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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur et un privilège que de présenter le projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Il s'agit d'un projet de loi qui propose de mettre en oeuvre certaines mesures contenues dans le budget de 2008.
Le budget de cette année illustre encore mieux le leadership responsable dont fait preuve ce gouvernement. Il s'agit d'un budget qui convient à ces temps d'incertitude économique, où un leadership ciblé et une main ferme et sûre sont nécessaires.
Le budget de 2008, qui s'appuie sur l'énoncé économique de 2007, est équilibré, ciblé et prudent afin que le Canada demeure fort et stable malgré l'incertitude économique qui plane dans le monde.
À cette fin, le budget de 2008 continue de réduire la dette et les impôts, de cibler les dépenses du gouvernement et de fournir une aide financière additionnelle aux secteurs de l'économie qui connaissent des difficultés en cette période d'incertitude.
J'aimerais aujourd'hui parler de certaines mesures clés du budget qui sont incluses dans le projet de loi , notamment celles qui portent sur la citoyenneté et l'immigration, et plus précisément des effets qu'aura cette mesure législative sur ma circonscription de Souris—Moose Mountain. Je démontrerai ainsi comment le gouvernement fait preuve d'un leadership solide et responsable.
Je vais aussi démontrer que nos priorités s'harmonisent avec celles des Canadiens. Nous réduisons la dette, nous renforçons l'avantage fiscal du Canada et nous investissons dans le centre manufacturier du pays ainsi que dans les priorités auxquelles tiennent les Canadiens.
En gérant les dépenses avec prudence et en continuant de réduire la dette, le gouvernement fait en sorte que ses programmes optimisent les ressources et qu'ils soient viables, tout en veillant à garder le fardeau fiscal à un niveau minimal.
Nous assurons également l'équité entre les générations. Ce n'est pas à nos enfants et à nos petits-enfants de payer les excès du passé, notamment les extravagances de mars, ces dépenses supplémentaires que l'ancien gouvernement libéral finançait avec les excédents budgétaires.
Voilà pourquoi nous réduisons la dette fédérale de plus de 37 milliards de dollars, y compris 10,2 milliards de dollars en 2007-2008. Grâce à notre plan audacieux de réduction de la dette, d'ici 2009-2010, les réductions d'impôt sur le revenu des particuliers découlant de l’allégement fiscal garanti s'élèveront à 2 milliards de dollars, et ce montant continuera d'augmenter à l'avenir.
Notre gouvernement s'emploie à donner un avantage fiscal au Canada. Les mesures que nous avons instaurées depuis notre arrivée au pouvoir fourniront un allégement fiscal d'environ 200 milliards de dollars en 2007-2008 et sur les cinq prochaines années. Ainsi, 200 milliards de dollars restent chaque année dans les poches des Canadiens et ces derniers peuvent s'en servir pour développer leurs entreprises et leurs initiatives commerciales, ce qui produira plus d'emplois.
Comme le l'a dit, le gouvernement relève le défi de l'incertitude économique mondiale avec un plan concret, responsable et efficace.
Le budget de 2008 fait fond sur des mesures antérieures en proposant la plus importante idée novatrice du gouvernement fédéral en matière de finances personnelles depuis l'introduction des régimes enregistrés d'épargne-retraite, à savoir le compte d'épargne libre d'impôt. Ce compte enregistré flexible et de portée générale permettra aux Canadiens d'épargner de l'argent, notamment sous la forme d'intérêts gagnés, de paiements de dividendes et de gains en capital, sans avoir à verser d'impôt. Oui, c'est exact, sans payer d'impôt.
Le compte d'épargne libre d'impôt sera un nouveau véhicule d'épargne générale avantageux sur le plan fiscal qui s'ajoutera aux régimes enregistrés d'épargne qui existent déjà, notamment les REER et les régimes enregistrés d'épargne-études.
En d'autres mots, les Canadiens pourront bénéficier d'une série d'instruments fiscalement avantageux pour répondre à leurs différents besoins, notamment pour l'éducation de leurs enfants, leur retraite et leurs besoins immédiats.
Il importe de souligner que le compte d'épargne libre d'impôt incitera davantage les gens à revenu faible ou moyen à épargner. Ni le revenu gagné dans un compte d'épargne libre d'impôt ni les retraits n'auront d'effet sur l'admissibilité à des prestations ou crédits fédéraux fondés sur le revenu, par exemple la Prestation fiscale canadienne pour enfants, le crédit de TPS, le crédit en raison de l'âge, la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
On prévoit que, dans les cinq premières années, plus des trois quarts des avantages associés au compte d'épargne libre d'impôt iront à des particuliers dans les deux tranches d'imposition inférieures.
Le gouvernement prend une autre mesure pour aider ceux qui en ont besoin, dont les aînés canadiens, par exemple.
Beaucoup d'aînés vivent avec un revenu fixe. Ils trouvent souvent difficile de joindre les deux bouts. C'est pourquoi notre gouvernement offre d'importants allègements fiscaux aux aînés et aux pensionnés. Entre autres, nous doublons le montant du revenu de pension, qui passe maintenant à 2 000 $, et nous majorons le crédit en raison de l'âge de 1 000 $.
Les mesures d'allègement fiscal comprennent en outre la hausse de l'âge limite pour convertir les régimes de pension agréés et les REER et, pour la première fois au Canada, le fractionnement du revenu de pension des aînés et des pensionnés. Pour une famille de deux travailleurs qui ont un seul régime de pension, les économies sont incroyables. On parle de milliers de dollars.
Néanmoins, nous pouvons et nous devons en faire davantage pour nos aînés. Par conséquent, le budget de 2008 propose d'augmenter l'exemption relative au Supplément de revenu garanti, qui est actuellement de 500 $, à 3 500 $. Cette mesure profitera aux aînés à revenu faible ou moyen qui choisissent de continuer à travailler. Nous devons également nous rappeler que les intérêts accumulés dans leur compte d'épargne libre d'impôt les aideront aussi. Qui plus est, cette mesure aidera ces aînés à vivre leur retraite dans la dignité et le respect qu'ils méritent.
Notre gouvernement investit également dans le secteur manufacturier du Canada. Il est déterminé à aider les collectivités canadiennes dans le besoin. En février dernier, les députés s'en rappelleront, le Parlement a adopté la proposition du gouvernement pour aider les collectivités et les travailleurs qui éprouvent des difficultés économiques, à savoir la fiducie pour le développement communautaire de 1 milliard de dollars. Cette fiducie pourrait, entre autres, financer la formation des travailleurs en vue de leur ouvrir des débouchés, des plans de transition communautaire qui stimulent le développement économique et la création d'emplois et des projets d'infrastructure favorisant la diversification économique.
Le budget de 2008 résulte également d'un leadership responsable du fait qu'il contribue à mettre en place les conditions qui permettront à nos gens d'affaires et à nos entrepreneurs d'investir et de réussir tant au Canada qu'à l'étranger. À cette fin, le budget de 2008 cible d'importantes industries canadiennes. Par exemple, il propose de fournir 250 millions de dollars pour un Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile. Cette initiative, pilotée par le , aidera le secteur canadien de l'automobile à relever les défis de l'avenir et à rester une composante critique de l'économie canadienne.
Le budget de 2008 propose également de prolonger de trois ans, avec baisse progressive, la déduction temporaire pour amortissement accéléré à l'achat de machinerie et d'équipement de fabrication et de transformation.
Le gouvernement actuel continue d'investir en conformité des objectifs prioritaires des Canadiens, l'un d'entre eux étant la sécurité des collectivités. Le gouvernement actuel ne badine pas avec sa responsabilité de protéger les Canadiens. Le budget de 2008 affecte un financement pour protéger les familles et les collectivités canadiennes, donnant ainsi suite aux investissements importants consentis dans des budgets précédents.
Le projet de loi propose la mise en oeuvre d'une mesure du budget de 2008 assurant le financement aux provinces et aux territoires pour les soutenir dans le recrutement de 2 500 nouveaux policiers de première ligne. Il est ainsi proposé de mettre de côté jusqu'à 400 millions de dollars en 2007-2008 pour les verser dans une fiducie en main tierce, à partir de laquelle les montants seraient attribués proportionnellement aux provinces et aux territoires en fonction de l'objectif déjà mentionné.
L'environnement constitue certainement un autre des objectifs prioritaires des Canadiens, comme en témoigne leur participation, en mars dernier, à l'initiative « Une heure pour la Terre ». À cette occasion, partout au Canada mais aussi ailleurs dans le monde, des gens ont éteint leurs lumières pour affirmer leur volonté de chercher de nouvelles façons de réduire l'effet de leurs activités sur l'environnement.
Le projet de loi contient également une mesure budgétaire visant à réserver 250 millions de dollars pour une démonstration commerciale à pleine échelle de séquestration et de stockage de carbone dans le secteur des centrales de production d'électricité au charbon et pour des projets de recherche visant à accélérer le déploiement de cette technologie. Cette initiative donne l'occasion au Canada de mettre au point et d'exploiter une technologie de pointe inégalée dans le monde qui pourrait réduire de façon importante les émissions de gaz à effet de serre.
Le 15 mars, le du Canada s'est rendu dans ma circonscription, Souris—Moose Mountain, pour annoncer officiellement une disposition budgétaire d'une valeur de 240 millions de dollars visant la province de la Saskatchewan et concernant la séquestration et le stockage du carbone et une technologie d'utilisation écologique du charbon. La Saskatchewan a confirmé qu'elle prévoyait utiliser les fonds pour la centrale Boundary Dam, située juste au sud de ma ville natale, Estevan, en Saskatchewan.
Ce financement du gouvernement fédéral permettra de réunir environ 1,4 milliard de dollars en investissements pour favoriser une technologie d'utilisation écologique du charbon centrée sur la séquestration et le stockage. Ce projet, estime-t-on, permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'environ un million de tonnes par année.
Je me demande si les députés néo-démocrates se rendent compte qu'en votant contre le projet de loi , ils s'opposent à un investissement important qui aurait un effet équivalent au retrait de millions d'automobiles. Ce projet pourrait constituer une base solide pour améliorer la récupération du pétrole, créer des emplois et engendrer des retombées économiques importantes.
SaskPower est en train de mettre au point ce qu'elle qualifie de l'un des premiers et des plus grands projets au monde de démonstration des technologies du charbon épuré et du captage du carbone. Cette démonstration industrielle des technologies de pointe en matière de captage et de stockage du carbone fera du Canada un chef de file dans la production d'énergie propre. Les avantages découlant de ce projet vont s'étendre aux initiatives de récupération améliorée du pétrole.
Lors de la conférence des premiers ministres provinciaux tenue à Prince Albert, le premier ministre de l'Alberta a déclaré, dans l'édition du samedi 31 mai du Leader-Post, que la technique de captage et de stockage du carbone est « la façon la plus rapide de réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre ».
Dans le même article, le premier ministre Wall a dit que la Saskatchewan était déjà un centre d'excellence pour le captage et le stockage du carbone, grâce au Centre de recherche en technologie pétrolière, situé à Regina, en Saskatchewan, et à son projet pilote de Weyburn-Midale, qui est le plus grand centre de stockage de dioxyde de carbone au monde.
Les installations de la société Encana près de Weyburn, en Saskatchewan, constituent le volet principal du projet à cet endroit, puisque cela fait sept ans qu'on y stocke du CO2 à une échelle industrielle. À l'heure actuelle, Encana reçoit du CO2 de Beulah, au Dakota du Nord, et s'en sert à des fins de récupération assistée du pétrole. Cette initiative est présentée comme le plus grand projet au monde de séquestration du CO2 et le plus grand projet industriel au Canada de récupération du dioxyde de carbone pour la production de pétrole.
Le Centre de recherche en technologie pétrolière, de Regina, participe activement au projet de Weyburn. Les possibilités pour le sud-est de la Saskatchewan sont énormes. Le CO2 peut être comprimé et acheminé par pipeline vers des lieux de stockage. La formation géologique permettant le stockage du CO2 existe dans le sud-est de la Saskatchewan. Elle n'attend que les innovations et les initiatives audacieuses des intéressés.
Le budget de 2008 prévoit une déduction pour amortissement de 15 p. 100 à l'égard du matériel de compression et de pompage utilisé dans le transport de CO2 par pipeline, et une autre, dont le taux passe de 4 p. 100 à 8 p. 100, pour les pipelines qui transportent du CO2. C'est contre ce genre d'initiatives que le NPD voterait.
Tout cela est excitant et énergisant. C'est le genre de mesures et de leadership qu'un gouvernement doit prendre afin d'encourager l'esprit d'entreprise, l'initiative et les ambitions qui animent les Canadiens, et aussi afin d'établir des partenariats avec d'autres intervenants tels que la Saskatchewan, SaskPower et l'industrie, pour s'assurer que de tels projets se concrétisent.
Kevin Hursh, agrologue consultant et agriculteur de Saskatoon, en Saskatchewan, a dit ceci dans un article publié le 31 mai 2008 dans le National Post:
Dans beaucoup de petites et grandes villes en Saskatchewan, il est très difficile de trouver une maison à acheter et, si on en trouve, les prix ont augmenté considérablement. On s'arrache les vieilles maisons que personne ne voulait il y a quelques années, et on les rénove. Même les maisons dans les vieilles fermes sont en demande.
Il ajoute qu'il observe un optimisme dans le secteur agricole et le secteur des grains qu'il n'a jamais vu auparavant. Il affirme:
Les gens retournent en Saskatchewan, et cela ne comporte pas des avantages seulement pour les villes. Les régions rurales de la Saskatchewan ont encore des problèmes, mais la situation s'est améliorée considérablement. Les gouvernements locaux tentent de passer d'un mode de survie à un mode de croissance.
Notre économie et sa croissance continue dépendront de l'existence d'un système d'immigration souple, qui permettra de s'assurer que nous avons les travailleurs qualifiés et les gens de métier dont notre pays a besoin. Ni les Canadiens ni les immigrants éventuels ne seront avantagés par un système d'immigration qui, en raison de sa nature dysfonctionnelle, force les immigrants éventuels à attendre pour une période allant jusqu'à six ans avant que leur demande ne soit examinée et encore plus avant qu'une décision ne soit prise.
Le système actuel est particulièrement problématique puisque, dans quelques années, toute la croissance nette de la main-d'oeuvre au Canada proviendra de l'immigration. C'est pourquoi les changements apportés à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ont été inclus dans le budget de 2008. En 2006, dans Avantage Canada, on a affirmé que le Canada avait besoin de la main-d'oeuvre la plus souple au monde et que c'était une chose cruciale pour l'avenir du Canada.
On a besoin désespérément d'un nouveau système de traitement plus efficace, un système qui répond à la fois aux besoins des nouveaux immigrants et à ceux du Canada. Le Canada doit affronter une concurrence féroce sur le plan international pour attirer des personnes qui possèdent le talent et les compétences nécessaires à la croissance et à la prospérité continues de notre pays.
Comparativement au Royaume-Uni, à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande, le Canada est le seul pays qui n'utilise pas un filtre professionnel pour sélectionner et codifier les demandes de travailleurs qualifiés ou les mettre par ordre de priorité. Le système canadien n'est pas aussi souple que celui des autres pays.
Les changements législatifs que nous proposons empêcheront l'arriéré de s'amplifier. Non seulement le gouvernement agit pour mettre fin à l'augmentation de l'arriéré, mais il affecte également des ressources supplémentaires pour réduire ce dernier. Notre gouvernement s'est notamment engagé à consacrer plus de 109 millions de dollars sur cinq ans à cette fin.
La partie 6 du projet de loi , combinée aux mesures non législatives prévues dans le budget de 2008 pour cette année et les années subséquentes, aura pour effet d'enrayer et de réduire l'arriéré et d'accélérer le processus. Le gouvernement sera tenu de consulter les provinces et les territoires, l'industrie et les ministères.
Ces consultations comprendront l'obtention d'assurances que, si la priorité est accordée aux professions réglementées, les organismes de réglementation provinciaux feront en sorte que les personnes accueillies au pays auront le droit de travailler dans leur domaine peu après leur arrivée. Les instructions doivent respecter nos engagements auprès des provinces et des territoires dans le cadre du Programme des candidats de la province et de l'Accord Canada-Québec.
Ces changements proposés font partie d'une stratégie en vue de créer un système d'immigration plus efficace, qui nous permette d'accueillir plus d'immigrants et de les aider à trouver l'emploi dont ils ont besoin pour réussir et bâtir une meilleure vie pour eux et leur famille. Leur réussite est notre réussite.
