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Monsieur le Président, le député de affirme que je lui en dois une. Ce n'est pas mal si je ne lui en dois qu'une. Je sais que les intérêts vont s'accumuler très rapidement. C'est un dur à cuire, monsieur le Président, et vous le savez.
Il est très à propos que nous débattions aujourd'hui de ce projet de loi. Nous sommes nombreux à avoir apprécié hier l'esprit de camaraderie qui régnait lors de la soirée organisée à la pièce 200 par l'Association canadienne des carburants renouvelables. Toutes les personnes présentes ont bien apprécié l'événement. C'est un organisme extraordinaire. Ce projet de loi est la synthèse d'une grosse somme de travail réalisé en collaboration avec le gouvernement afin de créer une industrie des biocarburants au Canada.
Nous faisons en quelque sorte du rattrapage. Les États-Unis et d'autres pays comme le Brésil, notamment, ont des années-lumière d'avance sur nous. Nous sommes heureux de collaborer avec cette association afin de constituer une industrie qui nous aidera à commencer à respecter nos engagements en matière de gaz à effet de serre, auxquels nous nous attaquons sur plusieurs fronts.
Ce projet de loi est un produit de la collaboration entre Environnement Canada, Ressources naturelles Canada et mon ministère, Agriculture Canada. Les agriculteurs auront un rôle énorme à jouer lorsque ce projet de loi deviendra réalité.
Les modifications visant la Loi canadienne sur la protection de l'environnement amorcent un processus qui mènera notre pays et peut-être même le monde vers une ère de viabilité accrue sur le plan environnemental. À l'heure actuelle, la loi définit des pouvoirs en matière de réglementation des vendeurs, des producteurs et des importateurs de combustible.
Les modifications que propose le projet de loi définiront les pouvoirs additionnels nécessaires pour assurer une réglementation efficace à l'échelle nationale de la proportion exigée de combustibles renouvelables dans les combustibles utilisés au Canada. Les pouvoirs que nous visons sont les suivants: le pouvoir de réglementer au point de mélange du combustible; le pouvoir d'assurer le suivi des exportations; le pouvoir d'exonérer ceux qui produisent ou importent de faibles quantités de combustibles. Voici un autre exemple de mesures concrètes que prend notre gouvernement pour stimuler la production de biocarburants au Canada et pour servir ainsi de catalyseur à une industrie qui aura des effets profonds et constructifs.
Comme l'a dit le , le besoin de sources d'énergie plus écologiques prend de l'ampleur chaque jour, tant au Canada qu'à l'étranger. Le Canada est déjà et restera une superpuissance énergétique. Nous sommes au cinquième rang mondial pour la production d'énergie, ce qui est impressionnant. Nous sommes le plus grand fournisseur de pétrole, de gaz naturel, d'électricité et d'uranium des États-Unis. Avec l'ajout des biocarburants à cette liste, à la faveur des mesures que prend le gouvernement aujourd'hui, nous sommes en voie de devenir très nettement une superpuissance de l'énergie écologique.
En décembre 2006, le gouvernement a commencé à faire du Canada un consommateur d'énergie plus averti en annonçant notre intention d'exiger que l'essence contienne en moyenne 5 p. 100 de combustibles renouvelables dès 2010. Nous avons également fait connaître notre objectif d'appliquer une exigence de même nature, à savoir un contenu de combustibles renouvelables de 2 p. 100, pour le carburant diesel et le mazout dès 2012.
Le respect de ces exigences aura un effet concret sur l'environnement, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde. Le fait d'atteindre ces objectifs équivaut à retirer de la route pratiquement un million d'automobiles. C'est considérable. Il faudra près de 3 milliards de litres de combustibles renouvelables par année pour respecter les exigences de la nouvelle réglementation. C'est tout un départ.
En 2007, le Canada en produisait environ 1 milliard de litres, de sorte que l'expansion représentera des possibilités économiques très alléchantes pour les 61 000 producteurs de grains et d'oléagineux du Canada et c'est un défi qu'ils sont impatients de relever.
Puisque le secteur des transports représente plus du quart des émissions de gaz à effet de serre au Canada, le fait d'accroître le contenu en combustibles renouvelables de l'essence entraînera une réduction marquée des émissions.
La santé et le bien-être des Canadiens reposent sur la qualité de notre environnement aussi bien que sur la vigueur de notre économie. Les deux vont de pair.
Le gouvernement a annoncé un financement de 200 millions de dollars dans le cadre de l'Initiative pour un investissement écoagricole dans les biocarburants, qui vise à encourager les producteurs agricoles à investir dans des installations de production de biocarburants. C'est mon ministère qui en assure la mise en oeuvre.
Nous avons annoncé récemment la conclusion des deux premiers accords de contribution dans le cadre de cette initiative; ils concernent une nouvelle usine de biodiesel en Alberta et une usine d'éthanol en Saskatchewan. J'ai d'ailleurs eu le plaisir d'assister à l'ouverture de cette dernière, qui se trouve dans ma circonscription, à Unity, en Saskatchewan. C'est une filiale de North West Terminal, un terminal privé appartenant à des agriculteurs. Cette société se lance dans l'industrie de l'éthanol. Je salue son apport énorme à l'élaboration de bon nombre de mesures que nous adoptons.
Les dirigeants de cette société, Gerald Rewerts, Merv Slater, Bill Fraser et Jason Skinner — le gérant de l'établissement — de même que son père, Jim Skinner, président du conseil d'administration, ont présenté de nombreuses idées et collaboré avec nous pour élaborer des mesures réglementaires, entre autres, qui pourraient aider les producteurs. Je les remercie infiniment d'avoir pris le temps de nous sensibiliser aux réalités concernant la capacité de production d'éthanol et de biocarburants. Ils ont accompli un travail extraordinaire.
Nous nous attendons à signer prochainement plusieurs autres accords concernant d'autres projets d'usine auxquels participent des agriculteurs.
Par ailleurs, nous avons investi 20 millions de dollars dans l'Initiative des marchés de biocarburants pour les producteurs, l'IMBP. Cette initiative vise à financer des projets liés aux biocarburants à l'échelle du Canada auxquels participent des agriculteurs. Environ 120 producteurs ont présenté une demande de financement. L'initiative les aide à bâtir leur plan d'affaires.
