Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait mettre en place un plan pour contrer les effets négatifs des hausses répétitives du prix de l’essence comprenant notamment : une surtaxe sur les profits des grandes compagnies pétrolières, la création d’un office de surveillance du secteur pétrolier, ainsi que le renforcement de la Loi sur la concurrence.
— Monsieur le Président, je suis très heureux de saisir la Chambre de cette question, aujourd'hui.
Nous savons tous dans la vie courante que la hausse des prix de l'essence, au cours des dernières années, a porté un dur coup à l'activité industrielle manufacturière. Elle a surtout porté un dur coup à tous les gens qui utilisent une automobile, des gens souvent à faible revenu et des gens qui ont vu leur pouvoir d'achat diminuer. Parallèlement à cela, les pétrolières ont engrangé des profits hallucinants et démesurés. Par exemple, en 2002, Esso l'Impériale a fait des bénéfices après impôt de 1 214 000 000 $. En 2003, le montant s'élevait à 1 701 000 000 $. En 2004, ce chiffre était de 2 052 000 000 $. En 2005, les bénéfices étaient de 2 600 000 000 $. Au total, les bénéfices s'élèvent à 7 567 000 000 $.
En voyant le total et la progression, de 1 214 000 000 $ en 2002 à 2 600 000 000 $ en 2005, on ne peut que comprendre pourquoi il y a actuellement énormément de perdants dans notre économie, en dépit du fait que cette dernière semble très bien se porter.
Ces perdants sont les consommateurs qui gagnent le salaire minimum et qui doivent obligatoirement prendre leur automobile pour se rendre au travail.
Chez moi, à La Pocatière, une dame m'exposait sa situation. À cause de la hausse du prix de l'essence, elle perdait de l'argent en allant travailler. C'est la réalité et c'est concret. D'une part, les pétrolières encaissent des profits faramineux et d'autre part, les gens sont coincés par cette situation. Cela s'applique à des individus, mais cela s'applique également à des groupes.
Présentement, avec la hausse de la valeur du dollar, il y a une pression indue sur le secteur manufacturier au Québec et au Canada. C'est en partie causé par cette hausse faramineuse du prix de l'essence. À cela s'ajoute l'augmentation des coûts d'énergie, ce qui met une pression pour l'augmentation de la valeur du dollar et ajoute aussi aux coûts de nos entreprises. Il ne s'agit pas de tout simplement critiquer le gouvernement, c'est une réalité qu'on vit chaque jour et qui doit être contrée d'une façon ou d'une autre.
Le Bloc a déposé sa motion parce que, en ce moment, l'inaction du gouvernement à ce sujet est très mauvaise. On ne sent aucune volonté de la part du gouvernement fédéral de faire face à cette difficulté et de voir venir.
Cette semaine encore, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie s'est fait dire qu'en ce moment, l'activité économique du Canada roulait et bougeait beaucoup à cause du prix de l'énergie et de l'exportation des matières premières.
Toutefois, lorsqu'il y aura un ralentissement de ce côté dans quelques années, nous aurons été imprévoyants et imprudents de ne pas nous être assurés que le reste de l'économie soit en bonne santé, et nous aurons obtenu des résultats insatisfaisants. Ces résultats sont sous la responsabilité du gouvernement actuel. Je le répète pour que cela entre bien dans l'esprit de mes collègues et de l'ensemble de la population.
Je donne un autre exemple, celui de Suncore Energy. En 2002, ses bénéfices après impôt se chiffraient à 749 millions de dollars. Ensuite, cela progresse. Pour la période allant de 2002 à 2005, le total s'élève à 4 169 000 000 $. Cette progression des profits est l'exemple concret qui démontre qu'un secteur de l'économie a pris en otage le reste de l'économie.
Les gens consacraient une partie de leur pouvoir d'achat à l'énergie, à l'essence et à l'huile à chauffage. Leur argent arrondit maintenant les profits des compagnies, sans qu'il y ait de contrepartie pour assurer une répartition de la richesse.
J'insiste sur les différents éléments de la proposition du Bloc. On y parle d'un plan pour contrer les effets négatifs des hausses répétitives du prix de l'essence. Il faut d'abord constater les effets négatifs. Comme je viens de le dire, nous en voyons tous l'impact négatif, d'autant plus qu'il y a des fluctuations soudaines du prix d'un produit qui a une telle importance pour l'économie.
Il faut trouver une façon d'éviter ces hausses soudaines et imprévues, ce jeu de yoyo. Il faut trouver des façons de régulariser la situation. Il ne s'agit pas de contrôler les prix, mais plutôt d'étudier ce marché, de comprendre comment il fonctionne et de tenter de mettre sur pied des mesures et des actions qui nous permettraient d'apporter les correctifs pertinents.
En ce qui a trait au plan d'action, le Bloc est ouvert aux suggestions, mais il souhaite que ce plan comprenne notamment une surtaxe sur les profits des grandes compagnies pétrolières. À court terme, il faut absolument qu'une partie des profits démesurés retourne vers les gens qui ont été les victimes de ces hausses soudaines.
Il faut même qu'on envisage une solution à long terme, qui serait une moins grande dépendance au pétrole. Il s'agit de permettre l'investissement dans des mesures qui nous procureront un meilleur environnement et nous permettront d'exploiter de nouvelles ressources. Il serait de bonne guerre qu'une partie du financement de ces programmes vienne directement des pétrolières. Or il semble que ce ne soit pas sur une base volontaire que nous obtiendrons des résultats de cet ordre.
Ce matin encore, M. Yves Séguin, économiste reconnu qui a été ministre des Finances du Québec, disait qu'au moins une compagnie avait affirmé clairement qu'elle n'augmentait pas sa capacité de raffinage, mais vendait le plus possible. En effet, si la capacité de raffinage telle qu'elle est actuellement permet de grands profits, la compagnie empoche le plus tôt possible. Même si elle n'aura pas nécessairement investi correctement plus tard, elle aura fait le maximum de profits, comme en ce moment.
Il nous apparaît important que des situations de ce genre soient contrées par une surtaxe sur les profits des pétrolières.
Nous avons également proposé des solutions depuis déjà un bon bout de temps, dont la création d'un office de surveillance du secteur pétrolier. Cette idée est née il y a deux ou trois ans lors des audiences du Comité permanent de l'industrie que le Bloc québécois avait obtenues. Des représentants des pétrolières sont venus témoigner. Ils nous ont dit qu'eux-mêmes seraient d'accord pour que cet office soit mis en place. Il ne s'agit pas de contrôler les prix, mais d'avoir un outil qui nous permettra d'évaluer comment le marché fonctionne, grâce à des statistiques indépendantes.
Encore hier, une séance de breffage nous a été donnée par le ministère des Ressources naturelles du Canada. Les statistiques qu'on nous a données proviennent d'une compagnie privée qui fournit ce type d'information. Je n'ai rien contre cette compagnie, mais elle n'a absolument pas la transparence nécessaire pour qu'on puisse se servir de ces statistiques en toute confiance.
Nous avons donc proposé la création d'un office de surveillance des produits pétroliers. Ainsi, on pourrait surveiller le marché et voir comment il fonctionne. Pendant trois ans, on ferait des recommandations en cette Chambre quant à l'évolution du marché, pour établir quelles mesures devraient être mises en place. Il ne s'agit pas de créer une bureaucratie permanente, même qu'on veut qu'elle soit limitée dans le temps, mais plutôt un chien de garde qui aviserait l'industrie pétrolière que le gouvernement et les élus ont conscience que quelque chose ne fonctionne pas dans le marché. Les pétrolières ont le droit de faire des profits, mais pas des profits démesurés comme elles en font actuellement, surtout s'ils ont des effets négatifs sur l'économie. Nous allons ainsi mettre en place des solutions pertinentes.
Un tel office pourrait permettre d'évaluer, par exemple, s'il ne serait pas avantageux dans l'avenir de ne pas permettre l'intégration des produits, c'est-à-dire le fait d'extraire le pétrole, de le raffiner, de le transporter et de le vendre au détail. Peut-être serait-il possible qu'on en vienne à des solutions comme celles qu'on a expérimentées dans certains États américains. Par exemple, on pourrait proposer de limiter la possibilité qu'une entreprise soit intégrante, donc qu'elle ne puisse pas agir à tous les niveaux de cette façon, et exiger qu'on apporte un éclairage beaucoup plus précis sur les profits à chacune des étapes. C'est le genre de recommandations que nous souhaiterions qu'un office de surveillance du secteur pétrolier nouvellement créé puisse proposer.
L'automne dernier, si l'on s'en souvient bien, à la suite d'une deuxième offensive du Bloc, les libéraux ont accepté d'accorder la moitié du mandat souhaité à l'office de surveillance du secteur pétrolier. Hier, lors du breffage, j'ai appris que le nouveau ministre de l'Industrie, qui a une approche très orientée vers le marché, ne souhaite aucune intervention de l'État; selon lui, ce serait encore mieux si le gouvernement n'intervenait pas du tout. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il s'est fait élire dans un gouvernement, s'il ne veut pas que le gouvernement intervienne. Le ministre a décidé d'étudier le dossier de l'office de surveillance du secteur pétrolier et de laisser traîner en longueur sa création, malgré la hausse des prix qu'on a connue et qu'on connaît toujours. Selon les articles de journaux ces jours-ci, on s'attend encore à une hausse importante. L'été s'en vient; à l'approche de la période estivale, les gens se prépareront à aller en vacances. On verra les répercussions que cela aura sur le prix de l'essence.
Les acteurs de ce secteur industriel ont le droit d'avoir un comportement semblable à celui des autres joueurs des autres secteurs industriels. Cependant, il y a un aspect particulier: qu'on essaie de mettre du bois de chauffage dans sa voiture pour la faire rouler, et on verra comment cela fonctionnera. Le secteur de l'automobile, qui est à la base de notre industrie, offre des produits qui ne fonctionnent qu'au pétrole. C'est le seul combustible qu'on peut utiliser pour cela. Il n'existe pas de produit concurrent, et les pétrolières ne se forcent pas tellement pour en créer non plus. Par exemple, elles ne sont pas tellement pressées d'aller de l'avant avec des produits comme l'éthanol.
Si l'on avait une surtaxe sur les produits pétroliers, on pourrait s'organiser pour qu'une partie de ces sommes récoltées généralisent, accélèrent, catalysent le développement des énergies renouvelables. De cette façon, nous pourrions diminuer notre dépendance au pétrole.
On voit que beaucoup d'effets sont possibles, si le gouvernement assume sa responsabilité. C'est le but de cette motion: d'abord que le gouvernement assume sa responsabilité en cette matière.
L'autre volet dont on parle spécifiquement dans la motion, c'est le renforcement de la Loi sur la concurrence. Là encore, l'automne dernier, si vous vous souvenez bien, sous la pression de ce que le Bloc avait enclenché et devant l'urgence de la situation, on a obtenu des audiences au Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie, avant que le Parlement ne reprenne ses travaux. Le gouvernement a déposé des amendements à la Loi sur la concurrence pour accorder un pouvoir d'enquête général, d'enquête de marchés. En effet, on avait rencontré un problème fabuleux par rapport au Bureau de la concurrence, soit le fait que le Bureau de la concurrence est un quasi-tribunal. Il faut absolument qu'il fasse la preuve d'une collusion.
Une preuve de collusion, c'est une preuve légale. Il faut, par exemple, trouver des textes, des copies de messages par télécopieur qui auraient été envoyés dans les stations-services, à quatre endroits différents en même temps. Il faut avoir des enregistrements de ce type. C'est le genre de choses qu'on n'a pas trouvées. Elles n'existent probablement pas, mais il n'est pas nécessaire d'avoir cela.
Depuis plusieurs années, on a contrôlé toute la question du raffinage. On a diminué de façon systématique le nombre de raffineries en Amérique du Nord et dans le monde. Cela fait que, aujourd'hui, on a un nombre minimum. Chaque fois qu'une situation spéciale se présente, soit un grand vent en Afrique, une inondation dans un autre pays, l'ouragan Katrina l'été dernier, pour toutes ces raisons importantes, le prix augmente soudainement.
Si on avait eu la sagesse de développer une capacité de raffinage supplémentaire, lorsque l'ouragan Katrina est arrivé, il y aurait eu une ou deux raffineries additionnelles dans le nord des États-Unis, au Canada ou au Québec qui auraient pu accroître la capacité de raffinage des raffineries existantes, comme on essaie de le faire dans la région de Lévis. On aurait eu les outils nécessaires. Mais non, les raffineries engrangent plutôt les profits et obtiennent en même temps, de la part du gouvernement fédéral, des baisses d'impôt significatives.
Depuis 2002, c'est le monde à l'envers. On a pu voir les profits que font les pétrolières font et, pendant ce temps-là, le gouvernement fédéral leur donne des congés d'impôt. Il diminue leur impôt de façon importante. Cela est nettement non souhaitable et non pertinent dans la situation actuelle. On aurait davantage besoin d'une hausse supérieure des contributions des pétrolières sous forme d'impôt ou sous forme de surtaxe, comme nous le proposons.
On sait qu'au plan des facteurs expliquant la hausse du prix de l'essence, il y a le prix du pétrole brut, le coût du raffinage, les taxes et la marge de profit du détaillant. Le prix du pétrole brut est fixé lors de négociations internationales. Là-dessus, on n'a pas de contrôle tous les jours, mais c'est certainement une préoccupation qu'on devrait avoir. Le président des États-Unis l'a eue, tout comme les gens du G7. Elle devrait être accentuée pour s'assurer que de ce côté-là, on diminue les fluctuations à leur minimum car elles ont un effet majeur sur l'économie.
Il y a ensuite la question des taxes. On sait que ce n'est pas cela qui a créé les fluctuations de prix. Toutefois, les gouvernements ont à regarder ce qu'il est possible de faire de ce côté-là. On a déjà parlé de la taxe d'accise sur l'essence qui est fixe depuis longtemps. Elle avait été mise en place pour lutter contre le déficit.
Le point majeur sur lequel on pourrait travailler à court terme, c'est le coût du raffinage. Le raffinage, c'est le fait de prendre le produit brut et de le transformer en essence. Actuellement, au niveau de cette transformation, du raffinage comme tel, les profits sont absolument démesurés. La hausse additionnelle à payer de 10 ou 12 ¢ le litre d'essence fait particulièrement mal et est due directement au profit démesuré fait de ce côté-là. En termes de coût, il n'y a pas de justification pour avoir ce type de hausse.
Au Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, cette semaine, un de mes collègues du Bloc faisait valoir que, habituellement, dans un secteur industriel, lorsque le coût de la matière première augmente, quelque part, la compétition essaye de faire des économies d'énergie, des économies de coûts pour qu'en bout de ligne, elle puisse demeurer concurrentielle auprès du consommateur. Dans le marché de l'essence, c'est assez particulier. À partir du moment où il y a une hausse, à n'importe quelle étape, elle se répercute directement sur le consommateur. Tout le monde fonctionne de la même manière et, en bout de ligne, c'est toujours le consommateur qui assume le coût.
C'est ce genre de situation que l'office de surveillance des produits pétroliers pourrait analyser, regarder en profondeur et voir si, effectivement, il n'y aurait pas des mesures à mettre en place pour corriger la situation.
Du côté de la marge du détaillant, cela relève beaucoup plus de la responsabilité provinciale. De ce côté-là, des mesures ont été prises dans certaines provinces.
Je pense que notre travail, ici à la Chambre des communes, doit plutôt consister à s'assurer de l'effort qui doit être fait par rapport à la concurrence et aux marges de profit du raffinage.
C'est à cette situation que le Bloc québécois veut absolument que le gouvernement consacre son énergie, en plus d'accepter d'avoir un plan et d'avouer en cette Chambre qu'il y a une situation particulière, attribuable dans notre économie à la hausse des prix de l'essence. Qu'il avoue aussi que des gens sont pénalisés de façon importante, ainsi que l'économie. Si nous n'examinons pas en profondeur cette question, nous aurons des réveils économiques très difficiles à court terme, en plus des gens qui vivent dans l'immédiat des situations personnelles difficiles.
Il faudrait donc, parmi les solutions, discipliner l'industrie, lui envoyer un message clair que cette question préoccupe le gouvernement, et que ce serait très important d'avoir une Loi sur la concurrence qui aurait du mordant.
D'ailleurs, l'ancien commissaire à la concurrence, Konrad von Finckenstein, avait déclaré que:
[...] même si le mandat du Bureau [de la concurrence] inclut le rôle très important d'enquêteur et de promoteur de la concurrence, la législation actuelle ne donne pas au Bureau le pouvoir de mener une étude sur l'industrie.
