:
Merci, monsieur le président, et merci, honorables députés, de l'excellent travail que vous accomplissez au sein de votre comité.
[Français]
Je tiens à remercier les membres du sous-comité de m'avoir offert l'occasion de comparaître devant eux aujourd'hui. Je tiens aussi à les féliciter pour tout le travail qu'ils vont continuer à accomplir dans le cadre de l'examen de la Loi antiterroriste.
[Traduction]
Comme vous le savez, l'examen que vous menez à bien est dicté par l'article 145 de la loi.
[Français]
La LAT constitue une composante essentielle d'un cadre de sécurité efficace et représente un moyen crucial de protéger les Canadiens et leurs familles.
[Traduction]
La loi nous fournit des outils pour lutter contre le terrorisme et des mécanismes pour garantir que ces outils sont utilisés à bon escient. Comme vous le savez, la menace n'a pas diminué. Vingt-quatre Canadiens ont perdu la vie le 11 septembre; des milliers d'Américains et d'autres également. Depuis lors, des attentats terroristes ont ébranlé plus d'une trentaine de pays. Je songe notamment à l'explosion d'une bombe dans une discothèque à Bali, aux attentats à l'explosif contre les trains de banlieusards à Madrid, à la tragédie dans une école à Beslan, aux attentats dans le métro et dans un autobus à Londres et, bien entendu, aux arrestations récentes ici au Canada.
[Français]
Ces événements tragiques nous rappellent que le terrorisme représente une menace internationale constante.
[Traduction]
De par sa nature internationale, le terrorisme exige une réponse internationale. Il faut recueillir et partager l'information pour être en mesure de prévenir des attentats ici, en sol canadien, et d'y réagir.
La collecte de renseignements est la pierre angulaire de nos efforts pour déceler et juguler cette menace globale des plus pointue. En 2001, les Nations Unies ont reconnu la valeur des services de renseignement et demandé à tous les États d'intensifier et d'accélérer l'échange d'information par le truchement de la Résolution 1373.
Cette loi nous a aidés à ratifier et à mettre en oeuvre des ententes internationales importantes, notamment des recommandations internationales sur le financement du terrorisme et d'autres résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU contre le terrorisme. La Loi antiterroriste nous a donné les moyens de faire front commun avec nos alliés partout dans le monde dans la lutte contre le terrorisme.
Nous reconnaissons qu'à eux seuls, les services de renseignements ne pourront empêcher un attentat. Nous avons besoin de la collaboration, de l'appui de tous les Canadiens, quels que soient leurs antécédents. Les organismes d'exécution de la loi du Canada dont le travail est axé sur la sécurité et le renseignement font appel aux diverses communautés pour communiquer de façon plus efficace avec les Canadiens. Ils oeuvrent dans les limites de la loi canadienne et dans le respect des valeurs démocratiques qui sont les nôtres. Dans certaines communautés, il peut arriver que l'on ait de fausses perceptions, mais les organismes que je dirige et moi-même faisons tout en notre pouvoir pour y remédier.
[Français]
Nous continuerons de travailler ensemble pour établir une relation avec les groupes ethniques et culturels de notre société qui se sentent peut-être isolés ou tenus à l'écart.
[Traduction]
J'ai des entretiens avec les participants à la table ronde interculturelle sur la sécurité; je les ai rencontré lundi, et aussi en février dernier. Ils sont engagés dans un dialogue à long terme sur les questions de sécurité nationale et je suis encouragé par leur engagement indéfectible en faveur d'un dialogue ouvert.
À Toronto, les autorités ont procédé à une série d'arrestations. Lorsque j'ai participé aux réunions du G-8 avec mes homologues responsables de la sécurité, la semaine dernière, les événements survenus au Canada ont suscité parmi eux beaucoup d'intérêt. En effet, les pays du G-8, comme la plupart des pays dans le monde, sont confrontés à des problèmes analogues.
La GRC et le SCRS rencontrent régulièrement des représentants des communautés ethnoculturelles pour répondre à leurs préoccupations. La rétroaction que je reçois au sujet de ces rencontres est très positive. Les gens sont très heureux de pouvoir entendre les membres de nos services policiers et de renseignement, de pouvoir leur parler et de réagir à leurs propos à l'occasion de réunions tenues dans leur milieu.
Dans le discours qu'il a prononcé au Parlement, le premier ministre Howard d'Australie nous a rappelé que ce n'est pas en faisant l'autruche que nous parviendrons à vaincre le terrorisme. Rêver en couleurs n'est pas une politique, et refuser d'agir n'est pas une option. Pour combattre le terrorisme, il faut que nous ayons les outils appropriés pour nous défendre.
[Français]
La Loi antiterroriste est justement un de ces outils. Grâce à cette loi, les organisations terroristes ont plus de difficulté à mener leurs opérations ici, au Canada, mais aussi à l'étranger.
