INDU Rapport du Comité
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CHAPITRE 1
SURVOL DE L'ÉCONOMIE CANADIENNE
LES TENDANCES DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
Entre 2000 et 2006, l'économie mondiale a connu une expansion, dont le rythme s'est accéléré de façon remarquable, passant d'un creux de 1 % en 2001 à un sommet frôlant les 4 % en 2004, avant de ralentir pour se situer entre 3 et 4 % en 2005 et 2006 (figure 1). Cette tenue exceptionnelle est surtout attribuable à l'Asie du Sud-Est, à la Chine et à l'Inde. En effet, entre 2003 et 2005, le taux de croissance annuel moyen de l'économie chinoise s'est chiffré à 9 % et celui de l'économie indienne à 7 %[1].
Source : Conference Board du Canada.
Les perspectives de l'économie mondiale au second semestre de 2006 et en 2007 devraient refléter essentiellement l'évolution de la situation aux États-Unis et, une fois encore, en Chine et en Inde. Les analystes s'attendent à ce que ces trois économies affichent une croissance plus modeste, la première en raison d'un essoufflement de la dépense de consommation et d'une forte correction — à la baisse — des marchés du logement, et les deux autres par suite du relèvement récent des taux directeurs dans ces pays et de l'appréciation de leur monnaie respective (le yuan et la roupie), les autorités monétaires chinoises et indiennes désirant freiner une croissance intérieure et une inflation excessives. Le Conference Board du Canada mise sur une expansion de 3,7 % de l'économie mondiale en 2006, dont le gros se serait déjà produit au premier semestre, et de 2,8 % en 2007. La Banque du Canada est plus optimiste, puisqu'elle prédit une croissance de 5,1 % en 2006 et de 4,7 % en 2007[2]. Les projections que font ces deux institutions sont similaires pour les États-Unis, mais elles divergent essentiellement en ce qui concerne la Chine et l'Asie du Sud-Est.
LE PRODUIT INTÉRIEUR BRUT ET LES TENDANCES DU MARCHÉ DU TRAVAIL AU CANADA
L'expansion rapide que connaît l'économie mondiale depuis 2003 a été particulièrement bénéfique pour le Canada. La demande mondiale élevée de matières premières a fait augmenter les prix de ces produits (des métaux de base et de l'énergie en particulier) et, jumelée à la progression soutenue de la demande intérieure finale, a permis une solide croissance de l'économie canadienne ces dernières années, laquelle a avoisiné les 3 % par an (figure 2). D'ailleurs, la Banque du Canada estime que l'économie canadienne fonctionne presque à sa pleine capacité de production depuis le deuxième trimestre de 2004.
Source : Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, octobre 2006.
Toutefois, entre mars et octobre 2006, la Banque du Canada a révisé à la baisse ses prévisions de taux de croissance de la production au Canada, soit de 3,1 % à 2,8 % en 2006 et de 3,0 % à 2,5 % en 2007. Le gouverneur de la Banque du Canada explique ainsi cette révision à la baisse :
[…] après avoir connu plusieurs années de forte progression, l'économie américaine se ralentit, bridée par le recul du secteur du logement et la décélération de la demande d'automobiles. Le taux de la croissance économique aux États-Unis, qui a atteint 5,6 % en chiffres annuels au premier trimestre de 2006, s'est replié à 2,9 % au deuxième trimestre, et il se pourrait bien qu'il soit descendu sous les 2 % au troisième.
Ainsi, nous nous attendons à ce que l'expansion aux États-Unis soit de 3,3 % pour l'ensemble de 2006, de 2,6 % en 2007 et de 3,2 % en 2008[3].
La tenue de l'économie canadienne au second semestre de 2006 et en 2007 devrait donc être étroitement liée à l'évolution de l'économie américaine, cette dernière devant afficher des résultats légèrement supérieurs aux nôtres.
Emploi et taux de chômage au Canada, 2003-2006
Source : Statistique Canada, Information population active, no 71-001-XIE au catalogue, 1er décembre 2006.
Notre PIB avançant régulièrement et à un bon rythme depuis quelques années, il n'est pas surprenant que le marché du travail se soit également bien comporté pendant cette période. En tout, le nombre d'emplois est passé de 15,6 millions en janvier 2003 à 16,6 millions en décembre 2006, ce qui représente une hausse d'un million d'emplois ou de 6,4 % en quatre ans (figure 3). Le taux d'emploi a également progressé régulièrement pour se situer à 63,1 % au cours de cette période, ce qui représente un nouveau record absolu. Enfin, le taux de chômage global recule depuis janvier 2003 et, au cours des six derniers mois — ce qui comprend donc le taux de 6,1 % enregistré en décembre 2006 — il a atteint un creux inégalé depuis 30 ans.
