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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre sur ce projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
Franchement, le projet de loi règle un problème relatif à la capacité de vote des électeurs. Pour mettre les choses en contexte et expliquer brièvement pourquoi nous sommes saisis de ce projet de loi, rappelons que la Chambre avait à l'origine adopté le projet de loi , qui traitait essentiellement de l'identification des électeurs.
Selon le projet de loi , les personnes désirant voter aux élections fédérales devaient présenter une pièce d'identité montrant leur nom et leur adresse de résidence. Cela me semblait être plein de bon sens parce que, comme nous le savons tous, bien que les Canadiens aient le droit de voter, ils doivent pour cela, premièrement, être citoyens canadiens et, deuxièmement, habiter dans la circonscription où ils désirent voter.
Nous voulions adopter une disposition qui obligerait les électeurs à s'identifier pour prouver qu'ils vivent bien dans la circonscription où ils veulent voter. C'est ce qui a motivé le projet de loi . Celui-ci a cependant posé un problème. Le projet de loi C-31 précisait que les électeurs devaient présenter une preuve de leur adresse de résidence.
Nous en avions bien sûr débattu en comité. Le directeur général des élections du Canada était venu faire part au comité de son analyse du projet de loi. Ni le directeur général des élections ni personne au comité ne s'est rendu compte que l'expression « adresse de résidence » ou « adresse municipale » exclurait un grand nombre de Canadiens.
Environ un million de Canadiens n'ont pas d'adresse de résidence, ou d'adresse municipale. Ce sont surtout des Canadiens vivant en région rurale qui auraient normalement le droit de voter, mais qui n'ont pour toute adresse qu'un numéro de case postale, un numéro de route rurale ou une description de leurs terres. C'est ce qu'ils doivent utiliser comme preuve de résidence.
Sans qu'on le veuille, le projet de loi excluait tous ceux qui n'avaient pas d'adresse résidentielle. Comme je le disais, environ un million de Canadiens de régions rurales faisaient partie de cette catégorie. Ainsi, à la suite de l'adoption de ce projet de loi, les gens qui vivent dans une région rurale du Canada, que ce soit en Saskatchewan, en Ontario, en Colombie-Britannique ou au Québec, et qui ont pour adresse un numéro de route rurale ou de case postale au lieu d'une adresse municipale, perdaient le droit ou la capacité de voter.
Cette lacune du projet de loi a d'abord été découverte fin septembre, début octobre par le bureau du directeur général des élections. Après trois élections partielles au Québec, en septembre, le directeur général des élections a examiné les pratiques électorales au Québec durant ces journées de scrutin et a découvert cette lacune du projet de loi.
Il en a immédiatement informé le gouvernement, qui est intervenu sans attendre pour remédier à la situation. Pour ce faire, il a présenté le projet de loi , dont nous sommes saisis aujourd'hui. Cette mesure législative corrige très simplement la faille relevée dans le projet de loi en disant qu'une personne qui présente une pièce d'identité acceptable sur laquelle figure une adresse qui concorde avec les renseignements figurant sur la liste électorale est admissible à voter.
En d'autres mots, pour illustrer la chose très clairement, si une personne présente un permis de conduire indiquant qu'elle réside à la boîte postale 123 quelque part au Canada et que la liste électorale confirme cette adresse — ou, autrement dit, si les renseignements du permis de conduire concordent avec ceux de la liste électorale — cette personne peut alors voter et cela résout le problème.
C'est pour cette raison que nous avons présenté le projet de loi, que nous sommes en train de l'étudier et que nous, en tant que gouvernement, voulons faire en sorte qu'il soit adopté et renvoyé au Sénat aujourd'hui. Nous espérons que nos collègues du Sénat l'adopteront rapidement et qu'il pourra recevoir la sanction royale avant la fin de l'année civile.
S'il y a urgence, c'est parce qu'il pourrait y avoir des élections partielles ou générales très tôt l'année prochaine. Personne ne sait avec certitude s'il y aura des élections générales, mais nous savons que des élections partielles devront être déclenchées d'ici la fin du mois. Nous voulons faire en sorte que les Canadiens des régions rurales qui ont été privés de leur droit de vote par inadvertance soient réinscrits sur la liste électorale, qu'ils soient en mesure de satisfaire aux critères d'admissibilité et qu'ils puissent voter.
Je sais que presque tous les partis de la Chambre, presque tous les députés, à l'exception de quelques néo-démocrates, appuient le projet de loi. Ce qui est intéressant, c'est que ces députés ne s'opposent pas vraiment au projet de loi , mais plutôt au .
Au cours du débat sur le projet de loi et de son étude en comité, le NPD s'est surtout préoccupé de ce qu'un grand nombre de Canadiens risquaient d'être privés de leur droit de vote en raison des formalités d'identification prévues dans le projet de loi. Plus précisément, le NPD s'inquiétait pour les sans-abri. Un grand nombre de sans-abri, peut-être la majorité d'entre eux, ne possèdent pas de pièces d'identité. C'était là une préoccupation légitime soulevée par les députés du NPD. La solution qu'ils prônaient, très simplement, était de supprimer les formalités d'identification prévues dans le projet de loi C-31 et de permettre aux personnes ne possédant pas les pièces d'identité requises pour prouver leur identité et leur lieu de résidence de voter, à condition qu'elles signent une déclaration sous serment ou un autre type de déclaration au bureau de scrutin le jour de l'élection.
Tout en admettant qu'il y aura des sans-abri ou d'autres personnes en déplacement qui n'auront pas les pièces d'identité requises, j'appuie la décision du comité, qui, dans sa sagesse, a déterminé qu'il serait dans l'intérêt public d'exiger des pièces d'identité.