[Traduction]
La LAT renferme d'importantes mesures de prévention pour contrer les attentats avant qu'ils ne soient perpétrés et prévoit des mesures de protection, et il convient d'en faire l'examen.
La LAT nous habilite à porter des accusations et à engager des poursuites relativement à des infractions de terrorisme. Comme vous le savez, les accusations portées contre les 17 individus arrêtés le 2 juin tombent sous le coup de la LAT. Ces derniers sont maintenant devant les tribunaux.
Le terrorisme est alimenté par l'argent et, en 2004-2005, le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) a fourni des renseignements financiers dans 32 cas présumés de financement d'activités terroristes et d'autres menaces à la sécurité du Canada. La divulgation de tels renseignements aux organismes de renseignement et d'exécution de la loi est vitale et constitue un élément stratégique des efforts pour tarir les sources de financement des terroristes. Par le biais de ses dispositions concernant l'établissement d'une liste, le Code criminel, tel que modifié par la LAT, nous fournit un autre moyen permanent de restreindre la capacité des groupes terroristes de recueillir des fonds, et partant, de réduire leur capacité d'opérer au Canada. L'établissement de cette liste est simplement un autre volet d'un effort international lancé à l'instigation des Nations Unies.
Nous avons récemment inscrit sur cette liste les Tigres de libération de l'Elam tamoul. En privant ce groupe de la possibilité de mener des activités au Canada, nous accroissons la sécurité de nos collectivités. Les TLET utilisent diverses tactiques de terreur pour atteindre leurs objectifs, se livrant à des attaques contre des cibles politiques, économiques, religieuses et culturelles. Ils s'en prennent aussi aux civils. Le gouvernement veut absolument que les nouveaux immigrants sachent qu'en venant ici, ils pourront vivre en toute liberté sans être victimes de campagnes de peur ou d'intimidation.
Grâce à la LAT, nous protégeons aussi l'intégrité des organismes caritatifs en refusant aux organisations qui appuient les activités terroristes le statut d'organismes de bienfaisance.
La LAT fonctionne. Elle rehausse la sécurité des Canadiens. Elle adopte une approche modérée qui protège notre sécurité, mais sans pour autant compromettre nos libertés. Les Canadiens comprennent que le terrorisme représente une menace directe à leur mode de vie, et les sondages d'opinion publique montrent qu'ils savent que les valeurs que nous chérissons dépendent de la sécurité dont nous jouissons dans nos foyers, dans nos communautés, et aux frontières. Les Canadiens s'attendent — et avec raison — à ce que leur gouvernement fasse tout en son pouvoir pour les protéger de tout préjudice. Il est vital pour leur bien-être social et économique que les Canadiens puissent vivre leur vie, élever leurs enfants et les voir réaliser leurs rêves dans un monde non contaminé par la peur.
Certains ont fait remarquer que de nombreuses dispositions de la loi n'ont pas été utilisées, ou l'ont été très rarement. La parcimonie avec laquelle on y a eu recours illustre à quel point nous faisons preuve de prudence à leur égard. Il ne faut pas en conclure qu'elles ne sont pas nécessaires, mais plutôt qu'elles sont utilisées avec doigté et prudence.
Les libertés civiles n'ont pas été sacrifiées sous le régime de la LAT. Au moment où la loi a été rédigée, de nombreuses voix ont exprimé la crainte qu'on en fasse un usage très fréquent. Cette crainte s'est révélée non fondée. Les autorités policières et les autres organismes d'exécution utilisent les pouvoirs que leur confère la LAT de façon très prudente et responsable. D'ailleurs, des freins et contrepoids s'appliquent au recours à tous les pouvoirs et dispositions de la mesure. La LAT est un instrument nécessaire pour lutter contre le terrorisme.
Nous avons d'autres instruments à notre disposition, par exemple, les certificats de sécurité. Ce processus, qui est largement compris, a été utilisé très prudemment au fil des ans. Il a été établi en 1978 et on y a rarement recours. Il est enclenché lorsque se présentent à la frontière des personnes qui, selon les services de renseignement et de sécurité, présentent un danger et une menace extrêmes pour la société canadienne. À ce moment-là, on leur offre la possibilité de retourner dans leur pays d'origine. Si elles décident de ne pas y retourner et de se prévaloir de notre très généreux processus d'appel, elles sont autorisées à le faire. C'est un long processus qui s'étend sur de nombreuses années. Étant donné que ces personnes sont réputées être extrêmement dangereuses, on leur offre le choix : soit faire appel de cette désignation tout en demeurant en détention tout au long du processus, soit, encore une fois, rentrer dans leur pays d'origine. À tout moment, elles peuvent quitter le centre de détention et retourner dans leur pays d'origine.
