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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de me permettre de comparaître devant vous aujourd'hui, particulièrement en tant que président du groupe de travail sur la mise en oeuvre d'un système de commercialisation libre du blé et de l'orge. Le groupe de travail se compose des deux membres qui sont ici, ainsi que de Brenda Brindle, de Mike Bast, de John Groenewegen et de Bruce Johnson.
Notre tâche, monsieur le président, était de recommander des options sur la meilleure façon de mettre en oeuvre un système de commercialisation libre. On nous a demandé de proposer des solutions à certains problèmes techniques et des mesures de transition, pour une Commission canadienne du blé facultative de même que pour l'industrie céréalière canadienne.
Le ministre Strahl a annoncé la publication de notre rapport lundi dernier.
Dans ce rapport, nous parlons de la CCB II, soit d'une Commission canadienne du blé transformée, qui appartiendrait aux agriculteurs, serait de participation facultative et fonctionnerait sans pouvoirs réglementaires gouvernementaux.
Paul Orsak va vous parler environ quatre minutes du modèle proposé pour la CCB II et de la préparation au changement vers la CCB II, puis Rob Davies va prendre la parole environ quatre minutes lui aussi, sur le lancement de la CCB II, les mesures de transition et la façon dont l'industrie du grain fonctionnera dans un contexte de commercialisation libre, enfin nous nous empresserons de répondre à vos questions. Au total, je crois donc que nous allons prendre environ 10 minutes au maximum.
Permettez-moi de céder la parole à Paul sur la première partie du rapport.
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Bonjour, monsieur le président et messieurs les membres du comité.
Je vous remercie de nous avoir invités à participer à vos délibérations sur des enjeux très importants pour l'industrie du blé et de l'orge et leurs incidences sur les agriculteurs, ainsi que toute la chaîne de valeur du blé et de l'orge.
Le groupe de travail a reconnu très tôt dans ses délibérations que bien que la commercialisation libre touche surtout la façon dont les agriculteurs comme moi vont commercialiser leur blé et leur orge, elle a de grandes incidences sur la Commission canadienne du blé, évidemment, mais aussi sur toute la chaîne de valeur. On ne peut pas présumer que rien ne va changer sauf pour les agriculteurs et la Commission canadienne du blé. Le groupe de travail, par nécessité, a dû se pencher sur les incidences qu'aurait l'élimination des pouvoirs monopolistiques de la Commission canadienne du blé sur toute l'industrie. Il va y avoir diverses situations de cause à effet possibles, et même s'il serait vain d'essayer de prévoir comment chaque secteur va réagir, nous avons dû réfléchir à certaines conditions commerciales et nous demander si elles procureraient un avantage aux agriculteurs, sans toutefois nuire à la concurrence pour le grain des agriculteurs.
Pour commencer, je vais mettre en contexte notre modèle opérationnel. Mes observations vont se concentrer surtout sur l'une des composantes probablement les plus intéressantes du rapport de notre groupe de travail. À mon avis, son intérêt vient surtout du fait que les agriculteurs sont avides d'information sur la forme que pourrait prendre la Commission canadienne du blé et la façon dont elle pourrait fonctionner dans un environnement de commercialisation libre.
Il importe de souligner que le modèle opérationnel que nous proposons pour une nouvelle Commission canadienne du blé restructurée n'est qu'une option parmi d'autres.
Les membres du groupe de travail ont toujours été conscients qu'il fallait non seulement que leurs recommandations aient de grandes chances de réussite et proposent un modèle opérationnel durable pour la nouvelle CCB, mais aussi qu'elles tiennent compte des améliorations futures qui seront rapportées au régime concurrentiel de la commercialisation, de la manutention, du transport et de la transformation du grain afin qu'il continue d'évoluer sans créer l'érosion du capital de l'industrie. En fait, nous croyons qu'il n'est pas seulement sain pour les agriculteurs et l'industrie de créer un climat favorable à l'investissement, mais que c'est nécessaire pour que l'industrie du grain de l'Ouest canadien demeure concurrentielle avec ses concurrents internationaux actuels et futurs.
Les membres du groupe de travail estimaient important de proposer au moins une option même si, comme on peut facilement le comprendre à la lecture attentive de notre rapport, il reviendra en bout de ligne à la commission et à la direction de ce qu'on appelle la CCB II d'étudier quel modèle opérationnel et quel plan d'activité lui conviennent. Les membres du groupe de travail ne voulaient pas faire de présomptions ou être trop prescriptifs sur ces questions, puisqu'il reviendra à la CCB II elle-même de se positionner et de déterminer quelle sera sa proposition de valeur pour procurer un avantage concurrentiel considérable aux agriculteurs.
J'aimerais maintenir vous présenter nos suggestions pour ce modèle opérationnel. Nous envisageons la CCB II comme une entité commerciale appartenant aux agriculteurs et gérée par eux. Les membres du groupe de travail croient que la CCB II pourrait tabler sur les forces de la Commission canadienne du blé actuelle pour accroître la rentabilité des agriculteurs. Ses forces sont les relations solides établies avec les clients et sa connaissance de leurs besoins; sa réputation solide pour l'établissement des prix, la livraison et l'exécution des contrats signés avec les acheteurs; le fait que beaucoup de producteurs aspirent à une nouvelle version de la Commission canadienne du blé qui serait administrée par les producteurs; enfin, son expérience dans l'administration d'un système de mise en commun pour les producteurs.
De plus, la CCB II pourrait ou devrait créer de nouveaux produits novateurs pour l'établissement des prix ou de nouveaux protocoles sur la salubrité des aliments. Nous pensons qu'elle peut tabler sur ses forces afin de réduire les coûts de la chaîne d'approvisionnement grâce à l'achat ou à la location d'installations. Elle pourrait vendre certains des services pour lesquels elle s'est bâti une solide expérience, comme le transport et la surveillance météo. Surtout, elle pourrait commercialiser d'autres céréales que le blé et l'orge.
Nous proposons la vente d'actions de la CCB II. Ces investissements permettaient clairement aux agriculteurs de voir leurs intérêts davantage pris en compte dans la CCB II. Évidemment, c'est aussi une façon de faire augmenter le capital de la société. Comme vous l'avez sûrement lu, nous recommandons que les actionnaires ne puissent pas échanger leurs actions avant deux ans, soit avant la fin des deux premières années.
Évidemment, ce qui contribuerait beaucoup aux chances de réussite de la CCB II serait le transfert des actifs de la Commission canadienne du blé. La conjugaison des actifs incorporels que je viens de mentionner et des actifs corporels décrits aux pages 8 et 35 du rapport conférerait à la CCB II un avantage important au démarrage.
Enfin, si je peux prendre une minute de plus, j'aimerais vous présenter les choses sous un angle que vous pourriez trouver intéressant. Avant de travailler au sein de ce groupe de travail, je croyais personnellement qu'une CCB facultative serait concurrentielle sur le marché et qu'elle le serait surtout grâce à l'offre de services de mise en commun et d'options de prix au comptant.
On n'a pas eu besoin de me convaincre de réfléchir attentivement à la valeur de la proposition d'une entité du type de la CCB II. Je l'ai étudiée surtout du point de vue d'un agriculteur, qui est naturellement axé sur la relation fournisseur-consommateur. De ce point de vue, je vois diverses offres de diverses entreprises.
Chacune a ses caractéristiques qui lui sont propres, et en tant qu'agriculteur, je peux assez facilement choisir laquelle correspond le mieux à mes besoins. L'agriculteur en moi présumait que cette autre entreprise ayant une façon de faire unique et différente serait avantageuse pour moi, directement et indirectement, parce que l'influence concurrentielle améliore l'offre partout.
