Que, de l’avis de la Chambre, à compter du 22 avril (Jour de la Terre) prochain:
a) tous les pesticides réglementés en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires soient frappés d'interdiction (i) à l’intérieur d’une maison d’habitation, (ii) sur un terrain où est située une maison d’habitation, (iii) dans tout lieu situé dans un rayon de cent mètres d’un terrain visé à l’alinéa (ii), (iv) à l’intérieur de tout hôpital, école, bureau ou bâtiment semblable dans lequel des membres du public demeurent habituellement pendant plus d’une journée ou travaillent habituellement, ou (v) sur tout terrain privé ou public -- notamment les parcs et les terrains de sport -- qu’utilisent habituellement les membres du public en tant que visiteurs ou titulaires d’un permis ou autre autorisation, à des fins récréatives ou de divertissement;
b) cette interdiction ne s’applique pas aux bâtiments servant à l’élevage d’animaux, la culture de végétaux ou l’entreposage, la transformation, l’emballage ou la distribution de végétaux ou d’animaux ou de produits qui en sont principalement dérivés, ni au voisinage immédiat de ces bâtiments;
c) cette interdiction ne s’applique pas aux produits antiparasitaires utilisés dans des locaux fermés: pour purifier l’eau destinée à des êtres humains ou des animaux; pour contrôler ou détruire ce qui pose un risque pour la santé; pour contrôler ou détruire un parasite ayant causé une infestation; aux fins de l’agriculture commerciale; comme produit de préservation du bois; comme insectifuge à usage personnel;
d) si d’autres exemptions à cette interdiction des pesticides sont demandées, il incombera au fabricant de prouver, sur la base de preuves scientifiques et médicales, l’innocuité de son produit et de démontrer à la satisfaction du ministre de la Santé et du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes qu’une exemption est justifiée.
— Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m'est accordé aujourd'hui avec la députée de Victoria.
[Traduction]
J'interviens au nom de tous les néo-démocrates pour parler de notre motion visant à interdire l'utilisation des pesticides à des fins esthétiques dans les maisons d'habitation et dans les espaces publics, une motion que je suis heureux d'avoir fait inscrire à mon nom.
Ce faisant, je voudrais reconnaître le travail important effectué dans ce dossier par nos députés de Winnipeg-Centre, Skeena—Bulkley Valley et Victoria.
Il n'y a que cinq pays dans le monde qui utilisent plus de pesticides par habitant que le Canada. C'est une pratique qui nuit à notre environnement et à la santé même des Canadiens et c'est pourquoi les néo-démocrates demandent aux parlementaires de tous les partis d'appuyer la motion, afin que nous puissions ensemble faire avancer les choses dans ce dossier.
Dans les arrière-cours, dans les cours d'école, dans les parcs, dans les jardins et dans les espaces verts de tout le pays, on utilise un mélange toxique de produits chimiques cancérigènes pour lutter contre les mauvaises herbes et les insectes ravageurs. Ces produits sont très efficaces pour garder verts nos pelouses et nos espaces publics, mais ils sont loin d'être écologiques. Il est question de pesticides qui, dans bien des cas, peuvent avoir des incidences sur la santé des gens, pas simplement à court terme, mais des décennies plus tard, sous la forme de dommages au système immunitaire, d'atteintes au système de reproduction, d'anomalies squelettiques, de lésions cutanées et de cancer.
Comme la Société canadienne du cancer l'a déclaré:
Comme l'utilisation de pesticides à des fins ornementales ne procure aucun avantage compensatoire pour la santé et peut éventuellement s'avérer nocive, nous réclamons que soit interdite l'utilisation de pesticides sur les pelouses et dans les jardins.
Pourquoi le gouvernement fédéral continue-t-il de permettre l'utilisation de ces pesticides cancérigènes? Ces produits chimiques s'infiltrent dans nos sols et dans l'eau que nous buvons et ils sont absorbés par nos maisons, ce qui nuit à notre santé et entraîne parfois la mort de nos enfants.
Pas plus tard qu'hier, un incendie s'est déclaré dans un entrepôt près du village de Debden, en Saskatchewan. L'incendie a brûlé des pesticides et menacé la santé de centaines d'écoliers. Cet exemple très grave montre non seulement l'importance d'entreposer de façon sûre les pesticides, mais la menace que ces produits chimiques peuvent constituer.
[Français]
Depuis longtemps maintenant, nous savons que les pesticides ont des effets sérieux et nuisibles à long terme. Ce sont nos jeunes citoyens et citoyennes, nos enfants, qui en subissent les conséquences terribles. Malgré ces preuves qui s'accumulent, l'éventail de produits chimiques nuisibles — et facilement accessibles — continue de s'accroître.
Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral n'a pas pris de mesures afin de régler les pesticides cosmétiques, même si leurs effets nuisibles et sérieux sur les Canadiens et les Canadiennes sont incontestables. Il est temps que cela change.
[Traduction]
L'inertie des gouvernements passés menace de plus en plus de Canadiens. Nous avons les données scientifiques. On a gaspillé assez de temps. Il nous incombe en tant que parlementaires de faire ce qui s'impose pour nos collectivités et les familles que nous représentons, les gens qui comptent sur nous pour être leurs voix dans cette enceinte. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour interdire l'utilisation à des fins esthétiques de ces pesticides inutiles, et c'est pourquoi les néo-démocrates proposent cette motion.
C'est la raison pour laquelle nous demandons que les fabricants de pesticides prouvent que leurs produits sont sûrs avant qu'ils puissent être vendus aux Canadiens. Le gouvernement surveille et réglemente l'utilisation de médicaments et il devrait en faire autant dans le cas des pesticides.
En renversant le fardeau de la preuve, et en prévoyant un contrôle scientifique et gouvernemental approprié, nous nous rapprocherons au Canada d'un environnement plus écologique et plus sain pour nos enfants et nos petits-enfants.
[Français]
Notre environnement subit les effets réels et sévères de nos actions. C'est l'enjeu principal de notre pays.
Il est évident que l'environnement ne fait pas partie des cinq priorités du premier ministre. Tandis que l'ancien gouvernement libéral a adopté une approche qui favorisait les communiqués de presse aux dépens des politiques, les conservateurs ont adopté une approche selon laquelle « on annule, puis on va voir ».
Ils coupent des programmes et n'ont aucun plan pour les remplacer avec quelque chose de plus efficace. Il nous faut combler ce vide avec des mesures significatives et respecter nos engagements envers nos citoyens et envers le monde entier. Le Canada doit servir de modèle. En interdisant les pesticides cosmétiques, nous ferons un pas dans la bonne direction.
[Traduction]
Aujourd’hui, j’exhorte le premier ministre, les ministériels et tous les députés à appuyer cette motion pour la santé de nos enfants et de tous nos concitoyens.
Quand le gouvernement fédéral ne fait rien, comme c’est si souvent le cas, de Vancouver à Toronto et de Montréal à Halifax, les Canadiens prennent les devants et c’est ainsi qu’aux quatre coins du pays, plus d’une centaine de municipalités, grandes et petites, ont déjà adopté des mesures concernant l’utilisation de ces substances mortelles.
[Français]
Malgré une opposition farouche, ma propre ville natale, soit Hudson au Québec, a introduit la toute première interdiction semblable au pays.
Cette interdiction a résisté aux critiques et aux contestations devant les tribunaux. Elle était avant-gardiste. Nous devrions suivre l'exemple de Hudson et de toutes les communautés semblables, là où les citoyens ont réclamé leur droit de vivre sans pesticides carcinogènes. Leur action est une source d'inspiration pour nous tous. Il faut que tous les députés agissent en bons citoyens en adoptant cette motion aujourd'hui.
[Traduction]
Même la Cour suprême s’est intéressée à l’affaire impliquant la ville de Hudson et a jugé que le principe de précaution est un facteur important qui devrait faire partie du processus décisionnel de tous les législateurs de tous niveaux. La Fédération canadienne des municipalités, que j’ai eu l’honneur de présider à un moment donné, est intervenue en faveur de la ville, mise en cause par un groupe de femmes de Hudson qui craignaient pour la santé de leurs enfants et qui ont lancé une pétition il y a une quinzaine d’années.
Dans les collectivités où des interdictions sont en vigueur, les jardins continuent de fleurir, les espaces verts resplendissent toujours, les paysagistes et les spécialistes du contrôle des mauvaises herbes ont trouvé d’autres solutions aux pesticides et créé des emplois. Il n’en résulte pas seulement des jardins luxuriants en apparence, mais aussi des endroits agréables où les plantes peuvent pousser, les enfants peuvent jouer et les familles peuvent apprécier la nature sans être exposés à des effets toxiques.
Bien sûr, des députés soutiendront aujourd’hui que cela suffit, qu’il est préférable de laisser les Canadiens s’organiser dans leurs collectivités pour faire face à ce problème redoutable, mais ils auront tort. Les collectivités ne sont pas toutes capables d’adopter les mesures que certaines ont prises, alors que tous les Canadiens méritent de vivre sans être menacés par l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques. La santé des Canadiens doit passer en premier. Il est temps que le gouvernement fédéral, en fait que les députés agissent pour protéger les Canadiens contre l’exposition aux pesticides que nous savons nuisibles pour la santé de nos concitoyens plus vulnérables.
Comme l’a dit Margaret Sanborn, de l’Université McMaster: « Les pesticides sont mis au point pour tuer quelque chose et cela devrait être une source d’inquiétude ».
Or, ces pesticides tuent nos enfants.
La motion que nous proposons aujourd’hui ne révolutionnera pas la pratique mais sa mise en pratique pourrait bien révolutionner l’impact des toxines et des cancérogènes contenus dans les pesticides sur la santé des Canadiens, en particulier, les enfants et les femmes enceintes.
C’est un excellent premier pas que pourrait franchir le gouvernement fédéral pour protéger tous les Canadiens contre les produits chimiques associés au cancer, aux malformations congénitales et à diverses maladies. C’est une mesure que nous pouvons prendre aujourd’hui pour aider à purifier notre environnement de demain.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse d'appuyer cette motion et de prendre la parole aujourd'hui relativement à ce dossier qui est d'une grande importance pour les Canadiens et les Canadiennes.
Le Comité permanent de l'environnement et du développement durable a recommandé, il y a déjà six ans, que le gouvernement fédéral accorde la priorité absolue à la protection de la santé humaine et de l'environnement, en inscrivant le principe de la prudence dans ses décisions en matière de lutte antiparasitaire.
Comme dans bien d'autres domaines, les libéraux n'ont rien fait. Il est donc grand temps que ce gouvernement fédéral agisse dans l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes, et non pas dans celui des compagnies de produits chimiques.
Les Canadiens et les Canadiennes s'attendent à ce que le gouvernement agisse dans leur intérêt pour réduire la présence des pesticides dans l'environnement. Depuis bon nombre d'années, beaucoup de communautés de partout au Canada explorent les moyens d'encourager des choix de produits à moins grand risque et de réduire l'usage des pesticides à des fins cosmétiques, c'est-à-dire l'usage des produits qui ne sont pas nécessaires pour protéger la santé.
Ayant été conseillère municipale au cours des années précédentes, je connais bien les efforts de plusieurs de ces municipalités et de ces villes. Il y a six ans, par exemple, les gens de Victoria, ville que l'on surnomme la « ville des jardins », ont démarré une campagne en faveur d'un règlement contre les pesticides. Ils se sont organisés, ont fait de la recherche, ont fait venir des scientifiques et ont démontré en grande majorité à leur conseil municipal que les pesticides n'étaient pas nécessaires pour avoir de beaux jardins et de belles pelouses. Ainsi, il y a maintenant là un processus en branle qui va restreindre l'usage des pesticides, comme il en existe dans bien d'autres villes au Canada.
La province de Québec a également pris des mesures pour réduire l'usage de certains pesticides, afin de protéger la santé des Québécois et des Québécoises ainsi que l'environnement.
Tous les Canadiens ont droit à ce genre de protection. Ils ont droit à une protection équitable et à un environnement moins toxique. Les gouvernements municipaux et certains gouvernements provinciaux ont dû prendre des mesures pour colmater la brèche créée par l'absence du gouvernement fédéral dans cet enjeu important.
La commissaire à l'environnement et au développement durable, Mme Gélinas, a publié une critique cinglante de la gestion des pesticides par le gouvernement fédéral. Elle dit:
[...] le gouvernement fédéral ne gère pas les pesticides dfficace [...] le gouverne'une manière ement fédéral ne peut toujours pas garantir que les anciens pesticides utilisés aujourd'hui sont sécuritaires [...]
Elle ajoute que le public s'inquiète des dangers des pesticides, et qu'à la suite de sa vérification, elle s'inquiète aussi.
Selon sa vérification, le gouvernement fédéral, par exemple, ne s'assure pas de façon adéquate que plusieurs pesticides utilisés au Canada respectent les normes actuelles visant à protéger la santé humaine et la qualité de l'environnement. Elle a décelé de sérieuses lacunes dans la réglementation et l'évaluation d'un nouveau produit antiparasitaire. De plus, elle révèle que plusieurs produits sont approuvés de façon inadéquate.
Elle note aussi que les méthodes d'évaluation des produits ne sont pas à jour, que la réévaluation des pesticides anciens, abondamment utilisés d'ailleurs, se fait très lentement au Canada.
Elle dit aussi:
Il est probable que certains pesticides vendus sur le marché mais qui n'ont pas encore été réévalués ne respecteront pas non plus les normes actuelles.
L'inaction du gouvernement fédéral dans ce dossier est déplorable.
[Traduction]
Les motifs qui sous-tendent cette motion et la nécessité de prendre des mesures sont clairs. L'Ontario College of Family Physicians a établi qu'il y avait un lien entre l'exposition aux pesticides et le cancer du cerveau, de la prostate, des reins et du pancréas, le lymphome non hodgkinien, la leucémie, les troubles du système nerveux, les anomalies congénitales et d'autres anomalies du développement. Les médecins sont clairs: il faut éviter, dans la mesure du possible, toute exposition aux pesticides.
J'aimerais lire à la Chambre, qui est largement dominée par l'élément masculin, une citation du Dr Paul Claman, directeur de la clinique de médecine reproductive de l'Université d'Ottawa, qui a dit ceci: « Des preuves scientifiques établissent un lien entre les pesticides de jardin et la diminution de la fertilité chez les hommes. » Je laisse les nombreux hommes ici présents réfléchir à ces propos.
Cette année, près de 70 000 Canadiens mourront de cancer et 149 000 autres recevront un diagnostic de cancer. On dépense des centaines de millions de dollars pour trouver un traitement, mais pourtant le gouvernement hésite devant une simple mesure préventive.
Certains députés diront qu'ils doutent des fondements scientifiques, que la science n'est pas une vérité absolue. Ils citeront des études qui soulèvent des doutes sur le lien entre les pesticides et le cancer, les anomalies congénitales et d'autres troubles de la santé. Évidemment, la science est rarement absolue. Par contre, certaines données scientifiques sur les pesticides sont irréfutables. En grandes quantités, ce sont des poisons. Là où les données varient, c'est en ce qui a trait aux doses sûres. Il n'y a aucune preuve scientifique qu'il existe une dose sûre.
La motion dont nous sommes saisis renverse la vapeur en faveur de la santé des Canadiens et de l'environnement en exigeant des preuves scientifiques et médicales, présentées au grand jour et non à huis clos, de l'innocuité d'un produit chimique. C'est une mesure de précaution à prendre lorsqu'il y a des raisons de croire qu'un produit peut être nocif. Nous ne le faisons pas assez. Nous devons prévenir les problèmes de santé avant qu'ils se produisent. Ce n'est pas seulement une mesure de précaution, c'est le gros bon sens.
L'argument le plus convaincant est que tout cela est totalement superflu. Des solutions de remplacement simples et peu coûteuses existent déjà. La Société canadienne d'hypothèques et de logement recommande de semer différentes variétés de gazon au lieu d'avoir une pelouse uniforme, ce qui permet aux propriétaires d'éviter d'utiliser des pesticides, de consommer moins d'eau et moins d'essence et de consacrer moins de temps et moins d'argent à l'entretien de leur pelouse.
