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Monsieur le Président, je propose que le premier rapport du Comité permanent de la condition féminine, présenté le jeudi 29 novembre 2007, soit adopté.
Comme nous le savons tous, après avoir entendu constamment les mêmes constats à ce sujet de la part des ONG et des témoins qui se sont présentés devant le Comité permanent de la condition féminine, la traite des personnes sévit au Canada, particulièrement dans la région de Vancouver. Les autorités publiques et les acteurs non gouvernementaux ne font que commencer à s'attaquer à ce problème. On craint beaucoup que des gens profitent des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver pour faire la traite des personnes, c'est-à-dire pour réduire à l'esclavage des jeunes femmes et des enfants. Je sais que le gouvernement est très inquiet à ce sujet et qu'il s'intéresse vivement au débat important d'aujourd'hui sur cette question.
Le 29 mai 2007, le Comité permanent de la condition féminine a fait la recommandation suivante:
Que le gouvernement mette au point, avant l’ouverture des Jeux olympiques de 2010 et de concert avec les gouvernements provinciaux et les administrations municipales et des spécialistes de la police, des organisations internationales et des ONG, un plan visant à enrayer la traite des femmes et des enfants à des fins d’exploitation sexuelle à mettre à exécution pendant et après les Jeux.
Comme nous le savons, les grandes manifestations sportives comme les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de soccer entraînent une augmentation de la prostitution, ce qui a pour conséquence d'accroître la traite des personnes.
Selon un rapport publié récemment par Future Group, une ONG qui lutte contre la traite des personnes, à l'occasion de la Coupe du monde tenue en Allemagne, en 2006, les autorités ont mis en oeuvre avec un certain succès un large éventail de mesures pour lutter contre la traite des personnes pendant l'événement. Ainsi, si les autorités ont constaté une augmentation de la prostitution, elles n'ont pas constaté une augmentation de la traite des personnes.
Cependant, lorsque la Grèce a tenu les Jeux olympiques, en 2004, les mesures adoptées ne couvraient pas un aussi large éventail qu'en Allemagne et on a constaté une augmentation de 95 p. 100 de la traite des personnes cette année-là. Les Canadiens ont donc de bonnes raisons d'être très préoccupés, particulièrement ceux qui vivent dans la région de Vancouver.
La traite des personnes est l'activité qui rapporte le plus au crime organisé après la vente de drogues et d'armes à feu, et son importance augmente régulièrement. Nous connaissons les répercussions des activités illicites sur nos collectivités, notre mode de vie et notre sentiment de sécurité. La traite des personnes figure dans la même catégorie que le trafic de la drogue et des armes à feu. C'est clairement une cause de préoccupation.
On estime à 16 000, ce qui est beaucoup, le nombre de victimes qui font, chaque année, l'objet de la traite des personnes au Canada ou en transit par le Canada. Mais ce chiffre reste une approximation parce que les trafiquants sont très prudents et rusés, et parviennent à garder les chiffres secrets en ayant évidemment recours à la violence, aux mauvais traitements et à la coercition contre les victimes.
Les trafiquants disent aux victimes que les policiers ne les croiront jamais ou qu'elles ne peuvent pas se sauver. Ils les menacent, elles et leurs familles, d'actes de violence ou de mort. Par conséquent, beaucoup de femmes sont contraintes de garder le silence. Nous savons par ailleurs que, en ce moment, au moins 16 000 personnes sont victimes de la traite des personnes. C'est un nombre exorbitant et incroyable.
Dans le système international de traite des personnes, le Canada est à la fois un pays de destination et un pays de transit. C'est également un pays source, les femmes autochtones, surtout de la région de Winnipeg, en étant les victimes les plus probables. Nous connaissons le cas des soeurs volées, ces 500 femmes disparues, 500 filles et jeunes mères. Nous ignorons où sont ces femmes. Leurs familles l'ignorent aussi. Ces disparitions ont causé une immense douleur et ont perturbé une collectivité qui souffre déjà du racisme et de la pauvreté.
Imaginez un peu perdre un enfant ou une soeur sans savoir ce qui lui est arrivé, ne plus jamais avoir de ses nouvelles et ne jamais savoir où elle est disparue. Des femmes vivant dans des réserves sont enlevées et font l'objet de la traite des personnes, au Canada ou à l'étranger. Je le répète, ce sont nos soeurs, nos filles, nos enfants que nous ne reverrons jamais.
Au pays et dans le monde, les victimes de la traite des personnes sont en majorité des femmes et des enfants, y compris des garçons. Nombre d'entre elles sont obligées de travailler dans le commerce du sexe. On estime que plus de 4 millions de personnes sont vendues chaque année. Elles doivent se prostituer, sont réduites à l'esclavage ou sont forcées de se marier.
Ces victimes viennent de milieux où l'on souffre de la pauvreté, d'un conflit armé ou de la guerre civile. On leur promet la sécurité, un emploi et une meilleure vie. On leur dit qu'elles pourront faire venir leur famille dans un pays où elles seront en sûreté. Malheureusement, ce ne sont que des leurres et de fausses promesses pour les piéger. Les jeunes victimes sont condamnées à l'esclavage et au désespoir.
Le département d'État américain a indiqué dans son rapport de 2007 sur la traite des personnes que Vancouver était une des principales destinations pour les victimes venant d'Asie. Le rapport dit aussi qu'un nombre important de victimes, en particulier des femmes provenant de la Corée du Sud, passent par le Canada avant d'être emmenées aux États-Unis pour y être vendues.
Vancouver est déjà une plaque tournante de ce commerce. Les Jeux olympiques de 2010 vont exacerber le problème encore davantage. Selon le Future Group, les enquêtes effectuées par des agents de police infiltrés ont révélé que l'on se servait de visas d'étudiant ou de visiteur pour faire entrer à Vancouver et dans d'autres villes, y compris Calgary, des jeunes femmes en provenance d'Asie qui sont employées dans le commerce du sexe.
En 2005, le gouvernement fédéral a fait de la traite des personnes un acte criminel. Un projet de loi a été présenté pour empêcher l'utilisation des visas de travail aux fins de la traite des femmes. Le Comité permanent de la condition féminine a recommandé des mesures pour fournir temporairement aux victimes un logement, des soins médicaux et d'autres formes d'aide. J'espère que nous sommes vraiment résolus à appliquer fermement les recommandations du comité. Ce serait très utile pour lutter contre ce problème, qui est profondément inquiétant.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons pu tirer des leçons des manifestations sportives internationales. Nous avons appris qu'elles peuvent favoriser la traite des personnes de deux façons principales dans le pays hôte. Premièrement, à l'endroit où ont lieu ces manifestations, il se produit une augmentation à court terme de la demande sur le marché de la prostitution et des autres formes d'exploitation sexuelle. Deuxièmement, de telles manifestations facilitent l'entrée au pays de victimes de la traite des personnes, qui se présentent comme des visiteurs avant d'être envoyées dans d'autres pays et dans d'autres villes pour y être exploitées.
Il y a relativement peu de recherche à propos des conséquences des manifestations sportives internationales sur la traite des personnes, mais il est clair tout de même que les pays qui ont accueilli de telles manifestations ont dû prendre le danger au sérieux. Les futurs pays hôtes devront faire de même. Nous devons tout simplement prendre ce danger au sérieux.
Par exemple, le commissaire de la police métropolitaine de Londres, sir Ian Blair, a nommé un commissaire adjoint dont la tâche consiste expressément à s'occuper de la sécurité lors des Jeux olympiques de 2012 à Londres, en Angleterre. Son mandat inclut les menaces terroristes, la traite des personnes, les travailleurs de la construction illégaux et les activités de contrefaçon.
La Coupe du monde de la FIFA, en 2006, en Allemagne, nous donne des leçons sur l'importance des efforts de prévention visant à réduire l'attrait d'événements semblables pour les trafiquants. On dispose d'éléments de preuve démontrant qu'il y a eu une recrudescence de la traite des personnes lors des Jeux olympiques de 2004, à Athènes, où les mesures de prévention n'étaient pas aussi imposantes que celles qui ont été prises en 2006 en Allemagne.
En Allemagne, en 2006, environ 3,36 millions de personnes ont assisté aux compétitions. Devant les craintes très répandues sur la scène internationale de voir une recrudescence de la traite des personnes lors de la Coupe du monde, les autorités allemandes, avec le concours d'organisations non gouvernementales locales et internationales, ont mené un large éventail d'activités visant à prévenir l'exploitation de cet événement international par les auteurs de la traite des personnes.
En invitant le monde aux Jeux olympiques d'hiver de 2010, à Vancouver, nous voudrons montrer que le Canada est un pays progressiste, sûr et remarquable. Nous ne voudrions certainement pas que cette image soit ternie par la traite des personnes.
Les Allemands ont adopté un large éventail de mesures qui ont connu au moins un succès relatif. L'Allemagne a coordonné le travail de la police d'État et de la police fédérale avant et pendant la Coupe du monde en adoptant une stratégie sur la sécurité nationale avant et pendant l'événement et un cadre stratégique pour les opérations policières combinées pendant cet événement.
Les stratégies prévoyaient notamment des normes uniformes d'enquête sur la traite des personnes et de prévention de cette activité. Elles visaient à renforcer les efforts qui étaient déjà déployés pour lutter contre la prostitution forcée et la traite des personnes.
En Allemagne, la police fédérale et la police d'État ont aussi collaboré avec des services de counselling, des ONG, les villes hôtesses, des groupes religieux, des associations sportives et d'autres encore afin d'identifier les intervenants qui pouvaient contribuer à des campagnes d'information publique, à des activités de prévention, à l'identification des victimes potentielles et à la mise en place de services aux victimes rescapées.
De telles interventions sont absolument essentielles pour sauver les jeunes femmes et leur offrir un lieu sûr où on peut s'occuper des effets et des conséquences bien réelles de la traite des personnes.
Les organisations non gouvernementales et les organisations d'orientation spéciales ont mené diverses activités visant à prévenir la prostitution forcée et la traite des personnes, tant pendant qu'après la Coupe du monde en Allemagne. Ces activités incluaient des événements publics, des discussions, des conférences de presse, des entrevues, des stands d'information, des affiches et des dépliants pour informer les gens et les amener à comprendre l'étendue et la gravité du problème. Il y a eu des campagnes d'éducation et d'information par la poste ainsi qu'à la radio et à la télévision.
Des numéros de téléphone d'urgence ont été mis en service. Ce sont des mesures très importantes parce qu'il est devenu très clair au cours de nos recherches que ces jeunes femmes et filles sont complètement coupées du reste du monde. Elles sont isolées. On leur vole leurs documents de voyage et leur argent et on les prive des moyens de communiquer pour dire ce qui leur arrive. Les numéros d'urgence sont donc très importants.
Des sites Internet ont aussi été créés pour informer les gens, notamment sur l'aide disponible dans les refuges. J'espère que l'on fera preuve de diligence à Vancouver pour s'assurer que de telles mesures sont en place et que les responsables des refuges et les ONG pourront apporter leur aide.
Une des principales campagnes appuyée par le gouvernement fédéral allemand avait été conçue par le conseil national des organisations féminines allemandes et s'intitulait « le coup de sifflet final — halte à la prostitution forcée ». Une autre campagne de prévention a fait intervenir l'Organisation internationale pour les migrations et l'agence suédoise pour le développement et la coopération internationaux.
