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Monsieur le Président, je suis ravie de présenter le projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Ce projet de loi renferme un certain nombre de modifications au régime de la taxe de vente du Canada.
Bien que les modifications soient en grande partie administratives, le projet de loi reflète l'objectif du nouveau gouvernement du Canada d'accroître l'équité de notre régime fiscal et de veiller à ce qu'il fonctionne sans heurts, tant pour les particuliers que pour les sociétés.
En gardant cet objectif à l'esprit, en novembre dernier, parallèlement à la mise à jour économique et financière, nous avons annoncé Avantage Canada, un plan économique qui vise à offrir au Canada et aux Canadiens les avantages clés dont ils ont besoin pour exercer une concurrence aujourd'hui et pour réussir demain.
Avant d'aborder les particularités du projet de loi , je crois qu'il est prudent de rappeler aux députés les éléments clés de notre plan, qui a été mis en oeuvre dans le budget de 2007. Le plan vise à créer cinq avantages clés, dont un avantage fiscal.
Le gouvernement veut offrir de nouvelles possibilités et des choix aux Canadiens. La réduction des taxes et des impôts et la création d'un avantage fiscal à l'intention des Canadiens contribueront à atteindre cet objectif. Cela aidera également à retenir nos travailleurs les plus compétents ici, au Canada, de même qu'à attirer les gens dont notre pays a besoin pour bâtir une économie vigoureuse au cours du XXIe siècle. Tout cela commence par l'allégement du fardeau fiscal.
Avant d'arriver au pouvoir, et pratiquement chaque jour depuis, nous avons affirmé que les Canadiens payaient tout simplement trop d'impôt par rapport aux autres pays avec lesquels nous sommes en compétition pour attirer la main-d'oeuvre qualifiée et les investissements étrangers. Nous avons donc décidé d'agir.
Dans notre premier budget, déposé en mai dernier, et au cours des mois qui ont suivi, le nouveau gouvernement du Canada a commencé à réduire les impôts. Nous avons réduit la TPS. Nous avons augmenté le montant que les Canadiens peuvent gagner sans avoir à payer d'impôt fédéral en réduisant de façon permanente le taux inférieur. Nous avons mis en place le nouveau crédit d'impôt canadien pour emploi ainsi que nombre de mesures ciblées d'allégement fiscal.
Le plan d'équité fiscale annoncé en octobre dernier est allé encore plus loin pour les aînés du Canada. Nous avons augmenté de 1 000 $ le crédit en fonction de l'âge et nous avons introduit le partage des revenus de pension pour augmenter les retombées de l'épargne-retraite.
Le budget de 2006 et notre plan d'équité fiscale ont grandement contribué à remettre notre pays sur la bonne voie et à créer un avantage fiscal pour le Canada.
Nous devons aller encore plus loin, et c'est ce que nous avons fait grâce au budget de 2007. Pour créer un avantage fiscal encore plus grand pour le Canada et les Canadiens au cours des prochaines années, nous avons réduit encore plus les impôts. Le budget de 2007 était profitable aux Canadiens puisqu'il accordait de véritables allégements fiscaux aux familles de travailleurs.
Le projet de loi favoriserait la création d'un avantage fiscal canadien. Il améliorerait l'équité et l'efficacité du système de taxe de vente et faciliterait l'observation des règles et la gestion tant pour les entreprises que pour le gouvernement.
Le projet de loi compte trois volets, dont le premier traite de la taxe sur les biens et services et de la taxe de vente harmonisée. La deuxième partie du projet de loi porte sur l'application des taxes sur le vin, les spiritueux et le tabac. La troisième partie vise l'application du droit pour la sécurité des passagers du transport aérien.
Parlons tout d'abord des mesures visant la TPS-TVH. Ces mesures visent principalement à améliorer le fonctionnement et l'équité de la TPS-TVH dans divers secteurs économiques.
Il est important de souligner que, dans certains cas, des ajustements ont été apportés à la loi au fil du temps en réponse aux commentaires des milieux des finances et du commerce. Nous en avons pris bonne note.
Les principales mesures visant la TPS-TVH touchent des secteurs importants pour les Canadiens. Un de ces secteurs est la santé. Les Canadiens savent que notre système de santé est un des meilleurs au monde, mais nous devons continuer de travailler pour qu'il continue de répondre aux besoins des Canadiens.
Le projet de loi contient un certain nombre de mesures visant à améliorer notre système de santé. Par exemple, le projet de loi rendrait permanente l'exonération de TPS-TVH pour les services d'orthophonie. Le projet de loi propose également d'ajouter les services des travailleurs sociaux à la liste des services de santé exonérés de TPS-TVH.
Ces modifications sont conformes aux critères d'inclusion d'un service de santé particulier dans la liste des services exonérés de la TPS/TVH dans toutes les provinces, selon la politique gouvernementale.
Les critères sont les suivants. D'abord, si le service est remboursé par le régime public d'une province, il est exonéré dans cette province. Ensuite, si un service est remboursé par le régime public de plusieurs provinces, il est exonéré dans toutes les provinces. Enfin, si une profession est réglementée à titre de profession de la santé dans au moins cinq provinces, les services de ceux qui l'exercent sont exonérés dans toutes les provinces.
Le nouveau gouvernement du Canada est également très conscient des difficultés auxquelles sont confrontées les personnes handicapées. Le budget de 2006 applique intégralement toutes les recommandations du comité consultatif technique sur les mesures fiscales pour les personnes handicapées, et va même plus loin.
Dans le même esprit, le projet de loi propose d'élargir la définition du type de véhicules spécialement équipés pour les personnes handicapées donnant droit à un remboursement de TPS/TVH. Grâce à cette mesure, ces personnes pourront participer pleinement à la société canadienne. De plus, cette mesure est la preuve de l'engagement du gouvernement à veiller à ce que tous les Canadiens soient traités de manière juste et équitable.
En outre, au chapitre de la santé, le projet de loi propose d'exonérer de la taxe de vente l'importation et la vente de succédané de sang appelé expanseur du volume plasmatique. Il rétablirait également la détaxation d'un groupe de médicaments utilisés couramment pour traiter un éventail de troubles, dont les crises d'épilepsie, l'anxiété et l'alcoolisme.
Les mesures proposées dans ce projet de loi illustrent l'engagement du gouvernement à veiller à ce que les Canadiens continuent d'avoir rapidement accès à des soins de santé de qualité.
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, nous avons bien précisé que le nouveau gouvernement du Canada avait la ferme intention de réduire les impôts des particuliers aussi bien que ceux des entreprises du Canada.
En plus de dissuader les investisseurs, les impôts élevés nuisent à la prospérité des entreprises. Cependant, il y a plus. Les entreprises ont besoin, non pas d'un gouvernement interventionniste, mais d'un gouvernement qui se tient à l'écart et les laisse libres de faire ce qu'elles font le mieux: investir, croître et créer des emplois.
Dans le budget de 2007, on propose de réduire l'incidence des formalités administratives du gouvernement fédéral sur les petites entreprises de 20 p. 100 d'ici novembre 2008. On y propose également de réduire le fardeau de l'observation des règles fiscales pour les petites entreprises en diminuant la fréquence des versements et des rapports d'impôt.
Les mesures contenues dans le projet de loi reflètent ces intentions. Elles sont d'ordre technique et je n'entrerai pas dans les détails à ce stade. Cependant, je puis dire que ces mesures faciliteraient l'observation fiscale pour une vaste gamme d'entreprises et d'autres organisations en aplanissant des obstacles d'ordre technique et en simplifiant l'observation des dispositions législatives visant la TPS et la TVH. Également, le projet de loi vient préciser et confirmer les orientations du gouvernement.
La deuxième partie du projet de loi a trait aux mesures touchant le droit d'accise, à savoir les mesures qui ont trait à l'alcool et aux produits du tabac. Elles viendraient modifier la Loi de 2001 sur l'accise pour assurer la mise en oeuvre de changements mineurs qui amélioreraient son fonctionnement et refléteraient plus exactement les pratiques actuelles des entreprises et des administrations.
Le projet de loi assurerait également la mise en oeuvre de modifications connexes et corrélatives de la Loi sur l'accès à l'information, de la Loi sur les douanes, du Tarif des douanes et de la Loi sur la taxe d'accise.
Voici un résumé des principales mesures concernant la Loi de 2001 sur l'accise qui sont prévues dans le projet de loi: tout d'abord, pour ce qui est du tabac, le projet de loi étend l'obligation de préciser l'origine des produits du tabac à tous les produits, y compris ceux vendus dans les boutiques hors taxes ou destinés à l'exportation, conformément au traité international intitulé Convention-cadre de lutte contre le tabagisme.
Le projet de loi précise également quels sont les produits du tabac qui peuvent être destinés au marché d'exportation ou au marché intérieur hors taxe. Par exemple, les cigarettes, les bâtonnets de tabac, le tabac haché fin et les cigares peuvent être fournis sur ces marchés mais le tabac en feuilles emballé ne peut l'être.
Comme les députés le savent peut-être, il faut une licence de spiritueux pour produire des produits alcooliques à l'aide d'un alambic. Dans certains cas cependant, des laboratoires privés, des sociétés provinciales des alcools et des producteurs de vin utilisent un alambic pour produire des spiritueux à des fins d'analyse de substances contenant de l'alcool éthylique. Le projet de loi C-40 autoriserait de telles entités à posséder un alambic ou un appareil semblable à des fins d'analyse sans être titulaires de licence de spiritueux.
Afin de limiter les possibilités de posséder de l'alcool non acquitté, le projet de loi exigerait aussi que ces intéressés détruisent ces spiritueux ou en disposent une fois que l'analyse est terminée.
Un autre amendement proposé à la loi reporterait, pour certains petits producteurs qui vendent du vin en consignation dans les magasins de vente au détail, le paiement du droit jusqu'à ce que le vin soit vendu.
Le projet de loi comporte aussi un certain nombre de mesures administratives. Une de ces mesures a trait à l'échange d'information entre le Canada et les gouvernements étrangers. Plus précisément, le projet de loi autoriserait le à échanger de l’information sur les droits d’accise avec des gouvernements étrangers signataires de la Convention concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale.
