La Chambre reprend l'étude, interrompue le 25 septembre, de la motion portant que le projet de loi C-24, , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement et du sous-amendement.
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Monsieur le Président, j'apprécie cette occasion d'exprimer mes préoccupations, qui sont partagées par tellement de gens dans ma circonscription. En effet, bon nombre de mes électeurs m'ont fait savoir à quel point cette entente sur le bois d'oeuvre est néfaste pour le Canada.
Je pense que tout le monde désire une entente, mais les droits de douane et les poursuites judiciaires qui font du tort à l'industrie du bois d'oeuvre depuis plusieurs années ont nui aux collectivités dont la subsistance dépend des ressources forestières, dans ma circonscription et partout au pays. En outre, l'issue de ces contestations judiciaires a été favorable à l'industrie canadienne chaque fois.
Les conservateurs ont affirmé en campagne électorale qu'ils allaient tenir tête aux Américains et défendre le Canada et les intérêts canadiens, mais ils ont plutôt été durs avec les entreprises canadiennes exploitant le bois d'oeuvre. En signant cette entente, ils ont renoncé à tous les gains du Canada au tribunal de l'ALENA et ont mis en danger les travailleurs et les collectivités.
Cette entente devrait être très inquiétante pour les Canadiens, en raison de ses conséquences non seulement pour l'industrie du bois d'oeuvre mais pour toute l'industrie. Les États-Unis ont intenté des poursuites contre le Canada, et il a été prouvé à tous les niveaux d'appel que le Canada était innocent, qu'il ne subventionnait pas l'industrie du bois d'oeuvre. Malgré tout, le gouvernement du Canada approuve une entente qui ne nous accorde pas la pleine indemnisation, à laquelle nous avions droit selon les décisions du tribunal. Ce précédent aura des conséquences pour toutes les industries canadiennes qui font des affaires au sud de la frontière.
Comment peut-on accepter d'établir un tel précédent, qui mine notre crédibilité et notre capacité de nous défendre devant les tribunaux internationaux? Et je ne dis rien de l'opinion publique ailleurs dans le monde.
Cette entente laisse en suspens plus d'un milliard de dollars. C'est beaucoup d'argent. Cet argent devrait être rendu aux sociétés forestières canadiennes, afin qu'elles puissent l'investir ici, dans les collectivités touchées. La durée de cette crise du bois d'oeuvre et l'inaction du gouvernement précédent ont été très dures pour les collectivités qui dépendent des ressources forestières. Les scieries canadiennes souffrent d'un grave sous-investissement, parce que c'est moins cher d'envoyer nos grumes aux États-Unis que de payer les droits de douane sur le bois d'oeuvre transformé.
Dans ma circonscription, Île de Vancouver-Nord, où l'entente trouve très peu d'appui, travailleurs, dirigeants locaux et petites entreprises forestières me disent que cette entente signe leur arrêt de mort. Sans la perspective de récupérer intégralement le montant des droits perçus illégalement, sans espoir d'obtenir des garanties de prêt, et confrontées à l'imposition d'un droit de 19 p. 100 à celles qui refusent de ratifier l'entente, les entreprises se sentent forcées d'appuyer cette capitulation.
Le NPD a exhorté le gouvernement d'accorder des garanties de prêt aux entreprises touchées afin qu'elles puissent survivre pendant la durée du litige dans lequel elles s'apprêtaient à obtenir gain de cause. Ces garanties de prêt auraient permis aux entreprises à court d'argent de poursuivre leurs activités et peut-être même de moderniser leurs scieries au lieu d'avoir à réduire leurs effectifs, voire fermer leurs portes, mais le gouvernement a refusé de leur venir en aide, refusant ainsi son aide aux travailleurs et aux collectivités où ils vivent.
À partir du moment où il coûte moins cher d'exporter É.-U. des billes brutes que de les transformer dans nos petites localités, l'industrie ferme des scieries qui procurent pourtant des emplois rémunérateurs permettant aux travailleurs des collectivités côtières de subvenir aux besoins de leur famille. Aucune disposition de l'entente sur le bois d'oeuvre ne garantit que les scieries prospéreront de nouveau, et les collectivités grâce à elles.
Non seulement les scieries sont-elles en train de disparaître, mais les usines de pâte à papier ont de la difficulté à se procurer les fibres nécessaires pour fabriquer leur produit. Il était autrefois facile de se procurer la fibre provenant de copeaux de bois dont il y avait une abondance, mais ce n'est plus le cas depuis la fermeture de ces scieries. Il faut maintenant s'approvisionner à l'extérieur de la province et même du pays, achetant parfois de scieries américaines des copeaux d'arbres qui ont poussé dans les environs de l'usine canadienne de pâte à papier. Cela n'a pas de bon sens.
Le secteur canadien de la valeur ajoutée disparaît rapidement, et le gouvernement ne fait rien pour empêcher l'exportation des billes brutes et des emplois dans le domaine de la transformation.
Comment puis-je aller dire aux travailleurs et aux collectivités touchés par cette entente que celle-ci est dans leur meilleur intérêt quand on sait que ce n'est pas vrai?
Le fait que plus d’un milliard de dollars ne reviendra pas au Canada est une chose, mais voyons un peu où ira cet argent et à quoi il pourrait être utilisé. Sur le milliard de dollars dont les travailleurs forestiers canadiens et les collectivités canadiennes qui vivent de l’industrie du bois d’œuvre ne verront jamais la couleur, 500 millions de dollars serviront à subventionner la U.S. Coalition for Fair Lumber Imports.
Le Canada cède 500 millions de dollars à nul autre que l’agresseur dans cette guerre commerciale, qui les utilisera contre nous et qui a prétendu injustement que notre industrie du bois d’œuvre était subventionnée. S’il y a, dans ce dossier des parties qui n'hésitent pas à user de l'intimidation -- et il semble y en avoir deux --, la U.S. Coalition for Fair Lumber Imports est l’une d’elles.
Quant aux 450 millions de dollars qui restent, ils iront directement au gouvernement de George Bush, qui les utilisera à sa discrétion sans devoir obtenir l’aval du Congrès ni lui en rendre compte. Comment peut-on justifier cela, quelle que soit l’utilisation qu’on fera de l’argent?
L’autre partie qui a recours à l'intimidation dans ce dossier, c’est le gouvernement conservateur, qui cède aux États-Unis l’argent des Canadiens même si l’industrie canadienne du bois d’œuvre a eu gain de cause à l’issue de toutes ses contestations devant les instances de l’ALENA et qu’on lui a reconnu le droit à une pleine compensation. C’est comme prendre l’argent de leur déjeuner aux écoliers pour le remettre aux brutes qui les battent à la récréation afin que ces derniers puissent acheter de plus gros bâtons pour mieux leur donner des raclées par la suite. Comment un tel arrangement peut-il être à l’avantage du Canada? Comment cela peut-il être juste?
Le gouvernement peut bien affirmer qu’il a le soutien de l’industrie et des provinces, mais n’oublions pas que, dans une large mesure, ce soutien était conditionnel et que c’est sous la contrainte que les provinces ont signé l’entente. Nous savons qu’à la date limite fixée par le gouvernement, moins de 95 p. 100 des entreprises l’avaient signée. Pour une bonne part, ce soutien était pourtant conditionnel à l’atteinte de ce seuil de 95 p. 100.
Cela n’a pas empêché le gouvernement d’imposer une taxe punitive de 19 p. 00 à celles qui refusaient de signer l’entente, une autre tactique pour leur forcer la main. Le gouvernement leur a dit que si elles ne signaient pas l’entente et ne renonçaient pas à 20 p. 100 du remboursement auquel elles avaient droit, il récupérerait ce montant lorsque, à l'issue des poursuites judiciaires, elles obtiendraient 100 p. 100 de ce qui leur est dû. En quoi une telle manœuvre peut-elle être perçue comme un soutien à l’industrie? Pour certaines entreprises forestières, cette taxe de 19 p. 100 pourrait bien être la goutte qui fait déborder le vase et forcer leur fermeture, et pourtant, le gouvernement ne les appuiera pas dans des poursuites qu’elles avaient intentées de plein droit et qu’elles étaient sur le point de gagner.
Il y a aussi la question de la stabilité et de la certitude que l’entente est censée apporter à l’industrie du bois d’œuvre. Le gouvernement a dit que cette entente apporterait de sept à neuf ans de certitude à l’industrie, mais, en y regardant de près, on s’aperçoit qu’elle peut être résiliée unilatéralement n’importe quand 18 mois après son entrée en vigueur. Elle n’a donc pas pour effet de procurer la prévisibilité ou la stabilité prévues à l’industrie du bois d’œuvre.
Les États Unis peuvent aussi mettre un terme à l’entente sans délai s’ils croient que le Canada n’en respecte pas les modalités. Étant donné qu’ils n’ont pas hésité à imposer illégalement des droits de douane, comment peut-on avoir l’assurance que les États Unis ne décideront pas unilatéralement de résilier l’entente, peu importe si une lettre d’accompagnement dit qu’ils ne le feront pas sans motif sérieux? Il n’y a aucune garantie. Malheureusement, à cause des événements des dernières années, il sera difficile de faire confiance à la coalition américaine pour des importations équitables de bois, une fois qu’elle aura nos 500 millions de dollars.
Appuyer le projet de loi reviendrait à un vote de confiance dans le gouvernement. Nous ne sommes pas disposés à faire cela, parce que nous ne sommes pas convaincus d’avoir obtenu la meilleure entente qui soit. Si le gouvernement avait laissé le groupe spécial du Comité de contestation extraordinaire faire son travail, au lieu de l’abolir, le Canada aurait obtenu une fois pour toutes le remboursement intégral des droits de douane illégalement perçus, et tout cet argent reviendrait à l’industrie, aux collectivités et aux travailleurs canadiens, au lieu de se retrouver dans les poches des lobbyistes américains et de George Bush.
En minimisant nos victoires juridiques, le gouvernement a établi un dangereux précédent voulant que le Canada cède devant l’industrie américaine, même quand il a une cause gagnante. Ce précédent est aussi troublant pour le secteur du bois d’œuvre que pour n’importe quel autre secteur industriel. L’entente est une trahison pour les villes industrielles de la Colombie Britannique et de tout le Canada.
D’ailleurs, hier encore, le gouvernement a ajouté à sa liste de trahisons envers ces collectivités en réduisant de 11 millions de dollars le financement du Programme sur le dendroctone du pin. curieusement, le même jour, il a émis un communiqué disant que le dendroctone ne connaît aucune limite et menace la forêt boréale.
De plus, le ministère des Pêches et des Océans a subi une coupe de 20 millions de dollars, des fonds qui auraient pu service à la mise en valeur des stocks, à l'application de la réglementation et à l'amélioration de l’infrastructure.
Le gouvernement a aussi réduit le financement du Programme de diversification de l’économie de l’Ouest, en retranchant des fonds qui n’avaient pas encore été alloués. Le gouvernement soutient qu'il s'agit de financement de programme non utilisé, mais il est difficile d’allouer des fonds quand tout est gelé.
La liste se poursuit. Ces trahisons envers les collectivités rurales deviennent une habitude honteuse pour ce gouvernement minoritaire. Plus tôt on y mettra fin, mieux le Canada se portera.
Je l’ai déjà dit et je le répète: cette entente détestable est la même qui a été présentée il y a des mois. C’est la même entente détestable que les travailleurs ont refusé d’appuyer parce qu’ils savent que leurs emplois sont menacés. C’est la même entente détestable que l’industrie a refusé d’appuyer jusqu’à ce que le gouvernement l'y contraigne. C’est la même entente détestable que le NPD a rejetée au début et qu’il n’appuiera pas à la fin.
En tant que députés, nous devons défendre les intérêts des Canadiens, leurs emplois et leurs collectivités, pas les brader.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à ce débat pour bien des raisons en plus du fait que l'entente est mauvaise. J'expliquerai pourquoi le Parti libéral et moi estimons qu'il s'agit d'une mauvaise entente.
Il convient de revoir la genèse de ce dossier. Je ne peux m'empêcher, d'entrée de jeu, de faire une observation, à cause des propos que vient de tenir la députée du NPD, à savoir que son parti a été le seul à défendre ce dossier. C'est de la foutaise. C'est incorrect et injuste, et j'expliquerai pourquoi.
J'ai eu l'honneur, si je peux m'exprimer ainsi, de présider le Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux, qui faisait partie du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Nous avons rédigé un rapport. La question la plus approfondie que nous ayons étudiée portait sur le différend concernant le bois d'oeuvre. Nous avons entendu de nombreux témoins.
Ce qui est étrange, c'est que le Nouveau Parti démocratique cherche à faire croire aux Canadiens que personne ne se souciait de ce dossier. Monsieur le Président, vous savez fort bien que nous étions sur le point de mener cette entente à bon port.
Je vais donner une liste des témoins qui ont comparu devant le comité. Nous avons entendu des représentants de l'Alliance canadienne du bois d'oeuvre, du Conseil de libre-échange pour le bois d'oeuvre, du Conseil de l'industrie forestière du Québec et du ministère du Commerce international. Nous avons entendu M. Grenier, à titre individuel, et des représentants de Cassels Brocks & Blackwell, cabinet spécialisé dans le commerce international. Nous avons accueilli des représentants de l'Université d'Ottawa. Nous avons entendu M. Donald McRae, professeur en droit des affaires et en droit commercial, et des représentants du B.C. Lumber Trade Council, de la Canfor Corporation, de la West Fraser Timber Co. Ltd., de la Weyerhaeuser, et la liste continue.
Ces personnes ont dit, au nom de leur société, qu'elles étaient reconnaissantes de l'appui que leur accordait le gouvernement libéral de l'époque, mais qu'elles avaient besoin d'une aide financière plus considérable pour mener à bien ce dossier. Elles savaient qu'elles avaient raison et que la décision serait en leur faveur. Dans son rapport, qui a été écarté du revers de la main, le comité recommandait que le gouvernement accorde le soutien nécessaire que demandait l'industrie.
Que s'est-il passé? Le NPD a forcé la tenue d'élections prématurées et tout est tombé à l'eau. Voilà ce que j'avais à dire au sujet du NPD. La députée de la Colombie-Britannique sait fort bien que nous avions collaboré ensemble.
Pourquoi cette entente est-elle mauvaise? Récemment, je suis tombé sur un article qui disait:
« Des organismes sans but lucratif géreront les bénéfices provenant du bois d'oeuvre », affirment les États-Unis.
On ajoute que plus d'un demi-milliard de dollars canadiens seront versés à diverses organismes sans but lucratif qui s'occupent du logement. etc.
Je voudrais bien avoir ce demi-milliard de dollars ici au Canada pour ceux qui ont besoin d'un logement à prix abordable, pour les personnes âgées ou pour les étudiants afin qu'ils puissent se payer des études postsecondaires. Nous ignorons où ira l'autre demi-milliard de dollars.
On apprend dans cet article qu'il y a quelques semaines plusieurs avocats de droit commercial de Washington ont dit au Toronto Star qu'ils craignaient que l'entente ne permette au président Bush et à son gouvernement d'affecter les fonds aux districts où les candidats républicains sont en difficulté aux élections de cet automne. Où ira l'autre demi-milliard de dollars? Nous ne le savons pas, et c'est de l'argent canadien.
Nous savons, par le truchement du mécanisme de règlement des différends, que les droits de douane ont été abaissés. D'aucuns prétendent que c'est une bonne entente et qu'elle est voulue par les Canadiens. C'est faux. Les Canadiens n'en veulent pas.
Non seulement le gouvernement bâillonne l'industrie, mais encore on lit ici que — et j'ai toujours tendance à présenter mes arguments non pas à cause de ce que je dis, mais à cause de ce que les autres disent en présentant les faits — « Ottawa », c'est-à-dire le gouvernement conservateur, « prévoit d'imposer ceux qui feront obstacle ». Autrement dit, s'il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec le gouvernement, voici ce que ce dernier leur fera. On lit:
Le gouvernement fédéral prévoit d'imposer une taxe spéciale de 19 p. 100 aux sociétés forestières qui ne se conformeront pas au nouvel accord sur le bois d'oeuvre conclu avec les États-Unis.