Si les députés veulent des preuves, ils n'ont qu'à sortir et à aller observer la pelouse devant le Parlement, qui est entretenue sans pesticides. Ils peuvent aller se promener du côté de Rideau Hall, où les immenses pelouses et jardins de la gouverneure générale sont entretenus sans aucun danger pour sa fille et les innombrables visiteurs.
Utiliser des pesticides à des fins esthétiques est comme traiter un rhume avec de la chimiothérapie. Ça échappe à tout raisonnement. Pourquoi prendre de tels risques superflus avec la santé de nos enfants?
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Northumberland—Quinte West.
Premièrement, je tiens à remercier le chef du Nouveau Parti démocratique d'avoir soulevé l'important dossier de la gestion de la lutte antiparasitaire. Comme lui, je me préoccupe vivement de la santé des Canadiens, principalement de ceux qui sont les plus vulnérables, à savoir les enfants, les aînés et les malades, bref ceux qui risquent le plus de subir les conséquences des produits dangereux.
La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui semble fondée sur la crainte que les pesticides soient foncièrement dangereux. Les pesticides peuvent être dangereux, voilà pourquoi ils doivent faire l'objet d'une réglementation rigoureuse. Grâce aux vaillants efforts de Santé Canada, seuls les pesticides qui, après un examen scientifique, ne présentent aucun problème pour la santé des gens, des animaux et de l'environnement peuvent être vendus et utilisés au Canada.
Mes collègues parleront sous peu de Santé Canada, de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, de la nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires et de l'emphase que le gouvernement met sur la santé et la sécurité. Dans le temps de parole qui m'est accordé aujourd'hui, j'approfondirai certains de ces points.
Je voudrais d’abord parler du contexte. Il vaut la peine parfois de rappeler des évidences. C’est ce que je ferai aujourd’hui en soulignant que l’ARLA, ou Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, fait partie de Santé Canada. Elle relève du portefeuille de l’honorable ministre de la Santé, et non d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui était chargé de la réglementation des produits antiparasitaires avant 1995. Les secteurs de l’agriculture et des forêts s’intéressent évidemment beaucoup à ces produits. En même temps, il y a des considérations environnementales, économiques et commerciales éminemment importantes.
En définitive, les questions les plus importantes qui se posent sont celles qui concernent la santé humaine. Est-ce que les produits antiparasitaires font courir des risques inacceptables aux Canadiens, et particulièrement aux enfants et à d’autres groupes vulnérables? Si oui, ces produits ne peuvent être ni vendus ni utilisés au Canada. C’est aussi simple que cela.
Bref, l’ARLA ne joue pas aux dés avec la santé et la sécurité des Canadiens. S’il subsiste des doutes, si les conclusions scientifiques sont incertaines, l’Agence optera toujours pour la prudence. Permettez-moi d’ajouter que les produits antiparasitaires autorisés sur le marché canadien peuvent directement contribuer à l’amélioration de la santé humaine. Ils réduisent, par exemple, notre exposition à toute une série de menaces, telles que les insectes, les bactéries, les moisissures et les mauvaises herbes allergènes.
Comment fonctionne l’ARLA? Elle a pour mandat de prévenir les risques inacceptables pour les personnes et l’environnement que peut poser l’utilisation de produits antiparasitaires, qu’ils soient fabriqués au Canada ou importés.
Lorsqu’elle examine des demandes d’homologation de nouveaux produits, l’Agence se fonde sur les connaissances scientifiques les plus récentes acquises au Canada et partout dans le monde. Par conséquent, notre régime de réglementation est réputé, un peu partout, pour sa stricte observation de normes scientifiques rigoureuses et des preuves recueillies en matière de santé et de sécurité.
Lors de l’évaluation d’une demande, les scientifiques de l’Agence analysent de nombreux facteurs, dont l’efficacité du produit en cause, ses effets sur la santé et la mesure dans laquelle il peut s’accumuler dans l’environnement avec le temps. Les produits homologués dont la vente est autorisée doivent porter des étiquettes contenant les avertissements voulus et des instructions pour un emploi sûr.
Je veux cependant souligner que le travail de l’ARLA ne finit pas une fois que la vente d’un produit est autorisée. Bien au contraire, l’Agence se soucie beaucoup du long terme. Elle continue à surveiller les produits après leur mise en marché. Ainsi, si des dangers nouveaux et imprévus sont décelés, l’ARLA peut ordonner les correctifs nécessaires.
En même temps, l’Agence favorise la mise au point et l’utilisation d’autres méthodes innovatrices de lutte antiparasitaire, qui réduisent notre dépendance des produits chimiques. Il est ainsi possible de répondre aux besoins des Canadiens d’aujourd’hui sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire à leurs propres besoins.
Je vais maintenant parler de la nouvele Loi sur les produits antiparasitaires. Même si l'ARLA est déjà efficace, mon gouvernement veut l'améliorer. Nous attendons avec impatience l'entrée en vigueur d'un nouveau cadre législatif et réglementaire sur les pesticides. Cette mesure contribuera à renforcer la capacité de l'agence à protéger la santé des Canadiens et l'environnement.
La nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires rendra notamment obligatoires des mesures de protection spéciales pour les nourrissons et les enfants. Actuellement, les politiques permettent d'atteindre ce niveau élevé de protection. La nouvelle mesure législative préconisera également une vision plus large du domaine des pesticides, qui tiendra compte de l'exposition de la population à toutes les sources possibles, y compris les aliments et l'eau.
Bien d'autres caractéristiques de la nouvelle mesure législative vaudraient la peine d'être mentionnées, notamment une approche qui préconise clairement les produits les moins dangereux. Pour la toute première fois, les Canadiens pourront consulter un registre public qui contiendra des rapports d'évaluation détaillés sur les pesticides vendus au Canada. La nouvelle mesure législative confère à l'ARLA des pouvoirs plus étendus qui s'appliqueront dorénavant aux produits qui sont déjà sur le marché. Par exemple, elle pourra obliger les fabricants de pesticides à déclarer tout effet néfaste de leurs produits et prévoira des mesures sévères contre ceux qui refuseront de se conformer.
Le chef du NPD doit être félicité pour avoir fait part de ses préoccupations relatives à l'utilisation des pesticides. Bien entendu, nous partageons tous ses réserves à l'égard de la surutilisation des produits chimiques qui peuvent être toxiques pour la population et pour notre environnement.
Il ne s'agit pas d'interdire les pesticides. Plutôt que de résoudre des problèmes, cela en créerait de nouveaux. La solution consiste à exercer un contrôle de l'utilisation des pesticides pour pelouses et jardins, de même que d'autres produits chimiques, à faire en sorte que seuls les produits les plus sûrs soient mis sur le marché, à soumettre l'utilisation des pesticides aux règlements les plus sévères et les plus stricts et à maintenir une surveillance à long terme. De cette façon, si de nouveaux risques apparaissent, nous pourrons intervenir et les contrer.
C'est pourquoi nous avons l'ARLA et la Loi sur les produits antiparasitaires. C'est pourquoi nous allons prendre des mesures pour perfectionner même les systèmes de réglementation sévères et efficaces.
Je fais confiance au système. Je crois qu'il est en mesure de protéger la sécurité des Canadiens et cet environnement qui nous tient à coeur. J'appuie donc la motion présentée par le député d'en face.
:
Monsieur le Président, en l'absence d'une gestion adéquate, les plantes et les animaux nuisibles peuvent avoir des conséquences nombreuses et diverses sur notre qualité de vie. Des champignons ou des moisissures peuvent gâcher tout un champ de blé. Les mauvaises herbes peuvent réduire de moitié la productivité du même champ. La tordeuse des bourgeons de l'épinette et le dendroctone du pin ravagent de nombreuses forêts du Canada. Les moustiques peuvent transporter le virus du Nil. Personne ne souhaite avoir des coquerelles dans sa maison ou des punaises dans son lit. Les plantes et les animaux nuisibles peuvent mettre en danger la santé publique et l'environnement et peuvent avoir d'importantes répercussions néfastes sur notre économie si on ne lutte pas efficacement contre leur propagation.
Comme les députés le savent, les pesticides sont des produits conçus pour détruire ces organismes, en limiter l'activité ou enrayer leur propagation. Certains pesticides sont conçus pour un usage domestique, alors qu'un grand nombre d'entre eux sont destinés à un usage commercial ou restreint.
En outre, les pesticides se distinguent de nombreuses autres substances qui pénètrent dans notre environnement. Ce ne sont pas des sous-produits résultant d'autres activités, mais plutôt des produits employés et répandus intentionnellement dans un but bien précis. C'est l'effet biologique de la plupart des pesticides qui les rend utiles pour la société canadienne, mais c'est ce même effet qui nous oblige à en réglementer et en limiter soigneusement l'utilisation.
L'utilisation de pesticides peut présenter des risques. Voilà pourquoi ces produits comptent parmi ceux qui sont vérifiés et réglementés avec le plus de rigueur dans le monde. Au Canada, tous les pesticides sont assujettis à la Loi fédérale sur les produits antiparasitaires. Aux termes de cette loi, tous les pesticides doivent être approuvés et homologués avant qu'on ne puisse les vendre ou les utiliser au Canada.
C'est l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada, l’ARLA, qui est chargée de l'application de cette loi. Pour qu’un produit soit approuvé, il faut que les risques pour la santé et l'environnement et la valeur du produit soient acceptables.
Avant qu’un nouveau pesticide ne soit homologué, il faut réaliser plus de 200 études scientifiques pour voir s'il a des effets préjudiciables sur les êtres humains, les animaux, les oiseaux, les insectes, les plantes, le sol et l'eau.
L'industrie doit réaliser des études détaillées pour vérifier s’il a des effets nocifs sur la santé et voir quels effets peuvent découler d'une exposition intense, à court terme ou chronique. Il faut faire des études pour évaluer les effets préjudiciables à long terme sur la reproduction, le développement et les systèmes endocrinien, nerveux et immunitaire ainsi que les effets toxiques qui peuvent être cancérigènes, par exemple. Tous les modes possibles d’exposition, comme l’ingestion, le contact cutané et l'inhalation sont examinés.
L’ARLA exige et évalue des études spéciales qui portent expressément sur l'exposition dans le cas particulier des bébés et des enfants. Ces études concernent les effets possibles de l'exposition aux pesticides sur la femme enceinte, le foetus et le jeune enfant. Les études consacrées à l'exposition particulière des enfants portent notamment sur l'exposition minime aux résidus présents dans le lait maternel ainsi que dans les fruits et légumes ainsi que sur l'exposition par contact cutané avec des surfaces traitées lorsque l'enfant joue ou se déplace en rampant.
Les scientifiques de l'agence évaluent soigneusement ces études pour s'assurer que le pesticide ne présente aucun danger pour la santé lorsqu'on l'utilise en respectant le mode d'emploi. Des limites maximales de résidus sont définies, si les pesticides sont utilisés dans des cultures vivrières. En imposant ces limites, on s’assure que la consommation d'aliments, pendant la durée d'une vie, ne présente aucun danger pour la santé. Si les données présentées ou toute autre preuve scientifique pertinente, y compris les résultats d'études épidémiologiques, soulèvent des inquiétudes au sujet des produits ou de l’utilisation qui en est proposée, l’homologation est refusée.
Une approche rigoureuse analogue permet de cerner et d’évaluer les risques des pesticides pour l’environnement. Les scientifiques de Santé Canada se prononcent sur l’utilisation de ces produits dans l’environnement et disent s’il est susceptible de contaminer le sol ou les eaux de surface comme les lacs, les rivières et autres cours d’eau. Ils disent aussi quelles espèces peuvent être vulnérables et quelles espèces seront probablement exposées aux produits dans des conditions d’utilisation normales.
Il faudra également effectuer des analyses toxicologiques pour tout un éventail d'espèces sauvages, oiseaux, poissons et mammifères, ainsi que pour des organismes utiles comme des vers de terre. Aucun pesticide dommageable pour l'environnement ne pourra être homologué.
Enfin, un pesticide devra avoir une certaine valeur pour pouvoir être homologué. Il devra être efficace et ne pas nuire à la culture hôte, ou espèce végétale protégée. Les études sur l'efficacité permettent à Santé Canada de s'assurer qu'on ne permet que l'utilisation du taux le plus faible nécessaire, réduisant ainsi au minimum les répercussions tant pour l'humain que pour l'environnement.
En 2001, après avoir effectué une consultation auprès du public, le gouvernement a adopté une nouvelle façon de réévaluer les pesticides mis sur le marché avant 1995 afin de s'assurer qu'ils respectaient les normes modernes. L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada s'est engagée à terminer la réévaluation de ces anciens pesticides d'ici 2009.
La nouvelle méthode de réévaluation a établi un ordre de priorité en tenant compte des pesticides utilisés sur les cultures et de toute préoccupation enregistrée tant au niveau de la santé humaine que de l'environnement. Ces études utilisent au maximum les réévaluations effectuées récemment dans d'autres pays, particulièrement les États-Unis. Cette façon de procéder devrait permettre de terminer rapidement l'étude sur les pesticides plus anciens de façon à mieux protéger l'environnement et la santé des Canadiens.
Il importe de reconnaître que la réglementation des pesticides est une responsabilité que nous partageons avec nos collègues des provinces et des territoires. Dans chaque province ou territoire, une série de mesures législatives rigoureuses encadrent la vente, le transport, l'entreposage, l'utilisation et l'élimination des pesticides homologués. Ces mesures tiennent compte des conditions et des préoccupations propres à la province ou au territoire.
Le Comité fédéral, provincial et territorial sur la lutte antiparasitaire et les pesticides réunit des responsables fédéraux, provinciaux et territoriaux des pesticides, qui échangent de l'information et des connaissances spécialisées. Le comité conseille et oriente les gouvernements en ce qui concerne les politiques, les questions et les programmes liés aux pesticides. Les organismes de réglementation de tous les niveaux collaborent afin d'atteindre un objectif commun, celui de protéger les Canadiens contre les risques que présentent les pesticides.
L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, l'ARLA, de Santé Canada travaille aussi à l'échelle internationale. Elle collabore activement avec d'autres organismes de réglementation des pesticides dans le monde. En vertu de l'ALENA, elle collabore de près avec l'Environmental Protection Agency des États-Unis, organisme chargé de réglementer les pesticides. Parmi les réalisations importantes, notons l'harmonisation des exigences relatives aux données, l'amélioration de l'accessibilité à des produits à faible risque et la création de programmes de sécurité des travailleurs et de programmes de lutte intégrée.
En outre, Santé Canada et l'Environmental Protection Agency des États-Unis utilisent conjointement un mécanisme efficace d'examen scientifique des pesticides. Il s'agit d'un mécanisme officiel assorti de délais précis. Les deux pays se divisent la charge de travail, s'échangent les examens de données et procèdent ensemble à une évaluation des risques avec vérification par des pairs. Le but est d'obtenir des décisions d'homologation harmonisées et simultanées dans les deux pays.
Le Canada, en collaboration avec des partenaires de l'ALENA et des membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques, veille activement à ce que les normes liées aux pesticides tiennent compte des données scientifiques récentes.
Pour finir, j'aimerais rappeler que nous reconnaissons les risques qui peuvent être associés aux pesticides. C'est pourquoi l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire du Canada réglemente de manière stricte les pesticides au Canada. Nous avons pleinement confiance dans notre système de réglementation.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir aujourd'hui pour appuyer la modification de la Loi sur les produits antiparasitaires afin de limiter considérablement les endroits où il est légal d'utiliser des pesticides au Canada.
En fait, lorsque nous avons présenté un projet de loi similaire en 2002, nous avions pour but de protéger la santé et la sécurité humaines, et celles de l'environnement, en réglementant les produits utilisés à des fins antiparasitaires. La Loi sur les produits antiparasitaires visait principalement à prévenir les risques inacceptables que l'environnement faisait peser sur les populations par suite de l'épandage de produits antiparasitaires. Figuraient parmi les objectifs secondaires le soutien du développement durable afin que nous puissions répondre aux besoins d'aujourd'hui sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire aux leurs.