Il faut intervenir d'urgence. La partie 6 du projet de loi et le budget de 2008 prévoient les mesures d'intervention nécessaires.
Le projet de loi que nous débattons aujourd'hui illustre à quel point notre gouvernement est prêt à relever le défi de l'incertitude économique mondiale. Nous avons un plan réaliste pour le Canada, un plan qui fonctionne. Il n'est pas question de retourner à l'époque des dépenses effrénées, d'un endettement élevé et des impôts plus lourds, comme certains le voudraient. Les Canadiens ne le veulent pas et ce gouvernement non plus.
Les mesures proposées dans le projet de loi montrent plutôt que notre plan nous met sur la bonne voie, une voie qui exige une approche ciblée, de la prudence et de la discipline, mais qui est en même temps très rafraîchissante, passionnante et stimulante, et qui est pour les Canadiens la voie de l'avenir. Ce sera un vent de fraîcheur pour tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi d'exécution du budget. Je vais parler, dans un premier temps, du budget dans son ensemble et, dans un deuxième temps, des dispositions sur l'immigration.
Au moment où le budget a été déposé, notre chef a dit qu'il n'avait pas une grande envergure et qu'il ne valait pas la peine de précipiter les élections pour un budget aussi mineur. La majeure partie de l'argent avait été attribuée à des mesures préalables. Toutefois, il y avait quelques éléments du budget auxquels nous étions opposés.
Tout d'abord, nous avions recommandé que le gouvernement, au lieu de rembourser la dette à hauteur de 10 milliards de dollars, n'y consacre que 3 milliards et verse 7 milliards de dollars dans un fonds pour l'infrastructure. Nous étions pleinement conscients du fait que le déficit du Canada sur le plan de l'infrastructure dépasse les 100 milliards de dollars. Ce fonds serait un investissement dans notre avenir et celui de nos enfants et petits-enfants. De plus, cet investissement aurait créé un grand nombre d'emplois partout au pays. Malheureusement, le gouvernement a choisi de ne pas suivre notre conseil et l'occasion a été ratée.
J’ai aussi des réserves au sujet de l’initiative visant l’assurance-emploi. D’abord, cela créerait une nouvelle bureaucratie. Des spécialistes m’ont dit que, pour fixer les cotisations à l’assurance-emploi d’après une formule donnée, nous n’avons pas besoin de mettre sur pied une grande entité nouvelle, ce qui revient à gaspiller l’argent des contribuables. Il y a des solutions bien plus simples et rapides.
Je m’inquiète aussi du fait que l’excédent cédé à la nouvelle entité ne soit que de 2 milliards de dollars, ce qui la contraindra à augmenter considérablement les cotisations au moment où l’économie risque de glisser dans une récession. Il s’agit d’une mauvaise politique anticyclique. Comme des actuaires et d’autres l’ont dit, il faudrait prévoir un montant plus important pour que le Compte d’assurance-emploi soit équilibré sur l’ensemble d’un cycle économique plutôt que d’année en année.
Quant aux dispositions sur l’immigration, les libéraux s’y opposent fermement. D’abord, le gouvernement demande qu’on se contente de lui faire confiance. Il ne nous dit rien de ce qu’il va faire. La ministre aura tout le pouvoir et pourra agir à sa guise. « Faites-nous confiance. » Voilà le refrain du gouvernement. Compte tenu de son bilan, nous estimons qu’aucun Canadien n’a de raison de lui faire confiance pour quoi que ce soit, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de prendre des décisions très importantes en matière d’immigration.
Une autre chose m’inquiète, à propos des dispositions sur l’immigration: le gouvernement n’a ajouté à peu près rien au budget de l’immigration. Tout effort sérieux visant à résorber l’arriéré et à abréger les délais d’attente et d’étude des demandes nécessite de nouveaux crédits, car il faut engager plus de personnel pour mener les entrevues et faire les études. Autrement, cela ne rime à rien.
Si le gouvernement n’injecte pas d’argent neuf et soutient que l’étude des demandes de certains groupes sera accélérée, cela suppose automatiquement que l’étude des demandes d’autres groupes sera plus lente. Cela coule de source. Les conservateurs ne l’admettent pas. Ils n’avouent pas ce fait plutôt élémentaire. En disant qu’ils accéléreront l’étude des demandes de la composante économique, ils disent implicitement, sans l’avouer explicitement, qu’ils ralentiront l’étude des demandes d’immigration qui visent à réunifier des familles.
De ce côté-ci, nous reconnaissons l’importance des pénuries de main-d’œuvre et de l’immigration de la classe économique, mais nous sommes convaincus de la nécessité de maintenir l’équilibre, conviction que le gouvernement ne partage pas. Nous ne croyons pas qu’il faille accélérer l’étude des demandes des immigrants de la classe économique aux dépens des immigrants de la catégorie de la famille. En somme, nous assistons à une marchandisation des immigrants: le gouvernement conservateur ne perçoit pas les immigrants comme des personnes, mais comme des produits qui font l’objet d’un commerce.
Par conséquent, nous nous opposons à ces dispositions. Si nous sommes nombreux à le faire, il pourrait y avoir des élections. Si nous sommes peu nombreux, nous lancerons un message aux Canadiens: lorsque le Parti libéral sera porté au pouvoir, il remplacera ces dispositions sur l’immigration par une meilleure politique qui prévoira sûrement un certain financement et des dispositions à la fois pour les immigrants qui veulent venir rejoindre leur famille et les immigrants de la composante économique, sans favoriser un groupe au détriment de l’autre.
J'aimerais maintenant aborder la question de la gérance de l'économie par le gouvernement. Il n'y a pas si longtemps, le 12 mai, le ministre des Finances a déclaré: « Il est peu probable que les facteurs à l’origine du malaise américain actuel entrent en jeu de la même façon ici. » Puis, il a décrit à quel point le Canada se portait extraordinairement bien par comparaison avec les États-Unis, qui se trouvent dans une très mauvaise posture. Il a dit que les institutions financières canadiennes étaient solides. Il a dit que nous n'étions pas en butte à une crise des prêts hypothécaires à risque et que notre secteur de l'habitation ne s'était pas effondré. Il a probablement fait mention du fait que notre économie repose sur des ressources, ce qui explique le boom dans l'Ouest du Canada et dans d'autres régions du pays.
Comment se fait-il alors que l'indicateur le plus fondamental de la santé de l'économie, celui qui nous dit si nous sommes ou non en récession, nommément notre produit intérieur brut, ait reculé durant le premier trimestre de l'année alors que celui des États-Unis a progressé? Cette nouvelle a ébranlé tout le monde. Certaines personnes croyaient le quand il disait que le Canada était solide et que les États-Unis connaissaient un moment de faiblesse. Comment se fait-il que leur PIB ait augmenté tandis que le nôtre s'est contracté?
C'est sans compter que le Canada a connu le premier trimestre de l'année le plus faible de tous les pays du G7. Ce sont les faits. Rien à voir avec la propagande du gouvernement. Ainsi, le Canada a eu le premier trimestre de 2008 le plus faible de tous les membres du G7. Techniquement, nous sommes à mi-chemin vers notre première récession en quelque 15 ans. Or, le gouvernement débite des bêtises à propos de la force de notre économie et il prétend que tout va bien.
Nous avons eu le pire premier trimestre de tous les pays du G7. On a appris hier que la confiance des consommateurs a dégringolé pour atteindre son plus bas niveau en sept ans et que la confiance des sociétés est faible. Aujourd'hui seulement, 1 000 emplois ont été perdus à Oshawa, à l'usine de General Motors. Peut-être que cela va réveiller le , car un grand nombre des employés touchés vivent dans sa circonscription.
Quelle est la réponse? Oui, le a raison: le Canada est avantagé. Il ne subit pas de crise des prêts hypothécaires à risque et son secteur de l'habitation ne s'est pas effondré. Nous pouvons compter sur le secteur des ressources. Alors, pourquoi le Canada a-t-il eu un rendement si mauvais par rapport aux États-Unis et aux autres pays du G7 durant le premier trimestre de 2008? Je vais fournir la réponse à la Chambre. C'est à cause de la mauvaise gérance de l'économie appliquée par le ministre des Finances.
Premièrement, il a dit que l'Ontario est le pire endroit où investir. Il semble que General Motors était à l'écoute ce matin. En effet, la société a annoncé qu'elle n'investira pas en Ontario et qu'elle y fermera son usine. Je pense que c'est le summum de l'irresponsabilité. Quelles que soient les divergences de vues politiques entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, c'est le summum de l'irresponsabilité pour un ministre des Finances que de saboter le climat économique de n'importe quelle province et surtout de sa province d'origine, en disant qu'il n'y a pas pire endroit où investir.
Les gens commencent à prêter l'oreille. Le ministre est irresponsable et il devrait retirer ses propos. Il devrait aussi présenter des excuses. Il devrait dire la vérité, c'est-à-dire que l'Ontario est la meilleure province où investir, et non pas la pire, comme l'a dit notre .
Ce dernier n'a aucune souplesse sur le plan idéologique. En ce qui concerne les emplois du secteur manufacturier, c'est l'hémorragie. Fidèle à son idéologie, le ministre s'oppose à tout investissement de l'État en guise de soutien au secteur manufacturier. Ce matin, nous avons vu quelles peuvent être les conséquences de ce discours. Et ce n'est que le début. Comme le ministre n'a pas d'intérêt dans le domaine des nids de poule, il n'a pas l'intention d'investir dans l'infrastructure. Nous ne sommes pas d'accord.
Les emplois disparaissent à vue d'oeil dans le secteur manufacturier. Sa politique du laisser-faire, qui s'inspire de son idéologie, consiste à ne fournir aucun soutien direct au secteur manufacturier. Nous en réalisons les conséquences aujourd'hui.
La dernière chose, mais non la moindre, c'est que le ministre a hérité d'un excédent de 13 milliards de dollars, le plus gros de l'histoire du Canada. Pourtant, en à peine plus de deux années, il a réussi à amener le Canada au bord du déficit. Certains disent même que nous sommes déjà en plein déficit. Il a dépensé sans compter pendant les deux premières années, pendant que la situation économique était favorable, au point où Andrew Coyne, qu'on ne saurait qualifier de politicailleur libéral, a dit de lui qu'il était le ministre des Finances le plus dépensier depuis la naissance de la Confédération. Ayant dépensé sans compter...
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Monsieur le Président, avant le dépôt du budget, nous, libéraux, avions en fait recommandé un certain nombre de choses, dont la réduction de l’impôt sur le revenu des sociétés. Je dois dire que nous sommes heureux du fait que les conservateurs ont tenu compte de ce bon conseil libéral. Malheureusement, nous avions aussi recommandé d’autres mesures, dont quelques-unes concernant l’infrastructure.
Le gouvernement libéral précédent avait affecté 10 milliards de dollars à la réduction de la dette. Ne vous y trompez pas, nous sommes tous en faveur d’une telle réduction, mais pas quand les murs se fissurent et que la toiture fuit.
Les libéraux avaient recommandé que, de ces 10 milliards, 7 milliards aillent à l’infrastructure. Nous avions également proposé de garder 3 milliards de dollars dans un fonds de prévoyance, pour maintenir la politique libérale de prudence qui consistait à constituer une réserve de quelques milliards chaque année pour les imprévus. Malheureusement, le gouvernement conservateur n’a pas tenu compte de ce conseil libéral particulièrement utile.
Le reste du budget reflète dans une grande mesure d’anciennes initiatives libérales, mais d’une façon très diluée. Je voudrais cependant mettre en évidence une importante préoccupation, malgré toutes les belles paroles du et les efforts qu’il a récemment déployés — disons-le en toute franchise — pour tromper le public canadien. Les médias ont en fait rapporté, il y a seulement deux semaines, qu’il avait dit que l’économie canadienne croissait dans toutes les régions du pays. Nous savons maintenant que l’économie canadienne s’est contractée dans le premier trimestre de 2008.
Je voudrais rappeler au que deux trimestres de contraction suffisent pour qu’on parle de récession. Par conséquent, malgré toutes ses belles paroles, son soutien fallacieux et ses déclarations indiquant que le gouvernement a énergiquement agi en faveur de l’économie, c’est le contraire qui est vrai.
Je reviens au déficit de l’infrastructure, qui atteint maintenant 123 milliards de dollars. Cela fait beaucoup d’argent. Cela représente en fait deux réductions de deux points de la TPS sur une période de 10 ans. Un point de réduction par an vaut 6 milliards de dollars. Ce calcul est vraiment intéressant. À 6 milliards de dollars par an et par point, deux points représenteraient 12 milliards sans compter l’intérêt. Autrement dit, il aurait été possible ainsi d’éliminer le déficit d’infrastructure sur 10 ans, mais non.
Ce dont nous avons désespérément besoin au Canada, ce sont des initiatives pour favoriser une économie forte. Presque tous les économistes estiment que l’investissement dans l’infrastructure est essentiel pour améliorer la productivité. J’ajouterai que la productivité est essentielle à notre compétitivité dans le monde et à la croissance de notre économie.
La productivité n’implique pas de travailler plus fort. Les Canadiens travaillent déjà très fort. Pour augmenter la productivité, il faut travailler mieux et devenir plus efficace. Tout le monde sans exception reconnaît que, pour favoriser la productivité, nous devons nous attaquer au déficit de l’infrastructure. Ce n’est pas ce qu’a fait le présent gouvernement conservateur.
Le gouvernement doit maintenant affronter tout un défi à cause des réductions de la TPS, de la gestion imprudente de l’économie et de la situation financière du pays. Non seulement l’économie s’est contractée au premier trimestre, non seulement nous courons le risque d’être officiellement en récession si cela se produit encore au deuxième trimestre parce que nous n’avons pas investi dans l’infrastructure essentielle, dans l’innovation et la recherche-développement, qui jouent un rôle critique dans la croissance de l’économie canadienne, mais nous avons aussi pu constater que l’économie dans son ensemble souffre maintenant de la situation.
Malgré toutes ses belles paroles, le gouvernement n’a tout simplement pas fait ce qu’il avait à faire, ce que nous lui avons demandé de faire et ce que le pays lui réclamait.
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Monsieur le Président, j'aimerais exprimer et réitérer aujourd'hui, au nom du Bloc québécois, la position que nous avons défendue depuis le dépôt du budget. Le avait demandé de rencontrer les partis d'opposition et nous avions rencontré les représentants, porte-parole aux finances et porte-parole adjoint aux finances, pour leur faire part des positions et des demandes du Bloc québécois en ce qui a trait au budget. Or, nous avons été extrêmement déçus de constater que le budget présenté par le ne contenait aucune mesure venant vraiment satisfaire les revendications du Bloc québécois et du peuple québécois, notamment. Effectivement, les députés du Bloc québécois à la Chambre des communes représentent la majorité des circonscriptions au Québec. La nation québécoise, le peuple québécois, s'attendait à beaucoup plus d'un budget fédéral.
Globalement, je rappelle les conditions que nous avions formulées pour éventuellement donner notre appui à ce budget. Nous parlions d'une aide directe et immédiate aux secteurs manufacturiers et forestiers. Très globalement, je reviendrai un peu plus tard sur les détails, mais on n'a rien retrouvé dans ce budget de vraiment correct en ce sens. Ce budget ne fournit aucune aide adéquate et équitable aux travailleurs et aux communautés frappées par la crise des secteurs manufacturier et forestier. Il ne prévoit aucune mesure pour rembourser les aînés floués par le programme du Supplément de revenu garanti. C'était d'ailleurs une promesse du Parti conservateur lors de la dernière élection, une promesse qui, encore une fois, n'a pas été tenue. C'est une autre promesse brisée que le gouvernement conservateur s'évertue à reproduire d'une session à l'autre. Il continue de favoriser le pollueur-payé plutôt que de rendre responsable le pollueur-payeur. Il a refusé de faire un virage à 180o en environnement. L'environnement représente une valeur extrêmement importante pour les Québécois.
Encore une fois, on ne retrouve rien dans ce budget qui va dans ce sens. Il ne prévoit non plus aucun investissement majeur en matière de culture et ne revient pas sur les coupes idéologiques que le gouvernement conservateur a déjà annoncées. Il réitère surtout aussi sa volonté de mettre en place une commission unique des valeurs mobilières qui rencontre un mur extrêmement fort au Québec. À peu près personne n'est en faveur de cette idée de mettre en place une commission unique des valeurs mobilières. D'une certaine façon, on se rend compte que le et le gouvernement conservateur ont choisi de laisser agir les forces du marché, même si ces forces jouent contre nous, au Québec.