J'en suis abasourdi. Je n'ai jamais entendu une chose pareille. Le gouvernement dit que toute entreprise s'opposant à l'accord sera pénalisée encore plus sérieusement qu'elles ne l'ont été par les Américains. Cela n'a aucun sens.
Nous sommes censés essayer de résoudre ce problème où nous avons eu gain de cause dans toutes les décisions. Telle est l'importance que les Américains accordent à cette question. Nous avons une photo ici. Ce sont des délégués à la signature de l'accord sur le bois d'oeuvre à Ottawa, hier, dont le et le . Le Canada s'est fait représenter par deux ministres de premier plan. Les Américains ont eu la gentillesse d'envoyer leur représentant pour le commerce extérieur. Quel honneur. Pourquoi le Canada n'a-t-il pas fait de même? Voilà l'importance que les Américains accordent à cette question.
Qu'est-ce qui ne va pas dans ce dossier? Cette entente transmet un mauvais signal. Elle établit un précédent. Alors que nous préparions le rapport que j'ai soumis à la Chambre, nous avons aussi préparé un autre rapport sur les marchés émergents. Une partie du rapport portait sur la façon dont le Canada pourrait protéger les compagnies canadiennes et les investisseurs du pays qui font des affaires avec la communauté internationale. Nous devons voir à ce qu'il existe un mécanisme permettant de protéger les efforts et les investissements des Canadiens qui font des affaires à l'étranger.
Il n'est pas exagéré de s'attendre à ce qu'un pays comme les États-Unis d'Amérique, qui vit au rythme du XXIe siècle, accepte de se soumettre à certaines règles. C'est tout ce que nous demandons, rien de plus et rien de moins.
On a dit que ces 500 millions de dollars pourraient servir à défrayer les coûts de l'ouragan Katrina. Je me souviens très bien, et je sais que vous y étiez aussi, monsieur le Président, du jour où nous avons recueilli de l'argent que nous avons remis à la Croix-rouge à la suite de l'ouragan. En un peu plus d'une heure et demie, nous avions ramassé environ 120 000 $ je crois. Les Canadiens savent faire preuve d'amitié et de fraternité à l'égard de leurs voisins du Sud. Chaque fois qu'un pays, où qu'il se trouve dans le monde, a eu besoin de notre aide, nous avons toujours répondu à l'appel et je suis persuadé que nous continuerons de le faire.
Par conséquent, je n'accorde aucune foi à cet argument voulant que les Américains se soient fourvoyés et que des tas de caravanes soient regroupées dans des parcs quelque part aux États-Unis. Si les Américains ont commis une bourde et dépensé plus d'un milliard et demi de dollars sans justification, cela ne nous regarde pas.
Cette entente sur le bois d'oeuvre nous confirme que les Américains ont volé 5,4 milliards de dollars aux Canadiens. Les tribunaux se sont prononcés en faveur du Canada, mais les Américains ne veulent rembourser que 4 milliards de dollars. Je croyais que nous vivions dans une société civile soumise à des règles. Je croyais que l'ALENA devait assurer que le processus commercial utilisé soit libre, transparent et équitable. L'entente qu'on nous soumet, qui ne donne aucunement voix au chapitre aux intervenants canadiens de ce secteur, ne tient pas d'un processus commercial libre, transparent et équitable.
Il y a une autre chose qui me préoccupe en ce qui a trait au et à son ministère. Nous savons tous très bien que, lorsque notre parti a déposé une motion prévoyant la création du ministère du Commerce international au cours de la dernière législature, les conservateurs se sont prononcés contre cette motion. Ils ne voulaient pas de la création d'un ministère du Commerce international.
Néanmoins, une fois l'entente signée avec le délégué commercial américain, le ministre s'est présenté à l'émission télévisée Politics de M. Don Newman. Quand M. Newman a demandé au ministre du Commerce international comment tout cela allait se terminer, il a obtenu des réponses pour le moins ambigües. Le ministre a été incapable de lui fournir une véritable réponse. Par contre, parmi toutes celles fournies, une m'a particulièrement frappé. À la question « Comment le Canada va-t-il récupérer son argent? », le ministre a marmonné quelque chose au sujet d'Exportation et développement Canada, d'emprunts par ci et de récupération par là.
Au nom de tous les Canadiens, parce qu'il s'agit de l'argent des Canadiens, je tiens à m'assurer que le chèque de 4 milliards de dollars sera remis dès que possible, parce que je crains que l'argent ne soit plus là. Le gouvernement va emprunter par l'intermédiaire de divers organismes gouvernementaux, Exportation et développement Canada, de compagnies d'assurance, etc. et les Canadiens ne sauront jamais si l'argent a bel et bien été remis. Je mets au défi le nouveau gouvernement, comme il souhaite être appelé, de prouver aux Canadiens que le chèque est bien arrivé au Canada. Je suis prêt à parier, et je n'ai pas l'habitude de parier, que l'argent n'arrivera jamais au Canada.
C'est un bien triste jour en matière de partenariat commercial avec les États-Unis. Les membres du comité ont mentionné dans le rapport les abus qui allaient se produire. Nous sommes censés être élus à cette Chambre pour notre clairvoyance. Nous pouvons être créatifs. Nous pouvons apporter de nouvelles idées. Nous pouvons envisager l'avenir. Nous arrivons tous dans cette enceinte avec nos expériences de vie respectives qui, une fois mises en commun, devraient nous permettre d'améliorer notre système et de créer un meilleur environnement pour nos concitoyens. C'est pourquoi cette entente augure mal de l'avenir. Si le gouvernement peut faire une telle chose aujourd'hui dans le cas de l'industrie du bois d'oeuvre, comment être certains qu'il ne refera pas la même chose demain dans un autre domaine?
Une députée, membre du comité à ce moment-là, s'était sentie vexée à cause des critiques dont elle avait fait l'objet. Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'il s'agit d'un épisode malheureux parce qu'elle avait raison. Les membres du comité disaient alors que nous devions adopter une position ferme. Lorsqu'on a besoin de nos hommes et de nos femmes sur le terrain en Afghanistan, nous disons que les Canadiens sont capables de faire le travail. Et manifestement, nous en sommes capables puisque nous avons déjà fait nos preuves là-bas et que nous allons continuer ainsi. Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous montrer tout aussi forts dans ce cas? Nous avons un produit pour lequel il y a de la demande. Nous avons investi dans nos scieries pour les moderniser. Elles sont devenues efficaces, et nos produits sont très concurrentiels. Pourquoi devrions-nous payer le prix pour avoir agi ainsi? Je ne pense que ce soit bien.
Voici quelques extraits du rapport. M. Potter est notamment venu dire ceci au comité:
Ce que nous avons maintenant, c'est l'administration américaine qui dit que, parce que nous sommes un partenaire privilégié de l'ALENA, nous serons moins bien traités que si nous étions la Corée. Si nous étions la Corée et que nous gagnions une contestation devant nos tribunaux nationaux, les États-Unis nous rendraient l'argent. Cependant, parce que nous sommes un partenaire privilégié de l'ALENA, les États-Unis vont non seulement garder notre argent, mais ils vont le donner à nos concurrents. Cela ne semble pas être une attitude fondée sur des principes [...]
Il ne s'agit pas des propos d'un député, que l'on pourrait accuser d'être partial, de faire de la politique et d'essayer de rallier les troupes. Ce sont les propos d'un témoin représentant l'industrie. Nous étions tout simplement en train d'entendre des témoignages. Voici ce que disait un autre témoin:
Si les Américains ont gain de cause en obtenant ne serait-ce qu'une partie de ces dépôts, les États-Unis seront fortement incités à introduire de nouvelles contestations, car même sans sortir vainqueurs, ils pourront en tirer un double avantage — d'une part, grâce à l'enquête elle-même, qui entraînera des coûts et de nouveaux retards pour les exportateurs canadiens de bois d'oeuvre, et d'autre part, grâce à la répartition illégale des dépôts pour les droits, des sommes qui, en fait, nous appartiennent à nous, leurs concurrents du Canada.
C'est un témoignage. Se sont là les paroles de professionnels du secteur.
Je suis de Scarborough, dans la région de Toronto. Il n'y a pas d'activité forestière chez moi, mais est-ce que cette activité me touche? Oui. Cela me touche et touche aussi les entreprises de ma collectivité, mais pas autant que d'autres collectivités en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et dans d'autres provinces.
Cela me touche en tant que personne, en tant que Canadien, et je parle ici au nom des électeurs de ma circonscription et, je crois, au nom de tous les Canadiens. On a porté atteinte à mes droits. Les États-Unis sont notre partenaire commercial et nous avons un accord. Au milieu de la partie, les États-Unis ont décidé de changer les règles du jeu pour en adopter qui leur conviennent mieux. Pourtant, ils viennent nous dire qu'ils savent qu'ils ont tort, que toutes les décisions nous sont favorables, mais que cela n'a aucune espèce d'importance.
Cela est typique de ce que l'on observe aux États-Unis depuis plusieurs années. Il faut accepter leur façon de faire ou aller se faire voir. Pas étonnant qu'ils semblent susciter tant de colère sur la scène internationale. Ils se présentent aux Nations Unies et y proposent une résolution. Ils imposent un mécanisme pour faire appliquer leur résolution. Ils ont raison d'agir ainsi, mais que se passe-t-il au sujet de tant d'autres résolutions adoptées ces dernières années sur d'autres sujets?
Il y a eu d'autres résolutions, sur Chypre, sur la question palestinienne et sur bien d'autres sujets. Pourquoi n'avons-nous pas demandé l'application et le respect de ces résolutions?
La question est la suivante: pourquoi ne demandons-nous pas l'application et l'exécution des décisions rendues par les tribunaux commerciaux? Ces tribunaux sont là pour régir la société civile. Ce sont des tribunaux ou des groupes qui donnent raison aux Canadiens ou aux Américains, selon le cas. Ils sont indépendants. Des professionnels qui connaissent l'industrie y siègent.
Je ne suis pas un spécialiste de l'industrie du bois d'oeuvre, mais j'ai certainement entendu suffisamment de témoignages pour essayer de comprendre ce qui se passe. Ce que j'ai entendu à maintes reprises, c'est que nous avions raison. Les Canadiens ne subventionnent pas leur industrie. Les Canadiens n'ont pas triché. Nous n'avions pas à tricher. Nous avons un bon produit, il est concurrentiel et nous faisons notre travail comme n'importe qui d'autre.
Mes préoccupations sont nombreuses. D'abord et avant tout, il est injuste que cette industrie ait été muselée. Je sais que nous avons tous suivi de près l'évolution du dossier. Nous avons entendu parler de réunions secrètes. Nous avons entendu parler de musellement, comme je l'ai fait remarquer, et de l'idée d'imposer aux petits intervenants dans l'industrie une taxe qui pourrait atteindre 19 p. 100, ce qui est sans précédent. Nous entendons dire que l'argent ne sera pas dépensé au Canada, mais aux États-Unis. Il se peut que les Américains éprouvent des problèmes parce qu'ils enregistrent des déficits records et recherchent désespérément de l'argent. Je ne sais pas. Au cours des 12 ou 13 dernières années, notre pays a remis de l'ordre dans ses affaires et il a réussi à engranger des excédents et à préparer des budgets équilibrés. Nos échanges commerciaux ont augmenté, bien que, tout récemment, j'aie appris avec un vif déplaisir que notre excédent commercial, malheureusement, était en baisse. Les déficits records aux États-Unis vont avoir des effets négatifs pour nous jusqu'à un certain point, à un moment donné.
Quel est donc le remède? À mon humble avis, ce que notre pays devait faire, et cela vaut toujours, c'est se montrer ferme, comme il l'a fait dans de nombreuses autres situations, et affirmer que nous avions raison, car les tribunaux ont tranché en notre faveur.
Le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en mettant l'accent sur la loi et l'ordre. Il croit aux tribunaux, tout comme moi. Nous croyons tous au pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire et les tribunaux ont rendu leurs jugements. Si le gouvernement croit ce qu'il dit, il devrait s'en tenir fermement aux décisions des tribunaux et déclarer qu'il veut récupérer tout l'argent.
Voici ce qui me préoccupe. Je ne crois pas que les Américains vont faire un chèque d'environ 4,7 milliards de dollars aux Canadiens. L'argent va passer dans divers dédales. Au bout du compte, les Canadiens vont le perdre de vue. Ils ne sauront même pas ce qui s'est produit. J'ai entendu cela à l'émission Politics, animée par M. Newman. Je lance un défi au ministre et je lui demande d'indiquer clairement aux Canadiens d'où cet argent viendra.
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Monsieur le Président, c’est avec fierté que je prends la parole pour appuyer le projet de loi . Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Il y a dans ma circonscription d’importantes activités forestières. On les retrouve dans toute la partie est, depuis la région de Grand Falls jusqu’à Boistown ou presque, au milieu du Nouveau-Brunswick.
Il faut comprendre que la forêt est importante pour l’économie de la province et pour celle de ma circonscription, celle de . J’ai en main des chiffres qui proviennent de l’Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick. Dans ma province, le secteur forestier fournit 23 400 emplois directs et indirects et verse 1,1 milliard de dollars en salaires. Il importe de signaler que l’existence de 40 localités rurales dépend d’un élément ou l’autre de cette industrie. Dans la circonscription de Tobique—Mactaquac, les retombées de cette industrie touchent des localités comme Juniper, Plaster Rock, Bristol, Napadogan et Hainesville.
À propos de retombées, que nous donnent ces revenus? Les revenus de l’industrie forestière permettent d’avoir 200 lits d’hôpital, 20 écoles et 400 enseignants. Voilà ce que le secteur de la forêt apporte à l’économie du Nouveau-Brunswick.
Samedi dernier, par exemple, je me trouvais à Plaster Rock pour le 100e anniversaire des activités de la société Fraser. Au cours des célébrations, un dirigeant de Fraser a dit à quel point son entreprise était reconnaissante au gouvernement de l’attitude qu’il a adoptée afin de conclure cet accord. L’entreprise souhaitait que l’accord sur le bois d’œuvre soit conclu, et tout de suite.
Qu’on ne se méprenne pas: dans le Canada atlantique, l’industrie réclame cet accord. Elle est reconnaissante de ce que nous avons fait. Et la société Fraser voit dans cet accord une chance de préparer ses 100 prochaines années d’activité, la promesse d’un climat de certitude pour les sept à neuf prochaines années.
J’ai entendu bien des gens dire que nous obtiendrions gain de cause dans les prochaines procédures, que ce serait alors terminé, qu’il fallait patienter et voir ce qui allait advenir. Je peux dire que, dans ma circonscription, les gens de l’industrie ne se bercent pas d’illusions. Ils n’espèrent guère que cela puisse se terminer après la prochaine contestation judiciaire. La seule certitude qu’ils entrevoient, si les affrontements se poursuivent devant les tribunaux, c’est que l’argent servira à payer des avocats au lieu d’aller à l’industrie, aux collectivités, au lieu d’aller à ceux qui, dans ces collectivités, ont besoin d’aide.
Les provinces de l’Atlantique ont eu la chance de pouvoir compter sur l’appui du Bureau du bois de sciage des Maritimes, dirigé par Diana Blenkhorn, pendant toute la saga des 20 dernières années. Ce bureau a présenté un front uni pour protéger les producteurs de bois d’œuvre des Maritimes en montrant que leur industrie n’est pas subventionnée. L’été dernier, Mme Blenkhorn a témoigné au Comité permanent du commerce international, où elle a parlé de l’exemption des Maritimes, expliqué à quel point les provinces de l’Atlantique ont travaillé fort pour l’obtenir et pour mettre en place des processus de traçabilité du bois et des certificats d’origine. Tout cela a permis à l’industrie de l’Atlantique d’échapper aux problèmes.
