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Monsieur le Président, ce projet de loi revêt une très grande importance pour moi étant donné la vaste étendue de ma circonscription, Kenora. D'entrée de jeu, je signale que l'idée derrière le projet de loi n'est pas nouvelle. Elle remonte à la fin des années 1940, il y a donc plus de 60 ans. C'est une mesure dont nous avons besoin maintenant pour promouvoir certains outils économiques dans le Nord de l'Ontario et dans le reste du Canada.
Plus récemment, un chef du Parti libéral a présenté certains éléments de cette mesure législative dans son programme électoral. Nous sommes conscients qu'il faut agir dans ce dossier. Des quelque 1 300 revendications qui ont été soumises au gouvernement du Canada depuis 1973, à peine plus de 500 ont été réglées à ce jour. Nous devons faire beaucoup mieux. Nous devons traiter ces revendications et fournir certains outils essentiels aux personnes qui vivent sur ces terres.
Ce projet de loi pourrait profiter grandement à plusieurs régions et constituer un outil économique considérable qui fera progresser les collectivités, et pas seulement celles des Premières nations. Il ne faut pas oublier cet aspect là.
Ce tribunal serait un instrument important qui permettrait de régler les revendications dans de meilleurs délais. C'est bien ce qu'il faut faire. Toutefois, il importe davantage que nous le fassions bien. Par exemple, ma circonscription compte 41 réserves. Bon nombre de ces réserves sont à la fois éloignées et isolées, et plusieurs d'entre elles ont des revendications sur lesquelles ce tribunal pourrait se pencher.
Un grand nombre de revendications ont été faites dans la circonscription de Kenora. Je prendrai un instant pour donner un historique et expliquer les raisons derrière certaines de ces revendications. Nous avons des problèmes bien précis, comme l'arpentage, dans le Nord. Je veux expliquer combien il est encore difficile, même de nos jours, de se déplacer dans le Nord de l'Ontario et dans d'autres parties du Canada.
Quand les traités ont été signés et que les revendications ont été faites, ces emplacements éloignés n'ont pas reçu l'attention nécessaire. Certains problèmes d'arpentage et d'information remontent à plus d'un siècle. Bon nombre de ces revendications découlent du fait que les discussions et l'information sur les traités ne correspondent pas aux souvenirs ou aux notes des signataires. Des problèmes très simples et des revendications particulières pourront être réglés, et nous pourrons ensuite passer aux questions complexes.
Dans une petite localité éloignée, accessible seulement par avion, la communauté de Wapekeka, le chef Norman Brown est aux prises avec un problème très complexe. Sa collectivité stagne en raison d'un parc provincial. Le parc provincial Fawn River a été créé pour une foule de bonnes raisons dans le Nord de l'Ontario. Ce parc est une réserve environnementale qui assure la protection de paysages uniques dans le Nord de l'Ontario et qui encercle toute la collectivité. Cette dernière a fait tout ce qu'elle pouvait pour se développer et aller de l'avant, mais elle n'a pratiquement pas de terrain à cause du parc qui l'entoure. Elle n'a pas de possibilités économiques. Tant que le parc sera là, il n'y aura guère d'espoir dans la collectivité.
Je ne dis pas que le parc disparaîtra, mais une revendication territoriale particulière permettrait de faire avancer les choses. Cela donnerait un peu d'espoir à la collectivité. Elle pourrait avoir des occasions concrètes pour progresser, fonder des entreprises et prendre en main son destin.
Un autre dossier qui n'est réglé qu'en partie est celui de la revendication du lac Seul. Le chef Clifford Bull est aux prises depuis une vingtaine d'années environ avec une question très épineuse. En 1932, un barrage hydro-électrique, à Ear Falls, a inondé la collectivité. Les habitants de l'une des trois localités qui existaient à l'époque avaient été avisés et ceux des deux autres ne l'avaient pas été. Lorsque les gens sont rentrés chez eux, ils ont constaté que l'eau avait monté de trois à cinq mètres. Ils ne voyaient plus que les toits des maisons. Cette revendication est en cours depuis très longtemps.
Aujourd'hui, les trois collectivités sont trois entités distinctes, entièrement séparées l'une de l'autre par l'eau. Le Tribunal sur les revendications particulières offre un processus dont pourraient profiter des collectivités comme Frenchman's Head, Whitefish Bay et Kejick Bay pour faire aboutir certaines de leurs revendications de longue date.
Elles ont obtenu un règlement partiel de Ontario Power Generation. Le processus est amorcé. Elles ont accès à certaines ressources, mais nous devons aboutir à une situation où l'ensemble des revendications pourront être traitées en temps opportun. Il existe une limite de 150 millions de dollars. Nous espérons que bon nombre des cas qui existent dans ma circonscription pourront être réglés par le processus des revendications particulières.
