propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole à propos du projet de loi , qu'appuie le député de .
Je m'en voudrais de ne pas reconnaître d'entrée de jeu le travail acharné accompli à l'autre endroit par la sénatrice Carney pour que le projet de loi soit renvoyé à la Chambre des communes. Je tiens à saluer son travail.
Je suis conscient que non seulement le parti ministériel, mais aussi les députés de l'opposition devront consacrer beaucoup de temps au projet de loi , car il y a beaucoup de travail à faire concernant ce texte dans sa forme actuelle.
Dans n'importe quelle localité côtière, les phares font partie intégrante du paysage. Ils font partie de notre culture, de l'histoire de notre pays, de notre folklore, de nos chansons et de nos histoires.
Le profond attachement du Canada par rapport à ses océans et à ses phares est un élément fondamental de notre identité. Qu'il s'agisse de la côte est, de la côte ouest, de l'Arctique, des Grands Lacs et des voies navigables intérieures, les Canadiens de toutes les régions du pays comprennent le rôle important que les phares ont joué dans l'édification du pays. Sans ces tours majestueuses et les gens courageux et altruistes qui ont veillé à ce que les lumières des phares demeurent allumées, notre pays ne représenterait pas une lueur d'espoir et ne serait pas un symbole de sécurité.
En fait, nous n'aurions pas pu être un pays commerçant si les phares n'avaient pas éclairé des passages sûrs pour les gens ni favorisé les échanges et les possibilités. Pendant des siècles, les phares ont offert aux marins de partout au monde des passages sûrs et de l'espoir. Les phares font partie des technologies de base qui ont renforcé les échanges au sein des pays et entre eux.
De nos jours, ils sont appelés de plus en plus à jouer un nouveau rôle important dans le développement de nos économies côtières. L'importance historique de ces phares pour les localités où ils se trouvent est indubitable et nous devons prendre des mesures pour préserver et protéger le patrimoine canadien pour les générations présentes et futures.
Les phares sont des monuments qui témoignent du mode de vie canadien et de la dépendance du Canada à l'égard du transport maritime. La disparition de nos phares patrimoniaux constituerait une perte énorme. Ces phares sont un élément irremplaçable de notre patrimoine et leur disparition entraînerait la disparition des possibilités qu'ils représentent.
C'est pour moi un grand honneur d'appuyer ce projet de loi qui fut d'abord présenté par mon collègue, le regretté sénateur Michael Forrestall, un sénateur de la Nouvelle-Écosse qui a été le premier à défendre cette cause en avril 2000 et qui n'a ménagé aucun effort pour que cette mesure soit adoptée. Comme le disait si bien le sénateur Forrestall, il y a plusieurs années:
Je demande aux honorables sénateurs qui connaissent bien la Nouvelle-Écosse et les beaux sentiers touristiques qui sillonnent ma province d'essayer d'imaginer la Lighthouse Trail sans un phare le long de son parcours. Imaginez que nous n'ayons plus Peggy's Cove, ni l'île du Grand Manan, ni le phare de Gannet Rock. Autant oublier le phare de West Point à l'Île-du-Prince-Édouard ou celui de Cape Spear à Terre-Neuve. Oublions aussi celui de Langara Point, en Colombie-Britannique, qui est probablement l'un des phares les plus beaux, les plus éloignés et les plus importants au point de vue historique.
Les phares ont permis de sauver des marins dans les eaux du littoral pendant des centaines d'années, et ils ont été au centre de nos localités côtières. [...] Ils symbolisent la conquête de la haute mer et des océans et parce que, par le passé, ils ont été la première image saisissante pour les voyageurs des quatre coins de la planète qui rentraient chez eux. Nul doute sur leur place dans le coeur humain, pas plus que sur leur austère beauté, dressée contre la mer rude et sombre. On n'a pas à être originaire des côtes de l'Atlantique ou du Pacifique pour être séduit par les phares.
En tant que parrain de ce projet de loi visant à protéger les phares patrimoniaux et parce que je suis originaire d'une collectivité de la route des phares, je saisis l'occasion qui m'est offerte d'aborder un sujet cher à mon coeur.
Le projet de loi cadre avec le programme de dessaisissement des phares du ministère des Pêches et des Océans, programme dans le cadre duquel on s'efforce de remettre aux populations locales les phares désaffectés pour qu'elles puissent s'en servir en permanence à des fins publiques.
Il ne fait aucun doute que les phares ont joué un rôle majeur dans le développement du Canada en tant que pays. L'histoire de nombreuses populations côtières du pays est intrinsèquement liée à l'édification de leur phare et aux ports vers lesquels le phare guidait les voyageurs.
Les phares sont de grands symboles du patrimoine canadien. Il y a plus de 20 phares le long de la route des phares, dans ma circonscription, South Shore--St. Margaret's.
Je partage mon amour de ce symbole de notre patrimoine marin avec beaucoup de gens. Au Canada et partout dans le monde, le village de Peggy's Cove, dans ma circonscription, South Shore--St. Margaret's, est réputé pour la beauté de son phare, un des plus célèbres du pays. On peut le voir depuis de nombreuses années reproduit sur des calendriers et des affiches de tourisme. C'est un symbole du Canada au même titre qu'un élévateur à grain au milieu des prairies couvertes de blé d'or ou qu'un ours polaire sur la banquise, dans le Nord.
Ce symbole du Canada est protégé dans le projet de loi , qui est axé sur la reconnaissance de l'importance culturelle et historique des phares dans notre patrimoine maritime et national. Compte tenu de l'importance de ces sentinelles témoins de leur milieu, le projet de loi vise à les protéger et à établir des mécanismes à l'échelle nationale pour les confier aux populations locales, qui pourront en disposer à des fins publiques ou à d'autres fins.