Au même comité, le porte-parole des libéraux pour l’industrie et député de a louangé l’accord parce qu’il protège les intérêts du Canada atlantique. Je suis très heureux, moi qui suis de cette région, que l’accord protège les droits que nous avons préservés au prix d’efforts considérables.
Je ne vois pas trop comment l’industrie peut concilier les observations que le député de Beauséjour a formulées en juillet et la tiédeur de l’engagement dont il témoigne à l’égard de l’industrie en s’opposant à l’accord comme il l’a fait dans sa longue intervention d’hier, ici même.
J'ai demandé à un représentant de la Fraser pourquoi les députés libéraux et néo-démocrates de la région de l'Atlantique n'appuyaient pas cette entente? Personnellement, je ne comprends pas. En effet, des lettres innombrables ont été envoyées aux députés de cette région pour leur demander d'appuyer cette entente qui est une bonne affaire pour la région de l'Atlantique. Ces lettres proviennent de tous les coins de la circonscription. Les électeurs nous ont demandé d'appuyer l'entente. Le représentant n'en avait aucune idée. Il ne pouvait comprendre, mais il m'a assuré qu'il en entendrait sûrement parler par les représentants de son industrie.
Comme le député de le disait pendant le débat d'hier, dans la région de l'Atlantique, l'industrie n'a ménagé aucun effort pour rationaliser ses opérations. Elle a tout fait pour cerner les possibilités d'activités à valeur ajoutée et les montants d'investissements nécessaires pour les mettre en oeuvre. Les membres de cette industrie ont travaillé d'arrache-pied pour garder nos collectivités rurales en vie. Ils veulent un règlement final. Ils veulent pouvoir compter sur la certitude qu'offre cette entente. Ils veulent aller de l'avant. Ils ont obtenu leur exemption.
Je pense en particulier à une petite scierie de la région de Hainesville, dans ma circonscription. Son propriétaire veut explorer de nouvelles occasions d'affaires. Il sait que, dans ce marché baissier, il doit être capable de prendre des initiatives et de créer des occasions à valeur ajoutée. Pour lui, la solution c'est une restitution accélérée. Comme d'autres propriétaires de scierie de ma circonscription, il ne se fait pas d'illusion en pensant qu'un nouveau procès ou la continuation des actions en justice produiront les résultats qu'il attend et lui permettront de recevoir l'argent plus rapidement. La restitution accélérée est la solution.
Il ne faudra que quelques semaines avant que cette entente ne produise des résultats. C'est à cela que les gens de l'industrie s'attendent. En effet, le représentant d'une scierie m'a appelé hier, en me disant « Nous aurons besoin de l'argent. J'ai reporté mes investissements. Je veux ajouter un nouveau plan de sciage. Je considère également la possibilité d'ajouter une nouvelle machine à agglomérer dans mon usine. » Il s'agit là d'investissements importants que les habitants de ma circonscription veulent faire afin de créer de la valeur, non seulement pour leur bois de sciage, mais aussi pour leurs fibres de qualité inférieure.
Je tiens également à féliciter nos députés de la région de l'Atlantique, qui ont réalisé qu'il était nécessaire d'amender légèrement le libellé du projet de loi pour faire en sorte qu'il garantisse l'exemption applicable à la région de l'Atlantique. Comme le député l'a fait remarquer hier, il est important que le ait reconnu la nécessité de faire en sorte qu'il soit question d'exemption et non pas de taux nul. C'est peut-être un détail, mais un détail important et déterminant pour la région de l'Atlantique.
En conclusion, je présente quelques observations et quelques exemples d'appui récents. Les gouvernements provinciaux du Canada atlantique appuient l'accord. Depuis deux jours, les députés posent de nombreuses questions à la Chambre pour savoir si on a demandé à ces premiers ministres s'ils ont été intimidés pour appuyer cet accord. Je n'ai pas encore entendu les réponses à ces questions.
L'industrie du Canada atlantique appuie l'accord. Comment les députés libéraux et néo-démocrates de l'Atlantique peuvent-ils se prononcer contre? Le Bureau du bois de sciage des Maritimes est un farouche partisan de cet accord. Comment les députés libéraux et néo-démocrates des Maritimes peuvent-ils s'y opposer? Le nouveau premier ministre libéral du Nouveau-Brunswick a officiellement exprimé son appui. Comment les Canadiens de l'Atlantique et les députés du Nouveau-Brunswick peuvent-ils voter contre?
En revanche, il n'y a pas si longtemps, les libéraux étaient disposés à accepter une entente nettement moins avantageuse. Comme le ministre l'a indiqué, il s'agit vraiment d'une bien meilleure entente. Le gouvernement conservateur a veillé à protéger l'industrie du bois d'oeuvre du Canada atlantique et à maintenir son exemption. À l'époque, le ministre libéral du Commerce a admis que les libéraux étaient prêts à sacrifier les intérêts du Canada atlantique comme monnaie d'échange. J'imagine que Ies députés libéraux doivent respecter la ligne de parti. Pour eux, il ne s'agit pas de voter en fonction des intérêts du Canada atlantique.
C'est un bon accord pour le Canada atlantique. Il est également avantageux pour les Canadiens. Deux gouvernements l'appuient. Le gouvernement du Canada l'appuie. L'industrie le soutient fermement. J'exhorte les députés à mettre de côté toute partisanerie et à appuyer cet accord.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour parler du projet de loi qui permettra au Canada d'honorer ses obligations en vertu de l'accord sur le bois d'oeuvre. Je demande à tous les députés de reconnaître la valeur de ce projet de loi et de l'appuyer.
Il est clair que l'accord du bois d'oeuvre est bon pour l'industrie, bon pour les collectivités qui dépendent du bois d'oeuvre et bon pour le Canada. Le député précédent a donné des exemples dans sa circonscription qui montrent clairement à quel point cet accord est avantageux et comment il aidera l'industrie locale. Cet accord élimine les droits punitifs des États-Unis. Il met fin aux poursuites coûteuses qui durent depuis beaucoup trop longtemps.
J'ai écouté de nombreux députés nous dire pendant ce débat comment près nous étions d'une entente et qu'il suffisait d'un autre jugement pour tout remporter. Je répondrai à cela que j'ai rencontré des avocats qui ont passé leur carrière dans les négociations sur le bois d'oeuvre.
Aux termes du présent accord, les États-Unis mettront fin immédiatement aux mesures commerciales contre nos compagnies. Nos producteurs de bois d'oeuvre n'auront plus à se défendre devant les tribunaux, ils pourront retourner dans leurs collectivités un peu partout au pays pour faire prospérer leurs entreprises et contribuer à l'économie du Canada.
L’entente assure une certaine stabilité à une industrie durement touchée par des années de recours commerciaux et de différends sans fin. Pendant les sept à neuf prochaines années, aucune mesure ne sera imposée à la frontière tant que les prix du bois d’œuvre resteront supérieurs à 355 $ les mille pieds-planche.
Si les prix tombent en deçà de ce seuil, l’accord permet aux provinces de choisir les mesures frontalières les plus avantageuses pour leur économie. Je dois ajouter que toutes les recettes tirées des droits d’exportation perçus par le gouvernement du Canada dans le cadre de ces mesures frontalières resteraient au Canada. Ce n’était pas le cas jusqu’ici.
L’accord permet la restitution de plus de 4,4 milliards de dollars US, qui constitueront une importante injection de capital pour l’industrie du bois d’œuvre ainsi que pour les travailleurs et les collectivités qui en dépendent. Nous avons même établi un mécanisme de dépôt sans précédent pour veiller à ce que les entreprises de bois d’œuvre reçoivent leur argent le plus tôt possible, soit quatre à six semaines après avoir rempli et retourné les documents juridiques et administratifs nécessaires, une fois que l’accord sera entré en vigueur.
C’est là un accord dont nous pouvons être fiers. Il s’agit d’une entente pratique et flexible qui met fin à un long différend dans des conditions très favorables pour le Canada. De plus, il répond directement aux questions et préoccupations précises de l’industrie et des provinces. Par exemple, il reconnaît les réformes provinciales axées sur le marché et préserve le pouvoir qu’ont les provinces de gérer leurs ressources forestières comme bon leur semble.
Il exclut en outre des mesures frontalières les provinces de l’Atlantique, les territoires et 32 sociétés, y compris les scieries québécoises que le département américain du Commerce a jugées non subventionnées. Il garantit que les entreprises indépendantes de resciage final n’auront pas à payer de droits d’exportation sur la valeur ajoutée de leurs produits. Il établit aussi un processus qui permettra au Canada et aux États-Unis, en consultation avec les provinces, de déterminer les mesures que les régions peuvent prendre pour être exemptées des mesures frontalières.
Je suis heureux de dire que l’accord a l’appui de deux gouvernements nationaux, de toutes les grandes provinces productrices de bois d’œuvre et d’une majorité écrasante de membres de l’industrie. Il appartient maintenant aux parlementaires de passer à l’étape suivante.
Le projet de loi mettra en œuvre les engagements du Canada aux termes de l’accord. Il confère en particulier le pouvoir d’imposer des droits d’exportation lorsque les prix du bois d’œuvre tombent en deçà de 355 $ les mille pieds-planche et donne aux provinces la latitude dont elles ont besoin pour choisir l’option frontalière convenant à leur situation économique.
Le projet de loi propose en outre de modifier certaines dispositions de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation pour mettre en place les mécanismes devant nous permettre de respecter nos engagements aux termes de l’accord.
Je suis heureux de faire partie d’un gouvernement qui a réalisé en peu de temps ce qu’aucun autre gouvernement n’a pu faire: mettre un terme à ce différend pour pouvoir concentrer notre attention sur l’édification d’une Amérique du Nord plus forte et plus compétitive. Je demande à tous les députés de se joindre à moi pour appuyer ce projet de loi et mettre fin à ce différend.
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Monsieur le Président, c'est avec intérêt que je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi.
Son objectif est d'assurer la mise en oeuvre de l'entente sur le bois d'oeuvre conclue le 1er juillet dernier entre le gouvernement minoritaire conservateur et l'administration Bush. Il fixe les modalités de remise des droits compensateurs et antidumping aux entreprises. De plus, il établit les modalités relatives au retour à Washington du milliard de dollars que les entreprises québécoises et canadiennes doivent laisser sur la table.
Enfin, cette mesure législative détermine les barrières commerciales qui réglementeront le commerce du bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis, c'est-à-dire la taxe à l'exportation et les licences d'exportation, et autorisera la remise aux provinces des taxes à l'exportation.
Comme certains de mes collègues l'ont déjà déclaré, c'est sans enthousiasme que le Bloc québécois votera en faveur du projet de loi.
Dans ce dossier, c'est important de se rappeler que l'industrie a déclaré, presque unanimement, que cette entente n'était pas satisfaisante. Toutefois, compte tenu de la situation catastrophique de l'industrie forestière québécoise et canadienne, celle-ci a conclu qu'il valait mieux accepter cette mauvaise entente que de continuer à se battre devant les tribunaux.
D'ailleurs, l'attitude intransigeante du gouvernement minoritaire conservateur, dans son refus d'écouter et de soutenir les intérêts de notre industrie, a certainement contribué à affaiblir celle-ci et l'a finalement forcée à accepter cette entente.
Contrairement aux conservateurs, nous avons consulté les industries et les travailleurs et travailleuses du secteur forestier québécois. Nous sommes arrivés à la conclusion que nous n'avions pas le choix d'accepter cette entente, car l'industrie, mise au pied du mur, ne pouvait plus continuer à se battre. Non soutenue par ce gouvernement, et plusieurs de ses entreprises se retrouvant en sérieuses difficultés financières, l'industrie, comme les représentants des travailleurs et travailleuses du secteur forestier, a choisi à contrecoeur d'accepter l'entente, et d'ainsi récupérer une partie des droits compensateurs et antidumping que l'industrie elle-même a versés à Washington.
Il ne faut pas oublier que c'est l'argent de nos industries qui a été versé et que l'on donne. Elles nous ont demandé d'appuyer cette entente, nous agirons en ce sens. Agir autrement n'aurait pas été responsable pour le Bloc québécois, et aurait été irrespectueux vis-à-vis des demandes de nos industries.
Quand on regarde le déroulement des négociations depuis l'annonce de l'entente conclue le 1er juillet dernier, on comprend comment l'attitude du gouvernement conservateur pour l'industrie et les travailleurs du secteur forestier laisse un goût amer.
En effet, le 1er juillet 2006, lorsque les ministres du Commerce international du Canada et des États-Unis paraphaient le texte de l'accord pour signifier que leurs deux gouvernements l'acceptaient, chose absolument incroyable, le gouvernement conservateur n'avait même pas consulté l'industrie avant de parapher le texte de l'entente finale. Ainsi l'industrie se retrouvait devant une entente signée par un gouvernement qui n'avait pas vérifié si l'entente lui convenait.
Nous avons pu constater rapidement, lorsque le Comité permanent du commerce international s'est réuni cet été, à quel point plusieurs des industries et des syndicats du secteur forestier québécois et canadien étaient mécontents au regard de l'entente sur le bois d'oeuvre conclue entre le gouvernement conservateur et l'administration Bush. Il n'est pas surprenant que plusieurs d'entre eux aient jugé cette entente incomplète et aient demandé des bonifications à ladite entente.
Malheureusement, ce gouvernement n'a pas reconnu la valeur de ces revendications et de ces besoins exprimés, et a décidé de ne pas les aider et soutenir dans leur démarche.
Au lieu de lancer des ultimatums à l'industrie, de s'entêter à vouloir imposer une entente bâclée, le gouvernement conservateur aurait dû faire siennes les demandes de bonifications de l'industrie, et ainsi mettre tout son poids dans la balance pour les obtenir.
Au contraire, ce gouvernement a décidé d'acculer l'industrie au pied du mur pour la forcer à accepter cette entente conclue avec l'administration Bush, la nouvelle amie du Parti conservateur. Selon moi, il est clair que ce gouvernement était beaucoup plus sensible à d'autres intérêts et plus intéressé à les servir qu'à servir ceux de nos industries et de nos travailleurs. Pourtant les bonifications demandées par nos industries forestières et les syndicats étaient tout à fait légitimes et méritaient d'être considérées.
Regardons brièvement certaines de ces bonifications, demandées notamment par le Conseil de l'industrie forestière du Québec. Une des inquiétudes exprimée par le conseil concernait l'amélioration de la flexibilité des droits à l'exportation et des quotas, c'est-à-dire l'option B. L'industrie québécoise s'inquiétait à juste titre du fait que l'accord prévoyait des quotas attribués sur une base mensuelle — un douzième du quota annuel. Advenant une livraison importante, les possibilités d'excéder leurs quotas mensuels étaient tellement limitées que les entreprises n'auraient peut-être pas pu honorer leur contrat de vente ni même atteindre leur plein quota annuel.
Il est important de se rappeler que l'industrie de la construction est cyclique et que les livraisons de bois de construction sont donc susceptibles de varier considérablement d'un mois à l'autre. Malheureusement, cette question demeure non résolue et le gouvernement n'a pris aucun engagement particulier. Tout au plus, le groupe binational chargé de veiller au bon fonctionnement de l'accord en sera saisi. Le Bloc québécois espère que le gouvernement tentera, au sein du groupe binational, d'assouplir les plafonds mensuels d'exportation.
D'autres inquiétudes ont été soulevées par le conseil au sujet de la clause d'extinction. En principe, l'entente est d'une durée de sept ans. Elle peut être prolongée pendant une autre période de deux ans si les deux pays le désirent. C'est du moins ce que l'entente de principe prévoyait. Or, à la surprise de plusieurs, le texte final prévoit que Washington peut y mettre fin n'importe quand à partir de 18 mois après son entrée en vigueur, moyennant un préavis de six mois, comme l'indiquait le député de Shefford lors de sa dernière question.
