Que la Chambre reconnaisse l’urgence d’améliorer la qualité de vie des Autochtones, des Premières nations, des Inuits et des Métis du Canada, qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur des réserves, ce qui exige du gouvernement qu’il applique immédiatement des mesures adaptées dans les domaines de la santé, de l’eau, du logement, de l’éducation et des débouchés économiques et, en particulier, qu’il mette en œuvre sans délai l’accord de Kelowna en respectant tous les engagements financiers qui s’y rattachent.
— Monsieur le Président, au nom de l'opposition officielle, je veux présenter aujourd'hui une motion que la plupart des députés auraient préféré ne jamais voir nécessaire.
Cette motion porte sur des initiatives que, je crois, la plupart des députés aimeraient voir en grande partie déjà mises en oeuvre.
La motion promet l'espoir et les possibilités pour un grand nombre de Canadiens autochtones d'un océan à l'autre.
La motion reconnaît la responsabilité qui découle des revendications historiques des Autochtones et de leurs rapports historiques avec la majorité non autochtone.
La motion se répercutera sur l'avenir de notre pays, la justice sociale et la prospérité économique.
La motion parle des pertes possibles: la perte de possibilités, la perte de croissance et le coût de l'inaction.
La motion parle d'atteinte à notre réputation sur la scène internationale.
La motion reconnaît l'importance d'un accord comme celui qui est intervenu entre tant de participants et après tant d'essais avortés.
La motion porte sur les rapports et sur la confiance.
La motion renvoie à l'honneur de la Couronne, à l'intégrité des processus de négociation entre les gouvernements eux-mêmes et entre les gouvernements et les leaders autochtones de tout le Canada.
Je parle ici de l'accord de Kelowna.
En novembre dernier, un accord solidement structuré et visionnaire a été conclu entre un groupe dévoué de leaders canadiens. Les personnes présentes à la rencontre mémorable où cet accord est intervenu incluaient les leaders de cinq organisations autochtones du Canada, soit l'APN, l'ITK, le Ralliement national des métis, l'Association des femmes autochtones du Canada et le Congrès des peuples autochtones, ainsi que l'ancien premier ministre du Canada et les premiers ministres des provinces et des territoires.
Il est important de répéter ici en quoi consistait l'accord de Kelowna. Il s'agissait d'un plan intégré et très détaillé visant à atteindre une série d'objectifs clairs afin de garantir que les Canadiens autochtones bénéficient, au sein de notre pays riche et inclusif, des mêmes perspectives et possibilités que l'ensemble des Canadiens.
L'accord de Kelowna était un plan clair en réponse aux disparités historiques existant entre les Canadiens autochtones et les autres, sur les plans social et économique.
Il visait à combattre la pauvreté et à donner aux Autochtones les mêmes possibilités qu'ont les autres.
Il visait à accroître les possibilités de faire des études et à améliorer les résultats scolaires des jeunes Autochtones, et parfois aussi de leurs parents.
Il visait à régler un énorme problème de logement qui est dévastateur dans tellement de collectivités et qui est l'une des causes des graves troubles sociaux.
Il visait à fournir les ressources nécessaires pour améliorer les systèmes d'aqueduc et assurer la formation des personnes chargées de leur entretien.
Il visait à assurer que des soins de santé soient disponibles pour les Autochtones, parce qu'il ne suffit pas de réduire les délais d'attente. Ce qu'il faut, c'est que des services soient disponibles, afin que les nourrissons ne meurent pas, que les adolescents ne se suicident pas, que les diabétiques aient le suivi nécessaire et que la tuberculose soit enrayée et devienne chose du passé au Canada.
L'accord de Kelowna visait à créer des ouvertures économiques.
Il représentait un engagement à l'endroit des femmes autochtones puisqu'il prévoyait un sommet particulier pour elles, sur les questions qui les intéressent, notamment la violence et les biens immobiliers matrimoniaux, dont il était question dans le projet de loi C-31 en 1985.
L'accord de Kelowna reconnaissait que ce qu'il faut dans le Grand Nord peut être différent de ce dont les réserves ont besoin, les besoins de celles-ci pouvant aussi être différents de ceux des villes.
Cet accord reconnaissait en outre que les besoins des Premières nations, des Inuits et des Métis ne sont pas les mêmes, et que des disparités existent également au sein de ces collectivités.
L'accord de Kelowna était un plan mis au point par tous les partenaires. C'était un travail accompli en grande partie par la base, fondé sur des plans conçus par des organismes autochtones. Comme le chef national Phil Fontaine l'a dit la semaine dernière au Comité des affaires autochtones:
Nous avons réussi à convaincre les 14 gouvernements de la légitimité et du bien-fondé de ce plan, plan que tout le monde considère raisonnable, réalisable et faisable.
Il y a eu 18 mois de consultations et de collaboration. Des réunions se sont tenues, les plans ont été précisés, et des mémoires au Cabinet ont été présentés et approuvés. L'argent nécessaire a été alloué. Les premiers ministres ont tenu des consultations entre eux et avec les chefs autochtones. Il y a aussi eu des consultations entre les chefs autochtones, qui ont à leur tour consulté les membres de leur collectivité.
Ce furent 18 mois de discussions et de dialogue, de donnant, donnant, de compromis et de concessions.
L'accord a été conclu lors d'une réunion en bonne et due forme les 24 et 25 novembre dernier, en présence de tous les participants et de tous les acteurs, devant les caméras de télévision et les médias du pays, ce qui a permis à l'ensemble des Canadiens d'assister à une démarche vraiment transparente ayant l'assentiment de la Chambre entière.
Un plan exhaustif de 10 ans avait été établi pour atteindre un ensemble clair d'objectifs, et 5,1 milliards de dollars avaient été prévus pour réaliser les cinq premières années de ce plan, en plus de la somme de 700 millions de dollars qui avait été allouée conformément à des accords antérieurs. Le reste avait été inscrit dans les livres et alloué à partir de l'excédent non affecté lors de la mise à jour économique et financière de novembre 2005, comme l'ont confirmé les fonctionnaires du ministère des Finances lors de la réunion du Comité permanent des finances le 10 mai 2006, dans le tableau concernant les sources et l'utilisation des fonds.
Des déclarations publiques ont été faites sur ce qu'on venait d'accomplir et tous les dirigeants se sont mis à donner des poignées de main.
Pourtant, nous entendons les députés d'en face affirmer que le texte avait été griffonné sur une serviette de table, qu'il ne s'agissait pas vraiment d'un accord, que le document ne contenait qu'une seule page ou encore qu'on aurait attribué à un simple communiqué le titre d'accord.
Ce que nos collègues d'en face ont décrit comme un document d'une seule page ou un texte griffonné sur une serviette de table était considéré par toutes les personnes présentes comme un accord ferme, une réalisation majeure, un engagement solide et une décision en vue de passer à l'action.
Permettez-moi de lire à la Chambre ce que les dirigeants présents, en provenance de tous les partis politiques et de toutes les populations autochtones, ont déclaré à propos de l'accord à l'époque et depuis ce temps.
M. Campbell, premier ministre de la Colombie-Britannique a déclaré ceci:
Il nous aura fallu 138 ans pour que le pays vive ce moment. Après des décennies de dialogue sur un chemin tortueux marqué par la frustration et les échecs, nous arrivons à ce moment de clarté et d'engagement.
Le premier ministre conservateur de l'Alberta, M. Ralph Klein, a déclaré ceci:
Pour que ces améliorations puissent avoir lieu, il faut que l'État fédéral s'acquitte de ses responsabilités constitutionnelles à l'égard des peuples autochtones, et on vient d'indiquer ici que c'est effectivement ce qui va se produire.
Le premier ministre néo-démocrate de ma province, le Manitoba, a déclaré: « Il s'agit de la contribution la plus importante à l'avenir des Autochtones de la part d'un premier ministre fédéral depuis 30 ans ».
En Ontario, le premier ministre Dalton McGuinty a déclaré ceci:
Pour la première fois, les premiers ministres se sont entendus sur des objectifs et un échéancier en vue d'améliorer le sort des Autochtones, et il existe un solide consensus autour de la nécessité d'agir immédiatement.
Au Québec, le premier ministre Charest a déclaré: « Nous n'avons pas le droit à l'échec. Le temps est venu d'agir. »
Le grand chef de l'Assemblée des Premières nations, Phil Fontaine, a déclaré ceci:
Le pays nous regarde. Les engagements pris sont importants, et il sera très, très difficile pour tout gouvernement de faire marche arrière.
Nous avons entendu le chef Ed John, du Sommet des premières nations, qui a dit ceci: « Nous allons de l'avant avec cet accord. C'est un grand jour. »
Jose Kusugak, de l'ITK, a dit ceci: « Nous avons atteint tous nos objectifs. Nous sommes très heureux. »
Lorsque le gouvernement a présenté son budget, ce dernier contenait une réduction de 80 p. 100 des fonds promis aux Canadiens autochtones, et leurs dirigeants étaient profondément déçus.