La circonscription de Kenora est vaste. Je pense qu'elle est la septième en superficie au Canada. Il y a là une occasion sur le plan économique pour toutes les collectivités, et non pas seulement pour celles des Premières nations.
Bien que ce projet de loi constitue une étape importante, j'ai encore certaines inquiétudes, et j'y reviendrai plus tard. Lorsque l'annonce en a été faite, l', représentant d'une circonscription de Calgary, s'est rendu au printemps dernier à Sioux Lookout, dans ma circonscription. Il a pris la parole à Pelican Falls, sur les lieux d'un ancien pensionnat autochtone. Des chefs de tout le Nord de l'Ontario s'étaient réunis. C'était un rassemblement important.
Le message livré l'a été sur un ton qui n'admettait pas la réplique. On a essentiellement dit aux gens qui s'étaient réunis qu'une décision avait été prise et qu'ils allaient devoir l'accepter. Aucune solution de rechange n'était envisagée. Les gens des diverses localités et les chefs réunis à cet endroit ont assez mal accueilli le message. Une fois de plus, on semblait vouloir dire quoi faire aux collectivités. Elles avaient l'impression d'avoir été écartées du processus. Le chef Warren White de la collectivité de Whitefish Bay était bouleversé. Lorsqu'il a pris la parole au microphone, le ministre l'a très bien senti.
Les intervenants ont répété sans cesse qu'ils acceptaient très mal la négociation sans consultation. Les représentants des collectivités ont fait savoir qu'ils n'étaient pas disposés à accepter une telle chose. Selon eux, on n'amorce pas un processus de cette manière alors que tous les participants veulent collaborer pour aboutir à un résultat, pour améliorer la situation et pour finir par régler certaines revendications.
Les collectivités de tout le Nord de l'Ontario et, j'en suis certain, de tout le Canada, veulent participer. Elles veulent avoir leur mot à dire pour que le processus fonctionne bien. Il s'agit de leur avenir. Il n'est pas uniquement question de rayer quelque chose des livres. Ce projet de loi porte sur la façon dont leur avenir sera planifié.
J'ai souvent remarqué que les gens de ma circonscription et de bien des secteurs ruraux du Canada ont de nombreuses réponses. Ils connaissent la donne. Ils vivent sur ces terres et ils ont des souvenirs traditionnels de certains traités. Quand il est question de créer une loi et un tribunal, il est très important de bien faire les choses parce que c'est une occasion pour les collectivités concernées d'améliorer leur sort au Canada.
Comment traite-t-on les revendications relevant de différents ordres de gouvernement? Je donne un exemple. Dans ma circonscription, la bande de Grassy Narrows a présenté au gouvernement fédéral une revendication territoriale qui n'est pas réglée. Elle a avec le gouvernement provincial un énorme différend au sujet de certaines pratiques d'exploitation forestière. Tout cela entrave sérieusement l'activité économique.
Si on tente l'expérience et si le tribunal chargé des revendications particulières fonctionne comme il se doit, il faut encore trouver comment amener les gouvernements fédéral et provinciaux à réagir à ces revendications. Les rapports avec les provinces poseront certainement des défis à cet égard. Le tribunal est conçu pour surmonter ces obstacles, mais il faut s'assurer qu'il est vraiment mis sur pied.
La bande de Grassy Narrows éprouve des difficultés depuis longtemps. Certains des conflits, des barrages routiers et des protestations ont été présentés trop souvent dans les médias. Les gens de ces collectivités essaient simplement de devenir maîtres de leur avenir et de leur destin.
Pour en revenir à la bande de Grassy Narrows, je signale que sa revendication nuit à certaines possibilités industrielles pour l'exploitation des ressources forestières de la région de Kenora. La société Ailbe Prendiville a une exploitation dans ce secteur. Dans le Nord de l'Ontario, une des quelques lueurs d'espoir est une exploitation forestière qui cherche à prendre de l'expansion. Pour le Nord de l'Ontario, elle représente une possibilité de nouveaux et de meilleurs emplois et la chance d'un avenir meilleur pour une industrie défaillante.
Je ne m'attarderai pas sur les raisons des difficultés du secteur forestier, mais il y a deux entreprises qui sont disposées à étendre leurs activités dans le nord de l'Ontario afin de créer des emplois. Ce projet est retardé par des revendications territoriales qui sont actuellement en cours de négociation. C'est ce que je voulais dire plus tôt quand je disais que cette mesure pourrait être un important moteur économique pour le Nord de l'Ontario et bien d'autres régions du Canada. Il faut faire les choses correctement pour créer d'autres possibilités.
