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Messieurs, mesdames, nous remercions les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de nous recevoir.
Parlons du rôle de la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec. Ladite fédération, affiliée à l'Union des producteurs agricoles, représente les 392 producteurs de pommes de terre du Québec. Ceux-ci sont regroupés en quatre catégories selon leur principal marché d'écoulement, soit le marché à l'état frais, la transformation après pelage, la transformation en croustilles et la semence.
Elle a notamment pour rôle de promouvoir la pomme de terre, de défendre les intérêts de ses membres et de développer la production. De plus, la fédération, en tant qu'office de producteurs, gère et administre le plan mixte des producteurs de pommes de terre du Québec, en vertu des pouvoirs conférés par la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche.
Quelles sont les problématiques?
La découverte du nématode doré dans la municipalité de Saint-Amable, l'établissement d'une zone réglementée et la désignation des conditions pour le déplacement des produits réglementés ont occasionné une augmentation des coûts de production non couverts par les programmes existants et des pertes, voire l'absence de revenus pour 20 exploitations de la municipalité sur une superficie d'environ 1 200 hectares en production de pommes de terre.
Bien que tous les intervenants atteignent facilement un consensus pour indemniser les entreprises touchées par un programme d'aide en cas de catastrophe qui serait mieux adapté et qui se distinguerait des programmes de stabilisation du revenu, nul ne peut intervenir rapidement et immédiatement lors d'un urgent problème de liquidités à court terme, et à l'intérieur du cadre des programmes existants.
Quels sont les faits?
Le nématode doré est un parasite justifiable de quarantaine, à déclaration obligatoire en vertu de la Loi sur la protection des végétaux. Un nématode doré ne représente aucun risque pour la salubrité et l'innocuité de la pomme de terre, mais sa présence peut entraîner des baisses de rendement de l'ordre de 80 p. 100. De plus, il peut demeurer présent dans le sol durant de nombreuses années dans l'attente d'une plante autre, comme la pomme de terre, la tomate, l'aubergine, pour se reproduire.
Le travail de l'Agence canadienne d’inspection des aliments a permis d'établir rapidement une zone réglementée pour la réouverture de la frontière au commerce extérieur. Officiellement, ce commerce a redémarré ce matin. En effet, on nous a informés que le premier camion de livraison de pommes de terre s'est rendu ce matin aux États-Unis. Ce travail a permis de limiter les pertes pour les producteurs et les exportateurs situés à l'extérieur de la zone réglementée.
À Saint-Amable, le travail et la collaboration des producteurs ont facilité la tâche des employés de la l'agence. Au total, 20 entreprises sont touchées par les restrictions. Cependant, ces entreprises spécialisées dans la production de pommes de terre ne pourront plus produire de pommes de terre dans la zone réglementée, à moins de n'avoir obtenu une autorisation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Les besoins de liquidités à court terme sont urgents.
Pour certaines entreprises, les dernières ventes de pommes de terre remontent à mars 2006. Depuis, elles ont procédé aux plantations au printemps et à la régie de la culture durant tout l'été. Pour d'autres, il y a la relève agricole aux prises avec un taux d'endettement élevé. Pour tous les agriculteurs, la découverte du nématode doré constitue un élément de stress élevé.
Les pressions des fournisseurs et des institutions prêteuses, le refus des acheteurs pour leurs produits et le simple objectif de pourvoir aux besoins primaires des familles touchées rendent la situation intolérable. Les producteurs de la région se sont regroupés et réclament une aide immédiate pour payer au moins les comptes en souffrance depuis 90 jours et plus, et pour faire leur épicerie.
Aucun des programmes existants ne permet une aide immédiate. Le désespoir s'est installé chez certains producteurs, et les représentants de l'industrie craignent le pire. Ils réclament une aide immédiate, avant que des gestes irréparables ne soient commis. À cet égard, un psychologue rencontre régulièrement les producteurs pour les soutenir moralement et les aider à traverser la crise.
Pour l'instant, les représentants des divers paliers de gouvernement avouent leur impuissance à aider ces producteurs en travaillant à l'intérieur des programmes existants, comme le PCSRA, le Programme de paiements anticipés et les divers programmes de financement qui exigent des garanties sur les prêts.
Pour former une voix unique et faire avancer les choses, les producteurs de la zone réglementée se sont regroupés au sein du regroupement AMA-Terre inc. En attendant qu'un programme soit mis en place, le regroupement demande une aide qu'il a établie à 50 000 $ pour les entreprises de moins de 60 hectares, et à 75 000 $ pour les autres.
À titre indicatif, une entreprise de 60 hectares en pommes de terre génère des ventes de l'ordre de 250 000 $ à 450 000 $ par année. Le montant de cette avance devrait suffire, dans la mesure où un programme ad hoc est mis en place dans un délai d'un mois.
Si les travaux pour la mise en place d'un programme devaient se prolonger, le montant devrait être ajusté en conséquence afin de tenir compte des frais reliés à la production d'environ 4 000 $ par hectare. Ce montant représente environ 240 000 $ par entreprise, tel que démontré au tableau de la page suivante.
Dans ce tableau, on peut voir que le total des frais s'élève à 3 991 $ par hectare. Il s'agit du coût de production. Pour une entreprise de 60 hectares, cela représente en moyenne des coûts de 239 000 $, presque 240 000 $. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces entreprises n'ont fait aucune vente depuis le printemps de 2006.
Concernant la récolte de 2006, dans un premier temps, la fédération, l'UPA, Agriculture et Agroalimentaire Canada, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, le MAPAQ, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA, la Financière agricole du Québec et d'autres associations de producteurs consacrent toutes leurs énergies pour régler l'année 2006.
Au fil des années, les entreprises de production de pommes de terre se sont spécialisées dans quatre catégories et produisent des variétés selon les besoins de l'industrie. En vertu des pouvoirs du Plan conjoint, la fédération et des comités pour chaque catégorie du plan ont négocié des conventions de mise en marché avec l'Association des emballeurs de pommes de terre du Québec, l'Association des transformateurs de légumes frais du Québec, l'ATLF, et l'Association des transformateurs de pommes de terre du Québec (en croustilles). La convention avec l'ATLF prévoit notamment un approvisionnement des usines à un minimum de 60 p. 100. Le reste des besoins de l'usine laisse place à la spéculation sur le marché ouvert.
