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Monsieur le Président, j'aimerais intervenir, car c'est un sujet qui interpelle profondément les citoyens de Kelowna—Lake Country. Lorsque le était de passage dans ma circonscription à l'occasion de sa campagne, à la fin de 2005, sa proposition de réformer le Sénat avait été très chaudement accueillie par mes électeurs. C'est une question qui interpelle profondément les Canadiens de l'Ouest.
Les Canadiens sont mûrs pour de véritables changements. Ils sont conscients des réformes qui s'imposent. Le Sénat existe depuis 1867, depuis la Confédération. Il n'a subi absolument aucune réforme depuis sa création, excepté l'instauration, en 1965, d'une disposition fixant à 75 ans l'âge obligatoire de la retraite.
Notre gouvernement est déterminé à tenir les promesses qu'il a faites aux Canadiens et à prendre au moins des mesures initiales dans ce domaine, où aucun progrès n'a été fait à ce jour. Je sais que les députés de l'opposition qui sont intervenus tout à l'heure ont dit que nous prenions des mesures au compte-gouttes et que c'était simplement pour essayer de contourner la Constitution.
En réalité, ils ont eu 13 ans pour mettre en oeuvre une quelconque réforme concrète du régime démocratique, mais ils n'ont rien fait. Puisque nous formons un gouvernement minoritaire, nous nous efforçons de collaborer dans le cadre d'une démarche progressive qui comporte une part de compromis. J'estime que l'approche adoptée par notre gouvernement est non seulement réaliste, positive et concrète, mais aussi pleine de bon sens.
C'est particulièrement difficile pour moi d'accepter que les députés de la Colombie-Britannique puissent voter contre ce projet de loi. Il s'agit d'un élément de la réforme en vue d'un Sénat triple E.
La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Brown, de l'Alberta. Depuis 1989, les Albertains votent pour choisir les sénateurs qui les représenteront. M. Brown est le deuxième à avoir été choisi ainsi. M. Waters était le premier, mais il est malheureusement décédé après un bref mandat au Sénat.
M. Brown est prêt à s'engager lorsque le temps sera venu. Je pense que cela prouve que le gouvernement est à l'écoute non seulement des Albertains, mais de tous les Canadiens. Il a entendu les voix qui demandaient avec insistance une réforme du Sénat. Ce projet de loi permet de consulter les électeurs de tout le Canada.
Un grand nombre de Canadiens estiment que le fait que les sénateurs ne sont pas élus est contraire aux valeurs démocratiques canadiennes. C'est manifestement la raison pour laquelle la légitimité du Sénat est aussi souvent remise en question.
Il m'arrive parfois d'amener des invités de ma circonscription à l'autre Chambre. Il y a là une personne, un page, qui fait un excellent travail. À quelques reprises, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Brad Ramsden. Il m'a fait comprendre le rôle du Sénat.
Le Sénat joue un rôle important au Canada, notamment du point de vue constitutionnel et gouvernemental. J'accorde une grande valeur à l'opinion du Sénat, mais il ne faut pas oublier qu'à l'heure actuelle, les 105 sénateurs, moins les sièges vacants, qui ont été nommés au Sénat l'ont été grâce au patronage, au favoritisme. Je pense que cela donne une mauvaise image de notre système démocratique. Nous vivons dans un pays qui jouit de la liberté fondamentale qu'est la démocratie. Aucun droit n'est plus important que celui de donner à la population la liberté de consulter et de choisir la personne qui représentera leur collectivité.
Le gouvernement a également présenté le projet de loi parce qu'il renforce, revitalise et modernise les valeurs canadiennes traditionnelles et, plus important encore, le droit absolu des Canadiens à choisir leurs dirigeants.
Au fil de l'histoire, les gouvernements conservateurs précédents ont renforcé et répandu cette valeur fondamentale, et le gouvernement conservateur actuel ne fait que perpétuer cette tradition. La statue de Robert Borden devant laquelle nous passons en marchant, près de l'édifice de l'Ouest, me rappelle qu'il dirigeait le gouvernement qui, en temps de guerre, a accordé le droit de vote aux femmes. Je me souviens aussi de M. Diefenbaker, qui a accordé le droit de vote aux Autochtones. Voilà une partie de ce que nous ont légué les gouvernements conservateurs précédents. D'excellents premiers ministres et d'excellents chefs sont issus de ce parti, et c'est aussi le cas du actuel.
Au fil du débat des dernières semaines, des intervenants se sont demandé pourquoi le projet de loi avait été présenté à la Chambre des communes plutôt qu'au Sénat.
Le projet de loi autorise des dépenses pour la mise en oeuvre des consultations et leur administration permanente. Or, conformément à la Loi constitutionnelle de 1867, les projets de loi prévoyant l'affectation de sommes d'argent doivent provenir de la Chambre des communes.
Actuellement, le Gouverneur général a le pouvoir de nommer les sénateurs conformément à l'article 24 de la Loi constitutionnelle de 1867, qui dit ceci:
Le gouverneur-général mandera de temps à autre au Sénat, au nom de la Reine et par instrument sous le grand sceau du Canada, des personnes ayant les qualifications voulues; [...]
Dans mon esprit, l'expression « qualifications voulues » a une grande importance et mérite que nous l'examinions de près. Que veut dire cette expression? Elle signifie qu'il revient aux Canadiens dans chacune des provinces et dans chacun des territoires de déterminer qui est le plus apte à les représenter. Il ne s'agit pas de choisir une personne parce que c'est elle qui a donné au premier ministre ou au leader du gouvernement le plus d'argent ou qui l'a aidé plus que quiconque à prendre le pouvoir. Nous avons pu observer cette pratique dans le passé, quel que soit le parti politique.
Nous devons prendre un peu de recul et adopter un point de vue non partisan, ce qui nous permet de nous apercevoir qu'il s'agit d'une très belle amélioration. Nous pouvons tous nous enorgueillir d'avoir fait ce changement qui constitue un progrès au sein de l'État fédéral.
La seule différence aujourd'hui est que les Canadiens ont désormais la possibilité d'exprimer leurs préférences en ce qui a trait aux personnes à nommer au Sénat, de manière à ce que le premier ministre recommande au Gouverneur général la nomination de ces personnes. D'ailleurs, les Albertains ont, depuis 1989, la possibilité de voter pour choisir une personne dont le nom est transmis à cette fin au premier ministre.
Comme les libéraux l'ont indiqué, rouvrir la Constitution représente un défi étant donné la formule de modification dite sept-cinquante. Cela signifie que nous devons obtenir l'approbation de sept provinces représentant 50 p. 100 de la population, et nous savons que ce sera très difficile. C'est toujours difficile. Le a travaillé avec toutes les provinces pour revitaliser le PCSRA. Il a travaillé sans relâche pour aider les agriculteurs. Il est très difficile d'amener les 13 parties à s'entendre.
Nous devons progresser petit à petit. C'est une approche échelonnée. C'est sensé, réaliste et faisable.
L'alinéa 42(1)b) de la Loi constitutionnelle de 1982 prévoit qu'il faut une formule dite sept-cinquante pour modifier la Constitution de manière à changer la méthode de sélection des sénateurs, mais le processus de consultation concernant la nomination des sénateurs ne change rien à la façon de choisir les sénateurs aux termes de la Constitution. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de modifier la Constitution ou de renvoyer la question à la Cour suprême.
Les députés de l'opposition doivent le comprendre. J'ouvre donc le débat. Cela est faisable. Cela est réaliste et nous devons faire passer le message. Nous prenons la parole au nom des Canadiens et nous demandons aux 308 députés élus de respecter la volonté des Canadiens.
Le Gouverneur général a actuellement le pouvoir d'appeler des gens au Sénat sur la recommandation du premier ministre, ce qui ne changera pas après l'adoption du projet de loi. Rien ne changera essentiellement. Les gens voteront dans leur province ou leur territoire et les noms seront ensuite transmis au premier ministre. En réalité, je ne vois pas comment un premier ministre pourrait ne pas accepter le candidat choisi s'il a les qualités requises. Le premier ministre acceptera ce choix. Je sais que notre a dit clairement qu'il le fera lorsque l'occasion se présentera.
Essentiellement, ce projet de loi prévoit un mécanisme pour la tenue de consultations dans une ou plusieurs provinces pour demander aux électeurs d'exprimer leur préférence sur les candidats à une nomination au Sénat. Actuellement, quiconque est âgé de 30 ans peut être nommé au Sénat, sauf que c'est pour un mandat de 45 ans. Dans notre projet de loi de 66 mots qui traîne encore à l'autre endroit, nous essayons de limiter ce mandat pour qu'il soit plutôt de 7, 8 10 ou 12 ans, peu importe, au lieu de 45 ans. Nous essayons d'avoir, pour les Canadiens, deux Chambres tenues de rendre des comptes et un gouvernement ouvert et transparent.
Le premier ministre aura toujours la discrétion de décider dans laquelle ou lesquelles des provinces des consultations seront tenues, combien de sièges au Sénat feront l'objet de consultations et si les consultations seront tenues pour combler les vacances actuelles seulement, les vacances futures seulement, ou les deux.
Le processus ne sera pas déclenché automatiquement par une vacance et il n'y aura pas d'élections partielles pour le Sénat. Les consultations auront normalement lieu en même temps que les élections générales fédérales, ce qui veut dire qu'il n'y aura pas vraiment de coûts additionnels pour les Canadiens. Ce sera inclus dans le processus. Lorsque les Canadiens iront aux urnes, ils choisiront la personne qu'ils veulent comme représentant au Sénat et cocheront le nom de la personne, du parti ou de quelqu'un qui se présente comme candidat indépendant.
Les consultations se feront sans problème. Le projet de loi donne cependant une certaine latitude, permettant que les consultations soient tenues en même temps que des élections générales provinciales si une entente a été conclue avec la province à ce sujet. Nous travaillons de concert avec les provinces et les territoires. Je sais que c'est là quelque chose que nous ne devons jamais oublier: nous sommes partenaires et nous devons travailler ensemble en tant que gouvernements.
Ce projet de loi prévoit des consultations au moyen d'un mode de scrutin préférentiel, dit « à vote unique transférable ». Contrairement à ce qui en est avec le mode de scrutin utilisé pour l'élection des députés, les électeurs pourront classer dans l'ordre de préférence les candidats dont le nom figure sur le bulletin.
Les candidats qui auront obtenu un certain nombre de voix fixé à l'avance seront inclus sur la liste des candidats au Sénat soumise à l'examen du . Si un candidat sélectionné obtient plus de voix que le nombre fixé, les voix en sus de ce nombre seront transférées au candidat que les électeurs auront désigné comme deuxième choix et le transfert se poursuivra ainsi jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de candidats ait été sélectionnés pour le nombre de sièges faisant l'objet de la consultation.
C'est pour moi un privilège et un honneur, en qualité de député de de prendre la parole ici aujourd'hui pour parler d'un projet de loi qui contribue à une réforme attendue depuis longtemps de l'autre Chambre du Parlement.
Je remercie les députés d'en face de leur attention. J'espère qu'ils accorderont l'attention qu'il mérite à ce pas en avant qui, comme je l'ai dit, relève du bon sens tout en étant raisonnable et réalisable.
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Monsieur le Président, prendre part à ce débat au sujet du projet de loi , c'est un peu comme aller chez le dentiste. Personnellement, c'est la dernière chose que je voudrais faire, mais je vais un peu en corriger l'angle tout de suite, puisque parfois, on a évidemment besoin d'aller chez le dentiste. Toutefois, on n'a jamais besoin d'aller chez l'arracheur de dents.
J'ai vraiment l'impression que le projet de loi présenté devant nous manque tout à fait de pertinence. En effet, il s'attaque à un sujet très secondaire au détriment de priorités plus urgentes que la réforme proposée, et dont devrait s'occuper le gouvernement conservateur.
Je rappelle que le projet de loi prévoit la consultation des électeurs d'une province sur leur préférence quant à la nomination des sénateurs pour la représenter.
La partie 1 régit l'administration de la consultation qui est effectuée sous la surveillance du directeur général des élections.
La partie 2 prévoit que la tenue de la consultation soit subordonnée à la prise d'un décret par le gouverneur en conseil.
La partie 3 prévoit la façon dont les candidats éventuels peuvent confirmer leur candidature auprès du directeur général des élections.
La partie 4 porte sur l'exercice du droit de vote dans le cadre de la consultation.
La partie 5 prévoit les règles concernant le comptage des votes obtenus par les candidats selon un système prenant en compte les préférences des électeurs, telles qu'elles sont indiquées sur les bulletins de vote.
Les parties 6 et 7 régissent les communications et la publicité faite par les tiers dans le cadre de cette consultation.
La partie 8 porte sur la gestion des opérations financières des candidats.
La partie 9 prévoit le contrôle d'application de la loi, notamment les infractions et les peines.
Enfin, la partie 10 prévoit les dispositions transitoires des modifications nécessaires à la Loi électorale du Canada et à la Loi de l'impôt sur le revenu, les dispositions de coordination et les dispositions d'entrée en vigueur.
