La Chambre reprend l'étude, interrompue le 30 mai, du projet de loi , dont le comité a fait rapport sans propositions d'amendement; ainsi que des motions du groupe no 1.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de loi . Je m'intéresse tout particulièrement à la partie 6, qui modifie la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Je commencerai en disant que l'immigration a été cruciale pour le Canada, elle l'est encore et elle continuera de l'être. Nous savons qu'au cours des cinq prochaines années, 100 p. 100 de la croissance nette de notre population active sera assurée par les nouveaux arrivants. C'est chez les immigrants qu'il faut rechercher la croissance. Il est important que nous relevions le défi démographique auquel le Canada est confronté.
Je tiens à faire un bref retour historique parce que le projet de loi comporte de nombreux défauts.
Tout d'abord, il est tout à fait inacceptable que des changements aussi importants à la Loi sur l'immigration se retrouvent dans un projet de loi d'exécution du budget. Des députés l'ont dit à la Chambre et d'autres Canadiens l'ont affirmé, ce n'est pas le bon moyen de modifier cette loi et le Comité des finances a même renvoyé la partie du projet de loi sur l'immigration au Comité de la citoyenneté et de l'immigration.
Le comité a adopté à l'unanimité une motion affirmant que la partie 6, qui porte sur l'immigration, devrait être retirée du projet de loi parce que les modifications envisagées sont majeures et se répercuteront indubitablement sur l'avenir de notre pays et la composition future de notre population.
J'ai dit que je voulais revenir un peu en arrière et parler d'histoire. Je me souviens que, lorsque nous avons modifié la Loi sur l'immigration, en 2001, le Comité de la citoyenneté et de l'immigration lui-même s'opposait aux modifications proposées. Cette opposition s'expliquait par le système de points très élitiste qui était proposé. Cela signifiait essentiellement que beaucoup des gens dont notre économie avait besoin ne pouvaient pas entrer au Canada s'ils demandaient à immigrer comme immigrants de la catégorie économique.
Je tiens à préciser que ces modifications étaient pilotées par la bureaucratie. Je présume que cela facilitait leur travail, mais cela ne répondait pas aux besoins de notre système d'immigration. Un des éléments très déconcertants de ces changements, et j'ai précisé que le projet de loi avait été piloté par la bureaucratie, c'est que nous avons adopté un système de points élitiste mettant l'accent sur l'éducation et la capacité de parler la langue.
Éducation ici veut dire l'obtention d'un grade universitaire ou la capacité de parler français ou anglais. Ce sont les principaux facteurs dont il était tenu compte dans ce système de points. Cela veut dire que, selon ce système, Frank Stronach, de Magna International, ne serait jamais venu au Canada. Frank Hasenfratz, président de Linamar, qui emploie bien au-delà de 10 000 personnes, ne serait pas venu au Canada. John A. Macdonald, le premier premier ministre de notre pays, ne serait pas venu au Canada, pas plus que Tommy Douglas. Les ancêtres de Wayne Gretzky ne seraient pas venus au Canada. Mike Lazaridis, inventeur du BlackBerry, que tous les députés aiment bien utiliser, ne serait pas venu au Canada parce que le système était trop élitiste.
Lorsque le comité a essayé de se pencher sur les problèmes, lorsqu'il a essayé de se pencher sur l'arriéré et sur la façon d'appliquer le nouveau système de points pour qu'il ne vise pas les gens déjà sur les listes d'attente, nous avons été mal informés par les bureaucrates. Cela devrait vraiment être une source de préoccupation. Ce n'est que lorsque la Cour fédérale a entendu l'affaire Dragan c. Canada, qui portait spécifiquement sur cette question, que nous avons découvert que non seulement le comité avait été mal informé par les bureaucrates, mais aussi le gouverneur en conseil.
Il y a un problème fondamental en ce qui a trait à la façon dont nous prenons des décisions en matière d'immigration. Je siège au Comité de la citoyenneté et de l'immigration depuis 1998 et, durant cette période, sept ministres de l'Immigration se sont succédé. Cela veut dire que le comité n'a pas vraiment eu l'occasion d'étudier le dossier. D'après mon expérience, la prise de décisions est en grande partie inspirée par les bureaucrates.
La proposition contenue dans le projet de loi à l'étude ne vient pas de la ministre actuelle puisqu'elle n'occupe ce poste que depuis assez peu de temps. Parmi ses réalisations, mentionnons qu'elle a été la première ministre depuis des décennies à rater nos objectifs en matière d'immigration, qui sont de 240 000 à 265 000 personnes. C'est elle qui a créé un arriéré record dans le système de détermination du statut de réfugié. C'est également elle qui a nié la réalité des Canadiens ayant perdu leur citoyenneté, disant que cela ne touchait que quelques centaines de personnes. Nous avons ensuite découvert que des centaines de milliers de Canadiens avaient perdu leur nationalité, ce qui a nécessité l'adoption d'une mesure législative à cet égard. C'est sous la ministre actuelle que l'arriéré s'est accru de façon quasi exponentielle. Il n'y avait pas un gros arriéré sous le gouvernement précédent.
Le projet de loi éliminerait la notion de certitude pour les personnes qui souhaitent venir au Canada. Il changerait grandement les règles pour ceux qui respectent les règles établies et qui sont admissibles. Au lieu de dire qu'un visa sera délivré à ces personnes, la loi dirait qu'un visa pourrait leur être délivré.
La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés comporte des lacunes, mais celles-ci peuvent toutes être corrigées. Cette façon de faire les choses et d'inclure les changements proposés dans un projet de loi d'exécution du budget, sans que ceux-ci ne reçoivent l'attention qu'ils méritent, ne nous permettra pas plus de prendre la bonne décision qu'en 2001. En fait, nous sommes en train de prendre la mauvaise décision, qui aura pour effet de détruire complètement certains bons aspects de notre système d'immigration, notamment sa transparence et son objectivité. Notre système se fonde sur une prémisse qui a été adoptée par l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre. Les États-Unis sont aussi en train de l'étudier.
Nous devons élaborer un système de points qui cadrerait avec les besoins de notre économie. En vertu de la mesure législative proposée, les charpentiers, les électriciens et les ouvriers, dont nous avons besoin, ne seraient pas admis au pays. Pourtant, de tels emplois sont disponibles partout au pays.
Au cours des cinq dernières années, j'ai parcouru le Canada trois fois avec le Comité de la citoyenneté et de l'immigration. Une chose qui est devenue claire c'est que les compétences des personnes que nous admettons en vertu du système de points ne correspondent vraiment pas aux besoins de l'économie.
Il m'est impossible d'énumérer tous les changements qui, selon moi, devraient être effectués. Je suis d'accord avec la majorité des témoins qui ont comparu devant le comité. Nous pouvons apporter des changements transparents. Nous pouvons apporter des changements qui vont tenir compte des besoins de notre économie. Il ne fait aucun doute que nous pouvons le faire.
Le système que nous sommes en train de concevoir nous rendrait dépendants de milliers de travailleurs temporaires. Pourtant, les gens au bas de l'échelle des compétences ne pourraient pas amener leurs familles avec eux. Cela me rappelle l'époque où le Canada avait fait venir des Chinois pour aider à construire le chemin de fer, à la fin des années 1800. Une fois le travail terminé, nous avons essayé de nous débarrasser d'eux. Il ne faut pas répéter ce scénario.
Nous avons besoin d'un système d'immigration qui soit réaliste. Nous avons besoin d'un système d'immigration qui favorise non seulement la réunification familiale, mais qui tienne aussi compte de nos besoins économiques. Nous pouvons aussi faire un meilleur usage des dispositions sur les motifs humanitaires qui visent les réfugiés.
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Monsieur le Président, c'est peut-être dans le secteur de l'immigration qu'on a vu la plus grande incompétence au cours des 20 dernières années.
Essentiellement, sous le gouvernement libéral précédent et sous l'actuel gouvernement conservateur, l'immigration a souffert d'un sous-financement chronique qui a provoqué un énorme arriéré.
Le système d'immigration ressemble énormément au système de soins de santé. Si un hôpital est sous-financé et s'il manque de lits, de médecins et de personnel infirmier, il lui est alors impossible d'offrir le niveau de soins adéquat.
Voilà précisément ce qui s'est produit à cause de l'obsession chronique de réduire l'impôt des sociétés qui se manifeste particulièrement depuis les 15 dernières années.
Les conservateurs et les libéraux rivalisent pour offrir les réductions d'impôt les plus substantielles aux sociétés les plus rentables au Canada, sans obtenir en retour la création d'emplois ou des retombées économiques positives. C'est un sujet auquel je reviendrai dans un moment. Le sous-financement dans le secteur de l'immigration a entraîné une crise.