Je pense que cette approche est pleine de bon sens. Après tout, si des personnes sont incapables de s'identifier, si elles ne peuvent pas prouver qu'elles habitent dans une circonscription donnée, pourquoi devrait-on leur permettre de voter? Nous craignions les impostures d'électeurs. En fait, le projet de loi a été qualifié de projet de loi sur l'intégrité des électeurs. Il visait simplement à assurer l'intégrité du système électoral, de sorte que toute personne désirant voter dans une circonscription du Canada serait tenue de prouver qu'elle y habite bel et bien. Je pense que cela est raisonnable, ce qui fait que le projet de loi C-31 a été adopté.
L'opposition de mes collègues du NPD au projet de loi n'a rien à voir avec ce projet de loi. Elle s'inscrit dans leur opposition au projet de loi . Jusqu'à maintenant, ils ont tenté, indûment à mon avis, de retarder l'adoption du projet de loi C-18 en raison de leur opposition aux dispositions du projet de loi C-31.
Toutefois, je suis très heureux que le projet de loi nous soit présenté aujourd'hui. Je pense que nous verrons cette très importante mesure adoptée au cours de la journée. J'espère aussi, comme je viens de le mentionner, que nos amis et collègues du Sénat, dans leur sagesse, l'adopteront rapidement.
Comme je l'ai dit, le projet de loi a été présenté en tant que mesure corrective afin de s'assurer que les Canadiens vivant en milieu rural, qui avaient été privés de leur droit de vote par inadvertance en raison des dispositions contenues dans le projet de loi , pourront voter lors des prochaines élections générales.
Ce n'est pas plus compliqué que cela. Tous les détails sont là. C'est un simple projet de loi qui vise à corriger une injustice qui s'est produite.
En étudiant le projet de loi rapidement comme nous l'avons fait, nous avons démontré que le Parlement et le système des comités peuvent fonctionner quand tous les députés décident de mettre de côté leurs intérêts partisans dans l'intérêt commun. Il y a eu des désaccords au comité, et je suis certain que nous en verrons d'autres pendant le débat d'aujourd'hui. Cependant, au bout du compte, les objections seront prises en note, mais le projet de loi sera adopté à juste titre.
Je ne veux pas avoir à dire à la Chambre que nous avions la possibilité de corriger un tort, mais que, pour quelque raison que ce soit, nous avons choisi de ne pas le faire. Je crois que la plupart des Canadiens seraient farouchement opposés à cela.
Même si le projet de loi n'aurait peut-être pas dû être nécessaire, il a été présenté pour corriger une conséquence non voulue du projet de loi .
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole sur le projet de loi au nom du Bloc québécois. D'entrée de jeu, le Bloc est favorable au principe du projet de loi. La Chambre des communes a adopté le projet de loi qui modifiait la Loi électorale du Canada. Ce projet de loi était devenu nécessaire justement pour essayer d'aplanir toutes les questions que pouvaient se poser les citoyens du Québec et du Canada par rapport à l'admissibilité électorale.
Depuis plusieurs années, en raison de la façon dont le gouvernement fédéral procédait lors des élections, c'était pratiquement impossible de garantir à tout prix ou sans doute raisonnable que la personne qui votait était bien la bonne personne. C'est pourquoi le projet de loi , qui a été adopté en février 2007, se devait d'être adopté. Je résume ce projet de loi parce que c'est de celui-ci qu'est issu le projet de loi . Quand on veut corriger une situation qui perdure depuis des décennies, on apporte parfois une solution. Dans les solutions se posent évidemment certains petits problèmes. Le problème que l'on tente de régler par le truchement du projet de loi C-18, aujourd'hui, fait partie des petits problèmes qu'a générés le projet de loi C-31.
Pourquoi voulait-on adopter le projet de loi , et quel était son objectif? Dorénavant, quand on se présentera à une élection fédérale, les électeurs devront présenter une pièce d'identité produite par un organisme gouvernemental, qui affiche leur nom, leur photographie et leur adresse domiciliaire, comme un permis de conduire. Les électeurs qui n'ont pas de pièce d'identité avec photographie devront fournir deux pièces d'identité acceptables afin d'établir leur identité et leur adresse domiciliaire. Le directeur général des élections devra publier une liste des pièces d'identité acceptables que les électeurs pourront présenter au bureau de vote.
Je vous lirai cette liste tout à l'heure. Le directeur général des élections l'a rendue publique pour les élections partielles qui ont eu lieu cet automne, au Québec, entre autres. Vous comprendrez que plusieurs pièces d'identité peuvent être permises quand on n'a pas la pièce d'identité d'un organisme gouvernemental avec photo, comme le permis de conduire. Comme je vous le disais, on peut alors présenter deux pièces d'identité selon la liste publiée.
Les votants potentiels qui n'ont pas deux pièces d'identité acceptables seront tenus de déclarer sous serment qu'ils sont bien ceux qu'ils prétendent être. Une personne qui a déjà respecté les conditions pour voter devra répondre de lui ou d'elle. L'objectif du projet de loi était donc simple. Il demandait une pièce d'identité avec une photographie émise par un gouvernement, comme un permis de conduire. À défaut, il exige deux pièces d'identité dont la liste a été fournie par le directeur général des élections — je l'ai résumée plus tôt — qui a été publiée lors des élections partielles au Québec, à l'automne. Si jamais la personne ne peut établir son identité, elle doit faire une déclaration sous serment en présence d'une personne qui a voté, c'est-à-dire qui était admissible, qui avait une pièce d'identité et qui la connaît.
Cela nous semblait être de droit et tout à fait applicable. Nous n'avions pas vu de problème dans cette façon d'opérer. Je répète que je prendrai le soin de vous énumérer la liste des pièces d'identité originales qui peuvent être présentées.
