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CHPC Rapport du Comité

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partie 2 :
synthÈse des tÉmoignages entendus

Le 2 mars 2009, le Comité a entendu le témoignage de M. John Lambert, un agent qui représente des artistes des arts de la scène de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l’Ontario et du Québec. Plusieurs de ses clients se produisent au Canada, mais aussi à l’étranger. Il a insisté sur le fait que le marché canadien est restreint et que les artistes canadiens devaient se produire à l’étranger pour toucher des revenus décents.

M. Lambert a fait appel au Programme de promotion des arts pour défrayer une partie des coûts de déplacement et de transport du matériel. La proportion des coûts assumés par le programme représentent environ 20 p. 100 de la facture totale. En faisant appel aux compagnies canadiennes de transport de passagers et de marchandise, M. Lambert a insisté sur le fait que l’argent investi demeurait à l’intérieur de l’économie canadienne.

M. Lambert soutient que l’abolition du Programme de promotion des arts aura un effet déstabilisant sur les industries culturelles du Canada. Il s’agit d’un secteur où le Canada devrait augmenter ses dépenses plutôt que de les réduire.

M. Lambert affirme que des tournées à l’étranger seront annulées en 2009-2010 étant donné que des ententes avaient été contractées avant l’annonce de la fin de programme. Par ailleurs, des producteurs étrangers seraient de plus en plus hésitants à conclure des ententes avec des producteurs canadiens. Les producteurs canadiens perdront un avantage concurrentiel par rapport à d’autres pays comme l’Australie, le Royaume-Uni ou la France, qui continuent à soutenir les tournées à l’étranger[35]. M. Lambert a suggéré au Comité d’étudier d’autres options de financement comme de confier la gestion du Programme de promotion des arts au Conseil des Arts du Canada (CAC), avec une révision à la hausse des budgets.

De son côté, la directrice du Fonds canadien du film et de la vidéo indépendants, Mme Robin Jackson, a expliqué les répercussions de l’annulation du FCFVI. La direction de l’organisme s’est dite surprise de l’abolition de ce programme dans la mesure où les conclusions du rapport d’évaluation du Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo réalisée en 2007-2008 étaient positives[36]. La ratification d’un accord de contribution avec le ministère du Patrimoine canadien semblait confirmer ce fait. L’avis reçu par le FCFVI en août 2008 de la part du ministère du Patrimoine canadien indiquait que l’entente de contribution prenait fin parce qu’il ne s’agissait plus d’une priorité pour le gouvernement. Le ministère du Patrimoine canadien a dit privilégier le long métrage destiné au cinéma plutôt que le documentaire. À plus ou moins long terme, Mme Jackson a indiqué qu’il y aura des effets néfastes sur les élèves dans les écoles et les documentaristes qui débutent dans le métier.

Mme Jackson estime que le CAC n’est pas en mesure de remplacer efficacement le FCFVI; tout d’abord parce que leur budget dans ce domaine est insuffisant et parce que cet organisme fédéral privilégie les subventions aux artistes plutôt qu’aux producteurs. L’Office national du Film du Canada (ONF) n’est pas non plus en mesure de le remplacer. Le FCFVI estime qu’environ 100 producteurs ne pourront pas recevoir le dernier versement pour leur projet en cours dû au fait que le ministère du Patrimoine canadien refuse de verser les fonds pour les projets qui ne sont pas encore terminés avant le 31 mars 2009[37]. C’est sans compter sur le fait que le FCFVI doit assumer des coûts administratifs atteignant plus de 100 000 $ dus à la cessation de ses activités.

Le directeur du Réseau d’ateliers cinématographiques canadiens (RACC), M. Max Berdowski, a témoigné devant les membres du Comité accompagné du scénariste, M. Marc Robitaille. Le RACC est une des quatre organisations du Canada qui offre de la formation dans le secteur du film et de la vidéo au Canada. Depuis 29 ans, le RACC offre un enseignement de qualité à près de 500 étudiants par année. Plusieurs d’entre eux se sont fait connaître sur la scène nationale et internationale.