Je le crois toujours, mais j'ai la forte impression que pour être vraiment concurrentielle, une nouvelle Commission canadienne du blé devrait se concentrer sur ses offres de prix au comptant plutôt que sur la mise en commun des prix.
Après avoir été forcé d'y réfléchir un peu plus attentivement et grâce aux discussions musclées que les membres du groupe de travail ont eues, j'en suis venu à voir les choses un peu différemment. Je pense que la CCB II a une occasion en or de se distinguer sur le marché et qu'elle a une proposition de valeur qui comprend la mise en commun des prix parmi ses grands facteurs de réussite.
Pour beaucoup d'agriculteurs, dont moi-même, la mise en commun de prix actuelle est relativement peu tentante. Elle engendre simplement trop de coûts. Cependant, dans un contexte de commercialisation libre, je pense que la mise en commun des prix pourrait être une offre extrêmement avantageuse pour les agriculteurs. Le nouvel environnement et la nouvelle donne de la discipline d'un marché concurrentiel poussera la direction de la CCB II à voir les choses bien différemment. Si l'on met l'accent sur la limitation des coûts, que les exigences de livraison ne l'emportent pas sur la qualité, que les prix des diverses classes ne sont pas établis arbitrairement, que la gestion et la logistique deviennent plus strictes et que l'on met l'accent sur la gestion du risque, je vois beaucoup de possibilités réjouissantes. En fait, je peux facilement imaginer que les agriculteurs soient très enclins à commercialiser une portion importante de leurs grains commercialisables, y compris des grains qui ne sont pas visés par la Commission à l'heure actuelle, par la mise en commun.
C'est une question de gestion du risque des prix pour les agriculteurs. Si les marges se resserrent et que la gestion du risque devient beaucoup plus importante pour les agriculteurs, la proposition de valeur de la CCB II pourrait être vraiment unique et importante.
Certains agriculteurs pourraient choisir de recourir plus que jamais aux services de la CCB II et d'y envoyer d'autres céréales. Je pense que bon nombre d'entre eux y enverront une portion importante de leurs grains lorsque la CCB II aura prouvé qu'elle est compétente et qu'elle est gérée de façon professionnelle. Personnellement, je peux m'imaginer envoyer une portion importante non seulement de ma production de blé, mais aussi d'autres céréales dans les mises en commun de la CCB II. Cela m'apparaîtra comme un outil de gestion du risque très professionnel et très précieux, qui est peut-être hors de ma portée actuellement.
La meilleure comparaison que je peux faire est celle avec les fonds mutuels. Les fonds mutuels sont des mises en commun d'investissements. Ils sont volontaires, bien sûr, et se retrouvent en concurrence dans un marché très complexe. Plus les investisseurs y versent des portions importantes de leur portefeuille pour se prévaloir de l'administration professionnelle qu'ils offrent, plus ils croissent et fructifient. Je pense qu'il fait très peu de doute que la nature concurrentielle des marchés de capitaux est ce qui apporte de la valeur à ce type d'investissement.
Je pense qu'il en va de même pour les activités de mise en commun des prix de la CCB II et qu'elle offrirait une proposition de valeur unique et concurrentielle aux agriculteurs. Si l'on m'offre en plus des outils novateurs et avantageux pour les agriculteurs, je serai très enthousiaste à l'idée de commercialiser mes céréales, mes grains oléagineux et mes cultures spéciales par la CCB II et ses services de mise en commun des prix.
Je vous remercie de nous offrir cette tribune et je redonne la parole à Howard.
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Bonjour, monsieur le président et messieurs les membres du comité. Je vais vous parler de la création de la CCB II et de la façon dont une industrie du grain concurrentielle pourrait fonctionner dans un contexte de commercialisation libre.
La création de la CCB II va exiger beaucoup de préparation de la part de tous les participants au marché, parce qu'une bonne partie des méthodes qui existent depuis des années dans le système de commercialisation du grain vont changer, à commencer par la CCB. Il va y avoir deux périodes: A et B, comme vous le dites dans votre rapport, pour lui laisser le temps de se doter d'un plan d'activités, d'embaucher le personnel nécessaire et d'accroître ses compétences de manière à réussir dans le nouvel environnement de la commercialisation libre.
La CCB II va se réinventer, créer une nouvelle vision et de nouveaux contrats, concevoir des programmes et présenter sa proposition de valeur aux agriculteurs pour l'avenir.
La CCB II va avoir besoin de temps et devra créer divers documents ainsi qu'acquérir de l'expérience pratique dans le nouvel environnement afin de se doter des systèmes nécessaires pour avoir accès à du financement à l'avenir, continuer d'offrir des services de mise en commun aux agriculteurs et avoir accès à du financement pour les ventes d'exportation.
Le gouvernement fédéral devra prévoir diverses mesures de transition pour apporter les modifications nécessaires à la Loi sur les grains du Canada et à la Commission canadienne du blé afin d'offrir la commercialisation libre aux producteurs de blé et d'orge des Prairies. Parmi les changements requis, il faudra hausser le niveau de certitude entourant les wagons de producteurs et prescrire les pouvoirs nécessaires pour surveiller les activités, mener enquête, accéder aux données nécessaires, publier des rapports publics, contribuer au règlement des conflits et régler rapidement tous les problèmes de comportements non concurrentiels de manutention des grains dans l'industrie, tant pour les producteurs que pour l'industrie.
De plus, l'administration du régime actuel des avances en espèces, qui relève actuellement de la Commission du blé, devra être confiée à un autre organisme.
Enfin, le gouvernement devra adopter des mesures pour accroître la concurrence dans le domaine ferroviaire, notamment par l'amélioration des dispositions sur la protection des expéditeurs contenus dans la Loi sur les transports au Canada. Tout le monde déplorait les mêmes problèmes quant à l'inefficacité de la concurrence ferroviaire. Ces questions débordaient du mandat du groupe de travail; cependant, il demeure important d'en tenir compte pour assurer une bonne transition vers la commercialisation libre. De la perspective de l'industrie commerciale, nous devons être très clairs sur une chose. Le marché a besoin de certitude concernant la période de transition. L'industrie va établir des contrats privés et des contrats à la Bourse des marchandises de Winnipeg, mais il faut une certaine certitude sur le temps nécessaire, et cela fait partie des délais prévus dans les recommandations du groupe de travail.
Les acteurs de l'industrie devront établir de nouveaux accords contractuels. Je pense notamment aux exploitants des silos terrestres et portuaires, aux exportateurs et aux utilisateurs finaux comme les meuniers et les malteurs, tant au pays qu'à l'étranger.
Bien que ces changements risquent de modifier les habitudes de récolte, ils risquent de donner une plus grande certitude aux agriculteurs et à l'industrie, en plus d'accroître l'aptitude du Canada à répondre aux besoins des consommateurs finaux.
Pour bien réussir la transition, il sera essentiel de bien comprendre les agriculteurs. Bien qu'ils commercialisent déjà une partie de leurs produits comme les céréales fourragères, les grains oléagineux et les cultures spéciales non visées par la CCB, ils auront besoin, pour que la transition vers la commercialisation libre des grains qui ont longtemps été administrés se fasse sans heurt, de nouveaux protocoles de gestion du risque et devront revoir leurs stratégies de vente et de commercialisation en fonction des besoins de leurs fermes dans le nouveau monde de la commercialisation libre.