LES PRIX DE L'ÉNERGIE
Sous l'impulsion des « tigres » asiatiques (Chine, Inde et Asie du Sud-Est), la fermeté de la demande mondiale de produits de base liés notamment à l'énergie a exercé des pressions sur un marché déjà serré, qui ont abouti à des hausses de prix. L'équilibre mondial en matière d'offre et de demande d'énergie a commencé à se resserrer en 1998, et les prix de l'énergie ont monté, d'abord assez lentement, puis en flèche à partir de 2000, avant d'amorcer un léger recul en 2006.
Source : Ressources naturelles Canada et Agence internationale de l'énergie.
Au Canada, dès 1998, les prix du mazout léger ont augmenté immédiatement et plus rapidement que ceux des autres formes d'énergie, puis, de 2000 à 2002, se sont légèrement repliés avant de rebondir, enregistrant une hausse globale de 219 % entre 1998 et 2005 (figure 4). Les prix du gaz naturel ont eu une évolution similaire à ceux du mazout léger. Au départ, ils se sont accrus dans une moindre mesure, mais, depuis 2000, ils ont enregistré une hausse très nette et plus vive que toute autre source d'énergie industrielle, puisqu'elle s'est chiffrée à 317 % en aussi peu que sept ans. Les prix de l'électricité, qui ne peuvent réagir immédiatement à l'évolution du marché en raison des politiques provinciales de tarification, ont passé le creux de la vague en 1999, soit un an après les autres sources d'énergie, et ont progressé à un taux relativement plus modeste de 24 % entre 1999 et 2004.
Selon les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les hausses des prix de l'énergie seront plus modérées à l'avenir. L'AIE estime en effet que la demande mondiale de produits énergétiques primaires devrait augmenter de plus de moitié entre 2005 et 2030, ce qui représentera une hausse moyenne de 1,6 % par an. Selon ce scénario, 16,3 milliards de tonnes d'équivalent pétrole (tep) seront consommées dans le monde d'ici 2030 — soit 5,5 milliards de tep de plus qu'en 2005. Les pays en développement, où la croissance économique et démographique est la plus forte, devraient absorber plus des deux tiers de cette croissance de la consommation énergétique mondiale. L'AIE prévoit aussi que les prix à l'importation du pétrole brut dans ses pays membres tomberont à quelque 35 $US le baril d'ici 2010 (en dollars américains constants de 2004) à mesure qu'apparaîtront de nouvelles capacités de raffinage et de production de pétrole brut. Elle prédit donc que les prix du pétrole brut augmenteront légèrement pour atteindre 37 $US en 2020 et 39 $US en 2030 (en dollars américains constants de 2004). En termes nominaux (c'est-à-dire sans tenir compte de l'inflation ni de la perte de pouvoir d'achat), le prix du pétrole brut devrait atteindre 65 $US le baril en 2030.
La mondialisation a été une force propice à la convergence économique, surtout pour ce qui est des prix de l'énergie. Si les prix de l'énergie ont monté en flèche dans le monde entier (pas uniquement au Canada) et ne semblent donc pas au premier abord avoir nui à la compétitivité relative du secteur manufacturier canadien, il en va différemment de l'électricité. Les prix du gaz naturel et du mazout léger sont assez semblables au Canada et aux États-Unis en raison de l'Accord de libre-échange nord-américain et de la déréglementation de la plupart des sous-secteurs énergétiques dans ces deux pays. Ces deux formes d'énergie ne sont donc plus (si elles l'ont jamais été) la source d'un avantage concurrentiel sur le plan de la fabrication pour l'un ou l'autre de nos pays. Toutefois, l'électricité demeure parfois un facteur de production stratégique.
Source : Mémoire de l'Energy Dialogue Group au Comité permanent de la Chambre des communes de l'industrie, des sciences et de la technologie, séance du 3 octobre 2006.
