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Monsieur le Président, je propose que le premier rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire concernant l'effondrement des revenus dans les secteurs du boeuf et du porc, présenté à la Chambre le mercredi 12 décembre 2007, soit adopté.
L'hon. Chuck Strahl: Est-ce le rapport Easter?
L'hon. Wayne Easter: Le député demande si c'est le rapport Easter. Si le gouvernement acceptait simplement de lire le rapport Easter et d'y faire suite, l'agriculture serait beaucoup plus rentable, mais le gouvernement continue de négliger la communauté agricole.
Ce rapport avait été adopté à l'unanimité par les membres du comité et il se voulait une réponse à la crise du revenu sans précédent qui frappe les éleveurs de boeuf et de porc canadiens.
Les agriculteurs canadiens, qui figurent parmi les plus efficaces au monde, étaient alors et sont toujours confrontés à de sérieuses difficultés financières et, dans beaucoup de cas, à la faillite. Les agriculteurs de la troisième, quatrième et cinquième génération ont tous fait ce que le fédéral et les provinces leur ont demandé, c'est-à-dire accroître la production, le rendement et les exportations. Or, maintenant qu'ils sont dans le besoin, le gouvernement du Canada les laisse pratiquement tomber.
Croyez-le ou non, le milieu agricole a toujours été à la fine pointe des changements technologiques. En fait, l'agriculture arrive en tête de tous les secteurs — secteur manufacturier, construction, transports, commerce, finances et bien d'autres — sous le rapport de la croissance annuelle de la production. Toutefois, les agriculteurs ne conservent pas le revenu et autres avantages provenant de toute cette croissance de productivité. Le gouvernement a beau parler d'agir, il n'a pas su veiller à leurs intérêts.
Si cette motion d'adoption a été présentée, c'est en réalité parce le comité a rédigé un excellent rapport et qu'il l'a fait dans un esprit non sectaire. Je crois que les simples députés qui siègent au comité pensaient que le gouvernement passerait à l'action, mais nous avons maintenant la réponse du gouvernement devant nous.
C'est triste à dire, mais la réponse du est absolument lamentable. Les gestes sont plus éloquents que la parole. Le ministre parle de faire passer les intérêts des agriculteurs en premier, mais encore faut-il qu'il joigne le geste à la parole. Je tremble à la pensée de ce qui pourrait arriver si le ministre disait un jour que les agriculteurs passent au deuxième rang, car sa conception du premier rang n'est vraiment pas à la hauteur.
Le ministre parle de les faire passer en premier, mais il convient d'examiner certains faits. Ce n'est rien de plus qu'un miroir aux alouettes. On sait que le et le parti au pouvoir excellent dans l'art de créer des illusions. Avec eux, tout n'est qu'illusion, en commençant avec la transparence et la responsabilité.
Point d'illusion cependant lorsque l'on a vu la police effectuer une descente dans les bureaux du Parti conservateur du Canada. Point d'illusion non plus lorsque j'ai signalé hier que le ministre se trouvait à enfreindre la Loi sur la protection des renseignements personnels en cherchant à obtenir des renseignements sur des citoyens afin de pouvoir s'en prendre à eux dans le contexte de sa quête idéologique de destruction de la Commission canadienne du blé.
Voyons maintenant le budget des dépenses du ministère de l'Agriculture lui-même. Le gouvernement nous raconte des histoire à propos de l'argent qu'il met à la disposition des agriculteurs. Le programme fondé sur le coût de production que le a annoncé n'a pas le moindre rapport avec le coût de production. J'ai même reçu des lettres d'agriculteurs qui me disent avoir aussi peu que 1,28 $ par bête. Cela ne tient aucun compte du coût de production. Ce n'est qu'un miroir aux alouettes.
Le ministre de l'Agriculture précédent avait annoncé le Programme canadien d'options pour les familles agricoles qui était censé venir en aide aux agriculteurs aux prises avec des problèmes d'argent. Qu'a fait le gouvernement quelques mois plus tard? Il a annulé le programme sans préavis, privant les agriculteurs de centaines de millions de dollars. Les Canadiens croyaient pourtant que le gouvernement faisait le nécessaire. Ce que le gouvernement a fait, c'est reprendre ce qu'il avait donné.
Examinons les statistiques du ministère. Ce qui importe vraiment, ce sont les fonds que le gouvernement verse aux agriculteurs sous forme de paiements de programmes. J'examinerai donc les prévisions. Sous la rubrique paiements de programme des documents du ministre, on peut lire ceci:
Dans l'ensemble, les paiements de programmes devraient atteindre 4,0 milliards de dollars en 2007, alors qu'ils avaient atteint un record de 4,9 milliards de dollars en 2005, ce qui représente une chute de 12 p. 100 par rapport à 2006.
Ce sont là les vraies statistiques. Le gouvernement tente de donner l'impression qu'il en fait plus pour les agriculteurs que les libéraux, mais qui était au pouvoir en 2005? Le Parti libéral. Quand on compare les chiffres de 2005 à ceux de 2008, on constate que le gouvernement actuel a déboursé 1,2 milliard de dollars de moins que l'ancien gouvernement.
Les secteurs de l'élevage porcin et bovin n'ont jamais eu à affronter ce genre de crise dans le passé. L'industrie du tabac est elle aussi en crise et le gouvernement a manqué à ses promesses à cet égard également.
Le gouvernement nous jette de la poudre aux yeux et il ne fait rien de concret.
Durant la dernière campagne électorale, le , qui est en train de chahuter, et sa collègue, la , ont bien promis une voie de sortie aux producteurs de tabac. J'ai rencontré des producteurs de tabac la fin de semaine dernière et ils étaient au désespoir. Ils sont découragés et ils sont dégoûtés que le gouvernement ait manqué à sa promesse à leur égard. Cependant, cela n'est pas inhabituel de la part du gouvernement, c'est même une de ses spécialités.
Au bout du compte, le gouvernement devrait perdre ses illusions et prendre des mesures au sujet de la crise du revenu agricole. Autrement dit, le gouvernement fait de beaux discours, mais il ne passe pas à l'action.
Je reviens au premier rapport dont l'adoption est proposée aujourd'hui. L'introduction se lit comme suit:
Les secteurs de l'élevage bovin et porcin se trouvent actuellement dans la tourmente. L'effet conjugué de l'effondrement des prix, du coût croissant des intrants, de l'appréciation du dollar canadien et des coûts engagés pour se conformer à la réglementation a précipité le déclenchement d'une grave crise du revenu [...] Les secteurs de la production et de la transformation n'ont pas été épargnés, mais la crise a pris cet automne des proportions alarmantes pour les producteurs de porcs et de bovins, qui ont énormément de mal à faire face à leurs obligations financières immédiates.
Voyons ce qu'ont dit certains témoins. M. Curtiss Littlejohn du Conseil canadien du porc a déclaré ce qui suit:
En bref, les prix dégringolent, le coût des intrants a monté en flèche, et les pertes de liquidité s'accroissent à un rythme si effarant que ce sont des collectivités entières, y compris les producteurs et les fournisseurs qui s'y trouvent, qui sont menacées de faillites financières.
Je vais passer à une autre déclaration, cette fois-ci de Jim Laws, directeur exécutif, Conseil des viandes du Canada. Il a déclaré:
L'industrie canadienne de la transformation de la viande, qui fait l'objet des inspections des autorités fédérales, est la plus réglementée des secteurs de la transformation des aliments. Selon les estimations, les entreprises de transformation de viande soumises aux inspections fédérales versent plus de 20 millions de dollars par année en droits — droits pour les services d'inspection, les certificats d'exportation, l'approbation des étiquettes et ainsi de suite. Cela représente un inconvénient majeur pour elles [...] [De leur côté] les entreprises canadiennes soumises aux inspections provinciales [...] n'ont pas à assumer les mêmes coûts supplémentaires. Pour créer des règles du jeu équitables partout dans le monde, il faudrait supprimer ces frais immédiatement.
Cette déclaration a été faite en novembre 2007 et le comité a demandé que ces droits soient supprimés.
De plus, lorsque j'étais en Ontario, la semaine dernière, samedi, j'ai rencontré le président de Gencor Foods, une entreprise qui transforme le bétail âgé. Il vient de faire faillite, ce qui prive maintenant les producteurs canadiens d'un marché d'environ 700 vaches par semaine, et 120 personnes ont été mises à pied. Depuis que le gouvernement actuel a pris le pouvoir, il n'y a jamais eu autant de fermetures d'usines, en tout cas pas depuis longtemps, parce que le gouvernement ne fait absolument rien.
Il y avait beaucoup de bonnes observations dans ce rapport, beaucoup d'information et de bonnes recommandations. Je ne comprends simplement pas comment les députés d'arrière-ban là-bas peuvent s'abstenir de voter devant cette stratégie, cette perte, dans le secteur agricole, mais ils continuent de s'abstenir. Ils prennent les notes d'allocution du Bureau du premier ministre et filent.
Ces députés d'arrière-ban ne savent-ils pas qu'ils ont été élus pour représenter leurs électeurs et qu'ils devraient prendre la parole? Ils devraient tenir tête au . Ils devraient tenir tête au , qui a, ni plus ni moins, vidé les coffres du pays.
Le gouvernement donne comme excuse qu'il n'a pas d'argent pour faire ce qui s'impose. Si c'est vrai, s'il n'y a pas assez d'argent dans notre pays pour aider les secteurs de la fabrication, de l'agriculture, du tabac et les autres, il n'y a que deux personnes responsables: le et le .
Difficile de croire que le gouvernement conservateur, en deux ans seulement à la tête d'un pays dont les finances faisaient l'envie de tout le monde occidental, a sacrifié, au mépris des conséquences, 2 p. 100 de la TPS, ce qui a privé le gouvernement fédéral de sa capacité de faire ce qu'il devrait. Donc, le ministre ne fait pas grand-chose.
Comme je l'ai dit, la réponse du gouvernement à ce rapport est absolument pathétique. Voici ce que répond le gouvernement en premier lieu:
Le gouvernement est d'accord avec l'esprit du rapport et partage l'engagement pris par le comité de répondre aux besoins des secteurs du boeuf et du porc qui sont confrontés à de graves problèmes de liquidités à court terme et de compétitivité à long terme.
Cet « esprit » n'aidera pas les agriculteurs canadiens à poursuivre leurs activités. Le ministre et le gouvernement ont le pouvoir et la capacité d'agir, mais ils choisissent de ne rien faire.
Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, le gouvernement conservateur a pratiquement vidé les coffres du pays, mais cette excuse ne suffit pas. Les régions rurales du Canada se dépeuplent. Nous perdons des fermes rentables. Notre souveraineté alimentaire est menacée. Et le ministre reste les bras croisés.
Le gouvernement aborde un certain nombre de points dans sa réponse. Permettez-moi de citer un passage important:
Le gouvernement reconnaît la nécessité d’aider le secteur qui est confronté à une crise mais...
Car il y a évidemment un « mais ».
...il est également conscient de la nécessité de le faire de manière à ne pas masquer les signaux des marchés et à respecter nos obligations commerciales internationales.
Il y a une chose que je dois dire à propos de notre principal concurrent, les États-Unis. Ils ne subordonnent pas leurs producteurs primaires à leurs obligations commerciales internationales. Ils ne subordonnent pas leurs producteurs primaires à leurs réserves financières. Leurs producteurs primaires passent avant tout.
J'ai parlé de la faillite de l'usine Gencor. L'usine a fermé ses portes en raison des frais relatifs aux matières à risque spécifiées, ce qui a mis l'usine dans une position désavantageuse par rapport aux usines américaines. Lorsque les États-Unis n'ont pas respecté leurs obligations internationales comme ils étaient censés le faire, le gouvernement du Canada aurait dû reconnaître qu'il devait aider financièrement ces usines afin de leur permettre de rester en affaires.
Le rapport couvre un certain nombre de secteurs. Cependant, la pire déclaration dans la réponse du gouvernement est celle-ci: « [...] les secteurs du boeuf et du porc devront s’adapter à la réalité de l’augmentation des prix des céréales fourragères et de l’appréciation du dollar ».
Les prix des céréales fourragères sont plus élevés dans ce pays partiellement à cause des politiques gouvernementales dans un certain nombre d'autres secteurs. Nous sommes en faveur de l'utilisation d'éthanol et de biodiesel. Cependant, si les subventions gouvernementales à un secteur vont augmenter les coûts du fourrage dans un autre secteur, le gouvernement a la responsabilité de faire quelque chose pour régler ce problème.
Avant que mon temps d'intervention ne s'écoule, je vais faire quelques recommandations que le gouvernement devrait suivre. Si le gouvernement le souhaite, je peux les déposer.
Le groupe de travail mis en place par le Parti libéral du Canada a publié un rapport intitulé L’agriculture au Canada: une action ciblée porteuse de résultats. Ce rapport est allé à un vrai chef, le député de , à savoir le chef du Parti libéral. Dans ce rapport, il y a de nombreuses recommandations sur la façon de résoudre la crise actuelle dans le secteur du bétail. Je parlerai de quelques-unes d'entre elles, mais je veux souligner que ce sont des recommandations auxquelles le gouvernement doit donner suite maintenant.
Le gouvernement a bel et bien lancé un programme de prêts et de paiements anticipés de 3,3 milliards de dollars, comme l'a annoncé le le 19 décembre. Au début février, le secrétaire parlementaire a dit que l'argent était en train d'être versé au moment où l'on se parlait. Ce n'était pas vrai. L'argent n'était pas en train d'être versé à ce moment-là.
En mars, c'est notre parti qui a obligé le gouvernement à aller de l'avant avec le projet de loi pour que l'argent puisse être versé. Les producteurs primaires ont perdu trois mois, après l'annonce, par le ministre, du programme de prêts de 3,3 milliards de dollars. Personne ne peut se sortir de l'endettement en empruntant. C'est impossible. Le gouvernement avait créé le programme de prêts, mais il n'était pas en vigueur. Il a fallu attendre que le projet de loi soit adopté.
Examinons toutefois ce qu'il en coûte au gouvernement. Devant le comité, des représentants du ministère de l'Agriculture ont admis que les coûts supplémentaires du programme ne s'élevaient qu'à 22 millions de dollars par année. Le gouvernement du Canada et le ministre parlent d'énormes montants, mais ils n'offrent presque rien. Le gouvernement n'aide pas l'industrie autant qu'il le devrait.