Kenora compte environ 16 000 habitants. L'usine de Kenora a fermé ses portes. En fait, on est actuellement en train de la démolir. Quand elle a fermé, 450 personnes ont perdu leur emploi. À une certaine époque, cette usine en employait plus du double — plus de 1 000 employés. C'est une perte énorme pour le secteur forestier. Nous avons maintenant un outil, le tribunal des revendications territoriales particulières, qui pourrait accélérer le processus et raviver la confiance des entreprises forestières dans certaines collectivités. Je crois que cet outil sera très utile pour toutes les collectivités, pas seulement pour les Premières nations.
L'accélération du processus des revendications territoriales pourrait être utile dans un autre domaine. Red Lake est une région aurifère exceptionnelle où se trouve une des plus grandes mines d'or de l'Amérique du Nord. Le secteur minier y est très prospère.
Il y a une usine de poteaux et de poutres qui offrira plus de 200 emplois directs. Sa seule difficulté est de trouver un fournisseur de bois. Elle travaille de concert avec la province pour en trouver un. Le règlement de certaines revendications territoriales dans la région pourrait permettre à cette usine de trouver une source de matière première et d'ouvrir ses portes. Un tel projet dans le secteur forestier dans une des régions qui a le plus souffert au Canada est une excellente nouvelle. Nous espérons que cette usine fonctionnera et annoncera des jours meilleurs pour le Nord de l'Ontario.
Mon autre sujet de préoccupation, c'est que les Premières nations n'auront pas un mot à dire dans le processus de nomination des juges de ce tribunal. C'est typique de ce gouvernement qui a refusé la discussion et la consultation avec nombre de chefs autochtones des collectivités. Nous savons qu'il a fait quelques tentatives de rapprochement dans le passé, mais, en l'occurrence, il s'agit de consulter tous ceux qui seront affectés.
Comment ferons-nous pour nous assurer que le tribunal fonctionne comme il se doit? Comment nous assurerons-nous que les résultats profitent aux collectivités et pas seulement à une seule des deux parties en cause? En cas de doute sur le tribunal, s'il n'est pas vraiment démontré qu'il est équitable et non partisan, le processus de nomination des juges sera le seul moyen de rendre confiance à tous les intervenants, qui se laisseront ainsi convaincre d'accepter un processus qui pourra être garant d'un certain avenir pour les collectivités.
Je tiens à revenir sur la raison pour laquelle les Premières nations ont encore certains doutes au sujet de la suite réelle des événements. Le gouvernement actuel a bousillé l'accord de Kelowna, qui aurait vraiment changé la façon de faire les choses. Les revendications territoriales particulières représentent peut-être une nouvelle façon de faire les choses, mais nous devons nous assurer que cette notion sera appliquée correctement.
L'accord de Kelowna était l'un des outils les plus complets à jamais avoir été négocié. Il aurait permis de régler certaines inégalités de longue date entre les Premières nations et les autres Canadiens, semblables aux revendications territoriales particulières.
Malgré les demandes pressantes d'un grand nombre de membres des Premières nations, le gouvernement a décidé de ne pas mettre en oeuvre l'accord de Kelowna. Le gouvernement n'a pas écouté les Premières nations et je crains qu'il ne se produise la même chose avec le tribunal des revendications territoriales particulières. Si nous n'obtenons pas l'accord de la population qui devra composer sur une base quotidienne avec les décisions de ce tribunal, nous aurons un problème. Il n'y aura aucune confiance.
L'accord de Kelowna aurait également ravivé la confiance au sein de certaines collectivités. Pour obtenir les résultats escomptés, nous devons nous assurer que le niveau de confiance souhaité soit atteint.
Des représentants de collectivités telles que Muskrat Dam, North Spirit Lake et Webequie ont affirmé que l'avenir sera plus brillant une fois que la confiance aura été rétablie. Ces collectivités feraient partie de la solution. Quelqu'un voulait savoir ce qu'elles pensaient et ce qu'elles avaient entendu. Toutes ces collectivités ont soumis des revendications territoriales.
Le chef Gordon Anderson de la bande de Kasabonika Lake avait repris confiance et y voyait de nouveaux logements pour l'avenir. Il trouvait que ce serait une très belle occasion pour sa collectivité. Maintenant que les collectivités peuvent régler certaines revendications, il y aura de nouvelles possibilités de logement pour elles. Bon nombre d'entre elles sont aux prises avec des logements surpeuplés et d'autres problèmes chroniques. De nouvelles ressources aideraient grandement.
