sécurité publique et les mécanismes d'examen de tout le gouvernement, reconnaît que les défis complexes dans le domaine de la sécurité publique ne peuvent être relevés si chaque agence agit séparément.
La politique nationale de sécurité du Canada, publiée le 27 avril dernier, met l'accent sur trois principaux intérêts de sécurité nationale: premièrement la protection du Canada et des Canadiens, chez nous et à l'étranger; deuxièmement, la garantie que le canada ne soit pas une base pour l'exécution de menaces contre nos alliés; et troisièmement, une contribution à la sécurité internationale.
La politique détermine quelles sont les menaces qui pèsent actuellement sur les Canadiens et présente un cadre stratégique pour agir dans six domaines clés. En outre, elle fournit des avenues pour une meilleure coordination avec les partenaires en matière de sécurité publique, comme les provinces et les territoires, en vue de faire la promotion de l'intérêt national et de dégager un consensus pour sa réalisation.
La politique de sécurité nationale reconnaît que nous devons non seulement réduire les risques, mais encore réagir aux menaces à notre frontière pour assurer la sécurité de nos citoyens. Nous devons aussi veiller à ce que les terroristes et les criminels ne se servent pas de notre pays comme refuge ou comme point de lancement d'actes malveillants contre d'autres pays.
La politique de sécurité nationale reconnaît que le meilleur moyen d'accroître la sécurité dans le monde consiste à travailler dans un véritable esprit de collaboration. Elle reconnaît que tabler sur une culture de coopération et d'engagement du niveau des quartiers jusqu'à celui des nations est essentiel si l'on veut que la sécurité publique soit à la fois efficace et réelle.
Le projet de loi C-6 est nécessaire à la réalisation de ce mandat et à la satisfaction des attentes des Canadiens et de nos alliés. Cette mesure fournit le fondement législatif requis pour que puissent être exercées pleinement les responsabilités vitales clés en matière de protection civile, de sécurité des collectivités et de sécurité nationale.
Cette mesure énonce les pouvoirs, les responsabilités et les fonctions de la ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Ses dispositions aideront la ministre à coordonner les activités de tous les organismes de sécurité et de sûreté publique qui relèvent d'elle et à établir les priorités stratégiques liées à la sûreté publique et à la protection civile.
[Français]
Le projet de loi C-6 établit tout particulièrement un rôle de leadership pour la ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile dans ces deux domaines précis, tout en respectant les prérogatives du premier ministre pour les questions de sécurité nationale et, naturellement, les pouvoirs des autres ministres prévus dans les lois.
Par exemple, si une urgence de santé nationale survenait, il incomberait au ministre de la Santé de gérer la crise. Toutefois, si la participation d'autres ministères fédéraux s'avérait nécessaire, la ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile aurait la responsabilité de coordonner les mesures à prendre.
Ce rôle de leadership revêt une importance cruciale pour conserver la confiance de la population dans les situations de crise.
[Traduction]
Le projet de loi C-6 permettrait à la ministre de coordonner et d'établir les priorités stratégiques pour les organismes de portefeuille, tout en respectant les mandats qu'ils exercent en vertu de la loi. Les Canadiens s'attendent à ce que les organisations responsables de la sûreté et de la sécurité publiques travaillent de la façon la plus intégrée et la plus stratégique possible. À titre d'exemple, l'un de nos principaux rôles, dans le cadre de la politique de sécurité nationale, consiste à établir un nouveau centre des opérations gouvernementales, afin de mieux coordonner l'action d'urgence.
Le projet de loi autorise la coopération avec les provinces, les États étrangers, les organisations internationales et d'autres en ce qui a trait à la sûreté publique et à la protection civile, parce que la responsabilité de relever ces défis doit être partagée.
La coopération et la collaboration avec les autres gouvernements constituent un élément clé de notre action en matière de sûreté, non seulement au Canada mais également sur la scène internationale. Notre ministère travaille quotidiennement avec les provinces et nos partenaires internationaux, en particulier les États-Unis, afin d'améliorer la sûreté et la sécurité des Canadiens et de préserver l'intégrité de la frontière canado-américaine.