Le commissaire reconnaissait donc que ce pouvoir n'existait pas dans la loi. Il a fallu deux ans pour amener le gouvernement libéral à déposer des amendements qui répondent à cette exigence. Ils n'ont malheureusement pas été l'objet d'un vote avant l'élection. Cependant, la commissaire qui a succédé à M. von Finckenstein est venue répéter, lors du dépôt des amendements, que ce serait un mandat important à confier à la commissaire à la concurrence. Elle ajoutait que ce pouvoir existe pour d'autres commissaires à la concurrence un peu partout dans le monde, dans les pays développés, et que c'est un outil additionnel dont elle souhaiterait disposer.
Il n'y a donc pas de raison pour que le gouvernement fédéral actuel n'aille pas de l'avant en déposant une telle motion.
J'espère que la Parti libéral du Canada appuiera notre motion, qui reprend en partie les amendements à la Loi sur la concurrence que nous leur avions suggérés et qu'ils avaient acceptés, comme gouvernement, de mettre de l'avant lors de la dernière hausse à l'été 2005. Maintenant, il faut aussi qu'on ait l'autre mandat de l'office de surveillance du secteur pétrolier, parce qu'il y a des choses à examiner de ce côté qui ne sont pas de l'ordre de la concurrence, mais qui méritent aussi un examen.
Je voudrais conclure sur un élément important. Pour nos concitoyens et nos concitoyennes, l'équité dans la société a son importance. On constate que des cadeaux ont été donnés aux sociétés pétrolières lors des dernières années. Dans une situation difficile où ces cadeaux les auraient aidées à faire des profits, on aurait peut-être pu comprendre. Dans la situation actuelle, par exemple, on a baissé l'impôt sur le revenu des sociétés pour le ramener à 19 p. 100 d'ici 2010. On a suggéré une abrogation plus rapide de la taxe sur le capital, la diminution de l'impôt sur le revenu pour les détenteurs d'actions de grandes sociétés. On parle de toutes ces mesures, évidemment. Dans l'économie, il ne s'agit pas de se focaliser en vue de changer l'équilibre de toute notre fiscalité, mais devant la situation que cela génère, soit une augmentation faramineuse des profits, notre motion comprend une mesure concrète, soit l'imposition d'une surtaxe sur les profits des compagnies pétrolières.
Ce serait une façon, pour ce gouvernement, de montrer à l'ensemble de la population du Québec et du Canada qu'on assume notre responsabilité de répartition de la richesse, que nous ne sommes pas un conseil d'administration de compagnies, mais qu'il s'agit d'un Parlement et d'un gouvernement qui a une préoccupation à cet égard. Nous souhaitons ardemment une action du gouvernement fédéral en ce sens.
Je souhaite qu'en bout de ligne, on trouve une solution à long terme qui nous permettra d'être moins dépendants de l'industrie pétrolière et d'utiliser les ressources renouvelables. Je souhaite surtout que cette journée-ci permette à la population de s'apercevoir qu'il y a des députés qui ont le sens de l'équité, le sens des responsabilités et qui sont conscients des effets négatifs majeurs de la hausse des prix de l'essence aujourd'hui dans notre société. De plus, je souhaite que cette volonté exprimée par le Bloc québécois devienne ce soir la volonté de la Chambre, et que le gouvernement agisse le plus tôt possible. Sinon, il aura à en répondre lors d'une prochaine élection. En effet, c'est le genre de décision qui aura des répercussions sur l'économie — qui semble aller bien aujourd'hui — non seulement la semaine prochaine, mais dans six mois, dans un an et dans deux ans. Les citoyens se souviendront de ceux qui ont pris leur défense.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui concernant la motion du Bloc québécois.
La motion est ainsi libellée:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait mettre en place un plan pour contrer les effets négatifs des hausses répétitives du prix de l'essence comprenant notamment: une surtaxe sur les profits des grandes compagnies pétrolières, la création d'un office de surveillance du secteur pétrolier, ainsi que le renforcement de la Loi sur la concurrence.
Je dirai d'entrée de jeu que la motion, à mon avis, s'inspire de considérations plutôt négatives. Elle laisse entendre que le système de marché nous trahit et que le temps est venu de réglementer ou d'accabler de surtaxes l'un des secteurs les plus productifs de notre économie.
Avec tout le respect que je lui dois, je considère que le député souhaite voir imposer une structure de commandement et de contrôle. Je me demande s'il croit aux forces du marché. Croit-il que les marchés vont trouver un point d'équilibre? Allons-nous favoriser la réussite ou la pénaliser?
J'ai écouté le député et je me demande ce qui motive au juste la motion du Bloc. Il ressort des commentaires qu'il vient de faire en réponse à des questions que nous ne voulons pas voir le Parlement devenir tout simplement un conseil d'administration à la solde des sociétés pétrolières ou que, par le truchement de cette motion, nous pourrions permettre une meilleure distribution de la richesse. Je m'oppose tout à fait à une telle perspective. Si les députés souhaitent un débat à ce sujet, nous pourrions le tenir un autre jour.
J'essaie de m'expliquer comment le Bloc a pu formuler une telle motion. Elle est très problématique. Cela dit, nous avons vu le prix du brut passer d'environ 47 $US, il y a tout juste un peu plus d'un an, à 70 $US le baril au cours des dernières semaines. Il s'agit d'une augmentation d'environ 50 p. 100. Selon le bout de la lorgnette que l'on choisit, ce phénomène pose des défis, mais il nous offre également des occasions. Je pense qu'il faut considérer la situation avec optimisme. Elle crée des occasions ici même au Canada. Alors que la communauté internationale a des défis à relever pour assurer un approvisionnement énergétique sûr et suffisant, nous pouvons considérer les défis sur le plan de l'environnement, et aussi l'aspect de la prospérité. Le Canada a l'occasion de jouer un rôle de chef de file.
Les prix des matières premières sont élevés dans l'ensemble, et cela est généralement une bonne chose pour le Canada. La valeur du dollar canadien s'établit aujourd'hui à 90 ¢ à cause de la vigueur de l'économie du Canada, notamment celle du secteur des ressources, dont l'énergie est une composante. Le secteur des hydrocarbures nous avantage à l'heure actuelle au Canada, du fait qu'il crée littéralement des centaines de milliers d'emplois. Des dizaines de milliards de dollars sont investis au Canada.
Rien qu'en Alberta, on prévoit investir 100 milliards de dollars au cours des dix prochaines années dans l'exploitation des sables bitumineux. C'est excellent pour l'économie et pour la promotion de la recherche et de l'innovation. Sur le plan technologique, nous faisons des pas de géant. C'est très bon pour l'économie.
Je crois que la motion du député, qui propose d'imposer une surtaxe sur les profits, est, par sa nature même, la mauvaise solution. Le parti d'en face veut commencer à hausser les taxes, mais le Parti conservateur est en faveur de baisses de taxes. Comme les députés le savent, le plus récent budget prévoit 26 allégements fiscaux distincts pour les Canadiens, qui vont de la réduction de la TPS à la baisse des taux d'imposition du revenu des particuliers. Nous avons réduit l'impôt pour tout le monde, y compris pour les petites entreprises. Nous avons également aidé les Canadiens à investir dans divers fonds de pension, portefeuilles et placements. Ce sont aussi de bonnes nouvelles pour les Canadiens.
Il ne fait aucun doute que le secteur pétrolier et gazier est actuellement dans une position très avantageuse. Le prix du brut est très élevé. Cela entraîne beaucoup de retombées positives, mais la motion propose d'imposer une surtaxe à un moment où le secteur est aussi vigoureux. Je ne sais pas ce qui motive cette motion. Si l'objectif du Bloc est de redistribuer la richesse afin de donner plus d'argent au gouvernement fédéral et de garnir les coffres d'Ottawa, je le répète, c'est la mauvaise solution. De deux choses l'une: soit on est en faveur d'un système dirigé par le marché, soit on croit que le gouvernement doit tout réglementer et tout contrôler. Je le répète encore, c'est une solution fondamentalement mauvaise.
Je sais que la motion fait suite à l'escalade du prix de l'essence à la pompe. L'actuel gouvernement prend des mesures. Je suis très fier d'appartenir à ce gouvernement et je suis fier aussi de son annonce d'il y a quelques semaines, selon laquelle, d'ici 2010, l'essence devrait contenir 5 p. 100 de biocarburant. Voilà une mesure susceptible d'avoir une incidence positive sur le prix à la pompe et sur l'environnement. Cette mesure présente également des avantages pour l'industrie agricole, partout au Canada, puisque celle-ci cherche de nouvelles possibilités. La rencontre a été fort positive.
Encore une fois, j'estime qu'il y a d'autres moyens de réagir à la montée du prix de l'essence. On ne peut pas se contenter de regarder le prix à la pompe et de dire qu'il est élevé. Tout autant que les autres députés, je veux voir une baisse et une stabilité dans le prix, mais le problème est bien plus vaste. Il porte sur le prix de l'énergie. C'est pourquoi notre gouvernement investit pour étudier d'autres secteurs. Nous collaborons actuellement avec l'industrie pour promouvoir la recherche scientifique et le développement technologique. Nous cherchons des moyens d'accroître l'efficience. Voilà des moyens qui permettent au gouvernement d'assurer l'approvisionnement énergétique. Nous voulons faire en sorte que l'énergie soit abordable.
Il est évident que les gens les plus touchés sont les moins nantis de notre économie, ceux qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Cependant, encore une fois, je ne comprends pas comment on s'imagine que l'imposition d'une surtaxe aux pétrolières peut résoudre quoi que ce soit. Le nouveau gouvernement conservateur est fondamentalement opposé à cette idée.
Parlons maintenant de la question précise du prix de l'essence. Le prix à la pompe comporte quatre éléments principaux. Évidemment, le pétrole brut, soit la matière première, est l'un de ces éléments. Comme nous l'avons vu, le prix du brut a atteint des sommets inégalés, mais il ne représente qu'environ 42 p. 100 du prix de détail.
Le deuxième élément du prix est constitué par les taxes fédérales, provinciales et municipales, qui s'élèvent en moyenne à environ 32 p. 100.
Le troisième élément est la marge de raffinage, c'est-à-dire ce qu'il en coûte aux sociétés pétrolières pour raffiner le brut et en faire le produit qui est vendu à la pompe. Cet élément représente environ 20 p. 100 du prix.
Le dernier élément est la marge du détaillant, qui est essentiellement la différence entre le prix de gros et le prix de détail de l'essence. Cette marge a été habituellement d'environ 5 ¢ le litre au cours des trois dernières années. Étant donné qu'environ 70 p. 100 des détaillants au Canada sont indépendants, ils peuvent vendre l'essence le prix qu'ils veulent, et c'est pourquoi on observe des fluctuations des prix.
J'entends des députés libéraux en face prendre part à la discussion alors que c'est moi qui ai la parole. Je ne sais pas s'ils veulent revenir au Programme énergétique national mis en oeuvre par Pierre Trudeau. Je me demande s'ils souhaitent que nous réglementions lourdement le secteur ou encore que nous sortions la matraque. Nous avons déjà emprunté cette voie, et elle nous a menés à un échec total. Ce genre de mesures ne fonctionne tout simplement pas.
L'approche du gouvernement est de collaborer avec le secteur pétrolier et gazier, avec lequel j'ai tenu quelques réunions très productives, de collaborer aussi avec nos homologues provinciaux et d'investir dans la recherche, les sciences et la technologie. Comme le marché se porte très bien, nous encourageons l'industrie à participer davantage à la recherche pour qu'il y ait des progrès technologiques et que nous puissions gagner en efficacité et améliorer de beaucoup notre bilan environnemental.
Compte tenu de la vigueur du marché, il existe d'énormes possibilités de faire des gains appréciables dans ce domaine. Permettez-moi de donner un exemple concernant le captage et le stockage de CO2, un domaine où nous sommes en train de faire des progrès importants. Le gouvernement et l'industrie participent tous les deux à ces travaux de recherche. Nous sommes maintenant capables de capter 100 p. 100 des émissions de CO2 des grands émetteurs finaux du secteur pétrolier et gazier et de renvoyer ces émissions dans le sol. Je crois que nous devrions inciter l'industrie à faire des investissements majeurs pour arriver à des solutions de ce genre. Grâce à la technologie, nous pouvons faire des progrès importants qui auraient des avantages énormes sur le plan de l'environnement.
Voilà le genre de choses en lesquelles le gouvernement croit. C'est la direction que nous voulons emprunter.
L'un des problèmes soulevés dans la motion originale nous amenait à nous demander s'il y avait une espèce de collusion entre les grandes sociétés pétrolières...
Une voix: La fixation des prix.
L'hon. Gary Lunn: Le député parle de fixation des prix. Je pense que nous devrions prendre le temps d'examiner les faits à ce sujet.
Ils ont parlé de la création d'un office de surveillance du secteur pétrolier. Le Bureau de la concurrence s'est déjà penché sur cette question à six reprises depuis 1990 et il n'a jamais pu trouver de preuves de collusion ou de fixation des prix. Le Conference Board du Canada a récemment fait enquête en vue de déterminer s'il y avait entente sur les prix à la pompe ou collusion, et aucune de ses enquêtes n'a permis de prouver quoi que ce soit à cet égard. Ces deux organismes sont indépendants.
Les députés de tous les partis qui siègent au Comité permanent de l'industrie de la Chambre des communes se sont aussi penchés sur la question à deux reprises et n'ont pas trouvé de preuves de collusion ou d'entente sur les prix.
Si nos collègues d'en face ou d'autres Canadiens veulent déposer une plainte, ils n'ont qu'à faire part des preuves qui les incitent à croire qu'il pourrait y avoir collusion ou fixation des prix au Bureau de la concurrence qui a le mandat de faire enquête dans de tels cas. La création d'un autre niveau de bureaucratie par la mise sur pied d'un office de surveillance coûterait des millions de dollars aux contribuables. Comment cela pourrait-il être rentable?
Je tiens à rappeler aux députés que toutes ces enquêtes ont été effectuées alors que le gouvernement libéral était au pouvoir. C'était sous le régime libéral et il n'y avait aucune collusion. Ces enquêtes n'étaient nullement partisanes ou tendancieuses.
Il ne fait aucun doute qu'en tant que consommateurs, nous devrons faire face à d'importants défis au fur et à mesure que les besoins énergétiques et les besoins en carburants augmenteront, mais cela entraînera également des avenues de développement. Le Canada exporte énormément d'énergie et de pétrole brut. Ce sont les avantages fiscaux que le gouvernement tire de ce secteur qui nous permettent d'offrir nos programmes sociaux et d'avoir une économie forte.
À elle seule, l'Alberta a des exportations annuelles d'environ 71 milliards de dollars dans le domaine de l'énergie. La plupart des gens ne se rendent pas compte qu'Ottawa perçoit davantage d'impôts qu'Edmonton sur les sables bitumineux de l'Alberta, qui occupent en ce moment une place importante dans notre économie. Ce sont des faits et tous les Canadiens, partout au pays, bénéficient de cette situation.
Que peut faire notre gouvernement? Nous ferons tout en notre pouvoir pour stabiliser les choses, mais au bout du compte, les cours du pétrole brut dépendent des forces du marché mondial. Soit nous croyons à la libre entreprise et à une économie de marché, soit nous n'y croyons pas. Si les députés d'en face veulent revenir au Programme énergétique national de Pierre Trudeau, en croyant que cela serait bon pour le pays, nous avons un désaccord fondamental avec eux. Ce n'est pas la voie que notre gouvernement a choisie.
D'autres forces, que nous ne contrôlons pas, ont également des incidences sur le prix à la pompe. Nous en avons tous été témoins l'an dernier lorsque l'ouragan Katrina, une catastrophe naturelle, a eu des conséquences importantes sur les capacités du secteur du raffinage. Le marché fluctue, mais le Canada a également eu des occasions de remplacer les capacités qui avaient été perdues. Ce sont les forces avec lesquelles nous devons composer.
Nous considérons qu'imposer une surtaxe aux grandes compagnies pétrolières, c'est carrément faire fausse route. Nous n'empruntons pas la voie du commandement et du contrôle. Nous croyons à un système régi par les forces du marché. Nous souhaitons oeuvrer de concert avec ce secteur d'activité et avec nos interlocuteurs provinciaux pour faire des investissements dans la technologie afin que tous les Canadiens puissent en bénéficier.
:
Monsieur le Président, je voudrais tout d’abord remercier les députés qui ont participé à ce débat, car il s’agit sans aucun doute d’un débat important. C’est une question préoccupante. Ce sera sans doute le principal sujet de mécontentement pour les Canadiens cet été. Déjà, les maisons de courtage et ceux qui attisent les appétits des actionnaires du pays laissent entendre que cette année, au cours de la saison des ouragans, le prix de l’essence va sans doute grimper au voisinage de 1,30 $. Ce genre de supposition qu’aucune réalité ne permet encore d’étayer montre le degré de perversité auquel l’industrie en est arrivée et les torts que cela cause aux simples citoyens.