Le projet de loi a pour but de protéger les phares patrimoniaux de trois façons: en établissant la désignation officielle de phare patrimonial; en prévoyant des mécanismes de consultation publique pour tout projet visant à enlever, modifier, détruire ou vendre un phare désigné ou encore pour en disposer autrement; en prévoyant un entretien suffisant des phares patrimoniaux.
Ces dispositions, qui renferment les objectifs clés du projet de loi , reflètent les efforts faits par le gouvernement fédéral pour créer une culture de protection du patrimoine au Canada. Cela dit, il faut aussi reconnaître que le gouvernement du Canada reçoit des demandes de ressources qui se font concurrence. Les objectifs du projet de loi ne sont pas remis en cause. Toutefois, celui-ci pose des défis liés à sa mise en oeuvre et, en particulier, aux exigences de financement futur.
En vertu du libellé actuel, le projet de loi prévoit que l'Agence Parcs Canada, sous l'autorité du , gérerait le processus de désignation des phares patrimoniaux. L'agence aurait la responsabilité de mettre sur pied un nouvel organisme pour administrer les dispositions du projet de loi, y compris l'élaboration de critères pour désigner, entretenir ou modifier des phares patrimoniaux, ou pour effectuer des recherches ou encore consulter le public suite à la présentation de pétitions demandant qu'un phare soit désigné comme phare patrimonial, et de demandes pour que des phares patrimoniaux soient modifiés ou démolis. À titre de responsable de la plupart des phares au Canada, Pêches et Océans Canada aurait la tâche de veiller au respect de ces dispositions et d'obtenir le financement nécessaire pour s'acquitter de ces nouvelles obligations.
La réalité c'est que les nouvelles technologies dans le secteur maritime, comme par exemple la navigation par satellite, procurent aux marins modernes des avantages que les phares ne peuvent leur fournir, et ces nouveaux systèmes sont en train d'éliminer progressivement la raison d'être des phares. C'est un fait qu'un grand nombre de phares commencent à se détériorer et, après avoir affecté ses ressources en fonction de ses priorités de programme, le MPO n'a pas les moyens financiers d'investir dans des biens qui ne sont plus, ou qui ne seront plus nécessaires aux fins de son programme.
Or, le projet de loi créerait des obligations d'entretien légales qui ne pourraient être respectées avec les budgets de fonctionnement actuels. Le projet de loi soulève des questions difficiles qui exigent de faire des choix parmi des priorités publiques concurrentielles. La sécurité des marins demeure une priorité pour le MPO. Toute demande afin qu'un phare soit désigné comme phare patrimonial doit respecter la réalité financière du ministère et sa capacité de prendre des décisions opérationnelles liées à l'utilisation actuelle et future des sites et installations de phares.
Nous devons nous demander s'il est plus important pour les contribuables que l'on investisse dans le remplacement de la flotte vieillissante de la Garde côtière, dans la recherche océanique et aquatique, ou dans les répercussions des changements climatiques. Ce sont des défis de taille et il faut faire des choix raisonnables et responsables qui tiennent compte des intérêts de l'ensemble des Canadiens. Si ce projet de loi était adopté, Parcs Canada et le MPO ne pourraient ni l'un ni l'autre s'acquitter de leurs nouvelles responsabilités en vertu de cette mesure législative, sans faire des investissements considérables.
À l'heure actuelle, on compte quelque 750 phares ou constructions connexes au Canada. Le projet de loi assurerait une protection législative à un grand nombre d'entre eux. En fait, il fournirait une protection encore plus grande que celle qui est accordée à la plupart des sites historiques du Canada, y compris la Cité parlementaire, où nous nous trouvons aujourd'hui.
Environ 95 p. 100 du coût de la préservation de ces phares serait sous la responsabilité de Pêches et Océans Canada. En l’absence d’un financement supplémentaire, Pêches et Océans Canada serait forcé de réaffecter des fonds destinés aux programmes et services existants. Tant du côté des missions de recherche et de sauvetage qui sont assurées 24 heures sur 24 et sept jours sur sept., que du côté des ports pour petites embarcations, de la promotion du développement durable de nos océans ou du soutien à apporter à une industrie d’exportation des fruits de mer de 4 milliards de dollars, dans quoi peut-on sabrer lorsque la sécurité, l’environnement et l’économie d’un pays sont en jeu?
Voyons un peu quelle est l’ampleur de la tâche que Pêches et Océans Canada doit assumer dans une nation maritime comme le Canada.
Nos 244 000 kilomètres de côte, qui forment le littoral le plus long au monde, sont bordés par trois océans. Nos régions océaniques ont une superficie totale de près de six millions de kilomètres carrés. Huit de nos provinces sur dix sont bordées par un océan, de même que les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon. Les océans apportent des avantages sur le plan des loisirs, de l’environnement, de l’emploi, du revenu et de l’agriculture à plus de sept millions de Canadiens qui vivent dans des localités côtières.
Plus précisément, le secteur de la pêche de l’Atlantique emploie plus de 84 000 personnes et les pêches du Pacifique fournissent des emplois à 14 000 pêcheurs et travailleurs d’usine. La pêche sportive canadienne injecte chaque année environ 7 milliards de dollars dans les économies locales de tout le pays.