Le projet de loi faciliterait l'échange d'information entre les organismes responsables de la sûreté publique, comme le permet la loi. La disposition pertinente reconnaît la nécessité de faciliter l'échange des renseignements requis en matière de sûreté publique entre les organismes compétents. En somme, les personnes compétentes auraient accès à l'information voulue au moment voulu.
Je sais que l'échange d'information peut faire sourciller. C'est pourquoi je tiens à expliquer l'objet de cette disposition. Elle ne confère pas de nouveaux pouvoirs au ministre, au ministère ou aux organismes de portefeuille en ce qui a trait à l'échange d'information. Je tiens à le préciser.
La loi permettrait au ministre de faciliter l'échange d'information, notamment en ce qui concerne le choix d'une technologie compatible, l'adoption de politiques et de normes centralisées régissant la gestion, l'échange et la protection des renseignements. Cela signifie également que le ministre veillerait à ce que les agents chargés de la sûreté publique reçoivent une formation adéquate en matière d'échange de renseignements opérationnels, et qu'il accroîtrait la protection du système afin d'éviter une utilisation inadéquate de renseignements personnels.
Sous le projet de loi C-6, les lois régissant la protection de la vie privée s'appliqueraient exactement de la même façon qu'à l'heure actuelle. La loi ne réduirait en rien l'obligation d'un organisme de se conformer à la Loi sur la protection des renseignements personnels ou à la Charte canadienne des droits et libertés.
Je tiens également à préciser que ce projet de loi est la solution trouvée par le gouvernement pour relever les défis qu'il partage avec nos alliés dans le domaine de la sécurité. Nous sommes souvent appelés à collaborer avec eux, mais notre collaboration doit respecter les intérêts de chaque pays et les valeurs propres à leurs populations respectives.
Le Canada a déjà connu de grands succès grâce à sa coopération avec son plus important partenaire commercial et allié, les États-Unis, au moyen d'initiatives comme le Forum sur la criminalité transfrontalière. D'ailleurs, des organisations internationales, comme l'APEC, Coopération économique de la zone Asie-Pacifique, et l'Organisation des États américains, considèrent le forum comme un modèle de collaboration internationale. L'Accord sur la frontière intelligente constitue un autre excellent exemple de la façon dont nos deux pays agissent de concert pour s'attaquer à des domaines de préoccupation communs afin de protéger la sûreté et la sécurité de nos pays, la compétitivité économique de nos entreprises, ainsi que la santé et la sécurité de nos populations.
La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile travaille en liaison étroite avec son homologue américain, le secrétaire à la Sécurité intérieure, Tom Ridge, pour garantir que nos frontières soient sûres et efficaces afin de faciliter les échanges commerciaux quotidiens de 1,9 milliard de dollars entre nos deux pays. Le secrétaire Ridge et la vice-première ministre se sont rencontrés récemment pour poursuivre nos progrès en vue de l'élaboration de la nouvelle génération d'initiatives liées à la frontière intelligente.
En bref, le projet de loi regroupe les activités fédérales sous une direction vigoureuse, maximise l'efficacité de la coopération interagences et accroît la présentation de comptes à tous les Canadiens. Il affirme les intérêts du Canada tout en protégeant nos valeurs et nos libertés.
Je suis très fier de ce projet de loi visant à mieux intégrer l'action gouvernementale axée sur la sécurité des Canadiens. Je suis résolu à faire en sorte que nous nous protégions efficacement contre les crises nationales, les catastrophes naturelles et les urgences, et que nous y réagissions.
Le projet de loi procurerait au gouvernement du Canada les outils et les instruments lui permettant de s'acquitter de ses obligations en matière de sécurité nationale. Il préconise une approche coordonnée et une saine structure de présentation de comptes pour assurer la sécurité publique. Il contribuerait à faire progresser notre intérêt national et renforcerait le consensus en vue de sa réalisation.