L'accord de Kelowna affectait 5,1 milliards de dollars à des questions comme la santé, l'éducation, les débouchés économiques, le logement, la reddition de comptes et les relations.
Le budget conservateur a prévu 450 millions de dollars pour des programmes sur les réserves, à condition que le gouvernement fédéral enregistre un excédent. Le gouvernement n'a pas pris d'engagement ferme. Non seulement il a tué l'accord de Kelowna, mais il a marqué d'un astérisque les montants limités qu'il a prévus.
Voici les réactions qu'ont eues certains dirigeants autochtones d'un bout à l'autre du pays à l'égard du budget.
Bev Jacobs, présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, a dit ceci: « Je ne crois pas que le montant prévu dans ce budget sera suffisant pour régler les questions profondes et complexes auxquelles les collectivités autochtones et les femmes autochtones sont confrontées aujourd'hui. La question de la santé a été laissée de côté, et c'est très décourageant. »
Le chef Beaucage, du Grand conseil de l'union des Indiens de l'Ontario, a dit ceci: « Ce budget est à mille lieues de ce qu'avaient promis les premiers ministres. Encore une fois, on nous laisse en plan. »
Le chef Stewart Phillip, de l'union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, a dit ceci:
Nos craintes, nos soupçons et notre méfiance envers le gouvernement [conservateur] relativement à son appui à l'égard de l'accord historique de Kelowna étaient fondés. J'avais toutefois espéré que le gouvernement [conservateur] aurait l'intégrité et la volonté politique de mettre en oeuvre, de façon intégrale, l'accord historique de Kelowna, qui représente un investissement de 5,1 milliards de dollars dans les collectivités autochtones.
Clément Chartier, président du Ralliement national des Métis, a dit ceci:
Malgré les années de travail acharné et de grands progrès que nous avons connues sous l'ancien gouvernement, les conservateurs n'ont pas défendu les intérêts de la nation des Métis.
David Chartrand, du Manitoba, a dit ceci:
L'accord de Kelowna aurait aidé les Métis à faire instruire leurs jeunes et aurait assuré l'aide financière nécessaire pour bâtir des logements adéquats et pour combattre le diabète dans nos collectivités.
Encore une fois, nous avons entendu le chef national Phil Fontaine, qui a dit ceci:
[Les approches] qui ont été élaborées à Kelowna l’ont été avec le soutien des dirigeants autochtones, des provinces et des territoires. Il ne s’agissait pas d’engagements d’un parti en particulier, mais plutôt du gouvernement fédéral ainsi que des gouvernements des provinces et des territoires.
Je précise que j'ai un grand respect pour le ministre, mais sa mauvaise foi est renversante lorsqu'il aborde cette question. En réponse au projet de loi d'initiative parlementaire de mon collègue, l'ancien premier ministre, il a dit:
La pauvreté est enracinée. C'est un problème complexe. Sauf le respect que je dois au député, je ne crois pas que quiconque peut présenter, à la conclusion d'une rencontre des premiers ministres provinciaux, une simple page contenant une compilation de chiffres, puis émettre un communiqué et croire que le problème de la pauvreté chez les Autochtones est réglé.
C'est un profond manque de respect, de courtoisie et de considération pour les processus mis en oeuvre pour en arriver à cet accord et c'est un manque de respect encore plus grave à l'égard des gens qui ont contribué à en arriver à cet accord. Le ministre a ensuite ajouté:
Au Canada, les problèmes sont beaucoup plus complexes que cela. Ils exigent un engagement à long terme, des réformes et un renouvellement sur le plan structurel, en collaboration avec les Premières nations. Sans cela, nous ne réussirons pas à enrayer la pauvreté chez les Autochtones.
Ce jour-là en novembre, je crois que tout le monde croyait que l'accord de Kelowna visait précisément cet objectif.
Permettez-moi de dire à la Chambre ce que représente la perte de l'accord de Kelowna en termes concrets. Cela veut dire que des projets d'immobilisations pour l'éducation sont retardés pour des années car les fonds sont réaffectés ou ne sont pas disponibles. Il n'y a pas non plus de fonds pour les soins de santé autochtones dont il est fait mention dans le budget alors que la flambée de tuberculose continue de s'étendre dans la Garden Hill First Nation où on compte maintenant 27 cas et 86 contacts identifiés. Le problème se perpétue parce que nombre de maisons sont surpeuplées et qu'on y trouve de la moisissure.
Au Nouveau-Brunswick, la Première nation Elsipogtog a un plan détaillé pour s'attaquer à un problème continu d'abus d'alcool ou d'autres drogues dans ses collectivités. Il n'y a eu ni réponse, ni subventions.
Dans le nord du Manitoba, la Première nation Shamattawa a désespérément besoin de nouvelles maisons. Souvent, jusqu'à 26 personnes vivent dans la même maison. Encore une fois, il n'y a pas eu de réponse.
Un grand nombre de jeunes que j'ai rencontrés à Winnipeg ne seront pas en mesure d'accéder à l'éducation postsecondaire; pourtant, on parle d'une pénurie de travailleurs spécialisés au Canada. La liste n'est pas terminée.
Le gouvernement a pris peu d'engagements à l'égard des Autochtones. On a entendu quelques discours creux, et l'on a souvent vu le gouvernement rester complètement muet ou tenter de faire diversion en parlant de nouvelles études, mais de bien peu d'action. Pourtant, il y avait une lueur d'espoir.
Dès sa nomination, le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien a déclaré:
Les Autochtones du Canada ne vivront pas dans le risque tant que je serai le ministre.
J'aimerais rappeler au ministre et à ses collègues l'un des nombreux sages commentaires de feu Martin Luther King. Voici ce qu'il a déclaré un jour:
Il faut du courage pour se lever et prendre la parole; il en faut aussi pour rester assis et écouter.
Le temps est venu en effet pour les députés ministériels de s'asseoir et d'écouter ce qu'ont à dire les dirigeants autochtones du pays, d'écouter leurs collègues de la Chambre des communes, d'écouter l'ensemble des dirigeants provinciaux et territoriaux et, ce qui importe encore davantage, d'écouter les Canadiens de toutes les régions du pays qui ont compris que le fait de ne pas mettre en oeuvre l'accord de Kelowna constituait une grande perte pour eux et leurs voisins.
Il est temps que ce rayon de soleil brille sur les peuples autochtones du Canada et il temps de relancer l'accord de Kelowna.
Le gouvernement a beaucoup parlé de responsabilisation. Nous favorisons tous la responsabilisation, mais la responsabilisation n'est pas simplement une question d'argent. Cela veut également dire que le gouvernement doit rendre des comptes aux citoyens et à ses partenaires de la Confédération. La responsabilisation ne doit pas être à sens unique.
Nous avons l'occasion de faire en sorte que l'accord de Kelowna ne vienne pas s'ajouter aux injustices et aux échecs qui ont accablé les peuples autochtones durant des décennies au Canada.
Pour terminer, j'aimerais citer une déclaration de Richard Paton, de Inuit Tapiriit Kanatami, lors de sa comparution devant le Comité des affaires autochtones le 7 juin 2006. Sa déclaration résume bien le sentiment d'un grand nombre de personnes de notre grand pays:
À mon avis, et comme notre président l'a récemment déclaré à Gimli lors de la réunion des premiers ministres des provinces de l'Ouest, pour agir de façon honorable, il faut à tout le moins respecter la parole donnée lors de la réunion des premiers ministres. La parole donnée par le gouvernement fédéral n'engageait pas une personne ou un parti politique en particulier, mais bien le premier ministre du Canada, le serviteur du plus haut rang de la Couronne et de la population et un important gardien de l'honneur de la Couronne, et par extension, de l'honneur du peuple canadien. On ne peut pas gérer le fédéralisme et encore moins diriger le Canada en considérant les engagements pris par plusieurs gouvernements au plus haut niveau afin de remédier à des problèmes sociaux, engagements pris après mûre discussion, comme des mesures pouvant être balayées du revers de la main parce que des signataires refusent de l'honorer pour des raisons d'opportunisme politique.
J'implore mes collègues d'en face d'écouter ceux qui prennent la parole aujourd'hui, de revenir sur leur position et d'envisager les répercussions à long terme de l'accord de Kelowna dans l'ensemble de notre pays. J'invite tous ceux qui siègent à la Chambre à adopter la motion à l'unanimité.
:
Monsieur le Président, c'est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui, afin de démontrer les efforts du gouvernement actuel en vue d'améliorer la qualité de vie des Premières nations, des Inuits et des Métis.