En 2004, le prix moyen de l'électricité dans le secteur industriel était de 6,15 ¢ le kilowattheure (kWh) au Canada et de 6,65 ¢ aux États-Unis (voir figure 5). En raison de la situation géographique du centre manufacturier dans chacun de ces deux pays, cet écart de 0,5 ¢ le kWh ou de 7,5 % ne donne pas forcément un avantage concurrentiel aux manufacturiers canadiens par rapport à leurs pendants américains. Au Canada, le secteur manufacturier est essentiellement situé en Ontario et au Québec (voir les annexes A et B), tandis qu'aux États-Unis il se trouve dans les États de l'Atlantique centre — New Jersey, New York et Pennsylvanie — et du Centre nord-est — Illinois, Indiana, Michigan, Ohio et Wisconsin. En 2004, le prix moyen de l'électricité dans le secteur industriel était de 7,75 ¢ le kWh en Ontario, de 4,77 ¢ le kWh au Québec, de 8,26 ¢ dans les États de l'Atlantique centre et de 6,05 ¢ dans ceux du Centre nord-est. Même si les entreprises ontariennes bénéficient d'un avantage de 0,5 ¢ le kWh (6,2 %) par rapport à leurs homologues de l'Atlantique centre, le secteur manufacturier du Centre nord-est bénéficie d'un tarif inférieur de 1,7 ¢ le kWh (soit de 22 %) à celui de ses homologues ontariens[4]. Étant donné que les entreprises manufacturières américaines fortement dépendantes de l'électricité comme source d'énergie sont plus susceptibles de s'installer dans le Centre nord-est, une proportion importante du secteur manufacturier américain a un avantage concurrentiel par rapport à son homologue canadien. En revanche, les fabricants installés au Québec paient leur électricité 1,28 ¢ de moins le kWh (21,1 % de moins) que les manufacturiers du Centre nord-est des États-Unis, ce qui confère aux premiers un avantage concurrentiel sur les fabricants de toutes les régions des États-Unis. Les statistiques nationales masquent des disparités régionales considérables, qui semblent s'intensifier avec la flambée récente des prix de l'énergie.
LES TERMES DE L'ÉCHANGE ET LE DOLLAR CANADIEN
Les économies émergentes comme celles de la Chine et de l'Inde constituent une source importante de demande de produits de base et expliquent en bonne partie la hausse des prix à l'exportation des matières premières canadiennes. Parallèlement, elles sont une source croissante de concurrence pour un certain nombre de biens de consommation et de biens industriels et sont en bonne partie responsables de la baisse des prix des importations du Canada. Elles ont donc des effets à la fois bénéfiques et fâcheux sur l'économie canadienne et ce sont les termes de l'échange — c'est-à-dire le ratio des prix des exportations aux prix à l'importation — de notre pays qui l'expriment le plus nettement.
Les termes de l'échange du Canada ont affiché trois sommets et deux creux au cours des 12 dernières années et devraient connaître un troisième creux, bien que la tendance soit assurément à la hausse pour la période dans son ensemble (figure 6). Le dernier cycle, amorcé au quatrième trimestre de 2001, a vu passer l'indice des termes de l'échange de 96,1 (sur une base de 100 en 1993) à 119,9 au quatrième trimestre de 2005, ce qui représente une hausse de 24,8 % en à peine quatre ans. Auparavant, la flambée la plus importante s'était produite lorsque cet indice, qui était de 99,3 au second trimestre de 1994, a atteint 107,8 au quatrième trimestre de 1996, soit une hausse d'à peine 8,6 % en deux années et demie. Les données laissent entendre que les quatre dernières années ont été témoins de variations sans précédent et très vives des termes de l'échange du Canada — on pourrait même dire que le Canada connaît un choc externe favorable.
Cette amélioration des termes de l'échange du Canada a accru la richesse et les revenus réels du pays et alimenté une hausse des dépenses des ménages, des pouvoirs publics et des entreprises — ce qui a abouti à un vif accroissement de la dépense nationale brute (DNB) et, par ricochet, explique la croissance rapide enregistrée récemment par le PIB (figure 2).
Source : Banque du Canada et Statistique Canada.
Cette amélioration des termes de l'échange s'est également traduite par une appréciation rapide et notable du dollar canadien par rapport à sa contrepartie américaine et, assurément, par rapport à bon nombre d'autres monnaies. En tout juste quatre ans, le dollar canadien s'est apprécié de 43,7 % par rapport à son correspondant américain (figure 7)[5]. Le dollar canadien a également pris beaucoup de valeur par rapport à l'indice de taux de change effectif du dollar canadien (indice TCEC), qui est passé de 79,75 en janvier 2002 à 109,51 en septembre 2006, ce qui représente une majoration de 37,3 % en quatre ans et demi[6]. Il va de soi que la tenue de notre monnaie n'est pas uniquement attribuable à la situation au Canada. Sont également entrées en ligne de compte les préoccupations des cambistes à propos de l'important déficit du compte courant américain et la tendance des États-Unis à emprunter de plus en plus sur les marchés étrangers pour financer le déficit budgétaire fédéral.