Voici la liste: carte d'assurance maladie, carte d'assurance sociale, acte de naissance, permis de conduire, passeport canadien, certificat du statut d'Indien, certificat de citoyenneté canadienne ou carte de citoyenneté, carte de crédit ou de débit avec le nom de l'électeur, carte d'identité des Forces canadiennes, carte d'identité des soins de santé des anciens combattants, carte d'identité de l'employé produite par l'employeur, carte d'identité de la Sécurité de la vieillesse, carte de transports en commun, carte d'identité d'étudiant, carte de bibliothèque, carte d'identité d'une société des alcools, carte de la Société canadienne du sang ou Héma-Québec, au Québec, carte d'hôpital, permis de pêche, carte d'identification de la faune, permis de chasse, carte d'acquisition de permis de possession d'armes à feu, carte Plein air et permis, carte d'identité provinciale et territoriale, carte d'un Centre local des services communautaires, CLSC.
On peut aussi présenter d'autres documents originaux, par exemple un relevé de carte de crédit, un état de compte bancaire, une facture d'un service public comme le téléphone résidentiel ou la télédistribution, une facture d'une commission des services publics comme l'électricité, le gaz ou l'eau, une évaluation municipale de l'impôt foncier, un bulletin scolaire ou un relevé de notes d'études secondaires, collégiales ou universitaires, un bail d'habitation, un état de compte de prêt hypothécaire, un acte d'hypothèque, la Prestation fiscale canadienne pour enfants, un état des revenus, un avis de cotisation de l'impôt sur le revenu, une police d'assurance, un chèque ou un talon de paie du gouvernement avec le nom de l'électeur, un état des prestations d'assurance-emploi versées — le T4E —, un état de compte du cotisant au Régime de pensions du Canada, un relevé de la Sécurité de la vieillesse, un état des prestations d'une commission provinciale de santé et sécurité au travail, un relevé de dépôt direct d'un régime provincial d'accident de travail ou d'un programme de soutien aux personnes handicapées, un document de propriété d'un véhicule, un document d'assurance d'un véhicule, une attestation de résidence délivrée par des autorités responsables comme un refuge, une soupe populaire, une résidence pour étudiants ou personnes âgées, un établissement de soins de longue durée, une réserve autochtone ou un camp de travail.
Elle est donc très longue, cette liste de pièces d'identité que doit produire, au nombre de deux, la personne qui n'a pas de pièce d'identité avec photo délivrée par un gouvernement. Cela permettait aux électeurs de trouver des pièces justificatives pratiquement n'importe où, tout en prévoyant que, si une personne n'en n'avait pas du tout, elle pourrait alors se présenter au bureau de vote et faire une déclaration sous serment en présence d'une personne qui la connaissait, qui respectait les exigences et qui avait déjà voté.
Nous pensions donc, à l'adoption du projet de loi , avoir tout couvert. Cependant, un petit problème a surgi. Les pièces d'identité exigées devaient comporter l'adresse domiciliaire de l'électeur, et c'est là que se situe le problème. La grande majorité d'entre nous ont des adresses comportant un nom de rue, un numéro civique et tout cela. Toutefois, une réalité demeure, et je l'ai vécue puisque j'ai été maire d'une petite municipalité. Ce n'est que vers la fin des années 1990 que ma municipalité, Notre-Dame-de-la-Paix, s'est dotée de noms de rues pour avoir des numéros civiques, tout simplement. Cette obligation émanait du gouvernement du Québec, qui forçait la plupart des villages et des petites communautés à avoir des noms de rues. Or, cela coûtait de l'argent: il était nécessaire de trouver des noms de rues en passant par la Commission de toponymie, de préparer des annonces de rues, des poteaux, des panneaux, et ainsi de suite. C'est pourquoi cela n'avait pas été fait.
Ainsi, les municipalités du Québec se sont toutes mises à l'ère des années 2000. Or, dans certaines d'entre elles et dans certaines régions du Canada, il n'y a toujours pas de noms de rues. Par conséquent, l'adresse domiciliaire de certaines personnes se résume à « route rurale 1 », par exemple, sans numéro civique, sans rien, puisque, en fin de compte, il n'existe pas de nom de rang ou de nom de rue ni de numéro civique.
Lors des élections partielles au Québec, entre autres, on s'est aperçu que certains électeurs avaient ce type d'adresse. Même s'ils étaient très peu nombreux, cela pouvait poser problème, étant donné qu'ils n'avaient pas d'adresse domiciliaire en bonne et due forme.
Le but du projet de loi dont nous débattons aujourd'hui est tout simplement de permettre à une personne de voter si elle a deux pièces d'identité sur lesquelles figure la même information, soit « route rurale 1 » ou « route rurale 2 », par exemple. Ce projet de loi vise tout simplement à tenir compte de cette réalité vécue par plusieurs communautés partout au Canada.
J'ai des chiffres à l'appui. Élections Canada nous dit qu'environ 1 012 989 électeurs n'ont pas d'adresse résidentielle répondant aux prescriptions de la Loi électorale du Canada, selon les dispositions du projet de loi .
La liste électorale est compilée par le directeur général des élections. Ce dernier est bien au fait que certaines personnes ont toujours fourni une adresse constituée d'une route rurale. Il se base sur les recensements lors desquels les gens fournissent des adresses où il est indiqué « route rurale 1 » ou « route rurale 2 », puis le nom de la municipalité. Le directeur général des élections dénombre donc 1 012 989 électeurs qui présentent une telle adresse.
Au Nunavut, entre autres, c'est 80 p. 100 des résidants qui n'ont pas d'adresse personnelle conforme aux dispositions prévues par le projet de loi adopté en février 2007. La Saskatchewan en dénombre 189 000, soit 27 p. 100 des électeurs, soit une proportion importante. En Ontario, il est question de 150 000 électeurs. À Terre-Neuve-et-Labrador, cela touche 23 p. 100 des électeurs. Au Québec, c'est 15 836 électeurs, soit 0,27 p. 100 de la population, qui pourraient être confrontés au même problème.