Ce processus particulier n'a été utilisé que six fois depuis 2001. Sa validité a été conformée par les tribunaux fédéraux aussi récemment qu'en septembre 2005 et maintenant, comme vous le savez, sa constitutionnalité sera évaluée par la Cour suprême. Six personnes depuis 2001, cela ne traduit pas une utilisation abusive si l'on tient compte du fait que tous les ans, entre 10 000 et 12 000 personnes sont renvoyées du Canada aux termes de diverses mesures d'immigration.
Le gouvernement a pris des mesures décisives pour protéger les Canadiens et leurs familles.
[Français]
Notre budget prévoit 1,4 milliard de dollars sur une période de deux ans pour protéger les familles et les collectivités canadiennes, pour assurer la sécurité de nos frontières et pour améliorer notre préparation en vue des menaces en matière de santé publique.
[Traduction]
En conclusion, je vous informe que le gouvernement investira 303 millions de dollars d'ici deux ans pour mettre en oeuvre une stratégie frontalière destinée à favoriser les échanges commerciaux et les déplacements de voyageurs à faible risque en Amérique du Nord, tout en protégeant les Canadiens d'atteintes à leur sécurité. En outre, au cours des deux prochaines années, nous dépenserons 95 millions de dollars pour accroître la sécurité du transport ferroviaire et urbain.
Au Canada, le 23 juin sera consacré journée nationale du souvenir des victimes de la terreur. Cette date marque l'anniversaire de l'attentat à l'explosif contre le vol Air India en 1985, le pire attentat terroriste de l'histoire du Canada, qui a fait 329 victimes innocentes. Cela nous rappelle que notre mission n'est pas terminée, que la menace est permanente et que la vigilance s'impose.
Vous avez entendu des témoins experts décrire la menace actuelle, vous en connaissez la nature ainsi que le défi auquel nous sommes confrontés. Vous apportez dans la discussion sur cet enjeu une expertise et une perspective d'une valeur inestimable. La vigueur de notre législation et la compétence des milieux du renseignement et de l'exécution de la loi nous permettront de juguler la menace du terrorisme au Canada.
Je vous remercie de votre travail, de votre avis et de votre apport.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le sous-comité de m'avoir invité à comparaître pour discuter de cette importante mesure législative. Je vous signale que je suis accompagné de deux de mes collaborateurs du ministère, M. Bill Pentney et M. Doug Breithaupt, qui pourront sans doute répondre mieux que moi à certaines questions de nature technique.
Je sais que certains d'entre vous ont participé à l'examen de la Loi antiterroriste au cours de la dernière législature, un examen qui a été interrompu par le déclenchement des élections. D'autres parmi vous sont de nouveaux participants à cette étude, mais je ne doute absolument pas que votre expérience et votre expertise vous permettront d'y contribuer tout autant. Le ministre de la Sécurité publique et moi-même sommes impatients de prendre connaissance de vos commentaires et de vos recommandations.
La Loi antiterroriste est divisée en plusieurs parties qui portent sur le Code criminel, la Loi sur la protection de l'information, la Loi sur la preuve au Canada, la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité (blanchiment d'argent) et le financement du terrorisme, apporte des modifications à d'autres lois et prévoit la mise en oeuvre de la Loi sur l'enregistrement des organismes de bienfaisance (renseignements de sécurité). Elle renferme aussi de vastes mesures destinées à prévenir et à éliminer le terrorisme. Elle a permis au Canada de devenir partie aux traités des Nations Unies contre les attentats à l'explosif perpétrés par les terroristes et le financement du terrorisme, ainsi qu'à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Elle a aussi fait en sorte que le Canada puisse se conformer à diverses résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et à d'autres engagements internationaux. La loi revêt donc beaucoup d'importance dans le contexte international.
Nous devons être sensibles aux préoccupations soulevées par diverses communautés au Canada, et je tiens à dire clairement que c'est le terrorisme, et non un groupe ethnique ou religieux en particulier, qui est visé par cette mesure.
La Loi antiterroriste englobe des dispositions clés du Code criminel portant sur des actes motivés par la haine et elle précise que la diffusion de messages haineux à l'aide de nouvelles technologies, comme l'Internet, est une pratique discriminatoire aux termes de la Loi canadienne sur les droits de la personne. La mesure constitue un élément fondamental de notre cadre législatif en vue de combattre le terrorisme. Elle représente une réponse efficace, mesurée et proportionnée à la menace terroriste.