En 2006, l’exportation de produits de poisson et de fruits de mer vers 128 pays a apporté 4,1 milliards de dollars à l’économie canadienne. La Colombie-Britannique se classe au premier rang avec des exportations d’une valeur de 987 millions de dollars, la Nouvelle-Écosse, deuxième, avec 974 millions de dollars, Terre-Neuve, troisième, avec 798 millions de dollars, suivie du Nouveau-Brunswick, avec 795 millions de dollars, du Québec avec 203 millions de dollars et de l’Île-du-Prince-Édouard, qui occupe la sixième place, avec un chiffre de 194 millions de dollars.
De plus, le Canada est le pays qui a la plus grande réserve d’eau douce au monde avec ses deux millions de lacs et de rivières qui couvrent 7,6 p. 100 de son territoire et la voie navigable intérieure la plus longue au monde; elle s’étend du golfe du Saint-Laurent jusqu’au lac Supérieur, sur une distance de 3 700 kilomètres.
Pour soutenir les nombreux usagers de nos côtes et de nos réseaux fluviaux, le ministère est également chargé d’entretenir et d’exploiter un réseau national de ports pour petites embarcations. Nous devons examiner longuement, très sérieusement et raisonnablement notre capacité de conserver les phares comme le prévoit le projet de loi .
Malheureusement, je suis à court de temps. C’est un projet de loi important pour les Canadiens. Il est certainement important pour la sénatrice Carney. Encore une fois, je reconnais qu’elle a travaillé très fort à l’autre endroit.
Je voudrais rendre hommage, une fois de plus, à mon ancien collègue, le regretté Michael Forrestall, pour le travail qu’il a accompli sur ce dossier depuis l’an 2000, et souligner la contribution d’un grand nombre des groupes intéressés, y compris la Nova Scotia Lighthouse Preservation Society, qui sont prêts à reprendre la gestion d’un grand nombre de ces phares.
Je pense que les députés ont bien saisi la situation. C’est un défi. Pour pouvoir conserver ces magnifiques structures patrimoniales, pour avoir les moyens de le faire tout en permettant au ministère de poursuivre ses activités courantes, nous nous trouvons dans une situation très inhabituelle. Nous devons trouver un moyen de procéder à une cession, de donner la priorité aux collectivités, surtout aux communautés voisines, de donner la priorité aux phares qui présentent un plus grand intérêt patrimonial qu’à ceux qui sont de construction plus récente. Nous devons trouver un moyen de le faire dans le cadre de notre budget.
Au Comité des pêches et océans, nous formons un bon groupe. Nous sommes tous désireux de trouver une solution à ce problème très complexe. J’espère que lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, qu’avec quelques amendements raisonnables, nous pourrons trouver un moyen de préserver ces phares pour les Canadiens, à perpétuité.
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Monsieur le Président, il s'agit là d'excellentes possibilités pour les régions côtières de Terre-Neuve-et-Labrador, bien sûr, mais aussi pour toutes les régions côtières du Canada.
Lorsqu'il est question de phares d'un point de vue historique, nous avons un des patrimoines les mieux reconnus dans le monde. Je voudrais souligner quelque chose que les gens négligent souvent. Dans les dépliants touristiques de l'Est, de l'Ouest et de la région centrale du Canada, nous mettons en valeur un patrimoine merveilleux.
Comme mon collègue de le sait certainement, je crois qu'il y a huit phares dans sa circonscription. En fait, cela fait bien ressortir nos rapports historiques avec les phares, pas uniquement dans l'Est, l'Ouest et le Nord du Canada, mais aussi dans la régional centrale du pays.
Je tiens à féliciter la sénatrice Carney pour le travail qu'elle a consacré au projet de loi S-220, Loi visant à protéger les phares patrimoniaux, qui a été présenté en décembre 2006. Le projet de loi de la sénatrice, qui est de la Colombie-Britannique, empêchera que les phares patrimoniaux soient modifiés, vendus ou détruits sans consultations publiques. Il s'agit là d'une excellente idée qui s'est fait attendre trop longtemps.
Je tiens également à souligner toute la somme de travail que le regretté sénateur Forrestall a également consacré au dossier.
Je tiens également à profiter de ce moment – puisque je suis passablement d’humeur à faire des compliments – pour échanger des compliments et souligner le travail acharné qu’ont accompli tous mes collègues, spécialement ceux de la Nouvelle-Écosse. Mon collègue de a réalisé une énorme somme de travail sur ce dossier, tout comme mon collègue néo-démocrate de . Je m’en voudrais de ne pas souligner la contribution de mon ami et collègue de , qui a été un champion à cet égard. Je l’en félicite. Évidemment, en ce qui concerne mon ami des Îles-de-la-Madeleine, comment pourrais-je oublier la côte est du Québec. Il ne faudrait surtout pas.
Dans l’esprit de tout cet élan de sympathie qui m’anime, je vous signale que nous appuyons le projet de loi S-220 pour bien des raisons. Je crois qu’il résume bien le travail opiniâtre que bien des gens ont accompli au fil des ans pour protéger leur patrimoine. Tout autour de Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons des phares dont l’existence remonte au milieu du XIXe siècle, à l’époque où ils étaient le centre de référence des collectivités côtières de navigateurs et de pêcheurs de tout l’Est de notre pays.
Naturellement, pour nous, les gens de Terre-Neuve-et Labrador, la plus ancienne colonie d’Amérique du Nord, les phares ont fait et feront toujours partie intégrante de notre passé.
« Going Towards the Lights in Atlantic Canada » est un document du Répertoire des lieux patrimoniaux du Canada qui a été rédigé par Darin MacKinnon, le conservateur des lieux patrimoniaux de l’Île-du-Prince-Édouard. Il y formule de très intéressantes observations. D’abord, il dit que les phares, qu’il décrit comme des sentinelles solitaires iconiques, ressortent dans le paysage.