Comme je le mentionnais d'entrée de jeu, la loi n'est pas pertinente. D'abord, il est très clair pour nous que le gouvernement, la Chambre des communes, ne peut pas modifier le Sénat unilatéralement et sans que la Constitution elle-même soit modifiée. Comme la Constitution est une constitution fédérale, tous les intervenants, c'est-à-dire toutes les provinces, le Québec, le gouvernement fédéral, les Parlements de ces différentes juridictions, doivent participer au processus de transformation, de réforme.
Comme je l'ai mentionné dès le départ, selon nous, cette loi n'a pas sa place parce qu'il faut véritablement un exercice qui fera en sorte qu'on revoie la Constitution. D'ailleurs, à la fin des années 1970, la Cour suprême du Canada a examiné la capacité du Parlement de modifier seul les dispositions constitutionnelles concernant le Sénat, et selon l'arrêt qu'elle a rendu — c'est un renvoi sur les compétentes du Parlement relativement à la Chambre haute qui date de 1980 —, les décisions relatives aux changements majeurs touchant le caractère essentiel du Sénat ne peuvent être prises unilatéralement par le Parlement.
On constate donc que cette loi va probablement se briser sur l'opposition des provinces, dont le Québec. Et celui-ci n'est pas le seul, à cet égard, qui n'est pas favorable à la voie qu'a empruntée le gouvernement en déposant cette loi. On s'embarque donc sur un terrain qui mène à une réforme d'une institution dont on peut questionner la pertinence. C'est une réforme qui demeure quand même assez minimaliste.
Peut-on penser sérieusement qu'un processus de négociation constitutionnelle, qui sera nécessaire, comme je le mentionnais, est pertinent au moment où l'on se parle, alors que des choses beaucoup plus importantes mériteraient l'attention du gouvernement et du Parlement? On n'a qu'à penser à la réintégration du Québec dans la Constitution rapatriée unilatéralement par Pierre Elliott Trudeau?
Comme on le sait, tous les gouvernements successifs à Québec, que ce soit le gouvernement libéral ou le gouvernement du Parti québécois, n'ont jamais accepté de signer le rapatriement de la Constitution au début des années 1980. À cet égard, je rappelle qu'à l'Assemblée nationale, il y a un consensus partagé par les trois partis présents, soit le Parti libéral du Québec, le Parti québécois et l'Action démocratique du Québec.
Il est très clair pour nous que toutes les réformes touchant les pouvoirs du Sénat, la méthode de sélection des sénateurs, le nombre de sénateurs auquel une province a droit, et les exigences de résidence des sénateurs ne peuvent donc être apportés qu'en conformité avec la procédure normale de modification prévue à l'article 38 de la Loi constitutionnelle de 1982 qui exige le consentement du Sénat, de la Chambre des communes et celui des Assemblées législatives d'au moins les deux tiers des provinces, c'est-à-dire sept provinces, et comptant au moins 50 p. 100 de la population du Canada.
C'est la fameuse formule connue sous le terme 7/50.
On voit là que la loi n'est pas pertinente. Elle pourrait même être dommageable, enclenchant un cycle de négociations constitutionnelles sur une question somme toute relativement secondaire, comme je le mentionnais. Le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, Benoît Pelletier—qui a d'ailleurs été reconduit dans ses fonctions —, déclarait, le 21 septembre 2006, devant le comité sénatorial spécial formé sur la réforme du Sénat:
[...] pour le gouvernement du Québec, il est clair qu'une éventuelle transformation du Sénat en une chambre élue serait une question qui relèverait des négociations constitutionnelles, et non du simple exercice de la compétence fédérale unilatérale.
Un peu plus loin, il ajoutait:
Si on en fait une chambre d'élus, on change la vocation de cette institution. Peu importe qu'on le fasse directement ou indirectement, cela devient un changement extrêmement important qui doit être discuté dans le cadre d'une ronde de discussions de nature constitutionnelle.
Alors, comme je le mentionnais, le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, Benoît Pelletier réitérait tout simplement au comité sénatorial la position traditionnelle du Québec en disant deux choses: premièrement, que le Sénat ne peut être réformé unilatéralement par le gouvernement fédéral et, deuxièmement, que le gouvernement fédéral ne peut pas faire indirectement ce qu'il ne peut faire directement. Évidemment, le dépôt de cette loi constitue une façon indirecte de faire ce que le gouvernement ne veut pas faire directement.
Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, le Québec n'est pas le seul à s'opposer à l'idée de tenir des élections pour nommer les sénateurs. Les premiers ministres de la Saskatchewan et du Manitoba ont réclamé d'abolir tout simplement le Sénat, plutôt que de tenter de le renouveler. Même le premier ministre de l'Ontario a émis de sérieux doutes, indiquant que l'élection de sénateurs au Sénat, en vertu de son mandat actuel, aggraverait les inégalités.
Si on fait le tour de ce premier aspect, les élections indirectes des sénateurs modifieraient le rapport entre la Chambre des communes et le Sénat et créeraient de la confusion. J'aurai l'occasion d'y revenir. Ces modifications ne peuvent être faites unilatéralement sans le consentement du Québec et des provinces, le Québec étant reconnu maintenant en tant que nation par la Chambre des communes. Tout le monde comprendra qu'une telle réforme ne serait absolument pas la bienvenue, serait non conforme à l'esprit et de la Constitution et de ce qui a été adopté en cette Chambre.
Je disais donc que le premier élément qui rend cette loi non pertinente, c'est qu'on ne pourra pas faire l'économie d'une ronde de négociations constitutionnelles et que celle-ci, portant sur le Sénat ou strictement sur l'élection de sénateurs, n'a pas grand sens. Donc, encore une fois, si le gouvernement va de l'avant, il rencontrera nécessairement cette difficulté constitutionnelle.
Le deuxième élément qui, à mon sens, fait que cette loi n'est pas pertinente, c'est que le Sénat, même réformé par le projet de loi , demeure une institution inutile. On se rappelle qu'à l'origine, le Sénat devait servir de chambre de second examen objectif. Il devait également protéger les intérêts régionaux. Or, quand on regarde la composition actuelle du Sénat, on voit que les nominations ont été manifestement faites de façon partisane, ce qui a dénaturé la nature ou le mandat du Sénat.
Introduire l'élément d'élection des sénateurs ne réglera pas la question parce que les sénateurs, nécessairement, devront s'affilier tôt ou tard à un parti politique pour avoir les ressources nécessaires pour mener ces élections. Donc, on va accroître le caractère partisan du Sénat et on va s'éloigner encore plus de l'objectif initial, qui, à mon sens, n'est plus du tout pertinent dans le contexte du XXIe siècle.
Comme je le mentionnais, l'élection indirecte des sénateurs n'améliorerait pas cette situation. Au contraire, le processus électoral va tendre à rehausser le rôle des partis politiques, si bien que des sénateurs élus indirectement risqueraient de se préoccuper de choses qui relèvent actuellement de la Chambre des communes. Cela créera soit un dédoublement, soit, à tout le moins, une confusion et cela pour 77 millions de dollars par année. Cela nous semble un coût extrêmement élevé pour une institution qui, non seulement est inutile, mais qui dans le cas de la réforme proposée, créerait une confusion et des dédoublements de légitimité très importants.
Il est quand même important de signaler que, justement à cause de l'évolution du processus démocratique au Canada, dans les provinces et au Québec, plus aucune province n'a de Chambre haute depuis 1968.
Il est intéressant de noter que plusieurs Chambres hautes provinciales avaient au moins eu le mérite d'être électives — contrairement au Sénat canadien —, comme à l'Île-du-Prince-Édouard, par exemple. Cependant, ces Chambres ont évidemment disparu avec le temps. Le Québec a aboli le Conseil législatif en 1968. Ça fait tout de même presque 40 ans.
En outre, il me semble important de souligner un autre élément. Le projet de loi n'est pas pertinent. Malgré les modifications apportées par le projet de loi, le Sénat ne sera pas véritablement démocratique. L'élection indirecte par la population conférerait une crédibilité démocratique superficielle au Sénat. À bien des égards, le Sénat demeurerait une aberration démocratique.
D'abord, la consultation de la population n'est pas contraignante. On prévoit dans le projet de loi une consultation de la population, sans toutefois proprement parler d'élection afin de choisir les sénateurs. Le conserve le privilège de nommer ou de ne pas nommer les sénateurs choisis par la population et pourrait ainsi choisir de ne pas nommer un candidat sélectionné dans le cadre de ce processus. Dans l'une des fiches documentaires fournies par le gouvernement dans le cadre de ce projet de loi, on dit bien que, et je cite:
Le premier ministre pourra prendre en compte les résultats de la consultation au moment de formuler ses recommandations au Gouverneur général sur les futurs représentants d'une province ou d'un territoire au Sénat.
D'ailleurs, comment faire confiance à ce qui n'a pas hésité à nommer Michael Fortier au Sénat, alors qu'il dénonçait lui-même les nominations partisanes des libéraux? On voit donc que le nouveau gouvernement conservateur — il n'est plus nouveau puisqu'il est en place depuis 15 mois ou 16 mois — a tout simplement repris la méthode libérale pour la nomination des sénateurs.
Ensuite, je me rappelle très bien qu'en campagne électorale, le avait promis de ne nommer que des élus au Conseil des ministres. Selon moi, par le biais de cette nomination au Sénat, il n'a pas respecté la promesse qu'il avait faite aux électeurs pendant cette campagne. Lors des prochaines élections, ces derniers pourront juger de la capacité des conservateurs à tenir leurs promesses.
D'autre part, un élément est très préoccupant. Les électeurs ne seront pas égaux devant le Sénat. Par exemple, dans le cas de l'Île-du-Prince-Édouard, un sénateur représentera à peu près 27 000 électeurs, alors que dans les autres régions du Canada — et au Québec en particulier —, il s'agira d'une proportion beaucoup plus importante.
On ne pourra pas, à toutes fins pratiques déloger les sénateurs.
On prévoit effectivement une consultation de la population pour la nomination des sénateurs, bien qu'elle ne soit pas contraignante, comme on vient de le voir. Ils seront nommés le temps d'un mandat. Je sais que certains diront que le projet de loi prévoyait un mandat maximum de huit ans pour les sénateurs, ce qui pourrait régler le problème. Mais le fait d'être huit ans sans jamais avoir à se présenter devant l'électorat me semble être loin d'un gage de connexion entre ces sénatrices et sénateurs « élus » et les préoccupations de la population, que ce soit celle du Québec ou celle du Canada.
En outre, étant donné que le Sénat est tout de même une institution qui a été créée il y a très longtemps, je trouve aberrant que certaines contraintes quant à la possibilité de se présenter au poste de sénateur soient maintenues. Actuellement, il faut être âgé d'au moins 30 ans et posséder une valeur immobilière d'au moins 4 000 $ dans la province et la circonscription pour laquelle la personne est nommée. Dès lors, tous les jeunes de moins de 30 ans sont exclus. Je trouve cela très discriminatoire. On impose également une règle en termes d'actifs qui pénalise une partie de notre population qui pourrait être tentée de se présenter à de telles élections. Cet élément supplémentaire montre que la proposition qui est devant nous ne règle pas le fond du problème et qu'elle tente même de réhabiliter une institution passablement discréditée auprès d'une bonne partie de la population canadienne et québécoise.
Indirectement, le Sénat minerait même le système parlementaire. J'y reviendrai. Comme on le sait, dans le système parlementaire britannique, l'exécutif défend la confiance que lui confère la Chambre des communes, qui est élue, elle aussi. Ainsi, à elle seule, l'élection au Sénat minerait la prééminence de la Chambre des communes et sèmerait la confusion. L'élection des deux Chambres compliquerait la question de la prépondérance et saperait, par conséquent, le régime parlementaire.
De l'avis du Bloc, il s'agit d'un projet non pertinent parce qu'il a mal été conçu. De plus, aucun plafond de dépenses n'est prévu pour les candidats. Le gouvernement soutient que les limites individuelles de contributions financières et les limites de transferts imposées aux partis suffiront faire à plafonner les dépenses. Pourtant, compte tenu du fait que le nombre de candidats potentiels est illimité et que les dépenses électorales sont sujettes à un remboursement partiel à même les fonds publics, il nous apparaît déraisonnable de ne pas limiter les dépenses individuelles. Finalement, certains sièges pourraient demeurer vacants pendant quatre ans, à moins d'avoir une réserve. Si un sénateur ou une sénatrice quittait son siège pour des raisons de santé, s'il mourait ou s'il quittait pour quelque autre considération, il faudrait attendre quatre ans la nomination d'un nouveau sénateur. Comme je l'ai dit, à moins qu'une réserve soit constituée, le projet de loi est mal conçu de ce point de vue.
Pour toutes ces raisons, nous aurions préféré débattre d'un autre sujet aujourd'hui. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai l'impression d'être chez l'arracheur de dents et non pas chez le dentiste. Je ne veux pas me mettre à dos mon dentiste et les dentistes en général. Il est utile d'aller chez le dentiste, c'est même recommandé. Toutefois, il n'est pas recommandé d'aller chez un arracheur de dents.