Le programme contribuera à revigorer les régions rurales du Canada. Nous savons très bien que les collectivités rurales se sentent parfois isolées. Leurs coûts de transport sont élevés. Le coût de transport des produits vers ces régions est toujours plus élevé. La transition vers les biocarburants va non seulement aider notre environnement mais aussi faire en sorte que les résidants des régions rurales sentent qu'ils font partie du Canada.
Les producteurs pourront conclure des marchés avec un transformateur de la ville la plus proche au lieu d'envoyer leurs cultures à l'autre bout du monde. Cela fera économiser de l'énergie également.
Ces nouvelles usines représentent de bonnes nouvelles pour les agriculteurs, car elles offrent un nouveau débouché pour leur blé, leur maïs, leur canola et peut-être d'autres cultures, étant donné que nous nous mettons à créer des produits à forte teneur en amidon et en huile qui nous permettent d'avoir une gamme plus large de matières premières. C'est très positif.
Tout cela représente un nouveau marché excitant pour les agriculteurs canadiens. La production de biocarburants favorise la croissance des entreprises agricoles tout en créant de l'emploi, en particulier dans les collectivités rurales. Les biocarburants offrent des avantages économiques aux agriculteurs et aux collectivités, car ils leur procurent un débouché local pour leurs céréales et leurs oléagineux.
Nous continuerons de nourrir le monde et nous fournirons de l'énergie aussi. On discute beaucoup, disant que nous devons choisir un type de production, que nous ne pouvons pas nous lancer dans les deux. Pourtant, nous sommes capables de faire les deux, compte tenu des techniques agricoles modernes et de nos rendements par acre qui augmentent depuis des décennies. C'est d'ailleurs ce qui explique en partie les difficultés que le secteur des céréales et des oléagineux a éprouvées au cours des dernières années. Les producteurs sont trop efficaces, ils sont trop bons. Ils sont en quête d'un autre créneau pour leurs produits. Voilà la réponse à leurs questions.
Nous pouvons aisément répondre à la demande de produits alimentaires sûrs et salubres, mais nous pouvons aussi approvisionner ce marché énergétique et avoir l'expertise voulue pour mettre en marché ces deux produits et répondre à la demande intérieure. Je sais que les producteurs dans ma circonscription sont à la hauteur du défi et que ceux de votre circonscription au Manitoba le sont aussi, monsieur le Président. Ils sont prêts à relever ce défi. Ils sont des plus efficaces.
Au-delà des biocarburants à base de céréales et d'oléagineux, le gouvernement reconnaît que les technologies dans le domaine évoluent tous les jours. C'est un fait. Des chercheurs de l'Université de la Saskatchewan ont fait un travail remarquable. D'autres universités et le secteur privé travaillent à des projets d'usine de transformation, et tout semble possible. Les chercheurs font des pas de géants.
Nous avons investi 500 millions de dollars dans de nouvelles technologies permettant de transformer les résidus tels que la paille de blé et les rebuts de bois en produits précieux, à savoir des carburants renouvelables plus propres.
On fait aussi beaucoup de recherche sur la récupération du méthane. On en fait aussi énormément sur les biodigesteurs. Il y a des abattoirs où on utilise des résidus et des carcasses de bovins, les matériels à risque spécifié, qu'on transforme de manière à en tirer du diésel.
J'ai discuté avec des représentants de l'usine McCain à Brandon. On y abat quelque 1 300 porcs à l'heure. On récupère les résidus de l'équarrissage qu'on transforme en biodigesteurs. Dans cette usine, on commencera bientôt à produire du diésel à partir de ces résidus. Ce sont de bonnes nouvelles.
On empêche ces produits de se retrouver dans les sites d'enfouissement. En transformant ces produits en biodiésel et en bioéthanol on trouve une solution à des préoccupations environnementales. C'est une occasion formidable à saisir.
En juillet, le Harper a annoncé un investissement de 1,5 milliard de dollars sur une période de neuf ans...
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Monsieur le Président, voilà qui est difficile à battre. Notre illustre est certainement un bon défenseur des agriculteurs. Il insiste pour que les agriculteurs passent en premier, tout comme ils passent en premier selon le projet de loi . À l'instar du ministre, je suis très honoré de parler du projet de loi C-33 aujourd'hui.
Il y a environ un an, le gouvernement fédéral a annoncé pour la première fois qu'il avait l'intention de proposer des règlements dans le cadre d'une stratégie nationale sur les énergies renouvelables.
Les règlements allaient exiger que l'essence contienne 5 p. 100 de carburant renouvelable d'ici 2010. Nous avons également signalé notre intention d'exiger une teneur de 2 p. 100 pour le carburant diesel et le mazout de chauffage d'ici 2012.
Le projet de loi permettra au gouvernement de collaborer avec les intervenants intéressés lorsque nous élaborerons des règlements sur la teneur en carburant renouvelable.
Environ un quart des émissions de gaz à effet de serre au Canada proviennent du secteur des transports. L'introduction d'une teneur obligatoire de 5 p. 100 en carburant renouvelable dans l'essence et de 2 p. 100 dans le diesel contribuera sensiblement à réduire ces émissions du secteur des transports.
Le volume de carburant renouvelable exigé en vertu de cette mesure devrait nous aider à réduire de quatre mégatonnes les gaz à effet de serre chaque année. Cela équivaut, comme l'a dit le ministre, à retirer approximativement un million de véhicules de la circulation. L'effet serait le même.
Pour ce qui est des objectifs visés, qui prévoient une moyenne de 5 p. 100 de combustible renouvelable dans l'essence et de 2 p. 100 pour le diesel et le mazout, ils me semblent ambitieux. C'est évident. Ensemble, cela équivaut à près de 3 milliards de litres de combustible renouvelable par année.
Les initiatives gouvernementales en matière de carburants renouvelables sont très importantes, non seulement parce qu'elles auront de grandes répercussions au niveau de la réduction des émissions, mais aussi parce qu'elles offriront un appui financier essentiel à l'industrie agricole canadienne. Comme nous l'avons affirmé à maintes reprises déjà, le ministre et son ministère se sont engagés à accorder la priorité aux agriculteurs.