Nous avons entendu le ministre des Ressources naturelles dire qu’il recherchait des options pour que les Canadiens puissent conserver l’énergie et mieux s’équiper, mais c’est pourtant lui qui a annulé le programme ÉnerGuide même s’il y a 23 semaines, avant les élections, quand le Parti conservateur siégeait dans l’opposition, son parti a appuyé à l’unanimité le projet de loi C-66. Ce projet de loi que les députés de ce côté-ci avaient proposé accordait des ristournes aux personnes qui devaient trouver des moyens de compenser le coût du chauffage à un moment très difficile pendant l’hiver. Le ministre a annulé le programme ÉnerGuide. Cela a touché des milliers sinon des centaines de milliers de Canadiens de tout le pays.
Ce qui ressort du discours des conservateurs et de ce ministre, c’est que ce dernier ne comprend pas les dimensions du problème dont il parle et qu’il cause énormément de tort aux Canadiens qui essaient de joindre les deux bouts. Notre pays a la chance de disposer de ressources sur lesquelles les taxes versées au cours des années ont servi non seulement à construire une infrastructure dans l’Est, dans le Nord et dans l’Ouest, mais également à assurer aux Canadiens l’autosuffisance énergétique.
Je comprends le député de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup qui a proposé la motion. J’ai travaillé avec lui sur un certain nombre de dossiers. Comme lui, et comme le ministre, nous pourrions convenir qu’il nous faut trouver une solution du côté du marché, mais cette solution n’est plus la même parce que nous devons comprendre comment le marché se comporte réellement aujourd’hui.
Pour le moment, le marché est très concentré. Ce n’est pas une simple affirmation de ma part. Le ministère du ministre le sait. Pour le moment, le marché surveille tous les après-midi, vers 16 heures, quels sont les prix de gros dans toutes les grandes villes du pays, afin d’établir des prix de gros identiques. Si les taxes sont les mêmes, le prix de gros de l’essence est le même et tous les postes de radio et de télévision qui ont une émission d’affaires nous disent tous les quarts d’heure quelle est l’évolution des cours du brut. Le prix de l’essence devrait donc être très prévisible, mais le gouvernement refuse de comprendre qu’il faut transmettre ces renseignements aux Canadiens. Un simple office de surveillance des prix serait utile, non pas pour annuler les hausses ou dicter au secteur des affaires ce qu’il doit faire, mais pour informer les Canadiens quotidiennement.
[Français]
Pour cette raison, je tiens à dire que le propos du député du Bloc québécois est important et nécessaire. C'est pour cela que le gouvernement libéral, en octobre 2005, a appuyé la création d'une telle régie: pour satisfaire aux besoins et aux normes des Canadiens, et pour suivre l'évolution des prix.
Nous avons non seulement mis en vigueur cette agence, mais nous avons en même temps mis l'accent sur un processus transparent, enclenché de manière objective.
Malheureusement, nous apprenons maintenant que ce gouvernement n'a pas mis en vigueur cette agence. Peut-être que quelques personnes y travaillent, mais d'après les renseignements que j'ai reçus hier, leurs informations proviennent d'une entreprise qui travaille pour des compagnies pétrolières.
[Traduction]
Je sais que Ressources naturelles Canada et d'autres font affaire avec une excellente compagnie. J'ai rencontré Michael Ervin. C'est un type très bien et sa compagnie est tout à fait respectable.
Le gouvernement attache beaucoup d'importance à la responsabilité et à la transparence. Il ne peut toutefois s'intéresser exclusivement aux aspects politiques de la question. Il doit également s'intéresser à la responsabilité et à la transparence dans cette industrie en particulier, car les Canadiens veulent connaître la vérité et exigent une information objective. Nous devons être en mesure de savoir pourquoi le prix de l'essence fait soudainement un bond de 2,6 ¢ le litre dans une région donnée.
Par-dessus tout, si la proposition du député était mise en oeuvre, il serait plus facile d'expliquer plus précisément aux Canadiens, sans délai, pourquoi à Toronto, Montréal ou Vancouver, le prix de gros de l'essence est de 4 à 6 ¢ supérieur au prix américain un jour donné.
Le ministre nous dit de tenir compte des prix de référence. Comme nous l'avons appris hier lors qu'une séance d'information donnée par Ressources naturelles Canada, nous comparons Toronto, un marché de 5 millions d'habitants, à Buffalo, un marché de 400 000 habitants, où il n'y a même pas une seule raffinerie et où les normes applicables à l'essence sont totalement différentes. Voilà un exemple des propos ambigus du ministère. Il est temps que le ministère soit ramené au pas et qu'il commence par comprendre lui-même l'information disponible pour être en mesure de fournir une information objective aux Canadiens.
C'est pourquoi j'appuie l'initiative du député. Il propose la création de ce qu'il appelle un office de surveillance du secteur pétrolier que nous, les libéraux, étions en passe de créer. Malheureusement, nous avons été défaits par tous les partis lors du vote sur une motion relative à l'information sur le prix du pétrole.
Quelle est la situation actuelle du Canada dans le monde en ce qui concerne le prix de l'essence? Le nombre de nos raffineries a considérablement diminué. Il n'y a pas que les libéraux qui s'inquiétaient de ce phénomène en 1998. Les progressistes conservateurs de l'Ontario, dirigés à l'époque par le premier ministre provincial Mike Harris, arrivaient à la même conclusion. La diminution considérable du nombre de raffineries ne pourra que nuire au marché.
S'il n'y a qu'un détaillant, voire deux qui ne se livrent pas concurrence dans un marché local ou régional, ils peuvent fixer le prix à leur guise. Les indépendants, comme vient de le dire le ministre, n'ont aucun pouvoir. Ils n'ont qu'une marge de manoeuvre de 4 cents le litre, sauf dans la province de Québec. Cette marge de 4 ou 5 cents le litre peut fondre complètement en quelques heures, soit le temps qu'il faut aux détaillants indépendants pour ouvrir leur commerce.
Il ne faut donc pas s'étonner que le nombre d'indépendants, qu'ils s'affichent ou non sous une bannière, ait fortement diminué. Ils sont des preneurs de prix. Nous savons fort bien que les indépendants doivent vendre leur essence 4 cents au-dessus du prix de gros qui leur est imposé et qu'ils doivent payer comptant, entre autres choses. L'essence se vend aujourd'hui à Ottawa 92 cents le litre. La pétrolière qui les approvisionne, que ce soit Petro-Canada, Shell ou Imperial, leur vend l'essence 92 cents le litre, mais leur prix de revient est 96 cents. Comment peuvent-ils concurrencer le grossiste qui vend l'essence à la pompe en dessous du prix de revient des indépendants?
Personne n'a jeté un regard objectif sur les pratiques de cette industrie. Je ne dis pas que cette industrie est différente des autres. En fait, nous avons vu la concentration à l'oeuvre dans le secteur de l'alimentation ainsi que dans celui des médicaments.
Tout cela s'est produit non pas à cause du programme énergétique national créé il y a 26 ans, comme l'a prétendu le député, mais bien à cause de la Loi sur la concurrence adoptée en 1986. Peter C. Newman l'a bien expliqué. La Loi sur la concurrence a été rédigée par les gens mêmes qu'elle était censée régir. Les avocats représentant les plus grandes sociétés du pays, les pétrolières notamment, ont eu la main haute sur la rédaction de la Loi sur la concurrence.
Pourquoi le ministre des Ressources naturelles a-t-il parlé un peu plus tôt de sept ou huit enquêtes réalisées par le Bureau de la concurrence et affirmé que celui-ci n'avait pu fournir aucune preuve de complot ou de collusion? La raison pour laquelle il nous fallait modifier la Loi sur la concurrence, c'est que pour déterminer s'il y a eu complot ou entente sur les prix, il faut établir non seulement l'existence du complot, mais encore que celui-ci était intentionnel. Il faut également établir qu'il en est résulté une forte diminution de la concurrence et qu'en plus cette diminution était anormale.
Pas besoin de complot ni de collusion lorsqu'il y a trois ou quatre protagonistes qui ne se livrent pas concurrence sur le marché de gros. Comme je l'ai dit plus tôt, le prix est fixé tous les jours. Les députés devraient venir me voir à 16 heures; je leur dirai exactement quel est le prix de gros dans la région d'Ottawa ou ailleurs au pays. C'est ce que le gouvernement pourrait faire.
Par ailleurs, il est un peu étrange que le Bureau de la concurrence n'ait trouvé aucune indication d'acte répréhensible. Il faut mettre les choses en perspective. Dans le contexte du projet de loi C-19, qu'avait proposé le gouvernement libéral et auquel s'opposaient les députés conservateurs, le Bureau de la concurrence et les observateurs avaient convenu qu'il fallait examiner les dispositions pénales se rapportant à la discrimination par les prix, à la fixation de prix abusifs, aux remises promotionnelles discriminatoires et à la discrimination géographique par les prix et les assujettir à des recours au civil.
Je ne veux pas jeter ces personnes en prison, mais la loi a été créée de telle sorte qu'il est impossible de prouver une erreur ou une faute professionnelle dans l'industrie parce que les critères sont si stricts. C'est possible s'il existe une présomption, mais ce que nous autres libéraux demandions, à l'instar du Comité de l'industrie en 2002, c'était de modifier ces dispositions.
En 1996-1997, l'un des premiers projets de loi que j'ai présentés à la Chambre a provoqué un tollé, mais l'idée était que, si je possède une petite entreprise, je puisse m'élever contre ces énormes prix de gros de 14 ¢, 15 ¢, 16 ¢ le litre, les faire baisser de 2 ou 3 ¢ et faire concurrence aux raffineurs. Quel serait le résultat? En fait, la loi ne protège pas les nouvelles petites entreprises jeunes et dynamiques qui voudraient faire baisser les marges de profit des raffineries.
Le nombre de raffineurs au Canada a connu une énorme baisse, ce qui explique les prix d'aujourd'hui. À seize heures, le prix du litre est fixé dans chaque province ou région et les autres protagonistes emboîtent le pas. Pourquoi? Non pas parce qu'il y collusion ou complot, mais parce qu'ils vendent le même produit.
Non seulement ils vendent le même produit, mais à Toronto, les contribuables paient des millions de dollars pour l'autonomie énergétique, pour le transport du brut de l'Alberta jusqu'à Montréal. Les députés se souviennent de l'entente des années 1950 sur la vallée de l'Outaouais. Le gouvernement insensible a privé tous les parents et les aînés du programme ÉnerGuide. Ces gens sont incapables de joindre les deux bouts.
Le gouvernement du Canada a mis cette infrastructure sur pied pour aider le secteur privé, l'Ouest et d'autres régions à créer une industrie typiquement canadienne. Nous n'étions pas en désaccord avec cela à l'époque. Il importait d'assurer que le pipeline achemine le brut de l'Ouest à l'Est, mais aujourd'hui, c'est l'inverse qui se produit.
Il ne reste plus de raffineries à Toronto. Certains disent sûrement que c'est une bonne chose du point de vue environnemental. Cependant, en raison de cela, l'écart du prix avant taxes entre Montréal et Toronto est 2,1 ¢ le litre et 5 ¢ le litre de plus qu'aux États-Unis. Mes électeurs se font flouer, pas par le secteur pétrolier. Ils se font flouer par un Bureau de la concurrence complice du secteur et par ses défenseurs, qui refusent que de petites entreprises indépendantes entrent sur ce marché pour faire de la vente au détail ou de la vente en gros. Quelle est la dernière fois où nous avons assisté à cela?
Le ministre est originaire de la Colombie-Britannique, où, il y a quatre ans, la société ARCO est arrivée et a dit que le prix de l'essence importait peu, qu'elle allait le réduire bien en-dessous du prix de gros. Combien d'entreprises peuvent demeurer en affaires lorsque le prix de gros qu'elles paient est supérieur au prix que vient de leur demander leur propre grossiste? Personne ne peut rester en affaires. C'est exactement ce qui s'est passé. Il s'agit pratiquement de l'établissement de prix d'éviction. Malheureusement, la preuve de l'établissement de prix d'éviction relève d'un critère juridique et il est impossible d'établir cette preuve.
En 1998, nous avons appris, entre autres, que le Bureau de la concurrence avait imposé quelques condamnations pour établissement de prix d'éviction. Je m'en suis réjouis et j'ai pensé que nous entendrions parler d'une grande société qu'il avait poursuivie et mise en accusation, mais non, il s'agissait d'une auto-école, au Québec, qui avait établi ses prix différemment et qui avait essentiellement reconnu ses torts.
C'est beau d'avoir des lois canadiennes efficaces visant à promouvoir la concurrence, la petite entreprise et l'enrichissement collectif basé sur nos ressources. On peut le faire dans l'optique du secteur privé. Il n'est pas nécessaire d'imposer toutes sortes de règlements intrusifs.
Je ne crois pas en la nécessité d'imposer des règlements, car avec le temps ils donnent lieu à des coûts plus élevés pour les gens. En outre, il est question d'un domaine de compétence provinciale. Le rôle et les responsabilités du gouvernement fédéral ainsi que sa capacité de soulager les Canadiens, qui sont pris à la gorge, sont énoncés dans la Loi sur la concurrence. À cet égard, je suis d'accord avec le député qui a présenté la motion.
Toutefois, je m'en voudrais de ne pas signaler que certains d'entre nous essaient de tirer parti de la question des taxes. Les taxes constituent un élément important de la structure du coût de l'essence. Je trouve cela décourageant. Je le signale depuis des années. D'ailleurs, j'ai écrit un rapport en 1998 dans lequel je recommande que le gouvernement fédéral n'impose pas une taxe sur une autre. Cette recommandation émanait d'un rapport produit par 51 députés en 1997-1998. Le député de Mississauga-Sud était le vice-président du comité en question.
C'est un peu choquant et décevant de voir que ceux qui préconisent des réductions de taxes, qui bénéficieront nécessairement aux automobilistes, changent subitement d'idée et abandonnent leur plan, comme le premier ministre l'a fait alors qu'il avait promis que l'on n'appliquerait pas la TPS à la portion du prix de l'essence qui dépasse 85 cents le litre. Il y a une bonne raison pour cela. En effet, lorsque que le litre d'essence coûte 1,10 $, cela représente une diminution de 2 ¢ pour le consommateur. Avec la réduction de la TPS, cela représente 1 ¢ le litre, ce qui fait une différence importante pour nombre de gens qui font un plein d'essence de 50 à 100 litres.
Le premier ministre sait qu’il a fait cela avec l’entière collaboration de la Fédération canadienne des contribuables. Cet organisme n’a jamais été au nombre de mes admirateurs, mais je me rends compte qu’il a repris certaines de mes idées sur la taxe cumulée ainsi que la proposition que j’avais faite à l’époque de supprimer le montant de 1,5 ¢ le litre. Je proposais cela parce qu’il était alors impossible pour l’industrie pétrolière de récupérer cette baisse de taxe.
Le Nouveau-Brunswick a appris la leçon. Les députés conservateurs et libéraux de la province qui faisaient partie d’un comité spécial sur l'établissement du prix de l’essence ont conclu, en 1996, que la baisse de 2 ¢ le litre ou la baisse de taxe accordée avait simplement profité à l’industrie. Les consommateurs n’en ont jamais bénéficié.
Nous avions donc proposé d’utiliser ce moyen pour aider les Canadiens en investissant dans les transports publics et les nouvelles technologies, en particulier dans la pile à combustible Ballard. Nous l’avons utilisé également pour pouvoir obtenir une meilleure réponse du point de vue écologique de la part des Canadiens, en particulier des plus mal pris. Notre parti peut se flatter d’avoir à deux reprises, et non une seule fois, obtenu des remboursements pour les Canadiens qui en avaient le plus besoin.
Même s’il y a eu des erreurs dans notre manière d’administrer cela, l’intention et l’objet étaient de veiller à ce que les Canadiens bénéficient d'une remise de la part du gouvernement qui percevait, sans que cela soit justifié, des taxes accrues attribuables à la hausse des coûts de l'énergie.
C’est pourquoi il est un peu étonnant d’entendre le ministre des Ressources naturelles dire à qui veut l’entendre qu’il se préoccupe des démunis et de la protection de l’environnement dans le secteur privé, alors qu’il supprime le programme si essentiel qu’il approuvait il y a à peine 22 semaines. En fait, ce programme aidait les Canadiens à joindre les deux bouts, à améliorer le rendement énergétique de leurs maisons et à comprendre que nous avons tous une responsabilité à cet égard. Il ne s’agit pas seulement de voir comment les fonds publics sont dépensés. Le député a dit qu’une proportion de 50 p. 100 allait à une organisation quelconque aux fins de vérification.
