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Comme vous l'avez indiqué, monsieur le Président, je poursuis mon discours entrepris hier soir au sujet de cette question fondamentale qui touche certains des citoyens les plus défavorisés de notre pays.
Les revendications territoriales constituent une importante question de justice fondamentale. La résolution de ces revendications aura-t-elle, au bout du compte, un effet positif sur les problèmes sociaux et économiques actuels que les Autochtones d'un bout à l'autre du pays traînent comme un boulet? Je crois que non.
Il existe d'autres problèmes structuraux plus grands auxquels il faut trouver des solutions afin de permettre aux Autochtones de s'intégrer à la société canadienne, et non d'y être assimilés, sinon ces gens, qui vivent dans certaines des pires conditions socio-économiques au Canada, ne pourront participer à l'économie du XXIe siècle.
La Loi sur les Indiens actuellement en vigueur est un boulet aux pieds des peuples autochtones. Elle est tellement étrange, restrictive, offensante et injuste. Nous, non-Autochtones, ne tolérerions jamais une telle structure, qui ne permet pas aux communautés autochtones de diriger leur propre destinée. Cette loi plane au-dessus de leur tête, régit leur vie, restreint leur capacité de se développer sur le plan économique et nuit à leur capacité de bénéficier des mêmes droits que nous. Cela contribue à certains des terribles problèmes fondamentaux dont nous sommes témoins parmi les communautés autochtones de notre pays.
Je donnerai un exemple dont le pourrait vouloir tenir compte. J'ai écrit au ministre au sujet des problèmes urgents dans la réserve Pacheedaht située dans ma circonscription. La situation est actuellement catastrophique dans cette réserve qui n'a pas de système d'aqueduc sûr. Les maisons sont en train de pourrir et elles sont infestées de moisissures. Nous savons que l'incidence de la tuberculose est beaucoup plus élevée dans ces maisons insalubres qu'ailleurs. La situation est urgente. Cette réserve est aux prises avec une crise en matière de santé. Le ministère des Affaires indiennes doit se pencher de toute urgence sur le dossier, sans quoi, les gens deviendront plus malades et ils mourront.
Je me suis rendu à la réserve il y a deux ou trois semaines. La veille de ma visite, une femme a été victime de viol. Malheureusement, cela n'est pas rare dans cette réserve. Des enfants sont victimes d'agression sexuelle. Les problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie sont endémiques. Le taux de chômage est faramineux et s'établit au-delà de 10 p. 100. Il n'y a pas d'espoir. Quand on regarde les enfants de cette réserve dans les yeux, on ne peut que se demander s'ils ont une chance de s'en sortir, s'ils ont un peu d'espoir. La réponse est non, ils n'en ont pas.
Si vous le voulez bien, je proposerai quelques solutions qui pourraient aider.
Premièrement, il faut abroger la Loi sur les Indiens. Il faudrait l'éliminer. On devrait charger l'Assemblée des Premières Nations d'établir une liste des groupes qui peuvent proposer des solutions constructives et renforcer les capacités des Autochtones dans les réserves et hors réserve, et lui donner les fonds nécessaires à cette fin.
Ce qui est déplorable à l'heure actuelle, c'est que les collectivités autochtones à qui on a confié des responsabilités concernant la santé, les services sociaux et d'autres structures n'ont que très rarement la capacité d'assumer ces fonctions et ces responsabilités. Elles doivent donc sous-traiter le tout à d'autres personnes. Trop souvent, elles n'ont pas la moindre idée si le directeur de la bande est compétent ou si les gens chargés de renforcer les capacités sont bons. J'ai vu trop souvent des escrocs prendre le contrôle et faire de la fraude. Ils prennent l'argent de la réserve sans procéder au renforcement des capacités qui est si nécessaire.
L'Assemblée des Premières Nations et le ministère des Affaires indiennes devraient dresser une liste des groupes et des personnes qui ont démontré leur savoir-faire en matière de renforcement des capacités dans les réserves autochtones. Il devrait également y avoir une liste des gens à exclure, à savoir ceux qui se sont rendus coupables de fraude dans l'ensemble du pays. Ces gens devraient être poursuivis, mais une réserve ne peut pas le faire, car elle ne possède pas les ressources nécessaires. C'est la GRC qui devrait s'en occuper.
Certains des territoires des Autochtones sont splendides. Je pense notamment à Sooke, Beecher Bay et Pacheedah, dans ma circonscription. Je dirais aux dirigeants autochtones de prendre des risques et de créer des partenariats public-privé. Les soins de santé sont un bon exemple, car les besoins dans ce secteur sont énormes dans les réserves. Cela fournirait une source de revenus ainsi qu'une industrie propre, respectueuse de l'environnement et viable à perpétuité.
Si les dirigeants autochtones décidaient de suivre mes conseils, ils seraient en mesure de fournir des possibilités économiques à leur peuple maintenant et à l'avenir. Ils pourraient négocier des contrats, et les ressources pourraient être utilisées afin de renforcer les capacités de leurs collectivités. Cela leur donnerait la richesse et la sécurité nécessaires pour faire ce qu'ils veulent.
Les dirigeants autochtones devraient prendre des risques et participer à des partenariats public-privé. La fourniture de soins médicaux selon un modèle public-privé serait une des options. Les dirigeants ont cette possibilité à leur disposition.
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien devrait établir un fonds d'investissement qui serait géré conjointement avec l'Assemblée des Premières Nations. Ce fonds fournirait aux dirigeants autochtones les ressources dont ils ont besoin afin de permettre à leurs collectivités de se développer sur le plan économique, ce qui est impossible actuellement.
Russ Chipps est un jeune chef dynamique qui vit à Beecher Bay dans ma circonscription. De nombreux enfants de son village ont été victimes d'abus sexuels et l'ensemble de la collectivité en subit les conséquences. Toutefois, je dois reconnaître que le chef Chipps a du mérite parce qu'il a réagi et qu'il demande l'aide du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Les jeunes de Beecher Bay ont besoin d'espoir et de possibilités. Maintenant que le chef et le conseil de bande demandent de l'aide, il incombe au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien de collaborer efficacement avec eux.
Ceux d'entre nous dont la circonscription compte des réserves savent que les conditions sociales y sont absolument horrifiantes. De telles conditions ne seraient jamais tolérées dans des collectivités non autochtones. Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien est une entité tellement sclérosée que les gens dans les réserves ne peuvent même pas se lancer dans le développement économique à cause des exigences démesurées du ministère. Le même genre de planification économique prend quatre fois plus de temps dans une réserve qu'à l'extérieur. La réserve doit traiter avec six ministères fédéraux différents. Quel genre de non-sens est-ce là? Comment les Autochtones des réserves peuvent-ils s'affirmer et aller de l'avant avec ce genre de structure?
