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Monsieur le Président, je propose que le second rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, présenté le jeudi 22 juin, soit adopté.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis ravi d'appuyer le second rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, qui contient la recommandation suivante:
Que le gouvernement demande par plébiscite à tous les électeurs admissibles aux élections de la Commission canadienne du blé, par une question claire et directe, s’ils appuient ou rejettent la fonction de guichet unique de vente de la Commission, avant de prendre toute mesure légale ou réglementaire visant la Commission telle que constituée actuellement par la Loi sur la Commission canadienne du blé.
Nous proposons cette motion aujourd'hui à cause des tactiques qu'utilise le gouvernement conservateur. Dans le contexte de la démocratie canadienne, il est honteux de recourir à de telles tactiques.
Les vraies questions concernant la Commission canadienne du blé et le gouvernement conservateur sont les suivantes: Qu'est-ce que les conservateurs ne feront pas pour supprimer la fonction de guichet unique de vente de la Commission canadienne du blé? Qu'est-ce que le gouvernement conservateur ne fera pas pour enlever aux producteurs primaires leur pouvoir et pour le donner au marché international du grain? Que ne fera-t-il pas pour anéantir une institution de commercialisation qui s'est taillé une réputation internationale quant à la façon dont elle maximise les profits pour les producteurs primaires? Qu'est-ce que le gouvernement conservateur ne fera pas pour servir les intérêts de ses amis américains de l'industrie du grain qui ont contesté 11 fois l'existence de la Commission canadienne du blé et qui, à chaque fois, ont perdu devant les instances du droit commercial international?
D'après les décisions qu'il a prises à ce jour, il semble que le gouvernement est disposé à recourir à n'importe quel moyen, même à flirter avec l'illégalité, pour miner la Commission canadienne du blé.
Aux termes de la loi, les producteurs devraient être maîtres de leur avenir en ce qui a trait à la commercialisation. J'ai été choqué et surpris d'entendre les propos du aujourd'hui à la période des questions. Le premier ministre a fait preuve d'une arrogance absolue il y a à peine 30 minutes dans ses déclarations à la Chambre. Il a essentiellement dit aux agriculteurs qu'il déciderait ce qui est le mieux pour eux.
Qu'importe la loi, c'est lui qui décidera ce qui convient le mieux pour les producteurs primaires. Ces derniers ont pourtant, aux termes de la Loi sur la Commission canadienne du blé, le droit de déterminer l'avenir de la Commission du blé. Le gouvernement montre ses vraies couleurs avec ses déclarations, et ses actions sont pires encore.
Plus tôt dans ce débat, nous avons entendu parler d'une rencontre secrète en Saskatchewan, qui est devenue de notoriété publique, et tous les invités étaient contre la Commission du blé. En fin de compte, après que la Saskatchewan et le Manitoba ont eu piqué une crise, ils ont pu assister comme observateurs. Imaginez, cela se produit au Canada.
Quatre gouvernements provinciaux sont dûment élus pour représenter leurs citoyens à la Commission du blé et deux de ces provinces n'ont pas eu le droit de participer. Elles n'ont pas eu le droit de participer à des discussions qui concernent un organisme de commercialisation qui touche la vie de leurs électeurs. Autrement dit, des gouvernements dûment élus n'ont pas eu le droit de représenter leurs citoyens à cette réunion unilatérale.
Le a créé un groupe de travail qui ne compte que des opposants à la Commission canadienne du blé. Nous n'arrivons pas à trouver le programme de ce groupe. Nous n'arrivons pas à trouver qui ce groupe rencontre, mais nous avons reçu quelques petites enveloppes brunes. Ce groupe de travail tient des réunions secrètes avec ses invités et les participants ne parlent pas à ceux qui croient fermement dans la Commission du blé comme organisme unique de commercialisation.
Nous savons également qu'une campagne épistolaire bidon serait encouragée dans un courriel transmis par une agence de communication de la Saskatchewan, qui dit que cette campagne « jouit de l'appui du gouvernement, des députés et d'autres intervenants ». Nous savons que cette agence s'occupe également d'une campagne de propagande menée par les tenants de l'autre position. Cependant, le pire, c'est que le ministre lui-même a promulgué un décret qui vise la Commission canadienne du blé et qui constitue ni plus ni moins qu'un bâillon.
Ce qui se passe actuellement, c'est que le gouvernement a non seulement noyauté des groupes de travail et refusé à des gouvernements démocratiquement élus le droit de participer à des rencontres, mais qu'il prive aussi de toute liberté d'expression les membres du conseil d'administration de la Commission du blé, ceux-là mêmes qui ont le plus de compétences et d'expérience dans cette industrie. Ils sont en mesure d'expliquer aux producteurs primaires, autrement dit à ceux qui les ont élus à leurs fonctions, ce que les avantages et les inconvénients des diverses propositions relatives à la Commission canadienne du blé signifient vraiment pour les producteurs.
Il est incroyable qu'une chose pareille puisse se produire au Canada, dans une démocratie. Les personnes les plus expérimentées sont bâillonnées.
Le ministre dira qu'il ne s'agit pas vraiment d'un bâillon, mais voici ce que dit la Bibliothèque du Parlement au sujet de ce type de décret:
Il semble que plusieurs activités pourraient tomber sous le coup de ce décret. Par exemple, les publications électroniques et sur support papier, l'information figurant dans le site web de la Commission canadienne du blé et les séances d'information organisées par la CCB pourraient être interdites en vertu du décret lorsqu'elles préconisent le maintien des pouvoirs de monopole de la CCB et qu'elles engagent des dépenses. En outre, l'expression « la promotion du maintien de ses pouvoirs de monopole » peut elle-même faire l'objet d'une interprétation très stricte. Il est possible que les publications préparées selon la directive (qui engagent par le fait même des fonds), qui ne font pas nécessairement la promotion du maintien des pouvoirs de monopole de la CCB, mais qui parlent positivement de sa position de guichet unique de mise en marché, peuvent également enfreindre le décret.
Le texte de la Bibliothèque du Parlement dit également ceci:
De même, les publicités commanditées par la CCB qui contiennent de l'information sur les avantages du monopole de la CCB peuvent être considérées comme enfreignant la directive.
C’est une affaire très sérieuse. Je n’aurais jamais cru qu’un gouvernement du Canada priverait de leur liberté d’expression les producteurs primaires, des producteurs qui ont été élus à la Commission canadienne du blé et qui possèdent l’information et les connaissances voulues pour s’adresser à leurs collègues agriculteurs.
Il y a en outre de nombreux autres facteurs en cause.
Voyons quelles pertes financières il nous faudrait encaisser si nous perdions le pouvoir de commercialisation qu’offre la Commission canadienne du blé. Je vous cite en bref quelques chiffres fournis par la Commission elle-même sur la base d’études indépendantes.
Voici le sommaire des avantages et services qu’offre chaque année la Commission canadienne du blé en vertu de sa formule de commercialisation à guichet unique dans le cas du blé: avantages nets aux producteurs, 146 à 255 millions de dollars par an; valeur de la formule de commercialisation à guichet unique dans le cas de l’orge, 59 millions de dollars par an; valeur de la formule de commercialisation à guichet unique dans le cas du blé dur, 92 à 103 millions de dollars; soumissions et ententes relatives au transport ferroviaire et à la manutention au terminal, 38,1 millions de dollars par an; revenus nets d’intérêt, 66,2 millions de dollars par an; formule de gestion du système de livraison, lequel donne aux agriculteurs un pouvoir à cet égard, un avantage d’une valeur de 115 millions de dollars par an; mélange au terminal, 7 à 10 millions de dollars par an; et accès des agriculteurs aux wagons consignés aux producteurs, 6 millions de dollars par an.
La perte totale nette pour les producteurs primaires, s’ils perdaient l’avantage de la commercialisation à guichet unique — que le premier ministre fait tout pour leur enlever, allant jusqu’à utiliser des moyens quasi illégaux —, serait de 530 à 655 millions de dollars par an. Pourquoi le voudrait-il faire perdre ce pouvoir de commercialisation aux producteurs de grains de l’Ouest? Je n’y comprends vraiment rien.
Il va aller de l’avant. Le a essayé aujourd’hui à la Chambre d’user de tromperie, de semer la confusion à propos des vraies questions. Les conservateurs emploient l’expression « commercialisation mixte ». Il n’existe rien de tel. Nous avons soit un système de vente à guichet unique, soit un marché libre. Ne nous laissons pas berner. Si nous perdons le système de vente à guichet unique qu’offre la Commission canadienne du blé, nous nous retrouverons avec un marché libre où les multinationales du commerce des grains exerceront le contrôle. Elles prendront le contrôle et profiteront de ces avantages qui reviennent actuellement aux producteurs primaires.