La doctrine du laisser-faire a amené le gouvernement conservateur et le à sabrer dans plusieurs programmes, à en suspendre d'autres, à stimuler les importations bon marché en laissant des trous dans les lois commerciales et en n'appliquant pas les recommandations du Tribunal du commerce. En fin de compte, on parle beaucoup de mondialisation, et puisqu'on ne prend pas de mesures en cette Chambre, le résultat est que les concurrents se développent.
L'économie québécoise devient de moins en moins compétitive, et les pertes d'emplois se multiplient. Il n'y a rien dans ce budget pour aider le Québec. C'est clair. Par exemple, partant d'éléments antérieurs, depuis le début 2003, le secteur manufacturier québécois, qui était l'une des forces du Québec, est désormais en train de devenir une de ses faiblesses. En effet, au Québec, 148 000 emplois ont été perdus, dont 35 000 en 2006 et 43 000 en 2007. On parle de 78 000 emplois perdus depuis l'arrivée des conservateurs. Ce n'est pas rien. Ce sont 78 000 emplois qui ont été perdus dans le secteur manufacturier au Québec, un secteur qui constitue un fer de lance. Il n'y a absolument rien dans ce budget pour soutenir ce secteur.
Plutôt que d'atténuer la crise, les conservateurs l'empirent par leur laisser-faire. Leur seule réponse: les baisses d'impôt aux entreprises. Or, baisser les impôts pour des entreprises qui n'en paient pas parce qu'elles ne font pas de profits ne donne absolument rien. Telle est la réalité.
On sait que globalement, en 2007, les entreprises du Québec n'ont pas fait de profits, donc les baisses d'impôt ne s'appliquent pas. Le ministre devra bien admettre un jour que ces baisses d'impôt pour les entreprises n'ont pas permis de mettre fin à cette hécatombe qui frappe les secteurs manufacturier et forestier. En même temps, ces baisses d'impôt aux entreprises ont permis aux pétrolières d'économiser des millions de dollars.
Une part importante des baisses d'impôt de 14,1 milliards de dollars annoncées l'automne dernier par le gouvernement conservateur dans son Énoncé économique ira aux entreprises pétrolières, on le sait. Encore une fois, par des mesures qu'on ne prend pas ou par des mesures uniques qui visent les baisses d'impôt aux entreprises, on ne vient pas en aide à un secteur vraiment très fragile au Québec.
Les banques constituent un autre secteur nettement favorisé par le gouvernement conservateur dans ce budget. Pendant que le secteur pétrolier de l'Ouest canadien roule sur l'or, comme on le sait, le secteur manufacturier québécois traverse une grave crise. Des emplois de qualité, bien payés, offrant des avantages sociaux intéressants et étant créateurs de richesse dans le secteur manufacturier, sont perdus au profit d'emplois précaires dans le commerce au détail et d'emplois autonomes, au Québec et en Ontario.
Selon la Banque TD, les travailleurs du secteur manufacturier mis à pied perdront en moyenne 10 000 $ de revenus annuellement s'ils se reclassent dans le secteur des services.
Je peux donner un exemple frappant. Dans ma circonscription, à Shawinigan, l'usine de pâtes et papiers Belgo, qui employait 550 travailleurs bien rémunérés, a fermé ses portes l'automne dernier, sans avertissement, sans presque donner de préavis. On a donc fermé une usine qui offrait de très bons salaires. Je suis convaincu que les statistiques de la Banque Toronto Dominion s'avèrent justes pour les travailleurs qui se sont replacés. Ils ont trouvé un nouvel emploi, mais pour lequel le salaire est beaucoup moins élevé.
C'est toute l'économie de la région qui en souffre, et cela se passe à la grandeur du Québec. Des emplois bien rémunérés sont remplacés par des emplois dans les secteurs des services, bien souvent au salaire minimum ou à très petits salaires.
Pendant ce temps, après avoir présenté un budget qui ne vient pas en aide aux secteurs en difficulté, le gouvernement conservateur nous dit que des emplois se créent. Or, ce sont des emplois de bien piètre qualité offrant des salaires beaucoup moins élevés. Cela a pour conséquence, au bout du compte, d'appauvrir le Québec.
Il va falloir que le ministre arrête sa propagande conservatrice et admette que le transfert des emplois du secteur manufacturier vers le secteur des services, comme le commerce de détail, a fait perdre plus de 1 milliard de dollars en revenus aux familles canadiennes en 2007. C'est beaucoup d'argent.
En plus de la hausse de la valeur du dollar qui terrasse le secteur manufacturier québécois, la crise financière qui frappe l'économie mondiale fera diminuer les exportations des entreprises manufacturières québécoises vers l'étranger, en amplifiant ainsi la crise dont elles sont victimes. Les chiffres le prouvent.
Pour les trois premiers mois de 2008, les exportations québécoises sont inférieures de 6 p. 100 à celles enregistrées durant le même premier trimestre de l'an dernier. Les statistiques démontrent donc clairement que le secteur manufacturier en souffre vraiment.
Ce , apôtre du darwinisme économique, répète que son gouvernement a fait le nécessaire en diminuant les impôts des entreprises. Or, cette chute des exportations québécoises signifie une baisse des profits et une baisse d'impôt, mais une baisse d'impôt ne sert à rien quand on ne fait pas de profits.
Comme je le disais tout à l'heure, le laisser-faire économique du gouvernement conservateur qui émane de ce budget ne vient pas aider les entreprises qui ne font pas de profits — et c'est la règle qui s'applique actuellement au Québec. Alors on ne voit absolument pas comment on aurait pu être en faveur de ce budget.
Pourtant, le ministre avait les moyens d'agir. Il a préféré laisser faire, encore une fois. Au lieu de consacrer 10,2 milliards de dollars au remboursement de la dette, le aurait pu mettre en avant des mesures d'aide directe pour que les secteurs manufacturier et forestier puissent surmonter la crise. C'est vraiment une erreur de jugement. D'ailleurs, le jugement est une denrée assez rare au sein de ce gouvernement.
Le secteur manufacturier a manifestement besoin d'un coup de pouce de la part du gouvernement afin de surmonter la hausse extrêmement rapide de la valeur du pétro-dollar canadien. Le dollar canadien est actuellement à parité avec le dollar américain.
Ce n'est pas pour rien qu'il est rendu à ce niveau. C'est justement à cause de la surproduction, de la production du pétrole et de l'aide extrêmement importante que le gouvernement conservateur donne à cette industrie. Cela fait augmenter la valeur du dollar mais, en même temps, l'effet pervers est qu'au Québec, le secteur manufacturier en subit les contrecoups. Parce qu'on a beaucoup plus de difficultés à être concurrentiel avec un dollar à parité avec le dollar américain, on est moins capable d'affronter la compétition internationale. Encore une fois, on aide le secteur pétrolier, ce qui nuit au secteur manufacturier du Québec. De plus, on ne fait rien de spécifique pour aider ce secteur.
Or, le gouvernement fédéral, par l'entremise du , a préféré diminuer les impôts plutôt que d'aider les entreprises à faire des investissements nécessaires. On leur demande depuis longtemps de donner des garanties de prêts ou de faire quelque chose pour soutenir les entreprises, que ce soit par des subventions ou des garanties de prêts, afin de les aider à devenir compétitives. Le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie avait d'ailleurs énoncé des conditions favorables pour permettre au secteur manufacturier de s'en sortir, mais le ministre des Finances n'en a retenu aucune.
Le gouvernement conservateur continue donc de permettre aux pétrolières de bénéficier d'importants avantages fiscaux par l'entremise de l'amortissement accéléré. Le ministre a dit qu'ils allaient abolir cette mesure graduellement. Il s'est donné jusqu'en 2012 ou 2013. D'ici là, si rien n'est fait pour le Québec, que restera-t-il des secteurs manufacturier et forestier au Québec?
Il faudra que le ministre accepte de regarder au-delà de ses oeillères et de reconnaître qu'au lieu d'utiliser la stratégie du laisser-faire et du tout-à-la-dette, il aurait pu prendre 3 milliard ou, à la limite, 4 milliards de dollars sur les 10,2 milliards de dollars pour aider véritablement le secteur manufacturier. La députée qui m'a précédé disait que quand on est quasiment en faillite, il est temps d'agir. Quand le toit coule, il faut boucher les trous. C'est ce que le gouvernement conservateur se refuse à faire.
Actuellement, au Québec, on ne peut pas dire que le toit coule, mais il laisse des signes inquiétants. Il aurait besoin d'un bon soutien pour se donner une nouvelle vigueur. Cette stratégie du laisser-faire et du tout-à-la-dette préconisée par un gouvernement de dinosaures — ce n'est pas nous qui l'avons dit, mais les journalistes dès le lendemain du dépôt du budget — est vouée à la désindustrialisation du Québec et de l'Ontario. Le gouvernement pourrait une fois pour toute adopter une véritable stratégie de relance industrielle telle que préconisée par le Bloc québécois.
Pendant que le secteur manufacturier est frappé par la hausse des coûts de l'énergie et que les pétrolières en profitent pour enregistrer des profits records, le ministre continue à les subventionner. S'il avait eu un minimum de leadership, il aurait aboli immédiatement les avantages fiscaux consentis aux pétrolières et mis de l'avant de vraies stratégies pour encourager la recherche et le développement, notamment par l'introduction de crédits d'impôt remboursables. Le ministre va-t-il un jour revenir sur terre et abolir les avantages fiscaux consentis aux pétrolières en faveur de l'implantation de crédits d'impôt remboursables en recherche et développement pour le secteur manufacturier?
Actuellement, ce gouvernement est une menace pour l'économie québécoise. En donnant d'importants incitatifs fiscaux aux pétrolières, en ne mettant pas en place un véritable plan de lutte contre les gaz à effet de serre et en mettant de l'avant une réforme de la péréquation qui ne tient compte que de la moitié des revenus pétroliers et gaziers, il cumule les mesures qui favorisent le secteur pétrolier. Ces gestes irresponsables, tant sur le plan économique qu'écologique, gonflent la pétro-devise canadienne, ce qui étouffe les efforts considérables du Québec et de son secteur manufacturier pour passer à travers les secousses économiques qui affectent les marchés mondiaux.
Encore une fois, le gouvernement et son ministre pourraient-ils considérer les intérêts de la nation québécoise au lieu de se concentrer uniquement à assouvir la soif de pétrole de ses amis républicains aux États-Unis et à encourager la délinquance environnementale du Canada? Il serait encore temps d'agir. Malgré ce budget qu'on qualifiait de budget de dinosaures, le gouvernement pourrait établir un plan pour véritablement soutenir le secteur manufacturier.
Le gouvernement du Québec, par rapport au secteur manufacturier — je passerai à autre chose après — a mis en avant 620 millions de dollars pour soutenir les secteurs manufacturier et forestier, alors que le fédéral a injecté un montant de 2 milliards de dollars, pour tout le Canada, sur trois ans. Est-ce possible des chiffres aussi minimes en regard de l'effort majeur du gouvernement du Québec?
Ce qui est encore plus désolant, c'est de constater que le gouvernement fédéral a mis en avant un petit milliard de dollars pour trois ans, alors qu'il avait, en même temps, un surplus de 10,2 milliards de dollars qu'il aurait pu utiliser pour soutenir vraiment le secteur manufacturier.
Et comme si cela ne suffisait pas, on s'est aperçus que ce montant — la fiducie de 1 milliard de dollars —, qui va permettre de subventionner des emplois perdus entre 2005 et 2008, équivaut à environ 2 275 $ par emploi perdu dans les secteurs manufacturier et forestier au Québec. En Alberta, ce même montant sur trois ans équivaut à 20 000 $ par emploi perdu. S'il y a quelque chose d'inéquitable, c'est bien là.
Le gouvernement a annoncé en grande pompe une fiducie de 1 milliard de dollars, mais c'est complètement inéquitable dans des endroits où le secteur manufacturier est tellement important. Alors qu'en Alberta, on donne 20 000 $ par emploi perdu, on donne 2 200 $ par emploi perdu au Québec. C'est vraiment inéquitable. De plus, s'il y a une industrie qui est florissante, c'est bien en Alberta. Lorsque l'industrie fonctionne aussi bien, on n'a pas besoin de 20 000 $ par emploi perdu.
Comment le ministre peut-il justifier un plan si peu ambitieux, si mal ciblé? Dans le fond, on s'aperçoit de son incompréhension totale de la situation économique du Québec.
J'aimerais aussi revenir sur la question budgétaire qui concerne le déséquilibre fiscal. On sait que les conservateurs se vantent d'avoir réglé le déséquilibre fiscal. Pourtant, pour le régler, il existait un rapport qui faisait consensus au Québec, le rapport Séguin, et qui comportait trois axes importants entourant sa définition exacte.
Il s'agissait d'une réforme de la péréquation qui tenait compte de l'ensemble des revenus de toutes les provinces, ce qu'on n'a pas actuellement dans ce budget.
Il était aussi question de l'élimination du pouvoir fédéral de dépenser dans des champs de compétence des provinces. On attend un projet de loi qui aurait été annoncé lors du dernier discours du Trône. Ce projet de loi sera-t-il présenté avant la fin de la session? C'était un engagement du gouvernement conservateur — une promesse. Va-t-on assister à une autre promesse brisée? On le disait à la Chambre hier.
Le gouvernement fédéral comprend difficilement les réels besoins quant à son pouvoir de dépenser. On a besoin que ce ne soit pas seulement dans des programmes à frais partagés — il n'en existe plus —, comme il l'avait annoncé. Cela n'a pas de bon sens. À ce sujet, le gouvernement du Québec a fait savoir qu'il serait défavorable à l'éventuel projet de loi qu'on attend. Le gouvernement va-t-il le déposer? Il serait important qu'il remplisse ses promesses ou qu'il essaie de les remplir.
Revenons au déséquilibre fiscal. Je parlais du rapport Séguin. Il était aussi question du remplacement des transferts fédéraux en espèces par une part équivalente de la taxe de vente et de l'impôt sur le revenu.
Que l'on parle des secteurs manufacturier et forestier, que l'on parle du déséquilibre fiscal — que les conservateurs s'étaient engagés à régler et se vantent d'avoir réglé —, on est encore très loin d'une situation où le gouvernement conservateur s'est vraiment préoccupé des réels besoins exprimés au Québec, notamment en ce qui a trait au fer de lance de son économie, le secteur manufacturier, et en ce qui a trait à toute la question du déséquilibre fiscal qui est encore très loin d'être réglé. On ne trouve rien dans ce budget à ce sujet. Le Bloc québécois va voter contre celui-ci, c'est bien évident.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'avoir l'occasion de prendre part au débat sur le projet de loi , la Loi d'exécution du budget, à l'étape de la troisième lecture.
Ce n'est pas sans déception que je prends la parole ce matin pour participer à ce débat, surtout compte tenu de ce qui s'est passé hier soir lors des votes à l'étape du rapport du projet de loi .
Hier soir, nous avions l'occasion de montrer notre mécontentement à l'égard de deux éléments clés de ce projet de loi, soit les changements au régime d'assurance-emploi et les mesures concernant l'immigration.
Nous avons voté hier soir sur deux séries d'amendements que le NPD appuyait sans réserve. Je sais que le Bloc les appuyait également; en fait, certains des amendements sur lesquels nous avons voté avaient été proposés par le Bloc. Les autres venaient du NPD. Ces amendements auraient apporté d'importants changements à la mesure législative que nous débattons ce matin. Ils auraient supprimé les articles problématiques concernant l'immigration et auraient modifié les dispositions relatives à l'assurance-emploi dans ce projet de loi.
Malheureusement, le Parti libéral nous a fait perdre une excellente occasion. Hier soir, seulement douze députés libéraux ont voté contre le projet de loi en dépit des protestations des libéraux, qui se disaient opposés au projet de loi et affirmaient parler au nom des Canadiens préoccupés par la politique de l'immigration. Malheureusement, cela n'a pas suffi pour changer le résultat du vote.