Non seulement ce n’est pas 50 p. 100, mais c’est davantage de l’ordre de 12 p. 100. Je trouve cela plutôt étrange, parce que je me souviens d'avoir entendu le député de St. John's-Est dire que nous avions besoin d’un système assurant une gestion responsable et de l'avoir entendu demander au gouvernement de l’époque, en 2003, de mettre pareil système en place, en ce qui concerne ÉnerGuide. Le ministre cherche maintenant des excuses et il a de l’argent plein les coffres. Il a beaucoup d’argent et pas seulement au chapitre des ressources énergétiques. Je comprends donc la frustration du député qui parraine la motion préconisant l'application d'une surtaxe, et j’y reviendrai dans un moment, mais je pense que le député s’y prend mal.
La Chambre est saisie de la question depuis très longtemps. Beaucoup de gens, dans ma circonscription, se demandent pourquoi nous y revenons, après avoir dénoncé la proposition pendant tant d'années. Avant la présentation du projet de loi C-19, en 2004, il y a eu sept années de querelles contre tout le monde, y compris les entreprises canadiennes et beaucoup de ceux qui défendaient la mesure dans différents journaux du Canada. Je n'ai pas besoin de donner de noms, mais je dirai que ceux de Matthew Ingram et de Terence Corcoran viennent à l'esprit.
Il a été démontré de façon claire qu'il y a, au sein de l'industrie pétrolière canadienne, un quasi-monopole très dangereux qui n'aide pas les Canadiens. Le prix de l'essence et les taxes ajoutées sont beaucoup plus élevés au Canada qu'aux États-Unis et nous constatons que toutes les sociétés adoptent presque instantanément le même prix de gros en raison de la concentration dans bien des domaines. Nous comprenons cela.
Cependant, ce que nous ne pouvons pas faire et ce que, j'espère, nous ne ferons pas, c'est taxer les prétendus profits d'un secteur en particulier. Je n'ai jamais accepté cela. Des députés de mon parti pensent peut-être que cela est acceptable, mais je crois que nous devons être très prudents à cet égard.
À long terme, toute taxe imposée à ce secteur ne fera que frapper le consommateur. Il serait préférable que le député envisage un amendement portant sur le taux des redevances, et pas uniquement sur le pétrole brut. De toute évidence, le député ne fait pas la distinction, mais je crois qu'il tente d'agir au niveau du raffinage également.
J'ai parlé à beaucoup de détaillants indépendants, pour le peu qui reste, qui ne sont pas 70 p. 100 des détaillants comme l'affirme exagérément le ministre des Ressources naturelles. Il n'est pas ici pour me donner la réplique, mais j'espère qu'il viendra. Il est important pour nous de comprendre qu'il faut apporter d'importantes modifications à la Loi sur la concurrence, ce dont tout le monde convient. On ne peut pas la garder inchangée uniquement parce que quelqu'un prétend que nous voulons ressusciter l'arbitraire Programme énergétique national.
Mon parti appuie les principes qui sous-tendent la motion du député.
Je puis dire au député que même si j'ai tenté de proposer un minuscule amendement afin de ramener le projet de loi C-19, auquel nous sommes presque tous favorables, avec quelques exceptions, la seule chose que le Parti libéral ne peut accepter est imposer une surtaxe à l'industrie. Nous croyons que cela aurait un effet boomerang et nuirait aux consommateurs à long terme.
Si le député pouvait laisser tomber cette disposition, je crois que nous pourrions nous entendre. Je trouve cela bien dommage, car je me rallie à plusieurs aspects de cette motion. Je suis d'accord avec deux de ses trois propositions, mais la troisième est inacceptable. C'est pourquoi le Parti libéral n'appuiera pas la motion.
Je dois dire très clairement à tous les Canadiens que cette industrie est malade, mais pas à cause de ses pratiques. Ce sont les comportements permis par la Loi sur la concurrence, qui doit être modifiée, qui minent ce secteur. Cette loi a été rédigée par ceux qu'elle était censée protéger et les Canadiens méritent mieux. Les consommateurs ne devraient par être protégés par procuration en raison de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Nous ne voulons pas nous battre région par région.
Quand j'étais en Alberta et que je parlais des problèmes au niveau des raffineries, les Albertains en convenaient. Ils savent qu'il est néfaste que les petites entreprises n'aient pas la possibilité de prospérer, comme c'est le cas des détaillants d'essence indépendants. Le gouvernement a la responsabilité de collaborer avec tous les intervenants pour régler les problèmes liés à la Loi sur la concurrence et pour rétablir l'agence de surveillance des prix.
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Monsieur le Président, je partage aujourd'hui mon temps de parole avec le député de Skeena—Bulkley Valley. Je suis heureux de pouvoir participer à ce débat.
Je vais commencer par lire la motion proposée par le Bloc:
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait mettre en place un plan pour contrer les effets négatifs des hausses répétitives du prix de l’essence comprenant notamment : une surtaxe sur les profits des grandes compagnies pétrolières, la création d’un office de surveillance du secteur pétrolier, ainsi que le renforcement de la Loi sur la concurrence.
J'approuve la majorité de ces initiatives
Je veux commencer mon intervention en traitant d'un thème qu'on a toujours fait valoir pour rétorquer à ceux qui remettent en question les pratiques de cette industrie, c'est-à-dire qu'il faut que la libre concurrence détermine le cours des prix fixés pour les consommateurs.
Je ne sais pas où se trouve ce monde idéal, mais ce n'est certainement pas ainsi que les choses se passent au sein de notre marché. Toutes sortes de facteurs influencent régulièrement le prix du baril de pétrole, allant du fractionnement d'actions aux fonds spéculatifs, dont le cours est déterminé par les spéculateurs à Chicago, New York et Toronto. En fait, tous les jours, le nombre de barils échangés sur papier excède le nombre de barils réels qui sont extraits du sol.
Il y a bien des exemples d'interventions sur le marché non seulement en Amérique du Nord, mais dans le monde entier. Nous savons que la Russie est intervenue récemment sur son marché. La Russie est l'un des plus gros exportateurs, en plus d'avoir une forte production intérieure.
Il y a des cas, en Amérique du Sud, par exemple, où le Venezuela a entrepris de renationaliser ou, du moins, de contrôler davantage ses ressources qui sont exportées ou utilisées sur son territoire. En fait, ce qui est intéressant, c'est que le gouvernement d'Hugo Chavez offre maintenant des produits de l'essence aux États-Unis dans diverses régions défavorisées où les consommateurs se font flouer à la pompe.
Il est question de parvenir à un équilibre dans tous les cas. Il n'y a rien de mal à ce que le secteur pétrolier et gazier réalise des profits. Par contre, ces derniers deviennent de plus en plus indécents. L'un des exemples les plus frappants de cette largesse, qui est incroyablement injuste pour les simples consommateurs, c'est le cas de Lee Raymond, l'ancien chef de la direction d'Exxon. Il a reçu en indemnités de retraite 400 millions de dollars. C'est inacceptable. Cette situation a des effets sur le marché et sur le prix du produit, car les recettes doivent venir de quelque part. Ainsi, elles viennent des gens ordinaires qui vivent dans des pays comme le Canada et les États-Unis et qui doivent payer des prix extraordinaires.
Là encore, pour en revenir à l'intervention sur les marchés, il est intéressant de noter que, au Canada et aux États-Unis, des provinces ou des États ont pris certaines mesures pour remédier à la situation. Par exemple, l'État d'Hawaï a dénoncé haut et fort toutes ces pratiques. Les cartels pétroliers ont menacé ses approvisionnements, et cet État considère que c'est une intervention injuste. Il s'est élevé contre cette situation.
Je sais que le gouverneur du Michigan s'est dit préoccupé par le fait qu'on ait escroqué les Américains à la suite de l'ouragan Katrina. Cela a conduit à une enquête aux États-Unis. Nous le savons à la suite de témoignages devant le Comité de l'industrie. Les entreprises elles-mêmes ont reconnu avoir réalisé des profits extraordinaires grâce à l'ouragan Katrina. C'est ce que ses représentants ont dit lorsqu'ils ont dû expliquer les énormes profits réalisés au détriment des victimes d'une situation tragique.
Nous savons que ces situations ont lieu régulièrement sur le marché. Nous avons déjà tout entendu dans le passé comme excuses, qu'il s'agisse de vagues de froid dans le nord-est des États-Unis ou de troubles au Venezuela et au Nigéria. L'industrie a pris pour excuses toutes sortes d'événements qui, parfois, ne se produisent même pas en fin de compte. Tous ces problèmes font monter le cours du produit et les consommateurs en subissent les répercussions. Le gouvernement permet le maintien en place d'un système qui ne fait rien.
Il est important de savoir qu'il se produit dans le monde des choses qui ont une incidence sur ce produit et sur son prix, et qu'il y a effectivement intervention sur le marché. L'exemple le plus évident est le fait que les États-Unis maintiennent des réserves de pétrole à des fins stratégiques. Le prix du brut et de l'essence et les exportations canadiennes figurent dans la loi et sont influencés par cette dernière. La loi a été adoptée en 1975. Elle permet au président des États-Unis d'intervenir sur le marché en puisant dans les réserves. Les États-Unis ont des barils de pétrole prêts à être mis sur le marché. Ils l'ont fait récemment pour freiner l'augmentation des prix. Les circonstances dans lesquelles ils peuvent puiser dans leurs réserves, notamment pour influencer les prix, sont stipulées dans la loi.
J'aimerais lire aux députés certains passages de la loi qui précisent quand les États-Unis peuvent se servir de leurs réserves. Une fois de plus, cette loi permet au président des États-Unis d'intervenir sur un marché soi-disant libre. Tout les partisans du marché libre doivent comprendre que le président peut intervenir de la sorte.
Tout d'abord, il est possible d'intervenir en situation d'urgence ou en cas de réduction significative de l'offre, d'une portée et d'une durée importantes. Deuxièmement, il est possible d'intervenir si de telles situations d'urgence donnent lieu à une augmentation radicale du prix des produits du pétrole. Troisièmement, il est possible d'intervenir quand de telles augmentations de prix pourraient avoir une incidence négative importante sur l'économie nationale.
Les États-Unis viennent de puiser une fois de plus dans leurs réserves. Il est évident que la position du gouvernement américain est que le président des États-Unis peut directement intervenir sur le marché, et donc sur nos exportations.
Détail intéressant, quand nous nous sommes joints à l'ALENA, j'ai appris en me renseignant et en posant des questions que de nombreux pays avaient un système de double prix. Certains de ces pays font partie de l'OPEP et certains sont en Amérique du Sud. Ils fonctionnent ainsi afin de stimuler leur économie et d'attirer les investissements. De nombreux pays en voie de développement adoptent aussi un tel système quand leurs ressources sont exploitées. Ils baissent les prix sur le marché national pour encourager le secteur primaire et le développement économique. La Chine est l'un de ces pays.
Ce qui se passe ici, c'est que le Canada est prisonnier d'un système. On nous dit que, selon l'ALENA, nous devons restreindre l'offre au pays avant de la restreindre aux États-Unis ou dans un autre marché. D'autres pays ayant le système de double prix ont vu l'OMC le remettre en question, mais ils poursuivent quand même dans la même veine. Une discussion aura lieu à un moment ou un autre à propos des subventions. On constate qu'en réalité, elles existent dans de nombreux pays.
Ce que je veux dire, c'est qu'on intervient déjà dans le marché. C'est pourquoi nous sommes d'avis qu'il y aurait lieu d'accroître les obligations de rendre compte dans ce dossier. Je pense que c'est la raison pour laquelle certaines provinces ont adopté des mesures à cet égard. Elles ont établi des systèmes de vérification des prix, notamment sur la côte est, avec des organismes qui participent à l'établissement des prix du pétrole et de l'essence dans leur milieu. Je crois que le Nouveau-Brunswick est la dernière province à s'être dotée d'un tel système. Le gouvernement conservateur du Nouveau-Brunswick a créé un système permettant d'intervenir dans le marché parce que la hausse du prix de cette marchandise est si difficile à supporter pour la population.
Je viens de l'Ontario, une province dotée d'un important secteur de la fabrication. Nous avons récemment entendu la Fédération canadienne des entreprises indépendantes dire que la hausse du prix de l'essence et des autres produits pétroliers est la principale cause des difficultés rencontrées par les entreprises. C'est un problème qui inquiète les entreprises. Je tiens à dire une fois de plus qu'il ne s'agit pas de nier à l'industrie le droit de faire des profits et d'être prospère, mais simplement de refuser qu'elle tombe dans l'exploitation pure et simple de sa clientèle.
Nous pouvons revenir au débat sur l'analyse du libre marché. Le Comité de l'industrie de la Chambre des communes a tenu des audiences après l'ouragan Katrina. Nous avons demandé aux témoins pourquoi les prix variaient à Toronto, à Vancouver, à Sudbury, à Windsor, en Ontario, ainsi qu'en de nombreux autres endroits. Nous avons entendu avec intérêt des témoins nous dire que les variations des prix étaient causées par le jeu de l'offre et de la demande. Si l'offre est élevée à un endroit, on y vendra une grande quantité du produit en question, et les prix diminueront un peu. Puis, d'autres témoins nous ont dit qu'il y aurait alors une pénurie faisant augmenter les prix. Leurs arguments revenaient au même.
Il est important que le Bureau de la concurrence ait des dents et qu'on lui confie le mandat nécessaire pour résoudre ce problème. Les études réalisées dans le passé ne sont pas allées vraiment à la racine du problème. Il ne s'agit pas de collusion lorsqu'il n'y a pas de concurrence, et c'est le problème de cette industrie.
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Monsieur le Président, je suis heureux de parler de la motion du député du Bloc qui soulève une question qui touche aussi bien le gouvernement que les entreprises. Elle concerne directement les intérêts d'un grand nombre de Canadiens et leur vie de tous les jours. Souvent, à la Chambre, nous nous perdons dans des débats qui ne veulent rien dire pour la population. La question dont nous sommes saisis aujourd'hui touche directement les intérêts des Canadiens.
Je voudrais orienter le débat dans une direction un peu différente de celle que nous avons suivie depuis le matin. J'ai l'impression que ce débat concerne la vision ou l'absence de vision du gouvernement en ce qui concerne le consommateur canadien et l'environnement.
L'injustice saute aux yeux des Canadiens lorsqu'ils pensent au secteur pétrolier et gazier et à ses profits faramineux. Le gouvernement a une responsabilité. Le milieu des affaires a une responsabilité. Parfois, ces responsabilités coïncident, parfois elles sont contradictoires.
Bien entendu, le milieu des affaires doit défendre les intérêts de ses actionnaires et augmenter au maximum les profits de ceux qui ont investi dans les entreprises. Je ne lui en fais pas reproche et je m’attends à ce qu’il poursuive constamment cet objectif. Les efforts en ce sens pourraient se dérouler sur une période de 20 ans ou d’ici le prochain trimestre ou la prochaine assemblée des actionnaires, mais les actionnaires exigent que l’on augmente les profits au maximum et c’est ce qu’ils attendent de leurs conseils d’administration si les entreprises sont constituées de cette façon.
Parfois, les responsabilités du gouvernement ne sont pas contradictoires car il faut permettre la concurrence et favoriser la vigueur de l’économie. J’ai toutefois entendu parler d’un effet multiplicateur de 1 à 300 ou plus en ce qui concerne les emplois dans le secteur des sables bitumineux. Depuis que je suis ici et lorsque je gérais des entreprises, je n’ai jamais entendu parler d’un tel effet multiplicateur. Cela semble absolument astronomique. La source d’une création d’emplois aussi importante m’intéresse beaucoup. Cela semble incroyable.
C’est une question dont je parle avec les Canadiens. Nous voyons des entreprises réaliser des profits extraordinaires selon leurs propres normes. Au lendemain de l’ouragan Katrina, j’ai entendu des entreprises reconnaître que leurs profits avaient atteints des niveaux record. Tant mieux pour elles. Ce résultat est dû en partie à la réglementation, à la fiscalité qui leur a permis d’augmenter leurs profits au maximum. Je leur dis « bravo ».
En même temps, nous avons un gouvernement qui choisit, année après année, de prendre l’argent des contribuables pour lui permettre de réaliser ses objectifs. Les sables bitumineux bénéficient de subventions directes de 1,5 milliard ou plus alors que ces entreprises semblent être celles qui en ont le moins besoin.