Comme plusieurs autres témoins, M. Berdowski estime que les arts et la culture sont des moteurs économiques qu’il faut appuyer en cette période économique difficile. Il cite, comme plusieurs témoins l’ont fait, l’étude récente du Conference Board du Canada qui estime « que l’empreinte économique du secteur culturel canadien s’élevait à 84,6 milliards de dollars en 2007, soit 7,4 p. 100 du PIB réel total du pays, en tenant compte des contributions directes, indirectes et secondaires[38]».

Mme Amy House, présidente de l’Association des industries culturelles de Terre-Neuve-Labrador, a expliqué que l’abolition du Programme de promotion des arts et de Routes commerciales a laissé d’importantes lacunes en ce qui concerne la capacité des producteurs culturels canadiens de susciter l’intérêt des marchés étrangers pour leurs produits et d’organiser des tournées en vue de présenter leurs œuvres au public étranger. Par exemple, certaines ententes ne pourront être respectées, notamment avec la Tasmanie. Le gouvernement de la province s'est donc vu « dans l'obligation d'offrir une aide de 250 000 $ aux artistes et groupes de Terre-Neuve-et-Labrador afin d'atténuer l'impact des compressions sur les programmes d'exportation culturelle[39]».

Mme Lucy White est la directrice générale de l’Association professionnelle des théâtres canadiens (APTC), un organisme qui représente plus de 140 compagnies théâtrales professionnelles, à but lucratif et non lucratif, au Canada, à l’exception du Québec. L’appui des différents programmes fédéraux dans le domaine des arts et de la culture est crucial, tout particulièrement en période de crise économique. L’APTC se félicite des investissements supplémentaires de 30 millions de dollars au budget du CAC et du programme d’Espaces culturels. Toutefois, l'annulation du Programme de promotion des arts et du programme Routes commerciales risque de mettre fin au développement de marchés internationaux pour les artistes et les organismes artistiques[40]. Parmi les recommandations que l’organisme a faites au Comité, il y a celle d’accroître le budget du CAC pour appuyer, entre autres, le développement du marché international et l’organisation de tournées pour le secteur artistique et culturel.

M. Pierre MacDuff, directeur général de la compagnie théâtrale Les Deux Mondes, a fait appel au Programme de promotion des arts à plusieurs reprises. Le Programme a permis de soutenir des tournées qui ont amené la troupe de théâtre dans plus de 200 villes de 32 pays. La tenue de représentations à l’étranger est une nécessité dans le domaine du théâtre selon M. MacDuff. C’est une occasion de rencontrer et de développer d’autres publics et d’augmenter les revenus d’une œuvre sur une plus longue période de diffusion. C’est sans compter le fait que les cachets reçus à l'étranger, particulièrement dans le théâtre pour enfants, sont souvent plus élevés que ceux touchés au Canada. Toutefois, M. MacDuff a insisté sur le fait que c’est le Canada tout entier qui bénéficie des retombées des tournées à l’étranger :

Combien de fois avons nous entendus dire au terme d'une représentation, par le personnel des ambassades, que nous avions fait plus en une seule soirée pour la transmission des valeurs canadiennes que ce qu'eux-mêmes, sur le terrain, essayaient de faire, des mois durant[41].

M. MacDuff a insisté sur le fait que ce sont les compagnies canadiennes de transport qui profitent le plus de cette subvention et que l’argent reste au pays[42]. Il a dénoncé le manque de consultation précédant l’abolition du Programme de promotion des arts. À titre de recommandation, M. MacDuff a suggéré que le gouvernement du Canada injecte des fonds supplémentaires au CAC pour maintenir le soutien aux tournées à l’étranger.