Il est étonnant qu'en dépit de leurs protestations, les libéraux trouvent difficile de venir ici et d'exprimer l'opinion qu'ils ont présentée aux Canadiens et de leur dire « faites-nous confiance, nous changerons les choses lorsque nous serons au pouvoir ». Nous ignorons quand cela se fera.
Hier soir, l'opposition officielle, le Parti libéral, avait la possibilité d'exercer le pouvoir qui est le sien au sein du Parlement et de faire amender le projet de loi pour en corriger les problèmes. Les libéraux avaient la possibilité de parler au nom des Canadiens préoccupés par les modifications au système d'immigration, par exemple. Ils ont plutôt choisi de ne rien faire. Je crois que c'est là un très grave problème.
Je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de plus important pour moi ici que de voter sur les mesures législatives capitales qui nous sont présentées. Je prends les votes très au sérieux. J'aimerais que davantage de libéraux prennent les votes au sérieux. La position minoritaire du gouvernement nous donne des possibilités. Lorsque nous affirmons que nous demanderons des changements, comme le Parti libéral l'a fait, il est important d'exercer le pouvoir que nous détenons et de corriger les problèmes que nous constatons, mais ce n'est pas ce qui se passe.
Malheureusement, le projet de loi est à l'étape de la troisième lecture et nous discutons encore du projet de loi que les conservateurs ont proposé. Nous débattons encore de mesures visant l'immigration et l'assurance-emploi qui posent beaucoup de problèmes majeurs et apportent des changements d'envergure dont nous devons nous occuper.
J'ai trouvé ironique d'entendre un libéral affirmer cet avant-midi que nous ne pouvions pas faire confiance aux conservateurs pour exercer le pouvoir discrétionnaire prévu dans le projet de loi en matière d'immigration et ajouter que les Canadiens devraient compter sur les libéraux pour corriger la loi un jour.
L’occasion se présente maintenant. Une occasion s’est présentée hier soir d’effectuer ces modifications. Il est clair que les Canadiens ne peuvent pas faire confiance aux libéraux pour voter d’une manière conforme à ce qu’ils disent sur cette question d’immigration en particulier. On a laissé échapper cette occasion hier soir. C’est très grave. Je pense que de nombreux Canadiens auront des choses à dire aux députés libéraux à cet égard.
Pour ce qui est du projet de loi à l’étude, une des modifications importantes qu’il renferme vise le fonctionnement du fonds d'assurance-emploi.
Nous avons entendu de fortes protestations, venant particulièrement de ce coin-ci de la Chambre, concernant l’incidence des modifications inscrites dans ce projet de loi. Des députés ont dit qu’un vol se préparait, que les travailleurs et les employeurs du Canada allaient se faire voler en vertu de ce projet de loi. Je dois être d’accord avec les députés qui ont utilisé ces termes durs, parce que la proposition que nous sommes en train de débattre est très grave.
Dans le fonds d'assurance-emploi, ces dernières années, il y a eu un excédent de 54,1 milliards de dollars des cotisations sur les montants versés sous forme de prestations et de programmes de formation liés à l’assurance-emploi. Cet argent avait été perçu de bonne foi auprès des travailleurs et des employeurs canadiens pour gérer le programme d’assurance-emploi.
Le projet de loi prévoit la constitution de l’Office de financement de l’assurance-emploi du Canada. Cet office aurait pour mission de fixer les taux de cotisation et de garantir le versement des prestations d’assurance-emploi. Tout cela recèle une modification importante, car le fonctionnement de l’office serait davantage lié aux tendances économiques générales qu’aux besoins de chaque travailleur, comme l’est l’actuel programme d’assurance-emploi. C’est une modification de taille.
L’autre problème que pose le projet de loi, c’est que la réserve établie pour faire face aux changements dans la conjoncture économique et à une hausse du taux de chômage ne sera que de 2 milliards de dollars. Ce fonds de réserve serait établi par suite de l’adoption de ce projet de loi.
Nous savons parfaitement que ce n’est pas assez. Certains ont exprimé catégoriquement cet avis. La vérificatrice générale a dit clairement qu’il devait y avoir une réserve d’au moins 10 milliards à 15 milliards de dollars dans le fonds d’assurance-emploi pour faire face à un éventuel ralentissement économique. Pour sa part, l’ancien actuaire en chef du Canada a déclaré qu’il fallait pour cela une réserve de 15 milliards de dollars. Pourtant, le projet de loi à l’étude prévoit mettre de côté un montant de seulement 2 milliards de dollars.
Alors qu’au fil des ans, un montant de 54 milliards de dollars a été perçu auprès des travailleurs et des employeurs, nous ne mettrions de côté qu’un montant de 2 milliards de dollars; qu’est-ce qui arrive au montant de 52 milliards de dollars qui reste? Il y a un problème grave. C’est ce qui a incité des députés à qualifier cette mesure de vol important et à dire que les travailleurs et les employeurs du Canada se font voler cet argent.
Il fut un temps où, au lieu de proposer ce genre de mesures, les conservateurs, alors membres de l'opposition, ont en fait proposé que la somme de 54 milliards de dollars soit remboursée à la caisse d'assurance-emploi parce qu'ils reconnaissaient que c'étaient les travailleurs et les employeurs du Canada qui y avaient cotisé. Malheureusement, ils ont perdu leur volonté de faire ce qui est bien, de rendre justice aux travailleurs et aux employeurs du Canada afin de s'assurer que l'argent soit utilisé aux fins pour lesquelles il avait été recueilli. Ils ont fait volte-face et sont maintenant prêts à radier totalement les 52 milliards de dollars et, en agissant ainsi, à prévoir trop peu d'argent dans le cas d'un éventuel ralentissement économique.
Je pense que cela nous inquiète tous en ce moment. Les conservateurs disent que certaines personnes sont des prophètes de malheur. Je ne pense pas que quiconque parmi nous veuille être un prophète de malheur, mais je pense que nous voulons tous être conscients des signes de la conjoncture actuelle. De nombreuses personnes s'inquiètent de la possibilité d'une récession et d'un ralentissement économique.
Sans un programme d'assurance-emploi solide, nous savons que tout ralentissement économique engendrera plus de problèmes pour les Canadiens. Bon nombre d'entre nous croyons que le programme d'assurance-emploi qui existe aujourd'hui n'est plus que l'ombre de ce qu'il était autrefois. De nombreux travailleurs canadiens trouvent que, lorsqu'ils sont licenciés, il est difficile de s'en sortir en l'absence du programme d'assurance-emploi que nous avions dans le passé.
Les nouvelles ne sont pas bonnes aujourd'hui à Oshawa, la ville où je suis né et où j'ai grandi. L'usine de camions ferme, ce qui fera mille travailleurs de l'automobile de plus en chômage. C'est un changement très important. C'est une véritable compression des activités de General Motors au Canada. C'est un coup dur pour les travailleurs canadiens qui perdent mille emplois bien rémunérés dans le secteur de la construction automobile, des emplois qui étaient assortis d'excellents avantages sociaux et d'un régime de retraite. Les lacunes du Programme d'assurance-emploi rendront la situation encore plus difficile aux travailleurs, comme ceux d'Oshawa, qui viennent de perdre leur emploi ou le perdront au cours des prochains mois. C'est un problème très grave. Nous devrions utiliser les 52 milliards de dollars pour nous assurer qu'il existe des programmes pour aider les travailleurs qui perdent leur emploi et faciliter leur recyclage. Mais, on n'en fait rien. Ce n'est pas la voie choisie par les conservateurs.
S'il faut donner une raison de ne pas appuyer le projet de loi , c'en est une excellente. Je déclare au député d' et au député de , qui a proposé cette mesure législative, que je ne comprends pas qu'ils puissent tourner le dos à leurs électeurs au moment où leur collectivité vit un événement aussi terrible. Je ne comprends pas qu'ils ne prennent pas toutes les mesures possibles pour mettre en place des programmes pour les aider au moment où surviennent ces fermetures éprouvantes.
Cela ne se produit pas uniquement dans le secteur de l'automobile. C'est pareil dans le secteur forestier en Colombie-Britannique.
Nous avons vu, en Colombie-Britannique, maintes collectivités touchées par la perte d'emplois forestiers, comme dans la localité de Mackenzie, et un grand nombre d'autres sur la partie continentale de la Colombie-Britannique, ainsi que dans l'île de Vancouver et même dans la vallée du Bas-Fraser, où des scieries ont fermé. Ils ont tous vu les difficultés engendrées par les changements qui s'opèrent dans le secteur forestier; pourtant, il y a eu bien peu d'aide de la part du gouvernement.
La caisse de l'assurance-emploi est moins utile à l'heure actuelle qu'elle n'aurait pu l'être à une certaine époque, en raison des modifications dont elle a fait l'objet depuis. C'est un enjeu important en Colombie-Britannique.
Nous savons que des centaines de milliers d'emplois du secteur manufacturier ont été perdus au cours des dernières années au Canada, et que ce n'est pas fini. Ces emplois se sont volatilisés, en même temps que les salaires élevés, les avantages et les régimes de retraite.
Le gouvernement répète sans cesse qu'il a créé beaucoup d'autres emplois. Nous savons que ces emplois sont en grande partie des emplois du secteur des services, des emplois au salaire minimum ou à peine mieux rémunérés. Ces emplois ne s'accompagnent pas des mêmes avantages et n'offrent aucune possibilité de plan de retraite.
Ces nouveaux emplois ne peuvent se comparer aux emplois que nous sommes en train de perdre d'un bout à l'autre du pays, des emplois bien rémunérés assortis d'excellents avantages et de fonds de pension. C'est un grave problème.
Aujourd'hui, notre porte-parole en matière d'assurance-emploi, le député d', a plusieurs fois décrit la situation en matière d'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi. Seulement 32 p. 100 des travailleuses et 38 p. 100 des travailleurs y sont admissibles. Des centaines de milliers de travailleurs canadiens ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi. Il s'agit pourtant de travailleurs qui font partie intégrante de l'économie, mais ils ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi.
Au fil des années et des décennies, nous avons pu réaliser l'importance de pouvoir compter, au Canada, sur un régime d'assurance-emploi solide en période de ralentissement économique, à l'échelle locale ou nationale, provinciale ou régionale. Malheureusement, notre engagement à l'égard de ce programme n'est plus ce qu'il était. Ce n'est pas le projet de loi dont nous sommes saisis qui va améliorer la situation.
Nous savons également que, si nous voulons nous attaquer aux problèmes de pauvreté des familles et des enfants, l'assurance-emploi occupe une place déterminante parmi les politiques et les programmes dont nous avons besoin pour réduire la pauvreté au Canada. Malheureusement, c'est un scandale de ne pas traiter l'assurance-emploi avec tout le respect qu'elle mérite en tant que programme important dans le cadre de cet effort. C'est un scandale de faillir à lui conférer ce rôle de premier plan.
Le projet de loi comprend également des modifications sujettes à controverse à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Elles donneraient notamment au ministre plus de latitude quant à l’acceptation des demandes d’immigration. Le fait que ces dispositions se trouvent dans ce projet de loi pose déjà un problème.
Pareille modification n’aurait pas dû figurer dans un projet de loi d’exécution d’un budget. Il s’agit d’une profonde transformation des lois canadiennes sur l’immigration. Elle aurait dû faire l’objet d’une mesure à part, d’un projet de loi en soi, de sorte qu’elle ait droit à l’attention directe qu’elle mérite, vu son importance.
Cette mesure n’aurait pas dû être enfouie dans un projet de loi qui met en œuvre un budget. J’espère que les conservateurs reverront ce genre de tactique à l’avenir. Il n’est pas acceptable de dissimuler dans un projet de loi de cette nature des dispositions qui portent sur un tout autre sujet.
La modification que les conservateurs proposent est très importante pour mes électeurs. Ma circonscription compte un nombre appréciable de néo-Canadiens et d’immigrants. Toute modification des dispositions législatives sur l’immigration y est scrutée de près.
Il est inacceptable d’accorder au ministre des pouvoirs discrétionnaires comme ceux-là. Nous ne devrions pas l’autoriser à faire abstraction de certaines demandes.
Nous avons mené une lutte longue et difficile afin de garantir l’étude de toutes les demandes d’immigration. Ce changement a été une grande victoire pour ceux qui se préoccupent de l’application de la politique sur l’immigration au Canada.
Le projet de loi annulerait ce progrès. Encore une fois, s’il est une raison de rejeter le projet de loi, c’est bien celle-là. Il annule des gains importants réalisés par le passé dans la politique de l’immigration et l’étude des demandes.
En réalité, cette modification est présentée comme un moyen de résorber un arriéré de 900 000 demandes ou même plus. Or, cette mesure ne fera rien à cet égard, car elle ne s’applique pas à la majeure partie de ces demandes accumulées. Elle ne fera rien de ce qu’on prétend pour la faire accepter.
Le gouvernement conservateur fait de la fausse publicité en disant que cette mesure réduira le volume de l’arriéré, car elle n’en fera rien. Elle le laissera intact. Pour résorber cet arriéré, il faut accroître la capacité d’examen des demandes. Et le projet de loi ne fait rien à cet égard.
L’orientation des conservateurs en matière d’immigration présente de nombreux problèmes, et le projet de loi les met tous en lumière. La nouvelle insistance sur les travailleurs étrangers temporaires est un énorme changement dans la politique canadienne sur l’immigration. Par le passé, nous avons encouragé les étrangers dont notre économie avait besoin à venir chez nous comme résidents permanents. Nous les avons mis en bonne voie pour qu’ils deviennent des citoyens canadiens à part entière.
Les pays européens, par exemple, ont appliqué une politique fondée sur les travailleurs invités. Nous ne nous sommes jamais engagés dans cette voie. Lorsque nous constatons certains des problèmes sociaux que cette politique des travailleurs invités ou des travailleurs étrangers temporaires a occasionnés en Europe, il faut dire que nous avons de la chance que le Canada n’ait jamais opté pour cette politique.
Toutefois, c’est l’orientation choisie par les conservateurs. Ils vont jusqu’à réduire, dans la cible d’immigration globale, le nombre de places prévues pour les immigrants de la composante économique et de la catégorie de la famille en faveur de travailleurs et d’étudiants étrangers temporaires. Ils les encouragent plutôt à demander la résidence permanente.
Cela n’aidera pas non plus à résorber l’arriéré. Nous n’allons pas le réduire si nous enlevons des places disponibles pour les immigrants de la catégorie de la famille.
C’est un grand problème parce que la réunification des familles était l’un des points forts et l’un des motifs de succès de notre programme d’immigration. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les gens choisissent d’émigrer au Canada plutôt que d'aller dans d’autres pays. Beaucoup considèrent en effet que la possibilité de faire venir des membres de leur famille constitue une importante promesse qu’on leur a faite lorsqu’ils sont venus au Canada.
Je crois que c’est à nos risques et périls que nous laissons ce programme s’affaiblir. Dans un monde qui recherche de plus en plus les immigrants, nous ne pouvons pas nous permettre de nous passer d’un avantage concurrentiel que nous avons sur les autres pays en matière d’immigration.
Je pense que le gouvernement est déterminé à réduire l’importance de la réunification des familles. La première fois que l’ancien ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration a comparu devant le comité, il a omis de mentionner la réunification des familles lorsqu’il a donné la liste des raisons pour lesquelles nous avons une politique d’immigration au Canada.
Il a parlé des besoins économiques du Canada, de l’édification du pays et de la protection des réfugiés vulnérables, mais il n’a pas parlé de la réunification des familles. Il est significatif de voir un ministre omettre de mentionner un facteur qui constitue l’un des objectifs clés du programme canadien d’immigration depuis des décennies. C’est un indice très significatif.
Si on consulte le site web de l’Immigration, comme je l’ai fait récemment, on a de la difficulté à trouver une mention quelconque de la réunification des familles dans les descriptions générales de la politique canadienne d’immigration. L’expression semble avoir été retirée des pages d’accueil du site. Cela revient encore une fois à rabaisser considérablement la position de ce facteur au Canada. Les changements proposés dans le projet de loi à l’étude ne feront qu’aggraver cette situation.
J’aurais pu parler de certaines des choses qui sont absentes du projet de loi et qui auraient dû y être. Le projet de loi ne mentionne aucun nouveau programme de logement au Canada. Nous savons qu’il y a un sérieux problème de logement partout dans le pays. Le logement abordable et l'itinérance constituent de graves problèmes auxquels les Canadiens souhaitent que le gouvernement s’attaque. Ils ne sont malheureusement pas mentionnés dans le projet de loi.