Permettez-moi de parcourir certaines recommandations.
Premièrement, le gouvernement devrait mettre de l'argent immédiatement entre les mains des producteurs de bovins en leur versant, dans le cadre du PCSRA, un paiement anticipé spécial pour 2007 pouvant aller jusqu'à 100 $ et 150 $ par bovin d'engraissement.
Deuxièmement, le gouvernement devrait mettre de l'argent entre les mains des éleveurs de porcs et mettre en oeuvre un programme de prêts immédiats à court terme pour les éleveurs de porcs afin d'améliorer leurs liquidités pendant que les marchés s'ajustent. Toutefois, nous devons maintenant aller au-delà de cette recommandation.
Troisièmement, le gouvernement devrait accorder une priorité immédiate au versement des paiements du PCSRA pour 2006 et aux paiements provisoires et aux avances ciblées au titre du PCSRA pour 2007 pour tous les producteurs de porcs et de bovins.
Quatrièmement, le gouvernement devrait collaborer avec toutes les parties pour déterminer comment le Programme de paiements anticipés et son accès aux éleveurs de porcs et de bovins pourraient être améliorés, ce qui inclut de modifier les exigences en matière de garantie, de dissocier les paiements du PCSRA des avances versées, et d'assouplir les délais concernant les avances. J'ajouterais, bien que j'aie été en faveur d'imposer des plafonds aux paiements du PCSRA, que nous pourrions suspendre ces plafonds au cours de la prochaine période intermédiaire pour que certains grands exploitants puissent obtenir du financement du PCSRA eux aussi. La crise est grave à ce point.
Cinquièmement, nous devons donner l'option aux producteurs de porcs et de bovins de choisir la protection prévue dans le cadre du PCSRA en cas de baisses de 15 p. 100 ou de bénéficier du nouveau programme Agri-investissement, au moins pour 2007 et 2008, et maintenir l'offre de 600 millions de dollars pour l'ouverture de comptes Agri-investissement qui a déjà été annoncée.
Sixièmement, il faut reporter le paiement des intérêts et la récupération des versements excédentaires aux producteurs de porcs et de bovins dans le cadre du PCSRA.
Il y a toute une gamme de recommandations...
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Monsieur le Président, en écoutant ces longues tirades qu'on ne cesse de nous servir, je ne sais plus où commencer. Mais je sais où cela s'arrête.
Les producteurs nous ont transmis un message clair ces derniers mois. Le député de a parlé de son propre rapport en termes dithyrambiques. Son propre parti l'a mis sur les tablettes, où s'accumulent poussière et toiles d'araignées, puis lui a dit d'aller plancher sur un autre rapport.
Pendant que le député de et quelques-uns de ses acolytes perdent du temps en présentant étude après étude, nous agissons. Je suis fier d'affirmer que nous avons l'appui des producteurs primaires.
Si le député de et ses collègues là-bas ont décidé du contraire, alors il existe ce qu'on appelle des élections. Nous pouvons tirer les choses au clair sur le terrain. Nous pouvons aller consulter les producteurs et déterminer exactement qui, selon eux, est de leur côté.
Je vais parler de certains des points soulevés par le député d'en face.
En tant qu'ancien président du comité j'ai lu ce rapport, car une partie des travaux du comité s'est déroulée sous ma présidence alors que les libéraux étaient encore au pouvoir. Selon moi, on a manqué de respect à l'égard des producteurs primaires au fil des ans. Nous avons changé les choses. C'est la principale différence.
Le député a parlé des lacunes du PCSRA. Quiconque fouille dans les archives n'aura pas à se donner trop de mal pour trouver quel parti a implanté ce programme, quel parti a fait chanter les provinces pour les obliger à emboîter le pas et quel parti n'a rien fait pendant plus de dix ans pour combler les lacunes du PCSRA, alors que les producteurs réclamaient une approche différente.
Nous nous sommes attaqués au problème. Nous avons fait davantage que ne recommande le rapport. Nous avons pris la situation comme un défi et nous n'avons pas hésité à aller encore plus loin à bien des égards. Nous avons abordé ce défi point par point et nous avons proposé des solutions.
Le député d'en face a soulevé quelques-uns de ces points. Il parle du cadre de réglementation. Nous sommes allés plus loin. Nous avons fait une étude. Le député sait aussi que sous le gouvernement...
Vous avez fait une étude?
Attendez un peu. Nous avons remis cette étude aux intervenants de l'industrie en leur disant: « C'est à vous de décider quel élément du système devrait être harmonisé avec les États-Unis, notre principal partenaire dans le commerce des viandes rouges, où il y aurait lieu d'apporter des changements et comment aborder la question de la sécurité alimentaire à la frontière ». Leur réaction est formidable.
La première chose que nous avons constaté, c'est que les différences ne sont pas énormes. Certes, nous faisons les choses différemment, mais le cadre n'est pas le même. Au Canada nous avons ce qu'on appelle la souveraineté, mais nous sommes disposés à harmoniser nos systèmes à la frontière.
Nous avons trouvé des cas, la plupart concernant l'exportation et l'importation d'animaux vivants et de matériel génétique, où notre régime réglementaire pourrait être un peu prohibitif. Nous nous penchons là-dessus.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments est assujettie depuis un certain nombre d'années à un moratoire sur le recouvrement des coûts, celui-ci étant limité à 15 p. 100. L'agence a présentement un taux de recouvrement des coûts de 11 p. 100 et, si nous devons descendre jusqu'à zéro, nous le ferons pour faciliter les échanges. Nous devrons examiner la question. Le travail à cet égard se poursuit. Le député a déclaré que cela devait se faire ce mois-ci. Nous sommes déjà plus loin que cela. Lui ne faisait que du bricolage, mais nous, nous avons travaillé sérieusement.
Les diatribes politiques que j'entends constamment plaisent peut-être aux foules, mais, malheureusement, nous suivons le député à la trace, nous passons derrière lui et amassons beaucoup de votes. Les foules qu'il attire sont de petits groupes de mécontents et elles sont habituellement composées des mêmes personnes.
Hier soir, j'ai assisté à une réunion avec 250 producteurs. Nous avons eu un magnifique repas composé de ce que les agriculteurs produisent. Le menu était composé de boeuf, de porc et de tous les accompagnements appropriés. J'ai eu une excellente discussion d'une heure avec les producteurs et j'ai répondu à leurs questions. Ils sont heureux du rôle que joue le gouvernement.
Qu'il s'agisse de la gestion de l'offre, du boeuf, du porc ou des grains et des oléagineux, ils sont heureux de ce que fait le gouvernement parce qu'ils y participent. Ils nous aident à élaborer les nouveaux programmes. Nous n'avons pas agi arbitrairement en leur imposant brutalement quelque chose. Nous leur avons demandé comment nous pouvions bien les servir.
C'est ce que nous avons fait dans le secteur du bétail. Lorsqu'ils ont été plongés au pire de la crise, nous leur avons demandé comment nous pouvions le mieux les servir. Ils nous ont dit de les laisser examiner quelques solutions pratiques pour s'assurer qu'elles ne pouvaient pas donner lieu à des droits compensateurs et de leur donner l'argent liquide qui leur permettait de poursuivre leurs activités.
Le député de affirme que nous ne pouvons pas emprunter pour nous sortir du pétrin, mais il énumère ensuite ses propres recommandations où il est notamment question de prêts. C'est manquer de vision. Il a la mémoire bien courte. Nous avons déjà fait cela. Nous avons souscrit un prêt et nous avons créé la situation où ils ont pu avoir accès à des sommes liquides. Pour assurer leur sécurité, nous nous sommes placés au deuxième rang, en gardant le contact avec les institutions financières.
Nous avons amélioré les flux de trésorerie des éleveurs pour leur permettre de traverser ce cycle baissier et, s'il faut corriger le tir, nous le ferons. Ils le savent. Nous sommes en rapport constant avec le secteur de l'élevage pour ce qui est de l'évolution de la situation et du bon fonctionnement des mesures prises.
Il faudra plus que du rafistolage pour résoudre le problème. Les programmes ponctuels que les libéraux avaient la réputation d'annoncer sans vraiment les faire aboutir ne font que créer plus d'immobilisme. Au fil des années, leurs programmes n'ont fait que rendre les signaux du marché imperceptibles. Ils ne permettaient pas au marché de jouer son rôle correcteur. Les libéraux ont eu une approche passablement rigide. Ils habituaient les producteurs à surveiller la boîte aux lettres, mais ce n'est pas ce que nous voulons.
Nous voulons que leurs gains proviennent du marché. C'est pourquoi l'argent du gouvernement n'est plus géré de la même manière. Il continue d'y en avoir, mais nous n'avons pas eu besoin de le distribuer puisque la vente des céréales et les oléagineux devient enfin rentable.
Voilà qui est merveilleux. Nous sommes ainsi libres de venir en aide au secteur de l'élevage d'une façon plus complète et nous l'avons fait. Les sommes que nous avons rendues disponibles pour ce secteur sont sans précédent. J'ai le pouvoir de le faire et je l'ai fait. Le député a déclaré que nous ne devrions pas récupérer cet argent. Nous avons opéré des changements. Au lieu de nous borner à réfléchir, parler ou pester, nous avons agi.
En tant que ministre, j'ai le pouvoir, de concert avec le , d'exonérer les gens de leur remboursement pour une période allant jusqu'à un an s'ils n'arrivent qu'à payer l'intérêt. Nous pouvons même assouplir cette règle et leur donner le temps de se remettre sur pied. Nous l'avons fait. Les libéraux n'avaient même pas prévu de le faire.
Nous modifions les modalités du prêt destiné aux améliorations agricoles de manière à le rendre admissible à un plus grand nombre de personnes. Nous avons modifié les dispositions en cas de catastrophe de la Loi sur les programmes de commercialisation agricole. Le plafond, qui était de 25 000 dollars, a été porté à 400 000 $, la première tranche de 100 000 $ étant libre d'intérêt. Cela offre beaucoup de liquidités et donne au secteur une formidable occasion d'aller de l'avant; ce qu'il fait d'ailleurs. Le moteur du processus sera le marché. Les producteurs s'y adaptent. Nous commençons à voir une lumière au bout du tunnel.
Le député a soulevé toute une série de questions qui n'ont rien à voir avec le sujet. C'était plutôt des jérémiades de politicien. Je me ferai un plaisir d'en débattre si ces députés s'avisaient de passer en mode électoral.
Le député a soulevé le cas de Gencor. Bien que ce qui est arrivé m'attriste, cette société fait de bonnes affaires dans certains autres secteurs. C'est une grande multinationale. Nous éprouvons certainement du chagrin pour les gens qui ont perdu leur emploi et les producteurs qui n'ont plus accès à ce débouché.
La bonne nouvelle, c'est que le gouvernement a rétabli la situation pour ce qui est du commerce avec les États-Unis et que la règle 2 est en vigueur, ce qui veut dire que les animaux vivants et les animaux âgés de plus de 30 mois peuvent traverser la frontière. La valeur des animaux de réforme ainsi que des vaches et des taureaux n'a jamais été aussi élevée depuis la crise de l'ESB. C'est ce qui a poussé Gencor à la faillite.
Le député d'en face a également parlé de l'élimination des MRS, de l'interdiction frappant les aliments du bétail, et ainsi de suite. Savez-vous quand tout cela a commencé? Sous le gouvernement libéral. L'industrie a réclamé ces mesures afin que la frontière puisse être rouverte. Nous examinons maintenant toutes les questions liées à l'élimination des MRS dans nos ententes avec les pays importateurs.
Nous avons fait des progrès énormes depuis ce temps pour débarrasser le système de certaines de ces MRS. Nous avons supprimé une bonne partie des coûts liés à la réglementation relative à l'interdiction frappant les aliments du bétail. Pour ce qui est des aliments mélangés à la ferme, ils sont déjà réglementés, alors pourquoi le ferions-nous encore?
Nous écoutons les producteurs et nous obtenons des résultats. L'opposition ne semble pas vouloir comprendre que nous faisons ce qu'il faut et que les producteurs acceptent cela.
Le député de a parlé du PCSRA et de l'inefficacité de ce programme. Il en a fait ressortir les lacunes. Savez-vous qui avait créé ce programme? C'était un programme libéral. En 2006, nous avons fait de l'élimination de ce programme un enjeu de notre campagne. Nous l'avons fait parce qu'il n'était d'aucune utilité pour les producteurs.
: Et vous vous en servez, Gerry.
: N'ayez pas l'air aussi fâché.
: Vous vous en servez, Gerry. Vous ne l'avez pas éliminé.
: Écoutez-les crier là-bas, monsieur le Président. Je dois avoir touché une corde sensible. Je vais en toucher quelques autres et continuer de le faire jusqu'aux prochaines élections, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une poignée de députés en face, et vous allez nous aider à faire cela, monsieur le Président. Je le sais.
Le PCSRA n'a jamais fonctionné pour le bétail.
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Vous écoutiez avec une telle intensité, monsieur le Président, que je savais que vous étiez suspendu à mes lèvres et que vous étiez d’accord avec moi.
Le PCSRA n’a jamais bien servi le secteur de l’élevage. Il n’a pas très bien servi non plus celui des céréales et des oléagineux. Dans les programmes que nous avons proposés et qui vont s’appliquer, nous collaborons avec nos homologues des provinces et des territoires comme cela ne s’est jamais aussi bien fait, et nous avons aussi invité le secteur agricole à participer. Il y a eu des discussions approfondies sur les éléments essentiels à la convivialité des programmes. Il est insensé d’élaborer, comme le gouvernement précédent l’a fait pendant des années, des programmes qui n’atteignent pas leur objectif, qui ne dirigent pas les fonds là où ils doivent aller. Les fonds étaient rognés par l’administration au moment du versement, ils étaient récupérés et des modifications étaient faites.
Nous avons apporté des modifications dans le nouveau programme. Nous avons modifié le PCSRA le plus possible dans sa dernière année, sans la collaboration des provinces. Les provinces voulaient le maintenir tel quel. Tant pis, c’était leur choix. Au bout du compte, nous avons accordé plus d’argent au moyen de l’ancien programme, mais d’une manière différente qu’on n’aurait jamais crue possible, et cela, parce que nous avons écouté les producteurs. Et nous avons agi sans recourir à des expédients qui masquent les signaux du marché.