Le projet de loi a été adopté le 13 juin 2002 et il a reçu la sanction royale le 12 décembre 2002. Il a été parrainé par le ministre de la Santé et, dans les faits, il a remplacé une loi vieille de 33 ans votée pour la première fois en 1969. La nouvelle loi régit les produits communément appelés pesticides, mais elle s'applique aussi à un large éventail de produits, dont les insecticides, herbicides, fongicides, algicides, insectifuges, produits de préservation du bois, et ainsi de suite.
L'élaboration de la Loi sur les produits antiparasitaires a nécessité une collaboration avec l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada, les ministères de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, de l'Environnement, de l'Industrie, des Ressources naturelles et des Pêches et des Océans, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, des parties prenantes de ce secteur d'activité, ainsi que de larges consultations avec des organismes de promotion de l'environnement et de la santé.
Les résultats de leurs efforts ont montré comment les Canadiens abordent le développement durable sur les plans de la politique, de la législation et de la réglementation. Le projet de loi protège la santé humaine, la biodiversité, l’air, l’eau et le sol. Il protège et favorise les intérêts de notre secteur agricole pour assurer un approvisionnement sûr et abondant en produits alimentaires à un coût acceptable, de même que la productivité de nos forêts en encourageant la mise au point et l’utilisation de pratiques antiparasitaires modernes et durables.
Le préambule du projet de loi dit que la réglementation des produits antiparasitaires doit se faire dans le cadre d’un système national d’homologation à fondement scientifique, qui tient compte des risques pour la santé humaine et l’environnement aussi bien avant qu’après l’homologation. Un nouveau produit ne peut être homologué que si l’on est raisonnablement certain qu’il ne nuira pas à la santé humaine, aux générations futures et à l’environnement dans les conditions d’utilisation approuvées.
Les modifications proposées renforceraient l’application du principe de précaution qui définit notre interprétation de la certitude raisonnable. Le principe de précaution, qui s’applique à la version actuelle de la Loi sur les produits antiparasitaires, établit que l’absence d’une certitude scientifique absolue ne permet pas de reporter le recours à des mesures économiques destinées à prévenir les effets néfastes pour la santé ainsi que la dégradation de l’environnement.
La science nous offre un ensemble évolutif de paramètres dans le cadre duquel nous prenons des décisions. Il y a des siècles, notre compréhension des sciences nous permettait d’agir, avec une certitude raisonnable, sur la base d’une opinion, selon laquelle, par exemple, on considérait que la terre était plate. Il semble que certains membres du Parti conservateur continuent à tenir ce point de vue quand il s’agit de politique environnementale et d’avoir des idées assez bizarres au sujet du développement durable.
Nous appuyons les modifications qui renforcent cette approche de l’application du principe de précaution. Les modifications améliorent la protection contre l’exposition possible à des contaminants de multiples sources, que ce soient des produits alimentaires, l’eau, une exposition à la maison ou à l’école. En limitant l’usage légal des pesticides à des endroits particuliers, nous protégerions des populations, dont les femmes enceintes, les enfants, les agriculteurs et leur famille, contre les risques cumulatifs qui existeraient autrement.
À cause de leur taille, de leur régime alimentaire et de leurs habitudes de jeu, les enfants sont sûrement plus vulnérables que les adultes aux effets néfastes des produits antiparasitaires. Le projet de loi reconnaît cette vulnérabilité particulière des enfants en préconisant d’appliquer une marge de sécurité de dix fois supérieure lors de l’évaluation des risques d’un produit pour la santé. Dans leur forme actuelle, les modifications étendraient la protection offerte aux membres de la société les plus vulnérables aux effets néfastes.
La Loi sur les produits antiparasitaires interdit l’importation, la vente et l’utilisation des pesticides à moins qu’ils n’aient été homologués par le ministre. Une fois homologués, leur utilisation est soigneusement contrôlée. Le ministre peut refuser l’homologation si les exigences de déclaration n’ont pas été satisfaites.
C’est là une importante protection pour les Canadiens et notre secteur agricole. Elle établit le contexte d’une course à la première place dans notre secteur agricole, de façon à positionner le Canada parmi les chefs de file de la lutte durable contre les parasites.
[Français]
Il est possible d'utiliser des politiques environnementales pour créer une croissance économique et des opportunités économiques. Pour ce faire, il serait important de mettre en place des crédits d'impôt pour attirer le capital et le talent afin de développer la recherche et le développement pour les sciences environnementales et aussi de créer un endroit positif pour la commercialisation de ce type d'environnement technique et technologique.
[Traduction]
Dans une étude sur la position du Canada sur le marché mondial effectuée il y a plus de 20 ans, le professeur Michael Porter de l'Université Harvard affirmait qu'un régime réglementaire ferme visant à protéger l'environnement et la santé était porteur de technologies nouvelles. En fait, lorsque les gouvernements collaborent et obligent les consommateurs et le secteur privé à trouver des solutions plus viables à long terme pour l'environnement, de nouveaux débouchés économiques sont créés.
Nous avons la preuve de l'ingéniosité de nos secteurs agricole et forestier, qui relèvent les défis de la santé et de l'environnement en employant des stratégies de gestion des pesticides avant-gardistes. Ces secteurs ont adopté une approche « à risque réduit » pour lutter contre les parasites. Le secteur agricole collabore avec Agriculture et Agroalimentaire Canada afin de concevoir un éventail de stratégies de lutte antiparasitaire applicables aux cultures prioritaires et à l'utilisation des terres. Certaines de ces stratégies, qui font la renommée du Canada, sont retenues par les chefs de file mondiaux dans le domaine de la gestion durable et intégrée des parasites.
[Français]
Il sera possible pour le Canada d'être un leader mondial dans ce type de technologie environnementale et particulièrement avec les technologies vertes, l'énergie verte et l'énergie propre, par exemple. Il va y avoir beaucoup d'opportunités dans le domaine de l'agriculture, par exemple, pour développer le biodiesel.
[Traduction]
Certaines des stratégies qui ont été conçues par le secteur privé et les secteurs agricole et forestier sont étonnamment simples. Dans les vergers de pommes et de poires, dont les produits occupent une grande place dans l'alimentation des bébés et des enfants, on a maintenant recours à des techniques de confusion, ce qui permet, d'une part, de réduire la quantité de pesticides utilisée, qui est habituellement élevée pour ce type de culture horticole et, d'autre part, de renforcer l'agriculture biologique, qui est l'un des secteurs de l'horticulture qui croît le plus rapidement.
Les producteurs de baies trouvent les produits chimiques inefficaces contre les charançons. Toutefois, en implantant des nématodes parasites au sein de variétés de baies qui tolèrent des températures basses, ils obtiennent de bons résultats et augmentent le rendement de leurs cultures.
Les producteurs de canola et de pommes de terre, qui perdent 20 p. 100 de leur récolte chaque année à cause des mouches des racines et des larves de taupin, ont recours à des parasites fongiques. Du même coup, ils parviennent à réaliser leurs objectifs de réduction des pesticides.
Il existe de nouvelles techniques culturales qui permettent de lutter contre les mauvaises herbes dans les champs d'avoine, de lin et de blé. Ces techniques contribuent à protéger l'habitat des sauvagines et à réduire l'érosion ainsi que les dommages causés au sol et à l'équilibre microbien.
L'épandage des pesticides avant la germination des cultures aide à arrêter la progression des mauvaises herbes, atténue l'impact des produits chimiques sur la santé et l'environnement et réduit la quantité de pesticides utilisée à long terme.
Les grands éleveurs de bovins connaissent le fléau que constitue l'euphorbe ésule, une espèce allogène qui infeste deux millions d'hectares de précieux pâturages naturels et dont la sève est toxique pour le bétail. Le traitement chimique de cette espèce est coûteux et inadéquat, car elle se trouve à proximité des plans d'eau situés dans ces secteurs. Les agriculteurs canadiens recourent à une méthode de contrôle biologique, l'altise de l'euphorbe, afin de réduire les pertes et d'accroître la productivité et l'innovation dans leurs façons de faire.
En modifiant le projet de loi et en élargissant l'application du principe de précaution, la Loi sur les produits antiparasitaires protégera la santé humaine et l'environnement et elle stimulera l'innovation, la productivité et la compétitivité dans les secteurs agricole et forestier.
Il convient de reconnaître que, du point de vue non seulement de la santé et de la sécurité à court terme, mais aussi de l'environnement et de l'économie durables à long terme, les Canadiens comprennent l'importance de ces mesures et de la politique environnementale en générale.
[Français]
Il y a beaucoup d'appuis partout au pays en faveur des mesures environnementales, particulièrement au Québec.
J'aimerais maintenant parler des gaz à effet de serre. Il est évident pour tout le monde que le Canada, comme « multilatéraliste », a la responsabilité de respecter ses engagements envers le Protocole de Kyoto.
De plus, il est évident pour tout le monde que le gouvernement conservateur n'appuie pas les principes de Kyoto.
[Traduction]
Il importe également de reconnaître que notre pays est actuellement aux prises avec un énorme problème de crédibilité.
[Français]
En effet, nous sommes le seul pays au monde qui réduit ses investissements dans le domaine environnemental cette année.
[Traduction]
Être le seul pays au monde à réduire son investissement dans l'environnement cette année, ce n'est pas le genre de club auquel le Canada veut appartenir.
En ce qui concerne Kyoto, notre pays a toujours suscité le respect sur la scène internationale, car il tient ses promesses et respecte ses traités. Il nous incombe de faire davantage. Le gouvernement libéral avait mis en oeuvre un plan qui fonctionnait. Il faut du temps avant qu'un plan donne les résultats nécessaires.
On a souvent dit que, au Canada, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté d'environ 24 p. 100 au cours des 13 dernières années. On remarque également que, pendant cette période, la croissance du PIB s'est située à quelque 45 p. 100, une croissance attribuable en grande partie à quelques-uns des pires émetteurs, les secteurs du pétrole et des combustibles fossiles. Bien que, dans ces secteurs, les technologies évoluent rapidement et considérablement vers la production d'énergie propre à partir de sources traditionnelles, il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
[Français]
C'est pourquoi je pense qu'il sera très important que le Canada travaille de concert avec les autres partenaires internationaux afin de développer des technologies innovatrices qui permettront de réduire les gaz à effet de serre et, par la même occasion, de créer des opportunités économiques. Par exemple, il serait possible que le Canada devienne un leader mondial dans ce domaine et qu'il crée ainsi des opportunités pour que les jeunes Canadiens puissent gagner leur vie. En outre, cela fera une différence dans des industries comme celles de l'énergie verte ou de l'énergie propre, ou des énergies alternatives. Il y aura beaucoup d'opportunités.
À mon avis, ce sera le secteur le plus vigoureux du XXIe siècle. Par conséquent, c'est notre responsabilité en tant que leaders au Canada, et c'est aussi la responsabilité du gouvernement, de jouer un rôle de premier plan dans ce domaine.
[Traduction]
Il est embarrassant de voir maintenant les titres de journaux comme celui que le Star de Toronto a publié ce matin où l’on peut lire que la ministre de l’Environnement « manque de crédibilité; au lieu d’embarrasser le Canada, la ministre de l’Environnement devrait s’abstenir d’assister à la réunion de l’ONU sur les changements climatiques ».
Lorsque 300 organisations non gouvernementales du monde entier demandent, à la réunion, que la ministre renonce à la présidence, ce n’est pas le bon signal à envoyer à la communauté internationale pour montrer que le Canada prend ces questions au sérieux. En fait, les 300 organisations qui ont signé le bulletin ECO ont dit ce qui suit:
Pour éviter des changements climatiques dangereux, il faut que les pays industrialisés comme le Canada donnent l’exemple en réduisant dès maintenant leurs émissions et s’entendent sur des réductions plus importantes pour la deuxième période d’engagement. Si vous pensez, en tant que présidente de cette conférence que votre gouvernement et vous-même n’avez pas l’obligation de tenir les engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto et que vous ne pouvez pas jouer ce rôle de chef de file, veuillez avoir la décence de démissionner.
Tel était le message que 300 ONG internationales qui oeuvrent dans le secteur de l’environnement ont adressé à la ministre de l’Environnement au sujet de sa présidence de la conférence de Bonn.
Que ce soit pour la gestion des pesticides ou pour les mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, il est important que nous travaillions au niveau multilatéral. Les émissions de gaz à effet de serre et d’autres polluants ne s’arrêtent pas aux frontières. Il est important de travailler au niveau multilatéral, certainement avec les États-Unis, mais aussi avec nos partenaires, dans le cadre du Protocole de Kyoto. Le fait est qu’aux États-Unis, le secteur privé cherche maintenant à mettre en place un mécanisme d’échange de droits qui peut donner de bons résultats parce que le gouvernement américain n’a pas signé le Protocole. Il reconnaît l’efficacité d’un système d’échange de droits qui lui permettra non seulement d’être concurrentiel au niveau international, mais en même temps de contribuer au verdissement de la planète.
Au Canada, nous avons enregistré des progrès dans notre secteur privé, dans notre secteur du pétrole et du gaz et en fait, dans notre secteur des nouvelles sources d’énergie. Nous construisons des parcs d’éoliennes et nous les exploitons avec succès dans des endroits comme le sud de l’Alberta, de même que dans la région de l’Atlantique. Nous assistons également au développement des biocarburants. C’est bon pour l’agriculture et les secteurs traditionnels. C’est bon pour le Canada rural. Ce qui est particulièrement intéressant c’est que certains problèmes particulièrement complexes qui touchent le développement régional et rural de même que les communautés autochtones pourront être résolus grâce au secteur de l’économie du XXIe siècle qui va connaître sans doute la plus forte expansion, celui des énergies nouvelles et des énergies propres.
On ne va pas installer des éoliennes au coin des rues Bay et Bloor pas plus qu’on ne va y fabriquer des biocarburants, mais le fait est qu’un grand nombre de ces possibilités vont offrir des débouchés économiques viables au Canada rural, aux Autochtones, aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits si nous procédons comme il faut.
[Français]
Pour cela, on doit mettre en place des crédits d'impôt pour attirer les capitaux, par exemple. En effet, il y a beaucoup de capitaux internationaux et beaucoup d'investisseurs veulent investir dans ce domaine.
C'est possible, pour le Canada, d'être le leader mondial dans ce domaine.
[Traduction]
Cette façon de voir les choses tient compte du fait que nous pouvons créer des débouchés économiques et que cela découle directement de nos responsabilités environnementales. Les Canadiens du secteur privé et du secteur public, de même que les consommateurs canadiens sont nombreux, j’en suis sûr, à vouloir ce genre de leadership. J’exhorte tous les députés à poursuivre énergiquement leurs efforts, sans esprit de parti, comme nous pouvons le faire ici, pour faire en sorte que le Canada s’acquitte de ses engagements internationaux, tout en contribuant à créer des débouchés économiques pour les générations futures de Canadiens, en se souciant de l’environnement et en innovant.
:
Monsieur le Président, j'invite ma collègue du NPD à être patiente. Sur le fond, je suis entièrement d'accord avec elle: la loi qui avait été présentée par le Parti libéral s'éloigne beaucoup de l'esprit de cette motion.
Cela étant dit, j'ai le plaisir de prendre la parole en cette journée de l'opposition allouée au Nouveau Parti démocratique. Cette motion, déposée par son chef, le député de Toronto—Danforth, vient lancer un débat important sur toute la question de l'utilisation et du transport des pesticides. Naturellement, c'est une question qui préoccupe de nombreux Québécois et Canadiens.
Cependant, lorsqu'on regarde le fond de la motion présentée par le parti d'en face, on se rend compte qu'elle laisse présager des abus importants et une ingérence considérable dans les champs de compétence des provinces. Ce n'est pas qu'Ottawa n'ait pas la possibilité d'agir dans son champ de compétence. Par contre, en vertu de ce pouvoir partagé qu'est l'environnement, le fédéral est loin de pouvoir agir quant à l'interdiction, au transport ou à l'usage de pesticides.