Une autre mesure relative à l'échange d'information accorde un pouvoir discrétionnaire au statisticien en chef du Canada et l’autorise à fournir aux provinces des données statistiques sur les activités d’entreprise. Cette mesure est semblable à une disposition de la Loi de l'impôt sur le revenu.
La troisième et dernière partie du projet de loi concerne le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien. L'une des principales mesures à ce chapitre est une réduction du droit relatif aux vols donnés par un transporteur à un organisme de bienfaisance enregistré qui organise des vols gratuits dans le cadre de ses activités. Cela signifie que certains organismes de bienfaisance qui organisent des services de transport aérien gratuits pour des gens qui ont besoin d'aller suivre un traitement médical et ne pourraient se payer le transport n'ont pas à payer le droit pour la sécurité des passagers. Cela inclut les vols offerts par la Fondation Canadienne Rêves d'Enfants et d'autres organismes de charité semblables qui organisent des voyages de rêve pour des enfants défavorisés sur le plan physique, mental ou social.
J'ai dit au départ que la législation sur les mesures fiscales devait être appliquée de façon constante. Cette proposition d'allégement du droit pour la sécurité des passagers dans le cas des vols offerts à des fins charitables correspond à cet objectif de constance, étant donné les autres allégements de taxes fédérales offerts à différents organismes de bienfaisance. Ces mesures sont aussi logiques compte tenu des réductions du droit pour la sécurité des passagers offertes à d'autres organismes, notamment aux services d'ambulance aérienne.
En résumé, le nouveau gouvernement du Canada comprend qu'un bon gouvernement et une bonne politique fiscale sont indissociables. Des politiques fiscales bien conçues, comme celles qui sont prévues dans ce projet de loi, sont le propre d'un gouvernement visionnaire, ce qui décrit bien le gouvernement actuel.
Nous avons une vision d'avenir et nous planifions les étapes à franchir pour bâtir une économie solide et un Canada plus confiant. En agissant ainsi, nous pourrons ensemble faire du Canada un chef de file mondial doté d'un plan économique ciblé à long terme — pas seulement pour aujourd'hui, mais pour demain également.
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Monsieur le Président, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole une fois de plus dans cette grande Chambre des débats et de la pensée novatrice.
Notre parti appuie le projet de loi . Ce projet de loi est l'évolution naturelle de la politique financière; on harmonise la taxe sur les produits et services dans certaines régions du pays. C'est une évolution naturelle, qui découle de notre expérience. Nous nous rendons compte que la politique financière ne pare pas à toutes les éventualités de la manière que nous jugeons la meilleure.
Je félicite le gouvernement d'avoir présenté un certain nombre de modifications visant l'harmonisation et la simplification et tendant à satisfaire à des exigences qui n'auraient jamais pu être envisagées dès le départ. Nous devons continuer à avoir ce genre d'attitude en ce qui concerne la modification du régime fiscal, car nous pouvons toujours tirer des leçons de notre expérience. Le régime fiscal devient ainsi un organisme vivant, un ensemble de règles vivantes.
À certains égards, je crois que le gouvernement aurait pu aller plus loin dans les modifications qu'il propose d'apporter à la taxe sur les produits et services. Je parle entre autres de l'exemption pour le logement. L'exemption initiale était de 250 000 $, mais nous savons à quel point les prix ont grimpé dans certaines villes du pays comme Vancouver, Edmonton, Calgary et Toronto.
L'idée était d'aider les nouveaux propriétaires à surmonter les difficultés associées à l'achat d'une maison en les exemptant de la TPS jusqu'à un certain niveau, mais nous n'avons jamais modifié ce niveau. Nous devrions l'ajuster, non seulement en fonction de l'inflation ordinaire, qui tourne autour de 2 p. 100 par année ou un peu plus, mais aussi d'après les taux d'inflation liés au logement dans certains marchés du pays. Je suis convaincu que le gouvernement voudra envisager ce type de changement au cours des jours et des mois à venir.
La secrétaire parlementaire a parlé d'un certain nombre d'autres mesures fiscales. Je n'hésiterai donc pas à passer du projet de loi à la politique financière générale du gouvernement.
J'aimerais seulement mentionner quelques points. Le premier correspond à ce que le gouvernement fait de la TPS en général. Il a fait passer la TPS de 7 à 6 p. 100, ce qui a coûté environ 5 milliards de dollars. L'argent aurait pu servir à rembourser la dette, à investir dans de nouvelles mesures favorisant la productivité au Canada ou à aider les plus nécessiteux du pays. Le pire, c'est que le gouvernement a compensé en augmentant l'impôt sur le revenu des particuliers de 0,5 p. 100.
Aucun économiste du pays, ni du monde par ailleurs, ne dirait que les réductions appliquées à la TPS sont préférables à des réductions des taux d'imposition des particuliers et des sociétés, lesquelles amélioreraient notre capacité concurrentielle sur la scène internationale.
Nous sommes engagés dans une course mondiale pour les capitaux. Les capitaux ne connaissent pas de frontière. Ils circulent sans difficulté partout dans le monde. Il faut pouvoir soutenir la concurrence, à moins d'être prêts à établir des limites à l'égard des mouvements de capitaux, voire des obstacles. Aucun économiste sensé ne recommanderait une telle approche. Par conséquent, pour assurer la compétitivité du Canada, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas saisi cette occasion idéale pour réduire les taux d'imposition des particuliers de même que ceux des sociétés, de façon à attirer des capitaux?
Sous la direction du précédent et de l'ancien premier ministre Jean Chrétien, le gouvernement libéral a pris une mesure fort importante. Même lorsque nous étions aux prises avec le déficit, nous cherchions des moyens d'attirer de nouveaux investissements de capitaux et les meilleurs emplois au Canada. La réduction de l'impôt des sociétés était un moyen d'y arriver et nous l'avons mis en oeuvre.
Jumelée avec celle des provinces, notre réduction visait un taux cible de 30 p. 100, par rapport à 35 p. 100 dans l'État de New York, 41 p. 100 au Michigan et 41 p. 100 en Californie.
C'était une façon responsable de créer des emplois au Canada. Sous la direction des libéraux, on a vu le taux de chômage tomber à son plus bas en 35 ans. C'est remarquable parce que nous nous rappelons tous qu'en 1990-1991, le taux de chômage avait atteint 11,4 p. 100. Le plus difficile dans ma tâche de député était de rencontrer des électeurs qui avaient perdu leur emploi, qui avaient utilisé toutes leurs économies, tous leurs REER et qui avaient perdu leur maison, leur voiture, leur estime d'eux-mêmes et, bien souvent, leur famille.
Il ne faut jamais se satisfaire d'une situation qui permet un niveau de chômage si élevé. C'est pourquoi, il faut vérifier chaque année notre compétitivité à l'échelle mondiale. La réduction de la TPS n'a pas renforcé notre position à cet égard. C'était une mesure peu judicieuse. De toute évidence, le gouvernement l'a prise dans le but de se faire du capital politique à court terme, mais les Canadiens ne sont pas bêtes. Ils savent quand on tente de les duper. Les électeurs canadiens sont très intelligents et ils reconnaissent que les meilleures décisions politiques sont toujours fondées sur les meilleures orientations gouvernementales.
J'aborderai un deuxième secteur, les fiducies de revenu, où la politique fiscale du gouvernement m'a sidéré. Certes, le n'a pas tenu parole, lui qui avait promis de ne jamais toucher aux fiducies de revenu, mais ce qui est pire, c'est que les mesures prises n'avaient pas de fondements fiscaux. Les mesures n'ont fait l'objet d'aucune étude. Le gouvernement savait-il que les investisseurs, y compris un nombre important de personnes âgées à la retraite, allaient perdre 30 milliards de dollars de leurs économies à cause des mesures qu'il a prises?
Si les conservateurs le savaient, il faut les tenir responsables. S'ils n'ont pas fait les études nécessaires pour déterminer l'impact de ces mesures sur les marchés de capitaux, il faut les tenir responsables. Pourquoi ne peuvent-ils pas avouer leur erreur? De nombreux témoins qui ont comparu devant le comité ont montré que les pertes fiscales calculées par le gouvernement étaient grandement exagérées, voire complètement irréelles. Il n'était pas nécessaire de passer de la non-imposition à une taxe de 31,5 p. 100 sur les fiducies de revenu pour en venir à bout.
Nous avons écouté ces témoins. Certains ont dit que le gouvernement faisait encore plus d'argent du fait que les distributions des fiducies de revenu étaient habituellement assujetties aux taux d'imposition plus élevés des particuliers, au lieu d'être assujetties au taux d'environ 6,2 p. 100 exigé des sociétés. Comme les députés le savent, le taux d'imposition des particuliers peut s'élever à environ 45 p. 100 au Canada et c'est pourquoi les pertes fiscales ne venaient pas de là. Il y en avait peut-être par rapport à certains non-résidents, mais si nous comparons l'équivalent d'une taxe de 6,2 p. 100 au niveau de la société de fiducie à la retenue d'impôt sur les dividendes versés aux étrangers, nous constatons dans bien des cas qu'il n'y avait pas de perte.
Ensuite, il y a les montants exemptés d'impôt, comme les fonds de pension au Canada. Il est vrai que les dividendes, ou les distributions des fiducies, versés dans la caisse de retraite n'étaient pas imposés à ce moment-là, mais ces fonds de retraite étaient rapidement remis aux particuliers au pays, car les retraités comptaient là-dessus et ils étaient à nouveau imposés au plein taux applicable aux sociétés.
Notre gouvernement libéral avait examiné la question après avoir consulté des experts, et nous étions convaincus qu'il existait un meilleur moyen. Nous préconisons de maintenir le moratoire sur la création de nouvelles fiducies pour l'instant et de prélever un impôt sur les distributions de 10 p. 100 sur les intérêts versés aux non-résidents du Canada. Cela ferait plus que compenser les pertes fiscales subies, s'il y a bel et bien eu des pertes.
Entre-temps, il faut examiner la question. Voulons-nous vraiment éliminer les produits d'investissement que sont les fiducies de revenu, elles qui offrent un taux de rendement décent à nos citoyens retraités? Quel taux obtiennent-ils lorsqu'ils investissent dans des produits bancaires ou dans des obligations d'État, 4 p. 100? Ce taux est à peine 2 p. 100 supérieur à celui de l'inflation. Comment les retraités sont-ils censés vivre de leurs épargnes lorsque le gouvernement les ampute de quelque 30 milliards de dollars?