Le Comité a entendu le témoignage de M. Jim Everson, directeur général (section Affaires publiques) de Magazines Canada. Il s’agit d’une association commerciale nationale qui représente les principaux magazines canadiens d'intérêt général, culturels, spécialisés, professionnels et commerciaux à contenu canadien appartenant à des intérêts canadiens. M. Everson a réitéré l’importance que le gouvernement du Canada continue à investir dans le domaine des magazines. Le ralentissement économique actuel et la décision de Postes Canada en 2006 d’éliminer sa contribution annuelle de 15 millions de dollars ont affecté la santé financière de ce secteur. Aussi, Magazines Canada salue l’annonce faite par le ministre du Patrimoine canadien le 17 février dernier quant à l’établissement du Fonds du Canada pour les périodiques. M. Everson a toutefois précisé qu’il sera nécessaire de bien définir les lignes directrices et les critères d’admissibilité afin d’inclure certaines catégories spéciales de magazines[43].

M. Alain Dancyger, directeur général des Grands Ballets canadiens de Montréal, a accepté de venir témoigner pour discuter des activités d'exportation de la troupe de danse montréalaise. L’exportation de leurs productions à l’étranger remonte aux années 50. Cette saison, avec 33 représentations, Les Grands Ballets canadiens de Montréal rejoindront plus de 53 000 personnes à travers le monde[44].

La préparation d’une tournée à l’étranger demande une planification complexe, qui inclut des négociations d’ententes contractuelles qui garantissent la présence internationale des Grands Ballets au moins trois ans à l'avance. Par ailleurs, grâce au Programme des routes commerciales, 40 présentateurs internationaux ont pu voir la troupe se produire à Paris, ce qui a débouché par la conclusion d’une tournée au Moyen-Orient (juin 2009)  Des négociations sont engagées avec les festivals de Bregenz en Autriche, Cologne et Berlin, le festival de Ravenne et la Biennale de Venise, et des tournées sont en cours de finalisation en Italie (2010), en France, en Hollande et au Royaume-Uni (2011).

Dancyger estime qu’il est essentiel que le gouvernement du Canada continue à appuyer les activités d'exportation des Grands Ballets canadiens de Montréal. Le marché montréalais est insuffisant pour permettre à la troupe de survivre. Les activités d’exportation de la compagnie sont une nécessité. Les Grands Ballets doivent toutefois affronter des concurrents internationaux qui bénéficient d’un soutien continu et parfois accru de la part de leur gouvernement respectif[45]. L’abolition du Programme de promotion des arts et de Routes commerciales vient donc fragiliser davantage une discipline artistique tributaire des revenus publics. Des tournées ont été annulées pour la saison 2009-2010. À long terme, M. Dancyger estime que c’est la survie même des Grands Ballets canadiens de Montréal qui est remise en question sans le soutien financier accordé aux exportations de la troupe.

L’Organisation des directeurs de Musées d'art du Canada (ODMAC) est également venue témoigner devant le Comité en la personne de son directeur général, M. Robert Labossière. Pour les directeurs de musées d'art, les programmes d'arts et de culture constituent des mécanismes d’appui qui les aident à diriger leurs propres organismes. Par ailleurs, les musées d’art du Canada sont des institutions qui procurent aux collectivités locales et nationales un sens et une cohérence qui engendrent le sens de responsabilité et un sentiment de fierté chez les citoyens.

Mme Lorraine Hébert, directrice générale du Regroupement québécois de la danse, est venue parler au nom de l'ensemble de la communauté professionnelle de la danse au Québec. Mme Hébert a souligné que la danse a ceci de particulier : elle n'est pas québécoise ni canadienne, mais elle est internationale. Par exemple, près du tiers des interprètes des compagnies de danse québécoises viennent d’autres pays[46].

À travers les années, l’appui du gouvernement fédéral pour soutenir et encadrer les activités de rayonnement des compagnies de danse du Québec sur la scène internationale a permis à la danse québécoise et canadienne d’exister[47]. L'économie de la danse est essentiellement basée sur l'exportation et les marchés intérieurs québécois et canadiens sont insuffisants pour assurer la survie des troupes.