Aux termes de la loi, le gouvernement du Canada, par l’entremise de la Commission canadienne du blé, est censé donner aux producteurs primaires voix au chapitre à propos du système de vente à guichet unique. C’est ce que le gouvernement devrait faire, même si, aux dépôts qui reçoivent les livraisons de grains, on essaie d’influencer les producteurs de diverses façons avec de fausses lettres, la manipulation de la presse, des décrets qui bâillonnent la Commission même, et ainsi de suite. Les producteurs méritent d’avoir le droit de décider de leur propre avenir en se prononçant sur le système de vente à guichet unique.
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Monsieur le Président, je me considère privilégiée de prendre la parole aujourd'hui concernant l'enjeu critique pour la Commission canadienne du blé dont nous parlons aujourd'hui, alors que nous sommes devant l'opposition formidable du gouvernement conservateur minoritaire au régime de commercialisation à guichet unique à l'avantage des producteurs de blé du Canada, un régime qui a d'ailleurs largement fait ses preuves. Nous sommes devant une situation où les dirigeants du pays cherchent à miner les intérêts de la population et à miner la démocratie.
On ne tient pas du tout compte des opinions des agriculteurs et on réduit au silence par décret la Commission canadienne du blé. C'est tout à fait révoltant. Pourtant, cette façon d'agir remonte aux tout premiers jours de ce gouvernement minoritaire, qui s'est empressé de rejeter l'accord de Kelowna. Dans ce cas également, il n'a pas du tout tenu compte des opinions des peuples autochtones du Canada. Le gouvernement a pris alors une décision qu'il n'aurait pas pu prendre sans que le premier ministre ou le n'ordonne de revenir sur un engagement de 5 milliards de dollars. L'accord de Kelowna ne résultait pas d'un effort partisan et le gouvernement conservateur a refusé de défendre l'honneur de la Couronne.
Tout en sachant très bien qu'il va ainsi réduire à néant la Commission canadienne du blé, ce même gouvernement conservateur prévoit rendre facultative la participation comme membre, ce qui entraînera la destruction du plus important vendeur unique de blé et d'orge au monde. Le groupe de travail du gouvernement n'est formé que de personnes qui appuient sa mission. Il est prévu de façon explicite dans la Loi sur la Commission canadienne du blé que les agriculteurs membres ont droit à la tenue d'un plébiscite concernant tout changement au mandat de la Commission.
Les tactiques du gouvernement conservateur sur cette question m'ont ébranlée, tout comme elles ont ébranlé tous les gens de ma circonscription. C'est d'éthique dont il est question ici. Nous sommes dans une dynamique où les principes de transparence, de respect et de responsabilité n'ont pas leur place et où l'unique objectif, le seul aspect au sujet duquel les conservateurs ont évidemment fait preuve de transparence, consiste à éliminer un régime de commercialisation à guichet unique dont la réussite est saluée partout dans le monde.
Le démantèlement du système de commercialisation à guichet unique n'aura pas des répercussions négatives que sur les agriculteurs. Il aura de graves conséquences pour l'emploi de centaines de personnes à la Commission canadienne du blé et dans le secteur privé, à Winnipeg, au Manitoba, ce qui nuira fortement à toute la province.
En fait, les services liés à la Commission canadienne du blé vont jusqu'au Grand Nord et dans ma circonscription, et cette perte portera un très dur coup au port de Churchill, car environ 80 p. 100 de son trafic annuel dépend de la Commission canadienne du blé. C'est la viabilité même du port qui est en jeu.
Les villes septentrionales de Churchill et de Gillam, notamment, qui sont situées le long du chemin de fer de la baie d'Hudson, dépendent du transport du grain vers le port de Churchill. Le maire de Churchill, M. Mike Spence, affirme que c'est la question la plus pressante à laquelle sa collectivité a été confrontée depuis de nombreuses années, du fait des répercussions qu'elle pourrait avoir sur cette collectivité portuaire.
À Churchill seulement, une collectivité de 1 000 habitants, 100 emplois seront supprimés. Des collectivités situées le long de la voie ferrée subiront des répercussions négatives, car elles comptent sur l'économie découlant du transport local. Comme le ministre de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme du Manitoba, Eric Robinson, l'a dit de façon si succincte lorsqu'il a communiqué avec le ministre:
Cependant, je vous demande surtout de faire en sorte que la politique de votre gouvernement à l'égard de la Commission canadienne du blé ne soit pas un autre clou de plus dans le cercueil de plusieurs collectivités du Nord. Beaucoup de ces collectivités auraient pu facilement prospérer avec un appui fédéral minimum et une politique sensée.
La Commission canadienne du blé est le seul rempart qui se dresse entre les producteurs de blé canadiens et les immenses conglomérats sur le marché mondial du blé. En l'absence d'une Commission canadienne du blé forte dans l'économie internationale, les agriculteurs devraient se défendre seuls.
Une motion a été adoptée par la majorité des membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour demander au de s'engager à respecter les dispositions de la Loi sur la Commission canadienne du blé et pour demander qu'on consulte dans le cadre d'un vote les producteurs de grain de l'Ouest sur l'avenir de la commission.
J'exhorte le et tous les députés dans cette enceinte à voir la situation globale et les conséquences économiques que devront sans aucun doute subir les agriculteurs, les travailleurs et toutes les collectivités qui sont touchées.
La solution est claire. L'avenir de la Commission canadienne du blé ne devrait pas être tranché par le ou par le gouvernement conservateur, mais par les membres de la Commission canadienne du blé. Le moins que le gouvernement puisse faire, c'est donner aux agriculteurs la possibilité de prendre leur avenir en main, plutôt que nuire à leur capacité de réussir.
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Monsieur le Président, un peu plus tôt, on s'en est pris à la moralité du et je tiens à réagir puisque je ne crois pas que le député de soit bien placé pour s'en prendre à la moralité de qui que ce soit.
Permettez-moi d'expliquer brièvement à la Chambre les circonstances où nous nous trouvons aujourd'hui. Le député est parmi ceux de l'opposition qui ont tenu à ce que le Comité de l'agriculture tienne des audiences et des réunions supplémentaires. Cet après-midi, le Comité de la l'agriculture a tenu une audience supplémentaire. Tous les membres du comité étaient présents alors que ce député était ici pour présenter sa motion d'adoption. Permettez-moi donc de douter de l'intérêt qu'il porte aux agriculteurs. Ce qui l'intéresse, c'est bien plus de faire de la politique sur cette question que d'en traiter en toute honnêteté. Bon nombre des membres du Comité de l'agriculture en ont été consternés. Ils s'attendaient à ce qu'il traite la question avec sérieux, d'autant plus qu'il est le porte-parole de l'opposition officielle. Cependant, il ne semble pas exercer sa fonction avec sérieux et je suppose qu'il ne traitera pas du tout cette question avec sérieux.
J'aimerais aborder un certain nombre d'aspects. Cette question a suscité de l'hystérie et de l'exagération. Nous en avons eu des échos. La députée du NPD vient tout juste de dire que, d'après elle, le gouvernement conservateur de l'Alberta n'aurait pas dû dépenser pour faire valoir son point de vue et que le parti néo-démocrate fédéral semble être contre.
J'aimerais lui poser une question, ce que j'aurai peut-être l'occasion de faire plus tard. Cependant, le NPD va-t-il dénoncer les dépenses des gouvernements néo-démocrates de la Saskatchewan et du Manitoba à cet égard? Le gouvernement du NPD s'est clairement rangé d'un côté. Il appuie et il aide à structurer des organisations qui vont ensuite intervenir dans le débat. J'aimerais bien voir un peu plus tard ce qu'elle aura à dire sur cette question.
Il y a un autre aspect que nous devons traiter aujourd'hui. Elle a parlé d'un climat de secret excessif et d'une surveillance insuffisante. Je ne sais pas au juste de quoi elle voulait parler, mais ce sont certainement des commentaires qui s'appliquent à ce que fait la Commission canadienne du blé depuis un certain nombre d'années. Les producteurs de l'Ouest du Canada n'ont pas eu accès à l'information concernant la Commission canadienne du blé. Par exemple, il ne leur est plus possible de déterminer d'après les rapports annuels de la Commission quels sont les montants consacrés aux communications, à la publicité et aux activités du genre.
Étant donné la situation, avec l'aide du NPD, nous avons proposé un amendement à la Loi sur la responsabilité qui aiderait les gens à avoir accès à ce genre d'information concernant la Commission canadienne du blé. Nous avons à coeur de rendre les choses transparentes et de permettre une plus grande surveillance de l'organisation, à l'avenir.
Au cours des derniers jours, on a soulevé la question de la liste des électeurs. Il faut que j'en parle et que je règle la question. Hier, le chef du NPD a pris la parole pour faire des accusations à l'emporte-pièce à propos de la liste des électeurs mise au point en prévision de l'élection des administrateurs à l'automne. C'est malheureux, mais on voyait bien qu'il ne comprenait pas de quoi il parlait. Espérons que nous pourrons l'éclairer, ainsi que le public, avec ces quelques éléments d'information. Ainsi, la question de l'élection des administrateurs et de la liste des électeurs de la commission sera mieux comprise.