Le chef Titus Tait de la bande de Sachigo Lake y voyaient en premier lieu des possibilités d'éducation.
Beaucoup de députés ne se rendent pas compte à quel point les Premières nations vivent des situations difficiles. Les collectivités que j'ai mentionnées sont toutes dans des régions éloignées. Tout ce qu'elles ont, ce sont des pistes d'atterrissage en gravier. Les gens vivent littéralement à des centaines de kilomètres d'un grand centre. Beaucoup d'étudiants ont peu ou pas de soutien pour leur formation ou leurs études postsecondaires.
Régler certaines revendications territoriales par l'entremise du tribunal des revendications particulières permettrait aux collectivités d'accéder aux ressources nécessaires. Les collectivités pourraient résoudre elles-mêmes certains de leurs problèmes. À l'heure actuelle, tout ce qu'elles peuvent faire, c'est aller voir le gouvernement pour lui poser des questions et quémander. Le règlement de certaines revendications leur permettrait de s'occuper de leurs propres étudiants et de leur offrir un avenir meilleur.
Le chef Solomon Atlookan de la bande de Fort Hope se remettait à avoir confiance dans le système de soins de santé lorsque nous réglions certaines revendications. J'ai utilisé le mot « confiance » à maintes reprises car, depuis l'annulation de l'accord de Kelowna, les collectivités ont perdu confiance dans le gouvernement. Si nous faisons ce qu'il faut, les collectivités auront foi dans le tribunal lorsqu'il sera créé. Cela revient au principe voulant que nous fassions tous partie du système et que le gouvernement écoute quiconque fournit de l'information.
Toutes les collectivités veulent que le règlement des revendications territoriales particulières fonctionne, non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour elles. On y parvient au moyen de consultations, en écoutant les collectivités, en écoutant leurs conseils, en prêtant l'oreille à leurs chefs, à leurs aînés et aux organisations qui ont présenté des instances au gouvernement.
Les collectivités doivent faire face à de nombreux problèmes. Il est important que la Chambre reconnaisse une chose: tous les problèmes et toutes les difficultés dont nous parlons dans cette enceinte et auxquels se heurtent les municipalités modernes et les grandes villes de partout au Canada, eh bien ces collectivités des Premières nations ont les mêmes. Toutefois, elles doivent surmonter bien plus. Elles vivent dans des régions éloignées et doivent composer avec beaucoup de différences culturelles et linguistiques.
Tous les problèmes auxquels tout le monde est confronté -- la lutte pour maintenir une certaine qualité de vie au Canada, voire l'améliorer -- les collectivités des Premières nations y sont aussi confrontées.
Si le chef Solomon Atlookan pouvait s'adresser à un tribunal des revendications particulières et avoir l'assurance d'en tirer quelque chose, cela améliorerait beaucoup les choses dans sa collectivité. Cela donnerait à cette collectivité une qualité de vie que la plupart des Canadiens tiennent pour acquise et il pourrait affirmer à ses concitoyens que nous collaborons, car c'est là ce qui compte, au fond.
Cependant, nous avons plusieurs cas montrant que le gouvernement n'écoute pas. Je vais maintenant parler de l'eau dans certaines des collectivités.
Un grand nombre de localités de ma circonscription reçoivent régulièrement des mises en garde concernant la qualité de l'eau. Nombre de ces mises en garde sont attribuables au fait que ces collectivités ne peuvent pas se conformer à des règlements qui leur sont imposés de l'extérieur. Un jour, la technologie permettra de régler certains de ces problèmes, technologie que les localités auront les moyens de se payer lorsque les revendications territoriales particulières donneront de vrais résultats et que le tribunal sera en place.
Dans ma circonscription, une localité a récemment beaucoup fait parler d'elle dans l'actualité. C'est la Première nation Pikangikum. L'approche du gouvernement face aux problèmes qui ont touché les Premières nations, lorsqu'ils concernaient l'eau, a surtout consisté à établir des normes pour l'eau potable sans fournir les ressources aux localités. Encore une fois, ce sont les ressources qui manquent et, si le tribunal des revendications particulières fonctionne bien, ces collectivités auront les ressources nécessaires et pourront se débrouiller seules.
Cependant, lorsque nous établissons des normes pour l'eau potable, sans fournir les ressources nécessaires à la collectivité, nous perdons sa confiance. Les gens n'ont pas la capacité de répondre aux normes prescrites, et l'insalubrité de l'eau ne fait rien pour régler les problèmes dans le domaine des services de santé.