On s'attend à ce que les habitudes de production changent dès que les incidences directes des coûts de logistique et de commercialisation deviendront apparents. C'est bon pour l'industrie et pour les agriculteurs à long terme, mais il y aura une période d'adaptation. Les sociétés céréalières devront elles aussi s'assurer qu'elles ont accès à suffisamment de financement et que leurs clients agricoles comprennent les nouvelles exigences dans le monde de la commercialisation libre. Les contrats actuels de la CCB sont plutôt difficiles à faire respecter en raison du pouvoir de la CCB de commercialiser tous les grains de l'Ouest.
Les cultivateurs de blé et de blé dur devront établir des contrats beaucoup plus précis qu'auparavant, et cela aura des incidences collatérales sur le système de classement des grains, parce que les normes de classement actuelles pourraient ne plus répondre aux exigences des consommateurs finaux en matière de qualité.
Les changements requis semblent peut-être décourageants, mais en réalité, si nous voulons nous doter d'un secteur canadien des grains véritablement concurrentiel pour la commercialisation, la manutention et le transport, un secteur doté de mécanismes de repérage de prix et de couverture efficaces et dans lequel évolue une CCB II forte et viable pour les agriculteurs, il faudra travailler fort. Il ne faut pas s'attendre à ce que ce changement s'opère rapidement.
Pour conclure, dans ses recommandations, le groupe de travail a cherché à prévoir de bonnes mesures de transition financière pour la CCB II tout en lui laissant suffisamment de temps pour augmenter ses chances de réussite et en incitant les investisseurs actuels et futurs à participer au secteur du grain du Canada, tout cela dans le contexte des efforts pour offrir la commercialisation libre aux agriculteurs.
Le groupe de travail croit que si le choix du mode de commercialisation est présenté avec doigté et considération, mais sans retard inutile, un système de commercialisation des grains efficace, efficient et compétitif servira les intérêts des producteurs de céréales, des consommateurs et de l'ensemble de l'industrie du grain à long terme.
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs.
Il est clair que votre rapport a à tout le moins l'effet de rendre l'industrie du grain des États-Unis heureuse, tant le secteur multinational que les producteurs des États-Unis. Ils essaient de détruire la Commission canadienne du blé depuis onze ans et tout à coup, le ministre semble s'apprêter à faire la même chose, à réclamer la même chose que les États-Unis.
Quoi qu'il en soit, j'ai vu beaucoup de groupes de travail dans ma carrière, mais je n'en ai jamais vus comme celui-ci, qui fait si peu d'analyses et recueille si peu de données de base. De toute évidence, il travaillait sur la base de présomptions avant même sa mise en place, sans se soucier de recueillir des preuves pour appuyer son point de vue.
Howard, pouvez-vous fournir à notre comité les documents suivants: premièrement, la liste complète de toutes les réunions tenues par ce groupe de travail, les lieux des réunions et la liste des participants; deuxièmement, la liste de toutes les présentations soumises au comité, sollicitées ou pas, et troisièmement...
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Peut-être pourrais-je essayer de répondre à cette question.
Nous avons eu des entretiens avec plusieurs compagnies céréalières qui sont venues nous voir — certaines modestes et d'autres plus importantes. Elles ont toutes fonctionné avec la Commission canadienne du blé qui agissait dans un cadre monopolistique, aussi loin qu'on puisse s'en souvenir. La Commission canadienne du blé traite avec elles en tant que groupe, pour bien des choses. Puisqu'il y a un monopole, ils agissent en tant que groupe. À l'avenir, la Commission du blé pourrait traiter avec elles individuellement. Certaines compagnies sont très bien placées pour se lancer dans la concurrence, et elles pourraient très bien s'en tirer. Mais certaines ont des installations à Vancouver et d'autres pas. Ce qui les inquiète, c'est de savoir si elles auront le même accès. Elles devront conclure des arrangements différents avec diverses compagnies. On s'attend à ce qu'il y ait un changement. Le contexte concurrentiel sera différent. Certaines compagnies pourraient très bien s'en sortir, et d'autres moins. Nous ne pouvons pas déterminer quelles compagnies s'en tireront bien ou moins bien. Ce sera pour elles un grand changement. Elles ont jusqu'ici fonctionné d'une certaine façon. Elles ont entretenu certaines relations d'affaires qui n'existeront plus. Peut-être devront-elles créer de nouvelles relations. C'est vraiment ce dont il s'agit, et c'est pourquoi le temps qui passe est important pour certaines.
Nous avons rencontré des malteurs qui se demandaient s'ils étaient prêts pour un arrangement différent. Jusqu'ici, ils fonctionnaient autrement. Ils pourraient avoir besoin d'installations d'entreposage qu'ils n'ont pas. Certains sont bien placés, d'autres moins.
Alors il règne une certaine frénésie parmi les entités avec lesquelles la Commission canadienne du blé traite actuellement. L'interaction sera différente, mais nous ne pouvons pas prédire quelle compagnie, en fin de compte, en ressortira gagnante. C'est seulement que l'inquiétude règne. Certains pensent qu'ils perdront beaucoup. Il n'y a pas d'opinion unifiée des compagnies céréalières voulant qu'on mette fin aussi vite que possible au monopole. Ce n'est pas du tout cela. Elles disent qu'elles ont fonctionné d'une certaine façon, que cette façon leur convient, qu'elles savent à quoi s'en tenir face à leurs compétiteurs, et que c'est un grand changement.
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Certainement, monsieur le président. Il est certain qu'il y a des variations de surface en blé, des fluctuations des prix; il y a diverses raisons aux mouvements des marchés, d'un point de vue logistique, vers différents marchés de vente, différentes positions de vente. Plusieurs de ces changements sont survenus aujourd'hui.
Si je peux brièvement aborder l'aspect de la prédiction d'un marché concurrentiel dynamique, en tant que président et directeur général d'une compagnie, j'aimerais bien pouvoir le faire; j'aimerais bien que tout le monde le puisse. ait. Nous pourrions bien plus clairement saisir comment concevoir une stratégie, mais le marché se développera très clairement. Comme l'a dit Paul, nous avons essayé de ne pas être trop normatifs avec la CCB II, parce qu'il leur faut créer un modèle opérationnel qui offre un autre choix efficace aux producteurs.
Une solution pouvant être très efficace, d'une perspective de gestion des risques, c'est la mise en commun. Elle est très attrayante pour un vaste segment de producteurs. Selon la manière dont ils mettent en oeuvre ce choix de mode de commercialisation, selon les personnes avec qui ils ont des contrats, selon la manière dont tout cela s'imbrique ensemble, il pourrait y avoir de grandes possibilités pour certains modestes joueurs dont ont pourrait penser à première vue qu'ils vont être nettement désavantagés sur le nouveau marché, mais c'est difficile à prédire.
Cela dépend de la stratégie de chacun, de la stratégie de la CCB II, et de l'adhésion des agriculteurs et que de la mesure dans laquelle ils veulent s'engager avec la CCB II assumant le rôle de gestionnaire du risque pour une partie de leurs opérations agricoles. Ces éléments mobiles font qu'il est très difficile de prédire où la roue arrêtera. La possibilité est intéressante, mais il est clair qu'il y a des risques, et c'est le genre de choses dont on ne peut pas dire qu'elles favorisent l'équilibre.
Je vais maintenant poursuivre dans le sens des questions précédentes.
