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Monsieur le Président, je suis heureux de parler aujourd'hui du projet de loi .
Le 22 juin 2006, le gouvernement a répondu à l'appel de millions de Canadiens, de groupes de défense des droits des victimes, des services policiers et de tous ceux qui veulent protéger nos jeunes. Nous avons répondu à leur appel en présentant le projet de loi et en proposant de faire passer de 14 à 16 ans l'âge du consentement à une activité sexuelle. Ce faisant, nous allons enfin interdire clairement aux adultes d'exploiter sexuellement des adolescents de 14 et 15 ans.
Le Comité permanent de la justice et des droits de la personne a entendu de nombreux témoins pendant son examen du projet de loi . Il n'est pas surprenant que les témoins aient exprimé leur appui à l'initiative du gouvernement visant à mieux protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels.
De nombreux témoins appuyaient également les mesures à cet effet proposées dans le projet de loi , mais il y avait également certains malentendus à propos de ce que ce projet de loi propose véritablement. J'aimerais aujourd'hui parler de ce que le projet de loi C-22 fait et de ce qu'il ne fait pas.
L'objectif du gouvernement et du projet de loi a toujours été clair: protéger les adolescents de 14 et 15 ans contre les prédateurs sexuels.
Le projet de loi propose une exemption de proximité d'âge pour les adolescents de 14 et 15 ans. Cette exemption proposée permettrait aux adolescents de 14 et 15 ans de consentir à une activité sexuelle avec une autre personne, en autant que cette autre personne soit de moins de cinq ans l'aîné du plaignant et que l'activité sexuelle ne s'inscrive pas dans une situation de confiance, d'autorité, de dépendance ou d'exploitation de l'adolescent.
Le projet de loi n'interdit pas aux adolescents de 14 et 15 ans d'avoir des relations sexuelles avec d'autres adolescents, mais il interdit très clairement à tout adulte dont la différence d'âge avec un adolescent de 14 ou 15 ans est de cinq ans ou plus d'avoir des relations sexuelles avec cet adolescent.
Évidemment, le projet de loi maintient à 18 ans l'âge de protection dans les cas où l'activité sexuelle met en cause la prostitution, la pornographie ou une situation de confiance, d'autorité, de dépendance ou d'exploitation de l'adolescent.
Le projet de loi reconnaît également qu'au moment de l'entrée en vigueur du nouvel âge de protection, il se peut qu'un adolescent de 14 ou 15 ans soit dans une relation conjugale avec une personne de plus de cinq ans son aînée ou qu'il soit le conjoint de fait d'une telle personne. Par conséquent, le projet de loi propose une exception transitoire ou de durée limitée afin de protéger de telles relations.
Le projet de loi protégerait les mariages existants, de même que les unions de fait, dans les cas où une jeune personne de 14 ou 15 ans aurait été engagée dans une relation conjugale d'au moins un an ou de moins d'un an lorsqu'un enfant est né ou à naître de cette union, et à condition, d'autre part, que la jeune personne n'ait pas été victime d'exploitation au sein de ladite relation.
Après son entrée en vigueur, le projet de loi permettra encore aux jeunes personnes de 14 ou 15 ans d'épouser un partenaire plus âgé dans les provinces où cela est autorisé, à condition que ce partenaire ne soit pas de plus de cinq ans l'aîné de la jeune personne et que le couple se conforme aux exigences provinciales ou territoriales en matière de célébration des mariages. Cependant, tel que déposé, le projet de loi aurait interdit d'entreprendre une telle relation après l'entrée en vigueur du projet de loi C-22, dans les cas où un partenaire aurait été de cinq ans ou plus l'aîné de la jeune personne.
Par exemple, tel que déposé, le projet de loi n'autoriserait pas une personne âgée de 25 ans ou de 50 ans à épouser une jeune personne de 14 ou 15 ans, ce qui serait contraire à son objet, à savoir rendre illégal, pour tout adulte qui est l'aîné de cinq ans ou plus d'une jeune personne de 14 ou 15 ans, le fait d'avoir des relations sexuelles avec celle-ci.
De même, le projet de , tant dans son libellé original, tel que déposé, que dans son libellé actuel, tel qu'amendé, ne prévoyait ni ne prévoit aucune dérogation applicable aux unions de fait. Par définition, une telle relation exige une période de cohabitation conjugale d'au moins un an ou l'existence d'un enfant né ou à naître de cette union, une conduite qui serait considérée, si le projet de loi est adopté, comme un acte d'agression sexuelle à l'égard de la jeune personne.
Cependant, dans le cadre de l'examen article par article au Comité de la justice, le projet de loi a été amendé par l'opposition de façon à rendre permanente l'exemption transitoire liée au mariage.
Ainsi, le projet de loi permettrait dorénavant qu'une personne de 25 ans ou même de cinquante ans se marie avec une personne de 14 ou 15 ans, pourvu que les lois de la province ou du territoire sur la célébration des mariages l'autorisent.
Un tel mariage ne serait pas permis à trois endroits, mais partout ailleurs, il serait permis avec l'approbation préalable d'une autorité judiciaire ou ecclésiastique et, à quatre endroits, seulement si la jeune fille était enceinte. Autrement dit, une fois qu'aurait été commis ce qui serait considéré comme une agression sexuelle aux termes du projet de loi . Le gouvernement n'a pas appuyé cet amendement parce qu'il aurait manifestement pour effet de pardonner une relation sexuelle que condamne le projet de loi .
Les statistiques indiquent qu'il n'y a qu'un petit nombre de personnes de 15 ans qui sont mariées et que ce sont des cas exceptionnels. Néanmoins, dans les provinces ou territoires où la loi autorise le mariage d'une personne dont l'âge est inférieur à l'âge de protection, on présume que le tribunal ou l'autorité ecclésiastique tiendrait compte du Code criminel, tel que modifié par le projet de loi , pour décider s'il y a lieu d'approuver le mariage d'une personne de 14 ou 15 ans avec un partenaire qui a au moins cinq ans de plus qu'elle.
Le gouvernement aurait préféré que l'on appuie le projet de loi tel qu'il avait été présenté. Il y a cependant des mécanismes dans les provinces et les territoires qui permettront, en pratique, d'atteindre l'objectif clairement énoncé des réformes proposées par le projet de loi .
Les réformes proposées par le projet de loi auraient dû être faites il y a longtemps, et nous ne voulons pas retarder leur adoption. Au cours des dernières années, des groupes de victimes et des associations de policiers ont demandé au gouvernement d'agir. Pendant trop longtemps, le Parlement a ignoré leurs demandes. Nombreux sont les députés et les autres Canadiens qui sont heureux que nous agissions aujourd'hui pour protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels adultes.
Les responsables de l'application de la loi nous ont dit à plusieurs reprises que les jeunes de 14 ou 15 ans risquent davantage d'être exploités sexuellement, notamment à cause des leurres dont ils font l'objet par l'intermédiaire d'Internet. Les parents et les enseignants savent que les adolescents sont de grands utilisateurs d'Internet, et notamment des salons de clavardage. Les enfants en savent même davantage que nous à propos de ces nouvelles technologies, mais ils en savent moins à propos des prédateurs qui rôdent dans Internet.
J'ai trouvé plutôt alarmants les témoignages présentés aux audiences du Comité de la justice sur les connaissances de ces prédateurs internautes, la détermination dont ils font preuve et le réseau sur lequel ils pouvaient compter pour tirer profit de l'âge du consentement aux relations sexuelles qui était alors beaucoup trop bas au pays. Nous avons même entendu le témoignage de certains prédateurs étrangers dans la quarantaine ou même dans la cinquantaine, venant de pays où l'âge du consentement est plus élevé, qui ont affirmé avoir ciblé particulièrement les jeunes Canadiens puisqu'ils pouvaient avoir des relations avec eux dès l'âge de 14 ans.
Grâce à sa relative convivialité et au niveau d'anonymat qu'il semble offrir, l'Internet est devenu l'outil de prédilection de ces prédateurs qui cherchent à attirer les jeunes. Ces personnes exploitent les vulnérabilités des jeunes. Ils commencent par établir une relation de confiance avec eux, puis trahissent leur confiance lorsqu'ils tentent de les exploiter sexuellement.
Le projet de loi offrira aux jeunes de 14 et 15 ans une protection supplémentaire essentielle contre de tels comportements abusifs. Le comble un besoin et il recueille beaucoup d'appui. Il est maintenant temps d'en appuyer l'adoption rapide.
Je prendrai quelques instants pour saluer les nombreux députés, de mon parti et d'autres, qui ont prôné sans relâche au fil des ans le relèvement de l'âge du consentement pour protéger les jeunes et qui ont entendu les appels des groupes de victimes, des experts du domaine de l'exploitation des enfants et des policiers qui ont répété à de nombreuses reprises que le Canada était devenu une destination de choix pour ceux qui voulaient se livrer à l'exploitation sexuelle des jeunes.
Je suis fier de voir que leurs efforts ont permis de hausser l'âge du consentement et je suis également fier des efforts menés par le gouvernement pour faire adopter cette mesure législative dont nous avions bien besoin.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à l'étape du rapport au sujet du projet de loi .
J'aimerais dire tout d'abord que le Parti libéral appuie cette mesure législative.
Avant de me lancer dans une discussion détaillée du projet de loi, je voudrais commenter certaines observations formulées par le dans le discours qu'il vient tout juste de prononcer. Il a déclaré que le projet de loi avait connu des retards et que le gouvernement était heureux que le projet de loi soit enfin rendu à cette étape.
Je tiens à dire que le a déposé le projet de loi à la Chambre des communes le 22 juin 2006. La Chambre s'est par la suite ajournée pour l'été et elle repris ses travaux à la fin de septembre.
C'est la prérogative du gouvernement de déterminer quand il souhaite proposer la deuxième lecture et le débat de ses propres mesures législatives. Or, le gouvernement a proposé le débat à l'étape de la deuxième lecture le 30 octobre 2006. Cela s'est passé après l'annonce de la stratégie libérale concernant la justice et après l'offre des libéraux et de leur porte-parole en matière de justice d'accélérer l'adoption du projet de loi C-22 et d'un certain nombre d'autres projets de loi en matière de justice que le gouvernement conservateur avait déposés.
Le débat de deuxième lecture a pris fin le 30 octobre 2006, ce qui veut dire qu'il y a eu accord entre tous les partis pour ne pas retarder le débat à la Chambre et pour renvoyer le projet de loi au comité aussi rapidement que possible. Le projet de loi a été renvoyé au Comité de la justice et des droits de la personne, qui tenait déjà des audiences au sujet d'une série d'autres projets de loi d'initiative ministérielle et parlementaire.
Le Comité de la justice et des droits de la personne a tenu des audiences concernant le projet de loi , portant sur l'âge de protection, les 21, 22, 27 et 29 mars 2007. Les députés se souviendront qu'il y a eu alors ajournement durant deux semaines pour la période de Pâques.
La Chambre étant de retour le 16 avril et le Comité de la justice et des droits de la personne, qui se réunit normalement le mardi et le jeudi, s'est réuni le mardi 17 avril et le jeudi 19 avril. Le comité a poursuivi l'étude article par article et a fait rapport du projet de loi à la Chambre le 23 avril.
C'est le gouvernement qui décide quand il proposera le débat à l'étape du rapport et, dans le cas du projet de loi C-22, il n'a décidé de le faire que cette semaine. Le C-22 faisait partie d'un ensemble de projets de loi et il revenait au gouvernement de décider dans quel ordre il allait traiter chaque mesure.
Ainsi, tout député de ce gouvernement qui n'est pas satisfait du temps qu'il a fallu pour que le projet de loi franchisse les étapes du débat de deuxième lecture, du comité et du rapport du comité, et puis maintenant celle du débat à l'étape du rapport, n'a qu'à s'en prendre aux décideurs du parti ministériel.
Comme nous le savons, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne a renvoyé ce projet de loi à la Chambre. Comme l’a indiqué le , le comité a fait rapport du projet de loi avec une proposition d'amendement.
L'amendement consiste à ajouter le mariage en tant que moyen de défense d’une personne accusée: de contacts sexuels, au sens de l’article 151 du Code criminel; d’incitation à des contacts sexuels, selon l’article 152; d’actions indécentes, aux termes du paragraphe 173(2), et d’agression sexuelle, au sens de l’article 271, quand le plaignant ou la plaignante est âgée de 14 ou plus mais de moins de 16 ans. Les libéraux ont collaboré avec les autres partis pour soumettre cet amendement à la Chambre.
Nous sommes heureux de constater que cet amendement est mentionné dans le rapport du comité. Bien que les députés conservateurs membres du Comité de la justice et des droits de la personne, y compris le , se soient opposés à cet amendement en comité, nous nous réjouissons qu’ils n’aient pas déposé de motion visant à modifier le projet de loi pour faire tomber ce moyen de défense.
J’avais moi-même proposé un amendement à ce projet de loi qui aurait abrogé l’article 159 du Code criminel. Cet article dépassé, qui établit que les relations sexuelles annales sont une infraction pénale, est un relent du passé qui a même été jugé contraire aux dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés par deux cours d’appel, celle du Québec et celle de l’Ontario.