L'industrie prend déjà des mesures pour s'assurer une position intéressante dans ce qui deviendra un marché très lucratif, mais elle ne peut le faire toute seule. C'est la raison pour laquelle, dans le dernier budget fédéral, le a réservé 1,5 milliard de dollars sur sept ans à l'intention des producteurs de biocarburants, afin d'appuyer l'élaboration de la stratégie à long terme de notre gouvernement en matière de carburants renouvelables.
Le 2 novembre, deux de mes collègues du caucus, le et le député de , se sont rendus à Johnstown, à environ une heure d'ici, pour annoncer que le gouvernement du Canada accordait une somme de 15 millions de dollars pour aider la société GreenField Ethanol à construire une usine de production d'éthanol à Johnstown, en Ontario.
Selon les prévisions faites par la société, cette nouvelle installation permettra de réduire d'environ 370 tonnes les émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère chaque année, pour une réduction totale de 9,25 millions de tonnes de dioxyde de carbone au cours de la durée de vie de l'usine.
Peu de temps après, le s'est rendu à Aldersyde, en Alberta, pour représenter le . Il a alors annoncé que le gouvernement fédéral verserait la somme de 638 000 $, dans le cadre de l'initiative pour un investissement écoagricole dans les biocarburants ou IIEB, afin de permettre la construction d'une usine de biodiésel dans la région.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'IIEB, je précise qu'il s'agit d'un programme fédéral de 200 millions de dollars, étalé sur quatre ans, qui accorde des contributions remboursables pour la construction ou l'agrandissement d'installations de production de biocarburants de transport. Cette initiative doit permettre aux producteurs de diversifier leur base économique et de participer à l'industrie des biocarburants en investissant des capitaux et en devenant propriétaires d'installations de production de biocarburants.
Ce ne sont là que quelques exemples des mesures prises par le gouvernement pour réduire notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles émetteurs de gaz à effet de serre et promouvoir une industrie plus verte dans le domaine de biocarburants.
C'est une période emballante pour le secteur des biocarburants. À mesure que la demande de biocarburants va croître et que les Canadiens et l'industrie vont s'adapter à ce nouveau produit et à cette nouvelle technologie, je m'attends à une hausse importante de la production de biocarburants, ce qui entraînera des retombées financières énormes pour nos agriculteurs et aussi, comme je l'ai mentionné, une diminution importante de nos émissions de gaz à effet de serre.
Le Canada n'est pas le seul à se tourner vers les carburants renouvelables afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Les États-Unis ont une réglementation en vertu de laquelle l'essence doit être composée à 4,7 p. 100 d'essence renouvelable, et ce pourcentage va être relevé. Par ailleurs, l'Union européenne a déjà fixé un objectif de 5,7 p. 100 pour l'an 2010.
Le gouvernement n'a jamais prétendu que son initiative en matière de biocarburants était la solution parfaite pour réduire les gaz à effet de serre associés aux changements climatiques. Nous disons plutôt que c'est un élément important de la solution.
En plus de nos mesures liées aux carburants renouvelables, ces programmes incluent des initiatives d'efficacité énergétique, la Stratégie écoTransports, le Fonds en fiducie pour la qualité de l'air et les changements climatiques, et le soutien accordé au transport en commun. Prises individuellement, aucune de ces initiatives ne nous permettrait d'atteindre les objectifs souhaités. Toutefois, prises collectivement, celles-ci fourniront aux Canadiens et à nos partenaires internationaux les résultats que ceux-ci ont exigés et attendus des gouvernements précédents, mais qu'ils n'ont jamais obtenus, ce qui explique d'ailleurs pourquoi le Canada dépasse actuellement de 33 p. 100 les objectifs de Kyoto.
En résumé, le et tous les députés ministériels se sont engagés à trouver des façons de réduire les émissions de dioxyde de carbone au Canada. Ce projet de loi est une bonne nouvelle, non seulement pour l'environnement, mais aussi pour nos agriculteurs, qui vont bénéficier de ce nouveau débouché.
Les agriculteurs du monde entier sont en train d'exploiter le potentiel des biocarburants, et notre nouveau gouvernement est fier d'aider les agriculteurs canadiens à être des chefs de file dans ce domaine. J'espère obtenir l'appui de tous les députés de l'opposition.
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Monsieur le Président, le projet de loi vise à modifier la Loi canadienne sur la protection de l'environnement de façon importante.
Je préciserai, pour les Canadiens qui nous écoutent ou qui liront le compte rendu de ce débat, que le projet de loi vise essentiellement à élargir les pouvoirs conférés au pour réglementer les combustibles au Canada. En fait, on peut lire dans le bref résumé du projet de loi qu'il a simplement pour but de prévoir les pouvoirs nécessaires à la réglementation efficace des combustibles. En outre, les nouvelles mesures proposées sont de nature administrative et donnent au gouvernement plus de contrôle en matière de réglementation.
Par exemple, le gouvernement accroît sa capacité de réglementer le combustible produit au Canada et devant être exporté. Des règlements pourront être pris concernant le mélange de combustibles, comment nous les mélangeons et dans quelles proportions, ce qui vient appuyer concrètement l'industrie du biocombustible qui est en plein essor. Le gouvernement disposera également d'un plus grand nombre de critères qui lui permettront de faire des distinctions entre différents types de combustibles. Il s'agit essentiellement d'un projet de loi de nature administrative. Ce projet de loi ne contient vraiment rien qui aura une incidence immédiate sur des intérêts commerciaux ou qui obligera immédiatement les producteurs ou les vendeurs de combustibles à faire quoi que ce soit. Il s'agit d'une mesure très préliminaire qui permettra au gouvernement de réglementer différents types de combustibles sous un même régime réglementaire.
Dans cette perspective, il s'agit d'une amélioration par rapport au libellé actuel de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. L'opposition officielle appuie le projet de loi en principe, et nous sommes impatients de discuter de la nature et de l'opportunité de toute nouvelle réglementation issue du projet de loi lors de l'examen en comité.
