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Monsieur le Président, cet après-midi, je vais justement débattre de la motion de l'opposition — la motion du Bloc québécois —, et je vais vous en donner les grandes lignes:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait proposer une modification à la Loi sur la concurrence afin que la Commissaire de la concurrence ait le pouvoir d'initier les enquêtes sur le prix de l'essence et sur le rôle des marges de raffinage dans la détermination dudit prix.
L'élément principal est certainement les marges de raffinage. Actuellement situation du prix de l'essence est vraiment inacceptable. Le Canada produit énormément d'essence et de pétrole. Cependant, on constate que le prix de l'essence augmente constamment depuis que ce gouvernement a pris le pouvoir en janvier 2006. Il faut certainement analyser la situation. Les députés formant le gouvernement ne sont absolument pas intéressés d'essayer de trouver des mécanismes qui pourraient justement permettre aux citoyens et aux citoyennes de pouvoir avoir de l'essence à un prix raisonnable. Les citoyens ne demandent pas des miracles, mais ils demandent d'être en mesure de pouvoir acheter leur essence à un prix raisonnable, ce qui n'est absolument pas le cas aujourd'hui.
Faisons une comparaison entre les régions urbaines et les régions rurales. Dans les régions urbaines, les gens peuvent avoir accès au transport en commun, qu'il s'agisse du métro, de l'autobus, pour se diriger vers leur lieu de travail ou pour aller à l'épicerie ou à des endroits semblables.
Dans les régions rurales, ces services ne sont absolument pas disponibles, et il est impossible de les obtenir, bien que nous devrions possiblement y avoir accès. Les citoyens des régions rurales doivent prendre leur véhicule personnel pour aller à l'épicerie, à leur travail et ils doivent souvent parcourir de grandes distances. Lorsqu'on parle de régions rurales, on parle aussi de régions souvent éloignées, de régions très vastes où il faut parcourir de longues distances et de nombreux kilomètres, pour ne pas dire des centaines de kilomètres, pour se rendre à son travail.
Dans ces cas, l'augmentation du prix de l'essence est certainement une embûche pour les citoyens et les citoyennes. En plus, c'est un incontournable, puisque ceux-ci ne peuvent faire autrement que de mettre de l'essence dans leur voiture s'ils veulent aller travailler.
Les salaires n'augmentent pas au même rythme que le prix de l'essence actuellement. En ce qui concerne les différents travailleurs et travailleuses qui oeuvrent dans un milieu saisonnier où le travail n'est pas toujours réparti sur 12 mois ou 52 semaines par année, ces derniers doivent être en mesure de trouver l'argent nécessaire pour faire le plein de leur voiture et s'assurer en même temps de pouvoir mettre du pain, du beurre et de la nourriture sur la table pour nourrir leur famille, leurs enfants.
À mon avis, ce qui est actuellement demandé est tellement peu pour le gouvernement. Néanmoins, c'est incroyable et honteux que l'ensemble des députés de ce gouvernement conservateur — qui est en place depuis beaucoup trop longtemps — fasse obstruction et se mobilise pour ne pas que le prix de l'essence diminue au Canada. On constate qu'on a un gouvernement qui ne veut absolument rien faire, qui ne veut prendre aucune action, qui veut du laissez-faire et qui dit que le marché décidera.
Or, chaque fois qu'on dit que le marché décidera, cela veut possiblement aussi dire qu'il y aura de l'abus. À titre comparatif, il n'y a pas si longtemps, le prix de la marge de raffinage pour les producteurs était de 7,2 ¢. Il s'agit de la moyenne entre 1998 et 2003. Certains m'ont dit que c'est déjà beaucoup trop élevé, mais c'est une moyenne calculée sur une période de cinq ans au cours de ces années. Aujourd'hui, la marge de raffinage atteint près de 26 ¢ et souvent même davantage.
Si le gouvernement trouve que c'est acceptable, on doit se poser la question suivante: dans quelles poches les conservateurs veut-il que cet argent aille? Veut-il que cet argent soit donné aux sociétés pétrolières ou veut-il vraiment faire l'effort et redonner un peu d'argent aux contribuables? Il faudrait faire une comparaison. Regardons la réalité.
Les détaillants d'essence au Canada ont une marge moyenne de 3,5 ¢ le litre pour être en mesure de vendre leur essence. Ils emploient des gens à tous les coins de rue partout au pays, et ils ont une marge de 3,5 ¢ et moins, pendant que les grandes raffineries ont une marge de raffinage qui va souvent jusqu'à 26 ¢.
Leur marge est donc de 26 ¢ sur 1,15 $ — le prix d'aujourd'hui — ou même davantage à certains endroits du pays. C'est un peu abusif et un peu excessif. Si la marge de raffinage respectait la moyenne des années 1998 à 2003, soit autour de 7 ¢ du litre, le prix actuel serait d'environ 96 ¢.
Cela réduirait donc la marge de raffinage d'environ 19 ¢ et le prix du litre d'essence serait actuellement d'environ 96 ¢. Je suis convaincu que les citoyens trouveraient qu'au moins, un effort a été fait. Tout ce qu'on demande au gouvernement conservateur, c'est de s'assurer qu'il y a des mécanismes en place qui permettent aux travailleurs et travailleuses, aux familles et aux aînés de vivre un peu mieux, ainsi que tous ceux et celles qui doivent utiliser leur voiture pour diverses raisons: conduire leur enfant à différentes activités, aller à l'église tous les dimanches, aller faire le marché toutes les semaines et aller travailler tous les jours. Nous voulons que ce gouvernement ait un peu plus de coeur, qu'il réfléchisse à la situation des gens qui doivent utiliser leur voiture pour pouvoir gagner leur vie et payer la nourriture, l'électricité et le logement.
En fait, les citoyens ne demandent pas grand-chose. Ils n'ont pas d'augmentation de salaire, mais les coûts augmentent sans cesse. Une marge de 26 ¢ n'est-elle pas excessive si on la compare à celle de 7,2 ¢?
Les conservateurs croient certainement qu'une marge de 26 ¢ est une marge respectable et acceptable. Ils donnent toutes sortes d'excuses. Ils diront que c'est le marché qui décide. Par contre, si c'est le marché qui décide, ils peuvent invoquer toutes les bonnes raisons. À chaque fois qu'il y a un petit coup de vent, on dirait que le prix de l'essence augmente de 10 ¢. À chaque fois qu'on entend qu'il pourrait y avoir une possibilité de guerre quelque part, le prix de l'essence augmente de 15 ¢.
Qui empoche au bout du compte? C'est la marge de raffinage qui augmente. C'est la marge que les raffineurs se donnent qui augmente. À chaque fois qu'il y a de la spéculation — pas de la spéculation à la Bourse — sur la météo ou sur la situation des conflits dans le monde, on ne se base que là-dessus et soudainement, on constate des augmentations de prix. Le baril de pétrole n'a pas nécessairement augmenté d'autant. Par contre, lorsqu'on regarde la situation, le prix a augmenté. Ce sont les pétrolières qui en tirent profit et non les travailleurs et travailleuses.
Le gouvernement d'en face dit travailler, supposément, pour le bien-être de la population. Dans ce cas-ci certainement, et dans bien d'autres cas, il ne travaille absolument pas au mieux-être de la population. Il ne veut absolument pas essayer d'aider les citoyens et les citoyennes.
Il faut voir quels éléments permettraient de stabiliser et de s'assurer de meilleurs prix. Il s'agit, entre autres, de permettre au commissaire à la concurrence de décider lui-même de faire une enquête. Il faut être proactif. Finalement, le gouvernement conservateur a été réactif depuis des semaines et des mois. Il réagit parce qu'il n'est pas capable de gérer lui-même la situation au sein de son parti. Il est donc réactif.
Pourquoi le gouvernement n'accepte-t-il pas que le commissaire à la concurrence puisse être proactif et décider lui-même d'étudier une situation?
Il serait aussi important que le commissaire à la concurrence puisse obliger les pétrolières à divulguer l'information, à fournir des preuves et à démontrer qu'une situation est menaçante afin que le prix n'augmente pas de 10 ¢ à cause d'un coup de vent dans l'Est du pays ou d'une possibilité de conflit ailleurs dans le monde. C'est une situation où le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Actuellement, le gouvernement conservateur n'est même pas capable de prendre ses responsabilités. Il laisse la responsabilité de la situation aux travailleurs saisonniers, aux travailleurs quotidiens, aux familles et aux personnes âgées. Il n'a aucun sentiment pour permettre à ces gens de pouvoir vivre un peu mieux.