Il poursuit en disant — et c’est là ma citation favorite de cet auteur, car elle est très vraie — que les phares sont des témoins de notre passé. Ce sont vraiment des témoins de notre passé et des monuments que nous nous devons de préserver pendant très longtemps, 100 ans, voire 200 ans, non seulement pour nos enfants, mais également pour les générations à venir. Nous devrions y tenir.
En 2004, Parcs Canada, en collaboration avec ses partenaires provinciaux et territoriaux, a lancé le Répertoire des lieux patrimoniaux du Canada. Il s’agit d’une base de données de recherche en ligne mise à la disposition de quiconque veut savoir s’il y a des phares pas trop loin de chez lui et où il pourra se rendre pour en voir.
À ceux qui s’intéressent aux phares et aux riches réalités historiques qu’ils évoquent, je dis que je ne prétends pas que mes collègues de la Saskatchewan trouveront sur ce site plein de choses qui les touchent de près, mais il demeure que l’offre est faite à tous de se faire une idée de ce qu’il en est de cette réalité où que ce soit au Canada, de la région des Grands Lacs jusque dans l’Arctique.
Il faut se pencher sur la question des phares. Il y a deux récents exemples à Terre-Neuve-et-Labrador tirés des listes du Répertoire des lieux patrimoniaux du Canada qui font état d'autres édifices associés aux phares. Je m'en voudrais de ne pas mentionner celui qui est situé dans ma propre circonscription, c'est-à-dire le phare de Long Point, à Crow Head. Il vient d'être désigné phare patrimonial en décembre 2006.
J'aimerais également souligner un aspect mentionné par mon collègue de lorsqu'il a parlé des sommes disponibles. J'invite le gouvernement actuel et ses successeurs, peu importe leur affiliation politique, à envisager la mise sur pied d'un fonds pour les phares patrimoniaux.
Je suis conscient des limites. Je comprends l'ampleur de la tâche que plus de 500 phares représentent. Par contre, comme mes collègues conservateurs l'ont mentionné, il faut faire quelque chose pour protéger les phares. Ils sont les témoins de notre passé.
Je vais également parler du phare du cap Bonavista — un autre qui a été construit au début des années 1800 — et de son évolution au fil des ans. Avec le temps, ce phare a joué un rôle très important sur la côte nord-est. Il ne relève pas des compétences fédérales; c'est un phare provincial. Par contre, depuis quand les champs de compétence ont-ils une incidence lorsqu'il est question des phares et de la protection de notre culture? C'est une question importante pour tous les députés.
Dans le cadre du processus entourant le projet de loi , le ministère des Pêches et des Océans et Environnement Canada ont évalué qu'il y avait 750 phares au Canada qui recevraient du financement conformément aux dispositions du projet de loi. On présume que c'est le chiffre qui a été utilisé lors de l'analyse des coûts réalisée par ces ministères. Cependant, le 7 décembre 2006, pendant les audiences sur le projet de loi S-220 mené par le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans, on a souligné que seulement 3 p. 100 des phares du Canada profitaient d'une véritable protection patrimoniale et que seulement 12 p. 100 profitaient d'une protection partielle. Ces protections pourraient s'appliquer à 583 de ces phares. Ce sont des chiffres que nous devrions garder à l'esprit lorsque ce projet de loi sera mis aux voix. J'espère obtenir l'appui de tous les députés de la Chambre.
Pourquoi est-il nécessaire de protéger les phares patrimoniaux? Il incombe au gouvernement du Canada d'examiner, de reconnaître, de protéger et d'entretenir un nombre important d'édifices patrimoniaux, un objectif auquel devraient se rallier tous les députés de tous les ordres de gouvernement.
Aujourd'hui, par exemple, beaucoup d'argent et d'attention est accordé aux gares ferroviaires partout au pays en raison de la place qu'elles occupent dans le patrimoine. En fait, nous avons davantage de phares désignés que de gares ferroviaires qui le sont. Il y a des décennies, le gouvernement a adopté une politique en vertu de laquelle il allait reconnaître et soutenir les gares ferroviaires à des fins patrimoniales. À ce jour, le gouvernement fédéral a désigné 166 gares patrimoniales.
Mettons ces éléments en perspective et comparons-les. Les phares sont un rappel du passé et on pourrait en dire autant des trains et des gares ferroviaires. Il faut effectivement quelque chose de semblable en l'occurrence.
Parmi les autres exemples que nous pourrions reprendre, il y a le phare du cap de Sable, en Nouvelle-Écosse, celui de l'île Sambro en Nouvelle-Écosse, qui fonctionne à l'acétylène, et Estevan Point, en Colombie-Britannique. C'est un endroit merveilleux qui attire beaucoup de gens sur le littoral, des gens qui veulent se faire une idée de l'histoire et de la culture des lieux. Je félicite tous les participants.
Le projet de loi est nécessaire, lui aussi. Il y a trois éléments que je vais faire ressortir et c'est surtout pour cela que nous appuyons ce projet de loi aujourd'hui. Premièrement, il vise à donner à la population voix au chapitre en matière de protection des phares patrimoniaux. Deuxièmement, il cherche à mettre en place un mécanisme systématique et juridiquement contraignant en vue de la reconnaissance et de la protection des phares qui appartiennent actuellement au gouvernement fédéral et sont exploités par lui. Voilà le motif de notre présence aujourd'hui. Troisièmement, nous devrions donner une occasion de consultations publiques avant qu'on n'autorise l'enlèvement, la modification, la démolition, la vente, la cession ou l'aliénation d'un phare patrimonial. C'est là un volet tout à fait nécessaire.