Ces organisations ont uni leurs forces dans une campagne de prévention visant à informer les amateurs de football de la probabilité qu'il y ait de la traite des femmes en Allemagne en réponse à une augmentation de la demande de services de prostitution. Cette campagne comportait une annonce télévisée frappante, un site Internet et de l'information au sujet de la ligne d'urgence permettant de rapporter anonymement aux autorités allemandes des activités possibles de traite des personnes ou de prostitution forcée.
Cela est tout à fait sensé. La plupart des gens qui ont assisté aux compétitions sportives étaient là pour voir le jeu d'athlètes de haut rang. Voir cet événement souillé par la traite des personnes et l'esclavage sexuel était répugnant, j'en suis sûre, pour la majorité des spectateurs.
Cependant, nous savons qu'en raison des sommes incroyables qui peuvent être gagnées par la prostitution forcée et la traite des personnes, il y aura toujours des individus qui seront tentés par ces activités. Mettre les spectateurs en garde était une mesure très importante.
La police fédérale et la police d'État ont concentré leurs enquêtes sur la prostitution forcée et la traite des personnes dans les villes hôtesses et autour de ces villes parce que les activités ne se concentrent pas dans un lieu, mais se répandent dans une région.
Les mesures incluaient: une présence accrue de policiers tant en uniformes qu'en civil dans les endroits particulièrement à risque; des descentes dans des zones où on savait qu'il y avait un commerce d'activités sexuelles; le rétablissement temporaire des vérifications aux frontières du pays; la formation de nouveaux groupes de travail policiers spécialisés et le renforcement de ceux qui existaient; des contacts avec les informateurs de la police dans les zones à risque; une plus grande sensibilisation du personnel des hôtels et des autres fournisseurs de logement; la coordination avec les autorités et les responsables des sites des compétitions; une liaison avec les agences de services sociaux et les services de counselling spécial.
À la lumière des observations faites lors de la Coupe du monde de 2006 en Allemagne, il est clair que, conformément à ce qu'on prévoyait, il y a bel et bien eu une augmentation de la demande sur le marché de la prostitution. Cependant, grâce aux mesures importantes visant à faire respecter la loi sur l'immigration et grâce au plan que je viens de décrire et qui a été mis en oeuvre par le gouvernement allemand, la majorité des prostituées n'étaient vraisemblablement pas des victimes étrangères de la traite des personnes, mais bien des prostituées provenant d'autres régions de l'Allemagne, où la prostitution est légale. Par conséquent, bien que la prostitution ait augmenté à l'occasion de la Coupe du monde de 2006, on n'y a pas observé une augmentation substantielle du nombre de victimes de la traite des personnes.
Le cas des jeux d'Athènes en 2004 est différent. Il s'y est trouvé un nombre gigantesque de personnes, soit plus de 10 000 athlètes, 45 000 bénévoles et 21 000 représentants des médias. Plus d'un million de touristes y sont passés. Mais, les efforts pour prévenir la traite des personnes n'y ont pas été aussi importants qu'en Allemagne, ce qui fait que le problème a été beaucoup plus présent aux Jeux olympiques de 2004 que lors de la Coupe du monde de 2006.
Évidemment, les victimes provenaient de l'Europe de l'Est, et nous savons qui elles étaient. Il s'agissait de jeunes femmes vivant dans la pauvreté. Ces femmes ont parfois de jeunes enfants et ne savent pas comment en assurer la subsistance. Elles cherchent à se sortir de leur grande pauvreté et se laissent facilement séduire par des gens qui veulent en réalité leur faire du mal et qui y parviennent.
J'ai en main des recommandations qui me semblent très importantes. J'aimerais les lire à la Chambre parce qu'elles nous permettraient de nous assurer, si nous les adoptions comme cadre, que l'instrumentalisation de certaines manifestations sportives ne se répète pas ici.
Pour être efficace, la lutte contre la traite des personnes doit se faire selon une approche à trois volets: premièrement, il faut prévenir la traite des personnes en collaborant avec les pays d'où proviennent les victimes pour s'attaquer aux causes du problème, y compris en réduisant la demande; deuxièmement, il faut protéger les victimes de la traite de personnes en leur portant secours, en les rééduquant et, lorsqu'il convient de le faire, en les renvoyant dans leur pays pour qu'elles y soient réinsérées dans la société; troisièmement, il faut traduire devant les tribunaux les responsables de la traite des personnes et les utilisateurs du commerce du sexe, qui doivent être soumis à une procédure criminelle.
Les pays qui ont le mieux réussi à lutter contre la traite des personnes sont ceux qui ont adopté un cadre juridique clair afin de protéger les victimes et de poursuivre les délinquants. Ils ont consacré suffisamment de ressources financières à l'exécution de leurs lois et au soutien des victimes pour leur rétablissement. On y constate aussi une très étroite collaboration entre les agences d'exécution de la loi, les agences gouvernementales et le secteur non gouvernemental. Ils ont en outre coordonné leurs efforts en matière de développement international pour agir sur les causes premières de la pauvreté et de la corruption dans les pays sources. Je dirais que nous aurions intérêt à nous attaquer aux causes premières de la pauvreté dans notre propre pays.
Le nombre en constante augmentation de victimes de la traite des personnes qui bénéficient d'une protection et de trafiquants qui font l'objet de poursuites témoigne du succès de ces pays. Le gouvernement du Canada a commencé à mettre en oeuvre plusieurs mesures de lutte contre la traite des personnes, notamment l'inclusion de cette infraction dans le Code criminel, l'adoption de mesures visant à offrir un lieu de résidence temporaire et des soins médicaux aux victimes, ainsi que la présentation d'une mesure législative visant à empêcher que des visas de travail servent dans la traite des femmes.
Pour sa part, le gouvernement de la Colombie-Britannique a récemment créé le bureau provincial de lutte contre la traite des personnes. Toutes ces mesures sont louables, mais elles ne constituent qu'une première étape. La clé du succès, c'est une mise en oeuvre efficace et un bon niveau de financement, mais à ce chapitre, on est loin du compte. C'est ce qui me préoccupe et c'est ce qui est au coeur du débat.
Jusqu'à maintenant, pas un seul individu n'a été poursuivi avec succès pour traite des personnes en vertu du Code criminel et seulement une poignée de victimes, à ce que l'on sache, ont obtenu une protection jusqu'à l'adoption des récentes lignes directrices de Citoyenneté et Immigration sur la traite des personnes. Nous devons agir avec plus d'énergie. Nous devons prendre les moyens à notre disposition. Nous devons adopter les mêmes remèdes que l'Allemagne, au nom de toutes les femmes d'ici et de l'étranger.
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Monsieur le Président, je félicite la députée de d'avoir à nouveau présenté une motion sur la traite des personnes.
La traite des personnes est devenue une question grave au Canada. Après deux tentatives infructueuses pour porter la question devant le Comité de la condition féminine, j'ai finalement réussi. Je dois féliciter la députée de faire partie de ce comité et de s'attaquer à la question de la traite des personnes.
Le gouvernement prend la question au sérieux et il prend des mesures concrètes pour s'attaquer à ce crime horrible. Plusieurs initiatives ont déjà été prises. Il est difficile de juguler le crime qu'est la traite des personnes. Il faut mettre des choses en place rapidement pour aider les victimes et c'est ce que notre gouvernement a fait. Nous avons agi rapidement pour mettre en oeuvre des lois et des programmes utiles aux victimes.
En 2007, le a annoncé des modifications aux lignes directrices destinées aux agents de l'immigration afin d'aider les victimes à se soustraire à l'influence des trafiquants. Les nouvelles lignes directrices portent de 120 à 180 jours la durée du permis de séjour temporaire auquel les victimes ont droit. Dans certains cas, la durée du permis peut même être prolongée davantage.
Pour ce qui est de nos mesures visant à améliorer les lignes directrices permettant d'aider les victimes de la traite des personnes, la présidente du Conseil canadien pour les réfugiés a déclaré ceci:
Ces mesures signifient que le gouvernement traitera dorénavant les personnes ayant subi la traite -- souvent des femmes et des enfants -- comme des victimes d’un crime, plutôt que comme des personnes qui méritent d’être détenues et déportées. Comme bien d’autres organismes, le CCR demande depuis plusieurs années au gouvernement de faire cette modification de la politique -- nous nous réjouissons [...]
Je dois féliciter les députés de tous les partis qui ont travaillé d'arrache-pied avec notre gouvernement pour faire en sorte que cette mesure soit mise en oeuvre très rapidement.
Nous avons également présenté un projet de loi visant à aider à prévenir l'exploitation potentielle et les mauvais traitements des étrangers qui veulent travailler au Canada. C'est ce que vise le projet de loi , qui est présentement devant un comité. Il comblerait également une importante lacune qui existe actuellement dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Les modifications proposées dans le projet de loi donneraient au le pouvoir d'ordonner aux agents d'immigration de refuser un permis de travail aux personnes susceptibles d'être exploitées ou victimes de mauvais traitements si elles entrent au Canada.
Pourquoi est-ce si important? C'est important parce que les responsables de l'application de la loi et les ONG commencent à s'apercevoir combien il est facile de se livrer à la traite de victimes innocentes au Canada. Comme la députée de l'a dit, l'exploiteur se montre sympathique envers une fille qui voyage seule. Il la convainc qu'une nouvelle vie l'attend au Canada. Il lui montre comment passer le contrôle douanier. Souvent, il passe en même temps qu'elle.
Dans le vidéo de formation destiné aux agents de la GRC et portant sur la traite des personnes, on peut voir comment on procède pour duper ainsi les victimes. J'ai assisté à un événement hier soir où le vidéo de la GRC a été présenté. Les gens doivent comprendre la nature de la traite des personnes et ce que subissent les femmes qui en sont victimes. Les gardes-frontières doivent avoir été formés en conséquence et doivent être aux aguets, en particulier lorsqu'ils sont en présence d'une fille qui voyage seule. Ils doivent lui poser des questions et écouter très attentivement ses réponses.
Le projet de loi est l'occasion de protéger les jeunes hommes et les jeunes femmes les plus vulnérables. Les gens pensent que ce sont seulement les femmes qui sont concernées, mais ce n'est pas le cas. Sans les pouvoirs que leur accorderait le projet de loi C-17, les agents d'immigration ne sont pas capables de refuser un permis de travail à une personne qui remplit toutes les conditions pour entrer au pays, même si la probabilité est forte, à leurs yeux, que cette personne soit exploitée ou maltraitée.
Il y a un vide juridique qui permet à une personne de répondre à toutes les conditions, alors qu'en fait, lorsqu'il s'agit d'une fille seule, on devrait s'interroger sérieusement. Il faut se demander pourquoi elle ne peut pas répondre aux questions comme elle le devrait normalement.
En ce qui concerne le projet de loi , nous avons l'appui solide de divers acteurs du milieu parce que ce sont des gens qui ont beaucoup côtoyé des victimes de la traite des personnes dans le cadre de leur travail. Ils savent qu'il existe un vide juridique et ils en sont frustrés.
Voici ce que dit à cet égard Sabrina Sullivan, du Future Group:
[...] La ministre de l'Immigration a pris une mesure importante pour protéger les femmes de l'exploitation sexuelle et mettre un terme à un programme par lequel le Canada était complice de la traite des personnes [...] Il est clair que le gouvernement du premier ministre a vraiment la volonté de combattre la traite des personnes [...]