Le gouvernement aurait pu, quand il a rédigé le projet de loi , retirer cet article archaïque du Code criminel ou, s’il a oublié de le faire par inadvertance -- et je lui accorde le bénéfice du doute à cet égard --, il aurait au moins pu appuyer mon amendement en comité parce que, même si un amendement échappe à la portée d’un projet de loi, il peut être déclaré recevable et soumis à débat et au vote pour être éventuellement adopté si le gouvernement est d’accord.
Le gouvernement a plutôt décidé par deux fois -- quand il a été contraint d’agir face à un article archaïque du Code criminel qui enfreignait clairement la Charte des droits et libertés -- de défendre la discrimination et l’homophobie, ce qui en dit long des valeurs du gouvernement conservateur et de ceux et celles qui en font partie.
Quoi qu’il en soit, le projet de loi a été adopté en comité sans autre changement. Les délibérations du comité sur le projet de loi se sont bien déroulées et elles ont permis de recueillir le point de vue de nombreux Canadiens qui ont témoigné en leur nom ou au nom d’organisations ayant un intérêt dans cette question. La plupart des intervenants se sont dits favorables au projet de loi, bien que certains s’y soient opposés.
Tous les parties ont cependant affiché un profond désir d’appuyer le projet de loi et de lui faire franchir le plus rapidement et le plus efficacement possible l’étape de l'étude en comité. D’après les dates dont j’ai fait état, c’est exactement ce qui s’est passé.
[Français]
J'aimerais réitérer l'appui que notre parti manifeste à l'égard du projet de loi . Depuis octobre 2006, nous avons offert à plusieurs reprises à ce gouvernement conservateur d'accélérer l'adoption de bon nombre de projets de loi sur la justice. Or, étonnamment, le gouvernement minoritaire conservateur a refusé notre offre. Il semble que le gouvernement ne prend en compte les questions de justice que lorsqu'il croit pouvoir les manipuler pour des gains politiques. C'est un gouvernement qui offre aux Canadiens et Canadiennes une façade d'action, mais qui ne livre pas la marchandise. C'est un gouvernement beaucoup plus préoccupé à faire les manchettes plutôt que d'obtenir des résultats qui rendront les Canadiens, les Canadiennes et les communautés canadiennes plus sécuritaires. C'est un patron qui s'est répété à plusieurs reprises déjà, comme dans le cas du projet de loi C-22.
En octobre 2006, ma collègue, la députée de , alors porte-parole en matière de justice pour notre parti, a offert au gouvernement la possibilité d'adopter rapidement une série de six projets de loi sur la justice que le gouvernement avait lui-même déposés en cette Chambre, dont le projet de loi . Le gouvernement a carrément refusé notre offre. Avec mon collègue, le député de , qui est le leader parlementaire libéral, j'ai renouvelé cette offre à la mi-mars et là encore, le gouvernement a fait la sourde oreille.
Le leader de l'opposition officielle a également fait la même offre, vers la fin du mois de mars. Le gouvernement a de nouveau fait la sourde oreille et a entièrement ignoré cette dernière offre. Le comble, c'est que le gouvernement a même eu l'audace de s'opposer à une motion que j'avais présentée afin de donner instamment la troisième lecture à quatre projets de loi que ce gouvernement avait lui-même déposés, soit les projets de loi , , et bien sûr .
Le projet de loi concernait l'identification à partir de l'ADN. Le projet de loi , qui est actuellement devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, est un projet de loi omnibus qui apporte des correctifs et des modifications techniques au Code criminel concernant, entre autres, les différentes procédures. Le projet de loi concerne le renversement du fardeau de la preuve pour les enquêtes sur cautionnement. C'est un projet de loi que ce gouvernement dit être archi-fondamental à son agenda et à sa politique pour la justice, mais il a carrément refusé d'en accélérer le processus en Chambre. Le dernier projet de loi, bien sûr, est le projet de loi que nous débattons actuellement. C'était bien la première fois, au cours de mes presque 10 ans en tant que députée fédérale à la Chambre des communes, que j'ai vu un gouvernement fédéral freiner l'adoption de sa propre législation. Qui aurait cru cela possible? Tout est possible, semble-t-il, pour ce gouvernement conservateur minoritaire.
En conclusion, je veux simplement dire que le Parti libéral du Canada, l'opposition officielle, dès le dépôt du projet de loi en Chambre, en juin 2006, a manifesté son appui pour ce projet de loi, a tenté de convaincre ce gouvernement de le mettre sur ce qu'on appelle un « fast-track », une voie rapide, mais c'est ce gouvernement qui a bloqué toute tentative de l'opposition officielle de faire adopter le projet de loi C-22 rapidement. Nous sommes très heureux que, finalement, ce projet de loi se retrouve en Chambre à l'étape du rapport et de la troisième lecture. Nous avons l'intention de l'appuyer ardemment.
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Monsieur le Président, je sais gré au député de sa question, mais j'affirme que je ne tenais pas un discours décousu. D'abord, je donnais des dates précises au sujet du déroulement de l'étude de ce projet de loi, en réponse à une observation qu'a faite le secrétaire parlementaire du gouvernement.
Ensuite, je faisais également valoir un argument en réponse à une observation qu'a faite son propre secrétaire parlementaire au sujet des retards accusés dans l'étude de ce projet de loi. J'ai dit que le Parti libéral, l'opposition officielle, avait à quatre occasions tenté de faire adopter rapidement ce projet de loi en particulier, et d'autres. C'est le propre gouvernement du député qui l'a bloqué chaque fois. C'est la première fois que je vois un gouvernement bloquer l'adoption rapide de son propre projet de loi, mais c'est aux députés d'en face qu'il revient d'expliquer pourquoi.
Oui, j'estime que le projet de loi , avec cet amendement, est acceptable. L'amendement permet de l'améliorer.
Des fonctionnaires du ministère de la Justice ont eux-mêmes témoigné que nous parlions d'un très petit pourcentage de cas chaque année. En fait, une de ces fonctionnaires, Carole Morency, a affirmé que, d'après les prévisions du ministère de la Justice, il n'y aurait pas plus de cinq personnes de moins de 16 ans, mais de plus de 14 ans, qui, si ce projet de loi entre en vigueur, se trouveraient dans une situation où elles sont mariées et qui pourraient employer l'exception comme moyen de défense parce que leur conjoint de droit est de plus de cinq ans leur aîné.
Mme Morency a été en mesure d'expliquer les conditions de célébration d'un mariage dans l'ensemble des dix provinces et territoires. Cela a rassuré les membres du comité de savoir qu'il y avait un processus législatif très clair. Dans la majorité des cas, un juge devra donner son consentement pour qu'un couple dont un des partenaires a moins de 16 ans, mais plus de 14 ans, et l'autre est de plus de cinq ans son aîné puisse se marier.
Par conséquent, les partis d'opposition étaient d'avis que, puisqu'un juge ou un magistrat sous un régime provincial doit donner son consentement formel, la relation du couple aurait été examinée afin de déterminer, entre autres, s'il y avait exploitation sexuelle. Nous avons donc été rassurés par le témoignage que nous avons entendu.
Je crois donc que le projet de loi est un bon projet de loi, et c'est pour cette raison que l'opposition officielle, le Parti libéral, l'appuie. C'est pourquoi nous tentons depuis des mois d'en accélérer l'adoption. Nous sommes enchantés qu'il se trouve finalement devant la Chambre. Nous espérons que le gouvernement arrêtera de bloquer l'adoption rapide de son propre projet de loi.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de débattre aujourd'hui du projet de loi à l'étape du rapport, projet de loi qui augmente l'âge du consentement sexuel de 14 ans à 16 ans pour les relations sexuelles non exploitantes.
Le débat entourant l'âge du consentement sexuel demeure délicat. Nous avons tous une idée de ce que devrait être l'âge pour avoir des relations sexuelles consentantes. En tant que mère d'un adolescent, je suis directement touchée par ce débat. Je comprends bien les soucis que peuvent avoir les autres parents à cet égard. En effet, nous ne pouvons être constamment près de nos enfants pour intervenir le moment venu afin de les protéger de toutes les menaces potentielles.
La protection de nos jeunes n'a pas de prix. Pour mes collègues parlementaires et moi-même, cette protection demeure l'une des priorités absolues, sinon des plus importantes.
Brièvement, le projet de loi hausse à 16 ans l'âge du consentement sexuel. Pour éviter une criminalisation des relations entre les adolescents, les personnes âgées de 14 ans ou de 15 ans pourront consentir à des relations sexuelles avec une autre personne, à condition qu'elles soient non exploitantes et respectent une limite de cinq ans de différence en termes d'âge. Clairement, une personne âgée de 15 ans pourra avoir, dans le cadre de relations non exploitantes, des relations avec une personne âgée de 16 ans à 20 ans, sans que cela donne lieu à des accusations criminelles. J'ajoute que ce rehaussement de l'âge de consentement n'affecte pas les dispositions dites de « détournement de mineur » qui interdisent à tout adulte en position d'autorité d'avoir des relations sexuelles avec un jeune de moins de 18 ans.
Une autre exception du même type permet aux jeunes de 12 ans et de 13 ans d'avoir des relations sexuelles non exploitantes avec des partenaires ayant deux ans d'écart avec eux, c'est-à-dire des partenaires de 14 ans ou de 15 ans.
Finalement, le projet de loi comprend aussi une disposition transitoire. Elle permettra, au moment de son entrée en vigueur, que les jeunes de 14 ans ou de 15 ans et leurs partenaires plus âgés qu'eux de cinq ans pourront poursuivre leurs contacts sexuels en toute légalité si, et seulement si, ils sont mariés, conjoints de fait ou ont eu des enfants sans que cela ne donne lieu à des poursuites criminelles.
Ces exceptions sont très importantes. En lisant les lettres qui me sont adressées et en écoutant les préoccupation des groupes sociaux de ma circonscription, je sais que les avis sont partagés en ce qui a trait à l'âge auquel les jeunes devraient avoir leur première relation sexuelle.
Cependant, il est important de se rendre compte que bon nombre de jeunes de 14 ans et de 15 ans ont des rapports sexuels, la plupart du temps avec des jeunes de leur âge ou de leur groupe. Le projet de loi le reconnaît, et son objectif est clair: il vise à protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels adultes et non à criminaliser l'activité sexuelle entre adolescents consentants.
En effet, l'idée derrière le projet de loi est de viser les adultes qui exploitent les adolescents et non les adolescents consentants. De plus, au-delà de la protection de nos jeunes contre l'exploitation sexuelle, le projet de loi cherche à envoyer un message aux prédateurs sexuels, à l'effet que le Canada et le Québec ne tolèrent pas les abus faits à l'égard des adolescents. De la même manière, sur la scène internationale, le projet de loi permet d'établir clairement que le Canada et le Québec ne sont pas des destinations de choix pour le tourisme sexuel. Cela me fait d'ailleurs penser à l'Internet. Ce réseau global a été une innovation phénoménale dont chacun de nous peut bénéficier, surtout grâce aux communications, à l'accès aux renseignements et aux ressources qui sont instantanées à l'échelle mondiale. Cependant, même s'il demeure un outil éducatif pour nos jeunes, il représente aussi pour les pédophiles et autres prédateurs une nouvelle porte d'entrée pour exploiter sexuellement les enfants et les jeunes.
C'est l'une des méthodes, parmi plusieurs, de ceux qui cherchent à profiter des lois concernant l'âge du consentement à des relations sexuelles. Le tourisme sexuel ne doit pas être permis ici.
Heureusement, il y a déjà des dispositions dans le Code criminel qui concernent le leurre par l'Internet, les agressions sexuelles et les relations dans un cadre d'autorité. Je pense que ces dispositions sont utilisées lorsqu'il est pertinent qu'elles le soient. Aussi, le projet de loi amènera les victimes à pouvoir dire à la cour — en toute liberté et surtout de façon protégée — ce dont elles ont été victimes. C'est ce que je souhaite et c'est ce que souhaite également le Bloc québécois.
Pour l'ensemble de ces raisons, mes collègues et moi appuierons le projet de loi afin qu'il franchisse l'étape de la troisième lecture et qu'il poursuive son chemin législatif au Sénat. Cependant, en termes de résolution des problèmes sociaux, je tiens à préciser que renforcer uniquement le Code criminel n'est pas la seule piste à envisager et que toutes les solutions ne se trouvent pas dans les réformes à la pièce du Code criminel. En effet, il existe plusieurs obstacles à la lutte contre les agressions sexuelles envers les adolescents, et nombre d'entre eux demeureront même si le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui est adopté.
Par exemple, le faible taux de dénonciation et de signalement des victimes d'agression sexuelle est un obstacle majeur à la lutte contre les crimes sexuels. En effet, il sera toujours impossible d'intervenir si l'adolescent ment ou cache sa relation pour protéger son agresseur.
J'ai écouté les témoins qui se sont présentés au Comité permanent de la justice lors de l'étude du projet de loi et qui ont souligné que diverses enquêtes suggèrent qu'environ 10 p. 100 des agressions sexuelles sont dénoncées annuellement aux forces de l'ordre. Cela démontre que les victimes sont généralement réticentes à dénoncer leur situation parce qu'elles craignent les réactions négatives de l'entourage et la réaction de leur agresseur. Les victimes appréhendent de vivre des difficultés particulières liées à l'impact de leur rôle de témoin devant la cour.