Au Comité permanent de l'environnement et du développement durable, nous avons eu la chance d'étudier le projet de loi C-53 en 2002. J'avais eu la chance d'intervenir en cette Chambre à propos de ce projet de loi. J'en avais justement profité pour bien faire comprendre qu'Ottawa, donc le gouvernement fédéral, a bel et bien une responsabilité à l'égard des pesticides. Or cette responsabilité s'arrête à l'homologation des pesticides et à sa réévaluation. Quant aux provinces, elles ont la responsabilité du transport, de la vente, de l'utilisation, de l'entreposage et de l'élimination des pesticides. De plus, les gouvernements des provinces sont responsables de la formation ainsi que des permis et des restrictions quant à l'utilisation de pesticides. Les municipalités ont aussi une responsabilité en ce qui a trait aux règlements relatifs aux terrains municipaux seulement.
Par conséquent, cette compétence en matière de pesticides est partagée entre le gouvernement fédéral, qui a la responsabilité de leur homologation et de leur utilisation, les provinces, qui sont responsables du transport, de l'utilisation et de la manipulation des pesticides ainsi que de l'émission de permis, et les municipalités, qui sont responsables des règlements, dont une catégorie sur laquelle j'insiste, soit les règlements relatifs aux terrains municipaux. Les municipalités ont bien une responsabilité, mais n'oublions jamais qu'en vertu de notre Constitution, les municipalités relèvent des provinces.
Sur le fond de la motion, je dois dire que cette motion intègre des principes auxquels nous adhérons. Tout d'abord, il y a le principe de précaution. Nous avons toujours cru que ce principe devrait être intégré dans la loi sur les pesticides au Canada. Deuxièmement, cette motion en quatre volets, donc une motion-fleuve déposée par le NPD, indique que la loi sur les pesticides devrait réglementer certaines interdictions, notamment à l'intérieur d'une maison ainsi que sur les terrains d'une maison d'habitation, et à l'intérieur des hôpitaux et des écoles ainsi que sur les terrains situés à proximité.
Le fond de l'intervention et l'esprit même de la motion présentée par le NPD sont en soi corrects et louables. Par contre, nous devons nous rendre compte qu'en réalité, par cette motion, on demande à Ottawa de s'ingérer dans les champs de compétence des provinces.
À cet égard, je prends l'exemple du Québec. Dès 1987, il a adopté une loi sur les pesticides au Québec. Nous avons adopté cette loi qui visait justement à réduire l'utilisation de certains pesticides et à veiller à la santé et à la sécurité de la population.
Dès 1987, le Québec a été proactif et a décidé de se doter d'une loi.
En 1998, afin de nous assurer que cette loi soit moderne et réponde aux préoccupations des citoyens en regard de la santé et de l'environnement, une grande consultation a été mise en place au Québec pour renouveler cette loi. Cela a fait en sorte qu'en 1998 et surtout en 2002, un groupe de travail et de réflexion a fait 15 recommandations au Québec, qui visaient justement à mieux régir l'utilisation et l'usage de nos pesticides sur le territoire québécois.
Le Québec s'est donc doté d'une des lois les plus innovatrices au monde, en intégrant à la loi existante un Code de gestion sur les pesticides qui modifiait l'article 11 de la Loi sur les pesticides du Québec. Cette modification prévoyait justement l'interdiction — souhaitée par le NPD — de l'utilisation des pesticides sur des terres et sur des espaces publics, qu'il s'agisse des centres de la petite enfance, des écoles ou des hôpitaux. Dès 2002, le Québec s'est doté de ces modifications à la loi, pour s'assurer de protéger nos enfants, nos citoyens et nos personnes âgées, face à cette utilisation, injustifiée à nos yeux.
Nous avons donc modifié l'article 11 de la Loi sur les pesticides pour intégrer ce Code de gestion des pesticides. La première partie de ce code est entrée en vigueur en 2003. La deuxième partie du code vient tout juste d'entrer en vigueur en 2006. On se souviendra que c'était justement pour éviter que ces pesticides ne se retrouvent dans des lieux publics.
Je ne mentionnerai que quelques éléments prévus par le code que nous avons adopté: l'interdiction d'appliquer les pesticides les plus nocifs sur les surfaces gazonnées des espaces verts publics, parapublics et municipaux; l'interdiction d'appliquer la quasi-totalité des pesticides à l'intérieur et à l'extérieur des centres de la petite enfance, des écoles primaires et secondaires, ce qui est exactement ce que la motion du NPD indique; une règle particulière pour l'application de certains pesticides dont l'utilisation demeure autorisée; l'interdiction d'effectuer certains traitements aérosols à l'intérieur des bâtiments.
Cela démontre que le Québec a décidé de prendre ses responsabilités et de les assumer dans ses champs de compétence. Je n'ai rien contre le fait que le gouvernement d'Ottawa intervienne en matière de pesticides, mais qu'il intervienne là où cela va mal.
Sur le territoire du Québec, ce n'est pas l'usage et l'utilisation des pesticides qui posent des problèmes puisque leur interdiction autour des centres de la petite enfance et autour des lieux publics existe déjà. Le NPD aurait dû présenter aujourd'hui une motion qui vise à accélérer la réévaluation des pesticides actuellement sur le marché. Le NPD aurait dû répondre en 1999 aux recommandations de la commissaire à l'environnement et au développement durable, alors qu'elle disait justement que les pesticides sur le marché contiennent de nombreux ingrédients actifs qui n'ont pas été réévalués.
Ce que disait la commissaire à l'environnement et au développement durable en 1999 était éloquent. Elle disait que, sur 500 ingrédients actifs contenus dans les pesticides sur le marché, 300 avaient été approuvés avant 1989, et 150 autres avaient été approuvés avant 1960. Cela signifie qu'il existe actuellement des pesticides qui n'ont pas été réévalués depuis de nombreuses années et qui, de ce fait, sont toujours sur le marché.
Pourquoi devons-nous demander au gouvernement fédéral d'élargir sa responsabilité en matière de pesticides en interdisant leur usage sur des terres publiques, dans des hôpitaux et des écoles qui, à ce que je sache, relèvent des provinces, alors que le fédéral, dans son propre champ d'action, n'est pas capable de faire son travail?
Il fallait donc agir sur le plan de la réévaluation et de l'homologation. Plus encore, la motion aurait dû proposer une accélération de l'homologation des biopesticides en vue de rendre disponibles sur le marché les produits de remplacement des pesticides.
Le Canada a pris un retard important sur les États-Unis dans l'homologation des biopesticides. Or l'homologation fait toujours partie des responsabilités fédérales.
Selon les derniers chiffres que j'ai vus et dont je disposais, il n'y avait que 35 biopesticides vendus sous 150 appellations au Canada, alors qu'aux États-Unis, 175 biopesticides sous 7 000 appellations sont disponibles sur le marché pour s'engager vers une solution de rechange.
On aurait donc souhaité aujourd'hui adopter une motion qui demande au gouvernement fédéral de modifier sa loi ou de prendre les mesures nécessaires afin d'accélérer la réévaluation. D'abord celle des pesticides sur le marché, approuvés en 1960, qui ne répondent plus à nos grilles d'évaluation en matière de protection de la santé et de protection de notre environnement. J'insiste car c'était une des grandes conclusions de la commissaire à l'environnement et au développement durable: certains des pesticides disponibles sur le marché ne répondent plus à ces grilles d'évaluation.
Or aujourd'hui on veut demander au Bloc québécois de voter en faveur d'une motion qui indiquera au Québec comment s'y prendre pour interdire des pesticides dans des espaces publics alors que nous avons adopté une loi en vigueur depuis 2006. On voudrait imposer cela au Québec, alors qu'Ottawa ne fait pas son travail. Il y a un non-sens.
On voit ainsi que le Québec est innovateur sur le plan de la protection de l'environnement. Quand, en 1987, nous avons adopté notre première loi, bien sûr qu'elle n'était pas parfaite. Rappelons-nous nos débats du temps autour des pesticides. Il reste que chaque fois que cela a été possible, le Québec a mis en place un groupe de travail, un groupe de réflexion, et chaque fois il a modernisé ses lois afin de prévoir ces interdictions relatives à l'utilisation des pesticides sur son territoire.
Ni plus ni moins, cette motion ne respecte pas d'abord les champs de compétence des provinces. Elle vise au fond à imposer au Québec, à ouvrir toute grande la porte à des intrusions dans les champs de compétence des provinces. De plus, il faut retenir que sans la volonté des Québécois d'en venir à une meilleure réglementation des pesticides, nous n'en serions fort probablement pas là aujourd'hui.
Il faut se rappeler que c'est un gouvernement du Québec, du Parti québécois, qui a mis en place ce code de gestion des pesticides perçu parmi les plus innovateurs. Toutefois, le Québec ne s'est pas arrêté simplement à prévoir des interdictions dans son code de gestion des pesticides. Il a aussi décidé de veiller à former prioritairement ceux et celles qui manipulent ces substances. On s'est dit qu'il fallait prévoir, pour nos travailleurs et travailleuses du Québec, de la formation sur la manipulation de ces produits, spécialement les travailleurs appelés à utiliser des substances quelquefois dangereuses, même si elles ne figurent pas sur des listes de substances dangereuses.
Il faut nous assurer que les prescriptions et les codes d'utilisation prévus pour ces produits se feront de façon convenable, pour éviter justement une surexposition des citoyens à ces substances.
Au Québec, nous nous sommes dit que non seulement nous interdirions les produits dangereux pour la santé dans les espaces publics, mais, même dans le cas où ces substances ne seraient pas nécessairement interdites — on ne peut pas tout interdire —, il fallait prévoir une formation pour ceux et celles qui manipulent ces substances. En ce sens, nous avons fait de la formation une priorité au Québec.
Ajoutons que, malgré tout — il ne s'agit pas d'interdire —, il faut favoriser entre autres la recherche de solutions de rechange. Je pense notamment à l'agriculture biologique. En ce qui concerne les particularités de cette agriculture, on note que l'Europe a adopté des choix gouvernementaux très différents des nôtres. Sur les plans de la technique et de la formation, en Europe, l'agriculture biologique a ses lettres de noblesse. L'investissement dans la recherche pour favoriser l'agriculture biologique est perçu comme une valeur ajoutée à un produit. Ce n'est pas parce qu'on décide de donner de la formation technique à nos agriculteurs pour qu'ils passent d'un mode à un autre, que cela constitue une contrainte sur le plan économique. Au contraire, ces produits possèdent une valeur ajoutée de plus en plus recherchée dans le monde.
Nous avons eu l'exemple du blé Roundup Ready, du blé génétiquement modifié. Nos partenaires asiatiques nous ont dit que, si nous homologuions le blé Roundup Ready et ses substances, ils n'achèteraient plus de blé canadien. Il a fallu que la Commission canadienne du blé lance un message, un signal clair au gouvernement, à savoir que malgré, ses possibles connivences avec de grandes multinationales comme Monsanto, cela représentait des pertes de marché importantes.
Nous voulons donc une agriculture de plus en plus écologique, qui utilise et qui souhaite utiliser de moins en moins de pesticides. Cela doit trouver écho chez nos instances gouvernementales par l'élaboration de directives strictes à la section de l'agriculture biologique d'Agriculture Canada. Nous avons trop tardé. Nous devons avoir honte, au Canada, lorsque nous nous comparons aux Européens, en ce qui concerne les subventions, par exemple.
En effet, je viens de parler de la formation et des techniques que les pays européens dispensent à leurs agriculteurs. Nous devons aussi avoir honte du fait que le Canada ne fasse rien pour aider financièrement ses agriculteurs biologiques. Au contraire, nous avons plutôt un gouvernement et une Agence canadienne d'inspection des aliments qui préfèrent s'entendre avec Monsanto pour faire du prêt de matériel génétique et établir des partenariats avec de grandes multinationales pour développer des produits issus du génie génétique. Après cela, on viendra nous dire que l'Agence canadienne d'inspection des aliments et une agence indépendante.
En résumé, en matière d'homologation et de réévaluation, il existe des lacunes importantes dans les programmes fédéraux actuels. Ottawa devrait se contenter d'agir dans ses champs de compétence en accélérant les réévaluations des produits qui sont sur le marché depuis 1960, et se concentrer sur l'homologation des biopesticides. Il devrait laisser agir les provinces, comme le Québec, qui a une loi et un code de gestion des pesticides modernes. C'est ainsi qu'on se portera mieux et qu'on pourra protéger tant la santé que l'environnement des Québécois et des Canadiens.
:
Monsieur le Président, je me réjouis de cette occasion de participer au débat sur la motion présentée aujourd'hui par le NPD, en cette journée de l'opposition.
Premièrement, je rends hommage au député de Toronto—Danforth, le chef du NPD, qui a déposé cette motion. C'est à juste titre qu'il a été le premier à prendre la parole. Il s'était fait le champion de cette cause pendant ses années de politique municipale à Toronto, la première ville au Canada à prendre des mesures pour interdire l'usage des pesticides à des fins esthétiques ou non essentielles. Ce dossier a occupé jusqu'à maintenant une partie importante de sa carrière.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de Winnipeg-Nord.
Voici d'abord des statistiques troublantes. Nos enfants ont une chance sur deux d'avoir le cancer. C'est nouveau. En effet, ce n'est que pendant les années de l'après-guerre que l'usage des produits chimiques a commencé à prendre une telle ampleur. Nous savons maintenant que ce n'est pas une coïncidence et qu'il y a un lien de cause à effet entre cet usage exponentiel des produits chimiques et de nombreux cancers.
Depuis des années, nous luttons contre cette incidence accrue des cancers. Je ne connais pas une famille que cette maladie n'ait pas touchée. Plus souvent qu'autrement, la communauté médicale et l'establishment nous disent que c'est de notre faute. C'est à cause de notre mode de vie, de la cigarette ou de notre sédentarité. Ces raisons sont fondées, mais nous devons également tenir compte des facteurs environnementaux qui amplifient l'incidence accrue de la maladie et y contribuent. Le contrôle de ces facteurs échappe à la plupart des Canadiens, mais pas nécessairement aux députés.
Il est clair que notre motion d'aujourd'hui ne concerne aucunement l'usage agricole des pesticides. Elle n'interfère d'aucune façon avec les herbicides utilisés par les agriculteurs ou à toute autre fin commerciale. Nous essayons de mettre fin à l'usage à des fins esthétiques et non-essentielles des pesticides, ce qui représente environ 40 p. 100 de tous les pesticides. Des 200 millions de kilogrammes de pesticides utilisés chaque année, environ 40 p. 100 font partie de la catégorie des usages à des fins non essentielles, décoratives, esthétiques, des pesticides utilisés sur les pelouses et dans les jardins, sur les terrains de golf, et ainsi de suite. Ils ne sont pas nécessaires.
Le principe de précaution doit sûrement prévaloir dans le cas des femmes enceintes et des enfants, qui sont plus vulnérables aux effets des produits chimiques. Jusqu'à maintenant, il nous incombait de prouver, hors de tout doute, qu'un produit chimique donné cause un certain type de cancer. C'est impossible à faire. Personne ne peut y arriver étant donné l'effet cumulatif des nombreux produits chimiques auxquels nous sommes exposés. C'est ainsi que les compagnies de produits chimiques ont pu continuer de vendre ces produits qui se trouvent maintenant partout.
Notre initiative renverse le fardeau de la preuve. Elle demande un moratoire absolu sur toute utilisation non essentielle de pesticides à des fins décoratives ou esthétiques, à compter du Jour de la Terre, le 22 avril prochain, jusqu'à ce que les fabricants de produits chimiques puissent nous prouver, hors de tout doute raisonnable, que leurs produits sont parfaitement sécuritaires. Pourquoi aurions-nous à prouver que leurs produits nous font du tort? Pourquoi les fabricants ne prouveraient-ils pas que leurs produits sont parfaitement sécuritaires? Le fardeau de la preuve se trouve inversé.
Certains pourraient faire valoir qu'il existe déjà un organisme de réglementation qui s'occupe des produits chimiques dangereux. Selon nous, l'actuel régime de réglementation laisse beaucoup à désirer. Par exemple, on vient de rétablir le 2,4-D au nombre des produits chimiques jugés sûrs. J'ai ici un rapport tiré du Journal of Paediatrics and Child Health, publié il y a deux semaines, qui établit sans l'ombre d'un doute le lien entre le 2,4-D et des cas de cancer chez les enfants, des troubles neurologiques et de développement ainsi que d'autres problèmes de santé.