Il me semble qu'on aurait plutôt dû s'attaquer à de véritables problèmes, à de véritables enjeux, comme le déséquilibre fiscal. Dans le budget — nous l'avons dit et nous continuons d'appuyer le projet de loi —, il y a un règlement partiel financier du déséquilibre fiscal, mais l'essentiel n'est pas réglé. Le gouvernement fédéral a trop de revenus par rapport à ses responsabilités. Ses transferts dans les champs de compétence des provinces continuent de maintenir le Québec et les autres provinces à la merci des décisions unilatérales prises ici, à Ottawa, alors qu'il s'agit de leurs propres champs de compétence. Selon le Bloc, l'assiette fiscale qui correspond à la partie des transferts liée à la santé, aux programmes sociaux et à l'éducation postsecondaire devrait être tout simplement transférée aux provinces en points d'impôt, que ce soit par le biais de la TPS ou de l'impôt sur le revenu.
Toujours à propos du déséquilibre fiscal, la capacité de contrer ou même de limiter le pouvoir de dépenser du fédéral devrait être prioritaire. À plusieurs reprises, le et le ont promis une loi limitant le pouvoir de dépenser du fédéral. Nous attendons toujours cette loi. Cette dernière permettrait qu'une province, comme le Québec par exemple, se retire d'un programme mis en place, de façon partagée ou unilatérale, par le gouvernement fédéral dans des champs de compétence des provinces et du Québec. Le Québec pourrait se retirer avec pleine compensation et sans condition. C'est important pour la population québécoise et ce l'est pour les gens qui ont besoin d'un bon système de santé, d'un bon système d'éducation et de programmes sociaux offrant un filet de sécurité sociale adéquat. Pour ces gens, le Sénat est une préoccupation très lointaine ou carrément absente de leur quotidien.
Parlons maintenant d'environnement. Il me semble que depuis que le plan a été déposé par le , les critiques n'ont pas cessé de fuser de toute part, que ce soit du côté des scientifiques, de celui des environnementalistes ou de celui des industriels. Ce matin, on apprenait qu'un sondage réalisé en Alberta démontrait que 92 p. 100 des Albertains croyaient que les pétrolières devaient fournir des efforts en vue de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce qui est encore plus intéressant, c'est que 70 p. 100 — je ne suis pas certain de ce pourcentage — des Albertains disaient que ces réductions devaient être en cibles absolues et non pas en cibles d'intensité. Ce que les gens veulent, c'est que, dans quelques années, il y ait moins d'émissions de gaz à effet de serre par rapport à ce qu'il y a eu au cours des dernières années. Ils ne veulent pas voir la croissance ralentie pour qu'il y en ait plus au bout du compte, même si on en produit moins par tonne. Ce ne sont pas seulement les préoccupations des Québécois et de la population canadienne, mais ce sont aussi les préoccupations des Albertains, qui sont, comme on le sait, très liés à l'industrie pétrolière.
Parlons de la politique étrangère. Elle aurait dû être une préoccupation. On n'a pas d'énoncé de politique étrangère. Le gouvernement libéral, avant les élections où il a été défait, avait déposé un énoncé de politique étrangère touchant la défense et le commerce international.
Là, on ne sait pas où on s'en va, mais, par contre, on dépense. On vient encore d'annoncer l'achat de blindés, ce qui été fait en catimini. Par contre, la coopération internationale est très peu développée.
Finalement, l'assurance-emploi, les programmes d'aide aux festivals et aux expositions, l'aéroport de Saint-Hubert, tous ces éléments auraient mérité une attention qui est détournée par le projet de loi
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Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir de prendre la parole au sujet de ce projet de loi très important.
Je partagerai le temps qui m'est alloué avec mon collègue de Pitt Meadows—Maple Ridge—Mission.
Parler du Sénat suscite de nombreuses émotions parmi les Canadiens. C'est parce que le Sénat devient une institution antédiluvienne sur la scène démocratique canadienne. Ce n'est pas en raison des sénateurs qui sont des gens compétents engagés dans la vie publique pour le bien du Canada.
Nous parlons d'une institution qui maintient ces gens dans un carcan et qui les empêche d'utiliser leur plein potentiel afin de contribuer à la vie publique au Canada. Au fil du temps, la gestion de cette institution a été manipulée et on en est lentement arrivé au point où les Canadiens n'en veulent plus.
Des débats sur l'abolition du Sénat ont lieu partout au pays. Soit les Canadiens ne veulent plus du Sénat, soit ils veulent une réforme du Sénat.
Lorsque je faisais campagne à Calgary, en 1997, et que je parlais du Sénat, je sentais immédiatement un sentiment de colère chez les Canadiens. Cette institution ne reflétait pas leur point de vue. Elle ne suscitait pas le sentiment que les gens ressentent normalement, à savoir qu'ils ont un représentant élu au Parlement du Canada. Ce qu'ils avaient, ce n'était pas un représentant élu. Ce qu'ils avaient au Sénat, c'était quelqu'un qui faisait partie du Parlement du Canada, mais qui ne s'exprimait pas en leur nom.
C'est quelque chose que les Canadiens et toutes les personnes qui font partie d'une institution démocratique comprennent. Or, ils disent que cette situation n'est pas acceptable. En fait, aujourd'hui encore, Tony Blair tente d'effectuer une réforme de la Chambre des lords, parce qu'il sait que cette institution est devenue inutile. C'est comme cela. Il en est de même de notre institution ici au Canada, mais je veux m'assurer que l'on comprenne bien qu'il ne s'agit pas d'abolir le Sénat maintenant.
Tant les députés libéraux que le représentant du Bloc Québécois, comme je viens de l'entendre, disent que le projet de loi ne propose pas une réforme adéquate. Les libéraux disent que nous devrions procéder à une réforme complète, que c'est ce qu'ils souhaitent. Oui, je suis d'accord qu'une réforme s'impose mais, comme nous le savons, et les libéraux le savent aussi, cela ne va pas se produire, en raison de la façon dont notre Constitution est rédigée. Il faut procéder par étapes pour atteindre cet objectif.
Ce que les Canadiens veulent, c'est que l'on fasse quelque chose au sujet de cette institution. J'ai le regret de dire que cette institution est une plaie pour la démocratie au Canada, en raison de la façon dont elle est structurée. Je souligne encore une fois que cela n'a rien à voir avec les personnes qui siègent au Sénat.
Le Canada jouit d'une excellente réputation en tant que démocratie, et ce dans le monde entier. Nous prônons la démocratie à l'étranger, et je l'ai moi-même fait à de nombreuses occasions. Le Comité des affaires étrangères est en train de mener une vaste étude sur la réforme démocratique et sur la façon dont le Canada devrait s'y prendre pour faire la promotion de la démocratie dans le monde. C'est l'un de nos atouts les plus forts sur la scène internationale. L'ACDI fait un tel travail de promotion. Tous les autres services le font aussi. C'est l'une des forces du Canada. Partout dans le monde, les gens respectent notre pays en raison de cette institution et en raison du travail que nous faisons pour promouvoir la démocratie.
J'ai souvent eu l'occasion de prendre la parole devant des députés de partis d'opposition venus au Canada pour se renseigner au sujet du fonctionnement de la démocratie dans notre pays. J'ai pu constater à maintes reprises lorsque je me suis adressé à l'étranger à des parlementaires qu'ils ne comprennent pas vraiment le fonctionnement de notre Sénat. Ils pensent que notre Sénat est élu et qu'il est très puissant, comme le Sénat des États-Unis.
J'ai eu l'occasion de me rendre à l'étranger avec des sénateurs et j'ai pu voir que, pour eux, on déroule le tapis rouge. Certains pensent que le Sénat est l'institution la plus importante au Canada. Lorsque je les informe du fait qu'il y a quelque chose qui cloche dans notre démocratie et que le Sénat est une institution dont les membres ne sont pas élus par les Canadiens, ils ont un premier choc. Ils en ont un deuxième lorsqu'ils apprennent que les sénateurs sont nommés à vie. Un emploi garanti à vie, c'est plutôt rare. L'étonnement fait place à l'incrédulité lorsque je dis aux gens que les sénateurs n'ont rien à craindre et n'ont pas à se faire de soucis, qu'ils sont nommés à vie et n'ont pas à être réélus.
Et puis mes interlocuteurs veulent savoir qui nomme les sénateurs. Je réponds que c'est le . Et quels sont donc les critères pour siéger au Sénat, se demandent-ils? Faut-il être un copain du premier ministre ou quelque chose du genre? Je leur réponds qu'il n'existe aucun critère pour siéger au Sénat.
Informés de cela, les gens n'en croient pas leurs oreilles. Ils se disent que ce doit être une plaisanterie. Je dois bien leur répondre que j'ai décrit la situation telle qu'elle est. Les gens sont fort étonnés de constater qu'il existe une institution si antidémocratique au Canada, un pays qui se fait le champion de la démocratie partout dans le monde. C'est avec le temps que cette institution est devenue antidémocratique, à cause toutes les manipulations dont elle a fait l'objet.
Aujourd'hui, les Canadiens n'accordent plus aucune confiance à cette institution. Que faire donc? Devons-nous tout simplement fermer les yeux? Devons-nous dire que cette institution existe mais que nous ne pouvons rien faire sinon la réformer de fond en comble? Ce serait trop facile. Le Parti libéral aimerait bien que le Sénat reste tel qu'il est, puisque cette institution lui a beaucoup profité. C'est la raison pour laquelle les libéraux nous disent aujourd'hui qu'il faut rien de moins qu'une réforme complète.
Mon collègue britanno-colombien a dit plus tôt que la Colombie-Britannique était sous-représentée au Sénat. Le Sénat les rend furieux. Notre collègue du Québec vient de nous expliquer pourquoi, selon lui, le Sénat n'a plus sa raison d'être. Nous devons faire quelque chose. Nous ne pouvons nous contenter de la situation actuelle. Nous ne devons pas fermer les yeux et dire que nous ne pouvons rien changer à une institution qui n'a de compte à rendre à personne. Il n'en est pas question. Nous connaissons bien la scène politique canadienne. Jamais une telle chose ne se produirait. Les provinces qui réclament tout cela sont très différentes. Comment pourrait-il y avoir unanimité entre les provinces? Combien de sièges seront attribués aux différentes provinces? Qui fera quoi? Les sénateurs seront-ils élus?
Cela dit, devrions-nous faire l'autruche et ne rien changer à une institution qui est un fardeau pour les contribuables et qui ne leur sert à rien? Non.
Nous avons besoin de l'expertise des sénateurs. Nous devons leur donner une légitimité. Il faut comprendre cela. Nous devons avoir l'assurance que les citoyens les écoutent lorsqu'ils ont quelque chose à dire. À l'heure actuelle, en raison du mode de fonctionnement de leur institution, personne ne les écoute. Ils ont les mains liées. Ce sont d'excellentes personnes qui ont rendu de fiers services au Canada. Leur voix doit être entendue. À l'heure actuelle, leur institution les muselle, les réduit au silence, car personne ne les écoute.
Voulons-nous d'une telle institution? Non. Nous devons faire un premier pas. Il est vrai que ce projet de loi ne règle peut-être pas tous les problèmes, notamment ceux dont je viens de parler à propos du nombre de sièges, de la répartition et de toutes les autres failles de cette institution. Nous ne pouvons pas tout régler. Le projet de loi ne va peut-être pas jusqu'au bout, mais il permettra de donner aux Canadiens ce qu'ils veulent, soit avoir leur mot à dire dans la composition du Sénat. Le projet de loi leur donne ce pouvoir. Nous devons accepter cela et leur donner ce pouvoir sans modifier la Constitution. En ce qui a trait à une modification constitutionnelle, croyez-moi, cela ne se produira jamais. On l'a déjà vu par le passé: les opinions sont trop diversifiées pour qu'un consensus soit possible.
Je sais que tous les députés savent qu'un changement s'impose. Je les exhorte à nous permettre de faire ce premier pas.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir parler du projet de loi , Loi sur les consultations concernant la nomination des sénateurs.
Les personnes de l'Ouest savent qu'il y a des opinions bien arrêtées sur le Sénat là-bas. J'y ai grandi, et j'ai été influencé par beaucoup de ces opinions. Comme tous les députés, je tente de rester en contact avec mes électeurs. Quand je leur parle, je constate parfois que les gens ont des sentiments très forts à propos du Sénat canadien.
J'ai passé une vingtaine d'heures à un salon de l'habitation en fin de semaine et j'ai parlé à des centaines de personnes de nombreux sujets; elles avaient également des opinions à propos du Sénat. Il est assez évident, du moins dans l'Ouest du pays, que le Sénat a perdu une certaine crédibilité auprès des Canadiens.
Les députés ont des opinions sur le Sénat également. Nous avons entendu les députés du Bloc parler, mais je ne suis pas certain s'ils ont une opinion ou un point de vue cohérent sur ce que le Sénat du Canada devrait faire ou sur l'utilité de son existence.
La position du NPD est sans équivoque: le Sénat devrait être aboli. Il me semble que c'est à côté de la plaque. Je crois que le Sénat accomplit du bon travail. À titre de , je suis le travail du comité du Sénat et je reconnais sa contribution aux travaux de la Chambre.
J'ai commencé à lire un rapport du Comité sénatorial des droits de la personne qui s'intitule « Les enfants: des citoyens sans voix ». Je trouve utiles certaines des observations formulées. Je ne crois pas qu'abolir le Sénat soit la solution.