Par ailleurs, je disais tout à l'heure à quel point il peut être difficile pour des parents de veiller au bien-être de leurs enfants. Les parents ne peuvent pas être constamment aux côtés de leurs enfants. Ainsi, je respecte ce désir profond, à l'adolescence, de rechercher une certaine autonomie et une certaine intimité. Mais dans leur apprentissage personnel de la vie, j'espère de tout coeur que rien ne leur arrivera. Toutefois, il y a toujours la responsabilité des parents qu'il faut quand même considérer.
De là l'importance de la prévention pour nos enfants: l'éducation sexuelle est une avenue incontournable pour protéger véritablement les adolescents contre l'exploitation sexuelle. Elle doit non seulement permettre de leur faire réaliser leurs responsabilités face à la sexualité, c'est-à-dire aux diverses maladies transmises sexuellement, ou encore aux grossesses involontaires, mais surtout de leur donner les outils pour mieux se protéger contre les relations sexuelles non désirées ou en situation d'exploitation.
De meilleures interventions en matière d'éducation sexuelle pourront ainsi permettre aux enfants et aux adolescents d'éviter certaines situations difficiles et éprouvantes. La démarche d'éducation sexuelle informe, fait réfléchir et facilite la prise de décisions éclairées.
Les parents, l'école et les services sociaux doivent contribuer à cet apprentissage, car chacun partage cette importante responsabilité de veiller à l'éducation des enfants. Une éducation sexuelle efficace suppose, notamment pour les adultes, de livrer des messages qui ont un sens clair et non ambigu, qui tiennent compte de l'âge de l'enfant ou de l'adolescent.
Cela dit, le projet de loi est donc un pas dans la bonne direction. Le Bloc québécois a toujours reconnu le besoin d'augmenter la protection des enfants, ce que fait ce projet de loi.
Dans les circonstances, nous appuierons ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour discuter du projet de loi , qui vise principalement à faire passer de 14 à 16 ans l'âge du consentement à des relations sexuelles.
Ceux qui critiquent cette mesure l'ont caractérisée d'un certain nombre de façons: ingénierie sociale à la dérive; nouvelle tentative de la part du Parlement et de l'État d'entrer dans les chambres à coucher de la nation; mesure discriminatoire à l'endroit de nos jeunes; et tentative d'imposer la moralité, ce qui est l'argument le plus souvent invoqué par les membres de notre société qui croient que des jeunes de 14 et 15 ans ne devraient pas avoir de relations sexuelles.
Si nous regardons l'historique de la législation et, en particulier, un certain nombre de projets de loi d'initiative privée, on constate qu'il y a du vrai dans le dernier argument invoqué relativement à ces projets de loi antérieurs, mais cette objection n'est pas valable dans ce cas-ci.
Étant donné qu'il s'agit, jusqu'à un certain point, d'une question de conscience, le NPD ne va pas imposer de ligne de parti en ce qui a trait à ce projet de loi, mais va plutôt laisser ses députés voter selon leurs valeurs et leur conscience.
Personnellement, je vais appuyer cette mesure législative, qui dit essentiellement que, à ce moment-ci de notre histoire en tant que pays, en tant que société, il convient de protéger nos jeunes de 14 et 15 ans afin qu'ils ne soient pas exploités par des prédateurs. Or, la meilleure façon d'assurer une telle protection c'est d'adopter ce projet de loi.
Celui-ci renferme deux volets importants. D'une part, il fait passer de 14 à 16 ans l'âge du consentement à une activité sexuelle. Par ailleurs, il inclut aussi ce qu'on appelle dans la terminologie juridique une disposition permettant d'invoquer comme défense la faible différence d'âge, ce qui est absolument crucial.
La défense fondée sur la proximité d'âge permettra aux gens, aux couples d'avoir des relations sexuelles, lorsque la différence d'âge entre les deux personnes ne dépasse pas cinq ans. Dans un tel cas, il ne s'agira pas d'une activité criminelle. Si l'écart d'âge dépasse cinq ans, l'activité sera jugée criminelle et sera passible des sanctions prévues dans la mesure législative et, d'une façon plus générale, dans le Code criminel.
Pour faire un bref historique, je dirai que, jusqu'au début des années 1900, l'âge du consentement était fixé à 12 ans au Canada. Je sais que bien des gens n'en reviennent pas. C'est une tradition que l'Angleterre nous a léguée en même temps que ses lois, et nous l'avons conservée au fil de l'évolution de notre jurisprudence. Au début des années 1900, nous avons fixé l'âge du consentement à 14 ans.
Les lois ont été modifiées plusieurs fois, puis on s'est beaucoup penché sur la disposition relative à l'âge du consentement de la fin des années 1970 jusqu'au début des années 1990.
À cette époque l'approche consistait à rendre illégal le genre de relation qui était une relation d'exploitation de par sa nature. Par exemple, une relation dans laquelle une personne abusait de son autorité pour en asservir une autre était une relation d'exploitation de par sa nature et était, par conséquent, illégale. On a adopté plusieurs articles législatifs au cours de cette période.
Je trouve intéressant de signaler que le projet de loi sur la pornographie juvénile, le projet de loi C-2, qui a été présenté au cours de la législature précédente était appuyé sur un grand nombre de preuves relativement à l'âge du consentement.
Les procureurs et les policiers appelés à invoquer les articles de la loi visant les relations d'exploitation ont dit que ces articles étaient tout à fait inefficaces, particulièrement en ce qui concerne les jeunes de 14 et 15 ans. On ne porte que très rarement des accusations, parce qu'on n'obtient pour ainsi dire plus de condamnation pour ce type d'infraction. C'est ce que nous dit les procureurs, et les statistiques confirment ce qu'ils avancent.
Je vais reprendre ma leçon d'histoire au chapitre des tentatives des législateurs. Au cours des 10 à 15 dernières années, ce sont surtout des députés du Parti réformiste, de l'Alliance, et même du Parti conservateur qui ont présenté des mesures visant à rehausser l'âge du consentement. Dans ces mesures, il n'a jamais été question d'une défense fondée sur la faible différence d'âge. Permettez-moi d'étayer mon propos par des chiffres.
Depuis quelques années, 815 000 jeunes à peu près sont dans le groupe des 14 et 15 ans. On estime qu'environ 125 000 d'entre eux ont des rapports sexuels, sous une forme ou une autre. Cette mesure ferait d'eux des contrevenants. De 2 500 à 3 000 jeunes ont eu des relations avec un partenaire de plus de cinq ans leur aîné, en fait de plus de six ans et au-delà. Voilà les chiffres.
Le projet de loi d'initiative parlementaire sur le sujet qui nous a été présenté aurait eu pour effet de criminaliser certains de nos jeunes. Il faut bien admettre que le seul fait de faire passer l'âge de 14 à 16 ans aurait eu pour effet de transformer 125 000 jeunes en criminels. Les deux personnes en cause dans la relation auraient commis un acte criminel parce que l'une d'elle aurait eu des rapports sexuels avec une personne de moins de 16 ans. Cela constituait un véritable problème que des partis politiques ne saisissaient pas bien.
J'ai finalement convaincu l'ancien ministre de la Justice du Manitoba et actuel , de proposer un amendement au projet de loi . Nous l'avons fait ensemble. L'amendement aurait haussé l'âge du consentement, mais en accordant une défense fondée sur une différence d'âge de cinq ans. Il a fallu un peu de tordage de bras. Je crois que le personnel du ministre a beaucoup aidé à le convaincre, mais cela tient un peu de la petite histoire.
Je souligne cela parce que je veux lancer une pointe en direction des libéraux. Lorsque l'amendement s'est retrouvé devant le Comité de la justice, au cours de la dernière législature, les libéraux et les bloquistes ont voté contre et il a été rejeté. Il ne s'est jamais rendu devant la Chambre des communes. J'ai entendu notre collègue libéral de Montréal fulminer contre les délais, mais la disposition aurait très bien pu être intégrée au projet de loi . On a tenté de le faire et la disposition serait maintenant en vigueur depuis près de deux ans.
S'il y a eu des délais, ils sont certainement attribuables aux libéraux et aux bloquistes, qui n'ont pas appuyé l'amendement proposé. Fait intéressant, deux ans plus tard, ils ont finalement vu la lumière, probablement en raison de fortes pressions politiques.
La mesure législative comporte encore des défauts. Nous en avons entendu parler aujourd'hui. Je les passe rapidement en revue. Au comité, j'ai proposé des amendements pour corriger chacun de ces défauts et deux ont été déclarés irrecevables et un autre a aussi été proposé par les libéraux. Il portait sur un article clairement discriminatoire et reconnu comme tel par deux tribunaux d'appel, en Ontario et au Québec.
Quant à la nature discriminatoire de l'article 159, qui interdit les relations sexuelles anales avant l'âge de 18 ans, chez les hommes comme chez les femmes, on l'a contestée à maintes reprises. Ni le Parti libéral pendant ses 13 années au pouvoir ni le gouvernement conservateur n'ont cru bon de modifier le code et d'éliminer cet article. D'ailleurs, j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire hier à ce sujet. Il a été jugé irrecevable, car il modifie le projet de loi .
J'ai aussi proposé un autre amendement. Nous avons beaucoup entendu d'inquiétudes selon lesquelles le projet de loi dissuaderait les jeunes de 14 et 15 ans d'aller se faire soigner s'ils soupçonnent qu'ils sont atteints d'une maladie transmissible sexuellement parce que leur partenaire pourrait avoir cinq ans ou plus qu'eux. Mon objectif avec cet amendement était d'offrir une protection aux termes de la Loi sur la preuve au Canada.
Prenons l'exemple d'une personne qui affirme avoir une maladie qui nécessite un traitement. Étant donné que la loi provinciale exige que le médecin ou le conseiller qui traite la personne signale que le partenaire, la personne plus âgée, a la maladie, la jeune personne pourrait décider de ne pas fournir l'information. Elle n'obtiendrait donc pas de traitement ni de counseling.
La modification à la Loi sur la preuve au Canada que je proposais consistait à donner aux gens le privilège suivant: l'information fournie ne pourrait pas être utilisée contre la personne ou son partenaire dans le cadre de poursuites criminelles. On a également jugé cette modification irrecevable. J'ai inscrit la modification dans un projet de loi d'initiative parlementaire que je déposerai à la Chambre la semaine prochaine, probablement.
La dernière modification que j'ai proposée avait trait à ce que je considère comme un conflit de compétences entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial en matière de mariage lorsque la différence d'âge est supérieure à cinq ans. Dans certaines provinces, les juges, de même que les parents et les tuteurs, les ministres du culte et habituellement les procureurs généraux peuvent permettre à une personne de se marier même si elle est plus jeune que ce que stipule la loi, c'est-à-dire généralement de 16 à 18 ans au pays, lorsque le couple attend un enfant.
Si un juge autorise le mariage malgré un plus grand écart d'âge, la police et les procureurs pourraient arrêter ce couple et accuser d'infraction criminelle le conjoint le plus âgé. Le juge devrait décider s'il doit reconnaître la culpabilité de cette personne. C'est une anomalie.
J'ai présenté un amendement qui a été accepté au comité. Si un couple est autorisé à se marier malgré un écart d'âge de plus de cinq ans, cette autorisation est émise par le gouvernement provincial, qui a les pouvoirs nécessaires. Ce ne serait donc pas une infraction en vertu de cette disposition du Code criminel.
En conclusion, cette mesure législative ne vise pas à imposer des valeurs morales particulières. Elle vise plutôt à protéger nos enfants.
Ailleurs dans le monde, environ 60 p. 100 de la population est assujettie à une loi fixant l'âge du consentement à 16 ans ou plus, mais on ne peut pas en tirer de conclusions précises. On ne peut pas dire que certains pays sont plus libéraux ou que d'autres sont plus conservateurs selon ce critère. Il ne semble y avoir aucun lien entre cette règle et les valeurs dominantes du pays.
Les conclusions que j'en tire après avoir examiné la situation dans quelques pays, c'est qu'on se fie aux faits, et non aux valeurs morales, pour déterminer ce qui, à notre époque, convient à notre société en matière de protection des jeunes. C'est ce que nous avons fait, et c'est ce qu'il convenait de faire. Comme je l'ai déjà dit, j'appuierai ce projet de loi quand il sera mis aux voix.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir sur ce projet de loi qui concerne à la fois le droit criminel, un certain nombre de présupposés moraux et, bien sûr, la vision que l'on a en regard de la protection de la jeunesse. Au Bloc québécois, c'est ma collègue de qui était responsable de ce dossier et nous avons donné notre appui au projet de loi. C'est un projet de loi qui vise à hausser l'âge du consentement à des relations sexuelles. J'aurai l'occasion d'en parler, sans être évidemment trop autobiographique, afin de faire valoir que des changements de mentalité se cachent derrière cela. Nous devons prendre acte de faits sociaux.
Nous avons appuyé ce projet de loi qui fait passer l'âge de consentement à des relations sexuelles non exploitantes — c'est-à-dire des relations sexuelles où il n'y a pas de prostitution; des relations sexuelles qui n'impliquent pas des gens qui ont des rapports d'autorité; des relations sexuelles qui n'impliquent pas de relations de dépendance; des relations sexuelles entre jeunes et entre personnes consentantes — de 14 ans, qui est l'âge actuel autorisé, à 16 ans. Le gouvernement a également proposé que nous n'appelions plus ça « l'âge de consentement », mais désormais « l'âge de protection ». C'est une façon de voir les choses, mais le fait est que cela va passer de 14 ans à 16 ans. Je le mentionne pour que ce soit clair.