À la suite d'une résiliation de l'entente, le gouvernement américain ne peut pas engager de procédures en vue de l'imposition de droits antidumping et compensateurs pendant une durée d'un an. En conséquence, l'industrie est assurée de trois ans de paix commerciale. Nous sommes loin d'une paix commerciale durable, comme le prétend le gouvernement minoritaire conservateur. On peut comprendre que cette disposition ait posé un sérieux problème à l'industrie, dans la mesure où elle laisse un milliard de dollars sur la table dans l'espoir d'obtenir une paix durable. L'accord final ne la garantit pas.
De ce fait, on peut constater que les inquiétudes soulevées, notamment par le Conseil de l'industrie forestière du Québec, étaient tout à fait légitimes et méritaient d'être étudiées avec sérieux par le gouvernement.
Ce matin, ce même Conseil de l'industrie forestière du Québec soulevait également le problème de la concurrence asiatique qui va venir affronter l'industrie du bois d'oeuvre et nuire à nos compagnies.
J'ai parlé du fait que l'attitude du gouvernement conservateur avait laissé un goût amer à plusieurs. J'ai écouté avec intérêt les interventions des députés du Parti libéral, et je dois avouer que leurs propos aussi me laissent perplexe. Dès le début du conflit, en 2002, le Bloc québécois a réclamé la mise en place d'un plan d'aide qui demandait des garanties de prêts pour permettre aux entreprises d'éviter la faillite. Pendant plus de quatre ans, le gouvernement libéral, comme les conservateurs maintenant, s'y est refusé. Lors de la campagne électorale, les conservateurs avaient pourtant fait la promesse d'émettre des garanties de prêts aux entreprises.
J'imagine que les libéraux, maintenant qu'ils sont dans l'opposition, ont commencé à voir tout le tort qu'ils ont causé par leur manque de volonté politique, alors que les conservateurs ont probablement oublié leurs promesses faites lors de la campagne électorale.
Pour nous, le Bloc québécois, seule la souveraineté pourra nous permettre d'être les maîtres d'oeuvre de notre économie.
De plus, le plan proposait également des mesures d'assouplissement de l'assurance-emploi, afin d'en faciliter l'accès et d'en prolonger les prestations pour ainsi assurer un revenu aux travailleurs frappés par la crise. Il offrait un soutien aux activités de transformation visant à offrir de nouveaux débouchés dans le domaine du bois au Québec.
Enfin, le Bloc québécois demandait la prise en charge, par Ottawa, des frais juridiques des entreprises victimes de l'acharnement judiciaire des États-Unis, qui, à ce jour, excèdent 350 millions de dollars. Il n'a jamais été prouvé que notre bois d'oeuvre était subventionné et qu'on faisait du dumping.
Nous sommes convaincus que ces mesures auraient permis aux travailleurs de ces industries de passer au travers de ce conflit. Si le Bloc québécois appuie l'entente, ce n'est pas parce qu'il croit qu'elle est bonne; c'est uniquement parce que l'industrie n'a plus le choix et nous a demandé d'appuyer cette entente.
Le gouvernement — comme on a pu le voir ce matin dans les médias — a des surplus de 13 milliards de dollars, qui seront affectés à la dette. Pas un sou ne sera versé pour soutenir nos industries, que ce soit le textile, le meuble ou le bois d'oeuvre. Le gouvernement est trop loin des besoins de la population.
Entre 2002 et 2005, plus de 10 000 travailleurs québécois ont été touchés, parfois durablement. La situation s'est encore détériorée récemment.
Selon les données du Conseil de l'industrie forestière du Québec, pas moins de 7 000 emplois de l'industrie forestière et de l'industrie du meuble ont été perdus depuis avril 2005, alors que 5 000 autres emplois seraient toujours en péril. Les faillites se sont multipliées alors que les entreprises qui ont survécu connaissent de sérieuses difficultés financières.
Compte tenu de ces chiffres et de l'attitude du gouvernement fédéral, nous comprenons pourquoi l'industrie n'avait plus de choix et a décidé de ne plus se battre devant les tribunaux et d'accepter cette entente.
Contrairement à ce que disent les conservateurs, le Bloc québécois est convaincu que même si ce projet de loi devait être adopté, le gouvernement ne pourrait prétendre avoir réglé les problèmes auxquels l'industrie fait face.
L'industrie vit des problèmes structurels, et l'entente sur le bois d'oeuvre ne permet pas de les régler. D'ailleurs, le président de la FTQ, Henri Massé, a clairement indiqué que compte tenu de cette entente, les conservateurs avaient maintenant l'obligation de poser des gestes concrets pour aider l'industrie à traverser la crise majeure qu'elle vit depuis plusieurs années.
C'est la raison pour laquelle le Bloc québécois tient à ce que le gouvernement fédéral présente, dès cet automne, une série de mesures pour aider l'industrie forestière confrontée à de sérieuses difficultés au moment même où elle sort affaiblie d'un long conflit commercial. Ces mesures soutiendraient également l'industrie du meuble avant qu'elle ne soit prise dans une catastrophe dont elle ne pourra sortir — comme dans le cas du textile.
Ces meures comprennent notamment un programme de soutien du revenu pour les travailleurs âgés. Ce programme s'adressera aux travailleuses et au travailleurs âgés de 55 ans qui sont incapables de réintégrer le marché du travail et qui ont été victimes de licenciements collectifs. Il fera le pont entre la période d'assurance-emploi et la pension pour de nombreuses personnes qui auront été victimes de la crise du bois d'oeuvre.
De plus, les mesures que nous avançons contiennent des propositions orientées vers les collectivités.
Nous proposons une majoration du programme de diversification des économies des communautés tributaires de la forêt. Toutefois, nous croyons que ces fonds doivent être transférés au gouvernement du Québec pour éviter le redoublement et pour que le programme soit mieux adapté aux besoins du Québec et qu'il soit bien sûr plus près de ces besoins. Nous avons vu à quel point Ottawa est tellement loin des besoins des industries.
Ce programme devrait être accompagné par une majoration du financement du Programme canadien de forêts modèles du Service canadien des forêts et d'un statut fiscal particulier pour les 128 000 propriétaires de boisés privés du Québec.
Enfin, nous proposons une série de mesures pour aider les entreprises. Ces mesures comprennent notamment un traitement fiscal particulier pour les 4,3 milliards de dollars de droits compensateurs et antidumping qui seront remboursés par les autorités américaines, afin de tenir compte du préjudice encouru par les entreprises; un programme pour stimuler l'innovation au sein de l'industrie forestière et améliorer sa productivité; et des politiques d'aide à la diversification des marchés et à la commercialisation du bois.
Certaines de ces mesures deviendront caduques si elles ne sont pas présentées dès cette année et si elles ne sont pas soutenues par le gouvernement conservateur minoritaire et par l'ensemble des intervenants de cette Chambre.
Comme chacun sait, cette année est déterminante pour l'industrie du secteur forestier. Espérons que cette fois-ci, le gouvernement sera à l'écoute et profitera de sa mise à jour économique et financière pour annoncer ces mesures.
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Monsieur le Président, je reconnais que le député fait du bon travail au sein du Comité du commerce international, dont je suis membre moi aussi. Je sais que, tout comme notre gouvernement conservateur, il s’est intéressé de très près au sort des petites familles, des collectivités, de l’industrie et de ceux dont la vie a été gravement perturbée par ce différend. Je tiens à le remercier du bon travail qu’il accomplit au sein du comité au nom de ses électeurs et des travailleurs de l’industrie du bois d’œuvre.
Le député a cependant tenu à faire passer certains messages, laissant entendre que notre gouvernement conservateur n’avait peut-être pas tenu parole. Nous avons tenu nos promesses. Nous nous étions engagés durant la campagne électorale à aider l’industrie du bois d’œuvre, et c’est précisément ce que nous avons fait. Nous lui avons donné cette entente. Nous avons obtenu un remboursement de 5 milliards de dollars canadiens pour notre industrie. Celle-ci avait fait savoir à notre gouvernement que la situation ne pouvait plus durer, que le manque de soutien du précédent gouvernement libéral durant 13 ans l’avait ruinée. Nous constatons maintenant que l’argent va lui être retourné.
Par le passé, nous avons également entendu le député plaider en faveur de l’octroi de garanties de prêt. J’aimerais vous parler brièvement des garanties de prêt. Nous redonnons à l’industrie l’argent qui lui appartient. C’est beaucoup mieux que de dire tout simplement: « Voici d’autres dettes pour l’industrie. Donnons à l’industrie du bois d’œuvre la possibilité de contracter un autre emprunt pour lui permettre de se maintenir à flot ».
Ayant moi-même dirigé une petite entreprise et ayant été élevée dans une famille qui a en eu une pendant plus de 40 ans, je vous avoue que, dans de telles circonstances, je préférerais ravoir mon argent. C’est d’ailleurs le choix qu’a fait l’industrie, pour pouvoir réinvestir et progresser.
Le député pourrait-il nous dire s’il ne trouve pas plus avantageux de retourner à l’industrie l’argent qui lui est dû plutôt que de continuer à lui permettre de s’endetter?
J’aimerais également dire quelques mots de ce que nous entendons faire au comité et au gouvernement pour la suite des choses. Le député a mentionné à juste titre qu’il nous faut nous tourner vers l’avenir. Notre et notre ont tous deux pris un engagement en ce sens.
L’entente conclue prévoit la création d’un conseil binational au sein duquel il y aura des représentants du Canada et des États-Unis qui s’efforceront, de concert, au cours des sept à neuf prochaines années, non seulement de tirer le meilleur parti de l’entente pendant cette période, voire au-delà, mais également de trouver des moyens de la parfaire.
J’espère qu’au comité, nous pourrons nous asseoir et collaborer de très près pour définir le mode de fonctionnement et le rôle de ce conseil. Parmi les objectifs que le conseil pourrait poursuivre dans ses travaux, mentionnons l’expansion du marché des produits du bois ainsi que celui de la construction non résidentielle, la recherche de nouvelles façons d’utiliser le bois et de nouveaux marchés en ce sens, et la promotion de l’utilisation du bois dans les marchés résidentiels existants.
Le conseil pourrait également se pencher sur l’avenir de nos industries communes du bois d’œuvre résineux et s’employer à créer un climat de confiance entre nos deux pays et à consolider l’industrie, de manière à ce que, lorsque d’autres pays essaieront de venir nous concurrencer avec leurs exportations, nous soyons à même de veiller aux intérêts de l’industrie canadienne et de l’industrie nord-américaine dans son ensemble. J’aimerais que le député nous dise ce qu’il pense de tout cela et s’il est disposé à collaborer avec nous au comité pour voir comment nous pourrions faire avancer les choses.
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Monsieur le Président, je représente une circonscription dont plus de 50 p. 100 du territoire est consacré aux produits du bois d'oeuvre. J'estime donc avoir la compétence nécessaire pour faire certaines des observations que je me propose de faire aujourd'hui.
J'ai articulé mes observations autour de ce qu'appellerais un conte de deux villes. Il s'agit plus précisément de l'histoire de deux petites collectivités monoindustrielles du Nord de l'Ontario, soit Schreiber et Terrace Bay. Celles-ci sont situées à dix milles l'une de l'autre, le long de la Transcanadienne, sur la rive nord du lac Supérieur.
Je cite l'exemple de ces deux collectivités, mais la réalité que je décris est également celle de quelque 350 autres localités à industrie unique, d'un bout à l'autre du pays, qui sont tributaires de l'industrie forestière. Ce que je dis ne s'applique pas exclusivement à Schreiber et à Terrace Bay.
L'une et l'autre sont de majestueuses petites collectivités situées dans un cadre enchanteur qui regorge des attraits naturels qui caractérisent cette région pittoresque. Fondée il y a une centaine d'années, Schreiber fut, à ses débuts, un centre ferroviaire et elle continue de desservir le CP depuis. Aujourd'hui encore, les trains du CP passent par Schreiber, mais les effectifs ont été considérablement réduits. À une certaine époque, Schreiber pouvait compter sur plusieurs sociétés minières qui ont brièvement connu du succès, mais une fois les mines épuisées et fermées, les mineurs et leurs familles sont partis, et il n'est resté qu'une seule grande entreprise, soit Kimberly-Clark, qui fabrique du papier kraft.
Quant à Terrace Bay, elle doit son existence à l'organisation de Kimberly-Clark aux États-Unis. Comme on le sait, son produit le plus célèbre est le papier-mouchoir Kleenex. La matière première, appelée pâte kraft, était fabriquée à Terrace Bay. Kimberly-Clark a donc décidé, immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, de construire une usine sur la rive nord du lac Supérieur, surtout en raison de l'abondance des ressources naturelles, telles que bois et eau, qui lui étaient si nécessaires.
Terrace Bay est devenu un haut lieu sur la rive Nord, une petite ville presque parfaite où une industrie unique employait près de 1 000 hommes et femmes de Schreiber et de Terrace Bay. Cette petite ville a pris de l'expansion grâce à un bon système scolaire, un petit hôpital bien administré, de magnifiques parcs, une piste de hockey, qui, comme nous le savons tous, est un endroit important dans une petite ville, une piste de curling et une salle communautaire. Un conseil municipal composé de membres dévoués et compétents était chargé de l'administration de la ville. On y retrouvait tout ce dont une petite ville pouvait avoir besoin. Plusieurs familles se sont installées à Terrace Bay. Une fois arrivés à la retraite, après de nombreuses années passées à travailler à Terrace Bay, la plupart des travailleurs ont décidé d'y rester, comme ce fut le cas à Schreiber, et la communauté a pu continuer de tirer profit de leurs avoirs.
Au cours des cinquante années pendant lesquelles elle a été présente dans la ville, la société Kimberly-Clark a été un employeur conscient et empathique et elle a toujours fait des investissements pour assurer le développement de son usine. Comme c'est le cas dans tous les secteurs, l'industrie forestière a un jour traversé une période de changements importants. Les systèmes de commercialisation ont été modifiés. Les coûts ont augmenté. L'usine a changé de mains. La concurrence étrangère s'est accrue. Il y a environ cinq ans, les dirigeants de la Kimberly-Clark ont décidé de vendre les opérations de Terrace Bay à la société Neenah Paper, dont le siège social est situé à Atlanta, en Géorgie.
La société Neenah a été à la tête des opérations de la Kimberly-Clark pendant environ cinq ans. Puis, le conseil d'administration a décidé de revendre les opérations de Terrace Bay. Toutefois, le moment était mal choisi pour vendre cette entreprise forestière. Les marchés étaient aux prises avec de nombreux problèmes, dont des coûts d'exploitation élevés, l'accroissement de la compétition étrangère et l'augmentation du coût des fibres et de l'énergie. De plus, la valeur du dollar canadien était à la hausse, ce qui rendait nos produits moins concurrentiels.
Si les producteurs de bois d'oeuvre faisaient toujours preuve d'un certain intérêt, ils avaient leurs propres problèmes de liquidité et devaient eux-mêmes se battre pour leur survie à cause du conflit canado-américain dans le secteur du bois d'oeuvre. La plupart des intervenants du secteur canadien du bois d'oeuvre étaient tout simplement à court d'argent et les banques ne leur consentaient plus de crédit.
Il y a environ un an de cela, la Neenah Paper, à cause de l'impossibilité de trouver un acheteur, a annoncé qu'elle fermerait en permanence la papeterie Kimberly-Clark à Terrace Bay et a émis des avis de licenciement à ses employés de Terrace Bay et de Schreiber.
La nouvelle a semé le désarroi et le désespoir dans les collectivités concernées. Des hommes et des femmes qui avaient travaillé durant des années avaient perdu leur emploi. Aucune perspective d'emploi ne s'offrait à ces personnes dans la région. Certains ont quitté pour l'Alberta en quête de prospérité et certains sont revenus.
Les conseils municipaux, dirigés de façon habile et compétente par les maires Mike King à Terrace Bay et Donald McArthur à Schreiber, ont fait tout en leur pouvoir pour maintenir la cohésion de leurs localités, ce pourquoi nous devons leur être très reconnaissants. Peut-on imaginer ce que c'est que de gérer une petite localité qui est délaissée par ses plus grands propriétaires fonciers? Comment continuer à assurer les services, l'éducation, les soins de santé, les services de police, l'entretien et les services publics en l'absence d'une solide assiette fiscale?