Il est certain que les producteurs devront s’adapter, mais il leur faut du temps. Il faut qu’ils s’adaptent à la hausse de la valeur du dollar, que le gouvernement ne contrôle pas. Ils doivent examiner les cas où le coût des facteurs de production augmente. Cette hausse a des causes multiples, par exemple le coût du carburant pour le transport du grain au silo.
Nous avons pris des mesures sans précédent afin d’offrir des aliments différents pour le bétail. Il y a le programme des biocarburants. Le député d’en face dit qu’il est d’accord, et j’en suis heureux, mais ses anciens collègues du Syndicat national des cultivateurs parcourent tout le Canada grâce à une subvention gouvernementale -- allez y comprendre quelque chose -- pour dénoncer cette initiative.
Les biocarburants sont la meilleure annonce qui a été faite au Canada rural depuis une génération. Cette production va insuffler un nouveau dynamisme au Canada rural. Elle va permettre à des collectivités de se relever grâce à de nouveaux emplois. Il s’agit d’un nouveau débouché pour les agriculteurs, qui verront le prix de leurs produits se raffermir. C’est une bonne nouvelle sur tous les plans parce que c’est également très bon pour l’environnement de s’éloigner des carburants fossiles pour adopter les énergies vertes. Il y aura des changements majeurs dans ce dossier lorsque nous passerons à la production à partir de la cellulose au lieu des grains fourragers.
Il y a bien des histoires qui circulent et le Syndicat national des cultivateurs est tombé dans le panneau et a fini par croire qu'on ne peut produire à la fois de la nourriture et du biocarburant. Peut-être que ses membres ne peuvent le faire parce qu'ils ont recours à une méthode qui date des années 1940, mais il suffira de prendre 5 p. 100 de notre production pour fournir les trois milliards de litres d'éthanol que nous demandons dans le cadre de notre programme. Cinq pour cent, c'est tout. L'autre portion de 95 p. 100 continuera de servir à la production alimentaire, aux exportations et à tout le reste. Monsieur le Président, les systèmes météorologiques à eux seuls sont responsables d'écarts de production supérieurs à 5 p. 100. Vous, moi et tous les députés ici savons cela. Les histoires que l'on entend — selon lesquelles nous ne pouvons produire à la fois de la nourriture et du biocarburant — font de bonnes manchettes, mais elles sont pour le moins ridicules, et je suis poli en disant cela, parce que je m'efforce d'employer un langage parlementaire.
En ce qui a trait au commerce, mon voisin de pupitre, le , fait de l'excellent travail. Nous concluons des accords bilatéraux avec des pays qui recherchent la qualité que nous retrouvons dans nos secteurs des produits laitiers, de la viande, de la génétique, ainsi que des céréales et des oléagineux. Nos produits sont réclamés dans le monde entier.
J'ai eu la chance de me rendre dans certains de ces pays, et je vais en visiter d'autres au cours de la semaine de relâche qui s'en vient, afin de relancer l'activité commerciale que les gens d'en face ont laissé ralentir. Les libéraux ont semoncé nos principaux partenaires commerciaux au point où nous les perdions au profit des Américains. En effet, les Américains ont conclu des accords bilatéraux avec un grand nombre de pays avec qui nous faisions du commerce auparavant. Ils nous ont damé le pion, parce que les gens d'en face ont fermé les yeux et n'ont rien fait. Les libéraux n'ont rien fait, et ce à bien des niveaux. Nous, par contre, avons relancé les échanges commerciaux.
À titre de ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, j'ai pris des mesures afin de laisser tomber la DVG, c'est-à-dire la distinction visuelle des grains. Le seul endroit sur la planète qui utilise encore la DVG — je dis bien le seul — est la région de l'Ouest canadien qui relève de la Commission canadienne du blé. Le recours à cette technique nous a empêché de développer de nouvelles variétés de grains qui pourraient servir à nourrir le bétail d'une façon meilleure que ce n'est le cas à l'heure actuelle.
Les producteurs du Dakota du Nord et du Montana ont accès à des grains qui ont été mis au point par des chercheurs de l'Université de la Saskatchewan, à Saskatoon, parce que ceux-ci ne pouvaient pas mener leurs expériences dans l'Ouest canadien, à cause de la DVG. Cette situation a maintenant été corrigée. Nous n'allons pas permettre que ce genre de situation nuise au commerce.
Le député a cité des articles de journaux, mais il l'a fait en coupant çà et là pour faire valoir ses arguments comme les députés d'en face aiment le faire. Toutefois, il y a d'autres bonnes nouvelles. La valeur des terres agricoles au Canada connaît une hausse de près de 8 p. 100. Le seul endroit où la valeur est en baisse, c'est dans la province du député. Les gens devraient lui en parler. Peut-être qu'il devrait souscrire à certains de nos programmes.
J'ai une excellente relation professionnelle avec Neil LeClair, ministre de l'Agriculture dans la province du député. Nous avons accompli de grandes choses pour le bétail à l'Île-du-Prince-Édouard.
Une voix: Nommez-en une.
L'hon. Gerry Ritz: Nous avons donné un second souffre à ABP, Atlantic Beef Products, au point où la société peut demeurer active et garder vivante l'industrie de l'élevage à l'Île-du-Prince-Édouard. C'est sans précédent. C'est une société qui a vu le jour à la fin du règne de terreur des libéraux et qui était chancelante. Nous avons assuré sa viabilité. Nous aidons les agriculteurs de là-bas. Un député m'a demandé de donner un exemple. En voilà un éloquent.
Même le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard se réjouit de cette initiative. Nous le savons. J'ai parlé avec le premier ministre Ghiz personnellement. Je sais que le député de s'est fait taper sur les doigts parce qu'il était trop insistant.
Nous allons également apporter d'importants changements au système d'étiquetage au pays. Pendant des années, sous les libéraux, l'étiquetage a été dénaturé au point de s'appuyer sur le coût et non sur le contenu. Le système était faussé au point qu'on pouvait désigner un produit comme étant fait au Canada pourvu que 51 p. 100 de ses coûts, y compris les coûts de conditionnement, d'étiquetage ou peu importe de quoi on voulait bien tenir compte, aient trait à des activités faites au Canada.
Nous sommes en train de modifier ce système. Nous en sommes à l'étape des consultations avec l'industrie. Les producteurs sont ravis. L'industrie de l'horticulture, qui reçoit des produits importés de partout au monde qui ne sont pas nécessairement aussi sûrs que les nôtres, est enchantée. L'étiquette « produit du Canada » ne sera apposée que sur les produits dont le contenu est pratiquement tout canadien. C'est une bonne nouvelle. Tous les producteurs saluent cette initiative, car ils savent qu'ils pourront faire concurrence à armes égales à quiconque sur la planète. Nous sommes les meilleurs. Les règles du jeu seront équitables: l'étiquette sera fondée sur le contenu et non sur le coût.
Je pourrais souligner toutes sortes de choses que nous avons faites pour donner suite au rapport. Je pourrais donner des exemples de domaines où nous avons dépassé les recommandations du rapport. Je pourrais citer plein de déclarations des associations d'éleveurs de bovins et d'autres animaux au sujet de leur appréciation de notre travail et de leur soutien. Les producteurs se rangent derrière le gouvernement. Ils en ont eu assez des promesses et des discours creux du parti d'en face.
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Monsieur le Président, j'espère que personne ne remettra en question la pertinence de ce débat aujourd'hui, malgré l'obtention par le Bloc québécois, comme je l'ai dit tout à l'heure lorsque j'ai posé une question, de la tenue d'un débat d'urgence au sujet de la crise dans les secteurs porcin et bovin il n'y a pas si longtemps, soit le 13 février dernier.
Cependant, je suis heureux que le député de rouvre en cette Chambre ce débat très important, en raison de la réponse obtenue du gouvernement au rapport unanime déposé par le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
En comité, on a fait une étude non pas exhaustive — ce serait peut-être un peu exagéré —, mais tout de même très élaborée sur la crise qui sévissait dans le secteur du bétail. Si seulement les réponses avaient été totalement satisfaisantes! On a entendu le ministre tout à l'heure tenir un discours jovialiste selon lequel tout le monde est heureux et tout va bien. Or, si c'était le cas, on ne serait pas ici aujourd'hui en train d'en discuter encore. Si on le fait, ce n'est pas compliqué, c'est parce que les réponses du gouvernement à ce rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire sont insatisfaisantes en grande partie.
On sait que cette crise a été causée notamment par la hausse de la valeur du dollar canadien. Également la montée en flèche du coût de l'alimentation animale et, finalement, la baisse du marché mondial du porc sont en grande partie à l'origine des énormes pertes subies par les producteurs.
Du côté des producteurs de boeuf, j'ai fait mention, il y a quelques secondes, des coûts pour se conformer à la réglementation relativement aux matières à risque spécifié. Je m'explique mal encore aujourd'hui comment le gouvernement canadien a pu en arriver à une telle réglementation tout en sachant que les Américains n'allaient pas l'appliquer. Le gouvernement vient de créer pratiquement de façon volontaire une concurrence déloyale qui va à l'encontre de nos producteurs.
Ceux-ci sont pourtant loin de refuser de se conformer aux réglementations. Tous se souviennent de la crise vécue avec l'ESB et on ne veut pas que cela se répète. On comprend très bien qu'il faut se débarrasser des matières à risque spécifié. La réglementation est là pour de bon.
Cependant, la Fédération des producteurs de bovins du Québec réclamait une aide de 50 millions de dollars sur deux ans. Tout à l'heure, le ministre s'est moqué de la situation et a rejeté cette demande du revers de la main. Il a prétexté que les producteurs le demandent depuis quatre ou cinq ans et que le Bloc québécois n'a jamais rien fait. Or, au Bloc québécois, nous nous levons, nous le demandons, nous l'exigeons et nous soutenons nos producteurs agricoles. Nous défendons les gens du Québec, comme on le fait toujours si bien, et souvent on obtient des résultats. Par contre, dans ce cas, le gouvernement dort au gaz. Rien n'a été fait relativement aux matières à risque spécifié.
Les producteurs demandent donc 50 millions de dollars sur deux ans. Le ministre trouve cela un peu ridicule, puisque les producteurs le demandent depuis quatre ou cinq ans déjà. Justement, si c'est à ce point ridicule, si ce n'est pas si grave ou si compliqué que cela, je ne comprends pas que l'argent ne soit pas déjà dans les coffres de la fédération. Cet argent servirait à une fin bien simple: permettre aux producteurs de bovins de s'ajuster à cette réglementation.
Actuellement, les producteurs doivent payer pour faire retirer ces matières à risque spécifié des carcasses, pour les faire ramasser et pour les faire enfouir. En fait, on ne sait pas trop quoi en faire. Heureusement, il serait tout aussi bien d'investir dans des usines de biodiesel au Québec, pour faire en sorte d'utiliser cela pour en faire du biocarburant. Ainsi, ces déchets ne seraient plus enfouis et on saurait un peu quoi en faire. Il y a peut-être des investissements à faire de ce côté.
Je ne savais pas que les matières à risque spécifié deviendraient aujourd'hui un symbole de l'unité canadienne. Le ministre a effectivement réaffirmé la souveraineté du Canada en disant que nous sommes différents des États-Unis. La belle affaire! On ne fera tout de même pas des MRS un symbole de souveraineté canadienne.
Il faut évidemment harmoniser les normes le plus possible. Si les Américains ne veulent pas le faire, que le Canada, même s'il continue à réglementer dans ce domaine, aide nos producteurs et nos transformateurs et fasse en sorte que ces nouvelles normes ne les pénalisent pas. Pour leur part, les producteurs américains n'ont pas à se soucier de disposer des matières à risque spécifié comme nos producteurs doivent le faire.
Je reviens donc aux producteurs de porcs, puisque c'est surtout grâce à eux qu'on a réclamé un débat d'urgence en février dernier. On a entendu beaucoup de témoignages en comité, mais aussi dans nos bureaux, à la suite d'une opération.
Je veux simplement mentionner que cette industrie est très importante au Québec. Il est question de recettes agricoles totales de 6,198 milliards de dollars, dont 13,6 p. 100 proviennent de la production porcine, soit des recettes de 844,9 millions de dollars.
Voilà quelles sont les retombées économiques de l'industrie porcine au Québec. Cela représente 28 200 emplois et 1,3 milliard de dollars en valeur ajoutée. C'est une activité qui est évidemment présente dans plusieurs régions du Québec. Dans ma circonscription, il y a peut-être 400 producteurs de porcs. D'ailleurs, le président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, M. Jean-Guy Vincent, est un résidant de ma circonscription
C'est le premier produit d'exportation bioalimentaire au Québec. Il vient également au 12e rang des produits exportés du Québec. Par sa balance commerciale de 890,5 millions de dollars, la production porcine permet une balance commerciale agroalimentaire positive de 289,2 millions de dollars, une somme tout de même appréciable. La production porcine génère aussi des recettes gouvernementales de plus de 225 millions de dollars. Voilà une des raisons de l'importance économique que revêt le secteur porcin et pourquoi il est important encore aujourd'hui de se pencher sur la question de la crise dans ce secteur.
Je parlais du débat d'urgence qui a été tenu ici au mois de février dernier. Les raisons pour lesquelles on réclamait ce débat sont tout aussi pertinentes aujourd'hui en raison des réponses qu'on a eues aux recommandations du comité qui sont insatisfaisantes à bien des égards. La raison pour laquelle on avait réclamé le débat d'urgence est que l'industrie du bétail — et c'est encore le cas aujourd'hui — traverse une crise causée par la hausse du dollar et des intrants, combinée à une baisse majeure du prix de la viande, dans le cas du porc, et des coûts additionnels pour la gestion et la disposition des matières à risque spécifié, dans le cas des producteurs de boeufs.
Les producteurs de porcs demandent la création immédiate d'un programme de prêts garantis — on a obtenu quelque chose dont je parlais tout à l'heure, mais ce n'est pas tout à fait ce qu'on voulait — ou de prise en charge des intérêts actuellement assumés par les producteurs, alors que les producteurs de boeufs proposent la mise sur pied de mesures d'urgence, comme la création d'un programme d'aide aux producteurs de 50 millions de dollars sur deux ans, comme je l'ai expliqué il y a quelques instants.
