:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'ouvrir ce débat à la Chambre des communes et je suis très reconnaissant à mon collègue, le leader du gouvernement et , de donner la priorité à cette question et d'envoyer un message clair au sujet de cette très importante mesure législative du gouvernement.
Pour montrer à quel point elle est importante, je vais répéter ce que j'ai dit à la Chambre aux étapes de la deuxième et de la troisième lectures du projet de loi . J'ai dit que la lutte contre les crimes violents et les dispositions de cette mesure législative étaient si importantes pour le gouvernement que si on tentait de saboter cette dernière, de la faire dérailler ou de la vider de son sens, nous en ferions une question de confiance.
J'étais content que le projet de loi ait été adopté par la Chambre des communes en novembre dernier puis envoyé au Sénat. Fait intéressant, bon nombre de gens rencontrés durant le congé des Fêtes m'ont félicité de l'adoption du projet de loi et m'ont dit que je devais en être heureux. J'ai répondu qu'il avait été adopté par la Chambre des communes, mais pas encore par Sénat, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
Néanmoins, je demeurais optimiste. Je voulais que le projet de loi soit adopté. Nous étions en janvier 2008 et cette mesure était au Sénat depuis la fin de novembre.
Un événement qui m'a rendu nerveux c'est lorsque le premier ministre libéral de l'Ontario, M. Dalton McGuinty, a dit au qu'il souhaitait que le projet de loi soit adopté, parce que c'était une bonne mesure pour l'Ontario et que celle-ci jouissait de l'appui d'un bon nombre d'Ontariens et, en fait, de Canadiens d'un océan à l'autre.
J'ai commencé à être vraiment nerveux lorsque le a hésité et tergiversé, lorsqu'il a dit ne pas être convaincu au sujet des peines d'emprisonnement obligatoires pour les personnes qui commettent des infractions graves avec des armes à feu, parce que j'ai eu le sentiment que le pourrait faire appel au Sénat pour accomplir la sale besogne qu'il ne voulait pas faire à la Chambre des communes. À mon avis, un tel comportement est très répréhensible.
Il y a deux semaines, j'étais prêt à rencontrer le Comité sénatorial, et j'étais censé le faire afin de discuter des points soulevés, mais ma comparution a été annulée. Le comité a dit que mon témoignage pouvait attendre encore une semaine. Par conséquent, j'ai rencontré les membres du comité mercredi dernier et je leur ai dit très clairement que l'étude du projet de loi durait depuis longtemps et que celui-ci traitait de questions importantes pour les Canadiens.
J'ai été très franc avec eux, tout comme ceux-ci l'ont été avec moi. Je leur ai dit que si le projet de loi ne pouvait être adopté d'ici la fin du mois, si le comité ne pouvait accélérer l'étude de cette mesure de façon à ce qu'elle soit adoptée d'ici la fin de février, je n'aurais d'autre choix que d'informer le que, selon moi, ce projet de loi devrait faire l'objet d'un vote de confiance, et je laisserais le dossier entre ses mains compétentes.
Nous n'avons pas reçu le genre d'appui que nous aurions aimé obtenir de la part des libéraux à la Chambre des communes, et nous ne recevons pas non plus ce genre d'appui de la part des libéraux au Sénat à l'heure actuelle. C'est regrettable, parce que j'ai été très transparent relativement à ce projet de loi.
Le Sénat a déjà été saisi du contenu du projet de loi. Il a déjà été saisi des dispositions qui protégeraient les jeunes de 14 et 15 ans des prédateurs sexuels adultes. Je me souviens que le Sénat ne les a pas adoptées en juin dernier. Je me souviens d'avoir parlé à un journaliste de ma localité, Niagara Falls, et de m'être dit déçu que les jeunes de 14 et 15 ans ne soient pas aussi bien protégés qu'ils le devraient des prédateurs sexuels adultes parce que le projet de loi n'avait pas été adopté par le Sénat.
C'était à l'été 2007. Lorsque je suis retourné chez moi pour Noël, les dispositions qui visent à protéger les jeunes de 14 et 15 ans et qui figurent dans le projet de loi sur la lutte contre les crimes violents reposaient encore et toujours entre les mains du Sénat, alors j'ai répété la même chose. Les jeunes de 14 et 15 ans ne sont pas aussi bien protégés qu'ils le devraient au pays. C'est une honte.
Je ne peux que constater les tergiversations du dans ses échanges avec son collègue, le premier ministre libéral de l'Ontario. Ce dernier n'a pas l'habitude de nous aider à faire adopter nos projets de loi. Il a ses propres motivations. Toutefois, y a-t-il quelqu'un au pays qui pense que le premier ministre libéral de l'Ontario intervient tout simplement pour aider les conservateurs fédéraux? Je ne le crois pas. Il le fait parce que c'est la chose à faire.
Je dis aux députés du Parti libéral qu'ils n'ont pas à m'écouter. Nous avons clairement fait ressortir l'importance que nous accordons à ces dispositions. Les libéraux devraient écouter certains de leurs collègues. M. Chomiak, procureur général du Manitoba, m'a dit à maintes occasions à quel point il trouve ces dispositions importantes. Il l'a dit sans équivoque. Nous ne sommes pas de la même allégeance politique, mais nous partageons certaines inquiétudes en matière de criminalité.
Comme je l'ai dit aux députés de l'opposition, on ne lutte pas contre le crime uniquement lorsqu'il y a une catastrophe ou un meurtre dans les rues de nos grandes villes. Ce n'est pas à ce moment-là que l'on doit préconiser des mesures de lutte contre les crimes violents. Ce n'est pas quelque chose qui peut attendre jusqu'aux élections. En période électorale, tout le monde dit vouloir sévir contre le crime. Il faut pourtant sévir entre les élections. C'est ce que je veux voir. Nous devrions défendre les Canadiens qui respectent la loi, les victimes, et ce, entre les élections.
C'est ce que je demande aux députés de faire et c'est pourquoi je suis si ravi que mon collègue, le , ait abordé cette question très importante.
Nous avons été très clairs depuis le début de notre démarche. Nous avons fait de cette question une priorité dès le début de 2006. Dans le tout premier discours du Trône que nous avons présenté au Parlement, nous avons dit que la lutte contre les crimes violents était prioritaire pour nous et que les victimes passaient en premier. Nous voulons que les Canadiens sachent qu'il y a un groupe de personnes au Parlement qui sont là pour défendre les gens honnêtes, parce que ces gens se font du souci pour leur milieu de vie, trouvent que les rues ne sont pas sûres et voient que des personnes sont parfois oubliées lorsque des crimes sont commis.
Je suis très heureux et très fier d'avoir proposé les dispositions créant le poste de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels. Mes collègues se sont joints à moi et aux autres députés ministériels pour faire avancer le projet. Pourquoi? Parce que tout le monde a son défenseur par les temps qui courent. On ne compte plus les groupes d'intérêts, tellement il y en a. Oui mais voilà, m'ont dit mes collègues, qui est-ce qui s'occupe de défendre les victimes de crime? Existe-t-il quelqu'un dont ce soit la responsabilité?
Personne ne défendait les victimes jusqu'à ce que le gouvernement conservateur mette sur pied le Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels et nomme le premier ombudsman. C'est un progrès énorme pour défendre les victimes, qui sont parfois oubliées.
Je crois que les Canadiens appuient l'approche adoptée par les conservateurs fédéraux, par notre gouvernement. Un sondage qui a été effectué par la firme Strategic Counsel pour le compte de CTV et dont les résultats ont été annoncés la semaine dernière m'a semblé plus que révélateur. La majorité des Canadiens interrogés se sont dits d'avis que le système de justice du Canada était trop clément envers les récidivistes. Voilà qui renforce le point de vue que nous défendons, de ce côté-ci de la Chambre, à savoir que le système de justice pénale du pays doit répondre aux attentes légitimes des Canadiens.