Au Bloc québécois, très tôt, lorsqu'il est apparu dans la plate-forme du Parti conservateur que cette idée allait devenir une politique publique, notre chef, le député de , a demandé qu'il y ait des clauses de proximité d'âge, et on comprend bien la rationalité. On ne voulait pas que dans une même polyvalente — prenons la polyvalente d'Arthabaska, la polyvalente d'Hochelaga—Maisonneuve ou la polyvalente de Windsor — des jeunes, qui sont en deuxième année du secondaire et qui ont des relations sexuelles avec des jeunes de quatrième année du secondaire, soient criminalisés. C'est pour cette raison que le projet de loi contient des exceptions qui sont des clauses d'âge de proximité.
Ainsi, un jeune de 12 ou 13 ans pourra avoir des relations sexuelles consentantes, non exploitantes, avec une personne de deux ans son aînée et un jeune de 14 ou 15 ans pourra avoir des relations sexuelles non exploitantes avec une personne de cinq ans minimum son aînée. Il sera également possible pour une personne de 14 ans d'avoir des relations sexuelles non exploitantes avec une personne de 19 ans, sans qu'elle s'expose à des poursuites au criminel.
Fait logique, le projet de loi prévoit également que les personnes qui, au moment où le projet de loi va entrer en vigueur, étaient mariées ou vivaient en relation de faits avec ou sans enfant, pourront continuer de vivre ensemble, même si la clause d'âge n'est pas respectée. On comprend que, dans le cas d'une implication conjugale par la forme des relations de faits ou par le mariage, la relation pourra se poursuivre sans qu'il y ait des accusations au criminel.
Toute la question de l'âge du consentement fait réfléchir. D'abord, le Bloc appuie le projet de loi parce qu'il est raisonnable. D'ailleurs, comme le disais le député de Windsor, la moitié des pays sur la Terre ont déjà prévu que l'âge de consentement pour des relations sexuelles soit établi à 16 ans. Ce n'est pas déraisonnable. Je pourrais donner quelques exemples: l'État de l'Alabama, l'Alaska, l'Algérie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Chine, Cuba, la République Dominicaine, la Finlande, Hawaï. Dans plus d'une centaine de pays ou d'États, l'âge de consentement pour des relations sexuelles est de 16 ans.
Je comprends que le gouvernement, lorsqu'il a déposé son projet de loi, avait particulièrement en tête un phénomène qui est celui des prédateurs sexuels.
On nous a fait valoir que, comme chacun le sait, on a déjà dans le Code criminel des dispositions sur le leurre d'enfants — je pense que c'est l'article 172 — en vertu duquel on s'expose à des sanctions de cinq ans et plus.
Toutefois, on voulait s'assurer que le Canada et le Québec ne seront pas des terres d'accueil pour les prédateurs sexuels. C'est vrai que le fait qu'une personne de 60 ans ait des relations sexuelles avec une personne de 14 ans peut être questionnable sur le plan social. Il y a peut-être des cas exceptionnels, où les conditions sont réunies pour que cela soit un phénomène acceptable. Cependant, comme législateurs, il n'est pas déraisonnable de penser que, lorsque l'écart d'âge est très grand, on s'expose à des relations sexuelles où il y a de l'exploitation et à des relations sexuelles qui ne sont pas saines pour le développement des personnes concernées.
Donc, en vertu du caractère raisonnable et de la lucidité qui a toujours caractérisé le Bloc dans ses prises de position en matière de justice, le Bloc québécois a fait connaître son appui au projet de loi. Nous avons entendu des témoins en comité, et je crois que nous avons devant nous une bonne mesure.
C'est intéressant parce que nous avons commencé nos travaux au Comité permanent de la justice et des droits de la personne en écoutant les représentants du Centre canadien de la statistique juridique. C'est un organisme gouvernemental qui collige des données spécifiquement liées à la réalité juridique. Je vous donne, en cinq points, le résumé de ce que ses représentants nous ont dit concernant le projet de loi .
Premièrement, ils nous ont rappelé que les actes de violence sexuelle sont les infractions le moins susceptibles d'être signalées à la police. Parmi l'ensemble des délits, des infractions, celles qui sont le moins susceptibles d'être signalées à la police sont les infractions sexuelles, et ce, pour toutes sortes de raisons: la peur de représailles de l'agresseur, l'idée que c'est quelque chose de personnel qui ne concerne pas la société, la peur que ça se sache dans le voisinage. Pour toutes ces raisons, les infractions sexuelles sont les infractions le moins signalées.
Deuxièmement, les jeunes femmes de 13 à 15 ans sont les plus vulnérables à la violence sexuelle. On voit bien que le projet de loi, en haussant l'âge de consentement — qui s'appellera désormais l'âge de protection — à 16 ans fait face à une réalité étayée par les statistiques.
Troisièmement, et c'est encore plus intéressant, les deux tiers des accusés ont plus de 21 ans. Ce sont de jeunes hommes qui présentent le plus grand risque d'être accusés pour ce type d'infraction.
Quatrièmement, il y a un moins grand nombre d'affaires d'infractions sexuelles qui sont classées par mises en accusation. Donc, la Couronne, plus souvent qu'autrement, va porter des accusations par procédure sommaire plutôt que par mise en accusation criminelle. Les infractions sexuelles affichent l'un des plus faibles taux de condamnation. C'est inquiétant aussi. Cette donnée nous est fournie par les représentants du Centre de la statistique juridique du Canada.
Cinquièmement, ils nous ont informés que s'il y a des condamnations, les infractions sexuelles sont traitées avec civilité par les tribunaux, surtout si la victime est jeune et que l'accusé soit un membre de la famille. En effet, on nous a aussi rappelé que, dans le cas des infractions sexuelles, ceux qui commentent l'infraction, les agresseurs, sont malheureusement souvent des gens connus de l'entourage immédiat de la victime et, dans un certain nombre de cas, ce sont même des membres de la famille.
Donc, si le projet de loi est adopté, on ferait passer l'âge de consentement de 14 à 16 ans, avec des clauses de proximité d'âge. À 12 ou 13 ans, vous pouvez avoir des relations sexuelles avec des personnes de deux ans vos aînés. De 14 à 15 ans, vous pouvez avoir des relations sexuelles avec des gens qui sont de cinq ans vos aînés. Tout cela est pour s'adapter à la réalité des adolescents qui fréquentent une même polyvalente, ou qui font partie d'un même groupe de référence.
En effet, je suis convaincu que tous les parlementaires de cette Chambre veulent s'attaquer à la réalité de la prédation sexuelle. Toutefois, personne en cette Chambre n'aurait évidemment souhaité que des jeunes soient pénalisés lorsqu'ils ont des relations sexuelles.
Prenons l'exemple de deux petits pages qui tombent amoureux alors qu'ils ne sont pas encore majeurs et qui découvrent qu'ils ont un coup de foudre. Comme on le sait, on peut être impulsif à 14 ans, 15 ans ou 16 ans. On imagine bien que personne ne veuille que cela puisse faire l'objet d'une poursuite au criminel.
En même temps, je dois rappeler à cette Chambre que le Fédération canadienne pour la santé sexuelle, qui a témoigné devant les parlementaires, a eu certaines inquiétudes. Je vais partager avec la Chambre ces inquiétudes. La Fédération nous disait:
La réaction des jeunes face à la perspective ou la réalité de faire l’objet d’une poursuite au criminel pour s’être livrés à des activités sexuelles consensuelles avec un partenaire plus âgé ou plus jeune risque d’être hostile et ils craindront probablement d’avoir recours aux services de soins de santé appropriés concernant la contraception, l’avortement, les tests de dépistage et le traitement des ITS et du VIH, les contraceptifs d’urgence, etc.
Les ITS sont des infections transmises sexuellement, car maintenant on ne dit plus MTS, on dit ITS.
Il ne faut pas se retrouver dans une situation où, en tant que législateurs, nous nuirons également au réflexe que les jeunes auront d'aller chercher de l'information sur des pratiques sexuelles sécuritaires. Il est important que tout le monde soit informé. Par exemple, il faut se protéger quand on a des relations sexuelles, il faut respecter son partenaire lorsque celui-ci n'est pas prêt à avoir des relations sexuelles précoces, il ne faut pas avoir de pratiques sexuelles à risque si on pense qu'on est dans une situation de grossesse et il faut aller passer des tests.
La Fédération canadienne pour la santé sexuelle nous disait que nous devions nous assurer, si nous augmentions l'âge de consentement, que les jeunes se sentent quand même à l'aise de se procurer l'information nécessaire. La fédération nous rappelait qu'il est important que, dans les écoles publiques du Québec et du Canada, il y ait des moments consacrés aux échanges sur la sexualité dans le cursus de formation des jeunes.
Faisons ici un petit sondage. Il est évident que la moyenne d'âge en cette Chambre est d'au moins 50 ans, je dirais même de 55 ans. Je garde une certaine fierté à dire que je fais baisser la moyenne d'âge. Si on demandait aux parlementaires s'ils ont eu accès à de l'information sexuelle sur des pratiques sexuelles saines, je ne serais pas étonné de constater que plusieurs de nos collègues n'ont pas eu accès à cette information. Cela faisait l'objet d'un certain tabou. On disait que c'était la responsabilité de la famille. Effectivement ce l'est, mais c'est aussi la responsabilité des pouvoirs publics, entre autres dans les institutions d'enseignement et dans les institutions scolaires, de s'assurer que l'on discute de la sexualité des jeunes.
Personnellement, je connais plusieurs groupes communautaires. Je pense, entres autres, au GRIS, le Groupe de Recherche et d’Intervention Sociale, qui va dans les écoles pour parler du VIH-sida. Ces gens utilisent un quizz et ils ont une façon très pédagogique d'amener les jeunes à se préoccuper de cette réalité.
On n'est pas dans une période où les jeunes ont trop d'information. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les ITS — les infections transmises sexuellement — comme le VIH-sida ne sont pas en régression. Cela doit nous amener à nous questionner socialement.
Le Bloc québécois appuie ce projet de loi. Nous sommes sensibles aux représentations de la Fédération canadienne pour la santé sexuelle.
Toutefois, nous croyons que, dans la balance, socialement, cela se défend de hausser l'âge du consentement de 14 ans à 16 ans, comme l'ont fait plusieurs pays à travers le monde.
La question de l'âge du consentement avait déjà fait l'objet du dépôt d'un projet de loi d'initiative parlementaire. Mon collègue, le député de , avait lui-même déposé un projet de loi il y a quelques années, soit le projet de loi . Son projet de loi avait l'infortune, pour ne pas dire l'inconvénient, voire même la très grande faiblesse, de ne pas inclure une clause d'âge de proximité. On nous l'a reproché, mais c'est la raison pour laquelle le Bloc québécois n'avait pas voté en faveur du projet de loi présenté par notre collègue de .
Le Bloc québécois est très préoccupé par le respect des prérogatives des provinces. Nous avons posé beaucoup de questions en comité, parce qu'il est évident qu'il y a toute la question des conditions de fond du mariage. Par exemple, qui est apte à se marier? Il y a une loi qui fait que les cousins germains, qui ont un lien de parenté, ne peuvent pas se marier entre eux. On a également changé la loi pour permettre aux conjoints de fait de même sexe de se marier. Ce sont toutes les conditions de fond pour déterminer qui peut se marier. Les degrés de consanguinité interdits relèvent du gouvernement fédéral.
Toutefois, il y a les questions liées à la célébration du mariage. Dans quelles conditions il sera célébré, quelles sont les conditions réglementaires pour qu'on puisse devenir un officiant ou que l'on puisse célébrer publiquement un mariage, quel est l'âge de consentement du mariage, cela relève des provinces.
En comité, on nous a expliqué que toutes les provinces n'avaient pas les mêmes conditions. Certaines provinces permettaient le mariage à 15 ans, d'autres le permettaient à 16 ans et d'autres à 14 ans. On était préoccupés par la question faisant en sorte que le gouvernement fédéral respecte les différentes législations en vigueur. On pense que les dispositions prévues dans le projet de loi concernant les mariages qui auront été célébrés au moment de l'entrée en vigueur de la loi étaient de nature à nous réconforter au sujet du respect strict des champs de compétence provinciale et fédérale.
C'est un projet de loi qu'on a eu du plaisir à étudier en comité parlementaire. C'est un projet de loi qui est dicté par le bon sens. Enfin, c'est un projet de loi qui a fait l'objet de très peu de commentaires négatifs. Selon moi, il n'y a qu'un seul commentaire que les groupes ont fait valoir. Je le dis pas souci de clarté, pour bien rapporter les différentes tendances observées en comité. On a parlé de l'article 159 du Code criminel. L'article 159 du Code criminel concerne les relations anales. L'article 159 prévoit des dispositions différentes. Pour que l'on puisse consentir à des relations anales sans que ce soit passible de poursuites, il faut avoir 18 ans. Les témoins se sont questionnés, à savoir pourquoi quelqu'un devait attendre d'être âgé de 18 ans pour avoir des relations anales mais que, en ce qui a trait aux autres types de relations, on pouvait s'y engager à 16 ans. Nous n'en avons pas fait une grande bataille, puisqu'il s'agit de quelque chose qui est plutôt intime. Reste que la question se pose, d'autant plus que les cours de justice de l'Ontario, du Québec, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Nouvelle-Écosse ainsi que la Cour fédérale ont jugé cette disposition du Code criminel comme étant discriminatoire, comme étant une discrimination fondée sur l'âge et les relations matrimoniales.