[Traduction]
Je me rallie à bon nombre de propos tenus à la Chambre et à certains commentaires de la députée de Winnipeg-Centre-Sud. Je ne remets absolument pas en doute sa sincérité et je tiens à souligner le travail qu'elle a effectué dans le domaine de l'éducation au nom des Autochtones. Par contre, je suis en profond désaccord avec elle au sujet de la marche à suivre. C'est de cela dont je vais parler, sans porter atteinte à la députée.
L'approche que nous avons tenté de suivre exige la collaboration avec les autres partis. Les dialogues avec les députés de Nanaimo—Cowichan et d'Abitibi—Témiscamingue ont été positifs. Nous continuerons de suivre cette approche constructive et réfléchie.
J'aimerais aussi faire l'éloge du travail effectué par le député de Winnipeg-Sud, qui est mon secrétaire parlementaire. Il est un des plus jeunes secrétaires parlementaires de l'histoire du Canada. Il a fait de l'excellent boulot. Il est d'origine autochtone. Je peux dire à la Chambre que je suis extrêmement fier de le compter parmi mes collègues et que les Winnipégois devraient être aussi fiers qu'un jeune Canadien de si grande qualité fasse partie du gouvernement.
La motion parle de la nécessité de prendre des mesures relativement à la santé, à l'eau potable, à l'éducation et aux débouchés économiques. Nous savons tous à quel point il est important de faire avancer le dossier des questions autochtones et de régler le problème bien réel de la pauvreté chez les autochtones.
[Français]
J'ai travaillé dans le domaine des revendications territoriales pendant plusieurs années. Cela m'a donné l'occasion de visiter plusieurs communautés autochtones bien avant mon arrivée au Parlement. Dans l'opposition, j'étais le porte-parole de mon parti en matière d'affaires autochtones et du Nord canadien.
[Traduction]
J’ai constaté de visu les conditions de vie des Canadiens autochtones. J’ai visité un grand nombre de réserves indiennes, peut-être une bonne moitié d’entre elles au Canada. J’en suis venu à penser que l’élimination de la pauvreté chez les Autochtones est l’un des plus importants défis sociaux auxquels nous soyons confrontés dans ce pays. Personnellement, je suis déterminé à agir avec sérieux en collaboration avec les Canadiens autochtones afin de régler ces questions délicates.
Si je suis d’accord avec la députée d’en face quant à la nécessité de travailler ensemble à l’amélioration de la qualité de vie des Canadiens autochtones, mais je ne suis pas d’accord quant à la méthode à employer.
Lors du premier discours que j’ai prononcé à la Chambre, il y a 18 mois, j’ai parlé de ce qui est gravé dans la pierre au-dessus de l’entrée principale de la Chambre des communes. On peut y lire « Un peuple sans idéal est voué à mourir ». Je cite cette inscription en très grosses lettres, qui domine de plusieurs étages l’entrée principale de la Chambre des communes, pour parler de la fiche de route libérale dans les questions autochtones. Quelle piètre performance! L’histoire jugera durement le gouvernement libéral sur ce qu’il a fait en matière de politique autochtone et sur la façon dont il s’est attaqué à la pauvreté chez les Autochtones. Il sera jugé pour 13 années de promesses creuses et de misère noire pour les Canadiens autochtones.
Notre gouvernement est déterminé à adopter de véritables mesures pour régler ces questions. Nous sommes déterminés à nous attaquer à des questions difficiles, aux questions structurelles qui sous-tendent la pauvreté des Autochtones, et nous sommes déterminés à progresser d’une manière qui n’a pas été et n’aurait pas été possible pour le gouvernement libéral.
C’est dans la façon dont nous abordons tous ces problèmes que nous sommes différents des libéraux. Au cours des 13 dernières années, les Canadiens n’ont vu qu’une seule approche: l’approche libérale. Eh bien, celle-ci a été jugée durement par la vérificatrice générale pour qui, d’après tous les grands indicateurs de qualité de vie des Canadiens autochtones, les 13 années de gouvernement libéral ont été un échec. C’est honteux. Tout ce à quoi les Canadiens ont eu droit, c’est à des discours vides de sens. Autochtones et non-Autochtones ne veulent plus que l’on continue d’appliquer cette approche face à la pauvreté des Autochtones.
Quelqu’un, dans cette Chambre, se rappelle-t-il les promesses des Libéraux dans leur programme électoral de 1993, leur célèbre livre rouge? Ils avaient pris des engagements à l’égard du chômage, des problèmes de santé, des logements inadéquats, de l’inégalité des chances dans l’enseignement et de l’insalubrité de l’eau potable. J’ai assisté à tous les discours du Trône libéraux et j’ai vu passer tous les livres rouges libéraux quand j’étais sur les bancs de l’opposition, et j’ai constaté que les discours des libéraux au sujet des Canadiens autochtones sonnaient de plus en plus creux.
Enfin, dans le discours du Trône de 2004, après 12 années au pouvoir, les libéraux admettaient que « les conditions de vie dans beaucoup trop de collectivités autochtones ne peuvent être qualifiés que de honteuses ». C’est un peu comme si le gouvernement libéral avait rédigé sa propre épitaphe après 12 années de règne. Voilà la situation dont a hérité le nouveau gouvernement du Canada, un gouvernement conservateur.
Mon collègue a parlé des problèmes d’eau. Eh bien, il se trouve que mon gouvernement a pris des mesures à cet égard dans les 45 jours ayant suivi son assermentation. De quoi avons-nous hérité du député d’en face, du gouvernement libéral? Nous avons hérité d’une situation où 21 communautés dans ce pays sont à risque à cause de leur réseau d’alimentation en eau, et nous avons hérité de situations comme celle de Kashechewan où des colibacilles se sont retrouvés dans l’eau potable. En plus de cela, 170 collectivités étaient à haut risque, situation bien plus grave que celle des collectivités à risque.
Nous avons agi. Nous avons mis en place un système pour aller au fond du problème. Nous avons fait appel à la science. Nous avons autorisé un groupe chargé des questions d’eau à prendre les normes nationales, que le gouvernement actuel a annoncées, et à les faire appliquer par voie législative. Voilà le type de démarche que le gouvernement actuel entend suivre. Nous allons prendre des mesures concrètes et appliquer les normes nationales. Nous allons avancer les fonds pour régler les problèmes en ayant l’assurance qu’il sera rendu compte de ces fonds et qu’on agira. Nous ne souhaitons pas continuer à tenir le discours des libéraux.
Ma collègue a parlé des 700 millions de dollars que les libéraux ont promis pour les soins de santé des Autochtones. Je suis étonné que la députée ait l’audace de se présenter à la Chambre et de faire ne fut-ce qu’une allusion à ce que les libéraux ont fait de ces 700 millions de dollars. Ce montant a été promis aux Canadiens autochtones pendant les entretiens de 2003 sur les soins de santé, qui devaient régler le problème de la santé pour une génération. Au cours de cette réunion, l’ancien premier ministre du Canada a dit qu’il avait réglé pour une génération le problème des soins de santé, et une partie de la solution, c’était ce montant de 700 millions de dollars qui serait versé aux Canadiens autochtones pour la santé.
Les premiers ministres se sont réunis de nouveau en 2004. De ces 700 millions, pas le moindre sou n’avait été dépensé. Les libéraux ont réitéré cette promesse de 700 millions de dollars aux élections de juin 2004. Là encore, pas un cent n’avait été dépensé. Après les élections, les libéraux sont revenus à la charge avec cette même promesse aux Communes, dans le contexte d’un gouvernement minoritaire.
Lorsque les conservateurs ont pris le pouvoir, deux ans après ces promesses, les libéraux n’avaient toujours rien dépensé. Ces 700 millions de dollars, c’était de la fiction, c’était de vaines paroles, c’était de la foutaise. L’argent n’a jamais été déboursé pour régler les problèmes graves des Canadiens autochtones. C’est l’un des bilans les plus honteux des dernières années à la Chambre des communes.
Enfin, pendant les derniers jours du gouvernement précédent, il y a eu un autre grand geste, une autre grande promesse.
[Français]
L'accord de Kelowna n'a jamais vraiment concordé avec la réalité. L'ensemble du Canada n'était pas mobilisé dans le processus de Kelowna.
La province de Québec, représentée par Ghislain Picard, chef régional de l'Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador, n'a pas participé au processus ni à la conférence de Kelowna. Il n'y avait donc pas de consensus canadien en tant que tel.
[Traduction]
M. Picard n’était même pas présent, et les Autochtones du Québec n’ont même pas participé au processus de Kelowna. En ce sens, on n’est aucunement parvenu à un consensus national.
Je me trouvais à Kelowna. Aucun accord n’a été signé. Il n’y a pas eu de consensus sur le financement. Il n’y a pas eu d’engagement financier commun liant tous les gouvernements. Si tel était le cas, je le dirais à la Chambre des communes.