Le projet de loi constitue une très importante première étape de ce processus. Il faut s'occuper du financement. En fait, je suis d'avis que, peut-être, le Comité permanent des pêches et des océans pourrait examiner cet aspect de la question, s'il ne l'a pas déjà fait. Peut-être que mon collègue peut attirer l'attention là-dessus. Il a davantage d'expérience que moi au comité.
Je vous suis reconnaissant des propos que vous avez tenus ici aujourd'hui. Je suis reconnaissant à la sénatrice Carney pour les efforts qu'elle a déployés. Effectivement, c'est une initiative que nous pouvons aisément appuyer et nous le faisons avec un grand enthousiasme.
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Monsieur le Président, compte tenu du discours que j'ai entendu, je ne voudrais que nous nous empêchions d'avoir beaucoup de sympathie entre nous. Je comprends très bien qu'au Comité permanent des pêches et des océans, nous travaillons sur une base collégiale, dans le sens du mieux-être de ceux qu'on défend. C'est dans le même sens que je vais intervenir aujourd'hui, relativement au dossier des phares patrimoniaux.
Par contre, à la limite, j'irai à contre-courant de ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant parce que le Bloc n'a pas l'intention d'appuyer le projet de loi , pour différentes raisons que j'expliquerai au cours des prochaines minutes.
Comme je le mentionnais lorsque j'ai posée une question plus tôt, c'est aberrant de s'apercevoir que, finalement, le ministère des Pêches et des Océans, dans sa grande sagesse, a imaginé une solution à l'abandon des phares et à la situation difficile dans ces endroits.
Le ministère a imaginé qu'un projet de loi comme celui-là permettrait de choisir au hasard, et à la limite suivant une certaine forme de consultations publiques, qu'un phare à tel endroit serait protégé. Si cette envie de collaborer dans ce sens n'est pas manifeste, le phare en question risque tout simplement de disparaître et d'être démantelé, faute de fonds, comme je l'ai bien entendu dire par le député conservateur.
Je sais très bien qu'actuellement, la situation est telle que les ports pour petits bateaux ne sont pas entretenus comme ils devraient l'être. Vous connaissez comme moi le montant d'argent nécessaire non pas pour remettre à neuf, mais pour remettre à niveau tous les quais jugés essentiels. En effet, si on s'amurait à examiner adéquatement la situation, on s'apercevrait qu'il y a des quais jugés essentiels par le ministère des Pêches et des Océans et qu'il y a les autres quais, en général. En ce sens, ces derniers sont beaucoup plus nombreux que les quais jugés essentiels.
Les derniers chiffres témoignent que 470 millions de dollars sont nécessaires pour remettre les quais en état. J'ai l'impression que le montant réel est beaucoup plus élevé, car ce montant date de 2005 ou 2006, si je ne me trompe. Nous sommes en 2007. Or vous savez comme moi qu'à chaque tempête automnale ou autre, ou encore lorsqu'il y a un peu plus de vagues, le quai se détruit davantage. À partir du moment où un quai commence à se détériorer, cela ne prend pas grand temps pour qu'il se dégrade davantage. Par conséquent, les montants d'argent qu'on devrait réengager dans ce dossier sont exponentiels.
On s'aperçoit donc que le dossier des ports pour petits bateaux est dans une situation grave, et c'est un domaine de responsabilité fédérale.
Chaque fois, faute d'argent, la solution qu'on trouve, c'est de s'en remettre à des personnes bénévoles qui font partie d'administrations portuaires. À la limite, l'autre solution consiste à installer tout simplement des clôtures autour desdits quais. C'est totalement irresponsable, de la part d'un gouvernement quel qu'il soit, d'agir ainsi.
Il y a un danger lié au projet de loi présenté aujourd'hui. En effet, on nous annonce tout de go, tout de suite et, à la limite, à visière levée, qu'il n'y aura pas plus d'argent dans le budget pour les phares patrimoniaux. Par contre, on va créer une sorte de comité pour mener des consultations publiques, sans garantie. Éventuellement, le ministre se réservera le droit de décider que tel phare, considéré par une certaine communauté comme important et patrimonial, sera classé, et qu'un autre ne le sera pas nécessairement. Après, on nous promet qu'il y aura de l'argent, comme par magie, pour entretenir ces phares jugés patrimoniaux.
Je suis prêt à faire des exercices de foi, mais à ce point-là, non. Je ne veux pas être aveugle.
Je veux être responsable et rigoureux. D'une part, être responsable et rigoureux, cela veut dire qu'en ce qui a trait aux phares patrimoniaux, ce n'est pas un projet de loi qui réglera les responsabilités du ministère des Pêches et des Océans dans ce dossier. Ce n'est pas un projet de loi de cette nature.
Il faudrait plutôt des fonds supplémentaires lorsqu'on a des installations comme des phares, des ports pour petits bateaux ou d'autres installations comme des quais. J'ai plutôt l'impression, compte tenu que le passé est garant de l'avenir, que le projet de loi vise davantage à camoufler la triste réalité et, éventuellement, à donner des outils au ministère pour ne pas bouger. De plus, tout cela se fait en prétextant qu'on veut classer des biens culturels. D'ailleurs, à ce sujet, j'aurais apprécié que le travail soit fait en collaboration avec le gouvernement du Québec. Qu'il soit majoritaire ou minoritaire n'est pas la question. À la limite, le gouvernement du Québec devrait être considéré lorsqu'on est en présence de situations où des biens — notamment des phares — pourraient devenir des biens culturels. Qu'arrivera-t-il à ces phares par la suite?