Le député de a dit qu'il s'agit d'une situation récente, que l'arriéré de centaines de milliers de demandes est attribuable aux récentes politiques du gouvernement conservateur.
Les conservateurs ont vraiment mal géré et bâclé ce dossier, mais pour être juste à leur égard, il faut reconnaître que 700 000 des 900 000 demandes qui constituent l'arriéré ont été héritées de l'ancien régime libéral. Cette mauvaise gestion chronique, ce sous-financement, cette incapacité de mettre en place le personnel voulu dans les bureaux consulaires et dans les ambassades pour permettre au gouvernement de faire le travail nécessaire en matière d'immigration, ont commencé sous le règne libéral. Le gouvernement libéral précédent a mal géré le dossier de l'immigration et l'actuel gouvernement conservateur n'a pas fait mieux, d'où l'actuel arriéré de près d'un million de demandes.
Quelle est la solution? Le NPD ne cesse de répéter très clairement en quoi consiste la solution. Il faut investir dans le système d'immigration pour qu'il fonctionne, comme on doit le faire dans le système de soins de santé. Le gouvernement doit mettre de côté cette effrayante obsession qui consiste à vouloir accorder aux sociétés des réductions d'impôt toujours plus considérables, obsession qui fait qu'après 20 ans, deux tiers des Canadiens gagnent aujourd'hui moins qu'en 1989.
La stratégie unique que nous avons vue sous les libéraux et les conservateurs n'a visiblement pas fonctionné. Nous devons réinvestir de l'argent afin que le gouvernement fédéral et les instances gouvernementales fonctionnent efficacement. Les conservateurs préfèrent plutôt réécrire les lignes directrices. Ils se sont rendu compte que l'arriéré était trop important, alors en vertu de la disposition sur l'immigration contenue dans le projet de loi , ils donnent au ministre des pouvoirs dictatoriaux lui permettant d'effacer des noms sur une liste.
Est-ce sensé? Si l'arriéré pose problème, on donne au ministre le pouvoir d'effacer des noms. C'est essentiellement ce que les conservateurs proposent.
Ils ont une autre stratégie. Ils veulent détourner le système d'immigration des objectifs de réunification familiale et de renforcement des collectivités. Ma collectivité, , s'est surtout bâtie au fil du temps grâce à l'immigration. Les familles réunies ici, au Canada, sont à la base de la croissance de nos collectivités.
Au lieu de cela, les conservateurs ont décidé de faire venir des travailleurs étrangers temporaires qu'on paie moins cher que des travailleurs d'ici et qui ne sont pas assujettis aux mêmes normes de santé et de sécurité. Ils sont traités comme des serviteurs à contrat. Les entreprises les font venir, mais s'ils abandonnent ou qu'on les congédie à cause de conditions de travail épouvantables, on les renvoie chez eux.
Ce n'est pas ainsi que le Canada s'est bâti. J'avais espéré que nous ayons tiré des leçons du XIXe siècle et du racisme terrible qui existait à l'époque, mais non. Les conservateurs essaient de remettre en vigueur le genre de servitude d'autrefois.
Le NPD s'oppose au projet de loi parce qu'il est absolument insensé. Les compétences des conservateurs en matière de gestion laissent à désirer. La preuve en est que le détient maintenant quatre portefeuilles ministériels, car, aux yeux du , personne d'autre n'a les compétences nécessaires.
Il est évident que les conservateurs sont incapables de gérer convenablement les institutions gouvernementales. La formidable stratégie mise au point par le gouvernement devrait suffire à nous en convaincre. Les grands experts, ces génies du cabinet du premier ministre, ont trouvé une solution au problème. Ils proposent de donner au ministre le pouvoir de retirer des noms de la liste, faisant ainsi disparaître la liste d'attente.
Nous pouvons nous attendre à ce que la même solution soit adoptée dans d'autres secteurs, dans celui des soins de santé, par exemple. Pourquoi ne pas tout simplement effacer le nom de certains malades des listes d'attente, et rendre du même la population canadienne beaucoup mieux portante? Les méthodes de gestion des conservateurs dépassent l'entendement. Les termes « conservateur » et « bonne gestion » ne vont vraiment pas ensemble.
Ce projet de loi est mauvais. Il ne règle pas le problème de l'arriéré et du sous-financement chronique au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Il ne fait que donner au ministre le pouvoir de biffer des noms sur les listes et d'autoriser l'entrée de travailleurs étrangers temporaires. Les néodémocrates s'opposeront au projet de loi au nom des nouveaux Canadiens de partout au pays parce qu'il propose une politique inefficace qui est mauvaise pour le Canada.
Ceux qui ont vraiment causé l'arriéré dans le domaine de l'immigration, ou du moins la majeure partie, soit les 700 000 noms que comptait la liste d'attente jusqu'en janvier 2006, ce sont les libéraux et ils disent que même s'ils n'adhèrent pas au projet de loi, ils le laisseront passer. Certains députés se prononceront contre et certains autres qui ont des principes, comme celui de Kitchener, voteront contre, mais le chef du Parti libéral ne fera rien pour le bloquer. C'est scandaleux.
Si les libéraux reconnaissent qu'il s'agit là d'une approche aberrante à la crise du sous-financement au ministère de l'Immigration, ils devraient alors avoir le courage de leurs convictions et voter contre ce projet de loi à la Chambre des communes. Ils devraient suivre l'exemple du NPD et du député de et dire que cette mesure n'est pas bonne pour le Canada et qu'ils voteront contre.
Nous savons bien que cela ne se produira pas parce que nous avons souvent vu au cours de l'année dernière le chef du Parti libéral maintenir le gouvernement conservateur au pouvoir en l'appuyant dans plusieurs dossiers, pas seulement en matière d'immigration ou de budget, mais aussi sur le Partenariat pour la sécurité et la prospérité et toute une gamme d'autres questions. Dans le dossier de la guerre en Afghanistan, les libéraux n'ont été qu'un appendice du gouvernement conservateur. Cela ne suffit tout simplement pas.
Les députés sont élus pour voter à la Chambre. Ils doivent s'élever contre les mauvais projets de loi qui feraient du tort au Canada et qui iraient à l'encontre de l'approche que nous avons adoptée en matière d'immigration, approche qui a permis de bâtir de meilleures collectivités d'un océan à l'autre. Lorsque nous savons qu'un projet de loi est mauvais, nous avons le devoir de nous y opposer. Or, le chef du Parti libéral ne s'oppose à aucune politique du gouvernement conservateur qui donne lieu à un vote de confiance. Dans les faits, les conservateurs ont le champ libre.
J'aimerais consacrer le peu de temps qu'il me reste à dissiper certains mythes et idées fausses véhiculés par les conservateurs à propos du projet de loi . Une des choses que les conservateurs ont dites, c'est qu'ils ont accueilli plus d'immigrants au Canada. C'est faux. En fait, le nombre de personnes qui ont obtenu le statut d'immigrant admis a diminué.
Par contre, ce qui a augmenté de façon fulgurante, c'est le nombre de travailleurs temporaires étrangers, de serviteurs à contrat, qu'on fait venir au Canada pour un séjour temporaire s'ils font ce que leur employeur attend d'eux. Dans bien des cas, ces gens-là travaillent 70 ou 80 heures par semaine sans être rémunérés pour leurs heures supplémentaires, et leur salaire est souvent inférieur au salaire minimum. Les normes de santé et sécurité au travail ne s'appliquent pas à eux. S'ils se plaignent de leur salaire, ils peuvent être renvoyés dans leur pays d'origine. Il est tout simplement faux de dire que le nombre d'immigrants a augmenté.
Le projet de loi ne fait rien pour régler le problème fondamental de mauvaise gestion sous les libéraux, et maintenant sous les conservateurs. Il ne change rien au fait que ces deux partis-là sont de piètres gestionnaires. Pour ces raisons, le NPD votera contre le projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'intervenir aujourd'hui au sujet du projet de loi d'exécution du budget, le projet de loi .
Dans le cadre normal du débat parlementaire, une discussion sur le budget passe par un examen rigoureux des politiques budgétaires du gouvernement et de l'état des finances du pays. Cependant, pour une raison bizarre, les conservateurs ont choisi de faire fi de notre tradition parlementaire en introduisant par la porte arrière un changement important à notre politique d'immigration.
Selon notre tradition parlementaire, le gouvernement est censé faire présenter une mesure législative par le responsable du ministère concerné. Par exemple, un projet de loi de transport est proposé par le ou un projet de loi sur la défense est proposé par le . De plus, en temps normal, tout projet de loi proposé fait l'objet d'un débat distinct, tout simplement pour que le comité parlementaire duquel il relève, qu'il s'agisse par exemple du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, ou du Comité de la défense nationale, ait l'occasion de passer en revue la mesure selon son domaine de responsabilité.