Je sais de source sûre que les résidants de ces localités ont vécu un grand désarroi. Les économies de toute une vie, qui avaient généralement été investies dans leur maisons au fil des années, ne valaient maintenant qu'une petite fraction de leur coût original. Malheureusement, même ceux qui souhaitaient vendre leur maison ne trouvaient pas d'acheteur localement. Ces gens avaient perdu tout ce pourquoi ils avaient travaillé toute leur vie durant. C'était vraiment un désastre.
Il y a environ six mois, un rayon d'espoir a pointé à l'horizon. Le gouvernement a annoncé une pause dans le différend de longue date avec les États-Unis concernant le bois d'oeuvre et il a commencé à négocier un règlement avec nos amis États-Uniens. Il a mis un terme au processus de litige long et coûteux et il a décidé de négocier un accord, soit le remboursement aux producteurs de bois d'oeuvre du Canada de pratiquement 80 p. 100 des 5,2 milliards de dollars qu'ils avaient versés aux Américains.
L'annonce a suffi pour que reprennent les négociations privées entre la Neenah Paper et une entreprise du nom de Buchanan Forest Products, propriétaire de plusieurs scieries, qui est de fait le plus grand producteur de bois résineux de l'Ontario et le plus grand employeur privé du Nord de l'Ontario. On connaît la suite.
Jeudi dernier, le groupe Buchanan devenait officiellement propriétaire de la Neenah Paper à Terrace Bay. Samedi dernier, un premier chargement de papier kraft en six mois quittait Terrace Bay pour être expédié vers les États-Unis. Des commandes commencent maintenant à arriver tous les jours.
Le premier chargement a été expédié après six mois. Il fallait voir cela: le ministre des Ressources naturelles de l'Ontario, les propriétaires de l'entreprise familiale, Kenny et Ken Buchanan, ainsi que les membres de leur conseil d'administration, des gens de la localité ayant des intérêts locaux, à savoir Russell York, Yves Fricot, Wolf Garrick et Hartley Multimacki, étaient tous là. Tous les employés de l'intérieur de l'usine étaient présents à l'ouverture de cette usine.
On pleurait de joie. Je n'avais jamais vu cela de ma vie. On versait des larmes de joie à l'ouverture de la nouvelle usine, dans cette ville comptant une seule industrie. Cela ne serait pas arrivé si l'accord sur le bois d'oeuvre n'avait pas été conclu avec les États-Unis. C'est pour cette raison, entre autres, que j'ai appuyé l'accord sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis, que j'ai voté en sa faveur, que je l'approuve encore et que je continuerai de voter en sa faveur.
Je suis très fier d'avoir pu exprimer l'ardent désir des électeurs que je représente à Schreiber, Terrace Bay et dans tout le Nord de l'Ontario.
Mon seul espoir, c'est que les 350 autres collectivités d'un bout à l'autre du pays qui dépendent de l'industrie forestière pour assurer leur subsistance connaîtront un peu le même bonheur que celui que nous avons connu à Schreiber et à Terrace Bay, en raison des efforts inlassables de ces gens et de la volonté de négocier.
Voilà qui termine mon résumé du Conte de deux villes.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour parler du projet de loi , qui vise à respecter les obligations du Canada dans le cadre de l'accord sur le bois d'oeuvre résineux signé récemment.
Il y a deux semaines, le a signé avec son homologue américain cet accord. Je siège dans cette enceinte depuis près de 13 ans et, durant tout ce temps, la question du bois d'oeuvre a été une pomme de discorde importante entre les États-Unis et le Canada. C'est un grave irritant entre nos deux pays et il affecte de façon négative non seulement le secteur forestier, mais le commerce en général entre nos deux pays.
Je suis très heureux que cet accord soit enfin conclu. Je suis persuadé que beaucoup d'entre nous, parmi ceux qui ont suivi ce différend, pensaient que cela ne se produirait pas durant notre vie politique et, chose certaine, dans mon cas, de mon vivant. Il a fallu attendre les derniers mois pour que des progrès véritables soient réalisés dans ce dossier, lorsque notre ministre du Commerce international et le ainsi que notre ambassadeur aux États-Unis ont porté une attention particulière à cette question et ont réussi enfin à faire avancer les choses.
Est-ce que tout le monde dans l’industrie est content de cette entente? Absolument pas. Franchement, aucune entente ne pourrait jamais satisfaire tout le monde dans l’industrie, mais est-ce que l’industrie trouve que cette entente est bonne? Oui. L’industrie se rend compte que cette entente est tout simplement meilleure que tout ce dont il a été sérieusement question dans le passé et certainement meilleure que toute entente conclue dans le passé.
L’industrie canadienne du bois d’œuvre, qui est extrêmement instable depuis longtemps, a finalement une entente sur laquelle elle peut compter pendant plusieurs années. Je suis ravi de pouvoir parler en faveur de l’adoption du projet de loi qui permettra la mise en œuvre de cette entente.
En collaboration avec ses homologues américains, le nouveau gouvernement du Canada a pu réaliser une chose qui s’était révélé impossible pour les gouvernements précédents, et cette entente est très avantageuse pour le Canada et son industrie. À la Chambre, certains ont analysé le contenu de l'accord en détail. D’autres ont parlé de tout l’argent qui reviendrait à l’industrie à un moment où cette industrie éprouve de graves difficultés. Les prix du bois d’œuvre ont chuté de façon dramatique et l’industrie est en difficulté. Nous le reconnaissons. De nombreux emplois dépendent de cette industrie.
Il n’est pas uniquement question d’argent ici, mais bien des emplois dans l’industrie du bois d’œuvre. Il y a des dizaines de milliers d’emplois dans cette industrie et l’entente permettra de préserver la plupart de ces emplois qui, autrement, seraient perdus. Il est clair que cette entente est bonne pour l’industrie du bois d’œuvre. Elle est bonne pour les collectivités qui vivent de cette industrie, pour les travailleurs de ces collectivités et pour notre pays. L’industrie du bois d’œuvre est très importante au Canada. Il ne faut pas sous-estimer son importance.
Cette entente met fin à la série de litiges coûteux dont j’entends parler depuis 13 ans que je siège à la Chambre. Elle met fin à ces litiges coûteux. Nos producteurs n'auront plus à se défendre devant les tribunaux grâce à cette entente qui confère de la stabilité à l’industrie et redonne à peu près 4,4 milliards de dollars aux entreprises canadiennes oeuvrant dans ce secteur.
Encore une fois, l’industrie traverse une période véritablement déterminante: elle connaît un ralentissement à cause de la chute des prix et de nombreuses entreprises sont au bord du gouffre. À mon avis, cet argent en empêchera un grand nombre de fermer leurs portes et préservera des emplois.
Il est évident qu’il s’agit d’un bon accord pour le Canada. Le projet de loi permettra au Canada d’honorer pleinement les engagements pris dans l’accord sur le bois d’œuvre. Voilà la raison d’être du projet de loi C-24. Comme tous ceux qui nous écoutent le savent, il ne s’agit pas ici de modifier l’accord. Ce n’est pas une possibilité qui nous est offerte. L’accord a été signé. C’est chose faite. La seule question qui se pose maintenant est celle de la mise en œuvre. Les deux gouvernements ont accepté cet accord qui lie le Canada et les États-Unis. Le projet de loi porte sur la mise en œuvre.
Le projet de loi permettra au gouvernement d’imposer des droits sur l’exportation de certains produits de bois d’œuvre et des droits sur les remboursements de certains dépôts douaniers faits aux États-Unis, d’autoriser certains paiements et de modifier la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et d’autres lois en conséquence. Soyons clairs: c’est là-dessus que porte l’accord.
À entendre certains députés à la Chambre et leurs interventions, on ne le dirait jamais. Nous serions plutôt portés à penser que le projet de loi porte sur le texte de l’accord, sur sa renégociation. Bien sûr, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Ce n’est pas l’objet du débat. Il n’y aura pas de renégociation. L’accord est bon. Nous devrions nous réjouir du fait qu’il ne sera pas renégocié.
J’invite les parlementaires, pendant qu’ils évaluent les mérites du projet de loi, à s’interroger aussi sur les solutions de rechange. Il me semble qu’il vaut la peine que nous y réfléchissions tous. Inutile de remonter très loin dans le passé pour voir comment les choses se passeraient si nous n’avions pas cet accord.
Nos producteurs de bois d’œuvre ont passé la majeure partie des 20 dernières années à livrer de longues batailles juridiques aux États-Unis. Certains ont soutenu que nous allions gagner ces batailles et qu’il fallait persévérer. Je vais y revenir dans un instant.
Ces députés n’ont pas observé la profonde influence du mouvement protectionniste aux États-Unis. Ils savent ce que ce différend a coûté sur les plans humain et financier. Ces longues batailles juridiques ont eu un effet extrêmement négatif sur l’industrie. Certains persisteront à dire, malgré les coûts évidents de l’annulation de cet accord, que le Canada était sur le point de remporter une victoire totale devant les tribunaux, que nous aurions dû maintenir nos poursuites.
Qu'il soit bien clair que si, et c'est un si d'importance, si le Canada sortait victorieux d'un litige, les entreprises américaines pourraient présenter une nouvelle requête et demander l'imposition de nouveaux droits de douane sur-le-champ. Si nous remportions la partie, les Américains présenteraient une nouvelle requête et relanceraient les litiges.
Je dois ajouter que cette possibilité a été évoquée par la représentante américaine au Commerce, Susan Schwab elle-même, lorsqu'elle est venue à Ottawa signer l'accord. Beaucoup d'autres personnes ont aussi évoqué cette possibilité dans le passé. L'expérience des 20 dernières années nous montre que les Américains feraient cela, que ce scénario est très plausible.
Les députés qui laissent entendre que nous devrions poursuivre les litiges jusqu'au bout et rejeter l'accord parce que nous allons gagner et récupérer les 4,4 milliards de dollars et environ un milliard de plus ne sont pas réalistes. J'invite tous les députés à penser aux conséquences que la poursuite des litiges, avec tout le temps, les efforts et l'argent que cela nécessite, aurait sur les personnes qui travaillent dans le secteur du bois d'oeuvre dans tout le Canada par opposition à la solution pratique et immédiate que l'accord arraché de haute lutte représente.
J'invite les députés à bien peser les deux possibilités. Il n'y en a que deux. Ce sont les deux seules possibilités qui s'offrent à la Chambre. Il y a l'accord, que beaucoup d'entreprises affirment ne pas être tout à fait l'accord souhaité. Nous savons que ce n'est pas un accord parfait, mais c'est un bon accord. Il est bon pour l'industrie, bon pour les entreprises touchées, bon pour les travailleurs et bon pour le Canada. Alors, devons-nous accepter l'accord ou courir le risque de prolonger les litiges? À mon avis, poursuivre les litiges serait bon pour les avocats, mais pour personne d'autre.
Je dirais qu'il est fort probable que les procès se seraient prolongés pendant un certain temps, que de nouveaux obstacles auraient été créés et que l'industrie aurait été plongée dans le chaos. J'imagine que des entreprises auraient fait faillite d'ici un an ou deux selon ce scénario. L'accord permettra à bon nombre d'entre elles de survivre. Pour cette raison, l'accord sauvera beaucoup d'emplois dans le secteur du bois d'oeuvre.
Après avoir examiné consciencieusement tous les faits, je suis convaincu que les parlementaires tireront la même conclusion que les provinces, l'industrie et le Parti conservateur: cet accord est la meilleure solution pour notre pays.
Je demande à tous les députés d'appuyer le projet de loi , qui nous permettra d'écrire le dernier chapitre de ce différend. Nous pourrons enfin tourner la page et rendre l'Amérique du Nord et le Canada plus concurrentiels et plus prospères pour les générations futures. C'est ce que cet accord nous permettra de faire.
J'ai confiance que les députés qui parlent comme s'ils n'allaient pas appuyer l'accord changeront d'avis après avoir discuté avec des gens de l'industrie de leur région et avoir pris la mesure des conséquences d'un éventuel échec de l'accord. Je suis convaincu que le projet de loi sera adopté et que nous pourrons nous pencher sur les autres problèmes critiques auxquels nous devons faire face de toute urgence.
Je répondrai avec plaisir aux questions des députés d'en face.
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Monsieur le Président, le gouvernement conservateur est déterminé à ratifier un accord sur le bois d'oeuvre qui fait tout simplement du tort au Canada.
Après avoir éliminé toute forme de soutien à l'industrie du bois d'oeuvre en supprimant la garantie de prêt, le gouvernement conservateur tente d'obliger les entreprises à accepter cette entente boiteuse.
En toute conscience, je suis incapable d'appuyer un accord qui abandonne un milliard de dollars au gouvernement des États-Unis et à son industrie du bois d'oeuvre, un accord qui met les entreprises canadiennes du secteur du bois d'oeuvre devant le dilemme de se conformer ou d'assumer de lourdes taxes, un accord qui crée un dangereux précédent en minant gravement le rapport commercial que nous avons avec les États-Unis, qui est fondé sur des règles. Cet accord est tout simplement inacceptable pour l'industrie canadienne du bois d'oeuvre et pour les Canadiens.
L'accord sur le bois d'oeuvre est un bel exemple de la bonne dispostion du gouvernement qui est prêt à accepter des États-Unis des ententes médiocres plutôt que de défendre les Canadiens. Depuis quand le fait d'abandonner un milliard aux États-Unis peut-il être considéré comme une bonne entente pour le Canada? Depuis quand le fait de tordre le bras aux entreprises canadiennes en les mettant devant le choix d'accepter cette entente ou de se voir imposer une taxe punitive de 19 p. 100 peut-il être vu comme une façon de défendre les Canadiens?
En réalité, cette entente donne à l'industrie du bois d'oeuvre des États-Unis un trésor de guerre de 500 millions de dollars qui lui permet d'attaquer l'industrie canadienne en vendant à rabais ou en lançant de nouvelles actions en justice. L'entente accorde au gouvernement des États-Unis environ 450 millions de dollars en droits imposés illégalement. C'est une entente qui crée une taxe à l'exportation plus élevée que les droits imposés actuellement par les États-Unis. Cette entente comporte des dispositions d'endiguement des importations du Canada qui priveront l'industrie canadienne de la souplesse nécessaire pour composer avec des situations imprévues comme les infestations de dendrochtone du pin. Par cette entente, nous renonçons à chacune de nos victoires devant les tribunaux selon les règles du commerce international, en échange d'un courte période de 24 mois de paix.
En définitive, cette entente est néfaste pour l'industrie canadienne du bois d'oeuvre étant donné que les intérêts canadiens sont bradés au nom de l'opportunisme politique et du plan électoral des conservateurs.
J'invite la Chambre, l'industrie du bois d'oeuvre et toutes les autres industries du Canada à envisager la question et les enjeux dans une perspective plus vaste. L'accord sur le bois d'oeuvre des conservateurs crée un dangereux précédent jurisprudentiel.
En ratifiant cet accord, le gouvernement conservateur sacrifie la crédibilité du Canada et celle crédibilité des dispositions de l'ALENA en matière de règlement de différends.
En ratifiant cet accord, le gouvernement conservateur encourage d'autres secteurs industriels des États-Unis à faire abstraction des règles du commerce et à chercher plutôt à obtenir des décisions politiques qui leur seront favorables.
En ratifiant cet accord, le gouvernement conservateur créera une plus grande incertitude sur le plan commercial, ce qui mine sérieusement la position internationale du Canada sur les marchés d'exportation et nuit aux investissements dans notre secteur forestier.
En ratifiant cet accord, le gouvernement conservateur affirme qu'il est acceptable d'imposer une pénalité de 19 p. 100 aux entreprises qui ne souhaitent pas adhérer à cette entente.
En ratifiant cet accord, le gouvernement conservateur dit aux entreprises canadiennes qu'elles doivent accepter cette entente sous peine d'être abandonnées à leur sort par le gouvernement.