Je termine ici mon exposé. Je serai heureux de répondre aux questions de mes collègues. Je ne pourrai pas répondre à trop de questions car je dois aller accueillir un groupe, mais je pourrai répondre à quelques-unes d'entre elles.
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Monsieur le Président, je tiens d'abord à vous féliciter officiellement de l'adoption à l'étape de la deuxième lecture de votre projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (vol de véhicule à moteur). J'étais très fier d'y donner mon appui.
Je suis heureux de pouvoir prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi . Ce dernier modifie le Code criminel pour faire passer de 14 à 16 ans l’âge du consentement à une activité sexuelle de nature non exploitante. Il s'applique à toute activité sexuelle où intervient la prostitution ou la pornographie ou toute relation de confiance, d’autorité ou de dépendance, ou toute autre situation où la jeune personne est exploitée.
Le projet de loi permettra de mieux protéger les jeunes contre l’exploitation sexuelle aux mains de prédateurs adultes, et je crois qu'il permet d'établir un juste équilibre sans cibler les adolescents consentants.
L'âge du consentement est fixé à 14 ans depuis la refonte du Code criminel en 1892, et le changement proposé dans le cadre du projet de loi s'impose depuis longtemps. La plupart des États américains ont fixé l'âge du consentement à 16 ans, et c'est également le cas dans la majorité des États australiens ainsi qu'au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en Belgique, en Finlande et dans beaucoup d'autres pays.
Le projet de loi ayant été déposé le 22 juin 2006, nous approchons à grands pas du premier anniversaire du dépôt de cette mesure par le gouvernement conservateur. Celui-ci sait qu'une majorité de députés veut adopter ce projet de loi d'initiative ministérielle, et pourtant, nous en sommes encore à débattre d'une mesure qui aurait pu être adoptée il y a des mois.
Je suis très déçu par le fait que le gouvernement conservateur retarde constamment l'adoption de ses propres projets de loi.
À trois reprises au cours des six derniers mois, l'opposition libérale a essayé d'accélérer l'adoption d'un certain nombre de projets de loi d'initiative ministérielle en matière de justice pénale et, chaque fois, le Parti conservateur s'est montré plus intéressé à se donner un avantage partisan qu'à adopter ses projets de loi.
L'opposition libérale a même essayé de déposer une motion proposant l'adoption immédiate de sept des neuf projets de loi que le gouvernement a présentés. Le Sénat aurait pu être saisi de toutes ces mesures législatives il y a bien longtemps et aurait même pu en avoir adopté quelques-unes, ce qui aurait réglé le cas de plus de la moitié des initiatives ministérielles en matière de justice pénale.
Malheureusement, le leader du gouvernement à la Chambre a invoqué le Règlement pour bloquer la motion libérale et retarder encore plus l'adoption d'importants projets de loi visant la lutte contre la criminalité. Les Canadiens constatent par eux-mêmes combien les paroles des conservateurs sont vides quand il s'agit de mettre en oeuvre un sérieux programme de lutte contre la criminalité.
Les jeux législatifs du gouvernement conservateur ne s'arrêtent pas là, cependant. Ce dernier refuse de saisir la Chambre du projet de loi . Il retarde l'étude de projets de loi d'initiative parlementaire portant sur les changements climatiques au Sénat. Il a retardé l'adoption de sept projets de loi liés à la justice pénale ces derniers mois. C'est absolument incroyable.
Pendant ce temps, dans ma propre circonscription, , la ville de Surrey a proposé son propre plan de lutte contre la criminalité, dont j'ai parlé plus tôt cette semaine. L'opposition libérale a proposé un plan pour embaucher 400 nouveaux agents de la GRC et pour accélérer l'adoption des projets de loi de justice pénale qui font consensus. Le gouvernement, lui, ne fait que tergiverser, retarder les choses et revenir sur ses promesses, dont la plus importante, celle d'engager 2 500 nouveaux agents de police, ce qu'il n'a pas fait. Cette année, le maire de Vancouver a dépensé plus pour l'embauche de nouveaux agents de police que le gouvernement du Canada ne l'a fait pour le pays entier.
L'heure est venue pour le gouvernement conservateur de cesser ses jeux politiques dans le dossier de la réduction et de la prévention du crime. Les gens s'attendent à plus, et les beaux discours ne feront pas oublier le fait que ce projet de loi aurait dû être adopté il y a plusieurs mois.
L'adoption du projet de loi donnera aux forces de maintien de l'ordre de nouveaux outils pour arrêter les prédateurs que nos agents de police repèrent chaque jour dans la rue. Ce projet de loi nous placera sur le même pied que la plupart des démocraties occidentales, sans compter qu'il rehaussera notre capacité de protéger nos enfants.
Selon la détective Janet Hall du département responsable de l'exploitation des enfants, au service de police de la ville de Toronto, ce projet améliorera la façon dont la police enquête sur la pornographie juvénile, la prostitution des mineurs et le leurre en ligne. En effet, davantage d'enfants seront protégés et davantage de prédateurs aboutiront en prison, comme ils le méritent.
Un officier supérieur de l'unité de la GRC chargée des enquêtes sur l'exploitation des enfants s'est félicité des mesures adoptées pour augmenter l'âge du consentement, qui permettront de mieux protéger nos enfants en ligne.
Je fais également partie du Comité de l'accès à l'information et j'y ai entendu certains témoignages. L'Armée du salut a notamment écrit que les jeunes de 13 à 15 ans, les plus susceptibles d'être manipulés et attirés dans une relation sexuelle, seront mieux protégés. En outre, grâce au projet de loi, le Canada ne pourra plus être accusé d'être une destination de choix pour le tourisme sexuel et le trafic de personnes à des fins sexuelles.
Tamara Lampton, une électrice de ma circonscription, Newton—Delta-Nord, m'a écrit ces mots: « Peu importe quel parti a raison ou a tort. Le but, c'est de protéger les personnes les plus vulnérables de notre grand pays ».
Kathy Ford m'a écrit ceci: « Je prie afin que vous votiez en faveur de ce projet de loi visant à protéger nos enfants, car ils sont ce que nous avons de plus précieux ».
Laurie Leiggett m'a également écrit ces mots: « Je crois que le Canada doit se montrer à la hauteur et devenir un chef de file en matière de protection des enfants contre l'exploitation sexuelle plutôt qu'un havre pour les pédophiles ».
Que doit-on en comprendre? Exactement ce que je disais plus tôt, notamment que le gouvernement conservateur aurait pu, il y a déjà plusieurs mois, prendre des mesures visant à protéger les enfants qui, pendant ce temps, continuaient à être exploités.
Je réalise que bien des députés d'en face sont favorables au projet de loi, mais il y a toute une différence entre proposer un projet de loi et l'adopter. Le gouvernement conservateur va devoir s'expliquer car bien des Canadiens sont consternés à la vue de toutes les tactiques dilatoires partisanes que les conservateurs ont utilisées à l'endroit du projet de loi .
En tant que père de trois jeunes enfants et comme député élu au Parlement, je me suis toujours fait le porte-parole de ma collectivité, qui nous demande de renforcer les mesures de lutte contre la criminalité et d'élaborer une stratégie de réduction et de prévention de la criminalité. C'est à ce titre que je demande instamment au gouvernement conservateur de cesser de faire de la petite politique avec le Code criminel et de permettre l'adoption rapide de ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je remercie tous les députés qui appuient cette mesure. Bon nombre de mes collègues et moi-même attendons ce moment depuis longtemps.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le député de et moi siégeons ici depuis 1993 et une de nos premières réunions importantes s'est tenue avec le ministre de la Justice de l'époque, M. Allan Rock. À cette réunion, le député de avait déclaré haut et fort au ministre de la Justice, de sa perspective de policier, que nous avions besoin de ce genre de loi.
Étonnamment, le ministre, à cette occasion, a semblé convenir que c'était une bonne cause et, bien sûr, j'ai renforcé cette position de mon point de vue d'enseignant. Il semble que les policiers et les enseignants travaillent souvent avec les mêmes personnes sur les mêmes questions. Je tiens à féliciter le député de du dévouement dont il a fait preuve au fil des ans pour corriger cette situation. Je sais qu'il est aussi fier que moi aujourd'hui que ce projet de loi soit sur le point de voir le jour et qu'il se concrétisera.
Je dirai également que de nombreux députés à la Chambre des communes appuient fermement cette mesure. Certains d'entre nous pensent qu'elle se fait attendre depuis trop longtemps, mais la voici enfin. J'aimerais mentionner le nom d'un collègue, et d'un bon ami à moi, qui n'est plus ici, Darrel Stinson, l'ancien député d'Okanagan—Shuswap. Darrel a présenté ce projet de loi il y a fort longtemps, et, comme plusieurs d'entre nous, il est intervenu à plusieurs reprises sur ce genre de question.
Je pourrais féliciter bien des gens, même chez les libéraux, qui ont parlé avec vigueur pour faire progresser ce dossier. Cette mesure verra le jour, mais il est malheureux que le processus prenne autant de temps quand il est tout à fait insensé de ne pas agir plus rapidement. Je ne crois pas que certains députés à la Chambre des communes soient conscients de la gravité de permettre que des jeunes de 14 et 15 ans aient l'âge du consentement.
J'ai été enseignant pendant environ 30 ans et directeur de l'école d'une petite ville, dont certains des élèves avaient cet âge. Même dans les petites villes, d'un bout à l'autre du pays, le problème existe; les jeunes de 14 ou 15 ans ont le droit de décider s'ils veulent emménager avec une personne qui est leur aînée, à toutes fins utiles, pour avoir des relations sexuelles ou mener d'autres activités, sans se soucier d'obtenir la permission de leurs parents. Je n'ai jamais vraiment pu comprendre comment un pays pouvait estimer qu'à 14 ou 15 ans, une personne était autre chose qu'un enfant. Ce sont des jeunes et la plupart d'entre eux vont à école secondaire de premier cycle.
Je me souviens du temps où il nous était interdit de faire quoi que ce soit dans la cour d'école. Quand une personne de 14 ans consentait à monter à bord d'une voiture et à partir avec quelqu'un de 20 ou 21 ans, je voulais leur courir après et les arrêter, mais je n'en avais pas le pouvoir puisque la personne de 14 ans avait l'âge du consentement.
Des parents sont souvent venus me voir, le coeur brisé, après avoir été au poste de police, en me demandant ce qu'ils pouvaient faire. Personne ne pouvait faire quoi que ce soit. Oui, si des enfants avaient été leurrés ou entraînés à la débauche et s'il y avait preuve d'exploitation dans la relation, alors on pouvait faire quelque chose parce que c'était illégal, mais la plupart du temps, si la personne de 14 ou 15 ans indiquait qu'elle avait donné son consentement, on ne pouvait rien faire.
Je peux nommer des cas où un père a retiré sa fille de 14 ans d'une telle situation pour la placer dans un endroit plus sûr et mieux supervisé, pour être ensuite arrêté et accusé d'intrusion, ou même de voies de fait ou d'introduction par effraction s'il était entré dans une résidence par la force pour en retirer sa fille. C'est tout simplement illogique.
Quand j'ai été élu pour la première fois, en 1993, j'ai dit que j'aimerais que les lois existantes, qui étaient incapables de mieux protéger nos enfants, soient modifiées. Quand je visitais des services de police, j'étais étonné d'entendre parler des problèmes, même avant Internet, liés à la pornographie juvénile et des difficultés que les policiers éprouvaient à poursuivre en justice les auteurs de ces monstruosités parce que nous étions trop préoccupés ici par les droits des criminels.
Nous avons la Charte canadienne des droits et libertés, qui est un document merveilleux, mais qui aurait dû être accompagné d'une charte des responsabilités, pour protéger nos enfants et donner aux parents le droit d'appliquer ce qu'ils doivent appliquer, peu importe ce que cela implique, car il est question de nos enfants. Toutefois, les lois de ce pays et les systèmes judiciaires interféraient et semblaient davantage préoccupés par la protection des criminels.
Un des premiers cas s'est produit à Calgary. Je me souviens d'une enfant de cinq ans enlevée dans la cour arrière de sa maison. Cette pauvre petite était handicapée. Je crois qu'elle était sourde. Plus tard dans la soirée, elle a été retrouvée dans un conteneur à ordures. Elle avait été violée et assassinée. Quand le coupable a été retrouvé et arrêté, savez-vous ce qui s'est passé? Le coupable a eu droit à une aide psychiatrique. Il a été suivi par des psychologues et des médecins. On a pris soin de lui, on l'a conseillé, et tout le tralala.
Pendant ce temps, la famille de la petite de cinq ans, ses parents et ses frères et soeurs, vivaient un véritable enfer. On ne peut qu'imaginer comment ils pouvaient se sentir, mais où était l'aide dans leur cas? Qui prenait soin d'eux? Ils n'avaient droit à rien, à moins d'être prêts à payer des spécialistes de leur poche.
Cela fait près de 15 ans que le député de et moi disons que cela n'est pas correct, et nous avons travaillé d'arrache-pied pour amener tout le monde à voir le caractère pernicieux de la pornographie juvénile et à la faire disparaître. Nos efforts ont cependant été frustrés à tout coup. Il n'y a rien de plus important que la protection de nos enfants; pourtant, on se prend les pieds dans les fleurs du tapis. Il faut que cela cesse.