La transition qui est proposée pourrait être à l'origine de changements importants, aussi bien positifs que négatifs, non seulement dans l'industrie du grain, mais aussi pour notre mode de vie rurale et pour notre pays tel que nous le connaissons. Autrement dit, on pourrait presque parler d'une révolution, faute d'un terme plus approprié. C'est mon interprétation de la situation. D'après notre expérience rétrospective des révolutions, on se dit toujours qu'il y aurait pu avoir une meilleure façon de faire les choses, plutôt que d'apporter des changements aussi draconiens qui ont été à l'origine de souffrances pour des milliers et des millions de personnes. Pour mettre les choses en contexte, la Russie cherche encore à récupérer de la révolution de 1917.
Ce mandat vous a été confié. À votre avis, y aurait-il pu y avoir une meilleure façon d'examiner la situation de l'industrie du grain, d'obtenir la contribution de tous les intervenants pour emprunter la voie de l'évolution, ce qui aurait été plus équitable que ce rapport qui vous a demandé un mois de travail? Nous ne savons pas dans quelle mesure une analyse économique détaillée a pu ainsi être réalisée.
Mon autre question fait suite au point soulevé par mon collègue. Qui sort perdant? Nous avons entendu dire que telle ou telle entreprise pourrait s'en ressentir, mais qu'en est-il du producteur de grain moyen de l'Ouest canadien? Et je ne vous parle pas de celui des régions frontalières qui peut faire de l'agriculture à forfait et avoir accès à ces autres marchés. Que se passe-t-il pour un agriculteur près de Blaine Lake, par exemple, où j'ai passé les étés de mon enfance? Pensons un peu au producteur primaire. Nous sommes tous ici parce que le producteur primaire est notre principale préoccupation.
Est-ce lui qui va être perdant, et aurions-nous pu trouver un meilleur moyen? Assurez-vous d'avoir assez de temps pour répondre à ces questions.
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Je vous dirais très brièvement que le marché change continuellement. De par sa nature même, il crée des gagnants et des perdants.
On a annoncé la construction de deux usines de broyage du canola à Yorkton. Pour les agriculteurs situés à distance raisonnable de Yorkton, il s'agit d'un changement fondamental qui influe sur les modes de production, la valeur de la ferme, les produits qui y seront cultivés à l'avenir et le rendement économique net. Toutes ces choses ont changé. C'est le marché qui en est responsable.
L'annonce d'une usine de production d'éthanol va de la même manière modifier la nature du marché dans les régions qui vont se livrer à cette production. Qu'il y ait ou non une Commission canadienne du blé, ces impacts commerciaux vont tout de même se faire ressentir. La valeur des fermes et leur mode d'exploitation va changer.
Cela a pour effet de déplacer la production dans d'autres secteurs. Ainsi dans notre région du sud de la Saskatchewan, on a ouvert la porte à de meilleures possibilités de commercialisation du blé dur, étant donné que des agriculteurs d'autres régions ont renoncé à cette production en raison des coûts de transport trop élevés.
Il est donc très difficile d'affirmer qu'il y aura des gagnants ici et des perdants là.
Je connais également Blaine Lake et je peux vous dire que le marché y réagit aussi de façon assez particulière. Peut-être que les agriculteurs s'y tourneront davantage vers l'élevage en raison de la proximité d'une usine d'éthanol qui leur donnera accès à des céréales à distillerie pour nourrir leur bétail à meilleur marché. Il serait extrêmement difficile d'évaluer tous les impacts éventuels sur le marché.
Vous avez raison. Nous avons créé un modèle pour la suite des événements, mais nous ne pouvons pas évaluer toutes les répercussions possibles.
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Un grand merci à vous, messieurs, pour votre présence ce matin.
J'en suis venu à la conclusion qu'en l'absence de preuves concrètes, vous vous devez d'avoir la foi. Nous sommes ainsi logés à la même enseigne, car nous devons prêter foi à ce que vous nous avez dit.
Je dois également croire en toute bonne foi que vous êtes des experts en la matière — c'est du moins à ce titre que l'on a fait appel à vous — mais j'ai de la difficulté à comprendre comment vous avez réussi, en un mois à peine, et en vertu du mandat qui vous a été confié, à rassembler toutes ces connaissances et toute cette documentation pour parvenir à en dégager un modèle permettant de vous affranchir de la commercialisation à comptoir unique en plus de mettre en place un plan de transition. Tout cela en un mois à peine; c'est certainement un record. Reste à voir où cela va nous amener.
Par ailleurs, il m'est vraiment difficile de voir comment nous allons transférer ces actifs qui appartiennent maintenant au gouvernement du Canada et dont les agriculteurs vont devenir propriétaires. On nous dit que les fermiers sont sans le sou et voilà qu'ils vont détenir des actifs de 100 millions de dollars ou quelque chose du genre.
Et vous vous attendez à ce que le gouvernement qui finance maintenant la Commission canadienne du blé en fasse de même pour la nouvelle agence. Est-ce que le gouvernement pourra être représenté au sein du conseil d'administration? À qui appartiennent ces parts? Vous avez parlé de la possibilité de détenir jusqu'à 2 000 parts à 1 $ l'unité, mais vous n'avez pas précisé si quelqu'un de l'Illinois pouvait en acquérir.
Il y a bien des choses qui m'échappent dans ce dossier. Est-ce que l'agence appartiendra à des intérêts canadiens ou est-ce que ce sera simplement une autre succursale de Cargill? Que nous réserve l'avenir? C'est là que ma foi commence sérieusement à s'étioler.
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La Commission canadienne du blé est, à mon avis, un outil de travail pour les producteurs agricoles. À ce sujet, je voudrais vous raconter une petite histoire, question de nous remettre en contexte.
Il y a un écart de 44 ans entre mon père et moi, ce qui a souvent donné lieu à des conflits de générations. Nous travaillions tous les deux à la ferme. À une certaine époque, nous devions remplacer un outil de fanaison, et de nouveaux outils, plus rapides et plus performants, étaient disponibles sur le marché. Après des négociations d'un an ou deux, mon père est allé acheter un nouvel outil. Quand il est revenu à la maison, j'ai vu qu'il avait acheté le même vieux modèle. Il m'a dit que nous allions gagner du temps, étant donné que nous avions le même outil en double.
Un an plus tard, j'ai acheté la ferme. La première chose que j'ai faite a été d'aller me procurer un outil de la nouvelle génération. Mon père m'a dit qu'il ne l'utiliserait jamais. Par respect pour lui, j'avais gardé l'ancien outil, afin qu'il puisse s'en servir. Le lendemain matin, j'ai installé mon tracteur sur le nouvel outil et j'ai laissé faire mon père. Il a pris la peine de l'essayer et il m'a dit ensuite: « Garçon, tu avais raison: il faut évoluer. »
Dans un contexte de marchés mondiaux, il faut se demander si les outils de commercialisation de nos concurrents — les États-Unis et le Brésil, par exemple — sont plus performants que les nôtres. Sommes-nous en train de retarder notre évolution? Est-ce que le fait de ne pas renouveler notre outil de commercialisation va nuire aux producteurs canadiens à moyen et à long terme?
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi d'être ici.
Vous avez reçu un très bref mémoire portant sur le sujet dont je vais vous parler. Je ne vais pas le lire. Je ferai plutôt quelques observations verbales.
J'aimerais tout d'abord féliciter le ministre et le gouvernement d'avoir fait un premier pas dans la bonne direction en annonçant la tenue d'un plébiscite sur l'orge. Je les encourage à continuer dans ce sens et à inclure le blé dans le plébiscite. Voilà essentiellement ce dont je vais vous parler aujourd'hui.