D'aucuns pourraient laisser entendre que la Loi antiterroriste n'est pas nécessaire. Je ne suis pas d'accord du tout. L'accent mis sur la prévention et l'empêchement des attentats terroristes est une caractéristique primordiale de la loi. Cette approche axée sur la prévention est abondamment illustrée par la gamme des infractions, qui visent à démanteler et à mettre hors d'état de nuire le réseau terroriste en soi, ainsi que par des instruments comme l'engagement assorti de conditions et les audiences d'investigation. Comme je l'ai déjà déclaré ailleurs, l'emphase que met la loi sur la prévention continue d'être nécessaire. Par exemple, pour les personnes qui sont prêtes à se suicider pour commettre des crimes terroristes, la perspective d'un châtiment après le fait ne constitue nullement une forme de dissuasion.
En outre, en ce qui concerne l'importance qu'il convient d'accorder à la prévention du terrorisme et à la manière dont celui-ci diffère du crime organisé, je vous renvoie au témoignage que Lord Carlile, qui a effectué une étude indépendante de la législation antiterroriste au Royaume-Uni, a présenté à votre comité prédécesseur l'an dernier.
Permettez-moi d'aborder brièvement un aspect de la Loi antiterroriste que j'ai commenté la semaine dernière : l'exigence de la motivation dans la définition de l'expression « activité terroriste ». Comme je l'ai déjà dit dans un autre contexte, l'exigence de la motivation est un élément additionnel que doit prouver la Couronne. Je reconnais que certains témoins que vous avez entendus précédemment ont dit craindre que cette exigence soit perçue comme une porte ouverte à la singularisation de groupes particuliers dans notre société. En fait, j'ai déjà déclaré cela à quelques occasions pendant que j'étais dans l'opposition.
L'exigence de la motivation restreint la définition de ce qu'est une activité terroriste et empêche les infractions de terrorisme de filtrer dans d'autres domaines du Code criminel. J'aimerais entendre les commentaires du comité au sujet de l'élimination de l'exigence de la motivation ou de la possibilité de redéfinir une activité terroriste sans référence à une motivation politique, religieuse ou idéologique, peut-être en s'inspirant de ce qu'ont fait les Français, les Américains ou les Allemands. Mais l'approche du législateur en la matière — et je parle de cette loi en particulier — procède d'une très grande prudence à l'égard des lois ayant une trop grande portée.
Toutefois, je note les commentaires qu'a formulés très récemment le commissaire de la GRC au sujet de l'exigence de la motivation, et je vous recommande son témoignage à cet égard.
Je vais maintenant aborder deux dispositions de la Loi antiterroriste qui cesseront de s'appliquer au début de 2007 à moins que leur application ne soit prolongée par une résolution adoptée par les deux Chambres du Parlement. Je soumets respectueusement au sous-comité l'opinion que ces deux dispositions devraient être prolongées.
Premièrement, la loi prévoit l'imposition d'ordonnances d'engagement. On a parfois appelé cela une arrestation préventive, mais en fait, le pouvoir de la police d'arrêter une personne sans mandat et de la faire comparaître devant un juge pour que des conditions lui soient imposées, a une portée plutôt limitée. En règle générale, avant que cette disposition puisse être utilisée, il faut au préalable obtenir le consentement du procureur général compétent. Une fois son consentement obtenu, un agent de la paix soumet alors l'information à un juge d'une cour provinciale.
L'agent de la paix est autorisé à agir ainsi uniquement si deux conditions sont respectées. Premièrement, il doit avoir des motifs raisonnables de croire qu'une activité terroriste sera perpétrée. Deuxièmement, il doit être raisonnablement convaincu que l'imposition d'un engagement assorti de conditions, ou l'arrestation de la personne, est nécessaire pour empêcher l'exécution d'une activité terroriste. Le juge ordonne alors que la personne soit traduite devant lui, par exemple au moyen d'une assignation.
Le recours à cette disposition est possible dans des conditions définies très étroitement et fait l'objet de nombreuses garanties procédurales. L'objectif de cette disposition est d'aider les agents d'exécution de la loi à perturber les plans d'attentats terroristes, et le fardeau de la preuve incombe toujours à l'État, qui doit justifier l'imposition de conditions. Si le tribunal n'est pas convaincu que les conditions sont nécessaires, le sujet est remis en liberté.
L'imposition de conditions en vue de prévenir les crimes avant leur perpétration n'est pas exceptionnelle dans la législation canadienne. Des conditions sont imposées lorsqu'une personne inculpée d'un crime est mise en liberté sous cautionnement. La disposition relative à l'engagement de la Loi antiterroriste est fondée sur les pouvoirs d'engagement énoncés à l'article 810 du Code criminel, conçu pour s'appliquer à la violence conjugale, au crime organisé et aux agressions sexuelles graves. Ces dispositions ont constamment été jugées conformes à la Charte des droits et libertés.
L'autre disposition qu'il convient de prolonger avant l'an prochain vise le pouvoir de tenir une audience d'investigation en vertu du Code criminel. Lorsqu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'une infraction de terrorisme a été ou sera commise, un tribunal peut délivrer une ordonnance de recherche de renseignements. Un agent de la paix peut présenter une demande relative à cette ordonnance uniquement après avoir obtenu le consentement du procureur général compétent. Si l'ordonnance est accordée, le juge peut ordonner à une personne d'assister à une audience devant un juge, de répondre à des questions et d'apporter avec elle tous les documents ou les articles pertinents en sa possession.