Au début de mon intervention, j'ai indiqué que le premier ministre libéral de l'Ontario nous appuyait. M. Chomiak, le procureur général du Manitoba, un néo-démocrate, nous appuie lui aussi. Nous avons bénéficié d'un très bon appui de la part du ministre de la Justice de la Nouvelle-Écosse, M. Murray Scott, ainsi que de la part de son successeur. Il souscrit entièrement à ce que nous essayons de faire. D'un bout à l'autre du pays, il y a des gens qui, sur la scène provinciale, se sont montrés ouvertement très favorables à un projet de loi de ce genre.
Le projet de loi sur la lutte contre les crimes violents comporte de nombreux éléments. D'autres groupes se sont aussi manifestés, entre autres, l'organisme Les mères contre l'alcool au volant, ou MADD, qui voudrait que ce projet de loi soit adopté et devienne loi. L'Association canadienne des policiers, la Police d'Ottawa, le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, le Centre de sensibilisation à la toxicomanie ainsi que des milliers de Canadiens dans l'ensemble du pays ont écrit pour dire qu'ils voudraient que ce projet de loi soit adopté.
Nous ne demandons pas au Parlement d'adopter quelque chose qu'il n'a pas eu l'occasion d'étudier en détail. À maintes reprises, j'ai fait remarquer que le Parlement est saisi de chaque élément du projet de loi depuis 2006, sans compter 2007. Le Parlement est saisi de chacun d'entre eux depuis 2006.
L'un des premiers projets de loi que nous avons présentés prévoyait des peines d'emprisonnement obligatoires pour les crimes graves commis avec une arme à feu. En ce qui concerne l'âge de la protection, nous avons recommandé des changements en 2006. Le Parlement est saisi depuis déjà un bon moment des dispositions relatives aux délinquants dangereux, à la conduite avec facultés affaiblies et à l'inversion du fardeau de la preuve pour les libérations sous caution dans le cas de crimes graves commis avec une arme à feu.
Il n'y a là rien de nouveau. Les gens disent que nous essayons de faire adopter rapidement ce projet de loi. Ce n'est pas le cas. Nous en sommes saisis depuis déjà longtemps, trop longtemps. Il devrait déjà être en vigueur.
Quand les gens me demandent pourquoi nous avons réunis tous ces éléments, je dis que c'est très simple. Nous n'avons pas réussi à les faire adopter lorsqu'ils faisaient l'objet de cinq projets de loi séparés. La moitié des dispositions ont été rejetées par le Sénat. Rien ne s'est produit. Les sénateurs sont rentrés chez eux pour l'été sans que ces mesures aient été adoptées, au détriment des Canadiens je pense, tandis que les autres projets de loi étaient encore à la Chambre des communes.
À l'automne 2007, étant donné qu'aucun des cinq projets de loi n'avait été adopté, j'ai dit,« combinons-les et attendons de voir comment les choses se dérouleront ». Nous avons fait ressortir l'importance de cette mesure en indiquant au gouvernement que nous serions prêts à envisager la tenue d'un vote de confiance si on tentait de saboter le projet de loi.
Que proposons-nous? Que demandons-nous aux Canadiens d'accepter? Les Canadiens sont d'accord avec nous, mais que demandons-nous à la Chambre et au Sénat d'accepter? Faisons le survol de quelques-unes des dispositions de la mesure.
Nous savons qu'il y a une augmentation du nombre de cas de possession et d'utilisation illégales d'armes à feu par des personnes associées à des bandes criminelles. Nous proposons d'imposer une peine obligatoire de cinq ans aux personnes reconnues coupable d'utilisation d'une arme à feu ou d'association à une bande criminelle. Pour quelles infractions? Pour tentative de meurtre, agression sexuelle armée, agression sexuelle grave, enlèvement, vol qualifié, extorsion et prise d'otages. Ce ne sont pas des infractions mineures.
J'étais dans cette enceinte lors de la présentation du projet de loi. Un député de l'opposition m'a dit qu'il ne comprenait pas que dans de nombreux cas les auteurs de ces infractions ne soient pas conscient des conséquences de leurs actes. Je lui ai alors dit, « c'est à ce niveau-là que je veux faire changer les choses ».
Nous voulons nous assurer que les auteurs potentiels d'infractions graves commises avec une arme à feu réfléchissent aux conséquences de leurs actes avant de commettre leurs méfaits. Nous sommes prêts à aller de l'avant et tout délinquant qui n'aura pas compris le message après s'être vu imposer une peine de cinq ans se verra imposer une peine de sept ans s'il récidive. C'est ce que les Canadiens veulent.
Lorsqu'il lisent des reportages au sujet d'incidents dans nos grandes villes où des gens sont abattus d'une balle tirée d'une voiture en marche, les Canadiens réclament ce type de mesure. Je leur répète que le Parlement du Canada est déjà saisi d'une mesure dans ce sens. Notre travail consiste à faire adopter cette mesure. Nous demandons au Parlement de l'adopter.
Nous allons renforcer les dispositions en matière de libération sous caution pour les infractions commises avec des armes à feu. Nous faisons en sorte qu'il incombe aux personnes accusées d'une infraction commise avec une arme à feu de prouver qu'elles ne constituent pas une menace pour la sécurité publique et qu'elles ne s'enfuiront pas avant leur procès.
Pourquoi est-ce nécessaire? Pour de nombreuses raisons. J'estime que c'est uniquement une question d'équité. Si une personne souhaite participer à des crimes graves mettant en cause des armes à feu, si une personne est reconnue comme participant régulièrement à ce genre de crimes ou si une personne est mêlée à des activités liées aux armes à feu et aux gangs criminels, particulièrement dans les grandes villes canadiennes, qu'y a-t-il de mal à exiger qu'elle prouve pourquoi elle devrait être remise en liberté?
Cette disposition particulière a une conséquence intéressante. Certains agents de police, à Montréal et à Toronto, ainsi que des organismes d'application de la loi, ont fait des commentaires très intéressants au sujet de cette disposition. Ils m'ont dit qu'elle enverrait le message approprié. Ils affirment que, si on libère trop rapidement des individus reconnus comme étant liés à des gangs criminels ou ayant commis des actes criminels graves avec une arme à feu, cela pose un problème.
Cela envoie tout à fait le mauvais message à la victime et aux témoins potentiels. Il va sans dire que si l'individu est libéré, cela envoie également le mauvais message aux gens du quartier. Cette disposition répond exactement à nos besoins et aux souhaits des Canadiens. Nous sommes déterminés à la mettre en oeuvre.
Au début de mon intervention, j'ai indiqué, comme je l'ai fait à maintes reprises, qu'une des dispositions importantes de cette mesure législative fera passer l'âge de la protection au Canada de 14 à 16 ans. Les Canadiens demandent pourquoi cela n'a pas été fait auparavant. Je leur réponds en toute franchise que ce n'est pas au XXe siècle qu'il aurait fallu effectuer ce changement, mais bien au XIXe siècle.
Cette situation dure depuis tout ce temps et elle permet aux prédateurs sexuels adultes de s'attaquer à des adolescents d'à peine 14 ou 15 ans. C'est carrément répréhensible. C'est exactement ce à quoi notre parti doit s'opposer et c'est précisément ce qu'il fait.
Un agent de police m'a donné un exemple. Il m'a dit qu'ils avaient vu le cas d'un Texan d'une quarantaine d'années qui avait amorcé une correspondance par courriel avec une jeune fille de 14 ans. Il est venu au Canada et a eu des relations sexuelles avec cette jeune fille, mais la police ne peut rien faire.
Des agents de police m'ont demandé ce qu'ils devaient dire aux parents lorsque leurs jeunes de 14 ou 15 ans étaient victimes de tels prédateurs. C'est un bien piètre réconfort pour les parents de se faire dire que nous sommes désolés, mais que les lois du Canada sont telles que ces prédateurs peuvent sévir au Canada. C'est absolument inacceptable et nous sommes déterminés à changer la loi.