Plusieurs raisons exigeaient la tenue de ce débat d'urgence, dont le silence du et du à la suite des nombreuses lettres des producteurs qui leur sont parvenues, et face également au premier rapport unanime du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire intitulé « Étude sur l'effondrement des revenus dans le secteur du boeuf et du porc ». Il recommandait la mise en place de mesures transitoires pour atténuer la crise ainsi que des mesures à plus long terme liées à la compétitivité de l'industrie.
C'est là où je veux en venir quand je disais tout à l'heure qu'il y avait eu quand même des points positifs suite à ce débat d'urgence. Suite à ce débat, le ministre a communiqué avec les porte-parole de l'opposition pour nous dire qu'il voulait mettre en place le projet de loi . Tous les partis se sont alors entendus pour faire accélérer le processus et faire en sorte que les producteurs puissent obtenir des liquidités.
Il faut s'entendre là-dessus. Ce n'est pas exactement ce que les producteurs demandaient. Il faut aussi comprendre que cela reste une dette. Les producteurs agricoles vont obtenir des prêts, mais ils continuent à s'endetter. Ce n'est pas évidemment la solution magique, mais à court terme, on ne pouvait pas être en désaccord avec une telle mesure.
Il y a aussi un autre projet qui est entré en vigueur il y a quelques jours, je pense que c'est le 14 avril, qui visait à faire en sorte que certains producteurs qui voulaient se retirer du marché puissent obtenir des compensations pour fermer boutique. Ce n'est évidemment pas le souhait du Bloc québécois d'assister à la fermeture de nos fermes l'une après l'autre. Ce n'est pas parce qu'on les paie qu'on va arriver à régler le problème lorsqu'elles auront fermé boutique.
On a besoin d'une agriculture qui est forte, d'une agriculture qui contribue à l'économie québécoise et canadienne, au lieu de faire en sorte qu'on mette la clé dans la porte de nos fermes et qu'on finisse par être obligés d'acheter des produits qui viennent de l'extérieur, comme déjà, d'ailleurs, c'est trop souvent le cas. J'aimerais que, de plus en plus, on puisse prendre conscience de l'importance d'acheter des produits de chez nous.
C'est encore d'actualité, malgré ce projet de loi , malgré les mesures de retrait. Les réponses du gouvernement sont surtout insatisfaisantes à long terme. À cet égard, on avait des recommandations très précises de la part du comité concernant les mesures à adopter à long terme. J'y reviendrai un peu plus tard.
J'aimerais citer une lettre qui a été distribuée aux députés par la Fédération des producteurs de porcs du Québec pour dire à quel point la situation grave:
Devant l'ampleur de la crise que traverse présentement l'industrie porcine, l'aide annoncée le 19 décembre dernier, le plan d'action destiné à aider le secteur canadien de l'élevage, est nettement insuffisante.
Ayant à l'esprit les préoccupations exprimées à cet effet ou à l'effet que l'aide aux producteurs doit passer par les programmes existants, les demandes formulées par la Fédération des producteurs de porcs du Québec s'inscrivent pour l'essentiel à l'intérieur des programmes existants. Il s'agit d'améliorations et de modifications en regard à des programmes de gestion des risques d'entreprises. Les plafonds de 1,5 million de dollars établis dans le cadre des programmes Agri-stabilité et Agri-investissement devraient être haussés ainsi que celui du fonds de démarrage fixé à 3 millions de dollars.
La fédération demandait également l'ajustement des marges de référence qui assureraient un soutien adéquat aux producteurs, et ce, en raison du caractère unique de la crise et de mauvaises conditions de marché qui perdurent. Le resserrement des règles d'étiquetage pour les produits du Canada vise à s'assurer que les consommateurs puissent identifier clairement la provenance des produits.
On a fait circuler quelque chose aujourd'hui en comité. Est-ce le député de qui nous a apporté cela? Je crois qu'il est en pleine lecture, mais aujourd'hui en comité on a fait circulé des longes de porc. On a beau regarder de tous bords tous côtés sur les étiquettes, on se demande d'où elles viennent en réalité. C'est difficile pour le consommateur et pour nous-mêmes qui sommes vraiment en train d'étudier le dossier des produits du Canada en comité. C'est encore plus difficile pour le consommateur de savoir s'il achète des longes de porc du Canada, des États-Unis ou d'ailleurs, puisque ce n'est pas très clair sur l'étiquette. Cela a été plutôt difficile de savoir d'où cela venait. À ce sujet, le ministre dit qu'il est en train de préparer une politique. J'espère que le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire n'est pas en train de travailler pour rien et que nos recommandations seront entendues par le ministre, parce qu'il dit qu'il travaille de son côté. Il faudrait qu'on ne dépense pas toutes ces énergies pour rien. D'un côté comme de l'autre, j'estime que le travail du comité est très important et que le ministre devra écouter ces recommandations.
La mise en place d'un nouvelle enveloppe financière pour soutenir des programmes à coûts partagés permettrait la souplesse régionale dans le cadre de la prochaine génération de politiques agricoles, soit le fameux Agri-flex, qui n'existe pas, parce qu'on a Agri-investissement, Agri-stabilité, etc. Finalement, le gouvernement n'a pas pensé à mettre en place des mesures flexibles. Or, nous l'avions demandé suite à la tournée du comité à travers le Canada. En fait, cela a fait l'unanimité chez les producteurs et ils nous ont spécifiquement fait savoir qu'il était important que les mesures et les programmes mis en avant soient souples pour ne pas avoir des espèces de programmes nationaux très rigides d'un océan à l'autre. Lorsque les provinces avaient déjà des programmes semblables ou quoi que ce soit du genre, elles ne pouvaient plus s'adapter et ne pouvaient plus rien faire; elles étaient prises au piège. Elles avaient le choix d'entrer là-dedans et de vivre un dédoublement, ou le choix de ne rien faire et ne pas retirer d'argent.
Je veux rappeler au gouvernement que tous les producteurs agricoles paient des impôts. Dans chaque province, des programmes sont plus ou moins efficaces ou plus ou moins bons. Or, quand un programme fédéral est mis sur pied, on devrait faire en sorte qu'il soit souple et flexible, et je parle notamment des programmes à l'intention des producteurs de porcs. Toutefois, dans le cas des producteurs de grains, c'est encore plus flagrant, puisqu'ils ne touchent jamais de prestations du PCSRA. Au cours des dix dernières années, ils ont toujours été dans le pétrin et ce sont les producteurs agricoles qui ont eu le plus de difficulté. Heureusement pour eux, les prix ont commencé à augmenter récemment, mais ils réclament évidemment un programme qu'on pourrait appeler Agri-flex. Il serait important que le gouvernement mette cela dans sa pipe.
Finalement, la lettre se termine ainsi:
Le programme de paiements anticipés, PPA, nouvellement élargi aux productions animales, ne doit pas utiliser les programmes de gestion des risques d'entreprises en garantie et ainsi forcer le remboursement des avances lorsqu'un paiement est reçu par le producteur.
Somme toute, cette lettre résumait bien les demandes des producteurs de porcs. J'ai également parlé assez longuement des demandes des producteurs de bovins pour qu'on comprenne bien aujourd'hui que malgré certaines mesures annoncées, on n'a pas réglé la crise. Malgré le discours du jovialiste du ministre tout à l'heure, on n'a pas réglé la crise dans le secteur du bétail.
C'est pourquoi je félicite le député de de ramener ce dossier sur le plancher aujourd'hui pour qu'on puisse remettre en marche la machine et faire prendre conscience, non seulement au gouvernement, mais à la population en général, que ce problème n'est pas réglé.
Le problème est que les programmes dont je parlais tout à l'heure ne fonctionnent pas. On a longuement cherché à savoir à qui revenait la faute au regard du PCSRA Ce sont les libéraux et les conservateurs qui l'ont mis en place. Oui, d'accord. Mais une fois qu'on a dit cela, tout le monde s'entend pour dire que cela ne fonctionne pas.
Quand on arrive au pouvoir et qu'on ne fait que changer le nom du programme, cela ne règle pas le problème. Blâmer l'ancien gouvernement n'est pas régler le problème non plus. Évidemment, le ministre doit prendre conscience qu'avoir changé le nom du PCSRA n'a pas fait en sorte que les producteurs aient plus accès au programme.
On investit des sommes et on dit que 600 millions de dollars sont disponibles. Trouvez-moi des producteurs agricoles qui réussissent à aller chercher de l'argent. Lorsqu'ils le font par les paiements anticipés ou autre, on leur réclame de l'argent de l'autre côté. C'est assez ironique de dire qu'on a investi un certain montant d'argent, mais que dans le fond, cet argent a été mis dans une poche et a été repris dans l'autre. C'est souvent ce que les gouvernements font, et c'est malheureux.
Le gouvernement conservateur a beau faire des annonces ronflantes, l'argent ne va pas à ses destinataires. Les programmes Agri investissement et Agri-stabilité et le Programme de paiements anticipés sont des programmes du PCSRA dont on a changé le nom. D'un côté, le gouvernement verse de l'argent dans le cadre d'un programme, mais il le récupère par l'entremise d'un autre programme. Il a beau faire des déclarations retentissantes, il reste que les agriculteurs ne récupèrent rien. En fin de compte, en réalité, le gouvernement se paie lui-même.
Il faut donc toujours mettre un bémol à ces grandes annonces et faire bien attention aux sommes annoncées. Souvent, malheureusement, on les annonce de deux à six fois. Il ne faudrait surtout pas en faire l'addition. On penserait qu'on serait rendus avec un investissement de milliards et de milliards de dollars alors qu'en réalité, il s'agit toujours du même programme de 600 millions de dollars. Tout à l'heure, on a encore entendu des propos qui me donnaient l'impression que les problèmes dans le domaine de l'agriculture étaient terminés, qu'on n'avait plus besoin de rien faire ou de rien revendiquer et que les producteurs étaient heureux. Le ministre se pétait les bretelles à propos de tout ce qui avait été fait.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Dans ce dossier, certaines mesures ont été bien accueillies. Cela ne veut pas dire que l'on doit s'arrêter là et cesser de travailler. Au contraire, on doit continuer à trouver des mesures à long terme pour que nos producteurs québécois et canadiens soient encore actifs sur le marché national, mais aussi sur le marché international. On parle d'exportateurs.
On avait un net avantage il n'y a pas si longtemps. La valeur du dollar canadien était plus basse et la productivité était supérieure à celle des Américains. Quand les conditions sont présentes pour que nos producteurs puissent, avec tous les efforts nécessaires, bien performer aux niveaux national et international, cela va bien. Toutefois, en dehors de leur volonté et de toute leur bonne compétence, il arrive des moments où l'économie fait en sorte que les producteurs se retrouvent avec une concurrence plus féroce et efficace qu'auparavant. Je parle bien sûr de celle des États-Unis. Les Américains ont amélioré leur productivité et, dans certains cas, la qualité de leurs produits. Toutefois, c'est surtout la hausse du dollar canadien qui nous fait mal à cet égard.
Quand le gouvernement ne fait que regarder ce qui se passe et prendre acte en disant que c'est comme cela et qu'on doit attendre, ce n'est évidemment pas suffisant pour remettre toute cette industrie sur les rails. On a deux choix: on l'abandonne ou on la soutient. L'option du Bloc québécois est évidemment de soutenir l'industrie.
Je parlais de mesures à long terme qui ont été réclamées. C'est par rapport à ce sujet que je souhaite que le gouvernement se penche encore plus sérieusement sur le rapport du comité. Des mesures à long terme y étaient effectivement très bien expliquées, notamment dans les recommandations 3 et 4. Les réponses du gouvernement à ces recommandations ne sont pas satisfaisantes, ni pour les partis d'opposition, ni pour les producteurs agricoles qui ne sont pas heureux, comme le prétend le ministre.
Ce n'est pas une question d'être heureux ou pas, mais une question de survie. Dans le secteur du bétail, c'est une question de survie. Si des mesures à long terme ne sont pas pensées et mises en application dès maintenant — cela aurait d'ailleurs dû être fait avant-hier —, cela veut dire qu'on ne soutient plus nos producteurs agricoles.
Ce faisant, on perdra notre secteur du bétail.
On parle d'abattoirs qui ferment. L'un d'eux a fermé en Ontario et un autre au Québec également. Il nous reste l'abattoir Levinoff-Colbex qui est ouvert. Cela fait des années qu'on demande de l'aide du fédéral dans ce dossier, mais il n'y a jamais mis un sou. Il serait important qu'on se réveille et qu'on investisse dans nos abattoirs pour que cette étape de la production se fasse chez nous.
On dit qu'on veut avoir des produits du Canada, mais bientôt, nos produits ne seront même plus abattus chez nous. Alors comment pourra-t-on parler d'un produit du Canada quand l'abattage et la transformation ne se feront plus chez nous? Il faut aussi se pencher sur cette question.
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Monsieur le Président, j'aimerais remercier le député de d'avoir mis ce sujet à l'ordre du jour aujourd'hui. Je voudrais aussi remercier mon collègue du Bloc au sein du Comité de l'agriculture pour le discours qu'il a prononcé avec éloquence il y a quelques minutes.
Le député de a apporté aujourd'hui trois morceaux de porc surgelé au Comité de l'agriculture, alors que nous y discutions de l'étiquetage visant à identifier les produits comme des produits du Canada. Le député avait acheté le porc dans un supermarché d'Ottawa choisi au hasard. Deux morceaux portaient une étiquette montrant qu'ils venaient des États-Unis, tandis que le troisième ne portait pas d'étiquette.
Une réflexion m'a alors traversé l'esprit. Une crise dans l'industrie du porc sévit au Canada. Des porcs sont abattus non pas pour être consommés, mais parce qu'il y en a trop. Pourtant, dans un supermarché choisi au hasard par un député fédéral, on trouve du porc venant des États-Unis. On ne sait pas avec certitude d'où venait le troisième morceau, mais il est probable qu'il venait des États-Unis, lui aussi.