Au cours des dernières années, des élections se sont tenues régulièrement pour déterminer la composition du conseil d'administration de la commission. La liste des électeurs a toujours été une grave préoccupation, parce que tous ceux qui manifestent de l'intérêt pour le grain obtiennent un carnet de livraison. Beaucoup de ces carnets ne sont même pas utilisés. Les gens ne s'en servent pas. Certains peuvent avoir des terres, mais vivre en ville. Ils peuvent n'avoir aucun lien avec l'exploitation de la ferme, mais avoir quand même un carnet de livraison.
Jusqu'à maintenant, les bulletins de vote étaient envoyés par la poste à tout le monde. Des personnes décédées en ont même reçu. Il n'y avait pas moyen de savoir si les gens faisaient ou non de l'agriculture, s'ils étaient à la retraite ou s'ils vivaient à l'étranger. Le ministre a décidé d'envoyer des bulletins aux agriculteurs qui ont utilisé leur carnet de livraison au cours des deux dernières années. De cette façon, le gouvernement peut savoir que ces agriculteurs ont réellement fait des livraisons et sont effectivement des agriculteurs. Rien n'empêche les autres personnes intéressées au grain de voter. Il leur suffit de faire une déclaration solennelle disant que la question du grain les intéresse et qu'elles aimeraient voter, et un bulletin de vote leur sera envoyé. Nous voulions que la situation soit bien claire, parce que de l'information trompeuse était disséminée par le NPD, en particulier, mais les libéraux semblaient aussi faire leur part de cancans.
Je veux aussi préciser un point à l'intention de la députée de , qui a admis que l'agriculture n'était pas un domaine qui lui était familier. Elle a dit que la Commission canadienne du blé est un rempart qui se dresse entre les agriculteurs et les conglomérats. Selon nous, la commission empêche les agriculteurs d'avoir accès aux possibilités qui s'offrent. Nous avons examiné la question.
La semaine dernière, le Comité de l'agriculture a appris que le système de classement actuel, qui consiste à classer les différents types de grain à vue d'oeil, coûte environ 200 millions de dollars par année aux agriculteurs. C'est en grande partie à cause de la Commission du blé qu'on utilise toujours ce système. Cette dernière a déclaré qu'elle ne pourra pas s'en défaire avant au moins dix ans. Tous les autres pays du monde utilisent un système de déclaration selon lequel les agriculteurs déclarent le genre de grains qu'ils ont et leurs déclarations sont ensuite vérifiées pour voir si elles sont justes. Mais au Canada, nous avons un système qui coûte environ 200 millions de dollars par année.
Nous savons aussi qu'il y a des coûts de transport parce que tous les wagons ne sont pas entièrement soumis à des appels d'offre. Le George Morris Centre a réalisé des études selon lesquelles on pourrait créer de 8 000 à 15 000 emplois supplémentaires dans l'Ouest du Canada si on pouvait profiter des occasions commerciales à valeur ajoutée qui se présenteraient si on pouvait commercialiser notre propre grain. Les agriculteurs de l'Ouest du Canada auront d'énormes occasions d'affaires quand nous irons de l'avant dans ce dossier et leur accorderons un choix en matière de commercialisation.
J'ai remarqué que le député d'en face ne voulait pas vraiment parler de sa motion d'adoption, et je soupçonne que c'est parce que c'est un véritable désastre. Demain, nous demanderons aux députés de s'y opposer. Nous avons essayé d'expliquer au Comité de l'agriculture l'incidence de cette motion. Les députés de l'opposition ne s'intéressent pas vraiment au sort des agriculteurs. Ils s'intéressent plutôt à leurs propres manoeuvres politiques, c'est pourquoi ils sont allés de l'avant avec cette motion.
J'aimerais parler de ce qui se passera si la motion est adoptée et le député de arrive à ses fins. Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire a fait les recommandations suivantes:
Que, le gouvernement demande par plébiscite à tous les électeurs admissibles aux élections de la Commission canadienne du blé, par une question claire et directe, s’ils appuient ou rejettent la fonction de guichet unique de vente de la Commission, avant de prendre toute mesure légale ou réglementaire visant la Commission telle que constituée actuellement par la Loi sur la Commission canadienne du blé.
Voilà une demande bien longue que, je suis certain, presque personne n'a comprise. Je pense que le député de Malpeque a opté pour cette formulation pour tenter d'embrouiller les gens et la question. Il ne le sait probablement pas, mais la commission elle-même n'a pas de mandat législatif. Il suffit d'examiner la loi pour constater que la commission n'a pas de mandat législatif. Certains ont tenté de dire que différents articles concernant la commission lui confèrent un mandat, mais l'article 5, qui porte sur la mission de la commission, est le seul qui parle implicitement de mandat. Il y est dit que la commission a pour mission d’organiser, dans le cadre du marché interprovincial et de l’exportation, la commercialisation du grain cultivé au Canada. Nulle part dans la Loi sur la Commission canadienne du blé il n'est question d'une fonction de guichet unique ou d'un mandat.
On constate d’emblée que la motion du député n’a pas de sens, ce qui n’étonnera peut-être pas certains d’entre nous. La conséquence, c’est que soit la recommandation n’a aucune incidence en ce qui touche la commission, soit elle en a une sur tout. Comme nous présumons qu’il ne veut pas qu’elle n’ait aucune incidence, il veut probablement qu’elle en ait une sur toutes les activités dans lesquelles la commission est impliquée.
Permettez-moi de vous expliquer quelles en sont les conséquences. Cela signifierait la fin de la liberté du gouvernement ou de la commission de faire un certain nombre de choses, par exemple de fixer les prix initiaux des grains. Les agriculteurs n’auraient pas le droit de fixer ces prix. Naturellement, il ne leur serait pas davantage permis de les rajuster.
Actuellement, les prix des grains sont à leur niveau le plus élevé en dix ans, et nos agriculteurs nous disent que, plus que jamais, ils veulent avoir la possibilité de commercialiser eux-mêmes leurs grains pour pouvoir profiter des conditions favorables du marché. Le marché est en forte hausse, et, à l’heure actuelle, ils ont des possibilités comme ils n’en ont pas eues depuis une décennie. Que se passe-t-il? Les libéraux et les néo-démocrates, avec l’aide des bloquistes, veulent empêcher les agriculteurs de l’Ouest d’avoir librement accès au marché au moment où celui-ci est à son sommet.
Comme d’habitude, ils agissent à l’encontre des intérêts des agriculteurs. Ils veulent qu’ils restent pauvres. Ils veulent les garder confinés à leur ferme et incapables de voler de leurs propres ailes pour qu’ils continuent de dépendre d’eux. Mes agriculteurs me disent que ce n’est pas ce qu’ils veulent. Ils veulent faire des affaires. Ils veulent progresser et commercialiser eux-mêmes leurs grains.
La motion aurait également pour effet de nous empêcher de verser un paiement final aux agriculteurs. Je présume que tout le monde ici comprend que la commission établit le montant du paiement initial de concert avec le gouvernement et ensuite, à mesure que la campagne avance, si le prix monte, on rajuste le montant des paiements, de sorte qu’à la fin de la campagne, les agriculteurs encaissent l’argent supplémentaire qui se trouve dans la caisse commune. Le député de Malpeque voudrait mettre fin à ce système. Nous croyons que ça n’a absolument aucun sens.
Un autre effet qu’aurait la motion, c’est qu’elle limiterait le pouvoir d’emprunt de la commission. Elle mettrait fin au financement par des prêts et ferait perdre à la commission sa capacité de garantir les paiements.
Une voix: D’accorder des avances de fonds.
M. David Anderson: Absolument, des avances de fonds. Le député a tout à fait raison. La commission perdrait ainsi sa capacité d’offrir ou d’administrer des avances de fonds. Je crois que le député de Malpeque n’avait probablement pas saisi cela quand il a rédigé sa motion, mais c’est certes l’effet qu’elle aurait. En fait, mon collègue soulève un très bon point. Une des raisons qui font qu’il ne comprend probablement pas que sa motion aurait cet effet, c’est qu’il ne vit pas près d’une région où la commission exerce sa compétence.
Les agriculteurs de l'Ouest m'ont dit à maintes reprises qu'ils peuvent prendre leurs propres décisions. Ils n'ont pas besoin que des gens de l'extérieur viennent leur dire ce qui est bon pour eux. Le député de leur dit depuis des années ce qui est bon pour eux, et les agriculteurs de l'Ouest commencent à en avoir assez.