Pourquoi le gouvernement conservateur s'acharne-t-il tellement à s'assurer que les pétrolières puissent augmenter leurs profits non pas de centaines de dollars, de milliers de dollars, de millions de dollars, mais de dizaines et de dizaines de milliards de dollars sur le dos des travailleurs et des travailleuses? Pourquoi le gouvernement conservateur ne permet-il pas justement ces petits éléments qui pourraient certainement faire baisser le prix de l'essence et aider les gens dans nos circonscriptions qui en ont le plus besoin? Pourquoi le gouvernement ne peut-il pas juste avoir un peu de coeur à cet égard?
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Monsieur le Président, je tiens à remercier et à féliciter mon collègue de qui a déposé la motion que nous débattons aujourd'hui. Cette motion a été sûrement lue et mentionnée à plusieurs reprises, mais je pense que c'est important de la répéter car plus on répète quelque chose, plus ceux de l'autre côté vont finir par comprendre.
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait proposer une modification à la Loi sur la concurrence afin que la Commissaire de la concurrence ait le pouvoir d'initier des enquêtes sur le prix de l'essence et sur le rôle des marges de raffinage dans la détermination dudit prix.
D'entrée de jeu, je vais mentionner que je vais partager mon temps avec le député de . C'est dans cette optique que je commence mon discours qui devrait être court. Toutefois, on peut parler longtemps du prix de l'essence parce qu'il s'est passé une multitude de choses dans ce dossier.
C'est un sujet qu'on pourrait qualifier de cyclique. Je suis arrivé en cette Chambre en 1998 et, dès l'an 2000, on commençait déjà à en parler de plus en plus. Environ deux ans après mon arrivée, avec mes collègues porte-parole en matière d'industrie et de transports pour le Bloc québécois, j'avais organisé avec mon parti une tournée à travers le Québec parce qu'on vivait une période où il y avait encore une augmentation du prix du pétrole. Cette augmentation du pétrole affecte l'ensemble des consommateurs, l'ensemble de la population, que ce soit avec la dépense directe pour l'automobile, que ce soit aussi et surtout pour ce qui est de l'huile à chauffage pour les personnes qui ont encore ce combustible pour se chauffer l'hiver. Depuis des années, chaque fois que le prix augmente, cela fait presque des victimes durant ces périodes très froides au Québec et au Canada.
On a beau parler du prix du baril de pétrole, il n'en reste pas moins qu'à la pompe, ce n'est pas toujours l'équilibre. Cela ne veut pas dire que lorsque le prix du baril est moyennement élevé et qu'il augmente, le prix du litre va se refléter dans la même proportion. Il y a donc des jeux qui se produisent. Bien sûr, il y a l'exploitation du pétrole, le raffinage, la distribution, le détaillant. Tous ces niveaux font en sorte qu'il y a un jeu potentiel principalement de la part des pétrolières.
Je disais tantôt que c'était cyclique. Les gens s'impliquent dans ce discours et veulent travailler pour la population pour les aider. Je voudrais à cet égard souligner justement l'initiative de la Chambre de commerce de Sherbrooke qui s'est engagée dans une consultation auprès de la population. Dans un temps record, elle a accumulé plus de 10 300 coupons d'appui à la Chambre de commerce. Celle-ci a fait des analyses et des études sur la fluctuation du prix du litre d'essence. Les conclusions seront présentées d'ici peu par la Chambre de commerce à Sherbrooke. Mais mentionnons que, globalement, on s'aperçoit qu'il y a aussi une variation importante au niveau des régions. Le dynamisme de cette Chambre de commerce va faire en sorte que cela s'étendra à travers le Québec pour exercer des pressions pour que la Fédération des chambres de commerce du Québec puisse aussi présenter une analyse et, à toutes fins pratiques, formuler des recommandations aux pétrolières, aux détaillants et, je l'espère, au gouvernement. Je félicite la Chambre de commerce de son initiative qui démontre clairement qu'il y a des variations importantes dans la fluctuation.
Son étude a porté sur une période de temps assez longue précédant le début de cette consultation pour voir les fluctuations et les variations régionales. Depuis la date où l'étude a commencé et pratiquement jusqu'à aujourd'hui, fait assez curieux, la position de la région s'est améliorée suite à cette consultation quand les pétrolières et les détaillants du coin ont su que quelqu'un surveillait leurs prix.
À cet égard, le Bloc avait toujours proposé et fortement suggéré au gouvernement de mettre sur pied ce que j'appellerais la « commission de surveillance des prix et des fluctuations du prix du pétrole » pour que l'analyse se fasse et que les recommandations soient données.
On a beau parler de la fluctuation du prix de l'essence, mais il y a un dilemme. Il faut en être conscient et il faut arrêter, à un moment donné, de faire des discours partisans portant sur ce domaine qui touche l'ensemble de la population, des entreprises et de l'économie du Québec. Il y a un dilemme important en ce sens qu'il est vrai que c'est une ressource naturelle facilement exploitable et qui rapporte des fortunes aux sociétés pétrolières. C'est en même temps la principale source de production des gaz à effet de serre.
D'un côté, on demande la baisse du prix du pétrole et, en même temps, on veut s'assurer d'une augmentation de l'utilisation, donc cela a un effet aussi sur les gaz à effet de serre. C'est un cercle vicieux. Cependant, c'est important de retenir qu'au moins, la population paie le juste prix pour l'essence et le mazout, de façon à favoriser bien sûr l'économie, mais aussi un niveau de vie respectable pour l'ensemble de la population.
À mon avis, c'est sur ces sujets qu'il faut vraiment se concentrer, soit sur la justice sociale, mais aussi sur l'équité et la justesse du prix du pétrole. Car il y a des fluctuations énormes, et on n'a pas vraiment l'impression de payer ce que ça vaut, ce qui signifie qu'il faut payer aussi pour combattre les gaz à effet de serre par l'intermédiaire du prix du pétrole.
Il faut aussi faire en sorte que cet argent, ces profits enregistrés par les sociétés pétrolières qui, depuis quelques années, font des dizaines de milliards de dollars de bénéfices, puissent aussi servir à l'ensemble de la collectivité. Certains diront que les ressources naturelles, comme le l'a dit dernièrement, n'appartiennent à personne. Il y a une expression qu'on dit quelquefois: « Au plus fort, la poche ». Ces gens se remplissent donc les poches le plus possible dans cette course effrénée vers l'utilisation des ressources naturelles.
Lorsque je parlais plus tôt du pétrole, je mentionnais deux éléments importants, soit l'aspect environnemental, bien sur, mais aussi l'aspect économique. D'ailleurs, on se souviendra que le nous l'avait rappelé, lors d'un certain discours, en des termes plutôt bizarres.
Je cite librement les propos du . Bien évidement, il ne faut rien attendre des conservateurs au sujet de dossier, puisque ce parti est plus intéressé à défendre les intérêts de l'industrie pétrolière que ceux des concitoyens et contribuables québécois et canadiens. Et, à l'instar de ses collègues, c'est sans gêne que le ministre et député de déclarait, lors de la dernière campagne électorale, que les responsables des prix élevés du pétrole étaient la gauche et les environnementalistes. Par conséquent, les responsables de l'augmentation du prix du pétrole sont ceux qui visent la justice sociale et l'équité pour toute la population, et ceux qui essaient de défendre l'environnement. Eh bien, je ne crois pas que ce soit exactement cela.
En terminant, puisqu'on me fait signe que mon temps de parole achève, je rappelle les mesures proposées par le Bloc au fil du temps, depuis plusieurs années, et par certains libéraux qui ont travaillé sur des dossiers touchant le pétrole pendant de nombreux mois de labeur: il faut effectivement avoir des contrôles sur les sociétés pétrolières par le truchement de la Loi sur la concurrence, de même qu'une commission de surveillance des prix, et il faut accorder le pouvoir à la commissaire de faire des enquêtes sur les prix du pétrole.
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Monsieur le Président, j'ai le très grand plaisir d'intervenir en cette journée d'opposition du Bloc québécois. La motion que nous avons présentée aujourd'hui concerne un problème très important, soit celui de la hausse du prix de l'essence. Il ne faut pas oublier que ses effets sont multiples et souvent très dommageables pour notre économie. Par exemple, la hausse heurte directement l'industrie manufacturière qui est très importante dans ma MRC, dans le comté dans lequel je travaille et dans l'ensemble du Québec. Cette industrie, faut-il le rappeler, est déjà en sérieuse difficulté.
En effet, la hausse des prix provoque une hausse des coûts de production, entraînant du même coup une baisse des investissements pourtant si nécessaires à la modernisation de nos industries manufacturières.
Pendant que notre secteur manufacturier s'effrite, nos pétrolières continuent à afficher des profits records, et les émissions des gaz à effet de serre augmentent toujours. Les profits nets combinés des six plus grandes compagnies pétrolières intégrées au Canada ont atteint 12 milliards de dollars en 2006. C'est une hausse de 5 milliards de dollars par rapport à 2004. En pourcentage, les profits sont de 70 p. 100 plus élevés qu'en 2004. On comprend maintenant que ces chiffres créent une inflation monstre au Québec et dans l'ensemble du Canada.