Cela dit, j'aimerais poursuivre mes commentaires en abordant trois volets distincts. Tout d'abord, j'aimerais parler du fait que le gouvernement établit une norme de 5 p. 100 de teneur en éthanol pour l'essence au Canada. J'aimerais souligner l'incohérence de ce nouvel objectif par rapport aux changements que le gouvernement apporte en matière d'exemption de la taxe d'accise. Enfin, j'aimerais qu'on voie dans quelle mesure il y a ou non convergence entre cette initiative et un plan en matière de changements climatiques qui a été totalement discrédité par à peu près tout ce qu'il y a d'observateurs indépendants au Canada.
Ce matin, nous apprenions dans les nouvelles que quatre des plus grandes provinces canadiennes, soit la Colombie-Britannique, le Manitoba, l'Ontario et le Québec, ont décidé de ne plus attendre le gouvernement fédéral pour formuler un plan cohérent en matière de changements climatiques. Elles vont s'en occuper elles-mêmes. Elles sont à étudier et concevoir leur propre système de plafonnement et d'échanges. Elles sont à étudier la possibilité d'échanges de biens fongibles, qui peuvent avoir lieu, par exemple, entre le Canada, les provinces canadiennes et les États américains.
Tout cela se passe à un moment où le gouvernement présente un projet modificatif de nature administrative et d'importance mineure, qui visera la réglementation de nouveaux types de combustibles, ce qui représente une partie infime de ce que devrait être une initiative nationale cohérente en matière de changements climatiques.
Voyons donc quel sera le résultat du projet de loi si le gouvernement donne suite, comme l'ont annoncé le et le , à un objectif national de 5 p. 100 d'éthanol dans l'essence dès 2010.
Il faut dire tout d'abord que l'opposition officielle préconise une teneur de 10 p. 100 en éthanol depuis janvier dernier. À ce moment-là, le , dans un discours à Regina devant les agriculteurs de la Saskatchewan, a mis au défi le gouvernement de porter à 10 p. 100 la teneur en éthanol, que nous avions déjà établie à 5 p. 100 dans nos documents de campagne électorale en 2006.
Les Canadiens doivent savoir que tous les manuels des véhicules vendus au Canada à l'heure actuelle informent leurs propriétaires qu'ils peuvent combiner 10 p. 100 d'éthanol à l'essence du moteur de leur voiture.
Nous savons qu'avec un objectif de 10 p. 100 d'éthanol au Canada, par opposition à l'objectif moindre de 5 p. 100 que propose le gouvernement, les besoins en éthanol doubleraient, passant à quelque 4 milliards de litres par année; or, la production totale des usines qui fonctionnent déjà, qui sont en construction ou qui sont actuellement financées dépasse déjà cette quantité. Puisque le et parlent de venir en aide à notre la collectivité agricole, on doit se demander pourquoi le gouvernement se limite à l'objectif si peu ambitieux de 5 p. 100.
En fait, à la fin de juin, l'ancien ministre de l'Agriculture a qualifié de beaucoup trop ambitieuse la teneur moyenne de 10 p. 100 réclamée par le , ce qui, selon le rapport canadien sur l'éthanol-carburant, est une exagération étant donné que l'Ontario, le plus grand marché d'essence au pays, exigera une teneur moyenne de 10 p. 100 à compter de 2010 au lieu de l'exigence actuelle, soit l'essence E5. Pourquoi le gouvernement fédéral tire-t-il de l'arrière par rapport à la province qui consomme la plus grande quantité d'essence dans le pays? On n'a pas encore d'explication.
Il est intéressant de remarquer également que l'Association des carburants renouvelables, que le secrétaire parlementaire a citée il y a quelques instants, réclame aussi une teneur en éthanol de 10 p. 100. Elle dit que, comme l'essence contenant 10 p. 100 d'éthanol peut être utilisée dans toutes les voitures, cela veut dire que la mesure législative présentée par le gouvernement permettra pendant deux ans l'utilisation d'essence de qualité inférieure du point de vue de l'environnement, c'est-à-dire celle contenant 5 p. 100 d'éthanol, mais qu'il faudra augmenter la teneur en éthanol deux ans plus tard pour arriver au moins au niveau permis pour toutes les voitures.
Ainsi, même l'Association des carburants renouvelables et son président, Gord Quaiattini, que le secrétaire parlementaire vient de citer, s'opposent à la norme du gouvernement. Et on ose parler de consultation et de leadership. Tout cela, bien sûr, dans le contexte du plan sur les changements climatiques.
Prenons quelques instants pour parler de l'aspect scientifique de l'éthanol et de la réduction des gaz à effet de serre. Trois ou quatre collègues ont soulevé des questions quant aux avantages d'une forme d'éthanol produite à partir d'une substance végétale par rapport à une autre forme d'éthanol produite à partir d'une autre substance végétale.
J'ai été très surpris d'entendre le dire à la Chambre qu'il s'agit de son projet de loi, alors qu'il est incapable de parler des considérations environnementales qui devraient revêtir une importance primordiale dans ce qu'il essaie d'accomplir ici.
Nous savons que l'impact environnemental de l'éthanol dépend dans une forte mesure des matières premières et du processus utilisé pour produire ce carburant. Les études sur l'éthanol à base de maïs, la forme la plus courante en Amérique du Nord, donnent des chiffres différents quand au pourcentage de réduction des gaz à effet de serre. Certaines études disent que l'effet réel peut être positif, alors que d'autres disent qu'il peut être négatif. Cela dépend de la façon de le mesurer.
L'Université Berkeley a conclu que l'éthanol à base de maïs réduit les émissions de gaz à effet de serre d'environ 13 p. 100, alors qu'une autre forme d'éthanol appelée éthanol cellulosique produirait environ 85 p. 100 moins de gaz à effet de serre que l'essence. C'est donc 13 p. 100 pour l'éthanol à base de maïs et 85 p. 100 pour l'éthanol cellulosique. Pour ce qui est des émissions de gaz à effet de serre par mille parcouru, l'essence contenant 10 p. 100 d'éthanol réduit les émissions de 2 p. 100, et l'essence E85 réduit les émissions de 23 p. 100 s'il s'agit d'éthanol à base de maïs et de 64 p. 100 s'il s'agit d'éthanol cellulosique.