La vigueur du dollar canadien a atténué les pressions qu'exerce la hausse de la dépense intérieure sur la demande globale en modérant les exportations nettes, ce qui permet de rééquilibrer les encaissements et les paiements du Canada à l'égard des autres pays, d'équilibrer l'offre et la demande et de maîtriser l'inflation. Globalement, le régime de taux de change flexible en vigueur au Canada a joué son rôle traditionnel de tampon.
De manière globale, par suite de l'effet combiné d'un choc important et soutenu sur les termes de l'échange et d'un changement notable et prolongé du taux de change, les ressources se sont déplacées vers des activités créant des revenus plus élevés (ce qui est souvent le cas). Retarder l'ajustement signifierait donc se priver des revenus qu'une réaffectation des ressources pourrait générer. Pour profiter au maximum des possibilités qui s'offrent au Canada en tant que nation commerçante, les entreprises canadiennes doivent s'ajuster aussi rapidement et efficacement que possible à l'évolution de la situation économique mondiale. Par conséquent, au niveau des industries, les changements notables sur les plans de la production et de l'emploi entre secteurs économiques se traduisent en suppressions d'emplois dans certains et de création d'emplois dans d'autres. Suivant la théorie du « syndrome hollandais », l'accroissement des revenus tirés de l'exploitation des ressources naturelles tend à susciter une désindustrialisation de l'économie par l'augmentation du taux de change qui rend le secteur manufacturier moins compétitif. En outre, au niveau régional ou provincial, ces glissements peuvent entraîner des délestages massifs de main-d'œuvre.
LE COMMERCE, LA COMPÉTITIVITÉ ET LA PRODUCTIVITÉ DU CANADA
L'appréciation rapide du dollar canadien se manifeste de la façon la plus immédiate et la plus évidente dans le compte de la balance commerciale du pays. L'excédent que ce dernier affiche actuellement pourrait diminuer et, si la situation monétaire persiste, pourrait même en théorie se transformer en déficit. À moyen terme, la compétitivité du Canada pourrait s'essouffler, et les améliorations de la productivité pourraient venir essentiellement de fermetures d'usines et d'installations relativement inefficientes, jugées généralement moins productives dans leurs secteurs respectifs, et de licenciements. La croissance globale de la productivité du travail, limitée à ces types de gains, pourrait également rester au point mort pendant un moment. À plus long terme toutefois, la préférence pour une production à plus grande valeur et des activités génératrices de revenus plus élevés attribuable au récent choc favorable des termes de l'échange devrait finir par aboutir à une hausse des profits des sociétés et des investissements de toutes sortes, notamment en matériel et outillage propices à une amélioration de la productivité. De fait, étant donné que le gros du matériel et de l'outillage au Canada provient de l'étranger, la vigueur du dollar canadien pourrait encourager un surcroît d'investissements dans ce genre de biens d'équipement. On pourrait alors s'attendre à ce que la productivité et la compétitivité du secteur repartent assez rapidement.