Ainsi fonctionne la démocratie parlementaire. En réalité, c'est fort simple.
Je me demande donc comment le gouvernement peut justifier de grouper un projet de loi sur l'immigration au projet de loi d'exécution du budget. Si la est convaincue à ce point de l'importance critique de sa proposition pour le Canada, alors pourquoi a-t-elle si peur de présenter un projet de loi distinct et de le faire examiner comme il se doit? Pourquoi le gouvernement veut-il tellement en faire une question de confiance?
Les Canadiens savent bien que le Canada a été et continue d'être le premier choix des immigrants, toutes origines confondues. Je suis moi-même immigrante. Il est très dévastateur de vivre dans un pays où le climat politique est défavorable, ou dans un pays qui expulse les citoyens pour des motifs de race ou de religion. Nous avons la bonne fortune de vivre dans un pays comme le Canada, dans une société pluraliste qui respecte la diversité. Nous ne faisons pas que tolérer la diversité; nous l'embrassons.
Pourquoi le gouvernement tente-t-il de provoquer des élections par toutes sortes de moyens détournés?
Les Canadiens ne sont pas dupes. Il y a à peine quelques mois, le a essayé de provoquer des élections en présentant une motion sur la participation du Canada à la mission de l'OTAN en Afghanistan. Lorsque la population a dit au premier ministre de cesser de faire de la politicaillerie avec la vie des hommes et des femmes des Forces armées canadiennes, il s'est aussitôt replié dans les confins sombres du CPM pour concevoir un autre stratagème en vue de provoquer des élections.
Comme me l'ont dit mes électeurs et comme nous l'ont maintes fois répété les Canadiens, la population ne tient pas à retourner aux urnes. Nous avons été élus à la Chambre des communes pour représenter nos électeurs, pas pour partir en campagne électorale à tout bout de champ. Mes collègues du caucus libéral sont déterminés à faire fonctionner le Parlement. Jetons donc un coup d'oeil sur les propositions en matière d'immigration dont nous sommes saisis.
Le projet de loi propose de modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en lui apportant une série de changements que je considère régressifs. Les gouvernements libéraux qui se sont succédé ont élaboré un système dans lequel les demandes d'immigration étaient traitées en fonction de leur mérite, et ce, dans le cadre d'un processus équitable et impartial. Tout le monde sait qu'un petit pays comme le nôtre a besoin de monde pour croître. Nous avions donc établi certains critères et des immigrants d'origines diverses sont s'installer au Canada.
Au fil du temps, les ministres ont cessé d'intervenir directement dans les dossiers afin de limiter l'arriéré, ce qui a rendu le processus plus efficace. Pourquoi la ministre actuelle veut-elle retourner en arrière? Pourquoi veut-elle être autorisée à choisir elle-même les immigrants? Par ce projet de loi, les conservateurs espèrent dépouiller le processus de sélection de toute sa transparence et de toute son objectivité et simplement conférer au ministre un pouvoir discrétionnaire absolu et l'autoriser à sélectionner les demandes à sa guise.
Selon un avocat de Montréal, un spécialiste en droit de l'immigration:
[...] la sélection des immigrants est [actuellement] basée sur des critères purement objectifs [et] toute personne qui soumet une demande pour venir au Canada [a] le droit d'être considérée avec justice. En vertu de la [nouvelle Loi sur l'immigration], le ministre de l'Immigration [...] pourrait à sa discrétion déterminer non seulement quelles demandes seraient traités rapidement et lesquelles seraient retenues au bureau des visas jusqu'à une date ultérieure, mais aussi celles qui seraient retournées sans l'ombre d'un examen. Ce sont de ces dernières demandes dont nous devrions nous inquiéter.
Autrement dit, par pur opportunisme, les conservateurs tentent actuellement de mettre de côté l'objectivité et la justice. Il y a effectivement un arriéré, mais il ne découle pas du processus en tant que tel. Il y a un arriéré parce que, pour les conservateurs, l'immigration n'est pas un dossier prioritaire et parce qu'ils ont refusé d'investir de nouvelles ressources dans le ministère de l'Immigration.
Le projet de loi modifierait substantiellement la façon dont nous choisissons les futurs citoyens canadiens. Pourtant, les conservateurs estiment qu'il est tout à fait naturel de camoufler cette mesure dans un projet de loi d'exécution du budget, en quelque sorte en embobinant la population canadienne. Cette tactique va pourtant avorter, car nous ferons ce qu'il faudra pour que la Chambre et tous les députés y réfléchissent mûrement et qu'ils débattent de la question d'une façon tout à fait digne et visant à défendre nos électeurs et la population en général, qui tiennent à ce que nous examinions ce projet de loi dans les règles.
Il semble que les députés conservateurs tiennent davantage à déclencher des élections qu'à agir en gouvernement responsable. Lorsque les Canadiens finiront par se rendre aux urnes, il ne fait aucun doute qu'ils se souviendront de ce qui est en train de se passer. Ils n'auront pas oublié que le gouvernement libéral, conformément à ses politiques libérales, avait investi beaucoup de ressources dans l'immigration. Si je me souviens bien, Vegreville n'est pas le fait du gouvernement conservateur.
Le système doit être rendu plus efficace. Personne ne va le nier, mais nous devrons nous assurer que le processus soit transparent, juste et équitable et que la ministre n'ait pas recours à son pouvoir d'instruction pour déterminer qui peut ou ne peut pas être reçu comme immigrant.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet de la partie 6 du projet de loi et des modifications qui visent manifestement la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Honnêtement, je crois que ces modifications auront des répercussions négatives sur la vie de personnes au Canada et de personnes qui ne pourront pas rester dans notre pays même si on les a invitées à venir s'y installer.
Le Canada est un pays d'immigration. Si le Canada ne croyait pas en l'immigration, je me demande quels députés seraient présents à la Chambre. Qui d'entre nous n'a pas un ancêtre ayant immigré au Canada non pas il y a 10 ou 20 ans, mais il y a 100 ou 150 ans? Ce sont les immigrants qui ont commencé à édifier notre pays.
La nécessité de l'immigration s'est fait sentir au fil des ans. Elle est encore plus évidente maintenant que les gens ont moins d'enfants ou choisissent de ne pas en avoir. Nous avons besoin d'immigrants. Nous avons besoin de nouveaux arrivants pour assurer la pérennité du Canada.
Depuis quelques années, le débat sur l'immigration semble axé sur la crainte. Non seulement au Canada, mais aux quatre coins du monde, l'immigration suscite la crainte. Au lieu de reconnaître la contribution des immigrants au Canada, certains disent qu'ils occupent nos emplois ou qu'ils ont préséance sur nous, Honnêtement, ce sont les immigrants qui ont édifié le Canada.
Avant d'aborder certains points particuliers, j'aimerais signaler que la mesure concerne la stratégie de gestion du gouvernement. Bien que j'en sois à mon premier mandat en tant que députée fédérale, j'ai servi au sein de plusieurs gouvernements et je connais les stratégies de gestion.
Ce n'est pas en supprimant des noms sur une longue liste de candidats à l'immigration qu'on applique une stratégie de gestion que je qualifierais d'équitable ou de prévoyante. Que fera-t-on après? Je pose la question à mes collègues. Lorsqu'on juge qu'une liste d'attente pour des interventions chirurgicales est trop longue, est-ce qu'on la raccourcit en en retirant les noms des patients dont le nom commence par B, par exemple? Est-ce cela une stratégie de gestion?
Les gouvernements — et pas seulement le gouvernement actuel — appliquent souvent une stratégie de gestion précise quand ils présentent une politique qui, pensent-ils, mécontentera beaucoup de citoyens. Tous ceux qui ont déjà fait partie d'un gouvernement sont au courant. Il s'agit, d'annoncer la mesure tard un vendredi après-midi ou le dernier jour de séance du Parlement ou de l'inclure dans un vaste projet de loi afin qu'elle ne reçoive pas autant d'attention qu'un projet de loi distinct.
Comme on l'a déjà dit, cette mesure aurait dû faire l'objet d'un projet de loi distinct étant donné qu'il s'agit d'une modification à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. S'il s'agit d'une nouvelle stratégie de gestion et si on utilise aussi d'anciennes stratégies, je ne crois pas qu'on puisse parler de gestion positive.
Au pays, nous n'arrivons même pas à nous occuper des professionnels immigrants qui sont venus ici et qu'on a encouragés à venir. Ils ne peuvent pas exercer leur profession au Canada. Des petits progrès ont été réalisés, mais il y a beaucoup de médecins, d'ingénieurs et de comptables qui vivent ici et qui ne peuvent travailler dans leur domaine d'études. Ils accomplissent d'autres boulots. Il n'y a pas de sot métier, mais ces personnes ne travaillent pas dans les domaines où nous voudrions tellement qu'ils travaillent, dans les domaines où nous avons désespérément besoin d'eux.