Mercredi dernier, j'ai comparu devant le Sénat. Je peux parler des réactions que j'ai obtenues. Quelqu'un a affirmé que la mesure pousserait la prostitution des jeunes dans la clandestinité. Je n'ai pas trop compris ce que l'on voulait dire par là. Quelqu'un a également affirmé que cela dissuaderait les jeunes de signaler les maladies sexuellement transmissibles. Je ne vois pas du tout comment on peut faire une telle affirmation.
Nous parlons ici de protéger des jeunes de 14 et 15 ans des prédateurs sexuels. C'est exactement ce qu'il faut prévoir dans la loi.
Il y a également des dispositions visant à raffermir et à améliorer les lois sur la conduite avec facultés affaiblies et également à établir un cadre qui garantira l'efficacité du Programme d'expert en reconnaissance de drogues.
Une voix: C'est bon.
L'honorable Rob Nicholson: Mon collègue dit « c'est bon ». Il a tout à fait raison.
C'est exactement pour cela que MADD Canada nous exhorte à adopter ce projet de loi. Ce ne sont certainement pas des gens qui sont à l'emploi du Parti conservateur; c'est l'intérêt du pays qui leur tient à coeur. Ils nous demandent de bien vouloir adopter ce projet de loi. Il y a des améliorations à cet égard.
Il y a aussi des améliorations à l'égard de la loi sur les délinquants dangereux. Combien de fois avons-nous entendu parler de criminels qui aurait dû être désignés comme étant criminels dangereux, mais qui ne le sont pas pour quelque raison que ce soit, qui sont remis en liberté et qui se font ensuite accuser de nouveaux crimes?
Puis les boucliers se lèvent: pourquoi le gouvernement ne resserre-t-il pas la loi sur les délinquants dangereux? C'est ce que nous faisons avec ce projet de loi. C'est ce que fait le projet de loi . C'est exactement ça. Ce projet de loi répond aux inquiétudes des Canadiens en ce qui a trait aux délinquants dangereux.
Je crois que ce que nous demandons au Parlement est parfaitement raisonnable. Je le répète, le Parlement est saisi de toutes ces dispositions depuis 2006. Nous avons tenu compte de certaines préoccupations des partis de l'opposition et nous avons modifié certains aspects du projet de loi. Nous demandons simplement au Parlement d'être raisonnable.
À un certain moment, les députés libéraux affirmaient vouloir accélérer l'adoption des projets de loi de justice. C'est très bien. Ils pourraient demander à leurs amis de l'autre endroit de se dépêcher et d'adopter le projet de loi d'ici la fin de février. Ce n'est pas trop demander. Qu'ils le fassent une fois pour toutes.
J'ai la conviction profonde que les Canadiens appuient nos mesures de lutte contre les crimes violents au Canada. Mes collègues ont dit très clairement que toute personne ou tout parti qui veut justifier son approche laxiste à l'endroit des criminels n'a qu'à s'adresser aux Canadiens pour voir ce qu'ils en pensent.
Cela dit, je suis absolument convaincu que les Canadiens, si on leur en donnait la chance, appuieraient ce que nous faisons en tant que parti et en tant que gouvernement, car je crois et j'ai toujours cru sincèrement que nous agissons pour le bien des Canadiens.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de pouvoir participer à ce débat ce matin. Pendant toute l'année 2007, j'ai été porte-parole de l'opposition officielle en matière de justice. Et pendant toute l'année 2006, j'ai été leader parlementaire adjointe de l'opposition officielle à la Chambre, comme je le suis actuellement.
Ainsi, depuis le discours du Trône du gouvernement conservateur en 2006, j'ai été témoin des dires des conservateurs, et j'ai pu les comparer avec les actions mises en avant par ce gouvernement conservateur.
[Traduction]
La motion dont nous débattons aujourd'hui est la suivante:
Que, compte tenu du fait que le gouvernement a déclaré que l’adoption du projet de loi C-2, Loi modifiant le Code criminel et d’autres lois en conséquence, constitue une question qui engage la confiance, et que le projet de loi a déjà passé plus de temps au Sénat qu’à la Chambre des communes, et ce, pour son adoption à toutes les étapes, et la plupart des aspects de ce projet de loi ont déjà fait l’objet d’audiences approfondies des comités parlementaires, la Chambre est d’avis que la majorité au Sénat n’accorde pas la priorité appropriée à l’adoption du projet de loi C-2, et qu'un message soit transmis au Sénat faisant appel au Sénat d’adopter le projet de loi C-2, Loi sur la lutte contre les crimes violents, d’ici le 1er mars 2008.
Le applaudit. Je m'interroge. Le a beaucoup insisté sur l'importance accordée par le gouvernement conservateur, dans le discours du Trône de 2006, à la lutte contre la criminalité. C'est l'une des cinq priorités du gouvernement. Voyons donc le bilan du gouvernement avant qu'il proroge le Parlement et qu'il mette fin à la session ayant commencé à l'hiver 2006, après les élections de 2006. Voyons ce bilan.
Le bilan des libéraux montre que nous avons appuyé la vaste majorité des projets de loi sur la justice du gouvernement conservateur. Par contre, le gouvernement conservateur a lui-même retardé inutilement ses propres mesures législatives. En fait, il n'a eu à faire face à aucune obstruction de la part de l'opposition officielle, du Bloc ou du NPD. C'est donc le gouvernement lui-même qui a fait obstruction. Je vais donner un exemple.
Le gouvernement parle de l'âge du consentement. Pendant la précédente session, cette mesure législative était connue comme le projet de loi . Elle a depuis été intégrée au nouveau projet de loi sur la lutte contre les crimes violents, le .
Le projet de loi , sur l'âge du consentement, avait au départ été déposé par le gouvernement le 22 juin 2006, environ quatre mois et demi après que le gouvernement eut pris le pouvoir et inauguré la législature avec un discours du Trône. Je ne saurais préciser la date exacte du dépôt, mais je me rappelle qu'un ou deux jours plus tard la Chambre s'est ajournée pour l'été. La session a repris le troisième lundi de septembre 2006.
Au moment de la reprise de la session, le gouvernement a-t-il proposé le projet de loi sur l'âge du consentement, le projet de loi qui porterait de 14 à 16 ans l'âge légal du consentement? Le gouvernement avait là l'occasion, sa première occasion en fait, de proposer la deuxième lecture de ce projet de loi. Pour l'information des téléspectateurs, seul le gouvernement est habilité à proposer le passage d'un projet de loi ministériel d'une étape à une autre.
Le gouvernement dépose son projet de loi conformément aux règles parlementaires, le Règlement de la Chambre des communes. Il propose la première lecture et la motion est automatiquement réputée avoir été adoptée. Le projet de loi est alors inscrit au Feuilleton et il y reste jusqu'à ce que le gouvernement propose la deuxième lecture. Nous avons attendu en septembre 2006, puis en octobre 2006, mais le gouvernement n'avait toujours pas proposé la seconde lecture.
Il s'agit pourtant du gouvernement dont le s'est dit préoccupé du sort des victimes, en particulier de nos enfants victimes de prédateurs sexuels, et qui a dit que c'était là une priorité importante des conservateurs. Malgré cela, le gouvernement n'a pas proposé la deuxième lecture du projet de loi sur l'âge du consentement en 2006.
Qu'est-ce que les libéraux ont fait? Comme il s'agissait d'un projet de loi que nous appuyions de manière inconditionnelle, notre , qui parle au nom de l'opposition officielle, a proposé d'en accélérer l'adoption.
Pour les téléspectateurs et peut-être même certains députés du parti ministériel qui ne comprendraient pas bien les règles de procédure de la Chambre, c'est-à-dire notre Règlement, je rappelle que, lorsqu'il y a une majorité de députés qui appuient un projet de loi, qu'ils soient tous du parti au pouvoir ou de plusieurs partis, le gouvernement peut en accélérer l'adoption.
En octobre 2006, nous avons offert d'accélérer l'adoption du projet de loi sur l'âge du consentement aux relations sexuelles. Le gouvernement n'a pas accepté notre offre. Il n'a même pas daigné nous transmettre une réponse officielle à cet égard. Toutefois, cela a permis d'exercer certaines pressions sur le gouvernement et, quelques jours plus tard, il s'est finalement décidé à procéder à la deuxième lecture du projet de loi sur l'âge du consentement aux relations sexuelles.