Je demanderais au de remettre à l'APN les fonds qu'il lui a retirés. L'APN n'arrive pas à s'acquitter de sa tâche à cause des compressions de plus de 1 million de dollars qui ont été effectuées. Je demanderais au ministre de collaborer avec l'APN pour mettre sur pied certaines initiatives économiques et sociales qui s'imposent et que réclament les Autochtones. Ce genre de relation permettrait aux gens sur le terrain d'avoir l'espoir et la sécurité dont ils ont besoin. À défaut de cela, rien ne changera, notamment les horribles conditions auxquelles sont soumis trop d'Autochtones dans les réserves et à l'extérieur de celles-ci.
Nous savons que les Autochtones hors réserve ne reçoivent environ que 3,5 p. 100 du financement accordé par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Ils ont besoin d'espoir et de possibilités. J'exhorte le ministre à collaborer avec ces gens pour leur donner l'espoir et les possibilités que tous nous méritons, dont nous avons besoin et auxquels nous avons droit.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir de contribuer à ce débat aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Ma modeste contribution ne fera pas en sorte de tout chambarder dans ce projet de loi, puisque mon collègue d' est bien sûr le porte-parole du Bloc québécois en matière d'affaires autochtones, et il a énormément contribué à l'avancement de ce dossier. Je sais que le Bloc québécois donne également son appui au projet de loi. Je félicite donc mon collègue d'Abitibi—Témiscamingue pour tout son travail. Il faut également comprendre qu'il est juriste. Comme c'est un projet de loi qui concerne un tribunal, ses compétences ont certainement pu contribuer, notamment à l'étape du comité, à faire de ce projet de loi ce qu'il est aujourd'hui.
Comme pour tous les projets de loi — il n'y a rien de parfait en ce bas monde —, il y a sans aucun doute des lacunes. Et, bien souvent, même quand on pense qu'un projet de loi est tout à fait parfait et excellent, on s'aperçoit à l'application que des mesures devraient peut-être être différentes, voire améliorées. Néanmoins, chose certaine, c'est un pas dans la bonne direction et c'est pourquoi le Bloc québécois a décidé de donner son appui à ce projet de loi.
Vous constaterez, au cours de mon allocution, que je relèverai certaines lacunes ou, enfin, des améliorations qui pourraient peut-être être apportées, surtout dans le domaine des affaires autochtones. En 2008, il y a encore malheureusement bien des problèmes qui sont toujours aussi présents, aussi criants. Hier, j'ai assisté à plusieurs discours de collègues de la Chambre des communes. De part et d'autres, d'ailleurs, on se rend compte qu'il reste encore beaucoup de travail à faire et c'est pourquoi on doit apporter une contribution à ce débat de sorte que soit améliorée la qualité de vie des Autochtones un peu partout au Canada et au Québec.
En 2004, ma première nomination à titre de porte-parole fut celle d'adjoint aux affaires autochtones, et j'ai également été porte-parole en matière de mondialisation. Je dois dire bien franchement que ce n'est pas un dossier que je connaissais bien. Évidemment, comme je suis un ex-journaliste, tout ce qui se passait sur le plan de l'actualité m'intéressait, mais profondément, je n'étais pas un grand connaisseur de ce dossier.
Toutefois, j'ai eu l'occasion et la chance de côtoyer le premier Autochtone du Québec à être élu à la Chambre des communes en 2004, M. Bernard Cleary. C'est donc avec lui que j'ai travaillé dans le dossier des affaires autochtones. M. Cleary a été négociateur pour les Autochtones pendant 40 ans. Évidemment, il négociait énormément avec les gouvernements. Il était donc vraiment à sa place en cette Chambre, lors des travaux en comité et lors de rencontres avec le ministre et les représentants des Premières nations. Ce fut pour moi un exemple à suivre non seulement en matière de négociation, mais au regard de la façon d'aborder les problèmes qui étaient bien souvent absolument épouvantables.
Dans mes écouteurs, en comité, j'ai déjà entendu pleurer des interprètes parce qu'on parlait alors de tout ce qui s'était passé dans les pensionnats. Avec M. Cleary, j'apprenais tout de même à évaluer ces situations et à les traiter, ainsi que les gens qu'on rencontrait, de façon très respectueuse. Cela a été une bonne école. Ce n'est peut-être pas la raison pour laquelle je m'exprime aujourd'hui au sujet de ce dossier, mais c'est pour vous dire à quel point j'ai développé une sensibilité particulière pour les affaires autochtones.
Sans plus tarder, je peux parler brièvement des objectifs du projet de loi . Ce projet de loi a pour but de créer un tribunal indépendant, le Tribunal des revendications particulières. On veut également rendre le traitement des revendications particulières au Canada plus équitable et accélérer le processus de résolution. On veut donc améliorer et accélérer le processus de résolution des revendications particulières au pays. Depuis 1947, plusieurs comités mixtes et sénatoriaux ont recommandé la création d'un tel tribunal indépendant sur la question des revendications particulières. D'ailleurs, les Premières nations en font mention et en font la demande depuis plus de 60 ans, selon les informations que j'ai obtenues.
Les négociations demeureront toujours le mode privilégié de résolution des revendications. C'est important: on sait que le mode de négociation est la façon privilégiée par les Premières nations de faire affaire avec le gouvernement fédéral. Ce tribunal aurait le pouvoir de rendre des décisions exécutoires, lorsque des revendications ne sont pas admises aux fins de négociation ou que les négociations échouent. Voilà brièvement ce qu'il en est de l'objectif global de ce projet de loi. C'est un avancement en ce qui concerne ce dossier.
Le Bloc québécois a toujours eu une position très claire non seulement sur ce projet de loi, mais sur les affaires autochtones en général. Les témoignages obtenus en comité ont répondu à certaines de nos interrogations de départ. Comme je le disais, à nos yeux, aucun projet de loi n'est parfait, et ce n'est pas nécessairement la mauvaise foi du législateur qui crée des imperfections. Toutefois, à l'usage, on s'aperçoit souvent que des choses devraient être améliorées. C'est pourquoi, en comité, mon collègue d' et également le porte-parole adjoint ont fait en sorte d'améliorer le projet de loi.
Le projet de loi instaure le Tribunal des revendications particulières rendant les décisions exécutoires. Il pourrait accélérer le processus pour 784 revendications. Ce n'est pas rien! C'est pourquoi il faut adopter ce projet de loi.
La mise en place du projet de loi s'est effectuée en collaboration partielle avec les Premières nations du Canada. C'est peut-être là qu'il y aura des problèmes. Il y a eu une implication à cet égard, mais je sais que les Premières nations du Québec et du Labrador n'ont malheureusement pas fait partie des négociations.