La position des libéraux est un peu plus confuse. À mon avis, ils prônent le statu quo. Ils parlent d'une sorte de restructuration exhaustive du Sénat, peu importe la forme que cela peut prendre. Nous nous rendons compte que c'est une chose très difficile à faire. Je pense qu'ils en sont venus à la conclusion qu'il valait mieux ne rien faire, mais nous allons faire quelque chose. Les libéraux préfèrent le système actuel où les sénateurs sont choisis selon leur allégeance politique ou selon la volonté du premier ministre. Je ne crois pas que les Canadiens préfèrent cette approche, comme l'a dit si éloquemment mon collègue, le député de . Nous devons apporter des changements.
La position du gouvernement est claire. Nous visons un corps élu démocratiquement, efficace et indépendant qui représente équitablement toutes les régions. Le projet de loi n'est pas le seul élément de notre programme à cet égard. Le projet de loi , dont est saisi le Sénat, limiterait à huit ans le mandat des sénateurs. Le Sénat a le projet de loi entre les mains depuis près d'un mois, comme quelqu'un l'a déjà dit durant le débat. C'est un projet de loi qui comporte quelques paragraphes, quelques dizaines de mots. Nous avons de la difficulté à le faire sortir du Sénat. Toutefois, c'est un élément important de la réforme du Sénat.
Les parlementaires doivent se demander comment le projet de loi contribue à l'objectif du gouvernement d'obtenir un corps élu démocratiquement, efficace et indépendant qui représente équitablement toutes les régions.
Comme j'anticipe la question, je dirai que nous atteindrions cet objectif à l'aide d'une restructuration majeure du Sénat. Comme nous le savons tous, le paragraphe 42(1) de la Loi constitutionnelle rend la modification du Sénat très difficile. Sept provinces représentant 50 p. 100 de la population doivent approuver tout changement. Il est donc très difficile, voire impossible, d'y arriver, du moins d'une manière très rapide. Il faut un degré de consensus qui est très difficile à obtenir.
Quelles options avons-nous? Je suppose que nous avons l'option de faire ce que les libéraux proposent, c'est-à-dire rien. Notre option consiste à prendre une mesure pratique et réalisable qui fournira une base solide à une réforme plus approfondie dans l'avenir.
Nous voulons que l'idée fasse son chemin. Au fur et à mesure que les gens dans les provinces verront comment les choses se passent, à savoir que le choix de leurs représentants au Sénat pourra se faire dans le cadre d'un processus démocratique, ils reconnaîtront qu'il est nécessaire de prendre des mesures subséquentes en vue de l'objectif final.
Le projet de loi donne aux Canadiens leur mot à dire dans le choix de leurs représentants. Actuellement, l'article 24 de la Constitution prévoit que le Gouverneur général mandera de temps à autre au Sénat des personnes ayant les qualifications voulues, traditionnellement sur la recommandation du premier ministre. C'est bien ainsi que les choses se passent.
Comme le député de l'a dit, cela va à l'encontre de l'attente des Canadiens dans un système démocratique. En fait, les choses se passent autrement dans la plupart des autres pays démocratiques qui ont une Chambre haute. La plupart de ces pays élisent maintenant les membres de leur Chambre haute. Les Canadiens veulent avoir leur mot à dire dans le choix de leurs représentants.
Cette réforme ne fait que s'ajouter à la liste des réformes démocratiques que nous devons aux conservateurs. Sous le régime de Robert Borden, les femmes ont obtenu le droit de vote. Sous le régime de John Diefenbaker, les Autochtones ont obtenu le droit de vote. C'est un autre pas dans la voie qui nous mènera vers un Parlement plus démocratique.
Le projet de loi créerait un mécanisme de consultation des Canadiens, dans une ou plusieurs provinces, pour connaître leurs préférences quant aux candidats à des nominations au Sénat. On prévoit que ces consultations auront lieu habituellement au moment d'élections générales, bien que la mesure offre la souplesse voulue pour qu'elles puissent avoir lieu aussi au moment d'élections provinciales.
Les consultations se tiendraient selon un système de vote unique transférable, où la proportionnalité entre en jeu. Cela constitue une amélioration importante par rapport au système uninominal majoritaire à un tour encore utilisé pour la Chambre des communes.
Selon moi et j'ose dire selon les constitutionnalistes, cela ne nécessite pas de modification constitutionnelle. La chose ne touche en rien le pouvoir du Gouverneur général de nommer un sénateur ou le pouvoir du premier ministre de recommander une nomination. Il ne s'agit pas de l'élection directe d'un sénateur. Cela ne change en rien les qualités exigées des sénateurs aux termes de la Constitution. Le projet de loi ne ferait que créer un mécanisme permettant au premier ministre de tenir des consultations auprès des Canadiens.
J'ai déjà entendu un certain nombre d'objections, notamment que c'est au Sénat que les femmes et les minorités sont plus fidèlement représentées. Ceux qui font une visite guidée de la Chambre des communes, comme je le fais de temps en temps avec certains de mes électeurs, entendront dire, quand ils seront devant l'autre endroit, que plus de représentants de minorités et de femmes peuvent être nommés au Sénat. D'ailleurs, la proportion de femmes et de représentants de minorités a augmenté autant ici qu'à l'autre endroit, mais je reconnais qu'il reste du chemin à faire.
Le gouvernement espère, alors qu'il s'engage en ce sens, que des candidats de sexe féminin et des candidats appartenant à des minorités participeront pleinement au processus de consultation. Je ne vois aucune raison pour que cela n'ait pas lieu. D'ailleurs, les partis politiques ont toujours un rôle à jouer dans la nomination de candidats potentiels au Sénat, tout comme ici à la Chambre des communes, bien qu'il soit plus limité, comme il se doit, dans le cas du Sénat. Les partis peuvent donc, eux aussi, prendre l'initiative d'oeuvrer en ce sens.
Aux termes du projet de loi, le premier ministre conserve sa prérogative de recommander des candidats ayant les qualités requises. Si le premier ministre estime qu'il est nécessaire de prendre des mesures pour rétablir un certain équilibre, dans l'un ou l'autre de ces domaines, il peut continuer de nommer les candidats de son choix.
C'est un plaisir pour moi d'appuyer le projet de loi . Ce dernier est une étape importante vers l'amélioration et la revitalisation du Sénat en tant qu'institution démocratique nationale. C'est ce que souhaitent les Canadiens. Ces derniers veulent un organe efficace et indépendant, élu démocratiquement, qui représente toutes les régions également. Le projet de loi est un pas important vers cet objectif.
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Monsieur le Président, je suis ravi de parler du projet de loi , Loi sur les consultations concernant la nomination des sénateurs.
Comme les députés pourront le noter dans mes propos, je pense que l'objet du projet de loi et la façon dont il a été rédigé montrent à l'évidence comment le nouveau gouvernement fait maintenant les choses. Le titre du projet sonne bien, comme un slogan insignifiant. Il donne un bon coup d'oeil, mais c'est simplement un faux-fuyant. En effet, en dernière analyse, il s'agit toujours de la mascarade habituelle du . Il s'efforce de donner l'impression qu'il prend des mesures progressistes, mais dans le fond, il est fidèle à ses méthodes antidémocratiques lorsqu'il s'agit d'imposer ses politiques gouvernementales.
C'est beau à regarder, mais en réalité c'est minable. Je maintiens que cette approche est dangereuse dans la réalité. Le essaie simplement de modifier la Constitution par des moyens non constitutionnels.
Les constitutions sont importantes et elles ont leur raison d'être. Elles déterminent la façon dont les choses doivent être faites dans un pays. Dans ce cas, le essaie simplement de contourner la Constitution, par petites étapes. Cependant, nous finirons peut-être, au bout du compte, par ne plus vraiment reconnaître notre pays.
Nous savons tous que le est très attiré par le style présidentiel. Nous pouvons voir comment il opère avec son podium. Il semble attiré par le système des républicains américains. Cependant, au Canada, nous avons une démocratie représentative qui s'inspire du système britannique. Nous savons où le veut vraiment en venir.
Nous venons d'entendre un cri de l'autre côté. Il est plutôt intéressant de voir comment les députés ministériels s'alignent facilement et tentent de profiter du fait que le Sénat est mal connu pour faire valoir leur point de vue.
Ce matin, j'ai écouté le secrétaire parlementaire du leader à la Chambre. Il n'a pas cessé de s'en prendre au Sénat. Il n'a pas dit grand chose au sujet du projet de loi , mais il a utilisé la plus grande partie de son temps de parole pour attaquer le Sénat et donner des exemples comme le fait que celui-ci n'a pas adopté le projet de loi . Il a dit notamment que même si le projet de loi ne contenait qu'une cinquantaine de mots, il a fallu 12 mois au Sénat pour l'examiner. Si j'ai bien compris, il voulait dire que cela faisait environ cinq mots par mois, ce qui n'a rien à voir avec la question à l'étude.
M. Gerald Keddy: Bien au contraire, Wayne. C'est tout à fait pertinent.
L'hon. Wayne Easter: Non, pas du tout. Mon vis-à-vis dit que cela a tout à voir avec la question, mais ce n'est pas le cas. Ces quelques mots sont importants en raison du sens qu'ils pourraient prendre dans l'avenir. Ce n'est pas le nombre de mots qui compte, mais le sens des mots. Ce sont les conséquences des mots et les décisions qui pourraient être prises dans l'avenir en raison des changements apportés à la Constitution.
Une des raisons de l'existence du Sénat, c'est de faire un second examen réfléchi des mesures dans un contexte moins partisan qu'à la Chambre des communes. Le travail du Sénat consiste à nous protéger contre un gouvernement qui abuserait de ses pouvoirs et tenterait de passer outre aux protections mises en place dans la Constitution, et c'est exactement ce que fait le Sénat.
Je sais que les Canadiens et les députés ont une perception négative du Sénat, mais combien de ceux qui dénigrent constamment le Sénat ont-il examiné son travail? Combien ont lu des rapports du Sénat? Aucun ou très peu. Je vois un député qui, je sais, est un grand lecteur et qui a sans aucun doute lu les rapports.
Cependant, il est évident qu'il faut nous dès maintenant être protégés du et des orientations qu'il veut ou ne veut pas donner au Canada. Lorsque nous avons un premier ministre qui travaille davantage comme un dictateur que comme un premier ministre et un représentant de la démocratie, alors nous avons besoin d'un deuxième examen réfléchi.
Ce qui rend la situation encore plus grave, c'est que le parti ministériel est arrivé ici en déclarant qu'il y aurait des votes libres, mais il n'y en a pas eu un seul. Nous n'entendons pas les simples députés du côté ministériel, en fait, nous n'entendons pratiquement pas les ministres non plus.
L'hon. Joe McGuire: C'est le gouvernement d'un seul homme.
L'hon. Wayne Easter: Comme le dit le député, c'est un seul homme qui fait tout.
Le projet de loi a été conçu pour influencer, manipuler et modifier la Constitution sans passer par le processus de modification qui a été adopté il y a plusieurs décennies.
Je le répète, nous savons tous que le aime fonctionner comme un président. Nous savons qu'il préfère nettement le système qu'il y a au sud de la frontière au nôtre. Cependant, au sud de la frontière, il y a entre le Congrès et le Sénat des mécanismes de poids et de contrepoids que nous n'avons pas ici. Si nous voulons faire des changements et aller dans le sens de ce qui se fait ailleurs, alors nous devons procéder à une réforme complète.
Si le veut s'engager dans cette voie et apporter les changements auxquels nous savons qu'il songe, il devrait avoir le courage de proposer un ensemble complet de mesures afin que les mécanismes nécessaires soient en place pour que l'on puisse en débattre et procéder de façon équilibrée.
La façon de procéder du dans plusieurs domaines m'inquiète beaucoup, mais j'y reviendrai plus tard.
Il convient de signaler que, au lieu de décrire ce que ce projet de loi ferait ou ne ferait pas pour la démocratie en rendant le Sénat plus efficace, les ministériels se contentent d'attaquer l'intégrité du Sénat et de reprendre les perceptions négatives qui ont cours. Je crois qu'ils le font pour donner du poids à ces perceptions négatives.
J'ai déjà été un chef de file du secteur agricole et, à ce titre, j'ai eu l'occasion de faire un grand nombre d'exposés tant au Sénat qu'à la Chambre des communes. J'ai généralement trouvé que le Sénat faisait un travail plus approfondi parce que la partialité politique n'entrait pas en ligne de compte. On n'y jouait pas de petits jeux politiques. Le Sénat fait, à vrai dire, du très bon travail.
Le secrétaire parlementaire qui vient d'intervenir a mentionné une étude du Sénat qu'il est en train de lire. J'ai en main plusieurs études que le Sénat a réalisées, dont une en particulier qui mérite d'être lue et qui est intitulée Comprendre l’exode: lutter contre la pauvreté rurale, réalisée par le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
Nous sommes tous au courant du travail que le Comité de la défense a effectué au sujet de la sécurité à nos frontières. Pareil rapport aurait peu de chances d'être publié par les Communes, car le ne permettrait pas à ses députés de critiquer certaines des choses qui se passent à la frontière. Le Sénat, par contre, n'a pas peur de le faire et il prend de telles positions.
Le a déclaré ce qui suit le 20 avril:
Le projet de loi historique fait suite à la promesse faite à la population canadienne dans le discours du Trône de chercher « des moyens qui permettraient au Sénat de mieux refléter les valeurs démocratiques des Canadiens et les besoins des régions du pays ». Mais ce qui est encore plus important, c'est que ce projet de loi renforce les piliers de notre fière démocratie canadienne.