Si une entreprise connaît de graves difficultés, si elle entreprend un nouveau projet et si le marché a besoin des encouragements du gouvernement en place, on peut comprendre que ce dernier l’encourage à augmenter sa rentabilité. Mais si ces subventions sont renouvelées d’une année à l’autre pendant que ces entreprises gagnent tellement d’argent, c’est pour le moins injuste envers les Canadiens. Comment peut-on avoir le moindre sentiment de justice ou d’équité?
Je peux comprendre les raisons du gouvernement. Ce matin, nous avons entendu le ministre des Ressources naturelles s’opposer farouchement à l’idée de surveiller l’évolution des prix à la pompe. Je peux le comprendre, du point de vue idéologique, et on s’en réjouit dans les conseils d’administration de Calgary, mais en même temps, le gouvernement doit toujours assumer sa première responsabilité qui est de défendre les droits et les intérêts de ceux qu’il représente. Ce sont des droits à la fois sociaux et économiques.
Dans ce cas-ci, cela touche la compétitivité de notre propre marché si nous regardons ce qui se passe à l’extérieur des sables bitumineux et des grandes sociétés pétrolières du pays. Je représente une région qui ne produit pas de pétrole, comme la majorité des députés qui sont ici. Les petites entreprises de ma région du nord-ouest de la Colombie-Britannique, et surtout les chauffeurs des camions de transport de bois travaillent pratiquement pour rien parce que les prix qu’ils doivent payer ont augmenté énormément et que l’industrie a été restructurée à un point tel qu’ils doivent prendre à leur charge tous les dépassements de coût.
En ce moment, le gouvernement doit regarder ce qui se passe avec ce qui est devenu un produit essentiel pour les entreprises canadiennes. Le gouvernement doit se demander si nous faisons ce qu'il faut pour les propriétaires des petites et moyennes entreprises du pays. Je dirais que non.
Il est ahurissant — et ce serait drôle si ce n'était pas si triste — d'entendre la ministre de l'Environnement parler jour après jour à la Chambre des mesures d'efficacité environnementale et d'efficacité énergétique exigées par le Protocole de Kyoto et les autres protocoles sur les changements climatiques. Selon elle, pour améliorer l'efficacité de notre secteur et nos économies d'énergie, il faudrait retirer tous les avions du ciel et toutes les voitures de la route. Une telle hyperbole serait risible si elle n'était pas si triste. Il n'y a rien de plus irresponsable que de penser que l'annulation d'un programme comme ÉnerGuide, qui aidait les Canadiens à réduire leur dépendance par rapport à l'essence, au gaz et à l'électricité, est une mesure intelligente et efficace pour l'économie canadienne et les contribuables.
La ministre a expliqué à la Chambre que ce programme avait été annulé parce que la moitié des fonds qui lui étaient alloués allaient à des bureaucrates. Le lendemain, le sous-ministre, qui manifestement connaît le dossier, a parlé de 12 ¢ par dollar. La ministre ne s'est toujours pas excusée d'avoir fait cette déclaration incorrecte.
Le gouvernement veut sabrer dans un programme comme celui-là, mais il est irresponsable qu'il ne propose rien pour le remplacer. Si le gouvernement ne veut pas respecter le Protocole de Kyoto, qu'il propose des mesures de rechange et qu'il encourage la compétitivité de cette économie sur la scène mondiale.
Lorsque je me promène en voiture dans ma circonscription du Nord-Ouest de la Colombie-Britannique — laquelle est très grande; elle fait 400 kilomètres et il faut trois à quatre heures pour la parcourir — je remarque que le prix de l'essence peut varier de 15 ¢ le litre d'un endroit à l'autre. Pour une raison quelconque, on soutient que ce marché est concurrentiel.
Je me rappelle un incident très intéressant survenu à l'époque de l'ouragan Katrina. Un commerçant du sud-ouest de l'Ontario s'était trompé en affichant 1,70 $ à la pompe, après avoir mal lu une note télécopiée envoyée par son bureau. Comment ses concurrents ont-ils réagi? Eh bien, ils ont immédiatement fait passer leur prix à 1,70 $ le litre et quand on leur a demandé pourquoi, ils ont répondu que c'était à cause de Katrina.
Nous devons nous doter d'un organisme indépendant chargé de défendre jour après jour, non pas les intérêts des conseils d'administration de Calgary, mais les droits des consommateurs.
Nous devons nous tourner vers l'avenir et imaginer ce que doit devenir notre pays. Aux États-Unis, George Bush a déclaré que les Américains devaient se désaccoutumer du pétrole, ce qui est pas mal fort pour un pétrolier texan. Chez nous, en revanche, à peine était-il arrivé au Cabinet que le ministre des Ressources naturelles laissait entendre que nous allions devoir chercher du pétrole et du gaz dans un des secteurs les plus sensibles qui soit sur le plan environnemental, soit au large de la côte ouest de la Colombie britannique. Il sait pourtant très bien que ce genre de projet fait l'objet d'une opposition forte et récurrente. Sa vision de notre avenir énergétique consiste à exploiter ces hydrocarbures extracôtiers, à l'encontre des désirs de la très grande majorité des résidents de la région.
Pour que notre pays ait un véritable avenir énergétique dans ce millénaire, ce qu'il ne parviendra pas à faire selon moi en fonction des politiques du gouvernement actuel et du gouvernement passé, j'estime qu'il faudra radicalement changer les choses. Des années durant, les vérificateurs qui se sont succédé nous ont répété -- et je vais reprendre leurs propos que j'estime fondamentaux -- qu’il est possible de réformer le système fiscal pour le mettre au service de l'écologie afin de promouvoir les idées et les valeurs qui nous intéressent, soit parvenir à une énergie plus efficace et plus verte.
C'est précisément cela qui nous avait amené à lancer l'exploitation des sables bitumineux. Le gouvernement avait adopté certaines politiques et dispositions fiscales en indiquant clairement aux acteurs du marché ce qu'il recherchait. Le régime qui en a résulté, intéressant pour le fisc et pour le secteur privé, nous a permis de lancer l'exploitation des sables bitumineux. Rien de cela ne se serait passé si le gouvernement n'avait pas pris l'initiative.
Imaginez ce que le Canada pourrait devenir si le gouvernement adoptait une démarche écologique et progressiste en matière de consommation d'énergie avec la même conviction et la même détermination que celles dont nous avons fait preuve dans le cas des sables bitumineux. Nous pourrions nous présenter la tête haute sur la scène internationale et, plutôt que de nous sentir gênés, nous pourrions tenir le discours d'un pays progressiste dans le dossier de l'énergie.
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Monsieur le Président, je veux d'abord vous dire que je partagerai mon temps avec mon collègue d'Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou.
Je veux ensuite féliciter mon collègue de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, pour la motion qu'il a pilotée au sein du Bloc québécois et qu'il a soumise ici, en cette journée de l'opposition. Cette motion dit que le gouvernement devrait établir un plan d'action pour contrer les effets négatifs des hausses répétitives du prix de l'essence.
Il a parfaitement raison. Il donne quelques exemples. Notamment il suggère une surtaxe sur les profits des grandes compagnies pétrolières, dont je vous reparlerai plus tard, la création d'un office de surveillance du secteur pétrolier ainsi que le renforcement de la Loi sur la concurrence.
On constate, à l'étude de ce qui découle de la hausse du prix du pétrole, qu'il y a eu un détournement de richesse. Il y a eu, en effet, un détournement de richesse de la part des sociétés pétrolières, qui font des profits faramineux au désavantage des consommateurs, comme vous, moi, les chauffeurs de camions et les chauffeurs de taxi. Par conséquent, nous devons payer notre essence plus cher, et les compagnies pétrolières encaissent de gros profits.
Il faudrait donc répondre à ce détournement par un « dé-détournement », dont je vous reparlerai également plus tard. Il faudra que ce gouvernement crée une nouvelle richesse — en partant du pécule qu'ont emmagasiné les pétrolières —, qu'il faudra aussi partager.
Je voudrais aussi parler, si j'en avais le temps, de notre programme pour réduire notre dépendance au pétrole et à ses produits dérivés. En premier lieu, il faut faire contribuer l'industrie pétrolière, comme vous le savez. On assiste actuellement à un transfert de richesse sans précédent, au profit des sociétés pétrolières et au détriment de la population et de l'État fédéral. Il faut y mettre fin.
La première mesure proposée par le Bloc québécois consiste à imposer une surtaxe sur les profits des sociétés pétrolières. Peu importent les raisons des crises pétrolières, une chose est sûre: ce sont les compagnies pétrolières qui en profitent.
Selon Statistique Canada, les entreprises américaines contrôlent 44 p. 100 de l'actif et 53 p. 100 des revenus d'exploitation déclarés par la filiale de l'extraction de pétrole, de gaz et de charbon. Cela signifie que la majorité des profits des grandes compagnies pétrolières est dirigée vers les États-Unis.
De plus, l'industrie pétrolière est à la source de la quasi-totalité des nouvelles émissions de gaz à effet de serre au Canada depuis 1990. L'industrie pétrolière, qui enregistre des profits records comme je l'ai dit plus tôt, constitue la principale source de croissance des émissions de gaz à effet de serre et une bonne part de ses profits va directement aux États-Unis. Rien ne justifie un soutien gouvernemental à cette industrie. Je peux le répéter: rien ne justifie un soutien gouvernemental à cette industrie. C'est pourtant ce que fait le gouvernement conservateur en place. Le gouvernement fédéral devrait faire exactement l'inverse et imposer aux sociétés pétrolières une surtaxe sur leurs profits excessifs. Cela aura l'avantage de taxer la population — un lapsus compréhensible, que certains qualifieraient de freudien — pardon, la pollution engendrée par cette industrie.
Le régime fiscal canadien est très avantageux pour les compagnies pétrolières. Selon Finances Canada, il serait même meilleur que celui du Texas.
Sachant que les sociétés pétrolières font de bonnes affaires, le Bloc propose une majoration de l'actuelle surtaxe applicable à l'impôt des sociétés: cette surtaxe ne viserait que les sociétés pétrolières et permettrait au gouvernement fédéral d'aller chercher près de 500 millions de dollars par année; elle passerait de 4 p. 100 à 25,5 p. 100 pour les grandes sociétés pétrolières. De la sorte, le taux d'imposition sur leurs bénéfices passerait de 29,12 p. 100 à 32,9 p. 100, soit toujours moins qu'au Texas, où il se situe à 35 p. 100. Cette mesure rapporterait environ 500 millions de dollars par année.
Il faudrait aussi retirer les cadeaux qu'on donne allègrement aux sociétés pétrolières. Le budget de 2006 ne met pas fin à leurs cadeaux fiscaux. En fait, même si aucune des mesures fiscales annoncées dans le budget ne s'applique spécifiquement aux compagnies pétrolières, plusieurs d'entre elles leur seront particulièrement intéressantes. Il y en a trois, entre autres: la baisse de 2 p. 100 de l'impôt sur le revenu des sociétés, pour le ramener à 19 p. 100 en 2010, l'abrogation plus rapide de la taxe sur le capital et la diminution de l'impôt sur le revenu pour les détenteurs d'actions de grandes sociétés.
Il faudra trouver des pistes de solution qui feront en sorte que non seulement il faudra créer une nouvelle richesse pour ce gouvernement à partir d'une surtaxe à l'endroit des pétrolières, mais il faudra aussi voir comment on la partagera.
Il y a bien sûr plusieurs groupes, soit des chauffeurs de taxis et des chauffeurs de camions, qui ont bien besoin d'un crédit d'impôt ou d'une aide pour contrer cette hausse du prix du pétrole.
Toutefois, il y a aussi une mesure compensatoire qui devrait être mieux ciblée, particulièrement en ce qui a trait aux ménages. Les ménages dont les revenus n'atteignent pas 30 000 dollars devraient être compensés pour l'augmentation des coûts de l'énergie. Ce serait mieux que le chèque de quelques dollars qu'a fait le dernier gouvernement libéral, en janvier dernier, en pleine campagne électorale. Cet argent n'a pas toujours été distribué de façon très judicieuse.
Ce crédit d'impôt était d'ailleurs prévu dans le plan d'action que le Bloc québécois avait élaboré et rendu public en août dernier lors de la crise du prix du pétrole. À mon avis, il faut revenir à la charge afin que ce crédit d'impôt remboursable soit instauré et qu'il permette ainsi d'atténuer les effets de la hausse des prix pétroliers pour ceux et celles qui en ont le plus besoin.
Ce crédit d'impôt permettrait d'équilibrer les budgets des ménages qui ont vu la hausse du prix du pétrole augmenter, notamment le prix du panier d'épicerie attribuable à une augmentation des frais de transport et à la hausse des coûts de chauffage.
Près de 1 530 000 foyers au Canada utilisent le mazout comme principale source de chauffage, dont plus de 500 000 au Québec. Il faut absolument donner un répit à ces ménages, quelle que soit la source d'énergie utilisée. Le plan d'action du Bloc proposé en août dernier faisait valoir que les ménages devraient bénéficier d'un crédit d'impôt remboursable pour l'année financière 2005. Malheureusement, cela n'est pas possible présentement, mais pour l'avenir, cela devrait l'être.
De plus, il y a une autre façon d'envisager les choses. Ce serait qu'à plus long terme, nous réduisions notre dépendance au pétrole. Chacun d'entre nous, chacun des Québécois et des Québécoises, chacun des Canadiens et des Canadiennes qui nous écoute devrait trouver personnellement des solutions individuelles au défi collectif de l'augmentation des gaz à effet de serre. C'est la vraie solution, mais elle demande beaucoup plus de temps. Le pétrole est une ressource non renouvelable. Il sera de plus en plus rare et coûtera malheureusement de plus en plus cher. On constate ce fait car les pétrolières en abusent de plus en plus.
L'utilisation abusive du pétrole et de ses dérivés comme source d'énergie est une des causes des changements climatiques, qui s'avéreront extrêmement coûteux, tant économiquement qu'humainement.
Pour toutes ces raisons, le statu quo est plus coûteux que l'action. La solution s'impose d'elle-même: il est nécessaire de réduire notre facture de pétrole en diminuant notre dépendance à ce produit que le Québec doit importer. Heureusement, le Québec est sur la bonne voie puisqu'avec la Norvège, il est la seule société où le pétrole n'est pas la première source d'énergie consommée.
Il faudra encourager l'achat de véhicules moins énergivores. Dans le contexte de la flambée des prix de l'essence, il devient encore plus impératif que le gouvernement fédéral mette sur pied une revendication de longue date du Bloc québécois, à savoir une abolition de la taxe de vente sur l'achat de véhicules écologiques. Un véhicule écologique pourrait par exemple être défini comme tout véhicule qui consomme moins de 5 litres par 100 kilomètres. Cette mesure coûtera approximativement au gouvernement fédéral 90 millions de dollars par année.
Il faudra aussi encourager la construction de véhicules moins énergivores. Il faudra également investir dans l'énergie éolienne et, finalement, favoriser l'utilisation du transport en commun.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue d'avoir partagé avec moi le temps de parole qui lui était imparti. Il me fait plaisir de reprendre contact avec la population.
Les hausses de prix des produits pétroliers à intervalle régulier — la plupart du temps sans raison valable ou avec des justifications futiles — ont amené le Bloc québécois à réagir dès 2003.
Dans son rapport de novembre 2003, en réponse à une motion qui a fait l'unanimité et qui était proposée par le Bloc québécois en février de la même année, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, qui s'était penché sur la question, avait découvert la nécessité de créer un office de surveillance du secteur pétrolier.
Le gouvernement précédent — largement majoritaire à l'époque — avait rejeté cette recommandation, même si le comité, dont faisaient partie des membres de son caucus, y était favorable à l'unanimité.
Dès son accession au poste de chef du Parti libéral, l'ex-premier ministre — et député actuel de LaSalle—Émard — a accordé aux pétrolières une baisse d'impôt irresponsable de 6 p. 100 sur leurs profits. Le ministre des Finances de ce même gouvernement, ne voulant pas être en reste, a récidivé quelques mois plus tard en accordant un montant additionnel de 1 milliard de dollars, afin que ces mêmes pétrolières diminuent leurs émanations dans l'atmosphère. Comme si ce n'était pas suffisant, faut-il le rappeler, une autre aide supplémentaire de 900 millions de dollars leur a été accordée à la suite de la négociation du gouvernement avec le NPD pour obtenir l'appui de ce parti lors de l'acceptation du budget.
Il n'est pas nécessaire d'être un savant économiste ou un comptable pour se rendre compte de tous les avantages accordés à cette industrie. De toute évidence, cela semble n'avoir qu'exacerbé leur appétit des profits, aussi exagérés fussent-ils.