J’aurais pu parler de la façon dont le gouvernement conservateur utilise ce projet de loi pour réduire d’une façon générale l’impôt des sociétés tout en majorant, dans l’ensemble, les taux d’imposition des particuliers. Je ne trouve pas cela particulièrement indiqué.
J’aurais pu parler des pertes de revenu subies par les Canadiens depuis 1989 et du fait que ces mesures budgétaires ne font rien à ce sujet. Seuls les très riches profitent actuellement. Tous les autres sont touchés, et particulièrement les gens qui se situent au bas de l’échelle des revenus.
J’aurais pu parler du fait que le gouvernement ampute nos capacités financières de plus de 200 milliards de dollars.
J’aurais pu parler de la réduction du financement d’importants programmes pouvant répondre à quelques-uns des grands besoins sociaux des Canadiens. Ces programmes auraient collectivement permis de régler certains des problèmes sociaux que nous connaissons.
Le projet de loi à l’étude comporte de nombreux défauts. Les députés de ce coin-ci voteront une fois de plus contre cette mesure. Nous nous tiendrons debout pour le faire et pour tenir la promesse que nous avons faite aux Canadiens au sujet de ce projet de loi.
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Monsieur le Président, c'est probablement la dernière fois que nous avons la chance de discuter du projet de loi et de nous pencher sérieusement sur les répercussions qu'il risque d'entraîner sur l'immigration.
Permettez-moi de revenir un peu en arrière.
L'an dernier, lorsqu'est survenu le problème des Canadiens ayant perdu leur citoyenneté, la est venue témoigner devant le comité. Elle nous a demandé de préparer un rapport à son intention et nous a promis qu'elle verrait à ce que la Chambre prenne des mesures afin que les Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté puissent la récupérer.
Nous lui avons présenté un rapport unanime, même si je dois avouer que, personnellement, j'avais des réserves au sujet des descendants de deuxième génération. Le rapport a été présenté à la Chambre qui a rapidement pris des mesures pour que les enfants et les conjoints de nos anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale obtiennent la citoyenneté qu'ils attendaient depuis des années.
J'ai donc cru que dans ce contexte et à ce moment, la aurait le courage de venir au comité pour nous dire qu'il y avait un problème et que les listes d'attente étaient longues, et pour demander au comité de se pencher sur la question et de lui transmettre des recommandations concrètes qu'elle pourrait étudier et mettre en oeuvre.
Qu’est-ce que les conservateurs ont fait? Ils ont inclus cela dans la partie 6 du projet de loi d’exécution du budget, en disant aux autres députés: « C’est à prendre ou à laisser. » Ce n’est pas le cas. Régler le problème des arriérés au ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration, c’est plus important que de tenir un simple vote de confiance en fin de journée et de décider qui vote pour ou qui vote contre la mesure. Cette question devrait faire l’objet d’une étude et d’un débat sérieux. Il faudrait que le Comité de la citoyenneté et de l’immigration rédige un rapport et le soumette à la ministre aux fins d’adoption et de mise en application.
Mais qu’est-ce qui s’est passé? Le Comité de la citoyenneté et de l’immigration a eu moins de deux semaines pour parler aux gens, revenir et rédiger un rapport à l'intention du Comité des finances pour lui dire à quel point ce projet de loi était mauvais.
Regardons toutefois la cause de tout cela. La cause, c’était les délais d’attente et un arriéré. Pour ce qui est des délais d’attente, je rappelle que lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, en 2006, ces délais ont augmenté de 20,79 p. 100. En 2007, ils ont augmenté de 7 p. 100. La moitié de nos immigrants arrivent de pays comme la Chine, les Philippines et l’Asie du Sud, c'est-à-dire du Pakistan, de l’Inde et du Sri Lanka, ainsi que du Moyen-Orient, c'est-à-dire de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et de la Jordanie. Par conséquent, même si 50 p. 100 de nos cas d’immigration venaient habituellement de ces pays, en 2006, les délais d’attente ont augmenté de plus de 10 p. 100.
Prenons des exemples précis. En 2006, la hausse générale des délais d’attente était de 40,78 p. 100 pour Beijing, 8 p. 100 pour Islamabad, 11,45 p. 100 pour New Delhi, 5,88 p. 100 pour Manille, 10,28 p. 100 pour Hong Kong et 20,83 p. 100 pour Colombo.
Passons rapidement à aujourd’hui. La ministre a inclus ses dispositions législatives dans le projet de loi . Avant même que le projet de loi ne soit adopté, la ministre a fait paraître une annonce vantant les mérites de ces dispositions législatives. Elle a rencontré la presse ethnoculturelle. C’était la première fois qu’un ministère faisait de la publicité dans la presse ethnoculturelle, et cela a coûté bien au-delà de 1 million de dollars.
Quand la ministre s’est présentée devant le comité, j’ai posé la question suivante: « Est-ce que la ministre nous fera parvenir des détails précis, où l'argent a été dépensé, quels journaux ont été achetés, combien la publicité a-t-elle coûté, tous les détails? » Elle a répondu: « Oui, je le ferai. » C’était le 13 mai. La ministre s’était engagée à revenir deux semaines plus tard avec les détails.
La ministre a comparu devant le comité le 28 mai et je lui ai dit: « Il y a deux semaines, vous avez pris l’engagement de fournir au Comité une liste des journaux dans lesquels le ministère a fait paraître des annonces. » La ministre a répondu: « Nous la fournirons sous peu. »
Lorsque je lui ai demandé de préciser quand exactement, elle a répondu « sous peu, d'ici la fin de la semaine ». Je lui ai demandé: « Il s'agira d'une liste détaillée accompagnée de la ventilation des coûts? » Elle a répondu: « Ce sera la liste que vous avez demandée. » Nous avons demandé qu'on nous fournisse une liste détaillée des publicités parues dans différents journaux, la ventilation des coûts de ces publicités et les coûts totaux.
J'ai déposé au comité et à la Chambre un courriel que m'a adressé un journal de la communauté tamoule de Toronto. L'auteur du courriel indiquait que le ministère avait invité le journal à tripler les coûts réels sur la facture. J'ai fourni à la ministre des exemples d'éditoriaux favorables au gouvernement. Il y a eu des lettres d'opinion de la ministre. Dans des articles à la une, je ne dirai pas qu'on a payé le journal pour qu'il publie ces articles, on l'a peut-être encouragé à le faire, c'est tout, mais de toute façon, dans ces articles, on montrait le , à Toronto, en train de vanter le projet de loi sur l'immigration. C'était dans un journal nigérian, et l'activité en question avait été organisée par la communauté sud-asiatique.
Je me suis gratté la tête, ne comprenant pas pourquoi un journal nigérian rapporterait à la une des propos tenus par le devant la communauté sud-asiatique? La diversité canadienne est merveilleuse et il est formidable que des communautés ethniques parlent d'autres communautés ethniques dans leurs journaux. Toutefois, il est très rare que le journal d'un groupe ethnique affiche en page couverture une nouvelle concernant un autre groupe ethnique, à moins qu'on ne l'ait encouragé à le faire.
Le journal en question est le Nigerian Canadian News.. J'ai en main le contrat publicitaire passé pour une page de publicité en noir et blanc, de 10 sur 14,6 pouces, au coût de 220 $. Je suis convaincu que le ministère a payé beaucoup plus que 220 $. J'ai aussi en main les contrats pour des publicités en noir et blanc passés avec l'hebdomadaire AWAM, au coût de 450 $; avec le Urdu Times, au coût de 600 $; avec le Philippine Reporter, au coût de 315 $; avec le Shahrvand, au coût de 375 $ et avec l'hebdomadaire Hindi, au coût de 500 $.
On a posé des questions à la ministre et on lui a donné l'occasion de faire ce qui convenait, c'est-à-dire de fournir au comité les détails concernant la publication et le coût de ces publicités. À 16 h 52, un vendredi après-midi, sachant très bien que les médias nationaux avaient fini leur travail et que leurs reportages étaient prêts, la ministre nous a envoyé la liste. Voilà le type de renseignements douteux qu'on nous fournit.
La liste précise la province, la ville, la publication, la date de parution et la langue. Il manque une chose, et c'est le coût. Les conservateurs ont fait preuve d'outrage à la Chambre en faisant de la publicité sur un projet de loi avant même qu'il soit adopté et en le présentant sous un jour favorable, mais il y a pire, et c'est que la ministre elle-même fait preuve d'outrage à la Chambre. Lorsqu'elle a comparu devant le comité, elle a dit que la liste paraîtrait rapidement, avant la fin de la semaine. J'ai demandé une deuxième fois s'il s'agirait d'une liste détaillée et elle a déclaré que ce serait la liste que j'avais demandée.
Par conséquent, à deux reprises devant le comité, soit le 13 et le 28 mai, des questions précises ont été posées à la ministre. On lui a demandé si elle fournirait au comité les détails sur l'utilisation des fonds et les publications utilisées, et elle nous a lamentablement trompés. Elle a trompé le comité, elle a trompé la Chambre et elle a aussi trompé les Canadiens.
Les Canadiens veulent savoir où le gouvernement dépense son argent. Ils veulent savoir ce qu'ils obtiennent pour leur argent. Il existe de nombreux exemples de cas où des gouvernements ont dépensé de l'argent avant qu'un projet de loi soit adopté et ils se sont fait dire qu'ils ne pouvaient pas faire cela. Dans le cas présent, la ministre a fait des pieds et des mains pour annoncer dans la presse ethnique et faire savoir aux différents groupes culturels du Canada que le gouvernement conservateur était magnifique et s'occuperait de l'arriéré des demandes d'immigration.
Les conservateurs disent qu'ils vont faire entrer des médecins au Canada avant nous. C'est de la foutaise. Il n'y a rien de vrai là-dedans. Ils savent fort bien que lorsque des médecins viennent au Canada, à moins que les organisations provinciales et territoriales, comme l'Association médicale de l'Ontario et l'Association médicale du Québec, ne travaillent avec les provinces, ces gens ne pourront pas obtenir leur permis pour exercer la médecine dans une province donnée.
L'Ontario dit qu'elle doublera le nombre de médecins qu'elle accepte, le faisant passer de 24 à 48. C'est fantastique. Il y aura donc 24 médecins de plus. Il y a une pénurie de médecins dans le Nord de l'Ontario. Je me demande si la ministre prendra la parole à la Chambre pour rassurer les habitants du Nord de l'Ontario ou des petits territoires, pour leur garantir que la mesure législative qu'elle propose les aidera à avoir plus de médecins dans leur région, alors qu'elle n'a absolument rien fait pour parler aux organismes provinciaux qui réglementent la profession. Si elle fait venir plus de médecins au Canada, a-t-elle demandé aux provinces de donner des permis à ces médecins pour qu'ils puissent exercer leur profession?
Nous avons des centaines sinon des milliers de gens au Canada qui ont obtenu leurs titres de compétence en médecine dans leur pays d'origine. La ministre peut simplement dire que nous avons déjà des médecins au Canada et qu'elle parlera à ses homologues provinciaux et aux associations médicales pour que les titres de compétence de ces gens soient reconnus. Pourquoi dirait-elle que le gouvernement fera venir des médecins au Canada alors que des centaines sinon des milliers de médecins compétents venant d'autres pays sont déjà ici, prêts à exercer leur profession?
La ministre dit que le gouvernement accélérera le traitement des demandes dans la catégorie du regroupement familial, des demandes de maris, de femmes, d'enfants, de grands-parents et de parents. Quelle foutaise!
La ministre espère que le projet de loi lui accordera le pouvoir d'accepter seulement certaines personnes venant de certaines parties du monde. Elle nous dit que le gouvernement accélérera le traitement des demandes provenant de parents, mais nous savons très bien qu'elle vise les catégories qui répondent aux besoins des provinces, qui comblent des besoins économiques, et que les gens d'affaires auront priorité. Il y aura deux formules parallèles: l'ancienne et la nouvelle. Selon la nouvelle formule, par exemple, la ministre décidera que nous avons besoin de briqueteurs et prendra les mesures nécessaires pour en accueillir au Canada. Et avec l'ancienne formule, on tentera tant bien que mal de traiter l'arriéré. Les parents et les grands-parents se retrouveront au bout de la file.
Comment la ministre peut-elle dire que le gouvernement accélérera le traitement des demandes des parents, des grands-parents, des demandeurs de la catégorie du regroupement familial et les mettra en tête de file alors qu'elle sait très bien que, en vertu de cette nouvelle mesure législative, le traitement de ces demandes sera ralenti? Elle traitera plus rapidement les demandes des personnes qu'elle considère nécessaires. Par ailleurs, comme les demandes des parents et des grands-parents seront toujours traitées selon l'ancienne formule, elles feront partie des 925 000 cas en instance et se retrouveront au bout de la file. Quelle foutaise!
Pourquoi la ministre n'a-t-elle pas le courage de comparaître devant le comité et de dire qu'il y a 900 000 cas en instance, que c'est un problème et qu'il faut le régler? Pourquoi ne fait-elle preuve d'aucun respect quand elle est convoquée devant le comité et qu'on lui demande où l'argent a été dépensé, quels journaux ont été achetés, combien cela a coûté et de nous donner les détails? Le 13 mai, la ministre a dit que le gouvernement ferait cela.
J'ai beaucoup d'autres exemples de la ministre qui induit le comité et la Chambre en erreur, et du fait qu'elle se cache derrière une centaine de pages de documentation qui ne précisent absolument pas où et comment l'argent a été dépensé.
Où l'argent est-il allé? Qui l'a reçu? Quelles faveurs le gouvernement conservateur a-t-il reçues en échange de la campagne publicitaire de plus de 1 million de dollars dans les médias ethniques?
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Monsieur le Président, je voudrais bien dire que je suis heureux de participer à ce débat, mais les tractations dont nous sommes témoins entre les deux partis d’en face, leurs causettes d’aujourd’hui et des jours derniers jours concernant un projet de loi aussi important que celui-ci, interdisent de croire dans la capacité du gouvernement de gérer prudemment les affaires du pays, ou dans la capacité de l’opposition officielle, le Parti libéral en l’occurrence, de dénoncer le mandat que propose le gouvernement.
Pour que règne à la Chambre des communes un certain degré d’équilibre et de justice, un certain sens d’équité, il faut que les idées circulent, que l’on entende le « pour » et le « contre » du débat. C’est ce que les Canadiens attendent et méritent. Le gouvernement propose diverses mesures dans un budget. Le budget, comme tous les budgets, est la mesure législative la plus sérieuse et la plus importante qu’un gouvernement présente au cours d’un exercice. Il permet aux organismes gouvernementaux, aux entreprises et à la population du Canada de prendre connaissance des priorités du gouvernement et de la direction qu’il entend suivre. Est-ce que cela a été fait d’une manière réfléchie? Est-ce que cela a été fait d’une manière démocratique au cours de la présente législature? Je ne le crois pas et je vais expliquer ce qui m’incite à ne pas le croire.
Un budget sert à faire connaître des choix. Le gouvernement dispose de fonds limités. Il doit agir dans des délais précis en ayant recours à un certain nombre de pouvoirs. En rendant publics ces choix, il envoie un signal clair et concis à tous les Canadiens — travailleurs de l'entreprise privée, travailleurs du secteur public ou particuliers — sur les travaux qu’il juge les plus nécessaires.
Les néo-démocrates s’opposent à ce budget et le dénoncent sans cesse depuis le début. Ce budget a présenté d’emblée un choix injuste pour les Canadiens, une approche déséquilibrée face à notre économie et à l’orientation future de notre pays. Non seulement le gouvernement a choisi une approche déséquilibrée concernant les questions fiscales, la manière dont notre régime fiscal est géré, mais il a aussi introduit de force dans un projet de loi d’exécution du budget une des plus radicales modifications en matière d’immigration que le pays a connues depuis des décennies.
On aurait cru qu’au cours d’un mandat de deux ans et demi, qui paraît de plus en plus long chaque jour, si les conservateurs avaient accordé une priorité absolue à l’immigration, ils auraient présenté ces modifications dans un projet de loi sur l’immigration. Il aurait été logique d’agir ainsi. Cela aurait permis à la de faire valoir ces modifications. Cela aurait permis au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de débattre ces modifications et de convoquer les témoins qui s’imposaient. Cela aurait donné une idée claire et concise des intentions du gouvernement en matière d’immigration.