J'aimerais rendre hommage à l'Association pour la sécurité Internet des enfants, ou KINSA, groupe qui appuie vivement le projet de loi et que j'ai rencontré hier soir, à Toronto. Ses membres ont été heureux d'apprendre que le projet de loi sur l'âge de protection, qui aurait pour effet de relever l'âge du consentement, allait être à l'étude. Ils étaient si heureux qu'ils m'ont demandé de remercier en leur nom, si j'en avais la chance, la Chambre des communes de légiférer enfin en cette matière, ce que je fais maintenant. Je tiens à les féliciter et à féliciter leur association, depuis Bill Gates, en passant par Paul Gillespie et jusqu'à la foule de gens qui déploient beaucoup d'énergie à lutter contre la pornographie juvénile et la pourriture véhiculée par Internet. Je leur rends hommage. Aidons-les en veillant à ce que les lois soient conformes aux besoins. Le projet de loi C-22 constitue un bon début.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi .
Je dois préciser qu'au fil des ans, plusieurs députés ont essayé de saisir la Chambre de cette question au moyen de projets de loi d'initiative parlementaire. Cela remonte à 1996, comme l'a mentionné le député de . J'aimerais remercier le député de ses commentaires bienveillants sur nos efforts pour faire progresser ce projet de loi.
C'est en 1996 que la Chambre a voté pour la première fois sur ce projet de loi. Un petit nombre de députés de l'opposition actuelle avaient appuyé la hausse de l'âge du consentement. L'opposition de l'époque, c'est-à-dire le Parti réformiste, avait voté à l'unanimité en faveur de cette mesure.
Ce n'est pas la première fois qu'on essaie de présenter le projet de loi à la Chambre. Il existait déjà. Les députés qui siègent à la Chambre depuis longtemps le connaissent bien. J'aimerais expliquer ce qui nous a incités à le présenter pour la première fois en 1996.
Avant de devenir député, j'étais agent de police. Je me souviens de nombreux cas où des parents se rongeaient les sangs pour déterminer comment sortir leurs filles de 14 ou 15 ans des horribles situations dans lesquelles des hommes adultes les avaient plongées. Il s'agissait de situations terribles. Comme agents de police, nous nous tourmentons autant que les parents. Nous voulons les aider et nous savons comment, mais il n'existe aucune loi pour appuyer la police. C'était les règles du jeu. Voilà comment le projet de loi est né.
En 1995-1996, une histoire a fait couler beaucoup d'encre. Elle se rapporte à la question dont nous sommes saisis. Une jeune fille de 14 ans d'Edmonton avait des relations sexuelles avec l'amant de son père et cet homme avait le sida. Elle a été infectée. Personne ne pouvait rien faire pour régler la situation. Elle avait consenti à avoir des relations avec cet homme de 40 ans. Son parent, qui vivait dans la même maison, n'a rien fait. Les autorités auraient-elles dû pouvoir intervenir? Je dirais que oui. Je crois qu'aucun député ne serait en désaccord.
Il s'agissait d'un cas, mais on a présenté un projet de loi à la Chambre et il a été rejeté. Comme je l'ai précisé, certains députés du parti ministériel à l'époque l'avaient appuyé.
Les choses n'ont pas changé au fil des ans. Elles ont même progressivement empiré. Les pédophiles en saisissent les avantages. Les proxénètes ont parcouru les secteurs où les jeunes filles en fugue se retrouvaient. Ils ont déterminé où elles se tenaient et ils les ont attirées dans leur repaire. Internet a eu des effets similaires, ajoutant une dimension à toute cette affaire.
Avançons un peu dans le temps. Neuf ans plus tard, en 2005, un homme de 40 ans qui avait eu des relations sexuelles avec une jeune handicapée mentale de 14 ans a été acquitté d'une accusation d'agression sexuelle. La mère de la jeune fille a affirmé que sa fille avait un âge mental équivalent à celui d'un enfant de sept à 12 ans. Au cours du procès, la jeune fille a déclaré qu'elle ne voulait pas avoir de relations sexuelles, mais qu'elle avait trop peur pour dire non. La mère a déclaré, à juste titre, que toute cette situation était dégoûtante. Le juge a affirmé qu'il ne pouvait pas reconnaître l'homme coupable en raison de l'âge du consentement, précisant qu'il ne pouvait être certain que la jeune fille n'avait pas donné son consentement.
Une fois le projet de loi approuvé, le juge et les services de police n'auront aucun mal à rendre leur décision. Ils auront les outils nécessaires pour régler ces cas.
Comme je l'ai déjà souligné, la situation est loin de s'améliorer, elle empire plutôt d'année en année. J'ai également déjà souligné qu'Internet est un phénomène qui prend de l'ampleur en ce qui a trait au leurre des enfants à des fins d'activité sexuelle. Le nombre de cas de ce genre augmente rapidement à mesure que les touristes et les prédateurs sexuels apprennent à utiliser Internet pour entrer en contact avec les jeunes. Ils ont accès à la vie privée des jeunes, directement dans leurs foyers, grâce aux sites de clavardage. Nous avons désespérément besoin d'une telle mesure législative.
À 14 ans, l'âge légal du consentement aux relations sexuelles au Canada est plus bas que dans bon nombre d'autres pays, y compris les États-Unis. Cette question a déjà été soulevée. Dans la pratique, cela signifie que le Canada est un paradis pour les pédophiles et qu'il continuera de l'être. Selon le groupe d'intervention Cyberaide.ca, au Canada, près d'un cas de leurre d'enfant sur trois met en cause un Américain qui a traversé la frontière pour tenter de trouver une victime plus jeune.
Permettez-moi de rafraîchir la mémoire de tout le monde. Les députés se souviennent de l'affaire survenue en 2005 impliquant un Texan de 31 ans, qui s'est fait prendre dans une chambre d'hôtel d'Ottawa avec un garçon de 14 ans dont il avait fait la connaissance dans Internet. Je pense que peu de gens s'en étonnent maintenant. Lorsque les gens ont commencé à entendre parler de ce genre d'actes, ils en ont été troublés. Pourtant, ce sont des actes qui sont en train de devenir plus courants, et c'est ce qui m'inquiète. En tant que grand-père, j'en suis bien inquiet.
Il ne s'est rien produit dans ce cas parce que, même si on pouvait considérer qu'il s'agissait d'un crime à caractère sexuel, il n'en était rien en fait. L'auteur de ces actes a pu invoquer l'âge du consentement, qui est si peu élevé au Canada. C'est une rengaine qui commence à devenir beaucoup trop familière. Je pense qu'il est temps d'y mettre fin pour l'amour de nos enfants et de nos petits-enfants.
Nous avons entendu les discussions qui ont lieu depuis un certain temps à ce sujet, dans cette enceinte. En tant que président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, j'ai entendu tous les arguments, de même que les autres députés, qui représentent tous les partis.
Il est bon que les points de vue aient évolué et que tous les partis représentés à la Chambre soient dorénavant prêts à appuyer ce projet de loi, qui se fait attendre depuis trop longtemps. Les jeunes de 14 ou 15 ans seront ainsi protégés. Les prédateurs du pays et de l'étranger devront se le tenir pour dit.
J'aimerais calmer les inquiétudes de certaines personnes, qui croient que ce projet de loi aura pour effet de criminaliser les activités sexuelles librement consenties des adolescents. Avec l'exemption prévue, ce ne sera pas le cas. J'aurais préféré que cette exemption soit plus restrictive, mais, quoi qu'il en soit, elle est prévue. C'est une exemption qui limite la différence d'âge à cinq ans, et je pense que c'est tout à fait raisonnable.
Je voudrais remercier une fois de plus les députés qui ont l'intention d'appuyer ce projet de loi, car il se fait attendre depuis trop longtemps. Je suis heureux de constater que, comme nombre d'entre eux l'ont affirmé devant la Chambre, ils ont à coeur l'intérêt de leurs enfants et de leurs petits-enfants. En effet, notre pays est rempli de jeunes qui ont besoin de notre protection.
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Monsieur le Président, je remercie la députée. Je suis fière de participer à ce débat aujourd'hui en tant que co-marraine du projet de loi , la très importante mesure législative sur l'âge de protection présentée par notre gouvernement. Je suis également fière de prendre la parole après mes collègues de et de . Je suis extrêmement fière du travail qu'ils ont accompli, de la détermination dont ils ont fait preuve et de la passion qu'ils ont entretenue pendant de nombreuses années pour veiller à ce que la Chambre soit enfin saisie de cette mesure législative. Je veux les remercier pour tous leurs efforts.
Je suis également fière d'avoir l'occasion aujourd'hui de parler de ce projet de loi crucial qui assurera aux jeunes de 14 et 15 ans une meilleure protection contre les prédateurs sexuels adultes.
Je suis fière du travail de notre gouvernement dans ce dossier. Si je me suis lancée en politique, c'est en partie parce que je crois fermement que les jeunes du Canada méritent d'être mieux protégés qu'auparavant contre les prédateurs dégoûtants et sans scrupules qui cherchent à en faire leurs victimes. En fait, lorsque j'ai décidé de faire de la politique, j'ai promis à mes électeurs de Haldimand—Norfolk que je me battrais pour faire passer de 14 à 16 ans l'âge du consentement, que nous appelons maintenant l'âge de protection. C'est à la fois avec honneur et modestie que je contribue au respect de cette promesse aujourd'hui.
Le fait est que, pendant trop longtemps, l'ancien gouvernement libéral a permis que nos jeunes garçons et filles soient la proie de prédateurs sexuels qui n'ont d'autre motivation que d'assouvir leurs désirs déviants. Alors que les conservateurs, par l'entremise de quelque parti que ce soit, se sont battus farouchement, pendant des années, pour faire relever l'âge de protection de nos enfants, les libéraux ont trouvé toutes sortes de prétextes pour empêcher que cela ne se fasse. Encore une fois, ce qui est honteux, c'est que, non seulement les libéraux n'ont pas fait leur travail à l'époque, mais pire encore, ils ont refusé de le faire.
Cela dit, je suis très encouragée de constater que les libéraux semblent désormais avoir reconnu leur erreur. Je les exhorte, ainsi que tous les députés, à appuyer ce projet de loi grandement nécessaire et très attendu.
Personne ne peut nier que les torts causés aux jeunes garçons et filles qui ont été victimes d'exploitation sexuelle sont incalculables. Certaines blessures ne sont peut-être pas physiques ou visibles, mais d'autres, les blessures psychologiques, sont beaucoup plus profondes et prennent beaucoup plus de temps à se cicatriser.
Notre gouvernement reconnaît la nécessité de protéger les enfants innocents et vulnérables contre les proxénètes et d'autres prédateurs sexuels. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui agit concrètement à cet égard.
Nous reconnaissons que les lois actuelles du Canada sont inadéquates et que le refus du gouvernement libéral précédent de protéger les enfants contre les prédateurs sexuels était inadmissible. Pour clarifier la nature et l'objet de cette mesure législative, il importe de noter que le projet de loi propose de faire passer de 14 à 16 ans l'âge du consentement à une activité sexuelle et de le renommer âge de protection.
Ce projet de loi appuie un élément clé de l'engagement de notre nouveau gouvernement, soit punir sévèrement les criminels et mieux protéger les victimes et les personnes vulnérables.
Plus précisément, le projet de loi vise à protéger les adolescents de 14 ou 15 ans contre les prédateurs sexuels adultes, et non à criminaliser les activités sexuelles consensuelles entre adolescents, qu'on appelle fréquemment amours de jeunesse.
Actuellement, dans le cas des activités sexuelles liées à de la prostitution, à de la pornographie, à une relation d'autorité, de confiance ou de dépendance, ou encore, à l'exploitation d'une jeune personne, l'âge de protection est de 18 ans. Le projet de loi maintiendrait à 18 ans l'âge de protection dans le cas de ces activités, mais pour ce qui est de toutes les autres activités ou relations, l'âge de protection est actuellement de 14 ans, sauf une exception, qu'on appelle fréquemment l'exception de proximité d'âge ou d'âges rapprochés.
En vertu de cette exception, un jeune de 12 ou 13 ans peut consentir à avoir des rapports sexuels avec un partenaire de moins de deux ans son aîné et de moins de 16 ans, sous réserve que cette personne ne soit ni en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis du jeune, ni une personne à l’égard de laquelle celui-ci est en situation de dépendance ni une personne qui est dans une relation où elle exploite le jeune.
Le projet de loi maintiendrait cette exception fondée sur la faible différence d'âge de deux ans pour les jeunes de 12 et 13 ans, mais porterait de 14 à 16 ans l'âge de protection et créerait une autre défense fondée sur la faible différence d'âge pour les jeunes de 14 et 15 ans.
Ainsi, le projet de loi ne criminaliserait pas les activités sexuelles entre adolescents consentants, mais interdirait à quiconque de se livrer à des activités sexuelles, que ce soit des attouchements ou des rapports sexuels, avec une personne de 14 ou 15 ans, s'il est de cinq ans ou plus son aîné.
Je crois qu'il importe de signaler aussi que la police appuie le projet de loi . Elle le voit comme un outil permettant de mieux protéger les adolescents qui risquent d'être la cible de prédateurs sexuels adultes qui ont recours à Internet.