Sécurité publique et Protection civile Canada a un rôle constructif à jouer en vue de la concrétisation d'engagements clés récemment exposés dans le discours du Trône.
Nous serons au coeur de la démarche de suivi de la promesse faite par notre pays de nourrir des relations mieux affinées et plus éclairées avec les entreprises et le gouvernement des États-Unis. Nous avons un rôle fondamental à jouer pour favoriser la sécurité des municipalités et villes, et pour protéger les plus vulnérables dans la société. Ces questions touchent le coeur même du mandat de notre portefeuille pour ce qui est de la sécurité des collectivités.
[Français]
Si ce projet de loi nécessaire et précieux est adopté, Sécurité publique et Protection civile Canada deviendra officiellement la plaque tournante des mesures déployées par le gouvernement fédéral pour accroître la sécurité des collectivités et améliorer le bien-être socioéconomique des Canadiens.
Le nouveau ministère aura le statut légal qui lui permettra de poursuivre sur la lancée des progrès effectués au cours des 10 mois qui se sont écoulés depuis la création de notre organisation. Le projet de loi cimenterait la nouvelle structure et fournirait le cadre légal nécessaire pour effectuer le travail.
[Traduction]
J'exhorte tous mes collègues à la Chambre à appuyer l'excellent travail que nous avons déjà accompli en souscrivant au projet de loi C-6.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je me lève à la Chambre pour participer à ce débat au sujet du projet de loi C-6.
[Traduction]
Je remercie le secrétaire parlementaire de ses observations et de sa réponse directe à ma question.
Le projet de loi, comme il l'expliquait, est la loi habilitante qui permet de créer le nouveau ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Il modifie, par conséquent, certaines lois et regroupe certains autres éléments de ministères.
Je rappelle que cette initiative du gouvernement, la création de ce ministère, a été annoncée initialement lorsque la composition du cabinet du premier ministre a été rendue publique pour la première fois, c'est-à-dire il y a dix mois. Le gouvernement dépose donc ce projet de loi habilitant de façon un peu tardive.
Quoi qu'il en soit, le projet de loi regroupe les principales responsabilités du ministère du Solliciteur général, du Bureau des infrastructures essentielles et de la protection civile et du Centre national de prévention du crime. En outre, il précise que le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile est la personne à qui les « entités dont il est responsable », notamment la GRC, le SCRS, le Service correctionnel du Canada, la Commission nationale des libérations conditionnelles, le Centre des armes à feu Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada, rendent compte par le truchement du Parlement.
Le Parti conservateur appuie évidemment les efforts visant à coordonner ces organismes et à assurer une meilleure synergie et une plus grande coopération entre elles. Il y a cependant une exception notable, soit le maintien du Centre des armes à feu Canada, qui demeure l'une des plus importantes fraudes jamais perpétrées par le gouvernement aux dépens d'une population qui ne se méfiait pas. On sait que le milliard de dollars, qui continue d'augmenter, n'a rien à voir avec la sûreté publique. Aucune statistique n'en fait état et il n'existe aucun lien avec la sûreté publique. Le Parti conservateur estime qu'il serait préférable de dépenser cet argent dans les activités policières de première ligne, dans les agences d'aide aux victimes et dans la création d'un bureau de l'ombudsman des victimes, dont le budget serait directement lié à celui de l'enquêteur correctionnel. Selon nous, ce serait une façon beaucoup plus avisée de dépenser l'argent.
Encore une fois, il aurait été plus opportun de déposer ce projet de loi l'hiver dernier. Le premier ministre en avait la possibilité. Bien que le ministre ait continué de porter le titre de ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, le Parlement a été pris de court par le déclenchement des élections, au printemps dernier, et le dépôt du projet de loi a par conséquent été retardé jusqu'à aujourd'hui.
Le problème n'en est pas un de style ou de fond. Il est sans doute simplement attribuable à l'empressement du premier ministre de mettre fin à l'enquête sur le scandale des commandites.