Certaines préoccupations importantes, réalistes, n'ont pas été mentionnées par le gouvernement. Nous espérons qu'il en sera question au comité.
Comme nous l'avons récemment appris de la bouche du ministre, l'accroissement de la demande en maïs pour la production d'éthanol a pour effet de faire grimper le prix du maïs lui-même, mais aussi des produits à base de maïs et des produits de base, notamment le boeuf, le porc et le lait, où il est utilisé pour nourrir les animaux. La demande accrue fait grimper le prix des récoltes de remplacement, du fait surtout que les agriculteurs se lancent dans la culture du maïs au détriment des autres récoltes. Selon certains, cela risque de nuire à nos exportations de produits à base de maïs ou nourris au maïs. Les promoteurs de l'éthanol produit à partir du maïs disent qu'il y a encore des récoltes excédentaires reportées d'année en année et que la production augmente.
Il y a encore autre chose. Nous savons que la moindre augmentation du prix des céréales nuit surtout aux pauvres et risque d'exacerber la faim dans le monde. Il est souvent question du prix des tortillas au Mexique, qui a doublé en 2006, une année où le prix du maïs a culminé aux États-Unis. Le Mexique importe 80 p. 100 de son maïs des États-Unis.
Voici un autre facteur. La culture du maïs demande énormément d'énergie et d'eau. C'est une récolte très polluante. Nous devons être honnêtes. Il faut d'énormes quantités d'engrais, de pesticides et de carburant pour cultiver, récolter, faire sécher et transporter le maïs. Cette culture favorise l'érosion du sol et la pollution de l'eau. C'est une cause importante du ruissellement de l'azote, qui peut créer des zones mortes, désoxygénées, dans nos plans d'eau, ce qui est d'une extrême gravité pour le Canada.
Certains craignent qu'une plus grande utilisation de l'éthanol-carburant E85 pour les véhicules ait des effets accrus sur la production de smog et sur la santé, mais je ne pense pas que les études soient concluantes à cet égard.
On dit parfois que si les agriculteurs se mettent massivement à augmenter leur production ou à se convertir à la culture du maïs ou de la canne à sucre ou d'autres récoles utilisées pour la production d'éthanol, on craint que la conversion des forêts et des terres sauvages en terres agricoles non seulement nuise à la biodiversité, mais annule aussi les réductions nettes de gaz à effet de serre obtenues grâce à l'utilisation d'éthanol.
Même si on augmente considérablement la production d'éthanol, c'est un effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui demeure une goutte d'eau dans l'océan, et une goutte d'eau qui coûte cher. Cette méthode de réduction de nos émissions a un coût par tonne très élevé. L'éthanol cellulosique, qu'on appelle souvent l'éthanol de deuxième génération et qui est fabriqué à partir de déchets et de panic raide notamment, représente le véritable espoir pour réduire de manière appréciable les émissions de gaz à effet de serre.
L'éthanol fabriqué à partir de maïs a un effet net positif, mais les perspectives ne sont pas les mêmes. Je pense que la politique du gouvernement devrait viser à faire tout ce qui est possible pour orienter l'industrie vers la nouvelle génération d'éthanol si nous voulons réellement les avantages environnementaux sans autant d'inconvénients.
Un autre aspect mérite d'être examiné: l'incohérence entre la prétendue réglementation du gouvernement à propos de la teneur de 5 p. 100 en éthanol et la politique de taxation de ces carburants.
Le 1er avril, dans deux mois, le gouvernement annulera l'exemption de la taxe d'accise visant le biodiésel et les carburants à l'éthanol. Nous savons que l'incidence de cette annulation sur les mélanges à faible teneur en carburant de remplacement est petite, voire minime, mais pour les mélanges à haute teneur , les taxes supplémentaires auront un effet considérable. Par exemple, le prix de ce qu'on appelle le B50 augmentera de 2 ¢ le litre. Le prix du mélange E85 connaîtra une hausse draconienne, soit 8,5 ¢ le litre, ce qui est loin de rendre ce carburant concurrentiel.
La hausse de taxes arrive au moment où cette industrie naissante a besoin d'aide pour prendre pied dans le marché canadien du ravitaillement. À l'heure actuelle, il y a 31 modèles de voitures sur les routes du Canada, 31 sortes différentes de voitures qui peuvent utiliser le mélange E85. Toutefois, il n'existe que deux stations-service dignes de ce nom qui peuvent vendre ce mélange au pays, comparativement à 1 200 aux États-Unis.
Les mélanges à forte teneur sont meilleurs pour l'environnement que les mélanges à faible teneur. Que fait le gouvernement? Il élimine la subvention fiscale, ce qui a pour effet d'accroître le coût de ces carburants de remplacement. Ceux-ci ne soutiendront pas la concurrence des autres produits dans les stations-service. Ils seraient donc plus chers que le carburant à base de pétrole, si le baril atteint 120 $, comme nous l'ont démontré les analyses.
De ce côté-ci de la Chambre, nous avons vraiment beaucoup de difficulté à comprendre le lien. En fait, nous croyons qu'il n'y en a pas. Nous pensons que le a pris sa décision relative à l'exemption de la taxe d'accise sans parler à son collègue, le , lequel n'a visiblement pas parlé à son collègue, le , tout cela au sein d'un gouvernement qui prétend avoir un comité spécial du Cabinet qui examine de façon interreliée les questions d'énergie, d'environnement et d'économie. Nous essayons de voir le lien entre les décisions du gouvernement.
Le député de , qui est le porte-parole de l'opposition officielle en matière de compétitivité et de nouvelle économie, soulève cette question depuis plusieurs mois. Ses paroles tombent dans l'oreille de sourds, du côté du gouvernement. Par exemple, mon collègue tente de comprendre pourquoi une grande entreprise située dans sa circonscription, ou près de celle-ci, à savoir Cascadia Biofuels, a annulé ses plans visant à devenir le premier détaillant d'éthanol E85 en Colombie-Britannique, parce que ce produit va maintenant coûter trop cher à vendre. Quel genre d'incitatifs commerciaux créons-nous?