Une des choses que toucherait la motion est la capacité de gérer les avances en espèces. Sans cette capacité, nos agriculteurs n'ont rien. Nous venons tout juste d'améliorer le programme d'avances en espèces. Nous mettons actuellement la dernière main à la réglementation pour permettre aux agriculteurs d'emprunter sans intérêt jusqu'à concurrence de 100 000 $, puis d'emprunter jusqu'à 400 000 $ en donnant leurs stocks en garantie. Nous ne voulons pas intervenir là-dedans, et nous nous demandons pourquoi le député de le ferait.
La motion influerait aussi sur la capacité de gérer le fonds de prévoyance, qui est si important pour les activités de la commission. Elle influe sur sa capacité d'établir et de gérer ses fonds distincts. Je suis convaincu que la commission ne veut pas que cela soit frappé de restrictions. Cela restreint la capacité d'accorder de meilleurs avantages aux employés. Je ne pense pas que le député de en ait tenu compte quand il a présenté cela.
La motion influe aussi sur la capacité de modifier le processus électoral et même de l'améliorer si la commission le demande. La commission est en fait d'accord avec nous sur l'idée que les carnets de livraison qui étaient inactifs soient rayés de la liste postale active. La commission était d'accord avec nous là-dessus malgré ce que disaient le NPD et les libéraux. Si on voulait les utiliser aux fins d'une modification du processus électoral, cette motion présentée par le député de nous empêcherait de le faire.
Elle empêcherait aussi le gouvernement de nommer les administrateurs ou le président. Je ne doute pas que le député ne voulait pas intervenir de cette façon non plus. La motion nuirait à la capacité de la commission d'investir dans des projets de l'extérieur et, naturellement, elle participe à des projets dans des universités et des centres de recherche et à des partenariats dans le monde entier. La motion nuirait en outre à la capacité de réaliser la dernière vérification annuelle de la commission.
La motion va même plus loin. Elle porte atteinte à la capacité de changer les règlements qui touchent aux activités de la commission. Cela rendrait le fonctionnement de la commission impossible, car il y a eu 525 décrets portant sur les questions dont je viens de parler au cours des 14 dernières années. Il y a régulièrement des décrets concernant la commission. Le député de souhaite apparemment mettre un frein à tout cela en attendant un plébiscite.
Je ne crois pas que le député comprenait vraiment ce qu'il faisait en rédigeant cette motion. Par contre, je suis convaincu qu'il ne changera pas d'avis au sujet de l'appui de son parti. Cette motion paralyserait la commission et la plongerait dans le chaos. La motion du député aura 100 conséquences inattendues en raison de sa formulation boiteuse. J'espère qu'il prendra un peu plus son temps la prochaine fois et qu'il prendra la peine de parler à ceux qui savent comment fonctionne la commission. Il y a des gens, y compris certains de mes collègues, qui ont travaillé des années à ce dossier. Ces gens peuvent guider le député de et l'aider à mieux comprendre la raison d'être de la commission.
J'aimerais prendre une minute pour parler d'une des autres options ou possibilités que nous avons offertes aux agriculteurs de l'Ouest canadien. Le député de a dit qu'il défendait les agriculteurs depuis des années et qu'il avait rédigé un rapport l'an dernier affirmant, dit-il, que les agriculteurs devaient avoir davantage de possibilités et un meilleur accès aux capitaux, et que leurs capacités et leur pouvoir sur le marché devaient être accrus.
Mon collègue, le député de , a présenté le projet de loi . Ce n'est pas un énorme projet de loi, mais c'en est un bon. Selon le projet de loi C-300, les producteurs des Prairies pourraient commercialiser directement leur blé et leur orge auprès des entreprises de transformation qui sont la propriété de producteurs des Prairies. Cela semble assez simple, n'est-ce pas? Les producteurs des Prairies pourraient vendre eux-mêmes leurs céréales aux entreprises de transformation qui appartiennent à leurs amis et voisins.
Voilà enfin une lueur d'espoir pour les agriculteurs. Cette mesure ouvrira de nouveaux horizons qui, bien sûr, n'existaient pas auparavant. Swift Current est une localité située au centre de ma circonscription où, il y a quelques années, on a voulu construire une usine de pâtes alimentaires. Les promoteurs jouissaient du soutien de la région et ils avaient planifié un projet d'envergure. Tout cela était très prometteur et nous nous croyions capables de concurrencer n'importe quel pays du monde. Nous trouvions insensé d'envoyer nos céréales à l'étranger pour qu'un autre pays les transforme en pâtes alimentaires et retire les profits. Nous avions décidé de garder nos céréales et de les transformer en pâtes alimentaires à Swift Current, en Saskatchewan, pour ensuite les vendre à l'étranger. Comme nous cultivons le meilleur blé dur dans le monde, nous voulions voir ce que nous pourrions faire avec des pâtes alimentaires.
Le projet n'a jamais démarré. La principale raison, c'est que la Commission canadienne du blé refusait de laisser les producteurs livrer leurs céréales à cette usine de transformation sans les obliger à racheter leurs céréales au préalable. Les producteurs doivent vendre leurs céréales à la commission pour ensuite les racheter à un prix plus élevé. C'est seulement après cette étape qu'ils peuvent essayer de les vendre à une usine de pâtes alimentaires.
Une voix: En plus du transport et de l'entreposage.
M. David Anderson: En plus du transport et de l'entreposage, exactement. Cela n'avait simplement aucun sens. Dans de telles circonstances, l'idée n'était pas rentable. Ce projet stagne depuis des années en attendant un débouché. J'ai discuté avec des personnes de ma circonscription et elles souhaitent toujours voir ce projet démarrer. Le projet de loi favorisera la création de débouchés pour les producteurs de l'Ouest canadien.
Ce qui m'a surpris, c'est que les députés de l'opposition ont décidé de s'opposer à cette mesure. L'opposition est menée par le porte-parole en matière d'agriculture qui affirme que les agriculteurs doivent être en position de force sur le marché. Pourtant, lorsque nous avons présenté un projet de loi qui les plaçait justement dans cette position et qui n'aurait pas modifié le système de commercialisation, il s'y est opposé. Ses collègues se sont élevés contre cette mesure, car ils connaissent mal leur dossier et ils se fient sur lui.
On pourrait penser que le NPD serait favorable à une proposition comme celle-ci puisse qu'il s'agit de petits projets communautaires dans le cadre desquels les gens peuvent se réunir et collaborer avec leurs voisins pour établir une installation de transformation de leur grain. On pourrait penser que le NPD se précipiterait sur cette occasion, mais il a plutôt décidé que l'idéologie était plus importante que le sort des agriculteurs. Pour certains d'entre nous, ce n'est plus une surprise.
Nous le voyons dans le débat qui a lieu à l'heure actuelle. Nous voulons simplement offrir aux agriculteurs de l'Ouest le choix de mener comme bon leur semble leurs propres affaires. Permettez-moi, en tant que producteur de l'Ouest, de décider moi-même quand et comment j'entends vendre mon grain. Je vais examiner le prix du grain, conclure ce que je crois être une bonne entente et vendre mon grain.
Les députés de l'opposition ne veulent pas que cela se produise. Ils veulent que je me rende à la Commission canadienne du blé pour lui vendre mes produits. Je dois ensuite les racheter et trouver moi-même un acheteur.
Quelqu'un m'a appelé hier soir et m'a dit qu'il a réussi à vendre de l'orge biologique aux États-Unis. Il a conclu lui-même la vente. Il s'est adressé à la commission pour racheter ses produits et la commission lui a dit qu'il pourrait le faire s'il voulait payer 122 $ la tonne, ce qui est incroyable. Cela représente près de 3 $ le boisseau de plus juste pour acheter son propre grain. Son grain est dans un silo. Il a vendu aux États-Unis son grain biologique que la commission ne commercialise pas. Pourtant, la commission lui dit qu'il doit lui verser plus de 3 $ le boisseau juste pour récupérer son propre grain. C'est une histoire vraie.
Il est intéressant de voir que le député de ne me croit pas lorsque j'affirme cela. Il ne comprend pas le fonctionnement du système. C'est vraiment regrettable. C'est lui, de l'autre côté, qui est chargé d'expliquer à ses collègues les décisions et politiques agricoles de l'opposition. Il ne comprend pas les problèmes que les agriculteurs éprouvent.
Le député de se demande pourquoi les gens se mettent en colère. Il n'a aucune idée de ce qui se passe dans l'Ouest du Canada. Il ne semble pas s'en préoccuper. Il a adopté une position idéologique irréductible. Pendant ce temps toutefois, les agriculteurs sont sans le sou.
Les libéraux ont toujours agi de cette façon envers les agriculteurs. Je crois qu'ils ne devraient pas intervenir à la Chambre pour tenter de faire croire qu'ils protègent les agriculteurs dans le dossier de la Commission canadienne du blé. Que s'est-il passé il y a quelques années, lorsque des producteurs de céréales ont demandé qu'on leur donne un choix, qu'on les laisse vendre autrement leur blé? Les libéraux ont-ils demandé une consultation à cet égard? Pas du tout. Ils les ont jetés en prison.