Le Canada a un accord commercial avec les États-Unis qui permet aux marchandises de traverser librement la frontière. Je suppose que c'est une bonne idée lorsque les circonstances sont favorables, notamment lorsque le dollar canadien n'est pas si fort. Cependant, il apparaît plutôt ironique que nous laissions des produits d'autres pays entrer sur le marché canadien alors que les producteurs canadiens éprouvent des difficultés.
Ce matin, il a été question des mesures de protection employées par les États-Unis. Il me semble que, lorsque leurs producteurs traversent une crise, le gouvernement américain n'hésite pas à leur venir en aide. Le projet de loi sur l'agriculture du gouvernement américain prévoit de l'argent non seulement pour les producteurs agricoles, mais aussi pour des programmes alimentaires et pour l'environnement. Les États-Unis semblent être capables d'adopter de telles mesures, mais au Canada, même avec les bonnes intentions des gens, on dirait qu'on est toujours en train de réagir aux crises. Il y a actuellement une crise à laquelle nous devons réagir.
[Français]
Ce que j'aimerais, c'est faire un bilan des recommandations faites au mois de décembre dernier par notre comité. La première recommandation était la suivante:
Le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire recommande qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada mette en place des mesures transitoires spéciales pour fournir aux producteurs de porcs et de bovins, d’ici la fin de décembre 2007, des liquidités sous la forme de prêts sans intérêt remboursables sur une période de trois à cinq ans et des paiements anticipés négociables en banque.
Le deuxième recommandation se lisait ainsi:
Le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire recommande qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada, en partenariat avec les provinces et territoires, payent le pourcentage restant qui est dû aux producteurs au titre de l’Initiative de transition du PCSRA pour l’évaluation des stocks (ITES), tout en respectant l’entente fédérale-provinciale sur le financement.
Je vais aussi lire la troisième recommandation.
Le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire recommande qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) engage des discussions formelles avec le ministre des Finances pour démontrer l’incidence de l’appréciation du dollar canadien sur le secteur de la production et de la transformation des aliments au Canada et envisager des façons d’atténuer les pressions actuellement subies par ce secteur d’activités en raison de la hausse du dollar canadien. Les fonctionnaires d’AAC devront rendre compte au Comité des résultats de ces discussions.
Il y a aussi d'autres recommandations.
Ce que je trouve malheureux ici, c'est que nous avions tenu les séances de notre comité, nous avions eu des discussions et fait des recommandations, mais il a fallu tenir une nouvelle réunion du comité pour faire face aux problèmes dans le secteur porcin.
Par la suite, comme on l'a déjà mentionné, il y a eu du mouvement de la part du ministre qui m'a consulté, ainsi que mes collègues, après quoi nous avons tenté de mettre en place quelque chose qui aiderait les producteurs, surtout par l'intermédiaire de prêts. Je l'en félicite.
Toutefois, nous en sommes à un point où des producteurs de porcs se trouvent dans un état désastreux.
[Traduction]
Le gouvernement, comme d’autres gouvernements, a tenté de redresser la situation. Quand une crise se produit, il semble que nous soyons démunis. Nous sommes toujours en mode réaction. Nous avons besoin de revoir froidement notre manière de traiter l’agriculture au Canada. Allons-nous dans la bonne direction?
De ce temps-ci, nous parlons de toute cette question de la sécurité et de la souveraineté alimentaire. Nous savons qu’il est possible de régler bien des problèmes et qu’il faudrait s’y attaquer, parce qu’un nombre grandissant de Canadiens se rendent compte qu’il est important que notre pays soit autosuffisant sur le plan alimentaire, alors que les réserves alimentaires mondiales diminuent et que l’industrie des biocombustibles est en plein essor. À la grandeur du pays, les gens acceptent finalement l’idée qu’il est nécessaire de mettre davantage l’accent sur les achats locaux. Je pense que les députés seront généralement d’accord avec moi là-dessus.
Comme je l'ai dit, notre débat porte maintenant sur la question du produit canadien. Nous nous entendons, je crois, sur la nécessité d'étudier cette question et d'améliorer notre définition d'un produit du Canada de manière à éviter que des transformateurs, selon l’exemple mentionné ce matin, importent des pommes en provenance de divers pays, en fassent du jus de concentré et apposent sur le carton à jus la mention « produit du Canada ». Il y a quelque chose qui cloche dans cela.
À mon avis, l’étiquetage d’un produit canadien doit être obligatoire. Il ne devrait pas être facultatif pour l’industrie. Nous avions invité l’industrie à étiqueter volontairement les aliments génétiquement modifiés à compter de 2004, mais cela ne s’est pas produit.
À mesure que nous avançons, nous devons nous attaquer à certains problèmes au chapitre de la souveraineté alimentaire. La semaine prochaine, par exemple, à Princeton, une petite collectivité de ma circonscription, je me joindrai à un groupe qui se penche sur la question de la sécurité alimentaire au sein de leur collectivité. Nous allons présenter le film TABLELAND et discuter de ce qu’il signifie pour cette collectivité.
Après le congé parlementaire, dans la soirée du 30 avril, il y aura une rencontre à Ottawa, pour dénoncer la direction que le monde est en train de prendre concernant les biocombustibles et le faux raisonnement qui est à la base de cette orientation.
Prenons la souveraineté et la sécurité alimentaire du Canada et, par exemple, la question du pic pétrolier, le fondement sur lequel a été élaboré le modèle de l’agriculture industrialisée au Canada et dont il dépend en grande partie, notre dollar faible, ainsi que l’énergie abondante et à bon marché servant au transport jusqu’aux marchés, les intrants de produits chimiques et d'engrais. Ces conditions n’existent plus et vont probablement empirer, de sorte que ce système deviendra non viable.
Cela explique en partie la situation actuelle de l'industrie porcine. Le fait est que le coût des intrants a augmenté, le dollar est faible et nous suivons le modèle du marché libre dans le cadre du libre-échange, de sorte que les produits circulent bilatéralement le plus possible. Pourtant, l'Union européenne a un quota de 0,5 p. 100. En plus, nos producteurs doivent payer un tarif pour pénétrer ce marché. Parallèlement, soit dit en passant, lors des négociations de l'Organisation mondiale du commerce, on nous a poussés à augmenter nos quotas afin d'accepter plus d'importations.
Nous sommes de toute évidence sur la mauvaise voie. Il est temps que nous nous penchions sur la question de notre souveraineté alimentaire et de la sécurité et de la salubrité des aliments à mesure que nous nous attaquons aux crises qui surviennent constamment. Il est à espérer que nous puissions mettre sur pied un plan pour réagir à ce genre de crises quand elles éclatent. À cause de la valeur élevée du dollar, nos exportations coûtent trop cher. Parce que nous avons un pouvoir d'achat accru pour importer des aliments, nous dépendons de l'étranger pour notre approvisionnement alimentaire.
Il y a davantage de sécheresse à cause des changements climatiques, phénomène dont nous sommes tous conscients et reconnaissons tous l'existence. À cause de la sécheresse, il y a plus de réfugiés et de conflits pour les ressources. Le prix des denrées augmente, ce qui a une incidence disproportionnée sur les pauvres. De surcroît, l'industrie des biocarburants en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde est, non pas la principale cause, mais l'une des causes de l'augmentation du prix des denrées alimentaires.
Par exemple, aux États-Unis, les agriculteurs cultivent moins de soya pour cultiver plus intensément le maïs destiné à la production de biocarburants. Par conséquent, les agriculteurs du Brésil cultivent plus de soya pour s'accaparer cette part du marché mondial et, pour ce faire, ils prennent des terres des grands éleveurs de bovins. Ces grands éleveurs se déplacent dans les forêts pluviales et abattent les arbres afin de faire des terres de pâturage.
C'est tout un effet domino. Au Brésil, par exemple, des pauvres qui faisaient de l'agriculture de subsistance finissent par déménager en ville. Cela contribue à l'urbanisation et à l'exode dans les villes.
Cet effet se manifeste également dans le cadre de l'ALENA, auquel ont adhéré le Mexique, le Canada et les États-Unis. Depuis le mois de janvier, le maïs circule librement entre ces trois pays et les agriculteurs mexicains sont incapables de soutenir la concurrence. Ils sont acculés à la faillite, abandonnent leurs fermes, émigrent vers les grandes villes puis aux États-Unis pour occuper des emplois subalternes, probablement sur le marché noir, quelque part, pour gagner leur vie.
Nous devons sans tarder revoir tout le modèle industriel de l'agriculture. Il est temps que nous trouvions le moyen de rendre nos collectivités durables.
Je me suis rendu en Saskatchewan il y a quelques semaines et j'ai rencontré des gens qui s'inquiétaient de l'état de l'agriculture dans leur province et au Canada en général. Ils disent qu'ils ont besoin d'une politique qui tiendra compte de la façon dont les fermes pourront devenir plus efficientes et prendre de l'expansion de façon à pouvoir faire face à la concurrence, indépendamment de la force de notre dollar, et continuer d'évoluer dans le même sens. Ces gens ont également besoin d'une politique qui tienne compte de toutes les collectivités et de la façon dont elles pourraient attirer des gens qui savent cultiver, qui pourraient exploiter une ferme en périphérie d'une petite collectivité, par exemple Blaine Lake, où ont grandi les membres de ma famille.
En outre, les collectivités ne doivent pas accueillir seulement des agriculteurs. Nous avons besoin de logements abordables et de collectivités durables et capables, à leur mesure, de se nourrir et de nourrir la population de leur province et du Canada.
En observant l'évolution du modèle industriel de l'agriculture, je peux prédire que nous verrons de plus en plus de gens revenir dans les campagnes canadiennes pour travailler sur les fermes durables.
Dans les Kootenays de l'Ouest, dans la vallée de Creston, une région située de l'autre côté des montagnes, des agriculteurs vont recommencer à cultiver du blé parce qu'il y a une demande pour cette céréale dans des villes comme Nelson et dans les Kootenays de l'Ouest, tout en respectant les principes de la souveraineté alimentaire et du « Régime des 100 milles ». Nous pensons que c'est là un modèle.
J'ai également mentionné la production de biocarburant. J'ai de nombreuses réserves à cet égard en ce qui concerne le projet de loi dont nous sommes saisis. Je déplore que les amendements que j'ai proposés au comité relativement au projet de loi n'aient pas été adoptés.
Je vais vous lire les amendements, car je pense que s'ils avaient été adoptés par le comité et approuvés par le Parlement, nous pourrions avoir une approche plus durable en ce qui a trait à la production de biocombustibles.
Le premier amendement rejeté se lisait comme suit:
—interdire, pour la production de biocombustibles, l'utilisation de céréales, d'oléagineux ou d'arbres génétiquement modifiés, à l'exception des céréales, oléagineux et arbres génétiquement modifiés utilisés à cette fin au Canada avant 2008;
En d'autres mots, ce que mon amendement aurait fait dire au projet de loi, c'est que nous n'allions pas donner le feu vert au blé génétiquement modifié, car cela aurait un effet contaminant et réduirait la qualité et notre prestige dans le monde.
Le deuxième amendement que j'avais proposé était le suivant:
--interdire, pour la production de biocombustibles, l'utilisation de terres protégées par la législation fédérale et d'autres terres à la biodiversité fragile;
Le troisième amendement rejeté disait ceci:
--prendre des mesures visant à préserver la biodiversité des terres utilisées pour la production de biocombustibles;
Et le quatrième:
--interdire l'importation de céréales ou d'huiles pour la production de biocombustibles;
La semaine dernière, on pouvait lire dans un éditorial du Manitoba Co-operator que les usines de Husky Oil situées à Lloydminster, en Saskatchewan, et à Minnedosa comptaient initialement utiliser du blé cultivé localement, du blé de deuxième qualité, ce qui est compatible avec la politique du gouvernement du Manitoba voulant que 10 p. 100 des terres soient réservées aux biocombustibles. Toutefois, à cause des prix offerts dans l'industrie céréalière, les agriculteurs ne sont pas prêts à fournir l'entreprise. L'article rapporte qu'elle utilisera exclusivement du maïs parce qu'il est compliqué d'alterner entre le blé et le maïs pour produire de l'éthanol.
On cultive maintenant du maïs dans l'Est du Canada, bien entendu, mais il y a aussi un projet de l'industrie des biocarburants dans cette partie du pays. Le fait est qu'il faudra maintenant importer du maïs au Manitoba pour répondre à la demande de Husky Oil. Nos agriculteurs ne joueront aucun rôle dans ce projet, à moins qu'ils ne travaillent à cette usine.
L'autre amendement que j'aurais voulu qu'on adopte est le suivant: prévoir des critères de durabilité de la production de biocarburants afin d'assurer le respect des pratiques exemplaires reconnues internationalement qui font la promotion de la biodiversité et du développement durable des ressources que sont le sol, l'air et l'eau; et imposer des restrictions quant à l'utilisation de terres arables au Canada pour la production de biocarburants afin d'assurer qu'une telle production ne nuise pas à l'approvisionnement alimentaire au Canada et à l'étranger.
Nous en venons maintenant à l'utilisation d'aliments pour la production de carburant. Je crois qu'il est très logique d'affirmer qu'aujourd'hui, sur la planète, on retire des terres de la chaîne de production alimentaire pour les affecter à la production de biocarburants. Une étude récente, menée non seulement ici, en Amérique du Nord, mais aussi ailleurs dans le monde, indique qu'en général la production de biocarburants ne contribue pas du tout à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après avoir calculé l'énergie initiale, l'énergie dépensée pour le transport, et l'énergie nécessaire pour alimenter les usines de biocarburants, cette solution n'est plus viable d'un point de vue environnemental.
Je ne sais pas si les députés le savent, mais le député de , d'autres membres du comité et moi-même sommes allés à Washington. Les Américains nous ont dit qu'ils encourageaient l'industrie des biocarburants dans leur pays parce qu'il y existe un plafond sur les importations. Ils encouragent cette industrie parce qu'il ont besoin de plus de biocarburants pour « alimenter » cette demande croissante et ce, au détriment de l'agriculture.
En résumé, je crois qu'il est maintenant temps de revoir la situation et de faire prendre un nouveau tournant à l'agriculture. Je crois que nous devons viser la souveraineté et la sécurité alimentaires en tant qu'éléments indissociables d'une agriculture durable.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de parler des recommandations contenues dans le premier rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire sur la crise du revenu dans le secteur de la production bovine et porcine.