Le leader du gouvernement à la Chambre n'a présenté aucune preuve à l'appui de son argument. Il n'a jamais expliqué comment cette mesure renforcerait les valeurs démocratiques et répondrait aux besoins des régions. En réalité, elle n'accomplit rien de tout ça.
Il a parlé en long et en large de l'importance du vote, et je suis d'accord avec lui, mais encore faut-il qu'un vote compte pour quelque chose. Toutefois, ce n'est pas nécessairement le cas aux termes du projet de loi . Un vote n'oblige le à rien. L'approche préconisée dans le projet de loi est décousue. Elle ne reflète en rien les valeurs démocratiques et n'offre rien de mieux aux régions du Canada que ce que leur offre le système de nominations actuel.
Je reviens au deuxième point soulevé par le leader parlementaire parce que j'aimerais souligner la dernière partie de sa citation. Il a dit:
Mais ce qui est encore plus important, c'est que ce projet de loi renforce les piliers de notre fière démocratie canadienne.
Rien n'est plus loin de la vérité. Le projet de loi ne renforce pas les piliers de notre démocratie. Le tente simplement de manipuler les choses afin de contourner la Constitution. Cela ne renforce pas notre démocratie. Cela affaiblit nos valeurs démocratiques.
Plus que toute autre chose, un devrait suivre la Constitution à la lettre et respecter dûment le processus. Le tente de contourner la Constitution sans faire ce qu'il faut pour y apporter des modifications. Autrement dit, le processus que le premier ministre a retenu est contraire au fondement de notre démocratie, à notre Constitution.
J'aimerais citer la Bibliothèque du Parlement, qui avait ceci à dire à propos du processus adéquat:
En 1982, la Constitution du Canada était rapatriée. L’alinéa 42(1)b) de la Loi constitutionnelle de 1982 prévoit expressément que le mode de sélection des sénateurs doit être approuvé par le Sénat, la Chambre des communes et au moins les deux tiers des provinces composant au moins 50 p. 100 de la population canadienne.
Voilà le processus adéquat.
Plus loin, la Bibliothèque du Parlement dit:
À l’heure actuelle, les sénateurs sont nommés par le Gouverneur général sur la recommandation du premier ministre.
Ensuite, elle parle du raisonnement sous-jacent au projet de loi :
Le raisonnement sous-jacent au projet de loi C-43 est qu’il ne modifie pas le mode de sélection des sénateurs et n’exige donc pas de modification à la Constitution.
C'est effectivement ce qu'a dit la Bibliothèque. Elle ajoute ensuite ceci:
Il permet plutôt de dresser une liste de candidats traduisant les préférences des électeurs.
Ce que cela signifie réellement, c'est que le tente d'instaurer ce changement d'une manière sournoise. Il manipule les gens, comme il a l'habitude de le faire. Je vais vous donner un meilleur exemple tout à l'heure.
J'aimerais aborder un autre point. Un certain nombre de députés ont parlé du jour du scrutin. Beaucoup ont dit qu'il n'y aurait pas de dépenses supplémentaires, parce que le scrutin aurait lieu le même jour que les élections générales, soit fédérales ou provinciales.
Réfléchissons-y un instant et faisons un bref retour dans l'histoire. Lorsque M. Mulroney était premier ministre, il y avait beaucoup de libéraux au Sénat. Leur présence faisait contrepoids au pouvoir de la Chambre des communes. En revanche, lorsque M. Chrétien a été élu premier ministre pour la première fois, les conservateurs étaient alors plus nombreux au Sénat et, cette fois, leur présence faisait contrepoids au pouvoir de la Chambre des communes.
Cependant, supposons qu'il y ait des élections et qu'un parti remporte une majorité écrasante. Le Sénat ne ferait plus office de contrepoids. Le Sénat ne serait plus un lieu de second examen objectif, car tout le monde serait de la même couleur politique. Nous savons tous que cela se produit parfois lorsqu'il y a des élections. Nous sommes des politiciens. Nous l'avons vu en 1993. Si une majorité écrasante s'était emparée du Sénat en 1993, celui-ci ne serait plus en mesure d'effectuer le second examen objectif qui est absolument essentiel chaque fois que la Chambre adopte une mesure législative.
Permettez-moi de résumer quelques autres aspects du projet de loi qui concernent notre et son désir de contourner la Constitution. Le Parti libéral croit à la réforme du régime démocratique, mais le projet de loi ne vise pas une telle réforme. Il permet aux candidats au Sénat d'être élus, mais il ne rend pas les élections exécutoires. Cela pourrait mener à des élections qui risqueraient d'être inutiles et dont le premier ministre pourrait faire fi à sa guise.
Je vois que certains députés ont l'air surpris d'entendre que le pourrait en faire fi. À mon avis, aucun autre premier ministre dans l'histoire du Canada n'a renié autant de promesses. Il s'était engagé à ne pas faire de nominations au Sénat, mais il a nommé au Sénat un ministre qui ne peut pas répondre aux questions. Il y a sa position au sujet des fiducies de revenu et sa promesse concernant la Commission canadienne du blé. Il n'avait pas vraiment le pouvoir de faire cette promesse, mais il s'est tout de même arrangé pour parvenir à ses fins. La liste est trop longue pour que je puisse continuer.
Le projet de loi fait également fi de l'équité entre les provinces et entre les régions, affaiblissant la voix des provinces, comme la Colombie-Britannique et l'Alberta, qui ont actuellement un nombre moins élevé de sénateurs que leur population ne le justifie.
L'initiative renforcera l'esprit de parti au Sénat et accroîtra le risque d'une impasse entre les deux Chambres du Parlement. Comme cela est fréquemment le cas avec le gouvernement, aucune consultation sérieuse n'a eu lieu avec les provinces ou les Canadiens. En fait, l'Ontario et le Québec sont parmi celles qui se sont déjà prononcées contre l'idée d'une réforme fragmentaire du Sénat.
La réforme du Sénat ne devrait pas être fragmentaire. Elle doit être considérée comme un tout englobant les questions cruciales comme la sélection, le processus et la durée du mandat, le mandat et une répartition équitable. Bref, le projet de loi concernant l'élection du Sénat tente de contourner la Constitution et d'élire des sénateurs de façon désordonnée, mais ne fait rien pour améliorer la représentation de la Colombie-Britannique et de l'Alberta au Sénat du Canada. En outre, il ne prévoit aucune sorte de mécanisme de règlement des différends en cas d'impasse entre la Chambre des communes et le Sénat.
Je veux revenir au processus. En fin de compte, la tactique du est d'implanter un processus qui se veut démocratique, mais qui ne l'est absolument pas. Le meilleur exemple est le processus antidémocratique que le premier ministre a réussi à mener dans le dossier de la Commission canadienne du blé.
Permettez-moi de souligner ce que le considère comme démocratique. Il a lancé son processus constitutionnel en organisant à Saskatoon, le 25 juillet 2006, une réunion secrète à laquelle seules des personnes reconnues comme étant contre la Commission canadienne du blé...
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis ravi d'intervenir à la Chambre pour appuyer le projet de loi , un nouveau projet de loi visant à mettre en oeuvre et à améliorer la façon dont les citoyens méritants peuvent être nommés à l'autre endroit. C'est une question qui intéresse beaucoup les citoyens de Simcoe-Nord. À chaque fois que j'en ai l'occasion, je m'entretiens avec eux et il arrive qu'ils me disent clairement que le gouvernement doit délaisser les notions de gouvernance qui se rattachent à l'élite et aux privilégiés.
Ce projet de loi est le deuxième de la démarche logique et progressive adoptée par le nouveau gouvernement pour rendre le Sénat plus responsable et plus démocratique. Il s'inscrit à la suite du projet de loi qui a pour objectif de limiter le mandat des sénateurs et qui a été renvoyé au Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles en février.
Le a bien expliqué ce processus initial de deux volets qui vise à améliorer nos institutions dans un discours prononcé à Ottawa le 6 février. Il a dit que l’engagement du Canada à l’égard de la démocratie expliquait sa réussite comme pays. Il nous a rappelé que la foi que les Canadiens ont en notre démocratie a été ébranlée par les scandales politiques des dernières années. Il a dit espérer que l’apathie et le cynisme publics s’estompent comme le souvenir de ces scandales.
La Loi fédérale sur la responsabilité a déjà fait beaucoup pour rétablir la confiance de la population canadienne à l’égard de son gouvernement, mais nous devons faire plus encore. Pour notre gouvernement, cela signifie moderniser la Chambre haute en fixant des mandats sénatoriaux de durée limitée et en permettant enfin aux Canadiens d'avoir leur mot à dire dans le choix de leurs représentants au Sénat.
Le projet de loi sur les consultations concernant la nomination des sénateurs, tout en étant séparé et distinct, vient compléter les objectifs du projet de loi en établissant des mesures pratiques et importantes pour réformer le Sénat.
Ce sentiment a été le mieux exprimé par plusieurs témoins qui ont comparu devant le Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat. Dans son premier rapport paru en octobre 2006, le comité a reconnu la nécessité d'une loi supplémentaire sur des élections consultatives afin d'assurer la transition vers l'établissement de mandats de durée fixe pour les sénateurs. Il convient tout à fait, dans le cadre de cette réforme, de faire en sorte que le Sénat reflète mieux la volonté des Canadiens en leur laissant exprimer leur opinion sur les nominations au Sénat et en limitant la durée du mandat des sénateurs.
Un des témoins ayant comparu devant le comité spécial, M. Gordon Gibson, l'a bien résumé quand il a dit que des élections au Sénat« seraient inacceptables sans limite de mandat », mais aussi que « les mandats de durée limitée seraient tout aussi inconcevables en l’absence d’un système électoral ».
Depuis 139 ans, il y a eu pas moins de sept résolutions et propositions différentes de réforme du processus de sélection des sénateurs, la toute première datant de 1874, sept ans seulement après l'avènement de la Confédération. Certes, à l'exception de la limite de 75 ans adoptée en 1965, toutes les autres propositions ont échoué. Ces améliorations visaient essentiellement à reconnaître que les institutions démocratiques modernes doivent être le produit de la population qu'elles représentent. En fait, l'idée que d'importantes fonctions dans nos systèmes démocratiques puissent être occupées par des gens nommés plutôt qu'élus contrevient tout à fait à la réalité contemporaine de la gouvernance et aux valeurs démocratiques canadiennes.
Les témoins qui ont comparu devant le Comité sénatorial spécial sur la réforme du Sénat ont fait valoir, de façon générale, que pour être efficace dans le processus démocratique le Sénat requiert la légitimité que lui procureraient des élections. Un autre témoin, John Whyte, un agrégé supérieur de recherche de l'Institut de politiques publiques de la Saskatchewan, a dit que « tout milite en faveur d’une réforme du Sénat; dans une démocratie, le pouvoir politique doit rendre des comptes ». Il a ajouté que le fait que les sénateurs ne soient pas élus mine le Sénat sous quatre rapports: premièrement, il ne reflète pas un choix démocratique; deuxièmement, il reçoit très peu d’attention de la part du public; troisièmement, il exacerbe la confusion quant à savoir qui les sénateurs représentent vraiment; quatrièmement, les sénateurs n’ont pas à rendre compte aux Canadiens du travail qu’ils accomplissent.
Nous agissons de façon prudente et sensible sans lancer de négociations constitutionnelles exhaustive et insolubles. Il s'agit d'une approche réaliste à une véritable réforme du Sénat qui pourrait déboucher sur des discussions plus larges sur d'éventuelles réformes constitutionnelles du Sénat.
Sur ce, j'aimerais rappeler aux députés que ce projet de loi n'exige pas de modifier la Constitution. Il maintient le pouvoir du Gouverneur général de nommer les sénateurs et le pouvoir du de faire des recommandations à cet égard. Cependant, le premier ministre a le droit de mener des consultations sur les nominations de sénateurs. Quoi de mieux que de consulter les Canadiens eux-mêmes? Le projet de loi établit un mécanisme moderne et objectif afin que les Canadiens puissent prendre part au processus de consultation.
J'aimerais prendre un instant pour souligner certains aspects qui, à mon avis, rendent ce projet de loi pertinent, souple et pratique. Premièrement, comme je l'ai dit plus tôt, aucune modification constitutionnelle n'est requise.
Deuxièmement, la procédure de vote veut que les Canadiens votent pour des candidats au Sénat, probablement en même temps que les élections générales fédérales, mais le projet de loi est assez souple pour permettre que ce soit à l'occasion d'élections provinciales. Cela donne un processus efficace et moins coûteux.
Troisièmement, on propose d'utiliser un mode de scrutin à vote unique transférable, également appelé mode de scrutin préférentiel, de sorte que les électeurs puissent classer les candidats en ordre de premier choix, deuxième choix et ainsi de suite.
Ce système de scrutin présente l'avantage supplémentaire d'atténuer l'aspect partisan des candidatures au Sénat. Ainsi, les Canadiens peuvent tenir compte non seulement de l'affiliation politique des candidats, mais également de leurs qualités personnelles.