Des gens ont été envoyés en prison et soumis à des fouilles à corps pendant des semaines. Tout cela est la faute du député de et des membres du caucus libéral de l'époque qui ont décidé que c'était ainsi que les agriculteurs de l'Ouest devaient être traités.
Les agriculteurs de l'Ouest en ont assez. Ils veulent être traités de la même façon que les agriculteurs du reste du Canada. Ils veulent pouvoir commercialiser eux-mêmes leurs céréales. Ils n'ont pas peur des occasions qui leur sont offertes.
Lorsque je dis aux agriculteurs que selon le George Morris Centre, entre 8 000 et 15 000 emplois pourraient être créés dans l'Ouest du Canada si nous avions accès à ces possibilités de valorisation des produits agricoles, ils me répondent « Ça m'intéresse. Donnez-moi la chance de faire ce genre de choses. »
Le gouvernement continuera d'aller de l'avant. Nous voulons offrir des choix aux agriculteurs de l'Ouest, ces mêmes choix qui sont déjà offerts aux autres agriculteurs du pays. Nous voulons leur donner accès aux choix qui sont offerts à d'autres agriculteurs. Les agriculteurs appuient de tout coeur ce que nous faisons ici. Il est malheureux que certains des groupes d'intérêts spéciaux financés par les gouvernements néo-démocrates et par les caucus libéraux empêchent les agriculteurs de l'Ouest du Canada de saisir cette chance.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de participer à cet important débat, ce soir. Le député de a fait un excellent travail en comité en nous présentant les tenants et aboutissants de ce dossier. C'est d'ailleurs pourquoi nous avons appuyé le deuxième rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. J'aimerais le lire en français.
Quand on parle de référendum, de libre choix, il me semble que c'est là une question très importante au regard de la démocratie. Il est justement important de permettre aux producteurs de l'Ouest de pouvoir faire ce libre choix, et la meilleure façon de le faire, c'est évidemment en participant à un référendum. Ainsi, on pourra voir ce qu'ils veulent et désirent vraiment au sujet de l'avenir de la Commission canadienne du blé.
Voici donc la recommandation du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire:
Que, le gouvernement demande par plébiscite à tous les électeurs admissibles aux élections de la Commission canadienne du blé, par une question claire et directe, s’ils appuient ou rejettent la fonction de guichet unique de vente de la Commission, avant de prendre toute mesure légale ou réglementaire visant la Commission telle que constituée actuellement par la Loi sur la Commission canadienne du blé.
Voilà sur quoi porte le débat d'aujourd'hui. J'estime qu'il est très important que l'on puisse donner ce choix aux producteurs intéressés. Vous savez que la Commission canadienne du blé est l'un des deux très importants outils de mise en marché collective au Canada, l'autre étant la gestion de l'offre dont je pourrais parler évidemment un peu plus longuement.
Actuellement, non seulement nous subissons des attaques concernant la Commission canadienne du blé et la gestion de l'offre de la part des pays membres de l'OMC — surtout les États-Unis et l'Union européenne —, mais maintenant cela vient de notre propre gouvernement, le gouvernement canadien. En effet, il fait des attaques incessantes depuis cette fameuse promesse de la dernière campagne électorale et même avant, car en 2002, le premier ministre lui-même avait présenté une motion en cette Chambre pour démanteler la Commission canadienne du blé.
Cette idéologie de libre marché propre aux conservateurs ne date donc pas d'hier. Toutefois, depuis quelque temps, on est vraiment en train de mettre en place un processus pour mettre à mal et même faire disparaître la Commission canadienne du blé.
Comme je le disais, les attaques ne viennent pas seulement des autres pays; elles viennent maintenant de l'intérieur. Nous, au Québec, avons évidemment une crainte, à savoir que, selon la suite des choses, après la Commission canadienne du blé, ce soit le système de la gestion de l'offre qui soit attaqué.
Je peux vous en parler en connaissance de cause. En effet, ici même à Ottawa, avec le chef du Bloc québécois et les gens de l'Union des producteurs agricoles du Québec, nous avions tenu une réunion avec des ambassadeurs venant d'un peu partout dans le monde. Des gens de l'Union européenne étaient là, et pour eux, il était clair qu'il y avait un grave problème à l'OMC quand il était question de mises en marché, et c'étaient la Commission canadienne du blé et la gestion de l'offre qui étaient visées.
Or les pressions au sujet de ces deux outils de mise en marché collective existent toujours, et on veut les abolir. Nous donnons bon nombre d'explications et, évidemment, nous réussissons à convaincre de plus en plus de pays, notamment les pays africains — qui étaient présents également — et certains pays européens, qu'il ne s'agit pas de subventions à nos producteurs agricoles, mais bel et bien d'un outil qui leur permet d'obtenir le meilleur prix possible sans que cela coûte un sou au gouvernement. Je parle surtout au sujet de la gestion de l'offre, parce que, du côté de la Commission canadienne du blé, il existait certains irritants qui ont été corrigés pour que l'on se conforme aux exigences des pays au regard de l'OMC.
Cette promesse électorale portant sur le libre choix et le marché mixte a été faite par les conservateurs. Pour moi, le libre choix consiste à laisser les producteurs décider eux-mêmes ce qui est bon pour eux. C'est toujours l'attitude qu'on doit avoir lorsqu'on est en politique. On ne doit pas imposer aux autres notre idéologie ou quoi que ce soit, mais il faut bel et bien aller sur le terrain afin de comprendre ce que les gens veulent et ce dont ils ont besoin. Ainsi, les législateurs que nous sommes veilleront à leur soumettre des projets de loi ou des modifications ou des plans qui répondront vraiment à leurs besoins.
Un autre exemple nous est venu de ce gouvernement au cours des dernières heures. En effet, le Bloc québécois a présenté une motion concernant un programme d'adaptation aux travailleurs âgés. Il s'agissait en fait de mesures pour aider les travailleurs âgés mis à pied massivement par des industries. La réponse du gouvernement a été que, selon leur propre idéologie, selon eux, la meilleure des solutions est cette espèce de programme. Toutefois, ce programme ne plaît ni aux travailleurs ni au gouvernement du Québec, car il ne tient pas compte des véritables demandes et besoins de ces travailleurs.
C'est un peu de la même façon qu'on a procédé dans le cas de la Commission canadienne du blé. En comité, j'avais même entendu une phrase venant du côté gouvernemental qui ressemblait à ceci: « On ne laissera pas la majorité décider pour la minorité. »
À mon avis, dans toute démocratie, c'est plutôt le contraire. D'ailleurs, c'est de cette façon qu'on fait des élections. Lorsqu'une majorité désire garder une organisation comme la Commission canadienne du blé, on devrait faire en sorte de ne pas la démanteler ou de la jeter par terre.
Tout à l'heure, le secrétaire parlementaire a parlé d'un sondage de la Commission canadienne du blé. Il nous a fourni certains chiffres qui faisaient son affaire. Il y en a d'autres. Il y a un sondage assez récent qui date de mars-avril 2006. Ce sondage renferme des chiffres très éloquents.
Par exemple, 90 p. 100 des producteurs agricoles croient que toute décision concernant l'avenir de la Commission canadienne du blé doit être prise par les producteurs eux-mêmes. C'est exactement ce que le député de a présenté lors de la séance de comité dont il est question aujourd'hui dans le cadre de cette motion, soit de permettre aux producteurs eux-mêmes de décider de l'avenir de la Commission canadienne du blé. Il n'y a rien de plus démocratique que cela. C'est la meilleure façon de savoir exactement ce que les producteurs pensent.
D'autre part, 66 p. 100 des producteurs sont contre tout affaiblissement de la Commission canadienne du blé; 63 p. 100 veulent que la mise en marché de leur production soit sous la responsabilité exclusive de la Commission canadienne du blé; et 75 p. 100 — cela est important puisque nous discutons de cela aujourd'hui même — souhaitent un référendum ou un plébiscite sur l'avenir de la Commission canadienne du blé. À mon avis, les chiffres parlent d'eux-mêmes.
J'ai d'autres sondages, si cela peut plaire aux conservateurs qui ne semblent pas donner beaucoup de crédibilité aux sondages de la Commission canadienne du blé. Il y a celui de la National Farmers Union qui dit que 76 p. 100 des producteurs agricoles de l'Ouest, ceux qui sont assujettis à la Commission canadienne du blé, appuient cette organisation. Nous avons ici des preuves assez éloquentes
On pose la question suivante: d'où viennent ces demandes de vouloir à tout prix démanteler la Commission canadienne du blé?. On dit qu'il y a des producteurs de chez nous qui le demandent—moi-même je suis producteur. Je respecte cela et je suis persuadé que certains producteurs ont d'autres idées. La preuve, c'est que dans le sondage, ce n'est pas 100 p. 100 partout.