Lorsque le directeur général des élections s'est aperçu de ce problème, il en a fait part aux différents partis politiques. Ainsi, l'objectif du projet de loi est de corriger cette anomalie. Ce faisant, les personnes qui habitent des routes rurales ou qui ont tout simplement recours à des cases postales — dont l'adresse pourrait indiquer « case postale 36 » ou « case postale 267 », puis le nom de la municipalité —, qui n'ont donc pas une adresse résidentielle conforme aux exigences du projet de loi , c'est-à-dire comportant un numéro civique, un nom de rue et tout, pourront dorénavant présenter des pièces d'identité qui prouvent que leur adresse est conforme à celle inscrite sur la liste électorale à la disposition des travailleurs d'Élections Canada.
Cela corrigera finalement la situation de 1 012 989 électeurs qui deviendra conforme au nouveau projet de loi .
Ce qui est difficile à comprendre, c'est la position des autres partis. Je dis les autres partis mais il y a un parti qui s'oppose au projet de loi , soit le Nouveau Parti démocratique qui, de toute façon, était contre le projet de loi . L'argumentation qu'apporte le NPD, c'est qu'il faudrait conserver la formule traditionnelle où on n'avait pratiquement besoin d'aucune pièce d'identité. En fait, on n'avait besoin d'aucune pièce d'identité pour voter. Il suffisait seulement de faire une déclaration sous serment.
Évidemment, cela faisait des décennies qu'on se plaignait. Entre autres, au Québec, il y a eu pendant longtemps une levée de boucliers par rapport à cette façon de voter lors des élections fédérales. Au Québec — on parle du territoire —, un projet de loi pratiquement en tous points identiques au projet de loi a été déposé en février 2007 à l'Assemblée nationale. Donc, Québec a déjà décidé de contrer cette énigme du vote afin de s'assurer que les personnes qui votent sont bien celles qui réclament ce droit. C'est tout simplement cela. Il s'agit d'éviter des fraudes ou des manigances électorales.
On comprend mal que des partis en cette Chambre n'aient pas vu cela. Effectivement, il se peut qu'il y ait certains petits problèmes pour quelques individus. On a parlé des itinérants. Nous sommes intéressés à travailler avec tous les partis pour régler le problème de ceux qui n'ont pas d'adresse. C'est une façon de procéder. Une des manières de régler cela pour ces personnes serait qu'elles se présentent avec quelqu'un apte à voter, qui les connaît et qu'on puisse l'assermenter. Nous sommes intéressés à travailler pour régler ce problème, mais il ne faut pas rejeter tout le système qu'on a mis en place pour éviter les fraudes, tout mettre de côté et revenir à la façon ancestrale de voter où il était impossible de contrôler l'identité de la grande majorité des électeurs.
Pourquoi ne pas s'attaquer à un problème en particulier qui touche peut-être quelques milliers d'électeurs, sans revenir au système précédent qui, finalement, ne garantit pas la sécurité, qui offre de nombreuses possibilités de fraude contre la grande majorité des électeurs, et se concentrer sur la résolution du problème d'une petite partie des électeurs?
Aujourd'hui, par rapport au projet de loi , on règle le problème d'un million d'électeurs. Ce n'est quand même pas un petit nombre. On comprend mal que le NPD ne veuille pas donner son accord à cela.
Lorsqu'on a rédigé le projet de loi , personne, pas même les légistes qui l'ont préparé pour le gouvernement, n'avait vu le problème que représentait l'adresse rurale ou le casier postal. C'est quelque chose qu'on a réalisé avec la pratique. À ce moment-là, on a déposé un projet de loi pour régler le problème de ces personnes qui n'ont pas une adresse domiciliaire conforme aux dispositions du projet de loi C-31.
Tout d'abord, je veux que les citoyens et les citoyennes qui nous écoutent comprennent bien qu'on ne remet pas en cause leur adresse. Ils ont tous une adresse domiciliaire, que ce soit un casier postal, une route rurale ou quoi que ce soit d'autre, même s'ils n'ont pas de numéro de porte distinct. Or, dans le projet de loi , pour les fins de la Loi électorale, l'adresse domiciliaire devait indiquer un numéro de porte avec un nom de rue, de route rurale, de route pour qu'elle soit reconnue en tant qu'adresse personnelle. Donc, quand on parle du 2, du 200 ou du 2 250 de la rue ou du rang, on parle bien d'une adresse personnelle. Quand il est question de la route rurale numéro 2 ou d'un casier postal, à ce moment-là, il est beaucoup plus difficile de retracer la personne. Il ne s'agit pas d'une adresse personnelle. Lorsqu'il s'agit d'un casier postal, le courrier est adressé directement au bureau de poste ou à une case postale qui n'est pas nécessairement située à l'adresse de la propriété. L'objectif du projet de loi visait à corriger cela.
On aura compris que le Bloc québécois sera d'accord avec ce projet de loi. Nous sommes à l'aube d'une élection fédérale qui aura probablement lieu au printemps. Nous ne voulons pas que des citoyennes et des citoyens puissent voir leurs droits de vote brimés. En effet, lorsqu'ils arriveront avec leur pièce d'identité, les travailleurs d'élection pourraient ne pas leur permettre de voter parce que l'adresse inscrite sur leur pièce d'identité —même si elle est conforme à l'adresse inscrite sur la liste électorale — ne serait pas reconnue comme une adresse personnelle puisqu'elle ne comporterait pas un numéro de porte distinct. On pourrait alors leur refuser le droit de voter sous prétexte qu'on n'est pas sûr qu'on a affaire à la bonne personne et on souhaiterait donc les assermenter.
Toutefois, on a un problème, et le directeur général des élections nous l'a très bien fait remarquer. C'est bien plaisant que l'on puisse se faire assermenter par quelqu'un qui a une adresse domiciliaire. Cependant, lorsqu'on vit dans un secteur, entre autres au Nunavut, où 80 p. 100 du territoire n'a pas d'adresse conforme, même notre voisin ne peut nous assermenter, car lui non plus ne peut voter puisque son adresse n'est pas conforme à celle qu'exige le projet de loi .