Cet accord pourrait établir les relations commerciales à long terme du Canada avec les États-Unis. Voulons-nous que ces relations soient fondées sur l'abandon des entreprises canadiennes et l'acceptation d'un remboursement incomplet ou le gouvernement du Canada devrait-il établir une relation qui envoie un message clair, soit que notre gouvernement va défendre les droits de nos entreprises?
Malheureusement, l'accord dit aux Canadiens qu'il n'y a rien de mal à perdre 1 milliard de dollars au profit du gouvernement des États-Unis et du secteur américain du bois d'oeuvre. C'est inacceptable pour moi. Je lutte dans cette enceinte pour un meilleur accord pour le secteur forestier du Canada, un accord qui ne force pas les entreprises à accepter une entente imparfaite.
Les entreprises canadiennes ont le droit juridique d'obtenir un remboursement complet des droits à l'importation imposés illégalement et elles ont le droit de ne pas adhérer à l'accord sur le bois d'oeuvre conclu par les conservateurs.
Les entreprises forestières devraient être en mesure de chercher à faire respecter leurs droits juridiques, aux termes de l'ALENA et devant nos tribunaux nationaux. Le gouvernement devrait être là pour les appuyer au lieu de leur imposer une entente.
Le gouvernement devrait immédiatement offrir des garanties de prêts à ces entreprises pour leur donner les moyens financiers nécessaires pour pouvoir réclamer l'argent qui leur est dû. Dès le départ, l'accord sur le bois d'oeuvre conclu par les conservateurs avait surtout des objectifs politiques. Il ne s'agissait pas de faire ce qui était le mieux pour le Canada et nos producteurs.
Le gouvernement doit aux Canadiens de tenir ses promesses de libre-échange et de remboursement complet. Le Parti libéral est depuis toujours un fervent défenseur du secteur forestier. Nous sommes bien décidés à parvenir à un règlement du différend du bois d'oeuvre, qui est basé sur la primauté du droit dans le domaine du commerce international et qui prévoit un remboursement complet des 5 milliards de dollars de droits imposés illégalement.
Nous demandons au gouvernement américain de respecter ses engagements aux termes de l'ALENA afin de régler de façon légale ce différend. Il s'agit de montrer clairement que le Canada défend ses industries.
Le Parti libéral croit dans un règlement à long terme du différend du bois d'oeuvre. C'est pourquoi nous avons élaboré et proposé un programme d'aide supplémentaire qui répond mieux aux besoins de l'industrie. Ce programme est calqué sur celui qui a été présenté par l'ancien ministre libéral de l'Industrie, David Emerson. Cette industrie...
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui à la Chambre sur l'accord relatif au bois d'oeuvre et le projet de loi qui le mettra en oeuvre. J'invite tous les députés à faire comme moi et à appuyer cette mesure.
Comme le l'a dit hier, l'accord sur le bois d'oeuvre est bon pour l'industrie, bon pour les collectivités tributaires de l'industrie forestière et bon pour le Canada. Cela est particulièrement vrai pour ma circonscription, celle de , qui compte beaucoup sur le secteur du bois d'oeuvre pour sa survie.
Cet accord élimine les droits de douane américains, met fin à la coûteuse guérilla judiciaire, sort nos producteurs de bois d'oeuvre des tribunaux, procure de la stabilité à l'industrie et prévoit le remboursement de plus de 5 milliards de dollars. C'est un accord pratique et flexible qui met un terme au différend à des conditions hautement favorables au Canada et qui replacera le Canada et les États-Unis sur la voie menant à une compétitivité accrue pour l'Amérique du Nord.
Je me réjouis que l'accord ait recueilli de larges appuis auprès tant de l'industrie que des provinces. Il y a un certain nombre de bonnes raisons pour appuyer l'accord, mais l'une des plus importantes est sans doute le fait que l'accord respecte la diversité du secteur du bois d'oeuvre du Canada.
Comme la Chambre le sait, le secteur du bois d'oeuvre du pays est diversifié et les différentes régions ont des défis uniques à relever et des possibilités particulières à saisir. Aujourd'hui, je voudrais souligner certains des avantages régionaux de l'accord et expliquer comment ce dernier répond aux divers besoins d'un bout à l'autre du pays.
D'abord, l'accord accorde aux provinces la flexibilité voulue pour choisir les mesures frontalières qui répondent le mieux à leurs besoins économiques. Les exportateurs paieront des droits d'importation lorsque les prix du bois d'oeuvre s'élèveront à 355 $US le millier de pieds-planche ou seront inférieurs à ce chiffre. Lorsque les prix atteindront ce seuil, les régions canadiennes, définies dans l'accord comme étant la côte de la Colombie-Britannique, l'intérieur de la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario et le Québec, peuvent choisir l'un des régimes de droits d'exportation suivants: l'option A, où les droits varient en fonction des prix, ou l'option B, où le taux et le volume de déclenchement varient en fonction des prix.
Ce mécanisme novateur permettra aux provinces de choisir le régime de droits d'exportation convenant le mieux à leur situation commerciale et économique particulière. Je tiens à souligner que les fonds perçus pour l'une ou l'autre option resteront au Canada.
Les provinces et l'industrie ont également demandé une certaine souplesse des règles relatives aux quotas d'exportation, de façon à être en mesure de satisfaire aux exigences des clients américains. Par conséquent, le gouvernement a négocié des dispositions permettant aux compagnies de reporter prospectivement ou rétrospectivement jusqu'à 12 p. 100 du volume mensuel de leurs quotas d'exportation du mois précédent ou du mois suivant. C'est là une amélioration significative en comparaison avec la situation actuelle.
En vertu du système actuel, les droits imposés par les États-Unis sont revus chaque année. D'une année à l'autre, l'industrie n'est pas en mesure de savoir quel taux de droit sera appliqué. En vertu de l'accord, elle pourra le savoir, ce qui lui permettra de profiter pleinement d'un environnement commercial stable et prévisible.
L'accord contient également une disposition permettant aux provinces de se retirer des mesures frontalières selon une procédure qui sera élaborée conjointement par le Canada et les États-Unis, en consultation avec les provinces, dans les 18 mois suivant l'entrée en vigueur de l'accord.
L'accord prévoit aussi une réduction des droits d'exportation si d'autres pays producteurs de bois augmentent substantiellement leurs exportations vers les États-Unis, au détriment du Canada.
Il protège les pouvoirs des provinces qui entreprennent des réformes de leurs politiques de gestion de la forêt, notamment par la mise à jour et la transformation de leurs systèmes, de leurs mesures ou de leurs programmes de protection de l'environnement ou par le versement d'indemnités aux Premières nations en réponse à leurs revendications.
L'accord contient un mécanisme novateur grâce auquel les 4,4 milliards de dollars américains de droits seront restitués à nos exportateurs dans les semaines suivant l'entrée en vigueur de l'accord. Il prévoit également que les entreprises indépendantes de deuxième transformation du bois qui ne sont pas détentrices de tenure forestière ou qui sont indépendantes de tout détenteur de tenure forestière n'auront pas à payer de droits d'exportation sur l'élément de valeur ajoutée de leurs produits. Ce nouveau traitement représente une nette amélioration en comparaison avec les ententes précédentes.
En plus de ces avantages et de la souplesse qu'il confère aux provinces, l'accord tient également compte des préoccupations propres aux régions, qui ont été soulevées par différentes provinces et divers intervenants au cours des négociations.
Par exemple, l'accord limite le droit à l'exportation applicable aux produits du bois de grande valeur, comme le bois de thuya géant , qui est produit principalement sur la côte de la Colombie-Britannique.
De par ses dispositions anti-contournement, l'accord reconnaît aussi l'importance de la politique forestière de la Colombie-Britannique. Le régime britanno-colombien d'établissement des prix en fonction du marché et toute modification apportée à ce régime font l'objet d'une exemption complète aux termes de l'accord.
Pour répondre aux préoccupations de l'industrie canadienne concernant l'exemption des grumes et du bois d'oeuvre côtiers et les règles d'administration des mesures à l'exportation, les États-Unis ont également confirmé qu'ils sont disposés à entamer rapidement des discussions pour garantir que l'accord fonctionne de manière viable sur le plan commercial.
L'accord prend aussi directement en compte les préoccupations exprimées par le Québec, le Canada atlantique et les territoires.
Par exemple, les mesures à la frontière ne s'appliqueront pas à l'exportation de produits du bois fabriqués dans les scieries frontalières du Québec, un élément clé que prônait l'industrie et le gouvernement du Québec. En fait, le gouvernement du Canada a réussi à exempter 32 entreprises du Québec et de l'Ontario, y compris les scieries frontalières du Québec, des mesures à la frontière.
Selon l'accord, le bois produit à partir de grumes coupées dans les provinces atlantiques qui sont certifiées par le Bureau du bois de sciage des Maritimes ne sera pas assujetti aux mesures à la frontière. Par ailleurs, le bois produit dans les provinces atlantiques à partir de grumes coupées dans l'État du Maine est exempté des mesures à la frontière. C'est un élément clé du commerce bilatéral de cette région.
Le bois produit dans les territoires est également exempté des mesures à la frontière.
Ces éléments de l'accord sont en réaction directe aux préoccupations soulevées par les provinces et l'industrie durant la période de négociation. Ils ont contribué à recueillir un appui vaste et considérable dans les régions canadiennes envers l'accord.
Je suis fière de soutenir cet accord conclu de haute lutte et le projet de loi , qui vise la mise en oeuvre de l'accord. Aujourd'hui, je demande à mes collègues du Parlement de fournir leur appui.
En conclusion, j'aimerais citer Gordon Campbell, premier ministre de ma province, la Colombie-Britannique:
Il est temps que les contestations coûteuses et l'instabilité des dix dernières années cessent et qu'un nouveau chapitre de la revitalisation forestière continue de la Colombie-Britannique débute.
Je suis on ne peut plus d'accord.
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Monsieur le Président, j'interviens avec beaucoup de frustration dans ce débat concernant le projet de loi sur l'entente sur le bois d'oeuvre avec les Américains.
En effet, historiquement, rappelons-nous la croisade du libre-échange qu'avait mise en branle l'ex-gouvernement libéral. Il disait: « Nous allons gagner la bataille au niveau juridique et nous allons en bout de ligne imposer le libre-échange en matière de commerce du bois d'oeuvre. »
Cependant, le gouvernement libéral et les conservateurs, qui ont ensuite pris leur place, ont oublié un élément important, soit d'aider et de soutenir l'industrie forestière et les travailleurs du secteur forestier, par exemple par des programmes de garantie de prêts que nous avons demandés pendant près de 36 mois avant l'entente.
Pour cela, nous avons été à l'écoute de toute l'industrie du bois d'oeuvre, qui nous disait qu'il fallait cette forme d'aide pour remporter une victoire en bout de ligne et avoir le libre-échange, parce qu'on allait gagner la bataille juridique.
Les gouvernements se sont entêtés à ne pas l'accorder et nous avons aujourd'hui devant nous une entente avec les Américains qui est très frustrante. On ne peut pas festoyer devant le résultat. Il n'y a pas de glorification à en tirer.
C'est évident que les Américains ont gagné par leur stratégie visant à faire durer le litige le plus longtemps possible. Aujourd'hui, nous sommes assis devant une entente que l'industrie québécoise et les syndicats québécois nous demandent d'appuyer, faute de ressources financières permettant de surmonter la crise, parce que le gouvernement fédéral n'a pas fait son travail quand c'était le temps.
Maintenant, l'entente est déposée devant nous. Elle ne réglera pas définitivement la crise, mais elle permet de récupérer une partie significative des montants qu'ont versés les Canadiens aux Américains. Dans cette perspective, le Bloc québécois a une attitude très responsable. N'oublions pas que sans son appui à l'entente, nous serions aujourd'hui en période électorale. Il n'y aurait pas d' entente et toute l'industrie forestière serait laissée à elle-même, dont les travailleurs.
Dieu sait si aujourd'hui on a besoin de sécurité dans ce secteur. On l'a vu encore hier dans les reportages de Radio-Canada: l'industrie forestière est en crise aux quatre coins du Canada.
L'entente avec les Américains sur le bois d'oeuvre n'est qu'une infime partie de la solution à cette question. Elle permet de temporiser pour un bout de temps, mais il faudra aussi d'autres formes d'actions.
Le Bloc québécois, à titre de parti responsable, a décidé d'appuyer l'entente, parce qu'il faut absolument garder de l'oxygène pour que nos entreprises maintiennent la tête hors de l'eau, qu'elles puissent continuer de fonctionner et qu'on minimise les suppressions en matière d'emplois. Toutefois, en même temps, il faut un plan d'aide pour aider cette industrie. Sur ce plan, le gouvernement conservateur a vraiment fait preuve d'irresponsabilité flagrante jusqu'à maintenant. On est allé négocier avec les Américains, on revient avec une entente qui n'est pas très très riche, mais à laquelle on n'a pas le choix de donner suite, mais de l'autre côté, on fait la sourde oreille et on ferme les yeux sur les problèmes de l'industrie forestière, qui multiplie pourtant les appels aux gouvernements, autant à Québec qu'à Ottawa, pour qu'il y ait des interventions et dans l'espoir d'avoir un plan d'action qui puisse l'aider.
Dans ma circonscription, que ce soit à Saint-Pamphile ou à Saint-Just-de-Bretenières, on coupe du bois américain. L'entente va permettre que les gens ne soient pas touchés par l'imposition de la taxe. Pour eux, cela représente donc un gain significatif. C'est la même chose à L'Isle-Verte. La compagnie Les Produits Forestiers Dubé, qui coupe du bois de la forêt privée, sera exemptée de l'application de la taxe. Il y a donc un intérêt de ce côté-là.
Plus largement, dans ma région, un groupe comme le Groupe G.D.S., une entreprise solide qui existe depuis plusieurs années, a malheureusement des problèmes financiers très importants, notamment parce qu'on a laissé traîner la crise du bois d'oeuvre trop longtemps et parce qu'il n'y a pas de plan d'aide structuré pour venir en aide à l'industrie.
Je me souviens d'il y a quatre ans, lorsque le débat battait son plein. Nous recevions des demandes de garantie de prêts des responsables de G.D.S. Le gouvernement ne les a jamais donnés. Cela a fait en sorte que la compagnie est sous la protection de la Loi sur la faillite principalement à cause de cette situation.
Il faudra donc qu'on signe l'entente actuelle, et je défie les candidats du NPD et les candidats libéraux, partout au Québec lors de la prochaine campagne électorale, de venir faire le tour des villages forestiers en alléguant que nous n'aurions pas dû signer cette entente. J'invite plutôt ces candidats à ne pas venir dans les villages, parce qu'ils risquent d'éprouver de petites difficultés à en sortir en bon état.
Ces partis ont adopté une attitude irresponsable. Même chose pour le Parti conservateur, s'il n'y a pas de plan d'aide. En effet, si on se limite à la signature de l'entente, on n'aura pas obtenu le résultat nécessaire et les entreprises fermeront quand même.
Les libéraux et les néodémocrates diront que l'entente n'aurait pas dû être signée car, finalement, le même résultat est atteint. Pour corriger la situation, corriger le tir, un plan d'aide est nécessaire, comme le plan proposé par le Bloc québécois. Il contient une quinzaine de propositions. Rapidement, en voici quelques-unes. Tout d'abord, il propose un programme de soutien du revenu pour les travailleurs âgés oeuvrant dans le secteur du bois d'oeuvre, mais aussi pour l'ensemble des secteurs d'industries manufacturières. Dans l'ensemble de l'industrie québécoise, des gens de 55, 56 ou 57 ans sont mis à pied aujourd'hui. Ils n'ont pas la possibilité de trouver d'autre emploi et nous attendons toujours le programme qui va leur permettre de faire un pont jusqu'à leur retraite.
