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CHPC Rapport du Comité

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OPINION COMPLÉMENTAIRE DU BLOC QUÉBÉCOIS

Il y a deux pays dans ce pays

Il y a deux pays dans ce pays : il y a le Canada et il y a le Québec.

Et rien de mieux qu’une bonne étude sur l’industrie de la télévision qui est au cœur de la culture des sociétés modernes pour nous le démontrer.

La réalité et les problèmes de la télévision canadienne sont tellement différents des réalités et des problèmes de la télévision québécoise !  Et pourtant les membres du comité du Patrimoine continuent à nier cette réalité et à élaborer des rapports en tentant de trouver des solutions communes à deux problèmes différents.

Les témoignages entendus tendent à démontrer que la culture américaine exerce une attraction grandissante sur les Canadiennes et Canadiens qui se désintéressent de plus en plus de leur propre télévision.  Qui a dit récemment que le Canada était le seul pays qui préférait les émissions de télévision du pays voisin[1] ? Toutes les études, tous les témoignages tendent à le confirmer.  Ce qui engendre évidemment moult difficultés aux artistes, aux producteurs, aux diffuseurs et aux distributeurs canadiens.  Et c’est ce qui explique les problèmes de cote d’écoute et l’érosion des revenus publicitaires des médias canadiens.  Les solutions sont évidemment canadiennes.

Au Québec, c’est tout le contraire.  Les Québécoises et Québécois vibrent au contenu québécois.  Ils aiment se retrouver, dans leur langue, au petit écran.  Ils en redemandent et soutiennent depuis le début de la télévision un star system bien structuré.  Pas de grave problème de cote d’écoute : les Québécois choisissent les contenus québécois.  La télévision francophone s’adresse essentiellement aux Québécois et raconte des histoires québécoises faites par des Québécois. La langue et le sentiment d’appartenance nationale des Québécois explique que ceux-ci s’intéressent à leur télévision, privée et publique. 

Un problème structurel

Le Bloc Québécois constate l’existence d’un problème structurel dans l’évolution de l’industrie de la télévision au Québec qui crée un déséquilibre financier entre les différents acteurs de cette industrie.

Depuis l’arrivée des chaînes spécialisées, la réalité a changé et certaines règles, qui renforcent ce déséquilibre, ont également changé.  La situation ayant évolué, il faudrait  tout revoir pour tenter de tout rééquilibrer. Ce qui pourrait se faire au Québec par les Québécois.

Par ailleurs,  la fragmentation des médias (entre conventionnels et spécialisés, entre autres) est réelle comme la fragmentation des auditoires et la fragmentation des revenus publicitaires. Les chaînes spécialisées accaparent désormais 50 % de l’auditoire.

Les questions de concentration et de convergence des médias, le  financement des séries lourdes, les droits de suite, la production maison, le financement des affaires publiques, les difficultés de TQS  et le développement régional de tous les télédiffuseurs auraient mérité plus d’attention si notre étude avait portée exclusivement sur le Québec. 

(Tout comme les défis du contenu canadien auraient pu être étudiés plus à fond)

Des solutions québécoises : la maîtrise d’œuvre au Québec

La réalité québécoise nécessite des solutions québécoises. C’est pourquoi le Bloc Québécois demande d’abord et avant tout le transfert de tous les pouvoirs en arts, culture et télécommunication au gouvernement du Québec.  Encore le 23 mars dernier, la ministre de la culture et des communications du Québec, Christine St-Pierre, au nom du gouvernement du Québec, en a fait la demande au ministre du Patrimoine canadien, James Moore, dans une lettre où elle écrivait : « La conclusion d’une entente en communication garantirait une meilleure prise en compte de la particularité du contenu québécois en radiodiffusion et en télécommunications. » En fait, par cette proposition, la ministre St-Pierre ne fait que réitérer une revendication historique portée à la fois par les gouvernements libéraux et péquistes.

Un CRTC québécois

L’épanouissement de la culture québécoise est une condition essentielle au renforcement de la nation québécoise. C’est pour cette raison qu’il est important que le Québec puisse maîtriser tous ses leviers en matière de promotion et de diffusion de cette culture qui reflète son identité, sa langue et ses valeurs. La nation québécoise doit en effet contrôler tous les instruments qui contribuent au développement de sa culture, au même titre que la nation canadienne contrôle les siens, notamment par l’intermédiaire du CRTC.

L’an dernier, le Bloc Québécois a déposé un projet de loi permettant de transférer au Québec le contrôle de ses télécommunications, comme le proposait d’ailleurs Lawrence Cannon lorsqu’il était ministre au sein du gouvernement Bourassa. Tout ce que cela exigerait, c’est une entente administrative. Ceci fait, le Québec pourrait ainsi se doter d’un Conseil québécois de la radiodiffusion et des télécommunications (CQRT) qui aurait sa propre réglementation en fonction des préoccupations et des intérêts de la nation québécoise. Refuser au Québec le contrôle de ses télécommunications s’est lui refuser de contrôler son développement culturel.

Internet

Au Québec, comme ailleurs sur la planète, le phénomène Internet bouscule notre mode de vie. Les consommateurs veulent avoir accès aux contenus sur demande. Et plusieurs d’entre eux n’acceptent plus de dépendre d’une programmation et d’une grille horaire inflexibles.  L’offre de contenu télévisuel est en explosion sur Internet. Le comité et le CRTC ne pourront plus se permettre d’éluder ce phénomène s’ils veulent encore avoir un impact sur le développement culturel d’ici.

Le télédiffuseur public

Les membres du Comité auraient dû réitérer les conditions énumérées dans le rapport de février 2008[2] concernant la Société Radio-Canada. Le Bloc Québécois tient à répéter la recommandation 4.4 qui veut que la Société Radio-Canada devrait obtenir un financement de base d’au moins 40 $ per capita tel que le concluait le comité dans son rapport intitulé « CBC/Radio-Canada : définir la spécificité dans un paysage médiatique en évolution ». Le Bloc Québécois réitère également la recommandation 4.2 du même document afin que les crédits parlementaires additionnels de 60 millions$ que Radio-Canada reçoit depuis 2002 soient ajoutés de façon permanente au financement de base de la Société. On doit s’étonner que le comité n’ait pas reconduit ces deux recommandations qu’il avait pourtant appuyées l’an dernier.

Crédit d’impôt

Le Bloc Québécois recommande aussi au gouvernement et au comité d’étudier la mise en place d’un programme de crédit d’impôt, pour les productions régionales et les travailleurs de l’information en région, qui pourraient être accessible aux télédiffuseurs et aux producteurs indépendants. 

Les chaînes de service public

Finalement, il nous semblait que l’offre de programmation de base des entreprises de distribution de radiodiffusion (EDR) devrait inclure non seulement les chaînes publiques, communautaires, autochtones et éducatives, mais également celles offrant un service public comme Météo Média.

Un merci sincère à tous

Le Bloc Québécois remercie sincèrement tous les témoins qui ont consacré temps et énergie au partage de leur expérience et de leurs connaissances. 


[1] C’est Richard Stursberg, vice-président de CBC qui a déploré : « partout dans les pays occidentaux, on préfère les programmes locaux … sauf au Canada anglais ».  Il a poursuivi : « le plus grand problème culturel du Canada anglais, la domination par la production étrangère ne sera jamais réglé par le privé. Le privé voudra toujours diffuser les émissions américaines en prime time. » Le Devoir, Le mercredi 3 juin 2009. B7