Outre la catégorie des semences, qui compte pour environ 9 p. 100 de la superficie en culture au Québec, on décrit les autres catégories au tableau 2. La catégorie des pommes de terre produites au Québec et destinées à la table représente 53 p. 100 du marché; les croustille, 20 p. 100; les prépelées, 18 p. 100; et les semences, 9 p. 100. C'est ce qui est représenté au tableau 2, en plus du marché et des variétés.
Par ailleurs, l'ACIA et le département de l'Agriculture des États-Unis, le USDA, se sont entendus sur un cadre scientifique afin de réduire au minimum les perturbations commerciales à la suite de la détection du nématode à kyste de la pomme de terre. Le cadre prévoit la création de zones réglementées et la désignation des conditions pour le déplacement intérieur et international des produits réglementés en provenance de ces zones.
Selon cette entente, seules les pommes de terre provenant d'un champ déclaré non contaminé par le nématode peuvent être commercialisées à l'état frais pour le marché de la table. Les pommes de terre provenant des champs contaminés doivent être transformées dans des installations approuvées. Aujourd'hui, les résultats d'analyse d'échantillons confirment la présence du nématode dans la majeure partie des champs, soit 304 hectares sur un total de 404 hectares échantillonnés et analysés.
Les entreprises de la municipalité de Saint-Amable sont principalement spécialisées en ce qui concerne le marché à l'état frais. Leur proportion est de 62 p. 100 de leur superficie en culture de pommes de terre destinées à ce marché, comme le démontre le tableau 3.
L'application de cette entente occasionnerait une augmentation significative de l'offre sur le marché de la transformation, avec des variétés ne répondant pas aux exigences strictes en matière de cuisson et de calibre, ce qui entraînerait inévitablement une chute drastique des prix et compromettrait la rentabilité des entreprises canadiennes spécialisées dans ce créneau.
En conséquence, les membres du comité de travail consultatif qui a été mis en place pour la gestion de crise, dont la présidence est assurée par le MAPAQ, recommandent unanimement la destruction de la récolte aux champs et en entrepôt et l'indemnisation des producteurs à la juste valeur de leur récolte.
Pour ce qui est de la limite des programmes existants et de la nécessité d'un programme ad hoc, l'Agence canadienne d'inspection des aliments offre une indemnité financière aux propriétaires d'animaux dont on ordonne la destruction, en vertu de la Loi sur la santé des animaux.
En ce qui concerne la Loi sur la protection des végétaux, malgré qu'aucun moment spécifique n'a été établi pour combler les pertes reliées à des cas de catastrophes exceptionnelles, comme le nématode doré, l'article 39 permet néanmoins au ministre d'ordonner le versement d'une indemnité qui couvre bon nombre de préjudices subis par les producteurs de la zone réglementée. En tout état de cause, le ministère a déjà édicté des règlements autorisant l'indemnisation des producteurs agricoles aux prises avec des organismes justifiables de quarantaine au Canada.
En conséquence, la Fédération, l'UPA et les autres associations de producteurs réclament la mise en place, en collégialité avec les organisations concernées, d'un programme ad hoc pour indemniser les exploitations. On devra notamment respecter les critères suivants : la rémunération du travail supplémentaire des personnes liées à l'exploitation, affectées au nettoyage et à la désinfection d'équipement et de véhicules à l'intérieur de la zone réglementée; défrayer 75 p. 100 des coûts pour l'achat d'équipement nécessaire pour se conformer aux conditions de l'agence; et redresser la perte de valeur des éléments d'actifs, les pertes de production et de marché.
En conclusion, l'honorable , a édicté un arrêté ministériel en vertu de la Loi sur la protection des végétaux. L'arrêt établit une zone réglementée d'environ 4 500 hectares, dont environ 1 250 hectares en culture de pommes de terre, de même que des restrictions et des interdictions de déplacement de certains articles, afin de lutter contre l'infestation du nématode doré au Québec.
Les travaux à venir, au cours de l'hiver 2007, permettront de préciser l'ampleur des pertes à moyen et à long terme pour les exploitations situées à l'intérieur de la zone réglementée, et de déterminer des avenues de solution, cas par cas, pour chacune d'entre elles.
À cet égard, nous demandons que l'évaluation des pertes soit confiée à une firme externe, comme il a déjà été fait dans le cas des producteurs de tabac au Québec. À très court terme, l'industrie réclame que le ministre ordonne la destruction de la récolte aux champs ou en entrepôt, afin de ne pas nuire aux marchés de producteurs canadiens spécialisés dans la pomme de terre de transformation, qu'il redresse les prix de la production et assure un paiement aux producteurs concernés qui, de toute évidence, ne trouvent pas preneurs sur le marché pour leur production.
Enfin — c'est le plus urgent —, le ministre doit intervenir afin d'envoyer immédiatement une avance en espèces aux producteurs à court de liquidités. Cette avance devrait être modulée en fonction de la taille des entreprises et du délai envisagé pour la mise en application d'un programme ad hoc.
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Bonjour. Je vous remercie de m'accueillir ici aujourd'hui. Je suis très nerveux, mais je vais faire de mon mieux. Je vais vous présenter mon groupe.
Je m'appelle Philippe Gemme, producteur agricole et porte-parole du groupe AMA-Terre. Le groupe AMA-Terre est composé de producteurs de diverses productions. Nous avons, entre autres, un total de 3 000 acres pour la production de pommes de terre dans les municipalités de Saint-Amable, Sainte-Julie, Saint-Marc-sur-Richelieu et Saint-Mathieu-de-Beloeil.
Ma présence a pour but de vous sensibiliser davantage au drame humain que vivent présentement les producteurs agricoles de différents secteurs.
Chacun de nous ressent encore quotidiennement les conséquences désastreuses de la découverte de ce parasite dans nos vies. Je pèse mes mots. Cette découverte a entraîné des mesures d'urgence sévères auxquelles nous avons dû nous conformer. Nous avons respecté les consignes avec une grande diligence.