Je ne vais pas exposer le pour et le contre de la Commission canadienne du blé. Je parlerai de l'importance d'un plébiscite. Il y a deux semaines, les membres de la FCA de l'ensemble du Canada ont appuyé la tenue d'un plébiscite parce qu'ils tiennent à ce principe. En Ontario, ce sont les producteurs qui ont décidé d'éliminer la vente du blé par la Commission canadienne du blé. Au Québec, les producteurs viennent de décider d'établir un comptoir unique pour la vente du blé, à l'image de ce qui a été fait dans l'industrie du porc et dans l'industrie du sirop d'érable. Je crois comprendre qu'ils ont maintenant la même la chose pour le lapin. Toutefois, il est clair que les membres de la FCA ont demandé la tenue d'un plébiscite.
J'aimerais également parler de l'importance d'un débat sur les avantages et les inconvénients et la diffusion d'une information pertinente. Les gens peuvent ainsi examiner l'information, en discuter et prendre une décision éclairée.
Pourquoi un plébiscite? Les membres de la FCA disent qu'il est très important de tenir un plébiscite et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est écrit dans la loi. Les membres de la FCA sont d'avis qu'aucun autre moyen ne doit être pris pour contourner ce qui est prévu par la loi. Faisons simplement ce que la loi dit de faire et demandons l'avis des agriculteurs.
Deuxièmement, on parle beaucoup du pouvoir des agriculteurs et on dit qu'il faut leur donner un pouvoir sur le marché, mais il s'agit de bien davantage. Donner un pouvoir aux agriculteurs, à notre avis, suppose également de leur permettre de décider du système de commercialisation qu'ils souhaitent utiliser et qui sert le mieux l'intérêt collectif de l'agriculture.
Troisièmement, pour bon nombre d'agriculteurs, la Commission du blé est devenue un outil qui leur donne un pouvoir sur le marché. Puisqu'une décision concernant la Commission du blé, si elle est déréglementée, serait irréversible, nous croyons que ces agriculteurs doivent prendre part à la décision qui est prise.
Quatrièmement, le fait de déréglementer arbitrairement une structure de commercialisation crée, selon nous, un précédent très important pour toutes les structures de commercialisation qui existent au Canada. Je sais que ces structures sont très différentes l'une de l'autre, mais la question est la même. Que ce soit un gouvernement provincial ou le gouvernement fédéral qui déréglemente une structure de commercialisation, un précédent important est ainsi créé. Si une structure de commercialisation est déréglementée, l'un ou l'autre des paliers de gouvernement pourrait bien déréglementer arbitrairement d'autres structures également.
Cinquièmement, c'est une question de partenariat. Le ministre Strahl l'a très bien exprimé dans son communiqué d'hier, dans lequel il dit qu'un plébiscite est un volet très important d'un processus de consultation, en particulier lorsque toute l'information voulue est présentée pour permettre de prendre une décision intelligente. C'est une question de partenariat et, encore une fois, un plébiscite est un moyen important de consulter les agriculteurs.
Toutefois, reste à savoir si l'on dispose de l'information et des analyses économiques pertinentes. En deuxième et dernier lieu, je vais vous dire pourquoi cette information est nécessaire.
Tout d'abord — et je crois que c'est M. Migie qui l'a dit tout à l'heure — il y a beaucoup d'information sur les avantages que la Commission canadienne du blé procure au secteur de la production primaire. Il y a toutes sortes de chiffres. À notre avis, il importe que les agriculteurs voient toutes ces analyses économiques qui montrent les avantages qui reviennent à la ferme, pour qu'ils puissent examiner les chiffres, déterminer exactement quelle est la valeur de la structure de commercialisation qu'ils ont eue par le passé et pondérer cette valeur en regard de la valeur ajoutée.
Par ailleurs, nous avons beaucoup entendu parler de la valeur ajoutée. Certains disent que la Commission canadienne du blé nuit à la valeur ajoutée. Les membres de la FCA vous diraient que lorsque vous nous comparez aux Américains, le plus grand obstacle à la valeur ajoutée au Canada est l'absence d'une politique concurrentielle face aux États-Unis, à laquelle nous sommes en train de remédier, comme vous le savez. Quoi qu'il en soit, le problème est bien davantage attribuable à l'absence d'une politique concurrentielle qu'à toute structure de commercialisation en place.
Je crois toutefois qu'il importe de diffuser également cette information. La semaine dernière, lorsque les trois ministres de l'Agriculture de l'Ouest canadien sont venus ici, on a beaucoup parlé de la valeur ajoutée. Certains avaient des chiffres montrant que la valeur ajoutée avait connu une hausse plus importante au Canada que dans les États voisins. Que cette information soit vraie ou fausse, elle doit aussi être diffusée pour que les agriculteurs puissent l'examiner. Nous devons ensuite pondérer les avantages économiques de la valeur ajoutée que la Commission du blé rapporte au secteur de production primaire et permettre aux agriculteurs d'examiner cette information pour prendre une décision éclairée.
On a également beaucoup parlé de la survie possible de la Commission canadienne du blé dans un double système de commercialisation. Sur cette question, je ne vais certainement pas critiquer le ministre, mais plutôt le rapport du groupe de travail. À mon avis, ce rapport avait très peu à voir avec la présence de la Commission canadienne du blé dans un double système de commercialisation, mais portait plutôt sur la façon de démarrer une nouvelle entreprise céréalière. À cet égard, je crois que le groupe de travail a fait un long exercice de rhétorique, mais une très courte analyse économique.
Ce rapport porte sur le démarrage d'une nouvelle entreprise céréalière. Si vous me permettez de le dire bien franchement, monsieur le président, ce n'est même pas drôle. Le fait est que nous venons tout juste d'examiner ce qui étaient autrefois trois syndicats de blé très prospères dans l'Ouest canadien. À cause de l'absence d'une politique concurrentielle, aujourd'hui ces syndicats sont cotés en bourse ou bien appartiennent partiellement à des intérêts étrangers. Essentiellement, les agriculteurs ont perdu le contrôle qu'ils avaient sur ces syndicats de blé.
Dire, comme certains, que nous pourrions démarrer une nouvelle entreprise céréalière en moins de deux pour faire concurrence aux autres multinationales ou même aux grandes entreprises céréalières que nous avons au Canada, et prétendre que 100 millions de dollars suffiraient... Quand on songe à Agricore United, dont les immobilisations s'élèvent à plus d'un milliard de dollars, ou encore au Wheat Pool, dont les immobilisations se chiffrent à quelque 300 millions de dollars, je crois qu'il faut effectuer beaucoup plus d'analyses et examiner beaucoup plus sérieusement l'idée de démarrer une nouvelle entreprise céréalière en pensant qu'elle pourrait être prospère. C'est d'autant plus vrai que cette nouvelle entreprise céréalière est censée être mise sur pied par des agriculteurs fauchés.
Pour terminer, monsieur le président, voilà les deux points que je voulais faire valoir. Oui, il y a des arguments des deux côtés du débat. Diffusons toute l'information et toutes les analyses économiques pertinentes que nous pouvons trouver, laissons les agriculteurs examiner ces renseignements et prendre la décision. Nous savons qu'il existe de bons arguments de part et d'autre, mais c'est l'information qui compte ici. Diffusons cette information et laissons les producteurs décider d'une structure de commercialisation, pour que les agriculteurs partout au Canada qui travaillent dans d'autres structures de commercialisation n'aient pas à craindre de se réveiller un bon matin et d'apprendre que leur structure est, elle aussi, déréglementée.
Merci beaucoup.
J'ai quelques photographies que j'espérais distribuer aux membres du comité, si c'est possible.