Nous en savons assez maintenant pour que le principe de précaution s'applique et que tous les députés donnent leur assentiment. Il faut mettre un terme à cette situation. Nous devons arrêter de contaminer notre milieu et notre environnement au point où nos enfants sont exposés. Nous en connaissons suffisamment sur le développement des jeunes enfants pour savoir que les petites cellules de leur cerveau ont des parois plus minces que les nôtres et qu'ils sont beaucoup plus vulnérables à une contamination à la suite d'une exposition. Les seuils admissibles d'exposition pour les adultes sont 10 à 20 fois supérieurs à ce qu'ils devraient être pour les enfants. Or, ce sont les enfants qui sont exposés en jouant sur le gazon devant la maison.
Ils sont exposés aux pesticides un peu partout, mais plus de la moitié du temps, dans la maison. Les agents chimiques se lient aux molécules de poussière et entrent dans la maison où ils restent dans l'air ambiant pendant une période beaucoup plus longue que s'ils étaient laissés à l'extérieur.
Ainsi, nous croyons que c'est une question de simple bon sens. Nous devons examiner les autres facteurs influant sur la santé publique. En plus de prendre soin de notre santé, de surveiller ce que nous mangeons et d'arrêter de fumer, nous devons également prendre des mesures pour nous protéger contre les contaminations environnementales.
Tous ceux qui ont regardé la récente émission de télévision sur le réseau anglais de la Société Radio-Canada animée par Wendy Mesley n'ont pu qu'être touchés par ses arguments très convaincants et son émoi face au fait que les gens sont exposés à des produits chimiques un peu partout et que la réglementation est pratiquement inexistante. Lorsque nous interrogeons les fabricants de produits chimiques, c'est comme si nous nous ingérions dans leur droit de commercialiser leurs produits.
Les fabricants de produits chimiques ne sont pas nécessairement nos amis lorsqu'il est question de protéger la santé publique. Ils sont là pour vendre des produits. Ils le font de façon très compétente et peuvent compter sur des lobbys très puissants pour essayer de contrer tous ceux qui pourraient avoir l'audace de laisser entendre que leurs produits peuvent causer des problèmes de santé.
L'émission de Wendy Mesley est passée en reprise trois ou quatre fois maintenant. Elle montre, mieux que quiconque jusqu'à maintenant, que nous devons mettre un terme à tout cela. Nous sommes irresponsables si nous ne faisons pas tout en notre pouvoir pour minimiser l'exposition, surtout chez les enfants. Nous devons agir car 50 p. 100 de nos enfants seront atteints du cancer, ce qui est vraiment alarmant. Cette situation à elle seule devrait nous amener à remettre complètement en question l'utilisation de pesticides.
Je sais que les fabricants de produits chimiques essayeront de nous mettre des bâtons dans les roues. Croyez-moi, ils font déjà beaucoup de bruit à mon bureau. J'aimerais toutefois mettre en relief la faille que nous avons relevée dans les pratiques actuelles d'évaluation sanitaire de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, ou ARLA.
L'ARLA se fie principalement aux études sur la toxicité menées sur les animaux et aux données estimatives sur l'exposition humaine. Beaucoup de ces études ne sont jamais jugées par des pairs, et on ignore donc leur valeur scientifique. Je ne suis pas scientifique, mais je sais que ces études devraient être jugées par des pairs. Par ailleurs, les extrapolations faites à partir d'études effectuées sur des rats ne sont peut-être pas aussi valides qu'on le croyait auparavant. Nous savons maintenant que les rats possèdent certains gènes qui n'existent pas chez l'humain et que, pour cette raison, la détoxication s'effectue de façon différente chez les deux espèces. Les niveaux de toxicité et les valeurs limites d'exposition que nous mesurons chez les rats ne s'appliquent pas aux humains, contrairement à ce qu'on pensait. Ces données s'appliquent encore moins aux enfants, car de récentes études ont démontré que ces derniers absorbent les produits chimiques et peuvent être contaminés par ces derniers beaucoup plus rapidement qu'on ne le croyait.
On a fait remarqué que plus de 90 municipalités -- je crois qu'elles sont maintenant plus d'une centaine -- ont déjà pris ces importantes décisions. Toronto et Halifax comptent parmi ces villes. Cependant, beaucoup d'autres ont échoué, malgré leurs efforts. À Ottawa, par exemple, le conseil municipal a tenté pendant trois ans de faire interdire l'usage des pesticides à des fins esthétiques. Le projet a été contré par les défenseurs des pesticides, qui lui ont opposé un puissant lobby. Lors d'un vote récent, il a été rejeté à une voix près. Les habitants d'Ottawa ne sont donc pas protégés.
Voilà pourquoi le gouvernement fédéral devrait intervenir, dans les limites de ses compétences en matière de réglementation, pour renverser le fardeau de la preuve et protéger les collectivités qui n'ont pas les moyens de lutter contre les poursuites et le lobby tenace des fabricants de produits chimiques.
Pour protéger les Canadiens qui ne le sont pas déjà par un règlement municipal, la Chambre des communes pourrait adopter une mesure d'application universelle. J'espère sincèrement que les députés jugeront une telle mesure à-propos, que leur collectivité soit déjà protégée ou non.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse d'avoir l'occasion de prendre la parole au sujet de l'importante motion présentée aujourd'hui par le NPD en vue d'interdire l'utilisation des pesticides à des fins esthétiques.
Je voudrais joindre ma voix à celle de mon collègue de Winnipeg-Centre pour souligner le travail de notre chef, le député de Toronto—Danforth, qui est l'auteur de cette motion. Je le remercie de prendre ainsi l'initiative dans ce dossier.
Pendant que j'y suis, permettez-moi de souligner également le travail du député de Winnipeg-Centre, qui a déposé récemment à la Chambre un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi C-225, qui a exactement le même but que la motion, c'est-à-dire d'imposer un moratoire concernant l'utilisation des pesticides sur les pelouses et les plates-bandes, c'est-à-dire à des fins esthétiques.
Comme entrée en matière, j'aimerais parler d'une observation faite aujourd'hui par le député de Kings—Hants, qui a déjà été un député conservateur, mais qui est devenu libéral et qui est même aujourd'hui candidat à la direction du Parti libéral. Ce député semble incapable de donner l'heure juste. À mes yeux, ses propos illustrent la grande incohérence du message des libéraux dans ce dossier. Bien entendu, cette incohérence n'est pas étrangère à l'incapacité du Parlement d'obtenir une telle interdiction malgré plusieurs tentatives réparties sur de nombreuses années.
Il ne s'agit pas d'une nouvelle question pour les députés. À de nombreuses reprises, elle a fait l'objet de discussions à la Chambre et au sein d'un comité. Permettez-moi de rappeler ce qui s'est passé à l'époque où j'ai été élue pour la première fois, en 1997. Je me souviens de l'avalanche de correspondance et de promesses issues du gouvernement libéral, qui disait alors vouloir s'occuper de ce dossier. Je sais que des motions et des projets de loi d'initiative parlementaire ont été régulièrement présentés à la Chambre sur cette question.
La dernière occasion qui nous a été donnée de prendre une décision dans ce dossier remonte à 2002, alors que la Loi sur les produits antiparasitaires a dû être soumise à un examen du Comité de la santé et du Parlement. On admettait alors que la loi, qui était entrée en vigueur en 1969, avait pris un sérieux coup de vieux et n'était plus adaptée à la réalité. Elle devait être révisée et raffinée pour tenir compte de l'arrivée sur le marché, depuis son adoption, d'un grand nombre de pesticides et de substances toxiques.
Le gouvernement libéral qui dirigeait alors le pays avait promis une refonte en profondeur pour moderniser la loi et tenir compte des nombreuses craintes exprimées par les experts du domaine de la santé et par de simples citoyens ayant pris conscience des répercussions graves de l'usage des pesticides sur leur santé et leur bien-être. Néanmoins, le projet de loi présenté à l'époque ne prévoyait pas d'interdiction des pesticides.
Cela est contraire à ce que vient de nous dire le député de Kings—Hants, qui est candidat à la direction du Parti libéral et qui, une fois de plus, ne semble pas avoir vérifié les faits qu'il avance. Il semble s'être trompé d'abord à propos de la question des fiducies de revenu et voici que, maintenant, il ne comprend pas bien celle des pesticides. Le moment est venu, je crois, qu'il se mette au travail et qu'il reconnaisse le bilan du parti dont il est maintenant membre dans des dossiers comme celui des pesticides. Il se peut que, avant de passer des conservateurs aux libéraux, il n'ait pas vraiment étudié l'habilité dont font preuve les libéraux pour faire croire qu'ils vont s'occuper d'un problème, sans jamais vraiment le faire.
Dieu seul sait combien de fois nous avons, ici même, entendu les libéraux dire qu'ils allaient lutter contre les pesticides et relever le défi consistant à interdire l'utilisation de ces substances à des fins esthétiques. Combien de fois avons-nous entendu cela? Combien de fois les Canadiens ont-ils cru cela?
Où en sommes-nous aujourd'hui? L'utilisation de pesticides à des fins esthétiques n'est toujours pas interdite. En 2002, le projet de loi C-53 ne prévoyait rien à cet égard, alors que l'on avait discuté de cette question à la Chambre pendant de nombreuses années et alors que nous pouvions tous consulter depuis des années les résultats concluants de recherches scientifiques. Non seulement cet élément brillait-il par son absence dans le projet de loi libéral, mais le gouvernement de l'époque a refusé toute motion visant à modifier le projet de loi en ce sens.
De ce côté-ci de la Chambre, nous, du Nouveau Parti démocratique, nous sommes efforcés de faire amender le projet de loi C-53 pour interdire l'utilisation des pesticides à des fins esthétiques. À l'époque, les libéraux nous ont signifié une fin de non-recevoir comme ils l'ont fait sur tant d'autres questions dont nous traitions au Comité de la santé et à tous les autres paliers.
Où en sommes-nous donc aujourd'hui? Il y a des années que cette question est soulevée et que bon nombre de Canadiens souffrent des pires effets des toxines que contiennent les pesticides aujourd'hui, et nous n'avons pas avancé d'un pas. Nous tentons une démarche très civilisée, très humaine, pratique, pleine de bon sens et réaliste en demandant tout simplement l'interdiction de l'utilisation des pesticides à des fins esthétiques ou décoratives.
Pour le moment, il n'est pas question d'agriculture, même s'il y a de nombreuses raisons d'agir dans ce domaine pour tenter de donner aux citoyens le droit de savoir quels sont les produits utilisés, pour tenter d'appliquer le principe de précaution afin d'empêcher la commercialisation de produits dont les effets sont désastreux, étant donné que la santé des êtres humains et des animaux est primordiale.
Il n'est question aujourd'hui que de pelouses et de plate-bandes et de l'interdiction de pesticides qui sont très toxiques et très néfastes pour les êtres humains. Lorsque nous avons débattu de la question en 2002, nous avons reçu des témoignages saisissants de personnes et d'organisations concernant les dangers de l'utilisation des pesticides en milieu urbain. Nous avons appris alors que les répercussions sur la santé humaine sont graves et profondes, qu'elles pourraient entraîner des dommages pour le foetus et des problèmes de santé physique à long terme pour les personnes, et tout particulièrement celles qui sont déjà sensibles aux produits chimiques et aux autres substances étrangères. Les faits étaient concluants à l'époque, et ils le sont encore aujourd'hui.
Nous espérons que nous pourrons tous enfin nous entendre sur cette question et la régler une fois pour toutes, que nous pourrons reprendre le temps perdu et compenser les années d'inaction des libéraux. Il se peut que les députés conservateurs, les ministériels, qui durant ces années ont pu voir les libéraux refuser d'accueillir des amendements importants au Comité de la santé, soient maintenant prêts à unir leurs forces aux nôtres, à suppléer aux insuffisances du gouvernement précédent et à agir pour donner aux Canadiens des résultats importants et concrets.
Je voudrais parler du fait que nombre d'électeurs nous écrivent à ce sujet, comme l'ont dit d'autres députés. Je reçois régulièrement des courriels comme celui de Colin McInnes, un électeur de ma circonscription, qui a dit: « Je vous écris pour vous faire savoir que j'appuie sans réserve... [le] projet de loi d'initiative parlementaire [présenté] par le député de Winnipeg-Centre et qui limite l'utilisation de pesticides à des fins esthétiques... » Il m'incite à prendre toutes les mesures à ma disposition.
Je voudrais parler de Barry Hammond, qui, au fil des ans, m'a écrit à maintes reprises sur cette question. Ainsi, en 2000, dans une lettre adressée au ministre de la Santé de l'époque, Allan Rock, et à moi, il a écrit:
On sait que les pesticides constituent un problème environnemental depuis la publication de du livre Le printemps silencieux, de Rachel Carlson, voire avant cela. Or, nous continuons de répandre ces poisons sans pleinement savoir quelles espèces sont touchées.
Je voudrais parler du travail d'un ancien député de Halifax-Ouest, Gordon Earle, qui n'a pas ménagé ses efforts pour attirer l'attention de la Chambre sur cette question, déposer des documents et citer des études. Il a fait circuler notamment des documents d'un médecin, M. Roy Fox, qui a révélé, preuves à l'appui, de nombreux cas de maladies et de graves effets secondaires sur la santé qui étaient attribuables à l'exposition à des pesticides.
L'une des études de Roy Fox avait pour titre « The Impact of Chemical Lawn Care on Human Health ». Dans cette étude, l'auteur a souligné que les toxines issues des produits chimiques utilisés pour l'entretien des pelouses peuvent entraîner « des troubles du développement neurologique » et « des perturbations endocriniennes », ainsi que des « complications délétères comme l'arythmie cardiaque et l'anaphylaxie ». Il recommande que des mesures soient prises parce que l'exposition aux produits chimiques servant à l'entretien des pelouses peut représenter de sérieux risques pour la santé humaine.
Je me joins à tous ceux qui veulent appuyer cette motion et faire ainsi un geste déterminant durant la présente législature. Je remercie les députés de prendre le temps de discuter d'une question aussi grave et importante.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec le député de Battlefords—Lloydminster.
Je voudrais prendre quelques minutes pour décrire un événement important concernant la réglementation des pesticides au Canada. La nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires a reçu la sanction royale le 12 décembre 2002. Elle entrera en vigueur suite à un décret que le gouvernement prendra une fois que les principaux règlements d’application de la nouvelle loi seront en place. Cette loi sera proclamée le plus tôt possible cette année, en 2006.
En fait, la nouvelle loi fait trois choses: premièrement, elle appuie les pratiques de protection de la santé et de l’environnement qu’applique déjà Santé Canada, deuxièmement, elle rend l’homologation des pesticides ou le système d’enregistrement plus transparent et, troisièmement, elle renforce le contrôle des pesticides après l’enregistrement.
Je vais décrire plus en détail chacune de ces dimensions. Premièrement, la nouvelle loi consolide la protection de la santé et de l’environnement qu’apporte la loi existante. Pour pouvoir vendre ou utiliser légalement un pesticide au Canada, il faut que ce pesticide soit d’abord examiné, approuvé ou enregistré par Santé Canada.
La nouvelle loi officialise les principes importants de l’évaluation des risques pour protéger les populations vulnérables. Ces principes comprennent l’examen des sensibilités différentes des principaux groupes de la population, notamment les nouveau-nés et les enfants; l’exposition provenant de toutes les sources, y compris les produits alimentaires, l’eau potable et l’utilisation domestique des pesticides, et enfin les effets cumulatifs des pesticides qui agissent de la même façon.
Ces concepts prévoient également une marge de sécurité supplémentaire pour protéger les nourrissons et les enfants contre le danger que présentent les résidus de pesticides dans les aliments et l'utilisation de pesticides à proximité de maisons et d'écoles. Ils tiennent également compte de politiques gouvernementales comme la politique de gestion des substances toxiques.
Bien que ces dispositions législatives soient nouvelles, elles ne modifient pas les pratiques actuelles. Cependant, elles montrent à la population que ces pratiques sont en place et continueront de l'être et, partant, qu'elles contribueront à accroître la confiance du public dans le régime de réglementation. L'insertion de ces dispositions dans la loi présente un net avantage.