J'ai reçu à mon bureau des centaines et des centaines de lettres de producteurs de blé ou d'orge, mais surtout de blé, en provenance de l'Ouest canadien, et ce, malgré que je sois un député du Bloc québécois, un député du Québec. Ces derniers me demandent d'intervenir en faveur de la Commission canadienne du blé. Je suis d'ailleurs persuadé que tous mes collègues ont reçu des lettres écrites par ces producteurs. Il ne s'agissait pas d'une lettre type. Il y avait beaucoup de lettres écrites à la main et je les ai toutes regardées, peu importe leur provenance. Aucune de ces lettres n'avait été écrite par une organisation ou une firme de communications. Il s'agissait vraiment de lettres écrites par les producteurs et les productrices. Ils ont pris la peine d'écrire et de dire que pour eux, la Commission canadienne du blé était très importante et qu'il ne fallait surtout pas la démanteler.
Le malheur dans ce qui arrive actuellement, c'est que depuis cette promesse électorale lors de la dernière campagne électorale, tout a été mis en oeuvre pour démanteler la Commission canadienne du blé. Il y a le projet de loi qui a été présenté devant cette Chambre. Du côté du Bloc québécois, nous nous sommes prononcés contre parce qu'à notre avis, c'était justement le début de la fin.
Or, pour la Commission canadienne du blé, il y a pire encore, soit le bâillon qui lui a été imposé par l'arrêté ministériel du 5 octobre dernier. Permettez-moi l'expression, mais je vous avoue que j'en suis tombé sur le derrière. Je ne pensais même pas qu'un ministre pouvait faire ce genre d'arrêté ministériel, imposer un bâillon aussi épouvantable et, finalement, une censure pour la Commission canadienne du blé. Je peux tout de même lire un extrait de cela:
Donne instruction à la Commission canadienne du blé d'exercer de la manière ci-après les activités prévues par cette loi.
Elle n'engagera aucun fonds, de façon directe ou indirecte, notamment à des fins de publicité, de publication ou d'études de marché pour prôner le maintien de ses pouvoirs monopolistiques.
Elle ne versera aucun fonds à quiconque, personne ou entité, pour lui permettre de prôner le maintien de ses pouvoirs monopolistiques.
On bâillonne donc carrément la Commission canadienne du blé dans le cadre d'une procédure complètement antidémocratique. Cette dernière ne peut même plus se défendre elle-même et le gouvernement continue de l'attaquer. À mon avis, il s'agit d'une iniquité, d'une inégalité dans cette façon de faire les choses. Ce n'est même pas subtil puisqu'on veut lui interdire de parler et de se défendre. On veut la bâillonner. Je n'ai jamais vu cela. En fait, nous avons regardé un peu ce qui s'est produit dans le passé. Nous nous sommes demandés si les ministres avaient déjà fait cela. On doit remonter à 1979 au moment où la Russie a envahi l'Afghanistan.
À cette époque, toutes les organisations gouvernementales canadiennes, dont la Commission canadienne du blé, avaient reçu l'ordre de ne pas faire affaire avec la Russie, parce que cette dernière avait attaqué lâchement l'Afghanistan.
Il s'agit là d'une raison tout à fait exceptionnelle et très compréhensible qui exige qu'il n'y ait pas de commerce avec un pays qui vient de commettre un tel acte.
La décision appartenait au gouvernement, et c'est normal. Il leur a tout simplement interdit de faire affaire avec ce pays pendant un certain temps. Évidemment, les choses sont rétablies aujourd'hui. À cette époque, c'était compréhensible qu'on agisse ainsi.
J'aimerais qu'un député conservateur, un ministre ou le me dise qu'il y avait réellement urgence et qu'il était essentiel d'empêcher la Commission canadienne du blé de parler, qu'il était nécessaire de la censurer, de la faire taire et de lui attacher les mains. Je n'ai pas trouvé cette raison. Il n'y a aucun précédent qui prouve que c'était essentiel et qu'il fallait absolument mettre en place ce genre d'arrêté ministériel.
Il y a eu des nominations partisanes au conseil d'administration de la Commission canadienne du blé. La table d'orientation a été animée par des opposants à la Commission canadienne du blé. Plus tôt, j'ai parlé des lettres que nous avons reçues de producteurs agricoles.
Nous avons aussi reçu un courriel de la part d'une firme de communications. Ce courriel ne nous était manifestement pas destiné. Cette firme offrait ses services au gouvernement pour envoyer des chaînes de lettres qui parlaient contre la Commission canadienne du blé. À ce moment-là, des producteurs envoyaient des lettres pour appuyer l'organisation. En contrepartie, cette firme de communication disait pouvoir envoyer un certain nombre de lettres par semaine. Ainsi, de belles lettres types auraient été envoyées pour dire que la Commission canadienne du blé ne faisait pas l'affaire et n'était pas bonne. Heureusement, cela a été dénoncé et tout a été arrêté.
La preuve qu'il n'y a pas vraiment de fronde contre la Commission canadienne du blé de la part des producteurs, c'est que je n'ai pas reçu une seule lettre. Je suis certain que j'en aurais reçu beaucoup si cette firme de communications avait pu faire secrètement ce qu'elle voulait faire et si le gouvernement avait suivi. Je n'ai pas reçu une seule lettre pour me dire qu'on était d'accord avec le projet de loi ou qu'on était d'accord avec ce que le gouvernement conservateur voulait faire de la Commission canadienne du blé. Lorsque nous avons su ce voulait faire cette firme de communications, nous avons voulu entendre en comité la personne responsable de ce courriel. Nous n'avons pas encore réussi à obtenir sa comparution, mais j'espère que cela viendra bientôt car nous avons des questions intéressantes à lui poser.
Cet acharnement des conservateurs se poursuit et c'est inquiétant pour la suite, comme je le disais dans l'introduction de mon discours. J'ai dit que, pour nous, au Québec, l'autre outil de mise en marché collective extrêmement important au Canada est la gestion de l'offre. Je ne dis pas cela de mon propre chef. J'ai rencontré les principaux intéressés, dont les gens de l'UPA. Nous avons parlé de ce sujet au président de l'UPA. Nous lui avons aussi parlé de la Commission canadienne du blé. Eux aussi sont inquiets. Ce gouvernement a une idéologie de libre-marché et rien ne l'arrêtera.
Par exemple, je pourrais citer les discussions qui ont eu lieu en comité parlementaire avec le avant les dernières négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Genève. Lorsque nous lui demandions s'il comptait protéger la gestion de l'offre, il nous disait toujours que oui. Nous étions bien contents de cette réponse. D'un autre côté, nous nous sommes retrouvés seuls contre 148 à Genève, lors des négociations concernant la gestion de l'offre. Le ministre ne se sentait pas très à l'aise devant cette situation.
Mais il représente une population. Certains ont voté pour lui et d'autres non. Peu importe, une fois qu'il est au gouvernement, il représente toute la population. Il doit mettre ses culottes et défendre un système aussi efficace que celui de la gestion de l'offre, même s'il est seul. Il n'y a pas de quoi être mal à l'aise devant cette situation. Ce qui m'a inquiété davantage, c'est le discours du ministre. Il a dit que s'il y avait une entente à l'OMC, le Canada ne resterait pas à l'extérieur de cette entente. Le Canada ne resterait pas seul dans son coin et signerait l'entente. Pour moi, cela signifiait que s'il y avait eu une entente voulant qu'on commence à enlever des pans de la gestion de l'offre ou à la démanteler, le Canada aurait signé.
Nous sommes en droit d'être très inquiets devant cette attitude du gouvernement conservateur.
Pour vous dire à quel point la gestion de l'offre est importante au Québec, je vous rappelle que cela représente 40 p. 100 de l'économie agricole du Québec. Nous y tenons donc comme à la prunelle de nos yeux et nous allons la défendre bec et ongles. C'est d'ailleurs ce que nous faisons depuis que nous sommes ici, à la Chambre des communes, et c'est ce que je fais personnellement depuis un peu plus d'un an, soit depuis que mon chef m'a nommé porte-parole du Bloc en matière d'agriculture.
Les dernières négociations de l'OMC à Genève n'ont pas donné lieu à une entente. C'est presque heureux. Le cycle de Doha s'adressait aux pays en voie de développement, cependant, rien se passe pour eux. Nous souhaiterions réussir à avoir une entente pour que ces pays aient un peu plus accès au marché. C'est ce que nous souhaitons, comme tout le monde. Cependant, dans le cas de la gestion de l'offre, chaque fois que les négociations achoppent, nous sommes obligés de pousser un soupir de soulagement. En effet, les gouvernements se sont succédé et ont toujours dit — en paroles — qu'ils allaient défendre la gestion de l'offre et qu'ils nous appuyaient. Or, quand il s'agit d'un appui plutôt chancelant, nous avons des raisons d'être inquiets.