D'autres avant moi l'ont dit et je le répète, il s'agit là d'un rapport réfléchi et éclairé et le gouvernement appuie l'esprit général des recommandations. Comme à l'habitude, le comité permanent a fait une analyse exhaustive. Les membres du Comité de l'agriculture forment une bonne équipe.
Des témoins de toute la chaîne de valeur ont été consultés. Du côté des producteurs, on a entendu l'Association canadienne des éleveurs de bovins, le Conseil canadien du porc, la Fédération des producteurs de bovins du Québec et la Fédération des producteurs de porcs du Québec, et du côté des transformateurs, le Conseil des viandes du Canada et la société Maple Leaf Foods. Une telle approche sectorielle est opportune puisque l'agriculture est une industrie très intégrée. On ne peut toucher à un élément sans entraîner des répercussions sur toute la chaîne de valeur.
Je suis bien d’accord là-dessus. C’est pourquoi le mantra du consiste à penser aux agriculteurs d’abord, parce que si les agriculteurs prospèrent, la prospérité des transformateurs et des détaillants suivra et les consommateurs seront gagnants. Le point de départ est une exploitation agricole prospère et dynamique.
Il n’y a pas qu’un seul facteur à l’origine de la crise qui sévit actuellement dans l’industrie du porc et du boeuf, mais plutôt une combinaison de changements qui ont secoués l’environnement économique dans lequel évoluent ces secteurs aujourd’hui. Une appréciation forte et rapide du dollar canadien, une chute cyclique des prix du porc, une hausse des coûts des intrants tels que les aliments pour animaux, le carburant et la conformité aux règlements, les pénuries de main-d’œuvre, les hausses salariales et les difficultés d’accès aux marchés liées à la crise de l’ESB sont autant de facteurs qui ont ébranlé nos secteurs tant au niveau de la production que dans le reste du processus.
Il est clair qu’il faut une approche sectorielle pour venir à bout d’un problème sectoriel. C’est la seule façon d’avancer. C’est de cette manière que le comité s’y est pris. C’est dans le cadre d'une telle approche que le gouvernement fournit une aide à court terme à ces secteurs en prenant des mesures telles que Programme de paiements anticipés et le Programme de réforme des porcs reproducteurs.
Les modifications à la Loi sur la commercialisation des produits agricoles, ayant pour objet d’améliorer le Programme de paiements anticipés, ont été élaborées par suite d’une consultation exhaustive auprès des producteurs. Nous avons longuement discuté directement avec les représentants du Conseil canadien du porc et de l'Association canadienne des éleveurs de bovins. Nous avons pris en considération une multitude de bonnes idées.
Aussi, tous les intervenants sont conscients de la nécessité de garantir que nos actions ne masquent pas les signaux du marché ou ne suscitent aucune mesure compensatoire de la part de nos partenaires commerciaux. Ces bonnes idées ont donné de bons résultats. Ces modifications donnent aux producteurs exactement ce qu'ils recherchaient, soit une plus grande facilité d’accès à des avances de fonds. D’ailleurs, grâce aux modifications apportées à la loi et aux paiements anticipés d’urgence, notre gouvernement met jusqu’à 3,3 milliards de dollars à la disposition des éleveurs de bétail qui éprouvent des difficultés.
Ces producteurs auront dorénavant accès à cette aide sans avoir à utiliser d’autres programmes en garantie. Ils pourront aussi demander des paiements anticipés d’urgence en vertu du programme modifié. Nous avons fait passer les paiements anticipés d'urgence de 25 000 $ à 400 000 $. La première tranche de 100 000 $ est exonérée d’intérêts.
Le gouvernement a écouté les agriculteurs. Le résultat final est que les producteurs bénéficient maintenant d’un accès plus rapide et plus facile aux fonds dont ils ont besoin pour faire face à la tourmente. Mais survivre à la tempête ne suffit pas. Notre gouvernement s’est engagé à bâtir un avenir meilleur pour les familles agricoles canadiennes.
À cette fin, nous avons également annoncé une initiative de 50 millions de dollars pour mettre en place le Programme de réforme des porcs reproducteurs. Nous avons élaboré ce programme en consultant étroitement le Conseil canadien du porc. C’est d’ailleurs le conseil qui exécutera le programme. Ce programme aidera l’industrie canadienne du porc à devenir plus concurrentielle sur un nouveau marché et plus exigeant.
Ce sont les producteurs qui sont les mieux placés pour déterminer l'orientation future de leur industrie. Ils se sont montrés satisfaits de l'approche de collaboration adoptée par le gouvernement actuel et par le ministre.
Par exemple, Bob Friesen, le président de la Fédération canadienne de l'agriculture, a déclaré:
Avec ces mesures, nos producteurs de bétail durement touchés disposent de plus d'outils pour surmonter les obstacles auxquels ils font face et traverser cette période difficile. Je tiens à remercier [le ministre de l'Agriculture] et son gouvernement d'avoir consulté l'industrie et d'avoir mis en oeuvre ces mesures de stimulation très nécessaires.
Les éleveurs de bovins ont également tenu à dire qu'ils appréciaient à quel point le gouvernement avait répondu à leurs besoins. Hugh Lynch-Staunton, l'ancien président de l'Association canadienne des éleveurs de bovins, a déclaré que les modifications au Programme de paiements anticipés « allaient de pair avec la recommandation de l'association et permettraient aux éleveurs canadiens de mieux assumer le coût de leurs liquidités ». Il a dit également: « Nous sommes fort satisfaits de cette initiative puisqu'elle assure aux éleveurs la liquidité nécessaire pour prendre des décisions plus sages que s'ils étaient coincés ». Il a affirmé également que cette mesure allait améliorer les flux de trésorerie des éleveurs à un moment très critique.
[Français]
On s'est dit très satisfaits.
[Traduction]
Pour sa part, Claude Viel, de la Fédération des producteurs de bovins du Québec, s'est déclaré très satisfait. Les producteurs de porcs ont eux aussi manifesté leur soutien.
[Français]
Face aux grandes difficultés actuelles, on estime que cela aidera grandement.
[Traduction]
« Cette aide sera très utile compte tenu de nos graves difficultés », a déclaré Jean-Guy Vincent, le président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec.
Clare Schlegel, le président du Conseil canadien du porc, a précisé que les mesures donnaient aux producteurs le répit qu'ils demandaient. Le train de mesures fournit aux producteurs les instruments qu'il leur faut pour passer à travers cette crise terrible.
Tout cela pour dire que nous avons répondu aux besoins des producteurs. Nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin. Nous allons continuer à travailler de près avec l'industrie pour surveiller la situation et détecter toute insuffisance en matière de programmation et évaluer l'utilité d'autres mesures.
Nous allons participer aux tables rondes sur les chaînes de valeur du boeuf et du porc avec les producteurs, les transformateurs, les détaillants et d'autres intervenants pour veiller à ce que notre réglementation soit mieux adaptée, pour rendre les marchés plus accessibles au boeuf et au porc, pour aider l'industrie à s'adapter à l'interdiction frappant les aliments du bétail et pour bâtir un secteur qui soit concurrentiel et performant sur les marchés mondiaux.
Je suis bien placé pour savoir que nous sommes sur la bonne voie. Je me suis rendu dans diverses régions du pays mais, hier soir, dans ma circonscription, Stormont—Dundas—South Glengarry, plus de 200 producteurs ont rencontré le . Lorsqu'il est entré dans la salle, 250 agriculteurs l'ont ovationné pour lui montrer à quel point ils sont satisfaits des initiatives qu'il prend.
Plus tard, il a répondu aux questions. Les mesures que nous avons prises nous ont valu des commentaires fort élogieux. Les agriculteurs se sont montrés très satisfaits d'avoir enfin des résultats, après 13 années de promesses non tenues. J'étais extrêmement fier, hier soir, de faire partie de ce gouvernement.
:
Monsieur le Président, je suis extrêmement fier de pouvoir participer à ce débat cet après-midi à propos du rapport sur la crise du revenu dans l'industrie du porc et du boeuf.
Il est important pour moi de me lever à la Chambre pour parler de ce dossier, comme je l'ai fait lors du dernier débat d'urgence survenu quelques semaines passées. Pourquoi est-ce important? C'est parce que cette situation est tellement importante pour ma circonscription, Madawaska-Restigouche. C'est une très grande réalité pour les producteurs et les fermiers sur ce territoire.
On pense souvent que cette crise touche seulement les personnes qui vivent en milieu rural, mais c'est une réalité aussi pour l'ensemble du pays. En effet, ce sont les gens de chez nous comme d'ailleurs au pays qui s'assurent de fournir de la nourriture de très haute qualité à la population canadienne.
Il faut aussi être en mesure de réaliser que ces fermiers et ces producteurs vivent une crise énorme qui peut les empêcher de fournir de la nourriture de très haute qualité à l'ensemble de la population canadienne. Dans leur cas, cette crise est tellement importante que nombre d'entre eux sont en train de considérer de tout simplement se retirer de l'agriculture dans divers secteurs, mais principalement dans celui du boeuf.
Pourquoi en est-il ainsi? C'est parce que ces gens se disent abandonnés par le gouvernement fédéral. Ils savent qu'ils doivent fournir un produit de qualité, de la nourriture de qualité aux citoyens, mais ils doivent faire face à de nombreux défis. Un de ces défis est la concurrence étrangère. Prenons l'exemple du secteur bovin. Du boeuf peut être importé dans n'importe quelle région du pays, en provenance d'à peu près n'importe où.
Avant de continuer, je voudrais signaler que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de , qui aura certainement la chance d'expliquer quelles mesures d'aide les gens du milieu urbain souhaitent pour les agriculteurs du milieu rural.
Comme je l'ai mentionné, les producteurs font face à de nombreux défis. Un de ces défis est certainement la concurrence, mais il en existe d'autres. Nous devons être en mesure d'aider nos agriculteurs. Car la richesse du milieu rural a commencé par l'agriculture. L'occupation du Canada et de l'ensemble de nos régions a commencé par l'agriculture. Il faut donc être en mesure de continuer à soutenir ces personnes et de démontrer à ces agriculteurs que leur gouvernement fédéral les soutient non seulement aujourd'hui, mais aussi dans l'avenir. Ils vivent présentement une grande difficulté.
Les contributions du gouvernement fédéral se font tellement ici et là, par petits coups, qu'on se demande pourquoi le gouvernement fédéral agit de cette façon.
La crise que ces gens vivent est liée à différents facteurs. Nous savons qu'il y a une hausse des coûts de la nourriture. Dans le cas de l'élevage bovin, il faut nourrir les animaux et les engraisser. Ainsi, le coût de la nourriture a augmenté. Le prix de l'essence et du diesel a augmenté également.
Comme je l'ai mentionné lors du débat d'urgence, the sky is the limit. On sait que les députés du gouvernement conservateur tiennent le même discours que lorsqu'ils siégeaient dans l'opposition: ils pensent que le marché doit tout régler cela. Cependant, il faut bien cerner la situation. Ce ne sont pas seulement les consommateurs qui en paient le prix. Cela commence par la base, c'est-à-dire par nos agriculteurs. Ce sont eux qui vivent la difficulté de la crise.
L'essence constitue certainement un autre facteur, mais il y a aussi les coûts de l'énergie. Ce sont des éléments très importants pour les producteurs. Prenons l'exemple d'un agriculteur qui chauffe au mazout, en période hivernale. Le coût n'arrête pas d'augmenter, c'en est incroyable.
En outre, il faut se pencher sur un autre élément, soit la question de l'augmentation de la valeur du dollar canadien. Cette augmentation a des répercussions néfastes sur nos agriculteurs. Actuellement, l'augmentation de la valeur du dollar canadien et la compétition imposée par des produits étrangers comptent parmi les éléments qui font le plus mal à nos agriculteurs.
Voici la réponse du gouvernement au rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Je la lirai en anglais, si cela ne dérange pas, puisque j'en ai ici la version anglaise:
[Traduction]
Pour redevenir rentables, les secteurs du boeuf et du porc devront s’adapter à la réalité de l’augmentation des prix des céréales fourragères et de l’appréciation du dollar.
[Français]
C'est facile de dire cela. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il n'y aurait pas de problème si la réalité était que les producteurs étaient en mesure d'avoir un meilleur prix pour leurs animaux à cause de l'augmentation du prix du grain, de l'augmentation du prix de l'essence et de la force du dollar canadien. Toutefois, la réalité est autre.
La réponse du gouvernement a été rendue publique le 9 avril 2008. Ce n'est pas surprenant d'entendre de tels commentaires. Mais pire encore, ce sont les commentaires émis quelques semaines auparavant par le , justement à cause de la hausse du dollar canadien. Le a émis des commentaires lors d'une tribune où il avait la chance de participer, à Toronto. Il disait ne pas croire, contrairement aux partis d'opposition, que chaque problème qui survient nécessite une intervention financière immédiate du gouvernement. Le soutenait que c'est une erreur de croire que chaque problème exige une intervention coûteuse ou une subvention.
Comment le secrétaire parlementaire et le peuvent-ils se lever à la Chambre et nous dire qu'ils sont là pour aider les agriculteurs de ce pays qui vivent actuellement une crise, entre autres à cause de la vigueur du dollar canadien? Or, quelques semaines auparavant, plutôt que de dire que cela va mal au niveau de l'économie et que le dollar canadien est l'un des problèmes dans l'économie canadienne et un problème pour nos agriculteurs, le s'est tourné de bord et a dit que le gouvernement n'était pas là pour aider automatiquement nos gens et nos industries à coup de subventions.
Quel est le message? C'est encore là un double message. C'est un double message, comme je l'ai déjà dit dernièrement. Le gouvernement se présente face aux parlementaires et face aux caméras et dit une chose, mais quand vient le temps d'agir, il fait le contraire.
La preuve est que depuis que les conservateurs sont au pouvoir, on constate qu'ils implantent des programmes ici et là et qu'ils émettent des annonces en catastrophe pour l'agriculture, parce qu'ils s'aperçoivent qu'ils ont fait une erreur. Ils émettent une autre annonce en catastrophe parce qu'ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas nécessairement ciblé le bon groupe et qu'ils n'aident pas nécessairement ceux qui en ont besoin en fonction de la réalité d'aujourd'hui. Toutefois, cela n'a rien changé. Pour ma part, lorsque j'ai participé récemment au débat d'urgence, des agriculteurs m'ont dit suite à cela que ce que j'ai dit est vrai, puisqu'ils vivent une crise mais que l'aide n'est pas là.