Les statisticiens sont déjà en train de produire des données qui appuient la baisse d'activité et la reprise projetées. Pour sa part, l'excédent de la balance commerciale du Canada a enregistré un sommet de 71 milliards de dollars en 2001 puis s'est soutenu autour de 60 milliards de dollars entre 2002 et 2005 et, si l'on utilise des projections simples allant jusqu'à la fin de l'année (l'excédent commercial du Canada s'est élevé à 49,9 milliards de dollars pour les onze premiers trimestres de 2006), ce surplus reculera encore pour s'établir à 55 milliards de dollars en 2006[7]. Statistique Canada a relevé une tendance dans la composition de ces échanges :
En 2001, l'excédent commercial était en hausse en raison d'augmentations enregistrées dans cinq des sept secteurs les plus importants, à savoir ceux des biens de consommation, des automobiles, des produits forestiers, des aliments et celui de la machinerie et de l'équipement. Aujourd'hui, l'excédent est maintenu par les croissances affichées par deux secteurs seulement, soit celui de l'énergie et celui des biens industriels. […] L'excédent au compte de l'énergie a dépassé l'excédent au compte des produits forestiers pour la première fois dans l'histoire en 2001 et, l'an dernier, il était près du double, s'étant établi à 53 milliards de dollars. La hausse des prix des produits de base a aussi porté l'excédent au compte des biens industriels à un sommet depuis le début de 2006. […] Les revenus entraînés par l'essor des prix des produits de base ont poussé les consommateurs et les entreprises au Canada à multiplier les dépenses, ce qui a porté le déficit du compte des biens de consommation à de nouveaux sommets, alors que les déficits du compte des machines et du matériel atteignaient leurs plus hauts niveaux depuis le début de la décennie.[8]
Les données sur le commerce montrent également l'émergence de la Chine sur la scène commerciale canadienne (voir le tableau 1). Les importations chinoises du Canada ayant atteint 24,9 milliards de dollars en valeur au cours des neuf premiers mois de 2006 — en hausse de 17,2 % par rapport à la même période de l'année antérieure —, soit plus que la valeur combinée des importations du Japon et du Mexique (qui occupent la troisième et la quatrième place dans notre liste de fournisseurs), la Chine est devenue le deuxième fournisseur de biens importés du Canada. Les importations chinoises qui ont affiché les gains les plus importants l'an dernier comprenaient les biens de consommation, comme les vêtements et la chaussure ainsi que les jouets et les articles d'ameublement. Du même coup, le Canada a exporté pour 6,6 milliards de dollars de marchandise en Chine en 2005, ce qui fait de ce pays notre quatrième marché d'exportation. Au cours des onze premiers mois de 2006, ces exportations se sont chiffrées à 6,3 milliards de dollars, une progression d'environ 200 millions de dollars par rapport à la même période de 2005.
Commerce de marchandises entre le Canada et la Chine, 2001-2005
(en millions de dollars)
2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006* | |
Exportations | 3 952,5 | 3 636,9 | 3 853,1 | 6 041,5 | 6 598,3 | 6 262,5 |
Importations | 12 721,5 | 15 999,1 | 18 569,5 | 24 009,9 | 29 477,4 | 31 690,5 |
Solde | -8 769,0 | -12 362,2 | -14 716,4 | -17 968,4 | -22 879,1 | -25 428,0 |
Source : Statistique Canada, Le commerce international de marchandises du Canada, no 65-001-XIB au catalogue
La compétitivité relative du Canada sur le plan des coûts par rapport aux États-Unis a baissé rapidement depuis trois ans et demi (figure 8). Les coûts unitaires de main-d'œuvre ont augmenté en moyenne de 1,9 % par an entre 2001 et les neuf premiers mois de 2006 dans tout le secteur commercial canadien. Si l'on ne tient pas compte du taux de change, cette évolution cadre plus ou moins avec celle des entreprises américaines, où la progression des coûts unitaires de main-d'œuvre a été en moyenne de 1,1 % par an pendant la même période. Mais, si l'on tient compte de l'appréciation de notre dollar, nos coûts unitaires de main-d'œuvre exprimés en dollars américains ont augmenté en moyenne de 6,6 % par an entre 2001 et les neuf premiers mois de 2006 — soit six fois plus que ceux des entreprises américaines.
Source : Statistique Canada, Le Quotidien : Productivité du travail, rémunération horaire et coût unitaire de main-d'oeuvre, 13 septembre 2006, http://www.statcan.ca/Daily/Francais/060913/q060913a.htm.
La compétitivité du Canada par rapport aux États-Unis s'est manifestement détériorée au cours des cinq premières années du millénaire. La tenue relative de l'économie canadienne a connu son point le plus bas en 2003 et semble s'être redressée quelque peu en 2004, mais cette amélioration a plafonné depuis au même niveau. Le dollar canadien s'étant stabilisé récemment à un cours variant entre 85 et 90 ¢US, il faudrait que les salaires canadiens soient mieux contenus ou que la productivité du travail augmente davantage ici qu'aux États-Unis, pour que nos entreprises redeviennent assez vite compétitives par rapport à leurs homologues américaines.