Tout d'abord, j'aimerais vous remercier de m'avoir invité à m'adresser au comité aujourd'hui. J'aimerais vous parler aujourd'hui des wagons de producteur, de la West Central Road & Rail, et de la Commission canadienne du blé.
Qu'est-ce que les wagons de producteur et comment ont-ils vu le jour? Un wagon de producteur est un wagon dans lequel on charge les grains d'un producteur. Il permet à un producteur de contourner le système de silos primaires et d'expédier les grains directement à destination, la plupart du temps à un terminal portuaire.
Comment et pourquoi les producteurs ont-ils obtenu le droit de charger ces wagons? Il y a une centaine d'années, à la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle, les producteurs étaient de plus en plus insatisfaits de l'emprise excessive sur le marché qu'avaient les entreprises céréalières et les compagnies de chemin de fer, qui se concertaient pour dicter aux producteurs quand, où et comment ils devaient livrer leurs grains. Les producteurs ont réussi à influencer le gouvernement de l'époque pour faire adopter une loi afin de corriger la situation. C'est ainsi que fut édictée la Loi sur les grains du Canada, qui comportait une disposition sur le droit de charger les wagons de producteur.
Les wagons de producteur devaient servir de soupape de sûreté pour les producteurs. Toutefois, même lorsque ceux-ci ont obtenu le droit de charger les wagons de producteur, les entreprises céréalières et les compagnies de chemins de fer ont rapidement trouvé des façons d'étouffer l'application pratique de ce droit.
Transportons-nous rapidement au milieu des années 1990. Autant les choses ont changé depuis le siècle précédent, autant elles sont restées les mêmes. Encore une fois, les compagnies de chemin de fer et les entreprises céréalières ont commencé à se concerter pour concevoir un système de manutention et de transport des grains qui servaient leurs intérêts, aux dépens des producteurs. Cet exercice a été appelé rationalisation et consolidation, ce qui, dans un langage familier, veut dire que des lignes secondaires et des silos élévateurs allaient être démantelés. Arrive alors la West Central Road & Rail, un regroupement dynamique de producteurs dans les collectivités qui a vu le jour en 1997 dans le but de maintenir les services ferroviaires dans la région.
Au début, nous assistions, impuissants, à la dégradation du service ferroviaire et à la démolition des silos élévateurs. Nous avons finalement décidé que c'en était assez; nous nous sommes alors adressés à la compagnie de chemin de fer en lui disant que si elle ne voulait plus offrir le service, la West Central Road & Rail achèterait la ligne et l'exploiterait elle-même. La compagnie de chemin de fer nous a dit bêtement d'aller nous faire voir — j'ai une expression familière pour cela aussi, mais je vais la garder pour moi. Pourquoi? Parce que, selon la compagnie, elle avait déjà conclu des ententes avec les entreprises céréalières pour abandonner notre ligne de sorte que notre région serve de bassin de captage pour les silos à grand débit construits sur la ligne située au nord.
Furieux et abattus, nous avons demandé l'aide de la Commission canadienne du blé. Celle-ci nous a dit qu'il lui faudrait des commandes de wagons avant de pouvoir exercer des pressions sur la compagnie de chemins de fer pour obtenir des services. C'est alors que l'éclair a jailli. Nous avons décidé de dépoussiérer une loi vieille de 100 ans qui nous donnait le droit de charger des wagons de producteur. Non seulement nous allions charger des wagons, mais nous allions charger un train complet de wagons de producteur: une centaine de wagons par jour. En deux semaines, nous avions recueilli une centaine de demandes pour des wagons de producteur.
Armés de nos commandes de wagons, nous avions l'outil nécessaire qui allait permettre à la Commission canadienne du blé d'exiger un service ferroviaire. Or, même avec cet outil, il a fallu près de trois mois de tergiversations et une plainte officielle auprès de l'Office des transports du Canada avant que la compagnie de chemin de fer fournisse le service à contrecoeur. C'est cet événement qui a amené la création de la West Central Road & Rail, qui n'aurait jamais eu lieu sans la Commission canadienne du blé.
Je vous ai remis des photographies. Vous allez voir comment cet événement s'est dénoué au beau milieu de l'hiver, et pourquoi c'était important.
Ce qui fut d'abord un exercice ponctuel visant à faire comprendre aux compagnies de chemin de fer et aux entreprises céréalières que nous n'allions pas rester inertes pendant qu'elles condamnaient notre ligne ferroviaire à l'abandon est devenu le catalyseur qui a fait des wagons de producteur une solution de rechange avantageuse par rapport au système traditionnel de manutention des grains. La West Central Road & Rail a commencé à offrir de charger des wagons de producteur sur une base permanente le long de notre réseau ferroviaire, ce qui a stimulé les commandes et, par ricochet, a donné à la Commission canadienne du blé un outil pour exiger un service ferroviaire.
Par la suite, la West Central Road & Rail est allée au delà de notre réseau et a offert son programme de wagons de producteur partout en Saskatchewan. Son succès a été remarqué et plusieurs autres organismes ont imité notre modèle, et le nombre de wagons de producteur a continué d'augmenter. Ne se contentant jamais du statut quo, la West Central Road & Rail a continué de croître et d'évoluer. En 2001, elle a mis sur pied un système vraiment unique et novateur d'assemblage des grains pour le nouveau millénaire, axé sur les wagons de producteur. Ce système comprenait la construction d'installations de chargement des wagons à l'appui de ce nouveau processus.
Une de mes photographies préférées est celle des installations. Ces installations nous permettent de charger et de décharger des grains à un débit de 500 tonnes métriques l'heure. Cela signifie qu'on peut charger ici des rames de 25 wagons en moins de six heures, tout en préservant l'identité en assurant un haut niveau de ségrégation des grains et de contrôle de la qualité.
Le système de wagons de producteur de la West Central Road & Rail n'est plus une soupape de sûreté, mais génère aujourd'hui une forte concurrence. Je vais vous donner un exemple précis. Les incitatifs au camionnage dans l'ensemble de la Saskatchewan s'élèvent en moyenne à environ 4,50 $ la tonne métrique. Dans la région de la West Central Road & Rail, ils varient entre 10 et 14 $ la tonne métrique. Pourquoi? Parce que la West Central Road & Rail existe. Et c'est là que la Commission canadienne du blé entre en jeu.
Sans la Commission canadienne du blé, il est peu probable que la West Central Road & Rail aurait pu voir le jour. Pensez aux forces qui étaient liguées contre nous. Face aux compagnies de chemin de fer et aux grandes entreprises céréales, quelles auraient été nos chances de réussite, selon vous? Si vous avez répondu plus de 0 p. 100, je peux vous dire que vous vous êtes trompés.
La Commission canadienne du blé assure un équilibre dans un système qui, autrement, serait déséquilibré. Sa capacité d'exercer une influence sur le système de manutention et de transport des grains est un avantage direct du comptoir de vente unique de la Commission. Il s'agit d'un avantage souvent négligé et sous-évalué. Par exemple, qui dans l'industrie céréalière a déjà contesté formellement les compagnies ferroviaires? Les entreprises céréalières? Non. Elles ont trop peur, à tort ou à raison, des représailles des compagnies ferroviaires. Seule la Commission canadienne du blé a eu la détermination de contester les compagnies de chemin de fer, du moins avec succès. Au bout du compte, elle permet un accès équitable au système de manutention et de transport des grains, ce qui favorise un environnement sain et concurrentiel.