Seulement pour l'environnement, l'aide était de 2 milliards de dollars. Il faut ajouter à cela, seulement pour le premier trimestre de 2004, 1 milliard de dollars de revenus nets supplémentaires. En y ajoutant des profits réalisés par l'augmentation de la marge au raffinage, cela devient indécent.
Compte tenu des coûts astronomiques additionnels transférés aux exploitants forestiers, combinés à la crise du bois d'oeuvre et à l'obligation pour ces exploitants d'aller chercher la ressource de plus en plus loin, nous avons subi dans toutes les régions du Québec et de nombreuses régions du Canada d'innombrables fermetures d'industries et des hausses des prix à la consommation qui auraient pu être évitées.
En effet, c'est le 11 février 2005 que j'ai personnellement déposé en cette Chambre, au nom du Bloc québécois, une motion qui se lisait comme suit:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait agir dans le domaine du prix de l'essence: a) en mettant en place un office de surveillance du secteur pétrolier chargé de produire un rapport annuel sur tous les aspects de l'industrie, notamment le mécanisme de fixation des prix et les aspects concurrentiels, dont le directeur indépendant serait nommé après consultation des intervenants du secteur et du Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie pour un mandat de trois ans et que le dit Comité soit chargé d'étudier ce rapport; b) en présentant des amendements visant à renforcer la Loi sur la concurrence, notamment de manière à ce que le Commissaire à la concurrence puisse initier des enquêtes, assigner des témoins et assurer leur confidentialité.
Pour le plus grand malheur des contribuables québécois et canadiens, cette motion a été défaite, bien que par quelques voix seulement. Par conséquent, les prix ont atteint des sommets durant la période la plus achalandée de l'année, et l'industrie touristique a vécu dans l'incertitude. Les entreprises continuent de fermer parce qu'elles n'étaient plus concurrentielles sur le plan international, et les prix du transport sont la principale cause de l'inflation depuis les deux dernières années.
Ce manque de leadership dans le domaine a placé des populations entières en sérieuse difficulté, puisque les revenus dans ces populations ne sont pas indexés au coût de la vie. Les salariés moyens, par exemple, ainsi que les salariés oeuvrant au salaire minimum n'ont d'autre choix que d'abandonner leur emploi, ce qui prive plusieurs entreprises de la seule main-d'oeuvre qu'elles peuvent se permettre, en plus de transférer un poids énorme sur les gouvernements provinciaux, qui voient leurs charges sociales s'amplifier.
Qu'importe ce que la ministre de l'Environnement peut faire miroiter, elle aurait certainement avantage à enlever ses oeillères pour constater qu'en dehors de son dortoir, il y a énormément de communautés où le transport en commun n'existe tout simplement pas et où les distances à parcourir sont très grandes. Les coûts ainsi engendrés ne sont prévisibles ni par le salarié ni par l'entreprise, ce qui place tous les secteurs économiques en sérieuse difficulté.
N'oublions surtout pas ceux où les produits pétroliers ne peuvent être transportés que pendant une certaine période de l'année, c'est-à-dire la période choisie par les pétrolières pour gonfler leurs profits et les dividendes de leurs actionnaires. Pour ces populations, ces prix existent depuis l'été dernier et certainement encore jusqu'à la fonte des glaces. Je n'ai pas compris le manque d'appui de la représentante du Nunavut, l'été dernier, mais je souhaite qu'elle appuie cette motion qui touche sa communauté plus que bien d'autres.
D'ailleurs, dans ce cas-là, avec tous les profits engrangés par les pétrolières, celles-ci pourraient certainement assumer les frais de transport dans ces communautés. Ce serait un geste humanitaire certainement apprécié, peu importe le prix à la pompe dans les endroits accessibles. Ces communautés ont aussi participé à l'essor économique de ces pétrolières.
Qui a offert de l'aide au Nunavik, qui a offert de l'aide au Nunavut ou aux Territoires du Nord-Ouest? Que ce soit le gouvernement qui ferme les yeux sur ces pratiques pas recommandables du tout ou ces pétrolières complètement irresponsables envers leurs devoirs corporatifs, personne ne s'est préoccupé du prix du litre d'essence, qui varie de 1,49 $ le litre aux endroits non accessibles par la route, soit la Baie-James, à 1,71 $ le litre au Nunavik et probablement aussi au Nunavut, qui utilise le même moyen de transport.
J'étais au Nunavik, encore la semaine dernière et, en l'absence de restaurant, nous avons acheté la nourriture nécessaire pour nous faire la cuisine nous-mêmes. Savez-vous qu'à Ivujivik, pour un souper avec deux steaks dans l'aloyau, des accompagnements bien ordinaires et avec une pomme de salade dans laquelle nous avons réussi à récupérer deux feuilles, il a fallu débourser 189 $. La pomme de salade se vend 6,79 $. Ce que nous avons jeté n'était pas comestible. Nous n'avons fait aucun gaspillage.
Tout comme toute autre ressource, le pétrole devrait être offert aux citoyens à un prix qui permettrait à l'industrie de faire des profits raisonnables. C'est une ressource dont le coût d'exploration et de mise en valeur a été financé, en grande partie, par les taxes et impôts de tous les Québécoises, Québécois et Canadiens pour profiter aux citoyens et entreprises québécoises et canadiennes.
Il suffit d'étudier les prix demandés par Hydro-Québec à l'exportation. Ils sont très bas comparés à la ressource pétrolière. Pourtant, les Québécois ont payé seuls pour la recherche et le développement de cette énergie. C'est ce modèle de coopération qui aurait probablement pu servir, avec le respect nécessaire envers chacun, à sceller la Confédération canadienne.
Les coûts pétroliers ont un très grand impact sur les coûts administratifs de tous les citoyens, des petites comme des grandes entreprises, des organismes de services à but lucratif comme des organismes sans but lucratif, des gouvernements municipaux jusqu'au gouvernement fédéral, des propriétaires de taxis au transport routier, naval et aérien. Il est donc nécessaire, pour un gouvernement responsable, de s'assurer qu'il y ait d'abord une concurrence et, ensuite, qu'elle soit loyale et respectueuse de l'ensemble des intervenants étant partie du patrimoine national qu'est cette ressource naturelle.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, tous les secteurs approvisionnés par bateaux sont aussi approvisionnés en électricité avec des génératrices et tous les bâtiments sont chauffés au mazout, qui est déjà au-delà de 70 ¢ le litre au moment où nous nous parlons. Cela n'inclut pas le transport. Ces coûts pourraient atteindre le 80 ¢ le litre, rendu sur place.
Le Bloc québécois estime qu'il est possible de contrôler, du moins en partie, le prix de l'essence et des autres produits pétroliers, notamment en s'assurant qu'aucun intermédiaire n'abuse de sa position ou des circonstances. À ce prix-là, il y aura beaucoup plus de ménages, de personnes seules, jeunes ou âgées, qui ne pourront se chauffer convenablement lors du prochain hiver.
Pour ces raisons, c'est en toute simplicité que j'invite tous les membres de ce Parlement à assurer une vérification juste, impartiale et équitable, avec tous les pouvoirs nécessaires à l'exécution de sa tâche, à un bureau de surveillance, tel que recommandé par cette motion.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec le député de Calgary-Est.
Tous les députés savent que la hausse des prix de l'énergie a des conséquences pour les consommateurs canadiens et l'ensemble de l'économie. Nous avons tous entendu les mêmes réactions de nos électeurs, et nous sommes tous préoccupés. Malgré les critiques faciles des députés de l'opposition qui prétendent le contraire à la Chambre et malgré la motion présentée par le député de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, c'est clair que le gouvernement surveille cette question de près.
Le gouvernement réagit à la hausse des prix de l'énergie et aux effets qu'elle a pour les Canadiens. Il prend des moyens sensés, pratiques et qui respectent les lois de l'offre et de la demande. Nous voulons prendre des mesures qui produiront des résultats valables et qui ne se perdront pas dans les fluctuations normales des prix. Nous devons bien faire les choses.
Il ne devrait pas y avoir de confusion possible. Le gouvernement se rend effectivement compte que c'est un grave problème. Nous entendons les particuliers, les groupes de consommateurs et les associations commerciales formuler leurs inquiétudes. Des organismes comme l'Association des consommateurs du Canada et Options consommateurs ont fait connaître très clairement toutes les facettes des difficultés que connaissent les consommateurs en raison de la hausse des prix de l'énergie.
Les prix de l'essence et du gazole ont considérablement augmenté, tout comme ceux du mazout et du gaz naturel grâce auxquels se chauffent la plupart des foyers canadiens. Ces augmentations des prix de l'énergie se répercutent sur le coût d'autres produits, comme les aliments qu'il faut acheminer sur de longues distances et l'électricité qui est produite par des centrales thermiques au gaz naturel.
Les Canadiens ne peuvent prendre à la légère les effets de ces augmentations des prix de l'énergie, du moins pas s'ils résident dans des régions rurales ou éloignées ou s'ils n'ont d'autre choix que de parcourir quotidiennement de grandes distances, s'ils touchent des revenus fixes et ne peuvent absorber aucune augmentation, ou s'ils sont camionneurs ou agriculteurs n'ayant d'autre possibilité, pour gagner leur vie, que de payer le prix fort à la pompe.
Les anecdotes à ce sujet abondent, mais il est possible de se faire une bonne idée de la réalité à laquelle les consommateurs canadiens sont confrontés en se fiant à des données plus précises. Statistique Canada, par exemple, dispose d'une masse de données à cet égard et le Bureau de la consommation d'industrie Canada nous permet maintenant de mieux comprendre ce dont il retourne grâce à son Rapport sur les tendances en consommation.
Cette information est importante parce qu'elle permet aux gouvernements de tenir compte du point de vue des consommateurs dans les décisions qu'ils prennent. Ces données nous apprennent, d'abord et avant tout, que les consommateurs ont besoin d'aide pour faire des choix avisés dans une période où les prix de l'énergie sont élevés.
Notre gouvernement est à l'écoute. Il donne aux consommateurs canadiens les outils dont ils ont besoin pour composer avec une situation trop souvent confuse sur les marchés de l'énergie. Par exemple, le Bureau de la concurrence a produit des fiches d'information très intéressantes sur le prix de l'essence. Grâce aux Bureau d'information sur les prix des produits pétroliers, il est possible de suivre l'évolution hebdomadaire des prix de l'essence dans 60 villes canadiennes et de connaître le prix moyen à la pompe.
L’Office de l'efficacité énergétique de Ressources naturelles Canada tient une rubrique intitulée « Transport – Personnel » qui donne des conseils utiles aux automobilistes canadiens sur l'achat, la conduite et l'entretien des véhicules afin de réduire la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre. La diminution de la consommation permet d'économiser, mais aussi de soulager l'environnement. Toutes ces informations fantastiques sur la consommation, à l'intention des consommateurs, sont accessibles sur Internet.
De plus, le gouvernement sait qu'il ne suffit pas d'aider les consommateurs à composer avec les prix actuellement élevés du marché. Pour l'instant, la demande semble suivre une courbe relativement ascendante. À en croire un article paru dans le National Post, l'Ontario a connu un record de chaleur pour un 30 mai, journée qui a d'ailleurs occasionné un pic de consommation d'énergie. Si les prévisions d'Environnement Canada relayées par la radio de CBC devaient se confirmer, nous devrions connaître un été plus chaud et plus humide qu'à l'ordinaire, ce qui donnera donc certainement lieu à une augmentation de la demande d'énergie.
Ce sont tous ces facteurs qui ont incité le gouvernement à s'attaquer résolument au problème de l'énergie. Notre gouvernement apporte un appui déterminé à l'utilisation d'éthanol produit à partir de cultures comme le maïs, la paille et d'autres formes de cellulose. L'éthanol produit de cette façon et ajouté à l'essence contribue de façon pratique à réduire notre dépendance des réserves de pétrole conventionnel dont le coût pourrait augmenter dans l'avenir. Comme la ministre de l'Environnement l’a annoncé, le gouvernement est déterminé à imposer une norme de contenu de 5 p. 100 de biocarburant, qui devra être atteinte d'ici 2010 dans le cadre d'une stratégie nationale.
Pour ce qui est d'un cadre stratégique global, le gouvernement effectue des investissements très importants dans un réseau de transport public plus propre. Nous avons investi dans des laissez-passer de transport en commun pour nous assurer que les gens abandonnent leur automobile au profit du transport en commun. Nous voulons nous assurer que ceux qui doivent se servir de leur automobile utilisent de l'essence plus propre et réduisent ainsi leurs émissions.
Le gouvernement répond aux besoins des consommateurs en leur donnant les outils pour les aider à s'adapter à un marché où les prix montent et en encourageant le secteur privé à aider à réduire notre dépendance à l'égard de sources d'énergie tirées du pétrole qui sont toujours plus coûteuses.
Quelle est la solution proposée par l'opposition? La motion dont la Chambre est saisie dit que nous devrions imposer une surtaxe sur les profits des grandes compagnies pétrolières, créer un office de surveillance du secteur pétrolier et veiller au « renforcement de la Loi sur la concurrence ». Ce sont des solutions simples, n'est-ce pas? Examinons deux d'entre elles.
Comme un de nos collègues l'a dit, le fait d'imposer une surtaxe aux compagnies pétrolières et d'accroître leurs coûts n'aura aucun effet ou presque sur le prix à la pompe. Pour ce qui est du prix de l'essence, je crois que la meilleure façon d'obtenir les plus bas prix possible, c'est d'avoir un marché efficient et compétitif, qui est fondé sur les lois de l'offre et de la demande.
En ce qui concerne le renforcement de la Loi sur la concurrence, c'est une autre manoeuvre de diversion. Le Bureau de la concurrence a jusqu'à maintenant effectué six enquêtes sur le prix de l'essence, dont une à la suite de l'ouragan Katrina, à la demande du gouvernement précédent. Or, aucune de ces enquêtes n'a permis d'établir qu'il y avait eu complot pour conclure une entente sur le prix de l'essence.
Selon le Bureau de la concurrence, les prix de l'essence au Canada et aux États-Unis sont étroitement liés et reflètent la nature intégrée du marché mondial du pétrole. Rappelez-vous que la Loi sur la concurrence n'empêche pas que les prix et les profits soient élevés. C'est très important. En cas de problème, le Bureau de la concurrence applique avec rigueur la loi comme il l'a fait à huit reprises depuis 1972.
Plutôt que d'adopter la motion irréfléchie dont nous sommes saisis, il serait beaucoup plus sensé d'aider les consommateurs à utiliser moins de carburant, à court terme en les aidant à trouver des façons plus efficaces d'utiliser l'énergie et à long terme, en ayant recours à des énergies de remplacement qui vont permettre aux consommateurs d'être moins dépendants d'une ressource énergétique dont le coût ne va qu'augmenter au cours des années à venir.
La motion dont nous sommes saisis ne nous permettra de réaliser aucun de ces objectifs. Dans le cas des questions énergétiques, le gouvernement est en faveur d'une approche sensée et prospective qui va apporter des avantages réels et durables aux consommateurs en abordant de façon réaliste un problème auquel nous allons être confrontés pendant encore très longtemps.
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Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi de prendre la parole au sujet de la motion du Bloc concernant le prix du pétrole et plus particulièrement les sociétés pétrolières.
Comme je viens de l’Alberta, ce qui se passe dans ce secteur est important à mes yeux. En lisant la motion, j’ai été étonné de voir qu’elle semblait exploiter les craintes des Canadiens, la crainte que le prix élevé du pétrole et le prix à la pompe auront de graves répercussions. Il ne fait aucun doute dans l’esprit de qui que ce soit que le prix élevé de l’essence et du pétrole se répercute sur les autres secteurs de l’économie.
Le député du Bloc qui a parlé avant a dit qu’il venait du secteur de la construction et que cela aurait des répercussions sur les autres industries. Il y aura assurément des répercussions sur les autres industries. Comment s’attendre à autre chose? Ce n’est pas seulement vrai pour le prix du pétrole. Toutes les autres hausses de prix ont des répercussions sur les autres secteurs de l’économie. Néanmoins, cette solution n’est pas la bonne. À long terme, elle nuira davantage à l’économie qu’elle ne la servira.
En tant que gouvernement responsable, nous voulons trouver des solutions à long terme, examiner la question sous tous ses angles et ne pas nous borner à dire que le développement économique de l'Asie et d'autres régions émergentes accroît la demande de pétrole brut, ce qui se répercute sur le marché et le prix à la pompe. On ne saurait improviser une solution de fortune.
Le gouvernement a adopté plusieurs avenues dans le budget pour agir sur l'ensemble de l'économie canadienne, notamment en abaissant les impôts des entreprises et des particuliers, ce qui laissera plus d'argent dans les poches des Canadiens.