En tant que députés, nous avons des caisses de retraite. Quand nous quittons notre emploi après un certain nombre d'années, cela représente un pont raisonnable. Il ne faut pas s'imaginer que c'est la situation de tout le monde. Des gens qui ont travaillé 25, 30 ou 35 ans en usine se retrouvent, en bout de ligne, avec un maximum de 45 semaines d'assurance-emploi et puis c'est fini. Ces gens ont pourtant contribué pendant 25, 30 ou 35 ans sans jamais retirer de prestations d'assurance-emploi. Il faut un programme d'aide pour les travailleurs âgés.
Nous demandions un programme de diversification des économies des communautés tributaires de la forêt. Le ministre de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec vient d'annoncer un programme de 80 millions de dollars. En fouillant un peu, on se rend compte qu'il n'y a pas une cenne d'argent neuf dans cette somme. On a un peu nettoyé l'habit et retourné le veston, et on le représente. Il n'y a rien de neuf, rien d'additionnel. Ce n'est pas de cela que nous avons besoin. Nous avons vraiment besoin d'une action avec de l'argent additionnel pour permettre la diversification de l'économie de nos régions.
Dans ce plan, nous demandons aussi un statut fiscal particulier pour les 128 000 propriétaires de boisés privés du Québec C'est la seule façon de consolider notre industrie forestière. Nous demandons aussi une accélération de l'amortissement sur l'équipement. Ce serait important car les entreprises vont recevoir les quatre milliards de dollars que les Américains vont leur redonner. Avec cet argent, elles doivent payer leurs dettes et leurs marges de crédit, mais avec le reste, elles doivent pouvoir acheter l'équipement nécessaire pour revenir dans la course et être capables de concurrencer les Américains. Nous pensons que l'amélioration du traitement fiscal sur le plan de l'amortissement est le coup de main qu'il leur faut. Cette mesure m'apparaît intéressante, positive et dynamique, et le gouvernement conservateur devrait l'inclure dans son programme.
Nous parlons aussi de compensations financières pour l'entretien du réseau routier forestier. Souvenons-nous qu'aux États-Unis, les réseaux routiers forestiers sont entretenus par l'armée sous prétexte qu'il s'agit d'une question de sécurité pour faire passer les chars d'assaut. Nous pourrions avoir un plan qui permettrait d'aider nos entreprises à s'en tirer aussi de ce côté-là.
Nous proposions aussi un programme pour stimuler l'innovation au sein de l'industrie forestière et améliorer sa productivité.
Il s'agit là d'un ensemble de mesures dont nous avons besoin. L'entente sur le bois d'oeuvre signée avec les Américains va permettre le remboursement des quatre milliards de dollars. Toutefois, elle doit être appuyée par les autres actions. Ces actions ne sont pas superflues, mais bien essentielles pour que l'industrie forestière puisse traverser la crise qu'elle vit présentement.
Pour les gens qui représentent des circonscriptions de milieux ruraux, cette question est évidente. Cela se voit aujourd'hui dans les villages industriels. Nous avons vu hier des reportages sur des villages d'Abitibi. Cela aurait pu être la même chose dans ma circonscription. S'il n'y a pas de plan d'aide pour aider ces industries à sortir de la crise forestière actuelle, dans six mois, un an ou deux ans, nous continuerons à assister à la fermeture de villages.
Je sais que cela heurte de plein fouet l'approche de l'actuel ministre de l’Industrie. Pour lui, seule la règle du marché compte, et l'État n'a pas à intervenir. Les coupes annoncées hier dans le programme de Partenariat technologique Canada en font foi. Toutefois, j'invite tous ses collègues à faire comprendre au ministre qu'aucune règle idéologique fondamentale n'a à intervenir là-dedans. Il faut trouver les bonnes solutions aux problèmes qui se présentent. Dans le secteur du développement de l'industrie forestière, nous attendons du gouvernement fédéral un plan d'action qui permettra à nos communautés de se restructurer, de traverser les difficultés actuelles, et de continuer à contribuer à l'économie québécoise et à l'économie canadienne, comme elles l'ont fait dans le passé.
Il est vrai que le secteur des ressources naturelles, comme le secteur forestier, subit la vague de la nouvelle économie et la vague du secteur énergétique. Toutefois, n'oublions jamais que cette ressource de base permet d'occuper le territoire et de faire vivre des communautés. Elle permet également d'offrir des emplois à des gens qui ne sont pas nécessairement très scolarisés, mais qui sont très utiles à toute l'économie, que ce soit au Québec, au Canada ou en Amérique du Nord.
Devant l'ensemble de cette situation, oui, le Bloc québécois sera responsable et votera en faveur de l'entente. Il s'attend toutefois à ce que le gouvernement conservateur fasse preuve du même sens des responsabilités, et qu'il mette sur la table un plan d'aide pour l'industrie forestière, un plan essentiel qui permettra à cette industrie de sortir de la crise forestière actuelle.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de ses commentaires très judicieux.
Il faut d'abord que le gouvernement conservateur reconnaisse que cette entente n'est pas parfaite et qu'elle comporte des faiblesses. À mon avis, aucun Canadien ne donnerait, de son plein gré, 1 milliard de dollars aux Américains, dont 500 millions de dollars seront alloués au secteur industriel du bois d'oeuvre américain pour qu'il nous fasse compétition. Il s'agit là d'une des faiblesses de l'entente. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas la signer, cela signifie qu'il y a une faiblesse significative dans l'entente.
En contrepartie, c'est en réponse à ces faiblesses que le plan d'aide intervient. Avec de telles faiblesses, il faut une compensation qui permette à notre industrie de faire face à une compétition accrue, un peu indue et qui est financée à même notre argent.
Par exemple, notre plan d'aide suggère d'offrir un traitement fiscal particulier pour les 4,3 milliards de dollars de droits compensateurs et antidumping qui seront remboursés par les autorités américaines, afin de tenir compte du préjudice que les entreprises ont subi.
Cet argent sera remboursé aux entreprises au début du mois de décembre et sera considéré comme un revenu. Ce montant est remboursé au moment où le dollar canadien vaut 90 ¢ américains, alors que le paiement aux Américains s'est effectué au moment où le dollar canadien valait 65 ¢ américains. Cela veut dire que les entreprises sont perdantes.
Nous avons vu hier que le gouvernement conservateur a la possibilité d'annoncer des coupes soudaines, en même temps qu'il annonce le surplus de 12 milliards de dollars de l'an dernier. Lors d'énoncés économiques, le gouvernement conservateur pourrait décider de donner une chance à nos industries et leur permettre de déclarer le revenu pour l'année où elles l'ont versé aux Américains. Il ne faudrait pas que ces entreprises aient une perte additionnelle lors du remboursement en 2006, alors qu'elles ont versé ces montants en 2003, en 2004 et en 2005.
C'est ce genre de mesures concrètes que nous souhaitons pour l'industrie. Nous souhaitons également pour tous les travailleurs âgés que le gouvernement conservateur se rende compte que l'entente qu'il signe continuera d'avoir des effets très difficiles pour l'économie, pour le secteur forestier et pour le reste du secteur manufacturier.
Ainsi, il serait pertinent de mettre sur la table un plan pour venir en aide aux travailleurs âgés lorsqu'ils perdent leur emploi. Il est question d'un montant annuel de 75 millions de dollars, alors que le surplus de l'année dernière atteint 12 milliards de dollars. C'est démesuré quand on pense aux gens qui subissent individuellement les conséquences de cette crise du bois d'oeuvre. Ce n'est pas le travailleur de St-Pamphile qui a provoqué la crise, c'est le gouvernement fédéral dans sa façon de négocier avec les Américains.
Au bout du compte, ils nous obligent à signer une entente imparfaite. Cependant, les conséquences quotidiennes seront vécues par les employés dans leur usine et par leur famille. C'est pour cette raison que nos demandes répétées pour l'instauration d'un régime d'aide aux travailleurs âgés sont pertinentes et justifiées. De plus, le moment est propice pour que le gouvernement conservateur les mette de l'avant dans le cadre d'un plan d'aide à toute l'industrie forestière afin de sortir de la crise actuelle.
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Monsieur le Président, je vous remercie de me permettre de parler de cette question importante qu’est l’accord sur le bois d’oeuvre, ou peut-être devrais-je parler de désaccord.
J’ai pu entendre le ministre du Commerce international lancer le débat à la Chambre hier. Comme tous les Canadiens, je l’ai entendu dire qu’à son avis l’accord apporterait des années de stabilité et que, toujours à son avis, nous aurions huit ou neuf années d’harmonie et de stabilité dans notre industrie. C’est une plaisanterie. J’ignore s’il s’agissait d’une hypothèse, d’un espoir ou d’un simple rêve de la part du ministre.
Heureusement, il a été suivi par le député de Beauséjour qui a énoncé certaines réalités, par exemple le fait que le gouvernement a laissé plus d’un milliard de dollars appartenant aux entreprises canadiennes entre les mains de ceux qui ont commencé et perpétué le conflit sur le bois d’oeuvre. Quelle trahison! Le pire c’est que nous devons payer pour avoir été dans notre droit. Nous finançons les groupes qui ont causé tous ces problèmes. Quel triste jour pour les entreprises canadiennes que d’avoir à payer les groupes qui ne veulent pas du libre-échange sur le marché du bois d’oeuvre.
Tout ce que voulaient les entreprises canadiennes c’était un accès libre et équitable aux marchés de notre partenaire commercial le plus important et le plus proche, nos amis des États-Unis. Quand on voit comment elles ont été trahies et même menacées par notre propre gouvernement, cela montre à quel point le gouvernement tient désespérément à faire adopter cette entente.
Avant de poursuivre, je tiens à préciser que l’industrie a besoin d’une partie de cet argent, surtout dans ma circonscription. Il y a des gens de ma circonscription qui estiment que nous devrions accepter cette entente. Ils craignent pour leur avenir immédiat dans une industrie qui est plus précaire que jamais.
La population de la circonscription de reconnaît également qu’il s’agit d’une mauvaise entente. J’exprime son mécontentement devant le fait que le gouvernement n’ait pas pu obtenir un meilleur accord dans l’intérêt des familles. Je n’appuie pas cette entente, car je dois défendre les intérêts de ceux qui ont été forcés de l’accepter.
Le Canada a obtenu, à de nombreuses reprises, des décisions favorables dans le cadre de l’OMC et de l’ALENA. Si nous participons à ces tribunaux commerciaux internationaux, c’est pour veiller à ce que les pratiques commerciales soient équitables. Nous avons la responsabilité d’accepter les décisions que rendent les tribunaux, comme n’importe quel autre pays membre, y compris les États-Unis. En acceptant une entente qui va à l’opposé des décisions rendues, nous allons compromettre sérieusement notre crédibilité et notre position dans tout conflit commercial ultérieur.
L’industrie forestière est l’industrie la plus importante pour la population de la circonscription de . Nos collectivités dépendent des emplois dans ce secteur. En raison de cette dépendance, elles sont dévastées lorsque l’industrie est en perte de vitesse.
L’industrie a été confrontée à de nombreux obstacles. Les coûts très élevés de l’énergie, les coûts de transport reliés aux distances énormes que nous devons parcourir, ainsi que le manque de capacité d’investissement dans la recherche et le développement en sont quelques exemples. En plus de ces obstacles, il y a eu des pertes d’emplois. En décembre dernier, l’usine Abitibi de Kenora a été fermée, ce qui a entraîné la perte de plus de 450 emplois. Quelques jours plus tard, des centaines d’emplois ont été perdus dans ma ville, Dryden. Ces emplois sont perdus dans une collectivité où il n’y a qu’une seule industrie. C’est tout à fait dévastateur.
Notre mode de vie est en danger dans le nord de l’Ontario. Il faut que le gouvernement fédéral intervienne et nous défende au lieu de nous trahir à n’importe quel prix pour obtenir une séance de photos avec le président des États-Unis.
Le conflit sur le bois d’oeuvre est l’un des plus gros défis que notre industrie ait eu à relever. Comme je l’ai déjà dit à la Chambre, dans ma région, l’industrie forestière est une industrie intégrée. Toutes les usines, qu’il s’agisse de scieries, d’usines de pâte et papier ou d’usines de transformation dépendent les unes des autres. Lorsque les scieries ont été forcées de payer des droits de douane illégaux, cela a eu des répercussions financières dans toute l’industrie et dans toutes les collectivités.
Les négociations entourant cette entente ont duré des années. Pendant ce temps, tous les secteurs de l'industrie ont subi l'effet dévastateur de l'imposition de droits. Le montant versé à l'industrie aux termes de cette entente ne résoudra pas tout. Le fédéral doit reconnaître que l'industrie a besoin de soutien en plus de l'argent qu'on va lui rembourser. Un grand nombre de nos scieries n'ont pas modernisé leur équipement depuis des années et sont incapables de chercher de nouveaux marchés. Elles ont été étranglées financièrement à un tel point que leur situation est désespérée. Que leur offre le gouvernement? Une mauvaise affaire: « Acceptez l'entente ou nous allons vous imposer une taxe à l'exportation de 19 p. 100 et anéantir ce qu'il reste de votre entreprise ».
Il faut se détacher de l'optique des négociations et considérer l'industrie dans son ensemble. C'est ce que le gouvernement libéral précédent a fait. Il a compris que le différend sur le bois d'oeuvre ne constitue qu'une partie du problème et il a élaboré un plan d'aide énergique afin de permettre à l'industrie de surmonter certains des obstacles directement ou indirectement attribuables au différend.
Il faut aider l'industrie à renforcer sa compétitivité. Le financement d'initiatives de recherche et de développement est primordial. Étant donné l'importance croissante de la bioéconomie, voici une bonne occasion pour l'industrie canadienne d'être un chef de file mondial, avec l'appui du gouvernement fédéral.
Il faut soutenir les entreprises qui sont prêtes à étendre leurs activités. La scierie de la société Kenora Forest Products, par exemple, travaille d'arrache-pied à créer plus d'emplois dans ses installations afin de venir en aide à la collectivité touchée par la fermeture d'autres scieries. Les Prendiville sont des leaders de la collectivité et ils veulent aider Kenora. Ils sont prêts à accepter cette soi-disant entente parce qu'on ne leur donne pas de choix. Peut-on parler de choix quand un gouvernement impose une chose pareille à une collectivité aussi durement touchée?
Nous devons aussi favoriser des projets de diversification économique pour les collectivités qui dépendent de cette industrie, étant donné les temps difficiles qu'elles connaissent. Le maire et les conseillers municipaux de Kenora, ainsi que d'autres intéressés, ont travaillé sans relâche à la mise au point d'un plan d'action pour stimuler l'économie de la ville. Kenora a un énorme potentiel dans d'autres domaines, mais il lui faut l'appui sans réserve du gouvernement fédéral pour atteindre ses objectifs.
L'industrie est déjà désavantagée, et maintenant le gouvernement veut imposer une entente aux producteurs de bois d'oeuvre du Canada, qui perdent encore une fois 500 millions de dollars aux mains de l'industrie américaine du bois d'oeuvre, cette industrie qui a fait un lobbyisme fructueux au détriment de nos compatriotes. N'oublions pas par ailleurs que, si une entreprise décide de ne pas se joindre à cette entente, elle sera assujettie à un droit de 19 p. 100 sur tous les dépôts douaniers remboursés.
Sans le remboursement de 100 p. 100 de l'argent pris par le gouvernement des États-Unis et sans un engagement du gouvernement conservateur d'aider l'ensemble de l'industrie à long terme, d'autres emplois seront perdus. Cette façon de nous dire que ce sera ça ou rien réduira la confiance dans ce secteur. Quelle autre industrie canadienne a dû composer avec un gouvernement qui prélève de lourds impôts en lui disant que c'est à prendre ou à laisser? De quel côté est le gouvernement, celui de l'industrie canadienne ou celui du lobby américain du bois d'oeuvre?
Le Nord de l'Ontario est une belle région sauvage et riche en ressources naturelles. Nous travaillons fort, nous sommes rigoureux et nous voulons le meilleur pour nos familles, nos collectivités et notre pays. Qu'on nous donne le soutien et les outils nécessaires pour développer nos industries. Qu'on nous donne des raisons de croire que notre gouvernement défendra notre droit à gérer nos forêts de manière à assurer notre avenir, et ne vendra pas nos intérêts à des groupes de pression financés avec notre argent.