Ce qui est important pour les conservateurs, c'est de donner suite à leur engagement de laisser aux producteurs de l'Ouest le libre choix au regard de la commercialisation de leurs céréales sur le marché de l'exportation. Dans les faits, cela signifie le démantèlement du comptoir unique et, au bout du compte, la disparition de la Commission canadienne du blé.
Pourtant le paragraphe 47(1) de la Loi sur la Commission canadienne du blé à est clair. Toute décision visant à modifier le comptoir unique devrait être prise par les agriculteurs. Je ne comprends pas que le gouvernement en place soit défavorable à la motion présentée par le député de , puisqu'un article très clair dans la Loi sur la Commission canadienne du blé prévoit qu'il y ait consultation auprès des producteurs eux-mêmes. C'est à eux de décider; ce n'est pas au gouvernement.
Tout à l'heure, je vous parlais de l'UPA, l'Union des producteurs agricoles du Québec. Avec mon chef, nous les avons rencontrés au sujet de la Commission canadienne du blé, même si celle-ci n'est pas en vigueur au Québec. Ces gens nous ont expliqué très clairement qu'au Québec, un bon nombre d'agences de mise en marché volontaire ont échoué peu après leur création, que ce soit dans les secteurs des céréales, des pommes de terre, des pommes ou des serres. Toutes ces expériences qui dataient des années 1990 n'ont pu être maintenues. La direction de la commercialisation de l'UPA a fait un travail sérieux à ce sujet. On a étudié les causes d'échec de ces modèles et parmi celles-ci on retrouve l'absence de masse critique du produit à mettre en marché et son corollaire, le manque d'adhésion des producteurs...
Des voix: Oh, oh!
M. André Bellavance: Je comprends que ce qui se passe au Québec n'intéresse pas beaucoup le Parti conservateur, mais je trouve que c'est très important d'en parler.
Un autre facteur d'échec important fut la réaction négative des concurrents, ceux-ci ayant utilisé tous les moyens pour faire tomber ces systèmes. Se basant sur l'expérience vécue au Québec, on peut fortement présumer que la liberté de choix en matière de commercialisation des céréales dans les Prairies conduira éventuellement à l'élimination de la Commission canadienne du blé et aurait des conséquences négatives pour les producteurs, soit une baisse des prix.
Ces informations proviennent de l'Union des producteurs agricoles. Je ne les ai pas inventées. Nous avons fait nous-mêmes des essais et des échecs dans les années 1990 relativement à ce que veut mettre en place actuellement le gouvernement conservateur quant à la Commission canadienne du blé. On devrait prendre exemple de ce qui s'est passé au Québec pour ne pas répéter ce genre d'erreur. C'est normal de faire des essais, mais c'est normal aussi d'apprendre de nos erreurs.
Donc, selon l'UPA, la Commission canadienne du blé assure aux producteurs un revenu du marché plus élevé et plus équitable. Elle garantit à l'industrie agroalimentaire des approvisionnements stables et prévisibles. De plus, toujours selon l'UPA, on ne peut laisser le gouvernement conservateur détruire un outil aussi déterminant qui génère plus de 14 700 emplois directs et indirects et des retombées annuelles de 852 millions de dollars par année.
J'invite tout le monde en cette Chambre à voter en faveur de la motion du député de .
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Tout d'abord, j'aimerais dire que ce bâillon est une insulte aux agriculteurs. La dernière fois qu'une telle chose s'est produite, on voulait empêcher les agriculteurs de vendre du blé à l'ancienne Union soviétique pendant la guerre en Afghanistan. En passant, nous savons que la redoutable machine soviétique n'a pas pu conquérir l'Afghanistan. Voilà une leçon à retenir.
Ma position et celle de mon parti est très simple. Laissons les agriculteurs décider de l'avenir de la Commission canadienne du blé. À l'heure actuelle, des élections démocratiques ont lieu à la Commission canadienne du blé. Au lieu de les laisser se dérouler, le ministre semble s'ingérer dans les affaires de la commission.
Une fois que les directeurs auront été élus, on devrait tenir un plébiscite. Mettons fin à ce débat une fois pour toutes. Tout le monde dit que le gouvernement représente les agriculteurs et qu'il pense savoir ce qu'il fait. Tenons un plébiscite. Dans un esprit de coopération, le ministre pourrait collaborer avec la Commission canadienne du blé pour rédiger une question. Ce serait un processus démocratique. C'est aussi simple que cela.
Une faible minorité d'agriculteurs qui veulent faire cavaliers seuls ne devraient pas pouvoir compromettre l'avenir de la majorité des agriculteurs. C'est la question qui se pose aujourd'hui. C'est la question dont nous sommes saisis.
Le est sur le point d'accomplir ce que les contestations américaines devant les instances de l'OMC et les mesures compensatoires n'ont pas pu accomplir. En avril 2002, au terme d'une réunion avec des représentants commerciaux en chef des États-Unis, Maynard Satrom, président de la Commission du blé du Dakota du Nord, a assuré aux agriculteurs que l'objectif commun du gouvernement américain et des producteurs de blé américains était la réforme de l'organisme monopolistique qu'est la Commission canadienne du blé.
Le département américain de l'Agriculture a déclaré que les producteurs américains devraient être en mesure de concurrencer librement le grain canadien pour le transport ferroviaire au Canada. Le département de l'Agriculture demande une réforme fondamentale de certaines organisations dont la Commission canadienne du blé pour assurer aux producteurs américains un traitement équitable, en permanence, sur le marché mondial.
Le gouvernement du Canada se plie aux demandes du gouvernement des États-Unis et des multinationales américaines. La commercialisation mixte est une menace. Les multinationales concurrentes qui ont les moyens financiers offriront des meilleurs prix pour le grain, à court terme, et la Commission canadienne du blé cessera tôt ou tard d'exister.
Encore une fois, les économistes agricoles disent que les marges de profit des producteurs, de 30 $ à 45 $ la tonne, disparaîtront à tout jamais. Il y aura une réaction en chaîne. Les wagons de producteurs diminueront probablement ou disparaîtront. Au Manitoba, nous sommes aux prises avec le problème du port de Churchill.
[Français]
Monsieur le Président, le gouvernement fait de son mieux afin de réduire le pouvoir des agriculteurs de l'Ouest. Il veut instaurer une commercialisation mixte dans laquelle la Commission canadienne du blé ne serait qu'un des exportateurs de blé et d'orge de l'Ouest du Canada. Rappelons que les concurrents du Canada sur le marché mondial, dont les États-Unis, luttent depuis longtemps afin de diminuer le pouvoir de nos cultivateurs.
Il y a ici un lien entre deux programmes canadiens: la Commission canadienne du blé et la gestion de l'offre. Les deux sont menacés au regard de l'OMC. Si nous laissons tomber le guichet unique de la Commission canadienne du blé, ce sera le tour de la gestion de l'offre. Les sociétés multinationales, par l'entremise du gouvernement conservateur, sont à deux pas d'atteindre leur but.
Le gouvernement a l'impression qu'il a obtenu un mandat de libre marché complet à la suite des élections du 23 janvier dernier. Il ne considère pas que consulter les producteurs entraîne absolument la tenue d'un référendum. Il faut affronter le démantèlement de la Commission canadienne du blé.
Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a quelques années, le premier ministre avait soutenu publiquement les agriculteurs qui avaient contourné la loi en exportant du blé à l'extérieur de la Commission canadienne du blé. Le gouvernement veut enlever du pouvoir aux producteurs pour le donner aux multinationales.
[Traduction]
L'attaque contre la Commission canadienne du blé est un autre exemple de l'approche autoritaire qu'emploie le soi-disant nouveau gouvernement pour faire adopter à toute vapeur son programme, exactement comme l'entente sur le bois d'oeuvre. Pourtant, on sait que les trois quarts des gens qui transigent avec la Commission canadienne du blé aimeraient qu'il y ait un plébiscite, alors la question est de savoir si cette attaque repose sur un fondement idéologique.
Comme les autres députés, je reçois des lettres d'agriculteurs qui souhaitent que la Commission canadienne du blé demeure en place. J'ose donc espérer que les députés conservateurs qui représentent des agriculteurs écouteront ce que ces derniers ont à dire. Je dis aux agriculteurs que s'ils ne sont pas satisfaits, ils doivent en parler à leur député, l'acculer au pied du mur et exiger qu'il fasse exactement ce qu'ils demandent parce que j'ai le sentiment que ce n'est pas ce que fait le gouvernement actuellement.
:
Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole pour participer au débat. Je représente le centre-ville de Winnipeg, où est située l'administration centrale de la Commission canadienne du blé. Comme je viens d'une province des Prairies qui dépend énormément de l'agriculture et du revenu agricole, j'ai cru bon de prendre part au débat.