Je me souviens du programme qui avait été annoncé par le le 9 mars 2007, encore là en catastrophe. Il disait alors qu'il allait aider les agriculteurs. Lors du débat d'urgence, je donnais l'exemple que certains des producteurs de chez nous recevaient 26 ¢ pour chaque tête de bétail qu'ils possédaient, et ce, pour une année. S'agit-il là d'une aide visant à contrer l'augmentation des coûts de nourriture et pour faire face à la crise de l'augmentation du dollar canadien? En tout cas, avec 26 ¢, ces gens et ces agriculteurs ne peuvent même pas penser à mettre un litre d'essence ou de diésel dans leur voiture.
Comment pensez-vous qu'ils seront capables de continuer à survivre? Ce n'est pas une question de vie, c'est une question de survie, et c'est ce que vivent les agriculteurs actuellement. Si on veut être en mesure de ne pas les perdre, comme ce fut le cas pour d'autres industries, il faut également être certain que le gouvernement conservateur se réveille une fois pour toutes et donne l'argent nécessaire à nos fermiers et à nos agriculteurs pour qu'ils puissent passer à travers la crise. Cela permettra également de rassurer la population canadienne au regard de la qualité de la nourriture qu'elle mettra sur la table pour ses enfants. Cette nourriture sera d'excellente qualité et respectera les normes canadiennes, comparativement aux produits qui arrivent de l'étranger et qui respectent des normes étrangères souvent inférieures aux normes canadiennes.
Aidons nos agriculteurs une fois pour toutes. Si le gouvernement avait fait son travail, on ne serait pas ici en train de débattre de ces questions, nous n'aurions pas eu besoin d'un débat d'urgence et les agriculteurs ne me parleraient pas pour me dire qu'ils reçoivent 26 ¢ par tête de bétail pour l'année, alors qu'il y a une crise.
Mais les paroles du sont les paroles du premier ministre. Il l'a dit, à savoir que le gouvernement n'est pas là pour intervenir en cas de crise majeure. Les subventions, ce n'est pas bon selon lui. Pourtant, les autres pays subventionnent à tour de bras. Ils arrivent et nous envoient des produits de moindre qualité. Pourquoi nos agriculteurs ne peuvent-ils pas recevoir l'aide qu'ils méritent aujourd'hui de la part de leur gouvernement fédéral?
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur la motion à l'étude aujourd'hui.
Je ne prétends pas être un expert dans le domaine de l'agriculture. Je suis conscient qu'il y a des députés des deux côtés de la Chambre qui représentent des collectivités agricoles, ou qui sont eux-mêmes des agriculteurs, et que ceux-ci en savent probablement beaucoup plus que moi sur cette question. Le député de Malpeque est l'un d'entre eux. Je l'ai vu en action, lorsqu'il s'est déplacé d'un bout à l'autre du pays. Il est venu au Manitoba et il a parlé aux gens, afin d'avoir une meilleure idée de ce qui se passe.
Nous ne parlons pas ici d'une industrie statique. Des changements surviennent constamment. J'ai vu le député de Malpeque offrir ses encouragements à un grand nombre de producteurs, et c'est la raison pour laquelle j'ai jugé qu'il était important que je sois ici aujourd'hui pour exprimer mon opinion.
Même si je ne représente pas une collectivité agricole, je suis conscient de l'importance du secteur agricole au Canada. Les députés seraient surpris du nombre de résidants de Winnipeg qui nous appellent pour nous dire qu'il faut appuyer les producteurs agricoles. Je suis certain qu'il en est de même dans tout l'Ouest canadien, et probablement dans tout le pays. Il est important que les gens entendent les députés qui représentent des circonscriptions urbaines se prononcer sur ces dossiers, et il est important que nous en discutions à la Chambre.
Nous avons tous des membres de nos familles qui, au fil des années, ont tenté de gagner leur vie en travaillant dans le secteur de l'agriculture. Mon beau-père, qui était un producteur laitier au Manitoba, travaillait 18 heures par jour, comme, probablement, la plupart des agriculteurs. Ce n'est pas un travail facile, mais je pense que, si nous leur posions la question, la majorité d'entre eux diraient qu'ils adorent ce qu'ils font. Ils n'éprouvent aucun regret, malgré les difficultés, les heures de travail beaucoup trop longues, et tous les soucis qu'ils connaissent. C'est véritablement un mode de vie pour eux.
Toutefois, si nous posions la question aux agriculteurs en ce moment, je ne suis pas sûr que leur réponse serait la même. Les jeunes n'ont plus les moyens de prendre la relève, ou ils ne veulent tout simplement pas vivre ce que leurs parents ont vécu. Devrions-nous les blâmer? En fait, ils ont peut-être de bonnes raisons.
Les éleveurs de bétail ont vécu une période extrêmement difficile, par suite de la crise de l'ESB, en 2003. Ils commençaient tout juste à s'en remettre, lorsque la valeur du dollar canadien a augmenté et que les prix de la nourriture pour animaux ont grimpé, avec le résultat qu'ils se retrouvent encore une fois dans une situation très difficile.
Les industries du bétail et du porc sont en crise et, malheureusement, les mesures prises par le gouvernement représentent trop peu et arrivent trop tard.
Que fait-on une fois que les agriculteurs n'ont plus envie de faire ce qu'ils ont aimé faire toute leur vie? On commence à voir des agriculteurs qui abandonnent un métier que leurs ancêtres ont aimé pendant des siècles. Combien connaissons-nous d'agriculteurs qui continuent d'exercer l'agriculture parce qu'ils aiment ça, même si leur métier leur fournit à peine de quoi vivre?
Les agriculteurs estiment qu'ils méritent mieux. Ils nourrissent le monde entier et ils méritent d'être reconnus pour leur contribution. Ils méritent plus qu'un maigre revenu et l'espoir d'avoir de quoi vivre jusqu'à la prochaine année. L'agriculture est en crise parce que les agriculteurs et les producteurs en ont assez. Il est évident qu'il sera nécessaire d'apporter bientôt des changements structurels importants.
Ces deux dernières années, les producteurs de porcs ont quémandé notre appui. Ils ont comparu devant le Comité de l'industrie et nous ont dit ce qu'ils vivaient quotidiennement. Les producteurs perdent leur entreprise. Ils ne peuvent pas expédier leurs produits. Ils ne peuvent pas payer les factures. Ils ont besoin d'aide immédiatement, pas dans deux, trois ou six mois, pas dans un an. Ils avaient déjà besoin d'aide lorsqu'ils sont venus nous rencontrer il y a quelque temps.
Au cours des débats prébudgétaires, j'ai insisté pour dire qu'un producteur porcin qui perd son entreprise ne la reprendra jamais. Après avoir tout perdu, les gens ne vont pas à la banque pour tenter de tout recommencer à zéro. Les choses ne sont pas aussi simples. Les producteurs qui renoncent à leur entreprise ne la reprendront pas. Le gouvernement semble avoir oublié cela.
On m'a dit, mais cela reste à confirmer, que plus de la moitié des producteurs ont baissé les bras à l'Île-du-Prince-Édouard. La moitié d'une industrie très dynamique a disparu à tout jamais.
Hier, on m'a raconté l'histoire déchirante d'une famille d'une région rurale du Manitoba. Je connais très bien cette famille. Après des générations dans la production porcine, elle a baissé les bras. Ce n'est pas par manque de volonté, car dans cette famille on connaît bien les affaires, mais parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen de subsister.
J'ai rencontré par hasard un des propriétaires il y a environ deux mois et il m'a déclaré que sa famille avait acheté un magasin à Winnipeg pour y vendre certains de ses produits. Quel bel exemple d'intégration verticale. La famille a tout essayé pour garder son entreprise. Tenir un magasin n'est pas une activité normale pour elle, mais elle était prête à aller jusque-là. Nous avons appris tout juste cette semaine que l'entreprise, qui a connu un vif succès dans une petite localité du Manitoba il y a quelques années, devait fermer ses portes.
Ces gens n'étaient pas des débutants. Ils étaient en affaires depuis longtemps. On ne peut qu'imaginer ce qui arrivera aux nouvelles entreprises du secteur. Il y a des centaines, sinon des milliers d'exemples semblables au Canada et ces entreprises ne renaîtront pas.
Le gouvernement a laissé tout un secteur être dévasté parce qu'il ne l'a pas pris au sérieux lorsqu'il a déclaré qu'il avait besoin d'aide. Je sais que le n'aime pas intervenir et croit que tout peut s'arranger seul. Selon lui, nous devons laisser le marché décider. Nous avons vu les résultats de cette idéologie faussée dans le secteur manufacturier et le secteur forestier. Nous ramassons maintenant les morceaux de ce qui reste du secteur forestier et nous prévoyons que des centaines de milliers d'emplois de plus seront perdus dans le secteur manufacturier.
Il est important de voir que le secteur des grains se débrouille après de nombreuses années difficiles. Les agriculteurs ont vendu leurs produits au même prix pendant des années. La demande en biocarburants est une des principales raisons qui expliquent qu'ils peuvent maintenant vendre leurs produits à un prix raisonnable. Malheureusement, cette même demande est une des raisons qui explique l'augmentation du coût des intrants dans la production de porc et de boeuf.
Il est temps d'analyser toute la structure du secteur agricole. Nous ne pouvons pas continuer d'offrir des solutions à la pièce. Comme nous le constatons avec les biocarburants, tout est lié. Nous ne pouvons pas nous occuper d'un seul élément sans analyser ses répercussions sur toute l'industrie. Je crois qu'au fil des ans, nous n'avons pas tenu compte du portrait d'ensemble et, en fait, nous n'avons pas accordé au secteur agricole tout le respect qu'il mérite. Nous n'avons pas reconnu toute sa contribution à l'ensemble de notre société.
Une autre raison qui donne de l'importance à cette motion, c'est que tout cela a un impact sur l'ensemble de l'infrastructure rurale. Quand les agriculteurs et les producteurs font faillite, devinez ce qui arrive à la petite épicerie, au garage, à l'hôtel et au concessionnaire de camions dans nos petites villes. Les agriculteurs les font vivre, alors il est vrai qu'il y a une crise dans le secteur agricole, mais il y a un risque très réel que cette crise détruise complètement notre infrastructure rurale.
Combien de petites entreprises ont dû fermer leurs portes parce que les agriculteurs n'achètent pas leurs produits? Combien de jeunes ont dû aller chercher du travail dans les grands centres urbains? Combien d'écoles rurales ont de la difficulté à attirer de bons enseignants parce que les petites villes ont perdu leur dynamisme et qu'il n'est plus intéressant d'y vivre?
Dans une petite ville d'une région rurale du Manitoba, il y a un éleveur de porcs qui emploie plus de 300 personnes. Auparavant, nous n'avions pas de villes pouvant être qualifiées de monoindustrielles, mais cela arrive de nos jours dans une certaine mesure. Nous ne pouvons qu'imaginer ce qui arriverait à cette petite ville si ce producteur était forcé de cesser ses activités.
Je ne sais pas si le gouvernement se rend compte de l'ampleur de la crise. Nous avons des agriculteurs qui ne veulent plus travailler dans ce secteur. Nous voyons chaque jour des éleveurs de porcs et de bétail qui font faillite. Nous avons une infrastructure rurale déjà très fragile et instable à cause de l'exode des jeunes vers les grands centres urbains. Je ne suis pas certain que cette situation puisse durer encore longtemps avant que tout s'effondre.
Nous devrions entreprendre immédiatement un examen et une analyse de l'industrie agricole dans son ensemble et des impacts sur l'infrastructure rurale. Nous devrions prendre les agriculteurs au sérieux quand ils disent qu'ils ont besoin d'aide. Ils sont parmi les gens d'affaires les plus indépendants dans notre pays et, par conséquent, nous devrions les prendre au sérieux lorsqu'ils appellent à l'aide.
Pour bien des agriculteurs, dont mes amis des régions rurales du Manitoba, ce nouveau programme proposé par le gouvernement est insuffisant et trop tardif.
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Monsieur le Président, je suis heureux que nous parlions de la crise du secteur du bétail. Il est question du bétail et des porcs, même si le député de a parlé de la volaille. Je crois qu'il est un peu mêlé parce qu'on surnomme le porc « l'autre viande blanche ». Il a utilisé l'expression « quand les poules auront des dents ». C'est peut-être pour cela qu'il a parlé de la volaille.
Nous parlons des difficultés énormes des éleveurs, des engraisseurs de bovins, des producteurs de porcs et de tous les maillons de cette chaîne. Cette situation, en plus de faire mal à ces producteurs — et nous avons vu des gens dans ma circonscription et partout au pays fermer boutique et abandonner leurs fermes, qui parfois étaient exploitées par leur famille depuis plusieurs générations —, nuit aux collectivités et aux provenderies. Il ne fait aucun doute que le système d'appui et l'infrastructure, qui sont liés au secteur du bétail, sont pris dans la même situation. Cela pourrait bien changer le visage de l'agriculture au Canada.
On compte bien au-delà de 2 500 ranchs dans ma circonscription, et on y trouve des porcheries ici et là. Le gouvernement du Manitoba a fixé un moratoire sur la construction de nouvelles porcheries dans notre région, ce qui est malheureux, car il y a encore bien des avantages, si les conditions environnementales le permettent, à étendre notre industrie porcine. Cependant, il ne fait aucun doute que cette décision a été prise, et cette mesure a été annoncée, à un moment où notre industrie porcine traversait des moments très difficiles.
Nous devons nous rappeler que ce qui est arrivé se préparait depuis plusieurs années. Pour ce qui est du bétail, tout a commencé en 2003 avec la crise de la maladie de la vache folle. Ma famille et mon entreprise en ont subi les durs contrecoups. Il semblait que nous commencions à nous en sortir ces dernières années, quand, soudainement, les prix pour notre bétail et nos porcs ont commencé à dégringoler et le prix des céréales a commencé à augmenter, ce qui était excellent pour les producteurs de céréales et de graines oléagineuses du pays.