Le gouvernement a créé un comité consultatif. Je trouve malheureux que, dans ses déplacements d'un bout à l'autre du pays, ce comité n'ait pas pris la peine de se rendre dans les régions éloignées. Il n'est pas allé là où les problèmes sont les plus répandus et où les gens souffrent depuis le plus longtemps. Ce comité ne s'est tout simplement pas rendu là où on avait des choses à lui dire.
Encore une fois, le gouvernement avait présenté une idée qui semblait bonne. Il disait vouloir aller vers les gens, mais il n'est pas allé partout au Canada. Il n'est pas allé dans les régions éloignées ni à aucun endroit de ma circonscription, qui compte 41 réserves. C'est pourquoi la confiance n'y est pas.
Le gouvernement n'a fourni aux Premières nations aucun financement pour leur permettre d'atteindre ces normes imposées par la loi. Encore une fois, l'idée était bonne, mais le gouvernement n'a tout simplement rien fait de pratique ou d'utile pour les communautés. Ces communautés sont toujours aux prises avec des avis exigeant de faire bouillir l'eau et elles le resteront encore longtemps. On ne peut y garantir l'accès à de l'eau potable, ce qui est inacceptable au Canada.
Que faire? Nous devons nous assurer que ces communautés disposent des ressources nécessaires pour régler certains de ces problèmes. Les revendications particulières permettront peut-être d'y parvenir en temps opportun.
En ce qui concerne le problème de l'eau, le gouvernement n'a pas beaucoup consulté. Le gouvernement doit écouter s'il veut réussir dans ce dossier. En ce qui concerne cette importante nouvelle mesure législative dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises, j'exhorte le gouvernement à tirer une leçon de ses erreurs et à prioriser la consultation, car il existe diverses facettes aux préoccupations des Premières nations.
Les préoccupations des Premières nations du Canada sont variées. Je vais tenter de les expliquer une à la fois.
Il y a le cas des Autochtones habitant dans les villes. Bien des gens se demandent quelle incidence peut avoir sur ces Autochtones le règlement des revendications territoriales. Or, nombre de ces Autochtones n'habitent pas dans les réserves simplement parce qu'il n'y a ni terrain, ni logement pour eux. Tous les horizons leur sont bouchés dans les réserves. Le règlement des revendications leur permettrait de rentrer vivre avec leurs siens. Si nous pouvons régler quelques revendications territoriales, des Autochtones de partout au Canada pourront rentrer dans leurs réserves. C'est ce qu'ils souhaitent en fin de compte. Par conséquent, les Autochtones qui habitent dans les villes font partie de l'équation. Ils doivent comprendre la situation, et les gens qui sont en face, c'est-à-dire ceux qui forment le gouvernement, doivent comprendre le désir de ces Autochtones de rentrer chez eux. On peut arriver à résoudre tous ces problèmes en ayant recours au tribunal des revendications particulières, si on l'établit comme il se doit. Le tribunal doit inspirer la confiance, et ses jugements doivent être accueillis comme des décisions judicieuses par les populations concernées.
Il y a le cas des populations des Premières nations qui habitent déjà dans les réserves. Ces gens font partie des plus touchés parce qu'ils habitent sur de petits territoires pouvant contenir seulement de 200 à 300 personnes, mais où il s'en trouve aujourd'hui 2 000.
Le problème de Pikangikum, dont j'ai parlé auparavant, est très éloquent. Lorsque la décision allait être prise, il y a de nombreuses décennies, on avait visité Pikangikum, où il se trouvait environ 18 familles. Lorsque le gouvernement est venu dénombrer ces gens, nombre d'entre eux n'étaient pas sur place. Il n'y avait que six familles sur les lieux. Une réserve a été créée pour recevoir de 300 à 500 personnes, mais de 2 300 à 2 500 personnes y habitent aujourd'hui et de nombreuses autres l'ont quittée depuis le temps.
Il y a le cas des populations éloignées, qui ont leurs difficultés bien à elles. Certains endroits ne sont accessibles que par avion. Il y a 21 de ces endroits uniquement dans ma circonscription et de nombreux autres ailleurs au Canada. Je pense qu'il y en a 90 actuellement au Canada.
Toutes les Premières nations ont besoin d'être entendues pour que le système puisse susciter la confiance parmi elles. Elles doivent avoir l'assurance que, lorsqu'elles soumettront de l'information au tribunal, elles pourront s'attendre à une décision équitable de sa part, et non à une décision qu'on leur fera avaler de force. La municipalité pourra faire un pas en avant. C'est un mécanisme qui peut donner de bons résultats, et nous devons voir à ce qu'il fonctionne bien pour leur avenir à eux.