Il est inadmissible qu'un gouvernement, son , son et son ainsi que tous les députés conservateurs siégeant à la Chambre des communes disent qu'ils considèrent la protection des enfants, de nos enfants, comme étant une question prioritaire, tout en refusant d'accélérer le processus d'adoption du projet de loi sur l'âge du consentement aux relations sexuelles.
Ce projet de loi aurait pu être adopté dès décembre 2006. Les enfants jouiraient d'une meilleure protection depuis plus de 13 mois maintenant , mais le gouvernement a refusé de le faire. Voilà ce que le ne dit pas aux Canadiens. Ce projet de loi aurait pu être adopté.
Il y a un autre projet de loi qui est inclus dans le projet de loi . Voyons un peu ce projet de loi avec lequel le a si éloquemment tenté de discréditer l'opposition officielle. C'est le projet de loi qui portait alors le numéro et qui proposait d'inverser le fardeau de la preuve relativement à la mise en liberté en cas d'infraction mettant en jeu une arme à feu.
Ce projet de loi a franchi l'étape de la première lecture à la Chambre des communes le 23 novembre 2006. Vous savez ce qui est arrivé par la suite? Rien. Le mois de novembre s'est terminé, puis le mois de décembre a passé, et le mois de janvier, et le gouvernement ne proposait toujours pas la deuxième lecture du projet de loi. Ce n'est que le 13 février 2007 que le gouvernement a proposé le débat sur ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
Quelle coïncidence. Il s'agit là d'un projet de loi dont nous avions proposé d'accélérer l'adoption. C'est un projet de loi qui aurait pu être adopté rapidement et qui pourrait être en vigueur depuis plus d'un an maintenant, mais le gouvernement n'a pas accepté notre proposition.
C'est ce même gouvernement qui envoie des dix-pour-cent dans les circonscriptions de mes collègues, au Manitoba, en Ontario, en Colombie-Britannique, prétendant que les libéraux font obstruction au programme du gouvernement en matière de justice. C'est le gouvernement lui-même qui a fait obstruction à son propre programme.
[Français]
Je dois me poser une question: s'agit-il d'une simple incompétence de la part du gouvernement où s'agit-il d'un gouvernement sciemment incompétent?
[Traduction]
En retardant l'étude de ses propres mesures législatives, le gouvernement fait preuve d'incompétence, mais le fait-il délibérément ou non?
Ce sont là deux éléments du projet de loi qui auraient pu devenir loi il y a plus d'un an si le gouvernement conservateur avait été sincère lorsqu'il disait que les victimes étaient sa plus grande priorité. Si cela avait été vrai, le gouvernement aurait accepté l'offre des libéraux concernant l'adoption rapide du projet de loi. Ainsi, l'âge du consentement serait de 16 ans depuis décembre 2006 et l'inversion du fardeau de la preuve pour les libérations sous caution dans le cas des infractions mettant en jeu une arme à feu serait en vigueur depuis plus d'un an.
Et ce n'est pas tout. Le gouvernement dit que le Sénat est saisi du projet de loi depuis plus longtemps que ce qu'il a fallu à la Chambre pour en achever l'étude à toutes les étapes. Il compte sur le fait que la plupart des Canadiens ne sont pas au courant du calendrier parlementaire. Le projet de loi C-2 a été envoyé au Sénat le 12 décembre 2007. Le Parlement a ajourné ses travaux le 14 décembre 2007 pour ne les reprendre que le lundi 28 janvier 2008. Le gouvernement présente maintenant cette motion, prétendant que le Sénat fait sciemment obstruction à son programme législatif de lutte contre les crimes violents.
Si le gouvernement accorde vraiment une si grande importance au projet de loi et aux victimes de crimes, s'il tient tant à faire adopter cette mesure législative qui, selon lui, est une priorité et la pierre angulaire de son programme législatif, pourquoi alors n'a-t-il pas présenté, dès l'automne dernier, une motion demandant qu'un message soit envoyé au Sénat pour l'informer que nous nous attendions à ce qu'il nous renvoie le projet de loi C-2 dans un certain délai après en avoir été saisi? Le gouvernement avait le pouvoir de faire cela l'automne dernier, mais il ne l'a pas fait.
Encore une fois, je dois me demander si c'est de la pure incompétence. Est-ce parce que, après deux ans, le gouvernement ne comprend toujours pas le Règlement de la Chambre? Est-ce de l'incompétence délibérée? Le gouvernement comprend très bien les pouvoirs dont il dispose en vertu du Règlement de la Chambre des communes, mais il choisit de ne pas les utiliser dans l'espoir que la plupart des Canadiens ne se rendent pas compte que c'est lui qui fait obstruction à son propre programme législatif.
Parlons d'un autre exemple d'obstruction. J'ai mentionné comment la plupart des projets de loi, à l'exception du projet de loi , qui est le volet du projet de loi ayant trait aux délinquants dangereux, avaient déjà franchi les diverses étapes à la Chambre et avaient été envoyés au Sénat, vers la fin du mois de mai, ou au cours du mois de juin 2007. Compte tenu du calendrier parlementaire, le Sénat ne disposait que de quelques jours pour étudier ces mesures législatives, avant que le Parlement ne s'ajourne pour l'été. La rentrée parlementaire devait ensuite se faire le troisième lundi du mois de septembre 2007, mais le , dans sa sagesse, son incompétence, ou son incompétence délibérée, a décidé de proroger le Parlement.
Qu'est-ce que cela signifie? En vertu du Règlement, cela signifie que toutes les mesures législatives qui sont à la Chambre des communes ou au Sénat meurent automatiquement au Feuilleton. Le gouvernement a lui-même fait mourir ses projets de loi sur l'âge du consentement, sur l'inversion du fardeau de la preuve et sur la conduite avec facultés affaiblies, ce qui est curieux étant donné que nous avions appuyé cette mesure sans réserve.
Je me demande si l'organisme MADD, Mères contre l'alcool au volant, comprend que si le projet de loi sur la conduite avec facultés affaiblies n'a pas encore force de loi à l'heure actuelle, cela n'a absolument rien à voir avec l'opposition officielle, ou avec les sénateurs libéraux. Cela a tout à voir avec la décision prise par le gouvernement lui-même de faire obstruction à ses propres mesures législatives, de ne pas leur faire franchir en temps opportun les étapes à la Chambre, puis de proroger le Parlement, faisant ainsi mourir ses propres initiatives. Ces mesures législatives du gouvernement pourraient avoir force de loi depuis près d'un an, si celui-ci n'y avait pas délibérément fait obstruction.
Prenons le projet de loi sur les délinquants dangereux. Le a expliqué que cette mesure ferait en sorte que les Canadiens qui commettent des crimes violents et répugnants ne circulent pas librement dans les rues, compte tenu des changements apportés au régime applicable aux délinquants dangereux.
Une des choses que le gouvernement ne dit pas aux Canadiens, c'est que, avant la présentation du projet de loi , il incombait entièrement au procureur de la Couronne de décider s'il devait demander une audience visant à déterminer si quelqu'un devait être déclaré délinquant dangereux. Le gouvernement n'a rien prévu pour changer cet aspect dans la Loi sur la lutte contre les crimes violents. C'est toujours la Couronne qui prendra la décision. Peu importe si une personne a commis des crimes odieux, a été emprisonnée, a purgé sa peine, a été libérée, a récidivé, a été déclarée coupable et a purgé une autre peine, la Couronne peut encore déterminer si elle demandera une audience visant à déterminer si cette personne devra être déclarée comme délinquant dangereux.
Comment les libéraux ont-ils réagi à la situation? Ils ont affirmé qu'il devrait y avoir automatiquement...
M. Pierre Poilievre: Oui, bien sûr.
L'hon. Marlene Jennings: ...une audience. J'ai proposé personnellement cette idée au et à son secrétaire parlementaire.