Le 27 septembre 2006 fut l'une des journées les plus difficiles de ma vie, car j'ai dû annoncer aux producteurs de ma région, en présence de dirigeants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, qu'il y aurait une zone réglementée à Saint-Amable, que toute leur vie allait basculer et que l'économie de notre région serait très durement touchée.
Mais ce n'est pas tout. Il faut aussi réaliser toute l'ampleur des conséquences sur cette belle jeunesse qui était présente et bien préparée à prendre la relève à la ferme. Plusieurs de nos enfants ont étudié à l'Institut de technologie agroalimentaire, l'ITA, ou ont suivi un programme de formation professionnelle en agriculture. Ils étaient prêts à assurer la continuité de nos entreprises. Comment leur annoncer que leur avenir n'est plus ici, dans les champs où ils ont grandi? Comment leur dire qu'ils devront s'orienter vers une autre culture ou même vers une autre profession? Comment les encourager quand leurs rêves s'envolent? Toutes ces situations entraînent, maintenant et pour le futur, des contraintes économiques qui les toucheront plus que les autres.
Aujourd'hui, il faut réaliser que les entrepôts de la région sont pleins et qu'aucune pomme de terre ne doit se retrouver sur la table des consommateurs. De plus, le groupe de travail sur le nématode doré a recommandé la destruction de toutes les pommes de terre restantes et une compensation financière aux producteurs pour les pertes encourues à la suite de cette recommandation.
Certains producteurs ont dû acheter, avec beaucoup de réticence, des pommes de terre dans d'autres régions afin de garder leur marché d'alimentation et leurs employés. Nous avons dû suspendre les paiements de divers fournisseurs et institutions financières, car le manque de liquidités est plus qu'évident. Cela nous empêche de bien dormir, car nous prenons à coeur nos engagements envers eux. C'est un cri du coeur que nous vous lançons aujourd'hui, un SOS. Il est urgent pour nous de pouvoir survivre à ce qui nous arrive.
Plusieurs producteurs n'ont rien vendu depuis le mois d'août, et les dettes s'accumulent; la valeur de nos terres est en forte baisse; les chiffres d'affaires sont en chute libre pour l'année 2006 et pour les années à venir; et nos fermes sont en péril.
Je tiens à ajouter une information que j'ai apprise ce matin. Environ 80 p. 100 de nos terres ont présentement le parasite. Le 13 octobre dernier, une minorité de producteurs du Québec ont définitivement été sacrifiés afin que l'embargo des États-Unis soit levé. Le gouvernement canadien a négocié de façon serrée les conditions afin que l'interdiction imposée par le ministère de l'Agriculture américain soit levée, alors que les producteurs de Saint-Amable et des environs ont été mis complètement à l'écart pour pouvoir relancer l'économie québécoise, sans avoir pu négocier une aide financière à court terme.
Cela soulève plusieurs questions. Qu'adviendra-t-il de la culture des pommes de terre pour les années à venir, dans la municipalité visée par la zone réglementée? Quelle aide financière les producteurs visés recevront-ils à court, moyen et long terme? Jusqu'à maintenant, aucune aide n'a été offerte par le gouvernement fédéral ou provincial et aucun programme ad hoc n'a été mis sur pied. Le seul programme proposé est le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, le PCSRA, mais il n'est aucunement adapté ni adaptable à la présente crise. Enfin, nous vous rappelons que la Loi sur la protection des végétaux permet au ministre d'ordonner le versement d'une indemnité lors d'une telle catastrophe.
En conclusion, depuis le mois d'août dernier, plusieurs producteurs n'ont rien vendu. La valeur de nos terres est à la baisse, nos marchés sont détruits, nos chiffres d'affaires sont en chute libre et nos fermes sont en péril.
Nous faisons face à une véritable catastrophe. Face à cette situation d'urgence, au nom du groupe AMA-Terre, nous comptons sur votre appui immédiat et votre efficacité afin de venir en aide aux producteurs affectés. Pour ce faire, nous vous demandons d'agir sans délai afin de répondre aux besoins grandissants des producteurs touchés par l'arrêté ministériel et inclus dans la zone réglementée.
Je m'excuse un peu pour mon langage, je suis très nerveux.
[Français]
Bonjour à vous, chers membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je me nomme Richard St-Aubin et je viens vous parler du volet de production ornementale de Saint-Amable affecté par l'arrêté ministériel. Je suis moi-même pépiniériste et également porte-parole du groupe AMA-Terre. Je fais partie d'une industrie comptant 5 000 entreprises au Québec et générant plus de 40 000 emplois directs et des revenus de 1,5 milliard de dollars par année.
Le 16 août dernier, les gens de l'ACIA nous avisaient de la présence du nématode doré dans notre région, un ravageur à déclaration obligatoire, ce qui a entraîné la fermeture des frontières canado-américaines pour tous les produits agricoles provenant du Québec. À la suite d'une entente intervenue entre le Canada et les États-Unis, l'ACIA nous avisait, le 13 octobre dernier, d'un arrêté ministériel mettant en quarantaine et sous restriction les entreprises agricoles de notre région.
À cause de ces mesures, les cinq entreprises en production ornementale de Saint-Amable, soit quatre pépinières et un producteur en serre, ont déjà subi des pertes de revenus importantes estimées à plus de 200 000 $. Leur avenir à court, moyen et long terme est grandement menacé, et ce, même si le nématode doré ne s'attaque pas directement aux productions horticoles.
Pour nous, la prochaine saison 2007 se préparait hier et aujourd'hui afin de répondre à nos marchés respectifs. Voyant l'ampleur de la catastrophe pour notre région, tous nos travaux physiques de préparation et de planification ont été suspendus depuis le début du mois de septembre. Nous avons en vain tenté de trouver des solutions. Le 13 octobre dernier, on venait pratiquement de fermer nos entreprises sans rien nous offrir.