C'est un problème assez important pour une partie d'un territoire du Québec, entre autres. Il est question de 15 836 électeurs, mais de 1 019 000 électeurs à l'échelle du Canada. C'est donc assez important. On espère qu'on donnera l'aval à ce projet de loi le plus rapidement possible. Il faudrait, si possible, que ce soit avant la fin de cette session, de façon à ce que le Sénat puisse octroyer la sanction royale. Cela permettra la mise en vigueur de ce projet de loi pour les prochaines élections fédérales qui, comme je disais, ne seront pas déclenchées beaucoup plus tard que le budget le printemps prochain, selon moi.
Évidemment, devant cette situation, il y a quand même une certaine urgence. Il ne faut pas que nos électeurs vivent une situation difficile lorsqu'ils iront voter. On l'a vécu très partiellement — je m'excuse de la redondance — lors des élections partielles au Québec. Comme je l'ai dit, ces 15 000 électeurs repartis sur tout le territoire du Québec, et qui étaient visés lors des élections partielles qui ont eu lieu à Québec l'automne dernier, c'était bien peu de personnes. Cependant, lors des élections générales, ce problème toucherait 1 000 000 d'électeurs, soit presque 4 p. 100 de toute la population. Cela risquerait de créer un certain émoi dans certaines communautés.
On ne voudrait pas que cela soit difficile pour le personnel électoral. Ce n'est déjà pas facile de trouver du personnel électoral. Ce sont souvent des gens qui donnent de leur temps. Même si la rémunération, selon le gouvernement, semble généreuse, compte tenu du nombre d'heures qu'ils passent à recevoir la formation et à travailler le jour des élections, les sommes d'argent versées par le directeur général des Élections ne représentent pas beaucoup.
En plus, si les citoyens exercent sur eux une pression supplémentaire parce qu'ils sont mécontents étant donné que leur adresse, qu'ils ont toujours eue et qu'ils utilisent tous les jours, ne leur permet pas de voter puisqu'elle n'est pas conforme au projet de loi , c'est à tout le système de votation et à tout le système électoral que l'on donne une gifle, mais c'est surtout au personnel électoral. Celui-ci ne mérite pas d'avoir des problèmes avec des électeurs qui, à juste titre, pourraient se plaindre. En effet, ils ont toutes leurs pièces d'identité et leurs factures. On a entendu la liste que j'ai énumérée plus tôt. Ils ont toujours reçu leurs factures d'électricité, d'organisations publiques, ou quoi que ce soit à leur adresse. Or, quand un électeur se présente au bureau de vote, on lui dit qu'il n'a pas un numéro de porte distinct, que ce n'est pas une adresse personnelle et qu'il doit donc trouver une autre façon de prouver qu'il est bel et bien la bonne personne. On aura compris tout le débat et on voit probablement l'image d'une telle situation sur le terrain. Je ne voudrais pas que le personnel d'élection vive cette situation.
Par conséquent, j'espère que tous les partis, y compris le Nouveau Parti démocratique, comprendront l'urgence, vu la possibilité d'élections fédérales au plus tard lors du prochain budget. Cette urgence nous oblige à agir rapidement et à demander justement au Parlement d'adopter ce projet de loi d'ici à la fin de la session, de façon à ce que le Sénat puisse octroyer la sanction royale. Ainsi, ce projet de loi pourra entrer en vigueur dès la prochaine campagne électorale.
À ceux qui se questionneraient pour savoir si le directeur général des élections aura suffisamment le temps d'agir, je réponds que c'est simple, car les adresses sont déjà dans les listes électorales. L'adresse des personnes correspond à un casier postal dans telle municipalité ou à une route rurale sans numéro de porte distinct. Par conséquent, le directeur général des élections doit simplement dire au personnel électoral que, lorsqu'une personne présentera une pièce d'identité avec photo ou deux autres pièces d'identité avec une adresse qui correspond à l'adresse dans la liste électorale, ce personnel électoral pourra alors conclure qu'il s'agit de la bonne personne.
On évitera ainsi à 1 019 000 électeurs d'avoir des problèmes, de congestionner parfois les bureaux de scrutin et de créer des psychodrames auprès du personnel électoral. Je le répète, ces membres du personnel électoral ne sont pas assez payés pour leur travail. Certains diront qu'on n'est jamais assez payé! Qu'on calcule le nombre d'heures qu'ils consacrent, le temps qu'ils passent sur place. Ils doivent arriver plus tôt, avant l'ouverture des bureaux de scrutin qui sont maintenant ouverts pendant 12 heures. Après cela, on doit prendre tout le temps qu'il faut, parce que dans certains endroits, les résultats du vote sont serrés.
Évidemment, ce ne sera pas le cas cette année au Québec puisque le Bloc québécois va faire un tabac dans toute la province. Pour ce qui est des autres régions du Canada, je ne leur souhaite pas cela.
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Monsieur le Président, je commence normalement mes discours en disant que je suis très fier de pouvoir prendre la parole devant la Chambre pour parler du projet de loi à l'étude. Cependant, cette fois-ci, je ne suis pas très fier de prendre la parole au sujet de ce projet de loi, car les politiciens font un travail de plus en plus lamentable à Ottawa.
Lorsqu'une personne fait mal son travail et qu'on s'en aperçoit, il lui appartient de réparer les pots cassés. J'ai occupé plusieurs emplois au fil du temps, et j'ai toujours été fier de mon travail.
Lorsque j'étais plongeur dans un restaurant, si le cuisinier n'était pas satisfait de mon travail, la vaisselle m'était prestement renvoyée pour que je la lave de nouveau. Il fallait que je m'exécute sous peine de perdre mon emploi.