Pendant les dernières heures, après la fin de la conférence sur l’accord de Kelowna, j’ai rencontré des dirigeants autochtones et de nombreux premiers ministres provinciaux. Il n’y a eu aucun consensus. On ne savait pas au juste ce que le premier ministre avait déposé, cette liste de chiffres d’un page totalisant 5,085 milliards de dollars. Il n’y a pas eu d’entente sur les modalités: comment l’argent serait dépensé, qui le recevrait, quelle part serait versée aux provinces, combien irait aux territoires, quelle proportion irait aux Inuits, aux gouvernements du Nord, à l’Assemblée des Premières Nations, à l’Association des femmes autochtones? On n’a répondu à aucune de ces questions.
Quelques-uns des chefs des Premières nations dont la députée a parlé n’avaient jamais vu ces chiffres. Quiconque prend la parole à la Chambre des communes pour dire aux Canadiens qu’il y a eu un processus de négociation de 18 mois qui a abouti à cette compilation de chiffres d’une page manque vraiment de sérieux. Rien de cela n’est arrivé. Si nous demandions aux Autochtones qui étaient là, ils diraient qu’ils n’avaient jamais vu les chiffres déposés.
Mon ami, le député de Kelowna—Lake Country, l’a bien dit. Si une motion est déposée à la Chambre pour mettre en œuvre l’accord de Kelowna, peut-être y aura-t-il quelqu’un qui voudra bien déposer l’accord pour que nous puissions l'examiner. Bien sûr, personne ne peut le faire parce que cet accord n’existe pas. Il n’existe aucun document de ce genre.
Avant la conférence, un document de 20 pages qui décrivait les conditions de pauvreté chez les Autochtones a circulé. Il parlait d’objectifs et de l’importance des plans de cinq et de dix ans. Je n’ai jamais contesté l’utilité de ce document, qui donne des indications sur la voie à suivre, mais il n’y avait à Kelowna aucun plan financier à l’appui de ce document. Il n’y en avait tout simplement pas.
Nous discutons aujourd’hui de ce qui ne constituait essentiellement qu’un communiqué de presse unilatéral contenant des promesses préélectorales d’argent, mais qui ne prévoyait aucun plan détaillé et n’était accompagné d’aucun budget pour l’année suivante. Ce document a paru quelque trois jours avant le déclenchement des élections. Comme le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, je parle d’une approche différente. Nous devons nous attaquer sérieusement au problème sous-jacent de la pauvreté chez les Autochtones. Il faudra pour cela bien plus qu’un communiqué de presse.
J’ai dit ceci précédemment, lorsque l’ancien premier ministre a déposé son projet de loi d’initiative parlementaire à la Chambre, et je le répète aujourd’hui. Quiconque croit pouvoir régler le problème de justice sociale le plus pressant du pays, c’est-à-dire la pauvreté chez les Autochtones, en déposant un document d’une page à la fin d’une réunion ne se rend pas vraiment compte de la nature et de l’étendue du problème.
Je crois que tous les députés ont de bonnes intentions pour ce qui est de s’attaquer au problème et de le régler, mais ce n’est pas la façon de le faire. Cette manière d’agir témoigne du manque de compréhension du problème fondamental, que les libéraux ont manifesté pendant 13 ans. Pendant ces 13 années, les libéraux n’ont jamais pris la moindre mesure pour établir des normes concernant l’eau potable. Pourquoi les Indiens inscrits étaient-ils les seuls au Canada à vivre sans normes concernant l’eau jusqu’à l’arrivée du gouvernement conservateur? Cela n’a rien à voir avec Kelowna. Cela a tout à voir avec un gouvernement qui n’était pas disposé à agir.
Pourquoi les enfants des Premières nations sont-ils les seuls à ne pas bénéficier de la protection d’une loi sur l’éducation définissant les programmes d’études, la taille des classes, l’agrément des enseignants et les rapports enseignants-étudiants? Les seuls enfants qui n’aient pas cette protection au Canada sont ceux des Indiens inscrits. Voilà le résultat de 13 ans d’incompétence libérale. Voilà la situation dont nous avons hérité.
On dit qu’un objectif sans plan n’est qu’un vœu pieux, ou une promesse dans le cas des libéraux.
J'ai déjà dit que j'étais d'accord sur les cibles proposées par les premiers ministres provinciaux et les dirigeants autochtones nationaux. Cependant, nous procéderons différemment pour les atteindre. Nous fixerons des objectifs et prendrons des mesures concrètes pour les réaliser. Nous prévoirons les fonds nécessaires et présenterons nos plans financiers au Parlement. Nous remédierons aux problèmes structurels.
Encore une fois, les libéraux nous servent de beaux discours. Pourquoi, après 13 années de gouvernement libéral, ne reconnaît-on toujours pas les droits des femmes autochtones sur les biens matrimoniaux? Comment les libéraux peuvent-ils prendre la parole à la Chambre des communes et prétendre sérieusement défendre les intérêts des autochtones lorsque, pendant 13 années, ils n'ont rien fait pour corriger l'une des injustices les plus fondamentales qui existe au Canada à l'heure actuelle? Je parle bien sûr du fait que les femmes autochtones n'ont aucun droit sur les biens matrimoniaux. Les libéraux multiplient les promesses, les discours, les livres rouges et les discours du Trône, mais ils n'ont jamais fait un geste concret. Ce ne sont que des belles paroles.
L'une des questions que nous devons aborder est de savoir comment faire en sorte que le système serve mieux les intérêts des Canadiens autochtones. Comment donner à chacun d'eux le sentiment qu'il peut prendre son destin en main? Comment adapter la formation professionnelle pour tirer parti de l'économie en transformation et des débouchés qu'elle offre afin que notre croissance économique profite aussi aux autochtones?
Comment aller au delà de la Loi sur les Indiens, qui est la loi la plus désuète au Canada? Comment donner aux Premières nations les outils nécessaires pour aller au delà de la Loi sur les Indiens? Cette loi est un amalgame de lois préconfédérales. Les libéraux ne devraient pas s'étonner des difficultés éprouvées par les Autochtones, puisque la structure fondamentale de gouvernance qui régit tout ce qui se passe dans les réserves date de 150 ans. L'ancien gouvernement n'a rien fait pour remédier à cet état de fait.
Ces questions complexes et fondamentales sont sans réponse depuis trop longtemps. Le gouvernement compte aller de l'avant. Nous apporterons des réponses à ces questions et, pour ce faire, nous travaillerons en collaboration et en consultation avec les organismes nationaux et régionaux.
Je suis optimiste. Comme l'a dit Winston Churchill: « Je suis optimiste, car je ne vois pas grand utilité à être autre chose. » Nous pouvons avancer dans ce dossier et c'est ce que nous avons commencé à faire dans le budget.
La députée a dit, fort injustement à mon avis, et je tiens à rectifier, que le gouvernement a adopté un budget qui réduit de 80 p. 100 les fonds versés aux Autochtones du Canada. Le budget présenté par le gouvernement conservateur prévoit plus de dépenses pour les Autochtones que tout autre budget de l'histoire de la Chambre des communes et, très certainement, plus d'argent que les libéraux en n'ont jamais versé.
Actuellement, le gouvernement du Canada dépense près de 9 milliards de dollars pour les programmes et les services à l'intention des Autochtones. Notre budget contient un certain nombre de mesures extraordinaires qui totalisent 3,7 milliards de dollars. Nous avons prévu 2,2 milliards de dollars pour l'entente sur les pensionnats. Nous avons inclus 300 millions de dollars pour le logement dans le Nord; 300 millions de dollars pour le logement à l'extérieur des réserves, 125 millions de dollars de plus dans le budget cette année et 450 millions de dollars dans le budget l'an prochain. De plus, le budget du ministère a été augmenté de 325 millions de dollars. Le financement supplémentaire s'élève donc en tout à 1,075 milliard de dollars. Quand nous ajoutons cela aux 2,2 milliards de dollars pour l'entente sur les pensionnats, nous voyons que c'est un budget très généreux. Comme les dirigeants autochtones de l'ensemble du pays l'ont dit, ce budget en fait plus pour les Autochtones que tout autre budget libéral auparavant.
Pourtant, les députés d'en face ne cessent de nous répéter la rhétorique libérale sur les promesses et les mesures à prendre. Cela montre un manque de respect à l'endroit de la Chambre des communes. La Chambre des communes n'a jamais mis de côté de fonds pour l'accord de Kelowna. Les libéraux auraient pu, quand ils étaient au pouvoir, présenter un budget qui contenait ces fonds, le faire approuver par le Parlement du Canada et aller de l'avant. Ils ne l'ont jamais fait. Ils continuent aujourd'hui avec la même approche. Le projet de loi d'initiative parlementaire qui a été déposé ne prévoit pas lui non plus de fonds. Il contient d'autres promesses ou un rabâchage de vieilles promesses, mais pas d'argent.