J'oserais dire que les députés des deux côtés de la Chambre sont très préoccupés par la question et sont conscients qu'elle prend de l'ampleur. Ils ont formulé des recommandations, notamment dans le rapport du Comité de la condition féminine, pour faire cesser la traite des personnes.
L'Armée du Salut a beaucoup travaillé auprès de femmes et d'enfants victimes de la traite des personnes. Christine MacMillan, chef de territoire de l'Armée du Salut au Canada et aux Bermudes, a déclaré ceci:
Cette annonce est une percée importante en faveur de la protection des femmes contre l'exploitation sexuelle. C'est une mesure positive de plus dans la lutte contre la traite des personnes, et le leadership dont fait preuve le gouvernement fédéral nous encourage.
Pour sa part, John Muise, directeur de la sécurité publique au sein du Canadian Centre of Abuse Awareness, déclarait: « Le projet de loi C-17 s'inscrit dans le cadre de la réponse nécessaire pour protéger les femmes et les enfants du Canada ».
Et il y a de nombreux autres témoignages.
La députée de a mentionné un autre point important. Elle a parlé des Jeux olympiques de 2010. Il est un fait connu que les événements sportifs et tous les autres grands événements, peu importe dans quel pays, attirent souvent les trafiquants, qui vont y faire tout l'argent qu'ils peuvent au détriment de leurs innocentes victimes.
Je sais que des ministres se rencontrent et prennent des mesures précises dans tous leurs ministères pour mettre en place un volet éducatif afin de sensibiliser la population à la traite des personnes. Ils sont aussi en train de mettre des initiatives en oeuvre. En tant que députée de Kildonan—St. Paul, je suis très préoccupée par la situation lors des Jeux olympiques de 2010. Nous en avons parlé au sein du Comité de la condition féminine. J'ose dire que c'est quelque chose qui préoccupe beaucoup notre gouvernement et que celui-ci prend des mesures concrètes pour faire en sorte que les citoyens vulnérables et les gens, tant du Canada que de l'étranger, sont protégés.
Par ailleurs, le projet de loi , qui traîne au Sénat en ce moment, porte sur toute une série d'actes criminels. Il serait utile de mettre en oeuvre au Canada des lois qui visent les criminels qui exploitent les enfants. L'âge du consentement est également visé par ce projet de loi. De ce côté-ci de la Chambre, nous essayons depuis longtemps de hausser l'âge du consentement, et le projet de loi C-2 traîne au Sénat. J'ai entendu, à mon grand désespoir, qu'une liste de 59 témoins avait été établie. Je doute qu'il faille entendre autant de témoins pour faire adopter cet important projet de loi. La question de l'âge du consentement est discutée à la Chambre depuis très longtemps et ce sujet a finalement été mis dans le projet de loi C-2, qui est bloqué au Sénat.
Quand on parle à la Chambre d’enrayer les crimes commis contre des personnes vulnérables, c'est ce genre de mesures concrètes qu'il faut prendre. Nous devons adopter le projet de loi pour que notre législation protège nos citoyens les plus vulnérables. Nous devons voir à ce que le projet de loi soit adopté et appliqué, pour que les gardes-frontières, les ONG et les agents qui travaillent à la frontière puissent repérer ces citoyens vulnérables à leur entrée au pays. Nous avons besoin d’un moyen qui nous permette d’agir concrètement pour protéger ces personnes.
On sait que la traite des personnes a cours au Canada. Des études ont été réalisées et on connaît la gravité du problème.
Je félicite les ministres de notre gouvernement qui ont pris cette question extrêmement au sérieux. Je félicite également les députés qui en font autant.
Je pense que nous devrions collaborer et appuyer ces initiatives. On peut bien se lever à la Chambre pour réclamer des lois plus rigoureuses, mais tant que le projet de loi reste bloqué au Sénat, les dispositions relatives au relèvement de l'âge du consentement n'auront pas force de loi au Canada. Autrement dit, les paroles prononcées à la Chambre restent sans suite.
Nous devons veiller à ce que toutes les mesures nécessaires soient prises. Le projet de loi doit être adopté, l’âge du consentement doit être relevé, et cela dans l'intérêt des victimes innocentes, pas seulement les victimes de la traite des personnes, mais également les jeunes filles qui sont exploitées sexuellement. Lorsqu'elles se présentent devant les tribunaux elles peuvent, en raison de leur âge, être intimidées par les adultes auxquels elles sont confrontées. L'âge du consentement n'a encore été relevé dans aucune loi au Canada. Un avocat suffisamment habile peut prouver qu'une personne de 14 ans a consenti à une relation sexuelle.
Nous pouvons prendre des mesures très concrètes dès maintenant. Tout député peut appuyer le genre de mesures à prendre, en assurant leur adoption rapide et en faisant en sorte que nous travaillions ensemble pour mieux aider nos concitoyens les plus vulnérables, nos jeunes.
La sensibilisation au problème de la traite des personnes est primordiale. Si, en tant que législateurs, nous appuyons les bonnes lois, si nous collaborons et assurons l'adoption des projets de loi et , nous aurons pris un bon départ.
Il est déjà question de sensibilisation, entre autres choses, en prévision des Jeux olympiques.
J’invite tous les députés à faire preuve d’un esprit de collaboration. Je pense que nous sommes sur la bonne voie à bien des égards. Nous devons mettre de côté nos différences partisanes et collaborer.
Je félicite la députée de pour son intérêt, son appui et pour la motion qu’elle a présentée ce matin. Je tiens toutefois à dire qu’il faut mettre de côté l’esprit de parti. Nous devons faire en sorte que les projets de loi et deviennent des lois au Canada. Puis, nous devons continuer de nous pencher, comme nous le faisons maintenant, sur le problème de la traite des personnes, qui est un très grave problème.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole ce matin au sujet de cette motion. J'ai présenté le premier rapport au nom du comité le 26 novembre 2007. Il reposait sur une motion que mes collègues et moi-même avions présentée au comité. Je me réjouis d'avoir l'occasion de discuter de la traite des personnes en lien avec les Jeux olympiques de 2010.
Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m'est imparti avec mon collègue, le député de .
Je suis allée à Vancouver récemment et j'ai discuté de cette importante question avec un certain nombre de groupes que j'ai rencontrés. Des députés d'en face ont qualifié la traite des personnes de forme moderne d'esclavage. La traite comprend le recrutement, le transport et l'hébergement de victimes à des fins d'exploitation sexuelle et souvent à d'autres fins. Nous ne nous sommes pas attardés à l'importance de lutter contre la traite des femmes au sein même de notre pays. Je vais en parler tout à l'heure.
Nous savons que, d'ordinaire, les victimes entrent dans l'industrie du sexe parce qu'on les a trompées ou qu'on les y a forcées. La possibilité, à leurs yeux, de se sortir de leur mode de vie ou de la pauvreté les influence souvent.
Selon les estimations des Nations Unies, plus de 700 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, sont victimes de la traite des personnes chaque année. Les estimations varient, mais on nous a dit qu'il s'agit d'une industrie qui représente annuellement entre 10 et 12 milliards de dollars américains. C'est très lucratif pour certaines personnes sans pitié.
Avant d'aborder les enjeux, je veux parler des modifications apportées par le gouvernement précédent au Code criminel, modifications qui ont jeté les bases de quelques-unes des initiatives actuelles.
Nous avons notamment modifié le Code criminel afin d'aborder la traite des personnes et d'interdire tout acte visant à exploiter une personne ou à faciliter son exploitation. Cette infraction est assortie d'une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité si le criminel enlève la personne ou se livre à des voies de fait graves ou à une agression sexuelle grave sur elle.
C'est également une infraction, passible d’un emprisonnement de dix ans, que de bénéficier d’un avantage matériel ou pécuniaire à la suite de la perpétration d'une infraction de traite des personnes.
Il est également interdit de retenir ou de détruire des documents, tels que des pièces d'identité ou des documents de voyage, en vue de faciliter ou de perpétrer une infraction de traite des personnes. La rétention ou la destruction de documents est passible d'une peine d'emprisonnement maximal de cinq ans.
L'ancien procureur général, mon collègue de , a franchi une étape importante en établissant les assises de la lutte contre la traite des personnes. Cette lutte nécessite un engagement continu de la part du gouvernement. J'aimerais énumérer certaines des initiatives qui ont été prises par le gouvernement précédent et dont le gouvernement actuel s'est inspiré.
Nous avons construit un site web sur la traite des personnes. Nous avons conçu un dépliant contre la traite en au moins 14 langues et une affiche en plus de 17 langues. On a organisé des tables rondes en Colombie-Britannique et ailleurs afin d'examiner la question. On a tenu des séminaires de formation à l'intention de la police, des procureurs, des fonctionnaires de l'immigration et des douanes et des représentants consulaires. Le ministère de la Justice participait à titre d'hôte conjoint. Une assemblée communautaire sur la traite des personnes a été organisée par le Conseil ethnoculturel du Canada en conjonction avec le ministère de la Justice et Condition féminine Canada.
À l'approche des Jeux olympiques de 2010, la solution au problème de la traite des personnes devra comporter quatre principaux volets. Il y a toute la question de la sensibilisation, de la prévention, de l'engagement et de la protection. Comme on l'a dit toute à l'heure, il nous faut une stratégie législative d'ensemble.
Je siégeais au Comité de la condition féminine lorsque nous examinions la question de la traite des femmes. J'ai été choquée, naïvement peut-être, d'entendre les représentants du service de police de Vancouver dire que cette ville était connue dans tout le pays comme un paradis du sexe. La question est d'autant plus pressante que nous approchons des Jeux olympiques de 2010.
J'aimerais prendre un moment pour souligner le travail accompli par des citoyens de ma collectivité. Lors de mon plus récent déjeuner en l'honneur de la Journée internationale de la femme, j'ai eu le plaisir d'accueillir une conférencière, une femme charmante et éloquente qui oeuvre dans l'industrie de la mode, Liz Crawford. Elle a parlé du danger pour les mannequins qui travaillent sur la scène internationale. Cette séance a contribué de façon importante à sensibiliser les personnes présentes.
Les Soeurs des Saints Noms à Winnipeg se sont attaquées à cette question avec énergie. Elles se sont engagées à faire connaître leurs préoccupations et à amener les représentants gouvernementaux à dénoncer cette pratique. Je tiens tout particulièrement à souligner les efforts déployés par les jeunes femmes de la St. Mary's Academy qui ont créé une pièce de théâtre très touchante que j'ai eu le privilège de voir il y a quelques mois. Elles se sont ainsi employées à sensibiliser la communauté à ce problème important.
D'autres députés ont parlé de l'importance de la protection, du rôle des agents de police, de la sensibilisation des agents de police ainsi que du rôle des agents d'immigration et de la sécurité des frontières, et je ne répéterai pas ce qui a été dit. Nous avons très certainement besoin d'une stratégie législative détaillée. Les députés de ce côté-ci s'engagent à collaborer avec tous les partis pour faire en sorte qu'une telle stratégie soit mise en place.
Nous accordons beaucoup d'attention à la traite des femmes et des enfants sur la scène internationale, mais nous fermons souvent les yeux sur ces mêmes pratiques au pays. Je peux garantir à la Chambre qu'en l'absence de mesures énergiques, les Olympiques de 2010 deviendront un centre d'activités pour de nombreuses jeunes femmes qui vivent une forme d'esclavage. Ce sera certainement le cas dans ma ville et dans d'autres villes au pays. Les Olympiques seront un pôle d'attraction pour ceux qui exploitent, à leurs propres fins, les jeunes femmes.