Nous savons que l'autre endroit est censé être, tel que stipulé dans le préambule du projet de loi, un lieu de réflexion indépendante, sereine et attentive. Les Canadiens s'attendent donc à ce que les rôles des différents partis soient moins apparents lors des délibérations du Sénat. Nous savons également que les Canadiens n'apprécient pas que les sénateurs poussent les arguments partisans trop loin et fassent fi de la volonté des députés élus. Nous en avons malheureusement vu trop d'exemples, même récemment dans le cas du projet de loi . En effet, les débats sur ce projet de loi de deux pages ont été ajournés et remis jour après jour par la majorité libérale avant qu'il soit enfin renvoyé à un comité quelque 260 jours après sa présentation en mai de l'an dernier.
Le processus de consultation proposé est directement lié à l'idée d'expression indépendante au Sénat. Il y aura un équilibre entre les nominations indépendantes et partisanes au Sénat.
La quatrième caractéristique du projet de loi est le fait que ce processus respecte la Loi électorale du Canada en ce qui a trait à la gestion financière, aux limites relatives à la publicité ainsi qu'à la divulgation et à la vérification transparentes des dossiers financiers.
Notons le respect d'un critère important, adopté lors de l'étude de la Loi fédérale sur la responsabilité, soit celui prévoyant de limiter à 1 000 $ par année par personne les dons aux campagnes électorales et d'interdire les contributions des sociétés et des syndicats. En ce qui concerne les coûts liés à une campagne provinciale, les candidats à une nomination au Sénat ne se verront pas imposer de limite des dépenses. Il convient de signaler que cette absence de limite est néanmoins assujettie à la limite de 1 000 $ par personne applicable aux dons.
Le projet de loi instituant des consultations concernant le Sénat, que l'on pourrait appeler des élections consultatives, comporte tous les éléments nécessaires pour moderniser nos systèmes démocratiques de manière pratique et durable.
Ce projet de loi et le projet de loi visant à limiter la durée du mandat des sénateurs sont distincts mais complémentaires. En effet, le projet de loi C-43 vient renforcer notre fédération en rendant la Chambre haute plus comptable envers la population et en accroissant la légitimité et la crédibilité du Sénat en tant qu'institution figurant parmi les pierres angulaires de notre démocratie.
Le projet de loi accomplit ce qui est prévu au premier paragraphe de son préambule. Il fait ressortir l'importance de voir évoluer nos institutions représentatives dans le sens des principes de notre démocratie moderne et des attentes des Canadiens.
Je terminerai par des mots bien pensés d'un des pères fondateurs de notre pays, soit sir John A. Macdonald, qui a fait l'observation suivante à propos du Sénat lors des débats sur la Confédération:
Elle doit être une chambre indépendante, jouissant de sa propre liberté d’action [...] , mais elle ne s’opposera jamais aux souhaits délibérés et compris du peuple.
Le projet de loi répond aux souhaits du peuple de façon réelle et sensée. Les Canadiens vont enfin avoir leur mot à dire quant au choix des personnes qui siègent au Sénat. J'invite tous les députés à appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je souhaite remercier le député de d'avoir partagé son temps de parole avec moi.
C'est un plaisir pour moi de participer, au nom des électeurs de Fleetwood—Port Kells, au débat sur le projet de loi .
Le projet de loi prévoit un mécanisme de consultation des électeurs qui permettrait à ces derniers de choisir leur candidat préféré pour représenter leur province ou territoire. Le projet de loi précise les lignes directrices régissant l'élection des candidats au Sénat. Bien qu'il ne s'agisse pas de la réforme complète que de nombreux Canadiens demandent, le projet de loi représente une étape pratique et réalisable qui constitue une réforme importante et utile du système démocratique. C'est peut-être un petit pas, mais il entraîne un réel changement.
Cela fait trop longtemps que les Canadiens doivent accepter le statu quo. Les sénateurs nommés pour des motivations principalement partisanes manquent de crédibilité et sont incapables d'être les porte-parole des régions. Il n'est donc pas étonnant que les Canadiens veuillent modifier le Sénat. D'ailleurs, dans tous les sondages, les Canadiens dans l'ensemble du pays expriment leur appui pour la réforme du Sénat, dont fait partie l'élection des sénateurs.
Au printemps de 2005, le groupe de travail de l'Alberta sur la réforme du Sénat a constaté que la population appuyait pratiquement à l'unanimité l'élection des sénateurs à l'avenir. Dans un sondage en 2004, le réseau CTV posait la question suivante aux Canadiens: « Souhaitez-vous à l'avenir élire vos sénateurs, oui ou non? » Plus de 80 p. 100 ont répondu par l'affirmative. Après les dernières élections fédérales, un sondage de la firme Environics mené par la CBC a permis de constater que 71 p. 100 des Canadiens souhaitaient que les sénateurs soient élus. Il y a près d'un an, en juin 2006, la firme Ipsos Reid a mené un sondage concernant la réforme du Sénat. Parmi les solutions de réforme proposées, le plus grand nombre de Canadiens, soit 44 p. 100, favorisait un Sénat élu. Parmi les répondants de la Colombie-Britannique, plus de 50 p. 100 préféraient la solution du Sénat élu à toute autre.
Malgré de longs débats et diverses tentatives de réforme, le Sénat est demeuré pratiquement inchangé depuis qu'il a siégé pour la première fois, en novembre 1867.
Vers la fin des années 1970, plusieurs propositions visant à transformer le Sénat en une Chambre des provinces ont été formulées. En s'inspirant du modèle de la seconde chambre de l'Allemagne, on soutenait que les sénateurs devaient être nommés par les gouvernements provinciaux.
Dans son rapport de 1984, le Comité mixte spécial sur la réforme du Sénat en arrivait à la conclusion que l'élection directe constituerait le meilleur moyen pour le Sénat de réaliser son objectif principal, celui de renforcer la capacité du Sénat de jouer son rôle en matière de représentation régionale.
Le premier ministre Mulroney a tenté de modifier le Sénat par le truchement de l'accord constitutionnel du lac Meech de 1987, selon lequel Ottawa aurait comblé les vacances au Sénat à partir d'une liste soumise par les provinces concernées, et par le truchement de l'accord de Charlottetown de 1992, qui proposait d'attribuer un nombre égal de sièges à la Chambre haute à toutes les provinces et de faire élire les sénateurs, soit par l'électorat de la province, soit par son assemblée législative. Les deux tentatives en vue de modifier la Constitution ont été un échec et, depuis, la question de la réforme du Sénat a été essentiellement mise en veilleuse.
Le a fait observer que l'approche du tout ou rien des gouvernements précédents en matière de réforme du Sénat n'avait rien donné. C'est justement la raison pour laquelle le nouveau gouvernement du Canada a choisi une toute autre voie. Nous voulons avancer par étapes, de manière à mettre en oeuvre des réformes pratiques et raisonnables qui pourront constituer le fondement de réformes de plus grande envergure à l'avenir.
Comme première étape, le gouvernement a proposé une mesure législative visant à limiter à huit ans le mandat des sénateurs nommés, par opposition aux dispositions actuelles selon lesquelles la personne nommée peut siéger jusqu'à l'âge de 75 ans. Le mandat de huit ans rehausserait la légitimité du Sénat et de ce fait valoriserait davantage son rôle de Chambre de second examen objectif. De plus, il rendrait plus fréquent le renouvellement des idées et des perspectives.
Les propositions du gouvernement, y compris le projet de loi , constituent de véritables mesures de réforme du Sénat. Les changements proposés ne répondent peut-être pas à toutes les attentes, mais ils sont réalisables. Si le projet de loi est mis en oeuvre, il donnera des résultats concrets.
Nous ne pouvons adopter de réforme en profondeur du Sénat sans modifications constitutionnelles. Des changements plus exhaustifs qui feront du Sénat une assemblée efficace, indépendante et démocratiquement élue représentant équitablement toutes les régions devront être approuvés par au moins sept provinces représentant 50 p. 100 de la population, parce que de tels changements modifieraient les caractéristiques essentielles du Sénat. Cela prendra évidemment plus de temps.
Les opposants à ce projet de loi, notamment les sénateurs libéraux, prétendent qu'il est inconstitutionnel. Toutefois, les experts se sont prononcés. D'éminents constitutionnalistes sont d'accord avec le gouvernement. Les changements proposés ne modifient légalement pas le pouvoir de nomination du Gouverneur général, ni le rôle du premier ministre consistant à recommander ces nominations. Il n'y a rien d'inconstitutionnel dans ce projet de loi.
Le projet de loi ne modifie aucun de ces rôles. Il ne crée pas de processus d'élections directes des sénateurs. Il ne modifie pas les qualités exigées des sénateurs aux termes de la Constitution. En résumé, il ne concerne en rien les dispositions du paragraphe 42(1) de la Loi constitutionnelle de 1982, exigeant ce qu'on appelle le mode de révision 7 et 50.
Le premier ministre peut consulter qui il veut dans le cadre des nominations au Sénat. Le projet de loi lui fournit simplement un mécanisme lui permettant de consulter les Canadiens.
Je félicite le gouvernement d'avoir entrepris cette démarche très importante visant la réforme de la façon dont les sénateurs sont choisis. C'est une amélioration qui reçoit l'appui enthousiaste des électeurs de la circonscription que je représente. Les politiciens libéraux disent depuis trop longtemps aux Canadiens que rien ne peut régler la carence démocratique au Sénat à l'exception d'une modification constitutionnelle.
Les Canadiens ne gobaient pas une telle excuse et nous non plus. Le gouvernement a franchi une première étape significative visant à faire en sorte que cette importante institution démocratique évolue selon les attentes des Canadiens.
Le projet de loi représente une amélioration significative par rapport au statu quo et fournira une assise solide à d'autres réformes. J'espère que tous les députés appuieront cette initiative.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat.
Les députés de l'opposition ont parlé de l'ancien premier ministre Diefenbaker. Je ne peux que penser que le premier ministre Diefenbaker croyait à la Déclaration des droits. Il était un progressiste-conservateur. Pour citer Danny Williams, je dirai qu'il n'était pas un « régressiste-conservateur » comme le sont les conservateurs alliancistes réformistes. Je crois qu'il est important de le souligner ici. J'oserai dire que nos vis-à-vis ne devraient pas se réclamer de John Diefenbaker, qui savait l'importance des droits.
Le Parti réformiste était déjà allé très loin dans son débat sur le Sénat. Je me souviens que Preston Manning et le Parti réformiste préconisaient une réforme du Sénat, mais ils parlaient alors d'un Sénat triple E, soit élu, efficace et égal.
Cependant, avant d'aller plus avant, je tiens à dire que, si le but est de modifier la Constitution du Canada, le projet de loi vise à le faire par des moyens détournés. Le Sénat est inscrit dans la Constitution. C'est la Chambre du deuxième examen réfléchi.
Je dois dire que j'ai eu l'occasion de faire valoir mon point de vue auprès du Sénat, pour faire rejeter un projet de loi émanant du gouvernement. J'étais député du parti ministériel et je me suis rendu au Sénat avec un de mes collègues du Parti libéral, et un autre du Parti réformiste. Même s'il y avait une majorité de sénateurs libéraux, ceux-ci ont su reconnaître la sagesse de notre appel et ils ont bloqué ce qui était une mauvaise mesure législative. Je leur en serai toujours reconnaissant. Cet épisode m'a certainement fait prendre conscience de l'importance d'avoir un Sénat apolitique, dans la mesure possible, et aussi de l'importance d'avoir une chambre de second examen objectif.
Nous parlons de recourir à des moyens détournés, ou d'agir de la bonne façon, conformément à la Constitution. Pour modifier la Constitution, ce qu'exigerait le projet de loi s'il avait une portée réelle, il nous faudrait, en vertu de l'article 38 de la Constitution, une résolution du Sénat, de la Chambre des communes et des deux tiers des provinces, soit sept provinces qui représentent au moins 50 p. 100 de la population.
Nous savons que le Québec et l'Ontario sont contre. Ensemble, ces deux provinces représentent beaucoup plus que 50 p. 100 de la population. Je signale aussi, relativement à la question de l'égalité, que l'Alberta, qui compte 10,3 p. 100 de la population du pays, n'a que 5,7 p. 100 des sièges au Sénat. De même, la Colombie-Britannique a 13,2 p. 100 de la population canadienne, mais seulement 5,7 p. 100 des sièges. Quant à l'Ontario, elle est représentée par 22,9 p. 100 des sénateurs et elle compte plus du tiers de la population. Où est le bon sens dans le fait de prendre la mesure inconstitutionnelle qui consiste à élire des sénateurs, alors que les voix exprimées en Colombie-Britannique, ou en Ontario, ou en Alberta auraient très peu de poids par rapport aux voix exprimées dans d'autres provinces?
Je pensais que nous avions généralement convenu d'avoir une représentation en fonction de la population. Le projet de loi ne se penche pas du tout là-dessus. Il repose sur une méthode à la pièce.
J'ai écouté le débat. Le député de a dit qu'il s'agissait d'un plan merveilleux. À l'époque de l'accord du lac Meech, le premier ministre de l'Ontario, le libéral David Peterson, avait parlé de renoncer à certains sièges du Sénat détenus par la province d'Ontario. Cette suggestion n'a pas été bien reçue pendant la campagne électorale qui a suivi peu après. Les Ontariens ne voulaient pas qu'on empire la sous-représentation au Sénat. Les Ontariens, notamment les citoyens de Cambridge, oserais-je dire, croient dans la représentation en fonction de la population.