Que fait le gouvernement face à ces enjeux si importants pour notre économie? Dans les deux cas, il applique la même logique, soit tout simplement ne rien faire. Nous le savons, pour les conservateurs doctrinaires, le libre marché peut tout régler, et toute intervention de l'État ne peut que l'empêcher de générer ses bienfaits. Or, contrairement au gouvernement conservateur, nous croyons qu'il est possible de limiter, du moins en partie, les hausses du prix de l'essence, d'où le dépôt de cette motion du député de qui demande au gouvernement de modifier la Loi sur la concurrence afin que le Bureau de la concurrence soit en mesure d'entreprendre des enquêtes sur le prix de l'essence et sur le rôle des marges de raffinage dans la détermination des prix.
Si nous discutons aujourd'hui du prix de l'essence, c'est évidemment à cause des hausses importantes du prix de l'essence que nous avons connues au cours des derniers jours et des dernières semaines. La semaine dernière, le prix à la pompe de l'essence régulière a été de 1,15 $ en moyenne. Au-delà des fluctuations, le prix de l'essence est en hausse constante au Québec. En 2004, le prix moyen de l'essence ordinaire était de 85,7 ¢; en 2005, il atteignait 96,7 ¢.
Qu'est-ce qui explique la hausse du prix de l'essence? Le prix est le résultat de l'addition du coût de quatre facteurs principaux, c'est-à-dire le prix du pétrole brut — qui a augmenté —, les taxes, la marge du détaillant et la marge de raffinage.
Lorsqu'on analyse en profondeur les causes de la hausse du prix de l'essence, on constate que la marge des détaillants est demeurée stable. Les taxes sont également demeurées stables. Si l'augmentation du prix du brut explique en partie la hausse, on constate surtout que les hausses de prix s'expliquent beaucoup plus par la hausse du prix du raffinage. En effet, c'est à l'étape du raffinage que les marges de profit indécentes réalisées par les grandes pétrolières ont le plus augmenté dernièrement.
Selon l'Association Québécoise des Indépendants du Pétrole, une marge de profit raisonnable à l'étape du raffinage se situe entre 4 ¢ et 7 ¢ le litre. Or, en avril 2006, cette marge se situait à 19,5 ¢, et mercredi dernier, elle atteignait 27 ¢ le litre, ce qui constitue un record si on exclut la brève période qui a suivi l'ouragan Katrina.
Pour expliquer cette situation, il faut savoir que les pétrolières ont procédé, en 1990, à une importante rationalisation des activités de raffinage en Amérique du Nord. Pour diminuer leurs coûts, elles ont fermé plusieurs raffineries.
Ainsi, l'offre s'est très rapidement rapprochée de la demande. Donc, dans le cas d'un incident technique ou climatique qui affecte le raffinage, l'augmentation des prix devient alors inévitable. Ce n'est pas tout. La moindre hausse de la demande, comme cela se produit lors de longues fins de semaines, provoque très souvent une hausse des prix. Pour les consommateurs, les longues fins de semaines ne sont pas des événements imprévus, tout comme les vacances estivales. Toutefois, les grandes pétrolières semblent curieusement toujours incapables de prévoir ces périodes et de s'y préparer en conséquence. Elles ne font aucune réserve et elles nous expliquent ensuite que la rareté provoque la hausse des prix. C'est le même processus que nous vivons depuis plusieurs années.
Cette incapacité, volontaire ou non, de l'industrie du raffinage à prévoir et à répondre aux imprévus soulève maintenant beaucoup de questions. Il nous apparaît évident que la structure actuelle de l'industrie pétrolière favorise les hausses et les abus. Bien que l'industrie tente de convaincre les consommateurs qu'ils sont bien servis, ces derniers ne sont, à juste titre, absolument pas convaincus.
En somme, un problème demeure: il existe un manque de transparence, d'où l'importance de la motion que le Bloc québécois présente aujourd'hui. Dans un premier temps, il faut donc discipliner l'industrie pour s'assurer qu'aucun intermédiaire, comme le secteur des raffineries, n'abuse des circonstances. Pour ce faire, nous proposons de renforcer la Loi sur la concurrence. Cela fait déjà quelques années que nous demandons que cette loi soit modifiée pour donner un vrai pouvoir d'enquête au Bureau de la concurrence. Ce bureau pourrait initier des enquêtes et assigner des témoins. Il pourrait également assurer leur protection et étudier tous les aspects de l'industrie pétrolière et proposer des solutions.
De plus, nous proposons la création d'un véritable office de surveillance du secteur pétrolier. Cet office aurait pour rôle de contrôler l'industrie, notamment en collectant et en diffusant des données sur le prix des produits pétroliers raffinés dans tous les marchés nord-américains et en faisant rapport annuellement sur les aspects concurrentiels. Jusqu'à ce jour, le gouvernement fédéral a toujours refusé d'agir en ce sens. Ces mesures que je viens d'énumérer sont des solutions qui peuvent être appliquées à court terme.
À plus long terme, le Québec doit nécessairement prendre des mesures afin de réduire sa dépendance au pétrole. Tout le pétrole que le Québec consomme est importé. En 2006, le Québec a importé pour 13 milliards de dollars de pétrole, une hausse de 7 milliards de dollars en trois ans. Parallèlement, le Québec est passé d'un surplus commercial à un déficit de 7 milliards de dollars en 2006. À elle seule, la hausse du prix du pétrole a plongé le Québec en déficit commercial. Le pétrole appauvrit le Québec. À long terme, il faut donc investir dans des énergies alternatives et lancer un véritable chantier visant à réduire notre consommation de pétrole pour le transport, le chauffage et l'industrie.
Finalement, et je sais que les conservateurs n'aimeront pas ces propositions, il faut sans tarder redistribuer les ressources pour que le secteur pétrolier arrête d'appauvrir la société en abrogeant immédiatement l'amortissement accéléré pour les investissements dans les sables bitumineux lorsque le prix du brut excède un seuil se situant quelque part entre 40 $ et 50 $. Le gouvernement a annoncé cette mesure dans son dernier budget, mais seulement pour dans trois ans.
Enfin, il faudrait faire payer les pétrolières pour les dommages environnementaux qu'elles causent. Ce n'est pas en refusant d'adhérer à l'accord de Kyoto que nous allons solutionner ces difficultés.
Pour l'ensemble de ces dossiers, il faut agir le plus rapidement possible, afin de sauver nos emplois, nos régions et notre environnement. Surtout, il faut laisser une place en société à nos générations futures.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir la possibilité d'aborder le sujet à l'étude. C'est quelque chose qui occupe de toute évidence l'esprit des Canadiens.
Nous reconnaissons tous que les Canadiens subissent de plein fouet le récent pic atteint par les prix à la pompe. Évidemment, lorsque le prix de l'essence augmente, les Canadiens sont touchés. Il ne fait aucun doute que cela se répercute dans la vie de tous les jours des Canadiens et fait augmenter le coût de la vie, ce qui nous préoccupe tous.
C'est pourquoi nous avons pris des initiatives qui, selon nous, changent les choses. Parmi ces mesures, il y a la remise pouvant atteindre 2 000 $ sur le prix d'un véhicule à bon rendement énergétique et une réduction d'impôt applicable au coût des abonnements aux transports en commun pour en favoriser l'utilisation.
Cependant, au bout du compte, nos mesures doivent être équilibrées et c'est exactement ce que nous avons fait. Nous avons équilibré nos mesures pour que l'économie demeure forte et qu'il y ait une création d'emplois afin que les Canadiens puissent continuer de bénéficier de leur niveau de vie et que notre environnement soit protégé.
J'ai entendu beaucoup de députés de l'opposition exprimer des préoccupations. Nos vis-à-vis se souviendront que, lorsque les libéraux étaient au pouvoir, le Bureau de la concurrence a fait six enquêtes en six ans. Chaque fois, il est arrivé à la conclusion qu'il n'y avait pas collusion. Si des renseignements nouveaux peuvent être mis en avant pour justifier une septième enquête, qu'il en soit ainsi. Le Bureau de la concurrence est là pour cela.
Si, par sa motion, le Bloc réclame une enquête, la Loi sur la concurrence et le Bureau de la concurrence ont tous les pouvoirs voulus. Par conséquent, le député devrait reconnaître qu'une enquête peut être menée sur le sujet.
En outre, il est important que notre débat ne porte pas exclusivement sur le prix de l'essence. Nous devrions aussi examiner les autres sources d'énergie, particulièrement dans le domaine du transport.
Nous investissons massivement dans le secteur des piles à combustible. En fait, il y a des autobus à hydrogène qui roulent dans la Cité parlementaire. Cela s'est fait sous notre gouvernement et nous en sommes fiers. Ce sont là des possibilités qui aident l'environnement et qui réduisent aussi, évidemment, notre dépendance face au pétrole.