Permettez-moi tout d'abord de dire qu'il n'y a aucune raison valable d'abolir la Commission canadienne du blé. Ce n'est que de la foutaise idéologique. Le Parti conservateur a lancé une croisade idéologique et est prêt à faire le sale boulot des Américains.
La Commission canadienne du blé a subi 11 coups de butoir distincts de la part des États-Unis. La commission a chaque fois eu gain de cause, ce que les Américains n'ont jamais pu faire. Les Américains ont mis la Commission canadienne du blé dans leur collimateur dès la signature de l'Accord de libre-échange en 1989. Ils n'y sont pas allés par quatre chemins. Ils voulaient écarter la Commission canadienne du blé de leur chemin. Il s'agit d'un irritant commercial au même titre que l'accord sur le bois d'oeuvre. Le nouveau gouvernement conservateur fait gentiment et volontairement le sale boulot des Américains.
Bien des gens qui ne participent pas à l'industrie ne comprennent pas le fonctionnement de la Commission canadienne du blé. La raison pour laquelle la commercialisation mixte ne fonctionnera pas et constituera l'arrêt de mort de la Commission canadienne du blé est fort simple. Si le prix du marché libre est supérieur au paiement initial, la Commission ne recevra pas de livraisons. Cependant, si le paiement initial est supérieur à celui du marché, alors elle obtient des livraisons en abondance, mais elle doit vendre à perte. C'est la raison pour laquelle un système de commercialisation mixte ne fonctionnera pas.
J'invite les députés à se remémorer l'agence centrale de vente à participation volontaire que géraient les syndicats céréaliers dans les années 1920 et la Commission canadienne du blé à participation volontaire qui fonctionnait en 1935. Dans les deux cas, on a assisté à des faillites spectaculaires. On a vu à ce moment-là les faillites les plus importantes de l'histoire du Canada pour la simple raison qu'une Commission canadienne du blé à participation volontaire ne fonctionne pas et ne peut survivre.
Nous avons reçu des lettres des agriculteurs et j'aimerais en lire une. Je sais que certains ont mis en doute la véracité de ces lettres. Elles ont été écrites par des agriculteurs et signées par eux. Celle-ci provient d'un agriculteur de Richmond, en Saskatchewan. Il conteste les déclarations de l'actuel ministre de l'Agriculture et du secrétaire parlementaire. Voici ce qu'il déclare: « Ceux qui disent que la majorité des agriculteurs appuient l'idée de la commercialisation mixte ont tort. »
Je crois également qu'ils ont tort. Je crois que nous pourrions le vérifier en tenant un plébiscite, un vote équitable.
Et puis il ajoute: « Il est faux de dire que le gouvernement actuel a pour mandat de mettre un terme au monopole de la Commission canadienne du blé et c'est pure stupidité de dire que l'enjeu n'est pas l'économie mais la liberté, comme je l'ai entendu dire par le ministre et d'autres personnes. » C'est son avis. Je ne dirais pas une telle chose. « Dans le cas qui nous concerne, la liberté est celle de gens qui n'ont plus rien d'autre à perdre. Ne touchez pas à la Commission canadienne du blé. C'est tout ce qui reste aux agriculteurs de l'Ouest canadien. »
Ce qui m'amène à cette question du bâillon. Le ministre déclare que je l'ai traité de fasciste pour avoir nié aux agriculteurs le droit de voter et pour avoir ensuite imposé ce bâillon. Je n'ai pas traité le ministre de fasciste. J'ai dit que le fait de nier la démocratie s'apparentait au fascisme. J'ai dit que Mussolini serait fier de voir comment le gouvernement a imposé ce bâillon sans égard aux agriculteurs canadiens puisqu'il s'agit d'un combat à armes inégales. Il est ici question de justice naturelle.
Il y a abondance de fausses informations ou d'informations que nous rejetons. La Commission canadienne du blé dit avoir des preuves du contraire, mais elle ne peut pas les présenter publiquement pour éclairer le débat sur son avenir. Comment peut-on dire que c'est équitable?
Permettez-moi de mentionner quelques données qui nous semblent importantes dans les circonstances et que la Commission du blé publierait si on lui permettait de le faire. L'auteur d'une étude réalisée en 2001 conclut que les agriculteurs ont obtenu environ 10 $ de plus par tonne grâce à l'application du principe du guichet unique. Cet auteur est M. Richard Gray. Je serais heureux de déposer son étude.
L'étude Kraft-Furtan, qui a été réalisée, elle, en 1997, montre que le recours à un guichet unique présente un avantage de 265 millions de dollars par année. Nous aimerions opposer ces chiffres, que nous croyons plus crédibles, à ceux que nous a donnés le secrétaire parlementaire. Il a dit, je crois, que les agriculteurs auraient perdu jusqu'à 400 millions de dollars par année à cause du guichet unique.
En outre, une étude réalisée auparavant par M. Andrew Schmitz montre qu'en faisant appel à la Commission du blé pour commercialiser leur produit, les producteurs d'orge ont fait 72 millions de dollars de plus par année.
Le gouvernement conservateur devrait admettre qu'il y a des données qui permettent de conclure le contraire de ce qu'il soutient. Comment peut-il être dans l'intérêt de quiconque d'empêcher la Commission du blé de défendre son point de vue et de faire connaître ses arguments, ce qui me semble tout à fait légitime? C'est un peu comme un match de boxe où l'un des boxeurs a les mains attachées dans le dos. Personne ne peut oser dire que c'est le moindrement équitable.
Nous pourrions remettre en question certaines observations du secrétaire parlementaire. J'ai une citation tirée du hansard, où il dit: « En fait, de 60 à 80 p. 100 des agriculteurs sont pour le changement [...] Je ne vois pas très bien pourquoi de 20 à 30 p. 100 des agriculteurs devraient retenir captifs les 70 p. 100 restants. »
On ne peut pas laisser quelqu'un faire une pareille affirmation sans la contester. Si la Commission canadienne du blé est forcée de se taire, nous allons nous faire son porte-parole. J'invite les gens à prendre note qu'à partir de maintenant et ce, jusqu'au moment choisi par le gouvernement pour faire tomber le couperet, nous allons consacrer notre temps à défendre la cause de la Commission canadienne du blé et à combattre le gouvernement s'il a l'intention de tailler en pièces cette grande institution des Prairies.
Personne ne devrait vouloir revenir au bon vieux temps, encore moins un parti qui dit représenter les simples agriculteurs. Lorsque j'étais jeune, j'étais camelot dans le quartier riche de Winnipeg. Pratiquement toutes les grosses maisons de ce quartier avaient été bâties par les barons des céréales, des capitalistes véreux qui volaient systématiquement les agriculteurs des Prairies. Ces immenses résidences avaient été bâties sur le dos des agriculteurs qui ne pouvaient pas obtenir un prix équitable pour leur grain. Voilà pourquoi ils ont commencé à mener une action collective et coopérative.
Voilà peut-être la différence par rapport au Parti conservateur, qui est idéologiquement opposé à toute action collective telle que l'assurance-automobile et le syndicalisme, par exemple.
Les agriculteurs se sont regroupés afin de protéger leurs intérêts, à bon droit d'ailleurs. C'était une question de survie et de simple équité. À partir de 1943, année de la création de la Commission canadienne du blé, dotée d'un rôle de vente à guichet unique monopolistique, les agriculteurs ont pu obtenir un prix équitable pour leur grain, être concurrentiels sur les marchés mondiaux et obtenir de bons prix parce que leur produit était de qualité supérieure.
Au Manitoba, ma province d'origine, le port de Churchill est sérieusement menacé étant donné que le grain prendra la direction du sud où il sera mélangé à du grain américain de qualité inférieure. Nous perdrons l'identité commerciale de notre blé canadien de qualité supérieure, à notre plus grand détriment, et nous en subirons longtemps les conséquences.
Je suis ravi de voir que le ministre est resté pour entendre les discours. Je prie le gouvernement de revenir sur sa décision, car elle a des conséquences qui vont bien au-delà du respect de la promesse électorale que les conservateurs ont faite à leurs électeurs. Certes, il y a des agriculteurs qui souhaitent le démantèlement de la Commission du blé ou à tout le moins un système de commercialisation mixte, ce qui est légitime de leur part. Toutefois, la question est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.
Dans le bon vieux temps, dans les Prairies, un simple agriculteur n'avait pratiquement pas de pouvoir de négociation lorsqu'il vendait son grain aux Paterson ou aux Cargill de ce monde qui dominaient et contrôlaient le marché. Cargill est peut-être un mauvais exemple.
L'expérience a montré que la Commission canadienne du blé offre la meilleure occasion de prix équitables pour le produit. Voilà autant de raisons pour lesquelles nous devons défendre cette noble institution des Prairies, je ne le dirai jamais assez.
J'aimerais revenir à la directive donnée par le ministre, la consigne du silence.