Les Autochtones du Canada en sont venus à croire et à voir que notre gouvernement passera à l'action pour arriver à de vrais résultats. Le gouvernement a le courage d'aller de l'avant et de présenter une vision différente de tout ce qui s'est fait jusqu'à présent.
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Monsieur le Président, nous débattons aujourd'hui d'une motion traitant de l'accord de Kelowna, un accord peu orthodoxe du point de vue d'un non-Autochtone n'ayant jamais eu à traiter avec quelque Autochtone que ce soit et n'ayant probablement jamais eu de contact prolongé avec les Autochtones.
Je veux rappeler que, pour un Autochtone, une poignée de main, surtout devant témoins, c'est encore plus fort qu'une signature de certains personnages. Nous parlons de l'accord de Kelowna qui a été intitulé: « Renforcer les relations et combler l'écart ». Ce sujet est présenté comme suit.
Que la Chambre reconnaisse l’urgence d’améliorer la qualité de vie des Autochtones, des Premières nations, des Inuits et des Métis du Canada, qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur des réserves, ce qui exige du gouvernement qu’il applique immédiatement des mesures adaptées dans les domaines de la santé, de l’eau, du logement, de l’éducation et des débouchés économiques et, en particulier, qu’il mette en œuvre sans délai l’accord de Kelowna en respectant tous les engagements financiers qui s’y rattachent.
Le Bloc québécois, tout comme moi, d'ailleurs, est favorable à ce principe. Cependant, on me permettra d'être sceptique quant aux intentions réelles du chef du gouvernement précédent. Rappelez-moi, je vous prie, une seule occasion où ce personnage a respecté une seule promesse envers la classe moyenne ou les personnes en difficulté. Nous pourrions même nous permettre de faire un retour jusqu'à ses employés, autant ceux de ses bateaux que de ses bureaux, du temps d'Autobus Voyageur, par exemple. Cela doit bien faire plus d'une vingtaine d'années. Ces employés, la plupart des femmes, attendent encore après leur maigre régime de retraite, que cet ancien premier ministre a eu l'indélicatesse assez grossière d'en refuser la remise.
Je crois que l'ancien gouvernement aurait tout de même eu l'occasion de négocier et de mettre en oeuvre une telle entente. Les gens du gouvernement auraient aussi eu le temps de prolonger la Paix des Braves pour les Cris de la Baie James, mais ils étaient au gouvernement. Et, tout comme les conservateurs d'aujourd'hui, ils préféraient s'entourer de lobbyistes, ce qui est beaucoup plus rentable politiquement que de s'entourer d'Indiens qui, de toutes façons, continueront toujours de voter en leur faveur. C'est dans leur tête, et j'espère qu'un jour ils se tromperont pour qu'enfin nous puissions voir du changement au Canada.
J'aimerais rappeler que le gouvernement précédent est, selon moi, le principal artisan de la situation désastreuse dans laquelle croupit actuellement la grande majorité des peuples des Premières nations, des Inuits et des Métis, à l'intérieur comme à l'extérieur des réserves ou des villages. Je me questionne justement à ce sujet. Si, éventuellement, ce Parti avait à nouveau été élu, nous ne serions pas aujourd'hui à discuter de la même motion, mais cette fois, présentée par le Parti conservateur.
Dans sa plateforme, le Parti conservateur prétend vouloir atteindre les objectifs ciblés par l'accord de Kelowna. Comment espère-t-il parvenir à réduire les écarts en éducation entre les diplômés autochtones d'écoles secondaires et les autres diplômés canadiens, et réduire l'écart de santé entre les allochtones et les Autochtones? Le budget 2006 du gouvernement ne prévoit pas de sommes importantes pour l'éducation et pour la santé des Autochtones. Comment espère-t-il connaître tous les besoins des Autochtones sans consulter les communautés concernées?
Cela peut probablement démontrer l'opinion que j'ai de n'importe lequel de ces deux partis relativement au pouvoir ou tout simplement à la volonté de poser des gestes concrets dans ce dossier, tout comme dans les dossiers concernant la péréquation, par exemple, le déséquilibre fiscal, le conflit du bois d'oeuvre, la place du Québec à l'UNESCO, les baisses d'impôts pour les contribuables, le réchauffement de la planète, que ce soit réglé par le Protocole de Kyoto ou quelque chose de mieux. Je ne les crois pas plus l'un que l'autre. Mettons-les dans une poche, brassons-les et il en sortira exactement ce que nous avons toujours eu, soit des dominateurs par la centralisation de tous les pouvoirs et avoirs de ce qu'est encore cette confédération.
Tout comme ces belles promesses faites aux Québécoises et aux Québécois, que ce soit par le gouvernement précédent ou celui-ci, qui se sont avérées être de la plus évidente malhonnêteté intellectuelle, cet accord pourrait très bien servir encore de piège à cons lors de la prochaine campagne électorale.
Comment, encore aujourd'hui, peut-on se présenter devant des chefs, devant des négociateurs ou des représentants des Premières nations et prétendre que l'entente est inexistante parce qu'elle n'a pas été signée? Les premiers ministres de toutes les provinces n'étaient-ils pas présents? Et qu'en disent-ils, eux?
Tous les gouvernements et tous les politiciens dignes de ce nom, même s'il n'en reste que très peu, savent très bien ce que vaut une poignée de main de la part d'un chef autochtone ou de ses négociateurs dans certaines circonstances.
Nous convenons que cette entente est encore loin de ce à quoi pouvaient s'attendre les Premières nations. Toutefois, attendre de réaliser l'entente nécessaire permettant l'atteinte de l'équité entre les nations pourrait compromettre sérieusement cet objectif qui, nous le croyons, ne pourra être atteint ni même permettre la stabilisation de l'état actuel compte tenu des montants qui ont été prévus à cet effet.
Cette entente pourra au moins ralentir l'écart qui continuera de s'élargir entre Autochtones, Québécois et les autres Canadiens.
Il faut se rendre à l'évidence et, pour le moment, souhaiter son application parce que, même si cet accord est imparfait et insuffisant, il peut apporter à tout le moins un certain baume sur cet écart toujours grandissant entre Autochtones, Québécois et autres Canadiens. Je vous rappellerai que, malgré le désaccord des peuples des Premières nations du Québec et du Labrador, c'est le 25 novembre 2005 que les peuples des Premières nations du reste du Canada, les premiers ministres des provinces et le premier ministre du Canada ont scellé cet accord qui, advenant son non-respect, pourrait placer les provinces en sérieuses difficultés, autant financièrement que politiquement.
Peu importe la façon dont ladite entente a été scellée. Dès le moment où chacun des participants a présenté la main, selon les coutumes d'une ou plusieurs nations présentes, il y avait acceptation de cet accord. De par les différents témoignages en cette Chambre, lors des débats ou des périodes de questions, plusieurs personnalités du gouvernement actuel étaient présentes à ces négociations. J'apporte ce point parce que nulle part il n'est fait mention d'un désaccord ou d'une autre façon de procéder à ce moment, et il serait malséant de prétendre aujourd'hui que la poignée de main ne vaut pas la signature. Nous devons donc considérer qu'il y a eu entente, au-delà de mon scepticisme sur la volonté du principal signataire, de la mettre en oeuvre.
Comment peut-on investir tant de milliards de dollars dans des sociétés n'ayant jamais manifesté de besoins, comme les pétrolières? Comment peut-on pratiquer si ouvertement et intensément cette recherche de main-d'oeuvre par le truchement de l'immigration, compte tenu des coûts que cela représente, quand aucun effort n'ait fait pour inclure nos propres concitoyens dans un système constructif et valorisant pour eux? Il serait peut-être intéressant de prévoir, même d'encourager l'établissement d'industries dans ces collectivités, valorisant ainsi l'effort d'émancipation et d'autonomie largement manifesté depuis plusieurs années par toutes les nations.
Nous devons considérer ces personnes. Eh oui, ce sont des personnes, tout comme la nation québécoise qui, soit dit en passant, va célébrer sa fête nationale pas plus tard que samedi, le 24 juin. Les Autochtones célébreront la leur un peu avant, soit le 21 juin. Toutes ces personnes tiennent à leur langue et à leur culture. C'est leur droit fondamental. Et c'est à leur rythme qu'ils désirent s'adapter à une autre langue, à une autre culture tout en conservant la leur. Ce n'est pas nécessairement par choix qu'ils le font, et ils n'ont pas nécessairement la motivation que nous aurions pu espérer qu'ils aient pour les voir adhérer à ces autres langue et culture.