Faites ce qui s'impose. Nous sommes disposés à étudier davantage la question. Pourquoi le gouvernement craint-il d'étudier davantage la question? Mon Dieu, est-ce un péché que de se tromper? Nous faisons tous des erreurs. Le péché, c'est de ne pas admettre qu'on a tort et de ne rien faire pour rectifier les choses. Tout le monde sait que le gouvernement a tort. Tout le monde sait que l'empereur est nu. Pourquoi le gouvernement n'admet-il pas simplement ce que tout le monde sait déjà et n'accepte-t-il pas de réexaminer la question?
Une autre politique fiscale du gouvernement qui me préoccupe grandement, c'est la déductibilité des intérêts. Selon cette politique, une entreprise ou un investisseur canadien qui emprunte de l'argent pour acquérir une entreprise étrangère afin d'accroître ses activités dans le monde et, ainsi, sa compétitivité, ne peut pas déduire les intérêts payés sur l'argent qu'il a emprunté pour acquérir les parts de cette entité étrangère.
Ce n'est pas la première fois que les Canadiens voient une telle mesure dans un budget. C'est en fait une mesure qui a été proposée il y a bien des années, à la suite de la commission Carter, par un gouvernement libéral. Nous nous demandions alors pourquoi, si les dividendes revenant au Canada n'étaient pas imposables, nous devions accorder une déduction applicable aux intérêts payés pour acquérir ces dividendes non imposables? Cette mesure est de nous, mais nous avons rapidement compris combien elle était stupide. Nous avons immédiatement fait marche arrière.
Pourquoi est-il stupide d'appliquer une telle mesure de non-déductibilité des intérêts? C'est stupide parce que nos concurrents étrangers peuvent déduire les intérêts qu'ils paient sur l'argent qu'ils empruntent pour acheter nos compagnies et des entités étrangères, pour croître et devenir puissants, pour devenir des Canadiens et des champions mondiaux face à la concurrence que nous affrontons. Cette mesure ne tient pas compte du monde réel.
Encore une fois, pourquoi le gouvernement voudrait-il désavantager les entreprises canadiennes? Pourquoi voudrait-il nuire à notre compétitivité? Pourquoi voudrait-il faire perdre des emplois au Canada, au profit de l'étranger? D'expérience, je peux même dire ce qui arrivera. C'est une mesure qu'un gouvernement canadien a déjà mise à l'épreuve auparavant, au risque de faire disparaître les sociétés transnationales canadiennes qui auraient simplement déménagé leurs opérations mondiales et leur siège social à l'extérieur du Canada.
Voilà ce dont nous avons besoin pour conserver les bons emplois dans notre pays, les emplois de haut niveau et bien rémunérés. Nous voulons garder nos sièges sociaux au Canada. Nous voulons que les champions mondiaux soient installés au Canada, car c'est là où se trouvent les meilleurs emplois.
Hong Kong est un bon exemple de ce qui s'est passé. Au début des années 1990, l'économie y était en décroissance en raison de la réintégration appréhendée à la Chine. En page couverture du magazine Fortune, on pouvait lire « Hong Kong est morte ». À cette époque, le secteur manufacturier représentait 80 p. 100 de l'économie de Hong Kong. Tous les produits de consommation portaient la mention « Fabriqué à Hong Kong ».
Aujourd'hui, Hong Kong n'est plus dans la fabrication. Son économie repose à 90 p. 100 sur les services. Ses activités de fabrication sont confiées à des sociétés affiliées établies dans le delta du fleuve des Perles, en Chine. Hong Kong abrite les sièges sociaux de sociétés multinationales, qui offrent de formidables emplois et qui génèrent beaucoup de richesse. L'endroit est en plein essor.
Nous ne devons pas avoir peur de changer. Nous devons apprivoiser le changement pour nous adapter à la mondialisation de l'économie. Sinon, nous allons laisser à d'autres les meilleurs emplois.
Voilà une autre erreur flagrante dans la politique fiscale du gouvernement. Comme je l'ai déjà dit, mon Dieu, nous sommes tous des êtres humains et nous avons tous droit à l'erreur, mais le gouvernement doit admettre cette erreur et la réparer. Nous allons collaborer avec le gouvernement pour apporter les correctifs nécessaires. Nous allons nous donner les moyens de doter le Canada d'une économie forte et concurrentielle, qui crée les meilleurs emplois, avec des champions canadiens qui font leur marque partout dans le monde.
Ne sommes-nous pas fiers des banques et des sociétés d'assurances canadiennes qui ont des bureaux dans presque un pays sur deux? Elles font flotter le drapeau canadien en terre étrangère et y assurent une présence canadienne. Elles aident des Canadiens à investir dans ces pays, à y acheter des biens et à y faire des affaires.
Nous voulons grossir les rangs de ces champions canadiens. Les mesures que préconise le gouvernement vont tout bonnement avoir pour effet d'inciter les champions canadiens à quitter le pays.
J'ai assisté à cela à l'époque de Carter, lorsque nous avons voulu imposer tous les dividendes des sociétés étrangères affiliées. Dans le cas des entités étrangères, un dollar gagné dans un endroit où les impôts sont bas, comme Singapour, serait imposé au même taux qu'un dollar gagné par une filiale dans un pays où les impôts sont élevés, comme la France, les États-Unis ou même le Canada. C'est peut-être bien beau pour un économiste, mais les gens d'affaires savent qu'ils doivent soutenir la concurrence d'autres entités là où le taux d'imposition général est celui qui est fixé par le pays où le revenu est gagné.
C'est le pays hôte où sont menées les activités qui fixe le taux d'imposition. Si une grande entreprise des États-Unis pouvait faire affaire à Hong Kong, par exemple, et payer l'impôt à un taux, disons, de 12 p. 100 tandis qu'une entreprise canadienne devrait payer l'impôt à un taux de 50 p. 100, qui l'emporterait? Qui obtiendrait les contrats? Ce serait l'entreprise américaine concurrente de l'entreprise canadienne.
Par conséquent, la politique fiscale introduite par un gouvernement il y a nombre d'années devait être modifiée de fond en comble. Grâce à cela, nous avons endigué le flot des entreprises quittant le Canada. J'exhorte le gouvernement, qui sait que c'est mal, à simplement l'admettre. Nous collaborerons avec lui pour corriger la situation.
En terminant, je tiens à dire que le projet de loi sur l'équité fiscale présenté par le gouvernement n'instaurait pas l'équité du tout. Il s'agissait d'un projet de loi attaquant la richesse. Je suis très heureux que notre porte-parole pour les questions de finances, le député de , ait adopté une position aussi ferme dans sa dénonciation pancanadienne du projet de loi sur l'équité fiscale. Nous continuerons de le dénoncer tant que nous n'obtiendrons pas justice pour toutes les personnes qui ont perdu leurs économies en raison de la bêtise du gouvernement.
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Monsieur le Président, lorsque mon collègue a commencé son intervention, il a dit « Je vais répondre à la question ». J'étais heureux car je pensais qu'il répondrait à ma question, mais non, il a répondu à sa propre question. C'est plutôt curieux en termes de transparence.
Je parlerai un peu du projet de loi qui est devant nous, soit le projet de loi . Il s'agit d'un projet de loi très technique. J'en ai déjà parlé en détail lors d'une précédente lecture de ce projet de loi. Je résumerai les raisons pour lesquelles on appuiera ce projet de loi.
On croit que le projet de loi corrige différentes lacunes qui entourent la TPS et la taxe d'accise. Le projet de loi détaxe certains services médicaux, ce qui en facilitera évidemment l'accès. Le projet de loi réduit le fardeau de taxation pour les organismes de bienfaisance, ce dont on est bien heureux. Le projet de loi contiendra des mesures pour favoriser les petits producteurs de vin, ce qui est intéressant. Il contient aussi des dispositions législatives entourant la vente et la production de tabac dans le but de faciliter la lutte contre la contrebande. Enfin, le projet de loi module la surtaxe sur la sécurité des passagers du transport aérien selon la réalité québécoise. Pour toutes ces raisons, le Bloc appuiera ce projet de loi.
Évidemment, ce projet de loi ne couvre qu'une partie de la question de la taxation au Canada. Récemment, dans le budget, il y a eu un certain nombre de mesures qui changeaient les règles de la fiscalité et qui, je l'imagine, se retrouveront bientôt devant nous. Certaines d'entre elles sont déjà à l'étude au chapitre des voies et moyens. Elles reviendront devant nous. Évidemment, elles ne sont pas dans le projet de loi . Toutefois, il y en a certaines pour lesquelles le Bloc québécois s'est battu depuis longtemps. Entre autres, il y a la question du remboursement de la TPS aux commissions scolaires. Depuis longtemps, le Bloc québécois trouve que c'était pour le moins curieux qu'un niveau de gouvernement impose une taxe à la consommation à un autre niveau d'administration, soit les commissions scolaires, qui offrent un service tellement essentiel dans notre société, soit l'éducation.
Lorsqu'on parle d'éducation, on parle de l'avenir de toute notre société. On voyait mal pourquoi on devrait imposer la TPS aux commissions scolaires. On a toujours pensé qu'il fallait rembourser cette dépense et que le gouvernement fédéral n'avait pas à prélever des impôts sur l'argent des commissions scolaires qui provient déjà d'impôts.
Les sources de revenus des commissions scolaires, c'est l'argent qui vient directement des provinces en matière d'éducation ainsi que les taxes scolaires. Payer des taxes avec des taxes était une situation assez spéciale. Depuis longtemps, le Bloc québécois s'est battu pour que cela soit corrigé. Évidemment, on était heureux de voir que le avait inséré cette correction dans son dernier budget. Par le passé, il y a eu une série de péripéties où des ordres de la Cour avaient été donnés au gouvernement libéral qui, lui, avait refusé de s'y conformer et avait modifié la loi. Or, on se retrouve maintenant dans une situation où on régularise cela. On est heureux et cela nous motive, au Bloc québécois, à continuer notre travail et à soumettre des propositions constructives au gouvernement, de mettre souvent la pression politique nécessaire parce que malheureusement les choses ne se font pas d'elles-mêmes si on n'exerce pas une pression constante sur le gouvernement. Lorsqu'on voit de tels résultats, cela démontre la pertinence et l'utilité de notre travail, même si parfois, en quelques mois, on ne voit pas de résultats immédiats. Par contre, on voit qu'au fil du temps, ce travail de fond donne des résultats.