Le Comité de l'immigration a étudié cette partie du projet de loi . Il a recommandé que cet élément ne soit pas inclus du tout dans le projet de loi. Je pense que l'avis unanime du comité, du moins l'avis de la majorité des membres, était de ne pas inclure cette partie dans la mesure législative.
Il y a une chose qui me fascine avec le gouvernement et les comités. Ceux-ci travaillent fort et présentent même un rapport, mais après tout ce travail, rien n'oblige le gouvernement à prendre des mesures.
Compte tenu de ce que j'ai pu observer dans le milieu d'où je viens, où la population est probablement composée à 40 p. 100 de gens arrivés récemment d'autres pays, je sais qu'il y en a parmi eux qui font partie du groupe de 925 000 personnes qui attendent depuis deux, trois ou quatre ans que les membres de leur famille se joignent à eux. Parfois, il se trouve dans leur famille un fils ou une fille d'âge adulte qui peut apporter au Canada des compétences utiles.
J'ai vu des familles qui avaient acheté une maison avec une chambre toute prête pour accueillir la personne qui, selon eux, arrivera à coup sûr un jour au sommet de la liste et pourra venir s'établir au Canada. Nombre de personnes vivent ainsi depuis au moins cinq ans dans l'espoir de voir arriver ici leurs parents, leurs enfants ou qui que ce soit d'autre. Puis ont leur dit que, malheureusement, ces gens sont parmi ceux qui ont été rayés de la liste et on leur souhaite meilleure chance la prochaine fois. Il est injuste de changer les règles en cours de route.
Je sais que les immigrants constituent un puissant moteur économique à Surrey. La ville réussit bien grâce à eux. Pourtant, on traite les travailleurs temporaires comme un produit de consommation. On s'en sert pendant trois mois, puis on les jette.
On peut bien prétendre qu'ils trouvent au Canada la sécurité et qu'ils y sont bien traités, mais rien n'étaye une telle affirmation dans les faits. On a vu des travailleurs venir au pays, comme cela s'est produit tout récemment à Vancouver, pour y travailler à un salaire inférieur au salaire minimum. Parfois, leur salaire est meilleur, mais ils ne se font pas payer pour les heures supplémentaires. Le travail et la sécurité ne leur sont aucunement garantis. Je pense que les gens le savent.
On ne leur a jamais dit que, s'ils aimaient assez le Canada pour vouloir y rester, ils ne pourraient en fait pas faire demande à cette fin. On abuse d'eux sur le plan salarial. On abuse d'eux en leur imposant des conditions de travail dangereuses. Je pensais que le temps où il fallait mettre des canaris dans les mines était depuis longtemps révolu. Si ces gens osent se plaindre, ils se font renvoyer. Ils acceptent de travailler dans de telles conditions parce que c'est leur seul moyen de gagner de l'argent.
Je suis très heureuse de ce que j'ai entendu de la part des députés libéraux. Je suis certaine que, lors du vote, ils vont tous se lever pour s'opposer au projet de loi. J'ai hâte de voir ce qui va se passer, car je juge les gens d'après leurs actes. Tout ce que j'ai entendu de leur part dans les journaux, les forums et à la Chambre, c'est que le projet de loi est vraiment mauvais. Naturellement, je sais que je pourrai compter ce soir sur tous ces députés pour se lever et s'opposer au projet de loi.
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Monsieur le Président, nous sommes saisis de changements trompeurs, préjudiciables et dangereux à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Ces changements sont apportés en catimini dans le projet de loi d'exécution du budget par le gouvernement conservateur, et ils sont appuyés par ses nouveaux amis, les députés du Parti libéral du Canada. Ce projet de loi est une offensive directe contre les immigrants et une menace réelle pour l'avenir du Canada.
Le NPD est très fier de s'associer aux immigrants de toutes les régions du Canada. Nous n'allons pas nous écraser. Nous n'allons pas nous esquiver au moment du vote. Nous n'allons pas éviter de défendre les intérêts de ces immigrants. Nous n'allons pas rester silencieux. Nous allons dénoncer le projet de loi.
Le Comité de l'immigration et de la citoyenneté et le Comité des finances ont tous deux tenu des audiences. Les témoins ont rejeté avec force les changements proposés à l'immigration par les conservateurs, y compris l'Association du Barreau canadien, la Fédération canado-arabe, le Conseil national des canadiens chinois, le Conseil ethnoculturel du Canada, les collectivités portugaises, asiatiques, hispaniques, et bien d'autres. Tous se sont opposés aux changements que les conservateurs veulent apporter à l'immigration.
Dans un pays comme le nôtre, où tous les citoyens, à l'exception des membres des Premières nations, sont des immigrants, nous devrions célébrer et valoriser notre diversité, au lieu de la restreindre.
L'infrastructure qui a créé le Canada a été bâtie par des immigrants. Le chemin de fer qui relie notre vaste pays d'un océan à l'autre a été construit par des immigrants, un crampon à la fois. Les ponts, les tunnels, les routes, les écoles et les édifices qui font partie de nos villes et de notre paysage ont été construits, au prix de leur sang, de leur sueur et de leurs larmes, par des immigrants qui étaient venus ici à la recherche d'un avenir meilleur.
On pourrait penser qu'aujourd'hui, en 2008, le Canada se tournerait vers une politique d'immigration plus inclusive et plus ouverte, qui met l'accent sur la compétence, l'innovation et la contribution des immigrants, plutôt que vers une politique qui a des relents de l'époque sombre de la Loi sur l'exclusion des Chinois et de la Continuous Passage Act, ou loi sur le voyage ininterrompu, qui visaient à empêcher les groupes d'immigrants d'entrer au Canada.
Dans le passé, le Canada a commis de nombreuses erreurs, souvent en raison de politiques discriminatoires fondées sur la race, la religion ou la nationalité.
En 1939, nous avons refusé l'asile au paquebot S.S. St. Louis, contraignant 900 réfugiés juifs à retourner en Allemagne. Un grand nombre d'entre eux n'ont pas survécu. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Canada n'a accueilli que 5 000 réfugiés juifs, ce qui est l'un des pires bilans parmi tous les pays ayant accueilli des réfugiés.
N'oublions pas non plus que, de 1941 à 1945, le Canada a interné, déplacé, dépossédé et détenu 23 000 Canadiens d'origine japonaise, dont plus de la moitié étaient nés au Canada. Le gouvernement conservateur n'a-t-il rien retenu des erreurs du passé?
Le projet de loi dont nous sommes saisis est trompeur. Pourquoi? Parce qu'il n'a rien à voir avec l'énorme arriéré de 925 000 personnes sur la liste d'attente. Le projet de loi entrera en vigueur après l'élimination de l'arriéré et ne raccourcira pas la liste d'attente sur laquelle se trouvent ces demandeurs. Il est trompeur parce que la ministre parle sans cesse de l'arriéré.
M. Hassan Yussuf, secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada, a affirmé ce qui suit:
Nous pensons qu'il ne faut pas inclure cette réforme dans le projet de loi budgétaire. Le gouvernement n'a pas tenu de consultations véritables et inclusives avant d'élaborer cette initiative. Les pouvoirs arbitraires conférés au ministre ne répondent pas au critère de transparence et d'imputabilité que le gouvernement a promis.
Si nous permettons l'adoption de ces modifications radicales, nous prendrons une position sur laquelle nous ne pourrons revenir. Dès que ces dangereuses modifications sont adoptées, notre régime d'immigration sera complètement et définitivement modifié. Ne laissez aucun parti vous dire qu'on pourra y revenir par la suite. Il sera trop tard.
Pourquoi ce changement est-il nuisible? La vision du Canada que défendent les conservateurs consiste à traiter les immigrants en tant qu'unités économiques, que travailleurs étrangers. Il y aura des gagnants et des perdants. Les perdants seront les personnes qui tentent de retrouver leurs êtres chers au Canada. Les travailleurs auront la priorité.
Debbie Douglas, directrice exécutive du Conseil ontarien des organismes de service aux immigrants, a dit que le gouvernement se lance dans la mauvaise direction en élargissant le programme de travailleurs temporaires étrangers au détriment de la consolidation nationale et du civisme. Elle a dit:
L'immigration ne devrait pas seulement servir à importer des travailleurs au Canada. On ne peut traiter les immigrants en tant qu'unités économiques sans se préoccuper de la promotion du civisme et de l'engagement, de l'appartenance et de l'attachement chez les personnes que nous admettons au pays.