M. Pierre Poilievre: Oh, mon Dieu.
L'hon. Marlene Jennings: Monsieur le Président, il y a un député ministériel, de la région d'Ottawa, je crois, qui semble participer très activement à mon intervention. S'il sait tellement de choses sur les questions que nous abordons, il voudrait peut-être expliquer à ses électeurs pourquoi il a approuvé l'obstruction par son gouvernement de son propre projet de loi. Il devrait retourner dans sa circonscription et expliquer pourquoi des jeunes de 14 et 15 ans sont encore vulnérables à des prédateurs, et ce depuis plus d'un an maintenant. Pourquoi? C'est parce que son gouvernement et lui ont délibérément fait obstruction à leur propre projet de loi.
Je crois qu'il devrait aborder cette question dans sa propre circonscription au lieu de tenter de déstabiliser la députée de . Il siège ici depuis assez longtemps pour savoir que je suis capable de rester indifférente à ce genre d'absurdités.
Le projet de loi apportait une amélioration au système des délinquants dangereux, que nous retrouvons dans la section sur les délinquants dangereux du projet de loi . De quoi s'agissait-il? C'était qu'une personne déjà considérée comme délinquant à contrôler qui enfreint les conditions imposées par un juge ou qui commet un autre crime grave sera automatiquement jugée comme le serait un délinquant dangereux. C'était un amendement des libéraux.
Est-ce simplement que le gouvernement est si incompétent qu'il ne savait pas comment fonctionnaient le système des délinquants dangereux et le système des délinquants à contrôler? En passant, le système des délinquants à contrôler a été introduit par un gouvernement libéral à la fin des années 1990.
Est-ce de l'authentique incompétence ou de l'incompétence délibérée de la part du gouvernement?
[Français]
Ce gouvernement est-il simplement incompétent ou est-il sciemment incompétent?
[Traduction]
J'ai parlé de la prorogation du Parlement. En prorogeant le Parlement, le gouvernement a fait mourir au Feuilleton le projet de loi sur l'âge du consentement, le projet de loi sur la mise en liberté sous caution, son projet de loi sur les peines minimales obligatoires, le projet de loi sur la conduite avec facultés affaiblies et celui sur les délinquants dangereux. Puis, à la rentrée, dans le discours du Trône, le gouvernement a annoncé en grande fanfare que la lutte contre le crime serait un élément important de sa politique, de son programme et de son plan d'action. Qu'a-t-il fait?
Le gouvernement aurait pu remettre ces projets de loi à l'étude, à l'étape où ils se trouvaient, c'est-à-dire au Sénat. Si le gouvernement craignait tant que le Sénat prenne trop de temps à les étudier, il aurait pu présenter une motion, comme il l'a fait vendredi dernier, pour donner au Sénat un délai pour étudier le projet de loi sur l'âge du consentement, celui sur la conduite avec facultés affaiblies, celui sur les délinquants dangereux, celui sur les peines minimales obligatoires et celui sur la mise en liberté sous caution. Il n'en a rien fait.
Par conséquent, il y a lieu de se demander si c'est de l'incompétence pure et simple ou de l'incompétence délibérée de la part du gouvernement.
Mes parents m'ont appris -- et je suis certaine que c'est aussi ce qu'ont appris la plupart des députés, sinon tous -- à donner le bénéfice du doute aux autres. Mais ma grand-mère disait: « La première fois, c'est une erreur, la seconde, c'est devenue une mauvaise habitude. »
La première fois que le gouvernement a refusé l'offre des libéraux, en octobre 2006, d'accélérer l'adoption du projet de loi sur l'âge du consentement, qui aurait fait passer ce dernier de 14 à 16 ans, on peut supposer que c'était une erreur. Cependant, quand il a refusé une fois de plus cette même offre en mars 2007, ce n'était plus une erreur. C'était devenu une mauvaise habitude.
Quand le gouvernement a décidé de tuer le projet de loi en prorogeant le Parlement à l'été de 2007, ce n'était pas une erreur. J'en suis venue à la conclusion que l'incompétence du gouvernement n'est pas de la simple incompétence, c'est de l'incompétence délibérée.
Il y a lieu de se demander pour quelle raison un gouvernement serait ainsi délibérément incompétent. Je n'ai toujours pas de réponse à cette question. Alors que j'ai élaboré...
M. Pierre Poilievre: Asseyez-vous.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): À l'ordre, s'il vous plaît. Je présente mes excuses à la députée. J'aimerais rappeler au secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor qu'une période pour les questions et les observations est prévue après le discours de la députée. S'il a quelque chose à demander ou à ajouter, je lui demanderais d'attendre la fin du discours de la députée de Notre-Dame-de-Grâce—Lachine.
L'hon. Marlene Jennings: Monsieur le Président, rappelons-nous ce que certains témoins ont dit au comité. Ils se sont présentés devant le comité dans le cadre de l'étude du projet de loi , sur l'âge du consentement. Ils sont revenus pour parler du projet de loi sur la conduite en état d'ébriété. Ils sont revenus parler du projet de loi sur le renversement du fardeau de la preuve relativement à la mise en liberté en cas d'infractions mettant en jeu une arme à feu. Ils sont revenus parler du projet de loi sur les délinquants dangereux. Ils sont revenus parler du projet de loi sur les peines minimales obligatoires.
Rappelons-nous ce que le représentant d'une des associations avait à dire. Le 14 novembre 2007, au sujet du projet de loi , devant le comité législatif de la Chambre des communes, le représentant de l'Association canadienne des chefs de police a dit que les solutions miracles et provisoires étaient insuffisantes, qu'il nous fallait une stratégie nationale globale mais axée sur les besoins locaux pour pouvoir s'attaquer efficacement au crime et que la priorité, sur le plan législatif, de l'Association canadienne des chefs de police était les fusils et les gangs et les prédateurs d'enfants, pour ne citer que deux exemples.
L'Association canadienne des chefs de police a indiqué qu'étant donné ses priorités sur le plan législatif, elle avait supplié le gouvernement conservateur de moderniser les techniques d'enquête. L'association a rappelé que la Loi sur la modernisation des techniques d’enquête, présentée sous le régime de l'ancien gouvernement libéral, était morte au Feuilleton au déclenchement des dernières élections. L'association a demandé au gouvernement conservateur de présenter de nouveau ce projet de loi et a attendu en vain toute l'année 2006. Le gouvernement n'a pas bougé. Elle a attendu de nouveau durant toute l'année 2007. Le gouvernement n'a pas bougé.
Nous sommes maintenant le 11 février et l'Association canadienne des chefs de police attend toujours que le gouvernement rétablisse ce projet de loi qu'elle réclame à cor et à cris. Elle affirme avoir besoin d'un telle mesure pour être capable de lutter efficacement contre les crimes avec violence, les crimes commis avec une arme à feu, la criminalité de gang, les prédateurs sexuels et les pédophiles prédateurs. L'Association canadienne des chefs de police demande au gouvernement depuis maintenant plus de deux ans de présenter une mesure législative qui moderniserait les techniques d'enquête. Qu'a fait le gouvernement? Quelle a été la réponse du gouvernement à l'Association canadienne des chefs de police et à l'Association canadienne des policiers?
Premièrement, sa réaction a été de ne présenter aucune mesure à cet égard. Deuxièmement, le gouvernement a refusé d'accélérer l'étude de mon projet de loi d'initiative parlementaire qui porte précisément sur cette question. J'ai offert au gouvernement de reprendre cette mesure à son compte s'il voulait s'en attribuer le mérite. C'est plus important de faire adopter une telle mesure pour donner au responsables de l'application de la loi les outils dont ils ont besoin pour faire enquête au XXIe siècle, face à la lutte contre la cybercriminalité. Encore une fois, comme il l'a fait quand les libéraux lui ont offert d'accélérer l'étude des projets de loi sur l'âge du consentement et sur la réforme du cautionnement, et comme il l'a fait pratiquement chaque fois que l'opposition officielle a essayé de faire en sorte que le Parlement soit efficace et accorde la priorité aux Canadiens et à leur sécurité, le gouvernement n'a pas tenu compte de ce qu'on lui offrait. Le gouvernement a fait celui qui n'a rien entendu.