Il y a un autre volet pour lequel on aurait aimé que le gouvernement aille de l'avant. Il ne l'a pas fait et nous continuerons de mettre de la pression. Il s'agit de la TPS sur les livres.
Au Québec, la taxe provinciale ne s'applique pas aux livres. La culture est l'un des éléments de base de notre société. On devrait considérer les livres comme notre principale source de savoir, de connaissance, de culture et d'imagination. C'est sur eux que se fonde en grande partie nos sociétés, du moins d'un point de vue culturel. On devrait encourager la production et la vente de livres. À cet égard, le Québec, qui ne taxe pas la vente au détail des livres, est exemplaire. Le Bloc québécois continuera de demander au gouvernement fédéral d'exempter les livres de la TPS.
Il y a un lien avec mon propos précédent sur l'éducation. En effet, une bonne partie des livres sont consommés — quoique le terme n'est peut-être pas le plus approprié quand on parle de culture —, sont utilisés à des fins éducatives. Il y a évidemment les manuels scolaires et pédagogiques, et beaucoup d'étudiants se servent de ces livres pour faire des recherches en littérature et dans d'autres domaines. On va continuer ce travail auprès du gouvernement. On espère pouvoir le convaincre que c'est une bonne chose et qu'on doit agir rapidement à cet sujet.
L'abolition du programme de remboursement de la TPS aux voyageurs est un autre élément de la fiscalité lié à la TPS où le gouvernement a franchement fait un mauvais coup, où il a fait une erreur. L'an dernier, le gouvernement a annoncé, comme ça, qu'il abolissait complètement le remboursement de la taxe que paient les voyageurs lorsqu'ils viennent séjourner au Canada. En repartant, ils pouvaient se faire rembourser une partie de leurs taxes. Immédiatement, le Bloc québécois a dit que ça n'avait aucun sens parce que ça allait faire mal à notre industrie touristique.
Il est parfaitement inconséquent de taxer l'industrie touristique. Il faut comprendre que l'industrie touristique en est une d'exportation. Même si les activités se font au Canada, on exporte des produits: le Québec, le Canada, les Rocheuses, notre culture, notre savoir, notre gastronomie, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, sans aucun doute. On exporte cela pour le reste du monde afin de leur faire connaître ces beautés. Aucun pays n'impose une taxe à la consommation sur ses exportations, ce qui inclut le tourisme.
Il fallait absolument revenir en arrière et ne pas instaurer cette mauvaise mesure, injustifiée d'ailleurs. Les chiffres présentés par le gouvernement ne voulaient tout simplement rien dire. À l'époque, on nous disait que seulement 3 p. 100 des voyageurs demandaient le remboursement de la TPS lorsqu'ils quittaient le Canada. Ce chiffre est biaisé. En effet, on ne tient pas compte du fait que la plupart des voyageurs voyagent en groupe, ce qu'on appelle des unités familiales. Cela peut être deux, trois ou quatre personnes. Prenons l'exemple d'une famille de quatre personnes qui retourne aux États-Unis. On peut supposer que papa, maman, fiston et sa soeur ne feront pas une réclamation différente chacun. Une seule personne de l'unité familiale fera la réclamation. Il est donc évident que tous les gens ne feront pas de demande, et cela explique en partie le chiffre de 3 p. 100 des voyageurs.
De plus, on calculait ce chiffre par rapport à tous les déplacements, y compris les déplacements de moins de 24 heures. On comprendra que beaucoup de gens n'aient pas fait de réclamation pour un voyage d'une journée, tout simplement parce qu'il n'y avait rien à réclamer. Que quelqu'un qui est venu à une réunion d'affaires, qui a dîné et qui est retourné aux États-Unis le jour même n'utilise pas ce service ne démontre pas l'inutilité du programme. Cela démontre seulement que cela ne s'applique pas à lui.
Encore une fois, le calcul était biaisé parce qu'on ne tenait pas compte du fait que la clientèle de véritables touristes visée n'était pas une personne d'affaires qui venait passer une journée chez nous ni un Américain qui traversait la frontière pour aller souper chez son beau-frère.
Ce n'est pas ça le tourisme. Ce n'est pas le but qui était recherché lorsqu'on a créé ce programme de remboursement. On visait davantage les véritables voyageurs. Pour avoir un chiffre qui nous aurait révélé un peu plus l'efficacité de ce programme, il aurait fallu mesurer la quantité d'argent effectivement réclamée par rapport à la quantité d'argent que l'ensemble des voyageurs aurait pu réclamer. Pour avoir eu la chance, avant d'être élu député, de travailler dans ce genre de chose — la mesure de productivité et d'efficacité —, cela me semble être la meilleure mesure pour vraiment connaître l'efficacité de ce programme. J'ai été à peine surpris lorsqu'au Comité permanent des finances, on m'a dit que cette mesure n'avait jamais été faite et qu'on ne connaissait pas ces valeurs. Finalement, on a pris cette décision sur une base arbitraire, sans vraiment prévoir les conséquences.
On n'a jamais évalué non plus l'impact de la chose sur le marketing. Le fait d'offrir une réduction ou un remboursement peut encourager un voyageur à choisir le Canada comme destination touristique et ce, même s'il ne fait pas effectivement la réclamation en fin de voyage. Les compagnies qui offrent des certificats postaux et des bons de remboursement postaux sur leurs produits savent bien cela. Cette méthode est souvent utilisée par les compagnies électroniques. On va en boutique et on nous dit que si on achète telle magnifique imprimante, on recevra 20 $ ou 50 $ par la poste.
Or il se trouve que de tous ceux qui achètent ces produits, bon nombre vont faire leur choix parce qu'ils ont droit à ce rabais postal, mais ils ne le réclameront jamais parce qu'ils l'oublient, parce qu'ils perdent leurs papiers ou parce qu'ils perdent leur facture. Pour le détaillant, pour le commerçant qui vend ce produit, c'est une aubaine, parce que sa promotion lui permet d'avoir un client de plus. Si le client ne se prévaut pas de son droit, le commerçant gagne sur tous les fronts. C'est un peu la même chose pour le Canada.
On a fait beaucoup de travail au Bloc québécois et je sais que d'autres partis de l'opposition ont également travaillé à faire reculer le gouvernement sur cette décision. On se retrouve maintenant dans une situation mi-figue, mi-raison. En effet, pour les groupes organisés, les remboursements seront maintenus, mais le programme ne sera toujours pas rétabli pour les voyages non organisés et pour les familles qui voyagent seules. On trouve ça franchement dommage et on pense que c'est une erreur, d'autant plus que l'industrie touristique et l'industrie qui traite ces demandes de remboursement étaient prêtes à le faire à leurs propres frais sans que cela ne coûte quoi que ce soit au gouvernement. On continuera à y travailler.
Pour poursuivre dans la veine de la TPS et de la fiscalité, j'aimerais aborder la question du déséquilibre fiscal. Lorsque la Commission Séguin a fait son rapport sur le déséquilibre fiscal, une de ses recommandations était justement de transférer la TPS, actuellement perçue par le gouvernement fédéral, aux gouvernements du Québec et des autres provinces. Il n'est pas étonnant que le déséquilibre fiscal doive se régler par une question fiscale et on l'oublie souvent en Chambre. Aujourd'hui, avant la période de questions, pendant la déclaration des députés, un collègue conservateur essayait de répéter de façon joyeuse et naïve que le déséquilibre fiscal avait été réglé, alors qu'aucun parti politique à l'Assemblée nationale n'affirme que le déséquilibre fiscal est complètement réglé.
Une voix: Pas même son chef.
M. Thierry St-Cyr: Voilà. On se retrouve donc face à une situation où même les conservateurs qui prétendent comprendre le déséquilibre fiscal ne le comprennent manifestement pas en réalité.
En effet, quand la Commission Séguin a introduit ce concept de déséquilibre fiscal, elle n'a pas tiré ces deux mots au hasard dans un chapeau. Elle n'a pas ouvert un dictionnaire, fermé les yeux et pointé deux mots au hasard. Elle a choisi les mots parce qu'ils voulaient dire quelque chose. Elle a dit que c'était un déséquilibre.
Manifestement, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas entre tous les revenus qui sont à Ottawa par rapport à ses responsabilités constitutionnelles d'une part, et d'autre part, tous les revenus qui sont à Québec et les responsabilités constitutionnelles qui lui reviennent. Il y a un déséquilibre et ce déséquilibre est fiscal. C'est une question de fiscalité. Ottawa, le gouvernement fédéral, prélève trop de taxes et trop d'impôts auprès des citoyens pour assumer ses responsabilités. Parce que l'assiette fiscale n'est pas illimitée — il y a une certaine limite à ce qu'on peut aller chercher dans les poches des citoyens —, le gouvernement du Québec n'est pas en mesure de prélever suffisamment d'impôts pour répondre à toutes ses obligations, d'autant plus que le coût de ses obligations augmente beaucoup plus vite dans le temps que le coût de celles du gouvernement fédéral. On n'a qu'à penser à la santé et à l'éducation qui sont l'essentiel de ses dépenses. Ces deux secteurs représentent la grosse part du budget du gouvernement du Québec et des provinces. Tout le monde sait que ce sont des postes budgétaires qui croissent nettement plus vite que le coût de la vie, nettement plus vite que l'inflation, et cela prend donc des revenus qui augmentent plus rapidement. C'est pour cela que le Québec demande un transfert de champs fiscaux, d'où le nom de « déséquilibre fiscal ».
Il y a eu un progrès dans le dernier budget quant à l'aspect monétaire. Des transferts monétaires existent, ils sont là. Cependant, ces transferts ne sont pas permanents. Rien n'empêche un futur gouvernement de revenir en arrière. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à le dire. Les conservateurs le disent dans leur publicité. Ils ont payé je ne sais combien d'argent pour rappeler aux Québécois qu'absolument rien ne garantit que l'argent qu'ils ont donné pourra être disponible dans le futur. Les conservateurs ont payé des publicités pour dire aux Québécois, par exemple, que si les libéraux revenaient au pouvoir, ils pourraient enlever cet argent. On peut aussi conclure que même les conservateurs, dans le prochain budget ou dans un prochain gouvernement majoritaire, pourraient retirer cet argent.