Il arrive souvent que les jeunes femmes autochtones soient victimes de la grande pauvreté qui sévit dans leurs collectivités. Elles viennent en ville et estiment qu'il s'agit là d'un dernier ressort pour accéder à ce qui pourrait être, pour elles, une vie meilleure. Dans l'élaboration de stratégies visant à lutter contre la traite des femmes en prévision des Olympiques de 2010, il est important de s'attaquer à la traite des femmes au pays en mettant l'accent sur la traite des jeunes femmes autochtones qui viennent principalement de l'Ouest canadien.
Les députés m'ont souvent entendue parler des problèmes systémiques auxquels les jeunes autochtones sont confrontés dans leurs collectivités. Le gouvernement fédéral et les autres administrations canadiennes doivent trouver une solution à long terme pour redresser la situation. Il faut élaborer des stratégies définitives à court terme pour réduire considérablement la traite des jeunes femmes dans notre pays.
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Monsieur le Président, je me propose d'organiser mes observations autour de deux thèmes: premièrement, je voudrais cerner la nature, la portée et les effets pernicieux du mal que nous tâchons de combattre; deuxièmement, comme mon collègue en a parlé, je voudrais proposer de nouveau une stratégie globale pour combattre la traite, qui repose sur la stratégie que j'avais élaborée en tant que ministre de la Justice.
D'entrée de jeu, je m'efforce de sensibiliser les gens en cernant la nature, la portée et les conséquences pernicieuses du mal qu'il faut combattre, c'est-à-dire de ce fléau qu'est la traite des personnes, de cette atteinte pernicieuse, persistante et envahissante aux droits de la personne, de cette marchandisation des êtres humains, que l'on considère comme du bétail à parquer et à vendre.
Nous sommes en présence de la réduction d'êtres humains à l'esclavage. Lorsque j'en ai parlé pour la première fois à la Chambre en présentant un projet de loi à ce sujet, j'ai dit qu'il s'agissait de la mise en esclavage d'êtres humains et qu'on traitait des êtres humains comme de la marchandise qu'on achète et qu'on vend pour les exploiter habituellement comme travailleurs du sexe, mais aussi comme main-d'oeuvre agricole ou dans des ateliers clandestins, sans les payer ou en leur versant des salaires dérisoires.
Grâce aux efforts soutenus de personnes comme le professeur Harold Koh, doyen de la faculté de droit de Yale, et de Radhika Coomaraswamy, anciennement rapporteure spéciale des Nations Unies sur la violence à l'égard des femmes, nous comprenons maintenant toute l'ampleur de ce commerce sexuel mondial.
Nous savons que ce commerce grotesque de vies humaines rapporte plus de 12 milliards de dollars par année. Nous savons que la traite des personnes est tellement rentable qu'elle constitue le crime international qui croît le plus rapidement au monde. Nous savons que la majorité des victimes de la traite sont des filles et des femmes de moins de 25 ans et que beaucoup de victimes sont des enfants.
Nous savons que les victimes de la traite cherchent désespérément à se procurer les biens essentiels, de sorte qu'elles sont constamment exploitées par des prédateurs cupides. En fait, l'exploitation est le motif principal de la traite des personnes.
L'UNICEF a évalué à 1,2 million le nombre d'enfants dans le monde qui sont victimes de la traite des personnes chaque année. L'Organisation internationale du Travail estime que 2,5 millions d'enfants victimes de la traite sont actuellement utilisés pour le travail forcé. Comme je l'ai déjà dit à la Chambre, et comme ma fille me l'a toujours dit, pour évaluer les droits de la personne, il suffit de se demander si ce qui se passe dans une région du monde ou dans une situation donnée est bon pour les enfants. C'est la véritable façon de déterminer si les droits de la personne sont respectés. La traite des personnes est une atteinte fondamentale aux droits des personnes les plus vulnérables, les enfants.
Nous savons que, peu importe à quoi elles doivent servir, toutes les victimes de la traite sont privées de leur liberté et souffrent de sévices physiques, sexuels et psychologiques, y compris de menaces de violence et de représailles réelles sur elles-mêmes ou sur des membres de leur famille.
Si nous voulons élaborer une stratégie globale, comme l'a dit ma collègue, pour lutter contre la traite des personnes, nous devons cesser de penser en fonction de structures abstraites, de penser que la traite des personnes est un problème abstrait ou sans visage, de penser qu'il s'agit d'un problème de droit pénal, d'application de la loi, d'immigration, de santé publique ou d'économie. C'est tout cela et plus.
En vérité, la traite transfrontalière des personnes est une industrie criminelle de plusieurs milliards de dollars qui hante les forces de l'ordre, qui se moque de nos lois sur l'immigration, qui menace de propager des maladies dans le monde et qui constitue une violation de chacun de nos droits fondamentaux.
Ce qui est plus important, derrière chacun de ces problèmes se cache un visage humain, un être humain qui est victime de la traite, et ce trafic constitue une violation de notre humanité à tous. Par conséquent, il faut considérer la traite des personnes d'abord et avant tout comme une violation générale des droits de la personne dont la victime est un être humain, et comme l'antithèse de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Il nous reste donc à nous demander ce que nous pouvons faire.
Je vous présenterai brièvement, en style télégraphique, les grandes lignes d'une stratégie globale qui devrait miser en tout premier lieu sur la prévention, afin d'empêcher ce trafic d'abord, d'accroître la sensibilisation à l'égard de ce nouveau commerce mondial d'esclaves et de l'urgence de prendre sans délai des mesures pour le contrer, d'accroître la sensibilisation à l'égard de l'urgence d'intervenir sur les diverses tribunes nationales et internationales et de préciser que nous considérons tous ce problème comme étant prioritaire, et d'accroître la sensibilisation au fait que l'on peut prévenir ce genre de trafic en mobilisant des appuis moraux, aux niveaux national qu'international.
La motion présentée aujourd'hui peut être considérée comme une invitation à passer à l'action permettant d'assurer que les Canadiens de partout au pays reconnaissent que cet esclavage moderne n'est pas une chose qui se produit à l'étranger et qui ne nous touche nullement. Cela se produit ici au Canada et nous devons nous rendre compte que non seulement cela nous touche, mais également que ce crime fait partie d'un réseau international et exige à la fois une stratégie globale et un engagement international.
Cela m'amène au deuxième élément de cette stratégie qui porte sur la protection des victimes de ce trafic et qui comprend plusieurs mesures dont la protection de la résidence, la protection contre la détention irréfléchie et l'expulsion qui auraient pour conséquence de persécuter davantage les victimes et de leur causer un plus grand traumatisme, certaines d'entre elles risquant parfois la détention pour immigration illégale et des inculpations au criminel plutôt que d'être considérées comme des victimes ayant besoin de protection.
Il faut également prévoir des services d'aide. Nous sommes d'avis qu'il y a toute une série de services d'aide, tant au niveau du logement, de la santé, de l'orientation ou autres, qui sont déjà en grande partie offerts par les provinces. Nous avons donc besoin d'une collaboration accrue et coordonnée aux niveaux fédéral, provincial et territorial pour la prestation des services de protection des victimes. En effet, trop souvent, ces services doivent être offerts par des ONG qui croulent alors sous le poids de l'effort, surtout lorsque nos gouvernements eux-mêmes sont tenus d'offrir ledit service et d'assurer la protection des victimes.
Ces victimes ont également besoin d'aide sous forme de programme de protection de témoins ou autre pour venir en aide à celles qui pourraient vouloir témoigner contre leurs agresseurs.
Cela m'amène au troisième élément de la stratégie, la mise en place d'un cadre législatif exhaustif. Nous avons la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Nous avons déjà adopté une loi pénale dans ce domaine. Nous avons aussi adapté un cadre législatif international au contexte canadien. Il nous faut maintenant l'invoquer, l'appliquer et le faire respecter.
Quatrièmement, nous devons faire converger nos efforts. Il nous faut un point central sous la forme d'un groupe de travail fédéral interministériel coprésidé notamment par les ministres de la Justice et des Affaires étrangères, car seule une stratégie gouvernementale globale et coordonnée peut permettre de résoudre cette question.
Cinquièmement, nous devons faire en sorte que la GRC intensifie son action ici et à l'étranger.
Sixièmement, nous devons faire intervenir nos homologues fédéraux, provinciaux et territoriaux. Tous les ordres de gouvernement doivent former un partenariat à ce chapitre.
Septièmement, nous devons collaborer avec nos homologues internationaux afin d'améliorer les outils législatifs dont nous disposons dans la lutte contre la traite des personnes entre les pays.
En somme, pour remédier à ces profondes violations des droits de la personne, à ces violations de la dignité humaine, nous devons adopter cette approche globale, cet engagement mutuel qui s'articule fondamentalement autour de ce que j'appelle les quatre « P » : prévenir la traite des personnes dès le départ, protéger les victimes, pourchasser et poursuivre en justice ceux qui s'adonnent à la traite de personnes, et participer à des partenariats, tant ici qu'à l'étranger.
Nous sommes tous unis dans une même cause. C'est en travaillant ensemble que nous pourrons concentrer notre action en vue de faire avancer cette cause et de protéger les plus vulnérables d'entre tous contre cette menace répugnante.
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Monsieur le Président, je ne peux pas dire que c'est avec beaucoup de joie que je me lève, puisque lorsqu'on doit discuter d'un tel sujet, ce n'est jamais avec joie. Je ne me lève pas non plus avec enthousiasme, bien que mes collègues connaissent mon enthousiasme débordant qui a souvent été souligné par nos adversaires du Parti conservateur. Cependant, il s'agit d'un sujet qu'il faut aborder, et ce, avec une imminence essentielle.
Les Jeux olympiques qui se tiendront en 2010 à Vancouver seront l'occasion pour plusieurs de visiter pour la première fois une très belle partie du Canada. La Colombie-Britannique est effectivement un très bel endroit. Cependant, on a déjà eu connaissance de plusieurs cas de traite de personnes un peu partout au Canada et au Québec. Cette traite de personnes, dont des enfants, existe un peu partout sur les continents, que ce soit en Thaïlande, en République dominicaine ou même à Tanga, petit royaume que j'ai eu l'occasion de visiter dernièrement.
Il s'agit d'une préoccupation des élus des différents pays parce que les cas de traite s'y font de plus en plus nombreux. Les enfants et les femmes sont utilisés comme bétail, sans qu'aucun droit leur soit accordé. Ils sont souvent transportés d'une façon immonde dans des pays qu'ils ne connaissent pas et d'où ils ne reviendront probablement pas.
On comprend bien que cela fait régner un climat de paranoïa. En tant que parents, père ou mère, nous vivons tous et toutes des inquiétudes par rapport à nos enfants. J'imagine que, dans les pays d'où proviennent les victimes de traite de personnes, c'est la même situation. Tous les parents voudraient que leurs enfants puissent profiter de la liberté et des droits dont ils jouissent en vue d'explorer leur enfance et de développer leur personnalité sans aucune crainte quant à leur sécurité.