À partir du moment où on trouve quelque part une communauté qui s'intéresse à un phare, cela veut-il dire que la communauté devra faire des efforts financiers immenses pour réussir à trouver de l'argent afin de remettre en état le phare dont il est question? Finalement, on s'apercevra que bien qu'il y ait un projet de loi, il n'y a pas d'argent. Ainsi, on demandera un effort encore plus surhumain à ces bénévoles qui veulent protéger un bien culturel et se disent intéressés à faire quelque chose avec un phare jugé patrimonial.
Au bout du compte, on s'apercevra que, faute d'argent et faute de véritable volonté politique, ces gens sont laissés à eux-mêmes. Au départ, cette situation relève d'une responsabilité fédérale. Il n'est pas question de phares qui sont sous d'autres juridictions. Ce sont des phares qui appartiennent au ministère des Pêches et des Océans. Pour ce qui est de la protection des compétences, cette responsabilité est à 100 p. 100 celle du ministère des Pêches et des Océans.
Il y a un autre élément qui mérite d'être souligné. On se retrouvera éventuellement dans une situation où il faudrait décontaminer le phare. Je parle du phare, mais à la limite, je parle des installations situées tout près du phare.
On sait que le mercure a beaucoup été utilisé. Cette grande utilisation a fait en sorte que les phares ont pu se retrouver sur des sites qui sont contaminés. Qu'arrivera-t-il avec cela? Est-ce que cela veut dire qu'on demandera un autre effort supplémentaire aux bénévoles et à la communauté pour faire en sorte que la responsabilité dite fédérale de pourvoir à une installation dite patrimoniale soit assumée? On déplace le problème dans la cour des bénévoles et des communautés côtières. À cause de leur attachement au phare patrimonial, ils feront tout pour le protéger. La décontamination du site peut coûter 600 000 $, 1 million de dollars, 1,5 million de dollars ou 2 millions de dollars. C'est dans une telle situation qu'on pourra se retrouver.
Pour cette raison, je crois que le projet de loi actuellement devant nous ne répond malheureusement pas à nos attentes. Il ne va pas absolument à contre-courant, mais il faut être rigoureux et responsable. Je n'ai pas la prétention de dire qu'on détient la vérité, mais je pense que dans le dossier des phares patrimoniaux, malheureusement, compte tenu de la façon dont le ministère dirige l'autre dossier sous sa responsabilité, soit celui des ports pour petits bateaux, on est loin de pouvoir véritablement lui faire confiance en ce qui a trait à une responsabilité qui lui appartient, soit d'entretenir correctement des installations qui lui appartiennent. En ce sens, nous voterons contre ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de South Shore--St. Margaret's ainsi que la sénatrice Pat Carney et le regretté sénateur Forrestall de l'excellent travail qu'ils ont accompli pendant de nombreuses années afin de projeter ce dossier à l'avant-plan.
Le projet de loi est une compilation de plusieurs projets de loi qui ont été présentés non seulement à la Chambre, mais aussi au Sénat. Mon collègue de South Shore--St. Margaret's a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire à ce sujet, tout comme moi d'ailleurs. La sénatrice Carney a pour sa part déployé d'incroyables efforts pour que le projet de loi puisse être adopté par le Sénat et renvoyé à la Chambre en vue du présent débat.
Je comprends certaines des craintes exprimées par mon collègue du Bloc québécois. Toutefois, je puis lui assurer que le projet de loi serait très bénéfique, non seulement pour le patrimoine du Québec, mais aussi pour l'ensemble du pays.
Y a-t-il quelques préoccupations? Tous les projets de loi suscitent des préoccupations. Comme l'a si bien dit le président du comité, si nous pouvons faire en sorte que le projet de loi soit renvoyé au comité, nous pourrons ensuite nous pencher sur ces préoccupations de façon pragmatique et recueillir l'opinion de personnes provenant des quatre coins du pays. Nous pourrons consulter les fonctionnaires du ministère, des gens des diverses provinces et probablement les groupes de défense du patrimoine qui insistent pour prendre à leur charge la gestion de ces phares. Nous croyons que cette situation serait avantageuse pour tout le monde, et ce, à de nombreux égards.
Le gouvernement fédéral est libre d'automatiser ses activités. Toutefois, en raison des moyens technologiques dont nous disposons de nos jours, un grand nombre de phares sont devenus inutiles; leur structure conserve néanmoins une valeur historique, non seulement pour nous dans les provinces de l'Atlantique, mais pour tous les Canadiens. Chaque fois que l'un de ces phares est démoli, que ce soit par les intempéries ou dans une tentative délibérée de notre part pour le supprimer, nous perdons un témoin de notre histoire.
J'ai eu le privilège d'habiter sur les deux côtes de ce magnifique pays et j'ai vu bien des phares. Quel plaisir de pique-niquer à proximité d'un phare et d'imaginer comment c'était il y a 100 ou 200 ans, à l'époque où les marins transportaient leur cargaison et comptaient sur le phare, leur lueur d'espoir, pour les mener à bon port.
Les phares ont inspiré bien des histoires et de nombreux aspects de notre folklore. Il est vrai que nous donnons une tournure romantique à ce débat en particulier, mais nous estimons que cette question est d'une grande importance. Tout comme d'autres bâtiments historiques au Canada, comme les silos dans les Prairies ou les gares ferroviaires et bien d'autres choses, les phares ont joué un rôle important dans la vie de nos ancêtres.
Nous ne demandons pas que chaque phare soit protégé. Nous ne demandons pas que chacun soit désigné comme faisant partie du patrimoine. Cela serait financièrement malavisé et irresponsable. Nous demandons que les phares ayant une valeur historique pour le pays soient protégés. Les spécialistes de l'Institut du Dominion et bien d'autres peuvent indiquer lesquels entrent dans cette catégorie.