Un ouvrier de la construction qui érigerait mal le mur d'une maison aurait à rendre des comptes. Le contremaître déterminerait si le mur a été bien construit et, dans le cas contraire, on le referait.
Quant aux musiciens, bonté divine! ils savent ce qui se passe lorsqu'ils ne réussissent pas à plaire au public le samedi soir. Ils le savent tout de suite. S'ils veulent conserver leurs engagements d'un soir, ils doivent s'arranger pour faire mieux la fois suivante.
Quel est notre travail à Ottawa? Nous devons légiférer en faisant preuve de la diligence requise. Nous avons le devoir de laisser la partisanerie au vestiaire à un certain moment. Nous devons examiner les projets de loi qui nous sont proposés et faire connaître les perspectives de nos régions. Chacun d'entre nous représente une partie distincte du pays. Les points de vue varient beaucoup au plan politique et culturel. Nous devons examiner le projet de loi et déterminer son efficacité, parce qu'en fin de compte, il fera partie des lois du pays. C'est notre première responsabilité de député, et elle doit être prise avec beaucoup de sérieux.
Lorsque nous nous trouvons en présence d'une loi qui n'a pas eu du tout les résultats escomptés, il nous revient, en tant que députés, de déterminer ce qui ne va pas, de prendre du recul et de voir quelles erreurs se sont produites, de manière à ce que nous puissions rectifier le tir et être fiers de notre travail.
Je disais donc que les politiciens font un travail de plus en plus lamentable, et il semblerait que chaque fois qu’une erreur est commise, on ne cherche pas à en connaître la cause. On se contente d'engager des doreurs d'images et des stratèges politiques pour tenter de réécrire l’histoire et de réécrire ce qui s’est passé. Ainsi, on obscurcit délibérément les éléments qui permettaient de savoir comment l’erreur s’est produite. Ce faisant, nous nous rendons un bien mauvais service, car l’essence de notre fonction est de représenter au mieux les intérêts du pays en présentant des mesures législatives applicables et justes qui vont, à l’usage, effectivement aider nos concitoyens.
Pour ce qui est du projet de loi , j’avais bon espoir que nous réglerions le problème du projet de loi plein de failles qu’était le projet de loi C-31. Mes collègues du Bloc disent que le projet de loi a été présenté pour prévenir les cas de fraude généralisée. Le comité a examiné les questions liées à la fraude parce que la fraude est une sérieuse menace à la santé de la démocratie. La fraude doit être débusquée partout où elle existe. On ne peut la débusquer en se fiant aux racontars ou aux graffitis sur les murs des salles de bain. Il faut en prouver l’existence. Il incombe au Directeur des élections de tirer au clair tous les cas de fraude.
Le comité a examiné la question de la fraude et il a découvert un cas qui s’est produit en 2006. Il n’y en avait pas eu 2004. On en a découvert trois en 2000. Ce n’est pas pour autant qu'il faille pendre la question de la fraude électorale à la légère. Nous faisons confiance au directeur général des élections pour faire enquête sur les allégations de fraude. C'est alors que nous est arrivé le projet de loi .
À l’époque, les néo-démocrates craignaient que des gens soient privés de leur droit de vote. Au bout du compte, et quoi qu’en disent mes collègues du Bloc, le droit de vote est un droit inaliénable au Canada. Il est inscrit comme un droit fondamental dans la Charte canadienne des droits et liberté. Nous devons donc nous assurer que les gens qui ont le droit de voter ne soient pas empêchés d'exercer leur droit.
Lorsque nous avons été saisis du projet de loi , nous y avons découvert non pas à un, mais deux grands problèmes. Un million de résidants ruraux auraient été incapables de voter à cause d'un manque de diligence de la part du comité. Ensuite s’est posée la question du port du voile dans les bureaux de scrutin. Voilà maintenant que nous avons le projet de loi . Nous avons là un projet de loi qui est devenu loi et, quelques mois plus tard, nous sommes saisis de deux autres projets de loi pour en réparer les failles fondamentales. Quand on examine le projet de loi , nous devons nous demander s’il réglera le problème et s’il le réglera de la bonne façon. Voilà l’obligation dont nous devons nous acquitter.
On l'a dit à maintes reprises, le projet de loi vise à régler un problème auquel font face les habitants des régions rurales. Dès qu'on soulève la question de l'itinérance, on semble rechercher l'équilibre. Se préoccupe-t-on de quelques milliers de sans-abri à Vancouver ou d'un million d'habitants dans les régions rurales du Canada?
Le projet de loi est muet sur la question des habitants des régions rurales. Cette mesure modifie la Loi électorale du Canada (vérification de résidence). La vérification de résidence, l'élément clé de ce projet de loi, pourrait priver de leur droit de vote, comme le directeur général des élections l'a dit une fois, des millions d'électeurs des régions rurales, de même que des zones urbaines du Canada, dont des membres des Premières nations et des sans abri.
Je ne m'attarderai pas sur le projet de loi , mais nous devons savoir ce qui s'est produit pour comprendre pourquoi nous avons encore un problème sérieux. Je sais que des députés qui siégeaient au comité ont voté en faveur de cette mesure, mais lorsqu'on se demande comment on en est arrivés là, on doit supposer qu'ils ont écouté distraitement un segment de traduction à l'étape de la troisième lecture.
Ils n'étaient pas distraits. La mesure ne les intéressait pas. Nous en avons discuté. Nous avons invité des témoins qui ont dit que des gens auraient de la difficulté à se conformer aux exigences très strictes du projet de loi .
Je suis intervenu au sujet du projet de loi . Je ne m'en vante pas, mais j'ai été trop paresseux pour lire le compte rendu. Je sais ce que j'ai dit, et je vais le répéter. C'est assez explicite.