À la place, devinant une certaine faiblesse chez les députés de l’opposition officielle et chez le chef libéral actuel, le gouvernement a opté pour une tactique connue sous le nom de confiance et a inscrit les modifications touchant l’immigration dans un projet de loi assujetti à un vote de confiance. Le gouvernement a ainsi augmenté la mise dans cette espèce de jeu de poker qu’il joue avec le chef des libéraux depuis quelques mois. Sauf erreur, les conservateurs ont ainsi bénéficié de 22 confirmations de la confiance que leur accorde le Parti libéral. Il n’y a aucun précédent de ce genre dans l’histoire canadienne. Quand un parti se présente lui-même, comme les libéraux l’ont fait, comme étant opposé aux convictions et aux idéologies de base du régime en place, celui des conservateurs, on s’attendrait à ce que ce manque de confiance se manifeste quand vient le temps de voter.
Ce qui s’est passé hier soir est très révélateur. Le gouvernement était en présence d’amendements qui pouvaient transformer fondamentalement ce qu’il propose en matière d’immigration et éliminer les pouvoirs qu’il veut accorder au . Des députés du Nouveau Parti démocratique ont dénoncé la proposition gouvernementale à la Chambre des communes et aux quatre coins du Canada. Des députés du Bloc se sont également opposés au projet de loi, tout comme des députés libéraux, mais, hier soir, lorsqu’il était possible d’agir en toute transparence et dans le respect de la démocratie, il y a 12 libéraux — je ne sais pas au juste combien il reste de libéraux — qui ont décidé de voter de façon symbolique, ne manifestant qu’une opposition anémique, si bien que le projet de loi du gouvernement a été adopté sans aucun amendement.
Voilà ce qui s’est passé, après toutes les protestations de mes collègues libéraux, dont certains, j’en suis sûr, sont même sincères. Ils ont entendu ce que leurs électeurs leur ont dit et répété: les modifications proposées à notre politique sur l’immigration, ces changements dans le tissu même de notre pays, un pays d’immigrants, sont inutiles et préjudiciables, et il faut les rejeter. Voilà ce que mes électeurs m’ont dit. C’est ce que mes partenaires du secteur industriel m’ont dit, dans ma circonscription. Je suis persuadé qu’on dit la même chose un peu partout à beaucoup de députés.
La question se résume à ce choix fondamental. Lorsque nous demandons aux Canadiens de voter, nous les invitons à faire un choix: qui va aller les représenter, eux et leurs intérêts, à la Chambre des communes, ce haut lieu de la démocratie, où nous prenons tous position, avec des degrés variables de courage et de fierté et tentons de traduire de notre mieux les intérêts de nos électeurs et de nos circonscriptions?
Le meilleur moment pour prendre position, c’est lorsque le Président met une question aux voix. C’est le moment déterminant. Il y a eu un débat, des conférences de presse, des séances publiques et des rassemblements dans les collectivités. Au moment du vote, chaque député fait personnellement son choix et décrit son allégeance: envers qui se sent-il le plus redevable?
Je représente Skeena--Bulkley Valley, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Les habitants de cette région ont un principe très solide qu’ils me rappellent sans cesse. Il peut y avoir des divergences d’opinions sur des décisions ou des votes divers, mais ils ont une double attente fondamentale: d’abord, je dois écouter et faire ma propre réflexion, exercer ma prudence et mon jugement à partir de ce que j’entends dans ma circonscription; deuxièmement, je dois exprimer cette opinion à la Chambre des communes lorsque j’en ai l’occasion. Et cette occasion, c’est le vote.
Au moment du vote, le Président invite chacun des députés à se lever à sa place. Différentes possibilités s’offrent à lui. Il peut appuyer la motion proposée, comme les députés conservateurs l’ont fait, ce à quoi on pouvait s’attendre puisque c’était leur projet de loi. Deuxièmement, ils peuvent choisir de ne pas se présenter. C’est le choix regrettable, le choix lamentable que les libéraux ont fait. La troisième possibilité, c’est de s’opposer, de rejeter la proposition, le choix idéologique proposé et de présenter une conception différente de l’avenir, de l’espoir et de l’expression de notre pays.
Les députés libéraux avaient différentes priorités, hier soir, et ils ont manifesté plus de loyauté à leur propre parti, à leurs propres sondages d’opinion, qu’à leurs électeurs. C’est profondément honteux. C’est honteux parce que, collectivement, nous nous réunissons pour exposer nos propres opinions, mais il est attendu de nous, en fin de compte, que nous ayons des échanges justes, honnêtes et démocratiques et que nous passions ensuite à autre chose, étant donné que, lorsque le gouvernement est minoritaire, le Parlement doit pouvoir accomplir son travail.
Les Canadiens ont élu un gouvernement minoritaire. Ce faisant, ils disaient aux conservateurs: « Nous ne vous donnerons pas le pouvoir absolu de faire ce que vous voulez, comme dans le cas d’un gouvernement majoritaire. Nous ne vous donnons qu’une partie du pouvoir. Nous voulons vous voir partager le pouvoir avec les autres partis et tenir compte de leurs idées. » Le NPD a constamment essayé de proposer d’autres solutions au gouvernement.
Nous aurons demain soir un vote sur l’importante question des changements climatiques. Nous nous prononcerons sur un projet de loi d’initiative parlementaire déposé par le chef du NPD et député de , qui propose d’inscrire pour la première fois dans les lois du Canada des objectifs environnementaux. C’est une chose dont les Canadiens nous ont parlé à maintes reprises. Nous nous attendons à ce que les députés se présentent à la Chambre pour appuyer le projet de loi ou pour s’y opposer. Le fait de s'absenter ou de s’abstenir constitue une telle tragédie, un tel travestissement de la démocratie qu’il est difficile de trouver des mots assez forts pour le condamner. Le fait pour des députés de s’absenter, de ne pas représenter leurs électeurs tout en prétendant qu’ils s’acquittent de leurs fonctions parlementaires alors qu’ils ne défendent les intérêts de personne à part leur propre parti est vraiment déplorable.
Des choix seront faits à l’avenir. J’ai la plus grande foi dans l’électorat canadien. Il sait observer et faire preuve de jugement. Lorsque les gens ont à se prononcer, leur décision se fonde en partie sur la notion que la personne qu’ils choisissent les représentera. Je trouve effroyable que nous ayons à énoncer ce principe absolument fondamental et à souligner que les députés sont censés se présenter à la Chambre pour voter. Je trouve tout simplement incroyable que ce point puisse faire l’objet d’un litige ou d’un débat. Nous pouvons débattre toutes sortes de questions, qu’il s’agisse d’immigration, de mesures budgétaires ou d’environnement, mais il est lamentable que nous ayons à encourager nos collègues et amis du Parti libéral à venir faire leur travail à la Chambre. Pour la plupart des Canadiens, le fait de ne pas se présenter au travail entraîne immédiatement de graves conséquences. Ils reçoivent un avertissement, puis sont congédiés. C’est ainsi que les choses se passent d’ordinaire.
Examinons un peu ce que contient en fait le projet de loi , maintenant que nous avons établi les conséquences tragiques de la faiblesse de l’opposition officielle. Le gouvernement s’en rend compte puisqu’il a pu profiter aux moins une vingtaine de fois de l’appui de ce parti lors de votes de confiance. Un projet de loi d’immigration a été intégré de force dans un projet de loi traitant des finances du pays.
Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, il y avait un arriéré de 700 000 personnes, dont nous parlons constamment. Tous ces gens attendent une audition d’une forme ou d’une autre. Ils s’attendent à ce qu’on fasse preuve à leur égard d’une certaine équité, à ce qu’on les écoute et à ce qu’on comprenne les raisons pour lesquelles ils ont demandé à être admis au Canada.
Comme beaucoup d’autres députés, je suis né dans une famille d’immigrants. Ma famille a dû passer par ce processus, a dû présenter une demande et dire comment elle comptait contribuer à la trame et à la force du pays grâce à son travail, à sa détermination et à son honnêteté. C’est ce que les immigrants apportent au Canada. Tout cela est en train de changer. Nous allons maintenant emprunter une voie différente fondée sur l’opportunisme politique et sur les intérêts d’une très petite minorité.
Nous avions donc un arriéré de 700 000 personnes. Le Parti conservateur l’a décrié pendant des années. Toutefois, deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, l’arriéré atteint maintenant plus de 900 000 personnes. Le taux d’acceptation des demandes a diminué sous le gouvernement conservateur. Le gouvernement joue avec les chiffres quand il dit que le Canada accueille plus de gens. Il a commencé à inclure les travailleurs temporaires étrangers comme s’ils faisaient partie de la même catégorie que ceux qui ont le statut d’immigrants admis.
Le gouvernement actuel munit le travailleur étranger temporaire d'un petit document qui lui permet de travailler au Canada durant une brève période, après quoi il doit quitter le pays. On comprend pourquoi son petit stratagème pour l'immigration est intégré à un projet de loi sur les finances et non pas un projet de loi sur la politique de l'immigration. Ce projet de loi est tout particulièrement axé sur les intérêts des milieux d'affaires, pour lesquels il est avantageux que des travailleurs étrangers temporaires viennent au pays et acceptent des taux de rémunération et des droits moindres que ce que l'on accorde en moyenne aux travailleurs canadiens. Ces personnes sont ensuite renvoyées du Canada lorsqu'on n'a plus besoin d'elles, lorsque les projets sont terminés. Leur contribution à l'économie canadienne est donc amoindrie et leur présence nuit aux intérêts des travailleurs qui participent déjà à l'économie canadienne et heurte leurs valeurs.
Dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, les taux de chômage ont des effets dévastateurs dans certains milieux, sur les plans économique et social. Je pense à des localités comme Hazelton, Terrace et d'autres, situées dans l'extrême Nord-Ouest, qui ont connu des taux de chômage allant jusqu'à 80 et 85 p. 100. L'effet est dévastateur. Dans le secteur forestier, une fermeture de scierie n'attend pas l'autre.
La Colombie-Britannique produisait plus de 50 p. 100 du bois produit au Canada pour exportation. Les arbres magnifiques de la province sont en grande demande sur les marchés et il est difficile d'imaginer que la Colombie-Britannique cesse de produire de la matière ligneuse. On n'en produit certainement pas beaucoup dans ma région où la forêt et l'écologie étaient le pain et le beurre de nombreuses collectivités.
Nous vivions en rapport étroit avec la forêt et nous acceptions l'évolution en dents de scie d'un secteur fondé sur les ressources naturelles. Aujourd'hui, nous constatons un fléchissement comme jamais auparavant. Il semble que tous les éléments se déchaînent en même temps sur le Nord-Ouest. Le , lui qui s'occupe de l'industrie, des affaires étrangères et de divers autres domaines, a déjà participé au secteur forestier et comprend bien que la forte valeur relative du dollar canadien, les mauvais résultats de l'accord sur le bois d'oeuvre et un ralentissement du marché du logement aux États-Unis ont créé par convergence une situation inimaginable qui a pratiquement étouffé l'économie forestière du Nord-Ouest, laquelle représente une fière tradition qui a été propice à l'essor de nombreuses collectivités.
En matière d'immigration, le gouvernement propose quelque chose de fort inhabituel mais qui n'est pas sans importance. Selon le projet de loi, les conservateurs donneraient à la le pouvoir absolu de rejeter des demandes acceptables de la part de personnes qui ont respecté le processus, coché toutes les cases et veillé à ce que leur demande soit complète et bien étayée. Aux termes de ce projet de loi, la ministre pourrait rejeter leur demande sans aucune explication ou justification et pourrait, au contraire, accepter des demandes qui ne respectent pas nos critères législatifs en matière d'immigration, de sorte que ceux qui souhaiteraient immigrer au Canada sauraient encore moins sur quel pied danser.
Malheureusement, le Canada a la réputation, particulièrement auprès des professionnels, d'être un pays peu accueillant où le traitement d'une demande prendra beaucoup plus de temps qu'ailleurs. Le projet de loi prétend accélérer le processus, mais l'a malheureusement rendu moins transparent, moins responsable et donc moins fiable. Les immigrants n'ont aucune certitude. Les parlementaires n'ont aucune possibilité de plaider la cause de requérants qui répondent à toutes les exigences. Tout ce à quoi les gens auront droit, c'est à un rejet de la part de la ministre. On ne les informera pas des motifs du rejet et on ne leur donnera pas la possibilité de découvrir pourquoi leur demande a été rejetée et de pouvoir ainsi accroître leurs chances de faire approuver leur demande. C'est une tragédie.
Cela illustre le problème croissant, surtout dans les régions rurales, du fait que nous perdons nos esprits les plus brillants et les plus prometteurs, nos plus jeunes. Nous avons été témoins de l'exode des cerveaux. Cela est vrai non seulement dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, mais dans l'ensemble du pays. Nous travaillons très fort pour inciter les jeunes à revenir. Nous travaillons très fort pour nous assurer qu'ils aient la possibilité de faire des études, tant dans la région qu'à l'extérieur de celle-ci, mais aussi pour qu'ils aient le sentiment qu'une économie forte et une collectivité dynamique attendent leur retour. Des projets de loi sur l'immigration comme celui-ci ne nous aident pas du tout.
Je tiens à préciser pourquoi je m'exprime ainsi et pourquoi les gens du Nord-Ouest s'intéressent à cette question. Lorsque je suis arrivé ici, nous avons demandé à la Bibliothèque du Parlement d'effectuer une étude sommaire de tout l'argent que le Nord-Ouest avait envoyé à Ottawa au cours des dix années précédentes. Nous lui avons aussi demandé d'évaluer tout l'argent qu'Ottawa nous avait renvoyé dans le cadre de tous les programmes et organismes gouvernementaux.
Il a fallu du temps à la Bibliothèque du Parlement pour me présenter son rapport. Je remercie d'ailleurs ses employés pour leur excellent travail. Le fruit de ce travail, quand je l'ai enfin reçu, consistait en une pile de boîtes pleines de documents. La conclusion: le ratio était 10 pour 1. Pour chaque tranche de 10 $ envoyés au fédéral à partir du Nord-Ouest, de Skeena, de nos mines, forêts et alumineries, des gens qui injectent de l'argent dans l'économie canadienne sous forme d'impôt sur le revenu, 1 $ revient dans la région sous forme de services. C'est ce que la Bibliothèque du Parlement nous dit.
Le plus remarquable, c'est que les gens de Skeena et de toute la région du Nord-Ouest ne s'en formalisent pas outre mesure. Ils n'ont pas d'objection à contribuer à la richesse et à la prospérité de notre pays. Ils savent que quand les choses vont bien pour eux, pour le secteur forestier et pour les mines, le cycle d'expansion et de ralentissement veut qu'ils contribuent. Ils en sont conscients. Ce sont de fiers Canadiens et des nationalistes convaincus.
Par contre, quand l'économie ralentit et que le secteur forestier connaît d'énormes difficultés, ils savent qu'ils ont cotisé à un régime d'assurance, pas seulement au régime d'assurance-emploi, mais au régime d'assurance qui veut que les régions ou les secteurs d'activité qui vont bien continuent de contribuer à l'économie quand d'autres vont moins bien. C'est ce qu'être un pays, être unis par un tissu social, veut dire.
Les dégâts irréversibles que ce projet de loi causerait consistent à changer ce que le gouvernement du Canada peut et ne peut pas faire. Dans ce budget, le gouvernement retranche quelque 200 milliards de dollars à sa propre capacité financière pour un avenir prévisible. Il nuit à sa propre capacité de réagir à un éventuel ralentissement économique, aux défis posés par les changements climatiques, aux besoins en matière de logements abordables et de garderies sûres et accessibles et à toutes les autres situations de cet ordre.
Tous les députés reçoivent constamment dans leurs bureaux de circonscription des gens qui militent pour que tel ou tel projet de loi ou programme soit adopté ou mis en oeuvre et qui font la preuve par quatre de l'importance de ces mesures. Je leur demande sans cesse comment ils peuvent s'attendre à quoi que ce soit du gouvernement fédéral quand celui-ci sape lui-même sa propre capacité d'agir.
De plus en plus, les groupes qui, sur la Colline du Parlement et au sein de la diaspora canadienne, s'emploient à défendre certains efforts et initiatives en vue de concrétiser leur vision du pays se rendent compte des dommages réels et irréversibles que cause ce projet de loi, des vrais enjeux derrière l'idéologie qu'il véhicule. Ce projet de loi changera la nature même du fonctionnement du gouvernement fédéral en amenant ce dernier à céder ses pouvoirs et sa capacité d'influencer l'orientation du pays et en favorisant la régionalisation, ce qui fractionnera encore davantage le Canada qu'on connaît.