Si l'on reprend l'exemple des wagons de producteur, en l'absence de la Commission canadienne du blé, quelle chance réelle aurait un producteur individuel de charger un wagon de producteur? D'abord, il aurait à trouver un acheteur pour ses grains, quelqu'un qui accepterait qu'il soit expédié dans un wagon de producteur. En soi, ce n'est pas une tâche facile. Qu'est-ce qui inciterait une entreprise céréalière à intégration verticale à accepter ces grains alors que son point de livraison se situe à seulement 20 milles du site de chargement des wagons de producteur? Je dirais très peu de choses.
Présumons, par ailleurs, que le producteur est un négociant extrêmement habile et qu'il conclut directement avec un moulin à grains de l'Est la vente d'un seul wagon ou même d'une rame de 10 wagons. Comme condition de vente, les grains doivent être livrés dans un intervalle de trois semaines, après préavis. Si cette condition n'est pas respectée, une remise s'appliquera.
Selon vous, quelle pression un seul producteur peut-il exercer sur la compagnie de chemin de fer pour que son wagon soit identifié et acheminé rapidement pour qu'il puisse respecter les conditions de son contrat? La réponse est aucune. Et même si le producteur peut légitimement porter plainte contre la compagnie de chemin de fer, il est peu probable qu'il ait les moyens financiers ou les ressources nécessaires pour intenter pareilles poursuites. En l'absence de la Commission canadienne du blé, un producteur pourrait très facilement perdre la capacité de charger un wagon de producteur, en raison du prix ou du service.
Vous pourriez crier haut et fort dans chaque collectivité et dans chaque ferme des Prairies que les producteurs ont le droit, de par la loi, de charger des wagons de producteur, mais à quoi bon? Que ce droit soit conféré par la loi ou non, si vous ne pouvez pas le mettre en pratique, il n'a aucune valeur. C'est ce qui va se produire en l'absence de la Commission canadienne du blé. En outre, ce ne sont pas seulement les wagons de producteur qui seront menacés si la Commission canadienne du blé est démantelée. Cette mesure affectera également les terminaux indépendants et ceux appartenant aux producteurs, que ce soit des terminaux intérieurs ou portuaires, ainsi que les lignes ferroviaires sur courtes distances.
Pour terminer, j'aimerais que vous regardiez la dernière photographie que je vous ai remise. Vous remarquerez que la ligne qui sépare ces deux réalités est très mince. Le devenir de la Commission canadienne du blé déterminera de quel côté de cette ligne nous, les producteurs, allons nous retrouver.
Merci.
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Comme je l'ai mentionné, vous me croyez peut-être un peu trop vieux pour me lancer dans ce débat. Toutefois, après avoir entendu les producteurs de blé dire qu'ils veulent, entre autres, ouvrir l'industrie, je veux vous raconter comment les choses se passaient quand j'avais six ans.
Je pratique l'agriculture dans le sud de la Saskatchewan depuis 60 ans. Mon père a été agriculteur pendant très longtemps. S'ils voulaient avoir de l'argent pour continuer d'exploiter leur ferme, acheter de la nourriture pour l'hiver, ainsi de suite, les agriculteurs devaient livrer leur grain dès que la batteuse avait terminée son travail. Nous habitions à 20 milles de distance d'une petite ville qui comptait trois silos.
Mon père — je m'en souviens très bien — chargeait le grain dans un contenant placé sur un traîneau. Il partait à l'aube pour le livrer. Au retour, il disait à ma mère que tout ce qu'on lui avait donné, c'était le prix correspondant au grain de catégorie n o3, que le prix avait baissé par rapport à la journée précédente. C'était la même chose tous les jours.
Les agriculteurs de la région avaient décidé de peser le grain ainsi chargé. Il y avait beaucoup d'agriculteurs dans le coin et tous utilisaient cette méthode. Ils savaient très bien quel était le poids de leur chargement. Quand, une fois le grain pesé, ils faisaient remarquer que le poids enregistré ne correspondait pas à leurs chiffres, les responsables du silo leur disaient que c'était à prendre ou à laisser. Voilà le genre de liberté dont bénéficiaient les agriculteurs. Il n'y avait pas de commission canadienne des grains pour juger de la qualité du grain. Les agriculteurs devaient accepter ce qu'on leur donnait. Or, c'est la liberté à laquelle aspirent maintenant les producteurs de blé.
Les agriculteurs avaient même acheté une plate-forme pour peser le grain. Ils avaient creusé un trou à deux milles environ de distance de chez nous. Quand ils passaient sur la plate-forme le matin, ils pesaient leur chargement. Ils l'apportaient au même silo et déclaraient que le grain pesait tant. Les responsables du silo leur répondaient qu'ils devaient accepter leurs chiffres ou retourner chez eux — 20 milles. Vous savez ce que faisaient les agriculteurs? Ils rentraient chez eux avec leur chargement. Ils n'avaient pas le choix. Ils n'avaient pas d'avance de fonds. Ils n'avaient pas accès à une commission canadienne des grains pour vérifier les pesées et s'il y avait divergence de vues au sujet de la qualité du grain, eh bien, tant pis.
Je voudrais maintenant vous dire quelques mots à mon sujet. Je pratique l'agriculture dans le sud de la Saskatchewan depuis 60 ans. Mon père a lui aussi été agriculteur. J'ai été élu à tous les postes que j'ai occupés. Je n'ai jamais été nommé. J'ai été élu délégué du Saskatchewan Wheat Pool. J'ai gravi tous les échelons. Quand j'ai quitté, j'occupais le poste de premier vice-président de la coopérative. J'ai appris à bien connaître le fonctionnement des sociétés céréalières et de la Commission canadienne du blé.
À cette époque, nous avions beaucoup de grain en stock et nous savions qu'il y avait une grande famine en Chine. Nous avions du grain à vendre. La Commission s'est tournée vers l'ancien premier ministre, le très honorable John Diefenbaker, qui l'a aidée à organiser un voyage en Chine. McNamara, qui était le commissaire en chef à l'époque, et d'autres se sont rendus en Chine. Ils sont restés enfermés dans un hôtel de Beijing pendant deux semaines. Personne ne savait ce qui se passait. On a finalement appris qu'ils avaient réussi à décrocher un important contrat de vente de blé en Chine.
Quand la nouvelle s'est répandue, M. Alvin Hamilton — je m'en souviens — s'est empressé de se rendre à Hong Kong pour les rencontrer. Voilà pourquoi il était si connu : il avait réussi à vendre du blé. Interrogé à ce sujet lors d'une réunion du Saskatchewan Pool, M. McNamara — et si je le sais, c'est parce que j'y étais —, a répondu : « La question de savoir qui devrait obtenir les félicitations n'a pas d'importance. J'ai vendu beaucoup de blé canadien et un grand nombre de Chinois ont pu manger. » Ce n'est qu'une petite anecdote parmi d'autres.
Je suis allé en Chine — j'ai visité la Chine et le Japon —, non pas avec la Commission du blé, mais avec un groupe de représentants américains qui m'avaient invité à les accompagner. Nous sommes allés au Japon et ensuite en Chine. Une fois à Shanghai, j'ai demandé à l'accompagnateur si je pouvais visiter un silo dans un moulin à grains, une minoterie. Il a dit oui, et c'est ce que nous avons fait.
Nous avons rencontré le directeur général de la minoterie. Nous sommes montés jusqu'en haut. Je portais une casquette de la CCB. En passant, ils étaient en train de décharger du blé canadien. Ils achetaient toujours le blé de catégorie no 3 en raison du prix, mais c'était mieux que rien. Le directeur a ramassé une poignée de grains, m'a regardé et m'a dit, « Bonne qualité ». Je lui ai répondu, « Vous voulez faire un échange? » J'ai la casquette que portait cet homme dans une minoterie de Shanghai. Il a ma casquette de la Commission canadienne du blé.