Malheureusement, ce n'est pas ce qui se produit. Quand un enfant est enlevé à ses parents ou quand une femme est enlevée à sa famille par des déclarations mensongères ou sous des prétextes trompeurs, et que cette personne est par la suite transportée dans un autre pays où elle sera soumise aux bas instincts d'autres personnes, c'est un crime très grave. Il faut absolument que nous puissions poser des limites à ce crime. Il faut que nous puissions mettre fin au sort malheureux de plus de 2,5 millions de victimes qui sont transportées chaque année d'un pays à l'autre pour être utilisées à des fins sexuelles, pour effectuer de menus travaux et pour de l'esclavage, carrément. On doit mettre fin à cela.
La tenue des Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver présente une occasion de mettre en place des mesures qui permettront d'éradiquer ce fléau. On se rappellera que beaucoup d'incidents relatifs à la traite de personnes se sont produits lors de la Coupe du monde en Allemagne. On ne voudrait pas que la même chose se reproduise à Vancouver, en Colombie-Britannique, comme on ne voudrait pas d'ailleurs que cela se reproduise au Québec.
En Colombie-Britannique, on entend déjà parler de certaines instances municipales qui voudraient aménager des lieux pour que les personnes exerçant des métiers non traditionnels, telle la prostitution, puissent exercer leur métier dans une certaine sécurité. On constate déjà qu'une espèce de saveur sexuelle se colle à ces jeux. Il ne faudrait pas que cette saveur devienne aussi présente ou se fasse une influence indue à pratiquer la traite de personnes encore plus que dans d'autres situations.
Quand un grand nombre de gens se déplacent vers un endroit précis, assurément, la tentation est d'autant plus grande pour ceux qui font la traite des personnes.
C'est certain que les gens qui font la traite des personnes, qui en profitent, qui font de l'argent avec cela, sont davantage tentés d'aller dans ces endroits: Vancouver, les Jeux olympiques, parce qu'ils savent qu'il y a beaucoup d'argent à y faire. Il n'y a pas de victime sans agresseur. Malheureusement, c'est l'un des problèmes que l'on doit surmonter également.
Comme mon collègue le disait plus tôt, des mesures ont déjà été mises en place en 2006, par le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. À cette date, on a adhéré au Protocole de Palerme: le gouvernement du Canada, par le truchement du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, s'assurait que les victimes de la traite des personnes pouvaient bénéficier de certains égards, qu'on s'occupe d'elles. Cela constitue la chose ou le volet le plus important de notre action. De fait, si l'on veut vraiment pouvoir éradiquer la traite des personnes, il faut s'assurer que ces femmes et enfants victimes, qui sont retrouvés, qui dénoncent leur agresseur et les gens qui les ont utilisés dans cette traite des personnes, seront protégés adéquatement.
Actuellement, je sais bien qu'on leur offre de rester ici pendant 120 jours pour déterminer ce que ces victimes feront de leur vie. Je sais bien qu'on leur offre de discuter de leur cas en fonction d'un asile politique potentiel. Je sais bien qu'il y a tout cela et que des soins de santé leur sont offerts.
Cependant, il ne faut pas oublier que les femmes et les enfants qui sont utilisés pendant des mois, voire des années, se retrouvent dans des situations mentales très précaires. J'espère que les soins de santé comprendront aussi des soins psychologiques et psychiatriques.
J'espère en outre qu'au moment où ces personnes auront à faire face aux représentants du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration du Canada, elles pourront bénéficier de la Section d'appel des réfugiés. Nous rencontrons cependant un problème: la Section d'appel des réfugiés n'est pas encore en place au Canada actuellement. C'est bien beau de dire que les personnes peuvent demander le statut de réfugié, mais s'il n'y a aucune personne qui décide de cela, c'est peu dire.
Je sais aussi que la traite des personnes et des enfants est un problème qui existe depuis plusieurs années. Cependant, au Québec, nous n'étions pas aussi conscients de ce problème, bien qu'il y eût des enlèvements d'enfants et des cas de viol, car nous savions qu'il existait des personnes qui travaillaient de leur plein gré dans le milieu exotique ou érotique, par exemple, sans y être obligées. Ce n'est pas la même chose dans le cas de rapts d'enfants.
Nous n'avions donc pas tellement conscience que la traite des personnes s'exerçait dans une aussi large mesure partout dans le monde. L'avènement d'Internet nous a réellement fait prendre conscience que, maintenant, le crime et le crime organisé n'ont pas de limites ni de frontières. Cela signifie que, dorénavant, on devra être de plus en plus sensibles à ces situations et se préoccuper du sort des enfants et des femmes qui sont ailleurs.
Au cours des derniers mois, deux personnes d'origine canadienne ont été arrêtées en Thaïlande pour avoir profité des services sexuels d'enfants. On n'est pas à l'abri de cela. On n'est jamais à l'abri de cela. Comme il n'y a pas de frontières aux sévices sexuels ni à la traite des personnes, on doit sensibiliser toutes les personnes susceptibles d'entrer en contact avec des victimes. Cela doit s'effectuer non seulement sur les plans local, municipal et provincial, mais également sur les plans national et international.
C'est important de se rappeler que la sensibilisation et l'information sont les outils les plus importants que nous ayons pour pouvoir mettre fin à ce trafic. Si l'on n'agit pas maintenant, si l'on ne prend pas immédiatement des mesures pour s'assurer qu'en 2010, Vancouver sera une ville où il fera bon être, où les personnes choisiront d'être et où elles bénéficieront de toute la sécurité nécessaire pour profiter des Jeux olympiques, on se retrouvera dans une situation où il y aura plusieurs victimes. Aussi bien agir maintenant, aussi bien s'assurer dès maintenant qu'on a pris toutes les mesures nécessaires et qu'on a tous les outils à notre disposition pour pouvoir éradiquer la traite des personnes.
Je vais devoir m'arrêter, car je ne suis plus capable de parler. Je le regrette toutefois énormément.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur cette question d’une importance fondamentale, à savoir l’adoption du rapport du Comité permanent de la condition féminine recommandant que le gouvernement mette en place, avant l’ouverture des Jeux olympiques de 2010, un plan pour enrayer la traite des femmes et des enfants à des fins d’exploitation sexuelle, à mettre à exécution pendant et après les Jeux.
C’est là une question fondamentale. Il n’y a aucun doute à ce sujet car je pense que la traite est l’un des pires fléaux actuels. C’est une épidémie qui a sévi un peu partout dans le monde au cours des dernières décennies. Elle est liée à la détérioration des conditions économiques de la plupart des peuples de la planète. Je reviendrai sur ce point dans quelques instants.
Il s’agit essentiellement d’un crime qui fait, d’après les estimations, quelque 2,5 millions de victimes chaque année. Nous parlons ici de femmes et d’enfants qu’on oblige à se prostituer par la force et la menace. Sous l’effet de la coercition et de la violence, ces victimes, qui comptent presque autant d’enfants que de femmes, sont placées dans les situations les plus abominables qui soient. Cette véritable épidémie qui n’a pas vraiment fait l’objet de mesures efficaces dans le monde, nous devons aujourd’hui l’affronter d’une façon énergique.
Le rapport du Comité permanent de la condition féminine recommande très clairement au gouvernement de prendre des mesures. J’y reviendrai dans un instant. Tout cela découle des travaux d’un certain nombre d’organisations et d’un rapport que je citerai tout à l’heure, mais nous devons commencer par nous attaquer à la racine du mal, qui est la pauvreté et la dégradation économique de la plupart des humains de la planète. C’est là la cause fondamentale de la traite des personnes.
Le département d’État des États-Unis estime que ce trafic international touche chaque année entre 600 000 et 800 000 humains. Comme je l’ai déjà mentionné, il y a aujourd’hui quelque 2,5 millions de victimes qui sont forcées à se prostituer.
Les bandes criminelles qui se livrent à ce trafic exploitent des gens essentiellement vulnérables à cause de la pauvreté et de différentes circonstances. Toutefois, c’est l’inégalité économique qui crée les conditions propices à la traite des personnes et à l’esclavage -- car il faut l’appeler par son nom -- de 2,5 millions d’êtres humains. Les conditions économiques sont la cause de ce fléau.
Nous avons vu des chiffres qui montrent que la richesse ne cesse de se concentrer sur notre planète. Cela est vrai même dans notre pays. On estime que les 400 personnes les plus riches du monde ont plus de biens que 2 milliards des habitants de la terre.
Des milliards de personnes, dans le monde, ont un revenu de 1 $ à 2 $ par jour. Chaque jour, dans chaque période de 24 heures, 30 000 enfants meurent de faim et de maladies qu’il serait possible d’éviter. Ce sera le cas en ce jeudi 31 janvier, de minuit à minuit. Et il en sera de même demain, après-demain et les jours suivants : 30 000 enfants mourront, non parce que nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour leur fournir les services de santé, le logement, l’alimentation et l’eau potable dont ils ont besoin, mais parce que le plus gros des ressources de la planète appartient à un très petit nombre de personnes. Voilà la perspective sociale-démocrate très particulière que le NPD présente à la Chambre.
D’après des sondages récents, il n’y a presque pas de différence entre conservateurs et libéraux. Je suis sûr, monsieur le Président, que vous partagez le point de vue selon lequel conservateurs et libéraux adoptent essentiellement la même approche économique de laisser-faire, estimant que tout va très bien. Mais tout ne va pas très bien quand 30 000 enfants meurent chaque jour dans le monde. C’est une crise fondamentale que nous nous devons d’affronter, comme êtres humains et comme parlementaires.
L'inégalité économique que l'on constate dans le monde entier est aussi très présente en Amérique du Nord. Aux États-Unis, on estime qu'elle est retombée au niveau de 1928, avant la nouvelle donne de Franklin Delano Roosevelt, avant la mise en place de la législation sociale sur laquelle se sont construits les États-Unis d'Amérique. Nous sommes retombés, avec le laissez-faire, au niveau de 1928, avant la mise en place de toute cette législation sociale et nous retrouvons maintenant aux États-Unis, comme je le disais, des conditions analogues à celles qu'on constate dans le monde entier, où le niveau et la qualité de vie de la majorité des gens se détériorent.
Au Canada, c'est exactement la même chose. Depuis 1989, nous constatons que le revenu réel de la majorité des familles canadiennes diminue au lieu d'augmenter. Actuellement, la moitié du revenu de la nation est concentrée entre les mains du quintile des contribuables les plus riches. Les élites du Canada se portent mieux que jamais mais le revenu de la majorité des familles canadiennes se détériore. Dans ces conditions, on comprend pourquoi l'endettement a doublé. La plupart des familles canadiennes ont de la difficulté à joindre les deux bouts.
On retrouve ces problèmes mondiaux au coeur même de nos collectivités. Nous constatons au Canada et aux États-Unis la même dégradation du niveau de vie que dans le reste du monde. Cette détérioration mondiale des conditions économiques, excepté dans le cas d'une toute petite élite économique, le jet-set qui se porte mieux que jamais, se traduit directement par des problèmes fondamentaux tels que la traite des personnes.
On ne peut pas fermer les yeux sur le problème de la traite des personnes, le fait que des femmes, des enfants et leurs familles se trouvent dans des situations désespérées qui les mettent à la merci de gangs de criminels dénués de toute conscience, de toute humanité, et incapables de comprendre qu'il est parfaitement inacceptable de maltraiter d'autres êtres humains.
J'en reviens maintenant à ce rapport qui soulève une question fondamentale, en décrivant pourquoi il est si important que le gouvernement agisse avant et non pas pendant les Jeux Olympiques, et pas simplement en se contentant de tenir une conférence de presse, mais en prenant les mesures nécessaires pour empêcher l'apparition chez nous de cette traite des personnes.