Le Bloc québécois est en faveur de l'adoption du projet de loi , mais j'aimerais tout de même souligner ici deux points importants.
Il faut le dire, le gouvernement fédéral doit consulter adéquatement les Premières nations avant de déposer tout projet de loi qui les concerne. Il se doit d'effectuer lui-même la consultation afin d'entamer le processus de réconciliation. Le Bloc québécois aimerait rappeler que le projet de loi n'a pas suivi une consultation adéquate par le gouvernement, qui devrait mettre en place une véritable structure de consultation auprès des Premières nations. Chaque fois qu'un projet de loi les concerne, il faut négocier avec les Premières nations et mettre en place un système strict et très bien établi, de façon à ce que, après coup, on ne puisse conclure malheureusement à un manque de communication entre le gouvernement et les membres des Premières nations.
Le Bloc québécois aimerait également rappeler que le projet de loi est rattaché à un accord politique entre le et le chef national de l'Assemblée des Premières Nations quant à la réforme des revendications particulières. Nous suivrons donc avec beaucoup d'intérêt les suites de cet accord et surtout les engagements pris par le gouvernement.
J'aimerais également citer quelques statistiques intéressantes qui démontreront à quel point il est important d'aller de l'avant avec un tel projet de loi.
Depuis 1973, 1 297 revendications particulières ont été soumises et 513 ont été réglées. Aux fins du règlement de ces revendications, le Canada a versé entre 15 000 $ — la plus basse somme — et 125 millions de dollars, pour une moyenne de 6,5 millions de dollars par revendication.
On a réglé 284 de ces revendications par négociation, et 229 par d'autres moyens, soit par un recours administratif ou carrément par la fermeture d'un dossier. Comme je le disais un petit peu plus tôt dans mon allocution, il en reste donc 784 en suspens à ce jour, et elles sont visées par le présent projet de loi.
Des revendications en cours, 138 sont des revendications particulières en négociation au pays, et 34 sont traitées par la Commission des revendications particulières des Indiens. Voilà pour ces informations.
Je répète qu'il y a encore énormément de revendications et énormément de problèmes non réglés. Cela tombe bien — ou mal, selon de quel côté de la clôture on se trouve —, la semaine dernière, le 6 mai, la vérificatrice générale a justement déposé son rapport dans le cadre duquel on s'était évidemment penché sur la question des enfants autochtones. Je dis « évidemment » parce que cette situation commande de toute urgence des efforts de plus en plus grands de la part du gouvernement.
J'aimerais lire quelques extraits de ce rapport. Au chapitre 4, la vérificatrice générale nous démontre qu'il y a encore énormément de problèmes à régler. Je parlerai également de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. C'est aussi un élément qui devrait être examiné avec beaucoup plus d'attention par ce gouvernement qui refuse toujours de signer cette déclaration.
Dans le chapitre 4, qui s'intitule « Le Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières nations — Affaires indiennes et du Nord Canada », la vérificatrice générale examine la façon dont le ministère gère le programme grâce auquel il assure des services aux enfants et aux familles des Premières nations dans les réserves.
Conformément à la politique fédérale, ces services doivent être conformes aux normes et à la législation provinciale, être assez comparables à ceux qui sont offerts dans des circonstances semblables aux enfants vivant hors des réserves et convenir, bien sûr, à la culture des Premières nations.
On apprend, dans le chapitre 4 du dernier rapport déposé par la vérificatrice générale, que le financement des services d'aide à l'enfance dans les réserves ne respecte pas les obligations du gouvernement fédéral. On apprend aussi que plus de 5 p. 100 des enfants vivant dans les réserves sont pris en charge par les services de protection de la jeunesse des communautés ou dans la province au Canada, ce qui représente plus de 8 000 enfants par année. Le taux est huit fois plus élevé que pour les enfants hors réserve. Je disais plus tôt qu'il est urgent de régler une situation, ou à tout le moins de faire des efforts pour l'améliorer. Or un appel à l'aide est lancé par la vérificatrice générale. Elle se fait le porte-parole de ces enfants et de ces familles dont le problème est toujours aussi criant.
La vérificatrice générale a constaté qu'Affaires indiennes et du Nord Canada n'avait pas analysé les services offerts dans les réserves et ne les avait pas comparés avec ceux offerts dans les collectivités environnantes. Voilà un point à corriger. De plus, le ministère n'a pas déterminé quels sont les autres services sociaux et de santé disponibles pour appuyer l'aide à l'enfance dans les réserves. Encore là, c'est un message qui est lancé au gouvernement.
En réalité, les besoins des enfants pris en charge par les organismes des Premières nations varient considérablement. Certains enfants et leurs familles ne reçoivent pas les services dont ils ont besoin parce que la formule de financement pour ces services est désuète. La vérificatrice générale souligne un autre point: la formule de financement dans les réserves n'a pas été modifiée depuis 1988, et pourtant, les Premières nations ont le taux de natalité le plus élevé au pays.
Finalement, j'ai soulevé un autre point: la vérificatrice générale recommande à Affaires indiennes et du Nord Canada de s'entendre avec Santé Canada sur leurs responsabilités respectives en matière de financement des services destinés aux enfants pris en charge. On a peut-être là un problème selon lequel, justement, la main gauche ne sait pas ce que fait la main droite. Il faudrait qu'il y ait une communication plus concertée de la part des ministères de sorte qu'on apporte ces correctifs demandés par la vérificatrice générale.
On n'a pas nécessairement besoin de la vérificatrice générale pour savoir tout ce qui se passe en ce qui concerne les problèmes d'eau potable, d'habitation, de toxicomanie, de suicide, etc., car les médias s'en chargent bien, malheureusement. C'est utile de le savoir, mais une fois qu'on le sait, que fait-on? Si l'on n'a pas besoin de la vérificatrice générale pour connaître cela, elle vient néanmoins de cibler d'autres problèmes que peut-être on ne voit pas toujours — je parle du public en général — ou qu'on voit moins exposés dans les médias. Néanmoins, au regard de ces problèmes, on constate encore une fois que ce sont les plus démunis qui paient dans bien des cas pour le laxisme du gouvernement. Quand je parle des plus démunis, je parle aussi des plus faibles: les enfants font partie de ces gens qui crient à l'aide.
Je parlais plus tôt de la Déclaration des droits des peuples autochtones. Voilà encore un autre exemple d'un domaine où le gouvernement devrait faire preuve de beaucoup plus de leadership. En fait, il n'y a aucun leadership. Seulement quatre pays au monde ont refusé de signer la déclaration et, malheureusement, à notre grande honte, le Canada fait partie de ces pays. Le Canada n'a toujours pas ratifié cette importante Déclaration des droits des peuples autochtones. J'ai appris dans un document que plus de 100 juristes et experts ont dénoncé dans une lettre ouverte le manque d'initiative du gouvernement conservateur et ont fait remarquer que les arguments juridiques que ce gouvernement a avancés pour justifier son refus ne tenaient pas la route.