Le gouvernement du Québec a compris cela et il est en constante négociation avec la plupart des communautés. Une des plus belles réussites, d'ailleurs, n'est-elle pas la Paix des braves que la plupart des autres communautés, du Québec en tout cas, aimeraient bien atteindre même si l'objectif visé n'est pas encore atteint, en particulier à cause du gouvernement fédéral précédent, que celui-ci semble vouloir imiter quant au manque de motivation à l'atteinte des mêmes reconnaissances existantes au Québec! Les signataires de cette entente sont tout de même parvenus à une autonomie certaine et à une vigueur économique très intéressante dans les communautés cries du Nord du Québec.
Tout comme au Québec, les Autochtones et les Inuits font partie des peuples fondateurs du Canada et ils devraient posséder tous les droits des autres Canadiens, entre autres le droit à l'autonomie, à leur culture, à leur langue et à leurs traditions, le droit à la propriété, le droit de participer et de profiter du développement économique, et le droit à des logements salubres.
Les Premières nations doivent bénéficier de bases permettant d'établir les paramètres d'un équilibre social sur lequel bâtir une véritable alliance avec les nations québécoise et canadienne. À cet effet, il est essentiel de mettre en oeuvre l'accord de Kelowna en continuant à faire tous les efforts nécessaires pour négocier des ententes complémentaires et nécessaires à l'atteinte de véritables relations dans des conditions égales pour toutes les nations.
J'étais présent dans le Nord du Québec, au Nunavik, il n'y a pas très longtemps.
À 4 heures du matin, j'ai entendu des enfants parler dehors. En regardant par la fenêtre, j'ai vu six jeunes, que je crois âgés entre 8 et 11 ans, au maximum. Ces personnes ont dû quitter leur foyer parce que leurs parents se chicanaient. Les maisons sont surpeuplées: il y a entre 10 et 14 personnes par unité. De jeunes couples qui ont quatre ou cinq enfants gardent leurs grands-parents, leurs frères ou leurs soeurs. Ils ne disposent pas de temps pour s'occuper de leurs enfants, et la tension devient tellement forte qu'à un moment donné, quand la chicane éclate, les grands-parents comme les plus jeunes quittent la maison pour éviter ces bagarres.
Ce n'est pas vrai que les jeunes qui sont dans les rues à 4 heures du matin seront à l'école le lendemain. Même ceux qui y sont, à leur arrivée chez eux le soir, se trouvent dans une situation où la relation parent-enfant ne peut permettre aux enfants de progresser dans leurs études scolaires.
C'est pour cette raison que peu importent les montants d'argent dépensés, les programmes devraient être étudiés en accord avec chacune des communautés intéressées, afin d'établir des programmes qui répondent aux besoins de chacune des communautés.
Aussi appuierons-nous cet accord, en espérant que le gouvernement continuera à travailler pour améliorer les conditions qui y sont présentes.
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Monsieur le Président, je parle aujourd’hui au nom du Nouveau Parti démocratique pour appuyer cette motion.
C’est toutefois avec un certain découragement que j’aborderai cette question. Nous tenons ce débat aujourd’hui parce que l’ancien gouvernement libéral n’a rien fait pendant 13 ans pour remédier à certaines des crises auxquelles sont confrontés les Premières nations, les Inuits et les Métis du pays. Il est triste de devoir dire que ce qui a poussé les libéraux à agir c’était un gouvernement minoritaire.
Malheureusement, le gouvernement minoritaire actuel ne se sent pas encore poussé à agir. En fait, il a tourné le dos à un accord très important qui avait l’appui du gouvernement fédéral, des provinces ainsi que des dirigeants des Premières nations, des Inuits et des Métis de tout le pays.
Je voudrais inscrire cette question dans son contexte. Je remonterai à un communiqué publié après la rencontre des premiers ministres et des dirigeants autochtones nationaux à Kelowna en novembre 2005. Dans un document intitulé Renforcer les relations et combler l’écart, il est question d'enjeux importants comme le logement, l'éducation et le développement économique, que les Premières nations, les Métis et les Inuits considéraient comme essentiels pour bénéficier de la même qualité de vie dont jouissent le reste des Canadiens et que bon nombre tiennent pour acquis.
On a beaucoup parlé du fait qu'aucun accord n'a été signé. D'aucuns ont dit que l'accord avait été écrit sur une serviette de table. Rien de tout cela n'est vrai. L'accord est intervenu au terme de longs débats, qui ont duré des mois. Dans notre pays, un accord verbal est censé lier les parties. Dans l'esprit de bien des gens, quand on parle de l'honneur de la Couronne, cet accord reflète l'honneur de la Couronne.
Le gouvernement fédéral précédent a dit qu'il était déterminé à améliorer la qualité de vie des Premières nations, des Métis et des Inuits, qu'il était déterminé à mettre des fonds à leur disposition et qu'il était déterminé à discuter avec les dirigeants autochtones de l'ensemble du pays. Les gens ont cru que c'était un véritable engagement liant directement l'honneur de la Couronne.
Je voudrais parler de la conclusion du document Renforcer les relations et combler l’écart parce qu'elle énonce certains des principes et l'accord que les gens ont compris. Elle stipule ceci:
Le présent document représente l’engagement commun de toutes les parties à passer à l’action. Les initiatives énoncées constituent la première étape de la stratégie décennale visant à améliorer la qualité de vie des peuples autochtones. Forts de leur engagement commun, les premiers ministres et les dirigeants autochtones nationaux s’entendent pour passer immédiatement à l’action, pour mettre à profit, si possible, les progrès qu’ils auront réalisés au fil du temps, et pour prendre des mesures qui optimiseront les retombées pour les peuples autochtones du Canada, c’est-à-dire les Indiens, les Inuits et les Métis.
Deux mots clés de ce document sont « engagement commun ». C'est la conception que se fait le gouvernement actuel de cet engagement commun qui déçoit vivement les gens.
Pour ceux qui pourraient croire qu'il n'y a aucun fondement à ce qu'on dit au sujet de certaines des conditions de vie des Inuits et des Métis et des habitants des réserves des Premières nations sont exagérées, j'ai en main une copie du rapport de 2006 préparé par le Conseil économique et social. Le Canada est cité en exemple sur la scène internationale pour la façon dont il traite les questions autochtones. Je ne lirai pas tout le rapport puisque je suis persuadée que la plupart des députés en ont pris connaissance avec grand intérêt, mais je tiens à préciser que le comité a souligné sa grande préoccupation à l'égard du fait que le taux de pauvreté était toujours très élevé chez les personnes et les groupes marginalisés et défavorisés comme les peuples autochtones.
Le comité a également mentionné dans son rapport les disparités à cet égard. On peut y lire par exemple:
Des disparités existent toujours entre les peuples autochet le reste de la population tones du Canada quant aux droits conférés par le Pacte, et la discrimination persiste à l'égard des femmes autochtones en ce qui a trait aux biens matrimoniaux.
Le rapport porte ensuite sur divers points comme l'eau, la santé et le logement, qui sont des éléments fondamentaux de l'entente qui avait été conclue à l'automne à Kelowna et qui visait à lutter contre la pauvreté chez les Autochtones. On peut également lire ce qui suit dans le rapport:
Le comité se préoccupe également des importantes disparités qui existent toujours entre les peuples autochtones et le reste de la population en ce qui a trait au chômage, à l'eau potable, à la santé, au logement et à l'éducation.
Le Comité note que l'État partie a fait disparaître, depuis 1998, la nécessité de mentionner expressément l'extinction des droits et titres des Autochtones dans une entente de revendication ou dans la mesure législative de ratification de l'entente, mais il continue de craindre que cette nouvelle approche, c'est-à-dire le modèle des droits modifiés et le modèle de non-assertion, ne change pas grand-chose par rapport à celle qui prévoyait l'extinction et la cession.
Le Comité regrette également de ne pas avoir reçu de renseignements détaillés sur d'autres approches basées sur la reconnaissance et la coexistence des droits qui sont actuellement à l'étude.
Un peu plus tard, je vais faire le lien entre les droits issus de traités et la nécessité de combler l'écart de pauvreté, car il s'agit là d'un principe fondamental. Non seulement cela ne figure pas dans la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui, mais cela ne faisait pas partie de l'accord de Kelowna.
Le rapport mentionne ensuite toutes sortes de programmes. Encore une fois, la culture et la langue sont des éléments indispensables pour favoriser l'éducation et le développement économique d'une population. Le comité des Nations Unies déclare:
Bien que le Comité ait pris note des nombreux programmes qui ont été adoptés pour préserver les langues autochtones dans l'État partie, de même que des études qui ont été menées en vue de protéger le savoir traditionnel, il regrette qu'aucun échéancier n'ait été établi pour étudier et mettre en oeuvre les recommandations du Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones et qu'aucune mesure concrète n'ait été prise dans le secteur de la propriété intellectuelle pour protéger et promouvoir les droits ancestraux et le savoir traditionnel des peuples autochtones.