J'aimerais maintenant faire porter la discussion sur le projet de loi . Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit d'un projet de loi d'initiative parlementaire présenté par un député libéral, au nom du Parti libéral du Canada, afin d'imposer les objectifs de Kyoto aux Canadiens et à notre économie, et ce au cours des cinq prochaines années, alors que ce parti a été au pouvoir durant 10 ans et n'a absolument rien fait relativement à ce dossier.
En fait, ce n'est pas tout à fait exact. Je ne devrais pas dire que les libéraux n'ont rien fait. Ils ont aggravé la situation. S'ils n'avaient rien fait, cela aurait pu nous aider ou, à tout le moins, nous placer dans une position telle que nous aurions une mince chance d'atteindre ces objectifs. Au cours de ces 10 années de gouvernement libéral, les gaz à effet de serre ont augmenté de façon spectaculaire et dépassé la cible de 35 p. 100. Les libéraux le reconnaissent. Ils savent que c'est la réalité et que ce chiffre est le bon.
Lorsqu'ils étaient au pouvoir, les libéraux n'ont absolument rien fait. C'est un fait et ils ne peuvent nier que les gaz à effet de serre ont augmenté en flèche. Voilà maintenant qu'ils proposent un plan tout à fait irresponsable. Il n'y a pas d'autre façon de le décrire. Ce plan est irresponsable. Si les libéraux étaient honnêtes envers eux-mêmes et envers les Canadiens, ils le reconnaîtraient. Ils savent que ce plan est irresponsable. Il n'y a pas d'autre mot pour le décrire. Ce plan a été étudié par plusieurs économistes, et je vais en parler de façon détaillée dans un moment.
Ce qui est encore pire, c'est que des députés de tous les partis d'opposition pensent uniquement à faire de la basse politique, mais cela ne va malheureusement pas fonctionner pour eux. Ils appuient tous le plan des libéraux. Or, il ne fait aucun doute que ce plan entraînerait une montée en flèche du prix de l'essence.
Une analyse indépendante a révélé que le prix de l'essence augmentera de 60 p. 100. Faisons le calcul. Selon les régions du pays, le prix oscillerait entre 1,60 $ et 2 $.
Je vais lire un extrait du rapport renfermant l'analyse. L'extrait est tiré de la page 22 du document intitulé « Coût du projet de loi C-288 pour les familles et les entreprises canadiennes ». Il s'agit d'une analyse économique indépendante. J'estime très important que le débat demeure axé sur les faits. N'essayons pas de dénaturer les faits; contentons-nous de les présenter et laissons la population canadienne en juger. Le rapport indique ce qui suit:
Les prix des carburants pour le transport augmenteraient également de façon marquée — environ 60 p. 100 de plus par rapport au maintien du statu quo. Au prix actuel de l'essence d'environ 90 cents le litre, cela se traduirait par un prix moyen de plus de 1,40 $ le litre en raison de la politique.
Voilà les faits. Les libéraux n'aiment pas les entendre. Que ce soit durant la période des questions ou lorsqu'ils se trouvent dans le foyer de la Chambre des communes, ils n'aiment pas entendre les faits.
Nous pouvons débattre du prix — 1,55 $, 1,65 $ ou 2,05 $ —, mais il ne fait aucun doute que la tangente actuelle du Parti libéral du Canada entraînerait des coûts économiques draconiens. L'approche des libéraux n'est pas équilibrée. Elle est imprudente. Ce qui est pire, c'est que le NPD et le Bloc appuient cette approche imprudente. Il faut le souligner.
J'aimerais citer d'autres sections de l'analyse du plan environnemental des libéraux, le projet de loi . À la page 19, on peut lire ceci:
L’analyse indique que le PIB déclinerait de plus de 6,5 p. 100 par rapport aux projections actuelles en 2008 en raison de la politique, tombant à un niveau d’environ 4,2 p. 100 en dessous de celui de 2007. Cela supposerait une profonde récession en 2008, avec une perte nette d’activité économique nationale de l’ordre de 51 milliards de dollars pour une année par rapport aux niveaux de 2007. En comparaison, la plus grave récession pour le Canada à survenir dans la période suivant la Deuxième Guerre mondiale, telle que mesurée par la chute du PIB, est celle qui s’est produite entre 1981 et 1982.
Ce n'est pas tout. Des économistes comme Don Drummond, premier vice-président et économiste en chef de Groupe financier banque TD, sont de cet avis. Il y a aussi des gens comme Jean-Thomas Bernard, professeur au département d'économique de l'Université Laval; Christopher Green, professeur au département d'économique de l'Université McGill; Mark Jaccard, professeur à l'école de gestion des ressources et de l'environnement de l'Université Simon Fraser, et Carl Sonnen, président d'Informetrica Limited.
J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une analyse du Parti conservateur. C'est une analyse que nous devons à quelques-uns des économistes les plus réputés au pays. Ils expliquent ce qui se passerait. Voici ce que dit Don Drummond:
Je crois que le coût économique serait au moins aussi important que celui de la récession du début des années 1980, et c'est effectivement ce que montre l'analyse faite par votre ministère. Par rapport à la situation de référence, la performance diminue d'environ 7 p. 100.
Christopher Green, professeur au département d'économique de l'Université McGill, a exprimé l'avis suivant:
J'ai lu la prévision des coûts économiques potentiellement rattachés à l'application du projet de loi C-288. Je souscris à la principale constatation qui se dégage de cette prévision, à savoir que l'applicatio2n de ce projet de loi serait coûteuse sur le plan économique. En fait, les réductions du PIB (les coûts) seraient probablement même plus grandes que celles qui ont été calculées au moyen du modèle prévisionnel que vous avez employé.
Voilà donc quelques-uns des faits incontestables.
Je suis certain que les députés savent très bien que les coûts qui poussent le prix de l'essence à la hausse proviennent en partie des forces du marché. Lorsque les libéraux étaient au pouvoir, ils ont étudié à de nombreuses reprises la question sous tous ses angles, y compris le prix sur les marchés internationaux. Il y a manifestement des liens. Nous savons qu'il y a des taxes municipales et fédérales ainsi que des coûts de raffinage.
Il est important de signaler que les députés de l'opposition sont en train de nous dire qu'ils veulent réglementer le prix de l'essence. C'est ce qui a été fait dans le passé...
Des voix: Bravo!
L'hon. Gary Lunn: Ils applaudissent à l'idée de réglementer le prix. J'aimerais signaler que ce ne sont pas les députés conservateurs qui applaudissent ainsi, mais bien ceux du NPD.
Lorsqu'on a eu recours à la réglementation dans le passé, le prix de l'essence a en fait augmenté. Nous ne pouvons pas nous embarquer encore dans la réglementation.
Le gouvernement conservateur sait que la question est complexe, mais il essaie de donner l'heure juste une fois pour toutes à l'industrie. C'est la première fois qu'un gouvernement fédéral entreprend de réglementer les émissions de gaz à effet de serre et les autres émissions. Nous nous sommes montrés ambitieux et nous avons placé la barre très haut. Aucun gouvernement n'avait entrepris auparavant d'atteindre des objectifs aussi élevés, pas même le gouvernement libéral précédent.
L'industrie sait que cela coûtera de l'argent, mais nous offrons de la stabilité à l'industrie. C'est le genre de chose qu'un gouvernement peut faire pour stabiliser le prix de l'essence.
Comme je l'ai dit plus tôt dans mon intervention, nous offrons aux Canadiens des incitatifs allant jusqu'à 2 000 $ pour l'achat de véhicules éconergétiques. Est-ce que les libéraux ont fait une telle offre pendant qu'ils étaient au pouvoir? Non. Ont-ils réglementé les émissions de gaz à effet de serre? Non. Ont-ils pris des mesures pour encourager l'utilisation des transports en commun? Non. Ils n'ont pas fait le travail. Aujourd'hui, ils crient à l'injustice. Pourtant, en seulement 15 mois, les conservateurs ont agi. Nous faisons le travail.
L'hon. Judy Sgro: Toujours les mêmes vieilles promesses.
L'hon. Gary Lunn: Je sais que les libéraux n'aiment pas la vérité. Je les entends chahuter de l'autre côté de la Chambre. L'ancien gouvernement a échoué sur tous les plans.
Puisqu'il est question du prix de l'essence, je vais parler de l'énergie, quelque chose de très important aux yeux du gouvernement. Nous sommes conscients de l'importance de mettre fin à notre dépendance à l'égard du pétrole. À l'heure actuelle, il se brûle environ 1 000 barils de pétrole par seconde dans le monde entier. Si on fait le calcul, cela fait environ 86 millions de barils de pétrole brûlés chaque jour. Ça fait beaucoup de pétrole.