Une audience d'investigation n'est pas une poursuite pénale. La personne contrainte à comparaître n'est pas un accusé, mais un témoin. En ce sens, cette audience est très semblable à une comparution devant un grand jury aux États-Unis. Il est énoncé explicitement dans la disposition que le témoin a le droit d'engager un avocat. Cette procédure a pour objet de recueillir des renseignements susceptibles de contribuer à l'investigation et à la prévention d'infractions de terrorisme.
Pendant une telle audience, la protection garantie par la Charte contre l'auto-incrimination est appliquée intégralement. Le sujet peut être contraint de répondre à des questions, mais aucune réponse donnée ou objet produit — ni toute preuve dérivée tirée de ceux-ci ne peuvent être utilisés contre la personne dans tout procès criminel ultérieur, sauf lors de poursuites pour parjure ou pour témoignages contradictoires. Il jouit aussi d'une protection contre la divulgation des renseignements privilégiés.
Comme vous le savez, en juin 2004, la Cour suprême du Canada a confirmé la validité constitutionnelle des dispositions relatives à l'audience d'investigation. Les juges de la cour ont noté que la protection contre l'auto-incrimination dépasse en fait les exigences de la Charte. Il ne s'agit pas d'une procédure sans précédent, et d'autres pays ont des procédures similaires ou plus poussées.
Certains témoins qui ont comparu devant le comité prédécesseur du vôtre ont fait valoir que ces deux pouvoirs ne devraient pas être renouvelés étant donné qu'ils n'ont pratiquement jamais été utilisés. Toutefois, la fréquence d'utilisation de ces dispositions n'est pas l'aune à laquelle on mesure leur importance. De nombreuses dispositions de notre Code criminel sont peu fréquemment employées. Je songe notamment aux dispositions relatives aux crimes haineux et aux infractions de détournement d'avion ou de trahison. Elles n'en constituent pas moins une composante essentielle du cadre législatif pénal.
Comme l'a fait remarquer la Cour suprême du Canada, le défi qui se pose à un État démocratique est de trouver un équilibre, c'est-à-dire prendre les mesures qui constituent une réponse efficace au terrorisme tout en reconnaissant, comme il se doit, la valeur fondamentale de la règle de droit. Une réponse au terrorisme qui s'inscrit dans le respect de la règle de droit maintient et rehausse les libertés essentielles à la démocratie qui nous sont chères.
La Loi antiterroriste a été rédigée avec soin en vue de protéger les Canadiens contre les atteintes à la sécurité nationale, tout en assurant le respect et la protection continus des valeurs que reflètent les droits et libertés garantis dans la Charte des droits et libertés. C'est un équilibre délicat, mais j'estime qu'il a été atteint dans la Loi antiterroriste. Cette mesure fait partie intégrante d'un ensemble de mesures raffinées conçues avec la volonté expresse de protéger nos libertés fondamentales et de maintenir nos valeurs démocratiques.
On ne saurait trop insister sur l'importance de cette loi. Nous devons être outillés pour faire face à d'éventuels attentats terroristes. Nous avons pu constater que la possibilité que de tels attentats se produisent est effectivement réelle. Les Canadiens doivent avoir le sentiment que leur gouvernement a fait tout le nécessaire pour les protéger du terrorisme tout en respectant leurs libertés individuelles.
Nous sommes impatients de prendre connaissance de vos recommandations dans le contexte de nos efforts permanents pour trouver des moyens d'améliorer le fonctionnement de la Loi antiterroriste. Je vous souhaite tout le succès possible dans la réalisation de ce travail important. Je répondrai volontiers à vos commentaires et à vos questions.
Merci.
:
Je vais commenter un certain nombre de vos observations, et j'inclurai aussi la dernière déclaration de M. Ménard.
Sans vouloir manquer de respect à la liberté d'expression des médias, que je respecte assurément et que je défendrai toujours, il va de soi, monsieur, que l'on n'accepte pas que tout ce qu'on lit soit toujours la vérité ou la réalité, sans vérifier. Je ne veux pas laisser entendre que l'on tente de présenter autre chose, mais il est toujours bon de vérifier — comme je sais que vous le faites — les deux, trois ou quatre angles différents d'une histoire. Il se peut fort bien que les médias présentent une version de l'affaire, ou l'opinion d'une personne, mais ils ne présentent pas toujours l'autre version.