Le gouvernement tente de rejeter le blâme sur le Sénat au moyen de cette motion. Le continue à parler du « Sénat à majorité libérale ». Ce qu'il ne dit pas, c'est que le projet de loi n'est arrivé au Sénat que le 12 décembre 2007. Deux jours plus tard, la Chambre ajournait ses travaux jusqu'au lundi 28 janvier.
Si le gouvernement jugeait vraiment le projet de loi et son contenu si importants, s'il estimait que c'était une question de confiance, et s'il était même prêt à aller en élections, parce que la sûreté et la sécurité des Canadiens lui importaient au plus haut point, pourquoi n'a-t-il pas présenté une telle motion lorsqu'il a renvoyé le projet de loi au Sénat? Le gouvernement aurait pu invoquer dès l'automne dernier les mêmes pouvoirs, les mêmes dispositions du Règlement qui lui ont permis de déposer cette motion à la Chambre le 7 février, afin que celle-ci soit débattue et fasse l'objet d'un vote.
Encore une fois, la question se pose de savoir si c'est de l'incompétence pure et simple ou de l'incompétence délibérée de la part du gouvernement conservateur, du conservateur, du conservateur, du conservateur, et de tous les secrétaires parlementaires qui siègent du côté du gouvernement.
Le Sénat a reçu le projet de loi le 12 décembre 2007. Le gouvernement a déposé sa motion le 7 février. Cela signifie que le Sénat a eu le projet de loi en sa possession deux jours en 2007, soit les 13 et 14 décembre, puis les 28, 29, 30 et 31 janvier, et les 1er, 4, 5, 6 et 7 février, soit un total de huit jours. Le neuvième jour, le gouvernement a déposé sa motion, selon laquelle la majorité au Sénat n'accorde pas la priorité appropriée à l'adoption du projet de loi C-2, alors qu'en fait le gouvernement a fait obstruction à ses propres mesures législatives.
Tous les mesures législatives incluses dans le projet de loi auraient été adoptées il y a plus d'un an. L'une d'entre elles aurait même force de loi depuis près de deux ans, si le gouvernement n'avait pas fait obstruction à ses propres projets de loi, en faisant preuve d'incompétence pure et simple ou d'incompétence délibérée.
Voyons un peu comment je me débrouille en mathématiques. Une année a 365 jours, ce qui signifie qu'une période de deux ans comporte 730 jours, sans compter les 31 jours de janvier 2008. Si je compte jusqu'au 7 février, date à laquelle la motion a été déposée par le gouvernement, cela fait 31 plus 7, soit un total de 38 jours. Le Sénat a eu le projet de loi durant une période comptant exactement huit jours de séance, alors que le gouvernement a fait obstruction à cette même mesure durant 730 jours.
Qui n'a pas accordé la priorité appropriée au projet de loi sur l'âge du consentement? Ce sont les conservateurs. Qui n'a pas accordé la priorité appropriée au projet de loi sur la conduite avec facultés affaiblies? Ce sont les conservateurs. Qui n'a pas accordé la priorité appropriée au projet de loi sur les contrevenants dangereux? Ce sont les conservateurs.
[Français]
Qui n'a pas donné la priorité appropriée au projet de loi concernant les mises en liberté et le cautionnement? C'est le gouvernement conservateur. Ce n'est pas l'opposition; ce n'est pas le Bloc; ce n'est pas le NPD; ce n'est pas l'opposition officielle; ce ne sont pas les libéraux, les sénateurs libéraux au Sénat; c'est plutôt le gouvernement lui-même. Oui, imaginez-vous!
Les Canadiens devraient se poser la question que je me pose depuis deux ans: ce gouvernement conservateur est-il simplement incompétent ou est-il sciemment incompétent? Lorsqu'on examine les faits concernant tous ces projets de loi de justice, lorsqu'on examine les actions et les décisions que le gouvernement conservateur a prises ou s'est abstenu de prendre, on ne peut que conclure qu'il est soit simplement incompétent ou sciemment incompétent.
En terminant, je suis reconnaissante aux députés en cette Chambre de m'avoir écoutée. Cela me fera plaisir de répondre aux questions. Si je n'ai pas la réponse, je serai honnête, je le dirai et je tenterai de parler avec le député à l'extérieur de la Chambre à ce sujet.
:
Monsieur le Président, je ne dirai pas que j'ai le plaisir de prendre part à ce débat, parce que je crois que c'est un débat dont on aurait très bien pu se passer.
Cependant, cela me permettra de rappeler un certain nombre d'éléments, entre autres ce qu'on s'attend à avoir dans le budget. Car on a vraiment l'impression, depuis quelques semaines et quelques jours, que le gouvernement conservateur et le cherchent à créer de toutes pièces des crises et, si ce n'est pas à provoquer des élections, du moins à exercer des pressions sur les partis d'opposition peut-être pour essayer de montrer de façon artificielle un certain leadership.
À cet égard, il me semble que le Bloc québécois a la responsabilité de dénoncer ces manœuvres qui font perdre de vue les vrais problèmes au profit de cette motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, en ce début d'après-midi. Pour l'ensemble des gens qui nous écoutent, je vais tout de même rappeler cette motion:
Que, compte tenu du fait que le gouvernement a déclaré que l’adoption du projet de loi C-2, Loi modifiant le Code criminel et d’autres lois en conséquence, constitue une question qui engage la confiance, et que le projet de loi a déjà passé plus de temps au Sénat qu’à la Chambre des communes, et ce, pour son adoption à toutes les étapes, et la plupart des aspects de ce projet de loi ont déjà fait l’objet d’audiences approfondies des comités parlementaires, la Chambre est d’avis que la majorité au Sénat n’accorde pas la priorité appropriée à l’adoption du projet de loi C-2, et qu'un message soit transmis au Sénat faisant appel au Sénat d’adopter le projet de loi C-2, Loi sur la lutte contre les crimes violents, d’ici le 1er mars 2008.
D'emblée, nous serons favorables à cette motion même si, encore une fois, je considère qu'elle nous est présentée à titre de diversion. Le Bloc québécois a été favorable au projet de loi lors du vote en cette Chambre. Je rappelle que le projet de loi C-2 était une espèce de projet de loi omnibus, puisqu'on y retrouvait cinq lois de la précédente session. Nous étions favorables à quatre de ces cinq lois, et vu que la Chambre s'était déjà prononcée et que nous avions perdu le vote, nous considérions que le débat avait été fait et que le vote de la Chambre était légitime. Ainsi, dès le départ, nous avions manifesté notre accord vis-à-vis de quatre des cinq projets de lois, et ce, avant même que le gouvernement parle d'en faire un objet de confiance.
D'autre part, nous étions mal à l'aise face à une dimension de la cinquième loi et nous le demeurons — soit cette idée de renverser le fardeau de la preuve pour un certain nombre de délinquants récidivistes. Cela dit, en soupesant les avantages et les inconvénients, notre caucus a décidé qu'il valait mieux voter en faveur du projet de loi, puisqu'on y retrouvait davantage d'éléments avec lesquels nous étions parfaitement à l'aise ou favorables. À notre avis, le projet de loi ne pose pas problème.
Ensuite, on sait que pour le Bloc québécois, toutes les institutions se rapportant à la monarchie britannique sont complètement obsolètes. Le Sénat, faisant partie de ces instruments hérités de l'époque où le Canada était un colonie britannique, nous semble être complètement dépassé. C'est sûr que nous avons gardé — nous sommes plusieurs à être attachés à cela — une tradition britannique sur le plan parlementaire, mais cela dit, certains vestiges mériteraient d'être abolis. Et le Bloc québécois ne s'en cache pas: même s'il ne s'agit pas d'une priorité pour nous, l'abolition du Sénat ne nous donnerait pas beaucoup de boutons, je peux vous en assurer.