Les conservateurs accordent finalement bien peu d'importance au respect des droits de la personne. À leur refus de ratifier cette Déclaration des droits des peuples autochtones, on doit ajouter l'abolition du Programme de contestation judiciaire, qui était l'outil de prédilection des minorités qui souhaitaient faire valoir leurs droits, de même que la réduction draconienne des fonds alloués à Condition féminine Canada et au programme d'alphabétisation des Autochtones.
D'une part, il ne faudrait pas tenir un discours selon lequel il est très important de venir en aide aux Autochtones, de faire en sorte d'améliorer leurs conditions et qualité de vie, alors que d'autre part, on coupe et on coupe. En agissant de cette façon, qui seront les gens qui paieront la note?
Évidemment, ce sont ceux qui recevaient normalement ces services qui ont été abolis. Dans ce cas précis, refuser de s'impliquer plus particulièrement dans les services offerts aux Autochtones n'améliorera évidemment pas la situation.
Les Nations Unies ont travaillé patiemment et minutieusement, de concert avec les peuples autochtones, et ce, pendant plus de 20 ans, pour accoucher de cet instrument de défense des droits des Autochtones. Malheureusement, le gouvernement rejette tout ce travail du revers de la main.
Voici un autre avertissement qu'on lance au gouvernement. On appuie le projet de loi , qui constitue un pas dans la bonne direction. En même temps, le gouvernement et son ministre doivent comprendre que la situation ne va pas en s'améliorant. Même si ce projet de loi va dans la bonne direction en ce qui concerne un certain aspect touchant les revendications particulières, la politique gouvernementale est déficiente relativement aux droits des Autochtones.
Quelque chose me choque énormément, et je veux être bien précis dans mes propos. J'ai appris hier que ce gouvernement est prêt à investir 30 milliards de dollars dans des armements. En même temps, on sabre dans les programmes de Condition féminine Canada, on aboli le Programme de contestation judiciaire et on fait des compressions dans les programmes d'alphabétisation chez les Autochtones. Il est certain que le monde ne comprend pas ce qui se passe. Je veux être précis dans mes propos. Il faut faire attention: je ne dis pas qu'il ne faut pas avoir une politique de défense, mais le problème est que cette politique est toujours inexistante. On ne fait qu'annoncer des investissements de 30 milliards de dollars sur une période de 20 ans pour acheter toutes sortes d'équipements.
Il faudrait premièrement avoir une politique bien précise en matière d'affaires étrangères et de défense nationale, pour faire en sorte de déterminer ce dont on a besoin. Déjà, hier, des soldats qui assistaient à la conférence de presse du se sont exprimés publiquement, comme le rapportent les journaux aujourd'hui, pour dire qu'il s'agissait de saupoudrage. On dit qu'on achètera des avions ou tels autres appareils, mais on n'est pas certain qu'il s'agisse des équipements dont on a réellement besoin sur le terrain. Il faudrait faire un ménage là-dedans. Je referme la parenthèse pour ne pas mêler les choses.
D'un côté, on observe cette situation aussi pathétique du côté des réserves autochtones où vivent des gens dont on devrait s'occuper, le gouvernement fédéral étant fiduciaire des Autochtones. De l'autre côté, on annonce des milliards et des milliards de dollars pour des armements. Il y a une grande dichotomie, un énorme fossé entre les besoins réels de la population et les visées de ce gouvernement.
Pour revenir au projet de loi, je tiens à dire que le Bloc québécois accompagne les peuples autochtones dans leur quête de justice et de reconnaissance de droits. Le Bloc québécois reconnaît les 11 nations autochtones du Québec pour ce qu'elles sont, soit des nations. Le Bloc québécois reconnaît aussi les peuples autochtones comme des peuples distincts ayant droit à leurs cultures, à leurs langues, à leurs coutumes, à leurs traditions ainsi qu'à leur droit d'orienter eux-mêmes le développement de cette identité propre.
Nous avons tenu beaucoup de discussions cette semaine et la semaine dernière sur l'histoire de la naissance du Canada que tente de réécrire le gouvernement conservateur, alors qu'on fête le 400e anniversaire de Québec. Or, des choses absolument absurdes ont été dites, tout comme des documents qui ont été diffusés. Néanmoins, tout le monde doit s'entendre sur une chose: les Autochtones étaient ici avant que Jacques Cartier n'arrive ou avant que qui que ce soit ne vienne faire un tour à Terre-Neuve ou ailleurs. Les Premières nations étaient ici. On s'entend sur ce point. On doit absolument respecter ce fait.
À propos de respect, on ne peut passer sous silence le rapport Erasmus-Dussault. En 1996, cette Commission royale sur les peuples autochtones déposait un rapport étoffé qui proposait un vaste chantier échelonné sur 20 ans pour réaliser l'autonomie gouvernementale des peuples autochtones en respectant leurs coutumes, leurs cultures, leurs langues et leurs institutions ancestrales. Depuis lors, le Bloc québécois n'a cessé de faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il concrétise les recommandations du rapport Erasmus-Dussault.
Voici un autre avertissement: ce programme est en place depuis 1996, mais encore plusieurs recommandations qui faisaient partie du rapport doivent être mises en place par le gouvernement.
Je voudrais conclure en parlant de la mise en application du projet de loi. Je veux mentionner que le projet de loi prévoit trois situations dans lesquelles une Première nation pourrait présenter une revendication particulière au tribunal. La première situation, c'est lorsqu'une revendication a été rejetée par le Canada, notamment dans le cas où le Canada n'observerait pas le délai de trois ans prescrit pour l'évaluation des revendications. La deuxième situation correspond à n'importe quelle étape du processus de négociation, si les parties en décident ainsi.
La troisième situation survient après trois ans de négociations infructueuses. Le tribunal examinerait uniquement les questions de faits et de droits pour déterminer si le Canada a des obligations juridiques non réglées en vertu de la loi.
Voilà qui met un terme à cette allocution. Tout cela pour dire qu'on a maintenant l'occasion de faire en sorte d'améliorer une situation, et je suis convaincu que tous les partis en cette Chambre vont appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le Président, c'est avec beaucoup d'empressement que je prends part au débat d'aujourd'hui, car il concerne une question qui touche non seulement des régions comme la mienne dans le Nord de la Colombie-Britannique, mais aussi la nature et la structure mêmes de notre pays. Nous devons veiller à ce que les projets de loi comme celui-ci, le, Loi sur le Tribunal des revendications particulières, soient bien rédigés et soient le résultat de consultations appropriées auprès des personnes les plus touchées, c'est-à-dire les collectivités des Premières nations visées par le processus de négociation des traités.