Toutefois, les gens tentent de trouver toute sorte d'excuses pour expliquer la montée du prix des céréales. Nous entendons beaucoup parler des inquiétudes suscitées dans le monde par le prix de la nourriture. Il faut comprendre que c'est tout le marché mondial des céréales qui a changé. Nous avons des économies en croissance en Inde et en Chine. Ces pays sont, sans contredit, plus riches maintenant et veulent acheter des denrées de meilleure qualité. Ils en achètent plus, en quantités record. Qui plus est, les conditions de croissance ont été très difficiles dans la plupart des grands pays producteurs.
Nous savons que, cette année, les cultivateurs de blé américains ont perdu de grandes quantités de blé d'hiver. On estime, là-bas, que seulement la moitié des champs sont bons, ce qui est terrible et contribue à exercer une pression à la hausse sur le prix du blé. Le prix du blé fourrager, l'un des principaux ingrédients de la nourriture des porcs, subit aussi une pression à la hausse.
L'Australie a connu de grandes sécheresses trois années de suite et les conditions de récolte ont été très difficiles, l'année dernière, en Europe. Même dans l'Ouest canadien, les récoltes étaient inférieures à 78 p. 100 de la normale. Par conséquent, on n'y trouvait pas suffisamment de céréales et les prix ont monté encore plus.
Je ne crois pas que le prix des céréales va baisser. Les réserves mondiales sont à leur niveau le plus bas. Depuis qu'on a évalué l'inventaire mondial de céréales secondaires, cette évaluation a systématiquement été rajustée à la baisse au cours des dix dernières années. En règle générale, on n'en a pas tenu compte aux fins du commerce des céréales. Soudainement, on s'aperçoit qu'il y a un accroissement de la demande de produits alimentaires dans le monde, et la valeur de ces céréales atteint des sommets.
Certains ont avancé l'argument du biocarburant, en disant que nous avions pris de la nourriture pour produire du carburant. Comme vient de le faire observer mon collègue, on produit beaucoup d'éthanol aux États-Unis. Les Américains augmentent leur production de maïs et ils en exportent davantage. C'est une bonne nouvelle pour les pays qui achètent des produits alimentaires. Ils peuvent acheter davantage de maïs des États-Unis et des autres pays qui produisent de nouvelles variétés mises au point par la recherche et le développement et qui, ce faisant, ont amélioré leur productivité.
En ce qui concerne les autres produits, le riz notamment, la situation est préoccupante. En Asie, où les prix ont plus que doublé, on blâme le biocarburant. Nous savons très bien que le riz n'est pas utilisé aux fins de la production de biocarburant. Nous savons qu'il est impossible de cultiver autre chose que du riz dans les rizières. Il ne s'agit donc pas de concurrence pour l'utilisation des terres. C'est plutôt que la population mondiale est en croissance, que les gens sont plus riches et qu'ils achètent de plus en plus de céréales.
Nous savons également que le Canada a été frappé de plein fouet par le taux de change. Je pense que nous devons tous attendre de voir ce qui va se passer. Aussi longtemps que l'économie américaine sera anémique, aussi longtemps que les pays riches en produits de base comme le Canada exporteront du pétrole, des céréales et même du boeuf et du porc, beaucoup d'investisseurs continueront d'acheter des dollars canadiens plutôt que des dollars américains. C'est bien entendu ce qui fait augmenter le taux de change.
Idéalement, j'aimerais que le dollar se stabilise sous la barre des 90 ¢. Nous ne pouvons qu'attendre pour voir si cela se produira.
Je suis le président du Comité de l'agriculture, qui est formé d'un bon groupe de députés de tous les partis qui sont sincères et qui tiennent à ce que nous fassions ce qu'il faut pour l'agriculture. Nous avons rédigé un excellent rapport. Nous avons obtenu une réaction au sujet des répercussions de la crise sur le secteur de l'élevage, et maintenant une très bonne réaction de la part du ministre.
En ce moment, nous étudions notamment le coût élevé des intrants. C'est là une des préoccupations des producteurs du pays. Nous menons des recherches et entendons des témoins au sujet des raisons de cette hausse si marquée du prix des engrais et du carburant. Nous voulons aussi savoir s'il y a eu des prix excessifs ou des profits non justifiés dans certaines régions du pays. Nous menons une étude comparative de la situation dans l'Est et l'Ouest du pays, le long de la frontière canado-américaine, dans le Midwest américain et dans l'Est des États-Unis. Nous voulons savoir ce qui se passe afin d'être en mesure de recommander des politiques appropriées au gouvernement.
J'ai constamment des nouvelles des producteurs de ma circonscription. Je rencontre des représentants d'organismes agricoles et des producteurs d'un bout à l'autre du pays. Ces producteurs, ceux qui veulent rester dans l'industrie mais qui sont en difficulté, me disent notamment qu'ils sont là pour rester et qu'ils veulent savoir ce que l'avenir leur réserve. Ils réalisent tous que nous devrons changer le statu quo.
Nous ne pourrons peut-être pas mener nos affaires comme nous l'avons fait ces 25 ou 30 dernières années, en bâtissant à l'étranger une réputation de producteurs de boeuf et de porc de qualité.
J'ai eu la chance de pouvoir faire quelques annonces au nom du gouvernement dans le but de tenter de venir en aide à l'industrie et d'explorer de nouvelles occasions. La chaîne de valeur ajoutée du boeuf en est une. On discute beaucoup afin de déterminer si cette approche permet une mise en marché plus efficace, non seulement ici, au Canada, mais aussi à l'étranger.
Nous avons versé de l'argent aux intervenants de la chaîne de valeur du boeuf en vue de la création de produits de boeuf avec oméga-3. Pour l'industrie ovocole et l'industrie du poisson, en particulier dans le cas du saumon, la présence d'oméga-3 dans les produits s'est révélée positive. Il est maintenant temps de voir si nous pouvons prendre ces mêmes acides gras, les oméga-3 et l'acide linoléique, les identifier et accroître leur présence dans le boeuf. Les gens n'achèteraient plus du boeuf uniquement pour son bon goût et parce que c'est nourrissant, mais parce que ce serait meilleur pour la santé. Le porc et le boeuf ont une haute teneur en fer et en vitamine B12 et nous avons la possibilité d'y ajouter des oméga-3.
Nous examinons aussi différents aliments pour animaux. Au Centre de recherche de Brandon, nous participons, en collaboration avec l'industrie et le gouvernement provincial, à un projet concernant différentes façons de nourrir le bétail. Nous essayons de réduire le coût des rations dont nous dépendons. À l'heure actuelle, elles contiennent beaucoup de céréales et nous voudrions qu'elles soient davantage constituées de fourrages. Il y a peut-être aussi d'autres résidus de récolte. Il y a toutes les drêches de distillerie provenant de l'industrie de l'éthanol ainsi que le tourteau de canola et le tourteau de soya provenant de l'industrie du biodiésel.
Comment faire pour prendre ces nouveaux aliments pour animaux, qui sont produits à grande échelle, et réduire le prix de nos rations pour que l'éleveur-naisseur puisse vendre ses veaux sur le marché aux enchères et obtenir un bon prix? Nous voulons aussi améliorer la rentabilité des parcs d'engraissement qui sont responsables de la finition des veaux et qui apportent la viande aux consommateurs.
Ces dernières années, j'ai eu la chance de toujours pouvoir être présent dans les tribunaux américains quand le groupe R-CALF essayait de faire fermer la frontière au boeuf canadien. Je suis allé à la dernière audience en février à Sioux Falls, dans le Dakota du Sud. Fait intéressant: l'avocat du groupe R-CALF, le juge et les avocats du département de l'Agriculture des États-Unis ont tous dit publiquement que le Canada avait un meilleur système de réduction des risques et de surveillance de l'ESB que les États-Unis.
L'une des raisons pour lesquelles le groupe R-CALF veut faire fermer la frontière, c'est parce qu'il n'a pas un bon système par comparaison avec celui du Canada. Il mentionne souvent le renforcement de notre interdiction frappant les aliments du bétail et nos techniques de retrait des matières à risque spécifiées et il désigne souvent notre programme comme hautement supérieur à celui des États-Unis.
Le groupe R-CALF parle aussi de la traçabilité de nos animaux, car nous avons de bonnes méthodes d'identification des animaux, y compris des étiquettes d’oreille à radiofréquence, qui ont aidé l'industrie entière à surveiller les mouvements des animaux et à pouvoir protéger ainsi les consommateurs, ainsi que l'industrie du bétail.
Nous avons parlé du prochain grand défi, et il y en a un qui s'en vient qui sera incroyablement difficile à relever pour les industries du boeuf et du porc, soit l'obligation d'indiquer le pays d'origine sur les produits, qui devrait entrer en vigueur aux États-Unis. Cela a semé la confusion dans le marché américain. On ne sait pas comment cette obligation s'appliquera aux produits canadiens, qu'on pense aux animaux nés ici et élevés aux États-Unis, ou aux animaux prêts à être mis sur le marché qui ont été achetés ici et envoyés là-bas afin d'être transformés en viande, ou seulement aux produits canadiens achetés directement dans nos abattoirs.
La terminologie relative à l'étiquetage varie. Je pense que les États-Unis sont en train de prendre des décisions sur la façon dont ces étiquettes fonctionneront. Toutefois, comme cela leur a pris tellement de temps pour déterminer comment ils procéderont, cela a mis l'industrie au complet dans le pétrin. Maintenant, les abattoirs et les entreprises finisseuses de porc des États-Unis affirment qu'ils n'achèteront plus de porcs, de porcelets ou de veaux d'engraissement du Canada. Ils craignent que cela ne leur permette pas de commercialiser leurs produits efficacement quand ils tenteront de les vendre à des abattoirs locaux afin qu'ils soient écoulés sur le marché de détail des États-Unis. Cette ségrégation et cette segmentation de l'industrie auront des effets extrêmement négatifs.
J'ai écrit une lettre au nom du Comité de l'agriculture à mes homologues des États-Unis, le président du comité de l'agriculture de la Chambre des représentants et le président du comité de l'agriculture du Sénat des États-Unis. Nous avons aussi communiqué avec la Chambre des représentants et avec le Sénat. Nous leur avons dit que nous nous attendions à ce que le nouveau projet de loi sur l'agriculture aux États-Unis prévoie que l'étiquette montrant le pays d'origine doit être conforme aux règles de l'ALENA et de l'OMC. Nous voulons que le projet de loi sur l'agriculture des États-Unis, qui permettrait l'attribution de subventions aux agriculteurs, n'entraîne pas de distorsion dans la production ou sur le marché. Nous nous attendons à ce que le nouveau projet de loi sur l'agriculture des États-Unis soit parfaitement conforme aux règles de l'OMC et de l'ALENA.
Nous avons adopté cette position en tant que membres du comité. Je sais que, dans ses discussions avec son homologue des États-Unis, le ministre a maintenu cette même position. Les États-Unis doivent veiller à ce que ses politiques soient conformes aux règles et aux accords commerciaux. Si les politiques ne sont pas conformes, le Canada pourra mettre en oeuvre des mesures de rétorsion dès que les politiques entreront en vigueur. Le gouvernement du Canada réagira énergiquement au besoin. Je peux le garantir à tout le monde.
J'ai discuté avec les éleveurs de porcs et de bovins qui sont venus me voir à mon bureau, que j'ai rencontrés dans des cafés ou que j'ai vus lors de diverses activités auxquelles j'ai assisté dans ma circonscription. Ils ont besoin d'aide et ils le disent. Le gouvernement leur a fourni l'aide nécessaire, notamment par l'intermédiaire du fonds de démarrage, du financement antérieur rattaché à l'Initiative de transition du PCSRA pour l'évaluation des stocks, des changements apportés au programme d'avances en espèces ainsi que des avances issues de l'ancien PCSRA et du nouveau programme Agri-stabilité. Ces mesures ont été utiles.
Les éleveurs réclament d'autres mesures en plus, mais ils veulent aussi que ces mesures respectent les règles commerciales. Ils ne veulent pas qu'on leur envoie sans trop réfléchir des subventions qui auront pour effet de déclencher contre eux des mesures compensatoires de la part des États-Unis, de l'Europe, de l'Australie et du Japon. J'ai entendu les autres pays dire qu'ils surveillaient le Canada pour voir ce qu'il fera dans ses programmes agricoles et dans ses mesures visant à aider le secteur de l'élevage à se sortir de ses difficultés.
Les agriculteurs me disent qu'ils veulent être certains d'avoir un avenir dans leur domaine. Cet avenir passant par le marché, ils veulent que l'aide qu'on leur apporte serve à développer le marché.
Je suis heureux de faire partie d'un gouvernement qui ratifie des ententes commerciales internationales et qui en négocie d'autres afin de rendre possible la pénétration du marché dans les pays qui appliquent des tarifs extrêmement élevés sur les marchandises en provenance du Canada. Nous voulons faire baisser ces tarifs pour que de meilleurs débouchés s'offrent à nos éleveurs de porcs et de bétail et que l'industrie du conditionnement puisse prospérer dans les marchés plus lucratifs de l'Europe ou des pays riverains du Pacifique. Nous examinons ces nouveaux marchés.
De plus, nous sommes conscients de la nécessité de collaborer avec l'industrie pour améliorer ses débouchés, développer son image de marque et faire des progrès sur tous les fronts.
Nous étudierons avec plaisir toutes les propositions soumises par les secteurs de l'élevage de porcs et de bétail et par la Fédération canadienne de l'agriculture. Nous allons mettre un certain nombre de ces suggestions à profit et veiller à ce que les initiatives de ce genre génèrent en retour des recettes à la ferme.
Nous avons beaucoup travaillé à ce rapport. Nous y avons consacré pas mal de temps au cours de l'automne. C'est un rapport qui a été bien accueilli dans l'industrie. Je crois que les mesures prises par le gouvernement en application de ce rapport ont répondu dans une grande mesure aux préoccupations qui avaient été soulevées.
N'oublions pas que, souvent, les mesures que nous prenons se rapportent au partenariat qui nous unit non seulement aux producteurs, mais également aux provinces. Tout changement que nous apportons aux programmes concernant le secteur agricole a des répercussions sur les administrations provinciales. Les provinces ont évidemment voix au chapitre pour ce qui touche notre application du cadre stratégique global pour l'agriculture, dont l'élément principale est le programme Agri-stabilité.