Pour ce qui est de la grève de la faim, des médecins vérifient régulièrement l'état de santé des détenus. Il n'est pas rare dans le système pénitentiaire de voir des prisonniers décider de se priver de nourriture pendant un certain temps. Certains d'entre eux peuvent sauter un repas ou deux par jour, d'autres peuvent s'abstenir de s'alimenter pendant la journée, mais ils se sustentent en soirée. Des médecins les examinent aussi régulièrement. Ils ont droit à des visites de leur famille.
Encore une fois, ils sont libres de quitter ces établissements en tout temps, s'ils décident de rentrer dans leur pays d'origine. Je sais que certains rétorqueraient que, selon le pays dont il s'agit, ils risquent de subir des conséquences. Je respecte cela. C'est pourquoi nous avons un processus d'appel.
À mon avis, la grande question est la suivante — et je vous la pose. Pensez-vous qu'il ne devrait y avoir aucune disposition? Alors que nous vivons à une époque où des terroristes ont tué des milliers de personnes et devant cette intensification de l'activité terroriste, je serais curieux de connaître votre opinion. Pensez-vous qu'il ne devrait pas y avoir de dispositions de sécurité additionnelles pour protéger la population canadienne, particulièrement une disposition que la Cour fédérale a jugé conforme à la Constitution il n'y a pas tellement longtemps, soit en septembre 2005?
Je sais qu'elle est de nouveau contestée et qu'elle a été contestée plusieurs fois. Ces démarches s'inscrivent dans le processus constitutionnel. Diverses personnes visitent régulièrement les établissements. Les détenus sont autorisés à avoir des contacts avec leurs familles; ils ont le droit de téléphoner, de lire et d'écrire; ils peuvent sortir à l'extérieur tous les jours pour faire de l'exercice et ils ont accès à des services dentaires et médicaux essentiels.
Affirmez-vous qu'il ne devrait pas y avoir de mesures de sécurité additionnelles à une époque où les préoccupations sont plus vives quant à la possibilité d'attentats contre des Canadiens? Je serais curieux de le savoir. Ce n'est pas une question théorique. Je vous la pose sincèrement.
:
Je comprends. Je rencontre moi-même des gens inquiets au sujet de la sécurité qui font le même genre de commentaires. Chaque fois qu'une nation fait l'objet d'une menace réelle ou appréhendée, les gens posent ces questions constamment, et c'est bien.
À ce stade, si l'on considère notre loi en soi, la Loi antiterroriste, et qu'on la compare aux lois adoptées dans d'autres sociétés libres et démocratiques — les pays d'Europe surtout, les États-Unis, l'Australie —, je peux vous dire que la loi canadienne n'est pas la plus sévère. Certaines lois de ces autres pays prévoient des procédures et des processus beaucoup plus stricts qui ont été reconnus comme étant des mesures appropriées dans des sociétés libres et démocratiques.
Peut-être devrais-je parler simplement en mon propre nom. Je suis ici pour être à l'écoute du comité. Je veux savoir s'il a des sujets d'inquiétude particuliers, s'il aimerait que l'on ajoute d'autres pouvoirs et s'il souhaite peut-être étudier d'autres mesures législatives en vigueur ailleurs. En ce moment, ma préoccupation première concerne un problème qu'a évoqué le ministre Day, et je pense que nous sommes en train de le régler grâce à notre budget. En effet, nous avons réservé des sommes supplémentaires pour embaucher davantage d'agents de première ligne, de douaniers, de procureurs fédéraux et autres intervenants qui seront nos outils sur le terrain et qui nous permettront d'utiliser les outils juridiques à notre disposition.
Pour assurer la sécurité à la frontière, il ne suffit pas simplement d'adopter une mesure législative. Il faut être prêts à l'appliquer. Nous devons nous pencher sur la question des ports, que notre gouvernement examine en ce moment, et certains engagements ont été pris à cet égard.
Même si ma responsabilité première demeure l'examen de la législation, je pense qu'il faut reconnaître le bien-fondé de certaines mesures qu'a prises le ministre Day pour renforcer la sécurité sur le terrain, et je suis très heureux que notre gouvernement s'oriente dans cette direction.
Je vais revenir sur les commentaires de M. Wappel. Je pense que nous sommes tous en accord avec le projet de loi tel qu'il a été adopté.
Est-il parfait? Je ne pense pas que nous devrions nous autocongratuler trop vite. Il y a bien des situations que nous ne pouvons anticiper, mais compte tenu de notre réponse après les attentats du 11 septembre, je pense que le comité et la Chambre, qui ont mis de côté tout sectarisme, ont fait un travail remarquable.
Pourrait-on peaufiner certaines questions? Nous avons entendu des suggestions concernant les recommandations du juge O'Connor. Allons-nous les examiner? Absolument. Allons-nous tenir compte de l'opinion de la Cour suprême du Canada? Oui. Y a-t-il d'autres questions sur lesquelles nous devrions nous pencher, comme celles récemment mentionnées par le commissaire de la GRC? Je pense que oui, et à mon avis, votre comité a toute la marge de manoeuvre voulue pour le faire.