Le projet de loi ne s'attarde pas à cet aspect. Comme je l'ai dit, il s'agit d'une approche à la pièce appliquée de manière détournée. Comme nous ne pouvons pas rendre ces élections contraignantes, nous devons nous fier au pour tenir parole. Je suis certain que tous les députés, de même que toutes les personnes liées aux fiducies de revenu, s'entendraient pour dire que le ne tient pas nécessairement parole. Il le fait peut-être à l'occasion, mais certes pas tout le temps.
Je crois que toute la question de la réforme du Sénat, toute cette question qu'on fait passer pour la réforme du Sénat, est trompeuse, car elle ne tient pas compte des fondements du pays et de nos institutions. Il existe une façon adéquate de réaliser des réformes constitutionnelles. C'est pour cette raison que nous avons rapatrié notre Constitution. Nous voulions pouvoir prendre des mesures ici au lieu d'aller quémander à Westminster. Le rapatriement a eu lieu le 17 avril 1982.
Cette réforme constitutionnelle a eu lieu sous les auspices du premier ministre Pierre Trudeau. Il y a eu beaucoup de consultations à l'échelle du pays, des consultations approfondies. La question a été portée devant les tribunaux. Les provinces ont été mises à contribution. Le projet de loi dont nous sommes saisis ne fait rien de cela.
J'ai mentionné que le ne tenait pas toujours parole. Nous nous souvenons tous des élections. Aussitôt les élections terminées, il a rompu sa promesse en nommant le au Sénat alors que celui-ci n'était pas député et n'avait pas été élu. Ainsi, le ministre de l'un des portefeuilles les plus névralgiques siège au Sénat et nous, à la Chambre des communes, ne pouvons pas lui poser de questions. Voilà l'attitude typique des conservateurs: de la poudre aux yeux et une approche à la pièce.
J'aimerais signaler au député de , qui reproche aux libéraux d'avoir nommé leurs copains au Sénat, que Brian Mulroney a nommé 57 sénateurs pendant les neuf brèves années qu'il a passées au pouvoir. J'espère vraiment que le député de saisit le message.
Je pense avoir touché une corde sensible chez les députés d'en face. Les réformistes étaient venus ici en disant qu'ils allaient prendre part à un débat civilisé, mais les gens d'en face l'ont complètement oublié, tout comme ils ont oublié qu'ils ont été élus au Parlement du Canada pour représenter leurs électeurs.
Je me souviens de l'époque où j'écoutais mes vis-à-vis du Parti réformiste. Leur chef n'occupait même pas un siège de la première rangée. Il était assis dans la troisième rangé. Il finit néanmoins par gagner les banquettes avant. Je me souviens que, avant chaque vote, le whip du Parti réformiste déclarait: « Les députés du Parti réformiste voteront de telle façon », excepté ceux qui avaient reçu la directive de leurs électeurs de voter autrement.
C'était complètement à l'opposé du parti qui siège maintenant de ce côté-là de la Chambre. Le député de se souvient aussi de cette époque. J'ai aimé ces années, parce qu'elles ont été propices à l'instauration de certains changements dans cette Chambre. Le seul problème, c'est que depuis que ces députés forment le gouvernement, le impose son pouvoir dictatorial avec une fermeté que le Parlement n'avait pas vue depuis 50 ans. C'est incroyable. Il y a des situations...
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Andrew Telegdi: Monsieur le Président, pourriez-vous rétablir l'ordre?
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Monsieur le Président, je songe avec nostalgie à l'époque où les députés réformistes se comportaient avec civilité à la Chambre et où ils n'affichaient pas une mentalité d'émeutiers.
Je reviens à la réforme du Sénat. Si les sénateurs étaient élus, les voix exprimées dans une province pourraient avoir beaucoup plus de poids que celles exprimées, disons, en Alberta, en Colombie-Britannique ou en Ontario, ce qui nuirait à la représentation en fonction de la population. Par surcroît, cela donnerait au Sénat le genre de pouvoir dont il ne dispose pas à l'heure actuelle.
On peut s'imaginer ce qui pourrait arriver à cette assemblée démocratiquement élue dont les circonscriptions sont à peu près égales - je dis à peu près parce qu'il faut effectuer certaines modifications - si nous nous retrouvions soudainement avec des sénateurs prétendument réélus qui ne seraient pas vraiment reconnus par la Constitution, qui retiendraient un projet de loi de la Chambre des communes et qui n'obtempéreraient pas quand la Chambre des communes lui renvoie le projet de loi pour la deuxième fois. La Chambre des communes est l'institution qui doit avoir préséance.
Si je le signale, c'est parce que ce projet de loi ne répond en rien à cette question.
J'aimerais parler de la possibilité d'un Sénat élu qui aurait fait l'objet d'une modification constitutionnelle et que je pourrais appuyer. En effet, je pourrais appuyer un Sénat élu, sous réserve d'une modification constitutionnelle qui définirait clairement les pouvoirs du Sénat et de la Chambre des communes. Le pouvoir ultime de la Chambre des communes doit l'emporter.
Nous devons aussi trouver une façon de tenir compte des minorités qui pourraient ne pas être représentées à la Chambre. Nous devons faire en sorte que le Sénat ait une base de connaissances que la Chambre des communes n'a pas nécessairement. Il est essentiel d'avoir des représentants du monde des arts, des experts en service social, en sciences sociales ainsi que des scientifiques. Il importe aussi d'avoir des sénateurs tels que le sénateur Roméo Dallaire, un expert dans le domaine militaire. Il est essentiel d'avoir des représentants de tous ces horizons.
Toutefois, il est primordial d'agir dans les limites de notre Constitution, car autrement, comme le premier ministre de l'Ontario l'a dit, sa province réclamerait l'abolition du Sénat, ce qui en fin de compte serait une erreur.
Je mets au défi les députés d'en face de rentrer dans leurs circonscriptions en Alberta, en Ontario ou en Colombie-Britannique et de demander à leurs électeurs s'ils estiment juste que leur province soit sous-représentée. Je ne crois pas que les réactions les étonneront. Leurs électeurs leur diront fort probablement qu'ils trouvent la situation injuste et que, s'il y avait des élections, il y aurait lieu de respecter le principe de la représentation selon la population.
Le Sénat a bien fonctionné pour l'essentiel puisqu'il s'est efforcé de se tenir à l'écart de la partisanerie dans la mesure du possible, bien que Brian Mulroney ait nommé 57 sénateurs et que la plupart des sénateurs soient nommés à des fins partisanes.
Cependant, je puis dire que la Chambre ferait bien de s'inspirer du Sénat en matière de décorum. Les manifestations d'impolitesse que nous voyons à la Chambre, comme celles que nous devons au député de , ne représentent pas le comportement qui a cours au Sénat.
Si nous voulons un Sénat où régnera l'esprit de parti et un Sénat qui ne fonctionnera pas aussi efficacement que ce n'est le cas à l'heure actuelle, alors, nous aurions intérêt à adopter le projet de loi à l'étude. Cependant, je pense que la plupart des Canadiens, en se laissant guider par un second examen objectif et non pas en agissant par réflexe conditionné à partir d'un sondage peut-être aussi frauduleux que la consultation tenue au sujet de la Commission canadienne du blé, voudront nous voir laisser tel qu'il est un Sénat qui fonctionne bien.
Je sais que l'ancien premier ministre Peterson de l'Ontario n'a pas tardé à apprendre que les sièges du Sénat de l'Ontario n'étaient pas à donner, d'autant plus que cette province est sous-représentée.
Le présent débat ne devrait pas avoir lieu puisqu'il porte sur un moyen de contourner la Constitution. La Constitution a fait l'objet de vastes consultations auprès de l'ensemble des intéressés. Il n'est pas facile d'effectuer des changements constitutionnels, mais si nous souhaitons modifier la Constitution du Canada, nous devons adopter une approche rigoureuse et globale pour étudier les problèmes à fond et notamment celui de la limitation des mandats.
Pour ce qui est des limites de mandats, certains préconisent 8 ans, d'autres 12 ans ou 15 ans. Si nous visons, en définitive, à rendre le Sénat aussi libre que possible de l'esprit de parti, si nous voulons un Sénat qui réussira de temps à autre à nous donner des résultats impressionnants, alors il ne faudrait pas qu'un sénateur soit obligé de participer à une campagne électorale à tous les huit ans. Nous voudrions peut-être envisager un mandat plus long: de 12 ou de 15 ans. Ainsi, nous pourrions garantir que les sénateurs ont l'expérience et la compétence nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du Sénat.
Personne ne devrait être surpris du rejet du projet de loi , puisque la mesure ne bénéficie pas de l'appui de la Chambre. Je prévois voter contre le projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis vraiment ravi d'appuyer encore une fois le projet de loi , la Loi sur les consultations concernant la nomination des sénateurs. Je suis également heureux de partager mon temps de parole avec le député de .
Notre gouvernement propose un ensemble de réformes pour rendre le Sénat plus démocratique et plus responsable. Ce projet de loi explique aux Canadiens comment ils pourraient jouer un rôle dans la sélection des sénateurs qui les représenteront et qui représenteront leur région. Les consultations sur la nomination des sénateurs donneraient une voix aux Canadiens en ce qui concerne la représentation, et c'est ce que demandent les Canadiens.
Nous estimons, tout comme les électeurs de Crowfoot, en Alberta, que cette mesure est réalisable. Elle prévoit une réforme importante et sérieuse du régime démocratique, bien honnêtement, le genre de réforme qu'appuient la plupart des Canadiens et qui, en dernière analyse, est grandement nécessaire.
Pendant la dernière campagne électorale et dans le discours du Trône, nous avons promis de réformer le Sénat étape par étape. Nous pouvons prendre des mesures concrètes pour accroître la crédibilité et la légitimité du Sénat, sans entraîner le gouvernement et les Canadiens dans des négociations constitutionnelles.
Notre approche prévoit les mesures concrètes et importantes que sont le projet de loi , qui limite la durée du mandat des sénateurs, et le projet de loi , dont nous débattons aujourd'hui, qui prévoit la consultation des électeurs quant à leurs choix relativement à la personne qui les représenterait au Sénat.
En tant que député de l'Alberta, je peux assurer à la Chambre que nous avons une bonne idée de ce que sont l'élection des sénateurs et le Sénat du Canada. En 1989, l'Alberta fut la première province à tenir une élection en vue du choix d'un candidat pressenti au Sénat. Le premier ministre de l'époque a nommé le vainqueur de cette élection, Stan Waters, à la Chambre haute en 1990. J'ai participé à ce processus à l'époque et je peux dire aux députés que les Albertains étaient ravis d'avoir le sénateur Waters pour les représenter. Ce dernier a très bien représenté tous les Canadiens.
Les gens de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, en fait les gens des quatre coins de l'Ouest du Canada, étaient ravis de la façon dont le sénateur Waters les représentaient. Il a fait des tournées pancanadiennes et a parlé aux Canadiens de la nécessité d'une réforme du Sénat.
Le retour au pouvoir des libéraux en 1993 a mis fin au progrès au chapitre de la démocratisation du Sénat et de l'instauration de la reddition de comptes à la Chambre haute. Le retour du régime libéral a paralysé tout progrès à ces égards.
Depuis 1993, le Parti libéral fédéral n'a nommé aucun des Canadiens dont la candidature au Sénat avait été proposée ou qui avaient été dûment élus. C'est une honte, car la plupart des provinces sont prêtes à faire les efforts nécessaires en vue d'obtenir une meilleure représentation au Sénat. Les Canadiens ordinaires qui participent à cette discussion veulent participer au processus et choisir leurs représentants au Sénat.
En 2006, le Parti conservateur du Canada a pris le pouvoir. Il a saisi la première occasion qui lui a été offerte de nommer un sénateur choisi par des Canadiens. Le a annoncé que Bert Brown, un résidant de ma circonscription, occuperait un siège au Sénat dès qu'un siège se libérerait cet été, qu'il deviendrait le sénateur Brown. Cette nouvelle ravit les Albertains. J'ai eu le plaisir de dîner avec Bert et Alice ainsi qu'avec Betty Unger, entre autres, samedi soir.
Aucun Canadien n'a fait autant que Bert Brown pour promouvoir une réforme du Sénat. Il lutte sans cesse depuis plus de deux décennies pour la démocratisation de la Chambre haute. Il s'est présenté à trois élections de sénateur en Alberta, et il est le seul Canadien à avoir été élu deux fois à titre de sénateur en attente.
Bref, il est très patient dans sa quête pour devenir sénateur, mais il est aussi le parfait modèle du sénateur élu. M. Brown, qui est âgé de 69 ans, est un agriculteur de Balzac, en Alberta. À l'heure actuelle, il exerce les fonctions de conseiller en zonage et en aménagement immobilier dans la région de Calgary. C'est aussi un de mes électeurs. Encore une fois, c'est la raison pour laquelle je le félicite, et je parle de lui avec admiration.