En ce sens, comme c'est une institution qui regroupe des parlementaires non élus, cela ne nous poserait aucun problème, car nous ne trouvons aucune légitimité à cette instance du Parlement canadien. Comme je le mentionnais, à partir du moment où nous ne trouvons pas de légitimité à cette institution et que nous souhaitons carrément son abolition, c'est clair pour nous que le vote à la Chambre devrait être la conclusion du débat, plutôt qu'il ne soit suivi du renvoi du projet de loi, adopté majoritairement par les députés de la Chambre des communes, à un Sénat composé de non-élus.
Je signale d'ailleurs la présence d'un ministre non élu, M. Fortier, qui, je le répète, avait d'ailleurs promis de se présenter à la première occasion. Or, depuis ce temps, il y a eu au moins trois élections partielles au Québec, et l'on aurait été très heureux de le voir se lancer dans la bataille pour véritablement avoir la légitimité démocratique afin d'être en mesure de prendre des décisions qui touchent le quotidien des Canadiens et des Québécois.
Donc, pour nous, le Sénat n'a aucune légitimité et devrait être aboli. En ce sens, nous n'avons pas de problème avec la motion. Mais encore une fois, nous trouvons un peu enfantin d'en avoir fait un débat ici en cette Chambre.
On constatera donc que le Bloc québécois ne va pas éterniser le débat à ce sujet et on ne s'attend pas non plus qu'au 1er mars, le Sénat donne suite à ce message qui sera transmis, car c'est relativement court comme délai. Comme je le mentionnais, pour nous, il ne s'agit pas de donner d'aucune façon une crédibilité à cette institution héritée du passé.
Toutefois, je pense qu'il y a quelque chose de plus fondamental derrière cette motion. Il y a la volonté du gouvernement, du , de faire diversion. Je dirais même que dans le cas de la motion annoncée concernant l'Afghanistan, on retrouve exactement les mêmes éléments. Je ne veux pas dire que l'avenir de la mission canadienne en Afghanistan n'est pas important, loin de là, mais à mon avis, et selon l'avis de plusieurs observateurs — c'est partagé par l'ensemble des députés du Bloc et même par plusieurs députés de l'opposition, car il me semble avoir entendu entre autres le porte-parole libéral en matière de défense nationale mentionner que ce n'était pas une question qui devait impliquer la confiance envers le gouvernement — , c'est une question qui nécessite un débat le moins partisan possible.
En faisant de cette motion une question de confiance, le gouvernement, le , a décidé lui-même de créer, à partir de ce débat, un drame au plan politique et de provoquer, d'une façon peut-être indirecte, des élections. De toute façon, il s'agit d'une mesure de diversion sur les vrais problèmes que vivent les Canadiens et les Québécois actuellement.
Parmi ces problèmes, il y en a un sur lequel le gouvernement, le , le et le sont particulièrement muets. Il s'agit de l'ensemble de la situation qui sévit présentement dans le secteur manufacturier et le secteur forestier. C'est sur ce sujet qu'on devrait débattre aujourd'hui et non pas sur un message à envoyer au Sénat concernant un projet de loi avec lequel nous sommes en accord.
À cet égard, il me semble qu'il y a quelque chose d'un peu malsain de la part du gouvernement conservateur et du de vouloir dramatiser ou de vouloir montrer qu'il est vraiment le patron bien qu'il soit un gouvernement minoritaire. Il n'a jamais compris cela d'ailleurs, on doit s'en rappeler. À mon avis, on aurait dû aujourd'hui avoir un débat sur une bonification du plan d'aide, du premier petit pas annoncé par le . Je rappelle qu'à cet égard, ce dernier avait essayé exactement le même genre de tactiques qu'aujourd'hui et avec le cas de l'Afghanistan.
Il avait d'abord essayé de lier le plan d'aide, la création de la fiducie d'aide au développement des collectivités d'un milliard de dollars sur trois ans — ce qui est relativement peu, je le rappelle — avec l'adoption du budget, créant par le fait même un odieux chantage vis-à-vis les partis d'opposition. On ne sait pas ce que le budget contiendra. Il peut y avoir d'autres éléments très odieux. Je ne serais pas surpris de voir ces éléments odieux au sein du prochain budget. En liant cela au budget, cela créait une pression sur les parlementaires de l'opposition. Mais il y avait plus grave. Par le fait même, les gens qui ont besoin maintenant d'une aide dans les régions affectées par cette crise dans les secteurs manufacturier et forestier se voyaient eux-aussi pris en otage par ce gouvernement.
Heureusement, la pression venue en particulier du Québec, le consensus qui s'est dégagé aussi bien de la part du premier ministre du Québec, M. Charest, de l'ensemble des partis de l'opposition à l'Assemblée nationale, soit du Parti québécois et de l'Action démocratique du Québec, des syndicats, qui ont été unanimes à dénoncer la manoeuvre, des milieux d'affaires — en particulier ceux qui sont actuellement sous pression dans ces secteurs en difficulté —, des éditorialistes, d'un certain nombre d'observateurs et des partis de l'opposition ici en cette Chambre, en particulier le Bloc québécois, ont fait en sorte que la lumière est apparue au .
Lundi dernier, comme on le sait, on a pu voter sur ce premier élément du plan d'aide qui est insuffisant. Je le rappelle, et il faut être bien clair à ce sujet, pour le Québec, on parle de 216 millions de dollars sur trois ans, alors que la majorité des emplois perdus dans le secteur manufacturier au cours de l'année 2007 l'ont été au Québec.
À cet égard, personne n'a sérieusement regardé les chiffres liés aux incidences de ces pertes d'emploi dans certains secteurs des régions du Québec, particulièrement. Je crois savoir que c'est vrai aussi pour l'Ontario et probablement pour quelques régions des provinces Atlantique. Par conséquent, on s'aperçoit nettement que le chantage fait par le premier ministre était odieux et que les chiffres annoncés sont insuffisants.
On aurait pu espérer, par exemple, qu'à l'occasion de sa rencontre en fin de semaine — non pas avec le Bonhomme Carnaval — avec le premier ministre du Québec, M. Jean Charest, le premier ministre aurait pu en profiter pour annoncer une bonification du plan et qu'on serait en train de parler ici d'un projet de loi corrigeant la situation. Cependant, ce n'est pas de cela que l'on parle, mais de la motion no 3 sur laquelle je me suis suffisamment exprimé.
Je veux quand même rappeler qu'en ce qui concerne l'insuffisance du 1 milliard de dollars sur trois ans, c'est réparti au prorata de la population, non pas en fonction des pertes d'emplois ou des besoins. Pis encore, il y a un financement de base de 10 millions de dollars par province, peu importe que ce soit l'Île-du-Prince-Édouard, l'Ontario ou le Québec — j'y reviendrai plus précisément moyennant des chiffres —, ce qui fait qu'on en vient à des situations aberrantes. Je le dis tout de suite, au cas où je manquerais de temps: l'Île-du-Prince-Édouard reçoit pratiquement 100 $ d'aide par habitant pour cette initiative du gouvernement conservateur, alors que les provinces du Québec et de l'Ontario reçoivent un peu plus de 25 $ chacune et que 75 p. 100 du secteur manufacturier est concentré en Ontario et au Québec.
Ce n'est donc pas un plan d'aide qu'a annoncé le gouvernement; c'est un plan de revitalisation économique très large. D'ailleurs, comme on le sait, l'Alberta recevra sa part. Je ne pense pas que quiconque à la Chambre croit sérieusement que l'Alberta, au moment où l'on se parle, a besoin d'un petit coup de pouce pour revigorer son économie. Son problème, c'est plutôt une surchauffe qui est d'ailleurs encouragée par ce gouvernement. En particulier, il y a les réductions d'impôt annoncées dans l'Énoncé économique de novembre dernier. Pour le moment, elles ne bénéficient pas à beaucoup de personnes dans le secteur manufacturier, mais elles bénéficient à plusieurs dans le secteur des hydrocarbures et dans le secteur pétrolier.
Je vais montrer à quel point ce premier pas du gouvernement conservateur est insuffisant et qu'il reste à le bonifier. Je vais simplement mentionner quelques articles que j'ai pu recueillir ici et là au cours de la dernière semaine.