Dans ma propre circonscription, Ottawa-Sud, la société Iogen, qui est le plus important fabricant d'enzymes servant à la production d'éthanol cellulosique et qui est située à 30 ou 40 pâtés de maisons d'ici, est maintenant très préoccupée par les méthodes de production et les coûts de l'éthanol au Canada, tout particulièrement dans ma province, en Ontario, où, dans sa grande sagesse, le gouvernement provincial a fixé une norme de 10 p. 100, plutôt qu'un objectif plus timide et moins ambitieux de 5 p. 100.
Pour les Canadiens, tout cela doit s'inscrire dans le contexte d'une politique sur les changements climatiques. Jetons un coup d'oeil, comme l'a proposé le secrétaire parlementaire, à la politique du gouvernement en matière de changements climatiques. Voyons un peu où en est cette politique à l'heure actuelle.
Premièrement, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a dit au gouvernement, à tous les parlementaires et à tous les Canadiens qu'il fallait, dans la mesure du possible, limiter l'augmentation de la température quelque part entre 2° et 2,4° Celsius. Selon le groupe, nous ne pourrons y parvenir que si nous stabilisons les émissions d'ici 15 ans et que nous les réduisons de moitié d'ici l'an 2050. Il faut donc stabiliser les émissions d'ici 15 ans et les réduire de moitié d'ici l'an 2050, autrement nous jouons à la roulette russe avec l'atmosphère. Tel est le choix qui s'offre à nous, selon le groupe d'experts.
Cela me rappelle une vieille publicité à la télé sur les filtres à huile FRAM. Dans un premier temps, on voyait un mécanicien à la fenêtre de l'auto qui disait « Vous pouvez payer votre filtre à huile maintenant », puis, on montrait ensuite l'auto, de toute évidence en panne, qui était amenée l'intérieur de la station-service, et le mécanicien qui disait « ou vous pouvez le payer plus tard ». C'est la même chose en ce qui a trait à l'atmosphère: nous pouvons payer maintenant ou plus tard.
L'étude sur les aspects économiques des changements climatiques, qui a été menée par M. Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, révèle que le fait de ne pas tenir compte des changements climatiques entraînerait des coûts se situant entre 5 p. 100 et 20 p. 100 du PIB, ce qui est plus élevé que les coûts combinés des deux guerres mondiales et de la Grande Crise. Par contre, si l'on s'attaque au problème dès maintenant, ces coûts pourraient se limiter à 1 p. 100 du PIB mondial.
Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat fait aussi valoir qu'il existe déjà beaucoup d'options efficaces peu coûteuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre: les incitatifs financiers, et nous venons de parler de l'un d'entre eux, la taxe d'accise sur l'essence; le déploiement de technologies existantes; les droits d'émission négociables et les crédits de carbone, qui ne font pas partie du plan du gouvernement sur les changements climatiques; les investissements dans l'énergie renouvelable, que le gouvernement a supprimés quand il est arrivé au pouvoir, et les programmes à participation facultative.
Voici une autre étude. Il y a à peine quatre mois, McKinsey & Company, une des plus grandes sociétés de conseils en gestion du monde, a montré qu'il était possible de faire beaucoup progresser la lutte contre les changements climatiques sans placer un fardeau indu sur l'économie si les gouvernements accordaient des incitatifs pour la mise au point et l'utilisation de technologies écologiques. L'étude conclut également que les coûts annuels à l'échelle mondiale pour procéder aux réductions d'émissions nécessaires pour éviter une détérioration du climat en 2030 ne représentent que 0,6 p. 100 du PIB prévu pour cette année-là.
Je pourrais continuer. La litanie des échecs du plan du gouvernement sur les changements climatiques a maintenant été bien mise en évidence par l'Institut C.D. Howe, la Deutsche Bank, l'Institut Pembina et le Tyndall Centre for Climate Change Research. La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, le propre organisme du gouvernement conservateur, a dit au gouvernement que son plan était sans fondement et qu'il n'atteindra aucunement les objectifs qu'il a fixés. En fait, pas une tierce partie n'a avancé la moindre preuve que le plan fonctionnera.
Encore une fois, nous constatons l'incohérence du gouvernement. Le , le et le ne se parlent pas puisqu'ils n'ont même pas pu élaborer une politique de base accompagnant le plan sur les changements climatiques, plan qui a maintenant été largement discrédité dans l'ensemble de la société canadienne.
Voilà ce que j'avais à dire. J'attends les questions et les observation de mes collègues.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole ce soir, au sujet du projet de loi afin de prévoir les pouvoirs nécessaires à la réglementation efficace des combustibles. Il permet finalement au ministre de réglementer le contenu des combustibles. Le Bloc québécois est favorable au principe de ce projet de loi. Nous voulons évidemment l'étudier plus en profondeur en comité.
Je suis tout de même étonné d'entendre le gouvernement ce soir. On dirait qu'il nous présente la septième merveille du monde. On dirait, selon ce gouvernement, que c'est la toute nouvelle politique énergétique du gouvernement conservateur; la politique agricole du gouvernement conservateur, la politique de réduction des gaz à effet de serre du gouvernement conservateur, si cela tient à ce projet de loi, ce n'est pas fort. Il faut comprendre qu'il s'agit davantage d'une mesure administrative qui, tout de même, rejoint certaines de nos préoccupations. C'est pourquoi, comme je le disais, nous appuyons son principe.
Nous voulons — et tout le monde s'entend sur ce point — réduire de plus en plus notre dépendance envers l'utilisation du pétrole. Peut-être que certains ne le veulent pas; de notre côté, c'est évidemment ce que nous voulons. Nous voulons également que soit fait un effort dans le domaine des transports afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et qu'on favorise de plus en plus les résidus forestiers et agricoles. Certains collègues ont fait mention de certaines usines-pilotes en ce qui concerne l'éthanol cellulosique, etc. De plus en plus, de nouveaux projets sont mis sur pied. Pendant cette allocution, j'aurai l'occasion de parler de ce qui se fait un peu partout, particulièrement dans ma région. Vous comprendrez pourquoi lorsque je me serai exprimé à ce sujet.