Notre gouvernement est conscient qu'il faut investir dans d'autres sources d'énergie. Nous avons investi 1,5 milliard de dollars dans les énergies renouvelables comme l'énergie éolienne, l'énergie de biomasse et l'énergie marémotrice. Pour la première fois en Amérique du Nord, notre gouvernement a installé une turbine marémotrice au large de Victoria, près d'où j'habite. Cette turbine produit maintenant de l'électricité. Il s'agit d'une énergie parfaitement propre qui ne produit aucune émission, aucune pollution. Nous avons investi dans des projets hydroélectriques à petite échelle.
C'est le genre de mesures que nous prenons. Tout ce que notre gouvernement fait est axé sur les résultats. Nous avons investi 230 millions de dollars dans une initiative ciblée pour mener des projets de recherche sur les technologies permettant de rendre nos sources d'énergie conventionnelles plus propres. Ce sont des objectifs tangibles qui, selon nous, peuvent faire une différence, qu'il s'agisse du charbon propre, des centrales électriques au charbon sans émissions ou de la séquestration du carbone.
Nous avons mis sur pied le Groupe de travail ÉcoÉnergie Canada-Alberta sur le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone. Ce groupe de travail me remettra son rapport, avant que le Parlement ajourne à la fin du mois de juin, à propos de ce que nous devons faire pour enfouir le CO2 et pour construire un pipeline de CO2.
Ce sont là toutes des initiatives que le gouvernement conservateur a mises en oeuvre et qui donneront des résultats concrets pour l'environnement. Je sais que les libéraux ne cessent de se plaindre, mais ils ont été au pouvoir pendant 10 ans et ils n'ont rien accompli. Pendant leurs derniers jours au pouvoir, ils se sont convertis à la dernière heure et ont prétendu se soucier de l'environnement. Honnêtement, il était un peu trop tard. Les Canadiens en avaient assez et nous avons vu ce qui s'est passé aux dernières élections.
Toutes nos initiatives sont ciblées sur les résultats. Le pire dans cela, c'est qu'après n'avoir rien fait pendant si longtemps, le Parti libéral propose maintenant une approche très irresponsable. Il n'y a pas d'autre façon de la décrire. Son approche n'est pas équilibrée. Il est important pour notre gouvernement que nous reconnaissions l'importance de notre économie et l'importance des emplois pour les Canadiens dans toutes les régions, tout en prenant des mesures rigoureuses au sujet de l'environnement.
Les députés de l'opposition ont présenté une motion demandant qu'on modifie la Loi sur la concurrence, mais ce qu'ils demandent s'inscrit entièrement dans le cadre de cette loi sous sa forme actuelle, et je sais que le député d'en face en est bien conscient. En fait, lorsque les libéraux étaient au pouvoir, cette motion a été présentée à six reprises et nous savons ce que cela a donné. Le parti du député n'est pas content des résultats, mais ils sont là.
Si nous avions des preuves que la Loi sur la concurrence a été violée, je serais le premier à réclamer la tenue d'une enquête rigoureuse sur ces violations. Elles sont inacceptables.
Notre gouvernement continuera de collaborer avec les Canadiens en réduisant la TPS et les impôts en général pour veiller à ce que les Canadiens aient plus d'argent, mais la solution n'est pas d'adopter une réglementation et de fixer le prix de l'essence. Il faut laisser les forces du marché agir. Laisser entendre le contraire ferait monter davantage le prix de l'essence.
Je demanderais aux personnes qui suivent ce débat d'examiner réellement ce que les trois partis d'opposition demandent, car cette motion est un écran de fumée. Ils ont présenté une motion afin de montrer qu'ils voudraient qu'on apporte des changements au prix de l'essence, alors qu'en réalité tous les partis de l'opposition, à savoir le Nouveau Parti démocratique, le Bloc et le Parti libéral, appuient une politique qui entraînerait indiscutablement une augmentation d'au moins 60 p. 100 du prix de l'essence.
Ils n'aiment pas ça. Je les entend se plaindre et protester. Pourquoi? Est-ce parce que ces chiffres ont été rendus publics par certains des meilleurs économistes indépendants du pays? Ce sont les faits. Ils ne proviennent pas d'un seul économiste, mais plutôt de certains des professeurs les plus éminents de divers départements universitaires dans l'ensemble du pays.
Il est important que les Canadiens se rendent compte de ce que tous les autres partis préconisent. S'ils obtenaient ce qu'ils veulent, le prix de l'essence augmenterait à 1,60 $, à 1,70 $, puis à 2 $ le litre. C'est inacceptable, car cela nuirait grandement à notre économie, ce que le gouvernement conservateur ne veut pas envisager. Nous utiliserons une démarche équilibrée, comme nous le faisons tous les jours, ce qui nous permettra d'avoir une économie solide et de réduire véritablement les émissions de gaz à effet de serre.
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Monsieur le Président, d'abord, je ne dois pas oublier de vous dire que je partagerai mon temps avec mon collègue de .
Partout dans mon comté, , on entend dire que les consommateurs ont vraiment l'impression de se faire niaiser par les sociétés pétrolières. Comment les prix du pétrole à la pompe peuvent-il grimper tous les jeudis, à la veille de la fin de semaine, et redescendre tous les lundis, lorsque nous retournons au travail? Il faut absolument savoir ce qui se passe derrière les portes closes.
C'est aussi le sens de la motion du Bloc québécois, aujourd'hui. Il a présenté cette motion afin de faire la lumière sur ces prix à la pompe qui augmentent sans arrêt, sans que l'on comprenne pourquoi et en nous imaginant je ne sais quelle machination qui se retrouverait derrière cette hausse.
Vous connaissez la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait proposer une modification à la Loi sur la concurrence afin que la Commissaire de la concurrence ait le pouvoir d'initier des enquêtes sur le prix de l'essence et sur le rôle des marges de raffinage dans la détermination dudit prix.
On sait que le prix de l'essence est le résultat de l'addition du coût de quatre facteurs: le prix du pétrole brut, le coût du raffinage, les taxes et la marge du détaillant. La concentration des activités de raffinage au cours des années 1990 s'est traduite par l'augmentation des prix. Ces hausses profitent aux sociétés pétrolières dont les profits augmentent sans cesse et de façon faramineuse. La population a donc le droit de savoir comment ces prix sont faits et, surtout, ce qu'il y a derrière la marge de raffinage.
Les prix flambent. Les marges de raffinage sont trois fois trop élevées. Les profits des sociétés pétrolières sont indécents. La semaine dernière, le prix à la pompe de l'essence ordinaire a été de 1,15 $ en moyenne, au Québec. La marge de raffinage moyenne a atteint 23 ¢, un record. C'est trois fois trop lorsqu'on sait qu'un profit de 5 à 7 ¢ suffit pour que les sociétés pétrolières fassent un profit raisonnable au raffinage. Les prix des produits pétroliers risquent de demeurer élevés au cours de l'été, notamment parce que le pétrole brut ne cesse de s'apprécier.
Ce sont les sociétés pétrolières qui empochent. Il y a six principales sociétés pétrolières au Canada: Imperial Oil, Petro-Canada, Husky Oil, EnCana, Suncor et Shell. Ces sociétés ont réalisé un profit record de près de 12 milliards de dollars en 2006, une hausse de 25 p. 100 par rapport à 2005 et de 70 p. 100 par rapport à 2004. Y a-t-il collusion? C'est impossible de le dire. Il reste que les cinq principales sociétés pétrolières fournissent 90 p. 100 de l'essence vendue au Canada et s'entendent tellement bien qu'elles se fournissent même de l'essence les unes et les autres.
Il faut donc discipliner le secteur pétrolier. L'économie en général est menacée par cette hausse de valeur d'une ressource stratégique. Le Bloc québécois croit qu'il est possible de limiter, du moins en partie, les hausses du prix de l'essence et des autres produits pétroliers. En raison des profits records que les compagnies pétrolières déclarent depuis plusieurs années, il y a donc un transfert de richesses qui se chiffre en milliards de dollars et qui nous inquiète. Dans un premier temps, il faut donc discipliner l'industrie pour s'assurer qu'aucun intermédiaire n'abuse de sa position ou des circonstances.
Le Bloc québécois propose des mesures pour discipliner l'industrie. D'abord, il propose de renforcer la Loi sur la concurrence. Actuellement, celle-ci comporte des lacunes. Le Bureau de la concurrence ne peut pas procéder à une enquête de son propre chef sans recevoir de plaintes ou une demande du . Le Bureau de la concurrence manque cruellement de pouvoirs lorsqu'il fait une étude générale sur l'industrie. Il ne peut pas assigner des témoins ni assurer leur protection pour les inciter à parler. Il ne peut pas exiger la divulgation de documents. Sans ces outils, il est à peu près impossible de prouver la collusion ou d'autres pratiques anticoncurrentielles. Même en cas d'ententes entre concurrents, le fardeau de prouver la collusion appartient au Bureau de la concurrence. Il faut renforcer la Loi sur la concurrence en donnant de vrais pouvoirs d'enquête au Bureau de la concurrence. En fin de régime, le gouvernement libéral a déposé le projet de loi , largement inspiré d'un plan complet déposé plus d'un mois plus tôt. Le projet de loi est mort au Feuilleton, et les conservateurs, eux, n'ont rien fait.