Concrètement, l’abolition du Programme de promotion des arts signifie que les compagnies doivent investir davantage d’argent provenant de leur budget de fonctionnement. Elle se retrouve à faire des choix déchirants entre honorer un contrat en tournée et réduire le budget d’une prochaine création ou, « faire le choix de ne pas créer pour les deux prochaines années[48]». Dans le dernier cas, les mises à pied d’employés et d’interprètes sont inévitables. Pour éviter qu’une telle situation se produise, il faudrait injecter des fonds de 3 à 4 millions de dollars au CAC[49]».

Mme Jennifer Dorner, en tant que directrice nationale de l’Alliance des arts médiatiques indépendants (AAMI), a expliqué les conséquences de l’Examen stratégique pour les organismes œuvrant dans le domaine du film, de la vidéo et la production, la distribution et la présentation d'œuvres employant de nouveaux médias. L’AAMI a mené un sondage auprès de ses membres au sujet de l’Examen stratégique en ciblant les programmes touchant aux arts médiatiques.

Sur les milliers de réponses reçues, il n'y avait pas de critiques au sujet de ces programmes[50].

Tout comme dans le milieu de la danse, certains organismes du secteur des arts médiatiques craignent même être incapables de poursuivre leurs activités artistiques sans un appui financier du gouvernement fédéral. L’AAMI a identifié le FCFVI et Routes commerciales comme étant les programmes prioritaires pour la diffusion d'arts médiatiques indépendants. La conséquence à court terme de ces programmes sera une pression accrue sur le CAC. Toutefois, le budget du secteur des arts médiatiques du CAC est moindre que celui de tous les autres secteurs (musique, théâtre, lettres, édition, arts visuels) même si c’est celui qui connaît la plus forte croissance selon Mme Dorner[51].

L’AAMI a fait trois recommandations au Comité. Premièrement, que le gouvernement fédéral rétablisse le financement des programmes qui touchent le secteur des arts médiatiques. Deuxièmement, que les programmes du ministère du Patrimoine canadien soient restructurés et élargis de façon à inclure les arts médiatiques indépendants. Troisièmement, que le gouvernement fédéral investisse dans la section des arts médiatiques du CAC pour que cette dernière puisse répondre aux besoins d'une industrie en plein essor.

M. Alain Paré est le président de la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS). Il s’agit d’un organisme chargé de soutenir l'exportation des arts canadiens de la scène à l'international. CINARS est particulièrement préoccupé par l’abolition des Programmes de promotion des arts et de Routes commerciales. L’organisme a mené une étude interne auprès de 61 répondants pour identifier les répercussions de cette décision gouvernementale. Selon M. Paré :

Pour les trois années à venir, 327 tournées internationales étaient compromises, ce qui représente 3 395 représentations à travers le monde et des pertes de plus de 24 millions de dollars. […] Les compagnies vivent un véritable cauchemar. Elles ne peuvent plus assumer leurs tournées ou elles accusent un déficit. Les acheteurs étrangers se tournent actuellement vers d'autres pays pour remplir leur programmation. À long terme, le Canada se met dans une position qui sera très difficile à redresser[52].

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M. Paré estime que la disparition de certaines compagnies qui œuvrent dans le domaine des arts de la scène est un scénario plausible. CINARS demande au gouvernement du Canada qu’il y ait une réinjection immédiate des fonds pour permettre aux tournées prévues en 2009 et 2010 d’aller de l’avant[53]. M. Paré estime que le CAC est l’organisme approprié, de par son fonctionnement par jury indépendant, de gérer ses budgets. De plus, à moyen et à long terme, CINARS réclame « une augmentation des budgets consacrés à l'exportation des arts de la scène[54]». Il s’agirait d’une preuve concrète que le gouvernement du Canada soutient convenablement les compagnies artistiques.

M. Martin Faucher a témoigné à titre de président du Conseil québécois du théâtre (CQT). Dans la même ligne de pensée que d’autres témoins que nous avons entendus, M. Faucher a insisté sur le fait que les marchés québécois et canadiens du théâtre sont limités et que la diffusion d’œuvres théâtrales québécoises sur la scène internationale est une nécessité, car elle prolonge la durée de vie d’une pièce[55].