Deuxièmement, comme je l'ai dit plus tôt, la nouvelle loi accroît la transparence et la responsabilité du système d'homologation. Il s'agit là du secteur où les modifications les plus fondamentales ont été apportées à la loi existante. La nouvelle loi ouvre tout grand le régime de réglementation pour permettre une participation importante des intervenants et de la population.
La nouvelle loi le fait par les moyens suivants: l'accès à l'information. Elle définit deux catégories d'information: les données d'essais confidentielles et les renseignements commerciaux confidentiels. Toute autre information est jugée non confidentielle en vertu de la nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires et sera donc accessible à la population. Il s'agit entre autres de l'information sur le statut de tous les pesticides homologués, les demandes reçues par Santé Canada et si l'homologation a été accordée ou refusée, les réévaluations et les examens spéciaux qui sont en cours et, ce qui est très important, les évaluations détaillées par Santé Canada des risques et de la valeur des pesticides homologués. Toute cette information sera mise à la disposition de la population par l'entremise d'un registre public, en format électronique, lorsque cela sera possible.
Les données d'essais confidentielles produites par les entreprises et fournies à l'ARLA pourront être examinées dans une salle de lecture.
La seule catégorie d'information qui ne sera pas mise à la disposition du public seront les renseignements commerciaux confidentiels. Ces renseignements sont très précisément définis dans la nouvelle loi. Ils comprennent les données financières, les procédés de fabrication et les méthodes permettant de déterminer la composition d'un produit, et les formulants qui ne sont pas menaçants pour la santé ou l'environnement.
L'identité et la concentration des formulants pouvant être préjudiciables pour la santé ou l'environnement seront accessibles au public et seront indiquées sur les étiquettes, les fiches techniques sur la sécurité des substances et le registre public. Une liste des formulants et des contaminants qui soulèvent des préoccupations a déjà été publiée.
Le public ne sera pas le seul à bénéficier de cette transparence accrue. En vertu de la nouvelle loi, les renseignements commerciaux confidentiels et les données d'essais confidentielles pourront, dans certaines circonstances, être partagées avec les autorités de réglementation fédérales, provinciales et territoriales, les autorités de réglementation d'autres pays ainsi que des professionnels de la santé, sous réserve que cette information demeure confidentielle.
Cela s'ajoute à toute l'information contenue dans le registre public accessible à tous. Santé Canada pourra ainsi coopérer plus aisément avec d'autres autorités de réglementation. C'est un aspect essentiel de la réglementation intelligente.
La nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires prévoit l'obligation de consulter le public avant la prise de toute décision importante en matière d'homologation. Il s'agit notamment de la décision d'accorder ou de refuser l'homologation complète d'un produit contenant un nouvel ingrédient actif, de la décision concernant une nouvelle utilisation d'un produit homologué ou de la décision de maintenir, de modifier ou d'annuler l'homologation d'un produit ayant fait l'objet d'un examen ou d'une réévaluation spéciale.
Grâce au processus de consultation publique obligatoire et au registre public, les membres du public pourront accéder à une foule de renseignements importants. Le public aura en effet accès aux résumés des évaluations scientifiques fondant les décisions de Santé Canada en matière de réglementation avant que ces décisions ne soient finales. Après l'homologation d'un pesticide, le public aura accès aux évaluations détaillées dont le produit aura fait l'objet, évaluations versées dans le registre public, et il pourra aussi prendre connaissance des données d'essai sur lesquelles les évaluations sont fondées. Ces dispositions appuient une participation éclairée du public dans le régime de réglementation des pesticides.
En exigeant que soient pris en compte, dans la décision finale concernant l'homologation d'un pesticide, les commentaires obtenus lors des consultations publiques obligatoires, la nouvelle loi renforce la reddition de comptes au Parlement et au public canadien. La mesure oblige par ailleurs Santé Canada à publier divers documents officiels, dont ses politiques, lignes directrices et codes de pratiques.
Enfin, la loi prévoit la présentation d'un rapport annuel au Parlement.
Au début de mon intervention, j'ai signalé que la nouvelle loi avait trois grands objectifs. Le troisième consiste à renforcer le contrôle des pesticides après leur homologation.
L'homologation ne confère pas des droits illimités pour ce qui est de la commercialisation, de la vente et de l'utilisation des pesticides. Au contraire, l'homologation est assortie de directives détaillées quant à l'utilisation des produits conformément aux « conditions d'homologation » prévues dans la loi.
Il y a toujours la responsabilité également de veiller à ce que seuls les produits dont on juge la valeur et les risques encore acceptables demeurent homologués. Cela se fait grâce à un examen spécial ou une réévaluation des produits homologués. La nouvelle loi renforce les dispositions existantes relativement à ces programmes, notamment en exigeant des réévaluations des pesticides 15 ans après leur homologation et en donnant au ministre le pouvoir de prendre des mesures si un titulaire de produits homologués ne fournit pas les données nécessaires pour effectuer les réévaluations.
La nouvelle loi donne le pouvoir de retirer des produits du marché ou de modifier leur condition d'utilisation à la suite d'un examen spécial ou d'une réévaluation des produits homologués.
La nouvelle loi précise que lorsqu'on doit déterminer si des mesures sont nécessaires dans le cadre du processus de réévaluation ou d'examen spécial, il faut tenir compte du principe de prudence. En d'autres termes, si on a de bonnes raisons de croire qu'il existe des risques de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard la prise de mesures rentables visant à prévenir toute conséquence néfaste pour la santé ou la dégradation de l'environnement. Cela permettra de prendre rapidement des mesures provisoires pour prévenir une exposition continue à des pesticides en attendant un examen scientifique plus détaillé. Lorsque l'examen est terminé, cette mesure peut être poursuivie, modifiée ou annulée en fonction des résultats de l'examen.
Un autre aspect important de la nouvelle loi réside dans les dispositions obligeant à communiquer les incidents, c'est-à-dire de nouveaux renseignements montrant que les risques pour la santé ou l'environnement ou la valeur de pesticides homologués ne sont peut-être plus acceptables. Des règlements seront nécessaires pour préciser les renseignements qui devront être divulgués et les délais impartis pour ce faire.
Les renseignements fournis à la suite de la divulgation d'un incident pourraient permettre d'établir la nécessité d'un examen spécial. Aux termes de la nouvelle loi, des examens spéciaux peuvent être également déclenchés par des renseignements reçus d'autres ministères fédéraux ou provinciaux, une interdiction d'utilisation dans un autre pays membre de l'OCDE ou une demande de la part d'un citoyen. Dans ce dernier cas, le ministre a le pouvoir discrétionnaire d'entreprendre ou non l'examen spécial et des politiques seront élaborées pour guider cette décision.
En terminant, je voudrais répéter que la nouvelle Loi sur les produits antiparasitaires va renforcer la protection très solide déjà offerte au Canada contre les risques de l'utilisation des pesticides pour les gens et l'environnement. Les Canadiens auront accès à plus de renseignements et ils auront davantage la possibilité d'influer sur les grandes décisions touchant l'homologation de pesticides. Une loi modernisée, renforcée et clarifiée va créer un cadre de réglementation des pesticides dans lequel tous les Canadiens peuvent avoir confiance.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat d'aujourd'hui. J'ai trouvé fort intéressant d'écouter le député de Malpeque parler de ses racines néo-démocrates. Il a dit que le NPD ferait la révolution industrielle à rebours. Son parti l'aurait fait disparaître à coup d'impôts. Libéraux ou néo-démocrates, la révolution industrielle aurait disparu de toutes façons.
La motion dont nous sommes saisis est très intéressante. Le NPD a le droit de présenter les motions qu'il veut. Ce parti a un certain don qui fait en sorte que ses députés seront toujours assis dans ce coin de la Chambre et ne s'approcheront jamais du pouvoir.
Le député de Malpeque a dit que la motion pourrait être très nuisible à l'agriculture, à la reproduction animale et à bien d'autres choses. La motion du NPD stipule, entre autres, que tous les pesticides réglementés en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires devraient être frappés d'interdiction à l’intérieur d’une maison d’habitation. Ce n'est pas si grave, car il y a peu de gens qui entreposent des pesticides dans leur sous-sol de toutes façons, mais l'alinéa suivant dit « sur un terrain où est située une maison d’habitation », puis le suivant, « dans tout lieu situé dans un rayon de cent mètres d’un terrain visé à l’alinéa (ii) ». C'est-à-dire une maison d'habitation située sur un terrain.
Lorsque nous voyageons en campagne, nous constatons qu'il y a beaucoup de champs en culture et de pâturages qui vont à moins de 100 mètres des habitations des agriculteurs. Le NPD met déjà des restrictions sur la cour des exploitations agricoles. Dans mon cas, il y a un pâturage et un champ de foin qui viennent jusqu'à ma maison. Ce serait là une intention criminelle. Dieu me vienne en aide. J'ai déjà une arme à feu enregistrée dans un placard et je dois maintenant cacher mon 2,4-D.
Je n'arrive tout simplement pas à comprendre comment le NPD peut produire de tels projets de loi. Je sais que le chef du NPD, qui est un ancien président de la Fédération canadienne des municipalités veut y retourner pour y faire des règles et des règlements. Il veut être un gros poisson dans un petit bocal, car, ici, il est un petit poisson dans un grand bocal et passe inaperçu. Il veut donc retourner à la FCM et y livrer ses combats.
Les provinces et les municipalités ont déjà le pouvoir d'interdire l'utilisation de produits dangereux à des fins esthétiques sur les pelouses et ailleurs. L'étiquetage de nombreux contenants de 2,4-D a changé au fil des ans. L'utilisation des produits se fait de façon beaucoup plus responsable et transparente. Le produit peut se vendre sous forme prémélangée pour ceux qui ont peur du concentré. Nous utilisons ces produits à la ferme depuis des années et nous sommes très à l'aise de le faire.
J'ai entendu notre collègue de Winnipeg déclarer que 50 p. 100 des enfants au Canada auraient le cancer. Les tactiques de peur peuvent nous mener loin dans un débat comme celui que nous avons. Il est clair que l'incidence du cancer peut avoir augmenté pour différentes raisons. Nous tenons de meilleures statistiques qu'autrefois et les gens vivent plus vieux. À 90 ou 95 ans il arrive que l'on meure d'autre chose que de vieillesse. C'est ainsi.
Avec des motions comme celle que le NPD a présentée, un paysagiste qui a un bureau à son point de vente, le propriétaire d'une gazonnière qui a un bureau sur son terrain, l'exploitant d'un terrain de golf qui a un bureau de location d'équipement ne pourraient pas utiliser du tout ce genre de produits chimiques et de pesticides. Certains ont opté pour les produits biologiques et font les choses différemment. Ils utilisent de l'eau de Javel et d'autres produits semblables, mais les conséquences sont différentes.
On lie les mains de bien des gens qui vivent du commerce et qui comptent sur l'élaboration d'un produit exportable respectant les normes de nos partenaires commerciaux, notamment les États-Unis et le Japon, qui ont des régimes réglementaires nettement plus stricts que le nôtre. Nous dépassons déjà nos obligations en matière de réglementation.
Je me penche sur le 2,4-D en particulier, l'un des produits chimiques utilisés depuis le plus longtemps. Il a été homologué en 1946. On l'utilise depuis plus de 60 ans. Il n'a pas vraiment entraîné de problèmes sérieux. Il ne faut pas le mélanger avec du Coca-Cola; c'est dangereux. La plupart des gens sont assez intelligents pour comprendre qu'ils ne doivent pas se gargariser avec ce produit. Il faut porter des gants et un vêtement à manches longues. Les utilisateurs doivent faire preuve de bon sens. Les contenants qui renferment ce produit sont étiquetés. Il faut lire le mode d'emploi avant de l'utiliser. Évidemment, comme tout le monde, les gens aiment consulter des cartes pour s'orienter, alors ils doivent toujours lire le mode d'emploi en premier lieu. Ils en savent suffisamment pour manipuler ce produit avec prudence. Bien davantage de produits plus nocifs se trouvent sur le marché.
Ottawa célèbre actuellement le Festival canadien des tulipes. Ce matin, en voiture, j'ai vu de magnifiques jardins de tulipes, mais juste de l'autre côté de la rue, la pelouse municipale est parsemée de pissenlits parce que la ville n'utilise plus d'herbicides pour s'en débarrasser. La ville a adopté ce régime; c'est son choix. C'est la ville qui décide et les habitants d'Ottawa doivent composer avec cette réalité.
En présentant sa motion, le NPD veut que les droits de chacun soient bafoués par les pouvoirs du gouvernement fédéral en matière pénale; il veut faire respecter sa logique tordue et pense que s'il y arrive, tout le monde s'en portera mieux.
Je veux bien, mais il faut que tout cela repose sur un processus scientifique solide. L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire du gouvernement du Canada assure déjà un tel processus. Bien que nous ayons constamment des problèmes avec cette agence, elle fait du bon travail et elle a les choses bien en main. Il y a beaucoup de nouveaux produits sur le marché à propos desquels l'ARLA s'est montrée très permissive. Elle est toujours en retard de 200 à 400 demandes. Il y a des produits tout neufs et moins toxiques sur le marché qu'il faut commencer à utiliser. C'est à l'ARLA de progresser dans ce dossier, mais ce n'est pas une bonne politique que d'interdire totalement un produit ou de pouvoir ajouter des produits à une liste ou les en ôter au gré du NPD ou du gouvernement.
Je sais que le NPD a certaines réserves à propos de la loi qui a été adoptée il y a quatre ans. Cette loi fait l'objet d'un examen continu. Le 2,4-D a été étudié à plusieurs reprises, toujours dans l'intérêt des gens qui s'en servent. L'étiquetage a changé, comme je l'ai déjà mentionné. Nous avons beaucoup changé la façon dont nous manipulons et utilisons le 2,4-D.
Il existe un processus très complexe pour homologuer et ré-homologuer tous ces produits sur une base continue. Le NPD devrait se tenir au courant. Il est toujours au premier rang quand il s'agit de déclarer la guerre contre quelque chose qui causera notre perte si nous ne le réglementons pas à mort.
Le Protocole de Cartagena est un autre exemple. Le NPD appuyait sans réserve cette initiative et voulait qu'elle soit mise en oeuvre. Il s'agit d'une définition internationale de l'utilisation et de la non-utilisation des organismes génétiquement modifiés. Le problème, c'est que nous nous livrons à cette pratique depuis 12 ans, mais aucune définition n'a encore été acceptée à l'échelle internationale à savoir ce qu'est un organisme modifié. Tant que le cadre ne sera pas en place, il sera impossible de penser aller plus loin.
Voilà ce que les néo-démocrates ont tendance à faire avec ce genre de motions. Ils ont de bonnes intentions, mais ils ratent complètement la cible, car ils empiètent sur les champs de compétence des provinces, des municipalités, des municipalités régionales des zones rurales et des autres entités du genre.
Les néo-démocrates cherchent à établir ce pouvoir législatif en matière pénale. Ce dont ils ne tiennent pas compte, c'est le processus scientifique qui conduit à l'utilisation ou la non-utilisation des pesticides et des produits chimiques, que ce soit pour une utilisation à des fins esthétiques ou pour une utilisation à la ferme.
Oui, nous devons être conscients du fait qu'il peut y avoir des problèmes. Nous devons nous assurer que les produits n'entrent pas en contact avec d'autres dans les citernes, ce qui pourrait entraîner des réactions. Il existe toutes sortes de problèmes auxquels les gens peuvent faire face. Cependant, le bon sens doit prévaloir et la science doit prévaloir pour nous amener à faire la bonne chose au bon moment.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps de parole qui m'est accordé avec ma collègue de Parkdale—High Park.
Les députés ne semblent pas s'entendre sur le sujet du débat aujourd'hui. Il est question de l'utilisation non nécessaire des pesticides à des fins esthétiques. L'utilisation de ces pesticides me préoccupe et elle préoccupe au plus haut point les résidants de London, où elle fait actuellement l'objet d'un débat.