Lors du débat sur le projet de loi , j'ai parlé des problèmes que nous avons dans les régions rurales de ma circonscription et dans d'autres collectivités où les gens ont des boîtes aux lettres, de même que des difficultés que les électeurs auraient dans les bureaux de scrutin. Tout cela figure au compte rendu. J'ai parlé des cartes d'identité avec photo et du fait que sur la côte de la baie James, une région que je représente, jusqu'à 30 p. 100 des habitants n'ont même pas de carte d'assurance-maladie.
Nous les aidons à remplir leurs cartes d'assurance-maladie. Le gouvernement de l'Ontario ne se donne même pas la peine de prendre des photos pour les membres des Premières nations. Il leur envoie simplement un autocollant sur lequel figure un trillium parce que cela coûte moins cher que de faire des cartes avec photo. Nous avons donc soulevé les problèmes que pose l'identification dans ces régions isolées.
J'avais dit à ce moment-là que j'inviterais n'importe qui à venir à Fort Albany et à demander aux gens leur adresse. Les gens n'ont pas d'adresse et c'est comme cela qu'ils fonctionnent. Dans bon nombre de nos collectivités, on n'a tout simplement pas la forme la plus élémentaire d'inscription.
Nous avons fait valoir le point de vue de nos régions et de nos électeurs pour injecter une dose de réalité dans ce débat. À ce moment, je me souviens qu'on n'a absolument pas tenu compte de nos propos. En fait, il y avait eu bien des ricanements. Le vieux NPD faisait encore une fois obstacle au progrès.
Je vais citer ici un extrait d'un témoignage présenté au comité par la nation nishnawbe-aski, témoignage qui a été totalement ignoré. Voici ce que les témoins ont dit au sujet des modifications contenues dans le projet de loi en ce qui concerne la façon de voter:
[...] elles supposent que la plupart des électeurs canadiens vivent dans des centres urbains. Tant que les services gouvernementaux ne seront pas rendus accessibles de manière équitable aux habitants de nos collectivités éloignées et tant que les modifications législatives ne refléteront pas notre réalité [...] j'invite les membres du comité à se rendre dans certaines de nos collectivités pour comprendre les défis que nous aurons à relever pour jouer notre rôle de citoyens canadiens.
On n'a tenu aucun compte de cela.
Voilà que, soudainement, on est dans l'embarras parce que le projet de loi est défectueux. On nous demande donc d'unir nos efforts pour essayer de corriger les erreurs. Il est certes important de corriger les erreurs, mais, encore une fois, il faut faire preuve de diligence raisonnable. Comment pouvons-nous faire cela? En entendant des témoins. Il ne s'agit pas ici de faire de l'obstruction, mais bien de nous assurer que nous ne commettrons pas encore les mêmes erreurs.
L'étude du projet de loi a été un processus lamentable et insignifiant. Le whip libéral a tenté de nous faire voter de façon précipitée, sans entendre de témoins. Comment pouvons-nous franchir les étapes sans entendre de témoins, quand on sait que 80 p. 100 des résidants du Nunavut ont été informés qu'ils n'avaient pas le droit de voter? Ne devrait-on pas plutôt juger qu'après avoir commis une erreur aussi colossale il nous incombe, à tout le moins, d'entendre un témoin qui peut traiter du projet de loi et dire si celui-ci règle le problème ou non? Mais non, le gouvernement souhaitait plutôt régler ce dossier avant Noël.
J'ai invité quatre témoins à prendre la parole sur le projet de loi, parce que je me demandais si le système de répondants fonctionnerait, compte tenu de la situation qu'il fallait corriger. Les autres amendements au projet de loi ne posent pas de problème. Nous sommes d'accord qu'il faut régler cette question, mais il s'agit de savoir si le système de répondants, dans la forme proposée, est une solution pratique et réaliste à ce problème.
Nous avions quatre témoins crédibles. Il y en avait un cinquième. Je ne sais pas d'où il venait, mais on lui a aussi permis de prendre la parole. Chacun a eu deux minutes pour donner son point de vue sur le projet de loi. Ces témoins ont été interrompus à de nombreuses occasions. À la fin, on leur a coupé la parole. Au bout du compte, la présidence leur a essentiellement dit qu'ils ne savaient pas de quoi ils parlaient.
Cela m'a scandalisé et attristé. Que nous soyons d'accord ou non avec les témoins que nous entendons en comité, quand ils viennent nous rencontrer, c'est pour nous donner leur point de vue et nous permettre d'en débattre avec eux. Nous sommes des législateurs, et par conséquent lorsque des témoins s'adressent à nous, même si la solution qu'ils proposent nous semble hautement fantaisiste, notre rôle est de les mettre sur la sellette et de leur poser des questions fondamentales pour voir si leurs arguments tiennent la route. C'est comme cela que nous élaborons des lois.
Ian Boyko, de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, est venu témoigner. Il a dit que, s'il n'avait que deux minutes pour parler des problèmes inhérents au projet de loi et du système de répondants pour les dizaines de milliers d'étudiants qui vont se trouver privés du droit de vote, ce n'était même pas la peine d'essayer. Il a dit qu'il était prêt à répondre à des questions, mais personne ne lui en a posé.
Je n'ai jamais vu une chose pareille. Je n'ai jamais vu une telle manifestation d'indifférence. Le représentant de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants s'est présenté devant un comité pour expliquer que des dizaines de milliers d'étudiants universitaires allaient être privés du droit de vote parce que le projet de loi ne réglait pas les problèmes que pose leur situation, et personne ne lui a posé de questions.
Il est tout de même paradoxal d'être là à parler d'encourager les jeunes à voter et de trouver les moyens de les y inciter, mais de ne pas avoir une seule question à leur poser quand ils se présentent devant nous. Tout ce que l'on voulait, c'était examiner la mesure à toute vapeur.