Je l'ai demandé aux fonctionnaires du ministère des Finances pas plus tard qu'hier au Comité permanent des finances. Ces derniers m'ont confirmé ce que je savais déjà, ce que tous les spécialistes savent déjà, à savoir que rien n'empêche cet argent de ne pas figurer dès le prochain budget ou dans un budget futur. Bref, le règlement actuel, ce règlement monétaire, maintient encore le Québec dans un état de dépendance financière. On est encore soumis aux volontés et aux sautes d'humeur du gouvernement fédéral. C'est ce qui est inacceptable. C'est de cela dont les Québécois veulent se sortir. Ils veulent avoir de réels revenus sur lesquels leur État, leur gouvernement, peut avoir un contrôle total et peut décider, en fonction de ses priorités, où il veut investir.
Le deuxième problème avec ce transfert monétaire, c'est que la valeur d'un transfert monétaire décroît dans le temps parce que l'inflation gruge la valeur de ce transfert. Au contraire, la valeur d'un revenu fiscal augmente dans le temps parce que si on prélève de la TPS ou des points d'impôt, avec l'activité économique qui augmente, la valeur de ces revenus fiscaux augmente.
Donc, rappelez-vous ce que j'ai dit plus tôt. En raison de ses responsabilités constitutionnelles, le Québec a besoin de plus en plus d'argent. Donc, un simple transfert monétaire ne fait que régler à très très court terme une partie du problème, mais à moyen et à long terme, on se retrouve encore dans le même « pattern » — vous me pardonnerez le mot anglais —, dans la même situation. Cela, c'est dans le meilleur des cas. C'est si aucun des prochains gouvernements ne revient en arrière et refait le coup qu'avaient fait les libéraux en 1995 en coupant de façon draconienne et sauvage dans les transferts pour les programmes sociaux et en éducation.
Manifestement, le Bloc québécois doit continuer de faire ce travail pour expliquer aux libéraux, qui n'ont toujours pas reconnu le déséquilibre fiscal, et aux conservateurs, qui l'ont reconnu mais qui ne le comprenne toujours pas, de quoi on parle. On doit continuer de travailler pour trouver une véritable solution au déséquilibre fiscal¸ avec un transfert fiscal.
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Monsieur le Président, effectivement, c'est le travail qu'on fait. J'éprouve toujours une grande satisfaction lorsqu'en comité, par nos interventions et par la pression qu'on exerce sur le gouvernement, on réussit à obtenir des résultats qui vont dans le sens des intérêts des Québécois et des gens qu'on représente. C'est une véritable satisfaction.
C'est d'autant plus intéressant pour le Bloc québécois que sa seule loyauté va aux Québécois. On n'a pas les mains liées par un caucus pancanadien ni par un gouvernement qui se sert malheureusement trop souvent de ses élus du Québec pour s'attaquer aux Québécois, pour faire passer les affronts qu'il veut faire subir aux Québécois et pour faire passer son message. Je trouve ça déplorable.
Notre travail quotidien donne des résultats. Pour ma part, j'en ai eu la preuve la semaine dernière dans mon comté où, depuis le début de mon mandat, je travaille pour que les terrains du centre de tri postal de Postes Canada, sur la rue Ottawa dans le Sud-Ouest de Montréal, soient transférés à la Société immobilière du Canada qui, pour sa part, a l'intention de collaborer avec le milieu pour développer des projets sur ces terrains. Ce sont des terrains magnifiques en bordure du canal Lachine. Ils ont une grande valeur, mais ils doivent être développés dans l'intérêt des citoyens. Je me bats à cet effet. On a envoyé des lettres au ministre, qui nous a répondu que ça relevait de Postes Canada, que ce n'était pas de ses affaires et qu'il ne voulait pas s'en occuper.
En cette Chambre, j'ai posé des questions au ministre et j'ai obtenu la même réponse. On a continué à se battre dans les médias. J'ai déposé en cette Chambre un projet de loi pour forcer Postes Canada à vendre ce terrain à la Société immobilière du Canada, et mon action, de concert avec celle de tous les gens dans la communauté, a donné des résultats.
En effet, vendredi dernier, le s'est finalement rendu à la raison et a finalement annoncé que le terrain serait transféré à la Société immobilière du Canada. Il avait pourtant dit en cette Chambre qu'il ne devait pas se mêler de cela et que ça ne le regardait pas, C'est ce que permet le travail rigoureux et consciencieux d'un député du Bloc québécois qui met de la pression sur le gouvernement, sans devoir baisser la tête et obéir à un caucus national ou à un caucus du gouvernement.
Évidemment, la lutte n'est pas terminée, parce que ce sont des terrains qui ont toujours appartenu au domaine public et qui ont été lourdement contaminés. Ils doivent donc être décontaminés, et le milieu demande que le gouvernement fédéral — le pollueur pendant des années — décontamine ce site. Si la Société immobilière du Canada devait elle-même décontaminer ce terrain et inclure cela dans ses coûts de développement, le projet que la communauté veut mettre de l'avant ne serait ni rentable ni faisable. Sur ce site, on veut un amalgame de logements abordables, de logements familiaux, de logements privés, de commerces, d'industries légères, de développement touristique, de parcs et d'espaces et de rappels touristiques. Ce projet est fantastique.
La prochaine étape est de demander au gouvernement de payer pour la décontamination. C'est lui qui a pollué, c'est à lui de le faire. Toutefois, je suis très content du gain que mon travail et celui de toute la communauté qui m'épaule et qui m'appuie ont permis d'obtenir à la suite de cette annonce de vendredi dernier. Ça nous motive à aller plus loin, à continuer à faire notre travail et à mettre de la pression sur le gouvernement afin d'obtenir la décontamination des sols de ce terrain.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord remercier mon collègue de , qui a parlé il y a une heure parce que j'étais en retard. Il a très bien parlé et je l'en remercie. J'étais alors en compagnie d'élèves d'une école de mon comté.
[Traduction]
Je suis ravi d'intervenir un peu plus tard que prévu initialement au sujet du projet de loi . Grosso modo, il s'agit d'un projet de loi d'ordre administratif qui, d'après moi, ne suscitera pas de désaccords substantiels entre les députés.
La partie 1 du projet de loi porte sur des mesures liées à la TPS. La partie 2 prévoit des modifications à la Loi sur la taxe d'accise. Enfin, le projet de loi prévoit des mesures qui auront une incidence sur le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien.
Comme il n'y a pas énormément de controverse, je pensais utiliser mon temps de parole pour parler un peu de la TPS, plus particulièrement des différences entre les politiques économiques fondamentales de notre parti et celles du gouvernement. Une de ces différences porte sur la TPS.
Cependant, avant de me pencher sur cette question, j'aborde un élément du projet de loi que j'estime digne de mention. Cet élément concerne le remboursement de la TPS qui s'applique aux véhicules motorisés utilisés après avoir été spécialement équipés pour des personnes handicapées. Un remboursement de la TPS est prévu dans le cas des gros véhicules destinés aux personnes handicapées.
Il va sans dire que mon parti appuie cette mesure. Cependant, cela me rappelle autre chose qui figure dans le dernier budget, quelque chose qui a des conséquences auxquelles le gouvernement n'a peut-être pas songé. Je parle de l'écoprélèvement qui visera les véhicules très énergivores.
Dans l'ensemble, ce n'est peut-être pas une mauvaise mesure, mais je me demande si le gouvernement a songé aux conséquences imprévues liées à cette nouvelle taxe, en particulier le fait que bon nombre de familles où il y une personne handicapée doivent acheter des véhicules adéquats et qu'elles sont forcées d'opter pour un gros véhicule qui peut fort bien être très énergivore et pour lequel elles devront payer cette taxe additionnelle.
Le gouvernement accorde un remboursement de la TPS d'un main. De l'autre, il récupère plus que ce qu'il n'a accordé en imposant cet écoprélèvement sur les gros véhicules dont les personnes handicapées ont besoin.
Le Jeep Patriot est peut-être un bon véhicule, mais il n'est pas assez gros pour le genre d'équipement dont ces familles ont besoin pour le transport de leur enfant handicapé. Par conséquent, ces familles doivent maintenant payer de leur poche quelques milliers de dollars pour couvrir les coûts additionnels de ces gros véhicules. Je ne vois pas en quoi il est juste que ces familles soient forcées de payer un impôt élevé pour leur véhicule parce que, dans leur situation, un gros véhicule constitue un besoin essentiel.
Le gouvernement n'aurait-il pas pu prévoir une mesure dans le budget qui reconnaisse ce genre de situation?
De toute évidence, le a réfléchi à la taxe sur les émissions des véhicules. Il a étudié la question suffisamment pour accorder à l'usine d'assemblage de voitures qui est située à côté de sa circonscription un allègement pour les véhicules fonctionnant à l'éthanol 85 qu'elle produit. Il était prêt à le faire même s'il n'y a pas une seule station-service au Canada où on peut acheter de l'essence ayant une teneur en éthanol de 15 p. 100.
J'espère que, durant l'étude du budget à la Chambre, la question des grands véhicules pour personnes handicapées sera sérieusement examinée.
Je voudrais parler maintenant d'une question peut-être plus générale qui a trait à la TPS. Cela reflète aussi la différence fondamentale entre notre démarche économique globale et celle des gens d'en face.
De ce côté-ci, nous partons du principe que le monde ne doit rien au Canada, que le Canada doit être concurrentiel dans le monde moderne d'aujourd'hui. Nous devons soutenir la concurrence non seulement de grandes puissances en devenir comme la Chine et l'Inde, mais aussi de grandes puissances établies comme l'Europe, les États-Unis et le Japon. Dans ce contexte de compétitivité et d'équité, la dernière chose que doit faire un pays comme le Canada, c'est hausser l'impôt sur le revenu pour financer une baisse de la TPS.
Il n'y a sans doute aucun économiste sur cette planète qui proposerait une telle chose. D'une part, nous avons une population vieillissante qui doit économiser pour la retraite, et le gouvernement diminue la TPS, ce qui incite les gens à dépenser davantage et à moins économiser. D'autre part, le gouvernement relève l'impôt sur le revenu, en partie pour financer la baisse de la TPS, mais, ce faisant, il dissuade les gens d'épargner, d'investir et de produire davantage.