Avec le gouvernement conservateur à la barre, la démocratie, la transparence et la reddition de comptes dans notre régime d'immigration seront remplacés par des politiques discriminatoires et arbitraires et par la soif du pouvoir. Souvenons-nous qu'on nous oblige à adopter ces modifications au régime d'immigration dans le cadre d'un projet de loi d'exécution du budget, ce qui prouve une fois de plus que les immigrants sont considérés comme des produits, importés en tant qu'unités économiques bon marché et exploitables. Nous ne devrions pas traiter les immigrants ainsi.
Ces changements ne sont pas dans l'intérêt du Canada. Ils sont irréfléchis et visent les besoins des grandes entreprises aux dépens des Canadiens ordinaires.
De plus, comme je l'ai dit, la mesure est dangereuse puisque les changements en profondeur qui sont proposés accordent des pouvoirs inimaginables à la .
M. Stephen Green, trésorier de l'Association du Barreau canadien, a déclaré que ces changements auront une incidence aussi bien sur la catégorie de la réunification familiale, que sur celles des immigrants économiques, des immigrants temporaires et des immigrants acceptés pour des raisons d'ordre humanitaire. Voici ce qu'a déclaré, au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, l'association, qui n'a pas été consultée lors de la rédaction des modifications proposées:
Eh bien, pour être franc avec vous, des instructions seront données sans qu'il y ait le moindre contrôle.
M. Green a ajouté:
En ce qui nous concerne, si ce projet de loi est adopté, il va ramener le Canada à la période sombre d'antan du point de vue de notre système de sélection et de traitement des demandes d'immigration. Il permettra au ministre de mener ses activités sans contrôle aucun, et donc de laisser entrer par la porte arrière les membres de nombreux groupes d'intérêt.
Et il sert l'avertissement suivant:
C'est dangereux parce que le ministre peut ainsi fermer la porte à n'importe quel moment. N'importe quel gouvernement pourrait faire de même. Il n'y aurait plus aucune prévisibilité. Le principe de la primauté du droit n'existerait pas. Il serait possible de dire aux familles qui présentent une demande qu'on ne veut pas d'elles, parce qu'elles ne constituent pas la priorité à ce moment-là.
Janet Dench, du Conseil canadien pour les réfugiés, a averti qu'il ne fallait pas confondre intentions et lois. Elle invite tous les parlementaires à se demander comment la loi pourrait être utilisée à l'avenir, et non pas tout simplement comment le gouvernement actuel propose d'utiliser les nouveaux pouvoirs. L'expression d'intentions aujourd'hui ne garantit en rien contre le recours futur aux pouvoirs dans une optique très différente.
Pour ce qui est de la réunification des familles pour des motifs humanitaires, Mme Dench a ajouté que le gouvernement avait laissé entendre qu'il continuerait à étudier toutes les demandes concernant la famille qui seraient fondées sur des motifs d'ordre humanitaire. Elle a déclaré qu'il ne s'agissait là que de l'expression d'une intention et que, si le projet de loi était adopté dans sa forme actuelle, un gouvernement pourrait à l'avenir donner instruction de ne plus étudier les demandes liées à la famille.
La Fédération canado-arabe s'est demandé pourquoi personne n'avait cru bon de consulter les groupes d'immigrants. La fédération s'inquiète grandement du fait que la ministre pourrait décider que le Canada ne souhaite pas accueillir d'Arabes ou de Musulmans. Elle a demandé qui l'en empêcherait si elle s'octroyait un tel pouvoir.
J'exhorte mes collègues députés de toutes allégeances à adopter une position de principe en se solidarisant avec les néo-démocrates contre ces changements dommageables, trompeurs et dangereux que nous proposent les conservateurs. Ensemble, nous pouvons empêcher le gouvernement conservateur de faire de notre politique d'immigration une politique rétrograde et de répéter les erreurs du passé.
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Monsieur le Président, je tiens à souligner tout le travail accompli par la députée de au sujet de cet aspect du projet de loi . Je sais que bien d'autres députés néo-démocrates ont déjà émis des réserves au sujet des éléments du projet de loi C-50 ayant trait à l'immigration, et je joins ma voix à celle de tous ceux qui se sont prononcé contre ce qui, de l'avis de plusieurs, pourrait constituer un abus de pouvoir de la part de la .
À la suite du discours du Trône, du discours du budget et maintenant du projet de loi d'exécution du budget, nous savons que notre pays est aux prises avec de très graves problèmes auxquels le projet de loi ne s'attaque tout simplement pas. Je pense par exemple aux collectivités forestières comme la mienne, où des centaines et des centaines d'emplois ont été perdus ces six derniers mois et où bon nombre des travailleurs forestiers ont maintenant épuisé leurs prestations d'emploi à cause de la façon dont on détermine le taux de chômage dans notre région et n'ont plus d'autres recours. Je pense aussi aux Autochtones, aux Métis et aux Inuits d'un bout à l'autre du pays, qui souffrent toujours d'une pénurie de logements sûrs et de bonne qualité, au fait que les enfants autochtones n'ont pas accès à la même qualité d'enseignement que les autres enfants canadiens, que de nombreuses collectivités n'ont tout simplement pas accès à de l'eau potable, ou que de nombreuses familles ne peuvent obtenir des services de garderie abordables, de qualité et financés par l'État.
Je le répète, ce projet de loi était une occasion d'aborder certains de ces problèmes urgents auxquels sont confrontés des travailleurs et leur famille partout au pays.
Cependant, nous parlons d'immigration et c'est ce dont je parlerai maintenant.
En me préparant en vue du débat d'aujourd'hui, j'ai demandé au personnel de mon bureau d'examiner les différents cas qu'il a eus à traiter dans le domaine de l'immigration et des réfugiés. Le gouvernement affirme que son projet de loi permettra d'éliminer l'arriéré. Pourtant, la plupart des gens qui se prononcent affirment que cela ne fera que modifier les priorités sans aucun effet sur le grand nombre de dossiers de personnes qui veulent venir s'établir au Canada.
Mon bureau s'occupe d'une foule de problèmes. Je veux aborder rapidement quelques cas dont mon bureau de a eu à s'occuper.
Un des problèmes, c'est le temps qu'il faut pour traiter les demandes. Il est difficile de voir comment un brassage de priorités permettra d'abréger le délai de traitement des demandes. Certes les dossiers de certaines personnes seront traités plus rapidement. Il y a certainement des gens qui pourront entrer au Canada plus rapidement. Cependant, je ne vois pas comment le seul fait de faire passer certaines personnes avant les autres permettrait de réduire l'arriéré de plus de 900 000 dossiers déjà dans le système si nous n'ajoutons pas beaucoup plus de ressources pour traiter ces dossiers.
En deuxième lieu, il y a les décisions arbitraires des agents de l'immigration et des visas et le manque de possibilités d'appel. Nous avons souvent vu des demandes rejetées. Les personnes qui demandent à immigrer au Canada ont apparemment produit toute la documentation nécessaire, mais les motifs des décisions ne semblent pas correspondre à l'information au dossier. Parfois, le manque de communication claire et efficace entre les candidats à l'immigration et les agents de l'immigration pose problème. Des gens ne savent pas exactement pourquoi leur demande a été rejetée. Souvent, un agent demandera à un candidat un renseignement précis. Ce dernier produira le renseignement demandé, mais l'agent d'immigration lui demandera alors autre chose. Le candidat fournira ce qui est encore demandé, mais cela traîne pendant des mois.
Dans un autre cas, une personne assez en vue dans la communauté allait se marier. Elle souhaitait que sa mère et sa soeur viennent assister au mariage au Canada. Tous les formulaires nécessaires ont été remplis et le bureau consulaire à l'étranger a dit que la personne dans ma circonscription, , devait prendre une décision. Il a été décidé que soit la mère, soit la soeur de la mariée pouvait assister au mariage, pas les deux. Il ne s'agissait pas d'une demande d'immigration, mais bien d'une demande de visa de visiteur. Cependant, cette mesure législative ne réglera tous les problèmes du système.
Je sais que la députée de et d'autres collègues ont demandé la présentation d'une mesure législative distincte qui serait renvoyée au Comité de l'immigration. Celui-ci pourrait en faire un examen approfondi, convoquer des témoins, discuter de l'incidence de cette mesure sur la vie des gens et il pourrait enfin proposer des amendements pour qu'elle corresponde davantage à ce que les Canadiens souhaitent dans ce domaine.
À moins de faire partie des Premières nations, tous, ici à la Chambre, nous sommes issus de l'immigration à un moment ou à un autre. Je suis très fière de dire que ma mère est Canadienne de première génération. Ma belle-fille est immigrante et, de ce fait, mon petit-fils est Canadien de première génération de par sa mère.