Il y a eu une autre déclaration stupéfiante, celle de Jim Quail, du British Columbia Public Interest Advocacy Centre. Il a dit que, même si les modifications étaient adoptées, ces modifications qui visent à rectifier certains des problèmes que nous connaissons, 700 000 résidants de milieux urbains ne répondraient quand même pas aux critères exigés. Et cela, c'est en fonction des informations fournies auparavant par le directeur des élections, sans parler du million d'autres personnes qui seraient dans la même situation. Il s'agit des 5 p. 100 d'individus qui ne respecteraient pas ces critères parce qu'ils auraient déménagé ou pour une autre raison.
Nous avons entendu dire au comité à propos d'un précédent projet de loi que 12 à 15 p. 100 des électeurs australiens votaient maintenant par déclaration parce que les gens se déplacent constamment en milieu urbain et ne se connaissent pas les uns les autres. Tous ceux qui ont une circonscription urbaine connaissent bien le problème. Dans les zones urbaines de mon secteur, quand je vais dans un quartier six mois après une élection, j'ai l'impression de m'adresser à des gens complètement différents. Parfois, je me demande si je ne suis pas dans la mauvaise rue. Le fait est que les gens se déplacent beaucoup dans le monde occidental.
Il a été déterminé que, en Australie, 15 p. 100 des gens votent par déclaration. Cela veut dire qu'ils prêtent serment. Il n'y a pas moyen de les inscrire sur les listes électorales. On est loin de l'époque où il fallait mettre à jour les listes électorales pour veiller à ce que tout le monde y figure.
Nos listes électorales ne sont pas à jour. Certaines personnes ont essayé de faire des envois postaux et ont reçu des appels de gens très en colère parce que la personne n'habitait plus à cette adresse, ou parce qu'ils étaient divorcés depuis des années, et qui se demandent pourquoi on lui enverrait une carte de Noël à cette adresse. Nous connaissons les problèmes liés aux listes électorales.
J'ai vécu quelque chose de semblable récemment, en Ontario. Ma femme et moi sommes allés voter et, surprise, elle n'était pas sur la liste électorale, et la maison est à son nom. J'ignore ce qui s'est passé, mais les gens qui se fient aux ordinateurs qui génèrent les listes d'Élections Canada leur font beaucoup plus confiance que moi.
Le problème, c'est qu'il arrive que les gens se rendent au scrutin pour apprendre qu'ils ne sont pas sur la liste, ou qu'ils aient déménagé quelque part où ils ne connaissent personne. Ces gens-là ont quand même le droit de voter.
Jim Quail a dit qu'il y en aurait 700 000 d'après ce qu'a dit l'agent d'Élections Canada. Je ne sais pas si c'étaient des paroles en l'air, mais nous, législateurs, avons la responsabilité de les contester, de poser des questions. Si nous estimons que ce chiffre est faux, il faut que nous le contestions. C'est la seule façon pour nous de présenter des mesures législatives. Personne ne s'intéressait à ce qu'il avait à dire parce que les députés voulaient qu'on en finisse avec le vote.
Il s'est passé la même chose avec le précédent projet de loi. Nous n'avons pas fait preuve de diligence raisonnable parce que nous n'avons pas déterminé s'il fonctionnerait ou non. Voilà ce qu'il faut que nous prouvions. Il faut que nous prouvions qu'une mesure législative fonctionnera et que les gens qui ont le droit de voter pourront le faire. Si nous ne répondons pas à ces questions, nous avons mal fait notre travail.
Nous n'avons certainement pas été à la hauteur avec le projet de loi . Le projet de loi crée un grave problème puisque nous n'avons pas expliqué pourquoi les étudiants perdront leur droit de vote, pourquoi 700 000 citadins seront touchés ni combien des 150 000 sans-abri seront dans l'impossibilité de voter.
La solution proposée est un système de confirmation par les pairs. En soi, il semble raisonnable d'avoir quelqu'un qui confirme l'identité d'une autre personne. Je n'ai rien contre l'idée, mais lorsque nous rédigeons des lois, nous devons faire en sorte qu'elles soient applicables sur le terrain.
On dit qu'un chameau est un cheval conçu par un comité. Nous avons vu nos comités produire des chameaux à trois et à quatre bosses parce qu'il y a de grands écarts entre ce dont nous parlons en comité, la réalité politique et ce que nous voyons sur le terrain. Nous sommes tous en politique, aussi nous savons très bien ce qui se passe dans les bureaux de vote et comment les greffiers du scrutin déterminent ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
Je connais un Ontarien qui a vécu toute sa vie dans le même rang. Lorsqu'il est allé voter, il s'est fait dire qu'il n'était pas inscrit sur la liste. Il a présenté son passeport, mais on lui a dit qu'un passeport n'était pas un document d'identité acceptable. Son passeport peut lui permettre d'entrer en Arabie saoudite, mais pas de voter en Ontario. Est-ce que cela est inscrit dans la loi électorale ontarienne ou est-ce une interprétation de cette loi? Nous constatons les problèmes à tous les niveaux.
Au bout du compte, la question consiste à déterminer si la loi peut fonctionner. Supposons que je suis un étudiant qui vit dans Timmins—Baie James, mais que j'étudie à l'Université d'Ottawa. Après mon arrivée dans la ville, je veux voter parce que les élections ont lieu le 15 septembre. Lorsque je me présente au bureau de vote, on me dit qu'il faut qu'une personne se porte garante pour moi. Que se passe-t-il si mon voisin n'est pas là le jour des élections ou a déjà voté? Je dois l'attendre ou ne je peux pas voter.
Dans une région rurale, que se passe-t-il si je connais deux personnes qui viennent d'emménager, mais que je ne peux me porter garant que d'une seule? Au bout du compte, se porter garant d'un autre électeur n'est pas un moyen pratique, aussi faut-il revenir à la question d'une déclaration. Sans quoi, les gens continueront de perdre leur droit de vote. C'est pourquoi j'estime que, dans le cas de ce projet de loi, nous n'avons pas bien fait notre travail.