Ce sont là de sérieux problèmes qui ont été cernés par la communauté internationale et qui sont liés directement à l'autonomie gouvernementale et à la nécessité de combler l'écart de pauvreté.
Le dernier élément dont je viens de parler concernait la culture et la langue. Une partie de l'accord initial de Kelowna concernant l'écart de pauvreté traitait d'un engagement très important à l'égard de l'éducation, qui doit être adaptée à la culture. L'éducation doit comprendre l'accès à la langue. Cet engagement important n'existe plus parce que le gouvernement conservateur a refusé d'y donner suite.
J'ai mentionné plus tôt qu'on a beaucoup parlé du fait que nous n'ayons pas un accord signé et que l'honneur de la Couronne n'ait pas été respecté. Le premier ministre de ma province, la Colombie-Britannique, avait cru de prime abord que le gouvernement fédéral s'était engagé à signer cet accord. Le gouvernement provincial et les dirigeants des Premières nations de la Colombie-Britannique ont signé un document intitulé accord sur le changement transformateur. Lorsque des gens vont de l'avant en signant d'autres documents, ils croient que ce changement se produira. Ils pensaient qu'il s'agissait d'un véritable accord.
Dans une lettre datée du 4 mai 2006 et adressée à l'actuel premier ministre, au ministre des Finances et au ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, l'Assemblée des Premières nations de la Colombie-Britannique, le Sommet des Premières nations et l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique ont dit qu'ils avaient cru que l'actuel ministre avait pris publiquement des engagements pour mettre en oeuvre l'accord de Kelowna.
Or, le gouvernement a choisi de ne pas défendre l'honneur de la Couronne. Il a renié cet accord historique entre plusieurs gouvernements et a décidé d'agir unilatéralement pour mettre en oeuvre son propre plan, autrement dit pour résoudre nos problèmes sans nous consulter.
Les consultations qui ont donné lieu à l'Accord de Kelowna étaient partie intégrante de l'accord. On a détruit l'entente verbale conclue sans que les peuples autochtones ne soient consultés. Dans leur lettre, les chefs ajoutent ceci:
Les fonds annoncés dans votre budget contribueront très peu à résoudre les problèmes du sous-financement chronique, de la pauvreté écrasante et des conditions socio-économiques ahurissantes des communautés des Premières nations. Les objectifs que sont la reconnaissance véritable, la réconciliation et la justice sociale concernant nos terres, nos territoires et nos ressources, ainsi que des programmes sociaux et économiques, deviennent toujours plus distants.
L'engagement à l'égard de la réduction de l'écart de pauvreté touchait quatre domaines clés. C'était aussi un engagement financier. Permettez-moi d'aborder cette question.
Dans leur lettre au premier ministre et aux ministres des Finances et des Affaires indiennes et du Nord canadien, les chefs des Premières nations parlent de financement. Ils disent ceci:
Votre gouvernement a abandonné cet accord, et votre budget ne respecte qu'une petite partie des engagements financiers déjà pris par le gouvernement du Canada pour améliorer la qualité de vie des Premières nations et des autres Canadiens autochtones.
Votre gouvernement s'est engagé à régler le problème du déséquilibre fiscal avec les provinces, mais le budget ne prévoit rien pour résoudre le problème du déséquilibre fiscal affligeant les autorités des Premières nations. Les augmentations des dépenses relatives aux programmes visant les Premières nations sont plafonnées à 2 p. 100 depuis 10 ans et sont largement dépassées par l'augmentation rapide de la population et la croissance des coûts.
Lorsqu'il est question de fonds, il est très important de parler des fonds disponibles et des réalités auxquelles sont confrontées les Premières nations et les populations métisses et inuites. Dans un rapport récent, la vérificatrice générale signale que le financement n'a pas suivi l'augmentation de la population. Elle dit que, entre 1999 et 2004, la population a augmenté de 11,2 p. 100 au sein des collectivités autochtones, mais que le financement accordé aux Premières nations ne s'est accru que de 1,6 p. 100. C'est tout un écart.
À propos de financement, il faut également discuter de la façon dont l’argent est dépensé et réparti. D’après les chiffres du ministère, le gouvernement devrait dépenser, en 2005 et 2006, 9,1 milliards de dollars directement pour les programmes, politiques et initiatives visant les Autochtones. Il importe de signaler que 80 p. 100 de ces dépenses sont consacrées à des services semblables à ceux qu’assurent les provinces, comme l’infrastructure, le logement et l’éducation.
Permettez-moi de me reporter brièvement à un rapport que l’Assemblée des Premières Nations a fait paraître en 2004, Financement accordé aux Premières Nations par le gouvernement fédéral — Les faits, les mythes et la voie à suivre. Si je me reporte expressément à ce rapport, c’est que, en utilisant les chiffres du ministère, les auteurs du rapport affirment que le financement a diminué et que les fonds destinés aux services essentiels comme l’éducation, le développement économique et social, les installations et l’entretien ont diminué de près de 13 p. 100 depuis 1999-2000.
Les Premières nations, les Métis et les Inuits sont aux prises avec une crise. Leur population augmente, et il y a un déficit sur le plan des infrastructures. Un grand nombre de collectivités des Premières nations n’ont pas d’eau potable salubre. Elles n’ont pas de réseau d’égout. Elles n’ont pas des logements acceptables. Nous disons que le gouvernement fédéral a l’obligation de leur fournir des « services comparables ». C’est-à-dire des services semblables à ceux offerts aux habitants des provinces et des municipalités. Je dirai que bien des collectivités des Premières nations, métisses et inuites n’ont pas de services comparables et, pis encore, que leurs services sont tellement inférieurs aux normes que la plupart des Canadiens ne songeraient même pas à aller habiter dans ces localités.
L’accord de Kelowna, qui visait à combler le fossé de la pauvreté, était un progrès, un progrès important. Il n’aurait pas réglé tous les problèmes, mais il était un élément de solution important pour régler quelques problèmes.
En outre, la vérificatrice générale a signalé dans son rapport que les lacunes qu’elle dénonçait concernaient pour la plupart des questions de qualité de vie, des questions de bien-être et qu’une grande partie des problèmes qu’elle abordait étaient à mettre directement au compte du gouvernement libéral précédent. Son rapport condamnait les politiques et programmes passés qui n’arrivent toujours pas à régler des problèmes très graves de logement, d’éducation et de revendications territoriales.
J’ai dit tout à l’heure que j’allais aborder brièvement la question des revendications territoriales. La motion à l’étude n’en parle pas, et il n’en était pas question dans l’accord de Kelowna. Si je parle de ces revendications dans le contexte de ce débat, c’est parce que les traités et les accords sur les revendications territoriales globales et particulières ouvrent tous aux collectivités des Premières nations une voie qui leur permettra de progresser, de connaître un vrai développement économique et de se charger de certains programmes d’infrastructure et d’éducation qui sont très importants pour la survie économique et la collectivité.
Je vais revenir au rapport des Nations Unies que j'ai cité plus tôt, car il renferme deux recommandations tout à fait pertinentes. La recommandation no 37 dit ceci:
Le Comité recommande que l'État partie réexamine sa politique et ses pratiques à l'égard des droits ancestraux des peuples autochtones pour veiller à ce qu'elles n'aboutissent pas à l'extinction de ces droits.
La recommandation no 38 dit:
Le Comité recommande fortement que l'État partie reprenne les négociations avec la bande du lac Lubicon en vue de parvenir à une solution aux revendications de la bande, qui garantit à celle-ci de pouvoir jouir de ses droits en vertu du Pacte. Le Comité recommande aussi fortement que l'État partie engage des consultations efficaces avec la bande avant d'accorder des concessions pour l'exploitation économique du territoire contesté, et fasse en sorte qu'en aucun cas cette exploitation ne menace les droits reconnus dans le Pacte.
J'ai cité précisément la recommandation sur la bande du lac Lubicon, car je pense que c'est un microcosme des problèmes auxquels de nombreuses collectivités des Premières nations sont confrontées. Comme elles ne peuvent obtenir des traités adéquats ou le règlement de revendications territoriales globales ou particulières, elles ne sont pas en mesure de parvenir au développement économique si essentiel à leur survie et à leur bien-être.
Je veux parler un instant de ma circonscription, Nanaimo—Cowichan. Depuis un certain nombre d'années, le Groupe du Traité des Hul'qumi'num négocie avec le gouvernement. Si leur collectivité éprouve des problèmes, c'est notamment en raison du manque de progrès relativement au traité.