Pour discipliner l'industrie, il faut créer un véritable office de surveillance du secteur pétrolier.
Dans son rapport sur le prix de l'essence de novembre 2003, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie proposait la création d'un office de surveillance du secteur pétrolier. Chose assez incroyable, alors que l'industrie pétrolière avait appuyé cette initiative, les conservateurs s'y étaient opposés. Les conservateurs sont encore plus intransigeants que les pétrolières quand vient le temps de défendre les intérêts des pétrolières. Elles n'ont carrément pas besoin de lobbyistes, elles ont le gouvernement conservateur.
Pour faire croire qu'il faisait quelque chose, le gouvernement libéral — pas plus fin — avait mis en place un portail Internet qui donnait les prix de l'essence dans les principales villes. Ce n'était qu'un portail Internet. Il ne fait aucune étude sur le secteur pétrolier et n'a aucune capacité de recommander des pistes d'action. Autant dire que ce n'est rien. Cela prend un vrai office pour tenir cette industrie sous surveillance.
Le pétrole appauvrit le Québec. Il faut mettre fin à cette saignée. Tout le pétrole que le Québec consomme est importé. Chaque litre qu'il consomme est une sortie d'argent qui l'appauvrit et enrichit le secteur pétrolier.
En 2006, le Québec a importé pour 13 milliards de dollars de pétrole, une hausse de 7 milliards de dollars en trois ans. Parallèlement, le Québec est passé d'un surplus commercial à un déficit de 7 milliards de dollars en 2006, sans compter que la hausse des exportations albertaines de pétrole a fait grimper le dollar, heurtant nos entreprises manufacturières et accentuant encore notre déficit commercial. À elle seule, la hausse du prix du pétrole a donc plongé le Québec dans un déficit commercial. Ainsi, l'an dernier, chaque Québécois a consommé pour 1 000 $ de plus que ce qu'il a produit. Le pétrole nous appauvrit.
Il faut redistribuer les ressources pour que le secteur pétrolier arrête d'appauvrir la société. Il faut une imposition d'une surtaxe de 500 millions de dollars sur les profits des pétrolières. Il faut l'abrogation de l'amortissement accéléré pour les investissements dans les sables bitumineux, lorsque le prix du brut excède un seuil se situant quelque part entre 40 $ et 50 $. Le gouvernement a annoncé cette mesure dans son dernier budget, mais seulement dans trois ans.
Il faut l'abrogation des changements apportés au régime fiscal applicable aux ressources naturelles en 2003, qui permettent aux pétrolières de diminuer leurs impôts d'encore 250 millions de dollars par an. Il faut faire payer les pétrolières pour les dommages environnementaux qu'elles causent par l'établissement de plafonds d'émission, doublés d'une taxe sur le carbone et d'un mécanisme d'échange de permis.
Toutefois, à long terme, la solution passe par la réduction de notre dépendance au pétrole.
La tendance des prix des produits pétroliers est à la hausse depuis plusieurs années. Les chiffres que je vais donner proviennent de la Régie de l'énergie du Québec. Le prix du pétrole brut augmente. Il oscille aujourd'hui entre 60 $ et 62 $ américains le baril. Il a progressé de 13 p. 100 depuis le début de l'année, de 83 p. 100 depuis le début de 2004. Il dépasse même le niveau de septembre 2005, au moment des ouragans au sud des États-Unis, alors que le baril était à 69 $.
Le prix du mazout — c'est-à-dire l'huile à chauffage — augmente aussi. Il se situe en moyenne à 70,7 ¢ depuis le début de 2007, en hausse de plus de 10 ¢ ou 20 p. 100 depuis deux ans. Selon Statistique Canada, environ 500 000 ménages québécois se chauffent encore à l'huile ou à un autre combustible liquide.
Le prix de l'essence augmente. Il y a deux ans, en avril 2005, un nouveau record de prix était battu à Montréal. Le prix de l'essence ordinaire venait de franchir le cap du dollar. Au-delà des fluctuations au Québec, le prix est en hausse constante.
D'ici à ce que nous mettions en place, une par une, les mesures pour diminuer notre dépendance au pétrole, il faut faire le ménage et comprendre qui fait des profits injustifiés. Le gouvernement doit donc proposer une modification à la Loi sur la concurrence afin que la commissaire à la concurrence ait le pouvoir d'entreprendre des enquêtes sur le prix de l'essence et sur le rôle des marges de raffinage dans la détermination dudit prix.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir sur la motion déposée par mes collègues du Bloc québécois. J'aimerais commencer ma présentation en faisant un peu d'économie. Le ministre qui est intervenu un peu plus tôt aujourd'hui nous a cité de prétendus grands experts économiques pour nous dire que si on mettait en oeuvre le Protocole de Kyoto, le prix de l'essence exploserait. On a vu le pendant la dernière campagne électorale se livrer au même genre d'accusations, en disant que si les prix de l'essence étaient élevés, c'était à cause des environnementalistes. On a vu le et le — enfin, on les a presque tous entendus — nous chanter cette espèce de ritournelle. Aujourd'hui, on tente de justifier cela par de prétendues analyses économiques sérieuses.
On devrait revenir aux bases des concepts d'économie et de marché. Je suis étonné que ce genre de commentaire nous vienne des conservateurs, eux qui sont les soi-disant apôtres du libre marché, eux qui sont censés faire totalement confiance aux lois du marché. Aujourd'hui, ils viennent nous chanter des ritournelles. Pourquoi font-ils ces affirmations grotesques? Parce que, en économie, il y a un principe fondamental: la loi de l'offre et de la demande. Je me rappelle qu'on apprenait ce principe à la petite école, en secondaire IV au Québec, dans le cours de sciences économiques. C'est assez simple. Il y a l'offre d'un produit et la demande d'un produit. Quand l'offre d'un produit augmente, les prix baissent et vice-versa. Pour ce qui est de la demande, si elle baisse, évidemment le prix montera. Si la demande monte, les prix baisseront. Non, c'est l'inverse. Enfin, on aura compris.
Là où je veux en venir, c'est que les pétrolières ont très bien compris cette loi économique. La preuve en est que, alors que partout en Amérique et dans le monde la demande de pétrole augmente, on voit les pétrolières fermer des raffineries aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Elles font évidemment cela pour diminuer l'offre et faire augmenter les prix et, par le fait même, faire augmenter les profits. Elles ont bien compris cela. Au moment d'agir sur la demande, cette loi économique de l'offre et de la demande devrait s'appliquer.
Si on met en oeuvre le Protocole de Kyoto, si on diminue notre consommation d'énergie et de pétrole, si on diminue la demande, contrairement à ce que le ministre nous a dit aujourd'hui et à ce que tout le gouvernement nous répète constamment, les prix n'augmenteront pas. Ils ne peuvent pas augmenter si la demande diminue, c'est l'inverse qui se produira.
J'ai été heureux d'entendre le député de confirmer cela il y a à peine quelques minutes quand il nous a dit qu'il croyait finalement que la seule façon de faire baisser le prix était de diminuer la demande de pétrole. J'ai du mal à comprendre comment il peut soutenir un gouvernement qui refuse de respecter le Protocole de Kyoto, dont l'objectif final est de diminuer notre consommation de pétrole et notre dépendance au pétrole. Il y a un problème réel: l'offre est trop basse et la consommation est surtout trop élevée. On se retrouve également face à une situation où il y a manifestement un problème sur le plan de la concurrence.
Encore une fois, il est un peu étonnant de voir les conservateurs mettre des bâtons dans les roues de ceux qui voudraient plus de transparence et plus de concurrence, alors qu'ils devraient être des apôtres des marchés libres et de la pleine et entière concurrence. Cela fait que les compagnies de pétrole engrangent maintenant des marges de profit — au raffinage seulement — de 23 ¢, alors que la plupart des experts disent que si les compagnies faisaient des marges de raffinage de 5 ¢ à 7 ¢, ce serait bien suffisant pour obtenir des profits raisonnables.
Donc, la composante dont on parle aujourd'hui, c'est la question du raffinage. On sait que les détaillants ne réalisent pas des fortunes. Ils n'ont que quelques sous du litre de profit. La compétition est très forte au niveau des détaillants qu'on retrouve parfois à trois ou quatre sur une même intersection.