Jusqu'à maintenant, trop peu de questions restent sans réponse sur les plans technique et financier. Qu'en est-il des analyses des sols? Existe-t-il une quelconque certification qui pourrait nous permettre de vendre nos produits? Qui nous indemnisera pour les pertes de revenus actuelles et futures, les coûts additionnels de nouvelles mesures et de relocalisation possibles et la dévaluation de nos immobilisations? Ce n'est certainement pas le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole existant qui pourra répondre à la situation de crise que vivent l'ensemble des agriculteurs de la région.
Nos clients se désistent, nos créanciers s'inquiètent, nos productions restent au champ, mais le plus triste, c'est que nos employés, nos familles et nous-mêmes ne pouvons désormais plus envisager le futur de la même manière.
Jusqu'à présent, nous avons apprécié le soutien de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, mais aujourd'hui, le temps nous presse. Nos questions demeurent sans réponse, et nous les adressons au gouvernement du Canada. En collaboration avec la Fédération interdisciplinaire de l'horticulture ornementale du Québec, nous déposons un mémoire sur la situation d'urgence qui affecte les entreprises horticoles de notre région.
Merci de nous écouter et de nous entendre.
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Bonjour, monsieur le président et messieurs les membres du comité.
Vous n'êtes pas sans savoir que la Commission canadienne du blé assure aux producteurs un revenu du marché plus équitable et plus élevé. Elle garantit à l'industrie agroalimentaire des approvisionnements stables et prévisibles. Elle génère plus de 14 700 emplois directs et indirects et des retombées annuelles de 852 millions de dollars. C'est une remarquable formule qui préserve le maintien des fermes familiales respectueuses de l'environnement, lesquelles contribuent activement à la vitalité économique des régions, tout en façonnant le paysage rural.
Or, présentement, tout indique que le gouvernement conservateur donnera suite à son engagement électoral de laisser aux producteurs de l'Ouest le libre choix au regard de la commercialisation de leurs céréales sur les marchés d'exportation. Il va s'en dire que si cela entrait en vigueur, on assisterait au démantèlement du comptoir unique actuellement en place et, éventuellement, à la disparition de la Commission canadienne du blé.
Ainsi, le gouvernement canadien tenait, le 27 juillet dernier, une table ronde sur la commercialisation du blé et de l'orge dans les provinces des Prairies. Cette rencontre à huis clos réunissait le secrétaire parlementaire, M. David Anderson, le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, M. Chuck Strahl, des universitaires, ainsi que des représentants de l'industrie et des gouvernements des provinces concernées.
De plus, même si quelques agriculteurs étaient présents à la réunion, il n'y avait aucun porte-parole de la Commission canadienne du blé ni de la Fédération canadienne de l'agriculture et des organisations agricoles des provinces. Dans les faits, les participants ne se sont pas véritablement prononcés sur le maintien ou non du guichet unique. Tenant pour acquis qu'ils étaient tous d'accord, on leur a plutôt demandé de s'exprimer sur les moyens à mettre en place pour donner plus de latitude aux producteurs en matière de mise en marché du blé et de l'orge dans les Pairies.
Poursuivant sa démarche, le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire vient de créer un groupe de travail sur la mise en oeuvre de la commercialisation mixte du blé et de l'orge. Ce dernier doit terminer ses travaux et formuler des recommandations d'ici la fin du mois d'octobre. À la lumière de toutes ces informations, il nous apparaît primordial que le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire intervienne dans ce dossier.
Je vais maintenant parler de nos inquiétudes.
L'approche du gouvernement nous semble faussée, car elle fait fi de la Loi sur la Commission canadienne du blé, en vertu de laquelle toute décision visant à modifier le comptoir unique devrait être prise par les agriculteurs. Je fais référence ici à l'article 47.1.
L'approche du gouvernement fédéral est d'autant plus inquiétante que le Conseil des ministres a adopté un règlement le 5 octobre dernier interdisant à la Commission canadienne du blé de prôner le maintien de ses pouvoirs monopolistiques. Ce sont les termes utilisés dans le décret. Ce sont les fondements mêmes de la démocratie, selon nous, qui sont remis en question.
Les producteurs s'inquiètent également du maintien de leur droit de mettre en place des organisations pour ordonner la mise en marché. Faut-il rappeler que ces outils collectifs sont issus de volontés des producteurs exprimées démocratiquement?
La limite de la démarche fédérale.
D'abord, la majorité des producteurs de l'Ouest veut décider elle-même de l'avenir de la Commission canadienne du blé. Un sondage réalisé par la Commission canadienne du blé entre le 15 mars et le 2 avril 2006 auprès de 1 303 producteurs de céréales des Prairies révèle que: 75 p. 100 des répondants estiment que la tenue d'une plébiscite ou d'un référendum auprès de l'ensemble des agriculteurs est la meilleure approche pour apporter des modifications majeures à la Commission canadienne du blé; 90 p. 100 considèrent que toute décision visant à éliminer le comptoir unique de la Commission canadienne du blé devrait être prise par les agriculteurs, et non par le gouvernement; 66 p. 100 sont contre toute initiative qui affaiblirait la Commission canadienne du blé; et 63 p. 100 souhaitent que la mise en marché du blé demeure sous la responsabilité exclusive de la Commission canadienne du blé.
La limite des agences de mise en marché volontaire.
Au Québec, ailleurs au Canada et dans le monde, bon nombre d'agences de mise en marché volontaire ont échoué peu après leur création. Que ce soit dans les secteurs des céréales, du lait, du porc, des pommes de terre, des pommes ou des serres, toutes ces expériences datant des années 1990 n'ont pu être maintenues. L'UPA a étudié les causes de l'échec de ces modèles au Québec. Parmi celles-ci, on retrouve l'absence de masse critique du produit à mettre en marché et son corollaire, le manque d'adhésion des producteurs. Un autre facteur d'échec important fut la réaction négative des concurrents, ceux-ci ayant utilisé tous les moyens pour faire tomber ces systèmes.
Se basant sur l'expérience vécue au Québec, on peut fortement présumer que la liberté de choix en matière de commercialisation des céréales dans les Prairies conduira éventuellement à l'élimination de la Commission canadienne du blé et aura des conséquences négatives pour les producteurs, soit une baisse des prix.