Je pense que tous les partis à la Chambre ont reconnu que le processus qui est en place depuis des années, bien qu'il ait été remanié, n'a jamais été modifié radicalement. Comme je vais l'illustrer durant mon discours, c'est sur les Premières nations qui se trouvent dans une situation désespérée que l'effet est le plus grand.
Je n'arrive pas à me rappeler le nombre de fois où nous avons parlé des conditions de vie des membres des Premières nations et fait valoir que ces conditions seraient inacceptables pour n'importe quel autre groupe du pays. Tous les partis de la Chambre en ont parlé à maintes reprises. Comme Canadiens, nous devons examiner la situation avec une honte sans équivoque et comprendre qu'il faut que cela change.
Je me souviens d'avoir eu des conversations avec celui qui était ministre des Affaires indiennes au tout début du mandat du gouvernement actuel à propos du désir d'apporter des modifications de fond à la Loi sur les Indiens. Cette loi oriente et régit les Premières nations depuis beaucoup trop longtemps. C'est une loi bancale. Nous n'avons pas besoin d'autres études gouvernementales pour recueillir des preuves; les preuves concrètes sont sur le terrain.
Je pense à mon collègue du Yukon. Dans sa région, on essaie d'appliquer une méthode différente pour consulter les Premières nations. Cette région, à l'instar d'autres régions du Nord, tente d'inclure davantage les membres des Premières nations dans le processus décisionnel. Tout le monde en bénéficie. Le système du Yukon ou des autres territoires nordiques est-il parfait? Bien sûr que non, mais c'est un pas en avant. Je crois que c'est simplement une question de proximité.
Je représente la circonscription de dont la population compte de 30 à 35 p. 100 de membres des Premières nations. Dans ces collectivités où les membres des Premières nations vivent aux côtés des autres Canadiens, la compréhension de la situation ainsi que de la culture et de l'histoire des Premières nations est plus profonde qu'ailleurs. Lorsque je me promène dans d'autres régions du pays et que je parle avec mes collègues de la Chambre qui n'ont pas cette expérience, je me rends compte qu'il existe une certaine désaffection, une certaine incompréhension de ce qu'est la réalité des Premières nations.
S'il est possible de comprendre la situation, on ne peut plus l'accepter. Pour qu'il y ait progression à ce chapitre au pays, pour que les Canadiens puissent commencer à ressentir à nouveau une certaine fierté de pouvoir compter sur une société inclusive, juste et équitable, il est évident que nous devons nous pencher en toute priorité sur cette question.
Pour ce qui est des détails du projet de loi, disons qu'il vise à faire disparaître un arriéré auquel nous n'avons pas accordé suffisamment d'attention, c'est-à-dire les 800 et quelque revendications territoriales qui sont laissées en suspens depuis beaucoup trop longtemps. Les réunions stériles qui se succèdent depuis beaucoup trop longtemps coûtent plusieurs millions de dollars aux collectivités de Premières nations et aux contribuables canadiens. Malheureusement, ceux qui en souffrent le plus sont ceux qui peuvent le moins se le permettre, c'est-à-dire les gens des Premières nations qui vivent dans les diverses réserves des Premières nations un peu partout au pays.
Environ 60 p. 100 de ces revendications ont trait à la Colombie-Britannique. Pour des raisons historiques, ces terres n'ont pas été concédées. Elles n'ont pas fait l'objet de traités dès le début, mais des promesses ont été faites à cet égard. Lors de la création de ce qui est maintenant devenu le Canada, on avait promis que le gouvernement du Canada, qui était alors dirigé par le Parlement britannique, traiterait la question en toute bonne foi et négocierait en toute bonne foi avec les gens des Premières nations pour tenter de résoudre les problèmes territoriaux et les diverses questions portant sur les terres.
Les membres des Premières nations de partout au pays, et surtout de la Colombie-Britannique et du Nord, ont cru en la sincérité des représentants du gouvernement et en la valeur des documents qu'ils leur ont présentés. Ils ont réellement cru que ces gens tiendraient parole et que la Couronne ferait preuve de décence et d'honneur. Ils ont cru que les représentants de la Couronne interviendraient et qu'ils rencontreraient les gens des diverses nations et conclueraient ces traités parce que c'est ainsi que les choses s'étaient toujours passées entre les diverses Premières nations.
On le sait parce que ces nations sont encore bien vivantes aujourd'hui. Elles nous disent que, pendant des milliers d'années, des conflits ont fait rage entre des Premières nations. Mais, lorsqu'un différend était réglé, c'était dans l'honneur. Les traités étaient respectés.
Des traditions orales remontant à des milliers d'années se transmettent encore aujourd'hui dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Chaque fois que des fouilles archéologiques ont lieu, on dirait qu'on remonte de mille ou deux mille années plus loin encore dans le temps. Certains aînés des Premières nations hochent la tête lorsqu'ils m'en parlent parce que, dans leur esprit, les traditions remontent à des temps immémoriaux. Elles se sont transmises de génération en génération. Pour en retrouver la source, comme disent les aînés, il faut remonter le temps, à travers les esprits de nos grands-pères et de nos arrière-grands-pères.
Ces populations ont ainsi une certaine compréhension de la terre, des relations entre leur collectivité et les autres collectivités et de l'inéluctabilité des conflits entre les êtres humains. Les conflits existent à l'échelle des ménages, des collectivités et des nations. C'est un attribut malheureux, mais inévitable de la condition humaine. Néanmoins, lorsque se produisent des conflits, il y a moyen de les résoudre. Il faut trouver l'endroit et le moment pour y parvenir, autour d'une table, dans un esprit d'égalité des êtres humains autant que possible.
Cet impératif se fait de plus en plus sentir pour beaucoup de raisons, et il est temps d'agir en conséquence. C'est pourquoi les néo-démocrates proposent cette solution, c'est-à-dire un tribunal indépendant du gouvernement. Nous avons intégré cette solution à nos deux derniers programmes électoraux et récemment, nous l'avons adoptée lors du congrès du NPD. C'est pourquoi notre parti consulte un groupe de représentants des Premières nations. Nous tirons de cette consultation une orientation relativement à ce tribunal indépendant.
Franchement, dans quelle mesure les Premières nations peuvent-elles faire confiance à la Chambre des communes ou au Parlement? Les élus sont-ils capables d'y arriver tout seuls? Tout observateur objectif serait sceptique après avoir vu le résultat des nombreuses promesses faites au fil des ans par les législatures et les gouvernements qui se sont succédé. Compte tenu du bilan concret, sur le terrain, les Premières nations ont toutes les raisons de croire que la confiance n'est peut-être pas de mise dans les discussions pour concevoir cette procédure.