Tous, nous sommes, à un certain moment, des ancêtres, à moins d'être membres des Premières nations. Nous sommes des immigrants. Nous savons que les immigrants ont contribué à la richesse et à la diversité du Canada. Nous souhaitons un système d'immigration qui illustre ce que nous valorisons généralement en tant que Canadiens, en l'occurrence la justice et la transparence, l'égalité de l'accès et le traitement en temps opportun, réalité qui n'est malheureusement pas au rendez-vous à l'heure actuelle.
Bon nombre de groupes à l'échelle du Canada ont exprimé de sérieuses préoccupations à l'égard de cette mesure législative, notamment l'Association du Barreau canadien qui a déclaré ceci: « L’Association du Barreau canadien exhorte le Parlement à ne pas adopter les modifications à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés ». En fait, cet organisme estime qu'il s'agit d'un recul dans l’évolution du droit canadien de l’immigration.
Le projet de loi « consiste en un recul dans l’évolution du droit canadien de l’immigration en nous ramenant à l’ère où les visas étaient décernés uniquement sur le plan discrétionnaire, sans avoir recours à un nombre suffisant de critères objectifs », a dit Stephen Green, ajoutant que « les modifications proposées ne sont pas nécessaires afin d’atteindre les objectifs en matière d’immigration au Canada ». Les changements feraient passer les immigrants très convoités tels que les médecins et les autres travailleurs qualifiés devant les autres, qui seraient forcés de faire la queue. Ils autoriseraient les gouvernements à fixer une limite quant au nombre de demandes traitées chaque année.
L'un des arguments avancés en faveur de cette mesure législative est qu'elle nous aiderait à combler la grave pénurie de main-d'oeuvre au Canada. Ceux d'entre nous qui ont été attentifs au cours des 15 ou 20 dernières années savaient très bien qu'il y aurait de graves pénuries de main-d'oeuvre dans certains secteurs et ont demandé au gouvernement fédéral et aux provinces d'élaborer conjointement une stratégie sur les ressources humaines afin de prévenir une pénurie de gens de métier, de médecins, d'infirmières, de technologues médicaux, et la liste est encore longue. Nous avons eu 15 ou 20 ans pour nous préparer. Les conséquences du baby boom n'étaient pas une surprise. Nous les attendions. Nous savions qu'il y aurait une immense vague de départs à la retraite. N'importe qui aurait pu prédire que le Canada connaîtrait des périodes de croissance économique et que nous aurions besoin d'une main-d'oeuvre qualifiée pour répondre aux besoins alors créés.
Les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays sont restés les bras croisés au lieu de s'affairer à mettre sur pied une stratégie en matière de ressources humaines qui permettrait de combler la grave pénurie de main-d'oeuvre.
Les Olympiques de Vancouver sont vraiment un bon exemple. Quand Vancouver a obtenu les Olympiques, on avait là une occasion de former des apprentis au Canada. Beaucoup de Métis et de membres des Premières nations de la Colombie-Britannique auraient pu faire des gens de métier très compétents si l'on y avait mis un peu d'effort et d'attention. Au lieu de cela, nous engageons beaucoup de travailleurs temporaires venus de l'étranger. C'était l'occasion d'apprendre les métiers de la construction aux Métis et aux membres des Premières nations. Une fois les Olympiques terminées, ces gens auraient pu changer le cours des choses dans leur propre collectivité. Les Olympiques auraient ainsi vraiment marqué l'histoire.
Pourtant, encore une fois, le gouvernement fédéral a négligé cette solution. Il avait l'occasion de le faire, en étroite collaboration avec les gouvernements provinciaux, mais il ne l'a pas fait. Nous voyons maintenant les travailleurs arriver et construire les édifices, les routes et toutes les structures nécessaires pour la tenue des Olympiques. Ensuite, ces gens repartiront, et les Métis et les membres des Premières nations seront toujours dans la même situation, malgré leur capacité d'exercer ces métiers. C'est une occasion ratée.
Beaucoup d'autres, y compris les TUAC, ont dénoncé le projet de loi pour sa manière de donner des pouvoirs illimités au ministre. Nous n'aurons aucun contrôle sur les règlements qui seront appliqués, parce que ce ne seront pas des lois.
J'affirme que la Chambre devrait rejeter le projet de loi dans son ensemble, en raison des modifications qu'il prévoit sur le plan de l'immigration.
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Monsieur le Président, je remercie le député d' d'avoir abordé cette question.
Nous savons que dans certaines provinces du Canada, comme le Manitoba et la Saskatchewan, les Premières nations et les Métis constitueront une bonne partie de la main-d'oeuvre dans les 20 prochaines années. Les Premières nations, les Métis et les Inuits ont connu une croissance démographique importante ces 15 dernières années au Canada.
Ils pourraient former une partie importante de la main-d'oeuvre à l'avenir, mais, pour ce, il faut faire les investissements nécessaires dans l'éducation préscolaire et les garderies, en fait il faut investir dès la naissance et tout au long de la vie professionnelle d'une personne. Cela s'appelle l'apprentissage continu.
Chaque dollar investi dans les enfants de moins de six ans se traduit, à long terme, par une économie de 7 $ dans le système d'éducation, de justice, d'aide sociale ou de santé.
De la maternelle à la douzième année, il faut des cours adaptés à la culture. L'éducation doit être abordable pour les familles et doit être donnée dans des conditions sécuritaires et salubres. Nous devons faire en sorte que les enfants aient accès à des ordinateurs, des bibliothèques, des services techniques, des services d'orthophonie et des programmes spéciaux. Nous jetterons ainsi les bases qui permettront aux jeunes des Premières nations, aux jeunes Métis et aux jeunes Inuits d'apprendre un métier, de devenir apprentis ou d'aller à l'université, conformément à un plan de ressources humaines.
J'ai assisté la semaine dernière à une conférence où il était question d'une stratégie des ressources humaines pour l'avenir, notamment des EDRHA, aux termes desquelles les Premières nations contrôlent les fonds consacrés à l'éducation et investissent dans des stratégies de ressources humaines qui aideront à pallier les pénuries de main-d'oeuvre.
Une occasion s'offre au Canada et au gouvernement fédéral de prendre les mesures qui s'imposent pour que les Premières nations, les Métis et les Inuits soient en mesure de décrocher des emplois qui sont créés et qui seront créés dans les 10 ou 15 prochaines années.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer au débat sur le projet de loi d'exécution du budget. Nous discutons d'amendements précis à l'ajout surprenant de dispositions sur l'immigration.
Je tiens à dire d'emblée, pour le bénéfice de ceux qui suivent le débat, que cette question revêt une importance fondamentale pour le Parlement. Nous discutons aujourd'hui du budget du gouvernement et de la loi d'exécution de ce budget. Il s'agit d'une question de confiance. Le gouvernement doit défendre son bilan et obtenir l'appui d'un nombre suffisant de députés afin que son budget soit mis en oeuvre et qu'il n'y ait pas d'élections.
Les gens qui suivent le débat devraient se demander, compte tenu que les libéraux s'opposent au budget, tout comme le Bloc et le NPD, comment il se fait que le gouvernement est toujours en place, puisqu'il ne jouit guère de la confiance de la Chambre et des Canadiens d'un bout à l'autre du pays relativement à ce projet de loi.
Comment nous et les Canadiens pouvons-nous faire confiance au gouvernement quant à l'avenir, alors qu'il n'a pas de stratégie d'emplois, pas de stratégie industrielle, et que son budget ne fait aucune mention de la santé, des garderies, de l'éducation, de la formation pour l'avenir, des peuples autochtones, ou de l'environnement?
Le budget ne renferme rien sur aucun des dossiers qui sont importants pour les Canadiens à l'heure actuelle. Le gouvernement conservateur laisse passer une occasion en or de prendre l'excédent dont il dispose encore et de l'investir dans des secteurs importants pour les Canadiens.
Le gouvernement a fait quelque chose de très inhabituel lorsqu'il a inclus dans le projet de loi une nouvelle partie entière traitant de l'immigration. Le discours du budget prononcé par le ne renfermait rien sur l'immigration. Aucune allusion n'était faite à cette situation soi-disant grave. Puis, tout à coup, au beau milieu du débat sur le budget, le gouvernement a décidé d'inclure le dossier de l'immigration. Pourquoi? Cette décision témoigne soit d'une mauvaise planification et d'un travail collectif médiocre relativement aux dossiers importants pour les Canadiens, soit de la volonté du gouvernement de s'en prendre aux libéraux.
Nous savons que les libéraux n'approuvent pas ce budget et c'est pourquoi le gouvernement a décidé de leur porter un coup solide. C'est un dossier important, tellement important qu'il devrait inciter les libéraux à se lever et à dire que, peu importe les conséquences, ils ne vont pas appuyer le gouvernement. Cette question est tellement importante que les libéraux devraient se lever et dire qu'ils ne vont pas appuyer un budget qui ne répond pas aux besoins des Canadiens ordinaires. Ils devraient se lever et dire qu'ils ne vont pas appuyer un budget qui cause un tort irréversible à la réputation bien établie du Canada en tant que pays progressiste en matière de citoyenneté et d'immigration.