Le Parti conservateur croit qu'il doit y avoir une meilleure coordination dans le domaine de la sûreté, de la sécurité et du renseignement. Au cours de l'été, des députés conservateurs, dont mon collègue de Crowfoot, et notre sénateur dans l'autre endroit ont siégé à un comité spécial chargé de mettre sur pied un nouveau comité de surveillance pour les agences de sécurité. Cela n'a aucune incidence sur ce projet de loi.
Dans ce sens, nous appuyons la portée générale de la mesure qui consiste à regrouper en un ministère ces agences chargées de la sécurité nationale. Cela reflète l'orientation qui a été prise, et mon ami d'en face en conviendra, par le bureau de la sécurité nationale. Il est très encourageant de voir que M. Ridge et notre ministre ont des rencontres et discutent de ces importantes questions de commerce et de sécurité nationale.
Comme le député l'a reconnu, les Canadiens devraient être conscients de l'amélioratiaon de ces relations de travail. Nous ne pouvons pas exacerber davantage les tensions existantes par ces discours antisémites qui semblent tomber des lèvres de certains députés libéraux.
Dans la période que nous traversons, nous decons concentrer nos efforts au Canada et autour de l'Amérique du Nord. Nous avons vu les terribles conséquences des atteintes à la sécurité, de l'absence de transmission de renseignements entre diverses agences, ici même et à n'en pas douter dans d'autres pays, y compris la Grande-Bretagne.
Le mois dernier, les chefs de police du Canada ont pressé le gouvernement fédéral de convoquer un sommet avec les provinces, les municipalités et tous les corps de police afin d'élaborer une stratégie nationale en vue d'améliorer la réponse du Canada à des catastrophes et au terrorisme.
Le signal lancé par les services de police de première ligne et les organismes d'application de la loi est qu'il est nécessaire de coordonner les efforts entre tous les paliers de gouvernement. Cela touche assurément les municipalités, dont certaines ne se sont pas encore remises des coupures budgétaires qu'elles ont subies.
Le chef Edgar MacLeod, président de l'Association canadienne des chefs de police, a déclaré que le gouvernement fédéral devait donner l'exemple en définissant le maintien de l'ordre étant donné que les budgets des corps policiers locaux sont déjà utilisés au maximum. Le chef MacLeod a également fait remarquer que les budgets des corps policiers locaux servent non seulement à s'occuper des problèmes locaux, mais à faire face à des menaces de nature mondiale, y compris le terrorisme et le crime organisé.
Cela conduit à nouveau à une observation relative aux compressions qu'a subies la GRC au Québec. Cela a de graves conséquences, surtout lorsqu'il s'agit de la lutte contre les stupéfiants.
[Français]
J'ai été consterné de voir la GRC aller de l'avant et démanteler neuf détachements au Québec, alors que le gouvernement a publiquement fait de la lutte au crime organisée une priorité.
En avril dernier, on pouvait lire dans la politique de sécurité nationale du ministre que le crime organisé s'intégrait de plus en plus dans un réseau mondial, et que « le risque que des mouvements terroristes poursuivent leurs activités en établissant des liens avec le crime organisé est bien réel. »
On peut donc présumer que la décision du gouvernement de fermer ces détachements signalera au crime organisé qu'il doit aller s'installer dans les villes où la GRC n'est plus présente.
[Traduction]
Il est un peu contradictoire de voir le gouvernement s'enorgueillir de son approche à l'égard de la sécurité publique et de ses efforts dans ce domaine alors qu'en même temps il ferme neuf détachements de la GRC au Québec. On envoie un signal tout à fait contradictoire et mauvais, selon moi, dans le domaine de la sécurité publique.
Le Parti conservateur a également de graves réserves et préoccupations en ce qui concerne la sécurité maritime. Nous croyons que le démantèlement de la police portuaire sous le gouvernement libéral n'aurait jamais dû se produire. Cela a placé nos ports et nos collectivités côtières dans une position extrêmement vulnérable.
Même s'il est essentiel que nos grands ports, surtout Halifax, Montréal et Vancouver, continuent de recevoir un financement adéquat en matière de sécurité--et le secrétaire parlementaire a parlé des efforts déployés pour examiner les conteneurs--je prétends que le gouvernement néglige beaucoup les petits ports du pays, ce qui laisse les collectivités côtières et, du même coup, notre pays même, dans une position très vulnérable.