Le mot « consultation » est un terme qui est utilisé par les politiciens comme s'il ne voulait rien dire, mais il est presque d'utilisation obligatoire. D'abord, assurez-vous que vous avez le bon nom, le nom des Premières nations en question. Ensuite, veillez à inclure le mot « consultation » dans votre discours, et tant que vous y êtes ajoutez « respect », « confiance » et « admiration mutuelle ». On peut espérer que le gouvernement, en collaboration avec les Premières nations, finira par définir clairement le mot « consultation », d'un point de vue légal, afin qu'on ne demande plus à ces dernières de simplement faire confiance au gouvernement, qu'on ne prenne plus pour acquis qu'elles sont des partenaires égales et volontaires dans ce dialogue, et qu'elles puissent compter sur quelque chose de sûr.
Cette mesure législative prévoit trois conditions à la participation d'une Première nation à ce processus. L'un des aspects importants de l'élaboration d'un projet de loi comme celui-ci consiste à veiller à ce que ces conditions soient clairement et pleinement expliquées aux Premières nations afin qu'elles puissent décider, en pleine connaissance de cause, de participer ou pas au processus.
Nous espérons qu'il y a une mise en garde dans cette mesure législative qui prévoit la communication transparente et responsable de l'information aux Premières nations lorsqu'elles songent à participer au processus. Depuis trop longtemps, les gouvernements négocient directement avec les conseils de bande, les dirigeants des Premières nations qui ont des représentants à Ottawa et les groupes de pression tandis que les membres des Premières nations qui vivent, eux, dans les villages, sont mis à l'écart et ne sont pas consultés. En effet, on ne leur donne pas la possibilité de s'exprimer librement à la table de négociations.
Il est important que les Canadiens comprennent ces conditions, car c'est là où le bât blesse. Trois conditions doivent être réunies pour qu'une Première nation puisse présenter une revendication. Premièrement, une revendication n’est pas admise aux fins de négociation par le Canada, scénario qui comprend les situations où le Canada dépasse le délai de trois ans fixé pour l’évaluation des revendications. Ces cas représentent une partie de l'arriéré. Je tiens à préciser cela, car j'ai été présent à la table des négociations en tant que consultant dans le passé. Comme je l'ai vu maintes et maintes fois, il arrive inévitablement que des trois parties présentes à la table, soit le gouvernement provincial, le gouvernement fédéral et les Premières nations, un des deux premiers prétexte un emploi du temps trop chargé pour masquer son manque de volonté à l'égard de la poursuite des négociations.
Les réunions sont annulées, retardées ou reportées. On dépense inutilement des millions de dollars à cause de calendriers et de délais imprécis. Il suffit qu'une des parties se désiste, prétextant un emploi du temps trop chargé. Cela est particulièrement dommage lorsque les négociations tirent à leur fin. On dirait que c'est à ce moment-là que le gouvernement fédéral ou provincial manque soudainement de volonté.
Cela est difficile pour les collectivités des Premières nations, cela est difficile pour les dirigeants des Premières nations qui doivent faire face à leurs concitoyens et emprunter contre un règlement potentiel. Il est crucial que les Canadiens comprennent que tous les coûts assumés par les négociateurs des Premières nations sont des emprunts sur l'avenir. Plus le gouvernement retarde les choses, plus les fonds assortis au traité, les fonds assortis au règlement des revendications, sont engloutis, année après année, dans le processus de négociation. En Colombie-Britannique, des Premières nations qui attendent la conclusion de traités ont des dettes de 12, 14, voire 15 millions de dollars. On soustraira ces montants du règlement final qu'elles obtiendront.
Il peut être réconfortant pour les négociateurs provinciaux et fédéraux de préserver leur emploi, de continuer à discuter et de perpétuer le processus, mais un sentiment d’urgence doit nous animer. Comme nous le savons, tant dans notre vie personnelle que dans le commerce, il n’y a jamais d’accord qui se conclut sans qu’on fixe un délai. On ne vient à bout d’aucune tâche ardue sans avoir la perspective d’un délai pour favoriser ce sentiment d’urgence, pour permettre d’innover, pour effectivement régler les revendications.
Il y a une deuxième condition: toutes les parties conviennent de recourir au tribunal, peu importe à quelle étape elles en sont rendues dans les négociations. Voilà une circonstance exceptionnelle qui, nous l’espérons, sera de plus en plus fréquente: toutes les parties estimeront qu’il est dans leur intérêt commun de s’entendre. Quelle idée fascinante.
Je sais que le écoute attentivement. Il veut savoir quand ces conditions seront réunies. Elles existent lorsque les gens se présentent aux négociations animés de la bonne intention, c’est-à-dire soucieux de conclure des traités. Voilà une idée remarquable.
Il doit être dans l’intérêt des gouvernements fédéral et provinciaux de conclure des traités. Chose certaine, c’est dans l’intérêt des Premières nations. Elles savent ce que c’est que de vivre sans traités. Elles n’ont pas d’argent, elles n’ont pas de bien à donner en garantie pour négocier, pour développer les économies qu’elles souhaitent pour leur peuple. Elles ont donc un sentiment d’urgence.
Il arrive tellement souvent, trop souvent, que les gouvernements provinciaux et fédéral -- et je songe ici plus expressément à la Colombie-Britannique -- ne s’entendent pas. Les parties trouvent des causes faciles et courantes de désaccord. Les traités sont des choses compliquées. Ils portent sur l’éducation, les droits culturels, les questions territoriales et le partage des revenus. Il est très facile à un gouvernement qui ne veut pas parvenir à une entente de trouver un prétexte pour se retirer du processus et des négociations.
Il y a un troisième et dernier point: les négociations demeurent infructueuses après trois ans. Malheureusement, ce doit être la condition la plus facile à remplir, car bien des collectivités britanno-colombiennes des Premières nations, d’après leur expérience, doivent espérer un processus de négociation de traité qui ne durerait que trois ans. Elles prieraient pour qu’il en soit ainsi.
Il y a une route que j’inviterais le à parcourir. Elle se dirige vers le nord de la Colombie-Britannique. Elle n’est pas longue, mais elle est importante. Elle va de Terrace, en Colombie-Britannique, jusque dans la vallée de la Nass et les localités des Nisga'as. Pendant des années, cette route n’a été qu’une piste en gravier qui glissait dans les rivières. On raconte bien des histoires de gens qui sont morts le long de cette route. C’était une route forestière qui était censée desservir les 5 000 ou 6 000 personnes qui habitaient dans le territoire des Nisga'as.