Depuis, la Commission du blé a vendu pour plus de 1,2 million de tonnes de grain à la Chine. Ne croyez-vous pas que cette visite a eu un impact sur les Chinois? Si quelqu'un se rend en Chine, il devrait, en plus de la feuille d'érable, apporter le logo de la Commission du blé, parce qu'elle est bien connue, non seulement en Chine, mais partout dans le monde.
J'ai accueilli un grand nombre de délégations chinoises qui sont passées par Régina avant d'arrêter à Winnipeg. Les délégués portaient encore les vestons et les casquettes Mao. La Chine a toujours entretenu des liens étroits avec la Commission canadienne du blé.
Un jour, ma secrétaire est entrée dans mon bureau et m'a dit qu'il y avait deux types très bouleversés qui voulaient s'entretenir avec quelqu'un. Je les ai rencontrés. C'était deux meuniers japonais. Ils avaient en main un communiqué de la Reuters qui disait que des fermiers du sud du Manitoba importaient du blé des États-Unis et le vendaient comme semence. Ils étaient très choqués. Ils ont dit qu'ils achetaient du grain qui contenait 13,5 p. 100 de protéines et que c'est ce qu'ils voulaient. Pas du blé américain mélangé à du blé canadien. Voilà donc une autre petite anecdote.
Quand on commence à dire qu'il faut changer le système de classement, dissoudre la CCB, ainsi de suite, eh bien, toutes ces choses représentent le Canada. La CCB est un logo que l'on distingue facilement. Il est connu de tous. Le faire disparaître équivaudrait à supprimer le logo Chevrolet des voitures de la General Motors. Ne l'oubliez pas.
Les producteurs de blé avaient l'habitude de dire que nous faisions pousser du blé de catégorie Cadillac, alors que nous devions plutôt cultiver du blé de catégorie Chevrolet. Je sais qu'il y a beaucoup de blé de catégorie Chevrolet dans le monde, mais très peu de catégorie Cadillac. Habituellement, nous n'avons pas assez de blé de haute qualité pour nos marchés de choix. Donc, ne vous laissez pas distraire par ce que vous entendez, qu'il faut abolir ceci, supprimer le système de classement, ainsi de suite. Ce système nous a très bien servi dans le passé et va continuer de le faire.
Je vais vous dire encore quelques mots à mon sujet. Je suis devenu membre du comité consultatif de la Commission du blé. Je représentais la région qui englobe presque tout le sud de la Saskatchewan, région qui comprend la circonscription fédérale actuelle de M. Anderson.
J'ai assisté à de nombreuses réunions dans cette région. J'ai rencontré, et continue de rencontrer, beaucoup d'agriculteurs, toutes allégeances politiques confondues. Quand on dit que la Commission du blé découle d'une idéologie, eh bien, c'est faux. Il n'est pas question ici d'idéologie, mais d'argent. Point à la ligne.
J'ai fait partie du comité de normalisation de la Commission canadienne des grains, qui était chargé d'établir les caractéristiques des grades de grain et autre choses du genre. Les producteurs américains ont toujours envié la Commission canadienne des grains et notre contrôle de la qualité. Ils ont convoqué une réunion à Washington pour chercher à créer un organisme similaire. Ils ont demandé s'il y avait un membre de la Commission qui pouvait aller leur donner un coup de main.
Une fois sur place, j'ai constaté qu'il y avait là plus de représentants de sociétés céréalières que d'agriculteurs. Ils se sont levés et ont dit qu'ils n'avaient pas besoin d'un organisme de ce type pour s'occuper de leurs affaires, qu'ils pouvaient très bien s'occuper de vendre et d'acheter le grain des agriculteurs.
Or, j'ai fait partie du comité de commercialisation qui a été mis sur pied la dernière fois que les producteurs de blé ont cherché à se débarrasser de la Commission du blé. Nous avons envoyé une lettre à 70 producteurs. Nous leur avons demandé ce qu'ils aimaient, ou n'aimaient pas, chez la Commission canadienne du blé. Nous n'avons reçu aucune réponse négative. Ils ont dit qu'ils étaient satisfaits de la Commission, mais qu'ils payaient un prix trop élevé. Les autres commentaires étaient tous positifs.
Le propriétaire de la plus grande minoterie d'Indonésie a fait un voyage spécial pour venir parler au comité. Il a dit que s'il était obligé d'acheter du grain ailleurs qu'à la Commission du blé, il s'adresserait à l'Australie. C'était son dernier mot, et je m'en souviens très bien.
Mon temps est peut-être écoulé, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins.
Vous avez tous parlé, d'une façon ou d'une autre, de la Commission canadienne du blé. Rob, vous êtes peut-être celui qui a résumé le mieux la situation quand vous avez dit que la Commission canadienne du blé établit, en fait, un juste équilibre entre les petits et les gros joueurs, entre les dizaines de milliers de producteurs de grain, et les négociateurs internationaux en grain, auxquels s'ajoutent les compagnies ferroviaires.
Avery, vous avez déjà été vice-président du Saskatchewan Wheat Pool. À l'époque, les syndicats du blé défendaient vraiment les intérêts des agriculteurs. J'ai passé de longues années dans l'Ouest, et j'ai été surpris de voir à quel point les syndicats étaient puissants. Ils travaillent vraiment dans l'intérêt de leurs membres, qu'ils se trouvent à New York, à Toronto ou ailleurs dans le monde. Or, ces alliés, c'est-à-dire les syndicats du blé qui travaillaient dans votre intérêt, sont devenus, aujourd'hui, dans une large mesure, des sociétés céréalières qui cherchent à réaliser des profits pour leurs membres. Ce qui m'amène à la Commission du blé et au rapport du groupe de travail dont il a été un peu plus question aujourd'hui: il nous manque des preuves, de la documentation.
Croyez-vous que la réponse est celle que recommande le groupe de travail? Est-ce que les agriculteurs des Prairies ont vraiment besoin d'une autre société céréalière?
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Je vous remercie de vos témoignages.
Ma première question s'adresse à M. Friesen. Monsieur Friesen, à vous entendre — et je partage cette opinion — on dirait que le gouvernement a mis la Commission canadienne du blé dans un entonnoir. Il y a eu une planification très développée, il me semble. Tout cela a mené à ce que les conservateurs ont promis en campagne électorale et à ce qu'ils prônent depuis déjà un bon moment. Comme vous le dites avec beaucoup de justesse, on ne peut pas revenir en arrière.
Si jamais on se rend jusque-là, au bout de l'entonnoir sortira une pseudo nouvelle commission canadienne du blé, et les autres producteurs auront le choix de faire affaire comme ils le veulent avec des entreprises, qu'elles soient américaines ou d'un peu partout dans le monde. On ne pourra pas revenir en arrière. Il faut vraiment bien réfléchir avant d'agir.
C'est la raison pour laquelle l'opposition a prôné la tenue d'un référendum. Vous avez salué la décision que le ministre a faite ici même, à ce comité, de tenir un référendum, mais seulement pour les producteurs d'orge.
Comment expliquez-vous que les producteurs de blé, qui sont pourtant les plus importants producteurs de grain de l'Ouest, soient mis à l'écart? Avez-vous une idée de la raison pour laquelle le ministre a choisi de ne tenir un référendum qu'auprès des seuls producteurs d'orge?