Nous savons que les gens du ministère du Patrimoine canadien, du ministère des Pêches et des Océans, d’Environnement Canada, de la Garde côtière, etc., connaissent bien le sujet. Ils pourraient signaler les phares qui méritent une protection spéciale de cette nature. Nous croyons qu’en fin de compte, ce serait raisonnable sur le plan financier. Nous savons aussi qu’un grand nombre de ces phares ont subi les effets de la pollution et qu’ils doivent être nettoyés.
Comme l'a dit mon collègue, qui a l’honneur de résider dans la circonscription de South Shore--St. Margaret's, sur la route des phares, il est incroyable de voir le nombre de touristes du montre entier qui visitent des régions comme Peggy's Cove, cap Fourchu, cap Spear, à Terre-Neuve, et l'île de Langara, sur la côte ouest et qui se font photographier près de ce que nous comparons parfois à un sucre d’orge ou une enseigne de barbier. Un grand nombre de ces phares sont également poivre et sel. Ces phares sont absolument fantastiques. Il est absolument fantastique de les explorer, de les regarder et de s’informer de leur histoire. Lorsque nous parlons à des groupes de bénévoles des communautés qui sont attachées à ces phares, ils nous font part de leur désir de les conserver.
L’amour pour ces phares et leur signification historique est une chose que nous devrions mieux comprendre en tant qu’élus. Nous devrions également essayer d’aider les groupes de bénévoles à préserver ces phares à perpétuité.
Le but de ce projet de loi est de faciliter la cession de ces phares à des groupes sans but lucratif, de préférence au sein de la collectivité, afin que l’intégrité et l’histoire de ces structures puissent être préservées pour les générations futures.
Chaque fois que nous perdons un élément de notre patrimoine, c’est une perte pour nous tous. Je sais que mon collègue de Halifax appuie vivement le projet de loi. Je tiens à dire à mon collègue, qui est également le président de notre comité, que le Nouveau Parti démocratique fédéral soutient cette initiative, ainsi que les partis provinciaux de tout le pays.
Pour ce qui est des préoccupations dont il juge nécessaire de discuter, je suis certain que nous pourrons en parler de façon très pragmatique au sein de notre comité.
Je rappelle à la Chambre que, comme on l’a déjà mentionné, même si les membres du Comité permanent des pêches et des océans ne sont pas nécessairement d’accord sur tout, en réalité, je siège à ce comité depuis 1997 et nous avons produit de nombreux rapports sur tous les aspects des pêches. Je crois que nous pouvons travailler dans un esprit de collégialité pour faire avancer très rapidement ce dossier.
Ce serait vraiment rendre hommage à un véritable ami de la Nouvelle-Écosse qui a été pendant longtemps au service du Sénat, de la Chambre et du Canada, le regretté sénateur Mike Forrestall. C’était un homme bien. C’est une question qui lui tenait particulièrement à coeur. Nous croyons que cette mesure serait un bon hommage à lui rendre.
Nous croyons que c’est une initiative raisonnable du point de vue financier. Nous croyons que les prochains budgets permettront de la financer. Nous croyons que la Chambre des communes peut, une fois pour toutes, adopter une loi sur les phares patrimoniaux afin que les groupes comme l’Institut du Dominion et les divers groupes des différentes provinces, des territoires et du pays, puissent dire en toute sincérité que nous avons travaillé comme le Parlement en a le devoir pour régler cette question, à l’unanimité je l'espère.
Je suis certain qu’il sera également possible de résoudre en comité les préoccupations du député du Bloc. J’ai hâte que nous le fassions.
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Monsieur le Président, l'émerveillement et le respect que nous inspire le souvenir des efforts humains qui ont permis de poser les fondations de notre pays suscitent en nous le profond désir d'assurer la préservation des lieux, des objets et des ouvrages historiques. Il nous encourage à vouloir partager ces expériences avec nos familles et à garantir que les générations futures pourront également en profiter. Il nous motive à assurer la protection des aires naturelles et la commémoration des lieux historiques, ce qui est une priorité nationale.
Ces aires et ces sites symbolisent notre identité nationale. Ils caractérisent la façon dont nous nous percevons nous-mêmes et la façon dont les autres nous perçoivent comme nation. Les efforts que nous déployons à leur égard montrent au monde que nous respectons les trésors naturels et culturels de portée nationale et internationale dont nous avons hérité et qu'ils nous tiennent à coeur.
Voilà l'esprit du projet de loi . Il reflète ce que beaucoup de Canadiens ressentent quand ils se dirigent vers la mer et aperçoivent un phare. Les phares font partie de l'histoire du Canada. Ils ont assuré la sécurité tant sur l'eau qu'à l'amarrage de dizaines de milliers de pêcheurs, de membres d'équipage, de passagers et d'immigrants. Ces lieux patrimoniaux spéciaux sont pour nous une source d'inspiration et de connaissances, ce qui justifie amplement nos efforts pour les protéger et les commémorer.
Le Canada possède un réseau de classe mondiale de lieux patrimoniaux et de programmes conçus pour assurer la préservation des plus exceptionnels trésors de notre pays. Ce réseau comprend des lieux historiques nationaux, des parcs nationaux, des rivières patrimoniales, des canaux historiques, des aires marines de conservation, des gares ferroviaires patrimoniales et des bâtiments à valeur patrimoniale, notamment des phares. Ces lieux spéciaux offrent aux Canadiens de formidables possibilités de se renseigner sur notre riche patrimoine et de mieux le connaître. Ces lieux font partie intégrante de ce que nous sommes et non simplement de ce que nous avons été.