Il s’agit de la route 113. Les Nisga'as, lorsqu’ils ont conclu leur traité, ont obtenu la distinction douteuse ou l’honneur de donner un nom à la route. Ils l’ont appelé la route 113, parce qu’il y avait 113 ans qu’ils s’étaient rendus pour la première fois à l’Assemblée législative provinciale pour demander qu’on traite avec eux, qu’on négocie avec eux de façon juste et honnête. Il y a eu 113 ans de négociations persévérantes, génération après génération. Le relais passait d’une génération de dirigeants à l’autre: s’il vous plaît, persévérez, parce que nous devons régler cette revendication territoriale, nous devons régler la question foncière. Il a fallu 113 ans.
Chaque fois que j'emprunte cette route — et je l'ai fait il y a deux semaines —, je rends visite au gouvernement nisga'a-Lisims qui, à chaque année, tient une assemblée générale au printemps. J'encourage le à rendre visite aux Nisga'as. Je peux l'assurer qu'il serait très bien accueilli et qu'il serait traité avec dignité et respect.
Les Canadiens ne trouvent-ils pas remarquable qu'une Première nation qui a dû se battre durant 113 ans pour régler une revendication territoriale ait encore la dignité, le sang-froid et le respect d'accueillir des représentants du gouvernement fédéral qui, selon certains, les a maltraités durant ces 113 ans? N'est-il pas remarquable que les membres de cette Première nation accueillent ces représentants dans leur collectivité, qu'ils organisent une fête pour eux, qu'ils leur présentent leurs respects, qu'ils leur consacrent du temps, et qu'ils leur demandent de bien vouloir les accepter? Oui, c'est remarquable.
Il arrive régulièrement, mais peut-être pas assez souvent, que des dirigeants des Premières nations, c'est-à-dire des aînés de toutes les régions du Canada, viennent rencontrer les députés. Je me souviens, il n'y a pas si longtemps, lorsque nous étions en train de régler la revendication des Dogribs. Les aînés de cette Première nation étaient ici, à la tribune de la Chambre des communes, et ils avaient écouté la période des questions orales.
Je les avais ensuite rencontrés et je leur avais demandé à quoi ils pensaient en regardant les échanges que nous qualifions de débat et qui montrent aux Canadiens leurs leaders durant la période des questions orales. Je me demandais bien à quoi ces aînés pouvaient songer. Ils ont eu la dignité et la grâce de ne pas me livrer le fond de leur pensée. Ils m'ont répondu qu'ils supposaient que cet exercice devant les caméras était bon pour nous.
Toutefois, nous nous occupons de la vie des gens. Nous nous occupons d'eux lorsque leur qualité de vie est compromise et qu'ils ne sont incapables de trouver des possibilités économiques. J'ai dit — et un grand nombre de leaders des Premières nations dans ma région sont d'accord avec moi — qu'un emploi est le meilleur programme social qui existe. La meilleure façon de créer l'espoir d'un bel avenir est la perspective d'avoir un emploi à temps plein et bien rémunéré, de pouvoir subvenir à ses besoins en occupant un emploi valorisant et digne.
C'est ce que veulent les Premières nations, non seulement à Skeena, dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, mais dans tout le pays. C'est ce que tout le monde veut. Tous veulent être traités avec respect et avoir la possibilité de se servir du capital qui leur a été donné. Dans le cas des Premières nations, ce capital leur appartient à juste titre, puisqu'il s'agit de leurs terres.
J'espère, comme c'est le cas depuis quatre ans que je siège ici, que la cause des peuples autochtones en est une des rares qui transcendera les divergences entre les partis. J'espère que cette cause échappera aux arguments et contre-arguments idéologiques de la lutte politique et nous permettra, à nous qui représentons les Canadiens, de découvrir ce qui nous unit en dépit de nos grandes divergences de vues politiques. J'espère que nous pourrons nous entendre sur quelque chose dont nous tirerons tous fierté.
Si le projet de loi est rédigé correctement, ce pourrait être un grand moment. Si la consultation et l'intégration des préoccupations des Premières nations sont faites correctement, ce sera une grande réalisation. C'est pourquoi les néo-démocrates préconisent la mesure depuis de nombreuses années. C'est pourquoi les néo-démocrates appuieront l'étude du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et son étude en comité afin que des amendements puissent y être apportés, que nous puissions l'étudier correctement et en toute transparence et que nous puissions y intégrer avec exactitude le résultat des consultations.
Il est vrai que ceux qui n'ont pas beaucoup échangé avec des collectivités autochtones doivent comprendre la méfiance qu'elles ont envers nous. Trop d'événements et de pratiques sont survenus pour que l'on puisse demander aux Premières nations de venir à nous les bras ouverts et de faire confiance au gouvernement, peu importe ce qu'il présentera.
Du point de vue culturel, nous devons comprendre où la coupure s'est faite compte tenu des si nombreuses atrocités qui ont frappé les Premières nations. Nous devons comprendre que la fonction traditionnelle de leadership a été si fondamentalement perturbée que nous devons prendre le temps de faire les choses correctement. La capacité d'ouverture d'esprit et d'écoute du gouvernement face à ce que les Premières nations affirment est une nécessité absolue pour les amener à la table et les convaincre d'appuyer le processus jusqu'au bout.
Si nous, les parlementaires, tendons une oreille attentive, donnons suite aux recommandations qui nous sont faites, laissons de côté les gains momentanés de la politique partisane et optons pour un climat positif qui nous permet de produire quelque chose qui soit immédiatement et au cours des années futures bon pour le pays, nous pourrons accomplir quelque chose.
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Monsieur le Président, voilà un scénario intéressant.
Les anciens représentants de ma région ont participé à ces manoeuvres d'obstruction systématique qui visaient à bousiller l'accord. C'est ce qu'on cherchait à faire. Il ne s'agissait pas simplement de retarder le processus pendant trois jours. On voulait essayer de bousiller le traité avec la Première nation nisga'a. C'est ce qu'a déclaré ouvertement un député qui — et cette situation n'est pas dépourvue d'ironie — s'est présenté sous la bannière conservatrice aux dernières élections sans changer de position à cet égard, persistant à dire que les traités étaient une erreur. Avant cela, il était député réformiste.
Cependant, il s'est porté de nouveau candidat, cette fois en tant que conservateur. Au cours des débats qui se sont succédé dans des collectivités dont 50 p. 100 ou plus de la population étaient des membres des Premières nations, alors que les non-membres des Premières nations avaient apprivoisé l'idée et en voyaient les avantages, cet homme et trop de ses collègues du même mouvement politique n'ont malheureusement pas cessé de dire que ce n'était pas bon pour le Canada et pour notre région.
Sous l'habile direction de M. Gosnell et d'autres dirigeants qui ont passé le flambeau à la génération qui a maintenant adopté ce traité, les Nisga'as — et c'est tout à leur honneur — ont vu clair dans tout cela. Ils savaient que les bonnes intentions finiraient par triompher.