J'ai acheté une nouvelle auto cette année. La première chose que j'ai regardé, c'est la consommation de carburant. Je n'ai pas tenu compte du prix de l'essence au moment de l'achat. J'ai pensé à l'avenir en me disant qu'une économie d'essence se répercuterait sur mes finances personnelles. C'est à moi, comme à chaque consommateur, qu'il incombe de penser à ces choses. Nous ne pouvons pas perturber le marché et créer une situation qui aura des répercussions dévastatrices.
Je me souviens de l'introduction du Programme énergétique national par les libéraux. J'étais à Calgary et j'ai vu quel en a été les effets sur la situation économique des sociétés pétrolières. On pouvait alors acheter une maison pour un dollar. Les gens se débarrassaient de leur maison. Leurs économies étaient réduites à néant.
Nous ne pouvons pas simplement dire que nous allons imposer une surtaxe aux sociétés pétrolières. Comme le secrétaire parlementaire du ministre de l'Industrie l'a demandé: quel sera l'effet d'une surtaxe imposée aux sociétés pétrolières sur le prix de l'essence? Les bloquistes affirment vouloir taxer les profits. Il doit y avoir une coalition de ce côté-là.
Songeons un instant à ce qui se passe au Venezuela. Le nouveau président joue avec son patrimoine pétrolier. Il offre l'essence au prix le plus bas au monde. Il affirme que puisqu'il y a d'autres ressources, il veut qu'elle soit bon marché. Devinez quoi? Il joue avec l'argent des générations à venir pour favoriser la génération actuelle. Voilà où le bât blesse. Il ne prend pas avantage des prix mondiaux pour l'aider à bâtir l'économie. L'édification d'un pays ne repose pas uniquement sur le prix du pétrole. Il faut investir en éducation, en santé et dans l'infrastructure pour créer un milieu concurrentiel qui bénéficie à tout le monde, pas à un seul secteur.
Pour ce faire, il faut créer un contexte commercial. Il faut réclamer les impôts nécessaires aux pétrolières et s'assurer qu'elles sont dans un secteur concurrentiel. Le gouvernement réinvestit ses recettes dans l'infrastructure et dans tout ce qui fait tourner l'économie.
Je suis ravi que les choses se passent ainsi en Alberta. Les recettes réalisées bénéficient à l'ensemble du Canada, notamment au Québec, parce que l'Alberta verse sa part en vertu du programme de péréquation. On parle de déséquilibre fiscal. Il faut assurer un niveau de vie uniforme partout au Canada. Si un secteur est prospère pendant une certaine période, tant mieux. Toutefois, je tiens à rappeler ce qui s'est passé en Alberta, en 1981, à cause de la flambée du prix de l'essence. Les Albertains, y compris moi, ont perdu les économies de toute leur vie à cause de la politique économique irresponsable du gouvernement. Nous voulons nous assurer que cette situation ne se reproduira pas aujourd'hui.
Le gouvernement a dit que nous créerons un contexte favorable pour l'ensemble des Canadiens. Ainsi, le budget prévoit des allégements fiscaux pour les particuliers et pour les entreprises, notamment les petites entreprises, sans compter la réduction de la TPS.
Un rapport rendu public il y a environ un mois fait état d'une légère baisse de la consommation de pétrole en Amérique du Nord. Voilà exactement ce vers quoi nous devons tendre. Il n'est pas nécessaire de concentrer la majorité de nos efforts sur le secteur pétrolier. Comme la ministre de l'Environnement l'a indiqué, nous envisageons de recourir à d'autres sources d'énergie. Il faut réduire la consommation de pétrole. Voilà la bonne façon de procéder. C'est le message qu'il faut transmettre dans nos efforts de sensibilisation.
Cela se traduira-t-il immédiatement par une baisse du prix de l'essence? Non. Comme je l'ai dit, l'économie asiatique est en pleine croissance. À l'heure actuelle, la Chine et l'Inde veulent acheter des ressources, et même des pétrolières, pour alimenter leur économie en pleine expansion. Cela fait croître la demande sur le marché des produits de base.
Il est très intéressant de constater que la Chine, qui a besoin de plus en plus de ressources, s'approvisionne au Canada. Comme nous sommes le pays le plus riche en ressources, il est naturel que notre économie se porte bien. Ils ne parlent pas des autres secteurs, car ils n'ont pas autant à leur apporter.
Nous devons cesser de nous demander ce qui avantagerait une province en particulier. Les députés de la Chambre des communes devraient plutôt se demander ce qui avantagerait le Canada tout entier.
Je trouve donc la motion très contradictoire et, à mon avis, elle créera une situation dont les effets à long terme pourraient être très dévastateurs.
Dans la motion, il est question de la Loi sur la concurrence. Les libéraux ont passé près de 13 ans au pouvoir. Les voilà maintenant qui se préoccupent de la Loi sur la concurrence. Où étaient-ils avant? Pourquoi n'ont-ils rien fait s'ils croyaient que la Loi sur la concurrence devait être renforcée? Il est évident qu'ils n'ont jamais eu l'intention de faire quoi que ce soit, et on se demande pourquoi.
À mon avis, la motion exploite les craintes des Canadiens, mais ce n'est pas la bonne façon de procéder. Les priorités et le budget du gouvernement nous indiquent la voie à suivre pour faire en sorte que le Canada demeure le meilleur pays au monde.
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Monsieur le Président, je veux d'abord vous informer que je vais partager le temps qui m'est alloué avec mon collègue de Shefford.
Dans le cadre de cette journée d'opposition du Bloc québécois relativement au prix de l'essence, je tenais à prendre la parole au nom des citoyens et des citoyennes que je représente. Je sais que ce sujet leur tient énormément à coeur et les préoccupe, qu'ils et elles s'attendent à ce que des actions tangibles soient prises afin de contrer les effets négatifs et pernicieux des hausses répétitives du prix de l'essence.
Ces effets néfastes sont bien évidemment ressentis par toute la population. Néanmoins, je veux souligner plus spécialement l'impact que cela a en région. En effet, comme je le dis souvent et ne cesserai de le dire, tout ce qui influence l'enjeu si important que constitue l'occupation du territoire est vital pour nos régions et leurs habitants.
Les effets pervers des hausses répétitives du prix du pétrole et souvent vertigineuses du prix de l'essence affectent les individus, les travailleurs et travailleuses, les agriculteurs et agricultrices, les gens qui oeuvrent dans le domaine forestier, les camionneurs, les compagnies de transport, les entreprises et, comme nous sommes en région souvent tributaires de l'industrie touristique, cela affecte le tourisme. Prenons donc ces aspects un par un.
En région, les particuliers ressentent directement les hausses parce qu'ils dépendent très souvent du mazout comme source d'énergie et qu'ils n'ont d'autre choix que de se déplacer en automobile, parce qu'ils ne bénéficient pas de transport en commun. Ils le font pour tous leurs déplacements dits locaux, des déplacements essentiels. On doit parcourir de bonnes distances pour aller travailler, pour vaquer à ses occupations, pour s'occuper de sa famille. C'est très important de garder cela en tête.
Je pourrais même ajouter avec une pointe d'ironie qu'on doit souvent faire de 15 à 20 minutes de voiture en milieu rural pour acheter un timbre ou pour poster une lettre, lorsque la Société canadienne des postes a fermé des points de service. Toutefois, je n'ai pas envie d'être ironique, le sujet est trop sérieux.
Les travailleurs et travailleuses qui vivent déjà, plus souvent qu'à leur tour, une situation précaire se voient soustraire à leur pouvoir d'achat un pourcentage important de leur revenu, très souvent de leur prestation qui leur tient lieu de revenu, à cause des coûts auxquels ils et elles ne peuvent se soustraire: celui de l'essence et celui de l'énergie à partir du pétrole.
Les agricultrices et agriculteurs, tout comme les personnes qui travaillent dans le domaine forestier, sont tributaires de l'essence pour leur matériel roulant et pour leur infrastructure aussi bien que pour leur équipement, et voient leur niveau de dépenses grimper, donc leurs profits, déjà minces, décroître de façon manifeste.
Que dire des chauffeurs de taxi, des camionneurs et des compagnies de transport, qui doivent soit refiler la note à leur clientèle, soit voir leur marge de profits fondre comme neige au soleil.
Quant au tourisme, nous savons que plusieurs régions, dont celles du Bas-Saint-Laurent et de ma circonscription en particulier, sont tributaires de ce créneau économique pour une part importante de leur économie. Les touristes, soient-ils canadiens, québécois ou américains, voyagent principalement en automobile pour se rendre à destination ou pour parcourir nos territoires, aussi plaisants qu'immenses à découvrir et à redécouvrir.
Je viens de décrire en quelques mots une réalité commune et connue. Elle requiert que l'on se penche sérieusement sur des mesures, sur un plan, sur une stratégie afin de contrer les effets négatifs et les hausses répétitives du prix de l'essence.
À la veille de la saison estivale, plusieurs s'inquiètent avec raison et anticipent avec anxiété les prochaines montées du cours de l'essence. En effet, ils connaissent, pour les avoir vécues à répétition dans le passé, les conséquences de ce scénario qui leur fait craindre que ne soient obérées les retombées économiques souhaitées autant que souhaitables.
Voyons maintenant, pendant le temps qui m'est imparti, les demandes du Bloc québécois, afin justement que le gouvernement conservateur entreprenne des actions. Ce sont les suivantes: une majoration de l'actuelle surtaxe applicable à l'impôt des sociétés sur les profits des grandes compagnies pétrolières uniquement, la création d'un office de surveillance du secteur pétrolier et le renforcement de la Loi sur la concurrence.
La surtaxe sur les profits des grandes compagnies permettra d'aller chercher un montant supplémentaire de l'ordre de 500 millions de dollars, afin que les sommes prélevées soient réinvesties dans des programmes visant à réduire la dépendance de la population au pétrole.
On ne veut pas le faire pour rien, on veut le faire avec une vision. C'est ce que nous demandons au gouvernement actuel. Par exemple, on veut encourager la construction et l'achat de véhicules moins énergivores. Souvenons-nous que les profits nets des cinq grandes pétrolières du pays ont été de 9,65 milliards de dollars l'an dernier. Ces cinq pétrolières sont les suivantes: Imperial Oil, Shell Canada, Husky Energy, Pétro-Canada et Suncor Energy. Comme je l'ai mentionné plus tôt, il s'agit d'une hausse de 2,45 milliards de dollars par rapport à 2004 et de 3,08 milliards de dollars par rapport à 2003. On parle d'un profit plus élevé de 46,9 p. 100 par rapport à 2003. Cela parle de soi.
Mieux encore, le gouvernement actuel ne semble pas trouver que les pauvres pétrolières en ont suffisamment puisqu'il leur accordera d'autres cadeaux fiscaux. L'Association canadienne des producteurs de pétrole a projeté sur trois ans l'ensemble de ces cadeaux. Le résultat est une baisse d'impôt de 54 p. 100 entre 2005 et 2008. Qui dit mieux?
Une autre partie des revenus de cette surtaxe pourrait subventionner les producteurs d'énergie renouvelable. Pensons, en l'occurence, à l'énergie éolienne. Le Québec possède un fort potentiel de production d'énergie éolienne, une technique des plus rentables, très propre et dont la ressource — le vent — est entièrement gratuite et renouvelable.
Soyons clairs, il faut que ces sommes obtenues par la majoration de cette actuelle surtaxe soient immédiatement réinvesties et qu'elles n'aillent pas simplement gonfler davantage les surplus actuels ou anticipés.
Quant à la création d'un véritable office de la surveillance du secteur pétrolier, cet organisme aurait pour rôle de contrôler l'industrie en collectant et en diffusant des données, notamment sur les prix des produits pétroliers raffinés dans tous les marchés nord-américains, et en faisant rapport sur les aspects concurrentiels.
Cet office pourrait assigner des témoins, assurer la protection de leur confidentialité, étudier tous les aspects de l'industrie pétrolière et proposer des solutions pour y mettre de l'ordre.
Au sujet de la création de cet office, même le président de l'Institut canadien des produits pétroliers, représentant 80 p. 100 de la capacité de raffinage au Canada, déclarait récemment, soit le 7 mai 2004:
Les membres de l'industrie pétrolière partagent l'avis du comité selon lequel un office de surveillance indépendant mettrait fin à la confusion existant chez les consommateurs et les idées fausses entourant les questions relatives aux prix de l'essence.
La troisième requête du Bloc québécois a trait à la Loi sur la concurrence. Le commissaire n'a toujours aucun pouvoir d'enquête dans les cas de fluctuations qui semblent suspectes. Il est à noter que ce manque a d'ailleurs été dénoncé par l'ex-commissaire à la concurrence. On doit immédiatement corriger cette situation afin de renforcer les pouvoirs du commissaire.
Dans son rapport sur la Loi sur la concurrence, le Comité permanent de l'Industrie, des sciences et de la technologie recommande un renversement du fardeau de la preuve pour traiter les ententes entre concurrents et déterminer s'il y a complot.
En conclusion, ces requêtes du Bloc québécois ont l'avantage d'être aussi réalistes qu'aptes à une implantation rapide. Ce dont il est question ici, c'est d'une réelle volonté d'agir. Le leitmotiv des conservateurs est le changement. Voilà donc du changement à mettre en oeuvre, si le gouvernement conservateur a vraiment à coeur d'être équitable et de traduire ses dites préoccupations pour toute la population, car il en va de l'intérêt des citoyens et des citoyennes. La prise en considération de cet intérêt des citoyens et des citoyennes passe par une véritable préoccupation pour l'avenir, et elle transite irrémédiablement par une autre préoccupation, soit celle de l'environnement.
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Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui à propos du prix de l'essence. Dans ma circonscription, et probablement un peu partout au Québec, les gens commencent à être tannés et même écoeurés de voir le prix de l'essence grimper à 1,08 $ ou 1,18 $ le litre. C'est impensable pour des travailleurs, des jeunes familles qui gagnent le salaire minimum. C'est devenu un luxe d'aller remplir son réservoir d'essence à la station service. Lorsqu'on paie 50 $, 60 $ ou 70 $ pour remplir un réservoir d'essence et qu'on gagne un salaire brut de 200 $, c'est presque la moitié du salaire qui y passe. C'est aberrant.
Si mes collègues n'entendent pas cela dans leur circonscription, c'est qu'il y a un léger problème. Ce problème existe aussi dans le secteur de l'industrie, qui fait face à de sérieux problèmes. La plupart de ces industries se chauffent au mazout, qui a connu une hausse de 10 ¢ le litre. Pour une industrie, cela fait finalement une différence dans les profits. Lorsqu'il y a une différence dans les profits, deux groupes de personnes sont susceptibles d'écoper, et ce n'est sûrement pas l'industrie. Ou bien le problème sera refilé aux travailleurs qui subiront une baisse de salaire afin que le compagnie puisse reprendre le dessus par rapport aux prix du pétrole, ou bien le consommateur paiera. Dans les deux cas, nous sommes perdants, et ce, à cause de la hausse du prix du pétrole.
Il n'y a aucune volonté des gens de cette Chambre, des conservateurs surtout, de contrer cette hausse. Avec la concurrence, on devrait avoir quelques idées de solution. On a d'ailleurs pu en entendre tout au long de l'avant-midi. Ce sont les meilleures, parce que personne en cette Chambre, à part le Bloc québécois, n'a proposé de solution pour contrer la hausse du prix de l'essence. La concurrence, c'est une chose, mais si, en plus, le gouvernement soutient le prix du pétrole brut mondial, nous faisons aussi de la collusion, parce que nous soutenons ce prix.
Dans les sables bitumineux de l'Alberta, le prix est aujourd'hui d'environ 13 $ le baril. Les Albertains se fient au prix mondial. C'est payant! En vendant le baril au prix mondial, soit 73 $, on peut faire environ 60 $ de profit pour chaque baril. C'est pourquoi personne ne s'insurge contre les pétrolières: elles font de l'argent.
Il devrait y avoir un impôt, une surtaxe pour ces pétrolières tellement elles font d'argent en plus de tous les cadeaux qu'on leur fait. Deux cent cinquante millions de dollars, ce n'est pas rien. C'est ce que chaque pétrolière a eu l'an passé.
Le gouvernement a-t-il pensé aux jeunes familles qui apprennent que le gouvernement a accordé une baisse d'impôt de 250 millions de dollars? Cela n'a aucun sens! Les gens de ma circonscription sont indignés de payer de 1,08 $ à 1,18$ le litre, alors que les pétrolières font des milliards de dollars de profit, et qu'en plus, on donne à chaque pétrolière un petit cadeau de 250 millions de dollars. On prétend que ce sont des cadeaux nécessaires et que les pétrolières réinvestiront cet l'argent chez nous. Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. Elles sont tout à fait en mesure de faire du développement chez elles, et elles n'ont pas besoin de nous pour le faire. Avec 10, 15 ou 20 milliards de dollars, je ne crois pas qu'elles aient besoin des 250 millions additionnels qu'on veut leur donner.