La Direction générale des lieux historiques nationaux de Parcs Canada est responsable du programme canadien de commémoration historique, qui sert à reconnaître les lieux, les personnes et les événements d’importance nationale.
Le désigne les lieux historiques nationaux sur les conseils de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada ainsi que les édifices fédéraux à valeur patrimoniale évalués par le Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine et un comité consultatif interministériel.
Plus de 100 phares ont été désignés lieux historiques nationaux ou classés ou reconnus comme immeubles fédéraux du patrimoine. Il y a d’autres types d’immeubles du patrimoine, tels les anciens bureaux de postes et les manèges militaires. Je vais vous citer quelques exemples de ces précieux points d’intérêt de l’histoire canadienne.
Le premier phare sur le Saint-Laurent et troisième plus ancien du Canada a été érigé sur l’île Verte en face du fjord du Saguenay. Le phare de l’île Verte a été allumé pour la première fois en 1809. Il est demeuré le seul phare sur le majestueux Saint-Laurent pendant les 21 années qui suivirent.
Aujourd’hui, la maison privée du gardien du phare a été transformée en gîte touristique. Chaque année, des milliers de visiteurs des quatre coins du Canada, d’ailleurs en Amérique du Nord et de l’Europe peuvent séjourner quelque temps dans ce légendaire lieu historique et se renseigner sur l’histoire du Canada.
Le phare de la pointe Gibraltar, érigé en 1808, est le plus vieux encore existant de la région des Grands Lacs. La tour de calcaire, qui mesurait à l’origine 67 pieds, a été allongée de 15 pieds en 1832. Ce phare n’est plus en service, mais la ville de Toronto l’a préservé en tant que monument historique.
Situé sur le lac Huron, le phare de la pointe Clark a été construit entre 1855 et 1859. Il commémore le rôle essentiel des phares dans la navigation sur les Grands Lacs. Ce phare de 87 pieds, en calcaire, couronné d’une lanterne dodécagonale à structure en fonte, est représentatif des six phares impériaux construits dans la région, un style plutôt rare ailleurs au Canada. Le phare de pointe Clark est l’un des monuments historiques nationaux du Canada. Le canton de Huron, qui a conclu une entente avec Parcs Canada, voit à l’exploitation du musée logé dans le domicile du gardien.
Le phare de Fisgard est une tour circulaire en briques de 56 pieds de hauteur à laquelle est rattachée une habitation. Il a été construit en 1860 à l’entrée du port d’Esquimalt. Tout comme le phare de Race Rock, il a été parmi les premiers éléments fixes d’aide à la navigation sur la côte pacifique du Canada. Bien que ce phare fonctionne encore, Parcs Canada en a fait un lieu historique. L’ancienne maison du gardien du phare renferme aujourd’hui des objets d’exposition et une station vidéo.
Il ne fait pas de doute que les phares sont importants pour les Canadiens. Ils résistent aux vents, aux marées et aux tempêtes. Ils sont un symbole de force, de résistance, de courage et débrouillardise.
Mais ils ne sont pas les seuls immeubles patrimoniaux qui méritent d'être protégés. Les lieux historiques nationaux représentent des milliers d'années d'histoire humaine et des centaines d'années d'édification du pays. Ils sont représentatifs de la diversité du patrimoine historique du Canada.
Il y a des lieux historiques dans toutes les régions du pays. Chacun des lieux historiques nationaux raconte une parcelle de l'histoire générale du Canada et nous permet de mieux comprendre le Canada dans son ensemble. Chacun des lieux historiques fait partie d'un système qui raconte l'histoire du développement du Canada comme pays.
Dans son rapport de novembre 2003 sur la protection du patrimoine culturel au gouvernement fédéral, la vérificatrice générale a mis en doute la protection de nombreux exemples du même genre d'immeubles, les phares notamment. Dans un rapport de suivi rendu public en février 2007, la vérificatrice générale a réitéré quelques importantes recommandations, y compris la nécessité de renforcer le régime de conservation du patrimoine bâti.
En vertu de sa loi constitutive, l'Agence Parcs Canada est responsable des programmes relatifs au patrimoine bâti et des lieux historiques du Canada. Parmi les objectifs de l'agence, on compte le maintien de l'intégrité commémorative des lieux historiques nationaux et la conservation du caractère patrimonial des immeubles patrimoniaux fédéraux.
Les processus adoptés par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada pour le choix des lieux historiques nationaux et par le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine pour l'évaluation des lieux patrimoniaux fédéraux se fondent sur des critères de sélection reconnus et une recherche approfondie. Ils visent à protéger les exemples les plus représentatifs du patrimoine culturel canadien dans toutes les catégories du patrimoine bâti et non une seule.
Bref, la protection de notre patrimoine bâti est une question de choix. Quels lieux historiques choisirons-nous de protéger? Quels moyens mettrons-nous en oeuvre? Comment ces activités seront-elles financées?
Ainsi que nous l'avons entendu aujourd'hui, ce ne sont pas tous les vieux immeubles qui peuvent être protégés. Les choix ne sont jamais faciles à faire, mais ils sont devenus d'une importance capitale pour l'élaboration de stratégies en matière de protection. Nous devons faire des choix judicieux dans la désignation des immeubles patrimoniaux et nous assurer de disposer des moyens voulus pour assurer leur conservation pour tous les Canadiens d'aujourd'hui et de demain.
Nous voulons examiner attentivement le projet de loi . Je félicite la sénatrice Carney de l'autre endroit et le député de d'avoir présenté cette question pour susciter cet important débat. J'invite tous les députés à prendre part au débat sur cette question.