Voici un exemple intéressant. À partir du traité des Nisga'as, les Nisga'as ont pu mettre sur pied ce qu'on appelle aujourd'hui les pêcheries Nisga'as. On peut dire qu'ils s'occupent de la rivière Nass, de ses tributaires et son estuaire, et qu'ils font la gestion des pêches dans la perspective qui est la leur, et notamment sur le plan culturel. C'est une des rares rivières de Colombie-Britannique où l'on pourra pêcher cette année. Le MPO, des groupes environnementaux et des groupes de l'industrie ont applaudi l'excellente gestion de la pêche par les Nisga'as, qui est vraisemblablement sans égal sur la côte Ouest.
Au moment où l'on débattait du traité des Nisga'as, le plus haut dirigeant des caisses d'épargne de la Colombie-Britannique a fait un commentaire important. On lui demandait si ce traité était bon ou mauvais à court ou à long terme. Il a répondu qu'il était bon à court et à long terme puisqu'il apportait enfin la certitude concernant l'assise territoriale. Il créait la certitude en matière d'exploitation forestière, d'exploitation minière et de pêche. Il permettait aux gens de faire des investissements et de prendre les décisions nécessaires en sachant si la propriété foncière était en fief simple ou non et si l'interdiction de la Couronne s'appliquait ou non. C'est justement sur la question du territoire que les Nisga'as fondaient leur renaissance économique.
Pour ce qui est de faire obstruction, de retarder et de résister à l'inévitable, je dirais à mes collègues conservateurs que ce fut un malheureux chapitre de l'histoire du Canada. Cependant, les Nisga'as ont persévéré, tout comme les députés les plus sensés.
Heureusement, notre règlement interdit maintenant ce genre de tactiques et ne permet plus la présentation de 100 ou de 200 amendements tout simplement pour prolonger le débat et couler un projet de loi. Dans ce cas, le projet de loi bénéficiait de l'appui de la majorité des Canadiens.
J'ai de la misère à croire que des députés conservateurs puissent comparer la tentative de détruire un traité au fait pour des députés de formuler des observations représentatives sur un projet de loi qui les touche grandement. Trente pour cent de mes électeurs sont des membres des Premières nations. Je m'étonne de voir que les conservateurs, qui veulent soudainement à tout prix traiter du projet de loi à l'étude, voient de l'obstruction partout, à gauche et à droite. Le a pris la parole et posé des questions et je suppose donc qu'il fait lui aussi de l'obstruction.
Évidemment, nous nous gardons bien de l'accuser. Il est tout aussi étonnant que honteux de laisser entendre qu'un discours de 20 minutes puisse constituer une sorte de conspiration, d'autant plus que le gouvernement a passé six semaines au Comité de l'environnement à retarder un projet portant sur les changements climatiques.
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Monsieur le Président, je voudrais répondre à quelques observations formulées par le député de .
Tout d’abord, il a posé des questions de pure rhétorique. Il s’est demandé si j’étais sincère dans mes efforts relatifs au projet de loi . Cela fait des générations que les Premières nations veulent avoir une mesure de ce genre. Le chef Joseph, de la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan, a dit à cet égard que, en 30 années au gouvernement et 10 années à titre de chef, il n’a jamais été témoin de tant de coopération pour l’élaboration d’un projet de loi.
Y a-t-il eu des consultations? Oui, il y a eu des consultations, au point où l’Assemblée des Premières Nations a travaillé avec nous à la rédaction du projet de loi. Comme le député le sait, Shawn Atleo et d’autres Autochtones de la Colombie-Britannique ont participé à ce processus.
L’effort a été très sincère. Des consultations ont eu lieu. Par la suite, l’Assemblée des Premières Nations a produit du matériel de communication.
Par conséquent, nous croyons bien sûr, comme le chef Joseph l’a dit, que l’effort a non seulement été sincère, mais vraiment historique, à mon avis. J’aurais voulu que le député le reconnaisse.
J’ai apprécié son commentaire concernant la réunion annuelle. Je sais que les Nisga'a tiennent leur réunion annuelle. Je n’ai pas pu y assister cette année parce que la Chambre siégeait à ce moment. Juste avant la réunion, j’ai téléphoné au président et eu un entretien avec lui. J’espère y aller cet été. Nous en avons également discuté. Je profiterai de l’invitation — venue non seulement du député, mais d’autres aussi — pour y aller. Ce sera une excellente occasion.
Nous avons également fait d’autres efforts. Un nombre record de revendications a été négocié. Le tribunal est destiné à n’intervenir qu’en cas d’échec des négociations. En fait, nous avons réglé un nombre record de revendications par voie de négociation. Encore une fois, cela témoigne de notre sincérité et de notre volonté de parvenir à des règlements qui permettent à beaucoup de gens d’avoir enfin droit à la justice, comme l’ont dit Phil Fontaine et le . Ces gens attendaient depuis trop longtemps. Attelons-nous donc à la tâche.
Il y a enfin d’autres exemples. En ce qui concerne en particulier les revendications, nous avons fait des promesses et les avons tenues. Nous avons rempli nos engagements au chapitre des droits fonciers issus des traités dans les Prairies. Au Manitoba, par exemple, nous avions promis d’ajouter 150 000 acres par an pendant une période de quatre ou cinq ans. Nous avons atteint notre objectif pendant deux ans et avons bien l’intention de l’atteindre les années suivantes.
C’est un grand effort destiné à régler des revendications de longue date, dont beaucoup remontent à des générations, non seulement par devoir moral et par souci de justice, mais aussi pour améliorer nos relations avec des gens qui disent avoir attendu trop longtemps et qui veulent avoir des preuves de notre bonne volonté. À mon avis, ce projet de loi montre aux Premières nations qu’il vaut la peine de collaborer avec le gouvernement et que celui-ci est sincère dans son effort visant à progresser.
Je sais qu’il y a beaucoup d’autres questions à régler. Le député m’a parlé de certaines d’entre elles. Je sais qu’elles seront soulevées à la Chambre à d’autres occasions. J’espère cependant qu’avec ce projet de loi et les amendements proposés au comité, nous pourrons dire qu’il est temps de célébrer le succès. J’espère que le projet de loi sera adopté.
Je ne veux accuser personne d’obstruction, mais je demande aux députés de nous laisser adopter le projet de loi. Nous avons d’autres questions à régler. Pouvons-nous, pour une fois, dire que c’est un bon jour pour les peuples autochtones et pour nous, parlementaires? Pouvons-nous dire à propos de ce projet de loi — que j’espère voir adopter à l’unanimité ce soir au prochain vote — que c’est une bonne mesure législative réalisée de la bonne façon? Il est probable que le projet de loi ne sera jamais parfait, mais ne pouvons-nous pas dire que c’est une bonne mesure qui a été bien faite? J’aimerais bien célébrer ce succès.