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FAAE Rapport du Comité

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PRÉFACE

Il n’y a pas de gouvernement sans armée

Pas d’armée sans argent

Pas d’argent sans prospérité

Et pas de prospérité sans justice et bonne administration

Ibn Qutayba, érudit musulman du IXe siècle[1]

Le Comité a entrepris ses séances publiques sur le rôle du Canada et la situation en Afghanistan en octobre 2006. Depuis, il a tenu près de 30 réunions sur ce sujet et entendu au-delà de 60 témoins de milieux différents lui parler de questions touchant l’Afghanistan et le Canada. Parmi eux, notons les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et leurs prédécesseurs immédiats, le ministre de la Sécurité publique (et ancien vice-président du Comité), l’honorable Stockwell Day, et, deux fois, au début et à la fin de la série d’audiences, le général Rick Hillier, chef d’état-major de la Défense[2].

Le Comité a aussi entendu des spécialistes de la question afghane de renommée internationale comme Barnett Rubin du Centre de coopération internationale de l’Université de New York (rencontré à New York et à Ottawa), ainsi que Chris Alexander, représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afghanistan (et ancien ambassadeur du Canada en Afghanistan), Son Excellence Omar Samad, ambassadeur de la République islamique d’Afghanistan au Canada, James Appathurai, porte-parole du Secrétariat international de l’OTAN, l’honorable Flora MacDonald, ancienne secrétaire d’État aux Affaires extérieures du Canada, trois membres du Groupe d’experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan, après le dépôt de son rapport le 22 janvier 2008, dont le président du Groupe, l’honorable John Manley (qui était vice-premier ministre du Canada au moment de la campagne militaire menée par les États-Unis en octobre 2001 et lorsque les premières unités de combat canadiennes ont été déployées dans la province de Kandahar au début de 2002).

Ce n’est là qu’un aperçu des témoins les plus en vue que le Comité a rencontrés. De nombreux autres spécialistes bien avisés venant des milieux universitaires ou d’organisations non gouvernementales, parmi lesquels des membres de l’Afghanistan Reference Group, une coalition d’ONG canadiennes entretenant des liens avec des partenaires à l’œuvre en Afghanistan, ont fait profiter le Comité de leur témoignage.

Le Comité regrette de n’avoir pas été en mesure de se rendre en Afghanistan dans le cadre de son étude pour faire des observations sur le terrain[3]. Il a tout de même pu entendre plusieurs Afghans, ainsi que des Canadiens d’origine afghane et des spécialistes de renom qui vivent actuellement en Afghanistan, dont la courageuse journaliste américaine et fondatrice de la coopérative Arghand, Sarah Chayes, qui a participé à une vidéoconférence depuis Kandahar[4]. Comme il est souligné dans l’introduction ci-dessous, l’Afghanistan est un pays en évolution extrêmement compliqué et, pour mieux le comprendre, il faut de longs et patients efforts.

L’une des tâches les plus difficiles auxquelles les décideurs canadiens aient eu à faire face sur le plan de la politique internationale au cours des dernières décennies aura été de définir le rôle du Canada en Afghanistan. Le présent rapport se situe dans le prolongement du rapport préliminaire du Comité intitulé La politique internationale du Canada mise à l’épreuve en Afghanistan, déposé à la Chambre des communes le 28 janvier 2008. Il prend également en considération le rapport de janvier 2008 du Groupe d’experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan (communément appelé le rapport Manley), de même que la motion du gouvernement sur l’Afghanistan adoptée par la Chambre des communes le 13 mars 2008, dont le texte intégral est reproduit à l’appendice I.