L’organisme soutient que le gouvernement canadien a la responsabilité de prendre les moyens adéquats afin de favoriser la présence de ces artistes du théâtre sur les marchés mondiaux. Tous les pays industrialisés du G8, que ce soient l’Angleterre, l’Allemagne ou la France soutiennent le rayonnement de leurs artistes à l’étranger. Le CQT demande donc le rétablissement intégral des Programmes de promotion des arts et de Routes commerciales de façon à ce que les compagnies ne se retrouvent pas sans ressources financières à compter du 1er avril 2009. De plus, le CQT recommande que ces sommes financières soient réinjectées aux programmes du CAC qui soutiennent les tournées internationales[56].

Mme Shannon Litzenberger est la directrice générale de l’Assemblée canadienne de la danse (ACD), qui représente plus de 350 organisations professionnelles dans le secteur de la danse. L’appui financier des programmes de Promotion des arts et de Routes commerciales est nécessaire pour que les organismes qui œuvrent dans le secteur des arts et de la danse soient compétitifs dans une économie globale. Mme Litzenberger a dénoncé le fait que l’abolition de ces programmes s’est faite sans consultation avec les bénéficiaires.

Au nom du secteur de la danse professionnelle, Mme Litzenberger a demandé que le Comité recommande 12 millions de dollars en fonds supplémentaires pour soutenir les tournées internationales et favoriser le développement de nouveaux marchés étrangers aux produits culturels canadiens[57]. De plus, l’ACD a recommandé que le Programme de consolidation des arts et du patrimoine canadiens soit renouvelé de façon à inclure un fonds de dotation pour renforcer les capacités des petites et moyennes organisations. Enfin, il a été demandé que le Comité défende la proposition d’augmenter le budget du CAC de 100 millions annuellement en nouveaux fonds permanents[58].

M. Édouard Lock est le directeur artistique et fondateur de la compagnie de danse La La La Human Steps. Depuis ses débuts en 1980, la troupe s’est produite sur des scènes prestigieuses telles que New York, Paris et Londres. Ces tournées ont eu une incidence positive sur le développement et la reconnaissance de la troupe sur la scène internationale. Sur le plan financier, les sommes générées par le biais des coproductions internationales représentent 80 p. 100 des revenus de la compagnie. L'annulation du Programme de promotion des arts pourrait signifier pour La La La Human Steps une perte d’un prestige et de crédibilité durement acquise au cours des années. M. Lock a tenu à souligner que les invitations faites pour se produire à l’étranger sont basées sur le fait que la troupe offre un produit artistique de qualité et unique. Selon M. Lock, c’est la force du Programme de promotion des arts, soit d’appuyer et de récompenser le succès[59].

En deuxième heure de la réunion du 7 mars, le Comité a entendu le témoignage de M. Stanley Péan, président de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ). M. Péan a abordé la question du rayonnement international des œuvres de membres de l’UNEQ, grâce au soutien du gouvernement fédéral. Il est important de préciser que ce sont les éditeurs qui bénéficiaient du Programme de promotion des arts en obtenant une aide pour le paiement des frais de transport d’écrivains invités dans le cadre de salons du livre, de lancements ou de toute autre activité liée à la diffusion du livre hors Canada. En tout, une demi-douzaine de maisons d’édition québécoises ont obtenu un appui financier du Programme de promotion des arts pour le déplacement à l’étranger de leurs écrivains. Par ailleurs, l'Association nationale des éditeurs de livres a profité du programme des Routes commerciales en 2008 afin de participer à des salons du livre à Bordeaux et à Londres[60]. M. Péan estime qu’il est faux de prétendre que ces deux programmes étaient mal gérés et inutiles.

