HUMA Rapport du Comité
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INTRODUCTION
L’économie canadienne se porte bien depuis un certain temps déjà. En 2007, le taux de chômage national était à 6 p. 100, son niveau le plus bas en plus de 30 ans. Même si la diminution du taux de chômage constitue dans l’ensemble un développement positif, beaucoup d’employeurs, surtout parmi les petites et moyennes entreprises de l’Ouest, ont de plus en plus de difficultés à trouver des travailleurs ayant les compétences dont ils ont besoin pour maintenir et étendre leurs activités. En même temps, le Canada a plus d’un million de chômeurs, dont beaucoup sont à la recherche d’un emploi à temps plein. Malheureusement, un grand nombre d’entre eux n’ont pas les compétences nécessaires pour remplir les emplois vacants ou vivent loin des endroits où se trouvent ces emplois.
Le fait de manquer des occasions économiques faute de travailleurs qualifiés a pour effet de réduire la production, la productivité et le revenu des Canadiens. Bien sûr, les incidences des pénuries de main-d’œuvre qualifiée s’intensifient quand le marché du travail se resserre, mais nous soupçonnons qu’un autre facteur contribue à cette situation. Il s’agit d’une tendance démographique irrésistible dont les effets sont de plus en plus marqués : le vieillissement de la population active du Canada. Beaucoup s’attendent à ce que ce phénomène aggrave les pénuries de main-d’œuvre dans les années à venir tandis que le Canada s’engage dans une période prolongée de ralentissement de la croissance de la population active.
La capacité de l’économie canadienne de produire des biens et des services dépend d’un certain nombre de facteurs, dont l’offre de main-d’œuvre, la compétence des travailleurs, les heures de travail, le capital utilisé dans la production et la technologie. L’offre de main-d’œuvre et le niveau de qualification des travailleurs jouent un rôle de premier plan dans notre compétitivité et notre prospérité économique. À mesure que la technologie progresse, les travailleurs ont besoin de plus grandes compétences pour s’en servir. De plus, l’éducation et la formation contribuent d’une façon beaucoup plus marquée à l’amélioration de la productivité. Par conséquent, nos politiques tendant à renforcer le niveau et la qualité de notre capital humain doivent continuer à s’adapter à cette réalité.
Les compétences nécessaires dans les emplois d’aujourd’hui sont supérieures à celles du passé, et cette tendance devrait se maintenir dans les années à venir. On estime actuellement que plus de 70 p. 100 de l’ensemble des nouveaux emplois créés au Canada exigent au moins des études secondaires partielles et une certaine formation. En même temps, plus d’un tiers de la population active du Canada ne répond pas à cette exigence. Et une proportion encore plus élevée des Canadiens en âge de travailler ne possède pas les capacités de lecture et d’écriture et les autres aptitudes de base nécessaires pour s’intégrer avec succès dans notre marché du travail en évolution rapide.
Au Canada, les investissements dans l’éducation et la formation profitent non seulement à ceux qui investissent mais à l’ensemble de la société. Le secteur public a un rôle important à jouer pour favoriser l’acquisition des compétences nécessaires en milieu de travail. Les travailleurs, les syndicats et les employeurs ont également des rôles clés à jouer pour que les investissements nécessaires dans le capital humain soient faits. Le marché canadien du travail étant d’envergure nationale, tous les paliers de gouvernement doivent collaborer afin de donner aux travailleurs les compétences voulues pour répondre aux besoins futurs du Canada et une mobilité suffisante pour qu’ils puissent accepter les emplois disponibles. Nous avons besoin d’élaborer une stratégie d’employabilité pancanadienne plus efficace en nous fondant sur la coopération, la collaboration et l’inclusion pour affronter les défis que posent le ralentissement de la croissance de la main-d’œuvre et la perspective de pénuries croissantes de main-d’œuvre qualifiée dans les années à venir.
L’éducation, la formation et beaucoup d’autres facteurs liés aux lieux de travail canadiens relèvent principalement de la compétence des gouvernements provinciaux et territoriaux. Les membres du Comité sont conscients de cette réalité, mais croient, pour la plupart, que le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer, de concert avec les provinces et les territoires, pour que toutes les régions du pays disposent d’une main-d’œuvre adaptable et axée sur le savoir.
Le gouvernement fédéral peut contribuer beaucoup à l’élimination des obstacles qui s’opposent à la libre circulation des travailleurs partout au Canada. Trop souvent, des travailleurs qualifiés d’une région sont dans l’impossibilité d’accepter des emplois vacants dans une autre région à cause de l’absence de mécanismes adéquats permettant une reconnaissance mutuelle des compétences entre les provinces et les territoires. C’est là un problème sérieux qui existe depuis longtemps.