Selon moi, il faudrait interdire l'utilisation des pesticides à des fins esthétiques à moins que l'on ne prouve que ces produits ne sont pas dangereux pour la santé humaine.
Il est troublant de constater que l'industrie des pesticides continue de soutenir qu'il n'existe pas de preuves concluantes établissant que ces produits chimiques sont dangereux pour la santé humaine et animale. Cela me rappelle les arguments invoqués par l'industrie du tabac lorsqu'on a commencé à s'inquiéter des effets du tabagisme sur la santé il y a de cela plusieurs années.
Cet argument est illogique. Pourquoi devrions-nous courir un risque? Nous devons avoir la certitude absolue que ces produits ne menacent aucunement notre santé. Or, des preuves établissent le contraire. Il serait donc prudent d'interdire ces pesticides.
Une étude réalisée par l'Ordre des médecins et des chirurgiens de l'Ontario souligne les effets importants de l'exposition aux pesticides sur la santé des êtres humains. La liste de ces effets est loin d'être rassurante. Les pesticides peuvent entraîner les problèmes de santé suivants: des tumeurs solides, y compris le cancer du cerveau, de la prostate, des reins et du pancréas; la leucémie; le lymphome non-hodgkinien; des effets génotoxiques; des maladies de la peau; des maladies neurologiques; des troubles du système reproducteur.
Ce sont les personnes vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes, qui risquent le plus de subir les effets néfastes des pesticides. J'aimerais souligner en particulier les effets des pesticides sur les femmes enceintes. Je sais que la santé des femmes enceintes préoccupe certains députés.
Selon l'ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario, « les femmes enceintes constituent un groupe particulièrement fragile en raison du risque accru de leucémie lymphoïde aiguë observée parmi les enfants des femmes ayant utilisé des pesticides dans leur maison et sur leur terrain pendant leur grossesse ». La santé des enfants qui vont naître ne devrait pas être mise en péril simplement pour débarrasser une pelouse des mauvaises herbes.
Des pesticides sont employés sur les pelouses, dans les jardins, dans les cours d'école et dans les parcs, c'est-à-dire là où jouent les enfants. On ne devrait pas se surprendre que les enfants fassent partie des groupes les plus exposés. Les pesticides augmentent le risque de cancer parmi les enfants, et aucun enfant ne devrait avoir à vivre une telle maladie.
La Société canadienne du cancer réclame elle aussi une interdiction de l'usage des pesticides à des fins esthétiques et affirme qu'il « convient de prendre les mesures nécessaires afin de limiter les risques pour la santé humaine. Cela est d'autant plus sensé lorsqu'on songe que l'utilisation de pesticides sur les pelouses vise à éliminer des mauvaises herbes et des plantes qu'il est possible de prévenir par des moyens potentiellement moins dangereux. »
Même au sein de l'État fédéral, on réclame l'interdiction de l'usage des pesticides à des fins esthétiques. Dans un rapport fédéral du Comité permanent de l'environnement et du développement durable, on peut lire ce qui suit:
[...] le Comité croit fermement qu'un arrêt de l'usage des pesticides à des fins esthétiques serait essentiel, du moins jusqu'à ce que la science ait démontré qu'ils sont sans danger pour la santé et que l'on ait mis en lumière les conséquences à long terme de leur utilisation en milieu urbain. Le recours aux pesticides ne devrait être permis qu'en situation d'urgence, comme lors d'une infestation grave de ravageurs qui menace le bien-être de la population et de son environnement.
Plus de 100 municipalités au Canada ont déjà adopté des règlements contre les pesticides et de nombreuses autres envisagent de le faire. Parmi celles qui hésitent encore se trouve London, en Ontario. La population de London exige une interdiction des pesticides depuis quatre ans, mais la mesure tarde à venir.
Une loi fédérale servirait les intérêts de ma circonscription et des habitants de London. Un sondage effectué à London en janvier dernier a révélé que seulement 23 p. 100 des propriétaires utilisent des pesticides à des fins esthétiques. Le sondage a aussi révélé que 60 p. 100 de ces propriétaires cesseraient probablement ou très probablement d'utiliser ces pesticides si on leur fournissait de l'information sur les autres options qui leur permettraient d'éliminer les mauvaises herbes de leur jardin et de leur gazon. De plus, 61 p. 100 des personnes interrogées se sont dites d'accord pour que la ville adopte un règlement administratif visant à interdire l'utilisation de pesticides à des fins esthétiques.
Ironiquement, après avoir refusé d'intervenir pour interdire l'utilisation de pesticides à des fins esthétiques, la ville de London a cessé d'épandre des pesticides dans ses parcs. Les pelouses du parc Victoria sont toujours aussi belles et vertes qu'avant et continuent d'attirer des milliers de visiteurs au centre-ville chaque été à l'occasion des divers festivals qui s'y déroulent, et ce, malgré l'absence de pesticides.
Les personnes pour qui un gazon vert sans mauvaises herbes est une priorité disposent d'autres options qui sont à la fois sûres et saines. À London, certaines entreprises, comme My Green Garden, offrent des solutions biologiques qui ne posent aucun risque pour la santé des enfants.
Cette question revêt une telle importance à mes yeux et à ceux des habitants de la circonscription de London—Fanshawe que, le vendredi 5 mai, j'ai lancé une pétition conjointement avec le conseiller municipal Bill Armstrong. Les pétitionnaires demandent au gouvernement du Canada de reconnaître que la santé des êtres humains et de l'environnement devrait prévaloir dans les décisions législatives, ainsi que dans le processus d'approbation des produits qui est en place dans chaque province. Les pétitionnaires demandent aussi au gouvernement d'adopter une loi interdisant l'utilisation à des fins esthétiques de pesticides chimiques nouveaux et existants tant que ces derniers n'ont pas été soumis à des tests scientifiques et médicaux rigoureux confiés à des laboratoires indépendants, et tant que le Parlement n'en a pas examiné les résultats. En outre, les pétitionnaires demandent au gouvernement d'adopter une loi fondée sur le principe de précaution visant à restreindre l'utilisation des pesticides à l'avenir afin de réduire les risques pour la santé des êtres humains et de l'environnement. La pétition a déjà été signée par plus de 400 résidants de London, qui veulent que leur ville soit saine et sûre.
J'estime qu'il est important d'écouter ce que ces pétitionnaires ont à dire, car ils seront directement touchés si la motion est adoptée aujourd'hui. L'un d'entre eux a déclaré:
J'appuie sans réserve l'interdiction des pesticides dans la ville de London. Je pratique moi-même le jardinage non chimique depuis plus de 20 ans, sans augmentation notable des mauvaises herbes ou autres ennemis des cultures.
Un autre a dit:
J'appuie le projet de loi sans réserve. Chaque fois que mon voisin pulvérise des pesticides sur son terrain, ma propriété est également saturée de produits chimiques.
Un autre encore a dit:
Nous ne pouvons nous permettre d'exposer nos enfants et nos petits-enfants à ce barrage continuel de toxines. Compte tenu de la prolifération des cancers, il vaut mieux être prudent, en particulier en ce qui concerne les toxines qui ne sont utilisées qu'à des fins esthétiques.
Un autre habitant de London a dit:
Nous devons mettre fin à toute cette contamination avant qu'il ne soit trop tard. Notre santé, nos enfants et nos animaux familiers ont beaucoup plus d'importance que la fierté de posséder la pelouse la plus verte du voisinage.
Les pesticides causent le cancer. Ceux qui refusent de le croire font simplement l'autruche. Il est temps d'entrer dans le monde moderne, d'interdire les pesticides et de commencer à penser à la santé de la population. Un autre citoyen de London a dit:
Les humains en santé sont beaucoup plus importants que les verts gazons. Très peu de mauvaises herbes sont vraiment « nuisibles ». En fait, un grand nombre d'entre elles sont difficiles à cultiver. Nous pourrions en fait les cultiver dans nos jardins. Pour un enfant qui est trop jeune pour faire la différence entre les mauvaises herbes et les fleurs, un massif de pissenlits est un trésor végétal où cueillir un bouquet pour sa mère [...] Il s'agit simplement de savoir ce qui a plus de valeur à nos yeux: la santé de notre famille, de nos amis et de nos animaux familiers ou l'apparence de nos pelouses.
Enfin, comme cet autre citoyen de London le résume parfaitement: « Pour la santé de notre pays, vous devez promulguer cette interdiction. »
Selon l'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario, « les pesticides sont destinés à tuer ». Voilà justement le problème. Ils tuent. Pourquoi voudrions-nous être exposés à un tel produit, conçu précisément pour tuer?
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Monsieur le Président, je suis très heureuse et fière de soutenir la motion présentée par le NPD. Je félicite mon parti pour proposer d'interdire l'usage des pesticides à des fins esthétiques. C'est une proposition très importante. Je suis très heureuse d'être ici pour donner mon appui à la motion au nom des habitants de Parkdale—High Park.
L'environnement suscite de sérieuses préoccupations. Beaucoup de gens me téléphonent pour me parler d'environnement. Je suis très fière d'être membre d'un parti qui propose de réglementer l'utilisation des pesticides comme on le voit dans la motion.
Rachel Carson, auteur du livre Le printemps silencieux, publié en 1962, a été la première à documenter les épouvantables dommages à l'environnement causés par les pesticides. Ce livre a fait école et est à l'origine du mouvement écologiste moderne.
Nous parlons aujourd'hui de pesticides. D'autres avant moi ont déjà souligné que les pesticides ne sont pas produits naturellement. Ce sont des produits chimiques toxiques de synthèse qui sont délibérément répandus sur de vastes surfaces. Ils sont poison pour les gens parce qu'ils sont destinés à tuer.
Quelles sont les répercussions des pesticides sur la santé? Le lien entre les pesticides et le cancer a été établi. L'incidence du neuroblastome, un cancer qui frappe les enfants, double lorsque les pesticides servant à des fins esthétiques sont utilisés près des maisons.
La Société canadienne du cancer déclare ceci:
Comme l’utilisation de pesticides à des fins ornementales ne procure aucun avantage compensatoire pour la santé et peut éventuellement s’avérer nocive, nous réclamons que soit interdite l’utilisation de pesticides sur les pelouses et dans les jardins.
Les pesticides ont également été liés à des anomalies du squelette et à des dommages au système immunitaire. Des recherches ont montré que le malathion, un pesticide chimique, affaiblit les globules blancs qui s'attaquent aux cellules cancéreuses et aux infections virales.
Les pesticides ont été liés à des dommages neurologiques. Les pesticides sont souvent des neurotoxines ayant des effets néfastes sur le développement du cerveau. On note des effets sur le système reproducteur. Des pesticides ont été trouvés dans le sperme et liés à des anomalies des spermatozoïdes. Ils ont été liés à des taux de fausses couches plus élevés et à des anomalies congénitales. Ils ont été liés à la difficulté d'enfanter et de porter des enfants. L'exposition chronique aux pesticides peut causer l'infertilité.
Compte tenu des preuves de plus en plus nombreuses du lien entre quantité de pesticides chimiques et le cancer, des anomalies congénitales et d'autres maladies dévastatrices, le temps est venu pour le gouvernement fédéral d'agir pour protéger tous les Canadiens et l'environnement contre ces poisons.
Ces produits chimiques ont certes pour effet de garder verts nos arrièere-cours et les espaces publics, mais le problème est qu'ils s'infiltrent dans le sol et contaminent l'eau, et qu'ils entrent dans nos foyers où nos enfants et nous les absorbons. Cela est simplement inacceptable. Nous avons l'obligation de veiller à ce que nos enfants jouent et grandissent dans l'environnement le plus sûr possible.
La science est claire. Je viens tout juste de décrire comment les pesticides ont été liés au cancer, à des anomalies du squelette et à des effets sur le système reproducteur. Les fabricants de pesticides doivent prouver que leurs produits sont sûrs avant de les vendre au public canadien.
Le temps des débats est révolu. Le gouvernement fédéral doit maintenant agir concrètement en interdisant tout de suite l'utilisation non essentielle de ces produits chimiques. À l'heure actuelle, seuls l'Australie, l'Italie, la France, la Belgique et les États-Unis utilisent plus de pesticides par habitant que le Canada. Encore une fois, souvenons-nous que la Société canadienne du cancer a demandé l'interdiction des pesticides.
Nous ne visons pas les pesticides agricoles. Nous ne visons pas tous les genres d'utilisation de pesticides. Nous ne nous visons que les pesticides utilisés à des fins ornementales. Plus d'une centaine de municipalités et d'autres collectivités publiques ont déjà pris la décision d'interdire ce genre de pesticides. Aucune de ces collectivités n'est revenue sur sa décision une fois qu'elle a été prise.
Au nom des habitants de la circonscription de Parkdale--High Park, que je représente du mieux que je peux, j'exhorte la Chambre à interdire l'utilisation des pesticides à des fins ornementales dans la ville de Toronto et dans tout le Canada.
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Monsieur le Président, j'ai suivi le débat avec beaucoup d'intérêt. C'est un débat qui a déjà été tenu à la Chambre et qui a souvent attiré l'attention du public. À première vue, c'est une position qui semble très intéressante. On ne peut rester impassible devant un titre comme « Les pesticides causent le cancer. » Mais il faut se demander si les faits justifient un tel titre. Les commentaires que nous servent les néo-démocrates et qui sous-tendent la motion présentée aujourd'hui sont-ils fondés sur des données scientifiques et des expériences? Je suis d'avis que ce n'est pas le cas.
En examinant de plus près certaines des études qui ont été menées, on se rend compte que bon nombre de commentaires défavorables aux pesticides sont plutôt fondés sur la crainte et qu'ils ne résistent pas à une analyse scientifique de base.
Voyons un peu certaines des prémisses avancées. La première porte sur les taux de cancer. Ces taux ont-ils augmenté ou ont-ils diminué? Nous connaissons tous des gens qui ont été atteints du cancer et nous savons qu'il y en a beaucoup d'autres. Toutefois, il ne faut pas oublier que les humains vivent plus longtemps qu'autrefois. Les hommes de ma province, la Colombie-Britannique, détiennent le record de longévité au monde. Nous devrions en être fiers. Je dirais même que les Canadiens et les Canadiennes sont parmi ceux qui vivent le plus longtemps.
L'âge est un facteur important dans l'apparition du cancer, peut-être même le plus important. L'incidence du cancer augmente avec le vieillissement de la population. La possibilité que nous contractions une maladie augmente avec l'âge. C'est une question de génétique qui tient également compte de ce que nous avons fait à notre corps au cours des ans à cause d'un manque d'activités physiques, de mauvaises habitudes alimentaires ou de l'usage du tabac.
L'incidence du cancer a-t-elle augmenté? Non. Le nombre de personnes atteintes de cancer par tranche de population est resté sensiblement le même au cours des dix dernières années. Il est vrai toutefois qu'il a augmenté dans certains groupes. On sait par exemple que l'incidence du cancer du poumon a augmenté chez les femmes puisqu'elles fument plus qu'autrefois, alors que chez les hommes, il a diminué. L'incidence du cancer du col de l'utérus a diminué parce que les femmes ont davantage recours au frottis cervico-vaginal pour détecter ce type de cancer. Ce test a permis de sauver la vie de plusieurs milliers de femmes. Heureusement que nous disposons de ces outils.
Les pesticides causent-ils le cancer? Les groupes de lutte contre les pesticides le prétendent, mais je tiens à souligner que 99 p. 100 des pesticides que nous utilisons sont d'origine naturelle.
Je partagerai mon temps de parole, monsieur le Président, avec le député de Malpeque.
Au fil des décennies, des études approfondies ont été réalisées sur les pesticides. Elles n'ont fait ressortir aucune augmentation de l'incidence du cancer chez les populations exposées à des pesticides. La plupart des pesticides que nous vaporisons sont naturels. Si nous comparons des pesticides synthétiques à des pesticides naturels, nous n'observerons aucune différence dans les statistiques touchant la mortalité et la morbidité. Ces produits chimiques, qu'ils soient naturels ou synthétiques, font l'objet d'études exhaustives depuis des décennies. Des segments importants de la population ont été étudiés.
Si nous devions éliminer ou interdire les pesticides, ce que d'aucuns voudraient faire, un certain nombre de choses se produiraient.