On sait aussi qu'à l'autre bout, au départ de la production, pour ce qui est du marché du pétrole brut, les prix sont difficilement contrôlables puisqu'il s'agit d'un marché international sur lequel on n'a aucune prise. Par la suite, le pétrole est transporté jusqu'ici. Encore une fois, on a moins de prise à cet égard. Cependant, quand on arrive au raffinage, c'est quelque chose sur laquelle on a une prise.
J'étais étonné aujourd'hui, pendant la période des questions, d'entendre le ministre répondre à nos questions en disant: « Oui, mais vous savez que chez les Américains, la marge de raffinage est rendue à 26 ¢ ». Comment cela peut-il réconforter les consommateurs québécois d'essence et d'huile de savoir que les Américains sont encore plus arnaqués que nous? Cette nouvelle n'est pas particulièrement bonne, mais cette réponse n'est évidemment pas satisfaisante. Il faut aller plus loin. Soyons sérieux. Donc, c'est 23 ¢ sur une partie du prix de l'essence. Il y a les taxes qui s'appliquent, le brut, le transport, la marge du détaillant, mais le problème se situe au niveau de la marge de raffinage.
On se retrouve au Canada dans une situation de quasi-monopole au niveau du raffinage. Par exemple, dans l'ensemble du Canada — ma collègue en a parlé plus tôt — il y a six joueurs. Déjà, ce n'est pas beaucoup quand on pense qu'il y a seulement six joueurs qui contrôlent un marché. Cependant, si on prend la situation localement, on s'aperçoit que tout le pétrole qui est distribué dans les provinces de l'Atlantique est raffiné par la même compagnie. À Montréal, il y en a deux. En Ontario, il y en a aussi un certain nombre.
On s'aperçoit que lorsqu'on prend les marchés localement, il y a souvent très peu de joueurs, voire un seul joueur, et les compagnies de pétrole s'entendent tellement bien entre elles qu'elles se vendent du pétrole selon leur emplacement géographique. Il me semble évident que la motion qu'on présente aujourd'hui devant la Chambre mentionne le strict minimum qu'on peut faire pour augmenter la concurrence.
Que craint le gouvernement dans cette motion? On demande de donner un plus grand pouvoir d'enquête au commissaire de la concurrence. Par le passé, des rapports du commissaire de la concurrence mentionnaient qu'il n'avait pas le pouvoir d'enquêter sur cette question. D'une part, il ne peut pas lui-même initier ses propres enquêtes. D'autre part, il n'a pas le pouvoir de forcer les gens à comparaître, ni leur assurer une protection, ni forcer la production de documents. Finalement, il n'a pas les pouvoirs nécessaires pour faire ce genre de travail.
Les conservateurs nous disent: « Oui, mais il n'y a pas de problèmes ». Alors, s'il n'y a pas de problèmes, s'il n'y a pas de collusion, s'il n'y a pas de situation de quasi-monopole, pourquoi le gouvernement s'opposerait-il à notre motion? Notre motion donnerait plus de pouvoir au commissaire de la concurrence qui pourrait s'en prévaloir correctement. Donc, si après avoir fait des enquêtes, il arrive à la conclusion que tout va bien — ce dont je doute et ce dont doutent également la majorité des automobilistes du Canada —, ce sera réglé.
En réalité, si les conservateurs s'objectent à cette motion, c'est parce qu'ils se doutent bien qu'il y a un problème. Ils se doutent bien que si le commissaire enquêtait et avait tous les pouvoirs pour le faire, il apporterait sur la place publique une situation qui serait loin d'être rose et nullement à l'avantage des consommateurs.
La solution à court terme, évidemment, c'est non seulement d'adopter cette motion en cette Chambre, mais que le gouvernement la mette en oeuvre et donne plus de pouvoir au Bureau de la concurrence, et ce, à court terme. Par ailleurs, à moyen et à long terme, il faudra atteindre les objectifs de Kyoto et même les dépasser pour diminuer notre consommation de pétrole et, ce faisant, en diminuant la demande, diminuer la pression sur les prix.
:
Monsieur le Président, j'aimerais saluer le député qui vient de prendre la parole.
[Traduction]
J'allais formuler mes remarques dans le cadre d'un recours au Règlement. Je veux que le député de comprenne que, demain matin, ses électeurs vont subir une autre augmentation du prix de l'essence, qui va grimper de 0,7 ¢ le litre. J'étais tout à fait disposé à débattre de cette question dans sa circonscription à n'importe quel moment, et à en discuter avec lui dans une station de radio, s'il le souhaite, comme je l'ai fait dans le passé.
Je sais qu'un certain nombre de compagnies, comme Challenger Motor Freight Inc., sont venues témoigner devant notre comité. Celles-ci vont être durement touchées par l'incapacité du gouvernement à décider dès maintenant de s'occuper du besoin fondamental de modifier la Loi sur la concurrence, ce qui est précisément ce que le député du Bloc québécois propose.
Demain, les gens de sa collectivité vont subir une augmentation de 0,2 ¢ le litre, parce que le prix de gros vient tout juste d'augmenter de deux dixièmes de cent, ce qui, encore une fois, nous place dans une situation telle que le prix chez nous est 3 ¢ plus élevé que le prix de gros aux États-Unis.
[Français]
J'aimerais souligner au député qu'il y a seulement deux raffineurs qui existent maintenant à Montréal, et que tous deux sont contrôlés par des sociétés dont les prix respectifs ne sont aucunement différents.
[Traduction]
Je tiens à dire très clairement, pour le bénéfice du député, qu'il n'y a absolument aucune différence dans le prix de gros. À 16 heures, les chefs de file, Ultramar et Petro-Canada, fixent leurs prix. Ces prix sont identiques. Ce n'est pas un exemple de concurrence.
Aux États-Unis, il existe plusieurs points d'écart entre les prix fixés par les compagnies. Il y a habituellement une différence de 5 ¢ à 10 ¢ le gallon. Au Canada, les prix sont identiques. Il n'y a plus de raffinerie à Toronto, et nous sommes maintenant au bord d'une crise qui nuit à toute l'économie.
[Français]
Serait-il possible que le député dise spécifiquement quelles sont les domaines de la concurrence dans lesquels il voudrait que la commissaire de la concurrence fasse une étude?
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole au sujet de cette motion d'opposition tendant à mettre sur pied un plan important pour stabiliser, dans l'intérêt des consommateurs, le coût d'un produit qui, bien évidemment, est commercialisé partout dans le monde. Très peu de pétrole brut est raffiné au Canada et il semble que le prix de celui-ci fluctue à la vitesse de l'éclair.
Nous entendons constamment les mêmes plaintes. Les précédents gouvernements, avec leur politique du laissez-faire, n'ont pris aucune mesure. On s'attendrait à plus de ce gouvernement et, compte tenu du fait qu'il est minoritaire, on s'attendrait à ce que la majorité à la Chambre puisse faire une différence.
Plus tôt aujourd'hui, j'ai parlé à des journalistes de l'écart de prospérité dans le Nord, attribuable au coût élevé de la vie, qui touche les familles de travailleurs. Le coût élevé de l'essence et de l'énergie est seulement un des facteurs qui contribuent au coût élevé de la vie auquel les habitants du Nord sont confrontés régulièrement.
Il y a un peu plus de deux semaines, je suis retourné dans ma ville natale de Fort Smith, la collectivité la plus méridionale des Territoires du Nord-Ouest. Elle a un excellent réseau routier et le prix de l'essence était de 1,20 $ le litre. J'ai reçu un appel de ma fille hier soir, elle est outrée parce que le prix à la pompe a grimpé à 1,31 $ le litre. Dans cette collectivité, située à quelque 800 milles de la raffinerie de Strathcona, en Alberta, le prix de l'essence a augmenté plus qu'ailleurs.
Cela en dit long sur les offices de surveillance des produits pétroliers. Il est essentiel que le Canada dispose d'un organisme qui se penche sur le prix de l'essence non seulement dans les grandes villes, mais aussi dans les petites collectivités d'un océan à l'autre, dans le Nord et dans les régions rurales, les collectivités qui disposent d'un ou deux postes d'essence, et non d'un grand nombre de postes qui se font concurrence.
Le prix de l'essence monte de 5 ¢ à Edmonton, et rien n'a changé à Fort Smith. Le coût du transport de l'essence n'a pas changé. Le salaire des préposés aux postes d'essence n'a pas changé. Pourtant, à Fort Smith, le prix de l'essence augmente deux fois plus qu'à Edmonton. Quelles que soient les circonstances, c'est intolérable.
Les gens s'attendent à ce que l'établissement des prix des produits offerts au public se fonde sur certains critères. Au Parlement, nous devrions certainement songer à des façons de protéger les consommateurs à tous les niveaux de la société. Je compte qu'un organisme de surveillance du prix des produits pétroliers aurait l'occasion d'examiner non seulement la situation dans l'ensemble du pays, mais encore dans ses diverses régions.