Pour illustrer l'urgence de l'adoption de cette mesure, je signale qu'aux États-Unis, le centre national pour les enfants disparus et exploités a publié un rapport concernant le sondage mené en 2005 auprès de 1 500 jeunes internautes âgés de 10 à 17 ans. Le sondage a révélé que, parmi les jeunes qui étaient la cible de sollicitation à des fins sexuelles sur Internet, 81 p. 100 étaient âgés de 14 ans ou plus, que 70 p. 100 étaient des filles et que 30 p. 100 étaient des garçons. On est arrivé à des conclusions semblables au Canada.
Comme le député de l'a dit, Cyberaide.ca, le service national de signalement d'enfants exploités sexuellement sur Internet, a indiqué en mars 2005 que les signalements de leurre représentaient 10 p. 100 de tous les signalements reçus durant sa phase pilote de deux ans. Au total, 93 p. 100 des victimes étaient de sexe féminin et la majorité, 73 p. 100, étaient âgées de 12 à 15 ans. C'est bien ça, 73 p. 100 étaient âgées de 12 à 15 ans.
Ces signalements montrent très clairement que les jeunes de 14 et 15 ans courent de très grands risques d'être leurrés par Internet et exploités sexuellement. Le projet de loi permettra donc aux policiers de protéger plus efficacement les jeunes de 14 et 15 ans contre les prédateurs du cyberespace.
Le projet de loi harmonisera également l'âge de protection au Canada avec l'âge de protection d'autres pays, dont les États-Unis, où cet âge est déjà de 16 ans ou plus.
Pourquoi est-ce important? Parce que, malheureusement, avec l'âge actuel fixé à 14 ans, le Canada est connu comme étant une destination de choix pour les prédateurs sexuels. Des prédateurs des États-Unis, où les lois sont plus rigoureuses, savent qu'ils peuvent venir au Canada et commettre des actes qui ne seraient jamais permis aux États-Unis. Ce n'est pas juste pour nos enfants.
Le projet de loi a également le soutien de plusieurs ministres provinciaux de la Justice. En fait, il y a quelques années, les 13 ministres de la Justice en poste dans les provinces et les territoires appuyaient la mesure. Selon un sondage réalisé récemment, 72 p. 100 des Canadiens voulaient que l'âge de protection soit élevé à 16 ans et 8 p. 100 voulaient qu'il soit haussé davantage. C'est donc 80 p. 100 des Canadiens qui sont en faveur du projet de loi ou d'une mesure encore plus rigoureuse. Les parents aussi appuient le projet de loi. J'invite tous les députés à ne pas l'oublier au moment de voter.
À mon avis, notre principal rôle en tant que gouvernement est de garantir la sécurité et la santé des citoyens et des résidants du Canada. Cela inclut nos enfants, qui sont notre avenir.
J'exhorte tous les députés et les sénateurs à faire comprendre directement et clairement aux Canadiens que nous ne tolérerons plus les abus commis contre des enfants innocents par des prédateurs sexuels. Je les exhorte à appuyer le projet de loi pour mieux protéger nos enfants des abus à caractère sexuel.
Il est temps que le Canada cesse d'être une destination de choix pour les prédateurs. C'est ce que nous voulons et nous avons la responsabilité de prendre des mesures pour que cela se fasse.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir au sujet du projet de loi sur l'âge du consentement. Comme il doit toujours y avoir des voix dissidentes, je serai l'une d'entre elles.
Comme on le sait, à l'heure actuelle au Canada, l'âge du consentement est fixé à 14 ans et le Code criminel contient déjà des dispositions très strictes concernant les jeunes. Ces dispositions protègent les jeunes de 14 à 18 ans contre l'exploitation par des personnes ayant une relation d'autorité ou de confiance avec eux. Je sais que le projet de loi parle de la protection des jeunes, mais je soutiens que le Code criminel offre déjà ce genre de protection.
En outre, le Code criminel contient également des dispositions qui interdisent toute activité liée à la prostitution dans le cas des personnes de moins de 18 ans; je connais très bien ces dispositions. J'ai siégé au comité non partisan qui s'est penché sur la prostitution. Ce comité s'est dit persuadé qu'il fallait imposer de lourdes sanctions pénales à l'égard de la prostitution et de l'exploitation sexuelle mettant en cause des jeunes de moins de 18 ans. Il y a également des dispositions très strictes concernant la pornographie. Par conséquent, ces situations sont déjà prévues dans le Code criminel.
D'après les messages, les courriels et les conversations que j'ai eues avec les gens de ma collectivité et d'ailleurs au Canada, je sais que les Canadiens sont sérieusement préoccupés par la protection des jeunes en général, notamment contre l'exploitation, le préjudice, la violence et la coercition, qu'il s'agisse d'une relation à caractère sexuel ou non. Je partage leur point de vue à cet égard. C'est un problème très sérieux dans notre société et il faut l'examiner.
Je n'appuie pas le projet de loi parce qu'il va nettement plus loin; il est très radical. Il va jusqu'à établir un régime qui devient une sorte de loi générique qui criminalisera certaines activités sexuelles chez les jeunes. Il faut tenir compte de cela et faire la part des choses entre les situations dommageables et celles qui ne le sont pas et entre les cas où il y a consentement et ceux où il n'y en a pas.
Lors de l'étude en comité, Andrea Cohen, présidente de la Fédération canadienne pour la santé sexuelle, organisme qui, si je ne m'abuse, s'appelait auparavant Fédération pour le planning des naissances et que nous connaissons très bien, a dit très clairement que la fédération n'est pas en faveur de cette mesure législative. Elle a dit:
Nous croyons que c'est un outil plutôt rudimentaire pour s'attaquer à une question assez complexe, à savoir le comportement sexuel humain, en particulier chez les jeunes.
Elle a expliqué au comité que, selon elle, trois préoccupations devaient être abordées.
La première est que, en raison du projet de loi, les jeunes ne seront pas portés à aller chercher l'information et les services de santé sexuelle dont ils ont besoin s'ils craignent que la confidentialité ne soit pas respectée. Je crois que la préoccupation découle du fait que, si le projet de loi devait être approuvé, les jeunes seront moins portés à aller chercher des renseignements ou des conseils sur la santé sexuelle s'ils savent que leurs activités sont illégales.
Mme Cohen a également fait part de la préoccupation suivante:
La perspective réelle ou appréhendée d'être dénoncé aux autorités et de faire l'objet de poursuites pour s'être livré à des activités sexuelles consensuelles avec un partenaire plus âgé ou plus jeune de cinq ans aura pour effet d'empêcher les jeunes ayant une vie sexuelle active de demander ou d'obtenir les services de santé sexuelle dont ils ont besoin.
Je crois que la Société canadienne du sida et la Société Elizabeth Fry ont également exprimé des préoccupations semblables.
La deuxième préoccupation exprimée par la Fédération canadienne pour la santé sexuelle était que la majoration de l'âge requis pour consentir à des actes sexuels pourrait servir de justification pour refuser aux jeunes les programmes d'éducation et les services de santé sexuelle dont ils ont besoin. La fédération s'inquiète du fait que les éducateurs et les professionnels de la santé seront placés dans une position difficile et pourraient être réticents à aborder la sexualité dans leurs entretiens avec des jeunes qui n'ont pas encore l'âge du consentement en raison de l'incertitude entourant leurs obligations juridiques. Cela est très préoccupant. Ce projet de loi créerait un environnement où les jeunes hésiteraient à demander les conseils, l'information et l'aide dont ils ont besoin.
La troisième préoccupation de la fédération était que le Code criminel du Canada renferme une disposition qui établit à 18 ans l'âge requis pour consentir à des relations sexuelles anales, un âge plus élevé que pour toute autre activité sexuelle. La fédération a souligné qu'aucune raison logique ou médicale ne justifie que l'on traite un type d'activité sexuelle différemment des autres.
C'étaient les trois préoccupations exprimées par la fédération. Le porte-parole du NPD en matière de justice, le député de , a travaillé très fort pour que le comité les aborde. Nous avons tenté d'amender le projet de loi afin de refléter ces préoccupations, mais ces amendements n'ont malheureusement pas été adoptés, ce qui fait que le projet de loi demeure lacunaire. Je remercie le député pour ses efforts.
Des membres des communautés gaie, lesbienne, bisexuelle et transgenre ont également émis de très sérieuses réserves à propos du projet de loi. Les gens sont préoccupés par le fait que ce projet de loi imposera une attitude beaucoup plus moraliste. On craint que les activités sexuelles consensuelles soient ciblées, notamment dans les communautés GLBT, qui ont souvent fait l'objet de poursuites.
Le gouvernement veut relever l'âge du consentement. C'est le principal message du projet de loi. Le message concernant l'exemption de proximité d'âge passe moins bien. On comprend surtout que l'âge du consentement sera porté à 16 ans. Nous devons nous soucier du message que véhicule le projet de loi puisqu'il risque de créer pour les jeunes une insécurité et une incertitude au sujet de leurs droits et de ce qui est permis et ne l'est pas.
J'aimerais également attirer l'attention sur une autre excellente présentation devant le comité: celle de la B.C. Civil Liberties Association, qui a exprimé un certain nombre d'inquiétudes. Il faut la considérer dans une perspective plus vaste, englobant bon nombre des mesures législatives proposées par le gouvernement conservateur. Voici ce qu'a déclaré l'association devant le comité:
[...] le projet de loi C-22 marque un changement majeur en matière de politique et d'attitude à l'égard de la sexualité. En 1992, la Cour suprême du Canada a souligné, dans l'arrêt Butler concernant la définition de l'obscénité, une transformation fondamentale: on passait d'une législation fondée sur la moralité à une autre basée sur le préjudice.
Cette question est d'une grande importance. Certains députés ne veulent pas s'interroger sur l'orientation que prennent certaines de ces mesures législatives. Depuis l'arrêt Butler, on a mis l'accent sur l'adoption de mesures législatives centrées sur le préjudice et la protection des droits individuels, surtout dans le cas d'activités impliquant le consentement. On s'inquiète maintenant de voir la mesure à l'étude nous faire prendre une autre orientation. Nous devrions être disposés à débattre cet aspect et à nous pencher sur les implications et les conséquences d'une telle orientation. La B.C. Civil Liberties Association a fondé son argument sur la politique publique et son évolution possible au fil des années.
L'association se dit également inquiète du fait que, en l'absence de preuves de préjudice, la volonté de faire adopter à toute vapeur ce projet de loi constitue une réaction irréfléchie à une objection d'ordre moral plutôt qu'une réaction législative à des préjudices avérés. C'est là un aspect important.
J'ai entendu les interventions de certains députés conservateurs. Je sais qu'ils sont très convaincus de ce qu'ils avancent et je respecte leur point de vue. Cependant, nous devons également nous demander si la mesure législative permettra de réaliser les objectifs qui leur sont chers, à savoir protéger les jeunes de la violence, de l'exploitation et des prédateurs, ou si elle n'aura pas plutôt comme effet global de criminaliser l'activité sexuelle des jeunes, même là ou il y a consentement. C'est surtout cet aspect qui m'inquiète.
Le projet de loi criminaliserait l'activité sexuelle consensuelle pour certaines personnes âgées de 14 et 15 ans. Cela envoie un message qui met l'accent sur la position morale et le jugement plutôt que sur le préjudice et l'exploitation, des aspects dont il nous faut traiter avec le plus grand sérieux.
Dans la vraie vie, les adolescents ont des relations sexuelles. Ils ont des relations sexuelles avec des gens plus vieux. Malgré ce qu'a dit le député de — je pense qu'il a affirmé que les enfants étaient idiots —, nous devons être conscients des répercussions que le projet de loi pourrait avoir sur les personnes qu'il vise à protéger.
Le projet de loi comporte des lacunes. Je pense qu'il contribuera à rendre occulte ce qui entoure la sexualité des jeunes. Il rendra les jeunes moins ouverts concernant ce dont ils ont besoin pour se protéger et concernant leur santé sexuelle et leur sexualité.
Je suis défavorable au projet de loi pour ces raisons. Je n'adhère pas à l'approche adoptée par le gouvernement conservateur. Je n'approuve pas ce genre de projet de loi qui en ratisse large et qui, à mon avis, criminalisera les activités sexuelles des jeunes. Le projet de loi ne les protégera aucunement des prédateurs. Je suis très sceptique par rapport au projet de loi.
Aujourd'hui, j'ai entendu des députés dire que quelque 80 p. 100 des citoyens appuient la mesure. J'ignore si c'est vrai ou non. Je suis convaincue que la proportion est élevée. Toutefois, je le répète, je crois que cela repose sur une préoccupation très profonde et légitime concernant la protection des jeunes contre les prédateurs sexuels et l'exploitation par la pornographie, la prostitution ou les relations sexuelles aléatoires.
Cependant, je crois fermement que le projet de loi nous amènerait au-delà de cela, dans une direction qui finirait par criminaliser des jeunes qui n'ont pas besoin de l'être et qui les placerait dans un environnement où ils seraient moins ouverts sur leurs activités et moins susceptibles de demander une protection et des soins de santé.
Je me rends compte que ce n'est pas une chose populaire à dire, mais il faut le dire. Je crois qu'il faut examiner le projet de loi et ses répercussions de manière très objective. J'ai étudié le projet de loi très attentivement et il me pose problème, comme c'est le cas pour d'autres députés du NPD.
La majorité des députés de mon caucus appuient le projet de loi; néanmoins, j'estime que, en tant que députée, j'ai l'obligation de faire entendre mon point de vue. Je pense qu'il y a quelques problèmes à régler. Pour les raisons que j'ai mentionnées, je ne peux appuyer le projet de loi, non pas parce que j'estime que les enfants ne devraient pas être protégés, mais parce que je ne crois pas que le projet de loi leur offrira cette protection.