Un membre du conseil d’administration de l’Institut national de l’image et du son (INIS), M. Jacques Blain, ainsi que M. Jean Hamel, directeur des communications, sont venus présenter les répercussions de l’Examen stratégique des dépenses sur l’INIS. L'INIS est un centre de formation professionnelle qui contribue au développement des milieux du cinéma, de la télévision et des médias interactifs du Québec et du Canada. Depuis le début de ses activités, en janvier 1996, l'INIS a formé 381 professionnels aux métiers de scénariste, réalisateur et producteur. Quatorze millions de dollars ont été versés à l’INIS par le gouvernement du Canada depuis sa création.

Le vendredi 8 août 2008, l'INIS a été informé que le Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo, financé par Patrimoine canadien et administré par Téléfilm Canada, ne serait pas reconduit au-delà du 1er avril 2009. L'abolition de ce programme signifie une perte de quelque 900 000 $ annuellement pour l'Institut, soit près de 25 p. 100 de son budget de fonctionnement. Par ailleurs, l'INIS n'a plus accès au Fonds des nouveaux médias du Canada, un autre programme financé par Patrimoine canadien. En ajoutant ce manque à gagner, la perte de la contribution fédérale à son budget de fonctionnement dépassera alors le million de dollars. Concrètement, c’est l'existence même de l'NIS qui est compromise selon ses dirigeants. Pour remédier à la situation, l’INIS propose de financer l’organisme par le biais du Programme national de formation dans le secteur des arts, dont le budget a fait l’objet d’une augmentation dans le dernier budget fédéral.

Mme Colette Brouillé est la directrice générale du Réseau indépendant des diffuseurs d'événements artistiques unis (RIDEAU), soit le plus important réseau francophone de diffuseurs pluridisciplinaires de spectacles au Canada. Après 30 ans d'existence, RIDEAU compte 150 membres, qui œuvrent dans plus de 200 salles de spectacle réparties sur le territoire québécois et trois réseaux membres répartis sur l'ensemble du Canada francophone.

RIDEAU organise chaque année la Bourse RIDEAU, le plus important marché francophone en arts de la scène. Il s’agit d’un événement où les compagnies canadiennes peuvent signer des contrats et prendre des engagements. La programmation artistique de la Bourse RIDEAU comporte 10 p. 100 de spectacles en provenance de l'étranger qui, pour la plupart, réaliseront ensuite une tournée au Canada. Pour présenter ces artistes à la Bourse RIDEAU et par la suite en tournée, les pays respectifs paient les frais de transports internationaux. De son côté, RIDEAU paie les frais de transport terrestre et les frais de séjour au Canada. En 2009, RIDEAU a obtenu un appui financier de 16 000 $ du programme  Routes commerciales. Par contre, le Programme de promotion des arts a retiré son appui à trois mois de l’événement[61].

Mme Brouillé affirme que les compressions effectuées par le gouvernement, notamment aux Programme de Promotion des arts et Routes commerciales, viennent mettre un terme à la réciprocité, anéantissant des années de travail. Par conséquent, des solutions de rechange doivent être envisagées du côté du ministère du Patrimoine canadien étant donné que les réseaux de diffusion du spectacle ne sont pas admissibles aux programmes du CAC [62].

La sous-ministre, Mme Judith Larocque, est venue expliquer l’Examen stratégique des dépenses que le ministère du Patrimoine canadien a mené en 2008. Elle a rappelé que le Ministère revoit ses dépenses de programme sur une base régulière. Dans le but de bien conseiller le Ministre responsable du portefeuille du ministère du Patrimoine canadien, les fonctionnaires :

[…]cherchent à savoir, par exemple, si le programme examiné continue de servir les intérêts des Canadiens, s'il permet de remplir un rôle légitime du gouvernement, s'il existe des partenaires mieux outillés pour le livrer, par exemple le secteur privé ou bénévole, si le programme permet au gouvernement fédéral de s'acquitter d'une responsabilité de son champ de compétence, s'il est efficace, s'il est abordable dans le contexte économique actuel et s'il donne un bon rendement pour les Canadiens[63] .