Le projet de loi doit être rejeté. Les libéraux devraient avoir le courage de leurs convictions et prendre position une fois pour toutes parce que c'est important. C'est important de dire aux Canadiens que nous sommes sincères et que nous avons bien l'intention de faire ce que nous nous engageons à faire. L'intégrité, l'honnêteté et le respect ne comptent-ils pas parmi les principes fondamentaux des parents, des familles et des collectivités?
Comment pouvons-nous envoyer le message aux Canadiens qu'il vaut la peine d'investir dans cet endroit, qu'il est important d'exercer son droit de vote, de se présenter comme candidat et de se faire élire si, à tout bout de champ, un politicien libéral ou conservateur dit qu'il n'aime pas quelque chose, mais qu'il ne s'y opposera pas?
Comment se fait-il que, aujourd'hui, les libéraux permettent aux conservateurs de gouverner comme s'ils formaient la majorité? Comment peut-on permettre aux conservateurs d'apporter à notre système d'immigration ces changements fondamentaux qui auront une incidence à long terme dans l'ensemble du pays?
Je viens d'une des circonscriptions les plus multiculturelles du pays...
: Nous tous aussi.
: Oui, monsieur le Président, quelqu'un a dit « Nous tous aussi ». Et j'en suis fière.
Des gens originaires du Pendjab, des Philippines, de l'Allemagne, du Vietnam, du Laos, de l'Afrique, de l'Amérique du Sud, de partout au monde, s'installent dans ma circonscription, tout comme ils le font dans d'autres circonscriptions de l'ensemble du pays. Ils veulent que nous fassions valoir leurs besoins, leurs préoccupations et leurs intérêts tout autant que le veulent les Canadiens de longue date.
Comment pourrons-nous encourager les nouveaux immigrants à s'intégrer pleinement et librement à notre système démocratique si, à peine devenus citoyens, ils se font dire par le gouvernement: « C'est dommage, c'est triste, mais nous ne pouvons plus prendre votre défense et nous ne pouvons plus défendre les principes qui vous ont attirés dans ce pays. » Qu'est-il arrivé aux principes de base de notre système d'immigration?
Ce projet de loi aura le potentiel d'éliminer ces principes en donnant à la ministre la discrétion unilatérale et arbitraire de choisir les immigrants selon son bon vouloir, selon le bon vouloir de son gouvernement, et non pas sur la base de critères objectifs définis dans un plan et un cadre. C'est quelque chose qu'on demande depuis des années dans le domaine de l'immigration, quelque chose que les libéraux ont été incapables de réaliser.
Voici maintenant que le gouvernement, au lieu de se saisir du problème et de le régler, se contente de tourner autour du pot, tout en prenant l'initiative d'altérer les principes fondamentaux. Il applique sa subjectivité à des principes aussi fondamentaux que la citoyenneté et l'immigration dans ce pays.
C'est inadmissible. Ce serait pourtant facile pour le gouvernement de reconnaître les principes fondamentaux et ensuite régler les problèmes en conséquence. Premièrement, nous voulons attirer des immigrants qui nous aideront à atteindre les objectifs économiques du pays. Plutôt que de balancer l'ensemble du système, nous en introduisons un autre qui est assujetti à la plus totale subjectivité de la ministre. Celle-ci pourrait en effet dire, par exemple, que « nous n'aimons pas les habitants des Philippines et du Pendjab ». Cela aurait un effet dévastateur sur ma circonscription. Je ne dis pas qu'elle le ferait, mais qui l'en empêcherait? Qui empêchera une telle chose de se produire?
Il faudrait plutôt que la ministre détermine qu'il y a des besoins en ressources humaines dans certains métiers et certaines professions, comme c'est le cas pour le programme Candidats du Manitoba. Dans cette province, le ministre ne fait pas un choix arbitraire. Il y a une série de critères à suivre, et les gens doivent répondre à ces critères s'ils veulent pouvoir venir au pays.
Puis, les gens ne sont pas traités comme des travailleurs temporaires. Ils peuvent emmener leur famille avec eux. Ils ont le droit de rester. Ils ont le droit de s'établir au pays. On leur accorde le droit de participer pleinement à la vie de la société canadienne, de demander la citoyenneté canadienne et de devenir des citoyens à part entière ayant le droit de voter et de participer à la vie démocratique. Voilà pour cette question.
Au lieu de résoudre le problème, le gouvernement ne fait qu'engendrer le chaos dans un système où la confusion règne déjà, c'est-à-dire le système que les libéraux ont créé avec le projet de loi C-11 en 2001. N'oublions pas que le Parlement devait résoudre ce problème il y a sept ans. Au lieu de remanier le système d'immigration pour qu'il puisse bien fonctionner pendant des siècles, le gouvernement a décidé d'introduire une classification économique à laquelle la plupart des gens ordinaires dans le monde ne peuvent pas se conformer.
Voilà pourquoi on se retrouve avec un énorme retard accumulé et une grande confusion dans le système. C'est au départ un mauvais système. On ne dispose pas d'un fondement solide sur lequel on pourrait s'appuyer pour bâtir l'avenir et attirer des gens au pays.
Il faudrait tout d'abord que le gouvernement élargisse la portée de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et modifie la catégorie économique pour garantir que les gens qui travaillent fort, qui ont des aptitudes et qui peuvent contribuer à l'essor de notre pays puissent y entrer. Nous ne devons pas nous restreindre à ceux qui ont un diplôme universitaire, qui ont beaucoup d'expérience dans un domaine et qui sont bilingues. Nous ne pouvons nous contenter de ne retenir que les meilleurs éléments. Nous devons ouvrir tout grand nos portes, comme nous l'avons fait lorsque nos ancêtres sont arrivés au pays, comme lorsque mes grands-parents sont arrivés au Canada au début des années 1900.
C'étaient des paysans et ils sont venus pour défricher la terre, pour cultiver et pour donner. Et c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont eu 13 enfants, dont mon père. Ils ont beaucoup donné au pays et leur contribution a été utile. Ils étaient peut-être illettrés, sans argent et sans éducation, mais ils ont apporté une contribution utile. C'est de cela dont nous avons besoin au pays.
Je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, mais je voudrais dire un mot sur le deuxième principe, celui du parrainage familial. La famille est le principal fondement de la société. Les dispositions que le gouvernement et la ministre ont présentées risquent de faire disparaître toute cette notion de réunification familiale et de rendre la situation encore plus difficile pour ceux qui attendent déjà. Certaines personnes ont présenté une demande de réunification il y a déjà quatre, cinq, six ou même sept ans et elles attendent toujours de pouvoir faire venir leur père ou leur mère au pays. Cela vous semble-t-il décent et humain? Il n'est pas étonnant qu'il y ait un arriéré. Il est temps que nous assurions un équilibre entre les besoins économiques de notre pays et nos principes de base à l'égard de la famille qui doit être considérée comme une institution fondamentale de notre société.
Enfin, notre système doit être basé sur la compassion et sur des considérations d'ordre humanitaire. De cette façon, nous pourrons mettre en place un système qui permettra de garantir que les réfugiés pourront entrer au pays s'ils le méritent, un système qui prévoit des situations d'urgence et qui ne fermera pas la porte à ceux qui voudraient visiter des membres de leur famille à l'occasion d'un mariage ou de funérailles, un système qui servira d'exemple pour le monde entier et qui sera basé sur des principes de justice, d'égalité, d'équité et d'humanité.
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Monsieur le Président, je vais prendre quelques minutes pour donner mon opinion quant à ces amendements, dont nous discutons, relativement au projet de loi .
Ma première remarque porte sur le projet de loi qui est supposé, selon les termes parlementaires, « exécuter le budget », c'est-à-dire le mettre en œuvre, mettre en œuvre les annonces faites, entendues et bien entendues lors du discours du Trône.
Si tel est l'objectif de ce projet de loi, pour quelles raisons le gouvernement conservateur choisit-il délibérément d'inclure un chapitre entier sur une réforme de l'immigration? Pourtant, au regard de cette réforme, le budget n'est que d'un maigre montant de 22 millions de dollars sur deux ans. Évidemment, on nous promet des sommes à venir, mais elles ne sont nullement ficelées ou attachées à quoi que ce soit.
Il y a quelque chose de particulièrement remarquable dans les documents officiels du gouvernement. Par exemple, à la page 9 du Budget en bref, à propos de cette refonte, de cette modernisation — pour le citer correctement — du système d'immigration, l'une des phrases clés dit qu'on veut rendre le système d'immigration plus compétitif.