Nos demandes.
Il est essentiel que le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire s'objecte à la démarche enclenchée par le gouvernement conservateur pour démanteler le guichet unique administré par la Commission canadienne du blé.
Conformément à l'article 47.1 de la Loi sur la Commission canadienne du blé, que le gouvernement fédéral laisse aux agriculteurs des Prairies la liberté de décider des changements à apporter à la Commission canadienne du blé.
Je vous remercie.
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Je souhaite une bonne après-midi aux membres du comité. Je vous remercie de m'avoir invité à partager avec vous mon point de vue sur la Commission canadienne du blé. Je voudrais commencer par dire que je suis ici non seulement en tant que membre de Recherches stratégiques en agriculture pour le Frontier Centre, mais ce qui plus important, en tant qu'agriculteur du sud du Manitoba où je cultive 1 700 acres et mes revenus proviennent principalement de cette ferme.
J'ai grandi et j'ai dû vivre sous la coupe du monopole de la Commission canadienne du blé toute ma vie. Personnellement, je suis très enthousiasmé par les plans du gouvernement actuel sur le choix en matière de commercialisation et le rôle qu'une Commission canadienne du blé revigorée jouera à ce niveau.
Permettez-moi de vous mettre au fait de ma situation et celles de mes voisins depuis la fin des récoltes il y a un mois. Je mentionnerai certains problèmes de liquidités que nous avons.
Nous sommes aujourd'hui au beau milieu d'une importante reprise des marchés du blé. Les nivaux actuels sont les plus élevés depuis 30 ans. Nous ne pouvons pas en profiter et c'est terriblement frustrant. Nous ne pouvons pas livrer les petites quantités que nous pouvons vendre à bon prix, ce qui signifie que nous pouvons pas être payés.
À la place de cela, nous avons besoins de liquidités, la plupart des agriculteurs ont en besoin en automne pour payer les factures, nous sommes obligés de vendre nos autres récoltes à des prix qui sont inférieurs au montant que je prévoyais pour la fin de cette année. Dans certains cas, ils sont inférieurs aux coûts de production. Si nous étions libres de vendre notre blé, nous pourrions garder ces récoltes jusqu'à ce que les prix augmentent et gagner de l'argent sur tout.
Ce qui est tout aussi frustrant dans cette situation, c'est que si cette reprise actuelle concernait n'importe quelle autre récolte, je pourrais dès aujourd'hui vendre la production de l'année prochaine avec un bénéfice garanti. Mais je ne le peux pas. La raison principale n'est pas la Commission canadienne du blé, c'est le monopole de la Commission canadienne du blé.
Je ne peux pas vous dire le nombre de fois dans ma vie où j'ai vu ce genre d'occasion s'envolaient à causes des commissions des grains. L'un des moments les plus frustrants dont je me souviens était la récolte de 2002-2003. Durant cette année, nous avons pu vendre la plupart de nos récoltes « hors-Commission » à des prix au-dessus de la moyenne jusqu'à des prix records. Il y avait une véritable bonne reprise générale pour toutes les récoltes, blé inclus. Non seulement la Commission canadienne du blé a complètement manqué cette reprise, mais elle s'en est pris tellement mal qu'elle a enregistré un déficit de 85 millions de dollars dans les comptes des livraisons en commun, qui ont dû être payés par les contribuables canadiens. Alors que cette année aurait dû être une année record pour l'agriculture des Prairies, elle a fini par être une autre année où il a fallu se battre pour joindre les deux bouts.
Telle qu'elle est aujourd'hui, la Commission canadienne du blé est un énorme boulet pour l'ensemble de l'économie des Prairies depuis les obtentions végétales et passant aux prix à la ferme, aux collectivités rurales, aux villes et jusqu'aux ports. Cet effet modérateur est général, profond et très concret. Il est grand temps de se débarrasser de cet énorme boulet.
Un monopole était peut être justifié à l'époque des contrats quinquennaux de livraison de millions de tonnes à l'Union soviétique, mais ce n'est certainement pas un outil de commercialisation efficace pour négocier de petites ventes de lots uniques à des minoteries et niches individuelles. Les propres dossiers de la Commission indiquent cette tendance. Ils vendent plus de petites quantités à des clients de plus en plus nombreux tout le temps. Ce phénomène n'est pas unique au blé. C'est quelque chose que nous constatons avec un nombre croissant de produits agricoles et de plus en plus de produits dans le monde entier. De manière générale, l'avenir des affaires consiste à vendre plus de petites quantités.
Le fait que nous ne produisons plus les grains les moins chers au monde est tout aussi important. À la place, nous devons être compétitifs au niveau de la préservation de l'intégrité des caractères spécifiques, des programmes de traçabilité et des normes de qualité précises pour chaque expédition. Le modèle actuel de la Commission canadienne du blé était conçu pour de grandes exportations en vrac. Elle n'est pas en mesure de faire face à la concurrence dans ces nouveaux marchés internationaux de spécialités haut de gamme et à forte rotation. Elle n'a tout simplement jamais été conçue pour cela.
Certains craignent que le remaniement du monopole de la Commission n'entraîne des pertes d'emplois. Cette crainte est surtout partagée dans ma province d'origine, le Manitoba. La vérité, c'est que sous le régime actuel, nous perdons des emplois depuis des décennies. L'industrie céréalière se regroupe constamment en raison de l'absence de nouvelles perspectives. Nous continuons à perdre des agriculteurs parce qu'ils ne peuvent pas pénétrer de nouveaux marchés au pays ou à l'étranger. Tout boisseau non transformé qui est exporté est une autre possibilité perdue, une autre occasion perdue et un autre emploi perdu.
Je parle surtout de la transformation à forte valeur ajoutée. Je parle des minoteries, des usines de pâtes alimentaires, des installations de maltage et de toute une gamme de produits spécialisés qui sont actuellement étouffés dans l'Ouest du Canada. Nous devrions exporter des pâtés à la viande, pas du blé en vrac et des animaux vivants.