Le Conseil du Trésor a demandé aux différents ministères fédéraux d’identifier les dépenses les moins prioritaires ou les programmes dont le rendement est plus faible pour un montant équivalant à 5 p. 100 des dépenses totales de leur Ministère. Le qualificatif « moins prioritaire » inclut également les programmes qui ont atteint leurs objectifs originaux ou qui sont devenus désuets suite à l’avènement de nouvelles technologies. Par la suite, des recommandations ont été faites au gouvernement qui, par la suite, prend la décision finale selon ses priorités. Madame Larocque a toutefois précisé que dans le cas du ministère du Patrimoine canadien, il est plus juste de dire que c’est 3,4 p. 100 des dépenses totales qui ont été touchées par la révision stratégique[64] .

Mme Larocque a informé les membres du Comité que le processus de révision budgétaire est couvert par le secret du Cabinet. Tous les documents, avis et conseils fournis au gouvernement sont des décisions du Cabinet et ne peuvent pas être dévoilés.

Mme Larocque a tenu à informer les membres que le Programme de promotion des arts relève du MAECI et que, par conséquent, il n’a pas fait l’objet d’une révision stratégique de la part de son Ministère. Au sujet du programme Routes commerciales, Mme Larocque a précisé qu’il était coûteux à faire fonctionner, et qu'il existait d’autres mécanismes pour appuyer les industries culturelles du pays[65]. Au sujet des bénéficiaires touchés directement par la disparition de certains programmes, Mme LaRocque a fait les suggestions suivantes :

Il y a 4,8 millions de dollars qui sont au ministère du Patrimoine canadien pour aider les exportateurs du livre. À l'ONF, il y a 900 000 $ définitivement là pour aider la promotion à l'étranger du documentaire. À Téléfilm Canada, il y a 1,9 million de dollars qui est là spécifiquement pour assurer une présence aux biennales en Allemagne, au Festival du film à Cannes et il y a 1,8 million de dollars à Factor Music Action qui est dédié à l'international pour la musique, c'est en plus des 13 millions de dollars qui sont disponibles au Conseil des Arts spécifiquement pour les tournées. Je dois ajouter qu'il y a encore 5 millions de dollars dans le programme de Routes commerciales pour cette année[66] .

Les bénéficiaires touchés par l’Examen stratégique des dépenses ont été contactés par téléphone ou par lettre par les directeurs et agents responsables. L’information a également été affichée sur le site du Ministère.


[35]   Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 6, 40e législature,         2e session, 2 mars 2009, 16 h 00.

[36]   Ministère du Patrimoine canadien, Évaluation sommative du Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo, Février 2008, 58 p.

[37]   Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 6, 40e législature, 2e session, 2 mars 2009, 15 h 45.

[38]   Conference Board du Canada, Valoriser notre culture. Mesurer l’économie créative du Canada, Août 2008, p. i., http://www.conferenceboard.ca/documents.aspx?did=2702.

[39]   Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 7, 40e législature, 2e session, 4 mars 2009, 15 h 50.

[40]   Ibid., à 15 h 55.

[41]   Ibid., à 16 h 00.

[42]   Ibid., 16 h 05.

[43]   Ibid., 16 h 10.

[44]   Ibid., 16 h 55.

[45]   Ibid.,, 17 h 00.

[46]   Ibid., 17 h 15.

[47]   Ibid.

[48]   Ibid.

[49]   Ibid., 18 h 30.

[50]   Ibid., 17 h 25.

[51]   Ibid.

[52]   Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 8, 40e législature, 2e session, 9 mars 2009, 15 h 30.

[53]   Ibid., 15 h 35.

[54]   Ibid.

[55]   Ibid.

[56]   Ibid.

[57]   Ibid., 15 h 40.

[58]   Ibid., 15 h 45.

[59]   Ibid., 15 h 50.

[60]   Ibid., 16 h 35.

[61]   Ibid., 16 h 50.

[62]   Ibid., 16 h 55.

[63]   Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 9, 40e législature, 2e session, 9 mars 2009, 15 h 35.

[64]   Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 9, 40e législature, 2e session, 9 mars 2009, 16 h 15.

[65]   Ibid., 16 h 00.

[66]   Ibid., 15 h 45.

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