Le gouvernement a déjà annoncé qu'il mettra en oeuvre un règlement exigeant que l'essence contienne en moyenne 5 p. 100 de combustibles renouvelables d'ici à 2010. Des règlements exigeront aussi un contenu de combustibles renouvelables de 2 p. 100 en moyenne dans le diesel et le mazout d'ici à 2012. On sait que le gouvernement du Québec vise, quant à lui, un objectif de 5 p. 100 d'éthanol dans l'essence vendue d'ici à 2012. Il a d'ailleurs investi 6,5 millions de dollars dans la construction de deux usines de démonstration de production d'éthanol cellulosique. C'est en Estrie, non loin de chez nous.
Le processus d'éthanol cellulosique favorise l'utilisation de résidus agricoles, comme la paille, et de résidus forestiers, comme les copeaux de bois, d'arbres et de graminés à croissance rapide. Il s'agit d'une avenue intéressante pour les milieux agricole et forestier qui ont bien besoin d'avoir des sources de revenu supplémentaires.
On retrouve un projet dans le secteur de Bromptonville, à Sherbrooke. C'est un secteur que je connais bien. En effet, lors de ma première campagne électorale, l'ancienne municipalité de Bromptonville, qui a fusionné avec Sherbrooke, faisait partie du comté de Richmond—Arthabaska. Cette usine-pilote ou ce projet implique notamment la compagnie forestière Kruger installée à cet endroit. Le second projet se retrouve toujours en Estrie, à Westbury, où les résidus de tables seront transformés en éthanol. On en est toujours à l'étape expérimental, mais c'est une voie qui mérite que l'on se penche de plus en plus sur ce genre de projets.
Au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, nous avons aussi eu l'occasion de rencontrer les dirigeants d'une entreprise installée à Ottawa, Iogen Corporation. Certains députés parlaient aussi d'autres usines installées ailleurs au Canada. Ces gens ont construit une usine-pilote qui produit de l'éthanol cellulosique depuis maintenant quelques années. Il s'agit d'un procédé qui n'est pas encore « rentable », bien qu'à mon avis, ce soit toujours rentable lorsque l'on cherche à évoluer vers notre indépendance face à l'utilisation du pétrole. Pour l'instant, on en est encore au stade expérimental, mais cette nouvelle énergie est très prometteuse.
La filière des biocarburants devient aussi de plus en plus importante. D'ailleurs, en vertu des nouveaux règlements, certains producteurs de bovins sont aux prises avec les matières à risque spécifiées, les MRS, qui ne valent actuellement rien et pour se débarrasser desquelles ils doivent payer. Ce serait avantageux pour ces producteurs qu'ils aient la possibilité d'envoyer ces matières dans les usines de biodiesel afin qu'elles soient transformées en carburant.
Je sais que la Fédération des producteurs de bovins du Québec demande déjà au gouvernement fédéral une aide pour avoir, à tout le moins, une étude de marché lui permettant de savoir s'il est possible de construire une usine de biodiesel. Ce serait très intéressant que le gouvernement fédéral écoute les représentations de la Fédération des producteurs de bovins du Québec à cet égard. En effet, il y a un marché très intéressant à développer à ce niveau. Évidemment, toutes les huiles animales, tous les résidus des produits animaux pourraient éventuellement servir de biocarburant.
Plus tôt, j'ai dit que je voulais donner des exemples provenant de ma circonscription. Ma ville natale porte le surnom de « Berceau du développement durable ». C'est même écrit sur les affiches. Chez nous, on a donné le nom de « père de la récupération » au regretté Normand Maurice. La récupération a débuté chez nous, à Victoriaville, dans le centre du Québec. Nous sommes très fiers de cela. La ville est le berceau du développement durable. On a concrétisé notre volonté d'aller encore plus loin en matière de développement durable en utilisant du biodiésel dans 35 camions de la municipalité. On les a convertis pour qu'ils utilisent du biodiésel. Déjà, à Victoriaville, les contremaîtres roulent avec des voitures hybrides. Cet exemple donne une idée de la philosophie qu'on préconise dans ma région. Tous les autres véhicules utilisent de l'essence-éthanol. Le biodiésel provient de l'huile végétale, des graisses animales et de l'huile pour la friture recyclée.
À Victoriaville, un partenariat intéressant est né par l'entremise du Centre de formation en entreprise et récupération, soit le CFER. Normand Maurice, dont j'ai parlé plus tôt, est le créateur des CFER au Québec. Au tout début, il n'y avait qu'un tel centre, soit celui de Victoriaville. Il y en a maintenant 17 au Québec. Des jeunes qui éprouvent des difficultés d'apprentissage apprennent à travailler en équipe en usine. Maintenant, les CFER sont spécialisés dans le recyclage de toute sorte de matières, que ce soit des téléphones cellulaires ou tout ce dont Hydro-Québec ne se sert plus, comme le câblage ou les lampadaires. Une usine de peinture recyclée à même été mise sur pied à Victoriaville. Cela appartenait au CFER, mais, maintenant, c'est indépendant. Ils sont encore ensemble, mais il y a une industrie propre qui s'est créée grâce à eux. C'est le CFER qui est à l'origine de cela. Il y a des pionniers tels Normand Maurice et Yves Couture, l'actuel directeur du CFER de Victoriaville, qui font en sorte que ces jeunes apprennent à travailler et réussissent par la suite, pour la plupart, à se trouver un emploi. Bien sûr, tous les projets qu'on développe visent à sensibiliser la population en général à l'importance de la récupération.
Dans ce projet, outre le CFER, il y a également le Centre de formation Vision 20-20, qui est une école, et Peinture récupérée du Québec, dont j'ai déjà parlé. Tous ensemble, on a décidé de mettre sur pied un projet de récupération et de traitement des huiles végétales usées pour en faire du biodiésel. Actuellement, une dizaine de restaurants de Victoriaville fournissent des huiles végétales. Il y a même déjà un véhicule de livraison d'une pharmacie de chez nous qui utilise ce biodiésel. Le véhicule qu'on a modifié possède un réservoir à biodiésel. Tout ce projet devient très élaboré.