Une augmentation de l’offre de travailleurs qualifiés est importante non seulement pour assurer la prospérité économique du Canada, mais aussi pour améliorer la situation socio-économique des personnes dont la participation à la population active est actuellement faible. Avec les compétences voulues et la croissance prévue des occasions d’emploi, les perspectives de travail des Canadiens, surtout parmi les groupes sous-représentés, devraient s’améliorer, pourvu que nous puissions continuer à élaborer et à mettre en œuvre des politiques appuyant une plus grande activité des travailleurs.
Le 11 mai 2006, le Comité permanent des ressources humaines, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes a convenu d’entreprendre un examen des questions liées à l’employabilité au Canada. Le Comité a examiné une foule de sujets tels que la mobilité des travailleurs, le travail saisonnier, les travailleurs âgés, les pénuries de main-d’œuvre qualifiée, l’alphabétisation en milieu de travail et la reconnaissance des titres de compétence étrangers. Même si l’étude initiale devait être centrée sur ces sujets, les membres du Comité ont rapidement décidé d’en élargir la portée pour inclure les travailleurs autochtones, les travailleurs handicapés, les travailleurs à faible revenu, les immigrants récents et les travailleurs temporaires étrangers.
Il existe essentiellement quatre grands moyens d’agir sur l’offre de travailleurs qualifiés pour répondre aux besoins des employeurs et atténuer les effets d’une pénurie chronique qui, pour beaucoup, ne manquera pas de toucher le Canada à l’avenir et ira en s’aggravant. C’est sur cette base que nous avons structuré notre rapport. Le premier moyen consiste à faire en sorte que le marché canadien du travail puisse s’adapter rapidement et que les compétences des travailleurs soient utilisées d’une façon optimale. Nous examinons donc, au chapitre 1, la nécessité d’élargir la planification des ressources humaines pour mieux prévoir les compétences qui seront les plus recherchées et les moyens de répondre à cette demande, de réduire les obstacles à la mobilité des travailleurs et d’assurer une plus grande reconnaissance des diplômes, des compétences, des titres professionnels et de la formation, qu’ils aient été acquis au Canada ou à l’étranger.
Le chapitre 2 traite des investissements dans le capital humain. Nous passons en revue les enjeux liés à la formation en milieu de travail, à l’enseignement postsecondaire, à l’apprentissage continu et aux initiatives fédérales de formation conçues essentiellement pour les chômeurs.
Le troisième moyen d’augmenter l’offre de main-d’œuvre est d’intensifier l’utilisation des compétences existantes dans les secteurs sous-représentés de la population active. Le chapitre 3 est donc consacré aux moyens de maintenir en fonction les travailleurs âgés, d’augmenter le taux d’activité et d’emploi des Autochtones et des personnes handicapées, de réduire les facteurs de désincitation au travail parmi les travailleurs à faible revenu et de prolonger la saison active dans les secteurs saisonniers.
Il est enfin possible d’augmenter l’offre de main-d’œuvre en attirant les travailleurs d’autres pays. Le programme d’immigration du Canada vise depuis longtemps à faire venir dans le pays des personnes ayant les compétences dont notre marché du travail a besoin. Le chapitre 4 traite, par conséquent, des questions entourant le choix des travailleurs qualifiés qui cherchent à obtenir le statut de résident permanent au Canada, l’admission de travailleurs temporaires étrangers pour répondre à des besoins de compétences sectoriels et géographiques précis et l’intégration des immigrants dans le marché canadien du travail.
Les recommandations que nous formulons dans ce rapport sont conçues pour contribuer à l’élaboration d’une stratégie pancanadienne efficace d’employabilité pouvant répondre à l’avenir aux besoins des employeurs et de tous les segments de la population en âge de travailler, notamment les travailleurs non qualifiés et les personnes à faible revenu et à faible taux d’activité. Les membres du Comité réalisent que l’élaboration d’une stratégie pancanadienne d’employabilité nécessitera un engagement permanent et une plus grande coopération entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux. Même si quelques-unes de nos recommandations peuvent relever de la compétence des provinces et des territoires, elles n’ont pas du tout pour but d’étendre les pouvoirs du gouvernement fédéral. Nous pensons simplement que le leadership fédéral est nécessaire dans les domaines d’importance nationale. Nous sommes persuadés de l’importance d’obtenir le consentement des provinces et des territoires avant d’agir et croyons qu’animés d’un plus grand esprit de coopération, les deux paliers de gouvernement peuvent travailler ensemble pour assurer la prospérité future des Canadiens.