Les craintes formulées par la députée de ce matin lorsqu'elle a présenté sa motion d'adoption du rapport de la Chambre des communes étaient parfaitement légitimes. Elles découlent du fait que les Jeux olympiques d'Athènes ont fait augmenter le nombre de victimes de la traite des personnes de près de 100 p. 100. C'est ce qu'on a constaté lors des Jeux olympiques qui se sont tenus en Grèce en 2004. En Allemagne, le nombre de victimes de la traite des personnes a considérablement augmenté lors de la Coupe du monde en 2006.
Il y a donc une tendance qui se dessine, tendance qui est attribuable à la dégradation de la situation économique de la majorité des habitants de notre planète et qui est directement liée à l'affectation des ressources de cette planète aux Jeux olympiques. Nous semblons incapables de trouver les ressources nécessaires pour permettre aux habitants de ce monde de recevoir des soins de santé, d'avoir un foyer, de se nourrir et d'avoir de l'eau potable alors que cela ne représenterait qu'une infime fraction des budgets militaires de la communauté internationale.
Nous avons déjà essentiellement les ressources nécessaires pour faire disparaître les conditions économiques qui sont à la base de la traite et de l'exploitation des personnes. Il est évident que nous disposons de beaucoup d'argent pour les acquisitions militaires un peu partout au monde, et je pense entre autres à l'armée américaine et aux autres forces militaires des pays tant démocratiques que non démocratiques. Nous semblons certainement aussi avoir les ressources nécessaires pour financer des événements sportifs comme la Coupe du monde et les Olympiques. Aussi, compte tenu de tout l'argent qui circule lors de tels événements, cela incite des bandes criminelles à se lancer dans le trafic de personnes, à abuser de victimes innocentes et à profiter de l'argent dégagé pour l'organisation des Jeux Olympiques ou de la Coupe du Monde.
Le rapport publié sous le titre Faster, Higher, Stronger: Preventing Human Trafficking at the 2010 Olympic est très important.
Le Telegraph-Journal de Saint John a publié un excellent article sur ce rapport. Permettez-moi d'en lire quelques extraits avant de parler des recommandations qu'il contient. En grand titre: « Avertissement relatif aux Jeux olympiques de 2010. Le rapport souligne que les jeux pourraient donner lieu à la traite de personnes et au commerce du sexe. Le Future Group, qui a publié le rapport, déclare:
« Le risque de voir les trafiquants tenter de profiter des Olympiques de 2010 est bien réel » a dit la directrice générale de cet organisme non partisan et non gouvernemental, Sabrina Sullivan. Elle a également dit que:
Cet événement pourrait accroître la demande au niveau de la prostitution et permettre aux trafiquants de présenter les victimes comme étant des “visiteurs“.
On y retrouve ensuite une entrevue avec Bud Mercer, sous-commissaire de la GRC et responsable de la sécurité, qui a dit:
—le responsable de la sécurité pour les Olympiques de 2010 a dit plus tôt cette semaine que la question du trafic de personnes pendant les Jeux ne lui avait pas encore été soumise.
“En ce qui me concerne, non, pas encore, a dit le sous-commissaire Bud Mercer lundi au cours d'une entrevue avec La Presse Canadienne.
« Rien ne m'a encore été présenté à ce sujet, mais il ne faut pas oublier que ce n'est que le deuxième jour. »
L'article publié dans le Telegram poursuit en faisant allusion aux Jeux d'Athènes et à l'augmentation de 95 p. 100 de la traite des personnes à cet endroit, ainsi qu'à l'augmentation importante survenue aussi en Allemagne. On y dit:
Même si de nombreux facteurs entrent en jeu, les auteurs du rapport disent qu'il ne faut pas négliger l'existence d'une certaine corrélation entre les Olympiques et l'augmentation du phénomène de la traite des personnes.
« Le Canada est à la traîne, puisque les autorités n'ont pas encore reconnu une seule personne coupable de s'être adonnée à la traite des personnes », a mentionné Benjamin Perrin, auteur principal du rapport et professeur adjoint à la faculté de droit de l'Université de la Colombie-Britannique.
L'article publié dans le Telegram est un bon résumé des remarques formulées dans le rapport du Future Group sur l'importance de faire en sorte que la traite des personnes ne fasse pas partie intégrante des Olympiques de 2010, qu'elle ne fasse pas partie intégrante des conséquences sociales qui pourraient fort bien découler des Jeux si nous ne portons pas une attention particulière à la dimension sociale des Jeux olympiques.
Comme le député de l'a mentionné plus tôt, l'aménagement des installations semble aller bon train, mais il existe une préoccupation réelle selon laquelle nous ne nous occupons pas des facteurs environnementaux liés aux Olympiques, et certainement pas des facteurs sociaux.
C'est là une préoccupation importante pour nous qui vivons dans la vallée du Bas-Fraser, en Colombie-Britannique. Nous sommes préoccupés par des aspects tels que le déplacement des personnes qui sont logées de façon précaire dans la partie est du centre-ville, par un phénomène possible de revalorisation de quartier, ou par le fait que ces personnes très vulnérables soient déplacées. Des préoccupations semblables avaient été formulées lors de la tenue de l'Expo 86. Ce qui est certain, c'est que ni le COVAN ni les autorités gouvernementales n'ont pris de mesures pour donner suite aux préoccupations légitimes liées à l'exploitation et à la traite des personnes dans le cadre de la tenue des Olympiques.
Quelles sont les recommandations formulées par les auteurs du rapport intitulé Faster, Higher, Stronger: Preventing Human Trafficking at the 2010 Olympics? Il est très important que la Chambre des communes tienne compte de ces recommandations, qui portent sur trois volets précis.
Le premier consiste à prévenir la traite des personnes. On parle ici de « prévention ». Puis, il y a la « protection » des victimes. Enfin, le mot « prostitution » est associé à ceux qui s'adonnent à la traite des personnes et à ceux qui ont recours au commerce sexuel.
Un certain nombre d'autres organismes sont préoccupés par la traite des personnes. À cet égard, j'invite les députés à consulter le site humantrafficking.org. On y mentionne très clairement qu'un autre aspect est la réintégration des victimes de la traite des personnes, une fois que celles-ci ont été retracées et libérées de l'emprise des gangs qui les exploitent. La réintégration est un aspect fondamental dont il faut aussi tenir compte. Les organismes qui luttent contre le fléau mondial qu'est la traite des personnes et l'esclavage disent très clairement qu'il faut s'occuper de cet aspect.
Revenons aux trois points relevés dans le rapport relatif aux Jeux olympiques de 2010. Ce dernier porte sur la prévention de la traite des personnes grâce à la collaboration avec les pays d’origine pour s’attaquer aux sources du problème.
J’ai déjà parlé de la question fondamentale de la détérioration de l’économie dans la plus grande partie de la planète. Bien que les élites se portent mieux que jamais, la plupart des habitants de la planète luttent pour survivre au jour le jour. Des milliards de personnes ont du mal à assurer leur subsistance au milieu de tant d’opulence, de richesse et de luxe qui sont à la disposition de si peu d’habitants de la planète.
J’ai déjà dit que nous constatons une détérioration de l’économie aux États-Unis. Ceux qui contrôlent les leviers économiques nous ont ramenés à l’époque de 1928 aux États-Unis et à des degrés d’inégalité semblables ici, au Canada. Les Canadiens les plus pauvres ont en moyenne perdu le revenu d’environ un mois et demi, chaque année, depuis que l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis a été mis en œuvre en 1989. Cette détérioration de l’économie qui se produit depuis 1989 est constante et épouvantable.
Cette détérioration de l’économie qui se produit depuis 1989 est constante et épouvantable. Imaginez-vous qu’en 1989, ceux qui travaillaient pendant toute l’année recevaient le salaire de 12 mois. Aujourd’hui, ils travaillent autant, mais ne reçoivent qu’un revenu réel de dix mois et demi, ce qui explique l’endettement massif des Canadiens moyens. Par conséquent, le fait de prévenir la traite des personnes en s’attaquant aux racines du mal constitue une approche fondamentale dont on doit tenir compte.
Le deuxième point touche à la protection des victimes de la traite des personnes, qui englobe le secours, la réadaptation et, comme je l’ai mentionné, la réinsertion et le rapatriement, puis la poursuite au criminel des trafiquants et de ceux qui participent au commerce du sexe.
Le rapport nous recommande de dissuader les trafiquants et ces éventuels touristes du sexe en organisant des campagnes efficaces de sensibilisation du public avant, pendant et après les Jeux olympiques de 2010. Nous devons commencer bien avant pour dire très clairement que la vallée du Bas-Fraser en Colombie-Britannique, Vancouver et Whistler, est une zone où la traite des personnes n’existe pas. On doit informer la population canadienne et les personnes qui visitent le Canada des lois qui interdisent l’exploitation sexuelle et la traite des personnes. Ce point est important puisque personne n’a été poursuivi, au Canada, pour traite des personnes. Nous devons veiller à ce que la campagne de sensibilisation du public rejoigne tout le monde.
Nous devons perturber les réseaux et poursuivre les trafiquants dans le cadre d'une mobilisation coordonnée et proactive des ressources d'application de la loi à l'échelle municipale, provinciale et fédérale. C'est ainsi que nous pourrons mettre au jour et perturber les réseaux de traite d'envergure nationale et internationale.
Il ne fait aucun doute que des ressources additionnelles seront nécessaires. Le gouvernement s'obstine à consentir des baisses d'impôt aux entreprises, renonçant à 14 milliards de dollars l'automne dernier. Or, c'est justement le type de ressources que les Canadiens demandent au gouvernement d'investir. Il a été question du ralentissement dans les secteurs manufacturier et forestier, et le gouvernement tarde à mettre en oeuvre ce qui est un bien modeste programme d'aide en comparaison aux 14 milliards de dollars qu'il a laissés aux sociétés les plus riches du pays. Le gouvernement a dit qu'il faudra attendre des semaines, voire des mois avant de pouvoir mettre en oeuvre ce programme. Entre-temps, les besoins se font sentir.
Il est insensé de consentir des baisses d'impôt de 14 milliards de dollars aux entreprises lorsqu'on songe aux ressources qu'il faut investir dans nos services de police à l'échelle municipale, provinciale et fédérale pour lutter contre la traite des personnes.
Le troisième volet consiste à prévenir la traite des personnes et à accroître l'intégrité des frontières. Cela signifie que les contrôles à la frontière devront être beaucoup plus efficaces.
Le dernier volet consiste à protéger les victimes de la traite en veillant à leur fournir un logis sûr et convenable, des services de counselling, d'aide juridique et de traduction ainsi que des soins de santé et à leur octroyer le statut de résident temporaire pendant qu'elles se remettent de leurs épreuves.
Voilà tout ce qui doit être fait. Le gouvernement doit passer à l'action dès maintenant. C'est pourquoi je trouve que la députée de a bien fait de proposer la motion d'adoption. La Chambre des communes doit dire au gouvernement, aujourd'hui même, qu'il doit employer les ressources et mettre en place un plan afin de garantir que les Jeux olympiques de Vancouver-Whistler en 2010 ne seront pas le théâtre d'activités liées à la traite des personnes.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre cet après-midi pour exprimer mon point de vue sur cette très importante question.