Ce n'est pas tout. Toujours à Victoriaville, il y a l'Institut national de la recherche scientifique, l'INRS, qui s'intéresse aux boues de l'usine d'épuration des eaux de Victoriaville. Il semble qu'on ait des boues de qualité. Je ne m'y connais pas tellement en ce qui a trait aux boues de moindre qualité ou de meilleure qualité, mais, une chose est certaine, l'INRS pense que les boues de l'usine de Victoriaville pourraient servir éventuellement. Un jour, on pourra les transformer en biocarburant. Du point de vue scientifique, cela est possible. On pourrait aussi les transformer en biopesticides, en détergent pour le milieu agricole ou pour les papetières ainsi qu'en additifs microbiens pour le traitement des eaux usées en provenance du secteur agroalimentaire, entre autres.
En conclusion, je souligne que l'INRS prévoit ouvrir sous peu à Québec un laboratoire de bioconversion des rejets agricoles, industriels et urbains sous forme de projet pilote. Petit train va loin et ce n'est que ce qu'on a fait chez nous. Chaque député qui a pris la parole a réussi à donner quelques exemples probants de ce qui se fait de plus en plus en matière de développement ou d'alternatives au carburant traditionnel. Tout ce que je viens de dire peut être retrouvé dans les journaux locaux de Victoriaville. Les médias locaux en ont fait part à toute la population. À mon avis, ce sont des exemples qui peuvent être repris dans d'autres régions.
Il y a donc des avenues fort intéressantes en ce qui a trait à la production de biocarburants, mais on n'en est pas encore à une production à grande échelle. Comme je l'ai déjà mentionné, dans plusieurs cas, on est encore au stade expérimental. Malheureusement, nous sommes toujours dépendants du pétrole.
Le Bloc québécois a d'ailleurs présenté un plan de réduction de notre dépendance au pétrole. Notre gouvernement aurait intérêt à suivre cette voie plutôt que de penser que la présentation d'un projet de loi administratif est la panacée. Ce gouvernement devrait suivre cette voie au lieu d'accorder des baisses d'impôt faramineuses aux grandes pétrolières. Je pense que c'est 922 millions de dollars qui sont accordés cette année seulement à des grandes pétrolières qui n'en ont nullement besoin. Tout le monde sait cela, on n'a pas besoin de s'obstiner très longtemps à ce sujet.
Il faut savoir que le Québec pourrait réduire de moitié sa dépendance au pétrole d'ici à dix ans. La diminution de la part de pétrole dans le carburant utilisé est l'un des objectifs à fixer, bien sûr, pour atteindre ce but. C'est l'une des façons de faire pour abaisser notre dépendance au pétrole. Cependant, nous n'y parviendrons pas si le gouvernement conservateur continue à torpiller les efforts du Québec dans sa lutte en vue de diminuer les gaz à effet de serre.
On sait qu'il n'y a pas si longtemps, ce gouvernement pensait que tout le dossier des changements climatiques était un complot socialiste et qu'une telle chose n'existait pas. Les représentants de ce gouvernement se promènent un peu partout sur la scène internationale en mettant des bâtons dans les roues aux pays qui veulent faire les efforts nécessaires pour diminuer les gaz à effet de serre.
Contrairement à ce qu'on a entendu tout à l'heure, ce n'est pas ce projet de loi qui réglera tout ce problème. On s'entend sur le fait qu'il faut des solutions beaucoup plus rigoureuses. Par exemple, on pourrait exiger des cibles absolues, notamment aux grandes pétrolières. C'est la même chose dans le domaine du transport. De plus, on pourrait établir une bourse du carbone. On en parle assez ici et sur la scène publique pour savoir que certains pays passent à l'action alors qu'ici, c'est tout à fait le contraire. On a malheureusement un gouvernement inerte en matière environnementale.
Dans son champ de compétence, le fédéral devrait notamment déposer un projet de loi imposant aux fabricants d'automobiles une diminution de 20 p. 100 de la consommation de carburant de la flotte de véhicules routiers vendus au Québec d'ici à 10 ans, entre autres mesures. Un tel projet de loi pourrait être intéressant.
Malheureusement, le projet de loi que nous étudions ne va pas aussi loin. Il permet simplement au ministre de réglementer le contenu des combustibles.
En comité, il faudra faire un travail approfondi pour voir où s'en va exactement le gouvernement avec ce projet de loi. On voudrait savoir, par exemple, s'il pense copier notre voisin américain dans le développement de sa filière énergétique.
Il faut comprendre que jamais le Canada ne pourra imiter les États-Unis qui subventionnent à tour de bras leurs producteurs de céréales grâce au Farm Bill. Ils subventionnent à tour de bras également les usines d'éthanol. Le gouvernement américain donne 50 ¢ du gallon d'éthanol. Faisons de petits calculs rapides: ils produisent actuellement 12 milliards de gallons d'éthanol, ce qui signifie des subventions de 6 milliards de dollars. L'objectif des Américains est de produire 36 milliards de gallons d'éthanol, à plus ou moins court terme. Les subventions données aux Américains sont assez effarantes.
De toute évidence, on ne pourra pas suivre cette voie. On aimerait savoir quelle est la politique du gouvernement conservateur à cet égard. On n'en a rien entendu de la part du ministre ce soir lors de son allocution.
Il faut donc connaître cette véritable stratégie du gouvernement fédéral en matière de développement de la filière énergétique — si politique il y a, cela reste à voir.
Jusqu'ici, on entend des voeux pieux. Quelques mesures sont prises — avec lesquelles nous sommes d'accord, bien sûr — pour favoriser l'établissement de certaines usines de biocarburants. Néanmoins, comme je le disais tout à l'heure, ce n'est pas le bilan environnemental de ce gouvernement qui nous incitera à lui donner un chèque en blanc. Il n'en est pas question. Les responsabilités de ce gouvernement pour assurer la pérennité de notre agriculture ne s'évaporeront pas avec ce projet de loi, même s'il permet de valoriser l'utilisation de biocarburants.
Comme je le disais, il est important que nous soyons de plus en plus sensibilisés à l'utilisation de nouveaux carburants. Il est important d'étudier toutes les répercussions environnementales de l'utilisation et de la mise en place de ces biocarburants. C'est pourquoi il sera très intéressant d'entendre les explications et témoignages en comité à propos des actions qu'on veut poser à cet égard.