Alors que d'autres pays avec lesquels nous sommes en concurrence, tel l'Australie, ont accordé une réduction significative de l'impôt sur le revenu et de l'impôt des entreprises, nous sommes les seuls au monde à avoir réduit la TPS et augmenté l'impôt sur le revenu. C'est le contraire de ce que notre parti ferait s'il était au pouvoir. C'est une politique tout à fait stupide à laquelle je ne crois pas qu'un seul économiste puisse souscrire.
L'autre chose qu'il faut comprendre, c'est que pour soutenir la concurrence dans le monde actuel, nous ne pourrons pas concurrencer avec l'Inde et la Chine en nous basant sur notre main-d'oeuvre bon marché. Ce ne serait pas une chose à faire. Nous ne pouvons en fait que faire concurrence à nos propres gens et nous devons leur offrir des idées, de la formation et des fonds de recherche.
La réussite d'une politique économique concurrentielle sur la scène internationale exige un appui au niveau de la recherche, de l'éducation et de la commercialisation. Nos chemins divergent à ce niveau également. Le gouvernement a sabré dans le financement de la recherche et n'a pas donné un sou aux étudiants dans son dernier budget. Nous proposerions plutôt d'accroître de façon importante le financement de la recherche, d'appuyer la mise en pratique et la commercialisation des résultats des programmes de recherche et d'accorder d'importantes sommes d'argent aux étudiants.
La troisième et dernière différence dont je parlerai aujourd'hui porte sur le fait que nos perspectives sont plutôt internationalistes. Nous sommes d'avis que le Canada doit se mesurer au reste du monde. Nous devons accroître nos investissements et nos débouchés commerciaux à l'échelle internationale, alors que le gouvernement actuel est désespérément tourné vers l'intérieur. Comment peut-on le prouver? Pensons par exemple à la plus importante économie émergente au monde, soit la Chine. Le gouvernement actuel insulte la Chine. Pour ce qui est de celle qui vient au deuxième rang, mais qui est à certains égards aussi importante, c'est-à-dire l'Inde, nous voyons le gouvernement n'en tenir aucun compte. Il y a quelques semaines, j'aurais pu dire que le gouvernement n'avait pas encore envoyé un seul ministre dans ce pays depuis son arrivée au pouvoir il y a plus d'un an. Je crois qu'un ministre s'y est rendu pour la première fois il y a une semaine ou deux. Le gouvernement insulte la Chine et ignore l'Inde. Il ferme également des postes consulaires en Europe, à Milan, au Japon et ailleurs au monde.
Ce n'est pas le fait d'un gouvernement qui veut stimuler le commerce international et les investissements et qui a le goût de conquérir le monde. C'est une politique de repli sur soi de la part d'un gouvernement qui vise seulement à gagner des votes pour remporter les prochaines élections.
Nos politiques économiques sont fondamentalement différentes. Nous voulons que le Canada parte à la conquête du monde. Nous abaisserions l'impôt sur le revenu, et non la TPS. Nous financerions la recherche, la commercialisation et l'aide aux étudiants, plutôt que de réduire le financement dans tous ces domaines. Nous chercherions sérieusement à profiter des possibilités de commerce et d'investissement qui s'offrent dans les pays en voie de développement et dans les pays riches, contrairement au gouvernement, qui met le cap exactement en sens inverse.
Permettez-moi de passer à un autre thème, c'est-à-dire à une autre décision complètement aberrante de la part du gouvernement. Il s'agit du dossier des fiducies de revenu.
Nous savons tous que le gouvernement a rompu la promesse solennelle et inconditionnelle qu'il avait faite en compagne électorale à tous les Canadiens. Le gouvernement conservateur avait promis de ne pas hausser l'impôt sur les fiducies de revenu. Qu'avaient fait les Canadiens alors? Ils avaient investi davantage d'argent dans les fiducies de revenu, en faisant confiance au , qui leur avait promis de ne pas prélever d'impôt.
Les Canadiens savaient qu'il y avait des risques inhérents au marché des fiducies de revenu, mais ils pensaient que les risques d'origine politique avaient été écartés avec l'élection du , qui avait promis à plusieurs reprises, sans équivoque, de ne jamais prélever d'impôt sur les fiducies de revenu. Le marché a pris de l'expansion parce que les Canadiens se sont dit que le tiendrait parole.
Que s'est-il passé? À l'Halloween, le a coupé l'herbe sous le pied de tous ces Canadiens, a rompu la promesse et a décidé d'appliquer un taux d'imposition draconien de 31,5 p. 100 aux fiducies de revenu. Qu'est-il arrivé? Le marché s'est effondré le lendemain.
En un seul jour, des Canadiens qui s'étaient fiés à la parole du ont perdu 25 milliards de dollars chèrement gagnés. Cet argent s'est envolé en fumée. Comme si ce n'était pas assez, la façon dont le gouvernement s'y est pris pour mettre à exécution sa promesse brisée a enfoncé le pieu encore plus profondément, en causant de graves dommages à l'économie canadienne. En effet, cet impôt draconien de 31,5 p. 100 signe l'arrêt de mort du secteur des fiducies de revenu.
Les fiducies de revenu sont un mode d'épargne précieux, en particulier pour les aînés, car ils ont besoin du produit de leurs économies pour payer les factures. Les aînés ont investi massivement dans les fiducies de revenu. Ce mode d'épargne vient de leur échapper en raison de cette politique du gouvernement qui vise à détruire le secteur des fiducies de revenu.
Ce n'est pas tout. L'Alberta en particulier — comme d'autres provinces — jouissait d'un secteur vigoureux des fiducies énergétiques qui, selon le gouverneur de la Banque du Canada, contribuait à la productivité, au rapatriement des capitaux étrangers et au financement d'autres branches du secteur de l'énergie. C'était avant l'Halloween.
Après l'Halloween, le secteur avait été décimé. Il est maintenant en solde, à prix d'aubaine. Au lieu de rapatrier les capitaux de l'étranger, il est lui-même englouti par les capitaux étrangers.
Cette politique a réduit à néant pour 25 milliards de dollars d'épargnes durement gagnées. Elle a privé tous les Canadiens, mais surtout les aînés, d'un mode d'épargne précieux sous la forme de fiducies de revenu. Elle a décimé une industrie qui était florissante avant la mise en oeuvre de cette mesure parfaitement inappropriée du gouvernement.
Cette mesure est injuste. En outre, elle n'accroît en rien les recettes du gouvernement. C'est pourquoi elle est particulièrement insensée. On dit que c'est un plan d'équité fiscale, mais ne devrait-on pas plutôt parler de plan d'inéquité fiscale? Ce plan visait apparemment à faire payer davantage d'impôt aux sociétés, de façon à ce que les particuliers en aient moins à payer. C'est tout le contraire qui se produit. Je vais expliquer ces deux points.
En ce qui concerne l'équité, comment fonctionne exactement ce prétendu plan d'équité fiscale du gouvernement? Il enlève au Canadien ordinaire tout accès aux fiducies de revenu. Les investisseurs canadiens ordinaires ne peuvent plus bénéficier de ces sources de revenus, mais qu'en est-il des riches caisses de retraite canadiennes ou des riches sociétés étrangères de capital privé? Dans les deux cas, elles peuvent toujours profiter des retombées d'une fiducie de revenu en achetant directement les actifs sous-jacents et en encaissant les revenus.
Les fiducies de revenu sont encore accessibles aux riches caisses de retraites et aux sociétés étrangères de capital privé, mais elles sont dorénavant hors de portée pour les Canadiens ordinaires. Ce n'est pas de l'équité fiscale. C'est plutôt de l'inéquité fiscale.
Et ce n'est pas tout, au lieu d'augmenter ses recettes fiscales au moyen de cette politique, le gouvernement voit ces recettes diminuer, car les détenteurs de parts de fiducies de revenu payaient beaucoup d'impôt. C'est un impôt sur le revenu des particuliers, soit, mais cela reste un impôt. Qu'en est-il des nouveaux détenteurs de parts de ces fiducies? Les régimes de pension ne paient pas d'impôt, ce sont les retraités qui paient des impôts lorsqu'ils touchent leurs rentes; les sociétés à capital privé paient peu d'impôt ou n'en paient pas, car elles finissent par trouver le moyen de ne pas en payer.
Ce qui est paradoxal, c'est que le plan d'équité fiscale est en fait un plan d'inéquité fiscale qui empêche les Canadiens ordinaires d'investir dans des fiducies de revenu et accueille à bras ouverts les gros bonnets investisseurs. En agissant de la sorte le gouvernement subit des pertes fiscales, car ces gros bonnets, les régimes de pension canadiens et les sociétés à capital privé, paient peu ou ne paient pas d'impôt comparativement aux anciens détenteurs de parts de fiducies de revenu.
Cette politique est désastreuse. Elle est mal inspirée. C'est comme si on larguait une bombe atomique pour régler un problème qu'une approche plus ciblée aurait réglé. Or, l'approche du Parti libéral est justement plus ciblée, plus sensible. Nous supprimerions immédiatement cet impôt de 31,5 p. 100, un impôt illogique et astronomique, et nous le remplacerions par un impôt de 10 p. 100 remboursable aux résidants canadiens.
Cela réglerait la question des pertes fiscales. Par ailleurs, selon des experts, les deux tiers de la perte enregistrée sur la valeur marchande des investissements, les 25 milliards de dollars, pourraient être récupérés par les épargnants lésés, les fiducies de revenu continueraient d'être un véhicule de placement pour les épargnants et le secteur des fiducies énergétiques pourrait retrouver le dynamisme qu'il avait. Cette politique ne permettrait pas de recoller tous les morceaux du pot cassé, mais elle éliminerait les pires aspects de la politique illogique et déplorable du gouvernement en matière de fiducies de revenu.
J'aimerais aborder un dernier point, en fait il s'agit de la troisième sottise du gouvernement. La première était le programme économique, particulièrement la réduction de la TPS et l'augmentation de l'impôt sur le revenu, et la deuxième était le fiasco des fiducies de revenu.