En fait, des membres de la Garde côtière et d'autres qui travaillent dans les ports ont dit que si quelqu'un voulait faire entrer au Canada n'importe quoi, de la pornographie juvénile jusqu'à une bombe nucléaire, il le ferait en ayant recours au transport maritime. Je ne veux pas me montrer alarmiste, mais il s'agit seulement de signaler que nous avons une région côtière très étendue au Canada et qu'elle est en grande partie non défendue à cause notamment des compressions que la Garde côtière et notre marine ont subies. Cependant, je m'écarte du sujet. Je n'entrerai pas dans ce débat, étant donné la question à l'étude aujourd'hui.
À l'heure actuelle, nous savons qu'à Halifax, par exemple, un conteneur a été volé dans le port. Cela montre à nouveau la gravité du problème, lorsqu'un conteneur complet qui pourrait occuper une bonne partie de cette enceinte peut disparaître.
Le directeur du port de Yarmouth, Dave Whiting, a dit récemment que Yarmouth avait dépensé environ 80 000 $ pour se doter de matériel et de systèmes de sécurité. On parle de la municipalité de Yarmouth. C'est un port international où deux traversiers font la navette vers les États-Unis, mais il réalise seul de grands efforts pour prendre de l'expansion. M. Whiting a affirmé qu'Ottawa ne semblait pas se préoccuper d'où vient l'argent quand il s'agit de payer pour la sécurité.
Le port de Mulgrave, dans le détroit de Canso, est un autre port florissant. On y retrouve le plus grand et le plus profond des ports libres de glaces en Amérique du Nord, mais il ne reçoit pas d'aide du gouvernement fédéral.
Dans un autre projet de loi déposé à la Chambre, nous avons vu que la Garde côtière doit repasser sous la responsabilité de Transport Canada. L'idée de confier ce service au ministère des Pêches et Océans était peu logique dès le départ. Cela permettra à la Garde côtière de se concentrer sur ses responsabilités opérationnelles reliées aux embarcations de plaisance, à la sécurité, aux services à la navigation maritime, à la prévention de la pollution et à la protection des eaux navigables. Là encore, c'est une mesure encourageante. Comme un agent de la Garde côtière me l'a dit récemment, leur travail consiste à protéger les gens, pas les poissons.
Je ne dis pas cela de façon sarcastique du tout. Cela me semble évident. Comme ce fut le cas pour d'autres services, la Garde côtière s'est vu confier davantage de responsabilités et un territoire plus vaste à patrouiller, mais son budget n'a pas suivi la même courbe au moment où elle est passée sous la gouverne du ministère des Pêches et des Océans. La seule mise en garde que je ferais au gouvernement s'il compte maintenant ramener la Garde côtière sous la direction de son premier ministère, serait de voir à ce qu'elle obtienne le financement dont elle a besoin. Comme je l'ai dit, il n'est pas évident que le budget sera proportionnel. Le députés qui étaient ici au moment du premier transfert se souviendront que le gouvernement a agi de façon très furtive.
Les ressources du ministère des Pêches et des Océans étaient taxées à la limite pour tenter de couvrir ses nouvelles responsabilités. J'aimerais rapporter les commentaires formulés par le Comité permanent des pêches et des océans au moment où il a étudié la décision de remettre la Garde côtière sous la responsabilité du ministère des Transports. Je cite le rapport déposé au printemps dernier:
La fusion de la Garde côtière et duMPO a été difficile et pénible. Les budgets des deux organismes ont étéconsidérablement réduits en 1994, à la suite d’un examen des programmes, etl’intégration de deux organismes dont les structures et les cultures diffèrent ontbeaucoup ajouté aux difficultés à surmonter. De l’avis du comité, le transfert de laGarde côtière au ministère des Pêches et des Océans a été désastreux pour lapremière. Celle-ci est pratiquement disparue au sein du MPO. La flotte combinéea été réduite à près de la moitié depuis la fusion.
Voilà. Cela provient d'un comité réunissant des représentants de tous les partis.
Permettez-moi d'ajouter rapidement que l'âge moyen des navires de la Garde côtière est de plus de 20 ans. Près de la moitié des navires existants n'ont plus qu'une vie utile inférieure à cinq ans.
Là encore, pour ne pas aller trop loin, nous avons vu ce qu'il arrive lorsque l'on taxe indûment le matériel. Nous l'avons vu avec les Sea King. Nous le voyons en ce moment avec le programme des sous-marins.
Pour des raisons pratiques, le gouvernement devra faire preuve d'une plus grande diligence lorsqu'il s'agit d'équiper notre Garde côtière et nos forces armées, si nous voulons patrouiller adéquatement nos collectivités côtières et les zones maritimes de notre pays.
Au yeux du comité parlementaire, l'idée que la fusion de ces deux flottes permettrait de grandes économies était « illusoire dans une large mesure. Le manque de financement a grevé nos forces de sécurité et nos forces armées pour des années. » C'est là un commentaire bien attristant, mais conforme aux propos et aux renseignements que nous avons obtenus au cours des quelques semaines depuis que nous siégeons au Parlement.
Le manque de financement a également été soulevé par la vérificatrice générale au printemps dernier. Elle a souligné que des appareils avaient été acquis pour prendre les empreintes digitales et traiter celles-ci électroniquement, mais qu'aucun financement n'avait été accordé pour le traitement électronique de ces documents. Le procédé est maintenant en place, mais il ne semble pas y avoir de suivi quant à l'utilisation de ce type de données.
Visiblement, il s'agit là d'une mauvaise planification, qui vise davantage à publiciser la mise en place de ce type de procédé qu'à en assurer la mise en oeuvre pratique. Là encore, il s'agit de ce que les Britanniques appelleraient « faire de l'épate ». Ce gouvernement excelle à faire sa propre promotion, mais pas à assurer la mise en oeuvre pratique de cette nouvelle technologie en vue de protéger les Canadiens.
La vérificatrice générale a également conclu que le gouvernement ne possédait pas le cadre nécessaire pour se concentrer sur ces menaces importantes et leur accorder la priorité. Les ministères et organismes demeurent incapables de partager l'information et leurs systèmes ne peuvent communiquer entre eux. Disposer de matériel aussi perfectionné tout en n'ayant pas la capacité de mettre en commun cette information va à l'encontre du but recherché si l'on considère l'aspect pragmatique.
Le plus effrayant, c'est que la vérificatrice générale a découvert que les listes de surveillance utilisées pour passer au crible les nouveaux arrivants au Canada n'étaient pas nécessairement précises et que les renseignements courants au sujet de quelque 25 000 passeports canadiens perdus ou volés n'ont pas encore été mis à la disposition des policiers de première ligne. Il y a des failles dans le systèmes qui sont inquiétantes non seulement pour les parlementaires mais aussi pour la vérificatrice générale et l'ensemble des Canadiens.
Le rapport de la vérificatrice générale, qui sera publié à l'automne, doit porter sur la capacité du gouvernement de gérer les catastrophes civiles et les menaces des terroristes et du crime organisé. Selon un reportage, les responsables du Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile affirment que la vérification démontrera que le bureau n'est pas préparé à gérer une catastrophe nationale ou une attaque terroriste de grande envergure.
Malheureusement, nous ne devrions pas nous en étonner. Le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense a également publié plusieurs documents et rapports sur la capacité du Canada à se défendre contre le terrorisme. Le printemps dernier, le comité a publié un rapport traitant de la capacité du Canada à réagir à une situation d'urgence et ce sont là quelques conclusions du rapport.
Premièrement:
Beaucoup de représentants municipaux ne connaissaient pas le Bureau dela protection des infrastructures essentielles et de la protectioncivile (BPIEPC) ou encore jugeaient qu'il fait mal son travail.
Deuxièmement:
Santé Canada a placé des dépôts de fournitures d’urgence partout au pays pour servir en cas de crises, mais la grande majorité des premiers intervenants ont dit ignorer où ces dépôts sont situés et ce qu’ils contiennent. Ils n’ont pas non plus été consultés sur ce qu’ils devraient contenir.
Le rapport ajoute que le ministère :
laisse la protection civile aux ministères et organismes fédéraux particuliers. Par conséquent, personne n’est chargé de voir à ce que le gouvernement central continue de fonctionner, quelle que soit la catastrophe.
Beaucoup, en Ontario et bien entendu mes collègues du caucus conservateur se souviendront que le bureau du premier ministre fonctionnait pratiquement à l'aveuglette lors de la grande panne électrique de l'été 2003. J'étais alors dans la circonscription de mon collègue, soit Perth—Middlesex, maintenant devenue Pert—Wellington, lorsque cette panne massive est survenue.
Aux pages 28 et 29, le rapport précise ce qui suit:
Un financement fédéral insuffisant est responsable au moins en partie des pénuries d’équipement de protection chimique, biologique, radiologique et nucléaire.
Le rapport dit également, aux pages 32 à 36, ce qui suit:
Les Canadiens ont été touchés par plusieurs catastrophes naturelles ces dernières années. Chaque fois, des leçons ont été tirées sur le type d'intervention qui fonctionne le mieux et sur ce qui n'a pas fonctionné. Pourtant, il n'y a pas de banque centrale pour recueillir et partager les « leçons apprises ».
Le rapport se poursuit ainsi:
La GRC, qui assume les fonctions policières dans la plupart des provinces, peut être mobilisée en cas d'urgence, mais il n'y a pas d'entente formelle pour qu'elle offre de l'aide à la sûreté provinciale des deux plus grandes provinces: l'Ontario et le Québec.
Bien des chefs d'unités de secours municipales nous ont dit que le fédéral et la province ne semblent pas bien savoir quel palier de l'État est chargé d'aider les municipalités à se préparer pour les urgences. Soit que cela est vrai, soit que les gouvernements se renvoient la balle pour éviter d'assumer les frais.
Quand les catastrophes surviennent, il est impérieux que les diffuseurs canadiens contribuent à communiquer ce qui arrive et ce que la population doit faire pour se protéger. Pourtant, aucun règlement n'exige que les diffuseurs interrompent leur programmation ordinaire pour jouer ce rôle durant les urgences.
Ce sont là des conclusions accablantes, si on y regarde de plus près. Tant le bureau du vérificateur général que le comité sénatorial, qui sont des organismes impartiaux, décrivent l'état de la défense nationale et de la sécurité nationale. Ces rapports sont récents. Ces renseignements sont d'actualité.
Mes collègues du Parti conservateur appuient en principe l'adoption de ce projet de loi. À toutes fins utiles, le ministère fonctionne depuis 10 mois et je suis sûr qu'il est encore en train de s'organiser. J'espère que ce nouveau ministère contribuera à répondre aux besoins des Canadiens en matière de sécurité et qu'il ne se bornera pas à émettre des communiqués. Espérons qu'il réglera les problèmes soulignés par le comité sénatorial.
Nous ne permettrons pas que ce nouveau ministère devienne la solution universelle à toutes les menaces terroristes pesant contre le Canada et aux besoins de notre pays en matière de sécurité, comme l'a laissé entendre la ministre chargée de la sécurité. Les menaces contre le Canada doivent être prises au sérieux. Ce ministère est un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup à faire.
Le chef de la police métropolitaine de Toronto, Julian Fantino, a souligné la nécessité de mieux coordonner les différents services de police municipaux. Nous sommes certes de son avis. Il faut maintenant aller au-delà des beaux discours, des communiqués de presse et des avis publics et s'assurer que les renseignements sont partagés et que des mesures concrètes sont prises dans ces importants dossiers. Nous, du Parti conservateur, nous coopérerons certainement avec le ministère et la ministre et nous apporterons notre aide au comité et à la Chambre dans toute la mesure de nos moyens.