Je veux remercier la députée d'avoir porté cette question à l'attention de la Chambre parce que la traite des personnes est un acte criminel ignoble qui enlève aux victimes leur liberté et leur dignité humaine et finit par conduire à une vie d'exploitation, habituellement dans l'industrie du sexe ou dans des situations de travail forcé. Ces gens sont contraints de se laisser entraîner dans ce genre de vie, souvent par suite d'agressions violentes ou de menaces à leur famille.
Je tiens aussi à rappeler aux députés de l'opposition qu'ils n'ont pas le monopole de la sollicitude et de la compassion à l'égard des Canadiens.
J'aimerais prendre le temps d'expliquer le rôle que jouent nos services de sécurité publique dans la lutte contre ce crime au Canada et à l'étranger, sous la direction du
Le gouvernement du Canada a adopté une approche de collaboration à l'égard de la traite des personnes. Le gouvernement a fait du groupe de travail interministériel sur la traite des personnes le centre nerveux permettant de coordonner tous les efforts de lutte contre la traite des personnes au niveau fédéral. Ce groupe de travail, qui réunit 16 ministères et organismes, est le bassin central de l'expertise fédérale dans ce domaine. Il s'emploie à renforcer les initiatives fédérales grâce à l'élaboration d'une politique gouvernementale en matière de traite des personnes, à l'échange de renseignements et à la facilitation de la coopération nationale et internationale.
Nous collaborons aussi avec les provinces et territoires pour réagir à ce problème. Par exemple, nous nous servons de divers réseaux fédéraux, provinciaux et territoriaux, notamment les ministres FPT responsables de la justice, les procureurs en chef FPT, le Comité de coordination des hauts fonctionnaires -- Justice pénale et les organismes FPT s'occupant des questions concernant les victimes.
La stratégie adoptée par le gouvernement fédéral pour lutter contre ce crime odieux correspond à ce qui se fait dans d'autres pays. Elle reflète le consensus qui existe à l'égard de la nécessité d'une approche multidisciplinaire et multisectorielle.
Essentiellement, la stratégie du gouvernement comporte divers aspects visant la prévention, la protection des victimes et les poursuites judiciaires contre les auteurs de ce crime. Le gouvernement est déterminé à lutter contre ce crime chez nous comme à l'étranger.
Les victimes peuvent être exploitées au Canada ou transportées vers des destinations aux États-Unis en passant par le Canada. C'est un grand défi à relever, mais, heureusement, nos services de sécurité publique travaillent diligemment pour lutter contre ce crime.
La Gendarmerie royale du Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, jouent un rôle crucial dans la lutte contre la traite des personnes. Par exemple, la GRC a créé le Centre national de coordination contre la traite des personnes dont la vocation est, d'une part, de coordonner les efforts du gouvernement fédéral en matière d'application de la loi visant à lutter contre la traite des personnes et, d'autre part, d'offrir de la formation.
Le centre offre entre autres une formation spécialisée pour l'application de la loi, il produit du matériel de sensibilisation, par exemple un nouveau vidéo de sensibilisation, destiné aux services de police municipaux, provinciaux, fédéraux et internationaux, pour les aider à identifier des victimes et des trafiquants, et il bâtit un vaste réseau de partenariats avec des organismes nationaux et internationaux. Enfin, grâce à une équipe d'analystes disséminés un peu partout au Canada, il collecte et partage de l'information et des renseignements de sécurité pertinents à l'échelle nationale et internationale, pour aider les services policiers canadiens et étrangers à coordonner leur approche.
Pour sa part, l'ASFC contribue grandement à la lutte contre la traite des personnes en assurant l'application de la loi à divers ports d'entrée, mais plus encore, l'ASFC s'emploie à repérer et à intercepter les personnes inadmissibles avant qu'elles n'arrivent au Canada. L'ASFC agit de façon proactive en faisant de la recherche et en s'assurant, dans la mesure du possible, de la présence de freins et de contrepoids avant que les clandestins n'arrivent chez nous.
L'ASFC surveille la migration légitime vers le Canada et publie régulièrement des analyses de renseignements de sécurité, qui précisent les tendances et les pratiques en matière de migration clandestine et d'actes criminels liés à la migration, notamment la traite des personnes.
L'ASFC s'acquitte également de nombreuses tâches pour empêcher l'entrée de victimes, par exemple en empêchant leur transport vers le Canada et en dissuadant les organisations trafiquantes de cibler le Canada comme pays de destination ou de transit.
À l'étranger, le réseau des agents en intégrité des mouvements migratoires de l'ASFC collabore avec les services de la sécurité aérienne et les autorités locales dans 39 pays, pour prévenir la migration clandestine, notamment le passage de clandestins, en prenant des mesures pour intercepter les individus avant qu'ils n'arrivent au Canada.
Les agents de renseignement de l'Agence des services frontaliers du Canada travaillent également avec leurs partenaires canadiens et américains et avec les équipes intégrées de la police des frontières, les EIPF, qui adoptent une approche spécialisée et harmonisée pour lutter contre l'activité criminelle transfrontalière. Ces équipes sont stratégiquement déployées à nos frontières communes pour dépister et arrêter les personnes qui commettent des activités illégales, ce qui comprend le passage de clandestins et la traite des personnes.
Les équipes intégrées du renseignement des frontières viennent également en aide aux EIPF et aux organismes affiliés en réunissant, analysant et diffusant des renseignements tactiques, des renseignements d'enquête et des renseignements stratégiques ayant trait à la criminalité transfrontalière entre le Canada et les États-Unis. Ces renseignements sont ensuite partagés avec les services participants afin de cibler les organismes internationaux, nationaux et criminels, un autre bon exemple d'approche intégrée, coordonnée et unifiée.
Pour lutter efficacement contre le trafic de personnes, le gouvernement fournit des ressources supplémentaires aux services d'application de la loi et encourage le perfectionnement de leurs membres. L'exploitation des enfants est l'un des pires aspects du problème de la traite des personnes.
Comme plusieurs intervenants l'ont souligné aujourd'hui, le pire, c'est lorsqu'on s'attaque aux enfants. Notre gouvernement a donc prévu dans le budget de 2007 un montant supplémentaire de 6 millions de dollars pour renforcer les mesures actuelles permettant de lutter contre le trafic et l'exploitation sexuelle des enfants.
Parmi les initiatives qui portent précisément sur la traite des personnes, notons le renforcement de nos capacités en matière d'application de la loi pour lutter contre ce trafic, la sensibilisation du public, des programmes d'information et de sensibilisation en matière de lutte contre la traite des personnes et la collaboration avec l'association canadienne Échec au crime dans le but de lancer une campagne nationale sur la traite des personnes et d'offrir un guichet central où signaler des cas possibles de traite des personnes.
On retrouve dans le centre de l'Okanagan et ailleurs dans la région que je représente, Kelowna—Lake Country, un grand nombre d'organismes d'échec au crime dont les efforts ont été reconnus à l'échelle internationale. J'aimerais donc les féliciter de leurs efforts coordonnés visant à aider à réduire la traite des personnes et à identifier les responsables de ce trafic en Colombie-Britannique, au Canada en général et ailleurs au monde.
Je viens moi-même de la Colombie-Britannique et toute cette question me préoccupe au plus haut point. Mercredi prochain, le compte à rebours marquera deux ans avant le début des Olympiques. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour tenter d'arrêter la traite des personnes, non seulement pour 2010, mais dès maintenant et pour toujours.
Certaines initiatives prévoient la réalisation de recherches en vue d'évaluer les conséquences du trafic et de l'exploitation sexuelle des enfants et les répercussions que tout cela risque d'entraîner pour les Autochtones et les collectivités de minorité visible, et de venir en aide aux personnes et aux communautés dont le statut socio-économique entrave la prospérité et augmente les risques de victimisation.
Bien sûr, le financement est important, mais la formation nécessaire pour que nos gens sachent comment lutter contre ce crime l’est encore plus. C’est la raison pour laquelle, par exemple, en novembre 2007, des responsables de la GRC, de Justice Canada, du Service des poursuites pénales du Canada, de Citoyenneté et Immigration Canada et de l’ASFC ont organisé quatre ateliers intensifs d’une journée en Alberta sur le trafic des personnes, à l’intention d’agents de la GRC, de membres de services de police municipaux et d’agents des services frontaliers et de l’immigration ainsi que de fournisseurs de services aux victimes. Ces ateliers se fondaient sur des réunions du même genre organisées à Toronto et ailleurs.
J’ai eu le privilège d’assister à un atelier donné dans ma propre circonscription à diverses organisations locales et provinciales qui s’intéressent de près au trafic des personnes. L’atelier était organisé par un membre de la GRC. L’assistance était nombreuse à cette excellente réunion éducative, qui constitue un exemple de ce que nous essayons de faire pour mieux sensibiliser tous les Canadiens à ce crime horrible.
La GRC et l’ASFC continuent à donner de la formation à leurs agents dans ce domaine en s’appuyant sur toute une gamme de matériels de documentation, y compris des modules d’apprentissage assisté par ordinateur, des vidéos, des trousses d’outils et des cartes de référence.
Je voudrais dire en conclusion que le trafic des personnes est un crime abominable. Nous avons adopté une approche polyvalente pour le combattre, ce qui commence à donner des résultats. À la mi-janvier, par exemple, la police torontoise a arrêté quatre individus soupçonnés d’appartenir à un réseau de trafiquants. De telles arrestations donnent aux organismes de mise en vigueur de la loi l’espoir de réussir un jour à enrayer le trafic des personnes.
En ayant discuté avec des membres de la GRC, je sais qu’ils trouvent la situation actuelle très décourageante. Ils font de grands efforts, mais lorsqu’ils se présentent devant les tribunaux, les accusés s’en sortent souvent en invoquant des points de procédure. Le gouvernement et tous les représentants élus doivent prendre l’initiative de donner aux responsables les moyens d’assurer la sécurité de nos collectivités et de traduire en justice les trafiquants.
Fait encore plus important, les mesures prises donneront aux victimes de l’espoir parce qu’elles pourront constater que quelqu’un essaie de mettre fin à leurs épreuves. Elles donneront également de l’espoir aux agents de la GRC et aux organismes communautaires qui combattent le trafic des personnes. Elles donneront de l’espoir à nos enfants, qui représentent notre avenir.
À titre de député de Kelowna–Lake Country, je voudrais remercier la députée qui a présenté cette question à la Chambre. Je m’inquiète cependant du fait que notre gouvernement travaille avec diligence de concert avec tous ces organismes pour essayer de faire adopter des mesures législatives telles que le projet de loi , qui traîne encore au Sénat à l’heure actuelle. Nous aimerions voir les partis d’opposition, et particulièrement les libéraux, coopérer davantage pour que leurs membres à l’autre endroit adoptent ces mesures législatives. Un autre article de l’ordre du jour d’aujourd’hui, le projet de loi traitant des certificats de sécurité, est retardé par cette motion d’adoption.
J’espère que nous pourrons tous convenir qu’il est nécessaire de collaborer davantage et d’amener les deux Chambres à agir en faveur d’un Canada plus fort, plus sécuritaire et meilleur.
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Monsieur le Président, tous ceux qui ont lu l'ouvrage de Victor Malarek,
The Natashas: Inside the New Global Sex Trade, ont probablement été horrifiés de constater l'ampleur du commerce du sexe et de l'esclavage sexuel sur la planète.