La troisième sottise incroyable du gouvernement est la proposition concernant la déductibilité des intérêts. Heureusement, le ministre fait volte-face dans ce dossier. Il a dit que cette mesure rapporterait annuellement 40 millions de dollars. Selon des experts, il s'agirait plutôt de revenus entre 1 et 2 milliards par année. L'écart n'est que de quelque 3 000 p. 100, après tout. On voit bien qu'il ne faut pas être hyper compétent pour se tromper de la sorte.
Par contre, le véritable problème est que nous obligeons nos propres entreprises canadiennes à faire concurrence aux entreprises étrangères avec une main attachée dans le dos. Si une entreprise européenne, américaine ou japonaise achète une entreprise étrangère, elle peut obtenir une déduction d'impôt sur les intérêts qu'elle doit payer sur la dette. Les entreprises canadiennes, selon ce que le gouvernement propose, n'auront pas cette possibilité.
Prenons un exemple. Les médias en ont parlé. Je ne sais pas si cela se concrétisera, mais on en a entendu parler. Il s'agit de l'idée que Magna pourrait acheter Chrysler. Disons que Magna est en concurrence avec une entreprise américaine ou européenne pour acheter Chrysler. À cause de la mesure du gouvernement sur la déductibilité des intérêts, ces entreprises étrangères seraient en mesure de faire des offres d'achat 37 p. 100 plus élevées que ce que Magna serait capable de payer, uniquement à cause de la mesure du gouvernement. Il est évident que Magna ou toute autre entreprise canadienne qui est en concurrence avec une entreprise étrangère aurait un énorme désavantage pour acheter une autre entreprise. Ce chiffre est fondé sur un financement comprenant un ratio emprunts/capitaux propres de 50-50.
Pourquoi est-ce important? C'est important parce que certaines entreprises vont au-delà des frontières canadiennes. Si nous voulons que nos entreprises continuent de croître, elles doivent le faire à l'étranger. Cette mesure irréfléchie du gouvernement force les entreprises canadiennes à faire concurrence aux entreprises étrangères avec un désavantage énorme.
Une étude réalisée par KPMG a révélé que cette mesure affaiblira les entreprises canadiennes et leur capacité d'acheter d'autres entreprises. De plus, les entreprises canadiennes seront plus susceptibles d'être achetées par des intérêts étrangers.
Le monde de la finance est en émoi. Un expert a déclaré qu'il s'agissait de la pire politique fiscale en 35 ans. Les conservateurs se trompent de 3 000 p. 100 en ce qui a trait à leurs prévisions en matière de revenus. Hier, lors d'une conférence de Deloitte & Touche, environ 1 000 experts ont été interrogés et 90 p. 100 d'entre eux ont dit qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. C'est un désastre.
Notre parti et notre chef ont annoncé il y a neuf jour que nous ne ferions pas une telle chose. Nous abandonnerions cette idée, car elle s'avérerait désastreuse pour la compétitivité, les emplois et la prospérité du Canada.
Heureusement, le ministre est revenu à la raison. Il a peut-être écouté notre chef parler il y a neuf jours et a peut-être compris la sagesse de notre approche. Le ministre a dit hier qu'il faisait volte-face. Il ne mettra pas cette stratégie en oeuvre. Il adoptera plutôt une approche très atténuée et il a admis qu'il n'avait pas fait ses devoirs, qu'il n'avait pas bien réfléchi et maintenant il adopte la politique libérale...
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Monsieur le Président, je dois dire que j'ai déjà eu la chance de parler du projet de loi en deuxième lecture. Je considère que c'est un projet de loi utile, mais en même temps, il est tellement pointu qu'on manque parfois un peu de motivation pour participer au débat. Ce projet de loi modifie la , mais comme le disait Obélix dans les histoires d'Astérix, il n'y a pas de petit ou de gros menhir, il n'y a que des menhirs. En ce sens, petit ou technique, ce débat doit être fait et j'ai le plaisir de rendre service à notre parti en parlant de la position du Bloc québécois.
Ce projet de loi, assez technique, corrige un certain nombre de choses de façon très logique, et c'est pourquoi nous appuierons ce projet de loi. Il corrige d'abord différentes lacunes entourant la TPS et la taxe d'accise. Il détaxe certains services médicaux, ce qui en facilitera l'accès. J'aurai l'occasion d'y revenir. Il réduit aussi le fardeau de taxation des organismes de bienfaisance. Dans ce contexte, je crois que personne ne s'en plaindra. Il conseille aussi des mesures pour favoriser les petits producteurs de vin. Ça tombe bien car il y en a dans la région de Lanaudière; du coup, cela rendra service à nos producteurs lanaudois. Il resserre les dispositions législatives entourant la vente et la production de tabac dans le but de faciliter la lutte contre la contrebande. Qui peut s'opposer à cela? Il module la surtaxe sur la sécurité des passagers du transport aérien.
Quand il est à Ottawa, le groupe du Bloc québécois a parfois l'impression d'être un peu ce village gaulois auquel je faisais référence en parlant de ses deux héros: Astérix et Obélix. Nous résistons aux envahisseurs fédéraux, aux envahissements du gouvernement fédéral, mais dans ce cas-ci on doit bien dire que le projet de loi s'en tient à des compétences qui sont celles du gouvernement fédéral. Comme je le disais, le Bloc québécois sera favorable au projet de loi .
Le projet de loi se divise en trois parties. La première vise à mettre en place certains correctifs visant à améliorer et à préciser certaines mesures entourant la perception de la TPS. La deuxième partie modifie la loi afin de détaxer certains produits et services, et elle s'attaque à la taxe d'accise afin de préciser différentes mesures visant la taxation du vin, de la bière et des spiritueux. La troisième partie modifie les règles entourant le droit pour la sécurité aérienne perçu dans les différents aéroports.
Je commencerai évidemment par la première partie du projet de loi qui traite des mesures touchant la taxe sur les produits et services et la taxe harmonisée. Dans le cas du Québec, il s'agit de la taxe de vente du Québec.
Comme je l'ai dit, les premières mesures touchent la santé. Le gouvernement modifie la loi afin que, dorénavant, les services d'orthophonie soient effectivement détaxés. Il me semble qu'ici on fait tout simplement appel au bon sens. Un enfant, un proche, un membre de notre famille peut avoir besoin de ce type de service. À mon avis, taxer quelque chose de tout à fait essentiel et nécessaire au bien-être d'une personne a quelque chose d'un peu immoral. Cette modification à la loi permet donc de confirmer le statut d'exemption fiscale de ce service, ce qui en facilitera l'accès, en particulier pour les jeunes aux prises avec des difficultés de langage. Par surcroît, cette modification facilitera l'accès des aînés ayant souffert d'accidents cardio-vasculaires qui ont souvent besoin de recourir à des services d'orthophonie pour retrouver l'usage normal de la parole. Cela les aidera donc à vivre dignement dans la société.
Dans un deuxième temps, toujours en ce qui a trait à la santé, le gouvernement exonérera les services liés à l'exercice de la profession de travailleur social. Dans certains cas, on a besoin de faire appel à un travailleur social. Cela permettra d'avoir accès plus facilement à ce genre de service. Beaucoup de travailleurs sociaux exercent maintenant leur profession — je suis convaincu que l'Ordre des psychologues ne sera pas très content — comme des substituts de psychologues. Dans un contexte où les besoins sont immenses, il y a souvent des pénuries de spécialistes comme les psychologues. L'achat de services d'un travailleur social peut être un substitut tout à fait pertinent et adéquat. Il m'apparaît tout à fait normal que le gouvernement détaxe les services rendus par les travailleurs sociaux.
Ensuite, le gouvernement détaxera les ventes et les importations d'un produit qui peut, dans une certaine mesure, remplacer le sang. Là aussi, il me semble que tout le monde va comprendre qu'il y avait quelque chose de peut-être un peu morbide au fait de taxer des substituts qui permettent des interventions cruciales pour la vie d'un patient grièvement blessé.
Je retourne à mon analogie avec le village gaulois et à Panoramix. Vous vous rappelez que Panoramix est le druide qui faisait cette potion magique qui a permis à ce village de se protéger des envahisseurs romains. Le gouvernement, dans le projet de loi , détaxe un certain nombre de médicaments comme le Valium, l'Ativan et d'autres drogues du genre. Ce sont des médicaments nécessaires dans le traitement de l'anxiété, lors de sevrage de toxicomanes ou encore dans des médications préanesthésiques. Encore une fois, il y avait quelque chose d'un peu prédateur de la part de l'État que de taxer ce genre de médicaments qui ne constituent pas un achat de consommation, mais tout simplement un achat par des personnes, souvent prises avec d'énormes difficultés dans notre société, de produits nécessaires à leur bien-être et à leur mieux-vivre.
Finalement, comme je le mentionnais, il y a un élément du projet de loi qui n'est pas directement lié à la santé, mais au bien-être des gens handicapés. Il s'agit du remboursement de la TPS aux véhicules à moteur qui ont été utilisés après avoir été munis de dispositifs spéciaux à l'usage de ces personnes handicapées.
On voit qu'il y a dans ce projet de loi des mesures relativement modestes, mais qui vont dans un sens qui ne peut être remis en cause puisqu'il s'agit tout simplement du gros bon sens.
En ce qui concerne les organismes de bienfaisance, toujours dans cette première partie touchant la TPS et la taxe de vente harmonisée, on retrouve des modifications visant à exonérer les fournitures d'immeubles effectuées par les organismes de bienfaisance aux termes de baux à court terme et de licences s'appliquant également aux produits fournis avec ces immeubles. Par exemple, on loue un local avec une photocopieuse. La photocopieuse louée était à ce moment-là taxée. Dans ce contexte, cette mesure est minime, surtout après les coupures que le gouvernement conservateur a faites à certains organismes. Je pense aux groupes de femmes et aux groupes d'alphabétisation. Il aurait probablement été préférable non seulement d'avoir cette mesure qui va diminuer très légèrement les pressions financières, mais de rétablir l'ensemble des budgets de ces groupes communautaires qui ont été coupés au mois de septembre dernier.
Donc, il y a quand même là quelque chose auquel on ne peut pas s'opposer. Dans ce sens, nous allons aussi appuyer cette mesure.