:
Merci, monsieur le président.
Merci au ministre Day, au ministre Toews et aux hauts fonctionnaires.
Au cours des derniers mois, d'aucuns ont fait valoir que les choses avaient changé au Canada. Je pense que c'est dans le contexte des arrestations à Toronto. Même si je n'en suis pas absolument sûr, j'estime que les choses n'ont pas vraiment changé, que nous savions que certains individus se livraient à des activités suspectes au Canada. À l'occasion de nos séances d'information, le SCRS y avait fait référence.
Ce qui a changé, c'est que nous avons un nouveau gouvernement. Simplement pour revenir sur ce que mon collègue Tom Wappel a dit, le message du nouveau gouvernement, c'est que généralement... Monsieur Toews, vous avez parlé de la définition de terrorisme, mais globalement, elle ne suscite chez vous aucun malaise. Comme vous l'avez dit, vous êtes impatient d'entendre le point de vue du comité, mais l'orientation générale est largement la même.
J'avais une ou deux questions au sujet des arrestations à Toronto.
Premièrement, j'ai un peu de mal à m'y retrouver. J'ai lu dans un document quelconque que l'on ne s'était pas servi des outils prévu dans le projet de loi C-36, les audiences d'investigation et l'arrestation préventive, pour effectuer ces arrestations. Pourriez-vous clarifier cela?
Deuxièmement, il semble qu'il y ait eu une collaboration étroite entre le SCRS, la GRC, l'ASFC, la police provinciale et d'autres forces de maintien de l'ordre. Pourriez-vous confirmer qu'il y a effectivement eu une étroite collaboration, et que le niveau de collaboration s'est sensiblement amélioré au cours des dernières années?
:
Je tiens à faire valoir un argument, et ensuite je m'adresserai au ministre Day.
Pour ce qui est du facteur dénonciation, il a aussi pour effet de sanctionner certaines choses. Il autorise le profilage racial et il autorise, je dirais, certains éléments renégats de nos services de renseignements à dépasser les bornes.
J'ai un cas à vous soumettre, monsieur Day. J'ai toujours abordé ce sujet avec vos prédécesseurs et je vais faire la même chose avec vous.
Je travaille sur ce dossier depuis trois ans. L'homme en question vit ici depuis 13 ans et sa femme est venue le rejoindre à partir de leur pays d'origine par la suite. Votre bureau est au courant de ce cas, si vous voulez vérifier. Je vous donnerai le nom de la personne après.
Sa femme a la citoyenneté, leurs deux enfants nés dans leur pays d'origine ont leur citoyenneté, les trois enfants qui sont nés ici sont évidemment Canadiens, mais pour ce qui est de l'homme, il attend toujours. Je ne peux pas obtenir de réponse à ce sujet.
À vrai dire, il pense — et c'est sans doute justifié — que la seule raison pour laquelle il n'a pas obtenu sa citoyenneté, ce qui lui permettrait de mener une vie normale au Canada, c'est qu'à deux reprises, on a tenté de le recruter pour devenir un agent et qu'il a refusé. Il a exprimé haut et fort son opposition à la guerre en Afghanistan ainsi que son appui au peuple palestinien. D'après ce que j'ai pu voir, rien ne laisse croire qu'il est violent.
À mon avis, c'est le genre de permissivité à laquelle nous a amenés la LAT, cette position officielle qui sanctionne des réactions extrêmes. Nous devrions faire très attention à la façon dont nous utilisons cette loi. Elle autorise et permet cela.
D'un côté, il y a le facteur dénonciation, comme nous l'avons vu dans le cas de la propagande haineuse, et je conviens que c'est important. Mais d'autre part, il y a un autre volet, et nous devons faire preuve d'une grande prudence. En tant que législateurs, en tant que ministres et en tant que hauts fonctionnaires, nous devons veiller à ce qu'il n'y ait pas d'abus.
Dans ce cas particulier et dans plusieurs autres dossiers que j'ai dans mon bureau à l'heure actuelle, je pense qu'il y a de l'abus.
:
La préoccupation que vous soulevez avec de bonnes intentions... J'ignore si mes collaborateurs ont établi le coût du travail des services policiers et de sécurité, ainsi que du travail de l'agence des services frontaliers.
On peut faire valoir que toutes ces mesures sont prises dans une optique de prévention. Empêcher une catastrophe de se produire est la raison d'être des services policiers et de renseignement. En fait, on souhaite essentiellement dissuader les gens de même penser à perpétrer un attentat parce que le risque de se faire prendre est considérable. C'est l'un des fondements du travail des services de police et de sécurité. Nous n'avons pas calculé combien il en coûterait pour remplacer les édifices du Parlement ou une structure importante, mais tout ce que l'on fait s'inscrit dans cette optique de prévention.