Cependant, en raison de l'étroitesse du marché du travail au Canada — le taux de chômage n'a jamais été aussi bas en 30 ans — et des pénuries de main-d'œuvre manifestes dans certaines régions et certains secteurs, il est peu probable que les entreprises canadiennes choisiront une stratégie axée surtout sur le contrôle des salaires. Elles privilégieront probablement des investissements accrus en R‑D, en matériel et outillage ciblés et dans d'autres stratégies d'innovation afin d'améliorer la productivité du travail et ainsi redevenir plus compétitives. Les données dont on dispose montrent nettement une telle tendance.
Dans le sillage de la vague d'investissements en TIC, amorcée vers la fin des années 1990, l'investissement canadien en matériel et outillage a passé le creux de la vague uniquement en 2002. Il s'est redressé en 2003 et a affiché un taux de croissance annuel de près de 8 % au cours de la seconde année de sa reprise[9]. L'incidence de ce nouveau boom de l'investissement se manifeste déjà dans les données sur la productivité du travail (figure 9). Le taux de croissance de la productivité du travail des entreprises canadiennes s'est établi à 1,6 % par année en moyenne, soit à 85 % du niveau des entreprises américaines avant la flambée du dollar canadien (c'est-à-dire de 1981 à 2000). Le cours du dollar canadien étant passé de 62 ¢US au début de 2001 à 83 ¢US à la fin de 2004, le taux de croissance de la productivité du travail des entreprises canadiennes n'a été que de 0,7 % par an, soit 21 % de celle des entreprises américaines. Les bouleversements que l'emploi a connus pendant cette période (et en réponse au choc des termes de l'échange) n'ont pas amélioré la productivité du travail au Canada. Depuis 2005 cependant, les entreprises canadiennes ont gagné du terrain par rapport à leurs contreparties américaines pour ce qui est de la croissance de la productivité du travail; dans les neuf premiers mois de 2006, celle-ci a représenté 80 % de celle des États-Unis.
Source : Statistique Canada, Productivité du travail, rémunération horaire et coût unitaire de main-d'œuvre, deuxième trimestre de 2006, http://www.statcan.ca/francais/freepub/13-010-XIF/2006002/productivity2006002_f.htm.
Les niveaux de la productivité du travail, plus que le taux de croissance, permettent d'en arriver à des conclusions similaires mais pas identiques : ils témoignent d'un recul récent et d'une stabilisation de la productivité du Canada, sans redressement (figure 10). Pour qu'il y ait redressement, il faudra que le Canada affiche d'autres hausses de productivité, supérieures à celles que l'on a observées en 2006. Quoi qu'il en soit, les entreprises canadiennes ont connu un niveau de productivité équivalant à 82,2 % de celui des entreprises américaines dans les années 1990 et juste avant le choc des termes de l'échange, début 2002. Depuis, leur productivité relative a reculé et semble s'être stabilisée à un creux record de 73,6 %.
Source : Canadian Centre for the Study of Living Standards, Aggregate Income and Productivity Trends, Canada vs United States, tableau 7a, http://www.csls.ca/data/ipt2006.pdf.
[1] Le Conference Board du Canada, World Outlook Autumn 2006, 2006, et Consensus Economics.
[2] Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, octobre 2006, p. 25.
[3]
Discours prononcé par David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada, au Sommet
économique de l'Ontario 2006, Niagara-on-the-Lake (Ontario), le 25 octobre 2006.
http://www.banqueducanada.ca/fr/discours/2006/sp06-17f.html.
[4] L'écart entre les prix de l'électricité entre l'Ontario et les États américains du Centre nord-est est plus important si l'on considère les États séparément.
[5] On a comparé le cas de base (dénominateur) de 62,7 ¢ en février 2002 et 90,1 ¢, le 1er mai 2006.
[6] L'indice de taux de change effectif du dollar canadien est une moyenne pondérée des taux de change bilatéraux du dollar canadien par rapport aux monnaies de nos principaux partenaires commerciaux : dollar américain : 76,2 %, euro : 9,3 %, yen japonais : 5,3 %, yuan chinois : 3,3 %, peso mexicain : 3,2 % et livre britannique : 2,7 %.
[7] Statistique Canada, L'Observateur économique canadien, vol. 19, no 11 ( 11-010-XIB), tableau 1, p. 20.
[8] Statistique Canada, Le Quotidien, l'évolution de la composition de l'excédant commercial de marchandise, 9 novembre 2006, http://www.statcan.ca/Daily/Francais/061109/q061109c.htm.
[9] Phillip Cross, « Cycles longs d'investissement des entreprises », dans L'Observateur économique canadien, Statistique Canada, no de catalogue 11‑010, septembre 2005.