Il y a aussi des arrangements commerciaux touchant en particulier les banques étrangères qui structurent leur filiale canadienne en succursale canadienne. Il s'agit aussi d'une mesure qui va dans le sens des droits des consommateurs. On sait que, au Canada, il y a un problème de concentration bancaire très importante. Les cinq plus grosses banques contrôlent la majeure partie, et de loin, du marché. À plusieurs reprises, le Parlement, la Chambre des communes et le Comité permanent des finances — j'y ai participé — ont cherché à trouver des moyens d'améliorer la concurrence sur ce marché-là. Je me rappelle du projet de loi C-8 qui visait cela, avec plus ou moins de succès.
Donc, d'avoir une mesure qui facilitera la restructuration d'une filiale canadienne d'une banque étrangère en succursale canadienne a quelque chose de bénéfique pour améliorer la concurrence dans un marché très concentré, comme je le mentionnais. C'est un premier point. Également, on retrouve dans le projet de loi certaines modifications visant par exemple la simplification de la perception de la taxe pour les petits magasins qui ont des consignes de bouteilles de boisson gazeuse remboursables aux consommateurs. On facilite la vie à ces petits commerçants et il me semble que là aussi, il y a un certain de nombre de choses qui vont dans le sens du gros bon sens.
Finalement, il y a un dernier élément dans cette première partie concernant les gouvernements. La loi exonérera la fourniture du droit de produire ou d'extraire des documents de l'information stockés dans un registre officiel. Cela fera en sorte, par exemple, que des municipalités pourront fournir à moindre coûts des informations demandées par des contribuables ou des citoyens et des citoyennes.
Comme on le voit, ce ne sont pas de grosses mesures. Il n'y a rien pour s'énerver de façon décisive, mais ce sont de petites mesures qui vont dans le sens du bon sens.
C'est la même chose pour la deuxième partie, qui touche à proprement parler la taxe d'accise. Comme je le mentionnais dès l'introduction, il s'agit de modifier la Loi de 2001 sur l'accise, de mettre en oeuvre des changements mineurs qui améliorent le fonctionnement de la loi et reflètent mieux les pratiques administratives courantes et les pratiques en usage dans l'industrie.
En outre, ces modifications mettent en oeuvre certains éléments qui touchent la Loi sur l'accès à l'information, la Loi sur les douanes, le Tarif des douanes et la Loi sur la taxe d'accise.
Je résume les mesures qu'on retrouve dans le projet de loi en ce qui a trait au tabac. Pour mieux lutter contre la contrebande du produit du tabac, tout en facilitant la perception de la taxe sur le tabac, le projet de loi étend l'obligation de préciser l'origine des produits du tabac à tous les produits, y compris ceux vendus dans les boutiques hors taxes.
Dans ce cas-ci, il y aura un petit problème, parce que le gouvernement a décidé de mettre fin au remboursement de la TPS aux visiteurs, sauf dans les cas de congrès ou de voyages organisés. Même si cela part d'un bon sentiment, cela aura beaucoup moins d'impact, à cause de ce qui a été annoncé dans le budget concernant le remboursement de la TPS aux visiteurs.
On étend quand même l'obligation de préciser l'origine des produits du tabac aux boutiques hors taxes et aux cigarettes destinées à l'exportation, conformément aux traités internationaux, entre autres la Convention-cadre de lutte contre le tabagisme.
Dans la loi, on précise aussi que les cigarettes, les bâtons de tabac, le tabac haché fin et les cigares — et non le tabac en feuilles emballé — peuvent être fournis sur le marché de l'exportation ou sur le marché intérieur hors taxes. Il s'agit de modifications relativement mineures, mais qui relèvent du gros bon sens.
Pour ce qui est de l'alcool, le projet de loi permet aux sociétés provinciales et aux producteurs de vin de posséder un alambic ou un appareil semblable afin d'étudier des substances contenant de l'alcool sans avoir besoin d'être titulaire d'une licence pour spiritueux. Cette mesure évitera aux sociétés provinciales et aux producteurs de vin tout le fardeau administratif ainsi que les coûts qui entourent l'obtention du permis pour avoir de tels appareils. Je mentionnais les alambics ou les appareils semblables.
De plus, afin de favoriser la croissance de l'industrie du vin au Canada, le gouvernement permettra le report du paiement du droit par les petits producteurs qui vendent du vin en consignation dans les magasins de vente au détail exploités par une association de producteurs de vin, jusqu'à ce que ce vin soit vendu. Il y avait quelque chose d'un peu odieux, particulièrement pour de petits producteurs de vin, quant aux fait de leur demander de payer à l'avance les taxes, alors que le produit n'était pas vendu. Ce sont de petites entreprises, souvent artisanales, qui n'ont pas les liquidités nécessaires pour assumer ce genre de responsabilité sans mettre en danger la survie même de l'entreprise. Cette mesure est la bienvenue. Le gouvernement fédéral a enfin compris que ce secteur joue un rôle important dans le développement économique, particulièrement dans les régions.
Je me rappelle toute la bataille que le Bloc québécois a dû livrer à propos de la réduction de la taxe d'accise pour ce qui est des microbrasseries. On l'a finalement obtenue non pas dans le dernier budget, mais dans celui de l'année précédente. C'est une autre mesure qui facilitera la vie des petits producteurs. Lorsque ceux-ci fourniront leurs produits à un magasin exploité par leur association de producteurs, ils n'auront qu'à payer la TPS une fois le produit vendu — je l'ai déjà mentionné. Ainsi, cette nouvelle mesure favorisera la mise en marché des produits du terroir. Un peu partout au Québec, il y a maintenant des marchés des saveurs, où l'on retrouve ces productions de vin.
En passant, je me permets de dire qu'au Québec, l'industrie va très bien. Des producteurs de vin sont regroupés dans l'Association des vignerons du Québec. Cela ne ferait évidemment pas nécessairement plaisir à Obélix, lui qui ne buvait pas d'alcool étant donné qu'il était tombé dans la marmite de potion magique alors qu'il était petit. Dans quelques albums, on a pu voir que cela a eu des effets assez désastreux sur son comportement. Par contre, Gérard Depardieu, qui a interprété le rôle d'Obélix dans les films Astérix et Obélix, est, lui, un amateur de vin. Aussi, ce que je dis maintenant l'intéresserait au plus haut point.
En 2006, cette Association des vignerons du Québec regroupait 42 vignobles répartis au sein des régions du Québec. J'ai mentionné Lanaudière et l'île Ronde, où il y a plusieurs dizaines de milliers de pieds de vigne, les Cantons-de-l'Est, la Montérégie et les Basses-Laurentides.
Plus de 100 hectares de vignes sont cultivés annuellement et la production totalise 300 000 bouteilles à chaque année. Les principaux produits sont le vin blanc, le vin de glace et le vin fortifié. J'invite tous mes collègues à déguster, de façon modérée, ces produits du terroir québécois.
Finalement — dans la deuxième partie comme dans la section précédente —, la nouvelle loi autorisera le à échanger de l'information sur les droits d'accise avec des gouvernements étrangers signataires de la Convention concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale. Le projet de loi accorde aussi un pouvoir discrétionnaire au statisticien en chef du Canada et l'autorise à fournir aux provinces des données statistiques sur les activités d'entreprises, de façon similaire à ce qui est prévu dans la Loi de l'impôt sur le revenu.
Comme dans la première partie, des petites mesures qui n'ont rien de très révolutionnaire ou de très impressionnant relèvent du gros bon sens. À notre avis, ces petites mesures méritent d'être appuyées et ce, même si la mesure annoncée — comme l'exemple que je donnais des organismes de bienfaisance — n'a pas pour effet d'éliminer les effets négatifs et néfastes des coupes faites aux groupes d'alphabétisation, aux groupes de femmes et à la lutte contre le tabagisme chez les Autochtones par le gouvernement conservateur.
En ce qui a trait au droit pour la sécurité des passagers du transport aérien, je dois dire que, depuis que cette taxe a été imposée par le gouvernement précédent, on a toujours cherché à savoir à quoi elle servait, mais on n'a pas eu vraiment de réponse. Les différents témoignages que j'ai pu entendre — en particulier au Comité permanent des finances lorsque j'y siégeais — nous donnent l'impression que l'argent de cette taxe a servi à bien des choses, mais très peu à la sécurité des passagers.
À notre avis, cette sécurité doit être assumée par l'ensemble des contribuables et non pas simplement par les gens qui ont souvent l'obligation d'utiliser le transport aérien. Je me rappelle qu'au départ, on taxait les gens qui prenaient l'avion à partir d'aéroports régionaux. Je pense au député de qui ne peut malheureusement pas toujours venir avec sa voiture. À cause de contraintes de temps, il doit prendre l'avion. Il payait donc cette taxe, ce qui est tout à fait odieux. Il y a eu des réductions avec le temps, et on nous en annonce une autre. Cependant, dans le cadre de ce projet de loi, on ne nous explique pas du tout pourquoi cette taxe est là, quelle est sont utilité et son lien avec la sécurité aérienne et quels investissements ont été faits dans la sécurité aérienne. On demeure vague à ce sujet.
Il y a tout de même un allégement fiscal. Dans un premier temps, le projet de loi réduit le droit applicable aux services de transport aérien qui sont vendus par les revendeurs ou qui font l'objet de dons par les transporteurs aériens dans des circonstances particulières. On voit donc que ça touche relativement peu de gens. Le projet de loi prévoit que le gouverneur en conseil peut, par règlement, modifier l'annexe pour y ajouter, retrancher ou changer le nom d'aéroports désignés.
C'est ainsi que le projet de loi changera le statut de trois aéroports québécois afin de s'assurer que les normes répondent aux demandes du marché. Le projet de loi vient donc retirer de la liste des aéroports, La Grande-3 et La Grande-4, des aéroports soumis à la surtaxe découlant de la Loi sur le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien. Je peux affirmer que 95 p. 100, sinon 99 p. 100, des gens qui utilisent le transport aérien pour se rendre à La Grande-3 et La Grande-4 sont des travailleurs qui s'y rendent pour la construction ou l'entretien des installations qui s'y trouvent. Il n'y vont certainement pas pour passer leurs vacances. Certains le font sûrement, mais ce n'est toutefois pas la majorité.
Enfin, cette mesure répond au gros bon sens. Je conclus en disant que cette série de petites mesures, de petits menhirs d’Obélix, comme je le disais au départ, mérite l'attention et l'appui du Bloc québécois, appui qui est acquis au moment où l'on se parle.