Dès que j'ai vu cela, une fois de plus, cela m'a fait dire que cela allait vraiment dans le sens de l'idéologie du Parti conservateur. La plupart du temps, il prend le gouvernement pour une entreprise privée.
Pour quelles raisons inclut-on ce chapitre sur l'immigration? Je me pose la question.
Serait-ce une tentative d'induire en erreur les parlementaires? Sinon, serait-ce une tentative pour humilier les libéraux en introduisant une mesure que, fort probablement, ils jugeraient inacceptables dans le cadre d'un projet de loi qui appelle à la confiance? Ils la jugeraient inacceptable, mais s'ils agissent de la même façon qu'ils ont agi depuis plusieurs semaines, ils feront tout sauf voter pour faire tomber ce gouvernement.
D'un côté, il y a donc les principes; de l'autre, le pouvoir des convictions; et d'un autre côté encore, la façon dont ces libéraux choisiront de se comporter en cette Chambre, parce que ce sont tous des députés légitimement élus.
Je vois que le collègue de ne convient pas de mes propos. Il pourra me poser des questions à ce sujet.
En tant que députés et représentants de nos gens, tout le monde, les 305 députés actuellement en cette Chambre, ont l'obligation de voter dans le respect d'une intégrité justement au nom des gens qu'ils représentent. Je me permets d'ajouter qu'on devrait en règle générale éviter l'abstentionnisme. Ce n'est que mon opinion, mais comme j'y ai droit, je la mentionne.
Évidemment, d'un côté, les libéraux nous ont redit que les citoyens et les citoyennes au Canada ne voulaient pas d'élections. Ma collègue le disait un peu plus tôt ce matin, en cette Chambre. Chaque fois, je me demande quand, de toute façon, on en veut vraiment. On ne parle quand même pas d'un sport national.
Très souvent, s'il y a crise, s'il y a scandale, les gens perdent peut-être tellement confiance dans le gouvernement qu'ils vont demander des élections. Néanmoins, la question n'est pas d'attendre que la population nous demande des élections; la question est de savoir si, en cette Chambre, nous devons adopter des projets de loi qui ont du sens et qui respectent la population que nous représentons.
Venons-en au vif du sujet: l'immigration. Les gens qui présentent des demandes d'immigration ou de résidence permanente font souvent partie des groupes que nous appelons les plus vulnérables — cela m'attriste de dire ce mot, mais c'est une réalité — et pour lesquels nous faisons une grande partie de notre travail.
Que les conservateurs s'adonnent à une stratégie de « petite politique » — en mettant le mot politique entre guillemets deux fois plutôt qu'une — au détriment de ces personnes, c'est vraiment disgracieux, surtout lorsque c'est fait, me semble-t-il, dans l'intention bien réelle de ridiculiser l'opposition officielle.
En m'attardant aux propositions du projet de loi dont nous parlons maintenant, je me suis aperçue de la direction pour le moins discutable que souhaite prendre le gouvernement conservateur dans le traitement des demandes d'immigration.
Le but de la réforme est réellement de donner le plus de latitude possible à la ministre — et donc au gouvernement — dans le traitement des demandes. Cela m'apparaît une évidence et cela a été dit lors du débat en cette Chambre. Selon moi et selon plusieurs collègues, c'est là que le bât blesse.
L'objectif est de faire entrer au pays le plus rapidement possible les travailleurs dont les entreprises ont besoin, au détriment des autres types de travailleurs. C'est sans doute pour cela que le gouvernement a utilisé cette fameuse expression dont je parlais au tout début de mon allocution: « un système compétitif d'immigration », expression tirée du langage de l'entreprise privée. C'est bien, la compétitivité, mais cela devrait-il gérer nos préoccupations en tant que législateurs? Il faudrait à tout le moins se questionner et en débattre.
Nous savons que la ministre peut donner des instructions sur ce qui suit: les catégories de demandes à l'égard desquelles s'appliquent les instructions; l'ordre de traitement des demandes; le nombre de demandes à traiter par année, notamment par catégorie; et ce qu'on fait des demandes, dont celles qui sont soumises de nouveau.
Les instructions qu'elle donne ont au moins le mérite d'être publiées dans la Gazette du Canada. Or, combien de députés de cette Chambre, y compris moi-même, et de téléspectateurs pourraient lever la main pour dire qu'ils lisent la Gazette du Canada au moins une fois par année? Ce n'est vraiment pas un outil avantageux pour les gens touchés ou visés par cela.
Évidemment, en cette période de pénurie de la main-d'oeuvre, on comprend qu'il faille accélérer les demandes pour les gens qui veulent venir travailler ici. Toutefois, l'accélération peut se faire de différentes façons. On pourrait affecter des ressources afin d'accélérer le processus.
On se souvient de ce qui s'est passé à Passeport Canada il n'y a pas tellement longtemps, soit moins d'un an et demi. En raison du nombre de demandes, on ne réussissait pas à émettre des passeports avec diligence, c'est-à-dire en moins de deux mois. L'attente était plutôt de deux, trois, voire cinq mois. On a affecté les ressources nécessaires et recruté du personnel, après quoi le gouvernement et les fonctionnaires ont finalement pu venir à bout d'un arriéré de travail épouvantable et ont pu répondre aux demandes.
Pour quelles raisons le gouvernement n'a-t-il pas examiné plus attentivement cette possibilité?
Ce que le projet de loi propose, c'est de rendre les règles arbitraires. Lorsqu'on dit « arbitraires », immédiatement, une alarme devrait sonner, car l'arbitraire est toujours dangereux, peu importe qui en est responsable. Le projet de loi aurait plutôt dû viser à changer les règles, comme je le disais plus tôt, pour aller chercher les travailleurs qualifiés dont nous avons besoin et pour ouvrir les coffres et affecter les ressources nécessaires.
J'ai l'impression que de cette façon, plusieurs injustices risquent d'être créées — et dans le doute, on doit se poser beaucoup de questions. Les immigrants qui font une demande de permis de séjour pour des motifs humanitaires verront leur demande rejoindre la pile des cas en attente. De plus, le projet de loi laisse explicitement à la discrétion de l'agent d'immigration toute la question de l'émission des visas et autres documents requis à l'entrée sur le territoire. À mon avis, voilà autant de recul pour les immigrants. Ceux dont la demande ne sera pas traitée dans l'année en cours ou dans les délais que la ministre aura prescrits se feront probablement retourner leur demande.
J'ai entendu certains conservateurs dire que c'était là de la transparence, parce qu'ainsi les gens sauront que leur demande n'a pas été traitée. Eh bien, si un député d'en face était immigrant, faisait sa demande d'immigration et recevait un traitement semblable, je crois qu'il se poserait des questions.
Le gouvernement conservateur choisit la solution qui ne coûte rien, mais qui, à mon avis, se qualifie d'injustice, plutôt que la solution logique, qui est d'injecter les fonds suffisants pour augmenter la cadence dans le traitement des demandes, pour pouvoir rendre ce traitement plus prévisible et pour ne pas restreindre l'accès des demandeurs de séjour pour des motifs humanitaires.
Brièvement, ce sont les éléments que je voulais soulever. Je suis persuadée que tous mes collègues de cette Chambre auront compris que je voterai en faveur des amendements soumis par le député de .
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de ses commentaires et de sa question.
D'entrée de jeu, en ce qui concerne le Québec, plus précisément, je veux réitérer une chose à ma collègue, bien que je sois certaine qu'elle le sait. J'ai fait cette allocution en tant que députée fédérale et j'ai parlé au nom de tous les gens sur le territoire. On sait que le Québec a son propre programme. Voilà, je ferme la parenthèse.
Il y a de quoi s'inquiéter de la mouvance dont la collègue vient de parler. Cette mouvance est justement due à une décision délibérée de la part du gouvernement conservateur. La seule façon dont je peux interpréter cela — c'est la façon dont j'ai essayé de le dire dans mes commentaires, sans être démagogique, parce que je ne souhaite jamais faire cela —, c'est que derrière ces changements et cette supposée modernisation se cache une idéologie selon laquelle on veut mettre de côté tout un pan du programme d'accueil — pour m'exprimer selon ma pensée — que nous avions pour les gens.
Lorsqu'il est question de réunification de familles et de raisons humanitaires, on focalise maintenant sur une seule chose, soit le travail, indépendamment des risques qu'il y aura pour ces travailleurs dont les droits ne seront pas enchâssés ni protégés. Cela n'apparaît plus comme étant des référents importants.
Ce qui est important maintenant, c'est de pouvoir répondre rapidement aux besoins de l'entreprise privée, de façon quasiment catastrophique, aux dépens de tout un autre pan de la population qui se trouve chez nous en terre d'accueil et qui bénéficiait de notre hospitalité et de notre intégration.
Je pense que c'est là une chose grave. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je voterai en faveur de ces amendements.