Par exemple, lundi dernier, le premier ministre du Québec, M. Charest disait ce qui suit:
Il reste du travail à faire, entre autres, au niveau de la fiscalité, [...] que ce soit au niveau de la recherche et du développement, de l'aide aux travailleurs âgés.
On parlait spécifiquement du plan d'aide qu'il restait à bonifier.
D'autre part, M. Benoît Pelletier, ministre des Affaires intergouvernementales, ajoute pour sa part qu'Ottawa nage dans les surplus et que le coup de pouce accordé au Québec, soit près de 200 millions, ne représente qu'environ 10 p. 100 des sommes avancées par Québec.
C'est ce qui est écrit, mais au fond, on sait qu'il s'agit de 216 millions de dollars.
Le gouvernement du Québec a investi pratiquement 2 milliards de dollars pour venir en aide aux secteurs forestier et manufacturier. Je sais qu'il y a un débat au Québec parce que certains trouvent que ce n'est pas suffisant. Or, on parle de 10 p. 100 de cette aide, environ 216 millions de dollars. Évidemment, la situation financière du gouvernement du Québec et celle du gouvernement fédéral ne sont pas du tout semblables. Pour le gouvernement du Québec, c'est très clairement insuffisant, il doit y avoir plus.
Le lendemain, la CSN s'exprimait. Je vous lis un extrait de son communiqué intitulé « Le premier ministre [son nom] doit agir sans délai et laisser tomber ses intérêts partisans »:
[...] il faut agir maintenant, déjà que le soutien annoncé par le premier ministre [ses prénom et nom] ne correspond pas à l’ampleur de la situation ni à la hauteur de ses moyens. Au cours des quatre dernières années, plus de 15 000 emplois ont été perdus dans l’industrie du papier et de la forêt et quelque 130 usines de sciage ou de pâtes et papier sont actuellement inactives, privant 31 des 250 municipalités de leur principale activité économique. Un drame pour des milliers de familles québécoises.
La CSN représente 300 000 travailleurs et travailleuses. C'est une centrale syndicale extrêmement importante au Québec et très bien implantée dans les régions. D'ailleurs, je pourrais vous en dire quelque chose, puisque j'ai été pendant huit ans secrétaire général de cette confédération.
J'aime bien aussi mes amis de la FTQ qui, le surlendemain, le 6 février, intervenaient par un communiqué de presse du président de la FTQ, Michel Arsenault, un ex-directeur des Métallos pour l'ensemble du Canada.
Dans son communiqué, M. Arsenault mentionnait ceci:
Que ce gouvernement, qui nage littéralement dans les surplus de milliards de dollars avec notre argent, renonce à lier sa mesure à l'adoption de son prochain budget ne change rien à son caractère inacceptable.
Le chantage odieux du gouvernement et du premier ministre avait été mis de côté, mais le président de la FTQ, une centrale syndicale qui regroupe 500 000 personnes au Québec et qui est très présente dans le secteur du papier et de la forêt, rajoutait ceci: « Le Québec n'a pas sa juste part, les secteurs les plus mal en point n'ont pas leur juste part [...] ». Il était à ce moment-là en Abitibi-Témiscamingue et il disait: « [...] l'Abitibi-Témiscamingue n'a pas sa juste part. » Je rajouterai après M. Arsenault que le Saguenay—Lac-Saint-Jean n'a pas sa juste part, la Mauricie n'a pas sa juste part, la Gaspésie n'a pas sa juste part, le Bas-Saint-Laurent n'a pas sa juste part, la région du nord de Lanaudière n'a pas sa juste part, la région de l'Outaouais n'a pas sa juste part et toutes les régions du Québec n'ont pas leur juste part. J'en ferai tout à l'heure la démonstration. Je n'ai pas terminé. Malheureusement, pour nous, des groupes doivent encore poursuivre la pression sur ce gouvernement fédéral conservateur insensible.
Jeudi dernier, l'Association des produits forestiers du Canada faisait une sortie en disant qu'elle était extrêmement touchée par la crise. Les chiffres dont elle nous faisait part étaient pour 2007. On nous disait qu'il y avait eu plus de 12 000 pertes d'emploi pour l'ensemble du Canada en 2007 seulement et que plus de 100 moulins avaient été fermés. L'association demandait au gouvernement fédéral d'intervenir avec un certain nombre de mesures, dont plusieurs sont proposées par le Bloc québécois, par le Comité permanent des finances et par le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Je n'en donnerai qu'une, parce que sinon je manquerai de temps, soit celle demandant un crédit d'impôt remboursable pour la recherche et le développement. Quand on ne fait pas de profit, qu'on ne peut pas bénéficier des largesses du gouvernement conservateur qui a baissé les impôts des entreprises qui font des profits, ce qui n'est pas le cas des papetières, il y a de la recherche et du développement à faire quand même. Si ces entreprises, que ce soit Tembec, Domtar ou AbitibiBowater, continuent à faire de la recherche et du développement, elles ne peuvent pas bénéficier des crédits d'impôt non remboursables, puisqu'elles ne font pas de profit. Elles ne peuvent pas bénéficier des baisses d'impôt annoncées dans l'Énoncé économique par le ministre des Finances puisqu'elles ne font pas de profit. Qu'on leur donne quelque chose pour qu'elles puissent continuer à investir dans la recherche et le développement qui sont essentiels à l'innovation et à la recherche de la compétitivité pour que, une fois qu'elles auront traversé cette crise, elles puissent concurrencer leurs compétiteurs en Amérique du Nord ou ailleurs dans le monde.
On est devant un consensus — en tout cas au Québec — et je suis convaincu qu'en Ontario, c'est la même chose. L'aide d'un milliard de dollars annoncée par le gouvernement conservateur est nettement insuffisante. Il doit y avoir beaucoup plus d'argent. Cela doit se faire maintenant, à même les surplus qui existent, et on le sait. Si ces surplus ne sont pas utilisés pour venir en aide aux secteurs, aux régions, au travailleurs et aux travailleuses qui vivent la crise du secteur manufacturier, ils iront au remboursement de la dette publique fédérale. Les gens peuvent penser que c'est une bonne affaire, mais je tiens à leur rappeler que la dette fédérale du gouvernement du Canada est la plus basse des pays du G7. Elle n'a jamais été aussi basse depuis 1984. Pourquoi s'acharner à rembourser son hypothèque quand on a perdu son travail et que nos enfants meurent de faim? On est exactement dans cette situation. Non seulement le montant est insuffisant, mais sa répartition défie aussi la logique, qui est tout à fait inéquitable. Je donnais tout à l'heure l'exemple de l'Île-du-Prince-Édouard, mais on pourrait continuer.
Prenons le cas de l'Alberta, qui représente 7,8 p. 100 des emplois manufacturiers. Elle recevra 10,4 p. 100 de l'aide alors que, dans le cas du Québec, qui représente 27,6 p. 100 des emplois du secteur manufacturier, il ne recevra que 21,8 p. 100. Il faut absolument corriger le tir et répartir cela en fonction des besoins.
Je termine en rappelant les mesures que le Bloc québécois propose. On propose d'investir au moins 500 millions de dollars dans un nouveau programme de Partenariat technologique Canada, 1,5 milliard de dollars comme contribution remboursable au nouvel équipement manufacturier. Il y a un fonds de diversification pour les économies forestières qui pourrait très bien être le million de la fiducie aux collectivités. Il y a la bonification de l'assurance-emploi et le programme d'aide aux travailleurs âgés pour 1,5 million et aussi, dans le cas des municipalités, pour stimuler l'activité économique — on réserve cela pour le budget —, une hausse du transfert de la taxe d'accise vers les municipalités d'un milliard de dollars. Ce qu'on demande maintenant, c'est 3,5 milliards de dollars à même les 10,6 milliards de dollars de surplus prévus pour le 31 mars. Le gouvernement peut le faire, s'il ne le fait pas, il en paiera le prix aux prochaines élections.