Là encore, pour ramener cela à l'accord de Kelowna et aux observations de la vérificatrice générale sur le bien-être économique, il y a un indice appelé indice de bien-être des collectivités. Il est utilisé pour examiner le bien-être des collectivités canadiennes. Dans ma circonscription, six collectivités Hul'qumi'num se sont classées entre la 448e et la 482e place sur 486 collectivités étudiées en Colombie-Britannique. C'est un tableau plutôt sombre. Il est question de pauvreté, de chômage, de mauvaise santé, de manque d'accès à l'éducation et le reste. En Colombie-Britannique, lorsque six de ces collectivités Hul'qumi'num se classent parmi les dernières, c'est très préoccupant.
Le Groupe du Traité des Hul'qumi'num demande au gouvernement d'aller de l'avant en ce qui concerne les revendications territoriales et les traités, afin que les gens puissent contrôler leur vie, progresser et vivre sur le même pied que les autres Canadiens.
Dans un article paru dans le Cultural Survival Quarterly du 27 mars 2006, Robert Morales parle de la commission royale du Canada. Il dit ceci:
Même la Commission royale sur les peuples autochtones du gouvernement du Canada a reconnu que: « Les nations autochtones ont besoin d'un territoire beaucoup plus grand pour pouvoir atteindre l'autonomie économique, culturelle et politique. Si elles ne peuvent obtenir une part plus grande des terres et des ressources du pays, leurs institutions d'autonomie gouvernementale sont vouées à l'échec. » Selon les commissaires, la situation des Autochtones était « le problème le plus pressant auquel sont confrontés les Canadiens au chapitre des droits de la personne, et le refus de chercher une solution plus globale au problème ne peut que continuer à ternir la réputation du Canada et à minimiser ses grandes réalisations. »
Chose certaine, si les négociations en matière de revendications territoriales particulières ou globales et la négociation de traités ne progressent pas sérieusement, cela va rendre très difficile la tâche des collectivités des Premières nations de prendre en main leur autosuffisance économique, comme le signale M. Morales dans son article.
Cela a été un travail de longue haleine. Je me suis entretenue avec un des chefs de l'île de Vancouver, qui m'a raconté que, à l'âge de neuf ans, il écoutait son grand-père lui parler de traités et de revendications territoriales qui, disait-il, ne sauraient tarder à être réglées. Le chef de question est aujourd'hui âgé de 63 ans, et sa bande attend toujours qu'un traité soit conclu.
Pour conclure, je prie instamment tous les députés d'appuyer cette très importante initiative de l'opposition officielle. Nous aimerions bien nous retrouver, d'ici dix ans, dans une situation qui ferait dire aux Nations Unies que le Canada a réalisé des progrès spectaculaires sur le chapitre de l'élimination de l'écart quant aux conditions socio-économiques, de l'enchâssement des droits culturels et linguistiques dans la loi et de l'autosuffisance des Premières nations, des Métis et des Inuits.
J'exhorte tous les députés à appuyer la motion et j'exhorte le gouvernement à allouer ensuite les sommes nécessaires pour que nous parvenions à combler le gouffre de la pauvreté dans ce Canada moderne où nous vivons.
:
Monsieur le Président, je vais partager le temps dont je dispose avec le député de Toronto-Centre.
[Traduction]
Le texte de la motion est le suivant:
Que la Chambre reconnaisse l’urgence d’améliorer la qualité de vie des Autochtones, des Premières nations, des Inuits et des Métis du Canada, qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur des réserves, ce qui exige du gouvernement qu’il applique immédiatement des mesures adaptées dans les domaines de la santé, de l’eau, du logement, de l’éducation et des débouchés économiques et, en particulier, qu’il mette en oeuvre sans délai l’accord de Kelowna en respectant tous les engagements financiers qui s’y rattachent.
Si nous demandions l'avis des Canadiens d'un océan à l'autre, nous constaterions qu'ils appuient la motion. Si les Canadiens allaient dans les collectivités métisses, inuites et autochtones du Canada et voyaient tout ce qui y manque, ils demanderaient pourquoi les gouvernements ne s'unissent pas et ne travaillent pas avec ces gens pour répondre à leurs préoccupations. Ils demanderaient pourquoi nous ne voyons pas ce qui manque dans ces collectivités, pourquoi nous ne voyons pas leur potentiel. Les Canadiens demanderaient pourquoi les différents ordres de gouvernement ne travaillent pas tous ensemble plutôt que de prendre des initiatives individuelles. Lorsque chaque ordre de gouvernement prend ses propres initiatives, celles-ci sont souvent décousues et atteignent rarement leurs objectifs.
Qui avait-il dans l'accord de Kelowna? Il ne s'agissait pas d'un accord rédigé sur une serviette de table juste avant la publication d'un communiqué. Cet accord était le résultat d'un intense lobbying fait par les membres des collectivités visées auprès des gouvernements fédéral et provinciaux et des administrations municipales. Les négociations ont eu lieu entre les fonctionnaires fédéraux et provinciaux et les membres des Premières nations. Un accord a été conclu.
L'annulation de l'accord envoie un mauvais message. Cela nie nos responsabilités en tant que Canadiens. Cela ne corrige pas les erreurs que nous avons faites dans le passé et n'apporte pas de solutions pour l'avenir. L'accord de Kelowna était une très bonne initiative. Il recevait un large appui. Il a fallu beaucoup de travail, un bon plan et beaucoup de compromis pour parvenir à réunir les provinces, les territoires et les collectivités. L'accord a été annulé.
Qu'est-ce que cela fait comprendre aux collectivités touchées? Qu'est-ce que comprennent les jeunes qui ont des rêves et des aspirations? Nous leur disons qu'ils ne peuvent pas s'adresser aux gouvernements pour obtenir un soutien. Nous leur disons qu'ils ne peuvent pas compter sur le gouvernement du Canada pour conclure un accord avec eux parce qu'un gouvernement minoritaire, par caprice, pourrait rejeter cet accord et annuler la participation du gouvernement fédéral.
[Français]
Je trouve malheureux et regrettable de constater la situation de ces communautés.
Les gens perdent confiance et ne voient pas d'avenir en utilisant les institutions qui sont à leur disposition. Ils utilisent des moyens avec lesquels je suis en complet désaccord.
Pourtant, ils ne voient pas d'autres solutions. Les difficultés grandissantes et le manque de partenariat font en sorte qu'ils sentent qu'il est nécessaire de bloquer des routes, de pratiquer illégalement la chasse et la pêche — donc de faire du braconnage — et d'user de moyens illégaux pour redorer l'économie de leur communauté.
Les Canadiens et le gouvernement fédéral devraient reconnaître qu'ils ont l'obligation de leur garantir que lorsque qu'un document est signé ou qu'une entente verbale est conclue, cet accord est honorable et sera honoré.
[Traduction]
Quand nous concluons un accord spécial, les députés d'en face dont la tendance est très à droite réagissent souvent en disant qu'il est fondé sur la race. Nous devons reconnaître les besoins particuliers de ces collectivités. Nous devons travailler ensemble.
J'entends parfois dire que les tribunaux font la loi au Canada. Il arrive qu'on le dise parce que les tribunaux nous ont forcés à prendre certaines mesures. Parfois les tribunaux nous forcent à faire quelque chose, mais seulement quand nous n'assumons pas nos responsabilités. D'une génération à l'autre, on oublie le sens véritable des traités et l'on cesse de reconnaître que nous avons peut-être des responsabilités et des engagements relativement à ces traités, en tant que Canadiens. Je me souviens d'un député d'un autre parti d'opposition qui disait que, lorsqu'on achetait un chien, les puces venaient avec. Des responsabilités sont venues avec ces traités, et nous ne les avons pas toujours assumées. Dans la plupart des cas, pour les Premières nations, cela n'a pas été à leur avantage.
Nous devrions visiter ces collectivités et voir les terres qu'elles ont perdues. On les a forcées à vivre dans des réserves, dépouillées de leurs ressources et coupées de leurs moyens, et on les a réduites à se contenter d'exister. Ce n'est pas acceptable. Nous traversons les océans pour veiller à ce que cela n'arrive pas à d'autres nations, dans d'autres pays, à d'autres personnes. Nous envoyons nos militaires. Nous envoyons notre aide. C'est ce que nous devons faire au Canada, mais pas de la même manière. Nous devons reconnaître la majorité.
J'ai eu la chance de travailler avec Bob Nault ainsi qu'avec le député de Fredericton, à l'époque où ils occupaient le poste de ministre des Affaires indiennes. Nous voulions travailler avec les collectivités, examiner les problèmes fondamentaux en matière de gouvernance et d'administration, étudier le rôle des femmes, envisager les possibilités, chercher les lacunes et voir comment nous pouvons les combler.
Quand on se penche sur un accord comme celui de Kelowna, qui a donné un tel espoir, qui est le fruit des travaux sur tous ces éléments, comme les soins de santé, l'éducation, l'infrastructure, l'eau et les égouts, comment pouvons-nous maintenant reculer? Comment pouvons-nous dire la tête haute à nos électeurs que le gouvernement en a décidé ainsi?