RNNR Rapport du Comité
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LES SABLES BITUMINEUX :
vers un développement durable
INTRODUCTION
Le Canada produit plus d’un million de barils de pétrole par jour à partir des sables bitumineux et tout donne à penser que le rythme de production pourrait très bien tripler d’ici dix ans et même quintupler d’ici 2030. Plusieurs facteurs entrent en jeu à cet égard. Comme nous l’a dit un porte-parole de l’Office national de l’énergie :
La croissance rapide des aménagements dans la région des sables bitumineux du Canada devrait normalement se poursuivre. Cependant, certains problèmes et incertitudes sont associés à la mise en valeur de la ressource. Le rythme des travaux dépendra de l’atteinte d’un équilibre entre les forces s’opposant à cet égard. Les prix élevés du pétrole, la reconnaissance internationale, les inquiétudes géopolitiques, la croissance de la demande de produits pétroliers à l’échelle mondiale, la taille des réserves et la proximité de l’important marché américain ainsi que le développement éventuel d’autres marchés sont autant de facteurs favorables aux aménagements. À l’inverse, les coûts du gaz naturel, l’écart élevé des prix du pétrole léger et lourd, la gestion des émissions atmosphériques et de l’utilisation de l’eau et la pénurie de main-d’œuvre ainsi que d’infrastructures et de services pourraient faire obstacle à la mise en valeur de la ressource1.
Un bon nombre de ces facteurs méritent qu’on s’y attarde, d’autant plus que l’accélération de la mise en valeur des sables bitumineux pose un certain nombre de problèmes importants du point de vue de la politique publique. En effet, si l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta dynamise considérablement l’économie de l’Ouest du Canada et, en fait, de l’ensemble du pays, elle comporte par ailleurs des répercussions sociales, environnementales et économiques non négligeables auxquelles on ne s’est pas encore suffisamment attelé.
On pense en particulier aux émissions de gaz à effet de serre, dont le niveau devient de plus en plus préoccupant, et auxquelles on ne s’est pas encore attaqué de front. Plusieurs témoins ont fait valoir que si le Canada poursuit la mise en valeur des sables bitumineux en s’en tenant au statu quo2, il pourrait se heurter à de graves problèmes environnementaux. Selon un représentant de l’Institut Pembina, il risque de se mériter une réputation peu enviable, « non pas comme […] superpuissance énergétique, mais plutôt comme […] superpollueur3 ».
Comme on le verra plus loin, les sables bitumineux de l’Alberta constituent indéniablement un avantage économique et stratégique considérable pour le pays. Nous commençons à peine à exploiter cette vaste ressource. En tant que leader mondial en matière d’énergie, le Canada doit redoubler d’ingénuité pour maximiser la valeur de la ressource en réduisant le plus possible les coûts sociaux et environnementaux de l’exploitation des sables bitumineux. La manière dont on conduira la mise en valeur des sables bitumineux de l’Alberta dans les prochaines années aura des répercussions importantes et durables sur l’économie, la société, l’environnement et la réputation internationale de notre pays et témoignera de la volonté réelle du Canada d’assurer un développement durable.
Il ne fait aucun doute que la mise au point et la commercialisation de technologies nouvelles aideront l’industrie à exploiter les sables bitumineux de manière plus écologique. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer à cet égard en adoptant des politiques et en consentant des investissements stratégiques propres à encourager la généralisation de telles innovations technologiques en temps opportun. Il importe d’agir dès maintenant. Il y a en effet déjà beaucoup de projets de mise en valeur des sables bitumineux, dont la réalisation s’étalera sur une longue période. Il est donc absolument essentiel d’établir dès que possible le cadre d’action qui convient de manière que les entreprises concernées puissent consentir les investissements nécessaires dans les technologies qui permettront de réduire l’empreinte écologique et sociale de la mise en valeur des sables bitumineux et de faire du Canada une véritable superpuissance d’énergies propres.
[1] Jim Donihee, Office national de l'énergie, Témoignages, 24 octobre 2006.
[2] Tony Clarke, de l’Institut Polaris, parle de la mise en valeur « désordonnée ». Témoignages, 21 novembre 2006.
[3] Dan Woynillowicz, Institut Pembina, Témoignages, 2 novembre 2006.