S'il y a encore trop d'argent, s'il y a des milliards de dollars en trop, nous savons où investir ces 250 millions de dollars. Nous avons proposé des solutions tout au long de l'avant-midi.
On pourrait investir cet argent dans ÉnerGuide, un programme qu'on a enlevé à la population. Il faut croire que le gouvernement a jugé que ce n'était pas si bon que ça. Cependant, nous pensons que c'est bon. En effet, ce programme présente un certain intérêt. Les gens peuvent en tirer profit, car il peut leur permettre d'économiser de l'argent.
Je vais vous dire le montant qu'on peut épargner avec ÉnerGuide. Les conservateurs ont oublié cet aspect. ÉnerGuide permet une importante économie d'énergie. Les propriétaires participant au programme réduisent d'environ 30 p. 100 leur facture énergétique. Ce n'est pas rien, cela représente 750 $. Cela signifie environ 18 750 $ sur une période de 25 ans.
ÉnerGuide est aussi un moyen efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre à un coût inférieur de 100 $ la tonne. En effet, on connaît les conséquences de la pollution. Or vous savez que les sociétés pétrolières sont les plus grands pollueurs du Canada.
Mais le gouvernement ne tient pas compte de cela. Les Albertains sont si gentils. Ils ont du pétrole. Ils font des profits. Pendant ce temps, il n'agit pas et il regarde le bateau passer. Il affirme vouloir essayer de trouver un plan pour réduire les gaz à effet de serre. Je crois que la majeure partie de ce plan devra s'appliquer là-bas.
Les sociétés pétrolières sont les plus grands pollueurs qui existent au Canada. Que fait le gouvernement pour les gens du reste du Canada contre ces pollueurs? Absolument rien. Il laisse faire en disant qu'il faut laisser l'industrie se développer.
Toutefois le développement de l'industrie ne doit pas se réaliser de n'importe quelle façon ni à n'importe quel prix. Si cela nuit à la santé publique, ce n'est guère mieux, on détourne le problème. Et ensuite, le gouvernement dit qu'il y a un problème de pollution et qu'il veut le contrer. On a deux poids, deux mesures.
Je comprends que le gouvernement soit mal pris. Je comprends qu'il ne veuille rien faire. Je comprends qu'il ne veuille pas qu'on vole le pétrole. Or nous n'en voulons pas. Nous avons de l'électricité. C'est de l'énergie propre. C'est à cela qu'il devrait songer: comment faire pour avoir de l'énergie renouvelable et de l'énergie propre? Je pense qu'il n'y a pas songé. La seule pensée qui l'habite, c'est aider les sociétés pétrolières. N'est-ce pas plaisant? Des cadeaux par-ci, d'autres cadeaux par-là, et allez donc. Mais le simple consommateur n'a pas de cadeau et ne profite de rien.
Le petit travailleur n'a pas de baisses d'impôt, lui. Je ne suis pas sûr que la petite baisse d'impôt et la petite baisse de TPS de l'ordre de 1 p. 100 permettront aux petites familles d'acheter une voiture. J'entendais le gouvernement jubiler: avec une baisse de 1 p. 100., les contribuables pourraient s'acheter une voiture. Croit-il vraiment cela? À l'achat d'une voiture de 20 000 $, cette baisse de 1 p. 100 représente 200 $. Le gouvernement croit-il vraiment qu'une famille au revenu moyen de 40 000 $ s'achètera demain matin un véhicule de 20 000 $ à 25 000 $ grâce à une baisse de la TPS de 1 p. 100? Voyons donc! C'est utopique de penser cela.
Le prix de l'essence n'est pas qu'une mince affaire. Aujourd'hui le prix du baril, comme je le disais tantôt, oscille autour de 73 $. Entre 2002 et aujourd'hui, cela a représenté une hausse d'environ 37 ¢ le litre, à la pompe. Si les augmentations salariales étaient équivalentes à l'augmentation du prix du pétrole, tout le monde serait heureux ici. Il n'y a pas un travailleur qui se plaindrait.
Cela va tellement vite. Ici, tout ce que nous avons pour les travailleurs sont des gels de salaire, des baisses de salaire, pour concurrencer les autres pays. Et quand le gouvernement a la chance d'aider les gens, il la laisse passer.
Le plus bel exemple est le suivant.
Le gouvernement a eu une chance en or de mettre en place une surtaxe à l'importation sur ces vélos. Puis ce n'est pas une surtaxe. On me dit que c'est pour aider les consommateurs. Sachez qu'on en aurait eu seulement pour trois ans et non pas pour la vie entière. C'était une mesure temporaire de trois ans. Après cela, les détaillants auraient été libres de faire ce qu'ils auraient voulu.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'Etobicoke-Nord.
Je viens de la Colombie-Britannique. Aucune autre région du pays n'est plus préoccupée par la fluctuation du prix de l'essence. La semaine dernière, le litre d'essence coûtait 20 ¢ de plus en Colombie-Britannique qu'en Ontario.
Pour les gens de l'industrie du camionnage, de l'industrie du taxi, des petites entreprises, notamment les plombiers, les électriciens ou les gens de métier, ou encore des entreprises qui dépendent du commerce d'importation et d'exportation avec les pays du Pacifique, comme c,est le cas pour beaucoup de mes électeurs, le prix de l'essence est une question cruciale que nous devons examiner dans les plus brefs délais.
Nous ne devons pas nous contenter de l'approche intellectuelle du Bloc et du NPD, qui prônent des solutions interventionnistes tout en sachant fort bien qu'elles ne peuvent fonctionner. Pourquoi préfèrent-ils toujours s'acoquiner avec le gouvernement, dont l'immobilisme est notoire, plutôt que d'offrir une solution vraiment efficace à tous les Canadiens?
Le problème, dans cette motion, c'est la surtaxe. Cela me surprend beaucoup de la part du Bloc. En effet, son parti, plus que tout autre, devrait savoir que la réglementation du prix de l'essence est de compétence provinciale. L'opposition ne peut simplement pas jouer sur les deux tableaux. Les députés peuvent bien dire n'importe quoi pour ensuite accuser le gouvernement fédéral de se mêler de questions de compétence provinciale, avant de finir par implorer Ottawa de régler les problèmes parce qu'il devient clair que la province ne fera rien.
C'est facile pour une province qui ne dépend pas des recettes pétrolières de vouloir imposer une surtaxe aux compagnies pétrolières. En outre, comment nous assurer que la surtaxe ne sera pas refilée au consommateur, ce qui aurait pour effet d'aggraver le problème? C'est impossible. C'est une solution qui vise à pénaliser le marché, même si les compagnies pétrolières paient déjà des fortunes en impôts et qu'elles investissent dans la prospection, un type d'investissement qui a généré beaucoup de retombées pour le Canada.
C'est une solution de gouvernement dépensier, une solution qui fait saliver nos amis du NPD. J'ai une question à poser aux deux partis, une question requérant un peu de réflexion historique, ce qui n'est jamais une bonne idée pour les deux. Quand donc toute tentative de maîtrise des prix de l'essence au niveau provincial a-t-elle été couronnée de succès? Qu'il s'agisse du gouvernement de l'Ontario ou de celui de la Colombie-Britannique, cela n'a jamais rien donné. La preuve a été faite à maintes reprises. S'ils veulent vraiment des réponses, qu'ils demandent au gouvernement conservateur de remplir ses promesses électorales.
Les conservateurs ont dit qu'ils réduiraient les prix de l'essence en plafonnant la TPS sur les prix de l'essence lorsque ceux-ci dépasseraient 85 cents le litre. Ils n'ont rien fait. Le député peut bien rigoler, mais il sait pertinemment que le gouvernement n'a rien fait. Le gouvernement avait promis de ne pas prélever la TPS sur la taxe d'accise, mais il ne l'a pas fait. Je me demande s'il l'a oublié volontairement ou s'il a décidé de faire preuve du même mépris envers les Canadiens que celui avec lequel il les a traités dans l'affaire de la responsabilisation du gouvernement, en croyant que personne ne s'en apercevrait.
Les conservateurs croient que personne ne leur demandera des comptes relativement à leurs promesses électorales, que personne ne contestera l'utilisation de ces nouveaux VUS noirs énergivores que le cabinet du premier ministre aime tant et qui coûtent si cher aux contribuables à cause du prix élevé de l'essence. Ils croient que personne ne leur demandera des comptes sur leurs promesses électorales bidons.
Une surtaxe ne fera qu'aggraver le problème. Le coût sera sûrement répercuté sur les consommateurs.
S'il veut vraiment faire quelque chose, le député du Bloc devrait examiner une vraie solution. Par exemple, il pourrait proposer un avantage fiscal direct pour aider les consommateurs.
Les députés conservateurs devraient parler de leur devoir à titre de gouvernement. Ils devraient avoir une solution. Or, la seule solution qu'ils ont à offrir à cet égard, c'est leur promesse électorale de supprimer la TPS sur le prix de l'essence lorsque celui dépasse 85 cents le litre, de supprimer la taxe sur la taxe. C'est ce que je voudrais bien entendre, et je ne doute pas que c'est ce que tous les consommateurs voudraient entendre aussi.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre part à la discussion sur la motion du Bloc québécois. Comme c'est ironique que cette motion ait été présentée par un parti qui est très sensible aux questions de compétence provinciale et fédérale. Les députés de ce parti savent très bien qu'il est de la compétence des provinces de réglementer les prix à la pompe. D'ailleurs, quelques provinces ont déjà tenté, en vain, de le faire. Si le Parti Québécois à Québec veut intervenir dans le prix de l'essence et réglementer le prix à la pompe, il est en droit de le faire.
La politique relative à la concurrence et le Bureau de la concurrence relèvent, eux, de la compétence fédérale. Le bureau surveille les activités au sein du secteur de la vente de l'essence au détail. Beaucoup d'enquêtes ont été menées. L'industrie est une oligopole. Il y a très peu d'acteurs. Il va sans dire qu'ils ne fixent pas le prix de l'essence tous les matins en sirotant un café au Tim Hortons. Je ne pense pas me tromper en disant qu'il existe un système d'établissement et de suivi des prix à l'échelle régionale.
Sous la direction de mon collègue de Pickering—Scarborough-Est, notre caucus a procédé à un vaste examen du prix de l'essence il y a quelques années. Une des choses que nous avons proposées a été de changer le fardeau de la preuve aux termes de la Loi sur la concurrence pour utiliser un critère civil plutôt qu'un critère criminel pour qu'en cas de collusion ou d'entente sur le prix, le fardeau de la preuve soit beaucoup moins lourd. La mesure législative en question a été déposée par notre gouvernement. J'espère que le Parti conservateur y donnera suite.
Ce que je trouve également ironique, c'est que le Parti conservateur, lorsqu'il formait l'opposition, faisait une distinction entre ce qui figurait dans son dernier programme électoral et le programme précédent et ce qu'il avait dit il y a quatre ans par rapport à ses engagements d'il y a trois ans. Je ne me laisse pas prendre par cet exercice de sémantique et je pense qu'il en va de même des Canadiens. Le Parti conservateur a déclaré qu'il allait plafonner la TPS lorsque le prix de l'essence dépasserait 85 ¢ et il n'en a rien fait. Il n'a présenté aucune mesure législative en ce sens.
Les conservateurs ont également déclaré dans le passé qu'ils élimineraient la taxe de 1,5 ¢ le litre qui a été imposée par le gouvernement pour éponger le déficit. Bien entendu, nous savons que le déficit a été éliminé grâce à la bonne gestion financière du gouvernement libéral. Il y a de bonnes raisons d'éliminer cette surtaxe de 1,5 ¢ le litre destinée à éliminer le déficit, mais le Parti conservateur n'a soumis aucune proposition à cette fin, même si, lorsqu'ils siégeaient dans l'opposition, ses députés trouvaient que c'était une excellente idée.
Par contre, au sein de notre parti, nous pensions qu'une réduction de 1,5 ¢ le litre serait immédiatement absorbée en un après-midi par les compagnies pétrolières. Nous n'étions absolument pas persuadés que ce montant retournerait dans les poches des consommateurs. Au lieu de cela, nous avons offert une remise pour les coûts de l'énergie touchant tous les produits énergétiques. On a ainsi donné l'argent aux Canadiens, surtout à faible et à moyen revenus. Nous savons que cet argent leur a été utile. Je le répète, nous étions persuadés qu'une réduction de 1,5 ¢ à la pompe serait immédiatement absorbée par les compagnies pétrolières.
Le Parti conservateur a également proposé d'éliminer la taxe sur la taxe, la TPS sur la TPS. J'ai peut-être raté quelque chose, mais je n'ai pas eu connaissance non plus d'une proposition de ce genre à la Chambre. Les conservateurs avaient beaucoup insisté là-dessus lorsqu'ils étaient dans l'opposition.
Le Parti conservateur a des moyens pour réagir à cette motion. Le Bloc québécois propose des solutions lorsqu'elles relèvent directement du gouvernement provincial, à Québec. Le gouvernement libéral de la province pourrait le faire sous la pression du Parti québécois; il réglemente le prix de l'essence. Personnellement, je ne crois pas que ce soit une solution de rechange viable, mais aucune des observations des députés du Bloc ne me porte à croire qu'ils l'ont examinée en détail.
La proposition d'imposer une surtaxe aux sociétés pétrolières est certes mal venue. Nous entendons souvent parler des bénéfices de l'industrie pétrolière, mais pour être raisonnables, nous devons comparer les bénéfices et les investissements, et nous savons que, au Canada, l'industrie pétrolière est hautement capitalistique. Elle investit énormément de capitaux. Les sociétés, tout comme leurs actionnaires, méritent d'obtenir un bon rendement. Avant d'imposer une surtaxe aux sociétés pétrolières, nous devrions, à mon avis, examiner un peu plus attentivement les bénéfices par rapport aux capitaux investis. Il faut énormément de capital pour investir dans des raffineries, dans des activités d'exploration et d'extraction pétrolières.
Je crois que la proposition d'imposer cette surtaxe est mal venue. Je voterai donc contre la motion, mais j'estime que nous devons faire face à la réalité. Bien que j'aie de l'empathie pour les gens qui paient des prix plus élevés à la pompe -- je suis un de ceux-là -- nous devons comprendre que, malheureusement, l'époque des prix énergétiques bon marché est révolue. Nous devons également examiner la situation qui existe au Canada. Nous devons nous rendre compte et comprendre que, au Canada, le prix de l'essence est loin d'être aussi élevé qu'en Europe. En ce sens, nous avons de la chance.
Certes, les prix sont très instables et je crois que c'est ce qui frustre les Canadiens. Ils voient que les prix sont instables et qu'ils grimpent quand viennent les longs week-ends. C'est la loi de l'offre et de la demande. De toute évidence, la demande d'essence est plus forte pendant un long week-end. Cette demande accrue exerce une pression sur l'offre, si bien que les prix augmentent. Il n'est pas nécessaire d'être un génie pour comprendre cela. C'est une notion d'économique 101.
Nous devrions nous intéresser aux énergies et aux carburants de remplacement. Le gouvernement a annoncé une mesure concernant le méthanol, le biodiesel et les biocarburants. C'est un début, mais cette mesure a été annoncée dans le contexte de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or, nous savons que les biocarburants contribuent pour très peu à la réduction de ces émissions. Il est vrai qu'une voiture ou un camion qui utilise de l'éthanol pollue moins, mais l'amélioration due à l'utilisation de ce type de carburant est marginale par rapport aux améliorations auxquelles ont donné lieu les nouvelles technologies de fabrication automobile au chapitre des émissions nocives. Les biocarburants bénéficient à l'économie agricole, mais leur contribution à la réduction des émissions polluantes et à la qualité de l'air que nous respirons est somme toute minime.
Nous devrions nous intéresser aux voitures hybrides. J'espère que le gouvernement proposera un incitatif afin de combler l'écart entre le coût des véhicules hybrides et celui des véhicules traditionnels. L'écart de prix entre les deux est énorme. Pour nombre de Canadiens, il est difficile de payer de 8 000 $ à 10 000 $ de plus pour acquérir un véhicule plus écologique. Le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle en offrant une subvention qui comblerait l'écart de prix ou un crédit d'impôt de manière à inciter les Canadiens à adopter des voitures hybrides. Les nouvelles technologies sont innombrables.
Je constate que le temps de parole qui m'a été alloué est terminé pour l'instant. Je poursuivrai après la période des questions.