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CHPC Rapport du Comité

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partIE 3 : LA CRISE DE LA TÉLÉVISION LOCALE

Comme il est mentionné au début du présent rapport, la crise économique mondiale et les transformations structurelles à long terme ont entraîné ce qui a été décrit comme une crise pour les télédiffuseurs conventionnels et locaux. Lors de sa première comparution devant le Comité, M. von Finckenstein a déclaré : « […] en ce moment, la pression financière est grande sur la télévision conventionnelle. Selon l’industrie, cette pression menace la viabilité de la programmation locale. » Il a ajouté : « […] les stations de télévision desservant une population de moins d’un million de personnes ont de la difficulté à maintenir la qualité de leur programmation locale et le nombre d’émissions locales[21] ». Il a également mentionné que le succès des canaux canadiens payants et spécialisés a entraîné une fragmentation de l’auditoire de la télévision conventionnelle, phénomène qui s’est accentué avec l’arrivée d’Internet.

Le Comité a toutefois été mis au fait des différentes interprétations quant à la portée et aux causes des pressions financières. Les télédiffuseurs conventionnels qui ont comparu devant le Comité ont déclaré que le modèle d’affaires de la télévision conventionnelle ne fonctionne plus. Il s’agit notamment de Quebecor Media inc., de CTVglobemedia, de Canwest Media Inc., de CHCH, de CBC/Radio-Canada, de Remstar — TQS, de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR), du Jim Pattison Broadcast Group, de la Newfoundland Broadcasting Company et de la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma.

Selon ces parties, l’industrie est rongée par des problèmes structurels à long terme que la crise économique a accentués : la fragmentation de l’auditoire qui est due à la multiplication des chaînes spécialisées, la baisse des recettes de publicité et les défis posés par les nouveaux médias. Pierre Dion, président-directeur général du Groupe TVA (qui fait partie de Quebecor Media inc.), a déclaré que les problèmes structurels veulent dire que :

[…] nos coûts augmentent et que les revenus sont à la baisse à cause de la fragmentation, car les annonceurs ont plusieurs moyens de diffusion auxquels ils peuvent accéder. Donc, les revenus sont à la baisse, les coûts sont à la hausse et les profits dans tout le Canada, même dans les grands centres urbains, sont à la baisse. Qu’il s’agisse de revenu publicitaire national ou local, nous subissons les mêmes tendances partout[22].

Pour CBC/Radio-Canada, qui dépend dans une large mesure des crédits parlementaires, la baisse des recettes de publicité pose des problèmes particuliers, comme l’a expliqué M. Lacroix :

[…] sans la souplesse dont disposent les radiodiffuseurs commerciaux […], CBC/Radio-Canada n’a pas accès aux marchés des capitaux ou à des emprunts commerciaux pour gérer ses flux de trésorerie. En période de déclin économique, cela signifie que la Société ne peut utiliser une marge de crédit pour réduire l’impact de la chute des revenus et se sortir intelligemment d’un ralentissement. Cela signifie que pour chaque dollar de revenu perdu, la Société doit immédiatement couper un dollar pour équilibrer son budget au cours du même exercice financier[23].

Par contre, plusieurs témoins ont mentionné au Comité que les problèmes de la télévision conventionnelle sont temporaires et de nature cyclique. Parmi ces témoins se trouvaient des EDR comme Rogers Communications et Shaw Communications, de même que des groupes comme Documentaristes du Canada, l’Association canadienne de production de films et de télévision (ACPFT), la Guilde canadienne des réalisateurs, l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), la Writers Guild of Canada, la Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists et l’Alliance québécoise des techniciens de l’image et du son.

Ainsi, Phil Lind, vice-président de Rogers Communications, a déclaré ce qui suit au Comité : « Le système n’est pas déficient. L’industrie de la télévision évolue de façon cyclique. Elle a déjà connu des crises auparavant et a surmonté ses difficultés pour redevenir rentable et rapporter des milliards de dollars à ses propriétaires. L’histoire a tendance à se répéter. Ainsi, c’est avec le plus grand respect que nous donnons ce simple conseil à votre Comité : laissez à l’histoire le temps de se répéter une fois de plus[24] ».

Des témoins selon qui les problèmes de la télévision conventionnelle sont temporaires ont soutenu que les télédiffuseurs conventionnels sont responsables de certains des problèmes. Ainsi, Peter Bissonnette, président de Shaw Communications, a déclaré : « Les radiodiffuseurs décident de dépenser plus de 700 millions de dollars par année pour des émissions américaines. Dans un cas, ils ont contracté une dette de quatre milliards de dollars après avoir acheté des stations de télévision étrangères et des biens relatifs à la publication[25] ». Brian Anthony, directeur général national et chef de la direction de la Guilde canadienne des réalisateurs, abondait dans le même sens : « Malgré des recettes publicitaires en baisse, les télédiffuseurs ont persisté allègrement dans leurs efforts pour se surclasser l’un l’autre dans leurs dépenses pour acquérir une programmation étrangère — provoquant du même coup une flambée des prix. Une telle situation, jumelée à d’autres facteurs tels l’endettement et des décisions d’affaires pour le moins douteuses, s’avère leur problème à eux — un problème qu’ils ont créé de toutes pièces[26] ».


[21]           Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 11, 40e législature, 2e session, 25 mars 2009, 15 h 35.

[22]           Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 14, 40e législature, 2e session, 20 avril 2009, 16 h 55.

[23]           Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 16, 40e législature, 2e session, 27 avril 2009, 15 h 50.

[24]           Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 14, 40e législature, 2e session, 20 avril 2009, 15 h 35.

[25]           Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 15, 40e législature, 2e session, 22 avril 2009, 17 h 10.

[26]           Témoignages, Comité permanent du patrimoine canadien, réunion no 19, 40e législature, 2e session, 6 mai 2009, 17 h 00.