Plus de 300 000 Albertains ont voté pour lui lors des élections tenues en 2004 dans notre province pour élire un sénateur. Je dis bien 300 000. Plus d'Albertains ont voté pour Bert Brown que pour tous les candidats libéraux dans notre province lors des dernières élections générales. Pourtant, le parti d'en face demande qui a voté pour lui. La réponse est 300 000 Albertains, ce qui est beaucoup plus que le nombre d'électeurs qui ont voté pour tous les candidats libéraux réunis.
Le Sénat du Canada était censé être une Chambre haute pour la représentation régionale. Il fut un temps où les sénateurs se réunissaient en groupes, dans les régions qu'ils représentaient. Les sénateurs d'une même région se rencontraient et tenaient ce qu'on pourrait appeler une réunion de mini-caucus. Le fait qu'un sénateur soit indépendant, libéral ou conservateur n'avait guère d'importance. Les sénateurs se préoccupaient plutôt de la région qu'ils représentaient. Ils s'efforçaient de travailler ensemble, afin d'aider leur région.
De nos jours, la Chambre haute est caractérisée par la partisanerie. Les sénateurs se réunissent en caucus de parti à chaque semaine. Le Sénat est, dans une large mesure, un lieu de politique partisane. Cette institution doit faire l'objet d'une réforme.
La Chambre des communes est censée être une institution à caractère politique. Les Canadiens souhaitent que le Sénat devienne plus indépendant, peut-être plus intellectuel, et qu'il vérifie le travail de la Chambre et aide celle-ci a adopter de bonnes mesures législatives. Ils souhaitent que les sénateurs se demandent quel sera l'impact d'une mesure sur leur région, plutôt que de s'interroger sur ses répercussions pour leur parti politique.
Depuis très longtemps, des décennies, le Sénat pose des problèmes que les électeurs canadiens moyens souhaitent que nous réglions. Les Canadiens se sont fait dire que nous ne pouvions pas résoudre ce problème. Les libéraux et d'autres ont dit aux Canadiens que nous ne voulions pas aborder la question, car il faudrait modifier la Constitution. Les Canadiens se sont fait dire que nous ne voulions pas nous engager dans des querelles constitutionnelles une fois de plus.
Le projet de loi n'exige aucun changement constitutionnel. Il n'influe pas sur le pouvoir de nomination que détient le Gouverneur général. Il ne modifie en rien la responsabilité ou le pouvoir du de recommander les sénateurs. Il ne crée pas de processus d'élection directe des sénateurs. Il ne modifie pas les qualités exigées des sénateurs aux termes de la Constitution.
En clair, le projet de loi ne modifie aucun des éléments précisés dans la Constitution. Le processus est donc réalisable. C'est un petit pas. C'est un premier pas, un pas que nous devrions franchir.
Les constitutionnalistes s'entendent pour dire que l'approche du gouvernement est constitutionnelle, car nous ne modifions pas juridiquement le rôle du Gouverneur général en ce qui concerne les nominations, ni le rôle du premier ministre.
Les Canadiens ne savent peut-être pas que le peut consulter n'importe qui pour les nominations au Sénat. Le projet de loi prévoit un mécanisme lui permettant de consulter les citoyens du Canada. De façon générale, dans chaque province, lorsqu'un siège devient vacant, le premier ministre peut tenir des consultations. Le gouverneur en conseil peut prendre un décret afin que des consultations aient lieu sous la supervision du directeur général des élections. Le décret peut préciser les provinces et les territoires où les consultations auront lieu. Le a la possibilité de le faire.
Je vois que vous êtes en train de me signifier que mon temps est écoulé, monsieur le Président, alors je vais conclure. Parfois, lorsque nous sommes élus à la Chambre, nous pensons pouvoir arriver ici et provoquer des changements importants immédiatement. Je crois que, avec le temps, nous nous rendons compte que nous devons nous contenter de petites mesures graduelles.
Je pense que cette mesure accroîtra la légitimité et la crédibilité du Sénat. Un des partis souhaite son abolition. À mon avis, il serait bénéfique d'améliorer la représentation régionale au Sénat. Ce processus est nécessaire. Je serai toujours favorable à ce que nous permettions aux Canadiens de décider des meilleurs candidats pour les représenter.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi sur les consultations concernant la nomination des sénateurs.
Ce qu'il faut souligner à propos de ce projet de loi, c'est qu'il porte sur la démocratie, la réforme des institutions démocratiques, ce sur quoi nous pouvons tous nous entendre. Je sais que la population canadienne reconnaît que nous pouvons retirer davantage de notre magnifique édifice. Il est temps de le faire.
Je donne quelques exemples de ce qui constitue une réforme des institutions démocratiques. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi nos vis-à-vis hésitent et craignent une telle réforme. Il n'y a pas si longtemps, on a imposé 75 ans comme limite d'âge supérieur aux sénateurs. On les a aussi obligés à assister à quelques séances du Sénat plutôt que de passer leur temps en Floride ou au Mexique.
Rome ne s'est pas construite en un jour et les réformes dont le Canada a besoin ne se feront pas non plus en un jour. Le projet de loi n'est qu'une autre mesure à prendre pour poursuivre la réforme amorcée.
Le projet de loi porte aussi sur la responsabilisation, puisqu'il permet à la population d'avoir son mot à dire dans le choix des sénateurs. C'est aussi une mesure que le gouvernement juge pratique et très faisable dans le cadre d'une réforme majeure des institutions démocratiques.
Dans ma circonscription, , 86 p. 100 des gens qui ont répondu à une question que je posais dans l'un de mes bulletins parlementaires ont déclaré qu'ils souhaitaient avoir un Sénat élu. Il y en avait certains qui voulaient qu'il soit purement et simplement aboli, mais je n'appuie pas cela. Cependant, certaines personnes le souhaitent en raison de choses qui se sont passées au fil des ans. Je présume que si nous parvenons à faire le genre de réforme qu'il faut ici et à l'autre Chambre, nous aurons beaucoup fait pour apaiser ces gens.
Le projet de loi ne porte pas entièrement sur l'élection des sénateurs, mais, s'il est adopté, nous aurons le genre de réforme que mes électeurs et, je crois, la majorité des Canadiens appuient. Les Canadiens auront leur mot à dire dans le choix de ceux qui les représenteront au Sénat.
Le projet de loi est une réforme qui peut donner l'élan d'une modification complète du Sénat. Il ne nécessite aucune modification constitutionnelle et les partis politiques n'auraient qu'un rôle limité dans le financement politique des candidats au Sénat. Les partis ne contrôleraient pas l'ordre des candidats sur les bulletins de vote, ce qui est une bonne chose, et les électeurs voteraient pour des personnes.
Par ailleurs, selon le projet de loi, ce sont les citoyens, et non les amis du premier ministre sur la scène politique ou ses grands donateurs, qui sont les mieux placés pour indiquer au premier ministre quelles personnes devraient les représenter dans cette grande institution.
Nous savons qu'aux yeux des Canadiens, le temps est venu d'appliquer cette idée. Les électeurs canadiens devraient pouvoir faire connaître leurs préférences quant aux personnes qui représentent leur province ou leur territoire.
J'aimerais remercier mon collègue, le député de , d'avoir partagé avec moi le temps qui lui était accordé. Il a parlé d'un grand sénateur de l'Alberta. Les Albertains sont loin devant le reste du pays en ce qui concerne l'élection des sénateurs et le choix des personnes qui devraient représenter la population. La population de chaque province et chaque territoire devrait pouvoir s'exprimer aussi de la même manière.
Le vote unique transférable prévu dans le projet de loi permettrait aux Canadiens de placer en ordre de préférence les candidats aux postes de sénateur. Les électeurs pourraient indiquer leur premier, leur deuxième et leur troisième choix, et même autant de choix qu'ils le voudraient. Le système prévu serait très souple et permettrait d'obtenir des résultats proportionnels lorsqu'il y aurait de nombreux sièges vacants dans une province.
S'il n'y avait qu'un seul siège vacant, le système prévoit que le candidat choisi serait celui qui aurait obtenu la majorité des votes. Comment peut-on s'opposer à une telle façon de procéder? En quoi serait-elle viciée? Je ne vois pas une seule raison valable pouvant être invoquée par un député pour s'y opposer.
Le projet de loi porte sur les consultations et l'obtention d'information. Le premier ministre peut consulter qui bon lui semble dans le but de nommer des sénateurs, et le projet de loi lui fournirait le mécanisme nécessaire pour consulter les Canadiens.
Le projet de loi donne suite à une promesse faite par le gouvernement à la population du Canada dans le dernier discours du Trône, où on pouvait lire ce qui suit:
[chercher] des moyens qui permettraient au Sénat de mieux refléter les valeurs démocratiques des Canadiens et les besoins des régions du pays.
Le projet de loi vise à donner au pays un Sénat nouveau genre, qui serait une véritable institution démocratique nationale. Il n'y a aucune raison pour laquelle ce projet de loi ne devrait pas être adopté. En fait, il devrait être adopté à l'unanimité.
Je demande à tous les députés de faire abstraction de leurs obligations partisanes et d'appuyer le projet de loi.
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Il est certes intéressant, monsieur le Président, d'apprendre ce qui attend la Chambre lorsque ce projet de loi sera adopté. Je sais que les députés conservateurs ont des problèmes, car, lorsqu'ils ont formé le nouveau gouvernement conservateur, même au Sénat, il y avait des sénateurs progressistes-conservateurs qui ne voulaient pas faire partie du nouvel establishment. C'est donc dire que le nouveau gouvernement conservateur perçoit des problèmes, je le sais, quant aux appuis qu'il a au Sénat.
Je viens du Nouveau-Brunswick, région du Canada qui est représentée par dix sénateurs. Si l'on se reporte à la Constitution, 24 postes de sénateurs y étaient attribués au Canada atlantique, aux provinces maritimes; autrement dit, le quart des sièges au Sénat du Canada. Au cours des 140 dernières années, de nombreux changements sont survenus au Canada. On entend les gens parler de la nécessité de réformer le Sénat, mais moi, j'ai toujours été fier du Sénat. Quand je suis rentré dans circonscription la fin de semaine dernière, il m'a été donné d'entendre autant de gens se plaindre de la Chambre que du Sénat.
Dans notre étude des projets de loi comme le et le projet de loi connexe sur la responsabilité, nous devons nous interroger sur notre responsabilité à l'égard des Canadiens quand nous consacrons à ces textes législatifs une journée entière. Le projet de loi C-43 compte 51 pages et je ne peux cacher ma déception si le ministère de la Justice en est l'auteur. Si c'est le cas, il a dû recevoir beaucoup d'instructions de quelqu'un qui a des idées très différentes sur la façon de déterminer l'avenir du Sénat.
La Chambre des Lords, en Angleterre, connaît actuellement quelques changements. Des restrictions sont appliquées en ce qui concerne son avenir. Le Parlement britannique tient d'importants débats à savoir qui devrait siéger à la Chambre des Lords à l'avenir.
Notre système fédéral compte deux Chambres. Chacune reflète des idées différentes, des antécédents différents et des préoccupations différentes. Le processus de consultation que le et le gouvernement conservateur parlent aujourd'hui d'établir n'est qu'une tentative pour contourner la Constitution de notre pays. Ils préconisent un système compliqué dans le cadre duquel la population indiquerait ses préférences dans un processus électoral et qui comporterait une longue liste d'éventuels candidats dans une province ou une région donnée.
Je n'ai pas entendu, par exemple, de comparaison avec les États-Unis, où chaque État compte deux sénateurs. On devrait comparer combien coûte la campagne électorale d'un candidat au Sénat américain à ce qu'il en coûterait aux contribuables canadiens de mettre sur pied un processus de consultation dont le pourrait se servir pour nommer un sénateur.
Nous avons tenu un débat récemment sur la justice et les nominations des juges. La prochaine étape sera-t-elle d'élire les juges comme on le fait dans certains pays, en fait dans certains États américains? Peut-être est-ce la prochaine étape qu'envisage le gouvernement.
À propos de nominations partisanes, récemment, dans ma province, trois juges ont été nommés. Le premier est un ancien leader du Parti conservateur au Nouveau-Brunswick; le deuxième, l'organisateur en chef du gouvernement et du parti durant la dernière campagne électorale fédérale; et le troisième a des liens très étroits avec un ancien député.
Ces gens sont compétents.
L'hon. Charles Hubbard: Je me demande ce qu'il est advenu de l'ouverture et du désir d'améliorer le gouvernement pour les Canadiens.
Monsieur le Président, je constate que j'ai suscité l'inquiétude des députés d'en face en soulevant ces points. Je pense que je vais devoir m'arrêter là parce que je vois la veste d'un député par terre. Qui va marcher dessus? Dans mon coin de pays, quand on joue au dur comme ça, on jette sa veste par terre et quelqu'un saute dessus.
C'est tellement mesquin. Ces gens sont compétents. Vous devriez avoir honte.
L'hon. Charles Hubbard: Ah, ces Irlandais. J'ai des amis irlandais, ils veulent toujours montrer leur véritable force.
Il est malheureux que le député veuille m'interrompre à propos de quelque chose d'autre.
C'est honteux.
L'hon. Charles Hubbard: Monsieur le Président, ce qui est honteux, c'est que le veuille interrompre quelqu'un à propos d'une question autre que celle dont je parlais. C'est une honte. Il devrait présenter ses excuses au député de la Nouvelle-Écosse et ne pas essayer de perturber les travaux de la Chambre.