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Monsieur le Président, j'ai écouté quelques discours au sujet du projet de loi . Je dois avouer que les discours que j'entends, même s'ils se ressemblent, ont quand même de grandes différences. J'ai particulièrement bien écouté le discours de ma collègue de et celui de mon collègue de . Le député de a travaillé avec mon oncle pendant plusieurs années en tant que détective du service de police. Je sais à quel point l'ordre et la rigueur sont importants pour lui.
Cependant, en écoutant le discours de ma collègue de , je me suis rendu compte de certaines choses qui font que, bien que nous appuyions ce projet de loi, nous aurons à nous poser de sérieuses questions quant à certaines de ses applications.
Tout comme ma collègue le disait plus tôt, alors qu'elle parlait du fait de permettre les relations anales seulement à 18 ans, je crois que cela est très discriminatoire. Pourquoi tente-t-on de protéger les garçons jusqu'à 18 ans et les filles jusqu'à 16 ans? Cela n'a pas de sens, c'est ridicule. Y a-t-il une différence entre la façon dont les enfants sont marqués par une relation sexuelle non voulue, qu'ils soient des garçons ou des filles et que ce soient des relations hétérosexuelles ou homosexuelles? Selon moi, une relation sexuelle non voulue est une relation sexuelle abusive qui peut causer énormément de tort. Je ne sais pas pourquoi il y a une différence.
À 57 ans, mon âge, nous avons parcouru beaucoup de chemin depuis l'époque où nous croyions qu'en embrassant notre petit copain, nous allions devenir enceinte. Lorsque j'étais très jeune, j'ai eu un premier copain que j'ai embrassé. Je me suis sentie tellement coupable que je ne voulais en parler à personne. On ne parlait pas de sexualité à cette époque. On n'en parlait pas en 1960, mais on n'en parle pas plus en 2007.
Si quelqu'un est responsable d'éveiller la sexualité de nos jeunes, de leur enseigner, de les informer et de les sensibiliser à toute la chose sexuelle, ce sont bien les adultes qui les entourent, leurs parents et les adultes qui sont près d'eux, comme leurs professeurs.
Même aujourd'hui, la sexualité est un sujet très tabou. On parle très peu de la sexualité des personnes âgées. On dirait qu'on ne veut pas admettre que les personnes âgées — nos parents et nos grands-parents — puissent avoir des relations sexuelles. Pourtant, les CHSLD qui fonctionnent le mieux sont ceux où on laisse les personnes âgées avoir des relations sexuelles. Ce n'est pas parce qu'on vieillit qu'on arrête d'avoir des sentiments, qu'on arrête d'avoir des sensations.
Malheureusement, la sexualité a toujours été comparée à quelque chose de malsain, à quelque chose qui ne devrait pas exister, sauf pour la procréation ou pour un plaisir bien éphémère. De plus, on parle très peu des relations sexuelles homosexuelles. On parle très peu de la sexualité des enfants. On parle très peu de la sexualité des personnes handicapées. Pourtant, ces dernières aussi ont une vie sexuelle et ont droit à une vie sexuelle.
On ne parle pas assez de sexualité avec nos enfants. On se retient toujours de leur en parler. Selon moi, ce n'est pas bon de conserver de tels tabous, de se retenir d'avoir des conversations limpides avec nos enfants au sujet de la sexualité. Je pense que c'est très important qu'on le fasse.
Lorsqu'on apprend que des enfants sont l'objet d'un leurre moyennant Internet, lorsqu'on voit des enfants dans des hôtels ou dans des restaurants avec des gens beaucoup plus âgés, on se demande comment il se fait que ces enfants ont pu tomber dans le piège, comment il se fait qu'ils ont pu être attirés par une personne qui, par le truchement d'Internet, leur a fait miroiter toutes sortes de choses qui étaient fausses. Cela arrive partout.
Je surveille toujours les sites Internet sur lesquels va mon petit-fils. J'ai la garde de mon petit-fils de 14 ans et pour moi, c'est très important. Je lui parle de sexualité, des dangers de l'Internet et de la réalité de la vie parce que je l'aime et parce que je veux qu'il devienne un jeune adulte responsable envers les jeunes amies ou amis qu'il aura. Je veux qu'il devienne une personne responsable pas seulement en termes de sexualité, mais dans l'entité de son être. Je lui parle souvent de ces dangers et je vais vérifier sur Internet. Je demande à Alexis à qui il parle, ce qu'il fait, qui est cette personne. Il me répond toujours que je m'inquiète pour rien.
Or, la semaine dernière, il est arrivé à la maison en fin de semaine en m'avouant qu'un de ses amis avait été sollicité sur Internet par quelqu'un qui voulait le rencontrer à l'extérieur. Là, il s'est rendu compte que cela existait. Son ami ne pouvait pas en parler à des adultes et est allé consulter Alexis et lui a demandé quoi faire. il lui a dit que cette personne lui avait demandé d'aller le rencontrer à telle place. Alexis lui a dit: « Tu appelles la police, tu appelles les personnes responsables et tu en parles à tes parents. » Il lui a dit cela parce que c'est ce que je lui ai appris.
Nous sommes les premiers instruments dans l'éducation de nos enfants quant à savoir ce qu'il faut faire quand on est harcelé, quand on est demandé, quand on est sollicité par des personnes qui voudraient avoir des relations sexuelles qu'on ne souhaiterait pas avoir.
Il est bien certain que quand on parle d'un projet de loi qui va restreindre l'âge du consentement à 16 ans, on se demande parfois pourquoi. Je comprends que pour ma collègue de , cela peut paraître très moralisateur et c'est probablement la raison qui a amené le parti ayant mis de l'avant ce projet de loi à vouloir le faire adopter. C'est plutôt au niveau de la philosophie, de la pensée, de l'idéologie qui est très différente.
À cet égard, je rappellerai que nous devons faire très attention de ne pas tomber dans les pièges. En effet, on le voit aux États-Unis, les personnes les plus conservatrices sont les personnes, bien souvent, les plus coupables d'excès. On le voit présentement avec Mme D.C., avec un certain président d'un comité et avec certaines personnalités politiques qui doivent démissionner de leur poste. On a vu un peu plus tôt qu'un autre membre du Parti républicain qui a dû aussi démissionner de son poste parce qu'il faisait des avances aux jeunes pages qui travaillaient pour lui. Je ne vois personne faire cela ici, malgré que nos pages soient très jolies et très beaux. Je suis très contente qu'on n'ait pas à faire subir de tels affronts à nos jeunes pages qui travaillent si fort et si bien pour nous rendre la tâche plus facile.
Il ne faut pas établir ou écrire des projets de loi et des lois seulement parce qu'on veut préserver la moralité. Quand on rédige des projets de loi, il faut faire attention de bien vouloir protéger les personnes pour lesquelles on les écrit. Si nous nous rendons à l'évidence que nous appuyons ce projet de loi, c'est que nous avons réussi, malgré tout, à faire inclure dans le projet de loi des mesures qui limiteront les effets néfastes qu'il pourrait y avoir sur certaines personnes.
Je disais que mon petit-fils a 14 ans. Présentement, ses petites amies sont de son âge, mais il mesure 5 pieds 9 pouces. Il est grand, il est bâti, il est beau bonhomme. Il est certain que quand il va danser le vendredi soir, des jeunes filles de 15, 16 ou 17 ans lui font de l'oeil. C'est évident parce qu'il a l'air d'un jeune homme plus âgé. Toutefois, quand on a le corps d'une personne de 16 ou 17 ans, cela ne veut pas dire nécessairement qu'on a également la mentalité, la capacité intellectuelle de réfléchir comme une personne de 15, 16 ou 17 ans.
Alors je suis d'accord qu'il faille offrir de la protection avec des projets de loi, mais il faut faire très attention à ce qu'ils soient équitables et justes envers tous. Encore une fois, quand ma collègue de a fait référence au projet de loi qui limitait les rapports sexuels des hommes ou des femmes qui voudraient avoir des rapports anaux à l'âge de 18 ans, je ne comprends vraiment pas. Cela m'a sidérée.
Je pense qu'on doit aller à la source du problème. Si on regarde bien notre société présentement, on constate que nos enfants ne sont pas plus éduqués sexuellement que nous l'étions auparavant. Pourtant, on a des cours de sexualité dans les écoles. Il y en a eu pendant de nombreuses années au Québec. Malheureusement, les coupes des transferts fédéraux aux provinces ont fait que nous avons dû couper des services et des cours aux étudiants. Entre autres, les cours de sexualité ont été transformés en cours de moralité et cela a énormément nui à nos enfants car maintenant ils ne savent plus où ils en sont et ils doivent apprendre dans les livres, sur Internet et au téléphone ce qu'est la sexualité.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, je garde mon petit-fils. Pour moi, sa vie sexuelle, c'est aussi l'entité de son être. Il y a quelques semaines, je l'ai amené avec moi pour acheter des condoms. Il était gêné et il m'a dit: « Grand-maman, les parents des autres élèves de l'école ne font pas cela. Grand-maman, de quoi vais-je avoir l'air? » Je lui ai répondu: « Tu auras l'air d'un jeune homme qui veut apprendre comment se protéger et comment protéger la jeune fille ou le jeune homme avec qui tu auras une relation sexuelle. C'est ce dont tu auras l'air. Tu auras l'air d'une personne responsable. En effet, ce n'est pas parce que tu aimes une personne avec qui tu es en relation que tu seras à l'abri des maladies transmises sexuellement ou d'en transmettre toi-même ».
Maintenant qu'il l'a compris, il m'a demandé si je pouvais aussi informer ses petits copains. Je lui ai dis: « Non, grand-maman ne veut pas devenir une agence qui parle et qui informe sur les relations sexuelles. Je t'ai informé. À présent, dis à tes amis qu'ils doivent s'informer à la maison parce que c'est important ».
À mon avis, en tant que parents, nous avons le devoir de bien jouer ce rôle. Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable, il faut voir l'évidence.
Présentement, il y a une «hypersexualisation» partout dans le monde, chez nos jeunes femmes et nos jeunes hommes, dans les messages télévisés et sur Internet. Tout ce que nous voyons n'est que de «l'hypersexualisation» et des messages qui nous amènent même à penser en termes sexuels aussitôt qu'on les voit. Cela ne dépend pas de nos enfants et ne dépend pas non plus des pédophiles. Cela dépend des agences qui élaborent les messages.
Il faut qu'on revoit tout cela dans l'ensemble de la société. Comment voulons-nous nous comporter envers nos enfants? Comment voulons-nous qu'ils se comportent dans leur vie? Comment souhaitons-nous qu'ils voient et comprennent la sexualité? La sexualité est quelque chose de merveilleux et de souhaitable que toute personne a le droit fondamental de vivre. Cela nous appartient. Quand on entrave la sexualité d'une personne, on peut en faire un monstre.
Il ne faudrait donc pas faire trop de projets de loi qui empêcheraient les personnes de réaliser leur pleine sexualité car c'est un droit fondamental. Nous naissons tous et toutes avec une sexualité. Quand nos enfants sont petits, on constate qu'ils prennent un grand plaisir à se toucher, et c'est normal.
Lorsque j'étais jeune, j'allais à l'école chez des religieuses. Je me rappelle que ces dernières nous disaient souvent qu'il fallait dormir avec les mains au-dessus des couvertures et qu'il ne fallait pas se laver dans la baignoire. En effet, à cette époque, il n'y avait pas de douche. Il ne fallait donc pas se laver le bas du corps en mettant ses mains dans l'eau. C'était défendu. Il fallait avoir une débarbouillette et faire cela très rapidement. Ce n'était pas des parties du corps sur lesquelles on passait beaucoup de temps. Pourtant, ce sont probablement celles sur lesquelles on aurait passé le plus de temps car elles étaient les plus agréables à laver. De plus, quand on est jeune, se laver n'est pas quelque chose qu'on aime faire.
Alors, je dis oui à des projets de loi et oui à la protection de nos jeunes, mais il faut faire attention de ne pas aller trop loin quand on veut les protéger. Il ne faut pas les protéger contre eux-mêmes. Il faut les protéger contre les personnes qui veulent vraiment leur faire du mal et qui veulent vraiment s'attaquer à eux.
Nous cherchons à punir les pédophiles et nous cherchons à arrêter les personnes qui s'attaquent à nos jeunes, à les stopper dans leurs élans lorsqu'elles veulent faire du tort à nos jeunes. Nous ne cherchons donc pas à stopper nos jeunes de 12 ans, 14 ans, 16 ans ou 18 ans, qui doivent explorer pleinement leur sexualité, car c'est ainsi qu'ils deviendront des êtres humains à part entière et qu'ils souriront dans les rues.
En cette Chambre, trop d'entre nous ne sourient pas. C'est peut-être parce qu'on n'a pas une sexualité assez épanouie. Si on avait une meilleure sexualité, on sourirait peut-être plus. Beaucoup de mes collègues sourient souvent, mais j'en vois trop qui ne sourient jamais. Alors, je nous souhaite à tous une sexualité épanouie. Il faut laisser nos jeunes avoir une sexualité épanouie en préservant leur droit à devenir grands sans être attaqués par des personnes qui ne voudraient pas leur bien.