On a déjà dit que le Canada fonctionne bien en pratique, mais non en théorie et qu'un pays aussi vaste avec autant d'histoires interreliées serait impensable ailleurs dans le monde. On a dit que cette situation entraînerait des tensions inhérentes et conflictuelles qui mèneraient à des explosions de violence sur une base régulière et que la fédération ne pourrait jamais survivre.
Regardons ce que nous avons accompli. Pendant de nombreuses années, nous avons assuré la paix, l'ordre et une bonne gouvernance. Maintenant, nous avons un gouvernement qui vise d'autres fins.
Dans le Nord-Ouest, nous avons constaté les effets immédiats des changements climatiques. Nous avons constaté les conséquences et les répercussions directes. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le chef forestier de la Colombie-Britannique et ce sont aussi les milieux industriels et miniers. Tous veulent simplement de la part du gouvernement une certaine assurance qu'il prendra les changements climatiques au sérieux.
Et que voyons-nous au lieu de cela? Un rapport rendu public vendredi dernier en fin de journée, pour que personne ne le lise, nous apprend que le gouvernement a révisé à la baisse tous ses plans concernant les changements climatiques. Toutes les dépenses prévues sont révisées à la baisse.
Le gouvernement réduit les efforts visant à diminuer les gaz à effet de serre alors que les gens du Nord-Ouest réclament le contraire. Ils veulent un gouvernement qui prendra le dossier au sérieux et qui agira en conséquence.
Enfin, dans un budget, un gouvernement doit faire des choix et rechercher l'équilibre. Or, il importe de souligner que les revenus provenant des sociétés diminueront de 14 p. 100 dans un avenir prévisible alors que les revenus provenant des particuliers augmenteront de 12 p. 100. Voilà les priorités du gouvernement.
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Monsieur le Président, j’ai écouté moi aussi le débat sur le budget, car il me semblait que c’était l’objet du débat.
Le budget est pour le gouvernement en place l’occasion d’exposer une vision d’ensemble, de proposer un plan, une stratégie: comment va-t-il utiliser les ressources du pays, c’est-à-dire les impôts qu’il perçoit? Que va-t-il rendre aux Canadiens en contrepartie de l’argent qu’il déduit sur le salaire qu’ils ont gagné à la sueur de leur front? Et, ce qui est tout aussi important, comment va-t-il gérer les difficultés économiques de l’heure et les ressources naturelles qui sont à la disposition des habitants de toutes les provinces pour répondre aux exigences du quotidien?
Voilà ce qu’un budget est censé faire. C’est son rôle dans un contexte démocratique, de façon que le gouvernement réponde de ses actes. Il présente un plan, une vision d’ensemble et il doit répondre des lacunes, de ce qui ne se fait pas ou de ce qui ne se fait pas de façon satisfaisante.
Monsieur le Président, à propos de ce document budgétaire, je vous invite à réfléchir attentivement aux points qui suivent.
D’abord, il a montré que le gouvernement peut dépenser à un rythme supérieur à tout ce dont ses prédécesseurs ont été capables. Les dépenses publiques ont augmenté de 14 p. 100. Une augmentation de 14 p. 100, dirons-nous probablement, c’est de l’argent bien dépensé, que ces dépenses prennent la forme de réductions d’impôt ou de dépenses directes. C’est bon pour notre pays.
Tous mes électeurs, comme ceux de la Colombie-Britannique, demandent: qu’avons-nous obtenu grâce à cette augmentation de 14 p. 100? Si nous avons dépensé 14 p. 100 de plus pour acheter une voiture, faire l’épicerie ou acheter des vêtements, nous pouvons normalement voir différence dans ce que nous avons acheté. Qu’est-ce qui a été accompli grâce à cette augmentation de 14 p. 100 des dépenses? Peut-être les députés ministériels voudraient-ils nous expliquer quel effet cette augmentation de 14 p. 100 a eu sur un secteur de l’automobile qui, surtout en Ontario, mais aussi dans l’ensemble du Canada, est en train de s’effondrer complètement.
Aujourd’hui, par exemple, General Motors a annoncé qu’Oshawa allait perdre encore un millier d’emplois. Je ne suis pas député d'Oshawa. J’ai déjà eu la responsabilité de l’agglomération torontoise. Je dois dire sans excès d’humilité que, au Cabinet, j’ai réussi à obtenir certaines choses pour la province, pour le secteur manufacturier et pour l’industrie de l’automobile, plus particulièrement, puisque de très nombreux emplois dépendent de cette industrie.
Monsieur le Président, saviez-vous qu’environ 385 000 emplois dépendent directement ou indirectement de l’assemblage de véhicules automobiles, de l’industrie des pièces et du service après vente? Il y a là 385 000 emplois.
Ce chiffre donne une idée de l’ampleur de l’impact sur les Canadiens de toutes les régions. Ce sont 385 familles qui sont en cause. En multipliant ce chiffre par le nombre moyen de personnes par ménage, nous nous apercevons que c’est plus que la population du Nouveau-Brunswick. Plus que la population de la Nouvelle-Écosse. Presque plus que la population du Manitoba ou que celle de la Saskatchewan.
Il ne s’agit pas de pertes d’emplois d’importance secondaire. L’enjeu, c’est l’infrastructure d’une population et d’une province, une infrastructure dont dépendent les gens pour survivre, créer de la richesse et maintenir la fédération canadienne.
Le budget ne prévoit rien à cet égard. Je suis renversé que le , originaire d’une région qui est au centre de cette industrie manufacturière, le secteur de l’automobile, n’ait même pas considéré l’ampleur des enjeux.
Il peut voir, par exemple, tout comme le gouvernement, que le prix de l’essence à la pompe a atteint 1,30 $ le litre et même plus à certains endroits, mais il ne s’en fait pas trop. Nous savons pourtant que, lorsqu’ils étaient dans l’opposition, les conservateurs s’étaient plaints amèrement quand le prix de l’essence était monté à 80 ou 85 ¢.
Que fait le gouvernement maintenant? Quelles initiatives a-t-il prises pour atténuer les effets de la hausse du prix de l’énergie sur les denrées comestibles comme sur les biens qu’on consomme autrement? Qu’y a-t-il dans le budget qui puisse nous indiquer que le gouvernement se rend compte de la crise et se tient prêt à y remédier? Y a-t-il une réponse autre que rien du tout?
Je constate que les députés du gouvernement sont disposés à appuyer les initiatives de leur , mais où sont ces initiatives? Je n’en vois aucune.
Examinons en fait les modes de transport qui sont essentiels pour le secteur manufacturier, non seulement au Canada -- vous me pardonnerez si je fais un instant preuve de partialité à l’égard de ma province, l’Ontario -- mais aussi en ce qui concerne le commerce Nord-Sud. Nos échanges avec les États-Unis dépendent énormément de l’accès aux routes, surtout à Windsor et à Fort Erie, mais aussi à Sarnia, Sault Ste. Marie, Thunder Bay et même aussi près d’ici que Brockville et Kingston. Pourtant, aucune de ces routes d’accès n’est mentionnée dans le budget. Le gouvernement n’a prévu aucun crédit pour un système de transport qui faciliterait l’acheminement des marchandises vers notre plus grand marché, qui consomme chaque jour pour près de 1 milliard de dollars de nos marchandises.
Où sont les fonds destinés à augmenter l’efficacité de l’Agence des services frontaliers du Canada à ces postes frontaliers pour que nos marchandises puissent être transportées librement et rapidement dans l’environnement du juste à temps, alors que notre secteur manufacturier est en train de s’effondrer?
Ce ne sont pas des inventions. General Motors et les Travailleurs canadiens de l’automobile ont publié des communiqués aujourd’hui, probablement à une conférence de presse qui s’est tenue pendant que nous discutions ici. L’économie est en train de s’effondrer à cause de ces problèmes. Que fait le gouvernement avec son budget? Rien du tout.
Toutefois, je dois féliciter au moins un député parce que la totalité des crédits apparemment -- car ce n’est pas absolument sûr -- affectés au transport dans le budget doivent aller à une éventuelle voie ferrée entre Peterborough et Toronto. Quelque 40 p. 100 de l’argent consacré à un fonds de transport en commun, soit 200 millions de dollars, sont destinés à ce seul projet.
S’il s’agit d’une ville ou d’une grande région métropolitaine, comme le Grand Toronto, c’est bien dommage. Peterborough ne fait pas encore partie du Grand Toronto. J’imagine cependant qu’une partie des fonds de transport et de la construction correspondante finira peut-être par aller dans cette direction.
Sans vouloir faire de jeu de mots, je dois dire que l’industrie de la construction s’effondre. Que fait le gouvernement pendant que nous en parlons? L’industrie s’effondre à cause des problèmes habituels que nous évoquons. Tout d’abord, il y a une crise financière aux États-Unis, dont les effets se font sentir au Canada.
Ensuite, nous avons parlé de l’industrie forestière, de son importance, de son influence sur les prix canadiens, de la production qui lui est associée et de la ruine d’un certain nombre de collectivités.
Que fait le budget face à tous ces problèmes? Un budget est un exposé financier. C’est l’expression de la détermination du gouvernement à élaborer une stratégie pour l’ensemble de la fédération. Mais nous ne voyons de solution nulle part. Il n’y a pas de stratégie, pas de plan, pas de vision.
Voyons un peu comment évolue le débat jusqu’ici. Les gens ont commencé à qualifier le de projet de loi sur l’immigration. Les députés peuvent-ils imaginer cela? Nous parlons ici d’un budget.
Une page a défini ce budget, dont l’importance a été exagérée par le qui a déclaré qu’il est crucial pour notre pays d’éliminer l’arriéré dans le traitement des demandes que présentent ceux qui voudraient faire du Canada leur pays. Voilà la situation critique, la demande impérieuse d’un énoncé de vision à laquelle répond le gouvernement en face.
Regardons un peu les chiffres. Les députés ministériels et ceux des partis de l’opposition ont maintenant commencé à accepter le fait que l’arriéré comptait déjà 700 000 demandes quand les conservateurs ont formé le gouvernement. Selon les chiffres des conservateurs, cela correspondait à une augmentation annuelle de 54 000 demandes non traitées pendant que les libéraux étaient au pouvoir.
Selon les annonces du gouvernement, l’arriéré de 700 000 demandes a grimpé à 925 000. En deux petites années, le gouvernement a réussi à augmenter de 225 000 le nombre de demandes en attente de traitement. Le gouvernement n’a pas dit combien de gens ont réellement présenté des demandes, mais il a choisi ce nombre de 925 000. Le gouvernement ne fait rien pour régler le problème. Dans un document budgétaire de 139 pages, une page renferme une petite disposition selon laquelle rien de cela ne s’applique à une demande qui faisait déjà partie de l’arriéré le 28 février 2008. Imaginez.
Les Canadiens qui suivent ce débat pensent que le gouvernement n'a pas de stratégie pour faire face à la crise actuelle, mais quand il en fabrique une, il n’a pas de plan pour venir à bout de la situation. Le gouvernement va seulement prétendre que le problème a disparu parce que le 28 février, ces 925 000 demandes vont toujours être là et le gouvernement n’y fera rien. La position du gouvernement consiste à ne rien faire. Il en va de même pour sa position économique face à la crise actuelle.
Le gouvernement traite-t-il l’immigration comme si c’était une question économique? Arrêtons-nous là-dessus un instant. Pour répondre aux exigences économiques actuelles, le gouvernement dit qu’il faut faire venir des gens de manière à satisfaire les besoins d’une population canadienne en croissance. C’est très bien, mais voyons ceci. Entre 2001 et 2006, la période cinq ans qui a immédiatement précédé l’arrivée des conservateurs au gouvernement, qu’est-ce qui s’est passé? Le gouvernement soutient que les politiques en matière d’immigration étaient mauvaises. Or, au cours d’une période de cinq ans, le programme d’immigration a ouvert la porte à 350 000 nouveaux immigrants, dont l’âge variait de 25 à 64 ans, soit les années les plus productives d’une vie. Ces gens possédaient des diplômes universitaires à tout le moins. En termes d’investissement, combien d’argent cela représente-t-il?
Si, dans le budget, on parlait de 350 000 personnes ayant à tout le moins un diplôme universitaire au Canada, c'est-à-dire si on visait à répondre aux exigences d'une économie en changement, d'une économie basée sur le savoir, d'une économie d'avenir, combien cela nous coûterait-il? Cela coûterait au bas mot 50 milliards de dollars, mais nous ne pourrions pas réunir un tel bassin de talents en seulement cinq ans. Il nous faudrait 22 ans pour le faire à l'interne.
Je vous donnerai l'exemple des jeunes pages qui sont ici à la Chambre. Ces jeunes passent en moyenne 22 années aux études. Au XXIe siècle, une économie basée sur le savoir qui se veut concurrentielle ne peut attendre 22 ans pour compter sur 350 000 titulaires d'au moins un diplôme de niveau universitaire.
Toutefois, au cours des cinq années qui ont précédé l'arrivée des conservateurs au pouvoir, notre système d'immigration a permis d'accueillir ce nombre de personnes. De plus, nous avons aussi accueilli 70 000 personnes ayant un diplôme collégial ou l'équivalent, c'est-à-dire des gens qui avaient des aptitudes de niveau postsecondaire. Ce n'est pas mal du tout. Cela coûte un peu moins cher. Les politiques d'immigration ont également permis d'accueillir 30 000 autres personnes qui avaient suivi une certaine formation au niveau postsecondaire. Autrement dit, ces personnes avaient des aptitudes leur permettant d'exercer un métier manuel.
Je sais que vous avez écouté attentivement tous ces chiffres, monsieur le Président. Parmi tous les immigrants de 25 à 64 ans qui sont entrés au Canada, 67 p. 100 d'entre eux avaient fait des études ou suivi des cours au-delà du niveau postsecondaire. Les Canadiens se demandent probablement quels sont les chiffres équivalents pour les Canadiens d'origine qui arrivent sur le marché du travail. Alors que 51 p. 100 des immigrants avaient un diplôme universitaire ou mieux, seulement 23 p. 100 des Canadiens d'origine avaient fait de telles études. Nous recrutons des talents à l'étranger.
Pensez un peu aux genres de talents dont nous avons besoin. Les premiers ministres provinciaux nous disent aujourd'hui que nous n'avons pas seulement besoin de gens qui ont fait des études universitaires et des études collégiales. Nous avons également besoin de gens qui ont des aptitudes pratiques. Nous avons besoin d'un grand nombre de ces gens et nous avons également besoin de plus de gens ayant un diplôme d'études supérieures.
Les Canadiens devraient réfléchir au fait que 49 p. 100 des détenteurs d'un doctorat sont des immigrants. Qu'en est-il des détenteurs d'une maîtrise? Eh bien, 40 p. 100.
Mes collègues d'en face se demandent où tout cela mènera. Je leur dirai ceci. Si le projet de loi , par le truchement des modifications proposées en matière d'immigration, vise à augmenter le nombre d'immigrants qualifiés, à une amélioration de quel ordre le gouvernement s'attend-il? Combien d'immigrants qualifiés de plus le gouvernement veut-il attirer? Le gouvernement veut-il des immigrants ayant ce type de qualifications?
Le gouvernement a ces chiffres. Statistique Canada les a publiés. Je ne les ai pas inventés. Statistique Canada fournit ces réponses au gouvernement. Statistique Canada et Ressources humaines Canada indiquent au gouvernement les ressources sur lesquelles nous pouvons compter pour bâtir une société et une économie et les budgets qui, par conséquent, répondront aux besoins de cette économie. Voilà ce que nous pouvons et devrions faire.
Que répond le gouvernement? Au plan de l'économie, rien. Au plan de l'immigration, moins que rien. Il propose que nous nous débarrassions de toutes les mesures qui nous ont permis d'attirer, pour l'édification de la société canadienne du XXIe siècle, le type d'hommes et de femmes qui ont les compétences dont nous avons besoin aujourd'hui et qui seront les leaders dont nous aurons besoin demain.
Sommes-nous prêts à cela? Oui. Sommes-nous prêts à apporter les changements qui insuffleront un nouveau dynamisme au Canada? Oui. Sommes-nous prêts à parier que l'immigration est partie intégrante de la politique économique autant que de tout autre plan financier? Oui.