Les habitants du Nord veulent que le prix de l'essence soit plus bas, et je suppose que c'est ce que veulent aussi tous les Canadiens. Le NPD soutient les efforts visant à ce que les fluctuations quotidiennes du prix de l'essence ne soient pas attribuables à une conspiration et qu'elles soient le reflet du coût réel du produit.
Tous reconnaissent au pays que le pétrole est un produit de base mondial et que sa valeur peut fluctuer, ce qui se répercute sur le prix de détail. Nous acceptons tous cela. Nous acceptons tous aussi le geste délibéré du gouvernement de veiller à ce que nous réduisions les émissions de gaz à effet de serre par l'établissement d'objectifs fermes au cours des quelques années à venir.
Fait à remarquer, dans un sondage réalisé en Alberta, 70 p. 100 des Albertains se sont dits en faveur d'objectifs fermes en matière de réduction des émissions. Cela est tout à l'éloge des Albertains, qui comprennent l'industrie et les énormes problèmes avec lesquels elle sera aux prises dans l'avenir, mais ils n'ont pas lancé la serviette. Les Albertains ne sont pas comme ça. Ils ne se tiennent pas pour battus. Ils reconnaissent les problèmes et font ce qu'il faut pour les résoudre, je l'espère. Les leaders albertains sont à la remorque de la population de l'Alberta.
Le prix élevé de l'essence est un symptôme d'un malaise bien plus profond. Celui-ci deviendra de plus en plus apparent au Canada avec le temps. En fait, pour résoudre le problème plus grave, nous avons besoin d'une stratégie énergétique nationale dans notre pays. Nous devons examiner ce que nous faisons avec l'énergie de façon générale. Nous ne parviendrons pas à atteindre les objectifs de Kyoto sans une telle stratégie, et nous ne réussirons certainement pas à maîtriser le prix de l'essence et l'économie tant que nous n'aurons pas une stratégie énergétique nationale à laquelle adhéreront toutes les provinces et tous les territoires.
Récemment, les Ontariens ont vu le prix de l'essence augmenter parce qu'un incendie a endommagé une partie d'une raffinerie. Qu'un incendie dans une raffinerie entraîne une pénurie d'essence et une hausse du prix est la preuve que le système d'approvisionnement des consommateurs en carburant est insuffisant. Il n'y a pas de capacité excédentaire, et la probabilité que l'on puisse disposer d'une capacité additionnelle est limitée.
Nous devons faire le choix de la conservation. Toute stratégie nationale de l'énergie devrait aujourd'hui et à l'avenir avoir la conservation comme objectif premier.
Le gouvernement a proposé quelques solutions concernant les changements climatiques, notamment le recours aux carburants renouvelables. Il y aura un investissement de 2,2 milliards de dollars sur sept ans dans les carburants renouvelables. C'est formidable pour les agriculteurs et pour le secteur agricole, mais ce n'est pas formidable dans l'optique de la conservation. Les carburants renouvelables ne font pas partie du cycle de la conservation. Ils font partie du cycle de la demande. Ils ne font que perpétuer la demande.
Nous nous dirigerions bien davantage vers la conservation en investissant 2,2 milliards de dollars dans les pratiques de conservation, comme la réduction de l'utilisation de l'automobile, l'augmentation de l'utilisation du transport en commun ainsi que la refonte de notre approche relativement au transport des biens et des personnes au pays.
En fait, on est loin d'être certain que les carburants renouvelables pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre ou réduire le smog dans les villes, par exemple. Cette partie de la plateforme conservatrice n'est pas vraiment une stratégie de conservation, bien qu'elle puisse être intéressante et utile à certains égards. Il reste encore à voir s'il s'agit d'un moyen efficace pour réduire la pollution de l'air ou les émissions de gaz à effet de serre.
L'économie du pays continue d'être axée sur la consommation, et ça ne fonctionnera pas. Nous savons que le monde est en train d'épuiser ses réserves de pétrole. Nous savons que la situation actuelle ne pourra pas perdurer, en ce qui a trait au pétrole. En suivant la courbe des coûts, on se rend compte que nous approchons rapidement du point où le coût du pétrole va dépasser largement le coût des nombreuses solutions de rechange qui s'offrent à nous.
Que faire dans tout cela? Si nous continuons dans la voie tracée par les libéraux il y a 13 ans, c'est-à-dire avec un système de laisser-faire, où l'industrie décide de la production énergétique du pays et de l'évolution future à cet égard, nous allons nous retrouver dans des situations comme celle que nous vivons aujourd'hui.
Je vais prendre le gaz naturel comme exemple. Il était très intéressant d'entendre, l'autre jour au Comité des ressources naturelles, que le président de l'Association canadienne du gaz a admis que, d'ici 2015, le gaz naturel liquéfié constituerait 20 p. 100 de notre approvisionnement. Cette personne représente ceux qui vendent du gaz naturel par l'intermédiaire du réseau de distribution. Il n'essaie pas de faire peur aux clients. Il constate avec réalisme la situation à laquelle ont mené les politiques de laissez-faire des 13 dernières années.
La dimension du gazoduc d'Alliance a modifié de façon permanente notre capacité d'approvisionner notre marché en gaz naturel et ce gazoduc a rendu pratiquement rendu impossible toute expansion dans le secteur pétro-chimique en acheminant le gaz brut à Chicago.
Ce sont là des décisions qui ont été prises concernant l'avenir du pays en l'absence de toute stratégie solide et sans savoir quelles répercussions elles auraient à l'avenir.
Quand je pense que nous pourrions continuer d'accepter que cette industrie prenne les décisions pour nous en matière d'énergie, je songe au gazoduc du Mackenzie en ce moment. Ce projet connaît beaucoup de difficultés. C'est un projet de 16 milliards de dollars. Imperial Oil estime qu'il coûte trop cher et il semble que la société devra se tourner vers le gaz naturel liquéfié pour l'approvisionnement. Chose intéressante, Exxon, la société mère, est très active dans le secteur du gaz naturel liquéfié au Qatar. Nous voyons une situation où l'une de ces multinationales a deux intérêts conflictuels en ce qui a trait à l'approvisionnement en énergie au Canada. Quelle est notre position, à nous les Canadiens, sans avoir notre mot à dire, sans orientation? Nous allons simplement laisser les choses suivre leur cours.
Tous les autres pays exportateurs d'énergie ont adopté une approche plus nationaliste que le Canada. Tous ces autres pays qui forment le groupe des superpuissances énergétiques de la planète, selon l'expression du , ont pris le contrôle de leurs ressources. On a vu récemment le Venezuela prendre le contrôle absolu de son pétrole.
La stratégie énergétique nationale renferme des mesures de conservation et de développement de l'énergie renouvelable. Le a beaucoup parlé de toute la production d'énergie renouvelable promise par le gouvernement. Quatre mille mégawatts peuvent sembler beaucoup, mais ce n'est pas le cas.
Selon l'Association canadienne de l'énergie éolienne, 100 000 mégawatts sont disponibles et peuvent être acheminés par le réseau de distribution actuel. Cette énergie est renouvelable. Il y a les ressources hydroélectriques et la possibilité d'utiliser beaucoup plus l'énergie solaire. Nous avons une grande disponibilité d'énergie solaire.
Pour ce qui est de la biomasse, le secteur forestier est en crise depuis que nos produits ont perdu de leur valeur. Les insectes et les effets des changements climatiques déciment nos forêts. Nous avons besoin d'un programme dynamique pour l'exploitation de nos forêts. Nous devons exploiter davantage la biomasse.
À cet égard, nous pourrions avoir un réseau de distribution est-ouest. Il est nécessaire de relier les régions de notre pays de manière à maximiser les efforts de production d'énergie renouvelable. Les provinces ne sauraient faire cavalier seul comme c'est le cas maintenant au chapitre de l'énergie. Nous avons besoin d'une stratégie nationale. Nous devons aller de l'avant.
Nous pouvons nous asseoir dans cet endroit et parler de la réduction des émissions de gaz à effet de serre pendant quatre ans, ou même dix ans, mais nous n'aurons pas atteint les objectifs fixés dans dix, quinze ou vingt ans si nous n'avons pas une stratégie énergétique nationale qui nous incite à modifier nos habitudes de consommation d'énergie.
J'aime l'idée de créer un office de surveillance du secteur pétrolier et de confier au Bureau de la concurrence le rôle de veiller à ce que cet office obtienne la confiance des Canadiens. Toutefois, ce n'est qu'un élément parmi d'autres. Nous devons examiner cette idée de façon plus approfondie. Nous devons avoir une vision élargie de la filière énergétique du Canada. Seul le Parlement est à même de jouer ce rôle. Y renoncer serait renoncer à l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants.