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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi d'amorcer, au nom du gouvernement conservateur, le débat de deuxième lecture sur le projet de loi .
Le projet de loi témoigne du leadership responsable que notre gouvernement conservateur exerce tant au pays qu'à l'étranger, leadership qui donne aux Canadiens de bonnes raisons d'être confiants dans l'avenir malgré l'incertitude économique qui plane au-delà de nos frontières. En fait, notre situation financière est la plus solide de tous les pays du G7.
Cette situation a permis au gouvernement de prendre d'importantes initiatives dans le cadre de notre plan économique à long terme intitulé « Avantage Canada », plan qui a été présenté en 2006 et qui est avantageux pour les Canadiens, aujourd'hui et dans les années à venir.
Par exemple, l'énoncé économique de l'automne 2007 annonçait d'importantes mesures mettant en oeuvre le plan en offrant des allégements fiscaux généralisés aux particuliers et aux entreprises. Ces mesures prudentes et d'une importance cruciale, totalisant 60 milliards de dollars, ont été prises à la demande du et du anticipant les perturbations économiques mondiales qui s'annoncent.
Il est important de reconnaître que les mesures prévues dans l'énoncé économique ont été accueillies par de nombreux observateurs comme étant extrêmement importantes pour le maintien de la solidité des facteurs économiques fondamentaux du Canada. Des observateurs, comme Doug Porter, économiste de la BMO, qui a dit:
Le moment ne pouvait être mieux choisi. Juste comme l'économie commençait à être en difficulté [...] on nous annonçait des mesures efficaces pour la stimuler.
Pour sa part, le Conference Board du Canada a dit:
L'économie canadienne sortira indemne de l'incertitude [...]
[...] de récentes annonces, comme celle [...] de réductions d'impôt fédérales, contribueront à maintenir cet élan.
Dans un récent éditorial du Calgary Herald, on félicitait le gouvernement conservateur de son énoncé économique. On pouvait y lire:
[...] pour renforcer la demande de biens de consommation, notamment la réduction de la TPS d'un point de pourcentage [...]
[...] pour une fois, il semble qu'un gouvernement ait pris les devants.
De surcroît, nous avons mis sur pied la fiducie d'un milliard de dollars pour le développement communautaire, programme qui viendra en aide aux travailleurs et aux collectivités qui éprouvent des difficultés à cause de l'instabilité de l'économie mondiale.
Le budget de 2008 fait fond sur ces mesures importantes. Il confirme notre engagement envers la bonne gestion financière en réduisant la dette fédérale de 10,2 milliards de dollars en 2007-2008. Il réduit l'impôt à son plus faible niveau, en proportion de l'économie, depuis le gouvernement de Diefenbaker. Il investit dans l'avenir du Canada.
Le budget de 2008 appuiera l'économie nationale en proposant des mesures concrètes dans le respect des principes des dépenses responsables. Contrairement à l'irresponsable opposition libérale, qui provoquerait un déficit énorme de 70 milliards de dollars, notre gouvernement conservateur est déterminé à présenter un budget équilibré.
Nous avons aussi promis aux Canadiens de réduire les impôts et c'est avec fierté que nous affirmons avoir respecté cette promesse. Nous réduisons l'impôt de tous les Canadiens, et nous en sommes fiers.
Jusqu'à présent, grâce aux mesures qu'il a présentées, le gouvernement conservateur a accordé des réductions d'impôt générales de près de 200 milliards de dollars, dont 140 milliards qui profitent aux particuliers directement. Les Canadiens le constateront chaque fois qu'ils font leur déclaration d'impôts. Les impôts continueront de diminuer grâce à l'allègement fiscal garanti de notre gouvernement. Cet allègement représente notre engagement à utiliser les intérêts épargnés annuellement grâce à la diminution annuelle de la dette fédérale pour réduire l'impôt sur le revenu des particuliers de manière permanente et durable.
De surcroît, j'ai le privilège de faire partie du gouvernement conservateur qui a présenté le mécanisme d'épargne personnel le plus important de l'histoire, que l'Institut C.D. Howe a qualifié de « bijou de la politique fiscale »: le compte d'épargne libre d'impôt. Ce compte révolutionnaire, souple et d'usage général permettra aux Canadiens de faire croître leur épargne sans payer d'impôt. Ces comptes sont une première historique, et voici comment ils fonctionnent.
Premièrement, les Canadiens pourront verser jusqu'à 5 000 $ par année dans un compte enregistré d'épargne libre d'impôt, et même davantage s'ils n'ont pas versé le montant maximum les années antérieures.
Deuxièmement, le revenu de placement de ce régime, y compris les gains en capital, sera libre d'impôt, même si on le retire du compte.
Troisièmement, les Canadiens pourront retirer de l'argent du compte à tout moment, sans restriction. Mieux encore, ils pourront utiliser cet argent comme bon leur semble.
Enfin, après avoir retiré de l'argent du compte, ils pourront y remettre plus tard un montant égal et ainsi conserver le maximum des cotisations permises.
Le nouveau compte d'épargne libre d'impôt aidera les Canadiens à épargner selon leurs objectifs. J'invite les Canadiens à visiter le site www.fin.gc.ca pour en apprendre davantage au sujet de ce nouveau programme novateur. Le site comporte une calculatrice qui leur facilitera le travail. On peut y voir comment les Canadiens peuvent épargner en investissant dans ce compte d'épargne libre d'impôt.
Permettez-moi d'expliquer à mes collègues à quel point les économies peuvent être importantes. Par exemple, en supposant un rendement conservateur de 5,5 p. 100, toute personne qui cotise 200 $ par mois durant 20 ans dans l'un de ces nouveaux comptes au lieu de cotiser dans un compte non enregistré pourrait bénéficier d'une économie d'impôt de 11 045 $.
Évidemment, les Canadiens ne sont pas tous en mesure d'économiser chaque année. Ceux qui ne peuvent cotiser 5 000 $ durant une année donnée pourront reporter leur droit de cotisation inutilisé à des années futures.
Il peut être difficile d'épargner, surtout pour des personnes dont le revenu est faible ou modeste. C'est la raison pour laquelle la mesure législative proposée ne comportera aucune récupération de l'avantage consenti. Autrement dit, ni le revenu, ni les gains en capital d'un compte d'épargne libre d'impôt, ni les retraits d'un tel compte n'auront d'incidence sur l'admissibilité à des prestations fédérales fondées sur le revenu. Par conséquent, le compte d'épargne libre d'impôt sera extrêmement avantageux pour tous les Canadiens.
C'est pratiquement à l'unanimité qu'on a acclamé cette initiative. Voici ce qu'en a dit la Fédération canadienne des contribuables:
Il s'agit d'une excellente proposition. Le Canada doit récompenser les gens qui économisent parce que leurs investissements stimulent la croissance économique et la création d'emplois.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a pour sa part qualifié la mesure « d'inspirée ».
Selon la Chambre de commerce du Canada, il s'agit d'une mesure « qui encourage l'épargne, et que la Chambre préconise depuis de nombreuses années ».
Le projet de loi comporte une mesure importante à l'avantage des aînés, et qui vient donner plus d'ampleur à des initiatives que nous avons déjà prises. Au Canada, de nombreux aînés doivent se contenter d'un revenu fixe. Il peut donc parfois leur être difficile de joindre les deux bouts.
Pour venir en aide à ces Canadiens, le gouvernement conservateur a pris des mesures destinées à offrir aux aînés et aux pensionnés des allégements fiscaux annuels d'environ 5 milliards de dollars. Il double notamment le montant pour revenu de pension, lequel passe à 2 000 $, et hausse de 1 000 $ le crédit en raison de l'âge.
Nous avons aussi augmenté l'âge limite pour convertir les régimes de pension agréés et les REER. De plus, pour la première fois au Canada, les aînés et les pensionnés peuvent fractionner leur revenu de pension.
Dans le projet de loi , dans la foulée de nos mesures d'aide aux aînés, nous augmentons l’exemption rattachée au Supplément de revenu garanti; le montant maximal actuel de 500 $ passera à 3 500 $. Ainsi, les aînés pourront gagner jusqu'à 3 500 $ avant de voir leurs prestations du SRG réduites. Cette mesure sera avantageuse pour les aînés à revenu faible ou modeste qui veulent continuer à travailler.
L'Association canadienne des individus retraités a félicité le gouvernement conservateur d'avoir tenu compte de beaucoup des recommandations qu'elle a faites au fil des ans et d'avoir pris de bonnes mesures.
Le gouvernement conservateur est également résolu à faire du Canada un endroit encore plus propice à la naissance et à la croissance d'une entreprise.
L'automne dernier, nous avons établi un plan à long terme afin de réduire le taux d'imposition fédéral des sociétés de sorte qu'il atteigne 15 p. 100 d'ici 2012. Cette initiative fera du Canada, d'ici 2010, le pays du G7 où le taux général d'imposition des nouveaux investissements des entreprises sera le plus bas et, d'ici 2012, le pays du G7 où le taux de l'impôt prévu par la loi sera le moins élevé.
Comme l'a déclaré récemment le Conseil canadien des chefs d'entreprise — et je cite: « Le gouvernement fédéral a clairement fait tout ce qu’il peut pour réduire les taux d’imposition dans les limites d’une gestion fiscale prudente. »
Nous prenons aussi des mesures ciblées pour aider les fabricants canadiens aux prises avec des difficultés économiques. Par exemple, dans le budget de 2007, nous avions proposé une déduction pour amortissement accéléré temporaire. Cette mesure aide les fabricants du Canada à réaliser les investissements nécessaires pour construire des installations modernes ici au pays afin qu'ils puissent se lancer à la conquête du monde.
Le budget de 2008 propose de prolonger cette déduction temporaire pendant trois autres années. Cette prolongation se traduira par un allégement fiscal supplémentaire de 1 milliard de dollars d'ici 2012-2013 pour le secteur de la fabrication et de la transformation.
Le projet de loi contient d'autres mesures avantageuses pour les entreprises canadiennes. Entre autres, les petites entreprises pourront faire face aux difficultés en accédant à des capitaux pour financer la recherche et le développement.
Au titre de notre programme amélioré de recherche scientifique et de développement expérimental, ou RS&DE, les sociétés privées sous contrôle canadien peuvent obtenir un crédit d'impôt à l'investissement de 35 p. 100 pour leurs dépenses admissibles, jusqu'à un maximum de 2 millions de dollars.
Au cours des consultations prébudgétaires, de nombreux intervenants ont mentionné que la possibilité de se prévaloir du crédit d’impôt à l’investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental diminue rapidement, une fois franchie la limite de 10 millions de dollars de capital imposable. Ils ont suggéré que les entreprises de taille moyenne aient droit à une certaine majoration de l’aide accordée. Beaucoup ont également laissé entendre que la limite des dépenses n’a pas évolué au même rythme que les innovations technologiques, qui rendent maintenant plus coûteux les investissements initiaux en recherche et développement.
En réponse à ces préoccupations, le projet de loi propose de porter de 2 millions à 3 millions de dollars la limite des dépenses et de faire passer de 15 millions à 50 millions de dollars le plafond de la fourchette d’élimination progressive du capital imposable. De plus, le plafond de la fourchette d’élimination progressive du revenu imposable passera de 600 000 $ à 700 000 $. L’augmentation de ces limites favorisera la croissance des petites et moyennes sociétés privées sous contrôle canadien.
Les Canadiens ont parlé et notre gouvernement les a écoutés.
Le budget de 2008 inclut de nouvelles mesures pour raffermir et garantir la mise en oeuvre efficace du plan du gouvernement visant à assurer un environnement plus propre et plus sain à tous les Canadiens.
À cette fin, le projet de loi propose d’investir 250 millions de dollars dans les projets de capture et de stockage du dioxyde de carbone. Cela permettra de stocker sous terre les émissions nocives plutôt que de les libérer dans l’atmosphère.
Le transport en commun est une des solutions pour assurer un environnement plus propre et plus sain. C’est pourquoi notre gouvernement, sous la direction de l’excellent , qui est avec nous aujourd’hui, a fait d’importants investissements dans les infrastructures de transport en commun.
Le projet de loi va plus loin et propose un montant additionnel de 500 millions de dollars pour des investissements en immobilisations dans les infrastructures de transport en commun. Ce sont là des mesures qui vont encourager les Canadiens à laisser leur voiture à la maison et qui vont aider les municipalités du Canada.
L’Association canadienne du transport urbain a déclaré que cette aide allait « stimuler grandement l’accès et la mobilité dans les collectivités canadiennes ». La Fédération canadienne des municipalités a dit que c’était là de « bonnes nouvelles pour les villes et les collectivités ».
Les Canadiens veulent vivre dans un environnement propre. Ils veulent aussi des collectivités vigoureuses et sûres. Pour garantir cette sécurité, le projet de loi propose de bâtir des collectivités plus sûres et de forcer les criminels à cesser leurs activités.
Incidemment, je veux prendre un moment pour signaler le tort qu’aurait pu faire la motion proposée hier par le NPD, si elle avait été adoptée. Elle aurait forcé d’honnêtes Canadiens à cesser leurs activités. Nous savons gré aux libéraux de leur appui et nous les félicitons d’avoir bien vu que la motion risquait de faire perdre leur travail à des Canadiens. Nous avons apprécié leur appui.
La plupart d’entre nous apprécions le fait que les libéraux se soient présentés pour voter hier soir, mais surtout, pour nous appuyer. J’espère bien les voir à leurs banquettes quand viendra le temps de voter en faveur du projet de loi .
Le projet de loi propose d’affecter 400 millions de dollars au recrutement de 2 500 nouveaux policiers de première ligne au cours des cinq prochaines années. Cette aide est vue comme un pas important pour « combler le grand manque de ressources pour s’attaquer au crime ». C’est ce qu’a affirmé l’Association canadienne des policiers, qui a dit aussi être très satisfaite de voir cet engagement inscrit dans le budget de 2008.
Monsieur le Président, comme vous le constatez sûrement, ce projet de loi est exhaustif. Le temps me manque pour parler en détail des mesures prévues dans le projet de loi , mais je m’en voudrais de passer sous silence certaines initiatives qu’il renferme et qui aideraient les Canadiens à se préparer pour l’avenir, qui aideraient nos jeunes.
Premièrement, compte tenu de l'importance de l'éducation pour notre avenir, le projet de loi propose un nouveau programme intégré de subventions aux étudiants qui entrera en vigueur à l'automne 2009. Toutes les subventions fédérales seront intégrées dans un programme qui offrira un meilleur soutien à un plus grand nombre d'étudiants pendant davantage d'années d'études. Ainsi, le programme aidera les familles canadiennes qui doivent faire face à la hausse du coût des études postsecondaires.
Le projet de loi propose un investissement de 350 millions de dollars pour l'exercice 2009-2010 et de 430 millions de dollars pour 2012-2013. De plus, les étudiants canadiens et leur famille ont également besoin de programmes d'aide financière simples et efficaces. Voilà pourquoi le budget 2008 prévoit 123 millions de dollars pour rationaliser et moderniser le Programme canadien de prêts aux étudiants.
Des mesures seront mises en place pour améliorer les services aux étudiants de diverses façons, notamment une nouvelle vision de la prestation des services axée sur l'élargissement des services en ligne; un appui plus équitable aux étudiants à temps partiel et aux étudiants mariés; une nouvelle période d’études libre d’intérêt à l’intention des réservistes ainsi qu’un assouplissement des règles pour les personnes ayant de la difficulté à rembourser leur dette d'études et pour les personnes handicapées.
Les étudiants canadiens ont répondu de façon très enthousiaste au budget de 2008. Certains groupes ont exprimé leur satisfaction. La College Student Alliance a déclaré que le budget de 2008 « [...] montre que le gouvernement fédéral se préoccupe de notre avenir et de nos dirigeants de demain [...] » et la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a remercié le gouvernement d'avoir « [...] répondu à l'appel que lui lançaient depuis longtemps les étudiants et leur famille [...] »; cet appel a probablement été lancé pendant 13 longues années.
Pour assurer au Canada un avenir solide et sûr, nos politiques en matière d'immigration doivent être étroitement alignées sur les besoins du marché du travail. Voilà pourquoi notre gouvernement fait également des innovations importantes dans le secteur de l'immigration, notamment en modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Cette modification améliorera et accélérera le traitement des demandes.
En bref, l'actuel gouvernement conservateur a pris soin de renforcer les facteurs économiques fondamentaux. Le projet de loi se veut prudent, ciblé et responsable, pour que le Canada soit en mesure de faire face à l'incertitude économique qui prévaut dans le monde à l'heure actuelle.
L'appui soutenu du Parti libéral du Canada à l'égard des mesures prises par le gouvernement conservateur indique clairement que nous obtenons des résultats. Nous sommes sur la bonne voie pour l'ensemble des Canadiens et, au nom du gouvernement, je remercie nos amis libéraux d'appuyer constamment nos initiatives; ils redéfinissent le rôle de l'opposition officielle et nous les en félicitons.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un plaisir de participer brièvement au débat sur le projet de loi . Mon intervention se divisera en trois parties.
D’abord, quelques mots sur les propos que mon collègue d’en face a tenus et qu’il a résumés en une phrase à la toute fin. De toute évidence, le gouvernement est quelque peu embarrassé des modifications brutales qu’il a tenté d’apporter à la Loi sur l’immigration.
Deuxièmement, j’ai demandé à un certain nombre de Canadiens s’ils voulaient participer avec moi au débat de ce matin. J’ai quelques observations qui viennent de Canadiens de toutes les régions et je les lirai avec grand plaisir.
Troisièmement, j’ai quelques réflexions à livrer à la Chambre sur les conséquences financières du budget et du projet de loi , ainsi que sur l’orientation que, hélas, le gouvernement et le semblent nous proposer aujourd’hui.
J’interviens aujourd’hui à la Chambre pour parler au nom de tous les Canadiens de la question de l’immigration. Le Canada est un pays remarquable. Il jouit dans le monde entier d’une réputation d’ouverture et de compassion. Des gens veulent venir y habiter, et je ne les en blâme pas. Ma circonscription compte une foule de néo-Canadiens. Ils y sont les bienvenus en tout temps.
Le gouvernement conservateur veut modifier l’attitude qui est depuis longtemps celle des Canadiens à l’égard de l’immigration. Je ne crois pas que le gouvernement veuille vraiment que nous accueillions des nouveaux venus, en tout cas pas en aussi grand nombre que jusqu’ici. Selon moi, les conservateurs veulent nous ramener à la triste époque de ce que j’appellerais l’isolationnisme du Parti réformiste. Ils veulent modifier notre politique sur l’immigration, mais non pour la rendre plus efficace, c’est clair, ni pour la financer correctement, mais pour la rendre moins efficace.
Les conservateurs veulent limiter le nombre des immigrants acceptés chez nous et claquer la porte au nez de tous les autres. C’est une honte. Ils ferment la porte à la réunification des familles. Ils ferment la porte à ceux qui veulent se bâtir une vie meilleure, pour eux et leurs enfants. Ils ferment la porte à des gens qui aiment notre pays et, fort légitimement, veulent en être citoyens. Le Canada est un phare pour le reste du monde.
Le Canada a une fière histoire d’immigration. Il a été bâti par des immigrants. Nous avons peut-être tous regardé à la télévision, hier soir, un reportage qui nous apprenait qu’il y a maintenant plus de 5 millions de Canadiens qui appartiennent à une minorité visible. Le chiffre a doublé en une dizaine d’années.
Les conservateurs veulent maintenant éliminer cette fière tradition. Et, comme si cela ne suffisait pas, ils essaient de forcer le Parlement à adopter ces mesures en les intégrant dans un projet de loi budgétaire. Il s’agit donc d’une question de confiance. La bande de fiers-à-bras d’en face veut nous obliger à céder en mettant tout dans un seul projet de loi et en obligeant les députés d’opposition à jeter les dés. Pour les conservateurs, c’est tout ou rien. Nous ne pouvons pas débattre cette mesure ni en discuter d’une façon adéquate.
C’est tout à fait caractéristique des conservateurs. C’est triste et c’est honteux. Cette réforme de l’immigration devrait être retirée du projet de loi et présentée au grand jour afin que nous puissions l’examiner, comme nous sommes censés le faire ici, en suivant les voies habituelles et en engageant le débat voulu pour veiller aux intérêts de tous les Canadiens et de ceux qui veulent venir chez nous pour le devenir.
De ce côté-ci de la Chambre, nous avons clairement énoncé notre position. Le budget ne contient rien qui vaille même la peine d’être rejeté. En ce moment, nous ne croyons pas que ce soit là une question pour laquelle les Canadiens veulent nous voir déclencher des élections. Il y a beaucoup de sujets qui s’y prêteraient, mais le budget n’en fait pas partie parce qu’il est tellement insignifiant. Il n’en vaut vraiment pas la peine.
Par contre, le domaine de l’immigration est nettement plus important. Cette réforme est proposée à la dernière minute, ce qui nous inquiète beaucoup. Si ces mesures restent dans le projet de loi, il incombera aux membres libéraux du Comité permanent des finances de les examiner dans le cadre du projet de loi d’exécution du budget, d’entendre les Canadiens, de tenir des audiences et de convoquer des témoins pour comprendre tous les détails et être en mesure d’expliquer aux Canadiens les raisons pour lesquelles ces mesures législatives sont mauvaises.
Le Parti libéral a toujours favorisé une politique d’immigration progressiste. Pour nous, le Canada doit accueillir des immigrants de toutes les origines et de tous les milieux. Cette position représente un pilier de la politique de notre parti, et je crois qu’elle correspond au point de vue de la plupart des Canadiens. Cela étant, tout examen de ce projet de loi devra être détaillé et s’inscrire dans le contexte voulu. Nous devons veiller à ce que tout changement de la politique d’immigration reflète nos valeurs collectives canadiennes, et pas seulement celles du Parti conservateur au pouvoir.
L’un des changements proposés conférerait des pouvoirs sans précédent à un seul membre du Cabinet, la . Elle serait habilitée à choisir les immigrants qu’elle jugerait dignes d’être acceptés, d’après les valeurs actuelles du Parti conservateur. Elle aurait le droit de définir des catégories de demandeurs et de s’en servir, ainsi que d’autres moyens, pour modifier l’ordre dans lequel les demandes seraient traitées. Les députés ne croient-ils pas que cela est dangereux? Mes collègues et moi en sommes persuadés.
Je vois que mon collègue d’en face est d’accord. C’est là un dangereux précédent. Nous priverions les gens de la protection des lois du Canada. Ces mesures ont pour effet de laisser à la ministre toute latitude pour décider des demandes à traiter et même pour désigner certaines demandes à rejeter sans examen. Les Canadiens devraient s’inquiéter particulièrement des effets négatifs possibles de cette réforme sur des aspects tels que la réunification des familles et le statut de résident permanent accordé pour des motifs humanitaires.
Comme je viens de le dire, ma circonscription compte un grand nombre de néo-Canadiens. Plusieurs électeurs de ma circonscription et d'ailleurs au pays ont de la famille à l'étranger, des proches qui espèrent bien pouvoir un jour venir les rejoindre. Toutefois, les conservateurs ne sont pas d'avis que la réunification des familles est bonne pour le Canada. Ils considèrent que ces gens ne contribuent pas à la croissance économique du pays. Si on écoute bien les déclarations des conservateurs, on se rend vite compte que ce parti veut consacrer la majorité de ses ressources à la catégorie de l'immigration économique aux dépens des familles et de ceux qui ont besoin de notre aide et de notre compassion.
Une telle attitude devrait grandement préoccuper la Chambre et tous les Canadiens. Pour ma part, je ne crois pas que les conservateurs sauront utiliser ces nouveaux pouvoirs sans céder à la tentation d'appliquer quelques-uns de leurs idéaux réformistes.
Mon collègue affirme qu'il s'agit des préjugés isolationnistes et anti-immigration du Parti réformiste que nous connaissons tous et que nous savons reconnaître. Il y a quinze ans, j'étais membre du Parti progressiste conservateur. Pendant la campagne de 1993, je me suis battu farouchement contre ce même genre de principes qui sont malheureusement repris de nos jours par le nouveau Parti conservateur-réformiste.
Ces principes finiront par faire disparaître les droits qu'ont tous les demandeurs à une étude honnête de leur dossier qui sera entreprise quels que soient leurs antécédents, leur pays, leur origine ethnique et leurs compétences. Les changements proposés ne prévoient aucune limite à ces pouvoirs discrétionnaires et ils les rendent conformes aux ententes fédérales-provinciales en matière d'immigration. Cela pourrait en fait représenter un gros problème dans la province de Québec, compte tenu de la compétence qui lui est accordée au niveau de la sélection des immigrants.
Les conservateurs affirment que ces mesures aideront à réduire l'arriéré au niveau des demandes. Toutefois, j'ai remarqué que le secrétaire parlementaire n'avait pas même tenté de justifier quoi que ce soit à l'égard de l'inclusion de ces changements dans le projet de loi budgétaire. J'ai l'impression qu'il doit avoir honte de voir que son parti a tenté d'inclure toutes ces mesures à la dernière minute en espérant que les Canadiens ne s'en rendent pas compte. Toutefois, les Canadiens s'en sont rendu compte et ils n'auront pas peur de dire ce qu'ils en pensent.
À cause de ces changements, le gouvernement ne sera pas tenté de faire ce qu'il devrait: augmenter la capacité du ministère de l'Immigration de traiter les demandes qu'il reçoit chaque année. Les conservateurs affirment qu'ils ne cherchent pas à réduire le nombre d'immigrants au Canada, mais la réalité est toute autre. Ils lancent des chiffres dans leurs communiqués et leurs points de presse et dans ces horribles dépliants, les dix-pour-cent, dont ils inondent le pays, ce qui est illégal et va à l'encontre des règles que nous avons dans cet endroit. Ils devraient avoir honte. Qui plus est, dans ces messages ils disent qu'ils ont augmenté le nombre d'immigrants accueillis au Canada, ce qui est faux.
L'année dernière et l'année précédente les conservateurs ont délivré quelque 251 000 visas de résident permanent. Seulement 236 000 des personnes à qui ils ont délivré des visas en 2007 étaient arrivées au Canada à la fin de l'année. En comparaison, le précédent gouvernement libéral a admis au Canada plus de 262 000 résidents permanents en 2005.
Il est évident que le Canada a besoin d'un plus grand nombre d'immigrants. Nous sommes déjà confrontés à une grave pénurie de main-d'oeuvre, qui atteindra un taux alarmant si nous ne trouvons pas de nouveaux arrivants qui mettront l'épaule à la roue et nous aideront à bâtir le pays. Notre population vieillit. Nous sommes assis sur une bombe démographique à retardement. Nous avons besoin d'immigrants. Nous avons besoin de gens qui veulent s'établir au Canada pour bâtir le pays.
J'ai dit tout à l'heure que le député d'en face et ses collègues conservateurs souhaitent que ces mesures soient adoptées en catimini. Ce ne sera pas le cas. Des Canadiens d'un bout à l'autre du pays m'ont demandé hier soir de lire quelques-uns de leurs commentaires à la Chambre. Je leur ai promis de le faire.
Voici ce que David Bakody, de la Nouvelle-Écosse, a dit:
C'est un parfait exemple de l'attitude qui consiste à dire « Faites ce qu'on dit et non ce qu'on fait ». Il y tout juste une semaine, ou à peu près, [le ministre des Finances] s'est levé [et] a déclaré aux médias que [l'adoption par le Parlement du] projet de loi sur les REEE était une tactique inspirée des Américains. (C'est faux) C'était, comme dans bien d'autres cas auparavant, une « modification budgétaire » qui peut pleinement faire l'objet d'un débat . Le projet de loi sur l'immigration, qui est une idée réformiste conçue il y a longtemps [par le Parti réformiste] et qui est maintenant sur le point d'être imposée de force aux Canadiens, est un exemple classique de l'approche républicaine, qui consiste à imposer ses vues et à supprimer tous les droits que la démocratie a obtenus au prix de la vie de braves soldats et de braves personnes au cours de deux conflits mondiaux...Même tous ces réformistes ingrats qui se cachent sous la bannière conservatrice et qui complotent derrière des portes closes. C'est une honte...
Monsieur le Président, je lui ai demandé d'adresser ses remarques à la présidence. Il a beaucoup de respect pour votre poste. David, qui, comme je l'ai dit, est de la Nouvelle-Écosse, a ajouté ceci:
C'est une honte, monsieur le Président. S'il vous plaît, demandez à chaque député de regarder à droite, à gauche et en face, et de se demander ce que ma famille et la vôtre ont apporté au Canada, il y a environ 200 ans. La majorité parlera d'espoir. L'espoir d'un avenir meilleur pour nos enfants. Or, voilà que cet espoir est sur le point d'être anéanti.
J'ai demandé à une autre personne, un homme de Toronto, ce que je devrais dire à la Chambre des communes au sujet de ce projet de loi. Il a fait la suggestion suivante:
Je me [servirais] de cette citation d'un article [...] en date du 2 avril, concernant le dernier sondage révélant que les conservateurs perdent du terrain, contrairement aux libéraux qui, eux, gagnent du terrain, à mesure qu'un nombre croissant de Canadiens deviennent conscients de la méthodologie trompeuse qui semble sous-tendre chacune des décisions prises par ce gouvernement [conservateur], dont les pratiques douteuses fondées sur le principe selon lequel la fin justifie les moyens remontent à la naissance même de ce parti.
Il a ajouté ceci:
Je ferais une analogie avec les pouvoirs sans précédent que les républicains ont conférés à leur président pour qu'il puisse renverser les décisions du Congrès et [la] longue tradition d'habeas corpus dans le fondement de la common law, et je montrerais comment cette nouvelle loi conservatrice court-circuiterait les freins et contrepoids [qui existent déjà au sein de notre gouvernement]. Je ferais ensuite ressortir le fait que ce court-circuitage des freins et contrepoids est un thème constant de ce gouvernement, comme en témoignent des décisions telles que le démantèlement du Programme de contestation judiciaire, la mesure en question ici n'étant qu'une autre variation sur ce même thème.
Il a recommandé que je termine mon allocution en disant ceci:
— quand les libéraux auront assez de momentum pour être portés de nouveau au pouvoir, contrairement au gouvernement conservateur qui ne sait pas joindre le geste à la parole lorsqu'il est question de reddition de comptes et d'éthique, la parole deviendra une garantie et ils mettront fin aux tactiques subversives employées pour contourner la façon honnête et normale de faire les choses. En plus de mettre fin à ces tactiques, ils annuleront les pouvoirs ministériels sans précédent qui ouvrent la porte aux abus.
K. Murphy, de l'Alberta, a dit ceci:
Je me souviens d'une remarque faite par Stephen Harper avant les élections de 2006...
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Monsieur le Président, nous débattons aujourd'hui du projet de loi , la loi de mise en œuvre du budget. Le Bloc québécois se prononcera évidemment contre ce projet de loi puisqu'il s'est prononcé contre le budget. Depuis, le gouvernement n'a montré d'aucune façon qu'il était conscient de l'importante détérioration de la situation économique et qu'il devait utiliser des outils qui permettraient à notre économie de faire face à ces nouvelles réalités.
Pourtant, l'automne dernier, le Bloc québécois a mené une consultation partout au Québec. Nous en sommes arrivés à des constats significatifs, et nous avions alors déjà annoncé au gouvernement conservateur qu'il était important qu'il change sa façon de voir en matière d'intervention économique. La pratique du gouvernement conservateur repose sur le fait que le marché régularisera tout et décidera de la façon de faire. S'il y a des fermetures d'usines et des catastrophes économiques dans les communautés, ce sera à celles-ci ainsi qu'aux entreprises de se débrouiller et de s'organiser autrement — de se réorganiser. Selon cette pratique, nous — l'État — n'avons aucun rôle à jouer à cet égard.
C'est une application très directe du mouvement de droite américain qui, depuis 25, 30 ou 40 ans, tente d'imposer ses façons de voir. Il a assez bien réussi aux États-Unis, et il essaie de le faire au Canada par le truchement d'un gouvernement minoritaire. Néanmoins, les Québécois et les Canadiens ne sont toutefois pas dupes. Présentement, s'il y a quelque chose dont ils ne voudraient pas, c'est d'un gouvernement majoritaire conservateur, car on a vu ce qu'il peut faire en tant que gouvernement minoritaire. Imaginez ce qu'il pourrait faire s'il était majoritaire. C'est assez évident.
L'image que j'ai utilisée plus tôt au regard du est très pertinente. Le gouvernement conservateur se comporte exactement comme le capitaine du Titanic. Encore pire, le veut aller naviguer sur un autre océan que celui sur lequel il s'est fait élire. Revenons cependant à l'exemple du Titanic. Ce devait être un bateau extraordinaire, comme l'économie du Canada. Il devait pouvoir passer au travers de toutes les tempêtes. On a cependant été un peu présomptueux et orgueilleux, et l'on connaît maintenant le résultat.
Je crains que, si le gouvernement canadien ne réajuste pas son tir, on aboutira devant la même situation. Ce matin, la Réserve fédérale américaine confirme qu'il y a une récession aux États-Unis. Le Fonds monétaire international affirme qu'il y aura une croissance d'environ 0,5 p. 100 pour les trois prochaines années aux États-Unis. Ce sont de très mauvaises nouvelles pour l'économie du Canada, particulièrement celles du Québec et de l'Ontario. Lorsque les Américains ont moins de pouvoir d'achat, comme présentement, ils achètent moins de produits. Ce sont les entreprises dans ma circonscription qui ont de la difficulté à vendre leurs produits aux États-Unis. Cette réalité s'étend à l'ensemble du Québec et du Canada.
Le gouvernement conservateur a pris position: il ne peut pas intervenir à cet égard; telle est la règle du marché — c'est un peu comme s'il s'agissait de la règle divine. On sait toutefois qu'il y a eu des grandes crises du même genre par le passé. On sait — et l'on commence maintenant à le dire — que lors de la Grande Dépression des années 1930, alors que les républicains américains disaient qu'il ne fallait pas intervenir, il a fallu l'intervention des démocrates de M. Roosevelt pour changer l'allure des choses.
Pour mettre en pratique ce que l'on dit, lorsque l'économie ralentit, il faut que le gouvernement investisse pour relancer cette économie. Le gouvernement conservateur ne veut pas aller dans ce sens. Il s'acharne à garder ses lunettes roses même si, depuis l'automne passé, voire depuis l'année dernière, on a des indications très claires et très nettes — en raison de l'augmentation de la valeur du dollar ainsi que de la crise des papiers bancaires aux États-Unis et de l'effet de cette crise sur la consommation — qu'il faudrait une action beaucoup plus dynamique de la part du gouvernement.
Voici le pire exemple de l'inaction des conservateurs: il a affecté à la dette les 10 milliards de dollars de surplus du 31 mars, alors que le Canada a le meilleur ratio entre la dette et le produit intérieur brut. Il y a déjà ce qu'il faut de ce côté. On n'a toutefois pas utilisé ces sommes pour aider les industries manufacturière, forestière et touristique à se doter d'outils pertinents leur permettant d'offrir des produits compétitifs.
Il ne s'agit pas de subventions. Les entrepreneurs de ma région se retrouvent actuellement dans des situations difficiles, mais ils ne demandent pas de subventions. Les travailleurs ne demandent pas de subventions pour leurs entreprises. Ils demandent qu'un cadre fiscal soit mis en place pour que ces entreprises puissent produire de façon compétitive.
Par exemple, parlons de l'argent de la dernière baisse de la TPS. Au lieu d'une telle baisse, le gouvernement aurait pu garder cette marge de manœuvre et ainsi accorder des crédits d'impôt remboursables aux entreprises qui ne font pas beaucoup de profits, comme c'est particulièrement et malheureusement le cas des entreprises des secteurs manufacturier et forestier de différentes régions du Québec. En Ontario et dans le reste du Canada, c'est la même chose.
On aurait dû véritablement mettre en place un programme adéquat de soutien et d'aide aux entreprises. On aurait dû réinvestir dans le programme Partenariat technologique Canada, qui permettait le démarrage de nouveaux produits grâce à de nouvelles technologies. C'est ce genre d'attitude qui aurait été nécessaire de la part du gouvernement pour aller de l'avant. Cependant, cela ne s'est pas retrouvé dans le budget ni dans l'actuel projet de loi; on semble toujours aller dans le même sens.
En réduisant les impôts des grandes entreprises de façon systématique, ce qui permet entre autres aux pétrolières de payer moins d'impôt, on croit améliorer la situation globale de l'économie. Or, on se rend maintenant compte de l'effet domino: une crise relative au crédit bancaire s'est transposée dans le secteur de la consommation, et le dernier secteur touché sera celui des ressources naturelles.
Les régions du Canada qui se pensent protégées contre ce ralentissement ne le sont pas, car la consommation américaine diminuera dans tous les secteurs et cela aura des conséquences. On ne fait pas face à une situation divine où il est impossible d'intervenir. Le gouvernement a les moyens d'intervenir, mais ne le fait pas. Pour cette raison, nous nous serions attendus, pour nos communautés, pour nos concitoyens et concitoyennes, de même que pour les travailleurs et travailleuses de nos régions, à ce que le gouvernement mette en avant des mesures constructives et un plan d'action.
Cependant, on a l'effet contraire. Par exemple, en matière de développement régional, le projet de loi actuel prévoit diminuer le budget de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec — il faut le faire! — de 107 millions de dollars pour l'année prochaine, c'est-à-dire cette année qui commence, cette même année où il faudrait plutôt davantage d'argent pour aider les entreprises.
Le ministre est désormais obligé d'élaborer un argumentaire. Il dit qu'on n'a plus vraiment les moyens de financer les entreprises qui recevaient une aide financière pour soutenir l'économie globale d'une région, et qu'on devra leur retirer leur financement, afin de pouvoir en allouer suffisamment à l'aide aux entreprises. On avait cependant besoin des deux. On a les moyens d'aider les entreprises et de développer de nouveaux produits. Il n'y a pas une entreprise qui, munie d'un outil de développement pour la recherche-développement, n'en profitera pas pour créer de nouveaux produits et ainsi être compétitive et vendre des produits ailleurs. Il ne s'agit pas de recevoir des subventions pour compenser une perte de productivité; il s'agit d'assurer la compétitivité de ces entreprises.
Par ailleurs, nous nous serions attendus à ce qu'on saisisse à deux mains l'occasion du développement durable. En matière économique aujourd'hui, l'outil le plus important serait de profiter au maximum des possibilités offertes par la création de nouveaux produits de développement durable.
Par exemple, on peut penser à la bourse du carbone. Dans ma circonscription, une entreprise avait développé un produit et attendait la mise en place de la bourse du carbone, puisque la rentabilité allait être assurée par des gains qu'on réaliserait en fonction des ventes de crédits à cette bourse du carbone. Toutefois, en raison du retard du gouvernement et sa décision de ne pas mettre en place des cibles absolues, la bourse du carbone ne fonctionne pas encore et cela retarde le développement de ces produits qui seraient profitables à la fois à l'environnement, au développement économique, au développement de nouveaux produits et, par conséquent, au développement durable.
On dirait que le gouvernement a renoncé à la responsabilité de construire la prospérité. C'est comme si la création de la prospérité était la responsabilité seulement de l'entreprise privée. À la limite, sa répartition de la prospérité est également en train d'emprunter à celle du secteur privé. En effet, on essaie le plus possible d'éviter de répartir la richesse. À cet égard, le gouvernement conservateur applique encore la thèse de la droite américaine. Le bel exemple de cela est la création d'une société de l'assurance-emploi.
Dans ce dossier, le Bloc québécois a livré une bataille, dont moi personnellement, à titre de porte-parole en matière de ressources humaines pendant plusieurs années. J'ai pu constater à quel point ce sont les travailleurs saisonniers qui ont le plus contribué à la lutte contre le déficit, mais n'ont jamais eu de retour sur l'investissement.
Cette année, les conservateurs ont décidé de donner suite à l'idée de créer une société autonome, et c'est tant mieux. Il est toutefois inacceptable que, en dépit des 54 milliards de dollars payés par les travailleurs et les employeurs pour lutter contre le déficit, il n'y ait aucun retour sur l'investissement.
On a serré la vis à ces gens et exigé d'eux plus d'heures de travail pour se qualifier à l'assurance-emploi, tout en leur allouant moins de semaines de prestations au bout du compte. On a appliqué ce régime pendant 10 ans. Or, quand la situation économique et la situation financière du gouvernement sont redevenues plus acceptables, tout l'effort consenti a été oublié. C'était comme si cela n'avait pas existé.
En revanche, on en redonne du côté des baisses d'impôt pour les grandes entreprises. On a même accordé des baisses d'impôt à l'ensemble de la classe moyenne, et c'est correct qu'il y ait un retour d'investissement de ce côté.
Ce qui est incorrect, c'est que les gens qui cotisent au régime d'assurance-emploi et qui ont besoin de ce régime n'y aient pas accès. Dans nos régions, les travailleurs n'ont pas tous des emplois annuels. Il y a aussi des emplois saisonniers.
Au fil des ans, on a gagné un régime particulier pour les travailleurs saisonniers grâce à des projets-pilotes, et ce, sans modifier la loi. Il y a tout de même une amélioration. On aurait souhaité que le gouvernement ait la sensibilité de dire qu'il allait remettre, dans cette nouvelle caisse autonome, une partie des surplus dont il s'est servi pour financer la baisse du déficit et pour financer le fonctionnement courant du gouvernement. Pourtant, on ne retrouve pas ces éléments là-dedans.
Au niveau des secteurs manufacturier et forestier, le message a été envoyé par la Chambre cette semaine. Une motion d'un député du Bloc, le whip du Bloc québécois, a été adoptée par cette Chambre. Selon cette motion, le gouvernement devait avoir une stratégie en matière d'intervention forestière. Il n'en a pas et les conséquences sont dévastatrices.
Dans ma circonscription, des entreprises sont très solides financièrement et très solides au niveau de la qualité de la gestion du secteur forestier. Aujourd'hui, les dirigeants de ces entreprises viennent nous voir en disant qu'ils sont rendus à bout de souffle et qu'ils doivent fermer l'entreprise pendant trois mois. Dans une de ces entreprises, on a inventé une solution pour laquelle les travailleurs doivent être félicités, à savoir qu'on module le salaire en fonction du prix du bois. Cela permet de garder les emplois. Les employés sont moins payés pendant un certain temps, mais ils espèrent qu'ils sortiront de la crise de façon intéressante.
Ces travailleurs et ces employeurs auraient souhaité qu'il y ait un programme d'aide aux travailleurs âgés. Lorsque quelqu'un a fait son maximum pour se trouver un emploi ou qu'un individu de 56 ans perd l'emploi qu'il occupait dans une usine de bois, il ne peut pas devenir technicien informatique du jour au lendemain, même si, depuis 30 ans, il était le meilleur pour faire le tri du bois.
On essaie de lui trouver un autre emploi, mais ce n'est pas facile. Pour les employeurs, embaucher un travailleur âgé signifie que cela pourrait coûter plus cher en termes de prestations de santé et de sécurité au travail. Pour les employeurs, c'est une personne plus à risque et ils ne l'engagent pas. Après cela, l'employé se retrouve devant rien au terme de ses prestations d'assurance-emploi. Il a travaillé pendant 25 ou 30 ans à temps plein pour des entreprises et il n'a jamais profité du régime d'assurance-emploi. Pourtant, une fois que les 45 semaines sont terminées, la prochaine étape est l'aide sociale.
C'est une mesure sociale, mais cela aurait aussi été une mesure économique dans le cadre d'une stratégie industrielle très pertinente. Il est toujours pertinent d'avoir un programme qui permet à ces gens de bénéficier d'un soutien du revenu jusqu'à ce qu'ils puissent réclamer leur pension de vieillesse. Du même coup, cela permettrait de garder les jeunes dans le secteur. Le secteur forestier n'est pas en déclin pour le reste de l'histoire de l'humanité. Il y aura une relance économique et une relance de construction. On va avoir besoin de travailleurs et on aura perdu les plus jeunes, parce que les mises à pied affectent les plus jeunes. Ces derniers vont travailler ailleurs et quand la relance va venir, ces travailleurs ne seront plus disponibles.
On se serait attendus à ce que le gouvernement laisse tomber le type vision que l'on retrouve dans le budget et s'ajuste plutôt à ce que les gens lui ont dit. En tant que député, c'est la première fois en 15 ans que je vois cela. Au cours de la semaine qui a suivi le dépôt du budget, le Comité permanent des finances, avec l'appui de certains députés conservateurs, a accepté de reconsidérer toute la section des secteurs manufacturier et forestier. Il a adopté une motion qui disait au de refaire son travail parce que dans ce secteur, le gouvernement n'a pas adopté les mesures suffisantes. Toutefois, le gouvernement ne bouge toujours pas de ce côté.
Le se cache derrière des baisses d'impôt généralisées pour des gens qui font bien des profits, mais il a pris juste une partie de la stratégie qu'il pourrait utiliser. C'est comme s'il avait eu des béquilles, mais qu'il ne se servait que d'une seule. Il avait les moyens de mettre en place une intervention beaucoup plus globale. C'est bien d'avoir des baisses d'impôt de quelques points, mais il faut aussi des approches ciblées pour aider en matière de recherche et de développement, pour aider en termes de crédits d'impôt et permettre le développement de nouveaux produits et pour intervenir pour aider les travailleurs âgés. On ne retrouve rien de cela dans ce budget et on ne retrouve rien dans le programme qui est devant nous. Ce n'est plus de l'ordre de la productivité, mais de l'ordre de l'équité.
Au Québec et au Canada, depuis environ 15 ans, on a systématiquement remis le Supplément de revenu garanti à un minimum de personnes âgées qui y avaient droit. Il fallait que la personne s'inscrive. Il n'y avait pas d'inscription automatique et chaque année, elle devait se réinscrire. On s'est rendu compte de ce scandale il y a sept ou huit ans. À l'époque, un député du Bloc, M. Marcel Gagnon, a travaillé très fort pour qu'on retrouve ces gens afin de leur permettre de s'inscrire au Supplément de revenu garanti. On en a retrouvé des milliers. On s'est aussi aperçu que dans la loi, il y avait une iniquité terrible.
Prenons l'exemple d'une dame de 78 ans dont le mari décède. Ses enfants examinent avec elle sa situation financière. Ils se rendent compte soudainement qu'elle n'a pas bénéficié du Supplément de revenu garanti. Ils font une demande et constatent qu'elle a droit à une rétroactivité de 11 mois. Même si cette dame y avait droit depuis qu'elle avait 65 ans, on ne va pas plus loin que 11 mois.
Comparons cela avec le comportement du gouvernement lorsque nous lui devons de l'impôt. Dans ce cas, il peut vérifier aussi loin en arrière qu'il le veut. Il peut réclamer autant d'années qu'il le veut. La personne âgée, elle, ne peut pas aller plus loin que 11 mois. Pas un député en cette Chambre ne peut contredire cela. Or, très souvent, les personnes âgées avaient droit à des sommes depuis deux, trois, cinq ou sept ans, et le gouvernement avait les moyens de répondre à ces demandes, sans difficulté. De toute façon, cet argent retourne dans l'économie très rapidement dans une proportion de 95 p. 100. En effet, ce n'est pas avec la Pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti que les gens font de l'argent. Cela finance le minimum pour pouvoir joindre les deux bouts chaque mois.
Je suis particulièrement sensible à cette question parce que, dans ma région, dans l'Est du Québec, 52 p. 100 des gens âgés vivant dans la municipalité régionale de comté qui a le plus haut revenu moyen reçoivent le Supplément de revenu garanti. Cela veut dire que chaque fois que vous rencontrez deux personnes âgées, l'une au moins le reçoit. Dans la municipalité régionale de comté la plus pauvre, on parle de 79 p. 100, soit trois personnes sur quatre, et dans bien des villages, ce taux est de 100 p. 100, soit quatre personnes sur quatre. En effet, longtemps, nos personnes âgées ont travaillé pour des employeurs qui n'offraient pas de caisses de retraite. Aujourd'hui, dans une des sociétés qui se disent les plus riches au monde, on n'est pas capable d'assurer à ces gens un revenu minimal qui leur permet de vivre la fin de leurs jours dans la dignité.
Il y a là une iniquité. Lorsqu'on évalue l'efficacité d'une société comme la nôtre, il faut tenir compte de ces éléments. Créer de la richesse, c'est bien, mais il faut voir de quelle façon on la crée et de quelle façon on la répartit. C'est sur ces deux points principaux, par rapport aux questions financières, qu'on peut évaluer un gouvernement.
Dans le contexte actuel, notre gouvernement se retire de toute la question du développement économique en disant que c'est le secteur privé qui s'en occupe; qu'il ne mettra pas en place les conditions nécessaires pour continuer à développer des produits; qu'il supprimera des programmes comme Partenariat technologique Canada parce qu'il y a peut-être eu quelques excès pour ce qui est de certaines compagnies — mais c'était vraiment minime; que maintenant, les régions devront se débrouiller. En plus, pour la prochaine année, il enlèvera 107 millions d'investissements au Québec. C'est ce type d'interventions que les conservateurs font quant à la création de la richesse au Canada; ils ont décidé qu'ils n'en étaient plus responsables.
D'autre part, en ce qui concerne la répartition de la richesse, on en donne toujours le moins possible, et l'on ne reconnaît pas la contribution des gens à notre société.
Dans le budget, il y a une mesure que je trouve terrible. C'est celle selon laquelle une personne âgée pourra bénéficier d'un revenu de 3 500 $ non imposable. Savez-vous ce que cela veut dire? Cela veut dire qu'on incite les gens de 68, 70 ou 72 ans, à aller cogner à la porte du Dunkin' Donuts, du Wal-Mart ou d'un autre employeur pour aller chercher quelques sous. Ne pensez-vous pas que nos personnes âgées mériteraient un meilleur sort que celui-là et que, dans notre société, on n'aurait pas les moyens de leur donner ce qu'elles méritent?
On a calculé qu'il serait nécessaire d'ajouter environ 100 $ par mois au Supplément de revenu garanti pour que les gens bénéficient d'un revenu correspondant au seuil minimum pour pouvoir arriver dans la vie, pour répondre aux besoins de base. On aurait été capable, à même les surplus du budget de l'année passée, de régler une partie de cette question et de l'intégrer au budget de cette année. Il aurait été possible de ce faire. On ne l'a pas fait.
On voit donc qu'il y a beaucoup de raisons pour être contre ce budget et le projet de loi de mise en vigueur du budget. Fondamentalement, le budget des conservateurs ne correspond pas aux besoins exprimés par les Québécois et les Québécoises lors de la préparation de la consultation budgétaire. Nous avions soumis ces besoins au ministre et nous nous attendions à une collaboration de sa part.
S'il n'y avait pas eu les problèmes rencontrés au niveau de l'opposition officielle, aujourd'hui, on serait en période électorale, et le gouvernement conservateur serait jugé très sévèrement sur les choix qu'il a faits. J'espère qu'on en arriverait à un résultat qui correspondrait beaucoup plus à la réalité souhaitée par nos concitoyens et concitoyennes, particulièrement au Québec. Ce gouvernement donne l'impression d'être ouvert à cette province, mais dans la pratique, dès le moment où il faut poser un geste concret, il recule, il s'assoit. On l'a encore vu hier, avec le .
Je souhaite que le gouvernement enregistre le message parce que, sur le plan économique, s'il n'y a pas un changement d'orientation, dans quelques mois, le jugement de la population sur la question financière sera encore plus sévère.
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Monsieur le Président, certains collègues disaient qu'ils voulaient effectivement l'entendre, et avec raison, puisque le projet de loi de mise en vigueur du budget dont il est question aujourd'hui contient des dispositions très importantes qui viendront bouleverser le régime d'immigration au Canada. Et ma collègue, porte-parole de l'opposition en cette matière, aura des choses très importantes à nous dire à ce sujet.
Dressons la situation du budget. C'est un document assez complexe comportant toutes sortes d'explications, de tableaux et de graphiques, et il en va de même pour le projet de loi qui vise à le mettre en vigueur. Toutefois, si les gens veulent vraiment comprendre d'un coup d'oeil, à l'aide d'un seul exemple, où se dirigent les conservateurs avec ce budget, je les invite — ce genre de chose peut être consulté en ligne aujourd'hui — à regarder le tableau 5.4 du budget.
Nous sommes aujourd'hui au tout début d'avril, ce qui correspond au début de ce qu'on appelle dans le jargon de la Chambre un exercice financier ou encore une année financière. Le budget du gouvernement se termine le 31 mars, alors on vient de commencer une nouvelle année en ce qui concerne le budget.
Pour cette année financière, c'est-à-dire 2008-2009, ainsi que pour l'année 2009-2010, soit sur une période de deux ans, les conservateurs projettent de réduire de 14 p. 100 ce qui constitue l'apport des sociétés par actions. Autrement dit, l'apport au budget de taxes et d'impôt provenant des entreprises diminuera de 14 p. 100. Ce même tableau démontre qu'en même temps, sur cette même période de deux ans, les conservateurs projettent d'augmenter de 12 p. 100 l'apport de l'impôt provenant des particuliers à la masse budgétaire. Il y aura donc une réduction de 14 p. 100 pour les entreprises et une augmentation de 12 p. 100 pour chacun de mes collègues, pour moi et pour les gens qui suivent ce débat.
Dans l'ensemble du dossier budgétaire, c'est quelque chose que le public a le droit de savoir et de comprendre. Il s'agit effectivement d'un choix idéologique, comme mon collègue vient de le mentionner, qui est le leur. Ce qui me désole, par contre, c'est de voir la soi-disant opposition officielle se lever pour poser des questions et émettre des commentaires en donnant l'illusion aux Québécois et aux autres Canadiens qu'ils sont contre le budget, alors qu'il n'en est rien. Ils soutiennent le budget parce qu'ils votent pour celui-ci. Ils soutiennent les choix budgétaires des conservateurs.
C'est ce qui arrive quand on n'a aucune conviction et qu'on ne croit en rien. D'ailleurs, une des choses que les libéraux ont dites récemment permet au public de véritablement les décoder. Ils ont dit que la seule et unique raison expliquant leur comportement était leur propre bien-être en tant que formation politique. Ils ne réfléchissent donc pas à l'économie, aux strates de la société qui ont besoin d'aide, au sort des programmes sociaux ou aux industries manufacturière et forestière en crise au Canada en ce moment. La seule chose qui compte pour le Parti libéral du Canada, c'est le Parti libéral du Canada.
Au moins nous, du NPD, avons une vision que nous maintenons. Nous n'avons pas peur d'affronter l'électorat lors d'élections. Nous sommes persuadés que le fait de rencontrer les gens et de leur expliquer nos choix et nos actions en vue de rendre notre société plus juste et d'enrayer les inégalités assurera au Nouveau Parti démocratique davantage de soutien de la population. C'est ce qui est en train de se produire au Québec, au fur et à mesure que les gens réalisent les avantages de notre programme et ce que nous représentons.
Bien que je ne sois pas d'accord avec le gouvernement conservateur et que je n'approuve ni son choix budgétaire ni sa vision de la société, cela a au moins le mérite d'exister et d'être clair. Je suis capable de citer leur proposition de réduire de 14 p. 100 les taxes pour les entreprises et d'augmenter de 12 p. 100 l'apport provenant des particuliers. Du reste, c'est au public d'en juger.
Par contre, on ne peut rien affirmer de la sorte en ce qui concerne le Parti libéral du Canada, car effectivement il ne croit en rien. Voilà la triste réalité.
J'écoutais une question qui a été posée plus tôt. C'était intéressant de prendre connaissance de l'attitude des conservateurs. Comme vous le savez, depuis la Seconde Guerre mondiale, le Canada est un très grand pays, le deuxième pays au monde en terme de masse. Énormément d'efforts par de nombreuses générations ont été nécessaires pour construire une économie équilibrée, et l'on a réussi. On avait un secteur primaire axé en grande partie sur les ressources naturelles — les mines, la forêt. E l'on avait un secteur de transformation — les usines, les manufactures — concentré en grande partie en Ontario et au Québec, mais un peu partout au Canada, comme il se doit dans une économie moderne et au sein d'un pays aussi vaste que le nôtre.
Bien entendu, surtout depuis une génération, il y a le service des secteurs financiers. Les services eux-mêmes constituent une partie de plus en plus importante de notre économie. C'est cela une économie équilibrée. On avait un peu de tout, dont l'un des niveaux de prospérité les plus élevés au monde.
Les conservateurs en sont maintenant à leur troisième année au pouvoir. Que voit-on sous l'actuel gouvernement conservateur? Malgré ses prétentions d'être un bon gestionnaire, il est en train de commettre de graves erreurs dans la gestion de notre économie, un peu comme nos voisins du Sud. C'est intéressant, car ce sont deux gouvernements idéologiquement de droite, qui se réclament d'être compétents en matière d'administration et de comprendre les vraies choses de la vie. On a d'ailleurs entendu les insultes plus tôt. Or, c'est drôle, les Américains sont en récession, aux dires de leurs propres administrateurs, et nous, nous risquons la même chose très bientôt. Le gouvernement a-t-il prévu quelque chose? Rien du tout. Le budget fait-il autre chose qu'exacerber les problèmes? Malheureusement non.
Le nous montre ses baisses de taxation de l'automne comme preuve qu'il fait quelque chose pour les entreprises. Toutefois, attention! une entreprise forestière ou manufacturière qui n'a pas fait de profits ne peut certainement pas avoir de réductions d'impôt: pas de profits, pas d'impôt. Où sont allés les 14 milliards de dollars? Ils sont allés dans des secteurs qui sont en surchauffe en ce moment, notamment le secteur pétrolier dans l'Ouest canadien.
Cela pousse notre huard à des sommets jamais vus. Le dollar canadien élevé rend de plus en plus difficile l'exportation de ce que nous fabriquons ici, au Canada. Donc, c'est un cercle vicieux qui est en train de s'instaurer. Or, plutôt que d'agir comme des administrateurs prudents, en tenant compte de l'effet potentiel, ils font le contraire. Ils prennent l'argent des gens pour le donner aux sociétés les plus riches. Nous, au NPD, nous ne mangeons pas de ce pain-là. Notre vision est tout à fait différente.
Je vais partager le reste de mon temps de parole avec ma collègue de . Plus tôt, de même qu'hier et avant-hier durant la période des questions orales, j'ai entendu les libéraux se lamenter du mauvais coup que les conservateurs s'apprêtent à faire en matière d'immigration, c'est-à-dire mettre à la poubelle un système équitable, où les règles sont claires pour tout le monde, et le remplacer par un système purement aléatoire, voire discriminatoire, axé strictement sur l'arbitraire. Il est vrai que les libéraux, par leur incurie et leur mauvaise gestion habituelles et chroniques, ont réussi à faire passer à 900 000 le nombre de personnes en attente. Et c'est une tragédie, un scandale de mauvaise administration, mais cela, c'est la marque de commerce des libéraux. Ce n'est toutefois pas une excuse suffisante pour que les conservateurs remplacent le système existant par un système basé sur des choix idéologiques qui peuvent même mener à l'exclusion des gens, selon leur pays d'origine.
Je vais maintenant laisser le reste de mon temps de parole à ma collègue de .
:
Monsieur le Président, je suis fière de prendre la parole pour dénoncer le projet de loi d’exécution du budget parce qu’il est mauvais pour les immigrants, mauvais pour l’économie et mauvais pour le Canada.
Moi qui suis immigrante et représente à titre de députée l’une des circonscriptions les plus diversifiées au Canada, je suis consternée par le seul fait que nous ayons à débattre une modification semblable à la politique canadienne sur l’immigration. J’ai entendu les préoccupations de groupes d’immigrants des quatre coins du Canada qui s’élèvent contre les modifications radicales proposées dans le projet de loi d’exécution du budget.
[Français]
J'ai entendu les réactions des communautés de partout au Canada qui sont très frustrées que ces changements soient faits sans consultation et sans étude. Elles ont peur, avec raison, des conséquences pour les familles.
[Traduction]
À Vancouver, des groupes craignent de ne plus pouvoir parrainer des parents pour qu’ils puissent venir les rejoindre depuis le Vietnam, l’Inde, le Pakistan et la Chine. À Edmonton, hier, des Ukrainiens, des Asiatiques du Sud, des Latino-Américains et d’autres m’ont dit qu’ils craignaient d’avoir encore plus de mal que maintenant à obtenir des visas de visiteur. À Toronto, des collectivités d’immigrants se sont regroupées pour lutter contre ces modifications radicales. Pas étonnant.
Comment le projet de loi touchera-t-il ces collectivités? Il instaurera un système de contingentement de l’immigration. Il enlèvera au Parlement la responsabilité de surveiller la politique canadienne sur l’immigration. Il facilitera le resquillage, sans aucune responsabilisation ni transparence. Il appuiera une réorientation fondamentale de la politique d’immigration afin d’aider les industries qui font le meilleur lobbying pour obtenir des travailleurs étrangers, au détriment de la réunification des familles et de l’immigration pour des causes humanitaires.
L’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants dit que, à cause du projet de loi, le Canada s’éloignera de sa conception des immigrants comme partenaires essentiels qui contribuent à bâtir l’avenir du Canada.
Dans la partie du projet de loi d’exécution du budget qui porte sur l’immigration, je relève trois modifications qui sont foncièrement mauvaises. Tout d’abord, le ministre obtient le droit d’écarter des demandes, de choisir les types d’immigrants à retenir et le type de travail qu’ils devront faire. Si le ministre estime qu’il y a déjà au Canada trop de membres des minorités visibles ou d’immigrants appartenant à certains groupes, il peut mettre à part un certain groupe de pays et refuser les demandes qui en proviennent. Ou il peut mettre les demandeurs de ces pays au bas de la liste, de sorte que les demandes ne seront pas étudiées avant dix ans, si jamais elles le sont.
Pas étonnant que Mohamed Boudjenane, de la Fédération canado-arabe, ait qualifié les modifications de « dangereuses » et dit qu’elles ouvraient la porte au profilage racial.
Pas étonnant que Wayne Hanley, président de l’Union des travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce, ait fait remarquer que des collectivités de tout le Canada sont profondément déçues et qu’il s’oppose à ce que le ministre ait toute latitude pour refuser d’étudier certaines demandes.
La ministre a déclaré que le Canada devait accueillir davantage de travailleurs et que c'est de médecins que nous avions le plus besoin. Toutefois elle vient d'expulser un radiologiste pour aucune raison valable alors que nous avons besoin de radiologistes.
La même ministre ainsi que le ont refusé d'appuyer une médecin de 42 ans qui vient de l'ex-URSS et qui est autorisée à pratiquer au Canada, mais n'arrive pas à trouver de poste de résidente en raison de son âge. Elle est rhumatologue et nous avons besoin de plus de spécialistes dans ce domaine. Je le sais, des familles de ma collectivité m'ont dit qu'elles étaient à la recherche de ce genre de médecins pour leurs parents.
Il ne s'agit donc pas de main-d'oeuvre qualifiée. On recherche une main-d'oeuvre à bon marché. Karl Flecker, du Congrès du travail du Canada, affirme que le Canada veut « créer un bassin de travailleurs facilement remplaçables pour occuper des emplois à un salaire que les Canadiens n'accepteraient pas ».
Si le projet de loi est adopté, des Canadiens ordinaires ne pourront pas être réunis pour des motifs d'ordre humanitaire avec des membres de leur famille demeurés à l'étranger à cause de circonstances extraordinaires.
De plus, pourquoi le gouvernement enlève-t-il aux demandeurs de visa de visiteur la possibilité et le droit d'aller devant un tribunal si leur demande est rejetée?
Il y a deux jours, j'ai rencontré Que Ton Hong à Vancouver. Elle se mariera en juillet, mais ne pourra pas faire venir sa famille pour assister au mariage. Elle ne peut pas faire venir la personne qui l'a élevée, sa mère, pour cette occasion heureuse. C'est une façon honteuse de traiter une personne, à plus forte raison un citoyen canadien. Aujourd'hui, Mme Hong peut décider de traîner les agents d'immigration devant les tribunaux pour faire reconnaître son droit de faire venir sa mère au Canada pour assister à un mariage. Toutefois, aux termes des modifications proposées dans le projet de loi d'exécution du budget, elle ne le pourrait pas.
Le NPD estime qu'il y a une meilleure façon d'agir; le Canada pourrait suivre l'exemple de l'Angleterre et de l'Australie, où les demandeurs qui se voient refuser un visa de visiteur ont le droit d'interjeter appel devant un tribunal spécial sans frais supplémentaires. Cette façon de faire libérerait le système judiciaire et offrirait une option d'appel sans frais à ceux qui se font refuser un visa.
Le gouvernement conservateur s'engage plutôt dans la direction opposée, dans une mauvaise direction. Il n'est pas étonnant que Victor Wong, du Conseil national des Canadiens chinois, ait déclaré que le conseil avait beaucoup d'inquiétudes. Il suggère que le gouvernement refasse ses devoirs.
Le NPD a une meilleure solution à proposer pour remédier à l'arriéré, pour améliorer notre système d'immigration, pour augmenter le nombre d'immigrants au Canada, pour embaucher plus de personnel dans nos bureaux à l'étranger et ici, et pour modifier le système de points afin de faire venir plus de familles au Canada.
Monsieur le Président, je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
cette Chambre refuse de donner deuxième lecture au projet de loi C-50, Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 26 février 2008 et édictant des dispositions visant à maintenir le plan financier établi dans ce budget, car les principes de ce projet de loi, en ce qui concerne l’immigration, ne reconnaissent pas que toutes les demandes d’immigration devraient être traitées de manière équitable et transparente et qu’ils ne reconnaissent pas non plus que la réunification des familles contribue à l’édification de communautés vibrantes, inclusives et en santé et devrait donc être une priorité dans tous les dossiers d’immigration.
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Monsieur le Président, non seulement j'ai adressé une question à la députée de , mais je répondrai à certaines de ses préoccupations pendant les quelques prochaines minutes. Bien sûr la ministre a prononcé son discours à la Chambre, et la députée entendra non seulement mon opinion et celle de la ministre mais aussi celle de tous les Canadiens si cette question est mise à l'épreuve, parce que les mesures que nous souhaitons prendre dans le dossier de l'immigration correspondent aux souhaits des Canadiens.
Nous ne cachons rien. Le débat est totalement ouvert. La question fera l'objet d'un débat à la Chambre et le comité en sera saisi afin d'entendre d'autres avis. Le moment est très opportun pour que nous traitions, enfin, de cette question de façon positive.
Je suis heureux de prendre la parole au sujet de l'amendement mal conçu du Nouveau Parti démocratique, qui cherche à étouffer le débat sur le projet de loi , le projet de loi d'exécution du budget du gouvernement. En effet, les allégations que fait le NPD dans sa motion sont trompeuses et absolument sans fondement. Les mesures que nous prenons permettront aux immigrants d'arriver plus vite, en plus grand nombre et de façon plus efficace qu'auparavant.
Cependant, les tactiques néo-démocrates, ou même libérales, dans le dossier de l'immigration ne devraient pas nous étonner. Quand ceux-ci ne peuvent compter sur les faits pour remporter un débat, ils ont recours à des tactiques alarmistes, mais celles-ci ne fonctionneront pas. Elles ne porteront pas fruit.
Disons les choses clairement. Le NPD cherche à se faire du capital politique en présentant cette motion. Son objectif est de mettre les libéraux dans l'embarras, tout simplement. Honnêtement, c'est tout à fait honteux. Alors que le NPD se plaît à jouer de petits jeux, il retarde l'adoption de mesures législatives essentielles au bien-être socio-économique de notre pays.
Avant de parler de l'amendement néo-démocrate, j'aimerais mettre en contexte ce débat sur l'immigration. L'année dernière, sous la direction dynamique de notre , le Canada a accueilli le plus grand nombre de nouveaux venus de l'histoire, soit 429 649 immigrants, battant le record qu'on avait atteint il y a près de 100 ans. Ces chiffres continueront de croître dans les années à venir.
Ce nombre record d'immigrants admis au Canada reflète l'engagement ferme et sans équivoque de notre gouvernement envers les immigrants et l'immigration. Notre gouvernement reconnaît que la contribution de ceux-ci est essentielle au bien-être socio-économique de notre pays. Notre gouvernement souhaite la réussite des immigrants et de leurs familles. Nous voulons que plus d'immigrants et de nouveaux venus arrivent au Canada. Nous souhaitons aussi la réunification plus rapide des familles et l'arrivée plus prompte de travailleurs qualifiés.
Voilà notre priorité, mais cela est de plus en plus difficile, à cause de l'énorme arriéré de demandes d'immigration hérité des anciens gouvernements libéraux. Les gouvernements libéraux qui se sont succédé ont regardé cet arriéré passer de 50 000 demandes à plus de 800 000, et le compte se poursuit. Les libéraux ont tellement négligé le système d'immigration que ceux qui demandent de venir au Canada attendent, en moyenne, de quatre à six ans, simplement pour que leur demande soit examinée. Ce n'est pas acceptable.
Le Canada perd des immigrants talentueux qui se tournent vers des pays comme l'Australie, où le temps d'attente est de six mois, non six ans. C'est inadmissible. Les Canadiens s'attendent à mieux, et la situation s'améliorera grâce au nouveau projet de loi budgétaire que nous présentons en matière d'immigration.
Le Canada perd des immigrants talentueux. En fait, il n'est pas étonnant que d'autres pays affirment que les longues listes d'attente du Canada constituent leur meilleur outil de marketing pour attirer des immigrants. En deux mots, les modifications que nous apportons à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés réduiront l'arriéré créé par le Parti libéral du Canada et le temps que les immigrants doivent attendre pour entrer au Canada. En nous accusant de fermer la porte aux immigrants, les libéraux et les néo-démocrates induisent en erreur les Canadiens et les immigrants potentiels, en plus de faire de la petite politique de bas niveau.
Il est tout simplement inacceptable d'induire en erreur ceux qui font confiance aux politiciens et d'exploiter les craintes des familles d'immigrants. Si on met de côté les beaux discours et les campagnes de peur, les immigrants et les Canadiens méritent de savoir pourquoi les libéraux et les néo-démocrates veulent faire attendre les familles encore plus longtemps qu'elle ne le font actuellement.
Les entreprises canadiennes méritent de savoir pourquoi les libéraux et les néo-démocrates veulent les empêcher d'obtenir les travailleurs spécialisés et non spécialisés dont ils ont tant besoin. Dans nos déplacements à l'échelle du pays, les gens d'affaires nous ont fait part de leur frustration. Ils sont frustrés, car ils sont incapables de combler leurs besoins. Ils ne peuvent progresser et ils ne peuvent construire et développer le pays, car ils n'ont pas les ressources humaines dont ils ont tant besoin. Ils comptent sur nous et ils affirment qu'enfin les choses bougent.
De ce côté-ci de la Chambre, notre position est claire. Le ministre a déclaré à de nombreuses reprises, et cela mérite d'être répété, que notre gouvernement prend des mesures urgentes pour corriger le gâchis des libéraux, de manière à ce qu'un plus grand nombre de familles puissent être réunies plus rapidement et qu'un plus grand nombre de travailleurs qualifiés puissent venir ici dans de plus brefs délais.
Les reproches du NPD et du Parti libéral selon lesquels nous fermons la porte à l'immigration n'ont aucun fondement. Ce sont les libéraux qui ont fermé la porte à l'immigration en laissant l'arriéré prendre de telles proportions. Sans nos interventions, les délais d'attente augmenteraient à 10 ans en 2012, ce qui est tout à fait inacceptable. Cela voudrait dire que le fonctionnement du système est tout à fait chaotique.
La mesure législative vise notamment à répondre aux besoins du marché de la main-d'oeuvre du Canada. Permettez-moi toutefois de préciser que les modifications ne viseront pas les réfugiés et ne sont pas censées avoir d'incidence sur la réunification des familles. Nous souhaitons que les familles soient réunies plus rapidement et nous en avons fait un objectif prioritaire. À l'heure actuelle, les dossiers de réunification des familles sont traités de 20 p. 100 à 40 p. 100 plus rapidement qu'ils ne l'étaient sous les gouvernements libéraux précédents.
Cependant, nous voulons faire encore mieux, de sorte que, dans le budget de 2008, nous avons investi 22 millions sur deux ans, ce qui portera l'affectation à 37 millions de dollars par année. Ce financement nous aidera à accélérer le processus de traitement des demandes d'immigration au Canada.
Voilà des mesures importantes que nous prenons pour venir en aide aux nouveaux arrivants. De plus, nous avons réduit de moitié la taxe d'entrée visant les immigrants que le Parti libéral avait imposée. Nous avons investi 1,4 milliard de dollars dans des programmes d'établissement et de recherche d'emploi alors que, précédemment, le gouvernement libéral avait ni plus ni moins gelé le financement durant pratiquement toute une décennie. Nous ne pouvons accueillir de nouveaux arrivants sans disposer des systèmes et des infrastructures de soutien qui leur permettront de s'épanouir et de réussir dans notre pays.
Le NPD et le Parti libéral prétendent être les défenseurs des immigrants, mais ce sont les résultats qui comptent. Ces deux partis ont voté contre presque toutes les initiatives que nous avons prises pour aider les nouveaux arrivants à venir au Canada.
Ils se sont opposés à notre proposition de réduire de moitié la taxe d'entrée visant les immigrants. Ils se sont opposés à notre projet d'affecter 1,4 milliard de dollars pour aider les nouveaux arrivants à s'intégrer et à s'établir au Canada. Ils se sont opposés à la création d'un Bureau d'orientation relatif aux titres de compétence étrangers. De plus, les libéraux, durant leur passage au pouvoir, ont permis à l'arriéré de prendre des proportions gigantesques en le laissant passer de 50 000 à plus de 800 000 demandes.
Et aujourd'hui, aussi incroyable que cela puisse paraître, les libéraux et les néo-démocrates s'opposent aux changements qui, justement, permettraient de réduire les délais d'attente et grâce auxquels un plus grand nombre de nouveaux arrivants pourraient venir au Canada et être réunis à leur famille. Or, les Canadiens ne les suivent pas. Toutes allégeances confondues, les Canadiens ne sont pas d'accord avec eux sur cette question.
Les néo-démocrates et les libéraux disent qu'il faudrait simplement consacrer plus de ressources au traitement des demandes. Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est ce que fait notre gouvernement. Cependant, cela ne suffira pas à résoudre le problème, car le système lui-même est défectueux. Il devra y avoir des changements fondamentaux si nous voulons réussir.
Comme la l'a dit hier, on ne peut pas se contenter de pelleter de l'argent dans le système et de replonger le pays dans un déficit comme les libéraux nous demandent de le faire. Il faudra faire mieux que cela. Il faudra agir de façon efficace et intelligente, et c'est exactement ce que nous faisons.
La loi actuelle sur l'immigration et la protection des réfugiés nous oblige généralement à traiter les demandes dans l'ordre dans lequel elles nous parviennent et à rendre une décision finale relativement à chaque demande. Cela mine notre capacité à nous adapter aux fluctuations de l'économie et du marché du travail.
Par exemple, le Canada pourrait avoir besoin de techniciens médicaux, de tuyauteurs, de plombiers et d'autres gens de métier, mais, sous le régime actuel, il est impossible de garantir que ces travailleurs pourront intégrer rapidement le marché du travail, ni que tout le monde pourra être au bon endroit au bon moment. Le système ne répond pas à nos attentes. Il ne répond pas aux attentes des Canadiens, ni aux attentes des immigrants. Le système ne fonctionne pas et il faut y voir.
Cette situation n'est pas juste pour les immigrants qui veulent s'établir dans notre pays, pour les personnes qui attendent que leurs proches viennent les rejoindre et pour les employeurs qui veulent embaucher des travailleurs qualifiés et non qualifiés. Cela n'avantage pas le Canada. Cela nous empêche de sélectionner les personnes qui répondent le mieux aux besoins du marché du travail, en plus de décourager de nombreux immigrants potentiels.
Les travailleurs qualifiés et non qualifiés dont le Canada a besoin n'attendront pas. Ils iront ailleurs, et c'est déjà ce qu'ils font. Nous devons modifier notre attitude et nos lois afin d'empêcher cela. Les modifications que nous proposons nous aideraient à réduire l'arriéré et à restaurer la confiance du public dans le système d'immigration. Notre système d'immigration deviendrait plus apte à concurrencer celui des autres pays.
Une autre tactique alarmiste employée par les néo-démocrates et les libéraux consiste à nous accuser de vouloir faire de la discrimination fondée sur la race, la religion ou l'ethnicité.
Ce n'est pas du tout le cas. Les instructions de la ministre respecteront les dispositions de la Charte puisque cette dernière s'applique à ceux qui suivront le processus normal de demande. Les instructions de la ministre seront également conformes aux objectifs de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la LIPR. Parmi ces objectifs, on trouve le soutien de l'économie canadienne, la réunification des familles et la protection de ceux qui en ont besoin. Les amendements que nous avons proposés ne changeront rien à tout cela.
Je tiens à préciser que notre approche en matière d'immigration continuera d'être universelle et non discriminatoire. Aucune discrimination ne sera exercée, que ce soit pour des raisons de race, de religion ou d'origine ethnique. Toute affirmation ou allégation contraire est tout simplement non fondée.
Pour ce qui est des critiques qui veulent que la ministre soit investie de trop de pouvoirs, permettez-moi d'apporter des précisions. La ministre a dit qu'elle consulterait les provinces et d'autres intervenants avant de publier des instructions, et elle le fera. Les instructions de la ministre seront claires et transparentes. Elles seront publiées dans la Gazette du Canada. Elles seront reprises dans le rapport annuel soumis au Parlement et elles seront publiées sur le site web de Citoyenneté et Immigration Canada.
Finalement, aux prochaines élections, la ministre et le gouvernement en poste seront tenus de rendre des comptes à tous les Canadiens pour les décisions prises, et je suis persuadé que les Canadiens appuieront ces décisions.
Si les libéraux ne veulent vraiment pas que l'on apporte des améliorations au système d'immigration, ils auront l'occasion de voter contre la Loi d'exécution du budget et les dispositions qu'elles contient, mais je dois dire qu'il n'y a personne qui prend les libéraux au sérieux, parce que quand vient le temps de soutenir leurs propres déclarations en votant contre les mesures proposées, ils s'absentent ou s'abstiennent de voter.
Ce qui les intéresse vraiment, ce sont leurs propres intérêts et leur survie et non les intérêts supérieurs des Canadiens. S'ils croyaient réellement les critiques qu'ils formulent eux-mêmes, ils feraient quelque chose, mais il faut reconnaître que les libéraux ne cherchent pas tant à faire ce qui est bon pour le pays, mais bien à obtenir le pouvoir. Rien ne pourra les empêcher de se soustraire à leurs responsabilités si c'est dans leur intérêt.
À cet égard, j'aimerais vous lire un extrait d'un article d'Angelo Persichilli qui a été publié dans le journal The Hill Times le 17 mars dernier. On peut y lire ce qui suit:
[...] ce dont nous n'avons pas besoin, toutefois, c'est d'entendre les libéraux nous faire la morale à ce sujet parce que là encore, et c'est une question de chiffres et non de démagogie, ils ont géré tout ce dossier de façon bien inefficace pour des raisons politiques.
La différence entre les conservateurs et les libéraux, c'est que les conservateurs axent leur façon de gérer le dossier de l'immigration sur les résultats qu'ils comptent atteindre alors que les libéraux ne cherchent qu'à obtenir des votes.
Les néo-démocrates et les libéraux peuvent donc continuer d'être alarmistes autant qu'ils le veulent. Le fait est que notre plan bénéficie d'un solide appui partout au pays, que ce soit de la part des citoyens ordinaires, des nouveaux arrivants, des parties intéressées ou des entreprises, et je les mets au défi de le vérifier.
Permettez-moi de citer des extraits de l'éditorial du Winnipeg Free Press du 15 mars 2008:
La proposition des conservateurs est pleine de bon sens [...] C'est une bonne politique [...] En exploitant cette situation, toutefois, les libéraux démontrent qu'ils ignorent non seulement une question d'intérêt national au profit d'un avantage politique, mais aussi le fait que ce sont eux qui ont créé ce problème [...] Peu importe depuis combien de temps ils sont citoyens de ce pays, les Canadiens ont clairement à choisir entre une politique conservatrice qui profitera au Canada ou des politiques qui profiteront aux libéraux.
L'éditorial du Vancouver Province du 24 mars disait ceci au sujet des amendements proposés:
Une réforme des lois canadiennes sur l'immigration s'impose depuis longtemps [...] Ce que les conservateurs proposent, c'est de mettre de l'ordre dans le chaos qui règne actuellement, tout en harmonisant les schémas d'immigration avec les priorités nationales. Il va sans dire que cette mesure bénéficiera non seulement aux Canadiens, mais aussi aux immigrants.
Le Globe and Mail avait quant à lui ceci à dire dans un éditorial du 17 mars dernier:
Les conservateurs proposent maintenant une réforme plus audacieuse [...] Mais elle devrait être bénéfique à notre économie. La politique d'immigration [...] devrait avant tout répondre aux besoins du Canada [...] Les conservateurs avaient sûrement prévu que leurs adversaires déformeraient leurs politiques. Le fait qu'ils poursuivent malgré tout fait preuve d'un solide engagement envers les intérêts de ce pays.
L'avenir nous dira un jour que la modification de cette politique d'immigration fut un moment historique qui permit de répondre aux besoins de l'ensemble des Canadiens et de faire de ce pays ce qu'il peut être.
James Bissett, ancien directeur du service d'immigration du Canada et diplomate canadien, avait ceci à dire à ce sujet: « Je suis entièrement d'accord avec la ministre. Il s'agit d'une solution extrêmement nécessaire qui s'imposait depuis longtemps pour un système qui en avait besoin depuis longtemps. On ne peut faire attendre les demandeurs de visas jusqu'à six ans une fois qu'ils ont satisfait les exigences et payé les frais. C'est injuste et la ministre a entièrement raison de vouloir s'interposer pour corriger la situation. »
D'autres immigrants ont aussi appuyé notre plan. Dans un article du National Post d'aujourd'hui, on peut lire, et je cite:
Wojciech Sniegowski, le président de la Chambre de commerce Canada-Pologne, à Toronto, a dit qu'il en était venu à la conclusion que les propositions ne comportaient aucun danger inhérent et qu'elles ne visaient qu'à donner au ministre la souplesse voulue pour réagir aux pénuries de main-d'oeuvre.
« Le plus important, c'est qu'il faut faire quelque chose, car si on ne fait rien, en 2012 l'arriéré aura pris des proportions telles que les gens devront attendre dix ans avant que leur demande ne soit traitée. Je suis heureux de voir que le gouvernement fait quelque chose », a-t-il dit.
Cela va de soi. L'article continue ainsi:
Selon Tom Pang, de la Chinese Canadian Community Alliance, à Toronto, c'est un bon projet de loi. « Il a tout à voir avec la question des compétences et il attirera le type de personnes dont le Canada a besoin. Malheureusement, il y en a au sein de la communauté qui pensent que le projet de loi vise à empêcher des personnes appartenant à certains groupes ethniques de s'établir au Canada, mais il ne s'agit pas du tout de cela », a-t-il dit.
Il a entièrement raison sur ce point.
Quoi qu'en dise l'Association du Barreau canadien, nous avons aussi l'appui de divers intervenants du milieu juridique. Dans un article du Calgary Herald du 31 mars, on peut lire, et je cite:
Selon Shirish Chotalia, une avocate spécialisée en droit de l'immigration, cette mesure annonce l'émergence d'un système plus équitable, parce que le gouvernement s'occupera davantage de chercher le genre d'immigrants dont le pays a besoin plutôt que de donner de faux espoirs aux gens. « Ils vont consulter les employeurs et rechercher des compétences particulières avec le temps », a dit Mme Chotalia.
Warren Creates, un autre avocat spécialisé en droit de l'immigration, a déclaré à Radio-Canada: « Il s'agit là d'une mesure brillante, la réforme du programme d'immigration constitue un tournant important [...] cette mesure rend le ministre responsable de fournir des explications et de faire rapport au Parlement et, partant, au public canadien ».
David Garson, un avocat spécialisé en droit de l'immigration à l'étude Guberman, Garson, Bush a déclaré au sujet de la , et je cite: « C'est une personne formidable et elle est très pro-immigrants ».
Pour ce qui est de la motion du NPD dont nous sommes saisis, je répète qu'aucun élément des amendements que nous avons proposés ne réduira nos engagements par rapport à la réunion des familles et aux réfugiés. Le gouvernement reconnaît que l'immigration est plus qu'une question d'ordre économique, car il comprend l'importance de la famille et l'importance de réunir les familles le plus rapidement possible.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons réduit de 20 à 40 p. 100 les délais de traitement dans le cas des immigrants qui cherchent à faire venir des membres de leurs familles au Canada. En fait, 80 p. 100 des demandeurs qui sont parrainés par un conjoint voient leurs demandes traitées dans les huit mois.
Notre gouvernement perpétue la noble tradition du Canada de fournir une protection à ceux qui en ont besoin. Nous sommes un modèle pour les autres pays et nous le resterons en raison de notre générosité et de notre compassion.
C'est la raison pour laquelle la a récemment annoncé que nous doublerions le nombre de réfugiés irakiens que nous allons accepter cette année et, entre autres choses, elle a également pris l'engagement d'accueillir au pays plusieurs milliers de réfugiés karens du Myanmar et du Bhoutan, deux endroits qui n'attirent pas beaucoup l'attention des médias, mais où, néanmoins, des gens souffrent.
Les modifications que nous proposons toucheraient également les personnes au Canada qui invoquent des motifs d'ordre humanitaire dans leur demande pour rester au pays. Elles pourront continuer de présenter des demandes; la loi n'y changera rien.
Grâce aux modifications que nous proposons, le programme d'immigration du Canada tiendra compte, de manière équilibrée, de ses objectifs économiques et de ses objectifs de réunification des familles et de protection des réfugiés.
La réunification des familles et la protection des réfugiés restent des priorités pour le gouvernement du Canada et constituent des éléments clés de notre programme d'immigration. Rien, dans les modifications que nous proposons ne changera cela.
Pour conclure, permettez-moi de dire qu'il est très malheureux que le NPD retarde des changements à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés qui sont absolument nécessaires et qui rendraient le système d'immigration plus juste et plus transparent.
En fin de compte, le NPD et les autres partis de l'opposition devront rendre des comptes à la population canadienne pour avoir tenté d'empêcher des modifications capitales au systèmes d'immigration.
Les modifications proposées résisteront au passage du temps et, grâce à elles, le système d'immigration sera complètement réformé, plus efficace, plus acceptable et davantage conforme à l'opinion de la population canadienne.
Je recommande vivement à tous les députés de s'opposer aux tactiques dilatoires du NPD et de voter contre cet amendement.
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Monsieur le Président, comme il s'agit de mon premier discours à la Chambre des communes, avant toute chose, j'aimerais remercier les résidants de Willowdale de m'avoir élue et de m'avoir témoigné leur confiance. Devenir députée est un honneur et un privilège immenses et je compte bien m'acquitter de mes fonctions du mieux possible au nom des gens de Willowdale et de tous les Canadiens.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je ne pense pas me tromper en disant que, lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir il y a deux ans, ils ont hérité de la position financière la plus solide et du taux de croissance de l'emploi le plus élevé des pays du G7. Fort des excédents qu'on lui avait légués et d'une économie robuste jusqu'à tout récemment, le gouvernement avait l'occasion de réaliser des investissements intelligents et des réductions d'impôt judicieuses qui auraient renforcé la productivité et la compétitivité du Canada et l'aurait mieux préparé à l'incertitude actuelle.
Les libéraux ont prodigué des conseils. L'automne dernier, le s'est dit en faveur de réductions plus intenses de l'impôt des sociétés. Il nous faut créer un nouvel avantage canadien maintenant que nous ne pouvons plus nous fier à un dollar relativement bas. Nous sommes d'avis qu'un taux d'imposition des sociétés faible et concurrentiel procurerait cet avantage. Fait intéressant: quelques semaines après le discours du chef de l'opposition, les conservateurs ont concrétisé cette proposition libérale. Au moins, ils ont appliqué nos bons conseils.
Les libéraux préconisent depuis longtemps qu'on utilise à bon escient l'argent des contribuables et qu'on transfère les ressources des secteurs de moindre priorité vers les secteurs hautement prioritaires. Les conservateurs se sont plutôt employés à réduire les transferts visant les plus vulnérables de la société canadienne. Ils ont notamment sabré les programmes d'alphabétisation, le Programme de contestation judiciaire et les programmes qui améliorent la condition féminine au Canada.
J'aimerais citer un éditorial paru récemment dans le Globe and Mail qui propose une analyse succincte du bilan économique du gouvernement:
Quel parti s'est retrouvé à la tête d'un pays qui croulait sous la dette et a procédé à des économies rigoureuses et douloureuses pour ramener les comptes fédéraux dans une position excédentaire, où ils sont demeurés pendant plus de dix ans? Les libéraux.
Et quel parti, en ne tenant pas compte des signes précurseurs d'un ralentissement économique, en réduisant la TPS et en dépensant sans compter, a mis la table pour un budget qui pourrait, si ce parti ne fait pas attention, replonger le Canada dans le déficit? Les conservateurs.
Au niveau provincial, en 2003, le et ses amis conservateurs en Ontario ont fait de l'équilibre budgétaire un enjeu électoral, et ils ont perdu les élections. Quand Dalton McGuinty a fait appel aux vérificateurs, il a appris qu'il avait hérité d'un déficit de 5,6 milliards de dollars et il a dû réparer les dégâts.
En ce qui concerne le fédéral, voici une petite question d'histoire. Avant que l'actuel n'hérite des importants excédents libéraux, qui a été le dernier premier ministre conservateur qui a réussi à équilibrer les finances, ne serait-ce que pour une année? Ce n'était pas Kim Campbell, Brian Mulroney, Joe Clark ou John Diefenbaker. Ce n'était même pas R. B. Bennett ou Arthur Meighen. Non, il faut remonter à sir Robert Borden, en 1912, pour trouver un gouvernement conservateur qui a équilibré le budget. Les conservateurs ont donc comme pratique de faire d'importants déficits jusqu'à ce que les électeurs élisent les libéraux pour nettoyer leur gâchis.
Comme on pouvait s'y attendre, nous avons maintenant vu, dans les deux derniers budgets, les dépenses les plus importantes jamais effectuées. Le actuel est le plus dépensier de l'histoire du Canada. Nous sommes maintenant dangereusement près d'un déficit et nous n'avons aucune marge de manoeuvre pour les imprévus. À la suite des deux derniers budgets, la taille du gouvernement du Canada a augmenté de 14 p. 100.
Que voulons-nous léguer à nos enfants et à leurs enfants? Nous voulons leur léguer, bien sûr, une faible dette nationale, et, nous, libéraux, avons réduit cette dette en la faisant passer d'un sommet de plus de 70 p. 100 du PIB, en 1994-1995, à 35 p. 100 en 2005-2006.
Nous avons maintenant un énorme déficit d'infrastructure: des ponts tombent, des nids-de-poule parsèment les routes, des eaux d'égout brutes sont déversées dans les océans et le transport en commun est déficient.
Dans l'intérêt des générations actuelles et futures, nous avons exhorté le gouvernement, au lieu d'affecter la totalité des 10 milliards de dollars dont il disposait au remboursement de la dette, à rembourser 3 milliards de dollars sur la dette et à injecter immédiatement 7 milliards de dollars dans les besoins d'infrastructure du pays. Ce montant aurait pu combler le déficit d'infrastructure du Canada de façon intéressante et il aurait constitué un investissement grandement nécessaire pour l'avenir. Mais non, le gouvernement conservateur n'avait pas besoin de ce sage conseil économique de la part des libéraux.
J'insiste pour dire que les libéraux comprennent qu'il est important de rembourser l'hypothèque. Le gouvernement libéral l'a fait lorsque ce fut nécessaire, mais, à l'heure où l'on se parle, les murs sont en train de se fissurer et le toit commence à couler. Notre merveilleux pays a un immense potentiel, mais il faut investir dans les infrastructures qui assureront notre productivité et notre compétitivité à l'échelle mondiale dans l'avenir.
Mais voilà qu'intervient un tout autre sujet. Le fait d'inclure dans ce projet de loi les modifications proposées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés constitue une erreur. C'est une américanisation flagrante du processus que de dissimuler une mesure controversée dans un projet de loi qui, autrement, ne justifierait pas qu'on impose des élections à la population canadienne.
Cet article n'a rien à voir avec le budget. On n'aurait jamais dû l'inclure dans le projet de loi et il faut l'en retirer. Ces dispositions confèrent des pouvoirs discrétionnaires exagérés à la ministre, une ministre qui, à l'instar de son gouvernement, affiche déjà un parti-pris idéologique. On ne peut pas éliminer l'arriéré dans le traitement des dossiers d'immigration en permettant à la ministre de faire le tri parmi les demandeurs. Ce n'est pas ainsi qu'on fera augmenter les chiffres.
On ne peut pas non plus éliminer l'arriéré sans les fonds nécessaires. Je signale que le gouvernement du Québec a annoncé un financement additionnel de 68 millions de dollars pour l'immigration. L'Ontario et la Colombie-Britannique ont également annoncé des fonds additionnels. Nous sommes bien loin des sommes minuscules par comparaison que le gouvernement estime suffisantes pour accomplir tout le travail nécessaire.
Si les dispositions portant sur l'immigration ne sont pas retirées du projet de loi, les membres libéraux du Comité permanent des finances feront en sorte qu'elles soient soumises à un examen très détaillé et pointu afin que tous les Canadiens puissent comprendre ce que le gouvernement essaie d'accomplir par ces tactiques détournées.
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Elles sont pertinentes, monsieur le Président; le en a parlé. Par conséquent, si le député trouve le débat trop intense, il devrait peut-être frayer dans des eaux plus tranquilles.
La prochaine citation est la suivante:
La position de mon parti sur le Protocole de Kyoto est claire et ce, depuis longtemps. Nous allons nous opposer à la ratification du Protocole de Kyoto et à ses objectifs. Nous allons collaborer avec les provinces et d'autres parties intéressées pour nous opposer à la réalisation de ces objectifs. Et nous allons les faire annuler dès que nous en aurons l'occasion.
Cette déclaration, nous la devons au actuel. Elle est citée dans l' Ottawa Citizen du 22 novembre 2002.
Voilà les citations concernant l'environnement que je voulais soumettre à votre attention.
En matière d'environnement, les conservateurs ont quand même fait quelque chose. Ils ont distribué des ampoules. C'était leur solution aux problèmes liés à l'environnement.
Nous parlons ici d'un budget et de ses divers volets. Le nous a dit fièrement qu'il devait réduire les impôts, et je suis d'accord. Les libéraux, pour leur part, comme l'a souligné mon collègue de , ont adopté une démarche équilibrée. Nous avons réduit les impôts, nous avons réduit la dette et nous avons affecté des sommes à des programmes dans lesquels les Canadiens voulaient nous voir investir, dans des domaines comme les garderies, les soins de santé, l'enseignement postsecondaire, nos villes, etc.
Dans le budget précédent, les conservateurs avaient cherché des façons de réduire les impôts. J'ai à l'esprit le cas d'un Canadien qui nous a fait parvenir sa déclaration de revenus en nous demandant pourquoi il payait maintenant 15,25 p. 100 d'impôt alors que les libéraux avaient réduit son taux d'imposition à 15 p. 100. Dans le budget le plus récent, les conservateurs ont ramené le taux à 15 p. 100 mais, ce faisant, ils ont prétendu avoir réduit les impôts. Je ne connais pas la compétence du en mathématiques, mais je sais que un plus un font deux et que un moins trois font deux aussi.
Nous savons quel a été son bilan comme ministre des Finances de l'Ontario. Le député de a fait allusion à la dette qu'il a laissée à l'Ontario, en se gardant bien d'en informer le nouveau gouvernement.
Le doit également prendre à son compte une action honteuse, pour laquelle les Canadiens continuent de payer encore aujourd'hui: le fiasco des fiducies de revenu. Les libéraux se sont penchés sur la question et savaient bien qu'il fallait trouver une solution, mais l'imminence des élections nous a empêchés de prendre une décision. Les Canadiens ont payé la note, et c'est à cause du NPD.
Le NPD a aujourd’hui l’audace de demander où est l’argent pour le logement social, pour l’environnement et pour l’éducation postsecondaire. Le gouvernement libéral précédent avait prévu 1,6 milliard de dollars pour des logements abordables, 1,5 milliard pour l’éducation, 1 milliard pour l’environnement et un demi-milliard pour l’aide à l’étranger. J’avais pris la parole à la Chambre pour appuyer ces recommandations. Nous y avions applaudi.
Qu’ont fait les députés du NPD? Ils ont trahi non le Parti libéral, mais leurs électeurs qui se demandent aujourd’hui ce qui est arrivé à cet argent.
Mon collègue a parlé plus tôt du soutien de la garde d’enfants. Ce n’est pas de la garde d’enfants. C’est simplement une allocation imposable de 100 $ par mois.
Le député de a parlé tout à l’heure d’argent volé. Je trouve malheureux qu’il utilise ce langage. Le juge Gomery a éclairci toute l’affaire. Les malfaiteurs qui se sont approprié l’argent des Canadiens ont été traduits en justice, condamnés et jetés en prison.
Nous avons au moins respecté les conclusions du juge Gomery, mais ce parti n’a fait que l’utiliser. Lors de sa comparution devant un comité, le juge Gomery a exprimé sa déception parce que toutes ses recommandations ont été rejetées par les conservateurs, alors qu’ils lui doivent leur victoire, au moins en partie.
Le parti parle du soutien de nos militaires. Comme je l’ai déjà dit, je suis fils d'ancien combattant. Au Comité de la défense, nous avons pris la part du président, pour qui j’ai le plus grand respect. Nous avons fait tout en notre pouvoir pour appuyer nos militaires. Hier, nous avons voté sur une motion du député de visant à mettre en berne le drapeau de la tour de la Paix. Quel comportement honteux de la part du Parti conservateur!
Lorsque le député de rendra visite à ses électeurs aux prochaines élections, il aura à répondre de sa trahison. Au cours de sa campagne électorale, il a affirmé qu’il ferait ceci et cela, puis, à la première occasion, il s’est rallié au gouvernement. Les Canadiens attendent toujours de voir le fameux rapport qu’il a pondu sur sa visite au Pakistan. Nous voulons encore le voir. Nous voulons savoir combien il coûte aux Canadiens.
Quoi qu’il en soit, je ne veux pas m’écarter du budget. Voici ce que quelqu’un a dit il y a quelque temps, et qui m’a vraiment impressionné. Il a dit qu’il n’y avait pas plus grand mensonge qu’une promesse non tenue. Les députés savent-ils de qui je parle?
Une voix: L’actuel .
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Monsieur le Président, espérons que l'ordre va revenir à la Chambre et que le débat va se calmer pour que nous entendions des remarques raisonnables et réalistes.
J'interviens sur l'amendement du NPD qui vise essentiellement à retarder la deuxième lecture d'un très important projet de loi gouvernemental.
Je dois tout d'abord dire que je suis consterné de voir le NPD appuyer l'énorme arriéré que nous avons en matière d'immigration. Les députés du NPD déclarent à la Chambre qu'ils sont pour les immigrants, mais en fait ils sont en train de proposer un amendement qui a pour but d'enrayer un processus destiné à améliorer et à accélérer au contraire l'immigration.
À cause de cet arriéré, évidemment, des familles restent séparées et le Canada est privé de talents et de compétences dont il aurait bien besoin pour améliorer sa compétitivité et assurer sa prospérité économique à long terme. L'arriéré nuit donc, par extension, à la qualité de vie des Canadiens et à la force et l'intégrité du filet de sécurité sociale dont le NPD se prétend le défenseur.
Les députés néo-démocrates, à l'instar de leurs amis libéraux et bloquistes, prétendent vouloir une économie dynamique pour notre pays au XXIe siècle, mais ils ne proposent aucune solution à nos graves problèmes de main-d'oeuvre. Ils ne voient pas la concurrence sauvage que se livrent le Canada et d'autres pays pour attirer des immigrants qualifiés avec les talents et la formation voulus pour relever ces défis.
Mon collègue, le , a longuement parlé de la nécessité de réaliser ces réformes utiles dont nous avons grand besoin. Je vais vous parler d'autres mesures importantes que ces manoeuvres politiques retardent. Elles retardent l'arrivée de dispositions avantageuses pour les familles et les entreprises canadiennes. Nous allons dire haut et fort à tous les Canadiens que c'est à cause des députés néo-démocrates et de leurs alliés libéraux et bloquistes qu'il y a tous ces retards.
Le projet de loi , comme tous nos précédents projets de loi budgétaires, vise essentiellement à améliorer la vie des Canadiens qui ont été trop longtemps surtaxés et mal servis par le gouvernement fédéral. Nous nous sommes engagés à changer cette situation et nous sommes toujours déterminés à avoir un impact positif sur la vie des Canadiens.
Je sais que le NPD n'est jamais d'accord pour que les Canadiens gardent une plus grande partie de l'argent qu'ils ont durement gagné, mais je peux affirmer à mes collègues que ces Canadiens accueillent avec enthousiasme le compte d'épargne libre d'impôt, le CELI. Ce compte d'épargne libre d'impôt que le budget de 2008 apporte aux Canadiens est le plus important véhicule d'épargne mis en place depuis les REER. Grâce à ce compte souple, enregistré et de nature générale, les Canadiens pourront voir leur épargne croître à l'abri de l'impôt. L'accueil de ce CELI a été massivement favorable.
J'invite mes collègues à écouter ces paroles de Finn Poschmann, directeur de recherche à l'Institut C.D. Howe. Voici ce qu'il a dit:
Ce bijou de la politique fiscale est une très bonne nouvelle pour les Canadiens, et [le ministre des Finances] et son gouvernement méritent d'être félicités pour leur programme novateur.
Le budget de 2008 bonifie également de 10 p. 100 les déductions pour les habitants de régions éloignées, à compter de l'année d'imposition 2008, mesure qui jouit d'un appui généralisé, même de la part du NPD.
Le député néo-démocrate de a dit qu'il s'agissait d'une première mesure positive. Je signale à ce député néo-démocrate que ses électeurs ont exprimé leur déception à propos de son vote initial contre le budget, dans un éditorial paru récemment dans le Yellowknifer:
Étant donné que le NPD n'accédera pas au pouvoir de sitôt, [le député néo-démocrate de Western Arctic] aurait mieux fait d'avaler la pilule et de voter en faveur du gouvernement [conservateur].
Imaginons combien ses électeurs seront déçus d'apprendre que leur député essaye maintenant de retarder cette mesure positive.
Les néo-démocrates nous disent tous les jours que le gouvernement n'accorde pas suffisamment d'importance aux défis que nos étudiants doivent relever. Le budget de 2008 est un budget généreux pour les étudiants et contribue beaucoup à réparer les torts qu'ils ont subis à cause de la négligence du précédent gouvernement libéral.
Le gouvernement injectera, grâce au projet de loi , 123 millions de dollars sur quatre ans, à compter de 2009-2010, afin de rationaliser et de moderniser le Programme canadien de prêts aux étudiants, d’étoffer les services en ligne offerts aux étudiants et de permettre à ces derniers de gérer leur compte de prêt étudiant en ligne.
Il viendra en aide aux étudiants canadiens au moyen d’un investissement de 350 millions de dollars en 2009-2010—qui atteindra 430 millions en 2012-2013—dans un nouveau programme canadien consolidé de subventions aux étudiants qui, à son entrée en vigueur à l’automne 2009, profitera annuellement à 245 000 étudiants de niveau collégial et de premier cycle universitaire. Comparé à son prédécesseur, le programme que nous proposons viendra en aide à près de 100 000 étudiants supplémentaires.
On ne peut que s'imaginer la déception des étudiants quand ils apprendront qu'on retarde ces mesures aujourd'hui.
Nous reconnaissons que les petites et moyennes entreprises sont l'épine dorsale de l'économie canadienne, et notre gouvernement est déterminé à favoriser un environnement propice à leur prospérité.
Le budget de 2008 bénéficiera aux petites et moyennes entreprises en bonifiant le programme de crédit d’impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental et en allégeant le fardeau de l'observation des règles fiscales concernant la tenue de registres aux fins de la déduction pour frais de véhicules à moteur ainsi que des avantages imposables connexes.
Comme nous, les Canadiens veulent que plus de personnes âgées puissent rester autonomes le plus longtemps possible. Le gouvernement reconnaît aussi que les personnes âgées peuvent beaucoup contribuer à notre économie, c'est pourquoi nous investissons 60 millions de dollars par année pour veiller à ce que les personnes âgées à faible revenu qui travaillent puissent tirer des avantages accrus de leurs gains, grâce à la bonification de l'exemption relative au Supplément de revenu garanti. C'est là une des initiatives les plus novatrices et prometteuses dans le budget de 2008 et elle s'attaque, de front, aux grandes difficultés que doit surmonter la société canadienne.
Dans le cadre du projet de loi , nous allons investir 110 millions de dollars dans la Commission de la santé mentale du Canada, pour appuyer cinq projets pilotes innovateurs d'un bout à l'autre du pays, dans le but de mettre au point les meilleures pratiques pour aider les Canadiens qui ont des problèmes de santé mentale et d'itinérance.
La protection des citoyens est l'une des plus importantes responsabilités d'un gouvernement. Nous nous sommes engagés à fournir les ressources nécessaires à cette fin, de façon à montrer aux Canadiens que nous prenons cette responsabilité très au sérieux.
À cet égard, le projet de loi prévoit le versement de 400 millions de dollars, par l'entremise d'une fiducie administrée par des tiers, aux provinces et aux territoires, pour appuyer leurs efforts en vue de recruter 2 500 nouveaux agents de première ligne.
Notre gouvernement est d'avis que nous ne pourrons jamais profiter pleinement des avantages procurés par notre travail acharné, et des joies liées au fait d'avoir la chance de vivre dans un pays comme le Canada, si nous ne protégeons pas aussi notre environnement. Les Canadiens méritent de l'air, de l'eau et un environnement sains, mais ces éléments sont aussi les fondements de notre prospérité et de nos succès à long terme, en tant que pays. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement a fait, et va continuer de faire, des investissements importants pour protéger notre environnement.
Le projet de loi prévoit le versement, en 2007-2008, par l'entremise d'une fiducie administrée par des tiers, d'un montant de 500 millions de dollars aux provinces et aux territoires, en fonction de leur population, pour les infrastructures de transport en commun. En outre, une somme de 250 millions de dollars est prévue pour une démonstration à pleine échelle de la capture et du stockage du carbone dans le secteur de la production d'électricité au moyen de charbon.
Comme nous pouvons le voir, le projet de loi , qui est la première loi d'exécution du budget de 2008, renferme toutes sortes de bonnes nouvelles pour les Canadiens. Je croyais que le NPD allait appuyer ces initiatives, et en fait il devrait le faire. Le projet de loi renferme des mesures de financement ciblées et opportunes afin de relever un bon nombre des défis que notre pays doit relever. En même temps, nous proposons un compte d'épargne libre d'impôt, qui est un des outils d'épargne les plus innovateurs et les mieux accueillis depuis la création des REER.
J'encourage le NPD et tous les partis de l'opposition à laisser de côté les petites querelles partisanes et à appuyer le projet de loi . S'ils ne peuvent se résoudre à le faire, ils devraient à tout le moins cesser de retarder l'adoption d'une mesure législative aussi importante.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je dois dire que je vais m'exprimer un peu de la même façon que je le faisais au lendemain du dépôt du budget, alors que nous entendions plusieurs députés conservateurs nous dire que ce budget était extraordinaire et qu'il était bon pour les Canadiens. Je répète encore une fois que s'il est bon pour les Canadiens, il n'est pas bon pour les Québécois. C'est ce que nous avons réalisé suite à une analyse assez pointue. Il n'y a à peu près rien qui corresponde aux demandes que le Bloc québécois avait formulées avant le dépôt de ce budget, avant qu'il soit proposé par le gouvernement conservateur.
Effectivement, ce gouvernement conservateur nous démontre, par son idéologie de droite, qu'il est vraiment très éloigné des intérêts et des valeurs du Québec. Avec ce budget, on sent vraiment qu'il n'a pas répondu aux attentes exprimées par le Bloc québécois, en lien avec ses intérêts et ses valeurs. D'ailleurs, on se souviendra que dès le lendemain du dépôt du budget, la très grande majorité des quotidiens et des médias du Québec avaient donné leur impression sur ce budget et elle était nettement défavorable.
Je rappelle juste la chronique de M. Dubuc, dans La Presse. Il disait:
On pourra dire que cette absence de vision s'explique par la philosophie conservatrice du gouvernement du premier ministre, qui ne croit pas au rôle de l'État et qui se méfie comme la peste de l'intervention dans l'économie. C'est un conservatisme de dinosaures, dogmatique, qu'on ne retrouve pas ailleurs en Occident.
De longue date, le Bloc québécois a formulé des demandes et il l'a fait à plusieurs occasions. Ces demandes touchaient notamment tout ce qui concerne le secteur manufacturier et forestier qui traverse une crise sans précédent actuellement au Québec. Dans ce budget, on a complètement balayé et oublié ces demandes, comme si elles n'étaient pas importantes.
Ce budget ne démontre aucune vision. Il est donc bien certain que le Bloc québécois votera contre le projet de loi dont on parle actuellement concernant la mise en oeuvre du budget.
Je viens d'une circonscription, Saint-Maurice—Champlain, où tout le problème du secteur forestier, dont je viens de parler, est extrêmement criant. Des entreprises de pâtes et papiers ferment les unes après les autres. On se demande si celles qui sont encore en vie passeront effectivement au travers de la crise. Les très nombreuses scieries du secteur nord de la circonscription, dans la région de La Tuque, ferment les unes après les autres, certaines de façon temporaire, d'autres définitivement.
Donc, on aurait espéré que le gouvernement conservateur entende vraiment les demandes formulées par le Bloc québécois et en prenne acte. Il devrait soutenir le secteur manufacturier et forestier de façon beaucoup plus importante pour l'aider à traverser la crise actuelle. Or, on a vu que le seul soutien au secteur manufacturier est allé du côté de l'Ontario. Cela, on le déplore vraiment. Le Québec a été oublié dans ce budget, c'est bien évident.
Je parlais tout à l'heure des médias. On se souviendra que la ministre des Finances du Québec elle-même, le lendemain du dépôt du budget, avait dit également que ce budget ne répondait pas du tout aux attentes du Québec. Elle disait ceci:
Je suis déçue parce qu'il y avait une marge de manoeuvre de 20 milliards de dollars dans un contexte de ralentissement économique. On se serait attendu à ce qu'il y ait un effort additionnel qui soit fait pour les travailleurs âgés, pour les secteurs forestier et manufacturier au Québec.
Mme Jérôme-Forget le disait le lendemain du dépôt du budget. Il y avait un surplus disponible de 10,5 milliards de dollars. Le gouvernement aurait pu en affecter une partie importante, comme le réclamait le Bloc québécois depuis l'automne dernier, pour soutenir les entreprises, les manufactures et les travailleurs. Il aurait peut-être pu verser 3 milliards de dollars au remboursement de la dette, ce qui aurait été raisonnable malgré tout. Or, il a agi selon l'idéologie conservatrice. Les conservateurs ont fait à leur tête et ont appliqué directement 10,5 milliards de dollars au remboursement de la dette, ce qui, dans le contexte québécois, est inadmissible et inacceptable.
Comme je l'ai dit plus tôt, devant ces constats évidents et ces positions budgétaires qui vont à l'encontre des intérêts du Québec, le Bloc québécois ne votera certainement pas en faveur de la mise en œuvre de ce budget. Le budget de 2008 ne respecte aucune condition édictée par le Bloc québécois. Nous avions mis en avant des conditions pour éventuellement soutenir ce budget, mais on n'en a retrouvé à peu près aucune.
Comme je le disais plus tôt, ce budget ne fournit aucune aide directe et immédiate aux secteurs manufacturier et forestier, qui traversent une grande crise, ni aux travailleurs et aux communautés frappés par cette crise. Au bout du compte, le plus grand problème lié aux crises, c'est que ce sont des individus, des personnes qui, d'un point de vue familial, individuel et collectif dans des villes, des municipalités et des régions, traversent le pire de la crise. Ce sont eux qui doivent rencontrer la difficulté de joindre les deux bouts à la fin de chaque mois ou de payer les traites bancaires et les emprunts qu'ils ont contractés pour, bien souvent, juste acheter de l'équipement afin de pouvoir travailler. Je parle, entre autres, des travailleurs forestiers autonomes qui doivent assumer eux-mêmes le coût de la machinerie requise. Le gouvernement n'a rien mis en place pour soutenir ces personnes.
Il n'y a donc pas d'aide pour les travailleurs et les communautés, sauf la fiducie de 1 milliard de dollars sur trois ans, dont le Québec ne touchera qu'une minime partie. On parle d'environ 24 p. 100, ce qui n'est même pas la place qu'occupent les industries manufacturière et forestière dans tout le Canada. Le Québec en touchera donc une petite partie alors que des secteurs qui ne sont aucunement — ou presque pas — touchés par la crise manufacturière ou forestière recevront, au prorata du montant de 1 milliard de dollars, une aide dont ils n'ont pas besoin parce qu'ils ont déjà une structure industrielle leur permettant de passer au travers de telles crises. Au Québec, ce n'est pas le cas.
Il existe une autre raison pour laquelle le Bloc québécois n'appuiera pas ce projet de loi. Il s'agit de cette question, qu'on connaît, entourant les personnes âgées. Le Parti conservateur, alors qu'il était en campagne électorale, avait promis de donner une pleine rétroactivité aux personnes qui n'avaient pas reçu le Supplément de revenu garanti que les libéraux avaient manifestement et délibérément caché. Des milliers de personnes âgées du Québec ne reçoivent pas le Supplément de revenu garanti. Elles touchaient à la Pension de la Sécurité de la vieillesse, mais elles ne savaient pas qu'elles avaient droit à un supplément.
Les libéraux ne l'avaient pas dit. Les conservateurs, quant à eux, ont dit qu'ils allaient leur donner la pleine rétroactivité. Cependant, une fois au pouvoir et dès qu'ils forment le gouvernement, la mémoire fait défaut, et l'on oublie maintenant. C'est un dossier qui pénalise encore une fois les personnes les plus vulnérables, soit les personnes âgées. Comment le Bloc québécois pourrait-il soutenir un tel budget proposé par les conservateurs? C'est absolument inadmissible pour nous.
Il y a un autre élément à considérer et en raison duquel nous n'appuierons pas ce budget. Il s'agit de la question de l'environnement. Ce budget continue à favoriser le pollueur dans les régions qui polluent le plus. On met en place des systèmes pour que les industries et les entreprises, notamment les sociétés pétrolières, puissent bénéficier de crédits et continuer à polluer encore plus. Au Québec, depuis 1990, on sait très bien que de très nombreuses collectivités et des entreprises ont mis en avant des mesures afin de diminuer la concentration de GES dans l'atmosphère. Au lieu d'être récompensés, ces efforts des entreprises québécoises sont pénalisés, et l'on en donne plus à ceux qui polluent beaucoup.
C'est absolument inadmissible. Et cela fait encore une fois partie de ce qu'on appelle cette idéologie de droite, qui favorise nettement certains milieux, notamment celui des ressources naturelles, comme l'extraction du pétrole.
Il y a un autre élément important pour le Bloc québécois. C'est la question de la culture. Dans ce budget, on ne retrouve rien qui favorise l'éclosion de la culture au Québec. L'industrie du cinéma est pénalisée, et l'on se retrouve encore une fois devant des coupes budgétaires. Pourtant, on sait que tout ce domaine culturel, littéraire et artistique en général est une industrie florissante au Québec. Elle a besoin d'être soutenue et de recevoir un appui substantiel du gouvernement fédéral pour favoriser sa promotion. Ainsi, cela donnerait un sens à toute cette question entourant la nation québécois. Par l'éclosion de la culture, on pourrait vraiment voir là quelque chose de particulier. Cependant, le gouvernement refuse de ce faire.
Encore une fois, on fait des parallèles entre une proposition budgétaire comme celle-là et la reconnaissance de la nation que le gouvernement se targue d'avoir proposée. Et lorsque vient le temps de soutenir cette notion, le gouvernement l'oublie complètement et ne pose aucun geste concret. Ce ne sont que des paroles en l'air.
Il y a un autre élément important, et c'est vraiment fondamental. Il s'agit de la volonté exprimée dans ce budget. Le annonce son intention de créer une commission unique de valeurs mobilières, alors que tout le milieu financier québécois est contre cette volonté ministérielle. C'est absolument inadmissible. D'ailleurs, on en a déjà traité à un autre moment. C'est un des éléments du budget qui est vraiment comme une grosse roche, ce qui nous empêche d'embarquer dans cet engrenage. C'est vraiment une source de conflits pour nous.
Je pourrais revenir sur l'ensemble des éléments. Je parlais plus tôt des secteurs manufacturier et forestier. Je rappelle que même après la tenue du vote sur le budget, les députés conservateurs, membres du Comité permanent des finances, ont accepté d'y entendre une série de personnes pour vraiment comprendre l'ampleur de la crise des secteurs manufacturier et forestier.
Que se passe-t-il actuellement dans le secteur manufacturier du Québec et même ailleurs, mais surtout en Ontario et au Québec? Le budget ne prévoit rien de plus pour ce secteur, mais, en même temps, tout de suite après l'adoption du vote sur le budget, les députés conservateurs et les autres députés du Comité permanent des finances ont accepté une motion présentée par mon collègue du Bloc québécois, le vice-président du Comité permanent des finances.
Ce comité avait donc accepté d'entendre des témoins. Cette motion disait:
Que le Comité, en regard des défis importants auxquels font face les secteurs forestiers et manufacturiers, entreprenne une étude sur les mesures d’aide directe et sur leur environnement fiscal, d'au plus quatre séances [...]
Or, pendant quatre séances, nous avons entendu un consensus de la part de personnes qui sont venues nous présenter leur vision des besoins des secteurs manufacturier et forestier au Québec et également en Ontario, pour que ces secteurs puissent s'en sortir.
Nous avons reçu Jayson Myers, le président des Manufacturiers et exportateurs du Canada; Mme Claudette Carbonneau, la présidente de la CSN; M. Pierre Laliberté, conseiller politique de la FTQ au secteur manufacturier; M. Avrim Lazar, président et chef de la direction de l'Association des produits forestiers du Canada. Nous avons reçu M. Phil Vinet, le maire de Red Lake; M. Jean Laneville, économiste à la Fédération des chambres de commerce du Québec. Nous avons aussi reçu la mairesse de Thunder Bay, Mme Peterson et M. Guy Chevrette, du Conseil de l'industrie forestière.
Toutes ces personnes, presque unanimement — parce qu'ils ne le disaient pas avec les mêmes mots, mais cela voulait toujours dire la même chose —, ont affirmé que les secteurs forestier et manufacturier traversent une crise tellement intense qu'il fallait absolument que le gouvernement modifie sa politique et son budget.
Il fallait aussi qu'il utilise une partie de ses surplus de 10,5 milliards de dollars pour venir en aide à un secteur en train de mourir. Les gens nous ont dit unanimement que le gouvernement conservateur faisait assurément fausse route avec son budget et son plan qui ne prévoient pas d'aide directe pour les industries de ces secteurs, et qu'il faudrait absolument qu'il modifie ses intentions.
Jusqu'à présent, nous n'avons malheureusement rien entendu en ce sens. À notre avis, le gouvernement conservateur a effectivement proposé un budget qui favorise les pétrolières, en misant encore une fois sur des baisses d'impôt pour les entreprises. On se rappellera et on se répétera qu'en réalité, les baisses d'impôt pour les entreprises qui ne font pas de profits ne constituent pas de réelles baisses d'impôt. Par contre, lorsque des entreprises font des millions ou des milliards de dollars de profits, elles peuvent bénéficier de ces baisses d'impôt. C'est un libéralisme économique qui lèse les entreprises québécoises qui, actuellement — on le sait — n'ont globalement pas fait de profits au cours de la dernière année.
Comment faire? On pourrait essayer d'analyser davantage ce budget et essayer de lui trouver des justifications, mais il n'y en a pas. Il n'y a rien dans le budget, que ce soit dans le domaine de la condition féminine où il n'y avait qu'un seul paragraphe, six lignes, pour améliorer la condition féminine, ou sur le plan de l'assurance-emploi où les demandes du Bloc québécois ont été complètement oubliées.
De plus, pour ce qui est des Autochtones, notamment en ce qui a trait au logement social, les demandes sont là et sont importantes pour ces personnes, mais on ne fait rien pour eux.
C'est ainsi, et ce, peu importe le domaine. D'autre part, on sait que le gouvernement maintient des budgets pour ce qui est de la défense. Évidemment, quand on est en faveur d'une militarisation plus importante et quand on s'associe au gouvernement américain pour continuer à faire la guerre en Afghanistan, c'est certain qu'on favorisera des budgets qui vont en ce sens. Toutefois, voici ce qui est important pour les citoyens du Québec en ce moment: notamment l'injection de sommes supérieures. On aurait pu affecter plus d'argent au développement régional pour que, connaissant les besoins de chacune des régions, le gouvernement du Québec puisse intervenir de façon beaucoup plus ciblée pour favoriser de plus grands investissements sur le plan du développement régional.
Le budget intervient dans de nombreux domaines, mais hélas! on n'y retrouve pas ce que le Bloc québécois souhaitait, notamment des investissements importants dans le secteur manufacturier, comme je l'ai dit plus tôt. Pour l'ensemble de ces raisons, on comprendra fort bien que le Bloc québécois sera en défaveur de la mise en œuvre de ce budget.