Pourquoi le gouvernement garde-t-il le silence sur le document qui définit le mieux tant notre orientation future que la façon dont nous nous y prenons pour surmonter les difficultés actuelles?
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Monsieur le Président, c'est avec un brin de tristesse que j'interviens au sujet du projet de loi , que l'on appelle la Loi d'exécution du budget de 2008.
À la faveur de la faiblesse des libéraux, les conservateurs ont intégré à cette loi d'exécution du budget deux autres dispositions, l'une qui aurait tout simplement pour effet de ravager notre régime d'immigration tout en donnant de nouveaux pouvoirs au ministre, et l'autre leur permettant essentiellement de faire main basse sur l'argent réservé pour les Canadiens dans la caisse de l'assurance-emploi et de l'affecter ailleurs, contrairement, bien entendu, aux conseils de la vérificatrice générale.
Ce que nous étudions en réalité aujourd'hui dans le cadre du projet de loi , ce sont des mesures qui visent à faire l'aumône au monde de l'entreprise, à mettre les travailleurs en servage et à autoriser la rapine. J'aimerais aborder chacun de ces aspects du projet de loi C-50.
Tout d'abord, parlons des largesses accordées au monde de l'entreprise. Les conservateurs n'ont pas pris la parole aujourd'hui. Ils refusent de défendre leur propre budget, ce qui devrait nous mettre la puce à l'oreille. Cependant, lorsqu'ils en ont parlé, il y a de cela quelques jours, lorsqu'ils étaient disposés à en parler avant de se rendre compte à quel point il était incohérent, ils ont parlé des divers montants affectés à telle ou telle fin. Ils ont tenté de faire valoir que le budget était valable dans l'ensemble puisqu'il allait permettre de dépenser de l'argent frais dans des programmes qui ont trait à la situation désespérée dans laquelle se trouvent un si grand nombre de Canadiens. J'y reviendrai un peu plus loin.
Il vaut la peine de répéter ce que ne cesse de dire le NPD, à savoir que, même si les conservateurs s'apprêtent à adopter le budget, avec l'appui d'un chef libéral mollasson au possible qui permet son adoption, à chaque dollar de nouvelle dépense de programme correspondent six dollars en largesses au secteur de l'entreprise, en réductions d'impôt à l'avantage des PDG d'entreprises. Les conservateurs distribuent l'argent à la pelle au secteur de l'entreprise.
Si je dis du projet de loi qu'il s'agit d'une loi pleine de largesses pour les entreprises, c'est qu'il s'agit d'une redistribution du revenu des Canadiens les plus durement touchés à ceux qui sont les plus nantis.
Nous savons que les 20 dernières années n'ont pas du tout été faciles pour les familles canadiennes ordinaires. Elles ont dû assumer l'essentiel de politiques économiques irresponsables et mal inspirées: celles des conservateurs dans un premier temps, puis celles des libéraux, et, aujourd'hui, celles des conservateurs à nouveau. À tel point qu'on a vu les mêmes ministres changer d'allégeance à une ou deux reprises. On peut penser que tous ces gens se ressemblent et s'assemblent autour des mêmes politiques économiques.
Il est instructif de s'attarder quelque peu sur les répercussions qu'ont dû subir les Canadiens ordinaires depuis 1989. Le tableau n'est pas joli à voir pour les députés néo-démocrates qui ont des rapports constants avec les familles des travailleurs canadiens ordinaires. Les répercussions des politiques économiques mal inspirées sont visibles à l'oeil nu.
Que s'est-il passé au cours des 20 dernières années? Les plus riches, les dirigeants de grandes entreprises, ces gens à qui le Parti conservateur aime donner de l'argent, empochent maintenant la moitié des revenus au Canada. On n'avait pas vu une telle inégalité dans les revenus depuis les années 1930, et cette situation dans l'économie canadienne est essentiellement attribuable aux libéraux et aux conservateurs qui, comme une étrange équipe de lutte, se sont relayés dans l'arène.
Qu'est-il arrivé aux autres catégories de revenu? La classe moyenne supérieure a vu son revenu stagner; elle n'a accusé ni augmentation, ni diminution en termes de revenu réel. Toutefois, la situation est nettement plus triste et plus désolante pour les classes qui se situent plus bas dans l'échelle de revenu.
Les familles canadiennes de la classe moyenne, qui constituent un cinquième ou 20 p. 100 de la population canadienne, gagnent entre 40 000 $ et 60 000 $ par année; elles ont perdu une semaine de revenu réel par année depuis 1989. On a l'impression qu'elles travaillent plus fort que jamais parce qu'elles consacrent maintenant au travail 200 heures de plus qu'à l'époque. Ces Canadiens travaillent extrêmement fort, mais chaque année, c'est comme s'ils recevaient une semaine de salaire en moins. Autrement dit, ils travaillent 52 semaines, mais ne sont rémunérés que pour 51 semaines; tout cela à cause des génies en économie du Parti conservateur et du Parti libéral.
Qu'est-il arrivé aux autres catégories de revenu? Qu'en est-il de la classe moyenne inférieure, de ces familles qui gagnent entre 20 000 $ et 40 000 $ par année? Elles ont perdu deux semaines de revenu depuis 1989. Elles travaillent 52 semaines, mais il semble manquer deux semaines de salaire dans leur revenu. Les gouvernements conservateurs et libéraux prélèvent l'équivalent d'un chèque de paie en entier. Ces Canadiens travaillent aujourd'hui 200 heures de plus par année, mais ils doivent se contenter d'une période de paye en moins.
Qu'en est-il des Canadiens les plus pauvres, les familles dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 $? Leur revenu a décliné radicalement sous les libéraux et les conservateurs. Depuis 1989, ils ont perdu l'équivalent d'un mois et demi de salaire par année.
Pas étonnant qu'on estime que 300 000 Canadiens environ n'auront pas d'endroit où dormir cette nuit: pour les Canadiens les plus pauvres, c'est comme si, pendant un mois et demi par année, ils n'avaient aucun revenu et devaient s'arranger pour survivre.
La plupart des familles canadiennes vivent une crise catastrophique du revenu. Depuis 1989, le revenu réel des deux tiers des familles canadiennes a diminué. Qu'est-ce que les libéraux et les conservateurs offrent dans leurs budgets? Encore des réductions d'impôt aux présidents des grandes sociétés, comme si personne d'autre n'existait. C'est comme s'ils ne voyaient pas que la réalité des Canadiens ordinaires est complètement différente de celle de Bay Street. On dirait qu'ils n'ont d'oreilles que pour Bay Street, parce que ces présidents des grandes sociétés gagnent la moitié de tout le revenu. Le revenu réel de la grande majorité des familles canadiennes a baissé, mais que contient le budget? Il contient 6 $ de réductions d'impôt des sociétés pour chaque dollar de nouvelles dépenses.
Notre système de santé est en crise. Le taux d'endettement des étudiants du postsecondaire atteint des sommets. Le secteur du bois d'oeuvre s'est complètement effondré à cause de la capitulation irréfléchie et irresponsable qui a surtout touché la Colombie-Britannique. Maintenant, le gouvernement propose d'autres initiatives commerciales. Il s'est tellement amusé à brader notre secteur du bois d'oeuvre qu'il veut maintenant brader le secteur de la construction navale à l'AELE. On dirait que ce gouvernement procède à une vente en série.
Nous avons vu à maintes reprises toutes ces choses que les Canadiens réclament a à grands cris, comme un régime national d'assurance-médicaments, ce à quoi travaille le NPD, et des fonds suffisants pour notre système de santé, sans compter qu'on pourrait réduire le coût de notre système de santé en achetant des médicaments en vrac, par exemple, et réaffecter l'argent économisé aux soins primaires. Cependant, avec les gouvernements libéraux et conservateurs, c'est toujours la même histoire qui se répète de fois en fois.
Une voix: Ça n'arrivera jamais.
M. Peter Julian: J'entends chahuter chez les libéraux et les conservateurs. Il convient de souligner que le ministère des Finances a mené une étude à long terme pour déterminer quels gouvernements ont le mieux géré l'argent, la première étude du genre au Canada.
Je pense que tous les députés s'entendent pour dire que les gens du ministère des Finances sont des experts en économie, ou, à tout le moins, qu'ils devraient l'être. Ils ont comparé les bilans financiers des gouvernements néo-démocrates, conservateurs et libéraux. Ils ont conclu que les néo-démocrates, sans toutefois être parfaits, sont ceux qui ont le mieux géré l'argent. La plupart des gouvernements néo-démocrates ont en fait terminé leur bilan en fin d'exercice, et je ne parle pas des documents budgétaires, des promesses et des projections, mais bien du bilan réel en fin d'exercice. Ils ont aussi présenté des budgets équilibrés ou excédentaires.
Et les conservateurs? Les deux tiers du temps, les conservateurs affichaient un déficit. Je ne parle pas des boniments qui accompagnent les budgets, des documents budgétaires et des promesses. Je parle du résultat net. Les deux tiers des gouvernements conservateurs affichaient un déficit, ce qui montre que la gestion financière n'est pas leur fort. En fait, les termes gestion financière et conservateurs s'excluent en quelque sorte mutuellement.
Comment le Parti libéral s'est-il débrouillé? C'est le seul qui a fait pire que les conservateurs. Les libéraux étaient en déficit 86 p. 100 du temps.
Je souligne donc que le ministère des Finances fédéral, que personne ne qualifierait de haut lieu du socialisme, a examiné le bilan financier de chaque parti et a conclu que le NPD était celui qui gère le mieux l'argent.
J'ai été chahuté par les libéraux et les conservateurs, mais je pense qu'il était important pour les Canadiens de savoir qui est le plus à même de gérer leur argent.
Il est vrai que le NPD ne ferait pas de tels cadeaux aux entreprises. Il ne donnerait pas six dollars aux chefs d'entreprise pour chaque dollar dépensé dans des secteurs vitaux et importants comme le logement, les soins de santé, l'éducation postsecondaire et la réduction de la dette, cette hypothèque sur l'avenir que nous imposons aux Canadiens plus jeunes.
Le niveau d'endettement des étudiants n'a jamais été aussi élevé. Il est en moyenne de 26 000 $. Lorsque ces jeunes finissent leurs études postsecondaires, ils arrivent sur le marché du travail où le salaire de départ est moins élevé qu'auparavant, ce qui a malheureusement été aggravé par les politiques conservatrices. Je reviendrai sur ce point dans un instant. Sur le marché du travail actuel, la plupart des emplois qui sont actuellement créés ne sont pas assortis de fonds de pension ou d'avantages.
Nous devons nous attendre à une crise du revenu. Lorsque ces jeunes prendront leur retraite, après avoir fini de rembourser leurs dettes d'études et après une longue carrière, ils ne pourront compter sur aucun régime de retraite privé. Voilà ce qui est arrivé sous les gouvernements conservateurs et libéraux.
Dans le domaine de l'emploi, que s'est-il vraiment produit sous le règne du gouvernement conservateur? Nous avons pu l'apprendre grâce au rapport publié il y a deux semaines sur les emplois perdus dans le secteur manufacturier et les emplois que les conservateurs ont réussi à dénicher pour les Canadiens et dont ils semblent être très fiers. Les conservateurs parlent des emplois qu'ils ont créés, mais sans mentionner ce que ces emplois rapportent vraiment. Les emplois que les conservateurs ont perdu payaient plus de 21 $ l'heure. Il s'agissait de bons emplois manufacturiers, des emplois qui permettaient de nourrir une famille.
Nous avons perdu des centaines et des milliers d'emplois dans l'industrie du bois d'oeuvre en raison de politiques incroyablement irresponsables comme la braderie du bois d'oeuvre. Nous en avons également perdu dans divers autres secteurs comme celui de l'automobile et nous en perdrons bientôt dans celui de la construction navale en raison d'une autre entente de libre-échange qui est encore une capitulation. Les conservateurs ne comprennent pas du tout comment le gouvernement fédéral pourrait soutenir des industries clés et mettre en place une stratégie industrielle permettant de conserver ces industries et d'assurer de bons emplois pour les Canadiens.
Nous avons perdu des emplois à 21 $ l'heure. Qu'avons-nous gagné? La même étude montre que les emplois créés par les conservateurs pour endiguer l'hémorragie massive de bons emplois manufacturiers sont des emplois du secteur des services, qui paient moins des deux tiers du salaire des emplois perdus.
Statistique Canada nous dit également que la plupart des emplois créés dans l'économie d'aujourd'hui sont des emplois à temps partiel ou des emplois temporaires. Nous ne parlons plus d'emplois qui permettent de subvenir aux besoins d'une famille. Un électeur de ma circonscription m'a dit qu'il avait deviné que les conservateurs avaient créé des emplois, car il a dû en prendre trois, tous à temps partiel.
Les conservateurs adorent dire qu'ils ont créé une foule d'emplois à temps partiel, mais, lorsqu'un Canadien perd un emploi à plein temps qui lui permettait de subvenir aux besoins de sa famille et doit prendre deux ou trois emplois de six heures par semaine à 6 $ l'heure, il n'améliore pas son sort. Son revenu réel a chuté de façon catastrophique. Les conservateurs ne semblent pas comprendre ces calculs élémentaires.
Si des gens qui gagnent 21 $ l'heure perdent leur emploi en raison des politiques des conservateurs, puis occupent deux ou trois emplois à 6 $ l'heure, six heures par semaine, ils ont en réalité perdu les deux tiers de leur revenu. Ils n'ont rien gagné. Les conservateurs continuent de prétendre devant la Chambre qu'ils y gagnent quelque chose, au bout du compte. Loin de là.
Les mesures du projet de loi se limitent essentiellement à des cadeaux aux sociétés alors que la situation exigeait des fonds pour la santé, le logement et l'éducation postsecondaire.
Que contient le projet de loi, à part cela? Les conservateurs, forts de la complaisance des libéraux, ont aussi glissé des modifications importantes à notre Loi sur l'immigration. Nous l'appelons la loi de l'asservissement, parce qu'elle donnerait au ministre le pouvoir de faire entrer des travailleurs étrangers, plutôt que d'assurer le genre de réunification des familles qui était auparavant pratiquée au Canada.
Cette mesure a été créée parce que nous avons vu, sous l'ancien gouvernement libéral et le gouvernement conservateur actuel, un sous-financement chronique du système d'immigration. Le système d'immigration, comme celui de la santé, doit être financé pour bien fonctionner, mais nous avons assisté à des compressions sous les conservateurs et les libéraux.
Il en a résulté une liste d'attente qui a grossi pour atteindre quasiment un million de personnes. Sous le gouvernement libéral, qui n'a rien fait pour régler le problème, l'arriéré a atteint 700 000 personnes. Maintenant, parce les conservateurs ne font rien non plus, la liste s'est allongée.
Quelle est la solution? La clé, c'est d'investir dans notre système d'immigration. Cependant, le gouvernement conservateur préfère faire appel à des travailleurs étrangers temporaires. Ceux-ci ne sont pas assujettis à la même réglementation que les Canadiens en matière de santé et de sécurité ni aux mêmes lois sur le salaire minimum. Évidemment, c'est tout à l'avantage des entreprises. En effet, pourquoi verser à un travailleur qualifié du Canada un salaire décent qui lui permet de faire vivre sa famille quand on peut faire venir quelqu'un et le payer en-deçà du salaire minimum?
Personne ne s'oppose au recours à des travailleurs étrangers quand il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Or, il est évident que les Canadiens qui pourraient occuper ces postes ne sont pas embauchés, car les entreprises peuvent, avec l'accord du gouvernement conservateur, faire venir des travailleurs étrangers temporaires et les payer moins. Les entreprises les renvoient chez eux à l'expiration de leur contrat. Si ces travailleurs contestent pour obtenir une journée de congé ou s'ils parlent de former un syndicat, on les renvoie chez eux. Toutes les raisons sont bonnes pour le faire.
Les conservateurs ont glissé cette disposition dans un projet de loi d'exécution du budget et les libéraux disent qu'ils ne vont pas empêcher son adoption. Ils ont pris la parole à la Chambre et déclaré qu'ils étaient contre les dispositions relatives à l'immigration. Tout cela est plein de fureur et de bruit et ne veut rien dire, à l'image de la célèbre phrase de Shakespeare. Les libéraux s'opposent tellement qu'ils vont laisser le projet de loi aller de l'avant.