Il n’y a rien de statique en ce monde et l’agitation qui secoue l’Afghanistan nécessite une surveillance de tous les instants. Nous nous sommes efforcés le plus possible d’intégrer à notre réflexion les faits nouveaux qui concernent la question comme le premier rapport trimestriel du gouvernement du Canada au Parlement intitulé L’engagement du Canada en Afghanistan – Tracer la voie vers 2011 et présenté à la Chambre des communes le 10 juin dernier, la nouvelle Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan (2008-2013) du gouvernement afghan et la Conférence internationale de soutien à l’Afghanistan tenue à Paris le 12 juin 2008[5].  Le présent rapport n’a donc pas la prétention d’être le dernier à porter sur la politique du Canada à l’égard de l’Afghanistan. Au lieu d’y examiner en profondeur toutes les questions possibles, le Comité s’est concentré sur trois objectifs fondamentaux qu’il lui paraît essentiel d’atteindre si on veut obtenir, à long terme, des résultats positifs durables pour les Afghans : instaurer un degré élémentaire de sécurité et une paix durable, mener à bien des initiatives de reconstruction et de développement au profit des Afghans et créer des institutions de gouvernance qui permettront l’émergence et la survie d’une démocratie afghane plus stable.

Ces objectifs sont au cœur même du Pacte pour l’Afghanistan[6], une feuille de route pour les cinq années suivant l’adoption du Pacte et se terminant à la fin de 2010, sur laquelle s’étaient entendus l’Afghanistan, 49 autres pays participants, dont le Canada, ainsi que 10 organisations internationales à la Conférence de Londres, et qui a été endossée à l’unanimité par les membres du Conseil de sécurité de l’ONU[7]. Ils constituent le point de mire des trois sections principales du présent rapport.  Les principes, piliers et jalons précisés dans le Pacte sous-tendent aussi la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan pour la sécurité, la gouvernance, la croissance économique et la réduction de la pauvreté (2008-2013) présentée à la conférence de Paris du 12 juin[8].

Notes de la préface


[1]              Cité dans « Afghanistan: A war of money as well as bullets », The Economist, 24 mai 2008, p. 38. [Traduction]

[2]          Lors de sa seconde comparution, le général Hillier a présenté une évaluation optimiste, mais soigneusement nuancée et détaillée, de la situation en Afghanistan, à la suite de la visite qu’il a effectuée au mois de mars 2008 dans ce pays et du Sommet de l’OTAN à Bucarest, en avril 2008. Voir Témoignages, réunion 23 du FAAE, 10 avril 2008.

[3]          Au mois de mai 2008, seuls les comités se consacrant aux questions relatives à la défense s’étaient rendus en Afghanistan, celui du Sénat quatre fois et celui de la Chambre, deux fois.

[4]          Un documentaire de deux heures de la SRC intitulé « L’Afghanistan : entre l’espoir et la peur », diffusé sur la première chaîne de Radio-Canada le dimanche de Pâques (23 mars 2008), présentait un portrait de Mme Chayes et de son œuvre dans la région de Kandahar.

[5]          Le document canadien annonce que l’aide au développement et à la reconstruction de l’Afghanistan sera portée à 1,9 milliard de dollars sur dix ans (2001-2011).  L’Afghanistan cherchait à obtenir des donateurs des engagements de 50 milliards de dollars pour sa stratégie.  Soixante-huit pays et plus de 15 organisations internationales ont participé à la Conférence de Paris, coprésidée par la France, l’Afghanistan et les Nations Unies.   On en trouvera la déclaration finale à l’annexe III.  Les donateurs ont promis environ 20 milliards de dollars américains d’aide additionnelle à l’Afghanistan.  La conférence a été précédée du Forum de la société civile et du secteur privé qui s’est tenu aussi à Paris, le 24 mai. On trouvera un complément d’information à ce sujet sur le site http://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files_156/afghanistan_498/international-conference-in-support-of-afghanistan-paris-12th-june-2008_6366/index.html . (Voir aussi Cyril Vanier et Armen Georgian, « Donors led by the United States pledge about $20 billion in aid to Afghanistan on Thursday but said Kabul must do more to fight corruption », Reuters, 12 juin 2008. )

[8]          République islamique d’Afghanistan, Afghanistan National Development Strategy (2008-2013), Kaboul, avril 2008, http://www.diplomatie.gouv.fr/en/IMG/pdf/Afghanistan_National_Development_Strategy_eng.pdf . (Voir aussi John Hemming, « Calls to back $50 bn Afghanistan aid plan », Kaboul, Reuters, 22 mai 2008.)