Premièrement, il nous faudrait augmenter la superficie des terres consacrées à des cultures alimentaires. Cela entraînerait une perte de biodiversité et aurait des effets négatifs sur notre environnement.
Deuxièmement, si nous interdisions les pesticides, le coût des aliments grimperait de 27 p. 100, selon les estimations. Je sais que le député parle des pesticides à des fins esthétiques, mais il convient de souligner que de nombreuses personnes sont susceptibles de ne pas bien faire la distinction entre les pesticides à des fins esthétiques et le désir d'interdire les pesticides dans la production d'aliments.
Quelles sont les quatre ou cinq mesures dont il a été démontré qu'elles ont des répercussions profondes sur la réduction du taux de cancer dans notre pays? Oeuvrant de concert avec ses interlocuteurs provinciaux, les ministres provinciaux de la Santé et de l'Éducation, le gouvernement devrait réaliser les interventions suivantes.
En premier lieu, le gouvernement devrait investir dans une stratégie de réduction du tabagisme. Le tabac tue et nous devons continuer de réduire le tabagisme, particulièrement chez les jeunes femmes, où ce phénomène s'est aggravé.
Deuxièmement, le gouvernement doit encourager l'activité physique. Nous constatons que les jeunes font maintenant moins d'activités physiques que jamais auparavant. L'incidence de l'obésité chez les enfants atteint l'ampleur d'une épidémie. Il faut que les enfants aillent jouer dehors et deviennent actifs physiquement.
En agissant en coopération avec les provinces, nous pourrions peut-être lancer une campagne de sensibilisation visant à ce que les adultes jouent avec leurs enfants 30 minutes par jour. Cela serait bénéfique non seulement pour les enfants, mais aussi pour les adultes. L'activité physique revêt une importance cruciale, non seulement pour le bien-être physique, mais aussi pour la santé mentale. Nous venons de célébrer la Semaine de la santé mentale. Si nous devions comparer un groupe de personnes actives physiquement et prenant des antidépresseurs à un groupe de personnes inactives prenant aussi des antidépresseurs, nous constaterions que les gens du premier groupe sont en meilleure santé.
Un autre programme qui donne d’excellents résultats est le programme Bon départ. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est sans doute le moyen le plus rentable que le gouvernement ait trouvé pour réduire un vaste éventail de problèmes socioéconomiques. Le programme Bon départ est simple et peu coûteux. Il cherche à développer les compétences parentales et il s’applique aux huit premières années de la vie de l’enfant.
Il y a un programme à Ypsilanti, au Michigan, qui est en place depuis 30 ans. Si nous comparons le programme Bon départ de Moncton, que Claudette Bradshaw a lancé, avec le programme « Healthystart » de Hawaï, nous constatons que le programme Bon départ est extrêmement rentable puisqu’il rapporte de 7 $ à 8 $ pour chaque dollar investi. Grâce à lui, les enfants sont en meilleure santé et plus actifs. Il réduit l’incidence du chômage plus tard en gardant les enfants plus longtemps à l’école. Il diminue le taux de grossesse chez les adolescentes ainsi que l’incidence de la criminalité juvénile. C’est avantageux pour tout le monde. Bon départ est un programme qui inculque aux enfants de bonnes habitudes alimentaires, ce qui a un effet positif sur leur vie.
Les enfants japonais ont une longévité assez extraordinaire et ils sont peu touchés par le cancer. C’est notamment dû à leur mode de vie. Les habitudes alimentaires des enfants japonais sont différentes de celles des enfants d’Amérique du Nord. Leur consommation de bonbons est assez faible tandis que leur consommation d’aliments sains comme le poisson et les légumes est élevée. Ces enfants savent quels aliments manger et ils savent pourquoi ils les mangent. Cela donne de bons résultats. Des études ont montré que ces enfants deviennent des adultes en bonne santé. Si nous nous inspirons de ce genre d’initiatives et de comportements, nous serons en mesure d’améliorer la santé des gens.
Je dirais aux membres du NPD que leur initiative, bien qu'elle parte des meilleures intentions, est maladroite et ne se fonde pas sur les faits et sur les données scientifiques. Je les invite à se pencher sur certains des travaux réalisés par le cofondateur et ancien chercheur en chef de Greenpeace, Patrick Moore, qui a fait partie d’un groupe d’experts internationaux sur le cancer et qui a écrit d’excellents articles. Avec Bruce Ames, professeur à l’Université de Californie à Berkley, Patrick Moore a essayé de faire comprendre au monde entier, pendant des années, que la présence de « pesticides dans les aliments ne constitue pas un grave problème sanitaire ».
En tant que membre de la National Academy of Sciences et récipiendaire de la National Medal of Science pour ses recherches sur le cancer, surtout dans le domaine de la toxicité chimique, Bruce Ames a constaté que les pesticides naturels que les plantes produisent pour se protéger des insectes et des champignons sont tout aussi toxiques que les pesticides synthétiques utilisés en agriculture.
En résumé, si nous voulons améliorer la santé des Canadiens, les solutions que j’ai proposées constituent un plan d’action efficace pour réduire les taux de cancer. Nous n’obtiendront pas ce résultat en interdisant les pesticides comme le suggère le NPD.
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Monsieur le Président, cette motion et les conséquences qu'elle pourrait avoir me préoccupent profondément. La motion prévoit un traitement uniforme à l'échelle du pays et propose une orientation sans s'appuyer sur des fondements scientifiques solides. En fait, elle défie tout fondement scientifique solide pour se fonder plutôt sur des études et des faits mis en avant par ceux qui ont des intérêts personnels dans l'affaire.
Bien sûr, la motion part d'une préoccupation légitime, mais elle ferait appliquer une politique uniforme à tout le pays, relativement à un enjeu extrêmement complexe qu'il vaudrait mieux traiter à l'échelle municipale ou provinciale, parce que les règles sur les pesticides et herbicides diffèrent selon les provinces et territoires, en ce qui a trait aux zones agricoles.
L'objectif de la motion est peut-être sensé, puisque nous avons tous intérêt à préserver la santé de la population, mais les décisions que nous prenons sur ces questions doivent être fondées sur les principes scientifiques les plus sûrs. Je ne crois pas qu'une interdiction générale soit la bonne façon de faire si nous basons l'interdiction des pesticides à des fins esthétiques sur des arguments d'ordre émotif plutôt que sur des faits établis, si nous dénaturons les faits ou si nous attribuons des défauts génétiques ou des problèmes de santé à ces pesticides alors qu'ils sont plutôt causés par autre chose. Si nous interdisons l'usage des pesticides à des fins esthétiques pour de telles raisons, nous faisons fi du droit de prendre des décisions en fonction de faits irréfutables ou de déterminer comment minimiser les risques en se fondant sur des principes scientifiques.
Interdire l'usage à des fins esthétiques des pesticides, des herbicides et des autres produits du genre sans que ce soit fondé sur des principes scientifiques établis équivaudrait à admettre la validité de toutes les idées fausses sur leurs effets. Ce serait le début de la fin pour le secteur agricole et sa capacité d'être fructueux et de faire de bonnes récoltes grâce aux nombreux produits que nous avons découverts avec la révolution industrielle.
De plus, si nous adoptions cette motion, la Chambre des communes se trouverait à justifier les exagérations qu'on entend un peu partout au sujet de l'usage des pesticides et des produits chimiques. L'approche qui convient est fondée sur une bonne réglementation et des données scientifiques solides. Je crois que l'ancien gouvernement cherchait à faire en sorte qu'on ait ces données scientifiques solides concernant l'usage de ces produits chimiques, et je crois qu'il en va de même pour le gouvernement actuel.
En tant que gouvernement, nous avons proposé plusieurs modifications au régime canadien de contrôle des produits antiparasitaires en 2002. Le projet de loi C-8 a reçu la sanction royale le 12 décembre 2002 et devait entrer en vigueur en 2005. Cependant, si je comprends bien, il n'est pas encore entré en vigueur. Nous devrions voir à ce que cela se fasse assez rapidement.
Actuellement, il est précisé dans la Loi sur les produits antiparasitaires que tout pesticide fabriqué ou distribué au Canada doit être homologué par Agriculture et Agroalimentaire Canada. La réglementation énumère les genres de produits qui peuvent être vendus ou utilisés au Canada, y compris les genres de substances qui peuvent entrer dans la fabrication des pesticides. Elle énonce les exigences en matière d'emballage, d'étiquetage et de sécurité en ce qui concerne les pesticides.
Toute la Loi sur les produits antiparasitaires porte sur des choses comme la composition chimique du pesticide, son homologation et son innocuité. Je signalerai ici qu'il est illégal d'utiliser un pesticide d'une manière autre que ce qui est indiqué sur l'étiquette. Cette question a causé bien des remous dans le monde agricole. Le fait est que tout le monde doit suivre une formation. Les normes relatives à l'usage des pesticides dans le secteur agricole sont beaucoup plus sûres qu'auparavant, qu'il s'agisse des vêtements, des appareils respiratoires, de l'interdiction de pulvériser des pesticides lorsque les vents sont à certains niveaux ou avant un orage fort, et ainsi de suite.
On a observé un changement culturel énorme dans le monde agricole à mesure que ce dernier essaie de satisfaire aux normes de sorte que, lorsque ses membres utilisent de tels produits, ils ne mettent pas en danger leur propre santé, la santé de la collectivité et la santé environnementale du pays.
Je pourrais vous signaler également que les modifications à la Loi sur les produits antiparasitaires visaient à obtenir ce qui suit: le ministre a l'obligation de tenir compte des enfants, d'évaluer le risque global et les effets cumulatifs de l'exposition; le ministre a clairement le pouvoir de refuser d'examiner une demande ou de maintenir une homologation si le demandeur ou le titulaire ne fournit pas l'information appuyant ces allégations à l'effet que la valeur et les risques du produit sont acceptables; une déclaration obligatoire des effets nocifs des pesticides homologués; de nouvelles possibilités de participation éclairée du public à la réglementation de la lutte antiparasitaire et le renforcement des mesures visant à encourager le respect de la loi. Nous pouvons compter sur l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire pour veiller à l'approbation et au respect du régime de réglementation entourant les produits que nous utilisons dans le secteur agricole.
Pour ce qui est de la motion, le NPD a perdu tout contact avec ses racines rurales, alors qu'il est né dans les régions rurales. Les néo-démocrates prennent la peine de dire que la motion n'aura pas de répercussions sur l'agriculture. Or, si cette motion établit un système aux termes duquel nous approuvons des interdictions en nous fondant sur des émotions plutôt que sur des principes et des données scientifiques, elle aura une incidence sur tout ce que nous faisons. J'ai vu cela se produire dans le secteur agricole à l'Île-du-Prince-Édouard lorsque nous avons essayé de faire entrer de nouveaux produits.
Il y aura un impact. Il est vrai que les gens ont certaines craintes, mais cette motion est présentée en se fondant sur les craintes pour la santé, ce qui est légitime dans une certaine mesure, alors que nos actions en fin de compte devraient être basées sur des données scientifiques solides.
En fonction de son libellé, la motion va toucher « un terrain où est située une maison d'habitation ». Cela visera les régions rurales également. Est-il question de ne pas contrôler les mauvaises herbes dans le cas de ces maisons d'habitation situées dans des régions rurales? Plus tôt, j'ai pris l'exemple de la région de Peace River où on produit aux fins d'exportation dans le monde des graines de luzerne et de fétuque, et si on ne peut contrôler les mauvaises herbes autour des maisons d'habitation ou dans des terrains vacants, nous perdrons alors la possibilité de vendre ces graines ailleurs dans le monde.
En fin de compte, je m'oppose vivement à cette motion, car elle n'est pas basée sur les faits ou sur des principes scientifiques et elle pourrait être le prélude à l'adoption par la Chambre des communes de politiques fondées sur les émotions simplement dans des dossiers qui exigent qu'on se fonde sur de solides données scientifiques.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps de parole qui m'est accordé avec le député de Windsor-Ouest.
Premièrement, j'aimerais remercier le député de Toronto—Danforth pour avoir présenté cette importante motion à la Chambre. Comme il l'a dit lors de son intervention d'aujourd'hui, il s'agit d'un premier pas concret « que pourrait franchir le gouvernement fédéral pour protéger tous les Canadiens contre les produits chimiques associés au cancer, aux malformations congénitales » et à d'autres maladies terribles.
Il s'agit d'un problème grave ayant des incidences sur l'environnement et sur notre santé. C'est un problème qui doit être traité à l'échelle nationale. Des citoyens de partout au pays s'opposent à l'utilisation de pesticides à des fins esthétiques dans leur milieu. Il est temps désormais que le gouvernement fédéral ne se borne plus à écouter et qu'il passe aux actes.
L'utilisation de pesticides à des fins esthétiques a fait son temps. Nous ne devrions pas déverser des produits chimiques nocifs sur nos pelouses et dans nos jardins pour tuer des mauvaises herbes ou des insectes. Ces produits chimiques sont conçus pour tuer, et c'est exactement ce qu'ils font. Ils ne se limitent pas aux mauvaises herbes et aux insectes. Des études médicales ont démontré que l'exposition à n'importe quel pesticide d'usage courant avait un effet néfaste sur la santé. En fait, toutes les classes de pesticides ont un potentiel cancérigène. Cette seule constatation devrait suffire pour nous empêcher de les utiliser, mais ce n'est pas le cas. On s'efforce de nous faire croire que certains produits chimiques sont plus sûrs que d'autres. Pourtant, faut-il le répéter, ils sont conçus pour tuer des organismes vivants.
Il existe de bien meilleures façons de verdir et d'assainir en même temps nos pelouses et nos jardins. Nous devrions encourager le compostage et l'utilisation de plantes indigènes dans les lieux publics et sur les terrains privés du pays. À de nombreux endroits, c'est déjà ce qui se fait parce qu'on s'est rendu compte des conséquences néfastes de l'utilisation des pesticides pour l'environnement et la santé .
D'un océan à l'autre, des citoyens canadiens réclament l'interdiction des pesticides. Dans la partie sud de ma circonscription se trouve un petit corridor ferroviaire, le chemin de fer Esquimalt et Nanaimo. Il suit la côte est de l'île de Vancouver, entre Victoria et Courtenay. Sur son trajet, on aperçoit des villes et des villages, des rivières et des ruisseaux, des cultures maraîchères et des fermes laitières, des forêts, plusieurs écoles ainsi que d'innombrables propriétés rurales.
Comme chacun sait, la côte ouest de la Colombie-Britannique est une sorte de forêt tropicale où la végétation pousse très vite. Or, l'an dernier, il a été décidé d'éliminer la végétation le long des chemins de fer à l'aide d'un produit chimique du nom de 2,4-D. Bon nombre de résidents vivant le long des chemins de fer ont été outrés. Nous nous sommes dit que c'est le genre de choses qui se faisaient dans les années 50 et qu'il était impensable de faire cela en 2005, compte tenu de tout ce que nous savons des dangers de tels produits chimiques.
Comment une telle décision a-t-elle même pu être envisagée dans une région aussi écosensible? Les ruisseaux à saumon de cette région sont déjà en danger pour diverses raisons, notamment le manque d'amélioration, les mauvaises pratiques forestières et le développement frénétique. Qu'en est-il de la faune, des cerfs, des ours, des wapitis et des centaines d'espèces d'oiseaux et de petits mammifères qui vivent dans la forêt et dont la survie serait menacée?
Il y a également le problème du ruissellement, phénomène typique de la côte Ouest où il pleut beaucoup. Tout ce qui est appliqué sur le sol se retrouve inévitablement dans un ruisseau, dans une rivière, dans l'eau que nous buvons et, enfin, dans l'océan qui nous entoure.
Près de la ligne de chemin de fer se trouve une petite ferme biologique du nom d'Ironwood Farm, qui vend des produits locaux à un marché de la région au printemps et en été. Ces agriculteurs se sont beaucoup inquiétés du ruissellement et de la pulvérisation hors cible, qui aurait contaminé leurs produits formidables et les aurait rendus invendables. Cela aurait entaché leur réputation d'agriculteurs biologiques et aurait eu un effet dévastateur sur les finances de cette entreprise familiale. Mais...