Puis, de nouvelles variétés de blé et d'orge sont développées, surtout des variétés à haut rendement pour nourrir le bétail. Il y a de nouvelles utilisations, comme les nutriceutiques, la bioénergie et l'éthanol qu'entrave une réglementation qui favorise le type de grains que la Commission canadienne du blé vendait au bon vieux temps.
Tout cela se produira, mais si nous conservons le monopole tel qu'il est aujourd'hui, cela se produira ailleurs. En fait, ça c'est déjà produit ailleurs.
Par exemple, le niveau d'investissement dans la transformation à forte valeur ajoutée en Ontario et aux États du nord des États-Unis est de deux à trois fois supérieur à celui des Prairies selon une étude faite par le Centre George Morris. Le monde ne fait pas que nous dépasser, il nous laisse loin derrière.
Permettez-moi de vous donner un exemple particulier. Il y a deux ou trois semaines en Australie, un petit agriculteur qui s'appelle Doug Couche a récemment réalisé un rêve que voudraient bien réaliser les producteurs de l'Ouest, mais ce rêve est illégal aujourd'hui au Canada. Il a ouvert sa propre minoterie, c'est à couper le souffle, il a maintenant le dernier chaînon de la chaîne allant du prix à la ferme jusqu'à l'assiette du gourmet. Il a réussi à vendre des pâtes un peu partout et même en Italie, le pays des pâtes. C'est incroyable. Et il réussit. Ce serait comme essayer de vendre du charbon à Newcastle.
Ses pâtes se vendent maintenant dans plus de 500 magasins partout en Australie, en Italie, aux États-Unis, au Royaume-Uni, à Dubaï et en Corée. Il ne craint pas les grandes multinationales, parce que lui-même, un petit agriculteur, est aujourd'hui une multinationale.
Beaucoup de personnes prétendent qu'un double marché du blé et de l'orge est une impossibilité métaphysique. Elles disent que ça ne marchera pas et que ça sonnera la fin de la Commission canadienne du blé. C'est exactement ce qu'ont dit les alarmistes au sujet d'un autre monopole que je connais très bien: le porc du Manitoba. Non seulement il a survécu la perte du comptoir unique, mais il est en plein essor dans le nouveau contexte commercial. Il conserve 30 p. 100 de part d'un marché -- et cela revêt une importance capitale -- qui est aujourd'hui en pleine expansion. Plus de porcs sont commercialisés qu'à l'époque des comptoirs civiques. C'est pareil pour le porc du Saskatchewan, le porc de l'Alberta, et aussi pour le blé de l'Ontario. C'est incroyable comment une petite liberté de choix et un peu de concurrence peuvent vraiment améliorer la situation.
Cette situation contraste nettement avec le rétrécissement de la superficie réservée à la culture des grains de la Commission canadienne du blé dans l'Ouest, notre part de marché diminue aussi. Il y a 10 ans, nous avions 20 p. 100 de la part du marché mondial. Aujourd'hui, nous en avons 15. Dans cinq ans, la prévision est de 10 p. 100. L'avenir est tracé. Le statu quo ne fonctionne pas et les choses doivent changer.
J'aimerais maintenant vous rappeler à tous l'une des recommandations du comité permanent multipartite qui a parlé à des centaines d'agriculteurs dans tout le pays en 2002. Je pense qu'un grand nombre d'entre vous faisait partie de ce comité, je cite directement votre recommandation : «... que le conseil d'administration de la Commission canadienne du blé autorise, à titre d'essai, un marché libre pour la vente de blé et d'orge... »
Je ne rappelle cela que pour montrer que le soutien au choix en matière de commercialisation dépasse les considérations idéologiques et politiques partisanes.
Au sujet du vote sur le double marché, je rejoins les propos de l'ancien ministre du cabinet NPD du Manitoba, Sidney Green, publiés la semaine dernière dans le Free Press de Winnipeg : « La Commission canadienne du blé est un organisme crée par un gouvernement démocratiquement élu. Si le gouvernement ne l'avait pas créée, la Commission canadienne du blé n'existerait pas. Il est important de ne pas oublier que ce qu'un gouvernement démocratiquement élu a créé, un gouvernement démocratiquement élu peut supprimer. »
Il y a la question des libertés civiles dans tout cela. Oui, il y a de solides arguments économiques ainsi que le montre la recherche que j'ai faite avec le Frontier Centre. Nous parlons de dizaines de milliers de dollars d'augmentation de revenus pour les agriculteurs individuels des Prairies, probablement entre trois-quarts de milliard à un milliard de dollars par an si nous les considérons collectivement; près de 26 000 emplois supplémentaires dans la transformation à forte valeur ajoutée; un milliard de dollars à peut-être deux milliards de dollars en plus en activité économique additionnelle grâce à cette transformation à forte valeur ajoutée. Il y a des arguments économiques solides et omniprésents.
Mais il y a la question des libertés civiles. Quand est-il approprié pour l'État de permettre qu'un groupe prive les libertés civiles d'un autre groupe? Dans une société libre et démocratique, le droit de priver les libertés civiles ne devrait pas exister. Il ne s'agit pas d'élire un gouvernement ni de déterminer qui préfère la crème glacée à la fraise à celle au chocolat. Dans ce cas, si la fraise l'emporte, non seulement vous ne pouvez pas acheter de chocolat, mais si on vous attrape en possession de crème glacée au chocolat, vous êtes emprisonné.
Finalement, ce dont il s'agit, c'est de donner aux agriculteurs de l'Ouest la liberté de gérer leur entreprise comme ils l'entendent -- pas comme l'entendrait le gouvernement, et certainement pas comme l'entendraient leurs voisins. Les agriculteurs de l'Ouest canadien devraient pouvoir jouir des mêmes droits, libertés et libertés civiles que les agriculteurs du reste du Canada. Il n'est pas juste, à cette époque, qu'ils soient encore forcés de s'asseoir à l'arrière du bus.
Le débat actuel est dominé par deux positions extrêmes. La première maintient si la collectivisation est imposée aux producteurs de blé et d'orge, c'est pour leur propre bien. L'autre dit que le gouvernement fédéral n'a pas à s'impliquer dans la commercialisation du grain de quelque façon que ce soit. Le gouvernement fédéral -- et c'est tout à son honneur -- semble avoir trouvé un compromis intelligent entre les deux extrêmes. Un compromis qui reconnaît un très simple fait universel. Il n'existe pas de méthode absolue de vente du blé et de l'orge qui satisfait tout le monde tout le temps. Le gouvernement a l'intention de laisser aux agriculteurs individuels, qui le désirent, vendre leurs propres récoltes et, en même temps, laisser aux agriculteurs qui préfèrent vendre leurs grains ensemble le soin de le faire.
Non seulement je pense que la mise en oeuvre de ce programme servira au mieux les intérêts de nos agriculteurs, mais aussi les intérêts de l'ensemble du Canada, car cela encouragera le développement rural dans les Prairies et annoncera au monde entier la suppression de l'énorme boulet et que l'Ouest canadien est maintenant ouvert aux affaires.
Permettez-moi de revenir sur la description détaillée de l'énorme boulet faite dans votre déclaration. Vous dites en gros que le modèle de la Commission canadienne du blé a été conçu pour de grandes exportations et qu'il empêche les ventes des récoltes à forte valeur ajoutée. Or, Warburtons, une entreprise, vient d'annoncer qu'elle achètera 250 000 tonnes de blé de qualité supérieure à environ 730 agriculteurs, dont beaucoup du Manitoba et de la Saskatchewan. Elle le fera de telle façon à empêcher que le vendeur qui offre les plus bas prix fixe les prix. C'est-à-dire maintenir des prix élevés, donc que je voulais seulement vous signaler que votre argument sur l'énorme boulet n'a pas de poids.
En outre, je ne peux tout simplement pas comprendre pourquoi les opposants à la Commission canadienne du blé -- et nous utilisons votre exemple australien, monsieur le président -- continuent à perpétuer le mythe voulant qu'il ne peut pas y avoir de traitement ou de développement d'usines de pâtes alimentaires. Le fait est que les agriculteurs de l'Ouest ont exactement la même capacité au pays. Il y a le programme de rachat pour les exportations, mais les agriculteurs de l'Ouest ont la même capacité de moudre leur propre grain dans leur propre moulin et vendre la production directement aux consommateurs canadiens d'un bout à l'autre du pays. Pour vendre cette production à l'étranger, ils doivent passer par le programme de rachat.
Donc, vous continuez à perpétuer ces mythes.
Un dernier point, monsieur le président, avant de passer aux réponses.
M. Penner n'a ménagé aucun effort pour parler de l'étude de Carter-Lyons-Berwald qui, je crois que vous le savez monsieur le président, a été complètement discréditée pour une simple raison par des universitaires détenant des titres universitaires. L'étude est arrivé à sa conclusion en comparant les prix à la ferme pratiqués aux États-Unis et au Canada sans tenir compte de la distorsion des subventions américaines, y compris le Programme d'encouragement des exportations.
Même en ce qui concerne les prix au comptant, lorsque vous avez comparé les prix au comptant des récoltes, vous avez comparé une variété différente de récolte, mais pas le même grain. Le fait est que je connais une variété de grain qui vous plaît beaucoup, Falcon. Oui, le prix au comptant de ce grain est quelque fois plus élevé. Mais que font les Américains de ce grain? Ils achètent du Falcon, un grain de qualité inférieure, et le mélangent à du grain de qualité supérieure puis vendent le mélange.
Donc, la comparaison n'est pas bonne, monsieur le président.
Je pense que la question est la suivante : où sont les chiffres exacts? Nous avons entendu les chiffres que vous avez énoncés et vous avez dit probablement, probablement, probablement. J'ai entendu les mêmes arguments de la part de beaucoup de gens pendant les débats sur le tarif du Nid-de-Corbeau. Éliminons le tarif du Nid-de-Corbeau et nous serons riches et prospères dans l'Ouest du Canada. Aujourd'hui, les mêmes gens disent la même chose à propos de la Commission canadienne du blé. Mais, vous n'avez pas d'étude concrète pour le prouver, sauf celle de Carter-Lyons-Berwald qui a été discréditée.
En réponse au rapport du groupe de travail affiché dans le site Web, la Commission canadienne du blé annonce en s'appuyant sur de la documentation -- et il y a l'étude indépendante faite par Hartley Furtan -- qu'il y aura une perte de 530 à 655 millions de dollars pour l'ensemble de l'industrie de l'Ouest canadien. Qu'allez-vous faire pour compenser cette perte quand elle arrivera? C'est ma question.
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Monsieur le président, je serais heureux de répondre à autant de questions que je peux dans le temps qui m'a été imparti.
Commençons où s'est arrêté M. Easter, les études parrainées par la Commission canadienne du blé et supposément légitimes. J'ai bien étudié ces études et celle de Furtan, qu'il a mentionnée. Le problème de ces études, c'est que ce sont des analyses coût-avantage qui ne donnent pas de liste de coûts. Elles ne vont pas jusqu'au prix à la ferme et elles se fondent sur une série de données secrètes que personne n'a le droit de vérifier. À part cela, elles sont bonnes, mais je ne parierais pas ma chemise là-dessus.
En ce qui concerne les comparaisons de prix au comptant pour Falcon -- oui, je cultive du Falcon -- jeudi dernier, la différence entre le prix commun de la Commission canadienne du blé et ce que je pouvais obtenir à un silo dans le Dakota du Sud, très près de ma ferme, était de 1,11 dollar le boisseau. C'est un prix on ne peut plus réel, il n'est pas tiré d'une étude. Oui, il est possible d'obtenir un peu mieux avec un contrat à prix fixe, mais cela se terminera à la fin de ce mois. Ce jour-là, j'en avais pour 60 cents par boisseau.
C'est vraiment trompeur de la part du ministre d'essayer de suggérer qui je devrais croire -- lui ou mes propres yeux.
L'étude Carter-Lyons-Berwald a été faite très rigoureusement et encore une fois elle compare les prix à la ferme, là où ça compte le plus.
Le programme de rachat est encore une fois incroyablement trompeur. Oui, il y a un programme de rachat, et on peut acheter son propre grain, ce qui est tout à fait absurde. Mon silo au Manitoba établit le prix à partir de Vancouver, qui est pour la plupart du temps le genre de prix que demanderait Tony Soprano, c'est la raison pour laquelle pratiquement personne ne le fait.
Au sujet du traitement à valeur ajoutée, encore une fois l'honorable ministre se trompe...
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Notre intervention se concentre davantage sur le concept. Pour avoir expérimenté au fil des ans la mise en marché des produits agricoles, je vous dirai que la tentation est grande pour un producteur — et je pense que c'est humain — d'essayer d'obtenir un meilleur prix que son voisin producteur. Selon ce que j'ai observé, les producteurs qui ne savent pas adopter une approche collective de mise en marché ont constamment l'impression d'avoir le meilleur prix. Par contre, quand ils rencontrent leurs amis au bar ou dans une soirée et qu'ils obtiennent plus de précisions à ce sujet, ils se rendent compte que ce n'est pas eux qui ont obtenu le meilleur prix.
L'approche collective permet que la mise en marché regroupe l'offre d'un produit. Qu'on le veuille ou non, les intervenants de l'autre côté, en d'autres mots les acheteurs, forment un regroupement et travaillent de cette façon. La concentration fait en sorte qu'aujourd'hui, les acheteurs transigent des volumes très élevés. La même situation s'applique quand il s'agit de contrats à l'extérieur du pays. Ce sont les gros exportateurs qui établissent les prix.
Il est facile pour un producteur de penser qu'il a un produit à valeur ajoutée occupant une niche, un créneau, bref, un produit différencié. Au Québec, nous pensons qu'il y a peut-être lieu de moderniser certains aspects de la Commission canadienne du blé. En effet, cette infrastructure existe depuis 70 ans. Il reste que la recherche constante de cette approche collective fait en sorte que s'il y a quelques améliorations à y apporter, ce sera fait dans une optique collective.
Au Québec, on expérimente aussi l'approche des marchés distincts et de valeur ajoutée. Il ne faut pas oublier que dans le cas des produits agricoles, l'important est de cerner les besoins des consommateurs et d'y répondre. Dès que le consommateur requiert une qualité ou une caractéristique précise à l'égard d'un produit, l'objectif consiste à répondre à cette demande. C'est réalisable par l'entremise d'une approche collective.
Au Québec, on fait affaire à une agence de mise en marché, entre autres au niveau de la production de lait. Certaines particularités s'appliquent dans le cas des producteurs de lait biologique, qui répondent à un marché spécifique. L'approche collective nous permet quand même de transiger ce lait par l'entremise d'un système, ce qui nous permet de maintenir un approvisionnement continu, de façon à ne pas connaître de ruptures de stock, et de nous assurer que ces volumes répondent à la demande du marché. Cette approche a toujours été bénéfique pour l'ensemble des producteurs. Elle garantit les revenus de la plupart des entreprises agricoles. Un proverbe dit qu'on ne doit pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Ça résume un peu la situation.
Il faut être conscient qu'à partir du moment où l'adhésion à la Commission canadienne du blé devient volontaire, une brèche très large s'ouvre dans ce système. Une approche volontaire change les effets et la synergie de l'approche collective en matière de prix et de marchés. En effet, les producteurs se trouvent à être en compétition les uns avec les autres, ce qui fait qu'on négocie constamment à la baisse. Ce phénomène est très significatif pour les producteurs agricoles au Québec.
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Comme je l'ai mentionné plus tôt, on pourra atteindre l'équilibre le jour où il ne restera qu'un producteur et un acheteur. Le pouvoir de négociation sera alors équilibré de part et d'autre. Dès qu'on atteindra cet objectif, il faut être conscient que plusieurs entreprises agricoles et plusieurs producteurs vivant de leurs entreprises auront failli à la tâche et auront été obligés de délaisser l'agriculture.
Sinon, ils se retrouvent en compétition. Telle est la situation: les producteurs se livrent une concurrence entre eux. Pour quelques-uns, c'est-à-dire pour une minorité, cela sera profitable. On créera ainsi une concentration des producteurs, et un producteur éliminera graduellement l'ensemble des autres producteurs.
Nous ne recherchons pas de telles situations. Nous voulons qu'un grand nombre de producteurs vivent de leurs entreprises agricoles, qu'ils rayonnent dans leur municipalité, dans leur milieu, et que leur situation économique soit satisfaisante par rapport à celle des autres membres de la société.
Ces pouvoirs que leur accorde la mise en marché collective veillent à ce que le plus petit producteur puisse quand même obtenir un prix commun par rapport à un éventail de mises en marché globales, ce qu'on ne retrouvera pas lorsque le producteur ira négocier.
La mise en marché ou la valeur ajoutée fait en sorte qu'il peut y avoir quelques particularités de production. Toutefois, il faut faire un bout de chemin à cet égard pour pouvoir reconnaître cette participation ou cette valeur ajoutée par rapport à un produit, mais on peut le faire.
Comme je le disais plus tôt, ce n'est pas une approche qui mettra à risque une institution créée il y a de nombreuses années probablement pour les mêmes raisons, pour contrôler les mêmes situations que celles qu'on connaîtra si on enlève ces structures. Pour les acheteurs de grains et les négociateurs, ces structures sont dérangeantes, embarrassantes à certains égards, parce qu'on ne peut pas transiger directement avec les producteurs. En effet, l'acheteur ne peut pas négocier avec un producteur et un autre pour obtenir de meilleurs prix. Sauf que nous, à titre de représentants des producteurs, voulons que ceux-ci aient un revenu décent grâce à leurs entreprises agricoles.
Vous comprendrez aussi que la situation de l'agriculture, en règle générale, au Canada et au Québec, n'est pas dans une phase florissante par les années qui courent. Par conséquent, ce n'est pas en détruisant des entreprises, des structures qui permettent d'influencer le prix à la hausse, qu'on améliorera le sort des producteurs agricoles canadiens.