On parle souvent d'esclavage sexuel et de la traite de personnes, mais dans une certaine mesure, le Canada traite les victimes comme des criminels plutôt que comme des personnes qui ont besoin de protection. Dans la loi actuelle, les seules dispositions concernant la traite de personnes font de cette activité une infraction criminelle et recommandent la détention des victimes. Aucune disposition de la loi ne protège les droits fondamentaux de ces victimes.
Il a été dit aujourd'hui qu'on fait principalement la traite de femmes et d'enfants, pas exclusivement, mais principalement. Or, les enfants sont les êtres qui ont le plus besoin d'être protégés. Nous avons besoin de mesures spéciales prenant en considération la vulnérabilité et les besoins des enfants.
Nous savons qu'il y a des personnes qui s'adonnent au commerce du sexe et qui en éprouvent de la honte. Ces personnes n'agissent pas par choix. Elles ont souvent besoin d'un environnement sûr leur permettant de se rétablir et de réfléchir à ce qu'elles feront par la suite. C'est pour cette raison qu'une mesure législative doit renfermer une disposition prévoyant la protection immédiate de ces personnes, disposition qui ne saurait être discrétionnaire.
Certes, parmi les victimes, d'aucunes choisissent de rentrer dans leur pays. En revanche, en raison des difficultés qui les attendent, d'autres ne veulent pas rentrer dans leur pays, car elles pourraient s'y sentir rejetées, surtout si elles ont travaillé dans l'industrie du sexe. Elles peuvent craindre des représailles de la part des trafiquants, qui sont peut-être encore dans leur village. Elles peuvent courir le risque d'être de nouveau soumises à la traite de personnes. Il arrive que les victimes perdent leur capacité de décider par elles-mêmes ce qu'elles veulent faire de leur vie. C'est pourquoi il est difficile de leur demander de faire un choix dans une courte période de temps.
La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ne mentionne pas les personnes sous l'emprise d'un trafiquant. Celles-ci ne sont mentionnées que dans le Règlement, qui énumère les facteurs à prendre en considération pour la détention des personnes victimes de la traite, y compris les enfants. La loi ne renferme aucune disposition qui protège expressément les droits des victimes de la traite de personnes.
Au nombre des modifications apportées en 2006, il y a le permis de protection temporaire. La validité de ce permis peut être prolongée jusqu'à 180 jours, mais ses détenteurs n'ont pas le droit de présenter une demande de résidence permanente au Canada. Ces personnes ont besoin d'une solution de rechange. Elles ont besoin de savoir qu'elles peuvent décider de devenir des résidents permanents. Nous devons trouver des façons de protéger ces personnes. Pourquoi? Parce qu'elles sont dans un état de vulnérabilité extrême.
Il faut tenir compte de certains facteurs quand nous déterminons si une victime de la traite de personnes a des motifs raisonnables de demeurer au Canada. Il faut examiner ses allégations et les faits entourant son arrivée au pays. Nous pourrions écouter les observations formulées par des organisations non gouvernementales crédibles qui croient que la personne a été victime de traite. Nous devons offrir aux victimes une protection, des choix et de l'espoir.
Si la victime est un enfant, il devrait incomber à l'agent d'immigration de veiller à ce qu'il soit placé immédiatement sous la tutelle des services de protection de l'enfance et à ce qu'il ait accès aux services nécessaires, comme le counselling. C'est extrêmement important. Les enfants victimes doivent se remettre. S'ils n'obtiennent pas de services de counselling, souvent, ils ne savent pas quoi faire. Le counselling a une grande importance. Le permis temporaire devrait durer six mois ou, si les circonstances le justifient, nous devrions permettre aux victimes de demeurer au Canada.
Je pense qu'il serait important que nous disposions de lignes directrices afin que les agents d'exécution interrogent ces femmes ou ces enfants de manière sensible. Nous pourrions aussi permettre à la personne d'être accompagnée d'un représentant d'une organisation non gouvernementale. Ainsi, la personne aurait quelqu'un pour défendre ses intérêts si elle le souhaite, quelqu'un qui l'aide et sur qui elle peut compter, quelqu'un qui sait et qui comprend ce qu'elle vit. La formation est importante, de même que la possibilité d'avoir quelqu'un qui défend les intérêts de la victime.
L'autre aspect se rapporte à la protection permanente pour s'assurer que ces personnes ne risquent pas de se retrouver dans la même situation. Dans son livre, M. Malarek parle de cas où, une fois retournées dans leur village ou leur pays, des victimes sont retombées entre les mains de gens qui s'en prennent continuellement aux plus vulnérables dans ces villages et petites villes et se sont encore retrouvées dans le commerce du sexe.
Il faudrait un soutien psychologique, comme j'ai indiqué. Il faudrait aussi pouvoir offrir, par exemple, un refuge sécuritaire à ces personnes. Nous savons qu'elles ont besoin qu'on les aide à se loger. C'est un volet de l'intervention qui doit être créé, mis en oeuvre et financé.
Les victimes de la traite devraient être exemptées de tous les frais, non seulement les frais de demande de protection, mais aussi les frais relatifs au droit de résidence permanente. Elles pourraient être considérées comme des personnes protégées. La loi doit également être modifiée en conséquence, car, à l'heure actuelle, il n'en va pas ainsi. Les femmes qui ont souffert de la violence doivent encore payer les frais de demande de protection et la taxe d'établissement; or, souvent, ces gens sont absolument sans ressources et n'ont pas les moyens de régler ces sommes. Ces personnes sont souvent très craintives aussi.
Nous devons également modifier la définition de la catégorie de la famille aux fins de la réunion des familles de manière à ce que les victimes de la traite aient le droit d'inclure des membres de leur famille habitant ici au Canada ou à l'étranger parmi les personnes protégées, et que, si elles ont des enfants, elles puissent les faire entrer au Canada.
Pour ce qui est de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, nous devons également modifier l'article 133 afin de protéger les victimes de la traite de toute poursuite pour des infractions liées à leur entrée au Canada, à défaut de quoi, elles auraient trop peur de faire des démarches et toutes les lois que nous pourrions avoir seraient sans effet. À l'heure actuelle, nous permettons aux réfugiés de rester au Canada même s'ils ont pu commettre une infraction pour entrer au pays. Cette modification est d'une importance capitale.
Il y a également une modification importante qui concerne l'article 245 du règlement d'application de la Loi sur l'immigration portant sur le risque de fuite, ainsi que l'article 249 portant sur les « éléments particuliers à prendre en compte pour la détention des mineurs », et qui vise à supprimer toute mention de lien avec la traite comme motif de détention.
Si nous n'agissons pas de la sorte dès maintenant et si nous ne modifions pas la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, le résultat sera celui que nous constatons à l'heure actuelle. Nous avons pu l'observer à l'été de 2007. Puisque les règles et les règlements modifiés en mai 2006 ont un caractère discrétionnaire, il arrive qu'ils ne soient pas appliqués à des victimes de la traite des personnes, puisqu'elles leur imposent un fardeau de preuve déraisonnable. La participation obligatoire des autorités policières finit par dissuader certaines de ces victimes de faire une demande.
Malgré l'introduction des lignes directrices, nous avons appris durant l'été de 2007 qu'une femme avait été appréhendée à la frontière entre le Canada et les États-Unis en dépit du fait que les fonctionnaires canadiens l'avaient identifiée comme victime de la traite des personnes. On ne lui a jamais offert un permis de séjour temporaire. Elle a été détenue et déportée avant de pouvoir rencontrer un avocat. Il s'agit là d'un cas où nous aurions pu aider la personne, mais nous en avons perdu l'occasion parce que nous n'avions pas modifié de façon opportune la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
À l'heure actuelle, le seul projet de loi qui est devant le Comité de l'immigration est le , qui ne propose pas la totalité de ces changements. Il ne règle pas les problèmes qui ont été constatés. Il nous faut absolument effectuer ces changements dès maintenant. Ils doivent être considérés prioritaires, de manière à ce que nous puissions faire savoir clairement qu'une politique permanente a été établie pour protéger les victimes de la traite des personnes.
Pour ce qui est des activités à l'étranger, un manuel d'instructions concernant les activités d'immigration est en rédaction depuis deux ans mais n'est pas encore prêt. Il s'agit du manuel IP9, qui vise notamment les soi-disant experts-conseils, qui sont en réalité des recruteurs. Ce sont les personnes qui font franchir les frontières à des femmes et des enfants pour les faire participer dans l'illégalité au commerce du sexe. Il faut punir ces gens. Il faut les mettre en accusation. Cependant, à l'heure actuelle, il n'existe aucun manuel d'instructions pour les agents d'immigration qui leur permettrait d'être à l'affût pour pouvoir détecter les recruteurs de ce genre et les experts-conseils sans scrupules.
Chaque année, en moyenne, environ 110 000 travailleurs étrangers entrent au Canada. Certains d'entre eux sont recrutés par ces experts-conseils sans scrupules et pourtant le Centre d'Immigration du Canada est doté d'un secrétariat et d'un employé à temps partiel qui n'a aucun pouvoir parce qu'il relève du ministère de l'Immigration du Canada et non pas de l'Agence des services frontaliers du Canada. Jusqu'à maintenant, personne n'a été accusé, reconnu coupable ou emprisonné pour avoir fait la traite des personnes.
Par conséquent, le message que nous envoyons n'est pas très clair. Nous voulons punir les responsables de la traite de personnes, mais nos agents à l'étranger n'ont pas suffisamment d'instructions et de formation. Au Canada, il n'y a aucune coordination. On ne sait pas exactement si c'est le ministère de l'Immigration, la GRC, le SCRS ou l'ASFC qui est responsable. Le petit secrétariat dont j'ai parlé où travaille une personne à temps partiel est incapable de faire tout ce qu'il faut faire. La voie hiérarchique est peu claire. Presque aucun des cas et des plaintes enregistrés n'ont fait l'objet d'une procédure judiciaire, et il n'y a eu aucune condamnation.
Tout bien considéré, il faut non seulement protéger les gens qui sont au Canada, mais aussi demander aux bureaux d'immigration et aux ambassades à l'étranger de s'attaquer à la source du problème. Il faut que les agents d'immigration sachent à qui rendre des comptes. Il faut que des accusations soient portées afin que nous puissions obtenir des condamnations.
J'ai brièvement parlé du besoin de refuges et d'hébergement où les victimes se sentiront en sécurité. Il arrive que des femmes souhaitant s'enfuir d'un milieu où elles se font exploiter ne puissent trouver asile. Elles ne peuvent obtenir d'aide juridique car les unités chargées des agressions sexuelles ne sont pas suffisamment financées.
Au centre-ville de Toronto, par exemple, il y a des organismes qui, sans financement permanent, viennent en aide aux jeunes sans-abris. Chaque année, ils doivent faire une demande de financement. Ils n'ont pas suffisamment de fonds pour offrir des services de counselling ou de défense aux victimes du commerce des esclaves sexuels.
J'invite les députés qui souhaitent en savoir plus à se rendre sur le site trafficking.ca, qui a été créé par le Conseil canadien pour les réfugiés. Il contient beaucoup de renseignements. On y définit la traite de personnes et on y formule des recommandations. Des discussions ont eu lieu sur la question dans le pays entier. Certaines mesures législatives contribueraient beaucoup à la lutte contre le problème. Nous devons veiller dès maintenant à ce qu'elles deviennent réalité.J'espère que nous prendrons des mesures immédiatement au lieu d'attendre l'arrivée des Jeux Olympiques au Canada.