Dans le Nord de l'Ontario, nous voulons un Accord sur le bois d'oeuvre qui nous protège, et qui protège notre avenir et nos forêts. Cet accord ne nous donne rien. Il ne peut que nous apporter des problèmes et nous faire perdre le contrôle de nos forêts et de notre industrie. Clairement, le gouvernement est prêt à nous sacrifier.
Je ne peux pas appuyer cette entente sachant que davantage d'emplois seront perdus. Je ne peux pas appuyer cette entente sachant que nous cédons au lobby américain du bois d'oeuvre. Je ne peux pas appuyer cette entente sachant que des centaines de millions de dollars resteront aux États-Unis entre les mains des gens qui nous ont fait du tort. Et je n'appuierai pas cette entente, parce que je dois défendre les travailleurs des collectivités de la circonscription de .
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Monsieur le Président, je suis très heureux de pouvoir intervenir cet après-midi à la Chambre pour parler du projet de loi . Je sais que j'ai peu de temps à ma disposition. Je voudrais parler du mythe voulant que le statu quo soit acceptable.
Il n'en est rien. Il ne suffit pas que le Canada soit dans son droit. Le Canada remporte les causes et les tribunaux rendent sans cesse des décisions qui nous sont favorables. Le fait d'avoir raison n'équivaut pas à remporter la victoire si on ne parvient pas à un règlement. À quoi bon gagner la bataille, si nous perdons la guerre? Sans cet accord, il n'y a pas de règlement.
L'opposition prétend qu'il suffit de maintenir le statu quo. Notre gouvernement ne veut pas se contenter de cela. Notre nouveau gouvernement a décidé d'aller de l'avant. Il a choisi un accord qui met un terme au statu quo, qui permet de réinvestir dans notre industrie plus de 80 p. 100 des sommes perdues au lieu que des millions de dollars de plus quittent le Canada, si la situation actuelle demeure.
Je félicite le , le et le qui ont déployé tant d'efforts pour parvenir à cet accord. Je sais qu'ils ont fait l'objet de bien des critiques. Je veux remercier personnellement le ministre au nom de tous les Canadiens. Sa diligence, sa sagesse et ses compétences ont été très utiles à tous les Canadiens. Nous devrions tous être fiers de lui.
Le gouvernement a choisi un accord et un avenir qui permettront à nos producteurs de bois d'oeuvre de poursuivre leurs activités sans être confrontés sans cesse à des procès qui, pour beaucoup, constituent un passe-temps aux États-Unis. Tous ceux qui ont étudié au sud du 49e parallèle comprennent que les Américains prennent leurs avocats et leurs procès très au sérieux. Je pense que c'est une voie sans issue.
Nos vis-à-vis ont parlé de capitulation pour désigner cet accord. Cependant, ceux qui capitulent, ce sont ceux qui choisissent de ne rien faire. La réalité, c'est que l'avenir de notre secteur forestier réside dans le commerce et plus nos accords commerciaux seront solides, plus notre industrie sera stable.
Les entreprises ne peuvent se nourrir d'espoir. Elles ont besoin de stabilité et de certitude. Qu'on le veuille ou non, même s'il n'est pas parfait, cet accord empêchera que nos industries ferment leurs portes. L'accord permet aux gens de continuer à travailler et à nourrir leurs familles, et ce n'est pas un mythe.
À titre de député de la circonscription de située dans la magnifique province de Colombie-Britannique, je suis extrêmement conscient de l'importance d'aller de l'avant dans le dossier du bois d'oeuvre. Cet accord est accepté par la Colombie-Britannique, par le ministre des Forêts, par les producteurs de bois d'oeuvre de ma circonscription et, plus important encore, par la majorité des électeurs de Kelowna—Lake Country. Il est temps d'agir. À la Chambre, l'opposition affirme que les intéressés n'ont pas eu le choix, que le gouvernement les a abandonnés. Or, c'est absolument faux.
En fait, j'ai assisté à une réunion ce matin-même avec le premier ministre Campbell de la Colombie-Britannique. Je n'ai pas eu l'impression qu'il disait que la Colombie-Britannique a été forcée d'appuyer cet accord ou qu'elle n'a pas eu le choix. Le premier ministre Campbell était très heureux. Il a obtenu tout ce qu'il voulait dans un accord négocié. Dans un monde parfait, on veut avoir une entente parfaite, mais le premier ministre Campbell étant réaliste, il sait que cet accord est formidable pour la Colombie-Britannique et pour l'ensemble du Canada.
Le premier ministre Campbell s'est activement employé à faire en sorte que cet accord serve très efficacement les intérêts des producteurs Britanno-Colombiens. Je tiens aussi à remercier le premier ministre Campbell de ses efforts. En fait, la Colombie-Britannique est favorable à l'accord. Elle souhaite renforcer la libéralisation du commerce et l'industrie canadienne du bois d'oeuvre. Contrairement à l'opposition, la Colombie-Britannique souhaite aller de l'avant.
Il est temps que les députés libéraux et néo-démocrates se rangent du côté de la Colombie-Britannique. Environ 57 p. 100 des exportations canadiennes de bois d'oeuvre aux États-Unis proviennent de la Colombie-Britannique. Il est temps que ces députés appuient nos collectivités et les producteurs de bois d'oeuvre qui les emploient. Rien que dans la circonscription que je représente, plus de 1 000 personnes travaillent directement dans l'industrie du bois d'oeuvre. est le coeur de l'industrie canadienne du bois d'oeuvre. Cette circonscription est située dans le sud de la Colombie-Britannique et les producteurs qui s'y trouvent exportent généralement entre 70 p. 100 et 80 p. 100 de leur bois aux États-Unis.
Kelowna se trouve dans la zone d'exploitation forestière d'Okanagan qui a une possibilité annuelle de coupe de presque 3 millions de mètres cubes. Cela représente 6,9 p. 100 de la possibilité annuelle de coupe totale de la Colombie-Britannique.
J'aimerais également féliciter Tolko Industries qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire d'activités. Cette entreprise produit annuellement 144 millions de pieds-planches de bois. La société Gorman Bros. Lumber est située de l'autre côté du lac, à Westbank, et a une possibilité annuelle de coupe de 96 million de pieds-planches. On trouve également une scierie dans la circonscription, celle de l'Oyama Forest Products qui a une capacité annuelle estimée de 4,8 millions de pieds-planches.
Ces chiffres remontent à 2001, mais ils illustrent quand même que nous sommes capables de produire plus de 249 millions de pieds planche localement. Le Canada exporte 21,5 milliards de pieds planche par année aux États-Unis. La région de Kelowna—Lake Country produit donc presque 1 p. 100 du bois d'oeuvre canadien destiné à l'exportation. De plus, ces chiffres ne tiennent même pas compte de la fabrique de placage et de contreplaqué Tolko, qui a une capacité annuelle d'environ 280 millions de pieds carrés.
Par conséquent, je peux dire en toute confiance que l'accord aura une incidence positive sur mes électeurs.
Depuis le début du conflit sur le bois d'oeuvre, le Canada travaille étroitement avec les provinces et les intervenants de l'industrie pour négocier un accord commercial bilatéral stable et durable avec les États-Unis grâce auquel les exportateurs de bois d'oeuvre canadiens et l'industrie pourront réaliser des profits et prospérer. L'accord apportera à l'industrie la stabilité et la certitude qu'elle recherche. Aux termes de cet accord, nous récupérerons la majeure partie — au-delà de 80 p. 100, comme je l'ai déjà dit — des droits perçus sur le bois d'oeuvre.
L'accord maximise les avantages pour l'industrie canadienne et les travailleurs et les collectivités qui en dépendent. Tout revient à eux: les habitants des circonscriptions du pays entier. Les 308 députés ici présents représentent les travailleurs, leurs familles et l'industrie.
L'accord sera en vigueur pendant sept ans et il y aura la possibilité de le renouveler pour deux ans de plus. Le texte précise les produits du bois d'oeuvre qui seront assujettis à des mesures à l'exportation.
L'accord prévoit la suppression complète de tous les droits antidumping et compensateurs américains et le recouvrement de plus de 4 milliards de dollars en droits perçus par les États-Unis depuis 2002 grâce à un mécanisme de dépôt qui veillera à ce que les entreprises reçoivent l'argent le plus rapidement possible. Une fois de plus, notre nouveau gouvernement a trouvé le moyen de récupérer cet argent et de le rendre à l'industrie le plus tôt possible.
L'accord permet aussi aux provinces de continuer à gérer leurs propres services forestiers et de choisir les mesures frontalières les mieux adaptées à leur situation économique et commerciale. Le mot à retenir est « choisir ». L'accord prévoit aussi un train d'initiatives en vue d'améliorer la coopération binationale et de créer une industrie du bois d'oeuvre nord-américaine.
L'accord sur le bois d'oeuvre est bon pour le Canada et pour l'industrie du bois d'oeuvre. L'accord supprime les droits américains, rend plus de 4,3 milliards de dollars aux producteurs, fournit la stabilité à l'industrie et met fin au différend de longue date entre le Canada et les États-Unis, différend qui a donné lieu à des litiges très coûteux. Le remboursement de plus de 4 milliards de dollars américains représente une importante infusion de capital pour l'industrie, ce qui bénéficiera aux travailleurs et aux collectivités.
Le Canada et les États-unis peuvent maintenant tourner la page et nous pouvons nous employer pleinement à bâtir une Amérique du Nord plus forte et plus concurrentielle. C'est la clé. Nous pouvons désormais aller de l'avant. Nous pouvons tourner la page et cesser de discuter des tâtonnements qui ont caractérisé ce dossier au cours des 13 dernières années, particulièrement les cinq dernières.
Je suis d'accord avec M. Al Thorlakson, PDG de la société Tolko, qui a dit ceci:
Cet accord est loin d'être parfait, mais il faut prendre en compte les réalités de l'industrie et du marché américains.
C'est un homme réaliste. Nous vivons dans un monde réel. Nous ne vivons pas dans un monde parfait et nous devons faire des compromis. Je pense à Preston Manning, qui a été député pendant plusieurs années, à l'opinion qu'il avait des Canadiens et à sa façon de négocier des ententes. Il a dit ceci: « Pourquoi le Canadien a-t-il traversé la route? La réponse, évidente: pour se rendre au milieu. »
Selon moi, cet accord est un compromis formidable pour les Canadiens en particulier et pour les Nord-Américains en général. Nous pouvons désormais collaborer harmonieusement.
Grâce à la qualité et à l'abondance de nos ressources forestières et grâce à l'ingéniosité, à l'efficacité et à la détermination des travailleurs dans nos entreprises, les sociétés canadiennes peuvent concurrencer et surpasser les producteurs américains. La crise des cinq dernières années a contraint nos entreprises du secteur du bois d'oeuvre de pratiquer une gestion plus austère et de gagner en efficience. Je suis convaincu que la mise en oeuvre imminente de cet accord sera garante d'une prospérité nouvelle pour l'industrie forestière canadienne.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je prends la parole au sujet du projet de loi , un projet de loi qui a été décrit de diverses façons et, plus particulièrement, comme le meilleur accord dans les circonstances.
Ce n’est certainement pas le meilleur accord dans les circonstances pour les deux parties, mais on pourrait faire valoir qu’en réalité, c’est le meilleur accord, quelles que soient les circonstances, pour les États-Unis. Ce n’est pas le meilleur accord pour l’industrie canadienne et on peut, à juste titre, parler d’une capitulation de la part du gouvernement devant les forces à l’oeuvre au sein de l’industrie des États-Unis et du gouvernement américain.
Ce qui ne fait aucun doute c’est que les États-Unis ont imposé injustement des droits de plus de 5 milliards de dollars et que le règlement qui a été négocié restituera aux producteurs canadiens, qui n’ont rien à se reprocher, seulement 80 ¢ pour chaque dollar, soit 4 milliards de dollars.
Si nous avions négocié avec un pays pauvre, un remboursement de 80 ¢ au dollar pourrait être jugé avantageux et considéré comme le meilleur accord dans les circonstances. Néanmoins, même si le président Bush accumule des déficits annuels de 500 milliards de dollars en accordant des baisses d’impôt aux plus riches et à cause de sa guerre inconsidérée en Irak, ce qui porte la dette des États-Unis à plusieurs billions de dollars, à ma connaissance, les États-Unis ne sont pas un pays pauvre et déshérité. Autrement dit, ils ont les moyens de rembourser chaque dollar qu’ils doivent alors que cette entente leur permet d’échapper à leurs obligations et de rembourser seulement 4 milliards sur les 5,2 milliards de dollars et plus qu’il nous doivent.
Il n’est pas logique de qualifier ce remboursement partiel aux Canadiens de « meilleur accord dans les circonstances ». Sur la somme de 1,2 milliard de dollars que les Américains garderont, à tort selon moi, 500 millions de dollars resteront entre les mains de l’industrie du bois d’oeuvre des États-Unis et 500 autres millions entre les mains du gouvernement américain.
Malheureusement, notre gouvernement a jugé bon d’abandonner ou de renoncer à toutes les victoires juridiques que nous avons remportées conformément aux règles du commerce international. En fait, nous avons fait cadeau de 1,2 milliard de dollars aux États-Unis en échange d’au plus 18 mois de paix relative ou d’harmonie relative dans l’industrie.
Nous devrions certainement nous inquiéter au sujet des autres industries, du secteur de la fabrication ou des autres secteurs qui chercheront à obtenir un recours dans le cadre de l’ALENA. Il est probable que d’autres secteurs de l’industrie américaine chercheront des solutions politiques pour contourner les règles pourtant claires du libre-échange. Les Américains nous ont forcé la main pour que nous acceptions ce règlement, mais à un moment donné, il faut savoir tenir tête aux fier-à-bras sans quoi ils recommenceront.
La position juridique du Canada était très solide. Elle était appuyée ou confirmée par de nombreuses décisions de tribunaux internationaux de droit commercial, ainsi que de tribunaux nationaux, tant au Canada qu'aux États-Unis. Il est vraiment regrettable que le gouvernement ait imposé un ultimatum à l'industrie canadienne. Il lui a dit qu'elle devait accepter l'entente, malgré ses lacunes. Si elle refusait, le gouvernement l'abandonnerait à elle-même. Je veux bien entendu parler des garanties de prêt qui avaient été instaurées avant les dernières élections et qui ont été supprimées. Le gouvernement a aussi menacé d'abandonner l'industrie au cas où elle déciderait de défendre ses droits légaux plutôt que d'accepter l'entente.
Cette entente est bancale à différents égards. Elle laisse notamment tomber notre position traditionnelle, nous qui clamions toujours que notre industrie du bois d'oeuvre n'était pas subventionnée. De plus, elle crée une taxe à l'exportation qui est en fait plus élevée que les droits américains. C'est donc dire que le gouvernement a l'intention d'imposer des droits substantiels et écrasants sur l'exportation du bois d'oeuvre, qui ajouteront des milliards de dollars aux recettes encaissées par le gouvernement au cours des prochaines années, mais qui auront un effet punitif pour nos producteurs.
Le Parti libéral est résolu à aider l'industrie du bois d'oeuvre. En toute priorité, nous voulons aider l'industrie à court et à long terme, sans subir de pressions, sans capituler face au gouvernement des États-Unis ou à l'industrie américaine.
Nous proposons un programme d'aide supplémentaire qui permettrait, premièrement, de verser 200 millions de dollars sur deux ans afin de rehausser la position concurrentielle des industries forestières, d'améliorer leur rendement environnemental et de tirer parti de la bio-économie en croissance, deuxièmement, de verser 40 millions de dollars sur deux ans pour améliorer le rendement général du système national novateur des forêts et, troisièmement, de verser 100 millions de dollars sur deux ans pour appuyer la diversification de l'économie et le renforcement des capacités dans les collectivités touchées par les pertes d'emplois dans l'industrie forestière.