Voilà pourquoi nous avons investi 1,4 milliard de dollars de plus pour rehausser les services de police et de renseignement dans pratiquement tous les domaines imaginables. En outre, 161 millions de dollars ont été débloqués pour accroître le nombre d'agents de la GRC dans les rues, une entente de partage de coûts avec les municipalités qui permettra l'embauche de 2 500 effectifs supplémentaires au niveau municipal, et 300 millions de dollars de plus pour les services frontaliers.
Tout ce que nous faisons constitue un effort de prévention car nous savons que toute analyse de coût montrera que si ces événements horribles avaient lieu, ils engendreraient des coûts encore plus considérables pour tout réparer. Et quel est le prix d'une vie humaine? Toute notre action repose sur le principe qu'il vaut mieux décourager et empêcher les attentats.
Pour ce qui est d'anticiper les événements, vous vous souviendrez sans doute — je suis sûr que vous avez lu cela — que l'ancien président Clinton lui-même admet que son service de sécurité lui avait communiqué des renseignements concernant Oussama ben Laden, y compris l'endroit où il se trouvait et les mesures qui pouvaient être prises pour l'empêcher de poursuivre ses activités. Ces renseignements n'ont pas été assujettis à l'application régulière de la loi; ils n'ont pas été présentés à un tribunal. Le président lui-même affirme qu'il aurait dû agir sur la foi de ces renseignements. Nous entrons indéniablement dans le domaine de la présomption, mais certains diraient que s'il avait agi, les coûts engendrés par les attentats du 11 septembre qui s'élèvent à plusieurs milliards de dollars, auraient pu être évités. Et cela vaut uniquement pour l'infrastructure. On ne calcule même pas le coût des pertes humaines, qui est inestimable.
Cela montre à quel point il est nécessaire d'avoir de bons services de police et de renseignement. Tout ce que l'on fait s'inscrit dans une logique de prévention, car il coûtera toujours beaucoup plus cher de ne rien faire.
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Si nous considérons seulement les coûts associés aux victimes de crime au Canada... Et pour vous en donner une idée, lorsque j'ai participé avec le ministre Day à l'annonce de la Semaine nationale des victimes de crime, il y a quelques mois, on m'a fourni certains chiffres à cet égard. On calcule que les coûts associés aux victimes de crime au Canada s'élèvent à 70 milliards de dollars par année environ. Cela comprend tous les types de coûts.
Je sais que les gens poseront la question suivante : n'est-il pas trop onéreux de garder des gens en prison? Le ministre Day vous dira probablement qu'il en coûte en moyenne 100 000 $ par année, mais comment calculer le coût économique direct lié à un toxicomane accroc au crack qui vole pour 1 000 $ de marchandises par jour, ce qui représente 365 000 $ par année pour un seul individu, d'après les témoignages que j'ai entendus à Vancouver? S'agissant du terrorisme, nous sommes confrontés à d'autres chiffres colossaux. Comment chiffrer ces coûts? Il faudrait probablement considérer cela comme un élément des coûts annuels associés aux victimes dans notre pays.
Je tiens à réitérer les propos du ministre Day en ce qui concerne la prévention. Au Canada, on utilise tout le temps des mécanismes de prévention pour protéger les citoyens. À mon avis, de telles mesures de prévention sont absolument essentielles pour protéger nos droits dans une société libre et démocratique.
Prenons toute la question du cautionnement, par exemple. Lorsqu'un individu est placé en détention et ensuite remis en liberté à certaines conditions, il n'a pas encore été inculpé de quelque infraction que ce soit. La détention avant le procès n'est qu'une des nombreuses mesures de prévention possibles. Il arrive souvent que certains passent deux ans en détention préventive avant leur procès.
L'article 810, dont j'ai parlé tout à l'heure, est invoqué principalement dans des cas de violence conjugale où un conjoint — dans la plupart des cas, une femme —, a des raisons de croire que sa vie et sa sécurité sont menacées, et pourtant, les tribunaux imposent régulièrement des mesures destinées à empêcher que cette violence conjugale se produise.
Quant aux lois sur la littérature haineuse, je les considère à bien des égards comme des mesures de prévention pour freiner certains comportements répréhensibles, même si un grand nombre de gens peuvent y voir une atteinte à notre liberté d'expression. Et pourtant, nous utilisons ce type de mécanismes.
J'estime que dans le contexte actuel, les mesures de prévention s'imposent comme une nécessité absolue. Rien de moins. À mon avis, ce serait de la folie que de priver le gouvernement et la population du Canada de ce type de mesures.
Évidemment, c'est votre comité qui est chargé d'examiner cela. Pouvons-nous améliorer les choses? J'attends de voir ce que le comité dira.